LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au...

26
COLLECTION EUROPACORP LE DERNIER GANG 53 1 Yamakasi, les samouraïs des temps modernes 2 15 Août 3 Antitrust 4 Péché Originel 5 le Baiser Mortel du Dragon 6 Divine mais Dangereuse 7 Wasabi 8 Blanche 9 Peau d’Ange 10 le Transporteur 11 la Turbulence des fluides 12 Rire et Châtiment 13 Moi César, 10 ans 1 / 2, 1m39 14 Fanfan la Tulipe 15 Tristan 16 les Côtelettes 17 Zéro Un 18 Haute Tension 19 la Couleur du Mensonge 20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong Bak 26 Mensonges et Trahisons et plus si affinités… 27 Banlieue 13 28 A Corps Perdus 29 les Bouchers Verts 30 Danny The Dog 31 Ze Film 32 LE SOUFFLEUR 33 LEs yeux clairs 34 imposture 35 au suivant ! 36 le transporteur 2 37 revolver 38 la boite noire 39 trois enterrements, los tres entierros de melquiades estrada 40 appelez-moi kubrick 41 angel-a 42 BANDIDAS 43 les filles du botaniste 44 dikkenek 45 QUAND J’ÉTAIS CHANTEUR 46 ne le dis à personne 47 arthur 48 michou d’auber 49 Zéro DEUX 50 love (et ses petits désastres) 51 l’invité 52 si j’étais toi 53 le dernier gang DÉJÀ PARUS :

Transcript of LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au...

Page 1: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

CO

LLE

CT

ION

EU

RO

PAC

OR

PLE

DE

RN

IER

GA

NG

53

1 Yamakasi, les samouraïs des temps modernes2 15 Août3 Antitrust4 Péché Originel5 le Baiser Mortel du Dragon6 Divine mais Dangereuse7 Wasabi8 Blanche9 Peau d’Ange10 le Transporteur11 la Turbulence des fluides12 Rire et Châtiment13 Moi César, 10 ans 1/2, 1m3914 Fanfan la Tulipe15 Tristan16 les Côtelettes17 Zéro Un18 Haute Tension19 la Couleur du Mensonge20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien21 Michel Vaillant22 l’Enfant au Violon23 A Ton Image24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse25 Ong Bak26 Mensonges et Trahisons et plus si affinités…27 Banlieue 13

28 A Corps Perdus29 les Bouchers Verts30 Danny The Dog31 Ze Film32 LE SOUFFLEUR33 LEs yeux clairs34 imposture35 au suivant !36 le transporteur 237 revolver38 la boite noire39 trois enterrements, los tres entierros de melquiades estrada

40 appelez-moi kubrick41 angel-a42 BANDIDAS43 les filles du botaniste44 dikkenek45 QUAND J’ÉTAIS CHANTEUR46 ne le dis à personne47 arthur48 michou d’auber49 Zéro DEUX50 love (et ses petits désastres)51 l’invité52 si j’étais toi53 le dernier gang

DÉJÀ PARUS :

Page 2: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG

2 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 3

Page 3: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

LE DERNIER GANG

4 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 5

EUROPACORP présente

VINCENT GILLES SAMI CLEMENCEELBAZ LELLOUCHE BOUAJILA POESY

dans

UN FILM D’ARIEL ZEÏTOUN

Durée : 2h02

SORTIE NATIONALE : 31 OCTOBRE 2007

www.lederniergang-lefilm.com

Numéro de visa : 101.250

Matériel disponible sur www.image.net

DISTRIBUTION PRESSE

Europacorp Distribution Dominique Segall/Astrid Gavard

137, rue du Fbg Saint-Honoré 20, rue de la Trémoille

75008 PARIS 75008 PARIS

Tel : 01.53.83.03.03 Tél : 01 42 56 95 95

Fax : 01.53.83.02.04 Fax : 01 42 56 03 05

www.europacorp.com

Page 4: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

SynopsisLE DERNIER GANG

6 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 7

1960Réunis autour de Simon, 6 ans, trois gosses du même âge(Bonner, Maxime et Merle) s’apprêtent à faire leur premiercoup : voler des canards sur l’étang du parc des ButtesChaumont pour les revendre aux bouchers de Belleville.

1981Vingt ans plus tard, les mêmes forment le noyau dur du Gang de Belleville, parfois appelé “Les Postiches”, gang quimarquera les esprits par son audace et les méthodes qui ontfait de ses membres des fantômes insaisissables.

Leur singularité : se déguiser et se transformer physique-ment pour se fondre dans le paysage des beaux quartiers,pénétrer dans les banques comme de respectables clients,maîtriser personnel et clients avec un sang-froid total, puisdévaliser en rafale les coffres des particuliers, quitte à rester plusieurs heures pour achever le travail. Rien ne lesarrête. Pas même Julie, le grand amour de Simon ; pasmême Claire, la fille qu’ils ont eue ensemble.

Pas même, et encore moins, la menace policière qui grandità chaque casse et qui agit comme un excitant sur l’ambitionet l’audace du gang. Mais ce dont Simon ne se doute pas,c’est que depuis longtemps, il est le gibier d’un chasseurpatient et obstiné. Un policier “différent ”, Milan, qui à forcede le traquer, a fait de lui sa raison de vivre, et qui attend luiaussi le moment de l’affrontement. Pour tirer le premier.

Page 5: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

e n’avais pas envie defaire un film de plus surle “Milieu”. Je n’avais pas davantage envie dem’attacher à une histoire

pour laquelle il me faudrait idéa-liser mes personnages. Ce quim’intéressait, c’était de trouver lemoule dans lequel mes thèmes,mes obsessions, allaient pouvoirprendre corps. C’est en ce sensque ma rencontre avec AndréBellaïche a été déterminante.

Parce que son histoirepersonnelle est très particulière etmystérieuse – autant que le sontses liens avec le Gang desPostiches – j’étais libre d’inventer,d’adapter, de me glisser dans cettehistoire.

Parce qu’elle est aussiincroyablement rocambolesque – chaque événement qu’il a vécuaurait dû le condamner à prendre1000 balles – je n’avais nul besoinde l’idéaliser. Condamné à mortpar contumace à l’âge de 24 ans,en cavale pendant 10 ans, pré-sumé associé au gang le plus célè-bre des années 80, arrêté les armesà la main, évadé, à nouveauemprisonné, et après une longueincarcération, totalement réin-séré, toujours amoureux de lafemme qu’il a rencontrée quand ilavait 20 ans, et fier de la splendidefille qu’ils ont eue pendant leursannées de cavale… Sa vie est unroman et lui, un vrai personnage.

Bien sûr, tout cela n’estque la façade qu’il a fallu dépasserpour pénétrer sur le territoire desdoutes, des angoisses et des peurs,des illusions déçues, des amitiéstrahies et des blessures mortelles…Autant de choses qui poussent endehors de la vie, ôtent la force, sice n’est l’envie, de résister, decontinuer. Pourquoi certains yarrivent et d’autres pas ? Pourquoicertains, nés dans les mêmesconditions, se retrouvent voyouset d’autres fonctionnaires ?Questions sans réponse, zonesd’ombre multiples… Ces vies sontle miel des scénaristes, et ce filmn’est en rien un documentaire scru-puleux sur l’histoire de tel person-nage ni celle de tel gang. J’utilisesimplement les éléments de leurshistoires comme la majorité descinéastes le font lorsqu’ils se frot-tent au genre : ce que l’on met dansnos films s’inspire du “vrai”, touten étant obligatoirement retraité.Ce qui explique que le scénario dece film a été en partie inspiré parcertains faits reprochés à AndréBellaïche par la justice, faits dontil a été reconnu “non coupable”pour les plus graves d’entre eux.

Au fond et comme tou-jours “quand la légende dépasse lavérité, on publie la légende”.

Ce que j’ai voulu retenirde nos discussions, ce sont doncles éléments qui recoupaient desthèmes qui me sont chers : le faitd’être issu d’un milieu difficile, dene pas avoir les bonnes cartes enmain, de se battre pour les obtenir,pour sortir de son milieu et s’élever. La faculté d’adaptationaussi, qui suppose d’être habitépar l’envie obstinée de vivre.Cette idée était le socle du Nombrildu Monde, et je l’ai retrouvée danscette histoire : il n’y a pas de gran-deur dans la mort. Quand on l’affronte, c’est pour mieux l’éviter,pour éprouver davantage encorele plaisir de vivre.

En ce sens, ce long métrageva volontairement à l’encontre dela tradition du film noir, qui a ten-dance à sublimer le nihilisme. Parce que le renouveau du genrerepose sur la crise que traverse lasociété, je n’ai pas voulu l’aborderen ignorant mes responsabilités etje n’ai pas voulu que mon film,même simple goutte d’eau dansl’océan, serve, noyé au milieud’autres, d’alibi à la sourde vio-lence qui monte autour de nouscomme unique moyen de s’expri-mer, ni à la sublimation de la mortau nom d’un idéal contestable.

C’est pourquoi de moncôté, pour apporter une pierre àl’édifice, j’ai aimé raconter à quelpoint la vie animait l’action de cegang.

Et, tout paradoxe mis àpart, il n’y a rien de plus beaupour moi que de donner nais-sance à un film sur la vie.

Ariel Zeïtoun

LE DERNIER GANG

8 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 9

J

Note d’intention

Page 6: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

monde : l’histoire de gens issusd’un milieu un peu difficile, quidécident de se battre contre cemilieu pour en sortir. L’idée de larencontre entre personnage et“fatum”, et le refus, qu’il soit vainou pas, de s’y plier, mais surtoutcette envie obstinée de vivre. Je m’attendais, en rencontrantAndré Bellaïche, à tomber sur untype qui allait se prendre pour unhéros, vivant dans une certainenostalgie et la fierté de ce qu’ilavait été. En réalité, j’ai découvertun homme extrêmement sympa-thique et chaleureux, malin,intelligent, mais surtout “vivant”en dépit de l’histoire incroyablequ’il me racontait. Car s’il y a une

chose qui ne m’intéresse pas dutout, que ce soit dans la vie oudans certains films, c’est la fasci-nation pour la mort. Je n’enéprouve aucune, j’aime les gensqui se battent pour vivre, etAndré m’apportait cette dimen-sion. Et dans la plupart despolars, il n’y a d’issue et de gran-deur que dans la mort. Si réaliserun film, c’est parler aux gens deschoses qui nous touchent, alorsj’ai eu envie de raconter cette his-toire pour ce qu’elle a d’exem-plaire et aller volontairement àl’encontre de la tradition du filmnoir. Parce que, très paradoxale-ment, ce qui animait l’action dece gang, c’était avant tout la vie. »

Fiction /Réalité

« Daniel Saint-Hamon,Laurence Siari et moi-même avonscommencé à travailler sur le scriptde ce film aux alentours de 2003. Al’époque, aucun livre n’avait encoreété écrit sur le Gang des Postiches etles seuls éléments dont nous dispo-sions étaient les coupures de presse,les reportages audio et télé, et biensûr, le témoignage d’AndréBellaïche. Il avait été arrêté en mêmetemps que les Postiches à Yerres,dans la région parisienne, et désignéà l’époque comme le cerveau dugang. Mais André n’a jamais rienavoué à ce sujet, et la justice n’ajamais réussi à le confondre.

Retour au film noir

« J’ai toujours énormé-ment aimé le polar, le film noir.L’un de mes premiers longs métra-ges, Saxo, en était un. S’il y a ununivers dans lequel je me suissenti à l’aise, c’est bien celui-ci,aussi bien sur un plan scénogra-phique, filmique, que du point devue de l’ambiance et de la relationaux personnages. Ce genre occupeune place toute particulière dansmon esprit : si je devais partir surune île déserte, j’emporterais prio-ritairement Le Parrain, L’Impasse,Les Affranchis et Le Cercle Rouge.Parce qu’on y trouve tout : la tra-jectoire des individus, leur viesociale, leur rapport au monde, lemonde des vivants comme celuides morts. Et pour moi qui le suis,il n’y a pas de film plus mystiquequ’un polar… et l’on n’a pas

besoin d’être croyant pour êtremystique. Bref, je suis profondé-ment fan de ces films.

Or, début 2000 en France,on n’en réalisait plus, ou très peu.Suite à la vampirisation du genrepar la télévision, on ne pouvaitplus en monter au cinéma, on étaità la recherche d’un nouveaumodèle pour ce type de films. Demon côté, j’avais l’envie furieused’en refaire. Et les hasards m’ontfait rencontrer, quasi simultané-ment, Olivier Marchal, AndréBellaïche et Vincent Ravalec : l’ancien flic, l’ancien gangster etl’ancien journaliste, porteurs detrois versions très différentes dumonde du banditisme. En parlantavec eux, séparément, je me suis ditqu’il serait amusant de réaliser un triptyque, en changeant évidemmentde point de vue à chaque film.

Olivier Marchal est arrivéavec l’idée de Gangsters, que j’aiproduit avec mes amis de LGM ;avec Vincent Ravalec, nous vou-lions traiter l’histoire d’un flicinfiltré dans la pègre marseillaise.Hélas, nous avons trop traîné etnous avons été rattrapés par d’au-tres projets similaires. Avec AndréBellaïche, ont commencé de lon-gues conversations sur sa vie etcelle du Gang des Postiches ;c’est de là que vient Le DernierGang. »

Le traitement du genre

« Au fur et à mesure queje parlais avec lui, des choses sedégageaient de son histoire quirecoupaient des thèmes très pré-sents en moi, des thèmes que j’aisouvent traités dans mes films, enparticulier dans Le Nombril du

10 ● LE DERNIER GANG

ENTRETIEN

LE DERNIER GANG ● 11

Conversation avecAriel Zeitoun

Page 7: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

ture à part, et je ne l’ai ressentisur aucun de mes films endehors de Yamakasi, qui m’asans doute beaucoup aidé àfaire Le Dernier Gang. AvecYamakasi, j’ai en effet découvertla liberté : comme je n’avais euqu’une semaine de préparation,je n’avais aucune idée précon-çue sur rien. J’étais arrivé nu etil avait bien fallu tourner cha-que jour. Pour Le Dernier Gang,j’avais l’obsession qu’il en soitde même alors que j’étais dansla situation inverse puisquej’avais vécu une incubation desept ans avec ce projet ! Quandest venu le moment de la prépa-ration, j’ai donc commencé àvolontairement me détacher duscénario, j’ai évité d’aller sur ledécor, de me livrer à une prépaclassique. J’ai également refuséun découpage précis car je vou-lais arriver chaque jour sur leplateau en me demandant ceque j’allais faire. C’était un peurisqué bien sûr, mais je doisadmettre que c’est ce qui m’apermis de réaliser ce film dansun état de totale liberté : jevoulais que tout se règle sur le

tournage, dans ce moment deconfrontation entre le texte, lesacteurs, les décors, la techniqueet les envies de mise en scènequi me venaient sur le coup. Sibien qu’au bout d’une semainede tournage, Vincent Elbaz m’adit : “Tu réalises ce film commesi tu faisais un casse”.Effectivement, si le tournage aété “speed” en permanence,c’est parce que je voulais impri-mer cette même énergie aufilm. C’est d’ailleurs la seuleréponse que je donnais à ceuxqui me posaient des questionsconcernant mes intentions demise en scène : “Le film doitavoir une énergie particulière, ycompris dans les scènes où les per-sonnages sont statiques”.Retrouver l’énergie de ces typesdans la volonté qu’ils ont de setirer vivants de leurs casses,puis de choisir de vivre autre-ment en se faisant arrêter dansla dignité plutôt que de vivrel’autre prison qu’est la cavale. Ilfallait que la mise en scèneaccompagne cette sensation devitesse, d’angoisse, et c’est venude cette absence de prépara-

tion. Du coup, le tournage a étédur, on a tous beaucoup donné,mais il restera pour moi un sou-venir de bonheur absolu.Evidemment, tout cela n’a étépossible que grâce à la “souplesse” des comédiens, audévouement sans faille de la 1ère assistante, Zazie Carcedo, etaussi, beaucoup, grâce àl’étroite complicité qui m’unis-sait au chef opérateur SébastienPentecouteau, à Donatienne deGoros, “LA” scripte, et à EricLeroux, cadreur-steadycamer dela mort ! Tous les trois ontconstitué ma Dream Team. »

Simon

« Pendant la périoded’écriture, je ne réfléchis pas à lasilhouette que le personnage doitavoir. J’y ai d’autant moins pensécette fois que j’avais décidé detotalement oublier les personna-ges réels. Je me rappelle la pre-mière fois où André Bellaïche(1m62) a rencontré Vincent Elbaz(1m86), Laurence, la femmed’André, lui a dit : “De toute façon,moi, je t’ai toujours vu grand”.

Notre démarche n’a pasété d’écrire un film sur “le Gangdes Postiches et/ou AndréBellaïche, coupable ou innocent”.Nous ne sommes pas des enquê-teurs, mais des scénaristes. Notrebut n’était pas d’éclairer les zonesd’ombre de ces histoires mais deles exploiter, de “délirer” dessuspour permettre au film d’échap-per à la contingence. D’autantque “il n’y a aucune certitude que laVérité, quand, et si elle est révélée,s’avère très intéressante”.

Et des mystères et deszones d’ombre, il y en a à foison !Les origines du groupe, lesméthodes utilisées, leur longueimpunité, les conditions de leurarrestation. Six ans de braquageset de casses sans que la policen’ait jamais eu le moindre rensei-gnement sur eux, c’est assezexceptionnel ! Et si certainsvoient dans nos “solutions” unembryon de vérité, alors c’est quenotre travail a été efficace. Mais ilne faut pas oublier qu’une fictioninspirée de la réalité est un cercledont le centre se trouve toujoursailleurs.

La base de notre scénariose trouve dans deux moments :République et Docteur Blanche,séparés par 10 ans. Dans chacunede ces actions, un homme n’a pasété identifié. Nous avons imaginéqu’il s’agissait d’un seul et mêmehomme. Et c’est son parcours quenous racontons, forcément ima-ginaire puisque personne ne saitqui il est. Et pour cela nous noussommes appuyés, d’une part surles faits objectifs que chacun peuttrouver dans tous les articlesécrits sur les Postiches, et d’autrepart, sur les éléments qu’AndréBellaïche a accepté que j’em-prunte à sa vie pour les prêter à cepersonnage : la vie quotidienned’un homme en cavale avecfemme et enfant.

Ce qui importait enrevanche, c’était de rester fidèleà l’esprit de cette bande : nejamais oublier qu’il s’agit decopains d’enfance, qu’il s’agis-sait d’un groupe métissé qui estresté volontairement en margedu milieu, uni par un profondsentiment d’amitié et la volontéd’accomplir quelque chose qui

n’avait encore jamais été fait. Cene sont pas des voyous tradi-tionnels, ils sont animés d’uneconscience anarcho-soixante-huitarde, ils ont inventé unenouvelle forme de banditismeen constituant un gang particu-lier, basé sur la solidarité, le plai-sir de l’argent et du fun, et aussiet surtout, non pas sur la nonviolence – ce serait idiot de direcela – mais sur l’idée d’éviter aumaximum l’utilisation desarmes. Lorsque le gang s’estconstitué, après la mort de l’und’entre eux, leur credo a été :“plus jamais ça, plus jamais lamort”. Petit à petit, en mélan-geant les éléments humains,intimes, personnels, et les élé-ments plus généraux qui fontpartie de l’histoire et de lalégende des Postiches, nousavons réussi à sortir cette his-toire d’un cadre documentairepour en faire un film. »

La prépa

« Selon moi, le tournagedoit être un moment magiquependant lequel on vit une aven-

ENTRETIEN

12 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 13

Page 8: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

Flic ou voyou ?

« S’il y a un personnagedans le film qui est plus inventéque tous les autres, et qui reposeen même temps encore plus surdu réel que tous les autres, c’estbien celui de Milan, le flic. Enfait, il y en a eu plusieurs dans laréalité et Milan est le résultat deleur accouplement ! Nous avonsutilisé les éléments objectifs, enparticulier l’attitude étrange deMertz – le vrai policier qui a faittomber les Postiches – et enréponse aux questions que cetteattitude soulevait, nous lui avonscréé une intimité. L’idée me trot-tait dans la tête depuis le jour oùil m’avait été donné d’assister àune scène étonnante, à l’époqueoù je voyais beaucoup OlivierMarchal et André Bellaïche. Je neles mettais jamais en présence,mais un samedi matin, le hasarda fait qu’ils se sont retrouvésensemble dans les bureaux. Passéle traditionnel échange d’amabi-lités, et un logique sentiment decuriosité, on sentait bien qu’unmur infranchissable restait dresséentre eux : l’un, en face d’un en

face d’un voyou, repensaitcomme le flic qu’il n’a jamaiscessé d’être.

Ce qui m’avait frappé,c’est que Marchal connaissaitbeaucoup de détails sur Bellaïcheet sur le gang, alors que Bellaïcheen savait très peu sur Marchal,qu’il englobait dans l’entité“flic”. Parce que les flics viventavec les voyous dans la tête, petità petit, ils font partie de leur exis-tence, ils deviennent une vérita-ble obsession. Et c’est ainsi qu’estné le personnage de Milan,“habité” par le gang : il s’estimmergé dans leur vie. Il lesconnaît tellement intimementqu’ils font partie de la sienne,jusqu’à la névrose. C’est une desraisons à son acharnement, maispas la seule. Avant tout, Milan estun bon flic. Il fait son métier àfond. Où est l’étrangeté, la bizar-rerie là-dedans ? C’est l’inversequi serait étrange, non ?

En parlant de cela, on metaussi le doigt sur un des mystèresde l’histoire réelle. Le policier qui ainspiré les faits et gestes de Milan

dans la dernière partie du film aexactement fait ce qui est montrédans le film. Pour certains, “il apété un plomb”. Pour d’autres, “ilvoulait se payer les Postiches” ; etpour les plus réfléchis, “son atti-tude relève du mystère”… D’autantplus qu’il a été blanchi par sa hié-rarchie et même promu. Si j’ai pri-vilégié la piste la plus “mysté-rieuse”, ce n’est pas seulementparce qu’elle est la plus propice à lascénarisation, mais c’est aussi parcequ’un mystère en dévoile toujoursun autre : le commissaire de quar-tier qui intervient sur le premiercasse des Postiches, rue de Criméeen septembre 1981, est le mêmehomme qui, 5 ans après, va êtrechargé de les arrêter, et qui va juste-ment faire tout déraper. Et la cas-sette de vidéo surveillance que lesPostiches, encore inexpérimentés,ont oublié d’emporter ce jour-là,sera remise à ce commissaire qui nela versera pas au dossier ! On pour-rait, encore et encore, souleverd’autres zones d’ombre, s’embar-quer sur des pistes qu’OlivierMarchal a d’ailleurs exploitées dans36 Quai des Orfèvres, mais je sorti-rais de mon sujet.

Mais ce n’est pas àVincent que j’ai proposé en pre-mier le rôle de Simon. Même sipour tout le monde, il était évi-dent que son talent, son abat-tage naturel, sa formidable éner-gie et sa générosité le prédispo-saient à tenir le rôle principal,moi je ne voulais pas, parce quedans un rôle similaire qu’il avaittenu quelques années aupara-vant, il ne m’avait pasconvaincu. J’avais d’ailleurs mislongtemps à comprendre pour-quoi. En fait, en même tempsqu’il jouait, il jugeait son per-sonnage. Qu’il condamnait d’ail-leurs sans circonstances atté-nuantes !

Alors je lui ai proposé lerôle de Milan. Poliment, il a lu lescénario et m’a rappelé pour medire que le seul rôle qui l’intéres-sait était celui de Simon. Moi,dès notre rencontre, j’avais com-mencé à gamberger : ce que jedécouvrais de lui, son implica-tion quand il parlait de l’am-biance et du personnage, ontfait que petit à petit, j’ai basculé.Mais je lui ai demandé d’être fier

de Simon, et de l’aimer, Bon ouMéchant. Et de s’aimer lui aussi.De ne pas être son propre juge.De laisser ce soin aux autres.Bref, d’être un être vivant detoutes ses tripes, pas un intros-pectif distancé. J’étais inquietqu’il adhère à ces directionsparce qu’au fur et à mesure denos discussions, je ne voyaisplus que lui pour incarnerSimon. Il m’avait convaincuavant que j’aie besoin de leconvaincre.

Et Vincent a effective-ment offert à Simon un imagi-naire qu’aucun autre acteurn’aurait pu lui apporter, il aimmédiatement et instinctive-ment pris la place du chef dugang. Il m’a procuré sur le tour-nage une jubilation permanente.Il a comblé toutes mes attenteset au-delà. »

La bande de Simon

« Casa et Simon.... Ilssont les faces d’une même pièce,Casa est aussi doux, fin, nuancéet réfléchi que Simon est vio-

lent, brouillon, emporté etimpulsif. Mais que l’on ne s’ytrompe pas, Casa est encore plusjusqu’au-boutiste que Simon,car ses pulsions, il ne lescontrôle que pour mieux leslâcher. Cela a été un très beaumoment quand Sami, acteur quej’apprécie infiniment, a acceptéle rôle. Il a ensuite fallu organi-ser toute la bande autour deVincent, mais là encore, on n’ajamais cherché la ressemblanceavec les “vrais” personnages.Comme le conseillait PhilippeNoiret à ses metteurs en scène :“Ne cherchez pas des acteurs qui ressemblent aux personnages, choisissez de bons acteurs”. Etc’est le principe que l’on aadopté pour le casting : choisirdes acteurs qui nous donnaientenvie de passer du temps aveceux. Leurs origines étaientimportantes, il fallait que l’onsente immédiatement les potesd’enfance. En les voyant ensem-ble pour la première fois, au-delà des qualités d’acteur, il fal-lait que l’on reconnaisse desamis de toujours, sans mêmeconnaître leur histoire. »

ENTRETIEN

14 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 15

Page 9: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

prit de liberté que moi. Cela s’estd’ailleurs mis en place très spon-tanément avec Vincent Elbaz,avant même le tournage,puisqu’on a commencé à parlerensemble du film près d’un anavant de tourner. Nous nousretrouvions au bureau où nousétions censés faire des lectures.En fait, quasiment en mêmetemps, on refermait le scénario eton commençait à parler. On évo-quait une séquence du film, onenchaînait sur la référence quil’inspirait, de là on passait à l’épo-que à laquelle elle s’était dérou-lée, ce qui entraînait d’autresanecdotes qui n’avaient plus rienà voir avec le scénario. Nous noussommes ainsi nourris pendant unan. On se promettait de commen-cer les lectures la fois suivantemais on ne l’a jamais fait, jusqu’àune semaine avant le tournage.Inconsciemment, nous avonsattendu pour commencer lemoment où l’on dit “Moteur”. Etj’ai appliqué le même principeavec les autres acteurs. Pourconstituer l’intimité de leurbande, j’ai aussi volontairementchoisi de commencer par tourner

des scènes sans dialogues, dansun café du boulevard de Bellevilleou en boîte de nuit : pour créerl’esprit de groupe, les faire danser ensemble, s’amuser, etpour qu’ils en gardent un souve-nir qui les porte durant tout lefilm. Il n’y a rien de plus fédéra-teur pour une bande de 5 mecsque de se retrouver entourés de50 jolies filles : ils vont en tirer unmaximum d’anecdotes !

J’ai aussi eu la chance, dèsle premier jour de tournage, detrouver une image qui symboliseparfaitement – mais autrement –la bande en tombant par hasardsur le manège pour enfants qui setrouve au bout du boulevard deBelleville. Après négociation viaAndré Bellaïche, qui connaît tousles commerçants du quartier, legérant nous a autorisés à mettredes adultes sur son manège. Et jecrois que c’est l’une des plus bel-les scènes du film : plutôt qued’avoir cinq types qui déambu-lent sur le Boulevard en se lajouant, j’ai choisi de montrer descadors qui, l’espace d’un instant,redeviennent des enfants.

Une des principales difficultésétait de contrôler l’évolution despersonnages dans le temps. Noustournions dans un tel désordrechronologique qu’à tout instant,nous pouvions nous perdre.L’affaire était si compliquée qu’ilsont fini par n’y plus penser, ettous les matins, tous les jours, jeles “recadrais”. C’étaient desmoments intéressants, comme siils lâchaient prise.»

Les scènes de braquages

« J’avais bien sûr beau-coup d’images de films dans latête mais j’ai fait en sorte de nejamais aller vers elles. Que ce soitUn après-midi de chien ou Heat, jesavais que je ferais différemment,puisque je partais de ce principede non préparation : je neconnaissais pas à l’avance ledécor des banques dans lesquelleson allait tourner, je n’y mettaispas les pieds. Ce qui ressortait demes conversations avec André,c’est que les premiers casses decette bande, avant même laconstitution du Gang desPostiches, ont été complètement

Pour en revenir à Milan,rien ne peut être simple chez cepersonnage parce qu’il n’est passimple d’être flic. Comment res-pecter des règles que d’autres pié-tinent en permanence ? Il fautêtre habité par une idée forte quipermet de transcender tous lesfreins, les raisons de laisser tom-ber. C’est ce que possède Milan :une raison de continuer plusforte que toutes les raisonsd’abandonner. Il est à la recher-che de l’honneur perdu de sonpère, son propre honneur enconséquence.

Nous avons chacun nosmystères. L’irrationnel et l’in-conscient tiennent la part la plusimportante dans nos décisions. Ilen va ainsi pour Simon et Milan.Ils sont proches l’un de l’autreparce que sans le savoir, ils ont lemême manque : celui d’un pèreabsent. C’est en fait la seule chosequi les réunit, qui crée entre euxun lien oserais-je dire mystique.Et c’est un autre thème quim’unit à cette histoire, et que j’aitraité dans mes films les plus per-sonnels. Mais ils ne se ressem-

blent pas, ne s’admirent pas, nepourraient pas échanger leurplace. Milan met tout simple-ment autant d’acharnement àattraper Simon que Simon en metà lui échapper. Personne n’est sur-pris par l’attitude du voyou, pour-quoi l’être par celle du policier ? Et Gilles Lellouche, qui est l’undes comédiens les plus puissantsque j’ai rencontrés, a apporté aupersonnage de Milan ce côté tran-chant, “inéluctable”, cette façonde rentrer dans l’histoire desautres. »

Cherchez la femme

« Julie va peu à peu deve-nir un repère, une borne pourSimon : c’est le risque de la per-dre qui le fait revenir dans seslimites et c’est quelque chose quim’avait beaucoup frappé dansl’histoire réelle, que je tenais àmettre dans le film. Cela a étéune très belle rencontre entreClémence Poésy et Vincent Elbaz :ils ont tout de suite dégagé uneintensité et une complicité sidé-rantes, cela jaillissait du couple

qu’il formait. Clémence est unegrande séductrice doublée d’unegrande travailleuse, elle est capa-ble de toutes les émotions. Peu descènes peuvent lui résister, ellen’a peur de rien malgré son appa-rence fragile, elle est en réalitéformidablement solide. Quant àGabriella Wright, elle m’aapporté sa beauté, mais aussi sonécoute et son énergie. »

La direction d’acteurs

« Sur ce film, j’ai beau-coup parlé avec les acteurs, entout cas, j’ai essayé autant que j’aipu de ne jamais être obsédé parune sonorité ou un élément àretrouver, mais de ne penser aveceux qu’aux choses à trouver. J’aidessiné des lignes pour chacundes personnages, et, à l’intérieurde ces lignes, j’aimais les voir évo-luer, sachant qu’en fonction dechacun, les lignes étaient plus oumoins lâches. Je désirais qu’ilsprennent des risques et leurs res-ponsabilités, et je crois qu’ilsn’ont pas détesté cela. J’ai eu envie qu’ils abordent letournage dans le même état d’es-

ENTRETIEN

16 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 17

Page 10: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

improvisés : ils ont appris sur letas et ont eu beaucoup de chanceparce qu’ils ont commis de nom-breuses erreurs au début et s’ensont sortis par miracle. On a doncfait de même : on a tourné lescasses au fur et à mesure, pourque les acteurs apprennent euxaussi sur le tas. On a commencépar leur premier casse et peu àpeu ils ont pris de l’assurance !On savait à peu près où on allaitmettre la caméra mais sur l’émo-tion qu’ils devaient dégager et surleur organisation, leur façon detenir un pistolet, je ne voulaisaucune répétition. Car en répé-tant, on risquait de perdre l’éner-gie, l’adrénaline. Pour être trèsfranc, on a répété une fois parcequ’il s’agissait d’une scène de cas-cade. André Bellaïche était pré-sent ce jour là et pour le fun, jelui ai demandé de nous montrercomment faire… c’était effective-ment très impressionnant ! Maisil n’était pas question de dire auxacteurs de l’imiter : on avait beauparler des attitudes, il fallait qu’ilsse rendent crédibles en situation.Ce qui a été drôle, c’est qu’unefois passés les premiers casses, au

moment d’entrer dans le décor,tous s’installaient en “pro”, cha-cun assumant son rôle ! »

Le Paris des années 80

Le problème qui pouvaitse poser avec ce film, c’est qu’ildevait se passer dans le Paris desannées 80. Tourner dans Parisaujourd’hui, c’est déjà difficile,mais simuler le Paris des années80, c’est quasi impossible. Etpour moi, la condition sine quanon pour réaliser ce film, c’étaitd’éviter de me perdre dans le réa-lisme des décors. Du coup, dansmes choix de mise en scène, j’aifait en sorte que les extérieursn’aient aucune importance.Evidemment, on a marquéBelleville, le quartier fondateurde la bande, mais pour le reste, jene me suis pas laissé entraver :on a évité les anachronismes lesplus criants mais je me suisrefusé à faire un film sur lesannées 80 et j’ai surtout essayéde restituer l’esprit de l’époque.Il ne fallait surtout pas que lalourdeur d’une reconstitutionvienne entraver le dynamisme et

l’énergie que je voulais donnerau film. Pour me donner uneidée du look des personnages,j’ai repris quelques photos demes tournages dans les années80 et franchement, je crois quej’ai toujours le même pull ! Bref,ma consigne à tous les corps demétier qui ont travaillé sur lefilm a toujours été : “ne cherchezpas la reconstitution minutieuse,adaptez l’époque !” La musiquecontribue aussi à la restituer, autravers de certaines chansons de“ces années-là” même si on a étésoft, parce qu’en mettre tropaurait rendu le film nostalgique,ce que je voulais éviter comme lapeste. »

Le contexte politique

« J’avais presque envie,sur le modèle de la chanson deMichel Delpech, L’inventaire 66,de ponctuer le film d’images clédu contexte social, culturel, poli-tique… mais il y avait le risque detomber dans un côté almanachun peu lourd. Ce que j’ai essayéde faire du coup, c’est inclurequelques images d’archives pour

faire exister le contexte politiqueet faire comprendre en quoil’élection de Mitterrand a puautant favoriser l’émergence decette bande. La grande idée duGang a été de comprendre que cequ’il y avait dans les coffres departiculiers n’était pas toujoursdéclarable, et qu’il y avait peu dechance de voir les assurances pas-ser un contrat sur leur tête. C’estd’ailleurs ce qui a rendu lesPostiches si populaires : volerl’argent des riches, argent plan-qué, donc forcément mal acquis !On voit aussi les membres dugang aller voter pour Mitterrand,qui abolit la peine de mort, etpuis le fameux “Au revoir” deGiscard d’Estaing : je ne pouvaispas ne pas l’utiliser ! Au fur et àmesure que le film avance, oninsiste plus sur les questionsposées par les journalistes del’époque et sur les réponsesapportées à ces questions. Lathèse, qui implique lesRenseignements Généraux, pour-rait d’ailleurs expliquer l’éphé-mère impunité dont a bénéficié legang pendant un moment. C’estune hypothèse très crédible… »

Le mot de la fin

« L’un de mes films préfé-rés est L’Impasse de Brian dePalma, avec Al Pacino, qui com-mence quasiment là où se ter-mine Le Dernier Gang, puisque,grosso modo, c’est l’histoire d’untype qui sort de prison et quitente de changer de vie. Mais lepersonnage de Carlito Briganteest condamné par les règles classi-ques du film noir, qui veulentque son destin le rattrape quoiqu’il fasse. Alors pour moi, LeDernier Gang, c’est un peu faire ensorte que Brigante réussisse àmonter dans le train et à partiravec sa femme. Parce qu’on a tou-jours le temps de mourir, non ? »

ENTRETIEN

18 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 19

FILMOGRAPHIERéalisateur2007

LE DERNIER GANG (+ scénariste)2001

YAMAKASI, LES SAMOURAIS DES TEMPS MODERNES 1998

BIMBOLAND1997

XXLUNE FEMME TRES, TRES, TRES AMOUREUSE (+ scénariste)1993

LE NOMBRIL DU MONDE (+ scénariste)1987

SAXO (+ scénariste)1984

SOUVENIRS, SOUVENIRS (+ scénariste)

Producteur2007

LE DERNIER GANG d’Ariel Zeïtoun3 AMIS de Michel Boujenah (Producteur délégué)2006

BANDIDAS de Joachim Roenning2004

BLUEBERRY de Jan Kounen (Producteur délégué)2003

PERE ET FILS de Michel Boujenah 2002

GANGSTERS d’Olivier Marchal

De 1980 à 2000, Ariel ZEITOUN a produit35 longs métrages parmi lesquels :

LA BANQUIERE de Francis GIROD, LE GRAND PARDON d’Alexandre ARCADY,COUP DE FOUDRE de Diane KURYS,L’HOMME BLESSE de Patrice CHEREAU, LE GRAND FRERE de Francis GIROD, DESCENTE AUX ENFERS de Francis GIROD,CHOUANS de Philippe de BROCA, JEAN GALMOT AVENTURIER d’Alain MALINE,BABY BLOOD de d’Alain ROBAK, LACENAIRE de Francis GIROD

Page 11: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

Qu’est-ce qui vous a attiréchez Simon ? Il faut savoir que la première foisque j’ai lu le scénario, c’était àpriori pour le rôle de Milan. Maisje n’avais pas été attiré par ce per-sonnage car il était trop fictionnelà mon goût. Ce qui m’intéressait,c’était la démarche d’ArielZeïtoun : partir d’un fait divers,d’une histoire vraie, et en faireune fiction qui s’attache aux fail-les et aux émotions des personna-ges, notamment celles de Simon.Il a de vrais moments d’humanité,mais aussi des accès de cruauté, etil faut l’aimer tel qu’il est. Quandon joue ce type de rôle, il estnécessaire d’oublier les préjugésautant que la complaisance : c’estce que faisait Ariel dans ce scéna-rio, et c’est ce qui m’intéressait.

Aviez-vous déjà entendu par-ler d’André Bellaïche et duGang des Postiches ?Le nom du gang m’était familiermais je n’ai découvert son his-toire qu’en travaillant sur le scé-nario. Par la suite, j’ai rencontréAndré Bellaïche, mais je me suissurtout attaché au rôle tel qu’ilétait écrit : je trouvais difficile deme raccrocher à des anecdotes.J’ai préféré faire avec ce que jesuis et laisser place à mon imagi-nation et à un travail de projec-tion en situation.

Du coup, comment s’estconstruit Simon ? En fait, je fonctionne de la mêmefaçon pour tous les rôles, en medisant : “si j’étais le personnage,comment j’agirais ?”. Plus quejamais sur ce film, j’ai laissé fairemon instinct de jeu, en bénéfi-ciant d’une grande liberté de lapart d’Ariel, qui m’a vraiment faitconfiance. Je devais jouer dessituations que je n’ai évidemmentjamais vécues, et donc pour les-

quelles je n’avais aucun référent.En temps normal, il est plus facilepour moi de me projeter dans uneréalité que je serais susceptible deconnaître : en l’occurrence, le filmse déroule dans une autre époque,avec un rapport aux femmes diffé-rent. Comme Simon est un chefde gang, mais qu’il dirige unebande de potes, je l’ai “attaqué”par la gentillesse et tout ce qui faitqu’un mec comme lui peutséduire sans être vraiment sédui-sant à la base. A priori, on se ditqu’on ne pourrait jamais suppor-ter de vivre avec un type aussiinstable émotionnellement, maisSimon est aussi un grand manipu-lateur et un grand séducteur. Jevoulais qu’en le croisant dans larue, on ne voie pas immédiate-ment un voyou en lui. Et il étaithors de question que dans moninterprétation, on sente le regardde l’acteur sur ce qu’il était entrain de jouer, ou que l’on per-çoive un jugement sur la voyou-cratie. Au contraire, je voulais quece soit totalement inconscient,instinctif. C’est pourquoi je mesuis beaucoup attaché au déséqui-libre émotionnel : je me suis ditque Simon était en quelque sorteun psychotique, mais un psycho-tique sympathique, comme onpeut tous l’être !

Y avait-il un plaisir particulierà se frotter au genre ? Effectivement, en tant que spec-tateur, je suis très fan des films devoyou – les Giovanni, Melville –mais aussi des films noirs améri-cains des années 40/50 et despolars français des années 70.Mais ce qui était intéressant avecLe Dernier Gang, c’était d’avoirquelqu’un de vivant pour racon-ter à la fois son expérience dumilieu et sa vie de couple. Pourune fois, la référence immédiaten’était pas un héros de cinéma.

ENTRETIEN

20 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 21

Vincent ElbazSIMON : Le cerveau

Page 12: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

Vous avez passé peu de tempsavant le tournage avec lesautres acteurs du gang :comment avez-vous travailléla complicité évidente quidevait vous unir ? Ce qui nous a beaucoup aidés,c’est de commencer par des scè-nes de boîtes de nuit : il fallaitdanser et créer une façon de“vivre” la boîte de nuit qui nepouvait pas être celle du clientlambda. Quelque chose qui soit àla fois cinématographique etspontané, qui crée une véritable

alchimie entre nous. Ces scènes,très physiques et sans dialogues,ont désinhibé tout le monde !

Et avec Sami Bouajila/Casa,votre “frère” ? De la même façon, nous sommesimmédiatement rentrés dans desrapports tactiles. En termes de jeu,nous sommes très différents : Samiest vraiment respectueux du texte,très “intérieur” dans son jeu, alorsque je suis plutôt extraverti et toutprêt à changer le texte ! Ce qui estintéressant, c’est que nous avons

commencé à nous inspirer l’un del’autre et que nos méthodes se sontpeu à peu influencées l’une l’autre.Ce qui prouve que l’on a bien fonc-tionné ensemble : il lui arrivait demonter au filet pendant que je par-tais dans l’introspection !

Les scènes de couple sontparticulièrement intenses :comment vous prépariez-vousavec Clémence Poésy ? Je n’avais pas du tout réfléchi àl’avance aux scènes que je parta-geais avec Clémence : je faisaisconfiance à la communicationqui passerait entre nous et, de fait,nous avons été très solidaires.Ariel Zeïtoun était d’ailleurs assezinquiet de sentir cette extrêmecomplicité car il craignait quenous n’arrivions pas à nousengueuler ! Au contraire, c’estcette solidarité qui nous permet-tait d’avoir confiance l’un dansl’autre pour des scènes quidevaient évoquer l’intimité d’uncouple qui ne va plus bien. Nousn’avions ni le temps ni l’envie depasser par des gestes symboliques,de jouer sur le côté câlin, quoti-dien … Simon et Julie ont dépassé

ENTRETIEN ENTRETIEN

22 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 23

ce stade, ils ont mal et il nous fal-lait beaucoup de confiance pourexprimer ce sentiment. Un couplequi se fait la guerre est un couplequi s’est aimé, et qui désormaiss’aime mal, ou différemment : lacomplicité était donc nécessaire.

Le tournage a dû être particu-lièrement intensif pour vousqui êtes quasiment de toutesles scènes…Ce qui est intéressant, c’est qu’onpeut toujours jouer plus vite avecAriel Zeïtoun, quitte à repousser leslimites du cadre. Cette vitesse m’ad’ailleurs permis de réfléchir lemoins possible et d’agir à l’ins-tinct. Le rythme du tournage allaitavec mon envie de ne pas me poserde questions. C’était une grandeaide pour moi qui étais là tous lesjours, mais j’imagine que cela pou-vait être plus difficile pour ceuxqui passaient une semaine sur leplateau, repartaient, revenaient.

Comment se sont tournées lesscènes de braquages ? On avait été coachés au mini-mum et sur les premières prises,les figurants se sont mis à courir

dans tous les sens sans que l’onsoit prévenus ! Cela s’est donc faitbeaucoup dans l’improvisationpour nous, mais Ariel, lui, savaittrès bien ce qu’il voulait.

Vous accumulez les postichesdans le film : un plaisir degamin Personnellement, Pascal Elbé ensteward Royal Air Maroc avec sesRay Ban fumées, j’aimais beau-coup ! En ce qui me concerne, jesuis plutôt hyper réaliste dansmon jeu, le déguisement reflétaitdonc pour moi le côté déconnantde cette bande. Finalement, ils sefichent de passer inaperçu : l’im-portant est plutôt de ne pas êtrereconnu, quitte à prendre des ris-ques ! Mais je trouvais importantque ce côté môme s’accompagnede la violence du braquage.

Un souvenir particulier à par-tager ? J’ai rencontré de nouveauxacteurs, notamment Clémence,Guillaume, Matthieu et Patrick.C’est aussi ce qui m’intéressaitdans le projet : qu’Ariel soit alléchercher des acteurs inattendus.

FILMOGRAPHIE2008

LES RANDONNEURS À SAINT-TROPEZ de Philippe HAREL2007

LE DERNIER GANG d’Ariel ZEÏTOUNTEL PÈRE, TELLE FILLE d’Olivier DE PLASJ’AURAIS VOULU ÊTRE UN DANSEURd’Alain BERLINER2006

MA VIE EN L’AIR de Rémi BEZANCON2005

DANS TES RÊVES de Denis THYBAUDLE PARFUM DE LA DAME EN NOIR de Bruno PODALYDES2003

UN MONDE PRESQUE PAISIBLE de Michel DEVILLE 2002

NI POUR NI CONTRE (BIEN AUCONTRAIRE) de Cédric KLAPISCHEMBRASSEZ QUI VOUS VOULEZ de Michel BLANC2001

RUE DES PLAISIRS de Patrice LECONTEABSOLUMENT FABULEUX de Gabriel AGHION2000

LA PARENTHÈSE ENCHANTÉE de Michel SPINOSANAG LA BOMBE de Jean-Louis MILESIPEUT-ÊTRE de Cédric KAPLISCHUN PUR MOMENT DE ROCK’N ROLL de Manuel BOURSINHACQUASIMODO DEL’ PARIS de Patrick TIMSITLE SOURIRE DU CLOWN d’Eric BESNARD1998

GRÈVE PARTY de Fabien ONTENIENTEPETITS DÉSORDRES AMOUREUXd’Olivier PERAY1997

LA VÉRITÉ SI JE MENS de Thomas GILOULES RANDONNEURS de Philippe HAREL 1996

ENFANTS DE SALAUD de Tonie MARSHALLLE PÉRIL JEUNE de Cédric KLAPISCH1995

LE PLUS BEL ÂGE de Didier HAUDEPIN

Page 13: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

Vous incarnez le personnagele plus solitaire du film : pastrop frustrant sur le tournaged’un film de bande ? C’est vrai que je ne suis pas unsolitaire dans l’âme, mais jen’avais pas vraiment le choix.D’une part, parce que la bandem’a vite fait comprendre quej’étais à l’écart… et d’autre part,parce qu’après les heures passéesau maquillage à me transformeren clochard – c’est vraiment un

film de postiches ! –je ne pouvais plusni rigoler, ni boire,ni fumer, ni vrai-ment bouger. Dansces conditions, celane servait pas àgrand-chose d’aller

traîner sur le plateau, je restaisdonc sagement à attendre dansma caravane. Bref, je me suisnaturellement retrouvé isolé dugroupe, Ariel ayant par ailleurstrès consciemment organisé unplan de travail qui faisait qu’on secroisait le moins possible. Maisdu coup, les scènes finales, que jepartage avec Vincent, riches detoute la frustration que j’avaiséprouvée à jouer seul, ont été par-ticulièrement intenses.

D’autant plus que vousretrouviez Vincent Elbaz aprèsMa vie en l’air…On avait effectivement beaucouprigolé sur Ma vie en l’air. Du coup,c’était assez compliqué, un an àpeine après avoir joué les meil-leurs amis du monde, de seretrouver à incarner les piresennemis. Mais comme on seconnaissait très bien, et qu’onavait pris beaucoup de plaisir àtravailler ensemble, on a naturel-lement adopté le même fonction-nement, la rigolade en moins. Ceque j’apprécie dans notre façonde faire, c’est qu’on se parle beau-

coup, on s’interroge, on seregarde jouer, on commente…On reste toujours très vigilantl’un envers l’autre. Vincent est ungrand acteur, très impliqué : rienne se fait au hasard, il réfléchitbeaucoup, c’est très agréable debosser avec lui, parce qu’il vousincite à faire de même, il vousentraîne dans sa démarche.

Connaissiez-vous les autresmembres de la bande? Je considère depuis longtempsSami Bouajila comme un acteuren or massif. Les autres, je ne lesconnaissais pas, mais j’ai décou-vert en Matthieu Boujenah untype plein de talent et de fraî-cheur, beau gosse qui plus est – cequi ne gâche rien, on en manquedans le cinéma français !Guillaume Viry m’a halluciné parson habileté à parler à la vitessed’un TGV et je vois GrégoryGadebois comme un taureauplein de tendresse. Je pense qu’ilest capable de tout jouer, il peutêtre drôle et inquiétant à la fois.Selon moi, Pascal Elbé ne devraitpas tarder à devenir réalisateur, ilen a toutes les qualités. Quant àPatrick Dell’Isola, c’est un fouélectrique, dont je savais qu’ilavait co-écrit Etat des Lieux avecJean-François Richet : je passaismon temps à lui demander de meraconter l’anecdote selon laquelleils ont réussi à financer le film enmisant leur budget à la roulette!

Etiez-vous habitué à un rythmede tournage aussi énergique ? Sur la majorité des films, les jour-nées sont archi remplies, souventpour des raisons de production.Mais en ce qui concerne LeDernier Gang, je crois que cerythme répondait à une véritableenvie d’Ariel parce qu’il considé-rait que cette énergie était inhé-rente au film qu’il voulait faire.

L’idée était de bousculer l’ordreétabli des tournages pour créerune dynamique qui soit presquecelle d’un braquage.

Quel directeur d’acteurs est-il ?Ariel Zeïtoun a été très précau-tionneux dans le choix de soncasting, justement parce qu’ilconnaissait les conditions de sontournage. Mais du coup, une foisqu’il vous a choisi, il vous laissepartir dans vos délires. A l’inté-rieur de ce qu’il souhaite, lechamp est très ouvert.

Comment vous êtes-vousretrouvé dans la peau de ceflic obsessionnel ? Ariel m’avait envoyé le scénarioen me proposant de choisir lepersonnage qui me faisait enviedans le gang, sachant queVincent Elbaz jouait Simon. Maisc’est avec Milan, ce flic jusqu’au-boutiste, que je me suis dit quej’étais susceptible de livrer unepartition originale. En plus, jesortais du film de GuillaumeCanet, Ne le dis à personne, danslequel je jouais déjà un voyoualors que je n’avais encore jamaiseu l’occasion de véritablementincarner un flic, surtout un flic sipeu orthodoxe. Il faut savoir queles acteurs ont douze ans d’âgemental : courir dans la rue unflingue à la main, j’attendais çadepuis que j’ai 5 ans, j’étais doncravi de le faire ! J’étais sensibleaussi à ce retour à un cinéma degenre digne des années 70, c’est-à-dire un cinéma vraiment popu-laire sans être “couillon”, riche depersonnages aux vraies psycholo-gies.

Y a-t-il un challenge particulierquand on aborde un personnageaussi typé que “le flic” ? Il est vrai que les voyous et lesflics sont des personnages assezbalisés, ils représentent une vraietradition du polar, un genre quej’affectionne depuis tout petit.Mais ce qui différencie Milan,c’est son extrême impulsivité,quasi suicidaire. J’ai regardé pasmal de films avant le tournage etj’ai été particulièrement frappépar la prestation de Jean-LouisTrintignant dans Le Grand Pardon,dans lequel il joue un flic abject.Sans vouloir aller aussi loin, j’ap-préciais la froideur résolue du per-sonnage. J’ai donc essayé de fairede Milan un être le plus froid pos-sible mais dont on sent qu’il esthabité par une rage sourde, unecolère prête à exploser à toutmoment.

Avez-vous cherché à vous ins-pirer d’un vrai flic ? Pas vraiment, puisque le person-nage de Milan est plutôt un produitde l’imagination d’Ariel Zeïtoun.

Comme il ne s’agit pas du vrai poli-cier qui a fini par faire tomber lesPostiches, les choses étaient trèslibres pour moi. Ce qui me parais-sait intéressant dans ce personnage,c’est le poids que représentent pourlui l’héritage du père et sa confron-tation avec un grand gangster.Milan est noyé par ses fascinations,ce n’est finalement qu’un petitbonhomme étriqué qui aimeraitexister comme les autres. On ditsouvent qu’il existe une réelleambiguïté entre le flic et le voyou,que le premier peut à chaque ins-tant basculer du côté du second, etj’aurais presque aimé faire de Milanun personnage amoureux deSimon, glisser une homosexualitélatente dans leurs rapports. La rela-tion d’amour/haine qu’il entretientà l’égard de Simon est complète-ment suicidaire, il y a un côté psy-chopathe chez Milan, qui vitentouré des photos du gang. Il est àla frontière de la schizophrénie, ilse projette sûrement dans ce qu’estSimon : un grand gangster, alorsque lui-même n’est pas encore ungrand flic.

Gilles LelloucheMILAN : Le flic

ENTRETIEN

24 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 25

FILMOGRAPHIE

ACTEUR2007

LE DERNIER GANG d’Ariel ZeïtounMA VIE N’EST PAS UNE COMEDIEROMANTIQUE de Marc Gibaja LA CHAMBRE DES MORTS d’Alfred Lot MA PLACE AU SOLEIL d’Eric de Montalier 2006

LE HEROS DE LA FAMILLE de Thierry Klifa NE LE DIS A PERSONNEde Guillaume CanetON VA S’AIMER d’Ivan Calbérac2005

MA VIE EN L’AIR de Rémi Bezançon ANTHONY ZIMMER de Jérôme Salle 2003

JEUX D’ENFANTS de Yann SamuellPOURKOI... PASSKEU de Tristan Aurouet(+ scénariste)2002

MON IDOLE de Guillaume Canet2001

MA FEMME EST UNE ACTRICEd’Yvan Attal1998

FOLLE D’ELLE de Jérôme Cornuau

REALISATEUR2004

NARCO (+ scénariste)

Page 14: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

trés sur le tournage, ce sont tous depur acteurs : ouverts, investis, àl’écoute… Franchement, je me jet-terais corps et âme dans une bandefaite de gens comme eux ! On a par-fois le luxe de tourner dans la chro-nologie, mais quand ce n’est pas lecas, j’adore que le plan de travailsoit construit de telle sorte qu’il soit

fédérateur. On meten boîte, maisc’est aussi pré-texte à créer desliens, et c’était lecas avec LeDernier Gang. Cela

a permis de faire le liant, on avaitplaisir à être tous les jours ensem-ble et il a fallu d’un rien pour quechacun tombe les barrières. Horschamp, la complicité était la même,peut-être même plus forte encore.

Vincent Elbaz, quand il évo-que vos méthodes de jeu res-pectives, les juge aussi dis-tinctes que complémentaires.Etes-vous effectivement adepted’une préparation en amont ? En règle générale, oui, mais beau-coup moins sur ce film. Ariel fonc-tionnait beaucoup sur l’énergie, etDieu merci, je sais aussi travaillersur la spontanéité ! Sur Le DernierGang, tout s’est vraiment fait “en

chair” : on se cherchait ensemble,cela allait très vite et cela corres-pondait parfaitement à la frénésieque vivaient ces types. On a chacunnos instincts, chaque instrumentsonne d’une façon particulière.Avec Vincent, on était effective-ment en phase, on savait que l’onpouvait compter l’un sur l’autre.

Compte tenu de cette énergie,quelle était la direction d’ac-teurs d’Ariel Zeïtoun ? Sa démarche était plutôt invertie, ilnous responsabilisait beaucoup ennous rappelant que tout était écrit. Ilavait besoin de la bande et del’énergie pour mettre sa caméra enmouvement, il nous demandaitd’être sur le coup. Personnellement,je recevais très peu d’indications etcela me convenait bien : ce sont desfilms où il faut lâcher la bête !

Un mot sur le retour du genredans le cinéma français ? En tant qu’amateur du genre – enparticulier la tradition des JoséGiovanni parce qu’on y parle duvécu, de respect et de solidarité –j’espère un retour flagrant au filmnoir, avec un véritable engouementdu public. Mais à condition qu’il yait une vraie démarche de fond : ilserait dommage que cela se limite àreproduire un bagage.

Qu’est-ce qui vous a attirédans ce projet ? C’est vraiment l’effet de bande. J’ailu le scénario, je l’ai aimé, et j’ai euenvie de rentrer à nouveau dans unfilm de groupe : après le Téchiné(Les Témoins), et sachant que j’al-lais tourner le premier long métragede Jalil Lespert (24 Mesures),j’avais envie de cette histoired’amitiés et de cette atmosphèremasculine, c’est quelque chose quime touche. J’ai toujours fait partiede bandes et cela m’a beaucoupaidé sur le tournage : ce côté “enfants de la balle ” qui grandis-sent ensemble.

Qu’en est-il du personnage deCasa ? Casa est quelqu’un de sûr auregard de Simon, une vraiecolonne vertébrale. J’étais trèstouché par ce que dégageait cepersonnage, et très sensible à lafraternité qui le lie à Simon.L’aspect historique de ce gangétait aussi assez excitant, et il yavait quelque chose d’intéressantdans l’écriture du film : on savait àquelle époque cela se passait eten même temps, le scénario étaitécrit de façon intemporelle, cequ’Ariel Zeïtoun a retrouvé dans safaçon de filmer. Si l’on regarde de

près le cadre, il y a une vraieliberté par rapport à l’époque : lagageure est réussie.

La complicité à l’écran estévidente entre les membresdu gang…Vincent et moi, on se connaissaitdéjà, on s’apprécie, et je croisqu’Ariel a misé là-dessus. Jeconnaissais aussi Patrick dell’Isolapour son travail, que j’aime beau-coup : je me reconnais à 100%chez un type comme lui. C’est unacteur par excellence, et quelqu’unque j’admire aussi en tant que per-sonne. Les autres, je les ai rencon-

FILMOGRAPHIE

2007

24 MESURES de Jalil Lespert LE DERNIER GANG d’Ariel Zeïtoun LES TEMOINS d’André Téchiné2006

INDIGENES de Rachid Bouchareb LE CONCILE DE PIERRE de Guillaume Nicloux 2005

ZAÏNA, CAVALIERE DE L’ATLAS de Bourlem Guerdjou AVANT L’OUBLI d’Augustin Burger 2004

LEO EN JOUANT “DANS LA COMPAGNIEDES HOMMES” d’Arnaud Desplechin 2003

VIVRE ME TUE de Jean-Pierre Sinapi PAS SI GRAVE de Bernard Rapp 2002

EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ de Michel Blanc NID DE GUEPES de Florent Emilio Siri 2001

CHANGE-MOI MA VIE de Liria Begeja LA REPETITION de Catherine Corsini LA FAUTE A VOLTAIRE d’Abdellatif Kechiche 2000

DROLE DE FELIX d’Olivier Ducastel NOUVELLE DE LA TOUR L de Samuel Benchetrit 1999

NOS VIES HEUREUSES de Jacques Maillot 1998

COUVRE-FEU d’Edward Zwick 1995

BYE-BYE de Karim Dridi 1993

LES HISTOIRES D’AMOUR FINISSENTMAL... EN GENERAL d’Anne Fontaine LES SILENCES DU PALAIS de Moufida Tlatli 1991

LA THUNE de Philippe Galland

Sami Bouajila

ENTRETIEN

26 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 27

CASA : Le frère

Page 15: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

du mal mais plutôt de trouverensemble comment faire en sorteque la scène soit crédible. EtVincent, qualité rare, est très à

l’écoute de ses partenaires, il estcapable de vous appeler à la finde la journée pour vous dire : “Ona fait du bon boulot”. C’était trèsrassurant pour moi qui ai moinsd’expérience que lui : je me sen-tais légitime.

Comment trouve-t-on sa placedans un “film de mecs” ? Déjà, je me suis très bien enten-due avec Gabriella Wright, quijoue Daniela dans le film, et j’aide toute façon l’habitude d’uneforte présence masculine sur lesplateaux de cinéma. J’ai l’impres-sion de gérer cela en franchecamaraderie plutôt qu’en jouantles petites choses fragiles, mêmesi en Afrique du Sud, les blaguesde la bande était parfois un peulourdingues !

Quel souvenir gardez-vous dutournage ? Ce que je trouve magique dans cemétier, c’est de s’habituer à la

façon de faire de chaque réalisa-teur et de chaque équipe. Pour LeDernier Gang, j’ai le souvenir d’untournage dynamique, dont lerythme soutenu permettait auxacteurs de rester dans une belleénergie de travail. Cette urgencecorrespondait bien au sujet dufilm : une vie qui va à 100 àl’heure. Cela dit, pour les scènesde couple, le rythme était moinsfrénétique, on prenait notretemps pour bien faire. D’autantqu’Ariel Zeïtoun est très précisdans ce qu’il souhaite, jusqu’aumoindre détail, la moindre modu-lation de voix : il cherche à obte-nir exactement ce qu’il a en tête.

Il s’agit de votre premier polar :y a-t-il un plaisir particulier à“tâter” du genre ?

C’est une culture de cinéma quin’est pas forcément la mienne,même si en voyant les premièresimages du film, j’ai réalisé que jefaisais désormais partie de cetteculture. Ce que je trouve intéres-sant dans Le Dernier Gang, c’estqu’il y a selon moi plusieurs filmsdans le film : l’histoire d’une com-munauté, d’une amitié, la thémati-que du destin, l’histoire d’amour…En ce qui me concerne, la seule foisoù je tiens un flingue dans lesmains, je ne suis pas particulière-ment cool ! Moralement, cela meconvient très bien, d’ailleurs, depouvoir montrer à quel point toutcela peut aussi être destructeur.

Vous avez déjà beaucoup jouéà l’étranger : y a-t-il un plaisir particulier à retrouverParis pour un tournage ?Oui, d’autant que cette année, lehasard a fait que j’ai tourné deuxfilms à Paris, à Belleville etPigalle. Ce sont des lieux toutaussi cinématographiques que leParis qu’on est habitué à voirdans les films de la NouvelleVague : ils dégagent une force évi-dente à l’image. Qu’est-ce qui vous a marquée

chez Julie à la lecture du scénario ? Ce que je trouve intrigant chez elle,c’est sa volonté absolue et l’am-pleur de son amour, capable dedéplacer des montagnes… quitte àdevenir franchement destructeur.Cette volonté de suivre quelqu’unjusqu’au bout, y compris en quit-tant son milieu d’origine, et cettecapacité à vivre dans la clandesti-nité, je trouve cela très beau.

Comment s’est construit cepersonnage ? J’ai toujours tendance à partir dumatériau de base qu’est le scéna-rio, puis à laisser mon imagina-tion faire le reste. C’est maméthode, y compris sur des per-

sonnages historiques, une foisque j’ai appris l’essentiel évidem-ment. En l’occurrence, je n’ai pasfait de recherches particulières surJulie, je n’ai pas vraiment cherchéà savoir ce que pouvait être unevie de cavale, j’ai plutôt essayé del’imaginer avec mes propresarmes et mon ressenti. Je ne suispas jusqu’au-boutiste dans mapréparation et je n’ai d’ailleursrencontré la femme d’AndréBellaïche – qui a inspiré Julie –qu’une fois sur le tournage. A par-tir du moment où une histoiredevient un film, je ne ressens pasle besoin d’aller chercher dans lavie de celle qui l’inspire. L’idée estde m’approprier le personnage,mais pas sa vie à elle, je vois celacomme une forme de respect.

Comment s’est passée la ren-contre avec Vincent Elbaz ? Vinent est quelqu’un d’unegrande générosité, très ouvert etfranc : il aime chercher avec sespartenaires. Du coup, nous avonseu une superbe relation de tra-vail, mais au même titre qu’il en aeu une avec Sami Bouajila et l’en-semble de l’équipe. On sent uneenvie énorme chez lui que tout sepasse bien, il est dans un vraiplaisir de jeu et vous emmènedans ce plaisir avec lui. C’étaitd’autant plus précieux pour moique la majorité des scènes quenous avions à tourner étaient violentes : j’avais besoin demoments d’humour avant detourner pour avoir le recul néces-saire. L’idée n’était pas de se faire

ENTRETIEN

28 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 29

FILMOGRAPHIE

2007

LE DERNIER GANG d’Ariel ZeïtounSANS MOI d’Olivier Panchot2006

LE GRAND MEAULNES de Jean Daniel Verhaeghe2005

HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU de Mike Newell2003

BIENVENUE CHEZ LES ROZES de Francis Palluau2002

L’ETE D’OLGA de Nina Grosse

Clémence PoésyJULIE : La femme

Page 16: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

• Le personnage : Ariel m’avaitdit de regarder Les Soprano pourme donner une idée de ce quedevait dégager Bonner… mais jene l’ai pas fait ! Je me suiscontenté de l’idée que j’en avais,le “rond” du groupe, mais aussi àmon sens, le plus violent, le plusdur.

• Le film de bande : Je me rap-pelle avoir réalisé d’un coup ceque représentait cette bande depotes. On est tous rentré desdizaines de fois dans une banquemais au cours du tournage, alorsque j’étais dans une agence entrain de remplir un papier, j’aisoudain eu une vraie montée

d’angoisse. J’ai commencé àregarder le type au guichetcomme si je m’apprêtais à le bra-quer - et dans ces cas-là, le type atoujours l’air antipathiquecroyez-moi ! – mais aussi la petitevieille qui était devant moi… Etpuis je me suis dit que la petitevieille, c’était Merle sous son

déguisement, et que les autresallaient débarquer d’une minute àl’autre : j’ai compris ce que devaitêtre ce groupe, cette bande demecs qui pouvaient compter lesuns sur les autres. En regardantcette banque sous l’angle du bra-quage, j’ai aussi réalisé à quelpoint les montées d’adrénalinedevaient être impressionnantes.

• Le tournage : Comme je jouaisle soir au théâtre, j’avais le senti-ment de ne jamais m’arrêter, etj’ai adoré ça. Ne pas se poser dequestions, ne pas réfléchir mais sejeter dans l’action. C’est un peucomme un saut en parachute :mieux vaut y aller aussitôt que laporte est ouverte ! Et c’est ainsique le tournage s’est déroulé : onm’appelait souvent la veille pourle lendemain, puis je filais à laComédie Française pour jouerdans Cyrano de Bergerac, tout s’en-chaînait très vite.

LA BANDE

30 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 31

BONNER : La passion des armes(Gregory Gadebois)

J’ai éprouvé une certaine jubilation à confier à un digne

pensionnaire de la Comédie Française le rôle d’un perceur

de coffres.

En plus, Bonner, c’est le genre de gros qui ne supporte pas

d’être appelé “le gros”. En dehors de Simon, quiconque le

traite de “gros” prend le risque de se faire rentrer sous terre

en deux coups de poing ! Parce que Simon, c’est son

“évidence”, il l’entend au-delà des mots.

Gregory Gadebois a apporté à Bonner ce côté bien planté

dans la terre mais aussi, et surtout, cette “complicité

métaphysique” ».

(Ariel Zeïtoun)

Gregory Gadebois, pensionnaire de la Comédie Française, était au moment du tournage à l’affiche du succès théâtral de l’année : le Cyrano de Bergerac mis en scène par DenisPodalydès et récompensé par six Molières. Au cinéma, on a pu le voir dans Les Âmes grisesd’Yves Angelo et Très bien merci d’Emmanuelle Cau.

“On n’est pas un gang, on est une bande de potes”

Page 17: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

• Le personnage : Maxime s’estconstruit petit à petit car je n’ai su qu’au dernier moment quej’étais choisi pour le rôle, mêmesi j’avais entendu parler du projetdepuis longtemps. Du coup jen’ai pas vraiment eu le temps deme “préparer”, ce qui s’est révéléparfait : je suis arrivé très frais surle tournage, sans avoir trop réflé-chi à une façon de travailler. Leseul fil conducteur qui me guidaitétait l’idée que Maxime a enviede faire comme les autres, detrouver sa place dans la bande, etqu’en même temps, il est pétrifiépar la peur. Ce qui me paraît trèsnaturel : on ne naît pas un flin-

gue entre les mains ! CommeMaxime ne fait pas directementréférence à un membre du vraigang – c’est plutôt un mix de plusieurs personnages – je n’aipas cherché à en savoir plus, j’ai essayé d’être le plus spontanépossible, et de faire confiance àAriel qui savait s’adapter à la personnalité de chacun. Sachantque j’étais arrivé tard sur le tournage, sans même avoir fait de séance de lecture, il venait me voir avant chaque scène pourme dire ce qu’il attendait de moi,me fixer un cadre à l’intérieurduquel j’étais libre de faire ce queje voulais.

• Les scènes de braquage : Jem’attendais à ce qu’on les prépareminutieusement. Ayant fait un peude cascade, je sais qu’une scène d’ac-tion peut être très violente, une giflemal placée est capable de crever l’œil

de quelqu’un. En réalité, il n’y apas eu de vraie préparation et ons’est lancé en “free style”. A cha-cune des prises, la figuration

changeait ses mouvements, si bienqu’on ne savait jamais vraiment cequi allait se passer. Mais cela corres-pondait parfaitement à l’improvisa-tion avec laquelle les Postiches opé-raient. Ce qui est dingue, c’est larapidité avec laquelle on s’habitue àporter une arme. Au début, les mecsdu gang ne portaient pas de holsteret mettaient leur arme à la ceinture.Les premiers jours, cela me faisait unmal de chien, j’avais des bleus à lahanche à la fin de la journée ! Et puisje me suis tellement habitué qu’ilm’arrivait de quitter le plateau et desortir dans la rue avec le flingue surmoi : j’avais oublié que je le portais…

• La bande de potes : La symbioseest vraiment née des choix de castingd’Ariel Zeïtoun. Le résultat est là : lacomplicité est née très naturelle-ment. C’est un vrai film de mecs etcela a été une très belle rencontre decomédiens : personnellement, je suisl’aîné de ma famille et c’est la pre-mière fois que j’ai eu le sentimentd’être entouré de grands frères.

32 ● LE DERNIER GANG

MAXIME : Celui qui a peur (Matthieu Boujenah)

LA BANDE

« On oublie trop souvent

l’importance de la peur dans

ce contexte : une façon de

rester concentré, vivant, tout en

cherchant à dépasser cette peur.

Matthieu Boujenah incarne cela

dans le film : il est le plus jeune,

le plus fragile de la bande, et en

même temps celui qui en veut le

plus… et qui a le plus peur ».

(Ariel Zeïtoun)

• Le débit du personnage : Surles conseils du directeur de cas-ting, j’avais surtout préparé Merlepour les essais. Je suis donc arrivéau rendez-vous dans la peau dupersonnage - chose que je ne faisjamais et que je trouve même ridi-cule d’habitude – et je me suis misà parler très vite immédiatement,y compris pour dire bonjour. Ducoup, les essais se sont très bienpassés, Ariel a même pensé quec’était mon rythme de parolehabituel ! Par la suite, on a mis unprotocole en place : puisqueMerle est un émotif, le degré decompréhension de son débitdevait varier en fonction de sondegré d’émotivité.

• La prépa : Avant d’être un filmde braquages, c’est vraiment unehistoire d’amitié autour d’unebande liée depuis l’enfance. Ducoup, je n’ai pas vraiment fait derecherches concrètes sur le manie-ment des armes ou l’ouverture descoffres, la vérité des rapportsqu’entretiennent les membres dugang me paraissait plus essentielle.J’ai essayé de me renseigner sur lecontexte de l’époque, la toile defond, mais pour le reste, à monsens, à partir du moment où l’ontient un flingue, on est un gangs-ter ! En tout cas, c’est comme celaque je l’ai vécu. D’autant qu’avantde tourner ce film, je regardais trèspeu de polars – je m’y suis misaprès coup – et j’avais donc trèspeu de références en tête.

• Le tournage : C’est la premièrefois que je vivais un tournage surlequel il n’y avait aucune attentepour les acteurs : ce sont presqueles techniciens qui devaients’adapter à notre rythme ! Et j’aiadoré ce procédé, qui empêche detrop gamberger. Il fallait toujoursêtre sur le coup, on pouvait nousappeler n’importe quand pourune petite impro. C’est épuisant,mais assez génial, d’autantqu’Ariel est quelqu’un qui aimeles acteurs, cela se sent, et c’estinestimable d’être encouragé etregardé avec bienveillance quoique l’on tente.

MERLE : L’arme secrète(Guillaume Viry)

« L’un d’entre eux devait être

une sorte de mitraillette de la

diction, un type compréhensible

par ses seuls copains et donc

capable de les tirer de situations

extrêmement graves. C’était un

vrai pari de trouver un comédien

capable de parler aussi vite de

façon naturelle et réaliste,

pour que le spectateur ne le

comprenne pas dans le détail,

mais “pige” quand même

l’essentiel. Et c’est Guillaume Viry

qui y est parvenu : il m’a épaté

dès les essais. J’ai même cru que

c’était sa diction naturelle ».

(Ariel Zeïtoun)

Habitué du cinéma d’auteur, Guillaume Viry fait, avec Le Dernier Gang, sa première incursiondans le film de genre. Il a notamment travaillé avec Serge Le Péron dans L’Affaire Marcorelleet Alain Guiraudie pour Voici venu le temps.

Après de nombreux seconds rôles au cinéma et à la télévision,Matthieu Boujenah laisse éclater son charisme dans Marockde Laïla Marrakchi. Il tourne actuellement en Grande-Bretagne, et en anglais, un thriller intitulé Knife Edge.

LE DERNIER GANG ● 33

Page 18: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

• Le personnage : C’est un typetotalement instinctif, qui a rare-ment tort, et qui est guidé par sonenvie de jouir de la vie de la façonla plus simple possible, ce quisignifie à l’époque rouler dans debelles voitures, faire l’amour à dejolies filles, boire du bon whisky etsniffer de la bonne cocaïne ! Il estrare de lire un personnage qui soitaussi bien ciselé et aussi biendéfini dans une histoire. Car c’estlui qui inscrit ceux qui ne sont pasencore les Postiches dans leuraction, qui leur apporte aussi laforce de la réalité : être capable dese suicider pour ne pas tomberentre les mains de la police. J’ai euenvie de le jouer comme s’il étaitle mode d’emploi de Simon : àmon sens, il a une forte responsa-bilité dans ce que deviendraSimon, et je trouvais particulière-ment intéressante la confronta-tion de cette force de la nature unpeu primaire avec Simon, qui estplus dans le raisonnement.

• La préparation : A chacun saméthode. Personnellement, j’aibesoin de quelques indications, enparticulier pour Landais : il y avaitmille façons de jouer ce personnage,on avait l’embarras du choix ques-tion repères, mais ce qui importaitpour moi, c’est la façon dont Arielavait envie que ce personnage existe.On en a donc parlé ensemblejusqu’au moment où il m’a dit : “il apeur de retourner en prison car ilconnaît la réalité de l’enfermement,ce que signifie la privation de liberté,et ça, il ne veut plus le vivre”. Et c’estce qui explique sa violence sans limi-tes, qui s’exprime dans le regard etdans le verbe : il est capable de tuerquiconque lui fera prendre le risquede retourner en prison. A partir de cemoment là, j’ai été sauvé, le person-nage a pris une force incroyable. Parla suite, sur le plateau, je me suissenti assez libre, car Ariel faitconfiance aux acteurs qu’il a choisis :il a cette force rare d’être présent sansque l’on s’en rende compte.

• Le film de genre : Quand onlit le script, on a envie d’être unmembre de ce gang tout ensachant que c’est impossible,puisque hors-la-loi. Mais c’est cequi est intéressant dans la forcedu cinéma, et en particulier dansle cinéma de genre : faire plaisirau spectateur et, en même temps,glisser quelque chose de “bancal”qui laisse une résonance à la sor-

tie de la salle.Pour mettre enavant des idéesun peu subver-sives, on a

besoin du genre ! C’est là que lesidées foisonnent et c’est ce quirend génial de participer à ce typede projets. Dans Le Dernier Gang,on sent, de façon sous-jacente, ettout en surfant sur une histoirede gangsters, que les rapportsentre les personnages touchentaux grands principes de la vie.

« Parce qu’il incarne une autre

génération de banditisme, Landais

est fatalement condamné à mort.

Il n’a pas les méthodes de ces

types : quand il parle de gang,

Simon lui répond “bande de

potes”. Mais avec sa connaissance

des armes, c’est lui qui apporte

l’irruption de la violence, la réalité

du braquage et du danger qui

l’entoure. C’est lui qui les baptise

ou les dépucelle, comme on

voudra. C’est un personnage

dense, intense, complexe et ce que

Patrick dell’Isola lui a apporté en

termes de démesure et d’angoisse

est vraiment prodigieux. Derrière

la caméra, je restais moi-même

figé en l’entendant lancer ses

imprécations ».

(Ariel Zeïtoun)

« J’adore le scénariste, qui, d’un mot

simple, dynamite une situation compliquée.

J’aime le comédien qui a en lui toutes les

notes, et une très bonne oreille pour en

user à bon escient. J’apprécie l’élégance

et la distance de Giraud, fils de bonne

famille, fidèle au souvenir d’un ami mort,

et dont on peut se demander ce qu’il

fabrique avec une bande de gangsters…

mais les mêmes plants ne donnent pas

forcément les mêmes fleurs, is’nt it… ? »

(Ariel Zeïtoun)

LANDAIS : Le voyou à l’ancienne (Patrick dell’Isola)

GIRAUD : Le fils de bonne famille(Pascal Elbé)

• Le personnage : J’aimais par-ticulièrement le fait que Giraudsoit un peu l’alter ego de Casa,j’étais sensible à cette idée derelais entre les deux personnages,de transmission d’un certaincode d’honneur. A la lecture duscénario, j’avais également étéemballé par la sincérité qui sedégageait de cette histoire, enprise directe avec une certaineréalité de l’époque. C’était aussila première fois que je lisais unehistoire contemporaine qui res-semblait à Robin des Bois, avecdes personnages très aboutis etromanesques. Je n’ai d’ailleursjamais cherché à ressembler au“vrai” Giraud, ce n’était pas lebut. Le rôle d’un acteur est plutôtd’amener sa vérité pour fairecroire à un personnage.

• Ariel Zeïtoun : C’est un metteuren scène très précis dans sa mise enscène et en même temps, je croisqu’il a approché, avec ce tournage,un certain stade de folie. Il a toutessayé avec sa caméra et sonéquipe, et tordu toutes les règlesque je connaissais dans le cinémaen termes d’horaires et de place-ment de caméra. On ne savaitjamais réellement ce qu’on allaitfaire et cela créait un climat de ten-sion et d’insécurité qui était évi-demment parfait pour ce film. J’aiadoré cette façon de travailler,c’était particulièrement électrisant !Ariel était vraiment l’homme de lasituation, il a fait preuve d’uneliberté incroyable tout en étant trèsimpliqué. Il est presque devenu lesixième membre du gang : un ban-dit de la mise en scène, notre “patron”, un peu à la manière deCharlie et de ses drôles de dames !

• Le genre : Quand on vous pro-pose un polar qui vous permetde régresser à vue d’œil et dejouer avec un pétard, évidem-ment, on adore ! C’est très jubi-latoire de jouer les John Waynede Belleville, d’être payé pourtransgresser tous les interdits.C’est ultra-jouissif, on a l’impres-sion d’être enfin des cow-boys !Cela dit, on a été nous-mêmessurpris de la violence qu’on étaitcapable de dégager dans les scè-nes de braquage, on devenaitpresque aussi ingérables que lesvrais Postiches. Je me rappellenotamment le sentiment trèsparticulier que j’ai ressenti dansla scène où je devais attraper undirecteur d’agence par le col etl’entraîner avec moi : on devientquelqu’un d’autre.

LA BANDE

34 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 35

Coscénariste et coproducteur avec Jean-François Richet d’Etatdes lieux, Patrick dell’Isola s’est notamment fait remarquerpour sa prestation dans Roberto Succo de Cédric Kahn. Depuis, il est également passé à la réalisation avec Etat de grâce.

Acteur de formation classique, Pascal Elbé est révélé au cinéma par la comédie, et en particulierpar Père et fils, le premier long métrage de Michel Boujenah, qui lui vaut sa première nominationaux César. C’est aussi la première fois qu’il cosigne un scénario, avant Mauvaise Foi (avec RoschdyZem) et 3 Amis, qui marque une nouvelle collaboration avec Michel Boujenah. Récemment à l’affiche des Mauvais joueurs, il retrouvera prochainement le film de genre avecCortex, signé Nicolas Boukhrief.

Page 19: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

« Sa filmographie le prouve : de Kassovitz à Schoendoerffer, Laurent

Labasse est un “exigeant”.

Autant que l’Inspecteur Vernier. Un bon flic, mais pas forcément un flicqui fait bien son métier. Jamais prêt à franchir la ligne jaune, fût-elle enpointillé. Un être humain qui ne peut pas avoir trop d’ambition. Peut-être se cache-t-il derrière des principes pour justifier son modeste rôle.Peut-être lui a-t-il manqué que Milan en fasse son complice, son confi-dent, pour qu’il accepte certains arrangements. Mais il n’en a pas étéainsi, et Vernier est devenu “celui qui dérange”. »

« Autant qu’une autorité évidente, Patrick Descamps dégage une

humanité naturelle dont il a nourri le Commissaire Brevard.

Celui-ci pourrait être le cousin éloigné du commissaire Broussard.Un Grand Flic. Qui fait bien son métier. Est-ce forcément un bon flic ?Pour lui, peu importent les méthodes employées, l’essentiel est de ramenerle gibier. »

« Retenez bien son nom : un jour, il va s’envoler comme une fusée…

ou une étoile.

En attendant, il est Samy, dit Samy “Bouche d’égout”. Parce qu’il estune balance ou parce qu’il lui manque 30cm d’intestin ? Certainementles deux à la fois. Il pourrait être sympathique mais il fait partie des fai-bles, dans un milieu qui après les avoir pressurés, ne leur reconnaîtqu’une place : en général la plus proche du cimetière. »

« Gabriella est aussi humble qu’elle est belle et talentueuse.

De Daniela, elle a fait la fille que chaque gars du quartier aurait aiméconquérir… mais qui choisit finalement celui qui n’en fait pas partie :Casa et ses différences, pour le meilleur et pour le pire. »

« Avec son “Grand Frère”, Pérez Senior (William

Benaïche), ils tiennent Belleville et ont la haute main

sur toutes les “activités” du quartier. Des voyous

à l’ancienne qui ne comprennent pas la volonté

d’indépendance de ces jeunes et qui ont encore moins compris que

même dans le Milieu, Mai 68 a fait des ravages.

Dans le rôle de Pérez Jr, tout en frustrations et en impuissance, proche cousin de “Fredo”, le frère aîné du Parrain – celui qui aimeraittellement être autre chose que ce qu’il est mais qui n’en a pas lesmoyens – ce vrai tendre qu’est Denis Sebbah a réussi à expulser des sen-timents de mystérieuses réserves. »

LA BANDE

36 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 37

Pérez Junior : Denis SEBBAH

Daniela : Gabriella WRIGHT

« Scénariste, acteur aimé des frères Dardenne, Fabrizio

Rongione est un mélange de douceur et d’extrême

ambigüité… qui ne se perçoit pas tout de suite, comme

un nuage d’altitude. C’est ce qui m’a immédiatement attiré chez lui.

Dans les mondes marginaux du Dernier Gang, il est Ilyo, celui qui a laconfiance, qui ne parle jamais et qui est lourd de tous les secrets du Gang.Mais il est aussi, comme tous les personnages de ces planètes, habité par l’ins-tinct de survie, de sa survie : même si celle-ci doit passer par la trahison, il n’apas d’état d’âme. »

Samy : Jeremy AZENCOTT

Ilyo : Fabrizio RONGIONE

et aussi... Inspecteur Vernier : Laurent LABASSE

Le commissaire Brevard : Patrick Descamps

« Michel est un homme et

un acteur rare, dont la fidélité

en amitié est un cadeau

inestimable. Mais je ne lui

aurais jamais demandé de

tenir ce rôle si je n’avais pas

été persuadé qu’il montrerait

avec ce personnage une facette

moins connue de ses talents.

Celle d’un homme dur, prêt às’exposer pour défendre sa cellulefamiliale. On ne l’a jamais vu sebattre à poings nus, se faire malet faire mal, ni retenir ses émo-tions, dominer ses impulsions etmaîtriser jusqu’au plus petit souf-fle de voix, sans que jamais neparaisse que le naturel. »

Le père de Julie : Michel BOUJENAH

Page 20: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

PRODUCTEURS DELEGUES . . . . . . . . . . . PIERRE-ANGE LE POGAM/EUROPACORP

AJOZ FILMS

CO- PRODUCTEUR. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . GLASKI PRODUCTIONSCO-PRODUCTEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . FRANCE 3 CINEMAPRODUCTEUR EXECUTIF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . OLIVIER GLAAS

REALISATEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ARIEL ZEÏTOUN

SCENARIO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ARIEL ZEÏTOUN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . DANIEL SAINT HAMONT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . LAURENCE SIARI

MUSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . NATHANIEL MECHALY

DIRECTEUR DE PRODUCTION . . . . . . . . . . . . EMMANUEL JACQUELINDIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE. . . . . . . . . . . . . . . . SEBASTIEN PENTECOUTEAUCHEF MONTEUSE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . JENNIFER AUGESCRIPTE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . DONATIENNE DE GOROSCADREUR / STEADICAM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ERIC LEROUXCHEF OPERATEUR SON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . PHILIPPE LECOCQINGENIEUR DU SON MIXAGE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . FRANÇOIS HORTZRESPONSABLE DE LA POST-PRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ERIC BASSOFFCHEF COSTUMIERE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . PASCALE ARROUCHEF MAQUILLEUSE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . STEPHANIE GUILLON1ER ASSISTANT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ZAZIE CARCEDOCHEF DECORATEUR. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . JIMMY VANSTEENKISTEREGISSEUR GENERAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . LUC TRAMONCASTING . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . NICOLAS RONCHIPHOTOGRAPHE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . FREDERIQUE BARRAJAMAKING OF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . OLIVIER ZEÏTOUN

VINCENT ELBAZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . SIMONGILLES LELLOUCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . MILANSAMI BOUAJILA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . CASACLEMENCE POESY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . JULIEPASCAL ELBE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . GIRAUDPATRICK DELL’ISOLA . . . . . . . . . . . . . . LANDAISGREGORY GADEBOIS . . . . . . . . . . . . . . BONNERGUILLAUME VIRY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . MERLEMATTHIEU BOUJENAH . . . . . . . . . . . . . . MAXIMEGABRIELLA WRIGHT . . . . . . . . . . . . . . . . DANIELA

LE DERNIER GANG

38 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 39

RemerciementsOlivier Glaas, Pierre-Ange Le Pogam, Luc Besson.

Vous avez été des soutiens sans faille. Je vous en suis redevable.

“Il n’y a aucun service que je pourrai vous refuser”.

Ariel Zeïtoun

© 2007 AJOZ FILMS - EUROPACORP - GLASKI PRODUCTIONS - FRANCE 3 CINEMA

Liste artistique

Liste technique

Page 21: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

Article originellement paru les 31 août, 1er et 2 septembre 1998, extrait du supplément à LIBERATION N° 8143 "20 ans de faits divers", signé Patricia Tourancheau, auteur de "Les Postiches, un gang des années 80" aux Editions Fayard (2004).

Page 22: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong
Page 23: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong
Page 24: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

• La petite histoireSuite aux articles publiés parPatricia Tourancheau dansLibération – voir document – ArielZeïtoun s’était mis à ma recher-che. Par le plus grand des hasards,je suis invité à la même époque àl’avant-première du film Insomnies,produit par Olivier Glaas. Jedécide d’y aller tardivement, pourboire un verre, et j’en viens à par-ler avec un type que je ne connais-sais pas. Je finis par lui demanderce qu’il fait dans la vie, il merépond : “je joue au poker”.J’enchaîne en lui disant : “jeconnais d’autres raccourcis”, etimmédiatement, il me dit “vousêtes André Bellaïche ! ”. C’étaitOlivier Glaas, qui m’a aussitôtannoncé qu’Ariel Zeïtoun voulaitme rencontrer. Nous avons doncdîné ensemble quelques jours plustard, nous avons énormémentparlé – Ariel avait autant de cho-ses à me dire que moi à lui racon-ter ! – et nous avons décidé de bos-ser ensemble. Cela a été réglé dèsnotre première rencontre.

• Du récit au filmJ’ai mis beaucoup de temps à com-prendre qu’à partir du moment oùtu donnes ton histoire au cinéma,elle ne t’appartient plus : c’estl’horreur absolue. Mais Ariel afinalement réussi à me faireadmettre qu’il s’agissait d’un film,et pas d’un documentaire.

• Ariel Zeïtounet Olivier GlaasLa première fois que j’ai rencon-tré Ariel, je me suis retrouvé faceà un séducteur, et lui de même :cela avait tout du combat decharmeurs de serpents ! En plus,nous faisons la même taille, àquelques centimètres près, noussommes nés au même moment, àquelques jours près et au mêmeendroit, à quelques kilomètresprès, si bien que j’ai fini par luidire un jour : “finalement, noussommes deux battants qui nedemandons rien à personne, nousavons la même culture de fidélité etd’amitié : j’aurais pu être ArielZeïtoun et toi André Bellaïche”.J’avais complètement confianceen Ariel, qui a d’ailleurs tout faitpour me protéger. Quand je l’airencontré, je ne le savais pasencore, mais j’avais besoin de lui,et vice versa. Il s’est battu avecacharnement pour faire ce film, ily a laissé beaucoup de lui : ilm’est ami et je le lui rends bien.Quand j’ai été libéré au bout de

cinq ans deprison, lessurveillantsont pres-que ouvertle champa-

gne tant ils étaient soulagés deme voir partir. Et Ariel, cela faitdéjà sept ans qu’il me supporte,au même titre qu’Olivier Glaas,qui est lui aussi devenu un ami.

• Belleville La séquence la plus émouvantedu film est pour moi l’ouverturesur le Belleville que j’ai connu, etqui n’existe plus que dans lesarchives : j’avais l’impressiond’avoir à nouveau 10 ans ! Ariel apris un risque fou en choisissantde filmer en décor naturel, et lepremier jour de tournage sedéroulait justement dans monquartier. Je quitte Belleville en1975, pourchassé par toutes lespolices, et je le retrouve protégépar la police… qui encadrait letournage ! En tout cas, l’atmos-phère est toujours là : le jour oùma femme Laurence est venue surle plateau, Ariel tournait auxButtes-Chaumont, et j’avais trèspeur de ce qu’elle allait ressentir.La scène était tellement bienjouée qu’elle m’a avoué qu’elleavait réalisé, à ce moment-là, nepas s’être rendu compte du tempsqui avait passé. Et au moment oùelle a vu Vincent et Clémences’embrasser sur le ponton, elle aeu envie que je l’embrasse moiaussi, comme dans le film…

• Le mot de la finRevenir sur tout cela a été un vraivoyage au bout de l’enfer : je

n’avais pas forcémentenvie de me replongerlà-dedans, y comprisparce que nous avonsaussi beaucoup évoquél’enfance avec Ariel.Mais finalement, j’airéalisé que l’on nedécide de rien dans la

vie, que l’on n’est jamais prévenude rien. De même que l’on n’ap-prend pas à être mère, on n’ap-prend pas à être voyou : on ledevient.

LE DERNIER GANG

46 ● LE DERNIER GANG LE DERNIER GANG ● 47

Le regard d’André Bellaïchesur Le dernier gang

Page 25: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong

Création : Caroline Serra pour YdéOTextes et entretiens : Mathilde Lorit

Photos : Frédérique BarrajaRéalisation Imp. Graphic Union – R.C. Melun B 313 445 850

Septembre 2007

Page 26: LE DERNIER GANG...20 la Felicita, le Bonheur ne coûte rien 21 Michel Vaillant 22 l’Enfant au Violon 23 A Ton Image 24 les Rivières Pourpres 2, les anges de l’apocalypse 25 Ong