Le cycle d’Abraham.pdf

download Le cycle d’Abraham.pdf

of 22

Transcript of Le cycle d’Abraham.pdf

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    1/22

    Milieux bibliques

    M. Thomas R, professeur

    E

    Cours : Le cycle dAbraham (suite) : alliances, guerres et sacrifice scandaleux

    La suite du cours sur la formation du cycle dAbraham a complt lanalyse destextes de Gense 11,27-25,31 dans le but de reconstruire les contextes socio-

    historiques dans lesquels les diffrents rcits sur lanctre fondateur du judasmeont vu le jour.Rappelons brivement les rsultats obtenus lors de la premire partie de ce cours.Nous avons vu quil est impossible de reconstruire une poque patriarcale .

    Abraham, comme Isaac et Jacob, sont des anctres, des figures de lgende quichappent lhistorien. Cela nexclut pas la possibilit que certains noms ou descoutumes gardent des traces de mmoire de constellations du deuximemillnaire avant notre re. Mais il faut dabord se concentrer sur le fait que lhistoiredAbraham comme celle de Jacob nous renseigne sur un type de religion populaireen Isral et en Juda durant le premier millnaire. Les attestations dAbraham endehors de la Gense (Ez 33,24 ; Es 51,1-3) indiquent que le patriarche futapparemment un personnage connu au moment de lexil babylonien. Les rfrencesen Ez et Es font apparatre Abraham comme un anctre autochtone qui nest pasvenu dailleurs mais qui a toujours habit dans le pays. Les deux textes fontapparatre les deux thmes qui structurent le cycle dAbraham : le problme de lapossession du pays et celui du fils ou de la descendance. On peut donc imaginerune premire version crite de lhistoire dAbraham qui se base sur certains rcitspouvant remonter lpoque de la monarchie.

    1. Il est fort possible que les premiers rcits sur Abraham soient chercher Hbron qui tait au e/e sicle la capitale du Nguev. Certains rcits o

    Abraham apparat comme aristocrate rurale, propritaire et leveur de btail,refltent apparemment la situation socio-conomique du am haaretz juden.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    2/22

    516 THOMAS RMER

    Lauteur serait alors un reprsentant de cette couche aise de paysans leveurs

    mfiants vis--vis dun pouvoir central (jrusalmite) et dune organisation urbainede la socit.

    2. lpoque babylonienne, ces narrations ont t regroupes pour justifier ledroit des Judens non-exils au pays et un avenir (descendance). Cette ditionexilique comportait sans doute les rcits suivants : 12,10-20; 13*; 16*; 18,1-16*;19*; 21*. Abraham tel quil apparat dans ces textes est une figure autochtone, riennest dit dune provenance extra-cananenne.

    Gn 12,10-20 :La descente dAbram en gypte peut se comprendre comme unrcit danti-xode. Pharaon est dcrit dune manire positive et Abram fait preuvedun comportement ambigu. Gn 12,10-20 (comme dailleurs Gn 16) corresponddans sa structure un type de rcit folklorique pouvant provenir de la traditionorale. Ce rcit a tellement intrigu quil a connu deux relectures en Gn 20 et 26qui tous les deux tentent de rpondre des questions restes ouvertes et disculperautant que possible le comportement du Patriarche. Sur le plan hermneutique, lechoix des derniers diteurs du Pentateuque de laisser coexister les trois versions estsignificatif et nous renseigne sur lintelligence du Pentateuque. Cest une conceptiondynamique qui inscrit la ncessit de linterprtation dans le texte mme.

    Gn 16 tait peut-tre lorigine conu comme la suite de 12,10-20, puisqueHagar est expressment prsente comme une servante gyptienne. Le rcit primitif(1-2.4-7a.8.11-13) contient une narration tiologique expliquant le nom dIsmal.Il reflte une situation du esicle si on peut mettre le nom dIsral en relationavec celui de la confdration de tribus proto-bdouines du nom de Shumuilattest dans des documents no-assyriens. Ce rcit est li Gn 12,10-20 par savise anti-exodique . Hagar, selon le texte primitif de Gn 16,13, proclame avoirvu Dieu et tre reste en vie, prcdant voire dpassant ainsi la figure Mose.

    Gn 13constitue le premier grand rcit concernant la relation entre Abraham etLot. Un rcit qui aboutit la sparation des deux parents. Il est possible qu unstade prsacerdotal les ch. 13.18-19* aient form une petite nouvelle dAbrahamet Lot. Le rcit dans sa forme primitive (v. 2, 5, 7-11a, 12-13*) traite de la parententre les Judens et leurs voisins lest : Moabites et Ammonites, dont Lot est

    lanctre.Gn 18 : lhistoire de la visite des 3 hommes (dieux ?) se termine sans que

    lannonce du fils (allusion au nom dIsaac par le rire de Sarah) saccomplisse. Il estdonc possible que lhistoire se terminait par la naissance du fils, fin qui aurait dansla suite t remplace par la version sacerdotale en 21,1 ss. Dans sa forme actuellecest le thme de lhospitalit qui fait le lien entre ce rcit et la destruction deSodome qui a t aborde en ouverture de la deuxime partie de ce cours.

    3. Au dbut de lpoque perse, le milieu sacerdotalrdige la premire histoire desorigines du monde et dIsral, allant de la cration du monde en Gn 11 jusqu

    ltablissement du culte sacrificiel dans le Lvitique. La version sacerdotale delhistoire dAbraham comporte les lments suivants : 11,27-31; 12,4b-5;

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    3/22

    MILIEUX BIBLIQUES 517

    13,6.11b-12; 16,3.15s; 17; 19,29; 21,1b-5; 23; 25,7-11a. Si P est le premier

    tablir un lien littraire entre les patriarches et les traditions de lexode et du dsert,on comprend bien la transformation du pays dAbraham en pays de migrations (17,8). P donne galement Abraham une origine msopotamienne (11,27 ss)peut-tre pour en faire un modle pour le retour de Golah babylonienne.

    4. Un rdacteur universalistea peut-tre combin la version P avec les rcits non-Psur Abraham. Il a cr avec Gn 12,1-9 une nouvelle introduction, tout en corrigeantdune certaine manire la prsentation sacerdotale : Le dpart dAbraham nest pasdu la seule dcision de son pre de quitter la Msopotamie, mais un appel deYhwh, en ajoutant le passage 12,1-4a. Abraham est ici le croyant exemplaire (ilexcute lordre sans questionner, en cela ce texte a des liens vidents avec le sacrificede Gn 22). Ce mme auteur a aussi mis en parallle Abraham et Jacob en appliquantlitinraire de Jacob (Bethel Sichem Harran) Abraham (Gn 12,6-9 et 13,1.3-4,14-17). Gn 18,17-19.22b-33 proviennent peut-tre des mmes rdacteurs qui sesont identifis ici avec un Abraham, paradigme de linstructeur de la loi (avant sarvlation), ayant comme tche denseigner Isral le chemin de Yhwh (contrairement Gn 12,1-3 et 22, Abraham parle beaucoup dans ce passage).

    Lanalyse des textes restants a permis de vrifier lexistence de ces diffrentesstrates rdactionnelles. Elle a galement ncessit lhypothse dajouts encore plustardifs, notamment pour Gn 14 et 15 et aussi 24.

    Gense 19 : la destruction de Sodome et Gomorrhe

    Les allusions la destruction de Sodome et Gomorrhe en dehors de Gn font decet pisode le plus cit dans la Bible parmi les histoires de Gn. On les trouve dansles textes suivants : Dt 29,22 ; 32,32 ; Es 1,9s ; 3,9 ; 13,19 ; Jr 23,14 ; 49,18 ;50,40 ; Ez 16,44-48 ; Am 4,11 ; Soph 2,9 ; Lam 4,6 (voir encore avec les nomsdAdma et Zebom Os 11,8 et Dt 29,22). On les retrouve aussi dans le NouveauTestament en Mt 10,15 parr. ; Lc 9,51-56 (Hb 13,2) ; Mt 11,23-24 ; Lc 17,22-37 ;Rm 9,29 ; Jude 7 ; 2P 2,6 ; Ap 11,8. Il sagit probablement dune tradition plusancienne que celle dAbraham, puisquaucun de ces textes ne fait le lien entre ce

    renversement et le patriarche Abraham. Lot, le hros principal de Gn 19 estgalement absent de ces mentions de Sodome et Gomorrhe. Gn 19 est donc unemise en narration de cette tradition dune destruction dune ville (dune civilisation)par le feu.

    Le rcit de Gn 19 parle en gnral de la destruction dune seule ville, seulementles v. 24 et 28 mentionnent Sodome et Gomorrhe et le v. 25 des villes engnral. Il est possible que derrire ces versets se cache une tradition ancienne : unmythe qui raconte comment un dieu solaire dtruit au lever du soleil les deuxgrandes villes de la rgion de la mer morte, une sorte de dluge par le feu. Tandisque le v. 24 parle dune destruction par le feu, le v. 25 mentionne le renversement ;

    il a peut-tre t ajout par un rdacteur pour intgrer la tradition trs rpanduedun renversement (tremblement de terre ?).

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    4/22

    518 THOMAS RMER

    Trois versets seulement mentionnent Abraham. Ils ne font pas partie du rcit

    primitif. Le v. 29 appartient la version sacerdotale qui interprte le sauvetage deLot par le fait que Dieu sest souvenu dAbraham. Les v. 27-28 ont t ajouts pourrattacher lhistoire de la destruction de Sodome au rcit de Gn 18. Lpisode de lafuite de Lot Tsoar aux v. 18-22.23b et 30a* est galement une insertion dans lercit ancien : cet pisode se trouve en tension avec les vv. 30-38 o Lot habite dansune caverne ; il sagit dune tiologie ajoute aprs coup qui veut expliquer pourquoiil existe un endroit dans la rgion de la mer Morte qui est habitable (peut-tresagit-il de Ghor es-Safy). Le rcit primitif se trouverait alors dans les vv. 1-16* ;23a.24*.26.30-38*.

    Au dbut du chapitre, le comportement de Lot est dpeint en parallle avec

    celui dAbraham en Gn 18. Les deux protagonistes montrent une hospitalitexemplaire, mais trs vite le texte montre la diffrence entre le sage, le raisonn(Abraham) et le fou (Lot). Ds que Lot essaie de dfendre les deux hommes contreles habitants, il en devient en fait incapable ; cette dfense devient alors insense(change contre ses filles), puis Lot devient passif et ce sont ses deux invits quidoivent le sauver. Lot est alors un personnage tragique et comique la fois qui vadevenir pre de ses deux descendants, nouveau de manire tout fait passive.Lagression des habitants de Sodome se trouve en contraste total avec lecomportement de Lot et justifie dans la suite la destruction de la ville. La demandeadresse Lot (v. 5) fais les (=les invits) sortir pour que nous les connaissions a traditionnellement t interprt sous langle du pch de lhomosexualit .Cest cette histoire qui dailleurs est lorigine de lexpression sodomie . Maisce nest gure ou pas en premier lieu la prsume homosexualit des habitantsde la ville qui va provoquer la punition divine. Ce qui est en jeu ici cest le viol,une sexualit sans relation qui rduit lautre ltat dobjet de satisfaction de sonpropre dsir. Tous les autres textes de lAncien Testament qui parlent du pch deSodome ne mentionnent jamais lhomosexualit : par ex. Ez 16,49-50 : Voicique fut la faute de ta sur Sodome : orgueilleuse, repue, tranquillement insouciante,() ; Jr 23,14 o il est question dadultre, fausset, encouragement desmalfaiteurs ; ou Siracide 16,8 qui parle simplement de lorgueil. Cette diversitdans la description du comportement de Sodome montre que la tradition ntait

    pas fixe sur un pch spcifique mais plutt sur la destruction effrayante de cetteville. Selon Gn 19 le pch majeur de Sodome est donc clairement une atteinte lhospitalit et la violation, voire le viol des droits des trangers (lhospitalit tantun des piliers de toute socit du Proche-Orient ancien). Cette interprtation dupch majeur de Sodome comme relevant de linhospitalit se trouve dans leNouveau Testament lorsque Jsus parle du cas o ses disciples seraient reus avechostilit : Lc 10,10-12. Lorigine de linterprtation de Gn 19 comme condamnantles rapports homosexuels se situe probablement dans la rencontre du judasmeavec la culture grecque aux alentours du troisime sicle avant notre re. Il est fortpossible qu ce moment-l, on se soit mis voir dans la ville de Sodome le

    symbole dune certaine civilisation grecque (pdrastie, nudit) que le judasme orthodoxe avait du mal accepter.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    5/22

    MILIEUX BIBLIQUES 519

    La description du jugement divin reprend une srie de motifs rpandus :

    linterdiction de se retourner (voir Orphe et Eurydice) est utilis ici pour expliquerdes formations salines au bord de la mer Morte rappelant des personnages humains,notamment dans la rgion appele en arabe dshebel usdum( colline de Sodome ).La destruction de la ville est relate brivement. Le verbe Kph renverser (trsli la tradition de Sodome et Gomorrhe) se trouve en tension avec lide dunepluie de feu et de souffre (qui, elle, suggre une activit volcanique), mais laisseplutt penser un tremblement de terre. Mais le mot peut aussi, comme latraduction grecque, tre utilis pour exprimer une catastrophe inaugurale(comparable celle du Dluge).

    Lpisode burlesque de la naissance des deux fils de Lot a galement des parallles

    avec le Dluge : il pose la question de lavenir de lhumanit aprs la catastrophe,comme le montre le commentaire du v. 31 : il ny a pas dhomme dans le pays , etcomme en Gn 9,20 ss on trouve aussi une histoire de vin. Le problme de lincestepar lequel les filles obtiennent une descendance par leur pre nest, contrairement ce quen disent la plupart des commentateurs modernes, pas condamn (au moinspas de manire explicite). Ce qui est important, cest que la vie sauve de lacatastrophe na de sens que si elle peut se perptuer dans une descendance. Lastratgie des filles de Lot met le pre dans une situation o il est totalement passif etcre aussi un contraste ironique avec le dbut de Gn 19 : les filles que Lot voulaitoffrir aux habitants de Sodome pour quils aient des relations sexuelles avec elles vontutiliser maintenant leur pre pour avoir des relations sexuelles avec lui. Les fils quivont natre sont les anctres des Moabites et des Ammonites, les voisins lest dIsralet de Juda. Ici le texte construit une parent avec ces peuples.

    Gn 17 et 21,1-9 : la version sacerdotale de lalliance avec Abrahamet de la naissance dIsaac

    Ce texte est dune importance majeure, non pas seulement pour la comprhensionde lidologie du courant sacerdotal, mais aussi dans le dbat thologique sur larelation entre Isaac et Ismal et la question de la possession du pays. Gn 17 est letexte central du document sacerdotal partir duquel on peut reconstruire la

    premire partie de lhistoire dAbraham assez facilement :11, 27-32 Voici lhistoire de Trah : Trah engendra Abram, Nahor et Harran, et Harranengendra Lot. Harran mourut devant la face de Trah son pre en son pays natal, OurCasdim. Abram et Nahor se prirent des femmes. Le nom de la femme dAbram taitSaray et le nom de la femme de Nahor Milka, la fille de Harran, le pre de Milka et lepre de Yiska. Saray tait strile, elle navait pas denfant. Et Trah prit Abram, son fils,et Lot, le fils de Harran, le fils de son fils, et Saray, sa belle-fille, la femme dAbram sonfils. Ils sortirent avec eux dOur Casdim pour aller dans le pays de Canaan. Ils arrivrentjusqu Harran et sinstallrent l-bas. Et les jours de Trah taient de 205 (ou 145) ans,et Trah mourut Harran. 12,4b-5 Abram avait 75 ans lorsquil sortit de Harran. Abramprit Saray, sa femme, et Lot, le fils de son frre et toutes les richesses quils possdaientet tous les tres quils avaient acquis Harran. Ils sortirent pour aller vers le pays de

    Canaan. Ils arrivrent dans le pays de Canaan.13.6 Et la terre ne les supportait pas pourquils demeurent ensemble. En effet, leurs possessions taient grandes, ils ne pouvaient

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    6/22

    520 THOMAS RMER

    demeurer ensemble.13,11b-12 Ils se sparrent lun de lautre. Abram stait tabli dans

    le pays de Canaan, et Lot stait tabli dans les villes du district. Il dressa sa tente jusquSodome.16,3 Saray sa femme prit Hagar, sa servante gyptienne il y avait dix ansquAbram stait tabli dans le pays de Canaan pour la donner comme femme Abramson mari. 16,15-16 Hagar enfanta un fils Abram ; il appela Ismal le fils que Hagar luiavait enfant. Abram avait 86 ans quand Hagar enfanta Ismal pour Abram.17,1 LorsqueAbram avait 99 ans, Yhwh apparut Abram et lui dit : Je suis El Shadday. Marche devantma face et sois intgre

    Questions de diachronie : Lordre de la circoncision en 9-14 est souvent considrcomme un ajout. Grnwaldt1avance les arguments suivants : Lexpression garderlalliance en v. 9 et 10 ne se trouve en dehors de ce texte que dans des textes detype deutronomiste. Idem pour lexpression rompre lalliance et la formule

    dexcommunication qui se trouvent seulement dans des textes Ps. De plus, lesv. 15-19 (changement de nom pour Saray) nont pas de lien avec 9-14, maisconstituent la suite logique de 4-8. Si on accepte cette hypothse, on ne comprendpas pour quelle raison Abraham et sa maison se font circoncire la fin du texte.Abraham aurait donc tout seul pris linitiative de faire circoncire tout le mondedans sa maison, ce qui est une ide assez tonnante. Nanmoins les v. 9 et 14 sontproblmatiques lintrieur dun texte Pg. Notamment lide du v. 14 qui thmatiseune sorte dopposition la circoncision et qui annonce un retranchement de lapersonne concerne de lalliance, une sorte dexcommunication, ne colle pas trsbien avec le contexte. Linsistance sur le fait que quelquun ne veut pas se faire

    circoncire fait seulement sens partir de lpoque hellnistique, comme le montrenotamment 1 Macc 1,15 : Ils se refirent des prpuces et renirent lalliance saintepour sassocier aux nations . On pourrait donc considrer seulement les v. 9 et 14comme un ajout et imaginer le discours primitif dans les v. 10-13*. Dans cesversets, lexpression rcurrente qui largit la circoncision aux esclaves dans lamaison dAbraham et ceux achets des trangers pourrait tre un largissementsecondaire : celui qui est n dans la maison ou celui acquis avec de largent (denimporte quel tranger) (12b, 13a, 23a*). On pourrait du coup aussi comprendrele v. 27 comme un ajout, puisquil reprend la mme formule, peut-tre ensembleavec le v. 26 qui fait doublon avec 24-25. Finalement, le v. 21 qui prcise lallianceavec Isaac est un doublet au v. 19 (Isaac alliance). Le texte originel de P setrouverait donc en 17,1-8.10-12a.15-20.22.23a* (Ismal).24-25.

    La prsentation de Yhwh comme El Shadday (v. 1) est mettre en relationavec les dyn(des dieux apparemment infrieurs) dans linscription de Deir Alla,et l dydans une inscription thamoudenne des environs de Teima (e-esicles).P utilise ce nom pour expliquer que le dieu qui sest rvl Abraham doit, parconsquent, aussi tre connu dIsmal et dEsa. Il utilise donc un nom archaque,mais qui tait son poque encore un nom divin vnr en Arabie, pour construireune histoire de la rvlation.

    1. K. Grnwaldt, Exil und Identitt. Beschneidung, Passa und Sabbat in der Priesterschrift,Frankfurt/M. (Athenum Monographien Theologie. BBB 85), 1992.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    7/22

    MILIEUX BIBLIQUES 521

    Lannonce dune alliance (bert) se trouve au centre du rcit. Le terme hbreu

    est peut-tre rapprocher du mot akkadien biritu (entre, lespace entre deux),faisant allusion aux deux partenaires et qui peut aussi signifier lien, chane. Onaurait ainsi lide quon est li par une alliance (voir Ez 20,37 : lien de lalliance ).

    Cest ici quAbraham devient le pre par excellence, tel quil sera comprisdans le judasme par la suite. On peut se demander qui sont les nations dont il estquestion dans la suite : sagit-il des proslytes ? Mais cela signifierait que londevrait dater ce texte au plus tt du quatrime sicle. Il sagit plutt des diffrentspeuples (Ismalites, Arabes, Edomites) qui selon P descendent dAbraham. Lechangement de nom : hamon dsigne dabord le bruit dune grande foule, puissimplement la foule. P utilise de hamon la syllabe ha- pour lajouter a Abram

    Abraham=

    ab (ra)ham(on). Il ne sagit pas dune explication tymologique,mais dun programme thologique de P qui sest sans doute inspir du changementdu nom de Jacob en Isral pour lappliquer galement Abraham. Cest peut-treP qui a cr le nom dAbraham, pour lequel il nexiste contrairement Abrampas dattestations extrabibliques claires. Le changement de nom est courant danslidologie royale : un roi qui accde au trne reoit un nouveau nom. P veut sansdoute construire Abraham dune certaine manire en parallle cette idologieroyale (voir aussi lexpression : des rois sortiront de toi ). Le verset 7 insiste surla dure de lalliance pour toutes les gnrations : bert olam. Pour P, lalliance avecAbraham demeure pour toujours (contrairement la pense deutronomiste, ellene peut tre rompu). Pour P, la destruction de Jrusalem et lexil ne signifient pasla fin de lalliance de Dieu avec Isral. Dans cette vision, la circoncision nest pasun prcepte, mais comme larc-en-ciel en Gn 9 signe de cette alliance.

    La promesse du paysau v. 8 : en ce qui concerne lexpression de la terre o lonsjourne comme immigr on peut se demander si pour P le pays nest jamaisdonn autrement que sous cette forme l. Beaucoup dpend en effet du sens quelon veut donner hzx). Ce nom drive dune racine signifiant saisir, tenir etest souvent traduit par possession . Il pourrait cependant en premier lieu signifierlusufruit de quelque chose, comme lattestent apparemment des textes de Mari.Lide se retrouve aussi en Lv 25 o il est dit que Yhwh est le vrai propritairedu pays, et les Isralites nont quun statut dhtes et de rsidents dans ce pays( le pays est moi, car vous tes chez moi comme des immigrs gurim etcomme habitants , v. 23). Dans ce cas on peut dire que les deux expressions auv. 8 se compltent : ceux qui le pays est donn en usufruit permanent y restentcependant des trangers, puisque le vrai propritaire du pays est Yhwh. Donc cequi est permanent pour Abraham et sa descendance, cest le droit de profiter dupays dont jouissent tous de ses descendants qui y vivent.

    La circoncision : Selon Westermann2et dautres, P aurait ici repris une formulationindpendante sur la pratique du rite de la circoncision (10b.11a.12-13a.14) puisquon

    2. C. Westermann, Genesis. Teilband 2, Genesis 12-36 (BK I/2), Neukirchen-Vluyn,Neukirchener Verlag, 1981.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    8/22

    522 THOMAS RMER

    passe de la 2epersonne du singulier la 2epersonne du pluriel. Ce nest pas impossible,

    car P, en Lv, reprend souvent aussi des torot, lorigine couches sur des feuillesindpendantes. La circoncision est rpandue partout dans le monde. On la trouve enAsie mineure, en Afrique, Australie, aux Amriques, mais pas chez les Indoeuropens.Jr 9,24-25 indique la circoncision pour les Egyptiens, les Edomites, Ammonites etMoabites et les tribus arabes. Elle nest apparemment pas pratique chez lesBabyloniens et les Assyriens. Il est donc plausible quau moment de lexil babylonien,P a pu dcouvrir la circoncision comme un moyen dexprimer la diffrence dIsralpar rapport aux Babyloniens. On peut mme se demander si cest P qui a dplac lacirconcision du rite de passage de lentre dans lge adulte vers la circoncision dunouveau-n pour distinguer la circoncision judenne de celle de ses voisins (Ismal est

    pubre lors de la circoncision, Isaac sera circoncis aprs sa naissance).Le rire dAbraham : cest une allusion au nom dIsaac, qui se retrouve en Gn 18de la part de Sarah. P a apparemment connu ce rcit, et transfre ce rire de Sarah Abraham. Dans le contexte narratif de Gn 18 le rire parat logique ; ici cest unpeu trange , Abraham se prosterne tout en riant. On peut lire le ch. 17 commeune correction de Gn 18 : cest nest pas seulement la raction de Sarah qui est lorigine du nom dIsaac (probablement que El sourisse, se rjouisse ; il nexiste ce jour pas dattestation extrabiblique de ce nom).

    La rponse dAbraham Dieu au verset 18 introduit Ismal, et pose ainsi laquestion de son statut dans lalliance. Isaac est aux v. 19-21 prsent comme celui

    avec qui Dieu tablira lalliance quil a pourtant dj tablie avec Abraham commealliance perptuelle. La formulation un peu maladroite veut sans doute dire quecette alliance continuera dans la prochaine gnration via Isaac. Ici, il faut sansdoute comprendre quil sagit de lalliance qui dbouchera en Ex 6 sur la vraieconnaissance du nom divin qui est en effet rserve Isral. La limitation delalliance Isaac ne concerne ni la multiplication, ni la circoncision.

    21,1-7 : La naissance dIsaac : Ce texte ou une partie de ce texte (probablementles v. 2-5) devait, dans le document P, suivre directement Gn 17. Le v. 1 peutconserver des traces dun rcit plus ancien de la naissance dIsaac, il fait peut-treallusion ce que Yhwh dit Sarah en Gn 18. P raconte la naissance dIsaac enparallle celle dIsmal, ce qui confirme la grande estime de P pour Ismal et sadescendance.

    Gn 15 : le texte le plus rcent du cycle dAbraham

    Questions de diachronie : On a toujours eu du mal attribuer ce texte une desstrates du Pentateuque, J, E, D ou P. Ces derniers temps, on le considre souventcomme assez tardif, mais nanmoins comme antrieur P. Il existe galement desindices qui pourraient suggrer lintervention de plusieurs rdacteurs. On a observque le discours divin en 13-16 interrompt la suite narrative entre le v. 12 (le soleil entrain se coucher) et 17 (le soleil sest couch). Ces versets sont-il une anticipation de

    la promesse du pays au v. 18 ? Cependant, les vv. 13-16 ne sont pas un doublet duv. 18, ils prcisent le cadre dans lequel il faut comprendre le don du pays au v. 18.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    9/22

    MILIEUX BIBLIQUES 523

    Lapparition des rapaces au v. 11 na gure de sens sans les v. 13-16, dans la mesure

    o la fonction de ces oiseaux est apparemment dvoquer des prdictions sur le futur.De mme, louverture du v. 13 : sache avec certitude , reprend la questiondAbraham formule au v. 8 : comment saurai-je ? . On a galement postul unecontradiction entre les indications chronologiques du v. 5 (Abraham contemple leciel toil, ce que prsuppose une situation nocturne) et du v. 12 ( au coucher dusoleil ). La suppose tension chronologique entre le v. 5 et le v. 12, sestompe silon tient compte du fait que le premier entretien entre Dieu et Abram est situ dansle cadre dune vision (v. 1). La liste des peuples en v. 19-21 est galement souventconsidre comme ajout, puisque celle-ci est juxtapose et manque de formule deliaison. On ne peut exclure dfinitivement la possibilit dun ajout postrieur. Il est

    vrai que grammaticalement ces versets ne sont pas lis ce qui prcde de la manirela plus lgante. Cependant, les marqueurs du COD reprennent celui du v. 18, desorte que les v. 19-21 fonctionnent comme apposition. Le fait que la liste est unique(dix membres) dans la Bible ne parle pas en faveur dun ajout de glossateur qui auraitrepris six ou sept de ces noms, comme ils apparaissent couramment dans les textesdeutronomistes. Il y a un doublet entre les v. 2 et 3, ce qui a souvent t interprtdans le sens que le v. 3 est une sorte de glose interprtative, puisque le v. 2 est quasiincomprhensible. Mais le v. 4 ( Non celui-ci nhritera pas de toi ) ne va pas bienaprs 2a ( Je men vais sans enfants ). La solution de Seebass est donc lameilleure, savoir que le texte originel consistait en les v. 2a et 3b ( Je marche sansenfants et quelquun de ma maison hritera de moi ), et que le v. 3a aurait t ajout

    pour faire la transition aprs lajout de la glose en 2b3. En rsum, on ne peut exclureque ce chapitre ait connu plusieurs stades rdactionnels, mais, contrairement dautres textes, il ny a pas, part les versets 2-3, de vrais problmes diachroniquesncessitant lide de nombreuses strates rdactionnelles.

    Gn 15 est le dernier grand texte quon a intgr dans lhistoire dAbraham ; sonauteur prsuppose les textes sacerdotaux et notamment Gn 17, mais aussi Gn 14auquel il fait allusion plusieurs reprises ; ainsi lannonce du butin un Abraham royal en Gn 15,1 (cf. galement lutilisation du genre de loracle desalut) est inspire des exploits militaires dAbraham en Gn 14. La valeur numriquedu servant dAbraham en Gn 15,3, Eliezer , est 318 et correspond au nombredes serviteurs dAbraham selon 14,15.

    On peut lire Gn 15 comme une sorte de catchisme que Dieu apprend Abraham qui couvre lensemble des grands thmes du Pentateuque. Le fait que lepatriarche porte ici des traits royaux et prophtiques peut sexpliquer par la volont

    3. H. Seebass, Genesis II. Vtergeschichte I (11,27-22,24), Neukirchen-Vluyn: NeukirchenerVerlag, 1997. Selon C. Levin, Jahwe und Abraham im Dialog: Genesis 15, in M. WITTE (d),Gott und Mensch im Dialog. Festschrift fr Otto Kaiser zum 80. Geburtstag (BZAW 345), deGruyter, Berlin - New York, 2004, 237-257, 244, le v. 2 aurait t ajout aprs le v. 3 pourdfinir, quoique de manire obscure le statut dIsmal. Dans sa forme primitive, le v. 2 feraitallusion Ismal, le v. 2b aurait t une glose ultrieure pour interprter le v. 2a comme serfrant Elizer.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    10/22

    524 THOMAS RMER

    de faire dAbraham un prcurseur de Mose. Le thme du bouclier de Gn 15,1

    nest attest dans le Pentateuque quencore une fois en Dt 33,29, qui est la dernireparole de Mose avant sa mort. En mettant Gn 15,1 et Dt 33,29 en relation, lapromesse divine Abraham saccomplit dans la dernire parole de Mose.

    La question de la justice au v. 6 : La question du sujet et objet du v. 6b estdifficile trancher. LXX traduit par un passif : cela lui fut compt commejustice (passif divin). La vocalisation massortique permet cependant decomprendre Abraham comme sujet du deuxime verbe : Abraham fit confiance Yahv, et lui imputa cela (ce quil avait dit) comme un acte juste/de salut. Dansce cas, ce texte ne peut servir de base de lide dune justification par la foi .

    Le rituel de lalliance : Abram prpare un rituel qui se trouve galement en Jr 34,

    18. Il existe galement des parallles extrabibliques du premier millnaire,notamment dans un trait aramen du huitime sicle entre deux roiteletsBar-Gayah et Mati-ilu. Dj dans des textes de Mari, on trouve la mise mortdun ne comme lment constitutif pour la conclusion dun trait, tuer un ne devenant presque un terme technique pour la conclusion dune alliance. Lesanimaux coups symbolisent alors le destin qui attend celui qui ne respecterait pasle trait. En Gn 15, limage est trs ose, sans parallles dans la Bible : Yhwhlui-mme se soumet une maldiction symbolique. Cette action mystrieuse estexplique en Gn 15,18 par lexpression karat brit qui est le terme technique delalliance du Sina/Horeb et qui est ainsi anticipe pour Abram.

    La liste des peuplesaux vv. 19-21 : cest le seul endroit de la Bible hbraque ola liste des peuples comporte dix membres. Dans les textes dtr cette liste comportele plus souvent six et parfois cinq ou sept noms. Les noms spcifiques de Gn 15se trouvent en ouverture de la liste. Il sagit de trois noms de groupes qui sontplutt connots positivement, contrairement aux noms des listes traditionnelles.La liste en 19-21 modifie la liste traditionnelle dtr en linterprtant plutt commeun immense pays de rassemblement.

    Gn 22 : sacrifice scandaleux et naissances

    Ce texte dont la premire partie (22,1-19) est la plus connue de lhistoire

    dAbraham est construit comme contrepoint la vocation dAbraham. EnGn 12,1 ss Abraham doit renoncer son pass, en Gn 22 Dieu semble luidemander de renoncer son avenir et celui du peuple dont il est lanctre. Dansle deux textes Abraham obit, sans faire part dune quelconque raction.

    Diachronie : le deuxime discours de lange en 15-18 est un ajout. Ce discoursvient trop tard ( une deuxime fois ) aprs le dnouement de lhistoire ; le v. 16reprend le v. 12 qui tait laboutissement logique de la mise lpreuve dAbraham.On pourrait aussi se poser la question si le dbut du v. 1 Le dieu mit lpreuveAbraham nest pas ajout aprs coup comme un titre et un modle explicatiftentant rassurer quelque peu lauditeur. Il est cependant difficile de trancher sur

    cette question. La rinterprtation du lieu en v. 14b ressemble une glose. Le rcitprimitif se trouve alors en 22,1*.2-14a.15-19. Probablement lauteur de Gn 22*

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    11/22

    MILIEUX BIBLIQUES 525

    est identique celui de Gn 12,1-9* qui a voulu encadrer une grande partie de

    lhistoire dAbraham par le thme de lobissance de lanctre.La question des sacrifices humains : Le sacrifice des premiers-ns humains en Juda

    na sans doute jamais t conu sans la possibilit dun rachat, mais il a t aussipratiqu comme le plus grand sacrifice pour Yahv4, et ceci jusquaux dbuts delpoque perse. Quatre textes bibliques mentionnent le mot Molek en lien avecdes sacrifices denfants : Lv 18,21; 20,2-5; 2R 23,10; Jr 32,35. La vocalisation molek a t substitue un mlk (roi) primitif. Le mot melekest souventemploy dans la Bible hbraque pour Yahv (plus que 50 fois). Cette pratique esttellement enracine dans la religion yahviste que lauteur dEz 20,25-26 qui veutsy opposer assimile le sacrifice des premiers-ns humains un mauvais

    commandement que Yahv aurait donn dans sa colre. Le rcit du sacrifice(substitu) dIsaac en Gn 22 sinscrit dans une stratgie similaire. Dans ce texte,Dieu (elohim) demande Abraham de lui sacrifier son fils, alors quun ange deYahv le retient au dernier moment, ouvrant ainsi la voie une substitutionanimalire. Les changements des titres divins suggrent dune certaine manireaussi une volution dans la rvlation divine : Yahv, le dieu dIsral est vnr pardes sacrifices danimaux. Le thme de la substitution est dailleurs assez frquent(Philos de Byblos ; Iphignie).

    Sur le plan thologique : il sagit dune rflexion sur lavenir possible de ladescendance dAbraham aprs la destruction de Jrusalem et lexil. Dune maniregnral, lauteur de Gn 22 pose un problme rcurent de toutes les religions :comment grer les cts cruel ou incomprhensibles de la divinit ?

    Le retour dAbrahamaprs le sacrifice (v. 19) fait dabord cho au verset 5 : nousreviendrons (bw#) . Curieusement, selon le texte, Abraham revient seul, Isaac nestpas mentionn. Il sagit ce niveau dun rcit dinitiation, rflchissant sur lasparation ncessaire entre un pre et son fils. Malgr le happy end Isaac restespar dAbraham. Isaac devient dornavant un personnage indpendant.

    La notice gnalogique en 22,20-24 : Les derniers quatre versets du chapitre 22sont gnralement ngligs par les commentateurs. Il y a cependant un lien avec

    ce qui prcde, car aprs ce qui aurait pu tre la fin de la gnalogie, aprs unemenace de mort, on assiste maintenant une srie de naissances. Il est possiblequil sagissait dune tradition indpendante de 12 noms laquelle le rdacteur quila place entre 22,1-19 et 23 a ajout la notice sur Rbecca au v. 23a pour fairele lien avec Gn 24. La liste de Gn 22,20-24 prsuppose la gnalogie P ; elle estpostrieure celle-ci ; son intention est de lier Abraham et son fils des peuplesdu Nord (Aram), du Sud (Edom, Arabie) et aussi de la Msopotamie.

    4. J.D. Levenson, The Death and the Resurrection of the Beloved Son. The Transformation ofChild Sacrifice in Judaism and Christianity, (New Haven-London 1993) parle dun theologicalideal about the special place of the first-born son, an ideal whose realization could range fromliteral to non-literal implementation, that is from sacrifice to redemption (p. 9).

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    12/22

    526 THOMAS RMER

    Gn 14 : Abraham guerrier et sa rencontre avec Mlkisedek

    Si Gn 22 est lpisode le plus connu de lhistoire dAbraham, Gn 14 est sansdoute lhistoire la plus obscure de toute lhistoire. Le Patriarche y est impliqu dansune guerre qui concerne lensemble du Levant et de la Msopotamie et y apparatcomme lgal des grands rois aux noms curieux. Gn 14 est conserv danslApocryphe de la Gense trouv Qumran. Il est possible que lAp Gen se soitbas sur un texte hbreu diffrent du TM de Gn 14 et lon peut utiliser danscertains cas le texte trouv Qumran pour reconstruire une version antrieure dutexte hbreu actuel.

    Gn 14 comporte quatre parties : 1) 1-11 : La guerre mondiale : des roismsopotamiens contre des rois cananens . Dfaite des rois de Sodome et deGomorrhe. 2) 12-16 : Libration de Lot, kidnapp par la coalition msopotamienne, parAbram. 3) 17, 21-24 : rencontre entre le roi de Sodome et Abram : Abram refuse lescadeaux. 4) 17,18-20 : rencontre avec Mlkisedek, roi de Shalem : Abram donne la dme.

    On peut imaginer que les vv. 1-11* taient lorigine couchs sur un petitrouleau sur lequel un scribe avait essay dimiter les inscriptions royalesmsopotamiennes. Les quatre rois symbolisent sans doute quatre empires :Babylone, Assur (?), la Perse, les Hittites ou dj les Grecs. Lide dune vassalitde rois cananens qui se transforme en rvolte peut se lire comme une rflexionsur les petits royaumes du Levant qui constamment furent envahis et intgrs dansdes royaumes msopotamiens Lauteur de lhistoire du sauvetage de Lot par

    Abraham aurait pu lutiliser en le rarrangeant et le modifiant de sorte quil puisseservir dintroduction. Ce mme auteur a peut-tre galement insr les versets 5b-6qui ont un parallle en Dt 2,10-12 et 20 pour renforcer le lien avec les traditionsdu Pentateuque, et cela dautant plus que Dt 2,9 mentionne Loth. On peut doncimaginer la formation de Gn 14 de la manire suivante.

    Un texte dcole en 1-4.7-11* est repris et adapt par un auteur qui veut raconterdes exploits militaires dAbram en 12-17.21-24* et le faire apparatre commequelquun qui naccepte pas les cadeaux, mais qui garde son indpendance. Unrdacteur a complt cette histoire par linsertion de la rencontre avec Mlkisedekqui rpond dune certaine manire Gn 22 (Abraham offre un sacrifice Moriyyah ;

    ici il paie la dme Shalem). Dans la bndiction prononce par Melkisdeq,El Elyon est caractris CrE)fwF MyIma#$f hnqo( crateur du ciel et de la terre ). Cecirappelle des qualifications dAhura-Mazda. Il sagit, dans sa forme finale, dun rcitqui a vu le jour au plus tt lpoque perse.

    Gn 23-25 : la fin du cycle dAbraham

    Gn 23: Ce rcit de lachat dun tombeau par Abraham est racont dune maniretout fait profane. Pour P, ce tombeau est dune grande importance, destin devenirnon seulement le tombeau de Sarah, mais aussi dAbraham, dIsaac et de Jacob, et,

    peut-tre de tous les patriarches abrahamides. P ninvente pas ce tombeau qui setrouve proximit dHbron, mais il en cre un rcit fondateur. P accepte la tradition

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    13/22

    MILIEUX BIBLIQUES 527

    dun tombeau dAbraham (voir aussi Es 51,1 qui parle du rocher en relation avec

    Abraham), mais il veut montrer que lendroit en tant que tel na rien de sacral,puisquil est le rsultat dune transaction tout fait courante. Cette dsacralisation pourrait aussi expliquer la quasi-absence de Dieu dans cette histoire.

    Gn 24 : Cest le chapitre le plus long de lhistoire dAbraham, avec un stylebaroque et de nombreuses rptitions. Ce style rappelle en partie lhistoire deJoseph o lon trouve galement des discours rcapitulatifs et une tendance auxredoublements, ou au niveau des longues prires, le livre de Tobie. Ce chapitre fait sa manire le passage dAbraham vers Isaac. Au dbut de lhistoire, cest Abrahamqui donne lordre son serviteur, la fin, le serviteur revient vers Isaac, son prenest plus mentionn. Le style particulier ne permet gure dattribuer ce texte aux

    couches rdactionnelles dj identifies ; lexception de la liste gnalogique en22,20-24 qui sert dintroduction Gn 24. Il a t peut-tre retouch certainsendroits. Cest donc une nouvelle qui est clairement de lpoque perse, elle sembledailleurs dj connatre P. Ensemble avec 22,20 ss lauteur a insr son rcit entredeux textes P, pour insister sur la ncessit pour la Golah de se marier linterne.La thologie est sapientiale, Dieu agit selon linterprtation des personnages etnintervient jamais directement dans lhistoire des hommes. On peut aussi soulignerune certaine autonomie dans lagir de Rbecca, ce qui la rapproche de Ruth et deNomie, et ce qui est galement signe dune rdaction tardive.

    Gn 25,1-18 : Ce texte sacerdotal donne Abraham une immense descendance viaune troisime femme. Le nom de Qetura est une invention de lauteur, partir de laracine hbraque et arabe : q-t-r : encens. Ce nom est choisi cause des tribus qui sontlocalises en Arabie, autour de la route de lencens. Se pose de nouveau la question desliens de ces descendants avec Isaac, qui est clarifie dune manire gnrale en 5-6. Lev. 5 insiste sur le fait que lhritier dAbraham est Isaac, le v. 6 voque dune maniregnrale les descendants des concubines en y incluant, ct de Qetura, Hagar.Leur tablissement lest (qdm) par Abraham dsigne ici toute la rgion des tribusarabes. Le texte veut aussi montrer quAbraham soccupe galement de cesdescendants, puisquil leur fait des cadeaux. 25,9 raconte ensuite comment Isaac etIsmal sont prsents lors de lenterrement de leur pre, comme le seront plus tardJacob et Esa pour Jacob. Pour P, Isaac et Ismal sont donc voisins. Contrairement

    Gn 21, P ne veut pas de sparation stricte entre ces deux fils dAbraham, comme lemontre aussi Gn 17. Alors quaujourdhui le tombeau dAbraham est devenu un objetde discorde, P en fait au moment de la mort de lanctre un sanctuaire cumnique.

    Cette deuxime partie termine le cours sur la formation de lhistoire dAbraham.Le cours sera repris et fera lobjet dune publication sous forme de commentairedans la collection CAT des ditions Labor et Fides, Genve.

    Sminaire sous forme de colloque : Les vivants et leurs morts

    Le colloque Les Vivants et leurs morts , organis conjointement par la chaire

    dAssyriologie et celle des Milieux bibliques, sest droul au Collge de France lesmercredi 14 et jeudi 15 avril 2010. Il a permis de runir des chercheurs europens

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    14/22

    528 THOMAS RMER

    dhorizons scientifiques divers : archologie et pigraphie, hittitologie, ougaritologie,

    sumrologie, assyriologie, histoire ancienne et Bible hbraque. Il sagissaitdenquter sur la manire dont les vivants grent la mort et leurs morts et commentles morts restent prsents dans la vie des vivants. Il est apparu que la mort nest pas,pour les Anciens, une coupure dfinitive. Le colloque a ainsi pu mettre en valeur larichesse dune approche pluridisciplinaire : les pratiques densevelissement, lesrituels funraires, le culte des morts sont autant de questions qui ont bnficidclairages divers ainsi que de questionnements encore ouverts selon les airesgographiques et les poques depuis le IIIemillnaire jusquau Iermillnaire avantnotre re. Parmi les thmes plus particulirement abords, il faut mentionnerlimportance de la mort des rois et des pratiques souvent somptueuses pour

    maintenir leur souvenir vivant (Michal Guichard, universit Paris I, Funrailleshroques dans la littrature sumrienne ; Mical Brki, Collge de France, Lesnotices funraires des rois dans le livre des Chroniques ). Les listes et les gnalogiesjouent ainsi un rle pour comprendre la construction dun pass et danctres parfoismythiques (Jean-Marie Durand, Collge de France, Les listes dAnctres en palo-Msopotamie et le culte familial ). Mais plus tonnantes sont apparues les pratiquespunitives royales au-del de la mort de lennemi avec le traitement ou lacharnementsur les ossements du vaincu (Lionel Marti, CNRS, La punition par del la mort :lexemple assyrien ). Les archives administratives anciennes ont aussi livr nombrede dtails concernant les pratiques funraires (Dominique Charpin, EPHE, Lesvivants et leurs morts dans la Msopotamie palo-babylonienne : lapport des textesdarchives ). Les pratiques de ncromancie ont t galement abordes sousdiffrents aspects, et il sest avr quil sagit-l de pratiques apparemment plusrestreintes et moins bien attestes que lon ne le dit communment (Jean-MarieHusser, universit de Strasbourg, Ncromancie et oracles cultuels dans la liturgieroyale dUgarit ). Mais la critique mme du culte des morts dans la Bible hbraquelie la question de puret rituelle pourrait au contraire manifester la persistance deces pratiques lpoque perse (Thomas Rmer, Collge de France, Les vivants etles ossements des morts , Christian Frevel, Ruhr Universitt Bochum, Corpses,Red Cows and Waters of Purity: Worlds of Death in Numbers 19 , ChristopheNihan, universit de Lausanne, Le rejet du culte des anctres dfunts dans les

    traditions bibliques. Origines, contours et enjeux ). La prsence des morts dans lavie des humains peut se manifester par des enterrements dans la maison (Jrg Hutzli,Collge de France & Stefan Mnger, universit de Berne, et on linhuma dans samaison [1 S 25,1] : Indices littraires et archologiques au sujet de lenterrementdans la maison dhabitation en Ancien Isral et dans ses alentours ) ou dans destombes (Christophe Nicolle, CNRS, Faire parler les morts : regard darchologuessur les modes dinhumation au Proche-Orient ). Et les rituels permettent de dfinirles limites entre le monde des vivants et celui des morts (Vanna Biga, SapienzaUniversit di Roma, Funrailles et rituels funraires en Syrie lpoque dEbla ;Jrg W. Klinger, Freie Universitt Berlin, La mort et lau-del dans la vie des

    hittites ; Andr Lemaire, EPHE, Rites des vivants pour les morts dans le Royaumede Samal [esicle av. n. .] ). Enfin la mise en littrature de la mort montre les

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    15/22

    MILIEUX BIBLIQUES 529

    enjeux de ce questionnement au cur des diffrentes civilisations au Proche-Orient

    ancien (Stphanie Anthonioz, Collge de France, De la mort qui spare celle quiunit : le message et la formation de lpope de Gilgame ; Hans-Peter Mathys,universit de Ble, La mort littraire ; Dorotha Erbele-Kster, universit deBruxelles, Donner naissance pour les morts : la relation entre la naissance et lamort dans quelques textes bibliques ). Les actes du colloque seront publis dans lasrie Orbis Biblicus et Orientalis Fribourg (Suisse).

    Enseignements donns luniversit de Chicago

    Grce une invitation de la Faculty of Divinity de lUniversit de Chicago etgrce au soutien du France Chicago Center le professeur a donn au mois de

    mai les enseignements suivants lUniversit de Chicago5.

    The Exodus in Genesis: Competing Origin Stories and their Combination

    Les rcits patriarcaux taient lorigine un des rcits indpendants du rcit delexode. Certains textes de la gense reprennent des motifs de lexode mais pourcritiquer une idologie exodique (Gn 12,10-20 ; Gn 16 ; Gn 37-50) alors queGn 15 tente de rconcilier patriarches et xode.

    The Current Debate about Israels First History

    La thorie de lhistoire deutronomiste est aujourdhui mise en question dans la

    recherche germanophone, alors que les chercheurs anglo-saxons privilgienttoujours le modle de F.M. Cross. Pour sortir de limpasse, il sagit de prendre ausrieux les arguments pour et contre la thorie de M. Noth. La solution proposeest de concevoir une bibliothque dtr (et non pas une histoire couche sur unseul rouleau) existant entre les eet vesicles, lintrieur de la quelle diffrentsscribes soccupaient de diffrents rouleaux.

    King Josiahs Reform: Between Historical Reality and Literary Construction

    Le noyau historique des changements sociopolitiques et religieux sous Josias sontdifficiles dcrire en dtail. Les vidences archologiques et textuelles parlent

    cependant en faveur de lhistoricit de cette rforme .

    Penta-, Hexa-, Enneateuch? How Can One Define a Literary Work Insidethe Hebrew Bible?

    Examen des diffrents modles pour expliquer la formation du Pentateuch et desProphtes antrieurs. La meilleure thorie est celle de la combinaison dun Tetrateuque et de lhistoire dtr dont le rsultat fut le Pentateuque et les nebiimaharonim.

    5. http://webcache.googleusercontent.com/u/uchicago?q=cache:DbSu3RY1sNgJ:divinity.uchicago.edu/news/romer.shtml+Rmer&cd=1&hl=fr&ct=clnk&ie=UTF-8

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    16/22

    530 THOMAS RMER

    Sminaires

    Some (Partially) Censored Traditions about Moses Outside the Hebrew Bible

    Enqute sur des traditions que lon trouve chez Hcate dAbdre, Artapan etFlavius Josphe sur un Mose moins pacifique que dans le Pentateuque. Cestraditions remontent sans doute la diaspora juive dElphantine.

    The Book of Numbers and the Question of the Formation of the Pentateuch

    Expos et discussion de lhypothse selon laquelle le livre des Nombres serait ledernier ensemble du Pentateuque avoir pris forme.

    C, ,

    31.08-03.09.2009 : AGAT (Arbeitsgemeinschaft der deutschsprachigen katholischenAlttestamentlerinnen und Alttestamentler), Salzburg, Autriche : Die Wstentraditionenim Deuteronomium und im DtrG .

    21.-23.09.2009 : Exegetical Day, universit dUppsala (Sude) : Abraham and theExodus .

    02.-03.10.2009 : Ouverture du colloque A. Loisy organis au Collge de France.12.11.2009 : Formation continue, universit de Lausanne : Quelle est la vrit des rcits

    bibliques des origines ? 21.-24.11.2009 : Congrs de la SBL, Nouvelle-Orlans (tats-Unis) : Tracking Some

    Censored Moses Traditions Inside and Outside the Hebrew Bible .10.-12.01.2010 : Symposium The Pentateuch: International Perspectives on Current

    Research , universit de Zurich : Extra-Pentateuchal Biblical Evidence for the Existenceof a Pentateuch? The Case of the Historical Summaries, especially in the Psalms .

    21.01.2010 : Universit de Graz (Autriche) : Die aktuelle Debatte um das DtrG :literarhistorische und theologische Perspektiven .

    27.01.2010 : Institut suprieur dtudes cumniques (ISEO), Paris : Comment grerla mort ? Les rponses de la Bible hbraque .

    08.-10.04.2010 : Congrs international de Transeuphratne, organis par la revue

    Transeuphratne et la chaire des Milieux bibliques, communication sur : La formation des3 Grands Prophtes comme rponse la crise de lexil babylonien .10.-12.06.2010, Congrs du RRENAB, Lausanne : Lautorit du livre dans les trois

    parties de la Bible hbraque .17.06.2010, CLIO, Paris : Comment la Bible fut-elle crite ? .18.-19.06.2010 : Symposion sur la formation du Pentateuque, organise par la chaire des

    Milieux bibliques grce lappui de la Fondation Hugot : Josua 24 als Abschlutext .02-04.07.2010 : Centre des Dominicaines, St Mathieu de Trviers : Bible et archologie :

    la Bible hbraque face aux nouvelles thories littraires et archologiques .25.-29.07.2010 : SBL International Meeting, Tartu (Estonie) : The Case of the Books

    of Kings .

    01.-06.08.2010 : Congrs International de lIOSOT, Helsinki (Finlande) : organisationet prsidence dune table ronde sur le thme What does deuteronomistic Mean ?

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    17/22

    MILIEUX BIBLIQUES 531

    I

    Deux professeurs trangers ont t invits par la chaire des Milieux bibliques donner des cours au Collge de France : Jack Sasson, professeur luniversit deVanderbilt (tats-Unis) a donn du 22 octobre au 9 novembre 2009 quatre courssur le thme : Extraits dun commentaire au Livre des Juges : 1. Fragments etcohrence : Le Livre des Juges la lumire des documents msopotamiens ;2. Otniel et hud : lAnalyse gnrique de leurs rcits ; 3. Les deux mres de Sisraet le pome didactique de Dborah ; 4. Jepht : Portrait dun hros manqu.

    Oded Lipschits, professeur luniversit de Tel Aviv (Isral), a donn le 7 avrilune confrence sur le thme :How did the Babylonian Empire Rule in Judah? First

    Clues for Babylonian Administration in the Empty Land (cf. rsum infra,p. 1020-1021).

    P

    Livres

    Rmer T.,Les Cornes de Mose. Faire entrer la Bible dans lhistoire(Leons inaugurales duCollge de France 206), Paris, Collge de France - Fayard, 2009.

    Rmer T.,Dieu obscur. Cruaut, sexe et violence dans lAncien Testament (Essais bibliques,27), Genve, Labor et Fides, 2009 (3ed. augmente).

    Livres dits

    Rmer T.,avec Macchi J.-D. et Nihan C. (ed.), Introduction lAncien Testament(MdB,49), Genve, Labor et Fides, 2009 (2ed. revue et augmente).

    Rmer T.,avec Borgeaud P. et Volokhine Y. (ed.), Interprtations de Mose : gypte, Jude,Grce et Rome(Jerusalem Studies in Religion and Culture,10), Leiden-Boston, Brill, 2010.

    Articles

    Rmer T., Le Cantique des Cantiques : un hymne lamour et lrotisme , Itinraires,2009, p. 12-15.Rmer T.,articles Achan I. Hebrew Bible/Old Testament , col. 272, Amon (Person) ,

    cols 1014-1016, EBR I (2009) ; Annunciation I. Hebrew Bible/Old Testament ,cols. 54-56, EBRII (2009).

    Rmer T., The Exodus Narrative According to the Priestly Document , inShectman S.et Baden J.S. (ed.), The Strata of the Priestly Writings. Contemporary Debate and FutureDirections(AThANT 95), Zrich, TVZ, 2009, pp. 157-174.

    Rmer T., Histoire biblique - mythe ou ralit ? , inMagne de la Croix P. et Janus G.(ed.), largir les horizons. Les confrences 2007-2009(Les Cahiers de lAUP 3), Strasbourg,7 Avenir, 2009, pp. 23-41.

    Rmer T., The Book of the Twelve - Fact and Fiction ? , in Ben Zvi E. et Nogalski J.D.,

    Two Sides of a Coin : Juxtaposing Views on Interpreting the Book of the Twelve/the TwelveProphetic Books(Analecta Gorgiana 201), Piscataway, NJ: Gorgias Press, 2009, pp. 1-10.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    18/22

    532 THOMAS RMER

    Rmer T., Gilgamesh au bois des Cdres , Htrographe,2, 2009, pp. 72-76.

    Rmer T., Redaction Criticism : 1 Kings 8 and the Deuteronomists , in J.M. LeMonet Richards K.H. (ed.), Method Matters, Essays on the Interpretation of the Hebrew Bible inHonor of David L. Petersen(SBL Resources for Biblical Study 56), Atlanta, GA, Society ofBiblical Literature, 2009, pp. 63-76.

    Rmer T., Provisorische berlegungen zur Entstehung von Exodus 18-24 , inAchenbach R. et Arneth M. (ed.), Gerechtigkeit und Recht zu ben (Gen 18,19),Studien zur altorientalischen und biblischen Rechtsgeschichte, zur Religionsgeschichte Israels undzur Religionssoziologie. Festschrift fr Eckart Otto zum 65. Geburtstag(BZAR 13), Wiesbaden,Harrassowitz, 2009, pp. 128-154.

    Rmer T., The Formation of the Book of Jeremiah as a Supplement to the So-CalledDeuteronomistic History , inEdelman D.V. et Ben Zvi E. (ed.), The Production of Prophecy.Constructing Prophecy and Prophets in Yehud(BibleWorld), London-Oakville, CT, Equinox,

    2009, pp. 168-183.Rmer T., Von Maulwrfen und verhinderten Propheten: Einige Anmerkungen zumprophetischen Buch , Communio Viatorum,51, 2009, pp. 173-183.

    Rmer T., Le dossier biblique sur la statue de Yhwh dans le premier temple de Jrusalem.Enqutes scripturaires travers la bible hbraque , RThPh, 141, 2009, pp. 321-342.

    Rmer T., La littrature sapientiale , in Rmer T., Macchi J.-D. et Nihan C. (ed.),Introduction lAncien Testament(MdB, 49), Genve, Labor et Fides, 2009 (2ed. revue etaugmente), pp. 579-589.

    Rmer T.,avec J. Rckl, Jesus, Son of Joseph and Son of David, in the Gospels , inTait M.et Oakes P. (ed.), The Torah in the New Testament. Papers Delivered at the Manchester-Lausanne Seminar of June 2008(LNTS 401), London-New York, T&T Clark International,2009, pp. 65-81.

    Rmer T.,avec R. Bloch et al., Les Fragments dArtapan cits par Alexandre Polyhistordans la Prparation Evanglique dEusbe. Traduction et commentaire , in Borgeaud P.,Rmer T.et Volokhine Y. (ed.), Interprtations de Mose : gypte, Jude, Grce et Rome(Jerusalem Studies in Religion and Culture 10), Leiden-Boston, Brill, 2010, pp. 25-39.

    Rmer T., Mose: un hros royal entre chec et divinisation , inBorgeaud P., Rmer T.et Volokhine Y. (ed.), Interprtations de Mose : gypte, Jude, Grce et Rome(Jerusalem Studiesin Religion and Culture 10), Leiden-Boston, Brill, 2010, pp. 187-198.

    Rmer T., Abraham et Mose, deux manires de construire une identit , Le Monde dela Bible, 192, 2010, pp. 27-31.

    Rmer T., 1, 2 Kings , inCoogan M.D. (ed.), The New Oxford Annotated Bible. NewRevised Standard version With the Apocrypha. Fully revised Forth Edition Oxford, OxfordUniversity Press, 2010, pp. 485-574.

    Rmer T., Identit et Bible : Naissance dune identit porteuse dun universel , inColl., Lidentit en panne ou en devenir ?Valence, Peuple Libre, 2010, pp. 13-38.

    Rmer T., articles Decalogo , pp. 306-312 et Deuteronomista , pp. 340-348, inPenna R., Perego G. et Ravasi G. (ed.), Temi teologici della Bibbia,Milano, San Paolo, 2010.

    Rmer T., Lamiti selon la Bible hbraque , Transversalits,113, 2010, pp. 31-45.Rmer T., Les monothismes en question , inColl., Enqute sur le Dieu unique,Paris,

    Bayard, 2010, pp. 7-17.Rmer T., Andr Caquot et le Pentateuque , inRiaud J. et Chaieb M.-L. (ed.), Luvre

    dun orientaliste: Andr Caquot (1923-2004)(Bibliothque dtudes juives. Srie Histoire,36),Paris, Honor Champion, 2010, pp. 71-82.

    Rmer T., Les interdits des pratiques magiques et divinatoires dans le livre du

    Deutronome (Dt 18,9-13) , inDurand J.-M. et Jacquet A. (ed.),Magie et divination dansles cultures de lOrient(Cahiers de lIPOA 3), Paris, Jean Maisonneuve, 2010, pp. 73-85.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    19/22

    MILIEUX BIBLIQUES 533

    M

    Avec le professeur Uwe Becker de luniversit de Ina, un projet franco-allemandportant sur la formation des 3 Grand prophtes a t lanc et accept. Il sagit,avec laide de collaborateurs, de mener une recherche sur les contextes socio-historiques et littraires de la mise par crit des livres dEsae, Jrmie et dEzchiel.Ce projet est financ pour une dure de deux ans. Durant lanne 2009-2010,deux rencontres ont eu lieu les 11-13 dcembre 2009 Paris et les 28 juin-1 juillet2010 Ina (pour plus de dtails voir le rapport de M. Mical Brki).

    En outre les missions lies des congrs et workshops (cf.ci-dessus), le professeursest rendu les 7 et 8 novembre 2010 luniversit Humboldt de Berlin dans le

    cadre du projet du projet Die Religionen der Welt . Dans cette rencontre, il amis en discussion des traductions du livre de Josu de lhbreu en allemand.

    A

    Stphanie Anthonioz, ATER

    Lanne 2009-2010 auprs du professeur T. Rmer en tant quATER restera uneanne unique et passionnante : jai pu poursuivre mes travaux de recherche (dont

    la publication de ma thse, Leau, enjeux politiques et thologiques, de Sumer laBible, Brill VTS 131, et la prparation du volume 2 de La bibliothque de Qumrn,sous presse) et surtout collaborer aux diffrents projets de la chaire des Milieuxbibliques, en participant lorganisation de deux colloques, lun tenant lieu desminaire commun avec la chaire dAssyriologie (J.-M. Durand), intitul Lesvivants et leurs morts, lautre fruit dun projet franco-allemand sur le Pentateuque.

    Dans le cadre dun projet ANR sur La composition et rdaction des trois grandsprophtes, nous avons pu accueillir les collgues allemands et nous rendre avecT. Rmer et M. Burki luniversit dIna en juin pour un sminaire de travail detrois jours. Les fruits de ces premiers travaux sont en cours de publication dans la

    revue Transeuphratne. Le 7 avril, le professeur invit O. Lipschits (Tel Aviv) aprsent une confrence en anglais sur ladministration babylonienne de la Jude.Jai alors servi dinterprte.

    Mical Burki, ATER (fonds ANR-DFG)

    Lanne 2009-2010 a t consacre au lancement du projet COREGRAP, quirunit une quipe franco-allemande co-dirige par le prof. Thomas Rmer de lachaire Milieux bibliques et le prof. Uwe Becker de luniversit de Ina. Le projetCOREGRAP (COmposition et REdaction des GRAnds Prophtes) est financ par

    lAgence nationale de la recherche et la Deutsche Forschungsgemeinschaft. Laxede recherche est ltude de la composition et de la rdaction des trois grands livres

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    20/22

    534 THOMAS RMER

    prophtiques (Esae-Jrmie-Ezchiel) partir denqutes thmatiques et

    comparatives. Mes activits comprenaient en particulier : recherches bibliographiques et dlimitation du champ dtude : dfinition dela thmatique de lhubriscomme sujet de comparaison ;

    mise en place dun outil de travail collectif : laboration dune page Netvibes :http://www.netvibes.com/coregrap ;

    prsentation du projet COREGRAP la rencontre ANR/DFG, les 5-7 mai2010, Berlin.

    Interventions dans des confrences

    Burki M., Grandeur et dmesure dans les oracles contre les nations du prophte Esae ,

    colloque La Transeuphratne lpoque perse : crises et autres difficults , 8-10 avril 2010,Paris.

    Burki M., Les notices funraires des rois dans le livre des Chroniques, colloqueinterdisciplinaire des chaires dAssyriologie et des Milieux bibliques : Les vivants et leursmorts , 14-15 avril 2010, Collge de France.

    Burki M., Laine coupe et sang vers : le temps de la rtribution , colloque de laSocit asiatique, La faute et sa punition dans les civilisations orientales , 21-22 juin2010, Collge de France.

    Traductions

    Lust J., Ezchiel dans la Septante , in Rmer T. (dir.), Les rdactions des livresprophtiques, Genve, Labor & Fides, 2011.

    Ben Zvi E., Lhypothse dun Livre des Douze est-elle possible du point de vue deslecteurs anciens ? , in Rmer T. (dir.), Les rdactions des livres prophtiques, Genve, Labor& Fides, 2011.

    Autres vnements

    12-13 dcembre : Rencontre COREGRAP, Paris.14-15 avril : Participation lorganisation du colloque interdisciplinaire des chaires

    dAssyriologie et des Milieux bibliques, Collge de France.17-19 juin : Participation aux journes dtudes sur le Pentateuque, Fondation Hugot

    28-30 juin : Rencontre COREGRAP, Ina.

    Jrg Hutzli, ATER

    Depuis ma prise de fonction au Collge de France, jai assist le prof. Rmerdans la rdaction darticles scientifiques ainsi que dans une contribution unenouvelle traduction de lAncien Testament (en langue allemande).

    Jai aid la prparation de trois colloques : 8e colloque sur la Transeuphratne lpoque perse ( Crises et autres

    difficults ) (8-10 avril 2010) ; confrence intitule Lexcution de sept

    descendants de Sal par les Gabaonites (2 S 21,1-14) : place et fonction du rcitdans les livres de Samuel ;

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    21/22

    MILIEUX BIBLIQUES 535

    Colloque interdisciplinaire organis en commun avec la chaire dAssyriologie

    portant sur le sujet des vivants et leurs morts dans le Proche-Orient (14 et15 avril 2010) ; contribution intitule : lenterrement dans la maison dhabitationen Ancien Isral (en commun avec Stefan Mnger, Universit de Berne) ;

    Runion dtude sur la formation du Pentateuque la Fondation Hugot (18 et 19 juin 2010).

    Mes activits ont galement inclus des travaux dans notre bibliothque dtudesouest-smitiques (rangement, catalogage).

    Quant mes propres tudes, jai continu mon travail dhabilitation sur lesdiffrentes strates de la tradition sacerdotale du Pentateuque. Li ce travail estune tude sur le rcit de la cration en Gn 1. Jai prsent une communication

    ce sujet la runion annuelle de la Society of Biblical Literature (SBL) NewOrleans (21-24 novembre 2009) dont je viens dachever la publication ( Traditionand Interpretation in Gen 1 ,Journal of Hebrew Scriptures, 10/12, 2010, pp. 1-22 ;http://www.arts.ualberta.ca/JHS/Articles/article_140.pdf).

    En outre, jai crit quelques articles scientifiques portant sur des thmes et desproblmes des livres de Samuel :

    Hutzli J., Theologisch motivierte Textnderungen im Masoretischen Text und in derSeptuaginta von 1-2 Sam , inHugo Ph. et Schenker A. (ds), Archaeology of the Books ofSamuel. The Entangling of the Textual and Literary History, Leiden, Brill, 2009, pp. 213-236.

    Hutzli J., The Literary Relationship between III Samuel and III Kings. ConsiderationsConcerning the Formation of the Two Books ,Zeitschrift fr Alttestamentliche Wissenschaft122/3 (2010), paratre prochainement.

    Hutzli J., Lexcution de sept descendants de Sal par les Gabaonites (2 S 21,1-14) :place et fonction du rcit dans les livres de Samuel , Transeuphratne, paratreprochainement.

    Hutzli J., avec Stefan Mnger, Indices littraires et archologiques pour lenterrementdans la maison dhabitation en Ancien Isral inDurand J.-M., Rmer T. (ds), Les vivantset leurs morts, srie OBO, Fribourg (Suisse) Gttingen, Universittsverlag - Vandenhoeck& Rupprecht, paratre prochainement.

    Hutzli J., Nhe zu David, Nhe zu Jhwh. Fremdstmmige in den Daviderzhlungen, in Dietrich W. (d.), Seitenblicke. Nebenfiguren im zweiten Samuelbuch, paratreprochainement.

  • 8/11/2019 Le cycle dAbraham.pdf

    22/22