Le Coq & Blanchet (Xxx). Pratiques Et Représentations de La Langue Et de La Culture Régionales en...

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 « Pratiques et représentations de la langue et de l a culture région ales en Haute Bretagne » Rapport de recherche 1  établi par André Le Coq & Philippe Blanchet L’enquête a été réalisée en 2004-2005 par le Centre de Recherche sur la Diversité Linguistique de la Francophonie (EA ERELLIF 3207) de l’Université Rennes 2 Haute Bretagne, avec la collaboration de l’Association des enseignants de gallo  et le soutien du Conseil Régional de Bretagne, dans le cadre de l’Observatoire des Pratiques Linguistiques et de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (Ministère de la culture). 1) Problématique et méthodologie On entend ici par Haute Bretagne la partie de la Bretagne de parler historique roman et non celtique. On a ainsi retenu des points d'enquêtes dans l'ensemble de la zone concernée (Ille-et-Vilaine, Morbihan oriental, Côtes d'Armor orientales, Loire-  Atlantique septentrionale), un corpus divers de pratiques culturelles et une synthèse complémentaire de travaux déjà réalisés. En zone d'oïl, où les pratiques et représentations linguistiques s'inscrivent sur un continuum entre parler local hérité (évolution locale du latin vulgaire)  et français normatif acquis puis régionalisé et transmis, l'identification des faits de langue à observer est particulièrement problématique. Il est donc apparu nécessaire, d'articuler l'analyse des formes linguistiques elles-mêmes et l'analyse des représentations. De plus, l’enquête n’a proposé aucune dénomination / catégorisation a priori: elle rend compte de celles des informateurs, qui identifient bien un “parler local” correspondant globalement à une définition du “gallo” hérité sous la forme de parler local ou “patois” (avec certaines nuances ponctuelles). Dans ce rapport synthétique, pour la commodité, on emploie selon le contexte les termes  parler local, langue régionale, gallo. Dans les résultats détaillés (annexe 2), le terme  X  renvoie à celui employé par l’informateur. Les entretiens semi-directifs (intermédiaires) et questionnaires directifs (quantitatifs, macro-sociolinguistiques) ont inclus des informations sociologiques (sur l’informateur), sociolinguistiques (déclaratives). Des tests de compétences linguistiques et d’évaluation d’énoncés variés (en contre-point des données déclaratives), dits « à locuteur masqué », ont donc été réalisés notamment pour recouper les données déclaratives. Les statistiques sociolinguistiques inédites, issues du volet familial du recensement 1999, confiées par l’INED et l’INSEE au CREDILIF par convention avec la DGLF (ministère de la culture) en 2002 sont analysées et exploitées pour enrichir cette enquête.  Au final, 138 des 152 enquêtes ont été retenues pour analyse. Les principales zones couvertes sont l’Ille-et-Vilaine et les Côtes d’Armor (environ 60 informateurs par département). Le Morbihan (12) et la Loire-Atlantique (3) sont peu représentés. 1  Le rapport de recherche est constitué par ce texte et par le diaporamo “power point” qui présente les résultats chiffrés et les tests de façon détaillée.

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Social Representations and Langauge Education

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  • Pratiques et reprsentations de la langue et de la culture rgionales en Haute Bretagne

    Rapport de recherche1

    tabli par Andr Le Coq & Philippe Blanchet Lenqute a t ralise en 2004-2005 par le Centre de Recherche sur la Diversit Linguistique de la Francophonie (EA ERELLIF 3207) de lUniversit Rennes 2 Haute Bretagne, avec la collaboration de lAssociation des enseignants de gallo et le soutien du Conseil Rgional de Bretagne, dans le cadre de lObservatoire des Pratiques Linguistiques et de la Dlgation gnrale la langue franaise et aux langues de France (Ministre de la culture). 1) Problmatique et mthodologie On entend ici par Haute Bretagne la partie de la Bretagne de parler historique roman et non celtique. On a ainsi retenu des points d'enqutes dans l'ensemble de la zone concerne (Ille-et-Vilaine, Morbihan oriental, Ctes d'Armor orientales, Loire-Atlantique septentrionale), un corpus divers de pratiques culturelles et une synthse complmentaire de travaux dj raliss. En zone d'ol, o les pratiques et reprsentations linguistiques s'inscrivent sur un continuum entre parler local hrit (volution locale du latin vulgaire) et franais normatif acquis puis rgionalis et transmis, l'identification des faits de langue observer est particulirement problmatique. Il est donc apparu ncessaire, d'articuler l'analyse des formes linguistiques elles-mmes et l'analyse des reprsentations. De plus, lenqute na propos aucune dnomination / catgorisation a priori: elle rend compte de celles des informateurs, qui identifient bien un parler local correspondant globalement une dfinition du gallo hrit sous la forme de parler local ou patois (avec certaines nuances ponctuelles). Dans ce rapport synthtique, pour la commodit, on emploie selon le contexte les termes parler local, langue rgionale, gallo. Dans les rsultats dtaills (annexe 2), le terme X renvoie celui employ par linformateur. Les entretiens semi-directifs (intermdiaires) et questionnaires directifs (quantitatifs, macro-sociolinguistiques) ont inclus des informations sociologiques (sur linformateur), sociolinguistiques (dclaratives). Des tests de comptences linguistiques et dvaluation dnoncs varis (en contre-point des donnes dclaratives), dits locuteur masqu , ont donc t raliss notamment pour recouper les donnes dclaratives. Les statistiques sociolinguistiques indites, issues du volet familial du recensement 1999, confies par lINED et lINSEE au CREDILIF par convention avec la DGLF (ministre de la culture) en 2002 sont analyses et exploites pour enrichir cette enqute. Au final, 138 des 152 enqutes ont t retenues pour analyse. Les principales zones couvertes sont lIlle-et-Vilaine et les Ctes dArmor (environ 60 informateurs par dpartement). Le Morbihan (12) et la Loire-Atlantique (3) sont peu reprsents.

    1 Le rapport de recherche est constitu par ce texte et par le diaporamo power point qui prsente les

    rsultats chiffrs et les tests de faon dtaille.

  • Lensemble des classes dges et des milieux sociaux est reprsent (un groupe spcifique dlves tudiant le gallo lcole a t constitu). Le protocole denqute est donn en annexe. 2. Noms et dfinitions donns par les informateurs Le terme patois est le plus rpandu. Lappellation gallo est majoritairement utilise par les jeunes de 13 19 ans qui lapprennent lcole, contrairement aux autres jeunes informateurs qui utilisent essentiellement le terme patois. Les informateurs des groupes des 25-49 et 51-73 ans emploient plus souvent le terme patois, face ceux du groupe des 75-93 ans, qui emploient les deux peu prs avec la mme frquence. On constate que les ruraux utilisent majoritairement le terme patois, mais la dnomination gallo est frquente chez eux. Parmi les citadins, ce sont les femmes qui utilisent plus le mot gallo et les hommes, le mot patois. Les agriculteurs emploient le terme patois, sauf une exception. Les ouvriers adhrent surtout au terme patois. Parmi les professions choisies, ce sont les employs qui donnent les dfinitions du gallo et du patois les plus nuances. Il existe une diffrence assez nette dans lutilisation des termes selon les dpartements. Il ny a que les habitants des Ctes d'Armor et d'Ille-et-Vilaine qui se servent des deux termes la fois et donnent des commentaires sur leur nature et leur origine, les assimilent ou les opposent. Parmi ceux qui nutilisent quun seul terme, les habitants des Ctes d'Armor prfrent le terme gallo et ceux d'Ille-et-Vilaine le terme patois. Les habitants du Morbihan ont galement recours aux deux termes, mais utilisent soit lun soit lautre. Les rares informateurs qui rsident en Loire-Atlantique ne connaissent que le terme patois. Parmi ceux qui dclarent parler la langue locale, on constate une tendance employer plus souvent le terme gallo que patois. Ceux qui ne le parlent pas utilisent surtout le terme patois et ont tendance dire que le gallo et le patois cest la mme chose. Seuls les informateurs qui dclarent avoir des notions de gallo attribuent ce dernier le statut dune langue. Dans les tmoignages des informateurs on retrouve lopposition ou lassociation des termes langue, patois, gallo (elle est reprsentative et met en vidence des valeurs smantiques diffrentes). La dnomination langue est un terme lgitime. Le mot patois a avant tout une connotation pjorative visant illgitimer, sauf dans certains cas o il prsente surtout une valeur affective. Le statut du mot gallo est plus ambigu. Soit il est assimil au patois, dans ce cas il prend les caractristiques de ce dernier, soit il est peru en tant que langue, distinct de patois, voire oppos plusieurs patois, et vise donc un statut lgitime. Il bnficie aussi dune connotation savante, intellectuelle et historique, qui met en valeur lopposition au terme patois et le rattache plus une rgion particulire de France quau milieu rural de lensemble du pays. La dmarche de choisir lappellation et lopposer au patois, relve souvent dun choix stratgique, dune initiative militante et une revendication identitaire. 3. Association des espaces gographiques et sociaux Pour identifier les zones et les chelles gographiques dclares de dfinition et dutilisation de lidiome local, on a retenu parmi les dclarations des informateurs une

  • rpartition en cinq groupes : la commune, le dpartement, le pays, la rgion et la campagne. Les quatre premiers relvent dun critre spatial et le dernier sappuie sur la diffrenciation rural/urbain. Le critre du milieu social nest utilisable que pour les habitants des Ctes d' Armor et d'Ille-et-Vilaine. Nous constatons que ce sont les jeunes qui avancent le plus ce critre social. Parmi eux, les jeunes du groupe 13-19 ans, situent la zone du parler surtout au niveau dpartemental et les informateurs de la mme tranche d'ge qui tudient le gallo l'cole au niveau de la rgion. Les informateurs de 25-49 ans parlent surtout de la rgion et du pays, ceux de 51-73, citent les cinq niveaux dancrage territorial, et les plus anciens voquent le plus le pays et le dpartement. Sur le plan gographique, les habitants d'Ille-et-Vilaine rattachent surtout le parler local au pays, puis au dpartement et la commune, ceux des Ctes d'Armor et du Morbihan utilisent le plus le niveau rgional. Par ailleurs, il faut noter que ces deux dpartements comprennent galement une zone bretonnante. Les habitants de Loire-Atlantique font rfrence la commune, au dpartement et au pays. Les informateurs qui associent lidiome local la Bretagne le localisent tous les niveaux, mais surtout au niveau rgional et dpartemental. Ceux qui nassocient pas le parler la Bretagne voquent avant tout le milieu social. Au niveau gographique, ils mentionnent le moins la rgion et le dpartement.

    PRATIQUES ET TRANSMISSIONS 4. Comprhension et utilisation Les informateurs, quel que soit leur ge, dclarent comprendre moins bien le parler local que leurs parents (12-26%) et grands-parents (12-28%). Les jeunes sont ceux qui dclarent le comprendre le moins. Les enquts du groupe a+ (jeunes ltudiant lcole) sont les plus nombreux avoir dclar comprendre le gallo (> 20%). Les enquts sont trs peu nombreux dclarer que leurs enfants comprennent le parler local (< 5%). Les pratiques effectives dclares concernent plus de 20% des grands-parents des informateurs, entre 3 et 8% de leurs parents et moins de 5% des informateurs, qui considrent que rares sont les enfants capables de sexprimer en parler local. Les dclarations des informateurs au sujet de la comprhension et de la pratique active du parler local nous permettent de mettre en vidence une chute significative : le parler de Haute Bretagne apparat nettement moins compris et moins utilis au fil des gnrations. Toutefois, il convient de nuancer cette baisse. En effet, dune part, les informateurs qui apprennent la langue lcole donnent un nouvel essor celle-ci (plus de 20% dentre eux dit parler gallo). Dautre part, la situation de stigmatisation sociale du patois entraine trs probablement une sous-dclaration des comptences, notamment concernant les gnrations les plus jeunes. Nos tests montrent quil y a apparemment des distorsions entre les dclarations des informateurs et leurs comptences testes: les informateurs ont tendance surestimer leur capacit comprendre un nonc en parler local (toutefois test hors

  • contexte) et sous-estimer leur capacit transformer en parler local caractris des noncs en franais. En contrepoint il peut tre utile de consulter les rsultats statistiques de lenqute EHF-INED lors du recensement 1999 analyss par le CREDILIF. En Bretagne historique, cest--dire la Bretagne cinq dpartements avec la Loire-Atlantique, 49.626 personnes ont rpondu lenqute "Etude de lhistoire familiale lors du recensement de population en 1999. Il faut noter que les conditions de lenqute ont sans doute provoqu des sous-dclarations des pratiques rgionales, surtout en Haute Bretagne (moyenne 1% contre 5% dans notre enqute):

    Langues cites comme parfois utilises avec des proches

    Part (%) Extrapolation sur population globale : 2.906 M + 1.165 M = 4.071 M

    Breton 11, 3 460.000 Anglais 4,3 175.053 Gallo 1 40.710 Espagnol 0,49 19.947 Allemand 0,41 16.691 Arabe 0,24 9770 Italien 0,19 7734 Portugais 0,18 7327 Autres langues dEurope

    0,12 4885

    Autres langues dAfrique (dont langues berbres)

    0,08 (0,03)

    3256 (1221)

    Langues de Chine, du Tibet, Kmer, Lao, Tha, Vietnamien

    0,06 2442

    Polonais 0,05 2035 Turc 0,04 1628 Autres langues 0,13 5293 Toutes langues 18,59 756.798 Dont LR 12,3 500.710 Dont LEI 6,29 256.065

  • Le gallo par departement et dans les grandes villes

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    peremereenfantsproches

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    5. Contextes dappropriation Prs de 50 % des informateurs ont cit le cadre familial comme contexte dacquisition du parler local. Ce parler, puisquil se transmet dans le cadre intime entre membres dune mme famille, est dabord li un contexte affectif : avec ma grand-mre quand on allait dans les champs ramasser des glands et des chtaignes. (femme, 70 ans) Aux informateurs les plus anciens, la langue rgionale a toujours t transmise par les parents ou grands-parents. Cest leur langue premire; elle a t utilise dans la vie quotidienne. Puis, avec lappropriation dun franais normatif, la langue rgionale a recul. Elle fait toujours partie du cadre familial et elle y est transmise, mais dune manire diffrente. Aujourdhui les gnrations plus jeunes lentendent dans leur famille et lutilisent avec leurs proches, mais, lheure actuelle, lapprentissage familial se trouve tre

    Le gallo par csp, age et niveau d'etude

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    principalement et ponctuellement relay par un apprentissage scolaire. La prsence du gallo en classe amne un nouveau regard quon pose sur elle aujourdhui. jpense que cest dans la famille quon apprend le dialecte en premier, heu pour ceux qui lon appris y a longtemps, maintenant les jeunes cest lcole. (femme, 41 ans). Par ailleurs, plus de 15% personnes interroges ont cit dautres contextes dacquisition, dans la vie sociale: avec leurs amis, avec les fermiers et paysans, ou encore des soires de contes. Lcole a galement t cite (surtout par les plus jeunes). 6. Le gallo loral et lcrit Dun point de vue gnral, les informateurs sont peu nombreux avoir dclar pouvoir crire ou lire en parler local : 38 % des informateurs ont dclar quil leur arrive de lire des textes crits en langue rgionale (chroniques dans la presse) et 23 % ont dclar savoir lcrire. Cest parmi les enquts du groupe 13-19 ans suivant des cours de gallo que lon trouve le plus grand nombre de rponses positives ces questions sur la lecture et lcriture. Les informateurs ont plus souvent dclar pouvoir lire qu'crire le gallo. Mis part la tranche mentionne ci-dessus, ce sont les informateurs gs de 51 ans 73 ans qui sont les plus nombreux avoir dit pouvoir crire leur parler local (probablement parce que peru comme une forme de franais et /ou transcrit au moyen du seul code graphique connu, celui du franais). On observe ainsi que cette langue rgionale nest pas situe dans la culture de lcrit comme peut ltre le franais (ou, un moindre degr, le breton). La langue franaise a notamment t impose par lcole contre le parler de Haute Bretagne (et comme la forme prestigieuse crite de celui-ci) par un systme et une pratique massive dcriture norme, ce qui a confin le parler local, par comparaison, dans la sphre orale. Labsence de code orthographique tabli rend de toute faon son criture et sa lecture difficile. Mme si certains, tels que Jean-Paul Chauveau, se sont essay dcrire les diffrentes formes du parler les retranscrire, crire la langue rgionale reste rare et pratiqu par des spcialistes. Il nexiste, du reste, que peu de textes crits en gallo, malgr l'apparition depuis les annes 1980 d'un certain nombre de publications (nouvelles, posie, thtre, traductions de fables, bandes dessines) graphies diversement. Les tentatives de graphies systmatises de la langue rgionale, trs diverses et dbattues, rcoltent gnralement peu de succs auprs du public, comme le montrent nos tudes sur la rception de laffichage bilingue franais/gallo trs mal identifi par la population dans une station du mtro rennais, notamment cause du choix dune graphie trop distancie du franais. Les principaux contextes cits o le parler local est entendu relvent en fait de la sphre familiale, des personnes ges, du monde rural, de pratiques festives et de sociabilit en rseau local (bar, jeux). La proportion dusages ludiques augmente chez les informateurs les plus jeunes. On remarquera que les jeunes dclarent entendre au quotidien le gallo et les dclarations des jeunes des deux groupes tudiant ou n'tudiant pas le gallo sont similaires. Le parler local est rput prsent loral dans lenvironnement familial des urbains et des ruraux. Toutefois, ce sont les personnes, qui vivent en milieu rural qui l'entendent davantage: 19 % contre 9 % pour les urbains. Ces derniers disent entendre principalement parler gallo par les anciens et les gens vivant la campagne tandis les ruraux citent beaucoup moins ces aspects. Dans toutes les catgories dge, on retrouve lide que le gallo se parle avec les initis et non avec les trangers . Il est fortement imprgn de laspect connivenciel

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    et rduit un espace clos et intime. 7. La radio La radio est galement un des moyens de diffusion de la langue rgionale : une mission est diffuse sur France Bleu Armorique. Il existe depuis peu des missions en gallo sur Radio Bro Gwened (Pontivy) et Plum'Fm (Plumelec) A la question Entendez-vous parler le X la radio ? , 41 %de nos informateurs ont rpondu de faon positive. Ce mode de diffusion est connu par toutes les catgories dge et pas uniquement par les informateurs qui pratiquent le parler local. 8. Le gallo lcole Le gallo est prsent dans le systme ducatif depuis une vingtaine dannes. Au moment de lenqute, on pouvait ltudier dans huit lyces, neuf collges et un secteur de l'enseignement primaire de l'Acadmie de Rennes. Cela est mettre en relation avec le fait que 59 % des personnes interroges lors de notre enqute ont dit que le parler local est enseign lcole. Pour cette question, plus les informateurs sont jeunes, plus le nombre de rponses positives est lev. Les jeunes sont probablement davantage avertis sur ce qui est propos lcole et ils ont pu entendre parler de ce qui sy fait autour de la langue rgionale. Les enquts les plus gs en sont moins informs. Entre les informateurs les plus jeunes et les informateurs les plus gs, il existe des diffrences de conception de la langue locale qui la renvoie davantage un patois priv chez les anciens, qui ne limaginent pas digne dtre enseign, puisque leur propre pratique spontane de celui-ci a longtemps t vivement combattue par lcole elle-mme. Parmi nos 138 informateurs, nous avons dgag une catgorie particulire : 31 jeunes informateurs qui apprennent le gallo durant leur cursus scolaire. Ils sont gs de 13 20 ans, collgiens ou lycens. Ceux-ci sont originaires de Bretagne et vivent pour la plupart dans le dpartement des Ctes dArmor (27 informateurs). De plus, ils rsident tous la campagne. Les catgories socioprofessionnelles de leurs parents sont diverses : cadre, employ, enseignant, agriculteur, ouvrier. Avertis, ils utilisent en majorit (24 informateurs sur 31) le terme gallo pour dsigner ce qui se parle par ici. Ces jeunes, qui suivent un enseignement de la langue gallse, ont aussi hrit dune certaine pratique familiale. Il fait partie de leur environnement, il est ancr dans leur sphre prive. De ce point de vue, une motivation frquente du choix du gallo lcole rpond un besoin de reprise et de dveloppement dune pratique dj l. Lvolution familiale dclare montre une pratique du gallo de la part des grands-parents; cette pratique est plus rare en ce qui concerne les parents de nos informateurs. Lvolution de la perception du gallo est significative dans ces familles, qui portent aujourdhui un regard diffrent sur la langue rgionale de la Haute Bretagne. Les parents de nos jeunes informateurs considrent que ce parler peut tre tudi et inscrivent volontiers leurs enfants aux cours de gallo. En ce qui concerne les comptences linguistiques, le bilan est mitig: un tiers seulement de ces jeunes a des rsultats positifs notre test de comptence active partielle ou tendue (expression) il sagit de ceux layant aussi rencontr en famille et un autre gros tiers na pas russi du tout notre test (certes limit) de comptence passive (comprhension orale)

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    9. Les sentiments des jeunes vis vis du gallo A la question quand vous parlez le gallo, que ressentez-vous ? 50 % des jeunes tudiant le gallo nont pas exprim de sentiment particulier. D'autres expriment des sentiments positifs de fiert ou dappartenance, ou parfois de gne car le gallo est frquemment considr comme un patois et non comme une langue part entire. Autre rponse : le rire pour 24 % des informateurs du groupe des jeunes qui ne l'tudient pas l'cole. Cette raction na t voque que par 3 % des informateurs de lautre groupe de jeunes. On mesure limpact de la prise en charge par lcole sur les reprsentations. Remarquons toutefois que les jeunes du groupe qui n'tudient pas le gallo ont aussi mis en avant des sentiments positifs. Entendre la langue rgionale provoque chez eux de lintrt (9 %). Celle-ci fait aussi appel leurs sentiments dappartenance une rgion, une culture ou un patrimoine spcifiques: jai limpression dtre en prsence avec une partie du pass de la rgion. (informatrice de 21 ans). De plus, entendre le parler de Haute Bretagne rveille aussi des souvenirs, notamment de personnes de leur famille: Les mots que jai appris cest les mots que ma grand-mre ma appris donc a me fait plaisir de les ressortir quand je peux. (informatrice de 23 ans) Les ractions face au recul du gallo Les jeunes gnrations avancent avant tout des explications linguistiques. Daprs eux, la langue sutilise de moins en moins, cause de son absence dvolution et de son incapacit sadapter de nouvelles ralits. Les gnrations plus ges mettent davantage en vidence dautres causes, qui touchent aux changements sociaux, notamment la scolarisation, la stigmatisation, lexode rural. Certains informateurs dclarent avoir t concerns eux-mmes par ces changements. 50 % des jeunes voient de manire positive les actions menes pour le parler local. Dautres, surtout les jeunes, regrettent le manque dinitiatives dans ce domaine. Ce sont les informateurs les plus anciens qui se montrent plutt pessimistes face aux efforts faits pour sa dfense / sa promotion. Fonctions identitaires et reprsentations sociales du gallo Dans la dfinition des marqueurs linguistiques de lidentit bretonne, la rfrence la Basse Bretagne (38%) et notamment la faon de parler franais des gens du Finistre est prioritaire. La rfrence la Bretagne en tant que rgion entire reste importante (31%) et cest surtout le breton qui y est associ. En revanche, la rfrence la Bretagne gallse en tant qu unit distincte fonde sur des marqueurs linguistiques locaux est plutt faible (11%). Nos locuteurs ont des sentiments partags au sujet de leur appartenance rgionale et de leur identit linguistique. Beaucoup se considrent bretons par rapport au reste de la France, mais moins bretons par rapport aux habitants du Finistre. Malgr la domination du breton comme marqueur identitaire de lensemble de la Bretagne, le gallo reste associ la Bretagne pour environ 10% des urbains et 25% des ruraux. Lorigine romane du parler local et notamment son appartenance au domaine dol, sa proximit avec le franais, restent prioritaires dans la perception des parents linguistiques (on cite le picard, le normand, les patois des Pays de Loire). Les traits emblmatiques du gallo qui sont proposs relvent de sa phontique uniquement (laccent, la prononciation, le ton le r roul). Dautres enqutes ont toutefois rvl des mots emblmatiques.

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    Le gallo a ainsi un statut intercal entre deux ples forts : le breton et le franais. Ceci nest pas sans incidence sur les reprsentations identitaires des habitants de la Haute Bretagne, qui ont du mal dfinir une identit de breton gallo et accorder au gallo une vritable fonction identitaire rgionale. Les tests locuteur masqu ont montr principalement deux choses. -Dune part les informateurs peroivent les varits proposes de faon relativement conforme aux intuitions des chercheurs: ltranget dune phontique lgrement arabe, le caractre normatif dune varit standardise, la rgionalit rurale dune forme normande, le caractre usuel dune forme de franais gnral de Bretagne, les connotations positives dun franais marseillais. -Dautre part ils identifient comme une forme rurale un peu artificielle une varit intermdiaire entre gallo et franais, et comme une forme trs rurale et ancienne un gallo nettement caractris, assorti de quelques jugements ngatifs (peu scolaris, mauvais franais, dform). Conclusion La situation linguistique et culturelle de la Haute Bretagne est indniablement marque par la place, ct notamment du franais mais aussi du breton, de varits locales dol connues sous le nom de gallo et en gnral nommes patois par la population. Entre 5 et 10% de la population (selon divers facteurs sociolinguistiques) parle le gallo, le double le comprend. On constate une chute importante de la pratique et de la transmission depuis quelques dcennies. Ces pratiques linguistiques, souvent perues comme une forme locale et rurale du franais dans lequel elles tendent se fondre, font lobjet de reprsentations mitiges, stigmatises comme fautives , valorises comme marqueurs dune connivence locale, mais sans vritable fonction identitaire rgionale. Le gallo est enseign lcole lmentaire et secondaire, jusquau bac o il figure en option. Il bnficie de ce fait, grce au contexte breton, dun traitement de faveur par rapport aux autres langues dol (picard, poitevin). Limpact de la place du gallo lcole est notable dans les reprsentations positives que cela dclenche, mme si, pour linstant, cela a peu deffet sur les pratiques effectives. Le Conseil rgional de Bretagne la mentionn explicitement dans sa rsolution de politique linguistique pour la Bretagne vote en 2004. Des questions importantes se posent aujourdhui: quels sont les enjeux sociaux du gallo? quelle place pour le gallo dans la politique linguistique nationale et rgionale? quelle place et quels enjeux pour le gallo lcole? O en sont les pratiques intermdiaires du type franais rgional en Haute Bretagne et comment les prendre en compte dans lenseignement? o en sont les pratiques culturelles et les actions associatives ? Cette enqute, qui vient sajouter celles dj menes au CREDILIF (cf. Bibliographie), propose des lments de rponse. Il reste pourtant encore des questions aborder et des enqutes raliser. Il serait notamment utile de complter cette enqute avec dautres tmoignages, notamment venus de Loire Atlantique et du Morbihan et de procder dautres observations en profondeur.

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    Bibliographie -Blanchet, Ph. et Walter, H., Dictionnaire du franais rgional de Haute-Bretagne, Paris,

    Bonneton, 1999, 159 p. -Blanchet, Ph., Linguistique de terrain, mthode et thorie, Presses Universitaires de

    Rennes, 2000, 145 p. -Blanchet, Ph., Enqutes sur les volutions gnrationnelles du franais dans le pays

    vannetais (Bretagne)", dans Le franais moderne, t. 69, 1/2001, p. 58-76 (version remanie du rapport de recherche Les volutions gnrationnelles du franais dans la rgion de Vannes, Universit tous ges de Vannes et Dlgation Gnrale la Langue Franaise-Ministre de la culture, 1998, dir. Ph. Blanchet).

    -DHerv, Gildas, Le gallo dans lenseignement, lenseignement du gallo, dans Marges Linguistiques 10 (revue en ligne).

    -Leray, Ch., Dynamique interculturelle et auto-formation, une histoire de vie en pays gallo, Paris, L'Harmattan, 1995, 386 p.

    -Manzano, F., (Dir.), Langues et parlers de l'Ouest, Presses Universitaires de Rennes, 1996.

    -Manzano, F., (Dir.), Vitalit des parlers de l'Ouest et du Canada francophone, Rennes, PUR, 1997.

    -Manzano, F., et Leray, Ch., (Dir.), Langues en contact, Canada, Bretagne, Rennes, PUR, 2002.

    -Trhel N. et Ph. Blanchet Pratiques linguistiques rgionales dlves du primaire et de collge en zones suburbaines de Bretagne gallo. Premiers rsultats denqutes, dans J. Billiez (Dir.), Contacts de langues, modles, typologies, interventions, Paris, LHarmattan, p. 61-78.

    Remerciements Manal Assaad, Alexandra Bellay, Lnag Blanchard, Laurent Bonnec, Thierry Bulot, Nelly Brgeault, Emmanuelle Callac, Birgitta Dierkes, Alain Jamet, Christian Leray, Ccile Mah-Picard, Francis Manzano, Elizabeth Shkunaeva

    DGLFLF-Ministre de la Culture, Conseil rgional de Bretagne, Association des enseignants de gallo (et ses membres), CREA de Rennes 2, Universit Tous Ages de Vannes

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    Annexe 1

    Protocole d'enqute Pratiques et reprsentations de la langue et de la culture rgionales

    en Haute Bretagne

    NB : Lenqute comporte deux phases : un entretien (36 questions) et deux tests locuteur masqu ( 2 questions chacun).

    1. Trame dentretien

    q Informateur

    Sexe : Age : Lieu de naissance : Commune o vous rsidez : Commune o vous travaillez : Profession (Si retrait, prcisez de quelle profession) : A quel ge avez-vous commenc travailler ? Parents : lieu de naissance Profession : Avez-vous vcu ou sjourn ailleurs ? Si oui, O ?

    q Elments sociolinguistiques

    Catgorisation 1. Qu'est-ce qu'on parle par ici ? (si problme sur ici reformuler en donnant le lieu prcis de lenqute et largissez au niveau du dpartement et de la rgion) Est-ce qu'il y a diffrents parlers locaux ? Comment les appelle-t-on ? (Eviter de proposer un terme linformateur ; on utilisera patois si linformateur ne comprend pas la question) 2. Dans quel(s) autre(s) secteur(s) / coin(s) est-ce qu'on l' (les) utilise? (Stimuli: dpartements, villes, rgions...) (Eviter de nommer Bretagne, Bretagne gallo, Haute-Bretagne).

    Pratiques 3.0. Entendez-vous parler X (reprendre le/les termes fourni(s) par linformateur) prs de chez vous ? 3.1. Dans quelles circonstances lemploie-t-on autour de vous ? 3.2. Qui le parle ? 3.3. Entendez-vous parler X la radio ? 3.4. Vos parents sexpriment-ils en X ? (parler au pass si les parents sont dcds) 3.5. Le comprennent-ils ? (idem) 3.6. Dans quelles circonstances lemploient-ils ou lemployaient-ils ? (stimuli : lieux, ftes, interlocuteurs...) 3.7. Vos grands-parents sexpriment-ils en X ? (parler au pass sils sont dcds) 3.8. Le comprennent-ils ? (idem) 3.9. Dans quelles circonstances lemploient-ils ou lemployaient-ils ? 3.10. Est-ce que vous-mmes vous comprenez / parlez le X ? 3. 11. Dans quelles circonstances lemployez-vous ? 3. 12. (le cas chant) Vos enfants le comprennent-ils ? Le parlent-ils ? 3.13. Est-ce qu'il vous arrive de lire des textes crits en X?

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    3.14. Est-ce qu'il vous arrive d'crire en X?

    Attitudes et reprsentations 4.0. Autour de vous le X est-il utilis comme avant, plus ou moins ? 4.1. A votre avis pourquoi ? 4.2. Quen pensez-vous ? 4.3. Que pensez-vous de ce qui est fait pour dfendre le X ? 4.4. Observez-vous une diffrence dans son utilisation entre les hommes et les femmes ? 4.5. Quand vous entendez parler X, que ressentez vous ? 4.6. (le cas chant, cf. 3.10) Vous-mme, quand vous parlez X, que ressentez vous ? 4.7.. Est-ce que les gens qui parlent X connaissent souvent dautres langues ? Lesquelles ? 4.8. Selon vous, est-ce que le fait de connaitre (comprendre ou parler) le X peut aider apprendre dautres langues ?

    Transmission 5.0 Selon vous, ceux qui parlent X lont-ils appris avec leurs parents, leurs grands-parents, dautres personnes ? 5.1. (le cas chant si linformateur dclare parler ou comprendre X) Et vous-mme, lavez-vous appris avec vos parents, vos grands-parents, dautres personnes ? 5.2. Savez-vous si le X est tudi l'cole?

    Contacts de langues 7.0. Est-ce que les gens dici utilisent parfois des mots X dans leur franais usuel ? Exemples ? 7.1. Et des prononciations venues de X ? Exemples ?

    Identit 8.0. A quoi reconnat-on un Breton quand il parle ? (si problme, reformuler en est-ce que les Bretons ont des faons de parler qui permettent de les reconnaitre ? ) 8.1. Est-ce que la Bretagne est reprsente par des langues, dialectes, patois particuliers ? Lesquels ? 8.2. Est-ce que le X est associ la Bretagne ? 8.3. Est-ce quil y a des X (patois, parlers, dialectes, langues...) qui ressemble celui dici ? Lesquels ? 8.4. Est-ce quil y a en France dautres rgions o on rencontre une situation comme ici (un X ct du franais) ? Exemples (faire nommer les rgions et les X) ?

    Test de comptence active Un exercice de traduction franais gallo (ou autre dsignation) est propos linformateur (notez aussi les caractristiques de la prononciation) Ce matin : A ce soir : Avoir des soucis : Je viens de la maternit : Elle est tombe dans le foss qui tait plein deau :

    2. Tests du locuteur masqu

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    Test n 1 Donner la consigne au pralable, cest--dire demander linformateur de : 1. Nommer et classer ce quil va entendre en justifiant cette catgorisation. ( comment appeleriez-vous ce parler ? cette faon de parler ? ; quest-ce qui vous fait dire que cest du ? , quoi reconnaissez-vous que cest du ? ). 2. Evaluer chacune des varits linguistiques ( que pense-t-il de cette faon de parler ? de la personne qui parle ainsi ? qui peut parler comme a ? ). Puis faire couter dun coup les pistes 1 8 deux fois de suite (noncs V0 V7 classs dans un ordre diffrent, cf. ci-dessous). Puis rappeler la consigne, faire couter chaque piste une aprs lautre et recueillir les rponses pour chaque piste. Nhsitez pas susciter une comparaison entre les varits. V0 : O teu do son bounamin mangeu des poumes (piste 7) V1 : Elle teu do son bonami mangeu des pon-mes (piste 5) V2 : teu o son bonemi mangeu des pon-mes (piste 6) V3 : Elle tait avec son ptit ami manger des pommes V4 : Elle tait avec son petit ami en train de manger des pommes (prononciation provenale , piste 8) V5 : Elle tait avec son petit ami en train de manger des pommes (prononciation arabe , piste 1) V6 : Elle tait avec son petit ami en train de manger des pommes (prononciation normande , piste 2) V7 : Elle tait avec son petit ami en train de manger des pommes (prononciation standard , 3) Piste 1 = V5 Piste 2 = V6 Piste 3 = V7 Piste 4 = V3 Piste 5 = V1 Piste 6 = V2 Piste 7 = V0 Piste 8 = V4 Test n 2 Demander linformateur de comprendre ( pouvez-vous mexpliquer ce qui est dit dans cette phrase ? ) et dvaluer ce message en gallo (ou autre dnomination), ainsi que les personnes qui parlent ainsi ( que pensez-vous de cette faon de parler ? de la personne qui parle ainsi ? qui peut parler comme a ? ). Prendre soin de choisir et de ne faire couter que la varit correspondant la zone denqute (mais la variante A semble la mieux reconnue sur toute la rgion) : VA (piste 9) : O sublli caose quo teu beunze dvr lsoula (toute la Haute-Bretagne

    sauf rgion de Fougres et Cte dArmor) VB (piste 10) : sublli caose qu teu beunze dva lsola (rgion de Fougres) VC (piste 11) : A sublli pasqual t htey vair le sourai (Cte dArmor)

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    Annexe 2: diapositives, figurent, schmas, tableaux et statistiques