Le contrôle des reproducteurs volailles en France

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Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1985, 4 (3), 551-574. Le contrôle des reproducteurs volailles en France E. GOATER* Résumé : Les maladies infectieuses, virales ou bactériennes, entraînent chez les reproducteurs de l'espèce Gallus gallus des altérations des caractéristiques de l'oeuf. Simultanément, la fertilité des coqs peut également diminuer de même que l'éclosabitité, et l'incubation peut être accompagnée par une morta- lité embryonnaire élevée. La transmission des virus ou des bactéries a lieu au niveau de l'ovule ou par la contamination de la surface de l'oeuf. Dans certai- nes affections, les anticorps maternels peuvent aussi être transmis et cette pro- priété rend intéressante la vaccination des reproducteurs afin de protéger le poussin dans les premiers jours. Afin de maîtriser la transmission verticale des agents infectieux, le Minis- tère de l'Agriculture a mis en place un contrôle officiel hygiénique et sanitaire des établissements producteurs d'oeufs à couver et des établissements d'accou- vaison. Son application en France se fait progressivement. Une firme de sélection avicole a en outre pris des mesures encore plus rigou- reuses : bâtiments d'élevage et couvoirs en ambiance protégée, laboratoire interne de contrôles sanitaires, laboratoire de recherches sur les mycoplasmes. MOTS-CLÉS : France - Infection congénitale - Maladies aviaires - Maladies bactériennes - Maladies virales - Mesures de protection - Métho- des de contrôle - Mycoplasmose - Production d'oeufs - Services vétérinaires - Surveillance sanitaire - Troubles de la reproduc- tion - Volaille. L'objectif de la production avicole : produire au moindre coût, nécessite un effort sanitaire permanent, tout au long de la filière. Cet effort commence chez le sélection- neur, pour deux raisons essentielles : a) le généticien doit exercer une pression de sélection sur les critères qu'il a choisis; et b) la transmission verticale du progrès géné- tique ne doit pas s'accompagner de la transmission verticale de contaminants. Le sélectionneur doit, en outre, s'assurer que les poussins livrés aux multiplica- teurs auront l'espérance de vie la plus élevée possible afin de permettre l'expression des potentialités génétiques. A titre indicatif, la pyramide de la filière « ponte » donne une idée du pouvoir de diffusion d'une souche (Fig. 1). Pour la clarté de cet exposé, nous le limiterons à l'espèce Gallus gallus. Il se décomposera en quatre chapitres : 1. Influence des maladies infectieuses et parasitaires sur la productivité et la fer- tilité des reproducteurs, l'éclosabilité des oeufs et la viabilité des poussins. * Vétérinaire conseil, Z.I. de Bellevue, 22200 Ploumagoar-Guingamp (France). Avec la collabora- tion technique de A. Dausque (Institut de Sélection Animale, 119, avenue de Saxe, 69003 Lyon, France), R. Danguy et A. Payet (Laboratoire Tregobio, Z.I. de Bellevue, 22200 Ploumagoar-Guingamp, France).

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Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1985, 4 (3), 551-574.

Le contrôle des reproducteurs volailles en France

E. GOATER*

Résumé : Les maladies infectieuses, virales ou bactériennes, entraînent chez les reproducteurs de l'espèce Gallus gallus des altérations des caractéristiques de l'œuf. Simultanément, la fertilité des coqs peut également diminuer de même que l'éclosabitité, et l'incubation peut être accompagnée par une morta­lité embryonnaire élevée. La transmission des virus ou des bactéries a lieu au niveau de l'ovule ou par la contamination de la surface de l'œuf. Dans certai­nes affections, les anticorps maternels peuvent aussi être transmis et cette pro­priété rend intéressante la vaccination des reproducteurs afin de protéger le poussin dans les premiers jours.

Afin de maîtriser la transmission verticale des agents infectieux, le Minis­tère de l'Agriculture a mis en place un contrôle officiel hygiénique et sanitaire des établissements producteurs d'œufs à couver et des établissements d'accou-vaison. Son application en France se fait progressivement.

Une firme de sélection avicole a en outre pris des mesures encore plus rigou­reuses : bâtiments d'élevage et couvoirs en ambiance protégée, laboratoire interne de contrôles sanitaires, laboratoire de recherches sur les mycoplasmes.

MOTS-CLÉS : France - Infection congénitale - Maladies aviaires - Maladies bactériennes - Maladies virales - Mesures de protection - Métho­des de contrôle - Mycoplasmose - Production d'œufs - Services vétérinaires - Surveillance sanitaire - Troubles de la reproduc­tion - Volaille.

L'objectif de la production avicole : produire au moindre coût, nécessite un effort sanitaire permanent , tout au long de la filière. Cet effort commence chez le sélection­neur, pour deux raisons essentielles : a) le généticien doit exercer une pression de sélection sur les critères qu'i l a choisis; et b) la transmission verticale du progrès géné­tique ne doit pas s 'accompagner de la transmission verticale de contaminants .

Le sélectionneur doit, en outre, s'assurer que les poussins livrés aux multiplica­teurs auront l 'espérance de vie la plus élevée possible afin de permettre l 'expression des potentialités génétiques. A titre indicatif, la pyramide de la filière « ponte » donne une idée du pouvoir de diffusion d 'une souche (Fig. 1).

Pour la clarté de cet exposé, nous le limiterons à l'espèce Gallus gallus. Il se décomposera en quatre chapitres :

1. Influence des maladies infectieuses et parasitaires sur la productivité et la fer­tilité des reproducteurs, l'éclosabilité des œufs et la viabilité des poussins.

* Vétérinaire conseil, Z.I. de Bellevue, 22200 Ploumagoar-Guingamp (France). Avec la collabora­tion technique de A . Dausque (Institut de Sélection Animale, 119, avenue de Saxe, 69003 Lyon, France), R. Danguy et A . Payet (Laboratoire Tregobio, Z.I. de Bellevue, 22200 Ploumagoar-Guingamp, France).

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2. Le contrôle officiel des reproducteurs et des couvoirs institué en France.

3. Les possibilités et les limites de ce contrôle officiel.

4. Quelques mesures propres à une firme de sélection.

INFLUENCE DES MALADIES INFECTIEUSES ET PARASITAIRES sur la productivité et la fertilité des reproducteurs, l'éclosabilité des œufs et la viabilité des poussins

L'influence des maladies infectieuses ou parasitaires sur la productivité et la fer­tilité des reproducteurs, l'éclosabilité et la viabilité des poussins s'exerce selon plu­sieurs mécanismes, et leur action se manifeste à plusieurs niveaux :

— sur les poules pondeuses, en réduisant l 'intensité de ponte;

— sur le comportement sexuel des coqs, en entraînant la production d 'un nom­bre anormalement élevé d 'œufs clairs;

— sur les qualités physico-chimiques des différentes parties de l 'œuf, et notam­ment la coquille, en entraînant une pénétration rapide des germes de surface;

— au moment de l'éclosion, en entraînant une mortalité importante des pous­sins par prolifération microbienne ou insuffisance des réserves;

— altérations provoquées par les traitements.

Dans ce chapitre, nous ferons le point sur les maladies les plus répandues en situant les niveaux auxquels interviennent les différents agents, infectieux ou parasi­taires, et en présentant les signes cliniques et lésionnels les plus connus des différen­tes affections chez les producteurs. La présence des anticorps chez les poussins constitue souvent la preuve objective de l 'action des agents infectieux.

M A L A D I E S VIRALES

Maladie de Newcastle (ND)

Dans sa forme aiguë, la ND entraîne de la mortalité chez les reproducteurs, une baisse de consommation, une chute de ponte , une baisse du calibre des œufs. Les œufs récoltés sont impropres à l ' incubation car les coqs également atteints par la maladie ne sont plus féconds.

Dans les formes subaiguës, le virus atteint l 'appareil génital femelle et entraîne des modifications importantes au niveau de l 'œuf : fragilité de la coquille, fluidité de l 'albumen, calibre plus faible.

La convalescence peut être longue et généralement l 'albumen ne retrouve pas les qualités indispensables à une bonne incubation.

La présence du virus de la ND entraîne une mortalité embryonnaire importante entre le 6 e et le 11 e jour d ' incubation. La mortalité plus tardive est consécutive à la présence de malformations à l 'éclosion. Les poussins sont chétifs, malformés, aveu­gles lorsque l'infection est induite par des souches virales lentogènes. Mais, en règle générale, le virus tue l 'embryon.

Actuellement, la maladie de Newcastle est absente du territoire français et l'application d 'un programme sérieux de vaccination, fondé sur l 'administration

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d 'un vaccin inactivé avant l 'entrée en ponte, permet d'espérer le maintien de cette situation favorable. En outre, les poussins bénéficient d 'une protection suffisante pour deux semaines environ après leur éclosión. Cependant, dans les pays où la ND sévit à l'état sporadique, la vaccination des poussins doit être pratiquée dès le 1 e r jour (Hitchner B1 + vaccin inactivé huileux).

Bronchite infectieuse (BI)

Dans sa forme classique, la BI comporte une phase respiratoire, mais dans sa forme atténuée, elle ne se manifeste que sur l 'appareil génital femelle. La chute de ponte se limite à 5 % environ. A la phase patente, les coquilles sont blanches, plus fragiles et retrouvent progressivement leur couleur. La baisse de calibre est de règle, de 2 grammes en général. En période de convalescence, le pourcentage d 'œufs déformés ou cerclés est assez important .

Dans la forme classique, le virus infecte l 'œuf et provoque une mortalité embryonnaire élevée ou l'éclosion de poussins morts et nains présentant des malfor­mations. Dans les formes atténuées, les modifications de la coquille et la fluidité de l 'albumen conduisent à écarter de l ' incubation les œufs blancs et surtout déformés.

L'application du programme de vaccination classique ne permet pas de protéger complètement les troupeaux reproducteurs contre les différents types de virus de la BI répandus dans la nature. La présence d'anticorps maternels issus de reproduc­teurs vaccinés peut durer deux semaines, comme pour la ND, ce qui n'exclut pas la vaccination au 1 e r jour .

Encéphalomyélite infectieuse

L'encéphalomyélite engendre souvent une mortalité embryonnaire, la transmis­sion du virus se faisant par le jaune de l 'œuf. Dans les cas les moins graves, les poussins éclos présentent en général des déformations, des troubles nerveux, un retard de croissance important; Après 12 à 15 jours d'élevage, le virus s'étant trans­mis horizontalement de poussins à poussins, les sujets présentent les signes caracté­ristiques de l'encéphalomyélite (à ne pas confondre avec l 'encéphalomalacie). Chez les reproducteurs, la maladie classique s 'accompagne d 'une chute de ponte très rapide. Il y a lieu de suspendre la mise en incubation pendant plusieurs semaines, mais rapidement les anticorps apparaissent et neutralisent les virus présents.

La vaccination des reproducteurs par une seule administration aux poulettes de plusieurs semaines permet de les protéger et de transmettre aux poussins une protec­tion de plusieurs semaines.

Laryngotrachéite infectieuse (LTI)

Récemment apparue en France mais sévissant dans d'autres pays depuis plus de 20 ans, elle provoque une affection respiratoire plus ou moins grave suivant la viru­lence de l 'agent. La mortalité frappe à la fois les poules et les coqs. L'atteinte des coqs se traduit par une augmentation du pourcentage d 'œufs clairs, s'élevant de 6 à 12% par exemple. Les qualités de l 'œuf ne sont pas modifiées et le fonctionnement de l 'appareil génital n'est pas durablement perturbé. La LTI, sous la forme qui sévit actuellement en Bretagne, n ' a pas de conséquences majeures et n 'altère pas la viabilité des poussins.

La vaccination, par instillation intra-oculaire au moyen d 'une souche virale atténuée, assure une bonne protection. Elle doit être effectuée avant l 'entrée en

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ponte, la réaction vaccinale pouvant entraîner les mêmes conséquences que le virus sauvage. La vaccination de reproducteurs au moment de l 'entrée en ponte est déconseillée car elle peut réduire temporairement la viabilité des poussins.

Syndrome « chute de ponte à œufs mous » (EDS)

Provoqué par le virus Baxendale BC 14 ou MacFerran 127, ce syndrome a des répercussions importantes sur les performances des poules. Apparue en Grande-Bretagne en 1975, cette affection a été décrite dans ce pays comme une maladie des reproductrices de souche « chair ». La courbe de ponte plafonne à 10 ou 15% de la norme optimale. On enregistre alors un pourcentage élevé d 'œufs sans coquille, les autres œufs étant fragiles, blancs, poreux et impropres à l ' incubation. L'évolution est un peu différente chez les reproductrices de souche « ponte », la chute de ponte intervenant souvent au moment du pic de production.

La maladie semble altérer principalement la formation de la coquille. Elle pro­duit également une modification de l 'albumen. La mise en machine d 'œufs poreux, dont l 'albumen est fluide, ne peut conduire qu ' à de mauvais résultats. Tous les ger­mes de surface, dont la multiplication est favorisée par les souillures provenant des œufs sans coquille, peuvent pénétrer dans la coquille et atteindre l 'embryon.

Depuis 1978, la vaccination avant l 'entrée en ponte à l 'aide d 'un vaccin inactivé en excipient huileux a résolu le problème.

Adénoviroses vraies

Provoquées par les adénovirus des types A, B et C, les adénoviroses vraies sont maintenant connues par les aviculteurs, mais leur confusion avec le syndrome « chute de ponte » est évidente et il semble que le rôle propre des adénovirus soit peu élevé.

Tout au plus peut-on signaler une infection à adénovirus atteignant le poulet de chair aux Etats-Unis, au Canada et dans certains pays d 'Europe . Elle survient chez les poulets de 5 à 7 semaines, et provoque une mortalité de l 'ordre de 2 % , un retard de croissance et la présence d 'une lésion spécifique : l 'hépatite à inclusion du pous­sin (IBHC). La transmission verticale semble probable. Pour le moment , aucun vaccin n ' a été mis au point contre cette affection.

Variole

La variole affecte les élevages avicoles dans les régions chaudes du Bassin médi­terranéen et du Sud de la France. Elle déclenche une chute de ponte momentanée. Les modifications de l 'œuf sont liées à l 'atteinte de l'état général des reproducteurs. Il en résulte une augmentation du pourcentage d 'œufs clairs.

Dans ces régions, la vaccination des reproducteurs assure une protection suffi­sante, transmise passivement aux poussins pendant leurs premières semaines de vie.

Arthrite virale

La ténosynovite infectieuse ou arthrite virale, provoquée par un réovirus (S 11.33), se manifeste chez le poulet de chair par la formation de lésions des ten­dons fléchisseurs et la rupture des gastrocnémiens. Les sujets atteints ne peuvent pas se tenir debout. La morbidité peut atteindre 100% mais la mortalité reste faible, voire nulie.

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Le passage du virus par l 'œuf n'est pas parfaitement établi pour l 'arthrite virale, mais on sait que la transmission verticale de certains réovirus est possible. La transmission d 'une immunité parentale pourrait expliquer que tous les lots prove­nant d 'un troupeau infecté ne présentent pas nécessairement des signes cliniques de la maladie.

Il n 'y a pas de traitement. La recherche des anticorps vis-à-vis des réovirus est pratiquée de manière de plus en plus systématique : elle permet de dépister les reproducteurs contaminés ou infectés par ces virus, mais sans spécifier l 'agent res­ponsable de l 'arthrite virale.

La vaccination des reproducteurs n ' a été entreprise en France qu ' à titre expéri­mental. Aux Etats-Unis, la vaccination du poussin est mise en œuvre dans la pre­mière semaine à l 'aide d 'un vaccin vivant très atténué. Elle est renouvelée par deux injections de rappel à 8 semaines puis à 18 semaines, au moyen d 'un vaccin vivant moins atténué. La présence d 'un taux élevé d'anticorps maternels protègerait le poussin durant ses quinze premiers jours . Il semble que les infections virales posté­rieures à l 'âge de trois semaines soient sans effet sur les poussins.

Syndrome proventriculite-malabsorption (SPM)

Le syndrome SPM, apparu au cours des dernières années, a reçu différentes appellations : syndrome des oiseaux pâles, maladie des os friables, maladie de l 'hélicoptère.

Pour certains auteurs, proventriculite et malabsorption constitueraient d'ail­leurs deux affections différentes par leur étiologie.

L'agent ou les agents infectieux seraient des réovirus dont l 'isolement a été réa­lisé aux Etats-Unis à partir de l 'appareil digestif d 'animaux atteints de malabsorp­tion. Ces réovirus sont antigéniquement différents de ceux de l 'arthrite virale. Mais la reproduction expérimentale du syndrome à partir du réovirus seul n ' a pas été possible. Ce syndrome est donc plurifactoriel et l 'étude de son étiologie doit être poursuivie.

Aux Etats-Unis, un vaccin inactivé huileux produit à partir de la souche CO.8 isolée par le Dr. Caswell Eidson et testé sur des poules reproductrices « chair » a permis de conférer à la descendance des anticorps maternels. La descendance des poules vaccinées s'est caractérisée par une croissance et une performance égales à celles de descendants non contaminés. La descendance des poules non vaccinées a présenté une baisse de croissance et des boiteries.

Leucose aviaire

Il est reconnu que la leucose aviaire peut se transmettre verticalement à partir des reproducteurs contaminés. Les coqs peuvent, mais rarement, être atteints de lésions testiculaires. Etant donné le faible nombre de sujets atteints, la fertilité des mâles est globalement peu affectée. Par contre, chez les femelles, leurs baisses de performances sont telles que la mise en place du dépistage et de l 'éradication de la maladie est amplement justifiée.

Maladie de Marek

Il est établi que la maladie de Marek ne se transmet pas verticalement. Les pous­sins issus de troupeaux dans lesquels sévit la maladie sont normaux à la naissance

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mais faiblement protégés. Il importe donc d'éviter leur contamination au couvoir ou lors de leur mise en place dans les poulaillers. Comme la vaccination pratiquée le premier jour ne confère une protection suffisante qu 'après le 14 e jour , il importe :

— de veiller à une bonne conservation du vaccin et du diluant;

— de s'assurer d 'une bonne utilisation de ce vaccin en respectant les instructions données par le fabricant;

— de contrôler que le nombre de doses utilisées correspond au nombre de pous­sins effectivement sortis, la dose vaccinale minimum étant de 1.000 PFU par sujet;

— de travailler dans une salle propre dans laquelle les particules virales portées par les poussières ne peuvent pénétrer et se maintenir;

— d'éviter pendant le transfert et le démarrage tout contact avec le virus sau­vage.

Bursite infectieuse (maladie de Gumboro)

Cette maladie affecte essentiellement le poussin. Elle n'est pas transmise vertica­lement, tandis que les anticorps le sont. Des contrôles effectués avant la mise sur le marché des vaccins nous ont montré que les poussins nés de troupeaux élevés dans des conditions normales étaient dans l 'ensemble porteurs d 'anticorps. La vaccina­tion des reproducteurs effectuée durant la période d'élevage permet d'affirmer qu'actuellement les poussins naissent protégés pour les premiers jours de leur vie. Leur protection ultérieure est obtenue par vaccination directe.

Des vaccins inactivés huileux, administrés aux reproducteurs en rappel de vac­cins vivants, permettent de transmettre aux poussins des anticorps maternels persis­tant pendant 22 jours environ. Les résultats expérimentaux sont intéressants et ne soulèvent qu 'un point de discussion : à quel moment faut-il, si nécessaire, faire un rappel de vaccination sur les poulets de chair ?

Les résultats obtenus sur le terrain sont moins nets, en raison des difficultés ren­contrées pour mettre en place des essais rigoureux et de la variabilité des résultats sur le poulet de chair. Cependant , en production de poulets « label », la consom­mation médicamenteuse a été régulièrement réduite de moitié chez les descendants de troupeaux vaccinés par rapport à ceux de troupeaux non vaccinés.

AFFECTIONS BACTÉRIENNES

Nous ne retiendrons que les principales affections attribuées à des germes micro­biens caractérisés (Tableau II).

Pullorose

Dans sa forme aiguë, chez la poule adulte, la pullorose causée par Salmonella pullorum gallinarum entraîne des lésions viscérales (foie, intestin, grappe ova­rienne, etc.). II en résulte une mortalité relativement élevée, notamment par ponte abdominale et péritonite. Les mâles peuvent devenir inféconds mais, en cas de fécondation, une quantité importante de bactéries peut être transmise par le vitel-lus. Dans ce cas, la mortalité embryonnaire survient en cours d ' incubation.

Dans la forme subaiguë, la baisse de ponte est plus atténuée. La mortalité des adultes est surtout consécutive aux accidents de ponte; on observe alors la présence

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TABLEAU I

Conséquences zootechniques des affections virales transmissibles. Possibilités diagnostiques et vaccinales

Maladies Altérations Poussins

Vaccin Maladies Ponte Coquille Fertilité Eclos. Virus AC

Vaccin

Newcastle + + + + + + + + Bronchite infectieuse + + + + + + ? Encéphalomyélite

infectieuse + + + + + + + + Laryngotrachéite

infectieuse + + + + ? + + Syndrome EDS + + + + + ? + + Hépatite à inclusion + 0 Variole + + Arthrite virale + + + ?

Syndrome proventriculite-malabsorption + ?

Leucose + ± + + 0 Marek 0 0 0 0 0 + + Bursite infectieuse 0 0 0 0 ? + +

Conséquences : + + : très fortes + : fortes ± : inconstantes

+ ? : possibles o : nulles ? : inconnues

A C : ant icorps

d'œufs tachés de sang. L'infection de l 'embryon est plus irrégulière; la mortalité embryonnaire existe mais son incidence est plus discrète. Par contre, au moment de l'éclosion, la transmission horizontale de S. pullorum est une voie de contamination plus importante et la cause d 'une mortalité relativement élevée en période de démarrage. Fréquemment, la mortalité reprend ensuite sur les pondeuses d 'œufs de consommation au moment de l'entrée en ponte.

Actuellement, le contrôle officiel a abouti à l 'éradication de cette affection dans les troupeaux de reproducteurs. Cependant, la constatation de quelques cas clini­ques dans des troupeaux de pondeuses d 'œufs de consommation incite à maintenir une certaine vigilance.

Autres salmonelloses

Un certain nombre de serotypes de salmonelles autres que S. pullorum gallina-rum sont régulièrement isolés sur les poussins en élevage.

La contamination verticale vraie par le vitellus est exceptionnelle. Par contre, la contamination au niveau du cloaque est le mode habituel de transmission. Les sal­monelles présentes dans le tube digestif des reproducteurs entraînent une contami­nation de surface des œufs à couver. La multiplication des bactéries va être favori-

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sée au moment de l'éclosion, du sexage éventuel, des manipulations et du démar­rage, surtout si les œufs n 'ont pas été désinfectés immédiatement après la ponte .

La mortalité des jeunes poussins sera fonction de l'intensité de la contamina­tion, du pouvoir pathogène de la Salmonelle mais aussi des conditions d'élevage en période de démarrage.

A ce sujet, il convient de signaler que le poussin peut se contaminer à l'élevage dans les premières heures de sa vie. Dans un essai non publié, il a été montré que l'administration par voie orale de 5. typhimurium à des poussins d 'un jour permet de retrouver cette Salmonelle de façon durable dans la vésicule vitelline après 24 heures.

Colibacillose

Les infections du tube digestif et surtout de la grappe ovarienne des reproduc­teurs sont relativement fréquentes. Elles traduisent souvent une variation défavora­ble dans les conditions d'exploitation des troupeaux ou une agression primaire par un agent infectieux, principalement viral. La forme septicémique chez les adultes est plus rare.

Escherichia coli, dont le nombre de sérotypes est très élevé, fait partie de la population bactérienne normale du tube digestif. Néanmoins, il peut jouer un rôle pathogène occasionnel dans le processus de production de poussins : les signes clini­ques les plus fréquents sont les chutes de ponte, d'intensité limitée, l 'altération de la coquille et la baisse de l'éclosabilité. La transmission verticale vraie est possible avec ses conséquences sur l'éclosion et, surtout, la contamination des œufs en sur­face est facile.

Statistiquement, trois souches à'Escherichia coli sont réputées plus pathogènes que les autres : 01.K1, 02.Kl et 078.K80. Elles ne sont véritablement pathogènes pour le poussin que dans des conditions d'exploitation difficiles (variations lors de l'éclosion, du sexage, du triage, de la livraison, de la mise en place, etc.). Mais il n'est pas exclu que d'autres sérotypes, réputés moins pathogènes, puissent profiter des mêmes circonstances pour créer une pathologie chez le jeune poussin.

Il ne faut pas perdre de vue que généralement les expérimentateurs, pour induire une colibacillose chez les poussins, associent à l ' inoculation des colibacilles un stress important , par exemple la vaccination contre la bronchite infectieuse avec un vaccin vivant peu atténué.

Des essais de transmission verticale d'anticorps spécifiques, pratiqués sur des reproducteurs de type Leghorn à l 'aide d 'un vaccin inactivé contenant les trois sérotypes précédemment cités, ont mis en évidence la transmission d 'une immunité passive des poules aux poussins. Sur le terrain, cette vaccination largement répan­due est plus appréciée quant au comportement des reproducteurs qu ' à celui des poussins durant leurs premières semaines de vie.

Pasteurellose

Les infections par Pasteurella multocida sont relativement fréquentes chez les reproducteurs. L'état septicémique du troupeau affecte nettement la mortalité, la courbe de ponte, la fertilité et l'éclosabilité.

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Le passage des Pasteurella par l 'œuf est possible, mais l 'apparition de pasteurel-lose clinique chez les poussins n'est pas connue de l 'auteur. La transmission verti­cale ne semble donc pas évidente.

Infections à Pseudomonas

Les infections par Pseudomonas aeruginosa sont le plus souvent inapparentes chez les reproducteurs. En revanche, au couvoir, elles peuvent entraîner des bais­ses du taux d'éclosion de l 'ordre de 10%. Le premier signe est l'explosion des œufs en incubateur avec une odeur caractéristique. Ensuite, les poussins éclos peu­vent présenter des sacs vitellins putréfiés malodorants , ceci s 'accompagnant d'une mortalité élevée dans les boîtes de transport , d 'un démarrage difficile avec de nou­veau une élévation de la mortalité vers le 4 e ou le 5 e jour . Certains sujets, survi­vants mais infectés, peuvent présenter des arthrites, de la péricardite, des abcès plantaires.

La transmission par l 'œuf du bacille pyocyanique est admise, le germe se déve­loppant surtout dans le vitellus. Cependant, elle est surtout fréquente sur les trou­peaux âgés, chez lesquels les coquilles sont poreuses et les pontes au sol élevées. Il s'agit plus d 'une contamination de surface que d 'une contamination ovarienne. De même, la contamination par les solutions de lavage et de trempage polluées a été décrite.

Staphylococcies

Les infections staphylococciques sont surtout préjudiciables chez les reproduc­teurs dont elles affectent la fertilité, les coqs étant plus spécialement atteints et, dans ce cas, incapables d'assurer un cochage normal. En outre, l 'élimination des coqs atteints nécessite une « recharge » en coqs jeunes.

Il ne semble pas que les infections staphylococciques aient une influence sur la viabilité des poussins.

Mycoplasmoses

L'incidence des Mycoplasmes est effective, surtout sur la descendance, notam­ment sur celle des reproducteurs de souche « chair ».

La transmission verticale des Mycoplasmes est maintenant largement prouvée. L'infection de l 'œuf se traduit par des baisses de la qualité de la coquille et de l'éclosabilité. La transmission des anticorps à l 'embryon est inconstante et dépend des techniques appliquées à l 'œuf (trempage, injection dans l'œuf, etc.).

Les essais de vaccination à l 'aide d 'une souche vivante de Mycoplasma gallisep-ticum, devenue avirulente par passage, la souche C P , n 'ont pas permis une maîtrise totale du processus bien que cette méthode améliore le comportement sanitaire des reproducteurs.

Malgré de nouveaux essais de vaccination à l 'aide de vaccins inactivés (Kleven et coll.), essais limités au produit final, l 'éradication reste le seul objectif valable pour le sélectionneur et le multiplicateur.

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TABLEAU I I

Conséquences zootechniques des affections bactériennes. Possibilités diagnostiques et vaccinales

Altérations Poussins \ 11 i > / ' 1 n

IVlUlaQieS Ponte Coquille Fertilité Eclos. Bactéries AC

Pullorose + + + •+- 0 Autres salmonelloses + Colibacillose + + + + + + + ? Pasteurellose + + + + + ? + ? + ? Pseudomonas + + 0 Mycoplasmose

M. gallisepticum + + + + + + ? + ? M. syno viae + + + + ? 0

Staphylococcies + + ? ?

Conséquences : + + : très fortes A C : ant icorps + : fortes

+ ? : possibles o : nulles ? : inconnues

LES MALADIES PARASITAIRES

Les parasites peuvent agir de trois façons sur la qualité des poussins : — directement, par la présence de parasites chez le poussin (aspergillose);

— indirectement, en entraînant des déficiences métaboliques chez les reproduc­teurs eux-mêmes;

— indirectement, à la suite de traitements antiparasitaires.

Aspergillose

Aspergillus fumigatus existe dans toutes les installations de production d 'œufs à couver (litières, aliment, etc.) et peut se multiplier à différents stades du stockage et de l ' incubation des œufs . La contamination de surface peut devenir interne entre coquille et membranes (traînées noirâtres sur les lignes de fêlure).

La contamination principale a lieu au moment de l'éclosion, les conditions d'humidité et de température étant particulièrement favorables. Les spores aspergil-laires peuvent provenir de la coquille de l 'œuf mais aussi de l 'ambiance des éclo-soirs (éclosoirs, salles d'éclosion, gaines de ventilation).

Les conséquences apparaissent dans les premiers jours du démarrage : poussins ouvrant le bec, essoufflés, avec nodules aspergillaires dans la trachée et les pou­mons. Il en résulte une mortalité variable et un affaiblissement des sujets qui pré­sentent alors des lésions pulmonaires persistantes.

Il faut cependant ne pas oublier que le poussin en bonne santé peut être porteur de quelques spores d'Aspergillus fumigatus, sans pour autant contracter la maladie, et qu'ensuite il peut être exposé à une contamination massive à partir de son envi­ronnement (désinfection insuffisante, paille moisie, gaines de chauffage, etc.).

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La lutte contre l'aspergillose doit donc se situer à tous les niveaux.

En ce qui concerne la production d 'œufs à couver, il faut éviter les pontes au sol, les pailles moisies, les pondoirs sales, les aliments contenant des quantités importantes de spores aspergillaires, les silos contaminés (désinfection aux vapeurs de thiabendazole).

Les maladies parasitaires

Elles compromettent une bonne absorption intestinale d 'un certain nombre d'éléments nutritifs indispensables pour une bonne intensité de ponte, un bon cali­bre, une bonne éclosabilité et une bonne viabilité du poussin (coccidiose, ascari-diose, capillariose).

Conséquences des traitements antiparasitaires

Ces traitements ont une influence sur la consommation d'eau ou d'aliment, l 'absorption de certains éléments de la ration, les organes de détoxification de la poule (foie et reins), et la vitalité des spermatozoïdes (furazolidone en particulier).

Les effets des sulfamides et de certains potentialisateurs sont classiques. De même, certains dérivés de l'imidazole peuvent affecter l'éclosabilité et la viabilité des poussins.

Il n'est pas possible de mettre en évidence la présence d'ookystes de coccidies, d 'œufs d'helminthes ou de spores de Candida albicans dans les œufs à couver, ni dans ceux prêts à éclore. Par contre leur présence sur les œufs n'est pas à exclure.

C O N T R Ô L E OFFICIEL D E S É L E V A G E S D E R E P R O D U C T E U R S E T D E S C O U V O I R S E N F R A N C E

Le contrôle officiel des élevages de reproducteurs et des couvoirs en France s'organise, en fait, département par département en application d'Arrêtés préfecto­raux dont les bases réglementaires résultent d 'une Note de service de la Direction de la Qualité au Ministère de l'Agriculture (9).

L'adhésion à ce contrôle est volontaire. Chaque personne physique ou morale intéressée adresse au Directeur départemental des Services Vétérinaires une demande d'adhésion, et désigne le Docteur vétérinaire responsable du programme sanitaire d'élevage.

Le Directeur départemental des Services Vétérinaires procède ensuite à une visite d 'agrément pour s'assurer que l'établissement d'élevage ou d'accouvaison peut être conduit dans des conditions permettant la mise en œuvre correcte des opé­rations de prophylaxie et d'éradication éventuelle des maladies aviaires.

Les établissements acceptés au contrôle officiel sont ensuite visités deux fois par an par le Directeur départemental des Services Vétérinaires ou son représentant.

Le contrôle porte donc sur les dispositions générales d 'ordre technique et sur des dispositions spéciales relatives aux principales affections.

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DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Elles définissent les conditions de la production des œufs à couver et des pous­sins d 'un jour , et tout d 'abord les unités soumises au contrôle.

On entend par établissement d'élevage un poulailler ou un ensemble de poulail­lers abritant un ou plusieurs troupeaux de la même espèce, élevés sur une même ferme. Le troupeau représente l 'unité de production; il est constitué par un ou plu­sieurs lots d 'animaux d 'une même souche, d 'un même âge, ayant le même statut sanitaire et abrités dans un même poulailler. On entend par établissement d'accou-vaison une installation abritant des incubateurs et éclosoirs où il est procédé à l'incubation des œufs en vue de la production de poussins, dindonneaux, pinta­deaux, canetons ou oisons d 'un jour .

Elles définissent aussi les mesures générales de protection sanitaire des élevages, de vide sanitaire et de désinfection des bâtiments permettant une bonne conduite de l'élevage. Le couvoir doit être divisé en sections strictement séparées et la circula­tion entre elles doit être à sens unique.

Deux documents techniques et administratifs doivent être tenus :

Un cahier d'élevage :

Un document d'élevage (cahier d'élevage ou feuillets mobiles classés dans une chemise spéciale) doit être tenu à jour pour chaque troupeau; les informations sui­vantes doivent être portées sur ce document :

— programme de prophylaxie (maladies infectieuses et parasitaires) avec indica­tion des dates précises des vaccinations et traitements;

— mortalité; — performance (courbe de ponte, fertilité, éclosabilité); — date d'expédition des prélèvements et échantillons pour analyse et résultats

d'analyses; — traitements thérapeutiques et résultats obtenus.

Le document d'élevage doit être visé régulièrement par le Vétérinaire responsa­ble du programme sanitaire d'élevage ainsi que par le Directeur départemental des Services Vétérinaires, ou son représentant, lors de leurs visites.

Un cahier de couvoir :

Un cahier de couvoir doit être régulièrement tenu. Il doit y être noté toutes les entrées d 'œufs à couver individualisées par troupeau, les résultats des éclosions, ainsi que les anomalies éventuelles d ' incubation ou d'éclosion. Les résultats des contrôles microbiologiques sont également mentionnés. Ce cahier est visé régulière­ment par le Vétérinaire responsable de la surveillance du couvoir, ainsi que par le Directeur départemental des Services Vétérinaires, ou son représentant, lors de leurs visites.

DISPOSITIONS SPÉCIALES

Des dispositions spéciales relatives à certaines infections sont appliquées, soit aux établissements producteurs d 'œufs à couver, soit aux établissements d'accou-vaison.

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ÉTABLISSEMENTS PRODUCTEURS D'OEUFS A COUVER

Les mesures sont plus contraignantes pour les établissements de sélection que pour les établissements de multiplication.

Pour les élevages de sélection, ces mesures concernent :

a) L'Infection salmonellique à Salmonella pullorum Le contrôle comporte : — deux analyses bactériologiques de litière ou d'eau de boisson prélevée dans

les abreuvoirs, pendant la période d'élevage; — des analyses bactériologiques identiques aux précédentes, tous les deux mois,

en période de ponte; — un dépistage sérologique sur la totalité du troupeau lorsque le taux de ponte

atteint environ 3 0 % .

La conduite à tenir dépend des résultats obtenus :

Si Salmonella pullorum est isolée dans la litière ou l 'eau des abreuvoirs et si sa présence est confirmée par un deuxième examen, le troupeau n'est plus utilisable en reproduction.

Si tous les animaux sont sérologiquement négatifs et si Salmonella pullorum n 'a pas été isolée à partir de litières ou d 'animaux, il n'est pas procédé à d'autres exa­mens sérologiques. Le troupeau est déclaré indemne.

En cas de positivité sérologique, une bactériologie sera effectuée sur tous les réa­gissants s'ils sont moins de 10, ou sur 10 animaux positifs au moins.

Dans le cas où Salmonella pullorum est isolée, le t roupeau n'est plus destiné à la reproduction, les coqs sont retirés et le troupeau est soit transféré hors de l'établis­sement, soit abattu.

Dans le cas contraire, la surveillance bactériologique est poursuivie et un con­trôle sérologique est effectué un mois plus tard.

N .B . : Si le responsable de l'établissement refuse d'appliquer les mesures d'assainissement prescrites ci-dessus, l'établissement est radié du contrôle officiel hygiénique et sanitaire.

b) Les autres infections salmonelliques

L'absence d'autres infections salmonelliques révélées par les diverses opérations de dépistage effectuées selon les protocoles décrits ci-dessus permet de considérer les troupeaux comme indemnes. Si une Salmonella autre que Salmonella pullorum est isolée, des mesures d'assainissement sont mises en application et la désinfection des œufs est renforcée.

Toutefois, si la présence du même sérotype est observée lors de deux contrôles successifs, effectués à deux mois d'intervalle, le troupeau est considéré comme con­taminé.

c) J es infections mycoplasmiques à Mycoplasma gallisepticum et à M. synoviae Les possibilités de contamination éventuelle des animaux pouvant intervenir

tout au long de leur vie, il est prévu un contrôle continu de l'infection mycoplasmi-que pendant les périodes d'élevage et de ponte.

Pour chaque troupeau, quelle que soit son importance, le pourcentage de sérums à examiner est de 1% pour M. gallisepticum et de 0 ,5% pour M. synoviae; en aucun cas le nombre de sérums ne devra être inférieur à 100 et 50 respectivement pour M. gallisepticum et M. synoviae.

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La méthode retenue est le contrôle sérologique.

Les examens doivent porter sur des sérums frais, non congelés et dilués au 1/5.

La périodicité des contrôles est de 8 semaines avec un contrôle renforcé vers 20 à 24 semaines à l 'entrée en ponte pour lequel le pourcentage de sérums à examiner est de 5% pour M. gallisepticum et de 2 , 5 % pour M. synoviae.

Lorsque le pourcentage de réagissants est nul, le t roupeau est considéré comme indemne.

Lorsqu 'au cours d 'un contrôle, le pourcentage de réagissants n'est pas nul, le troupeau est suspect d 'être infecté et des contrôles supplémentaires doivent être effectués :

— 4 semaines plus tard, lorsque le pourcentage de réagissants a été inférieur à 10%;

— 2 semaines plus tard, lorsque le pourcentage de réagissants a été égal ou supé­rieur à 10%.

Ces contrôles supplémentaires sont réalisés sur 10% de l'effectif total , avec un minimum de 200 sérums pour M. gallisepticum, et sur 5 % de l'effectif total , avec un minimum de 100 sérums pour M. synoviae. Des techniques complémentaires, destinées à préciser le diagnostic, peuvent éventuellement être mises en œuvre (inhi­bition de l 'hémagglutination, recherche des Mycoplasmes, etc.).

La conduite à tenir est la suivante : Lorsque le pourcentage de réagissants est en augmentation d 'un contrôle à

l'autre et que le nombre de sérums positifs lors du dernier contrôle est égal ou supé­rieur à 10%, le t roupeau est considéré comme infecté.

Lorsque le pourcentage de réagissants est en augmentation d 'un contrôle à l'autre et que le nombre de sérums positifs lors du dernier contrôle est inférieur à 10%, des contrôles complémentaires sont réalisés à deux semaines d'intervalle. Dans l 'attente des résultats, le t roupeau n'est pas considéré comme infecté.

d) Les infections virales majeures

Les maladies virales majeures doivent être prévenues par la vaccination selon un programme défini par le Vétérinaire responsable du programme sanitaire d'élevage, en accord avec la Direction départementale des Services Vétérinaires. Les dates d'intervention, ainsi que les résultats des contrôles sérologiques éventuellement pra­tiqués, doivent être consignés sur le cahier d'élevage.

Pour les élevages de multiplication, les mesures de contrôle peuvent être allégées :

— Pour l'infection salmonellique à Salmonella pullorum, quand les poussins proviennent de troupeaux de sélection inscrits au contrôle officiel hygiénique et sanitaire, et répondent depuis au moins deux ans à la qualification d'établissements indemnes, le contrôle sérologique réalisé à 30% de ponte pourra se limiter à 10% des animaux avec un minimum de 500 sujets par t roupeau.

— Pour les infections mycoplasmiques, par contre, le nombre de sérums à exa­miner ne devra pas être inférieur à 200 pour M. gallisepticum et 100 pour M. syno­viae.

ÉTABLISSEMENTS D'ACCOUVAISON

Les contrôles doivent être réalisés régulièrement tous les deux mois, sur chaque éclosoir, à partir des duvets, des poussins de deuxième choix et, éventuellement, des écouvillonnages de parois.

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Contrôle des duvets

Des échantillons de duvet sont prélevés aseptiquement dans des flacons à large goulot, stériles, préalablement tarés et contenant, éventuellement, un diluant (peptone-sel). Le prélèvement effectué à l 'ouverture de l'éclosoir en plusieurs points de l 'appareil doit être au minimum de 0,5 g de duvet par échantillon.

Les recherches bactériologiques portent sur : la flore totale, les colibacilles, les Pseudomonas, les salmonelles et les moisissures (aspergillus) et, éventuellement, les staphylocoques.

Examens des poussins de deuxième choix et écouvillonnages des parois des éclosoirs

Un examen nécropsique et des analyses microbiologiques sont réalisés sur au moins 10 poussins de deuxième choix, issus des différents troupeaux reproducteurs et prélevés à la sortie de l'éclosoir. De plus, des écouvillonnages des parois des éclo­soirs seront éventuellement effectués.

Les recherches bactériologiques concernent les germes pathogènes, salmonelles en particulier.

CONSÉQUENCES DU CONTRÔLE OFFICIEL

Les établissements inscrits au contrôle officiel reçoivent des attestations confor­mes au statut sanitaire résultant des contrôles, par exemple :

— Etablissements indemnes d'infections salmonelliques et mycoplasmiques.

— Etablissements indemnes d'infection salmonellique à Salmonella pullorum.

En cas de résultats non conformes, ces attestations ne sont pas délivrées et, si les mesures préconisées ne sont pas mises en application, l 'établissement est radié du contrôle officiel.

Les dérogations sanitaires pour l ' importation d 'œufs à couver et de poussins d 'un jour ne sont accordées qu 'aux établissements inscrits au contrôle officiel hygiénique et sanitaire. (Avis aux importateurs, Journal Officiel du 16/06/82.)

L ' A P P L I C A T I O N D U C O N T R Ô L E O F F I C I E L . POSSIBILITÉS E T L I M I T E S

La mise en application des mesures prévues au contrôle officiel a soulevé un cer­tain nombre de problèmes liés aux structures de la production des œufs à couver, à l 'agrément des laboratoires de contrôle, aux incertitudes scientifiques et au coût des opérations de contrôle.

Les structures de l'accouvage en France

L'accouvage français, adapté aux besoins de la production avicole nationale, est nécessairement hétérogène. Dans certaines régions, il doit fournir des petits lots de poussins, de souches ou de croisements particuliers. Les troupeaux de reproduc­teurs, de faible importance, sont élevés dans des conditions d'élevage convention­nelles. Dans les régions de production intensive, l 'Ouest de la France en particulier, l 'accouvage a dû faire face à un développement rapide de la demande et mettre en

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place une partie des reproducteurs chez des multiplicateurs disposant déjà d 'un équipement conçu il y a plusieurs années.

Dans ces conditions, l 'application des mesures générales de protection sanitaire d'équipement et de fonctionnement, au niveau des poulaillers ou des couvoirs, ne peut se faire d 'une façon homogène. Ceci retarde soit l 'adhésion volontaire de cer­tains opérateurs, soit l 'application généralisée des contrôles prévus. Il y a nécessité de moduler en fonction des objectifs et des conditions locales.

En outre, la profonde crise avicole n'est pas favorable à la définition d'objectifs ambitieux. L'intégration de certains opérateurs par d 'autres modifie les rapports commerciaux et les certificats officiels ne sont plus indispensables dans ces opéra­tions internes.

L'adhésion volontaire a donc été plus ou moins importante suivant les départe­ments. Dans certains cas, elle est limitée à une partie seulement du cheptel de l'organisation.

L'agrément des laboratoires de contrôle

Pour le moment , seuls les Laboratoires départementaux des Services Vétérinai­res sont agréés pour le contrôle officiel. Certains laboratoires privés pourraient par­ticiper à l'avenir à cette mission, à condition d'y être agréés et de se soumettre à un contrôle de qualité relevant des Services de la Direction de la Qualité.

Les incertitudes scientifiques

Le contrôle irrégulier des antigènes, notamment en matière de Mycoplasmes, peut conduire à des réponses sérologiques surprenantes nécessitant un deuxième contrôle ou d 'autres techniques de laboratoire permettant de lever les incertitudes.

Pour Salmonella pullorum, les antigènes utilisés dans une perspective d'éradica­tion, visant à détecter le maximum de sujets réellement infectés, ne sont peut-être pas les meilleurs pour la surveillance des territoires assainis. Les réactions par excès, liées notamment aux communautés antigéniques entre E. coli et Salmonella, con­duisent à la mise en œuvre de techniques complémentaires (séro-agglutination lente, recherche bactériologique sur les sujets sérologiques positifs, etc.) retardant d'autant l ' interprétation des résultats.

Les contrôles de couvoir, effectués sur les duvets, doivent être faits à partir de prélèvements normalisés, par un opérateur unique; seule cette condition permet une interprétation du niveau de décontamination d 'un couvoir. Des mesures complé­mentaires, l 'analyse sur des poussins béchés non éclos ou la technique des frag­ments de poumons pour la numération d'Aspergillus fumigatus, peuvent déboucher sur une évaluation plus précise.

Le coût des opérations de contrôle

C'est un des arguments avancés par les professionnels. Il est partiellement justi­fié en période de crise. Les pouvoirs publics subventionnent les antigènes utilisés dans les Laboratoires départementaux ainsi que 1 0 % du coût des examens bactério­logiques effectués dans les couvoirs.

Le calcul statistique permet de déterminer le seuil de signification des résultats en fonction de l ' importance de l'échantillon prélevé. Il est possible de réduire le

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nombre de prélèvements dans les parquets importants, le chiffre de 10% par exem­ple étant arbitraire.

Q U E L Q U E S M E S U R E S P R O P R E S A U N E F I R M E D E S É L E C T I O N : L ' I N S T I T U T D E S É L E C T I O N A N I M A L E

Afin de répondre aux objectifs précédemment définis, l 'Institut de Sélection Animale (ISA) a adopté un certain nombre de mesures lui permettant d'aller plus loin que le contrôle officiel.

L 'ÉLEVAGE PROTÉGÉ

La densité des élevages dans les régions de production intensive a conduit à rete­nir la technique de l'élevage protégé pour se mettre à l 'abri des contaminants. Le Centre de sélection de Châteaubourg en est un exemple.

La station ISA de Châteaubourg

Dans ce centre de sélection, les poulaillers sont regroupés par quatre sous un même toit.

Ces poulaillers sont standardisés : la partie logement des animaux (45 m x 12 m) ne varie d 'une unité à l 'autre que par l 'équipement intérieur.

Cet équipement intérieur est tout à fait classique : les abreuvoirs, les distribu­teurs d'aliment, les caillebotis, les nids sont conçus selon les modèles courants. Seuls, les multiples cloisonnements imposés par les opérations de sélection auxquel­les ces unités sont destinées, modifient l'aspect de ces poulaillers appelés ici « cellu­les ».

Les lignées sont sélectionnées dans un environnement matériel identique à celui des utilisateurs.

L'élevage des reproducteurs en blocs protégés

Les opérations de sélection se font sur des séries de cheptels. Chaque cheptel est constitué par une série d'oiseaux nés à des dates relativement rapprochées les unes des autres, et donc justiciable de la notion d'âge unique.

Dans d'autres conditions, et à une autre époque, cette notion impliquait l'utili­sation de la technique « une ferme - un âge » bien connue.

A Châteaubourg, chaque bloc est une ferme abritant un cheptel. Chaque bloc est conduit comme une ferme séparée. Seul manque le facteur distance, mais le ris­que de contamination est évité par la technique de l'élevage protégé. Cette techni­que, proposée par l 'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), a reçu des applications tout d 'abord dans les animaleries de laboratoire, puis dans des ins­tallations avicoles.

L'ISA, pour appliquer strictement son programme sanitaire, a construit ou aménagé plusieurs bâtiments « protégés » dès 1976-1977.

La technique a ainsi été mise au point et le modèle « Châteaubourg » testé tant dans sa partie ventilation que dans ses parties « décontamination ».

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Le principe consiste à mettre les animaux à l 'abri d 'une contamination d'origine extérieure et dont les agents seraient véhiculés par l 'air, par le bâtiment lui-même d'une génération à l 'autre, par des hôtes : rongeurs, oiseaux, insectes, ou par le per­sonnel.

L'air

L'air servant à la ventilation est filtré sur des filtres à 10 µ qui arrêtent toutes les poussières porteuses de microbes et maintenu en surpression à l 'intérieur du local pour éviter les entrées d'air non contrôlé.

I es vecteurs animaux

Les rongeurs, oiseaux, insectes, sont maintenus hors du local par l'utilisation de matériaux qu'ils ne peuvent franchir. Le revêtement des parois est en béton et en métal, le tout parfaitement étanche, pour faciliter le maintien de la surpression.

Ce choix des matériaux permet de plus une désinfection totale entre deux chep­tels par l'utilisation de moyens très puissants (vapeur, eau à très forte pression), la qualité des surfaces et l 'absence d'anfractuosités permettent une décontamination aisée.

le personnel

Les personnes admises dans les enceintes de travail doivent passer par les unités de décontamination en cascade où elles respectent des consignes strictes d'hygiène :

— Elles y laissent leurs vêtements « civils ». — Elles prennent une douche. — Elles revêtent une tenue (vêtement et sous-vêtements) affectée au local.

L'ensemble des structures de décontamination totalise une surface de près de 1.000 m 2 sur la Station.

les autres échanges

Ce qui entre ou sort des « cellules » en fonctionnement passe au travers de sas avec désinfection au formol.

L'aliment est granulé pour l'assainir autant que possible et déversé dans les silos de stockage alimentant les « cellules ».

Pour faciliter la protection et le fonctionnement des unités, tout ce qui peut être source de contamination, y compris les visiteurs, circule dans les voies « sales » qui sont des voies lourdes desservant le côté évacuation des blocs.

Le personnel et l 'air entrent par les voies « propres » qui sont dites légères car accessibles seulement aux piétons.

LE C O N T R Ô L E DES INFECTIONS A MYCOPLASMES

La surveillance des t roupeaux de sélection de même que l 'appui technique apporté aux multiplicateurs ont nécessité une approche nouvelle du diagnostic de routine des infections à Mycoplasmes.

Le diagnostic microbiologique d 'une infection à Mycoplasmes est réputé long et, bien que ce soit le plus fiable, il y a peu de tentatives pour améliorer cette situa­tion. De fait, la description d 'une nouvelle espèce appartenant à la classe des Molli-cutes requiert certaines précautions et notamment un clonage préliminaire qui

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retarde d 'autant l'identification (7). En pratique quotidienne, on est confronté avec des infections à allure épizootique qui s'étendent plus ou moins rapidement à la totalité du troupeau d 'une ferme, voire d 'une région, et qui mettent en jeu un petit nombre d'espèces appartenant au genre Mycoplasma, en l 'occurrence M. gallisepti­cum et M. synoviae, incriminées en pathologie aviaire. Sur la base de ces données, nous avons mis au point une technique d'isolement et d'identification applicable à un nombre statistiquement significatif d'échantillons; ceci exclut les prélèvements sur des animaux sacrifiés en salle d'autopsie. En contrepartie, pour traiter un grand nombre d'échantillons, il convient d'appliquer des méthodes d'ensemencement rapides sur des milieux à haut rendement de culture. En faisant porter l'identifica­tion sur les résultats de ce primo-isolement, il est possible de poser un diagnostic de certitude dans un délai très court.

L'écouvillonnage de trachées : un mode de prélèvement de choix

Les Mycoplasmes des oiseaux ont invariablement un tropisme pour l 'arbre res­piratoire supérieur en dehors de toute autre localisation viscérale possible. Cette situation particulière offre la possibilité de pratiquer un écouvillonnage trachéal des animaux vivants avec de bonnes chances d'isoler une ou plusieurs espèces de Myco­plasmes s'il y a infection. Le principe consiste à plonger l'écouvillon au plus pro­fond de la trachée et à le remonter en lui imprimant un mouvement de rotation héli­coïdale qui maintient le coton au contact de la paroi trachéale. On entraîne ainsi sûrement les éventuels Mycoplasmes présents. Deux personnes sont utiles pour le confort de cette manipulation, l 'une assurant la contention de l 'oiseau, l 'autre l'écouvillonnage proprement dit; avec un peu d'entraînement, on peut écouvillon-ner ainsi une cinquantaine de volailles en moins d 'une heure. La formule que nous avons adoptée est l'écouvillonnage direct de 0,5 à 1,0% des oiseaux dans les pou­laillers, répété avec une fréquence qui peut varier d 'une semaine à un mois suivant le risque d'infection. Le rythme de prélèvement dépend de l 'environnement et de l'intérêt d 'une évaluation exacte et permanente de l 'état mycoplasmique des trou­peaux. En pratique, les écouvillons en tube sont très commodes à utiliser, permet­tant d'y introduire un milieu de transport qui maintient en vie les Mycoplasmes jusqu 'au laboratoire. On y ajoute aussi des antibiotiques divers, à des doses massi­ves, pour assurer la propreté bactériologique. Nous demandons aux techniciens d'élevage de faire ces écouvillonnages avec un maximum de soin, le matin, et de nous rapporter les prélèvements le jour même.

Les milieux de culture

Il existe peu ou pas de milieux de culture pour les Mycoplasmes dans le com­merce, à l 'image des milieux déshydratés pratiquement prêts à l 'emploi, utilisés en bactériologie courante. Quelques kits sont disponibles, partiellement reconstitués, permettant rarement la croissance d'espèces difficiles à cultiver comme les Myco­plasmes aviaires. Pour cette raison, les milieux utilisés relèvent le plus souvent de la composition interne : milieux parfaitement empiriques dans la composition desquels entrent en partie sérums, vitamines, extraits frais de levure, facteurs de croissance divers, sels minéraux et peptones. On conçoit que la mise au point de ces milieux et l 'évaluation plus ou moins objective de leurs qualités nécessite une expérimentation très longue. Le milieu FM4 (5) est largement utilisé pour cultiver les Mycoplasmes aviaires. Nous utilisons pour notre part le M96 (6). L'utilisation d 'un seul milieu permet de mieux maîtriser sa préparation. Néanmoins, une tendance actuelle con­siste à utiliser plusieurs milieux en fonction des Mycoplasmes recherchés (4).

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Les techniques d'ensemencement

L'ensemencement direct sur milieu gélosé « Mycoplasmes » donne des résultats qui sont largement suffisants dans l 'état actuel des choses (1). En pratique, une par­tie aliquote du milieu de t ransport dans lequel on a plongé l'écouvillon est directe­ment ensemencée sur gélose à la pipette stérile. Cette technique permet d'ensemen­cer rapidement de très grandes séries d'échantillons. Une fois ensemencées, les gélo­ses sont incubées dans des conteneurs étanches à 37°C. Les résultats prouvent qu'on obtient des cultures très abondantes sans qu'elles soient confluentes. Lorsque les animaux sont infectés, il y a une véritable colonisation de la trachée.

Identification

Un certain nombre de tests biochimiques suffisamment bien normalisés (8) per­mettent de différencier sans ambiguïté les différentes espèces de Mycoplasmes sus­ceptibles d'être isolées en pathologie aviaire. Une fois la primo-culture obtenue, on prélève au hasard quelques colonies et on les repique en bouillon : après 24 ou 48 heures, on peut réensemencer une galerie que l 'on pourra lire en moyenne 48 heures plus tard. Sans pouvoir donner ici le protocole détaillé de toutes ces manipu­lations, il convient de signaler que la connaissance des antécédents pathologiques des troupeaux, de leur environnement et de la vitesse de croissance des colonies sur milieu gélosé de primo-isolement sont de première importance pour l 'orientation du diagnostic. Ces renseignements suffisent en général à un manipulateur entraîné pour déterminer dès la primo-culture obtenue la ou les espèce(s) de Mycoplasme en cause. Cette démarche a l 'extrême avantage de s'ajuster aux besoins du terrain. Elle diffère fondamentalement de celle menée pour identifier un nouveau sérotype.

En dehors de la séro-agglutination rapide sur lame, des techniques sérologiques plus précises existent mais leur application en routine est entravée par la complexité de leur mise en œuvre et par le manque de réactifs disponibles.

Nous avons mis au point une technique directe qui finalement ne nécessite qu'une bonne maîtrise de la reconstitution du milieu de culture. Cette technique a l'avantage de permettre un diagnostic précoce car on isole le germe avant l 'appari­tion des anticorps (3 semaines environ).

Par ailleurs, il est possible que, dans l 'avenir, cette technique permette de révé­ler d'autres espèces pathogènes comme cela a été démontré dans les conditions expérimentales pour M. iowae (3). Dans cette optique, la méthode permet de rai­sonner non pas simplement en termes de présence ou d'absence d 'un sérotype parti­culier mais bien d 'un Mycoplasme, voire d 'un Mollicute en général.

L'écouvillonnage trachéal des oiseaux vivants, s'il présente des avantages évi­dents, nous impose de travailler sur des sujets d 'une taille suffisante.

L'objectif futur est d 'appliquer en routine l 'isolement des Mycoplasmes chez des oiseaux très jeunes. Malheureusement, nous devons nous contenter pour le moment de faire les prélèvements après autopsie, ce qui limite le nombre d'échantil­lons pouvant être traités. Nous pratiquons depuis peu l 'écouvillonnage de la fente palatine.

Une fois le diagnostic de présence ou d'absence de Mycoplasme posé, l 'applica­tion des tests biochimiques les plus simples permet le plus souvent d'identifier les espèces qui nous intéressent en pathologie aviaire. Primo-culture et identification

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biochimique demandant en moyenne une semaine, une technique qui permettrait d'aller plus vite est l 'immunofluorescence (2). Il est tout à fait envisageable de prati­quer cette technique en routine et de faire l'identification dès le primo-isolement. On gagne ainsi encore quelques jours .

La méthode suppose qu 'on ait à disposition un bon microscope de laboratoire équipé en épifluorescence, et surtout les immunsérums correspondant aux souches pouvant être rencontrées. C'est une contrainte, mais qui peut être surmontée facile­ment.

Cette maîtrise de la culture sur écouvillons de trachée n'est pour nous qu'une étape. Nous explorons d'autres méthodes :

— culture à partir de l 'œuf embryonné;

— adaptation de la technique ELISA à la recherche des anticorps anti­mycoplasmes, tout en espérant qu'il sera bientôt possible de détecter l'antigène comme nous le pratiquons déjà dans le dépistage de la leucose lymphoïde;

— suivi du statut sérologique des troupeaux par l 'automatisation des analyses et la mise en mémoire des résultats afin d'obtenir des cinétiques ( f lock profiling).

C O N C L U S I O N

Le contrôle officiel hygiénique et sanitaire des reproducteurs volailles, mis en place en France, contribue à une amélioration de la situation sanitaire de la produc­tion avicole. Certaines entreprises se donnent des moyens supplémentaires permet­tant d'aller plus loin dans la connaissance du statut sanitaire des élevages reproduc­teurs et multiplicateurs. Le nombre élevé de contaminants nécessite des mesures globales de protection sanitaire, un programme de contrôle expérimental précis et un plan de vaccination permettant de protéger la descendance. Ces mesures sont choisies de manière à ne pas contrarier les contrôles sérologiques effectués sur les poussins destinés à l 'exportation vers certains pays dont les réglementations peu­vent différer de celles de la France.

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THE SUPERVISION OF POULTRY BREEDING IN FRANCE. — E. Goater.

Summary : Infectious diseases, whether viral or bacterial, bring about changes in the characteristics of the eggs in the species Gallus gallus. At the same time, fertility in cocks may also decline, as may hatchability, and incubation may be accompanied by high embryonic mortality. The transmission of viruses or bacteria takes place in the ovule or by contamination of the surface of the egg.

In certain infections, maternal antibodies can also be transmitted, and this propensity means that vaccination of breeding fowls can protect the newly-hatched chick.

In order to overcome vertical transmission of infectious agents, the Ministry of Agriculture has set up an official hygiene and veterinary inspec­tion system for egg producing and incubation establishments. Application of this system is taking place progressively in France.

The author refers to a company undertaking selective breeding, which has taken more stringent measures and which has breeding sheds and incubators

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in a protected environment, an internal laboratory for veterinary supervision, and a testing system for mycoplasmas.

KEY-WORDS : Bacterial diseases - Congenital infection - Disease surveillance -Egg production - France - Mycoplasmosis - Poultry - Poultry diseases - Protection measures - Reproductive disorders - Tes­ting procedures - Veterinary services - Viral diseases.

* * *

CONTROL DE LOS REPRODUCTORES AVES EN FRANCIA. — E. Goater.

Resumen : Las enfermedades infecciosas, víricas o bacterianas, provocan en los reproductores de la especie Gallus gallus alteraciones en las características del huevo. Simultáneamente, también puede disminuir la fertilidad de los gal­los, como así la aberturabilidad del huevo, la incubación pudiendo ser acom­pañada por una elevada mortalidad embrionaria. La transmisión de virus y bacterias tiene lugar a nivel del óvulo o por la contaminación de la superficie del huevo. En algunas afecciones, pueden transmitirse asimismo los anticuer­pos maternos y esta propiedad hace interesante la vacunación de los reproduc­tores para proteger al pollito en los primeros días.

Con objeto de supervisar la transmisión vertical de los agentes infecciosos, el Ministerio de Agricultura ha organizado una inspección oficial higiénica y sanitaria de las plantas productoras de huevos de incubar y de las plantas incu­badoras. Su aplicación en Francia se viene haciendo progresivamente.

Una sociedad de selección avícola ha adoptado además medidas más riguro­sas : edificios de cría y incubadores en ambiente protegido, laboratorio interno de controles sanitarios, laboratorio de investigaciones sobre micoplasmas.

PALABRAS CLAVE : Aves - Enfermedades aviares - Enfermedades bacte­rianas - Enfermedades víricas - Francia - Infección congenita - Medidas de protección - Métodos de con­trol - Micoplasmosis - Producción de huevos - Servi­cios veterinarios - Trastornos de reproducción - Vigi­lancia sanitaria.

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BIBLIOGRAPHIE

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