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Le Collectif des Trois MuletsCollectif d'acteurs maghr6bins de langue frangaise

et d'artistes d'ici et d'ailleurs.

1 1Projet Laábi PI

Th6átre et M6moire

Tank RIBHScenographe

Claire CAHENComedienne

Ali ESMILIComedienMise en Scene

Boutaina EL FEKKAKComedienne

NOTRE PROJET EN UNE PAGE

LE FEU SUR LA MONTAGNE

"Le feu sur la montagne" est un voyage theatrel autour de l iceuvre d'Abdellatif et Jocelyne Laabi. Aucceur d'un collectif d'acteurs franco-maghrebins et bilingues, Mee qui nous anime et nous nourritdepuis longtemps est de monter des auteurs de langue frangaise vivant ou ayant vecu dans lepourtour du bassin mediterraneen et plus particuliérement au Maghreb.

Avec Abdellatif Laabi, nous sommes au cceur du sujet. Cet auteur marocain s'est battu, sa vie durant,pour une parole libre et sera distingue par le prix Goncourt de la poesie en 2009. II est aujourd'hui unsymbole du Maroc moderne reconcilie avec sa memoire.

De la tendre enfance a Fes, a l'exil a Creteil, en passant par la maison centrale de Kenitra, et a traversses correspondances avec sa femme Jocelyne et leurs recits de vie, nous parcourons l'histoire d'unpays aux traditions millenaires, mais aussi l'histoire d'un pays face a ses incoherences.

Aprés une residence de travail a l'institut frangais de Fes, oil nous avons rencontre des acteursculturels locaux, nous avons pu montrer une premiere ebauche de notre travail. Nous recherchonsdesormais des partenaires qui nous accompagneraient dans ce projet.

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THEATRE ET MEMOIRE

Residence IFF, Octobre 2012

Pour penser notre avenir, nous choisissons de nous tourner vers notre mêmoire.Non pas celle des historiens mais la mêmoire subjective des grands auteurs. Vacueou non, digarde ou non, mais crade, travaillae, et devenue oeuvre littaraire.

Ensuite c'est a nous de "jouer et de faire oeuvre de theatre avec leurs textes, ennous les appropriant, en dialoguant avec eux, afin de nous reapproprier et depreserver la mêmoire collective et individuelle, dans une damarche dapourvue detout esprit de colére, rancoeur ou provocation gratuite, avec fierta et responsabilita,afin d'en tirer les enseignements et contribuer a la culture du dialogue et si possible a('elaboration des valeurs communes du vivre ensemble.

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LE COLLECTIF DES TROIS MULETS

GENESE

L'idee de ce collectif est née tout d'abord de la lecture de certains auteurs. Desauteurs qui ont fait de leur vie un acte d'ecriture. Nous ne pourrions, en preambule,ne pas en citer quelques uns, car ils seront le socle et la pierre angulaire de ceprojet: Kateb Yacine, Abdellatif Laebi ou encore Sony Labou Tansi. De ces doltssurgit une histoire commune, un heritage commun que nous aimerions porter surscene. Guerres d'independance, militantisme, enfermement, amour de la terre,amour de la patrie, amour de la femme, exil, et les voici "ternoins d'une Histoire dontils ont, faisant oeuvre de poétes, interiorise les soubresauts et les horreurs, pourapporter a tous un surcroit de lumiére".

Pour certains, la France sera" la gueule du loup", pour d'autres, elle sera terred'asile. Pour certains, un vieux compte d'amoureux a regler, pour d'autres, le debutd'une parole libre.

L'idee de ce collectif nail donc de ce rapport aux auteurs et aussi de ce que noussommes, migrant de fait ou par heritage. Et de cet etat de fait nous aimons l'idee del'entre deux comme un appel au recul et a la reflexion. Comme une affirmation dechaque versant de notre double culture, chacune de nos pensees etant duelle, pourtoujours en dialogue avec un double de soi-merne, ici ou de l'autre cote de la mer.Nous vivons en France et nous ne pouvons oublier notre Histoire et notre ailleurs,nos dissemblances et nos particularismes.

"Cheque jour apporte sa question. Celle d'aujourd'hui a trait au lieu. Jene sais comment la formuler. Je pars du sentiment que j'ai un problemede lieu, ou plutOt un probleme dans mon rapport au lieu : ma fawn d'y8tre et de ne pas y 8tre, d'y evoluer comme s'il m'etait demeure etterritoire, alors que la terre se derobe sous mes pieds quand j'essaie deme fixer quelque part. Une partie de moi est donc toujours ailleurs,releve de cet ailleurs. Elle ne m'appartient que dans la mesure 00 elleprepare ('emergence d'un autre lieu 00 je ne me sentirais pas plus mal."Abdellatif Lafibi.

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PROJET LAABI :

« LE FEU SUR LA MONTAGNE »AUTOUR DE L'CEUVRE D'ABDELLATIF ET JOCELYNE LAABI

SPECTACLE POUR 3 COMEDIENS

PROJET INITIE PAR : ALI ESMILI

SPECTACLE DE ET AVEC: CLAIRE HELENE CAHEN, BOUTAINA EL FEKKAK, ALI ESMILI ETTARIK RIBH

L'idde est de parcourir ces dcrits toutcomme nous parcourons l'histoire d'unpays face a ses incohdrences, l'histoired'une rêvolte podtique face a la tyrannie.Car il s'agit bien lé d'une oeuvre quilaisse peu de place a la fiction, il s'agitd'une oeuvre a dchelle humaine 00l'expdrience est vdcue dans la chair.Abdellatif Laabi dcrit sa vie.Correspondances, dcrits de prison,souvenirs d'enfance, il met en branlenotre clêsir d'en savoir plus sur les affresde ('injustice, sur la douleur del'isolement et la souffrance des autres.Jocelyne Laabi nous raconte son durcombat de femme de prisonnier.Nous avons choisi de travailler a partird'entrelacs de poémes, de lettres et dedialogues pour ddcouvrir la vie bouleversante d'un homme. Un voyage intime etvibrant qui nous emméne aux sources de nos questionnements, aux bas-fonds denotre humanitê mais aussi a l'ironie la plus fdroce et a l'espoir le plus fou.

De la tendre enfance a Fés a l'exil a Crêteil, nous essayerons de donner voix a cettepodsie vitale et essentielle qui ne cesse de questionner son utilitê et de dênoncerl'absurditê du monde autant que sa beautd.

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ALI ESMILI

Aprés l'ecole du theatre national de Chaillot, il integre la64éme promotion de I'ENSATT a Lyon et travaille avecdifferents professeurs et metteurs en scene, dont : AdolfShapiro, Kristian von Treskow, Philippe Delaigue, ChristianSchiaretti, Jean Claude Durand ou encore Pierre Vial.Paral!element, il a participe a differents stages et festivalsau Maroc.Depuis 2004, il est membre actif de la fondation Alif Lamde lutte contre l'analphabetisme et participe a la realisationde spectacles de sensibilisation sur le sujet.A sa sortie de I'ENSATT en juin 2005, il rejoint, jusqu'enWirier 2008, la troupe de comediens permanents de laComedie de Valence. II joue notamment dans les spectacles de Christophe Perton,Jean-Louis Hourdin, Anne Bisang, Yann-Joêl Collin et Olivier Maurin. Et plus tardavec Sebastien Bournac, a Toulouse ou encore Vincent Farasse avec qui il monteraun spectacle en itinerance sur Kateb Yacine. (Loin de Nedjma, tournee dans le cadrede la comedie itinerante de la Comedie de Valence). Au cinema, il joue les rolesprincipaux dans « La cinquiéme corde » de Selma Bargach, et « Andalousie monamour » de Mohamed Nadif .

CLAIRE HELENE CAHEN

Toute petite elle commence le theatre, et se retrouve auConservatoire de Region de Metz a 14 ans. Aprés une licenced'êtudes theatrales obtenue en 2005 a la Sorbonne Nouvelle,elle integre I'ENSATT 00 elle travaille aux cotes de differentsprofesseurs et metteurs en scene dont Philippe Delaigue,Vincent Garranger, Christian Schiaretti, Madeleine Marion,Bruno Meyssat, Marc Paquien, Mathias Langhoff, MichelRaskine...Differents stages de formation continue lui font rencontrerRend Loyon, Pierre Vial, Serge Lipsyc et les Tg Stan.DiplOmee en 2008, elle est egalement comedienne pourStephanie LoYk, Michel Didym, Bertrand Sinapi, NadégeCoste. Recemment elle participe a un projet Franco-Japonais avec Jean De pange etShiro Maeda, puis joue dans le Caligula de Stephane ()livid Bisson aux cotes deBruno Putzulu. Au cinema, aprés deux longs-metrages marocain avec Hassan BenJelloun, et Selma Bargach, elle tourne dans le dernier film de Phillippe Sisbane.

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BOUTAINA EL FEKKAK

Aprés l'obtention de son bac S a Rabat,elle part êtudier la philosophie a l'Universitê McGill a Montréal.Ensuite elle suit une formation de thdatre a I' Ecole ClaudeMathieu a Paris avant d'intégrer I' Ecole du Thdatre Nationalde Strasbourg ou elle travaille avec Braunschweig, Francon,C.Rauck, Y-J Collin, J. Bonnell... Depuis l'obtention de sondiplOme en 2007, elle poursuit une carriére dans le circuit duthdatre subventionnd frangais a raison de deux ou troiscreations par an, que ce soit a Paris (Comddie Frangaise,thdatre de la Bastille, thdatre de la Cite Internationale...)oudans les Centres Dramatiques Nationaux (Thdatre National deToulouse, Le Point du jour a Lyon, La Comddie de Valence...)et en Belgique ( Thdatre Monty, Anvers). Elle a jouê des auteurs classiques(Corneille, Moliére, Paul Valdry...) et contemporains ( Novarina, John Berger, FouadLaroui, Youssef Fadel...) Elle a travaillê avec Hervê Pierre, les TG Stan, Alain011ivier, Bruno Bayen, Caroline Guidla N'Guyen, Jean Bellorini, Marie Ballet, PhilippeDelaigue...

TARIK RIBH

Nd en 1980 a Rabat, il est scdnographe chercheur.Bachelier en Arts Plastiques au Lycée Hassan II aMarrakech. II poursuit ses etudes artistiques a l'InstitutSupdrieur d'Art Dramatique et d'Animation Culturelle(ISADAC) de Rabat dont il obtient son diplOme descdnographe en 2007.

En paralléle de son engagement professionnel avec plusieurstroupes de thdatre, il integre un Master en etudes thdatrales al'Universitê Ibnou Toufail de Kénitra. En 2009, il le rdussiraavec un mêmoire sur : « la scdnographie et ses ?.domaines ». II prepare actuellement son doctorat, au laboratoire des etudesthdatrales de l'Universitê Inbnou Toufayl, sur « le thdatre de rue au Maroc ».II est président de ('Association Nous Jouons pour les arts (N.J), Directeur artistiqueet co-fondateur du Festival International « The-Arts» qui s'organise a Rabat, etMembre du bureau du Syndicat Marocaine des Professionnels de Thdatre (SMPT),section de Rabat.II a eu plusieurs prix de plusieurs festivals au niveau national.

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RESIDENCE A CINSTITUT FRANCAIS DE FES

Nous avons essaye de multiples versions de montages autour de ('oeuvre Laêbi.Du 5 au 20 octobre 2012, l'IFF nous a accueilli pour une residence de recherche.Cette etape nous a permis de mettre a l'epreuve notre adaptation et notre selectionde textes. Un spectacle d'une heure est ne, premiere êbauche de ce que noussouhaitons étre une version plus approfondie de notre travail.

Au cur d'un riad, nous avons choisi de creer un espace en tri frontal pour mieuxfaire entendre cette parole 00 l'isolement et l'enfermement est au centre du debat.Autour des figures de ('spouse et de la mere, la parole voyage et fait apparaitre toutela force et l'universalite d'un combat pour plus de liberte.

Une presentation a ('issue de la residence nous a confirms ('importance que cetteparole soit rendue publique, vivante, et portee par des comediens a voix haute etentendue. Beaucoup d'anciens detenus etaient presents, et touches par cette histoirequi est aussi la leur et plus largement celle de tous.Nous voilê donc dans une sorte de theatre-temoignage, qui nous semble étre lemeilleur angle pour aborder ce projet ou la frontiére entre recit et incarnation restetrés êtroite.

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L'AUTEUR EN DETAILTEXTE DE YACINE LAABI (SON FILS)

Abdellatif Laabi, « presume ne en 1942 ».Une boutade ? Mame pas. Une date de naissance au juge, quand les autorites duprotectorat se decident a generaliser l'etat civil au Maroc.Un flou qui sied a un homme qui s'insurge contre les etiquettes.Va pour 1942.

Au commencement, Fes, donc. « Les ruelles et les cimetiéres. » Ville-labyrinthe 00les enfants se frottent a la vie, cimetiéres 00 l'on joue au football pieds nus pour nepas abimer ses chaussures. Les ruelles, domaine du travail humble et patient desartisans ; de Driss, le pére, artisan sellier.

« L'artisan obscurdans l'echoppe obscuredans le pays obscurPicasso du silence »

Et Ghita, la mere aux yeux verts, en rêvolte permanente contre sa condition,fdministe avant l'heure et sans le savoir.II fera d'elle 1'116i-dine de son roman Le Fond de la jarre,

Entrée a l'ecole franco-musulmane. II decouvre pale-male la lecture, la languefrangaise, la condition de petit colonise. Au sortir de l'ecole, sur les placettes 00 lesconteurs l'ouvrent au territoire de l'imaginaire, il contemple les paysages urbains ethumains, y forge sa sensibilite. A l'independance, en 1956, il a quatorze ans.

II ecrit déje. Qu'est-ce qui lui a insuffle « le mal d'ecrire » ? « Mon premier choc fut ladecouverte de l'ceuvre de DostoIevski. Je decouvrais avec lui que la vie est un appelinterieur et un regard de compassion jete sur le monde des hommes. »

Sautons quelques etapes pour arriver a l'universite, a Rabat. La section de lettresfrangaises manque cruellement d'aspirants professeurs, on l'y inscrit d'office.II ravait d'êtudier le cinema, a defaut la philosophie. Mais va pour les lettresfrangaises...

En 1963, il participe a la creation du Theatre universitaire marocain. Le, entre Brechtet Arrabal, il rencontre Jocelyne, etudiante venue de Meknes, passionnee de theatreelle aussi.Ils se marient en 1964.

C'est alors que la tourmente politique qui l'emportera commence par un cyclonedevastateur : le massacre de milliers d'enfants qui manifestent pacifiquement aCasablanca, en mars 1965.

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« Pour mille et un enfantsEffacesd'un trait de hainea l'aube muettedes peuples fous de parole... »

II enseigne alors le frangais dans un lycde de Rabat. Le contact avec les jeunesêléves est enthousiasmant mais ne lui suffit pas. En 1966 dabute « la belleaventure » de Souffles.

Si la revue s'annonce comme poatique et l'est exclusivement dans son premiernumêro, ce n'est pas un hasard. « La podsie est le vrai laboratoire de la littarature. »Des le numaro 2, les horizons s'êlargissent : questionnement sur la culture, quelleque soit sa forme d'expression, puis peu a peu sur les problémes sociaux etaconomiques qui sont le lot de la sociata marocaine sous le regime d'injustice et decorruption qui l'accable.Souffles, ce sera 22 numêros en frangais, 8 numêros en arabe (Anfas, « souffles »en arabe), ou toutes les questions qui agiteront le champ intellectuel dans lesdacennies suivantes sont posdes.« Cette experience fondatrice a permis un reel bouleversement du champ littarairemaghrabin. »

Parallélement, it s'implique dans ('action politique.« Le pas que j'avais franchi dacoulait normalement de ma ravolte et de mesexigences d'acrivain. Les mots de ma rebellion ne pouvaient pas ate gratuits. Jedevais me prendre, les prendre au mot. »II rejoint les rangs du Parti pour la liberation et le socialisme (avatar du Particommuniste marocain), le quitte, est en 1970 l'un des fondateurs du mouvementd'extrame gauche Ilal-Amam, clandestin par la force des choses et du regime de fer.

1972, janvier. Debut de l'annae, debut des annaes noires, de la chape de silence etde peur qui s'abat sur le pays.Arrestation. Torture. Prison. En marne temps que des dizaines de jeunes hommes etquelques femmes, iddalistes et ravoltas par ('injustice.

En 1973, it est condamna a dix ans de prison. Une parodie de justice : les preuves« accablantes » de son entreprise de subversion, du complot qu'on ('accuse d'avoirfomenta contre le regime, sont les numêros au complet de Souffles et d'Anfas.Et on l'enferme dans la « citadelle d'exil », a Kenitra, 00 it devient le prisonniernumaro 18611.« On apposa un numaro sur le dos de mon absence »On l'enferme. Mais se laisse-t-il enfermer ? II ne cesse d'acrire, de se brOler auxinterrogations, aux remises en question en lui, autour de lui, d'aimer. De vivre. II necesse d'être libre.« Je n'irai pas jusqu'a remercier mon geOlier, mais j'avoue que sans lui la liberta quej'ai gagnae serait restde pour moi une notion assez abstraite. Alors, dans cette affaireet malgra les apparences, qui a eu le dernier mot, de lui ou de moi ? »Au bout de huit ans et demi, en 1980, les portes de la citadelle s'entrouvrent pour luiet quelques-uns de ses compagnons de detention, grace a une campagne

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internationale en sa faveur. II n'a rien perdu de ses exigences, de sa capacitd derdvolte, de son élan vers une plus grande humanitd.« La prison m'a beaucoup appris sur moi-mdme, sur l'êtrange continent de moncorps et de ma mdmoire, sur mes passions et leur tout aussi dtrange labyrinthe deracines, sur ma force et ma faiblesse, mes capacitds et mes limites. La prison estdonc une impitoyable dcole de transparence. »

Cinq ans plus tard, il quitte le Maroc pour la France. Quitter ? Exile ? Quelle sorted'exild est-il ?

« La distance prise avec le pays me rapproche plus de lui. Elle me permet de mieuxl'inscrire dans une ddmarche de l'universel. L'dloignement est le nouveau prix apayer. L'dcriture y gagne sa vraie libertd, et sa vdritd en quelque sorte. Elle ne seconforme plus qu'd ses propres exigences. Elle ne signe plus les subversions. Elleest subversion. »

Libertd, le maitre mot.

Depuis, il s'est fait passeur de mots, s'attelant a la traduction en frangais de nombred'auteurs arabes, des poétes pour l'essentiel.Et surtout, d'un livre l'autre, il ddveloppe une oeuvre qui touche tous les genreslittdraires (roman, thddtre, essai, livres pour enfants) mais dont le fondementessentiel reste l'humain,

« Je n'ai jamais cessd de marcher vers mes racines d'homme »

et le moyen d'expression privildgid, la podsie.

« La podsie est tout ce qui reste a l'homme pour proclamer sa dignitd. »

Un livre aprés l'autre, il creuse son sillon particulier, d'une plume toujoursrenouvelde, avec le regard de celui qui sait encore s'dmerveiller devant la vie, decelui qui piaffe parfois devant les limites imposdes, la difficultd de dire : « Je suis apeine ne a la parole ».Un homme qui ne triche pas.

« C'est ma vieque je mets Id en motsque je traduis en imagesplus ou moins heureusesque j'interroge, bousculeet presse comme un citron »

P.-S. Abdellatif et Jocelyne ont eu trois enfants : Yacine, ne en 1965, Hind, née en 1966, Qods, néeen 1972.

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LES TEXTES

L'arbre de fer fleurit (extrait de Sous le báillon le poéme, poeme )La langue de ma mere, Question ( extraits de L'etreinte du monde)Les petites choses (extrait de Le soleil se meurt )Les rides du lion (roman, extraits)Chronique de la citadelle d'exil ( lettres)La liqueur d'aloés (de Jocelyne Laelp i, choix de lettres et recit)Le fond de la jarre (roman, extraits: la mere au cinema, et monologue de la mere)

Quelques Extraits :

La langue de ma mere

"Je n'ai pas vu ma mere depuis vingt ansElle s'est laissee mourir de faimOn raconte qu'elle enlevait chaque matinson foulard de t8teet frappait sept fois le solen maudissant le ciel et le TyranJ'etais dans la caverneIA ou le forgat lit dans les ombreset peint sur les parois le bestiaire de l'avenirJe n'ai pas vu ma mere depuis vingt ansElle m'a laisse un service a café chinoisdont les tasses se cassent une a unesans que je les regrette tant elles sont !aidesMais je n'en aime que plus le caféAujourd'hui, quand je suis seulj'emprunte la voix de ma mereou plutOt c'est elle qui parle dans ma boucheavec ses jurons, ses grossieretes et ses imprecationsle chapelet introuvable de ses diminutifstoute l'espece menacee de ses motsJe n'ai pas vu ma mere depuis vingt ans

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mais je suis le dernier hommeA parler encore sa langue"

L'arbre de fer fleurit

" Et puis tes yeuxcomme ce feu sur la montagnemais une montagne oCI se serait transport6e la mercomme pour munir d'une double transparencela voCite du cieltoutes les nuances du bleuavec un soupgon de vert-for6tet des pigments fauves de terretels je les imagine(---)Tiens bon camaradene laisse pas une lamp6ede la soupe qu'on to pousseune miette de paincouvre-toi comme to peuxessaie de dormirprends garde A ta pr6cieuse santerassemble tes forcesroc inatteignablefer tremp6ainsi affronter I'ennemidans ta superbe"

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47.)

0

Lz.;

Le fond de la jarre

"- Mere au cinema, it faut eteindre, sinon on ne peut pasvoir les images.- Ah bon, je ne savais pas. Mais moi, mon fils,l'obscurite me fait eclater le coeur.- Patiente, ma petite mere. Regarde, le film commence.

Voici Farid al-Atrach.- C'est lui ? Je ne l'imaginais pas comme ca. La pestel'emporte. II a la bouche de travers. Et puis to asremarque, il a un oeil qui dit merde a l'autre.- Arre'te. II a une voix en or. Tu verras quand il se mettra

A chanter.- Qu'est-ce qu'il attend,alors ? II ne fait que parler,bla-bla et re-bla-bla. Je necomprends rien a ce qu'ilraconte. Le bavardage, j'enai la te'te pleine. Allons,messieurs, donnez-nousvoir la danse et la transe!

(---)Allah, c'est comme ga que je to veux ! Ah oui ! On n'a

pas pays pour rien. Priere et salut sur la Prophete ! Ellea un corps d'ivoire, une taille de bambou. Et comme ellese dehanche ! On dirait qu'elle n'a pas d'os. Que Dieu lagarde pour ses parents. Mais dis-moi, elle va se marieravec cette bouche de travers ? Quelle perte ! "

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PROCHAIN PROJET : LAROUI

« La disparition »

Un spectacle autour de nouvelles de Fouad Laroui

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