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79 Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 2003, 142, 79-100 ÉTUDE DE LA RÉSISTANCE DE BOTRYTIS CINEREA AUX BENZIMIDAZOLES, DICARBOXIMIDES ET DITHIOCARBAMATES DANS LES CULTURES ABRITÉES DE TOMATE DE LA RÉGION DU GHARB (MAROC) (*) A. HMOUNI (1) , L. OIHABI (1) , A. BADOC (2) , A. DOUIRA (1) Malgré une intense protection phytosanitaire, la pourriture grise de la Tomate occasionnée par les attaques de Botrytis cinerea continue à provoquer d’importants dégâts. L'étude de la sensibilité de six isolats de la région du Gharb aux principaux fongicides antibotrytis employés au Maroc a révélé une forte résistance de ce parasite au bénomyl et au méthylthiophanate. La croissance mycélienne n'est pas inhibée, même à 1000 ppm. La germination des conidies n’est pas affectée par le méthylthiophanate et faiblement par le bénomyl. Les dicarboximides, relativement plus efficaces, sont aussi confrontés au phénomène de résistance. Tous les isolats testés se sont développés à 10 ppm, la procymidone donnant de meilleurs résultats que la vinchlozoline. Néanmoins, les concentrations inhibitrices CI 50 de la croissance mycélienne les plus faibles ont été notées en présence d’iprodione. La germination des conidies est faiblement inhibée par les dicarboximides avec des CI 50 supérieures à 100 ppm. (*) Manuscrit reçu le 25 mai 2003. (1) Laboratoire de Botanique et de Protection des Plantes, Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université Ibn Tofaïl, BP 133, 14000 Kénitra, Maroc. [email protected], [email protected], [email protected] (2) Laboratoire de Mycologie et Biotechnologie végétale – EA 3675, Faculté des Sciences pharmaceutiques, Université Victor-Segalen Bordeaux 2, 146, rue Léo- Saignat, 33076 Bordeaux Cedex. [email protected]

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Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 2003, 142, 79-100

ÉTUDE DE LA RÉSISTANCE DE BOTRYTISCINEREA AUX BENZIMIDAZOLES,

DICARBOXIMIDES ET DITHIOCARBAMATESDANS LES CULTURES ABRITÉES DE TOMATE

DE LA RÉGION DU GHARB (MAROC) (*)

A. HMOUNI ( 1 ) , L . OIHABI ( 1 ) , A. BADOC ( 2 ) , A. DOUIRA ( 1 )

Malgré une intense protection phytosanitaire, la pourrituregrise de la Tomate occasionnée par les attaques de Botrytiscinerea continue à provoquer d’importants dégâts.

L'étude de la sensibilité de six isolats de la région du Gharbaux principaux fongicides antibotrytis employés au Maroc a révéléune forte résistance de ce parasite au bénomyl et auméthylthiophanate. La croissance mycélienne n'est pas inhibée,même à 1000 ppm. La germination des conidies n’est pas affectéepar le méthylthiophanate et faiblement par le bénomyl.

Les dicarboximides, relativement plus efficaces, sont aussiconfrontés au phénomène de résistance. Tous les isolats testés sesont développés à 10 ppm, la procymidone donnant de meilleursrésultats que la vinchlozoline. Néanmoins, les concentrationsinhibitrices CI50 de la croissance mycélienne les plus faibles ontété notées en présence d’iprodione. La germination des conidiesest faiblement inhibée par les dicarboximides avec des CI50

supérieures à 100 ppm.

(*) Manuscrit reçu le 25 mai 2003.

(1) Laboratoire de Botanique et de Protection des Plantes, Département de Biologie,Faculté des Sciences, Université Ibn Tofaïl, BP 133, 14000 Kénitra, [email protected], [email protected], [email protected]

(2) Laboratoire de Mycologie et Biotechnologie végétale – EA 3675, Faculté desSciences pharmaceutiques, Université Victor-Segalen Bordeaux 2, 146, rue Léo-Saignat, 33076 Bordeaux Cedex. [email protected]

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Les dithiocarbamates ont fortement inhibé la germinationconidienne du pathogène. Le thirame est particulièrement efficace(CI50 < 2 ppm). Pour la croissance mycélienne, il donne demeilleurs résultats que le mancozèbe (CI50 de 3,3 à 17).

Les deux souches les moins agressives sur des rondelles detomate s’avèrent les plus sensibles aux dithiocarbamates et auxdicarboximides.

La résistance, particulièrement aux benzimidazoles et auxdicarboximides, impose l'adoption d'autres stratégies de lutte.

INTRODUCTION

Botrytis cinerea Pers., agent causal de la pourriture grise, est capabled'infecter un grand nombre de plantes cultivées (tomates, raisins, haricots,fraises, etc.) à n’importe quel stade de leur développement ainsi qu’enpériode de stockage [1]. En absence de variétés de Tomates résistantes à cepathogène, le contrôle de cette maladie est basé sur l’usage répété defongicides, principalement des benzimidazoles et des dicarboximides, quin’empêchent pas des pertes considérables de rendement, surtout en culturesabritées. Diatta [10] a constaté la présence de la pourriture grise dans 96 %des exploitations visitées au Maroc. Besri et Diatta [5] ont montrél’importance de la résistance de B. cinerea au bénomyl et auméthylthiophanate.

L’inefficacité de la chimiothérapie est généralement attribuée àl’apparition de souches résistantes [9,11-12,17,21,28]. Leur maintien paraît liéà leur capacité à survivre dans les conditions naturelles et à entrer encompétition avec les souches sensibles en terme de potentiel d’infection, desporulation ou encore de dissémination. D’où l’intérêt des tests de virulencedes souches retenues dans les études de résistance.

Le niveau de résistance des souches de B. cinerea dans la région duGharb est encore inconnu. Afin de mieux gérer l’utilisation des fongicides,nous avons étudié leur influence sur la croissance mycélienne et lagermination conidienne de quelques isolats de B. cinerea. Par la mêmeoccasion, nous avons évalué la virulence de ces isolats sur des rondelles defeuilles de Tomate.

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MATÉRIEL ET MÉTHODES

Matériel fongique

Six isolats de Botrytis cinerea ont été obtenus à partir de chancressporulés développés sur des tiges de pieds de Tomate provenant de serres decinq exploitations de la plaine du Gharb au Maroc (Tableau I). Les tiges ontété placées dans des sachets en plastique. Un fragment de mycélium a étéprélevé de manière stérile à l'aide d'une aiguille, placé sur un milieu PDA(Potato Dextrose Agar) et incubé dans une chambre humide 24 à 48 h à20°C pour favoriser la sporulation et faciliter l’isolement.

Tableau I :

Origine et désignation des isolats utilisés dans le test de résistance.

Localité Bouknadel Mnasra Fouarate Sidi Taibi

Isolat B1 B10 B12*, B13* et B16 B18

* : B12 et B13 proviennent d’une même serre

Des repiquages successifs d’un peu de mycélium en bordure desjeunes colonies sont réalisés jusqu'à purification totale du champignon enboîtes de Petri à l’obscurité et à 22°C.

Fongicides et concentrations retenues

Les matières actives les plus commercialisées pour lutter contre lapourriture grise de la Tomate ont été retenues et appartiennent à troisfamilles de fongicides :

- les benzimidazoles : bénomyl (Benlate®, 50 %), méthylthiophanate(Pelt 44® , 70 %). Il peut paraître surprenant d’inclure leméthylthiophanate dans la famille des benzimidazoles. Cependant,il a été démontré que ce produit génère le méthyl-2-benzimidazolecarbamate (MBC, carbendazime) qui est le même composéresponsable de l’activité fongitoxique du bénomyl [37].

- les dicarboximides : iprodione (Rovral®, 50 %), vinchlozoline(Ronilan®, 50 %), procymidone (Sumisclex®, 50 %),

- les dithiocarbamates : thirame (Pomarsol®, 80 %), mancozèbe(Dithane®, 80 %).

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Le choix des concentrations est effectué sur la base d’essaispréliminaires et des travaux de certains auteurs [5,16,42].

Pour le test de croissance mycélienne, une seule gamme deconcentrations a été utilisée : 0,1 ; 1 ; 10 ; 100 ; 500 et 1000 ppm.

Pour le test de germination, cette même gamme a été testée pour lebénomyl, a été limitée à 100 ppm pour le méthylthiophanate, l’iprodione etmoins pour les dithiocarbamates tandis qu’en présence de la vinchlozolineet de la procymidone, la gamme de 250, 500, 750 et 1000 ppm a été retenue.

Test de croissance mycélienne

Le test est réalisé selon la méthode de Wang et al. [42]. Lesfongicides mis en suspension dans l'eau distillée stérile sont dilués jusqu’àobtention des concentrations désirées, puis additionnés au milieu PDA ensurfusion à 45°C. Les milieux sont coulés dans des boîtes de Petri de 90 mmde diamètre. Après solidification, des disques mycéliens de 5 mm dediamètre sont prélevés sur une jeune colonie de B. cinerea et un disque estdéposé au centre de chaque boîte.

Après quatre jours d'incubation à température ambiante (22°C), lacroissance est estimée en mesurant le diamètre moyen de chaque colonie(deux diamètres perpendiculaires). Au-delà de cette durée, B. cinerea ayantune croissance rapide, la boîte ne suffirait plus à le contenir, tout au moinsen ce qui concerne les témoins. Par ailleurs, un contact prolongéchampignon - fongicide risque d'induire le développement de secteursrésistants [42]. Trois boîtes pour chaque isolat et chaque concentration defongicide sont prévues. L'expérience est répétée 3 fois. Le pourcentaged'inhibition de la croissance mycélienne est calculé selon la formulesuivante :

I (%) = 100 x (A - B)/A

où A = diamètre moyen des colonies témoins et B = diamètre moyendes colonies traitées.

De l’équation de régression linéaire entre les logarithmes décimauxdes concentrations de fongicides (en abscisses) et les pourcentagesd’inhibition de la croissance transformés en valeurs probit (en ordonnées),on détermine les concentrations réduisant de 50 % (CI50) la croissancemycélienne.

Test de germination conidienne

Le test est réalisé selon la méthode de Wang et Coley-Smith [41].Les milieux nutritifs additionnés de fongicides sont préparés comme

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précédemment, mais avec un milieu malt-agar. Ils sont coulés de façon àavoir une couche mince pour permettre le comptage microscopique desconidies. Comme la germination des spores de B. cinerea est fonction del'âge de la culture ainsi que de la concentration des spores, des suspensionsajustées à 106 conidies / ml, préparées à partir de cultures âgées de quinzejours, sont utilisées. Un volume de 0,2 ml est étalé dans chaque boîte.

La germination des conidies est observée au microscope après 16 hd'incubation à 22°C. On considère la germination comme effective si lalongueur du tube germinatif est supérieure au plus petit diamètre de laconidie. Environ 300 conidies sont observées par isolat et concentration defongicide. L'expérience est répétée deux fois.

Le pourcentage de résistance est calculé selon la formule suivante[28] :

R (%) = 100 x Gt/Go

où Gt est le pourcentage de germination à t ppm du fongicide et Gole pourcentage témoin de germination sans fongicide.

Comme précédemment, on détermine les concentrations réduisant de50 % (CI50) la germination conidienne.

Évaluation de virulence des isolats

Le test de virulence, inspiré de la technique de Wang et Coley-Smith[41], est effectué sur des disques de feuilles de 25 mm de diamètre,découpées à l'aide d'un emporte pièce. Les feuilles sont prélevées sur despieds de Tomate âgés de deux mois et sont choisies complètementdéveloppées.

Un explant mycélien de cinq mm de diamètre, prélevé à la zone decroissance active d'une culture âgée de trois jours, est déposé au centre dechaque disque foliaire dans une boîte de Pétri. Les boîtes contiennent troisrondelles de papier filtre ou bien une couche de billes de verre et sontconstamment humidifiées par de l’eau distillée stérile pour maintenir uneatmosphère saturée d’humidité. La mesure des diamètres des lésions (deuxdiamètres orthogonaux) est réalisée après quatre jours d’incubation àtempérature ambiante (22°C).

Dix disques foliaires sont traités par isolat et par type de support(papier filtre ou billes de verre). L’expérience est répétée deux fois.

L’analyse statistique est réalisée selon le test de Newman et Keuls auseuil de 5 %, pour la germination conidienne comme pour la croissancemycélienne. Les boîtes de Petri sont disposées de manière aléatoire sur lapaillasse.

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RÉSULTATS

Croissance mycélienne

Benzimidazoles

Le bénomyl comme le méthylthiophanate présente une faible actionsur la croissance mycélienne (Tableau II). À 100 ppm, la croissance des sixisolats est inhibée largement en-dessous de 50 %, conditions retenues parcertains auteurs pour considérer qu’on a affaire à des souches résistantes auxbenzimidazoles. Les isolats présentent globalement le même niveau derésistance. À 1000 ppm, la croissance mycélienne n’est inhibée que de 41 à58 %.

Tableau II :

Action d’une gamme de concentrations de deux benzimidazoles sur lepourcentage d’inhibition de la croissance mycélienne de six iolats de

Botrytis cinerea cultivés sur le milieu PDA.

ppm 0,1 1 10 100 500 1000

Fongicide Isolat

Bénomyl

B1 0 0 5,8 17 49 53

B10 0 0 12 16 38 49

B12 0 8,4 9,3 17 44 50

B13 1,6 8,4 11 20 55 57

B16 0 6,9 8,8 31 44 57

B18 0,6 2,2 5,9 16 38 55

Méthylthiophanate

B1 0 0 0 22 33 42

B10 0 1 8,6 24 32 58

B12 0 0 0 33 46 49

B13 0 0 0 9,8 23 51

B16 0 4,7 5,7 25 28 42

B18 0 0,4 5,9 7,6 46 53

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Dicarboximides

Selon le FRAC (Fungicide Resistance Action Committee) [13], unisolat est considéré comme résistant aux dicarboximides s'il est capable dese développer à une concentration de 10 ppm de matière active. Tous lesisolats testés se sont développés à cette concentration (Tableau III) etpeuvent être considérés comme résistants.

Tableau III :

Action d’une gamme de concentrations de trois dicarboximides sur lepourcentage d’inhibition de la croissance mycélienne de six isolats de

Botrytis cinerea cultivés sur le milieu PDA.

ppm 0,1 1 10 100 500 1000

Fongicide Isolat

Procymidone

B1 5,6 17 82 83 84 85

B10 7 19 82 83 84 85

B12 13 22 67 75 79 81

B13 6,5 15 75 78 78 82

B16 3,8 7 33 49 73 86

B18 21 43 79 82 86 88

Iprodione

B1 16 35 61 100 100 100

B10 13 44 58 91 100 100

B12 30 35 48 100 100 100

B13 1,3 7,4 23 85 100 100

B16 2,1 6,7 24 79 94 100

B18 13 16 50 100 100 100

Vinchlozoline

B1 0 0 20 65 77 77

B10 9,8 13 24 62 89 94

B12 9,1 16 31 68 79 81

B13 0 0 19 68 72 78

B16 0 0 1 41 51 61

B18 12 8,4 29 72 76 77

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À 10 ppm, la procymidone est significativement plus efficace quel’ iprodione et la vinchlozoline. Mais à 1000 ppm, l‘inhibition n’est totaleque pour l’iprodione.

Dithiocarbamates

Le thirame apparaît plus efficace que le mancozèbe (Tableau IV). À10 ppm, l’inhibition varie de 29 à 60 % contre 4 à 37 % pour le mancozèbe.

Tableau IV :

Action d’une gamme de concentrations de deux dithiocarbamates sur lepourcentage d’inhibition de la croissance mycélienne de six isolats de

Botrytis cinerea cultivés sur le milieu PDA.

ppm 0,1 1 10 100 500 1000

Fongicide Isolat

Thirame

B1 0 0 32 100 - -

B10 5,5 19 60 100 - -

B12 2,6 18 31 100 - -

B13 0 10 50 100 - -

B16 0 10 29 100 - -

B18 2,2 11 39 100 - -

Mancozèbe

B1 0 4,9 18 34 84 96

B10 15 18 32 66 100 100

B12 5,5 5,5 14 58 100 100

B13 7,1 7,5 10 79 100 100

B16 0 0 3,9 4,9 63 100

B18 3,1 25 37 51 74 100

L’inhibition est totale pour tous les isolats à 100 ppm de thirame. Onnote des réponses variables des isolats au mancozèbe : B13 est le plussensible et B16 le plus résistant.

Le calcul des CI50 montre (Tableau V) le faible pouvoir inhibiteurdes benzimidazoles par rapport aux dicarboximides et aux dithiocarbamates.L’iprodione présente la plus grande efficacité, exception faite de l’isolatB13 qui semble plus sensible au thirame.

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Tableau V :

Concentrations inhibitrices CI50 des trois familles de fongicides testéessur la croissance mycélienne de six isolats de Botrytis cinerea sur le

milieu PDA.

Benzimidazoles Dicarboximides Dithiocarbamates

Isolat Bénomyl Méthylthiophanate

Procymidone Iprodione Vinchlozoline

Thirame Mancozèbe

B1 762 >1000 9,5 1,6 81 17 64

B10 >1000 848 7 2,1 20 3,3 5,7

B12 >1000 >1000 10 1,2 31 4,4 14

B13 702 >1000 14 12 >100 6,6 11

B16 772 >1000 60 4,4 >100 8,6 52

B18 >1000 >1000 1,8 2,7 30 4,6 47

Les isolats de B. cinerea ne présentent pas le même profil derésistance aux fongicides, même pour une même famille chimique. Lesisolats B12 et B13 bien que récoltés de la même serre présentent unerésistance statistiquement différente à l’égard de la procymidone et de lavinchlozoline.

Germination conidienne

Benzimidazoles

À 100 ppm, le bénomyl a entraîné une légère inhibition de lagermination conidienne (Tableau VI).

Tableau VI :

Action du bénomyl sur le % de résistance à la germination conidiennede six isolats de Botrytis cinerea cultivés sur un milieu malt-agar.

ppm 0,1 1 10 100 500 1000

Isolat

B1 99 94 82 46 0 0

B10 100 96 79 61 0.2 0

B12 99 89 67 55 15 0

B13 100 92 77 56 2.2 0

B16 97 88 66 36 11 0

B18 100 94 62 51 9.1 0

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À 500 ppm, l’inhibition est presque totale avec une fréquence despores résistantes de moins de 15 %. Contrairement au bénomyl, leméthylthiophanate n’a pas d’effet sur la germination des spores(Tableau VII). À 100 ppm, la fréquence des spores résistantes oscille entre97 et 100 %.

Tableau VII :

Action du méthylthiophanate sur le pourcentage de résistance à lagermination conidienne de six isolats de Botrytis cinerea cultivés sur un

milieu malt-agar.

ppm 0,1 1 10 50 100

Isolat

B1 99 98 98 98 98

B10 100 100 100 100 100

B12 98 99 100 99 98

B13 100 100 100 99 99

B16 100 100 100 99 99

B18 100 99 98 98 97

Dicarboximides

La germination des spores est peu influencée par la présence del’iprodione (Tableau VIII).

Tableau VIII :

Action de l’iprodione sur le pourcentage de résistance à la germinationconidienne de six isolats de Botrytis cinerea cultivés sur un milieu

malt-agar.

ppm 0,1 1 10 50 100

Isolat

B1 100 99 99 91 81

B10 97 95 92 84 73

B12 94 89 82 73 61

B13 90 88 82 74 41

B16 96 95 93 85 63

B18 98 94 91 86 73

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Le niveau de résistance est encore plus élevé en présence devinchlozoline (Tableau IX). La germination n’est pas affectée à 500 ppm. À1000 ppm, les spores de tous les isolats peuvent encore germer. De même,pour la procymidone aucune des concentrations testées n’a pu inhibertotalement la germination des spores.

Une réduction nette de la longueur du tube germinatif à partir de100 ppm a été observée pour les trois dicarboximides.

Tableau IX :

Action de deux dicarboximides sur le pourcentage de résistance à lagermination conidienne de six isolats de Botrytis cinerea cultivés sur un

milieu malt-agar.

Vinchlozoline Procymidone

ppm 250 500 750 1000 250 500 750 1000

Isolat

B1 98 94 86 63 96 95 77 72

B10 88 87 76 66 87 82 74 66

B12 87 81 80 48 86 83 68 53

B13 95 92 91 58 87 75 72 60

B16 94 93 84 51 86 83 68 53

B18 93 88 82 53 52 68 84 88

Dithiocarbamates

À 10 ppm, le thirame entraîne une inhibition totale de la germinationdes conidies (Tableau X), et le mancozèbe provoque une légère inhibition,avec une variation maximale pour les isolats B12 et B13 provenant de lamême serre. À 50 ppm, l’inhibition devient totale.

En présence du bénomyl, les CI50 varient de 15 à 32 ppm alorsqu’elles dépassent 100 ppm en présence du méthylthiophanate (Tableau XI).

Les dicarboximides, même à des concentrations élevées, affectent lagermination des isolats testés avec des CI50 toujours supérieures à 100 ppm.

Les CI50 ne dépassent pas 2 ppm en présence du thirame alorsqu’elles sont comprises entre 2 et 6 ppm en présence du mancozèbe. Cesvaleurs sont nettement plus faibles que celles observées pour la croissancemycélienne, ce qui traduit l’activité préventive de ces deux produits.

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Tableau X :

Action de deux dithiocarbamates sur le pourcentage de résistance à lagermination conidienne de six isolats de Botrytis cinerea cultivés sur un

milieu malt-agar.

Thirame Mancozèbe

ppm 0,1 1 10 0,1 1 10 50

Isolat

B1 97 87 0 98 96 61 0

B10 95 89 0 99 93 60 0

B12 90 89 0 98 93 23 0

B13 93 79 0 100 98 87 0

B16 96 82 0 96 90 82 0

B18 94 87 0 99 92 58 0

Tableau XI :

Concentrations inhibitrices CI50 des trois familles de fongicides testéessur la germination conidienne de six isolats de Botrytis cinerea sur le

milieu malt-agar.

Benzimidazoles Dicarboximides Dithiocarbamates

Isolat Bénomyl Méthylthiophanate

Thirame Mancozèbe

B1 17 >100 >100 1,5 4,1

B10 32 >100 >100 1,5 4,0

B12 23 >100 >100 1,2 2,9

B13 21 >100 >100 1,1 6,1

B16 15 >100 >100 1,4 3,8

B18 23 >100 >100 1,4 3,9

Évaluation de l’agressivité des isolats de B. cinerea

Aucune différence significative n’est révélée entre les supportspapier filtre et billes de verre (Tableau XII). Pour ces deux types de support,l’ordre des isolats est le même. B18 et B13 sont les plus virulents et B12 lemoins.

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Tableau XII :

Évaluation de l’agressivité de six isolats de Botrytis cinerea sur desrondelles de feuilles de Tomate.

Diamètre des lesions (mm)

Isolat sur papier filtre sur billes de verre

B1 19,8bc 17,5a

B10 18,5c 17,6b

B12 6,7d 7,2b

B13 24,5a 21,8a

B16 19,5bc 21,5a

B18 23,2ab 23,9a

Les résultats d’une même colonne, suivis de la même lettre, ne sont pas différentssignificativement au seuil de 5 %.

DISCUSSION ET CONCLUSION

Avec l’arrivée sur le marché du bénomyl (Benlate®) en 1968, lesbenzimidazoles, premiers fongicides systémiques à large spectre, ontmarqué une nouvelle période dans la lutte contre un grand nombre dechampignons, exception faite des Oomycètes et des Zygomycètes [6].Différentes spécialités furent largement utilisées au début des annéessoixante-dix, vu leur action contre Botrytis cinerea supérieure à celle desfongicides multisites [30].

Il est clair que la dose de fongicide fixée pour distinguer les souchessensibles des résistantes est critique pour l'interprétation des résultats [15].La grande majorité des auteurs ont fixé cette dose à 100 ppm [4,16,42].D'autres utilisent des doses plus faibles, d'environ 2 à 5 ppm [11,21]. Enfixant la dose discriminante à 100 ppm, les six isolats étudiés présentent unerésistance aux benzimidazoles. Les CI50 dépassent 1000 ppm pour cinq dessix isolats testés pour le méthylthiophanate. Ceci est probablement lié à une

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forte pression de sélection due à l’usage abusif de ce produit, utilisé par aumoins 77 % des agriculteurs au Maroc [10], malgré la détection de souchesrésistantes [5]. Le niveau de résistance atteint en présence du bénomyl estsupérieur à celui des souches tunisiennes où on a des valeurs de CI50 de 478ppm [17]. Des CI50 de l’ordre de 840 ppm ont été rapportées par Moorman etLease [34] en Pennsylvanie.

Leroux et Gredt [28] estiment que ces souches peuvent existernaturellement. D’autres auteurs pensent qu’elles ont pu apparaître en raisondes propriétés mutagènes des benzimidazoles [7,23]. Les benzimidazolessont des agents antimitotiques qui interfèrent spécifiquement avec ladivision nucléaire et avec d’autres processus liés à l’activité desmicrotubules telle l’orientation de la croissance hyphale [6,29]. La résistanceau bénomyl, liée à une moindre affinité du fongicide avec la tubuline(protéine dont l'assemblage forme les microtubules qui sont des constituantsmajeurs du fuseau achromatique), est portée par un gène chromosomique[29]. Il a aussi été suggéré que l'hétérocaryose pourrait être à l'origine d’unerésistance instable et présentant plusieurs niveaux chez B. cinerea [23].

Le développement de souches fortement résistantes à l'ensemble desbenzimidazoles a contraint les agriculteurs à faire appel à d'autresfongicides. Les dicarboximides ont pris ainsi le relais des benzimidazoles[29]. Cependant, des souches résistantes se sont développées [19,22,42]. À 10ppm, concentration recommandée pour le test de résistance auxdicarboximides [13], les six isolats testés se sont développés.

La majorité des travaux entrepris sur la résistance de Botrytis cinereaaux dicarboximides ont concerné une seule matière active en raison d’unerésistance croisée entre les différents produits de cette famille [29,36,42].Ainsi, des souches collectées à partir de champs jamais soumis auchlozolinate en Tunisie ont montré une résistance à ce produit [17].Cependant, une grande différence dans la réponse des six isolats aux troisdicarboximides testés a été observée. Les valeurs de CI50 de la croissancemycélienne sont généralement plus faible pour l’iprodione que pour laprocymidone et la vinchlozoline.

Des souches avec des CI50 inférieurs à 10 ppm ont été rapportéespour un grand nombre de culture [20,27,32,35]. Des souches montrant un

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niveau élevé de résistance (CI50 > 10 ppm) ont été isolées dans peud’occasion, mais demeurent faciles à obtenir in vitro [3]. Des souches avecdes niveaux encore plus élevés (CI50 >100 ppm) peuvent être obtenues dansdes conditions artificielles [6]. À 20 ppm de procymidone, Besri et Diatta [5]ont rapporté une inhibition mycélienne totale de l’isolat testé. L’isolat B16présente une résistance nettement plus élevée à ce produit. Les CI50observées pour l’iprodione en Tunisie, comprises entre 1,4 et 5,4 ppm [17],sont similaires à celles des isolats testés, exception faite de B13 dont la CI50

atteint 12 ppm. Le niveau de résistance atteint est supérieur à celui rapportéau Chili [22] et en Europe [36,41-42].

Il a été suggéré que l’exposition continue des populations deB. cinerea à une pression de sélection dans un environnement fermé (culturesous serre) à l’image des conditions in vitro puisse favoriser l’émergenced’une résistance élevée et transmissible [6,14].

L’étude de la germination conidienne a révélé une activité plusmarquée de l’iprodione par rapport à la procymidone et la vinchlozoline etune réduction de la longueur du tube germinatif à forte dose. Lesdicarboximides inhibent à la fois la germination des spores et l’élongationdes hyphes mycéliens. Ils induisent des altérations morphologiques du tubegerminatif et des extrémités hyphales comme une augmentation du nombrede diverticules qui augmentent de taille et finissent par éclater en présencede concentrations élevées [6,37]. Le mode d’action des dicarboximides n’estpas totalement élucidé, mais on pense qu’ils pourraient interférer avec uneprotéine de la membrane cytoplasmique ou encore inhiber des enzymesflaviniques telle la NADPH-cyto C réductase. Il a été proposé que de cetteaction résulte un flux anormal d’électrons produisant ainsi des produitsoxygénés actifs tels H2O2 et le superoxide O2

- qui en retour causent laperoxidation des lipides, la destruction de la membrane et d’autres effetstoxiques non spécifiques [6,25,37].

La résistance aux dicarboximides est cependant non persistante. Lessouches résistantes auraient une capacité de survie et une compétitivitéinférieures à celles des souches sensibles [4,30,41]. L'emploi desdicarboximides de manière raisonnée est souvent conseillé.

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L’activité fongitoxique des dithiocarbamates a été décrite en 1934par Tisdale et Williams [39], mais ce n’est qu’une quarantaine d’années plustard que ces fongicides ont eu un impact significatif en agriculture [37]. Lesdithiocarbamates, compte tenu de leur mode d’action, sont souvent séparésen dialkyldithiocarbamates (cas du thirame) et monoalkyldithiocarbamates(comme le mancozèbe). Ces derniers se distinguent par la présence d’unatome d’hydrogène qui leur permet de se transformer en isothiocyanate. Lesisothiocyanates sont toxiques par inactivation des groupements thiols decertaines enzymes [37]. Les nombreux types de réactions dans lesquellesinteragissent les dialkyldithiocarbamates rendent difficile l’élucidation deleurs sites d’action. Ces fongicides sont capables d’inhiber une variétéd’enzymes de différents types [29,37]. La faible apparition de souchesrésistantes à ces fongicides, après plus de 40 ans d’utilisation, suggère uneffet multisite [26,37]. La résistance aux fongicides unisites, qui agissent surun seul site du métabolisme fongique, est un phénomène bien connu [6,37].Par contre, la résistance aux fongicides multisites a été rarement rapportée.Le doute s’est installé quand Barak et Edgington [2] ont décrit en 1984 dessouches résistantes au chlorothalonil et au thirame. Plus récemment, dessouches résistantes au dichlorofluanide, mais demeurant sensibles auchlorothalonil et au thirame, ont été décrites en Grande-Bretagne et enGrèce [29]. Des isolats de B. cinerea présentant une résistance stable aucaptane ont été isolés de diverses récoltes traitées régulièrement avec ceproduit. Les CI50 de la croissance mycélienne de ces isolats étaient 2 à 13fois plus grandes que celles utilisées pour inhiber des souches sauvages [2].À titre comparatif, si l’on considère les isolats B1 (le plus résistant) et B10(le plus sensible), on obtient un rapport de 11 pour le mancozèbe et de 5pour le thirame.

Les dithiocarbamates sont de puissants inhibiteurs de la germinationdes spores de B. cinerea [29]. La germination des isolats testés est inhibéetotalement à 10 ppm de thirame. La CI50 est inférieure à 2 ppm pour tous lesisolats. De même, le mancozèbe s’est révélé plus efficace sur la germinationdes spores que sur la croissance mycélienne.

Une fois la résistance à un produit développée, son maintien estdéterminé par la capacité des souches à survivre, se développer et sepropager [16]. Les isolats B12 et B10 qui semblent les moins agressifsprésentent globalement les plus faibles CI50 de la croissance mycélienne en

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présence des dithiocarbamates et des dicarboximides et sont de ce fait lesplus sensibles à ces fongicides. Les relations entre l’acquisition de larésistance et la virulence des souches font l’objet de controverses. Dessouches européennes de B. cinerea résistantes aux benzimidazoles se sontavérées aussi compétitives et virulentes que les souches sensibles et peuventpar conséquent se maintenir au sein de la population même en absence detraitement [4,28,31-32]. D’un autre côté, des souches de B. cinerea résistantesaux dicarboximides se sont montrées moins compétitives que les souchessensibles [4,41] ; d’autres études infirment ce résultat et rapportent unpotentiel d’infection similaire sinon supérieur pour les souches résistantes[18,40]. Barak et Edgington [2] ont rapporté une pathogénicité de souches deB. cinerea résistantes au captane similaire à celle des souches sauvages surles fraises et les pommes. L’agressivité des souches de B. cinerea pourraitdépendre de l’organisme hôte : des isolats résistants aux dicarboximides ontprésenté la même agressivité que les souches sensibles sur des feuilles deFraisier et de Tomate [8] ou sur des cotylédons de Concombre [42], mais ontété moins agressifs sur des feuilles de Carottes [8].

La lutte chimique contre la pourriture grise présente des difficultésliées à la résistance grandissante des souches aux principaux produitscommercialisés. La formule phytosanitaire idéale, comme pour un grandnombre de champignons pathogènes, est loin d’être trouvée et on ne peutactuellement que limiter les dégâts à un seuil économiquement supportable.Cependant un certain nombre de mesures peuvent être prises, à savoir [38] :

• minimiser le taux de fertilisation azotée

• appliquer des mesures prophylactiques adéquates afin de réduirele taux d’inoculum primaire

• éviter les sites où la pression de la maladie est élevée

• utiliser préventivement des fongicides afin d’éliminer les petitespopulations pathogènes

• avoir recours aux fongicides uniquement en cas de nécessité afind’éviter la sélection de souches résistantes

• combiner les fongicides pour réduire les populations pathogènes.

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ABSTRACT

Resistance of Botrytis cinerea to benzimidazoles, dicarboximides anddithiocarbamates fungicides on protected tomato cultures in the Gharb

region (Morocco)

Despite intense chemical protection, tomato grey mould caused byBotrytis cinerea attacks continues to cause serious damage.

The study of the sensitivity of six isolates from the Gharb region tothe main anti-botrytis fungicides used in Morocco revealed a strongresistance of this parasite to benomyl and methylthiophanate. Mycelialgrowth was not inhibited even at 1000 ppm. Spore germination was notaffected by methylthiophanate and only a little by benomyl.

Dicarboximides, which are relatively more efficient, are alsoconfronted with the problem of resistance. All the tested isolates were ableto grow at 10 ppm, procymidon obtaining better results than iprodione andvinchlozolin. Nevertheless, the lowest CI50 for mycelial growth were notedin the presence of iprodione. Conidial germination was weakly inhibited bydicarboximides, with CI50 exceeding 100 ppm.

Dithiocarbamates strongly inhibited conidial germination. Thiramewas particularly efficacious (CI50 < 2 ppm). For mycelial growth, it gavebetter results (CI50 3.3-17 ppm) than mancozebe.

The two least aggressive strains on tomato slices were the mostsensitive to dicarboximides and dithiocarbamates.

The phenomenon of resistance, especially to benzimidazoles anddicarboximides, calls for the adoption of other control strategies.

Key-words: Botrytis cinerea, fungicides, grey mould, resistance, tomato.

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