LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

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VOLUME 22 l NUMÉRO 2 Décembre 2016 l 12 $ LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM (CQRDA) LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM LE GUICHET UNIQUE N'EXISTE TOUJOURS PAS 48 LE NOUVEAU VISAGE DU CQRDA 30 CHAIRE D'OBSERVATION ALUMINIUM POUR LES PME 37 Éloïse Harvey, présidente de Mecfor

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VOLUME 22 l NUMÉRO 2

Décembre 2016 l 12 $

LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHEET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM (CQRDA)

LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM

LE GUICHET UNIQUE N'EXISTE TOUJOURS PAS 48

LE NOUVEAU VISAGE DU CQRDA30

CHAIRE D'OBSERVATION ALUMINIUM POUR LES PME

37

Éloïse Harvey, présidente de Mecfor

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LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM

ENTREVUEQUELLE EST LA SITUATION DES PME EN 2016? 48Les PME génèrent 92% des emplois au Québec. Interrogés sur l’évolution de leur situation depuis 2010, plusieurs entrepreneurs considèrent que les grandes entreprises sont davantage entendues par les gouvernements. Ils regrettent d’attendre encore l’implantation d’un guichet unique promis il y a 25 ans. Un vent d’optimisme, qui n’exclut pas le scepticisme, plane cependant depuis la mise en place de divers programmes visant à aider les PME. À l’instar de ses pairs, Éloïse Harvey, présidente de Mecfor, met en relief la compétition féroce que doivent affronter nos entreprises et, malgré un désir d’indépendance envers l’État, il serait, dit-elle « présomptueux de refuser toute aide gouvernementale, principalement en innovation et en exportation ». Au su de leur performance en création d’emplois, les PME espèrent plus d’équité de la part des gouvernements.

TECHNO-INNOVATIONSCONSEIL NATIONAL DE RECHERCHES CANADA 7SOUDAGE PAR FRICTION-MALAXAGE ROBOTISÉ : DU LABORATOIRE À LA PRODUCTION INDUSTRIELLE

L’ART EN GRISDARCIA LABROSSE : QUAND LA BEAUTÉ HABILLE L’ALUMINIUM 9TRANSFORMER LA PEINTURE ÉLECTROSTATIQUE EN ART RAFFINÉ

PME DE L’HEURECERADYNE CANADA 10 ANS PLUS TARD 16UNE AMBASSADRICE EXCEPTIONNELLE

ROBOTICS DESIGN SE RÉINVENTE 43UN CONCEPT QUI DÉPASSE LA FICTION

WATTMAN TRAINS & TRAMS DE GRANBY 63LEADER MONDIAL DES TRAINS MINIATURES

SOUDURE BRAULT A LA COTE 66L’ALUMINIUM DEVIENT INCONTOURNABLE

PME RECHERCHEPASSERELLE AU TABLIER D’ALUMINIUM À ALMA 26PROCO EXPÉRIMENTE

NOUVELLES INSTALLATIONS POUR FILTRARTECH 29ENTRÉE RÉUSSIE SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

RECHERCHE ET INNOVATIONLE CMQ DE TROIS-RIVIÈRES 25UNE CROISSANCE EN CONTINU ET DES SERVICES UNIQUES

LE PROFESSEUR MICHEL GUILLOT 61LE MÉTAL AUX MILLE POSSIBILITÉS

GRANDES ENTREPRISESRESTRUCTURATION AU SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN 19REMANIEMENT MAJEUR CHEZ RIO TINTO ALUMINIUM

INVESTISSEMENT DE 50,5 M$ 20LATERRIÈRE AUGMENTE SA PRODUCTION

TROIS MILLIONS $ SUR CINQ ANS 21RIO TINTO RENOUVELLE SON ENTENTE AVEC CURAL

ALOUETTE VA PLUS LOIN 22APPLICATION DU PLAN 60/60+

GLANURESBERNARD MORIN SUCCÈDE À LOUIS-GUY HUDON 58UN AMBASSADEUR BIEN PRÉPARÉ

LA SVA S’ADAPTE À LA RÉALITÉ 59LE SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN, PÔLE MONDIAL DE L’ALUMINIUM

PIERRE LAGACÉ HABITE DUBAÏ 65LA VOIX DU CANADA AU MOYEN-ORIENT

L’ALUMINERIE D’ALMA 70DÉMONSTRATION INSTRUCTIVE

LANCEMENT DE LA 44E ÉDITION 71PROFESSION DE FOI DU PREMIER MINISTRE

SIMULATION NUMÉRIQUE 74GÉNISIM S’IMPOSE

SOMMAIRE

DOSSIERCQRDA

25 ANS D’EXPERTISE ET D’EFFICACITÉ AU SERVICE DES PME 30 L’expertise et l’efficacité du Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium ont été confirmées plusieurs fois dans les rapports d’évaluation ministériels. Le taux de satisfaction des entreprises membres et des partenaires est de 95 %. Fort de cette reconnaissance, le CQRDA demeure en bonne position pour contribuer au soutien des PME dans la recherche et le développement.

LA CONCERTATION ET LA MOBILISATION À L’ORIGINE DU CQRDA 34Fondé au Saguenay–Lac-Saint-Jean en 1993, grâce à la mobilisation régionale et à la concertation entre entreprises, gouvernements, universités et collèges, le CQRDA a fait ses preuves hors de tout doute. Lucien Gendron, qui en fut le directeur général pendant 20 ans, relate les débuts et les succès du Centre.

REPORTAGESLA CHINE, SECONDE ÉCONOMIE MONDIALE 39SES DÉCISIONS ÉCONOMIQUES ET POLITIQUES INFLUENT SUR LA PLANÈTE

Devenu journaliste à ChinAfrica Magazine, notre correspondant François Dubé trace un portrait plutôt inquiétant de la transfor-mation de l'économie chinoise. Contrairement aux intentions officielles du gouvernement, l'industrie de l'aluminium continue d'augmenter sa production, qui déborde jusque dans les marchés nord-américains, et maintient ainsi au plus bas le prix du métal.

VISION 2050 37PROJET D’UNE CHAIRE D’OBSERVATION SUR L’ALU

TÉMOIGNAGE LES CONSEILS DE MARTIN TAYLOR AU SAGUENAY—LAC-SAINT-JEAN 46 LE SECTEUR MANUFACTURIER EST LA SOLUTION

PROFIL D’ENTREPRISE 6TERMACO À LA CONQUÊTE DE L’AMÉRIQUE

COUP D’ŒIL 12BRÈVES NOUVELLESNOUVEAUX MEMBRES 68LE CQRDA ACCUEILLE SIX ENTREPRENEURS

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RÉDACTEUR EN CHEF Bertrand Tremblay

MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF Bertrand Tremblay

COORDONNATEUR À LA PRODUCTION Gilles Déry

ADJOINTE À LA COORDINATION Sabrina Dufour

COLLABORATRICES AU MAGAZINE Christiane Laforge Monique Marquis Raphaëlle Prévost-Côté

RÉVISEURE LINGUISTIQUE Chantale Boulanger

CONCEPTION GRAPHIQUE Johans Pouliot et Fanny Lachance, agence POLKA

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COLLABORATION À LA RÉDACTION DES TEXTES D’INFORMATION ET AUX PHOTOS

Jacques Bélanger Normand Boivin Gail Comeau Jean-Luc Doumont François Dubé Myriam Gauthier Christiane Laforge Ariel Laforge D'Anjou Isabelle Laramée Simon Larose Fanny Lévesque Nathalie Ménard Bruno Monsarrat Céline Normandin Marc St-Hilaire Bertrand Tremblay Priti Wanjara

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CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

African Business Magazine Aluminerie AlouetteCentre de métallurgie du Québec (CMQ) Ceradyne CanadaCNRC AérospatialeConseil national de recherches CanadaConstructions Proco inc. CQRDA CRIQ Darcia Labrosse, artisteDEMEXDenis Blackburn, photographeDubaïEHT InternationalERGOFAB FestoFiltrartech Groupe TremblayIGoutteJapan Times Jeannot Lévesque, photographeLes Enseignes Ste-Marie Lito GreenMario Plourde, photographeMichel Frigon, photographeMichel Guillot MF2 AEROPierre Blackburn, photographePierre LagacéPierre Longrin, photographeRéseau Trans-Al inc. Rêver l’aluminiumRio TintoRobotics DesignSoudure BraultTermacoUniversité du Québec à Chicoutimi (UQAC)Wattman Trains & Trams inc.

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DROITS D’AUTEUR

Copyright ©2016 Centre national de recherches Canada

CAP SUR L'INNOVATION ET LA VALEUR AJOUTÉEInnovation, diversification, valeur ajoutée. Ce sont les mots magiques qui mènent au succès dans un univers économique où la concurrence n'a jamais été aussi féroce.

Le présent numéro d'Al13 revient encore avec plus d'insistance sur ces produits de la RD en exhibant les résultats concluants pour les PME. Vous pourrez également prendre connaissance de témoignages d'entrepreneurs qui, bien secondés par des travailleurs compétents, permettent aux communautés environnantes d'accéder à des emplois de qualité et aux avantages d'une société développée.

Tout en poursuivant des activités de recherche, la grande industrie réagit aux conséquences de la surproduction du métal primaire par les alumineries chinoises et celles du Moyen-Orient en mettant l'accent sur la valeur ajoutée. En fait, 75 % de l'aluminium produit par Rio Tinto au Saguenay–Lac-Saint-Jean porte le sceau de la valeur ajoutée.

Muni de nouvelles propriétés après son traitement dans les centres de coulée, le métal se transforme en alliages spéciaux que la multinationale vend à l'industrie aéronautique, aux géants de l'automobile, mais aussi à une multitude d'exploitants dans l'immense secteur de la construction sous toutes ses formes. C'est ainsi que la grande industrie de l'aluminium en Amérique du Nord retrouve une rentabilité constamment menacée.

Chez les PME, l'innovation et la qualité sont les conditions indispensables de la réussite avec la possibilité de tailler sa place dans les marchés d'exportation. Parmi les nombreux exemples, retenons ceux de Wattman Train & Trams de Granby, dont les trains miniatures font la joie de millions d'enfants dans 57 pays, et de Mecfor, l'entreprise chicoutimienne dirigée par Éloïse Harvey, le personnage central de la présente édition.

Un mot en terminant sur le CQRDA, dont le conseil d'administration vient de confier la direction générale de l'organisme à Gilles Déry. Détenteur d'une maîtrise en gestion des petites et moyennes organisations, il a œuvré avec beaucoup d'efficacité dans le secteur agroalimentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean au cours des 30 dernières années. Luc Boudreault, qui s'est chargé de l'intérim, retourne à l'UQAC assumer de nouvelles responsabilités.

Le président Dominique Bouchard accueille avec beaucoup d'optimisme son nouveau collaborateur et il lance ce message : « Nous avons amplement démontré notre volonté de contribuer au développement des PME par le soutien à la RD. Nous poursuivrons avec une détermination renouvelée cette mission, que l'État nous a confiée. »

Bertrand Tremblay, rédacteur en chef d’Al13

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REVUE SEMESTRIELLE RÉDIGÉE EN COLLABORATION AVEC LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM (CQRDA)

Al13, le magazine de l’aluminium, est publié au Québec. Les articles d’Al13 peuvent être reproduits sans autorisation à condition que l’origine en soit mentionnée.

LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM

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PRÉSIDENT Dominique Bouchard

DIRECTEUR GÉNÉRAL Gilles Déry

SECRÉTAIRE D’ASSEMBLÉE Nathalie Ménard

ADMINISTRATEURS

Stéphane AllaireDoyen, Département de la recherche

et de la création

Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Donald Bhérer Directeur général

Cégep de Sept-Îles

Pierre Bouchard Président-directeur général

Société des Technologies de l’Aluminium

du Saguenay inc. (STAS)

Franco Chiesa Directeur scientifique

Centre de métallurgie du Québec (CMQ)

Gilles GrenonDirecteur développement économique

régional - Québec

Rio Tinto

Julien Nadeau Consultant

Jean Paré Représentant

Réseau Trans-Al inc.

Éric Potvin Enseignant, Département de génie mécanique

Cégep de Jonquière

François Racine Directeur, développement des affaires, Alcoa Canada

Président, Alcoa innovation

Jean Simard Président-directeur général

Association de l’aluminium du Canada (AAC)

Maude ThériaultArchitecte

Groupe DPA

Alain WebsterVice-recteur au développement durable

et aux relations gouvernementales

Université de Sherbrooke

Siège vacantHydro-Québec

Siège vacantOrdre des ingénieurs du Québec

OBSERVATEUR

Marco Blouin Directeur – Direction des maillages

et partenariats industriels

Ministère de l’Économie, de la Science

et de l’Innovation (MESI)

PRÉSIDENT Gilles Déry

SECRÉTAIRE D’ASSEMBLÉE Nathalie Ménard

MEMBRES

Michel Andrieux Designer industriel

CPI – Strate Collège

Denis Beaulieu Consultant, division transport,

infrastructures et bâtiments

SNC-Lavalin

Nicolas Bombardier Directeur RD

Verbom inc.

Dominique Bouchard Agent de recherche

Centre des technologies de l’aluminium

du CNRC (CTA-CNRC)

Isabelle Deschamps Professeure associée

École Polytechnique de Montréal

Caroline DurandObservatrice – Chargée de projets RD

Centre québécois de recherche et de

développement de l’aluminium (CQRDA)

Maurice Duval Directeur scientifique, Centre québécois

de recherche et de développement

de l’aluminium (CQRDA)

László L. Kiss Professeur, co-directeur du CURAL

Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Joseph Langlais Chef de services, RD Casting

Rio Tinto, CRDA

Richard Lapierre Directeur, développement statégique

Aluminerie Alouette inc.

Pierre Martin Gestionnaire du bureau de gestion de projets

Centre de la technologie de l’énergie (CANMET)

Éric PotvinEnseignant, Département de génie mécanique

Cégep de Jonquière

Philippe Sabat Conseiller en innovation industrielle

Ministère de l’Économie, de la Science

et de l’Innovation (MESI)

Jean-Marie SalaConseiller scientifique

Centre québécois de recherche

et de développement de l’aluminium (CQRDA)

Gilles SavardDirecteur technique

Dynamic Concept inc.

Martin B. TaylorConsultant

Marketing et stratégie des entreprises

Yves ThibaultDirecteur RD

MGB Électrique inc.

Michel ToupinPrésident

Constructions Proco inc.

Robert VoyerIngénieur métaux légers

Hatch

Priti WanjaraChef de groupe

Centre des technologies de fabrication

en aérospatiale (CNRC-CTFA)

CONSEIL D’ADMINISTRATION

COMITÉSCIENTIFIQUE

CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM

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CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM

LE CQRDADIRECTION DU CQRDA

Dominique Bouchard

Président

Gilles Déry

Directeur général

Éric Potvin Secrétaire général

Maurice Duval Directeur scientifique

Jean-Marie Sala Conseiller scientifique

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AGENTS DE LIAISON

MONTRÉAL :

Jean-Louis Fortin

ESTRIE – DRUMMONDVILLE - CENTRE DU QUÉBEC - CHAUDIÈRES-APPALACHES - BEAUCE :

Georges-Henri Goulet

SAGUENAY−LAC-SAINT-JEAN, CÔTE-NORD, QUÉBEC :

Bernard Morin

MAURICIE :

Communiquez avec le CQRDA

BAS-SAINT-LAURENT-GASPÉSIE – ABITIBI-TÉMISCAMINGUE :

Communiquez avec le CQRDA

PERSONNEL DU CQRDA

Sabrina Dufour Adjointe administrative et à

la coordination du magazine Al13

Caroline Durand

Chargée de projets − RD

Monique Marquis Technicienne en administration

Nathalie Ménard Secrétaire de direction

Raphaëlle Prévost-Côté Agente administrative

Bertrand Tremblay Rédacteur en chef, magazine Al13

France Tremblay Chargée de projets − Liaison

Abonnement pour 6 numéros :

60  $ plus taxes au Québec.

IMPRESSION : Les Imprimeurs Associés

ISSN-1203-5548 • Dépôt légal

Bibliothèque nationale du Canada

PARTENAIRE FINANCIER :

Économie, Scienceet Innovation

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Fondée en 1968 à Saint-Jean-sur-Richelieu, afin de répondre aux besoins des marchés canadiens et américains pour des boîtiers de batteries, Termaco est, aujourd’hui, chef de file dans la conception et la fabrication de cabinets pour systèmes d’alimentation sans coupures (UPS), ainsi que dans celles des boîtiers et des supports d’accumulateurs

Joueur de premier plan dans la conception et la fabrication de carrosseries en aluminium pour véhicules utilitaires, reconnus pour leur robustesse et leur longévité, le fabricant emploie plus de 200 ingénieurs et travailleurs expérimentés dans ses usines du Canada et des États-Unis.

Pionnière nord-américaine.Fruits de sa créativité et de ses investissements continus en recherche et développement, plusieurs des procédés utilisés en usine, ainsi que des pièces d’équipement conçues à sa demande, ont repoussé les limites de l’industrie. Première à innover, en Amérique du Nord, dans l’éla-

boration et l’utilisation de revê-tement en poudre, la révolution prévenant la corrosion du métal, Termaco propose à sa vaste clien-tèle une variété de produits stan-dards ou sur mesure faits d’acier, de cuivre, d’aluminium ou encore d’acier inoxydable. Inspirée par le « lean manufacturing », Termaco livre à ses clients des produits de très grande qualité, dans les meil-leurs délais et à des prix très com-pétitifs. L’entreprise possède des équipements de pointe, adaptés à la fabrication de produits clés en main, allant de la découpe à la peinture, en passant par le pliage, le soudage et le polissage.

Développement durable.Consciente de ses responsabilités environnementales, l’entreprise répond depuis toujours aux normes en vigueur. Tous les résidus d’acier, d'acier inoxydable, de cuivre et d'aluminium, ainsi que les bois, plastique et carton, issus de l’ensemble de ses opérations, sont récupérés et recyclés. Termaco a aussi identifié un indicateur de performance spécifique à la quantité des eaux usées générées. Récemment, un récupérateur

de chaleur de son système de chauffage du bâtiment a été mis en place pour chauffer l’eau de son bassin de prétraitement, réduisant ses émissions de CO2 de quelque 700 tonnes annuellement.

L’ingéniosité dans la conception et la qualité de fabrication de ses carrosseries en aluminium pour véhicules utilitaires permet une réduction de la consommation de carburant et de produits d’entretien, ainsi que l’usure des pneus.

Récemment acquise de son fonda-teur par un consortium d’actionnaires québécois, composé de Namakor Holdings, de W Investments et de quelques employés-clés, Termaco garde siennes les valeurs qui ont fait son succès : innovation, rigueur et dépassement des exigences du client.

Occupant le 63e rang des 300 plus grandes PME au Québec, l’en-treprise entend poursuivre, selon Philippe Racine, son directeur général, ses investissements au cours des prochaines années. Son principal objectif étant d’augmen-ter significativement ses parts de marché en Amérique du Nord et de rayonner encore plus sur les marchés internationaux. 

TERMACO

À LA CONQUÊTE DE L’AMÉRIQUEPAR NATHALIE MÉNARD

Termaco a développé un véhicule plus léger, grâce à la conception de ses nouvelles

carrosseries fabriquées et assemblées selon un

concept modulaire en aluminium principalement,

mais aussi en acier.

6 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

PROFILD’ENTREPRISE

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Grâce à un partenariat avec le Conseil national de recherches Canada (CNRC), Groupe Tremblay a pu mettre en produc-tion dans ses locaux, à l’automne 2014, une cellule automatisée pour la réparation ou le recy-clage de cathodes d’aluminium utilisées par l’industrie minière dans le processus d’affinage du zinc Au cœur de cette cellule se trouvent des technologies développées par le CNRC pour le domaine aérospatial, ouvrant aussi la voie au déploiement à grande échelle du soudage par friction-malaxage (SFM) robotisé au Canada

Depuis maintenant près de 15 ans, des experts du laboratoire de Structures, matériaux et fabrication du CNRC à Montréal travaillent à repousser les limites du SFM et à faciliter son implantation industrielle dans les entreprises manufactu-rières canadiennes. L’équipe mul-tidisciplinaire du CNRC s’est ainsi

appliquée à développer les techno-logies qui permettraient de réaliser le SFM à moindre coût à l’aide de robots sériels industriels. Objectif relativement simple à atteindre pour le soudage robotisé de petites éprouvettes dans un envi-ronnement de laboratoire… mais autrement plus compliqué pour le soudage de pièces complexes dans un environnement industriel à haute productivité. La cellule de SFM robotisé chez Groupe Tremblay n’aurait pu être mise en production sans un certain nombre de dévelop-pements technologiques clés réali-sés initialement par les experts du CNRC pour l’assemblage de com-posants aéronautiques.

Logiciel de conception cinétostatique.Le premier défi associé à l’utili-sation d’un robot sériel industriel

pour la réalisation du SFM est relié à sa « capacité cinétostatique ». Contrairement à une machine à commande numérique, la capacité de charge d’un robot varie dans son espace de travail en fonction de la position et de l’orientation respec-tives de chacune des membrures du robot. Cela peut devenir critique pour le SFM, procédé qui néces-site des forces nettement plus élevées que les procédés de sou-dage conventionnels. Les experts du CNRC ont, par conséquent, développé un logiciel de simula-tion innovant afin de générer auto-matiquement une cellule de SFM robotisé dont le design a été opti-misé pour effectuer l’assemblage de pièces 3D complexes. Cet outil logiciel permet donc de réduire les risques associés à l’acquisition et à l’implantation d’une cellule de SFM robotisé… et, en particulier, le risque d’implanter une cellule de SFM robotisé qui se révèlerait inapte à exécuter la tâche souhai-tée. Les différents composants

Opérateur effectuant le chargement d’une cathode dans la cellule robotisée.

7Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

CONSEIL NATIONAL DE RECHERCHES CANADA

SOUDAGE PAR FRICTION-MALAXAGE ROBOTISÉ : DU LABORATOIRE À LA PRODUCTION INDUSTRIELLEPAR GAIL COMEAU, SIMON LAROSE, BRUNO MONSARRAT ET PRITI WANJARA

TECHNOINNOVATIONS

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de la cellule de SFM chez Groupe Tremblay ont été sélectionnés et positionnés les uns par rapport aux autres en utilisant ce logiciel.

Contrôle en temps réel.L’élasticité notable des joints des robots sériels industriels, com-binée avec les forces élevées nécessaires au SFM, conduit typiquement à des erreurs sur la position et l’orientation des outils de SFM, ce qui est susceptible de dégrader considérablement la qualité des soudures produites. Le CNRC a, en conséquence, déve-loppé un module de gestion de la précision des trajectoires du robot afin de compenser ces erreurs. Ce module met en œuvre un modèle temps-réel du comportement du robot sous charge, calibré en uti-lisant une méthode innovante bre-vetée par le CNRC. Dans le cadre du projet avec le Groupe Tremblay, ce modèle a été adapté afin de prendre en compte le rail robo-tique ainsi que les déformations internes de l’effecteur de soudage. Un second module, basé sur le même modèle, permet de gérer le régime transitoire du procédé et, en particulier, de contrôler de façon précise et sans à-coups le robot lors de l’entrée et de la sortie matière. Finalement, un ensemble de fonctions permet de réguler en temps réel le comportement du système de SFM robotique, assu-rant un grand degré de robustesse aux opérations de production.

Table de bridage automatisée.Une table de SFM ergonomique, complètement automatisée a été conçue et fabriquée pour Groupe Tremblay afin de positionner et de brider de façon autonome, rapide et précise les cathodes d’aluminium, malgré leurs variations dimensionnelles intrinsèques, permettant ainsi de répondre aux requis de productivité et de qualité du SFM robotisé dans un environnement industriel.

Mise au point d’un procédé de SFM robuste.La mise au point d’une procédure de SFM robotisé pour la réparation des cathodes d’aluminium chez Groupe Tremblay a également nécessité des développements importants de la part des experts en soudage du CNRC, qui ont travaillé en étroite collaboration avec les experts robotiques afin de bien tenir compte des particularités d’un système de SFM robotisé à toutes les étapes du développement. Les différentes phases de développement ont permis d’obtenir un ensemble d’outils et de paramètres de SFM, optimisé et à haute productivité, qui est tolérant aux variations dans les intrants – incluant l’épaisseur des cathodes et les alliages d’aluminium utilisés – et à l’intérieur

de la capacité de charge du robot industriel choisi. La robustesse du procédé a été évaluée et améliorée à des niveaux suffisants pour permettre le déploiement industriel de la technologie. Par exemple, la durée de vie d’un premier ensemble d’outils a été évaluée, ce qui a mené à la sélection d’un matériau plus résistant à l’usure pour la fabrication des outils de SFM. En cours de route, la vie en service post-réparation des cathodes a été soumise à une évaluation, ce qui a permis de sécuriser le plan d’affaires et de mener au déploiement de la technologie dans les locaux de Groupe Tremblay.

Conclusion.Avec l’industrialisation réussie de la cellule de SFM robotisé, Groupe Tremblay a renforcé sa position de chef de file, dans l’industrie canadienne, de l’affinage des matériaux. De plus, la flexibilité de la cellule est telle qu’elle permet une ouverture de marché dans des secteurs comme le transport et l’aérospatiale, offrant conséquemment de très belles possibilités de croissance au Groupe Tremblay.

Le projet d’implantation du SFM robotisé chez Groupe Tremblay pour la réparation des cathodes d’aluminium ainsi que les prin-cipales innovations reliées au projet ont été présentées à un congrès sur le SFM, en mai 2016, à Cambridge en Angleterre; ils ont suscité un très grand intérêt de la part de la communauté internatio-nale du SFM. Pour plus de détails, le lecteur est invité à consulter l’article suivant: Monsarrat, B. et al. Industrialization of Robotic FSW for Refurbishing of Aluminum Cathodes. Proceedings of the 11th International Symposium on Friction Stir Welding, Cambridge, Angleterre, 17 au 19 mai 2016. 

8 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Cellule de SFM robotisé pendant le soudage : vue d’ensemble.

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DARCIA LABROSSE

QUAND LA BEAUTÉ HABILLE L’ALUMINIUM TRANSFORMER LA PEINTURE ÉLECTROSTATIQUE EN ART RAFFINÉPAR ISABELLE LARAMÉE

L'art peut être difficile et non paisible Il peut aussi être brut plutôt que douillet, instinctif plutôt que calculé La com-plexité de l'acte créateur, c'est ce qui dresse la signature artistique de Darcia Labrosse L'artiste qui crée ses œuvres de peinture électrostatique dans son atelier de La Gatineau est tout, sauf ce stéréotype fait de foulard et de Mozart

Car il faut être un peu aventureuse pour prendre les guides d'une carrière d'artiste-peintre à 60 ans. Encore plus pour la fonder sur des bases de travail non traditionnel. En créant ses œuvres sur des canevas de plaque d'aluminium de grands formats (5 pieds par 3  pieds), cette peintre montre bien qu’elle n'a pas peur des défis. Défis qu'elle tente maintenant de relever après une carrière de 40  ans, couronnée de succès, dans le milieu de l'illustration.

Récipiendaire du Prix du Gouverneur général en 1987.

« Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours intégré l'art à ma vie, raconte l'artiste. Je devais avoir 5 ou 6 ans et je dessinais déjà énormément. Je me demandais ce que je pouvais faire plus tard, car dessiner était tout ce que je savais faire. J'étais terrorisée, car je n'arrivais pas à appréhender le monde à l'extérieur du dessin. »

Madame Labrosse a remporté le Prix du Gouverneur général pour ses illustrations en 1987 dans la catégorie littérature jeunesse de langue française pour Venir au monde. Elle a voyagé à travers le monde grâce à la quarantaine de livres pour enfants qu'elle a publiés. Si Darcia Labrosse tourne la page sur ce chapitre de sa vie,

l’artiste en elle ne délaisse pas pour autant son amour de l'art.

Ses techniques, apprises durant son métier d'illustratrice et ses études à l'École d'art et de design du Musée des beaux-arts de Montréal, lui ont donné l'autonomie nécessaire pour contrôler son art. Elle parle de ces années avec une grande affection, mais en toute contradiction avec celles d'aujourd'hui.

« Je me suis présentée au monde pendant plus de 35 ans comme quelqu'un qui fait des chats et des souris, lance-t-elle de sa voix délicate. Mon art est maintenant plus sombre par mes couleurs, le matériel et ce qu'il représente. Je survivais avec mon côté lumineux et enfantin, je suis passée de l'autre côté en peinture. C'est important pour un artiste d'aller le plus loin possible dans sa part d'ombre et de lumière. »

L’ARTEN GRIS

Darcia Labrosse a présenté son exposition Métal Langage à la Galerie d'art de Saint-Jean-

sur-Richelieu au printemps 2016.

9Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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Utilisation plus écologique.À mi-chemin entre le figuratif et l'abstrait, les œuvres de Darcia  Labrosse présentent des formes à moitié définies où les couleurs se mélangent délicate-ment comme un fondu enchaîné. Elles sont dynamiques et certai-nement originales. La signature artistique de Darcia Labrosse est issue d'une technique particu-lière, acquise grâce à son frère qui travaille dans le milieu de l'alumi-nium; elle la développe dans ce qu'elle appelle son « laboratoire » de peinture électrostatique.

« J'ai été aussitôt intriguée par le principe du « powder coating », qui permet l'utilisation beaucoup plus écologique de la peinture, dit-elle. J'ai commencé en faisant des essais et des erreurs afin de contrôler les effets produits par les pigments chargés électriquement. »

La peinture en poudre est appliquée à l'aide d'un fusil pulvérisateur chargé d'électrostatique. Les pigments sont fixés à la plaque d'aluminium grâce à un champ magnétique créé entre les deux éléments, le négatif et le positif.

L'électricité est alors devenue à la fois son alliée et l'une des difficul-tés de ce médium. Elle devait alors trouver le moyen de contourner

l'uniformité de la peinture déployée. Darcia Labrosse a donc appris à uti-liser la peinture par la création d’ac-cidents provoquant des explosions et par le changement d'intensité de la couleur selon la distance entre elle et la plaque d'aluminium.

« J’ai l’impression de faire une balade sur un cheval dingue. »« Il y a quelque chose de sculptu-ral, dit-elle. C'est comme un cheval fou. Lorsque je peins, j'ai l'impres-sion de faire une balade sur un che-val dingue. Je crée mes images en n'étant nullement en contrôle. La peinture industrielle est difficile à manier. Je dois me battre avec elle pour ne pas faire des couches égales de peinture. J'ai deux pisto-

lets, un de peinture et un d'air com-primé que j'utilise pour faire dévier les pigments. »

L'environnement de son atelier aux allures d'usine provoque un certain chaos dans l'esprit de l'artiste qui voit ses sens être sollicités en raison du bruit trop élevé de la machinerie, de la chaleur de son four, fabriqué sur mesure pour la cuisson des pièces, et de la manipulation physique de ses instruments. « Tout ce chahut crée un sentiment d'urgence, explique-t-elle. Il fait en sorte que je suis comme en transe et, à ce moment-là, mon subconscient se réveille. Je n'ai donc aucune idée préconçue et je me lance sans retenue. »

Portrait de Darcia Labrosse devant l'une de ses œuvres

exposées à l'extérieur.

10 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

L'artiste Darcia Labrosse utilise la peinture

électrostatique pour créer ses œuvres sur des

plaques d'aluminium.

Métal Langage III, 2015. Exposition solo au Musée historique de la Madawaska, dans la Galerie Colline à Edmunston au New-Brunswick.

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Darcia Labrosse a tout de suite été convaincue de peindre sur un support d'aluminium. Outre le grand format, qui permet à l’artiste d'aller au bout de son geste, la feuille d'aluminium per-met aussi de donner naissance à une œuvre capable de défier le temps. « La séduction d'être sur une feuille d'aluminium est puis-sante, car c'est un objet indes-tructible, dit-elle. Il y a quelque chose d'existentiel dans tout ça, car le papier et la toile sont fragiles. La plaque de métal est indestructible et donne ainsi un sentiment de puissance. »

La durabilité de ses œuvres ouvre donc la porte à la possibilité d'expositions à l'extérieur. Non confinées à un espace intérieur, les œuvres de Darcia Labrosse peuvent alors s'intégrer à l'architecture d'un bâtiment. Une avenue intéressante pour l'artiste qui souhaite développer prochainement cette clientèle.

Elle rêve de travailler avec des architectes.« Mon but est de travailler un jour avec des architectes pour approfondir et développer cette possibilité, dit-elle en donnant en référence le travail de Herzog & de Meuron. C'est important pour moi et je ne l’ai pas encore fait. Il y a déjà de grands créateurs en architecture qui essaient d'habiller les édifices de plaques d'aluminium ou de verre. C'est clair que c'est dans mes plans de développement. »

Déjà utilisée en sculpture, la peinture électrostatique est présente dans l'espace public. Darcia Labrosse estime toutefois qu'il est rare de voir une œuvre arborer un travail de texture et de couleur comme les siennes. « Il y a peu d'artistes qui utilisent un médium industriel. Pour ma part, j'aime utiliser ce médium froid pour en faire quelque chose de chaud. C'est un travail plutôt dur qui, au final, donne un résultat très délicat. »

Généra lement de g rands formats, les œuvres sur plaque d'aluminium de Darcia Labrosse sont accrochées en suspension et non accolées au mur lors des expositions. Cette superposition dans l'espace leur confère une belle présentation, mentionne l'artiste. Elle conseille d'ailleurs de laisser environ un pouce et quart entre l'œuvre et le mur pour que celle-ci soit flottante.

L’exposition Couple industriel sera présentée en janvier à Brossard.

Très humblement, Darcia Labrosse se dit faire partie des artistes émergents. Elle a présenté ses œuvres à la Galerie d’art art[o] de Saint-Jean-sur-Richelieu en clô-ture de la dernière saison où elle a reçu un très bel accueil. Par ail-leurs, l'artiste signe déjà quelques expositions solos, notamment cet automne au Centre Ria d'Ottawa. Elle présentera aussi l'exposition Couple industriel, du 15 janvier au 5 février, à la Galerie Renée-Blain de Brossard.

Celle qui gravite maintenant dans le circuit des Maisons de la culture aspire à voir ses œuvres exposées dans de prestigieuses galeries. Elle travaille annuellement avec un mentor qui la conseille sur la direc-tion artistique de son corpus. On peut contempler l'œuvre Couple industriel au deuxième étage de la Société des arts technologiques (SAT) de Montréal. La création de grand format y est accrochée en tout temps depuis 2014. Darcia  Labrosse s’affaire présente-ment à la promotion de ses œuvres par le biais de son site Internet labrosseart.com; des vidéos et une impressionnante collection de photos y sont offertes. 

11Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Vue d’installation à la Société des Arts Technologiques de Montréal.

Autre vue d’installation in situ, à Cantley au Québec.

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LA FRANCE S’INTÉRESSE À LA IGOUTTELa microroulotte fabriquée au Saguenay–Lac-Saint-Jean intéresse les Français. La BTW-France (Brothers of the Third Wheel), une association d’amateurs de moto à trois roues, a invité le couple Lefebvre-Lespérance, les concepteurs de la iGoutte, à participer à une rencontre internationale de « trinker » à Aix-Les-Bains, en juin dernier.

C’était cependant trop tôt, compte tenu du stade de développement de la jeune PME. La présentation de la petite roulotte est donc reportée à l’an prochain.

iGoutte est unique en son genre. Ultralégère, elle peut être tirée par une moto ou un triporteur. Construite principalement en bois et en aluminium, elle offre un habitacle avec un facteur d’isolation élevé; elle est équipée d’un matelas de grande qualité, d’un panneau solaire alimentant une batterie de 12 volts, d’une glacière, d’un téléviseur avec lecteur DVD et d’un ventilateur.

COUP D’ŒIL

PAR ARIEL LAFORGE D’ANJOU

// INNOVATION // // TECHNOLOGIE //

// AÉRONAUTIQUE //

L’EFFET DE L’AUTOMATISATION

La robotique remplacera-t-elle l’être humain au travail? Rien de moins sûr. Il est vrai qu’avec l’intelligence artificielle elle est de plus en plus présente dans les entreprises partout au monde. Mais, dans la réalité, peu d’emplois sont entièrement automatisables, environ 15 % avec la technologie d’au-jourd’hui.

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte dans la capacité d’automa-tisation : besoin du travail d’équipe, adaptabilité aux imprévus, nécessité d’interaction sociale. Ainsi seules quelques tâches peuvent être robo-tisées, mais rarement l’ensemble de celles se retrouvant au sein d’un même emploi.

De sorte que, l’automatisation, loin de pouvoir évincer l’humain du marché du travail, va davantage modifier les com-portements et, paradoxalement, créer de nouveaux genres d’emplois encore moins automatisables.

MF2 AERO ACCÈDE AU NIVEAU MACH 4Le Forum innovation aérospatiale, qui s’est tenu au Palais des congrès de Montréal le printemps dernier, a per-mis de mettre en lumière MF2 AERO, de Trois-Rivières, la première PME de moins de 150 employés à décrocher le niveau MACH 4, décerné par AERO Montréal.

L’initiative MACH est un processus visant l’appui à long terme de la crois-sance stratégique du secteur de l’aé-ronautique. Favorisant la collaboration client-fournisseur, l’initiative a comme objectif de rendre optimale la chaîne

d’approvisionnement et de permettre à l’industrie québécoise de ce sec-teur de devenir plus compétitive à l’échelle internationale.

MF2 AERO, qui emploie 25 personnes, fait maintenant partie d’un groupe sélect de six entreprises ayant obtenu ce niveau de distinction : Groupe Meloche, Abipa, Sonaca, Te c n i c k ro m e A é ro n a u t i q u e , M1 Composites Technology. Pour le pdg, Frédéric Tremblay, ce grade « permettra de mieux se positionner dans le segment de l’aéronautique », ajoutant que « cela représente des opportunités de croissance intéressantes ».

12 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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L’entreprise DÉMEX a décroché l’im-portant contrat de plusieurs millions $ pour procéder au démantèlement de la vieille aluminerie de 600 cuves, construite par Alcan en Colombie-Britannique. L’opération, qui devrait durer 18 mois, occupera le personnel cadre en provenance du Saguenay, à l’intérieur d’un horaire de 21 jours de travail et de 7 jours de congé. Les autres travailleurs sont recrutés à Kitimat.

Le contrat offrira beaucoup de visibi-lité à cette entreprise saguenéenne, qui a acquis une précieuse expérience quand elle a réalisé le même travail à Shawinigan.

DÉMANTÈLEMENT DE L’ALUMINERIE KITIMAT

// ENVIRONNEMENT //

UNE SORA INTERNATIONALEJean-Pierre Legris, fondateur et pdg de Lito, veut rendre sa moto électrique Sora plus « accessible ». C’est pour cette raison qu’il en confie la vente à des concessionnaires d’Allemagne, ce pôle économique de l’Europe unifiée, fer de lance du génie industriel. La Sora, que son créateur définit comme la Rolls des motos électriques, peut atteindre une vitesse de 200 km/h. Son prix se situe entre 70 000 et 100 000 $ selon le modèle.

Avec cette Sora, produite à Longueuil, Lito projette une percée en Californie où les véhicules électriques ont la cote. La stratégie de marketing com-mence à porter des fruits. Le person-nage de Chin Ho Kelly, de la célèbre série Hawaï 5-0, conduit fièrement cette moto québécoise et il pousse son enthousiasme jusqu’à nommer la marque de sa monture à l’écran.

// HYDRO-INNOVATION // // PARTENARIAT //

PARTENARIAT CRIQ-FESTO

Le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et Festo ont pro-fité d’une mission économique en Allemagne pour conclure une entente de partenariat. Le Centre aura donc accès à de nouvelles ressources et à 30 000 technologies de pointe déjà éprouvées dans 175 pays. De plus, Festo collaborera avec une équipe du CRIQ, spécialisée en robotisation, IA, organisation de système de production et de gestion d’une base de données.

Les deux organismes croient que cette collaboration, une fois lancée, engen-drera des « vitrines technologiques » dans les usines du Québec amenant le virage numérique et la modernisation dans le secteur industriel. Festo est une entreprise d’origine allemande, fournis-seur réputé dans le domaine des tech-nologies d’automatisation industrielle comptant plus de 16 000 employés.

13Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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// TRANSFORMATION // // INNOVATION //

// INVESTISSEMENT //

SIÈGES CHICOUTIMIENS POUR HÉMA-QUÉBECHuit à dix collectes mobiles de sang utilisent, quotidiennement, au Québec, de nombreux sièges pour les donneurs. Ceux d’Héma-Québec sont fabriqués aux États-Unis et ont plus de 30 ans. C’est ce qui a motivé l’appel d’offres, remporté par ERGOFAB, pour la conception de 220 fauteuils, d’une valeur globale de 260 000 $.

Le siège, réalisé au Saguenay, a nécessité deux prototypes et six mois de conception. La partie supérieure ressemble à une chaise berçante composée de deux arcs de cercle à la base, d’appuis-bras amovibles et d’une assise qui peut faire office de tablette. Le système comporte une simple vis et permet de basculer le donneur en une seconde en cas de malaise, soit beaucoup plus rapidement que les cinq secondes maximales demandées dans le devis. Le fauteuil pèse 27 livres et sa capacité de charge est de 330 livres.

Au départ, la structure devait être faite en aluminium; cependant, pour des raisons d’hygiène, l’acier inoxydable a été privilégié. Par contre, ERGOFAB travaille en étroite collaboration avec le CQRDA dans le but de vérifier la possibilité de produire le siège en aluminium.

ERGOFAB est une entreprise, basée à Chicoutimi, spécialisée dans la conception et la fabrication de postes de commande, de sièges ergonomiques et de cabines industrielles.

RAUFOSS INVESTIT À BOISBRIAND

Lors de sa mission économique en Allemagne, l’été dernier, le premier ministre Philippe Couillard a appris que Raufoss, filiale de Newman Aluminium, investirait 49 millions $ à la modernisation de son usine de Boisbriand.

L’entreprise procède au forgeage de pièces de suspension en aluminium. Ses produits sont notamment exportés aux États-Unis, au Mexique, en Allemagne et en Chine. On prévoit un agrandissement, l’amélioration de la chaîne d’assemblage, mais aussi l’installation d’une nouvelle chaîne de forgeage à chaud ainsi que l’achat d’équipements d’usinage et d’assemblage.

Québec accordera un prêt sans intérêts de 7 millions $ en vertu du son pro-gramme ESSOR, géré par Investissement Québec et le ministère de l’Écono-mie, de la Science et de l’Innovation. L’investissement générera une soixantaine d’emplois permanents.

COUP D’ŒIL

NOUVELLE DIRECTRICE DU RÉSEAU TRANS-AL

Paulyne Cad ieux dev ient l a nouvelle directrice générale de Trans-Al, le réseau d'affaires des entreprises qui œuvrent dans la transformation de l'aluminium au Québec. Elle en assurera la consolidation et l'expansion ainsi que les services offerts tout en prenant en charge la réalisation de la Carte routière technolog ique canadienne de l’ industrie de la transformation de l'aluminium en 2017.

Madame Cadieux a enrichi ses connaissances au cours des huit dernières années en assumant la direction du créneau d'excellence ACCORD t ransfo rmat ion de l 'a lumin ium et de SERDE X International. Trans-Al regroupe 215 membres, dont les entreprises génèrent 9 000 emplois directs et un chiffre d'affaires annuel de quelque 10 milliards $.

14 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 15: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

// AUTOMOBILE //

// TRANSFORMATION //

// CQRDA //

LA RÉVOLUTION DU MÉTAL GRIS

D’ici 2018, la consommation moyenne des voitures et des VUS aux États-Unis ne devra pas dépasser 5,2 litres par 100 km selon une norme impo-sée par le président Obama. Pour les constructeurs contraints d’alléger leurs véhicules, l’aluminium, 30 % plus léger que l’acier, est tout indiqué.

C’est pourquoi la société Constellium-UACJ a construit une usine, au milieu du Kentucky, destinée à la fabrication de tôles d’aluminium. Pour l’instant, la toute nouvelle installation est en période d’ajustements et d’essais. Les opérateurs du centre de recherche de Voreppe et de l’usine de Neuf-Brisach en France, propriétés de Constellium, sont venus prêter main-forte. En 2018, tout devrait fonctionner à plein rende-ment avec une production annuelle de 100 000 tonnes.

Jusqu’à maintenant, l’aluminium, pro-duit de niche réservé aux voitures de luxe, fait son chemin dans le monde de l’automobile. Il est déjà utilisé dans la fabrication de certaines marques européennes; pourtant, en Amérique, l’avancée semble plus timide. Ford a fait le plus grand effort, dans ce sens, avec son F-150. Tesla a aussi opté pour le métal gris, mais GM n’a pas encore fait le saut, se contentant plutôt d’ob-server la tendance; quant à Chrysler, elle n’a pas la santé financière requise pour un tel changement. La révolution aura vraisemblablement lieu lorsqu’un grand constructeur, tel que Toyota, fera le pas.

L’aluminium, bien que plus dispen-dieux que l’acier, offre des avantages concurrentiels pour le monde de l’auto-mobile : plus léger, 100 % recyclable, avec une capacité supérieure d’ab-sorption des chocs et sans corrosion.

RÊVER L’ALUMINIUMÀ la cérémonie célébrant le 10e anni-versaire de Rêver l’aluminium, quatre jeunes Jeannois ont mérité le prix CQRDA, qui comporte une bourse de 100 $ par étudiant. L’événement regroupait quelque 6 200 jeunes de 3e secondaire. Les récipiendaires sont Félixianne Harvey, Meilianne Simard, Félix Gagnon et Xavier Laroche des commissions scolaires du Lac-Saint-Jean et du Pays-des Bleuets.

Rêver l’aluminium est un projet éduca-tif qui s’insère comme une PME dans les écoles. « Tous les élèves dans leur rôle de concepteur, peut-on lire dans le programme, doivent notamment élabo-rer un concept original de pédale à être moulée en aluminium. »

SURAL, PASSION ALUMINIUM

Sural, une compagnie fondée au Venezuela en 1975 et installée en sol québécois depuis 1993, produit des tiges d’aluminium pour des applications électriques et mécaniques. Le choix du Québec est stratégique, puisqu’il s’agit d’un des plus grands producteurs d’aluminium primaire au monde assurant la fiabilité et la qualité de l’alimentation.

L’entreprise possède deux usines au Québec : la première à Bécancour, depuis 1992, et la deuxième, inaugurée en 2015 à Victoriaville. Les deux installations uti-lisent le procédé de coulée en continu et sont équipées de laboratoires permettant l’analyse des propriétés mécaniques et chimiques.

15Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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Lorsque Ceradyne a acquis les installations de la défunte Alumiform, tous se deman-daient pourquoi la compagnie américaine, chef de file dans le domaine de l’armement, avait choisi le Saguenay–Lac-Saint-Jean comme chef-lieu pour la production de « matériel de blindage à l’épreuve des radia-tions nucléaires » La transaction a été officialisée le 8 juin 2006

Une décennie s’est écoulée depuis le jour où le président-fondateur de Ceradyne, Joel P. Moskowitz, s’est présenté devant les médias locaux en promettant que cet investissement, dont la valeur se situe entre 15 et 20 millions de dollars, porterait ses fruits. À cette époque, il venait de conclure un contrat d’approvisionnement avec Alcan pour un type de métal issu de l’Usine Dubuc : un composite

à matrice métallique (CMM), renforcé de carbure de bore.

Aujourd’hui, Ceradyne appartient à la multinationale 3M, mais la philosophie qui régnait lorsqu’elle s’est implantée au Québec est demeurée intacte, puisque la qualité de la production est toujours une priorité absolue. Directrice de la qualité, Edith Villeneuve explique que la recherche et le développement sont au cœur des activités de l’usine, dans la mesure où celle-ci conçoit des laminés d’aluminium destinés, notamment, aux centrales nucléaires et aux dispositifs d’entreposage. Leur propriété est d’absorber les neutrons et, ultimement, d’assurer la sécurité des populations en agissant dans le cas d'une réaction en chaîne. Le respect des normes les plus strictes en matière d’énergie nucléaire est un impératif

pour cette entreprise. Aussi garantit-on la traçabilité complète de chaque pièce produite à l’usine, de sa fabrication jusqu’à la fin de sa vie utile. « On a pris les règles les plus sévères et on en a fait une culture d’entreprise. Une culture de qualité », signale la responsable.

Geneviève Giasson est directrice d’usine. Elle explique que la totalité des laminés de Ceradyne Canada est exportée aux quatre coins du globe. Elle mentionne que l’acquisition par 3M de son usine et du groupe appartenant jadis à Joel P. Moskowitz a permis à ses installations de poursuivre sa progression, dans un créneau de niche qui ne compte que quelques joueurs sur la planète. Elle souligne, en ce sens, la synergie technologique engendrée par la transaction.

CERADYNE CANADA 10 ANS PLUS TARD

UNE AMBASSADRICE EXCEPTIONNELLESÉCURISER LE NUCLÉAIREPAR MARC ST-HILAIRE

PME PME Ceradyne Canada, installée dans la Vallée de l’aluminium, conçoit des laminés d’aluminium

destinés, entre autres, à des centrales nucléaires. Ces laminés sont exportés à travers le monde.

16 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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Le Saguenay–Lac-Saint-Jean impressionne la clientèle.Au fil du temps, Ceradyne Canada s’est non seulement épanouie dans la Vallée de l’aluminium, mais elle est également devenue une ambassadrice exemplaire pour sa région d’accueil. Ses clients, qui visitent fréquemment les installa-tions saguenéennes, débarquent pour la plupart avec une seule question en tête : « Pourquoi? »

Pourquoi aussi loin, dans une région au milieu de nulle part, à des centaines de kilomètres des grands centres et des marchés naturels?

Une visite de la Vallée de l’aluminium suffit à répondre à leurs interrogations. « Ils sont toujours très impressionnés lorsqu’ils repartent », soutient Edith Villeneuve. Plus que la présence de Rio Tinto et de ses usines de métal primaire, c’est tout ce qui gravite autour de la grande industrie qui plaide en faveur de la présence de Ceradyne Canada au Saguenay–Lac-Saint-Jean : la crédibilité de STAS et de PCP Canada; la concentration et l’expertise des centres de recherche et développement; l’Université du Québec à Chicoutimi

de même que les établissements collégiaux et professionnels qui se spécialisent dans la transformation de l’aluminium.

« Nous nous faisons toujours un devoir de faire découvrir la région à nos clients. Nous estimons que ça fait partie de notre mandat d’ambassadeur », insiste la res-ponsable.

Dans la même veine, l’analyste financier Samuel Poirier affirme que Ceradyne Canada n’a jamais songé à quitter la Vallée de l’aluminium, ajoutant que les distances ne représentent pas un inconvénient pour une entreprise qui exporte à l’échelle internationale.

« Nous sommes en croissance, et c’est à partir d’ici que nous souhaitons opérer », dit-il.

Santé, sécurité... et fierté.Ceradyne Canada est, en quelque sorte, une PME qui a su se forger une identité propre à l’intérieur d’une multinationale. Les employés sont habités par un sentiment d’appartenance tangible, qui se traduit par leur performance quotidienne, certes, mais aussi par leur souci d’évoluer dans un milieu de travail sécuritaire. Selon la période de l’année, ils sont entre 20 et 30 à partager cette valeur fondamentale.

Responsable des départements Ressources humaines et Santé-Sécurité au travail, Valérie Boivin indique que le modèle mis en place à l’usine est inspiré de la méthode développée par l’entreprise DuPont, une référence mondiale en la matière. Les efforts déployés par l’équipe de Ceradyne Canada ont d’ailleurs mérité à cette division le Prix du président 3M, une distinction attribuée à une entreprise qui a exercé ses activités sans aucun accident impliquant une perte de temps (ou un jour de travail perdu), et ce, durant une période complète de deux ans.

« Nos gens sont fiers de travailler dans un milieu sécuritaire et ils font en sorte que ça demeure ainsi. Ça s’inscrit parfaitement dans la philosophie de notre entreprise, puisque nos produits sont destinés à protéger les populations », rappelle Valérie Boivin. 

Photo d'équipe lors de la remise du Prix du président en Santé et Sécurité de 3M (CEO Safety and Health Award) pour 835 jours

consécutifs sans blessures impliquant une perte de temps.

Comité de gestion, de gauche à droite, Michel Simard, Geneviève Giasson, Carl Duchesne (milieu haut), Edith

Villeneuve (milieu bas), Valérie Boivin et Samuel Poirier.

17Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 18: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

economie.gouv.qc.ca/aluminium

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Page 19: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Rio Tinto poursuit l’importante restructuration de sa division alu-minium au Saguenay–Lac-Saint-Jean par l’élimination du poste de haut dirigeant des installa-tions régionales et la nomination de trois directeurs généraux

Étienne Jacques, chef des opérations, Métal primaire, qui agissait comme grand patron des installations régionales, devient vice-président Santé, Sécurité et Environnement au sein de la division aluminium, des responsabilités exercées depuis le siège social de Montréal. Le poste de chef des opérations du secteur Métal primaire a été aboli.

Les installations du Saguenay–Lac-Saint-Jean de Rio Tinto relèvent maintenant directement de Gervais Jacques, promu grand patron des opérations Atlantique Aluminium. Le nouveau directeur exécutif, frère d’Étienne Jacques, occupait auparavant le poste de chef des affaires commerciales aluminium.

Nomination de directeurs généraux.Cette restructuration a aussi entraîné la nomination de trois directeurs généraux régionaux à la tête des unités de gestion régionale de l’entreprise, souligne Rio Tinto, dans des documents transmis à Al13. Les directeurs généraux relèvent directement de Gervais Jacques.

Guy Gaudreault, des installa-tions almatoises, a été nommé directeur général de l’Aluminerie Saguenay–Lac-Saint-Jean, Jean-François Nadeau, directeur de l’Usine Vaudreuil, a pour sa part été promu au poste de directeur général du Complexe Jonquière, tandis que le directeur d’Éner-gie électrique, Jean-François Gauthier, s’est vu confirmé dans ses fonctions en obtenant le titre de directeur général.

« Les changements apportés à notre structure organisationnelle

nous font faire un pas de plus vers une organisation plus agile et plus adaptée à la réalité de l’industrie de l’aluminium. Ces changements signifient également que les sites sont encore plus proches de la haute direction », a assuré par courriel la porte-parole régionale de l’organisation, Xuân-Lan Vu.

Des directeurs opérationnels responsables des sites tels que les AP60, les installations portuaires et les services ferroviaires, ou encore celui de Laterrière, s’ajoutent aussi au nouvel organigramme.

Ces nominations s’inscrivent dans la poursuite de la restructuration entamée depuis le début de l’année lorsque les usines régionales ont été regroupées en une seule entité administrative, entraînant ainsi une réorganisation importante des postes-cadres dans la région. 

RESTRUCTURATION AU SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN

REMANIEMENT MAJEUR CHEZ RIO TINTO ALUMINIUMPAR MYRIAM GAUTHIER

1 Étienne Jacques occupe maintenant la fonction de vice-président Santé, Sécurité et Environnement de la division aluminium. 2 Jean-François Nadeau, directeur général du Complexe

Jonquière de Rio Tinto. 3 Guy Gaudreault, directeur général de l’Aluminerie Saguenay–Lac-Saint-Jean. 4 Gervais Jacques a été nommé grand patron des opérations Atlantique Aluminium.

5 Jean-François Gauthier, directeur général d’Énergie électrique.

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19Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

GRANDEENTREPRISE

Page 20: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Rio Tinto accroît sa production d’aluminium au Saguenay–Lac-Saint-Jean en investissant 36,6 M$ dans l’Usine Laterrière et 13,9 M$ au Centre de coulée Arvida

L’Usine Laterrière, équipée de la technologie P155, fera passer sa production de métal chaud par procédé d’électrolyse de 245 000 à 260 000 tonnes, une augmentation de 15 000 tonnes d’ici la fin de 2017, a annoncé Rio Tinto à la fin du mois d’avril. Les cuves passeront alors de 205 000 à 219 000 ampères.

Un nouveau bâtiment sera annexé aux salles de cuves de l’usine chicoutimienne. Cette construction permettra d’effectuer les activités d’électrolyse selon une nouvelle séquence d’opérations. Un nou-veau transbordeur aura comme conséquence d’optimiser les dépla-cements entre les ponts roulants,

la production de métal chaud et l’entretien des équipements, pré-cise-t-on, dans des documents transmis à Al13 par Rio Tinto.

Les travaux qui ont débuté au printemps 2016 sont le résultat d’une étude de faisabilité de 2,1 M$, lancée en octobre 2015, pour renforcer la productivité et la compétitivité de l’usine construite en 1980.

Des billettes pour des marchés spécialisés.L’investissement de 13,9 M$ au Centre de coulée Arvida, annoncé en juin, contribuera essentiellement à hausser de 10 % la capacité de production régionale d’aluminium en billettes; elle sera destinée aux marchés spécialisés.

Rio Tinto estime que la demande de billettes dans le marché nord-américain dépassera les 4 millions de tonnes d’ici 2020, notamment dans les secteurs de l’automobile, de la construction résidentielle et commerciale.

L’entreprise espère donc se démar-quer par cette offre augmentée de produits à valeur ajoutée. Les investissements se traduiront par des modifications importantes aux équipements, entre autres, par la mise en place d’une nou-velle technologie de coulée qui augmentera la vitesse de coulée et la qualité du produit fini.

Au total, 279 M$ ont été injectés dans les installations de Rio Tinto au Québec dans cette opération de modernisation. 

INVESTISSEMENT TOTAL DE 50,5 M$

LATERRIÈRE AUGMENTE SA PRODUCTIONRÉAMÉNAGEMENT DU CENTRE DE COULÉE ARVIDAPAR MYRIAM GAUTHIER

Rio Tinto investit 36,6 M$ pour accroître la production d’aluminium de l’Usine Laterrière. Un nouveau bâtiment,

ici modélisé en blanc, sera annexé aux salles de cuves.

20 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

GRANDEENTREPRISE

Page 21: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Rio Tinto renouvelle, pour une durée de cinq ans, son partena-riat avec le Centre universitaire de recherche sur l’aluminium (CURAL) de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Trois millions de dollars seront alors consacrés à la poursuite des recherches visant à optimiser le procédé de transformation de la bauxite en alumine

Les recherches menées par le CURAL sont réalisées en partenariat avec le Centre de recherche et de développement Arvida (CRDA) de Rio Tinto. Cette collaboration existe depuis la fondation du CURAL, en 1998.

« Les recherches ont pour but d’optimiser le procédé, mais aussi celui de travailler au développement de nouvelles technologies. Nous nous efforçons donc d’apporter des améliorations à court terme mais aussi à long terme », a expliqué Guy Simard, professeur-chercheur sous octroi au CURAL, qui œuvre sur les projets de recherche en bauxite-alumine.

Des travaux qui rayonnent à l’international.Les chercheurs travaillent avec des échantillons de matières premières, provenant de l’Usine Vaudreuil du Complexe Jonquière de Rio Tinto. Les études menées en laboratoire peuvent ensuite être appliquées en milieu industriel, ce qui permet de faire progresser plus rapidement les recherches.

Le chef de service du groupe bauxite et alumine du CRDA, Sébastien Fortin, a signalé, pour sa part, que les travaux du CURAL au sein de Rio Tinto rayonnaient à l’international. Ils ont été appliqués, par exemple, en Australie. L’Usine Vaudreuil affiche d’ailleurs les coûts de transformation de la bauxite en alumine les plus bas au sein du groupe.

Le recyclage des boues rouges est possible, mais…

Le CURAL ne possède pas de mandat de Rio Tinto pour mener des recherches sur la valorisation des résidus de bauxite dans le cadre de ce nouveau partenariat, a mentionné le directeur du CURAL, Daniel Marceau.

Sébastien Fortin rappelle que Rio Tinto mène ses propres recherches sur le sujet dans ses installations; il souligne que l’optimisation du procédé de séparation solide-liquide a permis au fil des ans de réduire le volume des boues rouges. L’entreprise est aussi ouverte aux idées provenant de l’extérieur.

« De nombreuses recherches sur le sujet ont été menées et, depuis 40 ans, même les meilleures idées n’ont pas vu le jour, car il faut que ce soit financièrement viable », a indiqué, pour sa part, le professeur Marceau. 

TROIS MILLIONS $ SUR CINQ ANS

RIO TINTO RENOUVELLE SON ENTENTE AVEC CURALPOURSUITE DE LA RECHERCHE SUR LA BAUXITEPAR MYRIAM GAUTHIER

Sébastien Fortin, chef de service du groupe bauxite et alumine du Centre

de recherche et de développement Arvida de Rio Tinto; Guy Simard,

professeur-chercheur sous octroi au CURAL ainsi que Daniel Marceau,

directeur du CURAL.

21Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

GRANDEENTREPRISE

Page 22: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Le marché ardu de l’aluminium ne freine pas les ardeurs d’Aluminerie Alouette à Sept-Îles, qui est loin de lésiner sur les moyens pour tirer son épingle du jeu La plus grande aluminerie des Amériques dit avoir le regard tourné vers l’avenir et pose un à un les jalons qui lui permettront d’être pérenne

« Ce sont les meilleures qui vont rester », tranche le président et chef de la direction de l’aluminerie de Pointe-Noire, Claude Boulanger, « ce sont celles qui vont être capables d’être créatives et innovantes pour mieux s’en tirer sur le marché qui est difficile ». La solution est claire pour le grand patron : aller encore plus loin.

« On voit que le prix du marché ne nous aidera pas, alors comment Aluminerie Alouette peut-elle se positionner? », interroge-t-il. Une question à laquelle l’entreprise a trouvé réponse en mettant de l’avant son fameux Plan 60/60+,

dont le principal objectif est de parvenir à réduire le coût de pro-duction de la tonne de métal gris.

Des gueuses beaucoup plus grosses.

Les visées de l’aluminerie se résumaient à faire des économies de 60 millions $ tout en augmentant la production de 60 000 tonnes d’ici 2017. Mais, l’approche a été récemment bonifiée pour « atteindre le plein potentiel ». « On l’applique maintenant en continu, dans la perspective de

ALOUETTE VA PLUS LOIN

APPLICATION DU PLAN 60/60+LES INVENTAIRES DEMEURENT ÉLEVÉS PAR FANNY LÉVESQUE

« On peut produire avec un ampérage plus élevé,

ce qui rend notre cuve plus productive », mentionne

M. Claude Boulanger.

L’Aluminerie Alouette de Sept-Îles veut réduire les coûts de production tout en

augmentant la production.

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GRANDEENTREPRISE

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toujours s’améliorer », indique M. Boulanger.

Reste que nombre d’efforts ont déjà été réalisés pour sabrer dans la colonne des dépenses. Au chapitre des exemples, Alouette souligne, entre autres, les améliorations apportées à son centre de coulée, où la production des lingots plus petits a été rayée pour fabriquer uniquement des gueuses d’aluminium beaucoup plus grosses.

L’entreprise de Sept-Îles a aussi invité ses fournisseurs à aiguiser leur crayon en passant « beaucoup plus par des appels d’offres ». La direction se réjouit d’ailleurs que 85 % de ses achats apparaissent sur la liste des biens et services locaux offerts à la MRC de Sept-Rivières, une bonne nouvelle dans une région affaiblie par le marché du fer.

Vers 630 000 tonnes avec la technologie AP40 Pechiney.Mais le nerf de la guerre réside dans la performance des cuves de l’aluminerie, qui a, pour la première fois de son histoire, dépassé le cap des 600 000 tonnes de métal gris, par la production de 604 770 tonnes en 2015. Un résultat non étranger à la migration, en 4 ans, de ses quelque 594 cuves vers la technologie AP40LE (Aluminium Pechiney), qui permet d’opérer les cuves à 400 000 ampères avec le moins d’énergie possible (Low Energy). « On peut produire avec un ampérage plus élevé, ce qui rend notre cuve plus produc-tive », explique M. Boulanger. En 2016, l’aluminerie aspire à une production de 610  000 tonnes, et même à 630 000 tonnes d’ici 2019. Des objectifs qui ne laissent pas d’autres choix à l’entreprise que celui de poursuivre son déve-loppement, en explorant déjà une « AP40LE+ » avec la collabora-tion de Rio Tinto, propriétaire de la technologie Aluminium Pechiney. Plus robuste et produisant avec un

peu plus d’ampérage, la nouvelle cuve sera testée à Sept-Îles.

« On va la tester pour savoir si l’on va rester avec l’AP40LE ou se tourner vers l’AP40LE+ dans le futur », explique le grand patron. « C’est de voir comment elle va se comporter, pour vérifier si le changement en vaudra la peine ». Dès janvier, 3 cuves-tests sur les 18, qui sont présentes dans l’usine-pilote d’Alouette, seront ainsi expérimentées.

En ligne avec l’accroissement de sa production, l’aluminerie a, l’été dernier, investi 28 millions $ dans un nouveau transformateur-redresseur de 89 kiloampères à ses installations de haute tension. « Ça permet de sécuriser nos opérations lors des entretiens et d’assurer l’augmentation de notre capacité de production », indique Claude Boulanger.

Nouveaux tarifs à partage de risque.L’acquisition de l’aluminerie s’ins-crit en complément de la nouvelle ligne électrique de 161 kilovolts, aussi entrée en fonction en 2016. Parlant énergie, il est vrai aussi d’avancer que, dès janvier 2017, Alouette bénéficiera de ses nou-veaux tarifs à partage de risque, négociés avec Québec pour les phases 1 et 2 de son usine. « C’est un élément de plus qui nous per-mettra d’être plus compétitifs à l’échelle mondiale », n’hésite pas de dire le chef de la direction, qui

évalue que son entreprise réalisera des économies « substantielles » d’environ 100 $ la tonne avec l’en-trée en vigueur des tarifs, jugés « équitables » vis-à-vis des autres alumineries de la province.

Cet te aluminerie continue également de placer ses pions en investissant bon an, mal an entre 25 et 30 millions $ pour assurer la pérennité de ses installations de Sept-Îles. « On parle de gestion des actifs, du maintien et de l’amélioration », souligne M.  Boulanger. « En ces temps difficiles pour le marché, ce n’est pas rien », estime-t-il.

Pour l’heure, la tonne de métal gris se négocie autour de 1 550 dollars avec la Chine, qui vient jouer la trouble-fête en inondant le marché de ses surplus. « Les inventaires sont très élevés, alors les prix n’augmentent pas. Mais, la Chine n’arrête pas de produire, tout ça déséquilibre donc le marché […]. Elle produit la moitié de l’aluminium mondial ».

Reste que l’entreprise entrevoit l’avenir avec optimisme. L’aluminerie a d’ailleurs toujours dans ses cartons sa troisième phase d’expansion, un projet de plus de 2 milliards $, qui ajouterait 400 000 tonnes à sa production. Alouette a mis la touche finale à son étude de préfaisabilité cet été, « mais il reste encore beau-coup d’étapes à franchir », nuance M. Boulanger.

Soulignons que l'Aluminerie Alouette embauche un millier de travailleurs à Sept-Îles. 

Aspirant atteindre les 610 000 tonnes ou plus pour 2019, l’Aluminerie Alouette doit poursuivre son développement. Avec la collaboration de Rio Tinto, elle

envisage explorer une AP40LE+, qui sera testée à Sept-Îles.

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Créé en 1985, le Centre de métallurgie du Québec, affilié au Cégep de Trois-Rivières, a entre-pris la phase 3 de son dévelop-pement Dès la mi-décembre, le nouveau bâtiment devrait être terminé, ajoutant un espace de 8 000 pieds carrés à l’usine et 4 000 pieds carrés aux bureaux Cette étape consolide la crois-sance du CMQ, son expertise, ses services en fabrication addi-tive (impression en 3D), ainsi qu’en essais et en contrôle non destructifs Premier centre fran-cophone à sa fondation, il est actuellement « le seul centre bilingue de formation et d’exa-mens en END, autorisé par l’Office des normes générales du Canada (ONGC) », précise Nicolas Giguère, directeur du Centre des alliages avancés

Depuis 31 ans au service des entreprises, le CMQ n’a cessé d’évoluer. Considéré comme un des plus performants du Réseau Trans-tech, acteur majeur du milieu de la métallurgie du Canada, déten-

teur d’une chaire de recherche collégiale en transformation de l’aluminium et d’un centre d’accès à la technologie pour la mise en forme des alliages avancés, près de 170  entreprises canadiennes recourent à ses services chaque année pour développer des applica-tions sur mesure. Des universités et des compagnies américaines et européennes s’y intéressent pour la recherche.

La phase 2 amorcée en 2009 et concrétisée en 2013-2014, avec le soutien du Programme de dévelop-pement économique du Québec de DEC, a permis au Centre de tech-nologies des alliages avancés d’ac-quérir des équipements de pointe, dont une machine de soudure par ultrasons, unique au Canada. La phase 3 s’inscrit en continuité avec une croissance résultant de l’intérêt suscité par le CMQ parmi les com-pagnies canadiennes pour l’exper-tise de ses applications.

La réalisation du Centre d’examens en essais non destructifs, phase 3

du CMQ, était évaluée à plus de 4,6 M$. Le MESI a versé une sub-vention de 2 658 M$, le Centre a investi une somme de 500 000 $ et Développement économique Canada a contribué à l’achat d’équipements — imprimante 3D, équipements de contrôle non des-tructifs et un microscope électro-nique — pour la somme de 1,5 M$.

Nicolas Giguère, professeur asso-cié à l’Université Laval, s’est joint à l’équipe en 2009. « Nous étions 10 employés, relate-t-il. Aujourd’hui, nous sommes 30.  » La phase 3 génèrera 11 nouveaux emplois et d’autres s’ajouteront lors de la phase 4 déjà en gestation. « On ne lâche pas les autres domaines de recherche, mais la fabrication addi-tive prend de l’élan depuis deux ans. On travaille avec cinq compagnies canadiennes pour développer des applications sur mesure pour ces entreprises-là, telles que Héroux-Devteck ou Dynamex. » D’autres partenaires, comme les universités McGill, Laval ou le CRIQ, contri-buent à la progression du CMQ. 

RECHERCHEET INNOVATION

LE CMQ DE TROIS-RIVIÈRES

UNE CROISSANCE EN CONTINU ET DES SERVICES UNIQUESDÉVELOPPEMENT D'APPLICATIONS SUR MESUREPAR CHRISTIANE LAFORGE

Représentants du CMQ à la grappe aérospatiale du Québec, Aéro Montréal. Traitement technique sous vide.

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Afin de souligner le 150e anni-versaire de la Ville d’Alma, l’en-treprise Constructions Proco a offert à la capitale jeannoise un tablier de pont entièrement fait d’aluminium pour la nou-velle passerelle piétonnière qui enjambe la rivière Petite Décharge En plus d’avoir un caractère historique, ce don, équivalent à un quart de mil-lions de dollars, a permis à la PME jeannoise de s’initier à la soudure par friction-malaxage

Reprenant les grandes lignes de ce projet, le directeur général, Jean-Denis Toupin, souligne qu’outre l’utilisation de cette tech-nologie de pointe, le tablier qui recouvre aujourd’hui la structure est fait d’aluminium produit et extrudé sur le territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

« La première étape était de concevoir et d’élaborer notre

extrusion, qui devait être compatible avec les équipements de l’usine Pexal-Tecalum d’Alma. C’est le point de départ de ce projet », rapporte d’entrée de jeu le dirigeant de Constructions Proco.

Pour cette étape initiale, les ingénieurs ont eu recours à la modélisation par éléments finis. Une fois les tests jugés concluants et les premières pièces du casse-tête extrudées, l’heure était venue de se lancer dans la soudure par friction-malaxage et de mettre à profit cet outil révolutionnaire, propriété du Centre d’entrepreneuriat et d’essaimage de l’Université du Québec à Chicoutimi (CEE-UQAC). Installé au pavillon Ville de Saguenay du CEE-UQAC, cet équipement est le seul du genre au pays.

Or, si le potentiel du procédé ne fait aucun doute, il demeure que la technologie en est à ses

premiers balbutiements. Pour les spécialistes de Constructions Proco, tout était à découvrir.

« La friction-malaxage, à la base, c’est un équipement qui tourne et qui avance. Il nous fallait créer le bon pion pour nos besoins. Le pion peut être conique, en spirale, de différentes formes, selon l’utilisation. Ça semble simple, mais ça demande beaucoup de travail de recherche. Nous avions du matériel relativement mince à souder, avec des longueurs importantes, il fallait donc que le pion soit suffisamment résistant », explique Jean-Denis Toupin.

Le directeur général enchaîne en faisant référence à la soudure traditionnelle, qui compte plus de cent ans d’histoire et qui n’a plus aucun secret.

« La soudure traditionnelle existe depuis toujours. À travers les

PASSERELLE AU TABLIER D'ALUMINIUM À ALMA

PROCO EXPÉRIMENTESOUDURE PAR FRICTION-MALAXAGEPAR MARC ST-HILAIRE

PMERECHERCHE

Pexal-Tecalum d’Alma a les équipements à la fine pointe de la technologie pour faire

des extrusions complexes, souhaitées par Constructions Proco, dans la confection du

tablier de pont en aluminium de la nouvelle passerelle piétonnière qui surplombera la

rivière Petite Décharge à Alma.

26 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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années, il y a eu énormément d’avancées, de recherches et de tests. Nos connaissances ont évolué et, aujourd’hui, nous sommes à la fine pointe de cette technologie. Nous mélangeons deux ou trois types de gaz pour avoir les meilleures soudures qui soient. Il y a des tables et d’autres outils qui nous permettent d’aller chercher la combinaison de gaz et de fils la plus appropriée possible, ce qui n’existe pas encore avec la friction-malaxage. »

Hors des sentiers battus.Pendant une bonne partie de la saison printanière, des échantillons ont été soudés l’un à l’autre selon une panoplie de combinaisons (vitesse de déplacement, vitesse de rotation, longueur et géométrie du pion, etc.), jusqu’à ce qu’on identifie la « recette idéale » pour le tablier de la passerelle almatoise.

« Nous avons effectué des centaines d’essais, puis on a évalué la qualité des soudures en fonction des paramètres testés. Une fois satisfaits, nous avons commencé la soudure avec des longueurs pleines. »

Pour ce projet, des extrusions de 6 mètres et de 12 mètres devaient être alignées pour atteindre une longueur totale de 132 mètres. Aussi la précision était-elle un facteur crucial. Selon Jean-Denis Toupin, la marge de manœuvre pour la soudure était de plus ou moins un millimètre.

« Nous sommes maintenant ferrés pour le prochain projet du genre, et nous avons également développé une extrusion unique, dont la propriété intellectuelle nous appartient; elle pourra être utilisée dans le futur. Bien sûr, il y aura toujours du travail de recherche à faire en fonction des spécificités de chaque projet, mais nous avons tout de même fait de grands pas en matière de soudure par friction-malaxage. Nous sommes heureux de l’expertise acquise », insiste le dirigeant de Constructions Proco.

On estime que la technologie de la friction-malaxage a été utilisée pour environ 80 % des soudures de ce projet.

Partenariat financier.Dessinée de façon à se marier à l’architecture du secteur du centre-ville d’Alma, la passerelle piétonnière de la rivière Petite Décharge porte également la signature de Rio Tinto, qui a accordé une aide financière de 300 000 dollars à la municipalité.

« La participation de Rio Tinto Aluminium et de Constructions Proco revêt un caractère technologique et, aujourd’hui, le conseil municipal tient à souligner leur expertise et leur ingénierie remarquables à la réalisation de cette infrastructure. De par son allure, son envergure et sa composition en aluminium, elle offrira une vitrine technologique pour nos visiteurs, en plus de montrer l’expertise et le savoir-faire de nos entreprises régionales », applaudissait le maire d’Alma, Marc Asselin, en avril dernier, lors du dévoilement de ces deux partenaires privés.

Le gouvernement du Québec, par le biais du ministère des Transports, a lui aussi contribué à cette réalisa-tion grâce à une subvention d’un million de dollars. 

Jean-Denis Toupin, directeur général de

Constructions Proco inc.

Des extrusions allant de 6 à 12 mètres ont été alignées afin d’atteindre la longueur maximale de 132 mètres.

De nombreux essais ont été faits pour souder des échantillons afin de trouver la recette idéale.

27Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 28: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

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Page 29: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

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NOUVELLES INSTALLATIONS POUR FILTRARTECH

ENTRÉE RÉUSSIE SUR LA SCÈNE INTERNATIONALEL'IMPORTANCE D'UN DÉMARCHEUR EFFICACEPAR MARC ST-HILAIRE

Devant composer avec une expansion rapide et une crois-sance significative de ses mar-chés, l’entreprise québécoise Filtrartech a dû emménager dans de nouveaux espaces, plus vastes répondant mieux à ses besoins de production

Le président et directeur général, Jean-François Turcotte, explique que la relocalisation de ses installa-tions était nécessaire. L’entreprise établie sur la rue des Sociétaires, à Saguenay, a ainsi acquis un terrain à un jet de pierre de son ancienne usine, puis a donné le feu vert à un projet de construction de 1,6 mil-lion de dollars.

« La quantité de mandats à réaliser augmentait de plus en plus. Toutefois, nos bureaux voués à l’ingénierie étaient pleins; nous n’avions plus d’espace disponible pour recevoir de la main-d’œuvre supplémentaire et notre ancien atelier n’était pas équipé d’un pont roulant. Pendant plusieurs années, nous avons été en mesure de

nous accommoder, mais avec nos nouveaux contrats et ceux qui se dessinent, nous n’avions plus le choix », raconte M. Turcotte. En novembre 2016, les travaux étaient exécutés et Filtrartech amorçait un nouveau chapitre de son histoire.

Le déménagement de l’entreprise coïncide avec l’éclosion d’une stra-tégie amorcée un an plus tôt. En 2015, dans l’optique de se faire valoir au-delà des frontières du Québec, Filtrartech a recruté un démarcheur dont le mandat était de conclure des ententes de distri-bution à l’échelle planétaire. Selon les plans initiaux, ce dernier devait, dans un premier temps, concentrer ses efforts sur les marchés cana-dien et américain, une tâche, dont l’employé, s’est d’ailleurs acquitté avec brio. Plus vite que prévu, il a été en mesure de tisser des liens avec des prospects établis en Afrique de même qu’au Chili.

« Avec ce qui s’en vient, il fallait être prêts à répondre à la demande », met en relief Jean-François

Turcotte. Filtrartech emploie une trentaine de travailleurs; elle dis-pose de départements d’ingénie-rie et de fabrication; elle offre à sa clientèle l’installation des équipe-ments.

Jusqu’en 2009, Filtrartech ne faisait que de l’impartition de main-d’œuvre spécialisée dans la filtration. Puis, à l’arrivée de Jean-François Turcotte, l’entreprise a délaissé ce champ d’activités pour se consacrer à trois secteurs : le dépoussiérage industriel, les aspi-rateurs industriels et le convoyage pneumatique de matières sèches. L’expertise acquise en matière de courroies de convoyeur constitue également l’un des fers de lance de l’entreprise, qui, après quatre années de recherche et de développement, a conçu un sys-tème unique, breveté à l’internatio-nal. Selon le président, la nouvelle usine permettra à Filtrartech de bénéficier d’une chaîne de montage, dédiée spécifiquement à ce produit entièrement fait d’aluminium. 

De gauche à droite : Nicolas Desmeules, François Jean,

Ghislain Girard, Tommy Lapointe, Pascale Laberge, Bernard Ferland,

Cathy Brassard, Michaël Parent, Charles Meilleur, Jean-Francois

Turcotte, Steve Vachon de Lapointe & Gagnon (entrepreneur), Yannick

Fortin, Dany Gagnon de Lapointe & Gagnon (entrepreneur).

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Créé en 1993 par la volonté concer tée d ’ inter venants désireux de pallier la perte annoncée de nombreux emplois dans l’industrie de l’aluminium au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium a démontré avec succès que l’efficacité d’un organisme et son rayonnement national, voire international, ne tient pas à sa situation géographique Cela découle plutôt de son dynamisme, de sa rapidité d’intervention et de sa souplesse administrative Après deux décennies, dont la performance a été soulignée dans les rapports d’évaluation minis tér ie ls , des vent s contradictoires font craindre le pire à l’organisme On s’inquiète de voir son expertise être happée par de nouvelles structures centralisatrices

Dans la lancée d’une Stratégie québécoise du développement de l’aluminium visant à doubler la transformation de ce métal en dix ans, qu’en est-il de l’avenir du CQRDA?

Ils sont unanimes : la continuité malgré le changement.Nous avons rencontré plusieurs bâtisseurs et administrateurs au seuil d’une ère nouvelle. Tous sont unanimes : « Le Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium doit et va poursuivre sa mission. » Dominique Bouchard, président du conseil d’administration, tient à ce que le CQRDA continue de soutenir les projets des PME dans la recherche et le développement. « On ne doit jamais perdre

de vue que nos PME et nos équipementiers ont besoin d’aide. Nous en avons fait l’expérience hors de tout doute. Maintenant, l’avenir dépend des partenaires. Avec les membres du conseil d’administration, je demeure optimiste. Nous voulons assurer la continuité du Centre et répondre aux PME et aux équipementiers du mieux que nous le pourrons selon les nouvelles règles. »

Cet acte de foi repose sur la conclusion de trois évaluations gouvernementales confirmant l’efficacité du CQRDA. Les témoi-gnages des entrepreneurs, [dont une centaine de lettres jointes au mémoire déposé par le Centre lors du Sommet économique de 2015], expriment un taux de satisfaction de 95 % de la part des membres. Le maillage réussi entre les chercheurs, les scienti-fiques, les agents de liaison, les

LE CQRDA A RÉPONDU AUX ATTENTES

25 ANS D'EXPERTISE ET D'EFFICACITÉUNE MISSION AU SERVICE DES PMEPAR CHRISTIANE LAFORGE

| DOSSIER

Gilles Déry, directeur général du CQRDA, aborde ses nouvelles fonctions avec la ferme intention de travailler dans l’intérêt des PME. Diplômé de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), il est détenteur d’une maîtrise en gestion des petites et moyennes organisations et d’un baccalauréat en sciences économiques et administratives.

30 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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chargés de projets et les entre-preneurs montre la pertinence du CQRDA.

En juin 2016, lors du lancement du magazine Al13 à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec, le premier ministre Philippe Couillard a déclaré sans ambiguïté l’importance de ce centre de recherche et de son comité scientifique. Il a affirmé sa volonté propre d’en assurer la pérennité : « J'offre mon soutien total envers le CQRDA et l'importante contribution qu'il fait à l'innovation dans l'industrie », rapporte Le Quotidien du 8 juin 2016.

95 % des membres et des partenaires se disent très satisfaits.Dans son plus récent rapport d’évaluation, le ministère de l’Éco-nomie, de la Science et de l’Inno-vation (MESI) relève les aspects prouvant l’efficacité du CQRDA et ses retombées tangibles. « En moyenne, 29 projets de recherche et développement sont réalisés chaque année au CQRDA. » Les PME représentent 72 % de la clien-tèle du Centre et 80 % des entre-prises membres. Les sommes investies en activités et en ser-vices sont évaluées à 1,5 M$.

La performance du CQRDA génère un taux de 89 % de renouvellement des membres; leur taux de satisfaction est de 95 %; celui des chercheurs, de 92 %. « Le CQRDA est représentatif de l’écosystème québécois d’innovation », assurent les analystes du MESI. « À la suite de la collaboration avec le CQRDA, la clientèle a de meilleures chances d’introduire de nouveaux procédés de production ou de fabrication, ou encore d’améliorer les procédés existants. En moyenne, 25 chercheurs contr ibuent annuellement aux travaux en RD du CQRDA. Des emplois ont été maintenus ou créés chez les clients et en majorité dans les entreprises. La création de richesse en soutien à la production et à la transformation

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de l’aluminium est estimée à 6 M$ annuellement », révèle le rapport ministériel.

Les interventions du CQRDA auprès des PME œuvrant dans la transformation de l’aluminium couvrent tout le Québec. Depuis 1993, il est le vase communicant entre les producteurs, les trans-formateurs, les chercheurs et les entreprises. Un réseau qui s’est construit année après année par des experts chevronnés choisis parmi les chercheurs, les scien-tifiques et les agents de liaison issus des grandes alumineries, de PME, d'universités et d’ordres pro-fessionnels reconnus. Un partage d’expériences, de ressources, de recherches, de développement, et d’innovation au bénéfice d’en-trepreneurs audacieux et inno-vants. Il a brillamment contribué à instaurer le maillage entre les institutions d’enseignement et les PME. Il a développé des outils de partage du savoir, notamment avec Les Presses de l’aluminium (PRAL), fondées en 2003. Seule maison d’édition spécialisée dans le domaine de l’aluminium, elle compte 23 publications. Le magazine d’information sur l’alu-

minium et ses différents acteurs des grandes, moyennes et petites entreprises, Al13, est publié deux fois par an. Le Centre a contribué à la mise en place de cours et de for-mation collégiaux et universitaires en fonderie, soudage-montage, transformation de l’aluminium, technologies du génie métallur-gique et baccalauréat en ingénie-rie de l’aluminium. Sous forme de bourses, de concours et autres

moyens, jusqu’à ce que les cou-pures du MEIE (aujourd’hui le MESI) y mettent fin, l’organisme a incité les étudiants des facultés de génie et de design à mieux connaître les propriétés de l’alumi-nium afin de l’intégrer dans leurs projets.

En somme, le rapport ministériel réitère que le CQRDA répond adé-quatement aux besoins de soutien des organismes de production et de transformation de l’aluminium.

L’inquiétude croît au rythme de la réduction des subventions et de la mise en place de nouvelles règles.En décroissance depuis 2001, le budget de fonctionnement du CQRDA a été réduit de 500 000 $ en 2014. Quant au fonds de pro-jets d’environ 1,2 M$ que gérait le Centre, il a été rapatrié au gouver-nement en conformité avec la loi 1 sur la reddition des comptes. Par ce fonds, le CQRDA investissait sous forme de prêt remboursable, jusqu’à 25 % du coût total du pro-jet de recherche et de dévelop-pement accepté par son comité de scientifiques. Depuis octobre 2014, le MESI gère les subven-tions à la recherche selon de nou-velles règles; subventions pouvant atteindre 40 % du coût total à la condition de réaliser les travaux dans un centre de recherche public (CRP). Au cours de la der-nière année, lit-on dans le Rapport annuel 2015-2016 du CQRDA « le centre et son comité scientifique ont approuvé 25  projets, dont 13 issus de nouvelles entreprises, et octroyé 1,3 M$ pour la réalisa-tion de leur projet de RD. Cette année, 16  nouveaux projets ont été acceptés et subventionnés pour un total de 900  000 $. » « Cela en tenant compte des nouvelles règles transitoires », précise le président, Dominique Bouchard.

Affronter le changement est une opportunité de relever un défi,

ce qui a grandement motivé Gilles Déry à devenir le nouveau

directeur général du CQRDA.

Al13 est publié deux fois par année.

VOLUME 22 l NUMÉRO 1

Juin 2016 l 12 $

LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHEET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM (CQRDA)

LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM

QUÉBEC OUVREL'ÈRE DES PME50

UNE INDUSTRIE À RÉINVENTER30

UPBRELLA RÉVOLUTIONNE LA CONSTRUCTION

20

PHILIPPE COUILLARD, PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC

32 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 33: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Nonobstant la conjoncture écono-mique, les nouvelles règles bud-gétaires et la gestion des prêts aux entreprises, pas question de renoncer à la mission du CQRDA. Dominique Bouchard a une priorité bien ancrée dans sa démarche : soutenir les PME.

S’adapter, oui. Disparaître, non. La priorité du CQRDA demeure les PME.« Ce qui a changé, explique le président, c’est la façon d’aider les projets en RD. Les subventions provenant du MESI sont gérées par le Centre. De plus, il reçoit toujours les projets et, selon les recommandations de son comité scientifique, les approuve. » Le risque pour les entreprises est de devoir supporter des délais plus longs dans ce processus de transition. Avec le temps, M. Bouchard espère que tout s’améliorera sur ce point.

Rien n’est joué tant que rien n’est signé. Gilles Déry, directeur géné-

ral nommé en s e p t e m b r e 2016, constate que le CQRDA est à la croisée des chemins . D’autres chan -gements majeurs sont prévus, principa-lement concernant les conditions du financement. « Le défi consiste à définir le mandat du CQRDA et à lui assurer de façon permanente les moyens de poursuivre sa mission », déclare M. Déry.

« De nouveaux pro -grammes sont accessibles aux PME. Leur impact sera évalué avec le temps. Mais, insiste Dominique Bouchard, notre volonté est que le CQRDA continue d’être l’organisme qui soutient la recherche et le dévelop-pement des PME. À ce sujet, nous avons fait nos preuves hors de tout doute. »

Gilles Déry abonde dans le même sens. Après 25 ans, le Centre de recherche possède une expertise avantageusement reconnue par les évaluateurs du MESI. Il est en position idéale pour comprendre et conseiller les PME disséminées à travers le Québec. « Les entreprises qui connaissent une forte croissance maintiennent un lien privilégié avec leur clientèle, fonctionnent dans un système ouvert et dynamique et surtout tissent des liens privilégiés avec les universités et les centres de recherche et d’innovation. Le CQRDA se positionne absolument dans cet axe, qui est primordial pour l’avenir du Québec dans le développement de l’industrie de l’aluminium. »

La volonté exprimée par le gouvernement consiste à doubler le volume d’affaire de la

transformation manufacturière de l’aluminium. « La transformation de l’aluminium, ça se passe surtout en région (Saguenay–Lac-Saint-Jean, Mauricie, Beauce, Cantons de l’Est et Estrie). Prétendre qu’un CQRDA n’a pas sa place en région serait une contradiction flagrante avec la réalité. Si on veut un interlocuteur valide et facilement accessible, je pense que le CQRDA, par son bilan et toutes ses réalisations, montre qu’il est l’outil idéal. Nous devrons rallier nos forces, renforcer la synergie entre les différentes instances dont les collèges, le STIQ (sous-traitance industrielle du Québec), le REGAL, le Réseau Trans-Al et la Vallée de l’aluminium. »

Dans l’incertitude comme dans la confiance, dans le changement comme dans la continuité, le créneau de l’aluminium est le phare du CQRDA. « Nous allons travailler dans l’intérêt de nos clients que sont les PME », conclut Gilles Déry. 

Dominique Bouchard, président du CQRDA, demeure optimiste et fait du soutien aux PME sa priorité.

33Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 34: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

| DOSSIER

Lucien Gendron, qui a été directeur général du CQRDA pendant 20 ans, considère

que le CQRDA a montré qu’il n’y a pas de limites géographiques au succès.

« Le CQRDA est né parce que la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean a su se mobiliser Les efforts réunis des intervenants de plusieurs milieux pour sauver le Centre de recherche et de développement Arvida et trouver l ’alternative à la réduction massive des emplois direc ts chez la compagnie Alcan ont provoqué une dynamique créatrice » Lucien Gendron, l'un des bâtisseurs du CQRDA et son directeur général pendant 20 ans, croit que le manque de mobilisation et de concertation est le talon d’Achille des régions Trop d’organismes de la capitale et de la métropole pensent, malgré les preuves contraires, qu’il est mieux d’opérer à partir des grands centres, niant ainsi aux régions leur dynamisme

comme leur efficacité Et leurs ténors ont grande influence sur les décisions politiques

Une volonté de soutenir les PME.En 1977-1978, confrontée à la menace de transférer à Kingston le Centre de recherche et de développement Arvida (CRDA), la région se mobilise pour contrer ce qui aurait été une perte majeure pour la future Vallée de l’alu-minium. Les efforts concertés d’intervenants régionaux et du gouvernement du Québec auprès de l’aluminerie Alcan évitent le transfert du CRDA. Six ans plus tard, au Sommet économique de 1984, Alcan sonne le glas d’une époque révolue : terminé le temps d’être le grand pourvoyeur d’em-

plois. Les 11 000 emplois directs des années fastes ne sont plus que 7 000. Et, prévient alors la compagnie, la chute va continuer implacablement, car telle est la conjoncture provoquée par le virage technologique. Une pré-diction avérée. Aujourd’hui, sur le site Internet de la Vallée de l’aluminium, on ne parle plus de 7  000 emplois directs, mais de 7 500 emplois directs, indirects et induits. Ce Sommet de 1984 alarme les plus lucides sur le dan-ger de trop dépendre de la grande industrie. Grandit alors l’idée de miser sur la transformation de l’aluminium et, dans ce but, de contribuer au développement et à la recherche des PME.

Réunies, l ’UQAC et Alcan provoquent une réflexion qui aboutira à la création de la première

L'HISTOIRE D'UNE CONCERTATION

LA NÉCESSAIRE MOBILISATION DES RÉGIONSLUCIEN GENDRON DEMEURE OPTIMISTEPAR CHRISTIANE LAFORGE

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chaire industrielle sur l’aluminium, la Chaire industrielle du CRSNG-Alcan sur l'ingénierie des procédés (CHIP). « C’est là que commence la véritable histoire du CQRDA », raconte M. Gendron.

D’autres alumineries se créent, à Bécancour, à Sept-Îles et à Donnacona. Une effervescence qui incite le ministre responsable du Développement économique, Pierre Mc Donald, à lancer l’idée de deux entités, un BRAQ (bureau des alumineries du Québec) et un IRDA (Institut de recherche et de développement de l’aluminium). La perspective d’un IRDA

trouve écho au Saguenay, mais l’Alcan y voit une concurrence. Sa réticence se traduit par la création de l’Association de l’aluminium du Canada, qui agira comme interlocuteur en prévision d’initiatives éventuelles.

En 1991, lors d’un 2e Sommet économique, tenu à Saint-Félicien, Gérald Tremblay, ministre de l’Économie et du Commerce se disait prêt à investir 2,6 M$ dans un centre de liaison et de transfert technologique. Rapidement un comité de travail est formé. Il se compose du recteur de l’UQAC, Gérard Arguin,

ainsi que de plusieurs chercheurs et administrateurs provenant de l’université, du Cégep de Jonquière, de la compagnie Alcan (dont Émery LeBlanc vice-président exécutif Alumine et métal de première fusion Alcan), de l’Association de l’aluminium du Canada, présidée par Christian L. Van Houtte, et de la Société des Technologies de l’Aluminium du Saguenay (STAS) incluant son fondateur Pierre Bouchard. Ce comité soumet avec succès les assises du futur organisme. La Société de la Vallée de l’aluminium et le Centre des technologies de l’aluminium s’y

Gérard Arguin, premier éditeur du magazine Al13.

Émery LeBlanc, vice-président exécutif Alumine et métal de première fusion Alcan, deuxième éditeur

du magazine.

Christian Van Houtte a présidé l’Association de l’aluminium du

Canada (AAC).

Pierre Bouchard, président de la Société des Technologies de

l’Aluminium du Saguenay (STAS), a aussi fait partie du comité

fondateur du CQRDA.

Bernard Angers a été à la présidence du CQRDA

pendant 20 ans.

35Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 36: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

joindront plus tard. Tous ont les mêmes buts : rapprocher les grandes entreprises, les PME, les établissements d’enseignement supérieur, les gouvernements et mettre en place un outil de développement pour l’industrie de la transformation de l’aluminium. En juin 1993, le CQRDA devient le premier centre de liaison et de transfert, hors des grandes agglomérations, dévoué aux PME québécoises. Bernard Angers en sera le président pendant 20 ans.

Pas de limites géographiques au succès.Fort de ses agents de liaison couvrant le territoire québécois, de son comité scientifique analy-sant les projets des PME en RD, de ses réseaux comme Trans-Al et le REGAL, le CQRDA a reçu 1 045 projets, dont 808 ont reçu un appui financier et technique. Au 30 avril 2016, les investissements du CQRDA totalisaient près de 25 M$ et ses partenaires près de 150 M$, faisant ainsi preuve d’un « effet levier », significatif pour les entreprises. Par la diversité de ses activités de liaison telles que le Congrès international Trans-Al, les missions technico-commer-ciales (France, Italie, Mexique), Synergie-Al, les symposiums, les formations aux PME, il a été le

premier à rallier les divers interve-nants de l’industrie de l’aluminium sur la scène nationale et internatio-nale dans des activités majeures, et ce, en langue française.

Dans son mémoire déposé au Sommet économique de 2015, le CQRDA identifie plusieurs coups

d’éclat : le dossier Kalzip (toit en aluminium), la Carte routière technologique canadienne de la transformation de l’aluminium, le code des ponts et le Calcul des charpentes d’aluminium. Quant aux fleurons des entrepreneurs et du CQRDA, les plus connus sur la scène mondiale sont le BIXI de Cycles Devinci; Kaskoo, le véhicule tout-terrain de Fabconcept; des projets de STAS; le procédé Make-A-Bridge de MAADI; les robots de Robotics Design; la moto élec-trique Sora de Lito Green Motion; la première installation industrielle de soudure par friction-malaxage au Canada du Groupe JM Tremblay de St-Anicet; le formage à chaud de Verbom; les boîtes électriques de DUAL-ADE; plus récemment, les sièges ergonomiques pour Héma-Québec, fabriqués par Ergofab.

La région saura-t-elle tirer une leçon de l’histoire réussie du CQRDA? Lucien Gendron le voudrait bien. 

Les bureaux du CQRDA sont situés sur le boulevard Talbot, à Chicoutimi (Saguenay). À sa fondation, il devenait le premier centre de liaison et de

transfert établi hors des grands centres.

Lucien Gendron évoque avec passion la grande histoire de la fondation du CQRDA, souhaitant

que la région sache en tirer une leçon.

36 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 37: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Le professeur Marc-Urbain Proulx réunissait à l’UQAC, le vendredi 2 septembre dernier, d’importants acteurs socioé-conomiques de l’aluminium au Saguenay–Lac-Saint-Jean Parmi les 225 participants, plu-sieurs provenaient du monde syndical, mais on distinguait également des gens d’affaires, des politiciens, des journa-listes, des représentants de plusieurs mouvements sociaux et de simples citoyens Tous venaient échanger leurs idées autant sur des attentes que sur des menaces présumées

Lors du dévoilement de ce forum sur le Pacte social de l’aluminium, l’organisateur préconisait « un lieu de débat élargi sur les affaires publiques d’une collectivité ». La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est d’abord concernée par

l’impérative intégration de l’alu-minium dans un champ industriel mondial en mouvement. En regard de la robustesse de la demande mondiale du métal gris, l’offre qué-bécoise à faible empreinte de car-bone s’avère très concurrentielle.

Deux représentantes du CQRDA, France Tremblay et Caroline Durand, assignées respective-ment aux projets de liaison et de RD, témoignent ici des discus-sions et des pistes de solutions qui ont été explorées.

Rétablir le lien de confiance avec Rio Tinto.France Tremblay mentionne que des acteurs importants assis-taient à son atelier. Des noms

comme les syndicalistes, Jean-Marc Crevier et Alain Proulx, l’économiste Gilles Bergeron ainsi que Lucien Gendron, pre-mier directeur général du Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA). « Monsieur Marc-Urbain Proulx a réussi un coup de maître en organisant cette journée qui a réuni, le vendredi d’un long congé férié, plus de 200 personnes. On percevait sa sensibilité aux préoccupations de la population qui remarque une inéquité provoquée par le non-respect des ententes entre le gouvernement et la multina-tionale Rio Tinto. Dans l’atelier portant sur l’avenir du secteur de l’aluminium, les intervenants ont souhaité le rétablissement des liens avec Rio Tinto. À la fin du tour de table, le consensus s’est formé autour d’un projet concret :

VISION 2050

PROJET D’UNE CHAIRE D’OBSERVATION SUR L’ALULE SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN S’INTERROGE PAR JEAN-LUC DOUMONT

Caroline Durand et France Tremblay analysaient les différentes discussions dans leurs ateliers

respectifs qui se sont tenus lors du Pacte social aluminium, le 2 septembre dernier à l’UQAC.

REPORTAGE |

37Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 38: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

la création d’un organisme régio-nal qui véhiculerait les intérêts supérieurs de la région dans le domaine de l’aluminium, et ce, dans une optique de développe-ment durable ».

L’importance de conserver les acquis efficaces.Dans l’atelier sur la RD, les évé-nements entourant la menace de fermeture du CRDA, à la fin des années 70, ont rappelé aux inter-venants la nécessité de demeurer vigilants, de se concerter et de se mobiliser si nécessaire pour conserver des acquis précieux et efficaces. À l’époque, la mobili-sation d’acteurs régionaux et la volonté du gouvernement en place ont permis à Alcan de conserver cette pépinière d’expertise en région. Parmi les autres problé-matiques identifiées, retenons les difficultés qu’éprouvent les PME à avoir accès au financement adé-quat de leurs projets. Les normes de certains programmes gouver-nementaux demeurent trop res-trictives. La lourdeur administrative de certains centres de recherche publics apparaît aussi comme un frein dans la réalisation de projets de recherche.

« La solution la plus appuyée propose la création d’une chaire indépendante d’observation sur l’industrie de l’aluminium. Cette entité dresserait, entre autres, un portrait des mécanismes exis-tants dans le but de conseiller le gouvernement du Québec sur les besoins techniques et financiers nécessaires à la croissance et la prospérité des entreprises de cette filière », rapporte Caroline Durand en se référant à l’expertise dévelop-pée par Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ), qui publie annuel-lement un baromètre industriel.

Des opportunités de projets structurants pourraient être identifiées grâce à cet organisme. Les participants ont mentionné que l’expertise est présente et

qu’il faut que la recherche soit réalisée afin de cibler les besoins liés au domaine de l’aluminium. Avec l’apport d’un financement, une autre grande industrie pourrait s’implanter dans la région. Cette chaire pourrait donc contribuer à développer de nouveaux marchés en projetant une vision stratégique.

Le retour souhaité d’un organisme de concertation régionale.Les entreprises voudraient aussi que les organismes de soutien se concertent dans le but d’optimi-ser leur processus de demande de financement, par exemple en uniformisant, dans la mesure du possible, leurs formulaires.

« Quelques intervenants men-tionnent l’idée d’implanter une taxe d’un dollar sur chaque tonne d’alu-minium destinée à l’exportation. Les quelque deux millions $ que rapporterait cette mesure pourrait soutenir des activités de RD chez les PME. Même si nous étions dans des ateliers avec des thèmes différents, les problématiques et les solutions se ressemblent beau-coup », ajoute France Tremblay. Soulignons, entre autres, l’idée d’une taxe sur l’hydroélectricité pour aider la RD ou la réalisation de

projets structurants. Notre groupe a déploré, l’absence d’un orga-nisme de concertation régionale qui permettrait de donner davan-tage de poids aux décisions prises par les décideurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Un meilleur accès aux contrats importants.

Autre point, illustré par les participants, est celui de favoriser le maillage entre les grands donneurs d’ordres et les PME manufacturières. Il faudrait aller plus loin en confiant ce mandat de promotion et de diffusion ainsi que d’autres responsabilités connexes à un organisme existant. Les PME n’ont pas toujours les moyens financiers ni le temps de courtiser des clients potentiels. Il faut se concentrer sur les richesses du Québec et envisager comment les rendre plus efficaces.

Mesdames Durand et Tremblay saluent l’organisation de ce Forum qui a permis de mettre en lumière les problématiques de la filière alu-minium au SLSJ. Elles soutiennent que d’autres régions pourraient réaliser le même processus et rap-pellent qu’il est important de s’assu-rer que les résultats soient connus des décideurs du milieu. 

Les chargées de projets auprès du CQRDA considèrent que ce Forum a permis de mettre en relief la problématique de l'aluminium au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

38 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 39: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Avec 70 ingénieurs à son service, l'équipementier STAS est reconnu pour les qualités novatrices de ses équipements de haute technologie.

LA CHINE DÉVELOPPE L’AFRIQUE

L’INDUSTRIE LOURDE RÉSISTE À LA RÉFORME STRUCTURELLE DU CÔTÉ DE L’OFFRE« EXPANSION EXPLOSIVE » DES SERVICESPAR FRANÇOIS DUBÉ

Les ef fets de la pénible transformation du modèle de croissance de l’économie chinoise se font sentir partout Depuis le passage de la Chine au rang de seconde économie mondiale en 2014, il n’est plus un pays ni une industrie sur la planète qui ne soient affectés, d’une manière ou d’une autre, par les décisions politiques et économiques prises dans les ministères de Pékin

Un bon exemple est la « réforme stucturelle du côté de l'offre », pilotée par le président Xi Jinping, qui vise à faire transiter l’économie chinoise d’un régime de haute croissance fondée sur les exportations vers un régime à moyenne croissance basée sur la demande et la consommation intérieure. Les effets de cette transition, décrite par le premier ministre Li Keqiang comme étant « douloureuse » – s’expriment dans des endroits insoupçonnés,

et ce, du continent africain jusque dans les alumineries québécoises.

Alors que le ralentissement de la croissance chinoise fait les man-chettes, il est bon de rappeler que le secteur des services connaît, pour sa part, une « expansion explosive », pour reprendre les mots de la firme de recherches macroéconomiques BCA. Le véri-table problème est que cette crois-sance n’est pas encore assez forte pour contrebalancer les difficultés

Un employé chinois inspectent des roues de wagons de train dans la province d'Anhui, Chine.

39Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

REPORTAGE |

Page 40: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

de l’industrie lourde et celles des grandes sociétés d’État – les vraies perdantes de cette transition.

Il n'est donc pas étonnant que cette réforme ait été grandement gênée par l’inertie et le conservatisme de l’industrie lourde chinoise.

En fonction de ces résistances, le gouvernement chinois tente de trouver des solutions pour alléger la pression sur les segments les plus récalcitrants de son industrie. Voilà comment Pékin en est venu à encourager vivement les sociétés chinoises à se tourner vers l'étranger (d'où la campagne « sortir du pays ») afin de percer de nouveaux marchés ou d'éponger les surplus par du « dumping ».

Pékin respectera la souveraineté de ses partenaires.C’est ainsi que plusieurs g randes ent rep r i ses chinoises, sous l'impulsion de Pékin, se sont tournées vers une terre presque vierge pour elles, soit l’Afrique.

Le renforcement des relations politiques et les nombreuses visites de dignitaires sur ce conti-nent ont été suivis d'une montée

exponentielle de la présence éco-nomique chinoise : la Chine est ainsi devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique en 2008, avec une hausse de 2 500 % de ses investissements en 10 ans.

La collaboration sino-africaine s’établit sur le « Consensus de Pékin », une série de principes censés distinguer la Chine des pays occidentaux, à savoir une non-ingé-rence dans les questions de poli-tique interne, un respect sacré de la souveraineté nationale et un accent particulier est mis sur les infrastruc-tures. Tandis que certains experts locaux s’inquiètent de voir l'Afrique devenir trop dépendante du géant

asiatique, d'autres – notamment dans les cabinets gouvernemen-taux – font valoir que l'infrastruc-ture est une condition préalable au développement et que l'implication chinoise dans la région pourrait poser les bases d’une croissance à long terme.

Alors que la présence chinoise était à l’origine limitée aux grands chan-tiers – avant tout dans l'infrastruc-ture et l'extraction des ressources – on assiste de plus en plus à une diversification des activités. La chasse aux minerais a fait place à la chasse aux consommateurs, et la Chine voit maintenant l’Afrique non pas uniquement comme une occa-sion de s’alimenter en ressources, mais aussi comme un marché pour écouler sa production excédentaire de biens et de services à court

terme et un potentiel énorme pour les produits chinois à long terme.

On comprend donc que cet enthousiasme de Pékin pour l’Afrique est indissociable du ralentissement de la croissance à l'intérieur

du pays. Les sociétés d'État, mises à mal par

l'essoufflement des projets en Chine et les hausses de salaire,

considèrent que l’Afrique peut s’avérer lucrative et leur permettre de se remettre à flot.

Pékin a encouragé les industries chinoises à envisager de se développer

à l’extérieur du pays. La Chine a développé un partenariat commercial

important avec l’Afrique.

40 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 41: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Les exportations couvrent l’Occident.Tout comme les sociétés chinoises cherchent des débouchés en Afrique, les grands producteurs d’aluminium se tournent aussi vers les marchés étrangers pour éponger leurs stocks. Les inves-tissements gigantesques de la Chine dans son industrie lourde, au cours des années 90, sont à la source des problèmes de surcapa-cité de production qui sont visibles aujourd'hui et de l'incapacité de ce secteur de transiter vers un nou-veau régime de croissance.

Cette surproduction s’est, par la suite, déversée sur le marché mondial avec l’accord tacite de Pékin – toujours soucieux d’assurer la stabilité sociale en atténuant les mécontentements des géants industriels. Alors que la production d'aluminium de la Chine a doublé depuis 2005 (se chiffrant à 54,4 % de la production mondiale), ses exportations ont

grimpé de 250 %, passant de 2,6  millions de tonnes en 2005 à 6,7 en 2015. Cette tendance contribue indéniablement à la baisse de 40 % de prix du métal léger au cours des 5 dernières années, suscitant la colère des producteurs étrangers.

Confrontés à cette situation, les dirigeants politiques et industriels étrangers multiplient les admonitions à l’égard de Pékin en insistant sur deux points : les dommages créés par le « dumping » d'aluminium et le risque d’un redémarrage trop rapide de la production. Le message apporté par le secrétaire du Trésor américain Jack Lew à ses homologues chinois, lors de sa visite à Pékin en juin, allait en ce sens : « La capacité excédentaire (chinoise) a un effet de distorsion et d'effet néfaste sur les marchés mondiaux ». Sa déclaration appelait une réduction considérable de la production des alumineries chinoises afin de stabiliser les marchés mondiaux.

Les Européens soulignent, quant à eux, que le problème est avant tout d'ordre politique. Le président de la Chambre de Commerce de l’UE en Chine explique que cette situation résulte en partie de l’incapacité de Pékin de contrôler pleinement certains joueurs industriels bien établis et très jaloux de leurs prérogatives. « Le protectionnisme local est très fort », dit-il, « et le rôle actuel que joue le gouvernement chinois dans l'économie fait partie du problème ».

Ces déclarations font écho à celles du géant de l'aluminium russe UC RUSAL en mai dernier, qui a mis en garde Pékin contre un redémarrage trop rapide de la production qui pouvait mettre en danger la légère reprise observée au cours des derniers mois. La surproduction chinoise aura ainsi réussi à accomplir un exploit contre lequel bien des diplomates se sont brisé les dents – à savoir créer l’unanimité à Moscou, à Bruxelles et à Washington.

Alors que la Chine a doublé sa production d’aluminium, ses exportations ont presque triplé entre 2005 et 2015.

41Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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L’avenir s’assombrit.Pékin se retrouve donc malgré lui prisonnier d'un équilibre précaire où il doit concilier son objectif de réforme économique et les privilèges acquis des alumineries chinoises. Si le président Xi veut poursuivre sa réforme de l'offre, il n'a aucun autre choix que celui de l'accompagner de mesures d’atténuation qui, en fin de compte, vont à l'encontre des objectifs de la réforme elle-même. L’un ne va pas sans l’autre.

Malgré les difficultés engendrées par cette contradiction dans le secteur de l’aluminium, Christopher Clemence, analyste chez Aluminium Insider, relève certains signes laissant entrevoir des développements positifs. Selon ses informations, les banques chinoises sont de plus en plus récalcitrantes à financier de nouveaux projets dans un secteur connu désormais pour ses pertes.

De plus, la consommation intérieure d’aluminium croît à un rythme plus rapide que prévu — une augmentation de 9,9 millions de tonnes métriques durant le premier trimestre de 2016, soit une hausse de 8,1 % par rapport à l'année précédente.

D'autres signes pointent plutôt vers une aggravation de cette contradiction, laissant ainsi voir que les mises en garde occidentales n'ont pas eu l'impact espéré. Il y a quelques semaines à peine, Zhang Bo, le pdg de China Hongqiao – l'un des plus grands producteurs d'aluminium au monde – a nié catégoriquement les craintes de surproduction et a plutôt souligné les progrès des alumineries chinoises en matière « d’autodiscipline ».

Cela inquiète Paul Adkins, pré-sident de la firme-conseil AZ China, qui se dit sceptique quant à la volonté sous-jacente de Pékin de véritablement mener à bien la transition économique. « En vue du mantra de la réforme du côté de l'offre du gouvernement chinois, comment justifier les redémarrages et les ajouts de capacité (dans le secteur de l'alu-minium)? En définitive, les grands discours sur la réforme structu-relle de l'offre ne sont rien d'autre que des paroles vides. »

Adkins est également pessimiste en ce qui concerne l'avenir. Il explique que le niveau record de production d'aluminium de la Chine, soit 91,900 tonnes par jour, a été atteint en juin 2015, après quoi la production se soit engagée dans une lente descente. Avec les récents redémarrages et les ajouts de capacité, ce niveau record risque d'être dépassé sous peu. Une fois que cette barrière psychologique aura été brisée, la pression sur le prix du métal léger en sortira fortement renforcée. 

Des ouvriers chinois et africains s'affairent sur un puits pétrolier.

Le premier ministre chinois Li Keqiang inspecte un chantier de construction ferroviaire lors de sa visite en Afrique en 2014.

42 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 43: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

ROBOTICS DESIGN SE RÉINVENTE

UN CONCEPT QUI DÉPASSE LA FICTIONCHARLES KHAIRALLAH INNOVE DEPUIS 15 ANSPAR CÉLINE NORMANDIN

Visionnaire, précurseur, ces termes peuvent sembler gal-vaudés jusqu’à ce que l’on fasse la connaissance de Charles Khairallah, président de Robotics Design Depuis 15 ans, l’inventeur et homme d’affaires tente de changer la manière dont les entreprises perçoivent les robots Plutôt que de demander aux robots d’imiter ce qui se fait, M Khairallah propose de voir le problème par l’autre bout de la lorgnette : quelle est la tâche à accomplir et quelle serait la meilleure solution à apporter À chaque fois, cette vision donne des résultats novateurs « En 2001, j’étais trop en avance sur ce qui se faisait Maintenant, le marché est mûr Il court même après des solutions comme celles de Robotics Design parce que les marges sont plus res-treintes et qu’il faut économiser de plus en plus sur les coûts »

Robots modulaires reconfigurables.L’inventeur propose des robots modulaires, hyper-redondants et reconfigurables à l’infini, à l’image des blocs Lego. Cette invention a été brevetée sous le nom ANAT (Articulated Nimble Adaptable Trunk). En fait, les robots se déclinent en deux combinaisons, soit en forme de U et de H, qui se connectent. Le résultat peut don-ner un bras manipulateur (jusqu'à 32 D.D.L), des robots mobiles ou encore des bras ergonomiques flexibles. Chaque module est doté d'un vérin, de manière à faire pivoter le deuxième module par rapport au premier. Le vérin est relié à l'autre module, sans être toutefois sou-mis à d'autres charges appliquées sur le module. Habituellement, les premier et deuxième modules sont reliés par des mécanismes qui aug-

mentent considérablement la rigi-dité de la structure totale du robot.

Les robots sont faits d’aluminium, alors que les pièces sont formées d’un alliage à 80 % d’aluminium. Les 20 % restants sont en acier afin de limiter la fatigue et le stress de l’aluminium. Le faible poids et la flexibilité du robot augmentent la polyvalence des modules, puisqu’ils peuvent être utilisés dans des endroits difficiles d’accès. Par exemple, monsieur Khairallah a conçu pour Hydro-Québec un bras manuel ergonomique portable (ANATERGOARM TMA-500) pour la maintenance et la manipulation des freins à bloc des turbines de la centrale Robert-Bourrassa, LG-2. Cet outil robotisé peut déplacer 500 kg grâce à l’architecture de ces modules, sans aucun moteur. Pratt & Whitney et Airbus utilisent d’ailleurs ces bras dans l’assemblage de leurs moteurs

PME PME

Les modules en U et en H des robots permettent d’assembler des bras

robotisés très flexibles.

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Page 44: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

d’avion. En 2011, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en Sécurité du travail (IRSST) a décerné le Prix Innovation Santé et Sécurité du travail à l’entreprise Robotics Design pour ce produit innovateur visant la prévention des accidents de travail.

L’imagination au service de la science.Originaire du Liban, M. Khairallah est venu au Québec pour étudier la robotique, un sujet qui le pas-sionne depuis toujours. Possédant déjà une maîtrise en électronique et automatique, il a ajouté une maî-trise en génie des technologies de système, obtenue à l’École de tech-nologie supérieure (ÉTS). Sa vision révolutionnaire des robots a cepen-dant failli ne jamais voir le jour, car son projet a été refusé par toutes les écoles en raison d’un manque d’écrits ou de budgets sur le sujet. C’est finalement Ouassima Akhrif, professeure à l’ÉTS, qui lui a donné le feu vert afin de réaliser ce projet.

Des robots modulaires hyper-redondants et indépendants, ça ne s’était jamais vu. La source de son inspiration fait sourire. « Mon inspiration provient de Goldorak, le dessin animé japonais. Je me disais que ce serait formidable d’avoir quelque chose qui se transforme ainsi à volonté, à partir d’une forme de colonne vertébrale. »

L’inventeur a planché pendant plusieurs années sur son projet. Il a été avantagé par deux choses selon lui : ses connaissances dans plusieurs domaines techniques et ce qu’il appelle son entêtement. « Je connais donc à la fois l’électro-nique, l’informatique, l’automatisa-tion, la mécanique et la robotique, ainsi que le design industriel, ce qui fait que je peux me débrouiller seul entre la conception et la réali-sation. Comme je suis très têtu, je suis en conséquence persévérant. Cela m’a pris plus de temps, mais je suis là où je voulais. »

Des applications pratico-pratiques et futuristes.Contra i rement à d ’autres inventeurs, Charles Khairallah voit la compétition d’un bon œil. « Les compétiteurs ouvrent les marchés pour moi. Ça me permet de passer moins de temps à essayer de convaincre les entreprises et plus de temps à développer mes produits », explique-t-il en riant.

Pour l’instant, l’entreprise Robotics Design veut profiter des possibilités des marchés d’inspection et de nettoyage de conduits, ainsi que celui des aqueducs et des canalisations. Les secteurs de la sécurité et défense, de l’éducation et de la recherche, ainsi que les manipulateurs industriels et la manutention offrent aussi des

débouchés intéressants pour ses produits. La société exporte ses robots partout dans le monde, surtout en Europe. Lentement, le marché américain s’ouvre aussi à son produit en raison des économies de temps que ses robots procurent, puisqu’ils peuvent fonct ionner sans interrompre les opérations.

La prochaine étape consiste à trouver un nouveau local pour effectuer le montage et augmenter la cadence de production. Monsieur Khairallah pourrait ainsi se dégager du temps pour développer son produit. Il compte toutefois conserver ses bureaux de la rue Guy au centre-ville de Montréal, à un jet de pierre de l’Université Concordia, ce qui lui donne accès à un bassin d’étudiants talentueux, provenant d’un peu partout à travers le monde.

L’inventeur fourmille d’idées qu’il souhaite développer. Par exemple, il a mis au point le modèle de borne à verrous des vélos BIXI, pour lequel il a eu plus de quatre brevets et qui s’est retrouvé parmi les meilleures inventions de 2008 du magazine Time. Il a aussi collaboré avec des sociétés françaises, dont Dassault, pour concevoir une voiture élec-trique volante (les plus curieux peuvent trouver une vidéo du résul-tat sur YouTube). L’entrepreneur compte plus de 12 brevets à son actif, un chiffre qu’il n’aurait aucune difficulté à faire grimper s’il avait suffisamment de temps. Pour lui, qui voit tout en module, les robots constituent un filon inépuisable d’applications et de brevets poten-tiels. « Sky is the limit », résume avec conviction l’inventeur. 

SAGUENAYTRACE LA VOIE VERS LA RÉUSSITE

3 A L U M I N E R I E S 4 C E N T R E S D E R E C H E R C H E 3 0 0 S P É C I A L I S T E S

Tous unissent chaque jour leurs efforts et leur talent dans le but de tracer la

voie à de nouvelles utilisations et au développement de procédés novateurs.

S’IMPLANTER À SAGUENAY,C’EST BÉNÉFICIER DE TOUTE UNE EXPERTISE

POUR RÉALISER SES PROJETS.

Un équipement de haute technologie de classe mondialeest mis à la disposition des transformateurs d’aluminium.

SAVIEZ-VOUS QUE?

Charles Khairallah, pdg de Robotics Design, entreprise fondée en 2001.

Le robot de Robotics Design se déplace sans problème

dans les conduits.

44 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 45: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

SAGUENAYTRACE LA VOIE VERS LA RÉUSSITE

3 A L U M I N E R I E S 4 C E N T R E S D E R E C H E R C H E 3 0 0 S P É C I A L I S T E S

Tous unissent chaque jour leurs efforts et leur talent dans le but de tracer la

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S’IMPLANTER À SAGUENAY,C’EST BÉNÉFICIER DE TOUTE UNE EXPERTISE

POUR RÉALISER SES PROJETS.

Un équipement de haute technologie de classe mondialeest mis à la disposition des transformateurs d’aluminium.

SAVIEZ-VOUS QUE?

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Il faut développer intensé-ment le secteur manufacturier avec les équipementiers et les transformateurs de l'alumi-nium en tête pour replacer le Saguenay–Lac-Saint-Jean dans la voie de la croissance C'est la recommandation qu'aurait faite Martin Taylor s'il avait été invité à exprimer son opinion devant le premier ministre Philippe Couillard, au Sommet d'Alma en juin 2015

Depuis son départ à la retraite, en 2007, il trouve le temps, à travers le bénévolat, d'agir à titre de consultant auprès d'entreprises québécoises qui veulent exporter davantage en Angleterre et en Allemagne. Sa maîtrise du français, de l'allemand et de sa langue maternelle ainsi que sa faculté de communiquer convenablement en portugais ont évidemment facilité les relations professionnelles dans

la réalisation des mandats qui lui ont été confiés.

AP60 prisonnière de la conjoncture économique.Au cours de sa carrière de 48 ans dans les fonderies d'acier, les industries des ferro-alliages ainsi que dans celles de l'aluminium, cet Anglais d'origine, devenu citoyen canadien en 1965 et Bleuet d'adoption en 1992, a été notamment pdg d'Elkem Metal Canada, directeur de l'usine Beauharnois d'Union Carbide et vice-président de STAS. Détenteur d'une maîtrise en sciences de la métallurgie industrielle (Aston University), il a également étudié les sciences comptables durant trois ans à McGill.

Inquiet des faiblesses de l'économie régionale, cet ancien gestionnaire de la grande entreprise n'attend pas l'avènement d'une nouvelle période de prospérité avec l'exploitation à grande échelle de la technologie AP60. L'usine-pilote produit depuis deux ans et, même si elle fait la preuve de son efficacité, Rio Tinto demeure silencieuse en ce qui concerne l'éventuelle application du procédé dans le projet d'agrandissement d'Alma ou la construction d'une nouvelle aluminerie géante.

Cette hésitation est compréhen-sible. L'économie d'énergie est réelle avec l'hydroélectricité, mais d'autres facteurs continuent de gru-ger cet avantage comme un appro-visionnement garanti à longue échéance et à prix compétitif en bauxite, en charbon nécessaire à la fabrication des anodes et autres

LES CONSEILS DE MARTIN TAYLOR AU SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN

LE SECTEUR MANUFACTURIER EST LA SOLUTIONPRATIQUER LE PARTENARIAT PLUTÔT QUE L'AFFRONTEMENTPAR BERTRAND TREMBLAY

Martin Taylor croit qu’il y a moyen de contrer la morosité de l’économie

régionale, confie-t-il à notre rédacteur en chef, Bertrand Tremblay.

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| TÉMOIGNAGE

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matières essentielles... Le trans-port demeure un défi constant.

« Un autre élément déterminant, c'est le main-d’œuvre dont le coût, au Québec, est supérieur à celui des autres grands pays producteurs d'aluminium comme la Russie, le Moyen-Orient et la Chine. N'oublions pas non plus que les grandes rivales de Rio Tinto continuent la recherche du secret de productivité que les ingénieurs de Pechiney ont caché dans les cuves d'AP60. »

Martin Taylor propose de relancer l'économie des régions québé-coises productrices d'aluminium en mettant l'accent sur la création d'emplois à valeur ajoutée dans le secteur manufacturier. Toutefois, il faudrait procéder, au préalable, à une comparaison avec d'autres agglomérations périphériques comme Rimouski, Rivière-du-Loup et la Beauce qui réussissent mieux que la Côte-Nord et le Saguenay– Lac -Saint- Jean à façonner des emplois de qualité.

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, préconise-t-il, devrait élaborer une stratégie de développement avec des équipes municipales enrichies de spécialistes qui procéderaient à une tournée d'exploration de la situation, deux fois l'an, de la grande entreprise évidemment, mais avec encore plus de curiosité du réseau manufacturier.

Comment prévenir le déménagement d'autres Novelis.Les autorités municipales seraient informées adéquatement et elles pourraient participer activement à la solution de problèmes au moment où ils surviennent et satisfaire ainsi des besoins impor-tants. Nos dirigeants auraient la possibilité d'intervenir vigou-reusement pour prévenir des catastrophes comme le déména-gement, à l'étranger, de techno-logies servant à la transformation de l'aluminium et des ressources

forestières. Quand les décideurs sont tenus dans l'ignorance, ils interviennent trop tard. Leur réaction coûte alors très cher en déplacements auprès des sièges sociaux. Toutes ces pressions et ces démarches ne produisent que frustration et regrets comme ce fut le cas avec le départ de Novelis, le navire amiral de la transformation à valeur ajoutée qu'Alcan avait inséré dans l'économie régionale.

Pour réussir dans la production manufacturière, il faut cependant modifier le climat des relations de travail, prévient le consultant. Les derniers lock-out à l'aluminerie d'Alma et chez les concessionnaires d'automobiles ont été très néfastes. Personne en autorité ne prend l'initiative de rapprocher la force du travail et le patronat pour pour-suivre la construction de la région. Comment faire comprendre à tout ce beau monde, interroge Martin Taylor, que nous vivons à l'ère de la mondialisation des marchés. Que les affrontements publics comme les grandes décisions écono-miques font rapidement le tour de la planète. Ils envoient de mauvais messages aux investisseurs et ne laissent en héritage à la région que douleurs et amertume.

La solution aux problèmes qui ternissent les relations patronales-syndicales réside, aujourd'hui, dans le partenariat comme en Allemagne. Un sys-tème qui respecte les barèmes nationaux et arrive à résoudre les problèmes sans grèves ni lock-out ou autres pressions dévastatrices pour l'économie.

Le taux de chômage généralement assez déprimant est un autre élément négatif. Il fait fuir nos jeunes diplômés, dont la région a tant besoin. Personne en autorité ne prend l'initiative de rapprocher la force du travail et le patronat pour poursuivre la construction de la région.

Martin Taylor préconise égale-ment l'application d'une procédure mieux adaptée à la mondialisation de l'économie dans le développe-ment d'un secteur manufacturier plus dynamique. Elle prévoirait que tous les projets soumis aux orga-nismes d'aide aux PME, comme le CQRDA, devraient être accom-pagnés d'une rigoureuse étude de marché. Pour réussir, les entre-prises devront fabriquer des pro-duits à valeur ajoutée en demande sur les marchés internationaux.

Il est aussi primordial d'accélérer la formation d'une main-d’œuvre compétente et dont le coût s'ajus-terait à l'échelle salariale du monde occidental, celle des États-Unis surtout. Il faut considérer que le coût de la vie est moindre ici qu'à Montréal et que les services sont d'égale valeur, souvent de meil-leure qualité et plus disponibles. L'expérience acquise depuis près d'un demi-siècle inspire à monsieur Taylor la recommandation adres-sée aux leaders du Saguenay–Lac-Saint-Jean de façonner leur propre thermomètre économique qui indi-quera, en tout temps, la disponibi-lité et la qualité des emplois. Quant à l’entrepreneuriat, il se développe, mais pas suffisamment. 

Martin Taylor, son épouse Astrid Gagnon et le rédacteur

en chef Bertrand Tremblay échangent joyeusement lors

d’un lancement d’Al13.

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| TABLE RONDE

La situation des PME a-t-elle évolué positivement au cours des dernières années? Dans le numéro d’Al13 lancé en décembre 2010, six entrepreneurs parmi les plus dynamiques du Québec avaient porté un regard très sévère sur une bureaucratie tatillonne tout en déplorant, de la part de nos gouvernements, une « absence de volonté poli-tique envers l’aluminium »

Nous avons répété l’exercice dans le présent numéro avec cinq dirigeants d’entreprises couvrant diverses dimensions, dont Félix Gauthier, de Cycles Devinci, et Julien Nadeau, d’Alutrec, qui ont participé à la vidéoconférence de 2010. Les autres panélistes à l’examen 2016, effectué au siège social du CQRDA, sont l’équipementier Pierre Bouchard,

de STAS; Patrick Lalongé, de EHT International de Boucherville, rejoint par système téléphonique; Éloïse Harvey, de Mecfor, et Félix Gauthier, tous deux en voyage à l’étranger ce jour-là, ont transmis leur témoignage dans une entrevue individuelle.

Québec et Ottawa ne répondent toujours pas aux attentes.En 2010, les six panélistes, Yves Thibault, (DUAL-ADE de Sherbrooke), Charles Khairallah (Robotics Design de Montréal), Alexandre de la Chevrotière (MAADI Group, de Montréal), André Poulin (REMAC Innovateurs Industriels de Saguenay), ainsi que Félix Gauthier

et Julien Nadeau avaient d’abord lancé un S.O.S. à Québec et à Ottawa pour qu’ils facilitent le finan-cement de leurs projets.

Même si les PME génèrent la très grande majorité des emplois, le marché des capitaux, se plaignaient-ils, leur est fermé. Les subventions ne sont versées qu’aux grandes entreprises. Si l’État ne leur vient pas en aide, elles sont à la merci des usuriers. Le panel avait alors blâmé la bureaucratie de les ensevelir sous la paperasse.

Depuis cette mise à jour, Al13 a consacré quelques numéros aux préoccupations des PME. Dans celui de 2011, le financier Clément Gignac alors ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation

CAP SUR L’INNOVATION ET L’EXPORTATION

TOUS LES REGARDS SONT TOURNÉS VERS L’ÉTATLES PME GÉNÈRENT 92 % DES EMPLOIS AU QUÉBECPAR BERTRAND TREMBLAY

Luc Boudreault, Pierre Bouchard, Julien Nadeau et Bertrand Tremblay procèdent à une mise à

jour de la situation des PME au Québec.

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dans le gouvernement dirigé par Jean Charest, reconnaissait notamment qu’un meilleur accès au capital de risque augmentait l’entrepreneuriat.

Dans le numéro suivant, Suzanne Fortier, la rectrice de McGill, qui présidait à cette époque le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, reprochait à l’industrie canadienne d’accorder moins d’importance à la RD que celle des États-Unis. Heureusement que les conservateurs de Stephen Harper ont suffisamment comblé cette lacune pour permettre au Canada de se hisser, en cette matière, au sommet des pays du G8, s’empressait-elle de préciser.

Par ailleurs, Al13 a présenté, dans son numéro de juin 2015, le maire de Shawinigan, Michel Angers, se tournant vers les PME pour que l’ancienne capitale canadienne de la grande industrie retrouve sa vitalité économique avec un éventail de petites et moyennes organisations innovatrices.

Enfin, dans le dernier numéro, lancé à la Bibliothèque de l’As-semblée nationale l’été dernier, le premier ministre Philippe Couillard

insistait sur le fait que son gouver-nement ouvrait l’ère des PME par une série d’initiatives, dont l’aide financière adéquate. « De l’argent à Investissement Québec, insis-tait-il, il y en a beaucoup. Lancez le message aux PME de l’alumi-nium… ce qui manque, ce sont des projets viables. »

La ministre Anglade annonce « un virage majeur ».

Rappelons aussi la présentation de la vice-première ministre Lise Thériault à titre de responsable des PME, de l’Allégement réglemen-taire et du Développement écono-mique régional, et de celle de sa collègue Dominique Anglade, titu-laire de l’Économie, de la Science et de l’Innovation.

Dans sa première entrevue, en avril dernier, madame Thériault admet-tait que « la paperasse pour nos entreprises est un irritant majeur ». Elle s’engageait à appliquer, dans un cadre triennal, de nouvelles mesures pour réduire le fardeau bureaucratique. Quant à madame Anglade, elle a profité du lance-ment d’une tournée de promotion de l’innovation dans les 17 régions du Québec, pour qualifier de « virage majeur » cette initiative du gouvernement et rappeler aux manufacturiers que, s’ils ont besoin d’aide, l’argent est disponible dans les coffres de l’État. Entreprise le 28 octobre dernier, cette tournée se terminera le 17 février prochain.

L’animateur de la table ronde en profonde réflexion.

« L’entreprise avance, constate Éloïse Harvey, quand tous les employés

maintiennent le cap sur l’objectif. » Voici l’un des équipementiers qui

font la renommée de Mecfor.

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Les envoyés du gouvernement devront se montrer t rès convaincants parce la majorité des dirigeants d’entreprise que nous avons interrogés se montrent sceptiques. Même si les PME ont généré 92 % des emplois l’année dernière, les gouvernements ne prêtent l’oreille qu’aux grandes entreprises, se plaignent-ils.

Comment une femme établit-elle son autorité dans une entreprise d’une centaine d’employés large-ment dominée par des hommes?

Après un moment de réflexion, Éloïse Harvey, la présidente de Mecfor, qui paraît en page cou-verture, me prévient sans détour dans une allusion au soupçon que certains observateurs peuvent entretenir parce qu’elle est la fille de Jeannot Harvey, le grand patron du Groupe Ceger, dont Mecfor est un élément majeur. « Je n’ai pas été parachutée. J’ai gravi les éche-lons de l’organisation au rythme d’efforts soutenus. Je me suis intéressée aux ventes et au déve-loppement pour éventuellement occuper un poste plus stratégique qu’opérationnel. »

Sa philosophie? Proposer au personnel des cibles à atteindre. L’entreprise avance quand tous les employés maintiennent le cap sur l’objectif. « Le succès lui enseigne un parcours relativement jeune,

mais impressionnant, ce n’est pas le mérite d’une seule personne, homme ou femme, mais celui d’une équipe diversifiée. Il faut bien s’entourer de compétence et d’esprit d’initiative. »

Mecfor est présente à Montréal ainsi qu’à Toronto pour la vente de ses produits. Depuis que l’entre-prise a fait l’acquisition des proprié-tés intellectuelles de Brocho, elle maintient un centre opérationnel pour le prolongement des services et la vente de pièces.

Le coût des aller-retour Montréal-Chicoutimi l’oblige ainsi à occuper le bureau principal dans la métropole. Pour développer les régions, il faut se tenir à proximité des centres de décision. Sinon, la concurrence s’applique à isoler les PME des régions périphériques.

Mais malgré la condition gagnante, que lui impose la mécanique du monde des affaires, Éloïse Harvey demeure une fière régionaliste. Les prétentieux arrivistes qui jettent un regard hautain sur les gestionnaires et professionnels œuvrant en région, elle les a en horreur. Elle l’avait exprimé dans Le Quotidien, en 2006, en décrivant, de façon savoureuse, un entretien avec le représentant d’une grande entreprise ainsi coiffé : « Cours de prétention 101, en direct de Montréal. »

L’aide de Québec n’est pas adaptée à l’entrepreneuriat.

Revenant aux relations que les PME entretiennent avec l’État, madame Harvey se montre plus nuancée dans son analyse que les autres participants à la table ronde. « Nous avons d’abord la responsabilité, établit-elle, de développer nos entreprises en dépendant le moins possible de l’État. C’est ma position de base. » Elle s’empresse toutefois d’ajouter : « Mais comme partout ailleurs dans le monde, la compétition a recours à de généreuses subventions, il serait présomptueux de repousser toute aide gouvernementale. Deux éléments dominent nos préoccupations : l’innovation et l’exportation.

Le gouvernement du Québec en est conscient. On le constate dans les discours de madame Anglade. La difficulté, c’est que le programme n’est pas adapté aux PME. Il implique l’obligation de nous adresser à des centres de recherche ou à des consultants pour la réalisation des projets de recherche financés par Québec. Or, chez Mecfor, comme dans la majorité des PME, c’est avec nos professionnels et nos travailleurs que les activités de recherche

La présidente de Mecfor parle toujours avec conviction. Elle maîtrise parfaitement les dossiers de l'entreprise.

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et d’innovation sont les plus efficaces tout en étant les plus économiques. »

Le guichet unique promis depuis 25 ans n’existe toujours pas.Elle nous explique que la stratégie de RD se conçoit bien différem-ment dans les PME que dans la grande industrie. Rio Tinto inves-

tit beaucoup dans la recherche fondamentale sur les matières premières et les systèmes de production. La multinationale confie ces travaux à son CRDA et à des universités, notamment l’UQAC. Les nouvelles avenues qui conduisent les PME aux méca-nismes de soutien à la recherche dans les ministères à vocation économique sont complexes. « Il faut s’adresser à un trop grand nombre d’intervenants, déplore la présidente de Mecfor. Le guichet unique tant souhaité depuis un

quart de siècle n’existe toujours pas. Mais je dois reconnaître la volonté des responsables à imagi-ner la meilleure solution. Un pro-grès se manifeste… il faut aller plus loin. »

Quant à la paperasse, qui s’avère un casse-tête coûteux pour la majorité des PME, Éloïse Harvey s’incline simplement devant « un mal nécessaire ». Elle n’en fera jamais un cheval de bataille. « L’important, résume-t-elle, c’est que l’État nous accorde la liberté

LES PME GÉNÈRENT 92 % DES EMPLOISSi la grande industrie fait la manchette, ce sont les PME qui sont le fer de lance de l’économie québécoise : l’Institut de la statistique du Québec, Innovation, Sciences et Développement économique Canada en font la démonstration

Les petites entreprises de 99 employés et moins sont au nombre de 235 075 et les moyennes de 100 à 444 forment un ensemble de 4 301 pour un grand total de 239 376 Leur participation au PIB est de 50 % et elles génèrent 92 % des emplois

Les commandes motorisées de l'entreprise EHT International sont bien appréciées par la clientèle visée.

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d’utiliser ses subventions à la recherche appliquée avec les gens les plus compétents. En fait, 90 % de nos innovations proviennent d’une application pointue de technologies déjà éprouvées ailleurs à nos équipements mobiles et stationnaires conçus et fabriqués pour améliorer la productivité dans plusieurs secteurs industriels. »

EHT International exporte 99 % de ses innovations.EHT International, une toute petite entreprise de 12 employés, établie à Boucherville depuis une douzaine d’années, « développe et fabrique, lit-on sur son site Web, des commandes motorisées, des dispositifs de surveillance et

d’analyse en temps réel ainsi que des systèmes de communication compatibles avec la majorité des protocoles autorisés dans les postes électriques. »

Son pdg, Patrick Lalongé, nous exprime avec beaucoup de fierté son appréciation de certaines grandes entreprises, comme Cascades, Hydro-Québec et Rio Tinto pour les produits de haute technologie tels les mécanismes conçus afin d’améliorer l’opération des sectionneurs de moyennes et hautes tensions tout en prolongeant leur durée de vie. Mais comme au Québec, le nombre de clients potentiels se résume à quelques raisons sociales, il s’est rapidement tourné vers le monde extérieur. Aujourd’hui, 99 % de la production est destinée aux marchés d’exportation.

Au Québec, le gouvernement est inspiré des meilleures inten-tions dans son soutien aux PME. C’est la réponse aux demandes qui déterminera son efficacité. « Dans l’immédiat, analyse mon-sieur Lalongé, les plus petites entreprises ne peuvent bénéficier du crédit d’impôt RD, puisqu’il leur faut avancer les premiers 50 000 $. »

La grande industrie devra revenir à la transformation.L’objectif proposé par Québec dans sa Stratégie de développe-ment de l’aluminium 2015-2025 de doubler la valeur de la trans-formation du métal gris produit chez nous est-il réaliste? Pour atteindre un tel résultat, il faudra que la grande industrie s’implique comme l’a fait la défunte Alcan avec Novelis, un laminoir qui per-mettait d’importants gains de productivité en s’approvisionnant d’aluminium primaire à l’usine située à proximité, évitant ainsi la « prime du Midwest », une mesure protectionniste appliquée aux pro-ducteurs étrangers qui accèdent au marché américain.

Pour progresser dans la transfor-mation de l’aluminium et la pro-duction d’équipements destinés à cette industrie, les PME ont besoin d’une information conti-nue adéquate sur les complexités d’une industrie mondiale qui se développe au rythme d’un cham-pignon. Cette condition serait réa-lisée avec la formation d’une chaire d’observation, préconise Pierre Bouchard, le grand patron de STAS, le plus important équipementier dans le secteur de l’aluminium en Amérique du Nord. L’entreprise emploie plus de 250  personnes, dont 70 ingénieurs à ses 4 unités installées dans le Parc industriel de Chicoutimi. Le STARprobe, dernier équipement vendu par STAS, est un système de mesure développé en partenariat avec Alcoa. Sa tech-nologie a franchi, avec succès, une décennie d’application.

Les innovations EHT International rendent

fier et confiant son pdg Patrick Lalongé.

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S’inspirer du modèle norvégien.Et, désignant l’exemple de la Norvège présente dans 40 pays avec son industrie de l’aluminium, M. Bouchard propose la conception d’un nouveau modèle québécois d’exploitation du métal gris, de sa production primaire jusqu’à son utilisation, en 1 000 alliages, par la grande entreprise établie chez nous et la kyrielle de PME innovatrices.

Pierre Bouchard demandait 150 000 $ pour ouvrir un bureau des ventes en Chine. On lui a offert la disponibilité du représentant québécois à Shanghai. « Un homme sans doute très bien intentionné, mais qui n’a aucune connaissance de nos produits. Comment peut-il convaincre des connaisseurs très curieux mandatés par l’industrie chinoise de l’aluminium? Quant à Investissement Québec, je leur ai soumis quelques projets qui ne répondent jamais à leurs normes. »

Les politiciens ne s’intéressent guère aux PME de 5, 10 ou 20 employés, déplore-t-il, mais la peur les envahit quand la grande entreprise leur fait miroiter la perspective de milliers d’em-plois menacés par la conjoncture économique. Son expérience lui

suggère plusieurs observations à l’endroit des gouvernements comme celle-ci : « Ils se tournent vers les PME pour l’utilisation de la main-d’œuvre adéquatement formée, mais ils ne leur four-nissent pas les outils nécessaires à leur développement. Dans les années 1990, se rappelle-t-il, nous entretenions de bonnes relations d’affaires avec Alcan, devenues propriété de Rio Tinto en 2007, et Alcoa. Les deux géants de l’alumi-nium nous permettaient alors de participer à des activités de RD et d’exécuter des contrats d’approvi-sionnement. Cette proximité a dis-

paru. Nous recevons maintenant nos commandes par l’intermé-diaire d’un système électronique installé à Los Angeles. »

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Julien Nadeau, qui a annoncé sa retraite quelques jours après cette table ronde, mentionne qu’à la suite des tentatives infructueuses d’Alcan, dans les années 1970, Alutrec a commercialisé, dès 1990, des remorques en aluminium. Au cours des six dernières années, la PME de Chaudière-Appalaches, qui génère une cinquantaine d’em-plois, a consacré, avec le soutien du CQRDA, de l’Université Laval, de l’UQAC et d’Alcoa, plus de trois millions $ en RD, à la mise au point de la semi-remorque Capacity, un véhicule monocoque enrichi de tous les avantages imaginés par ses concepteurs, dont un poids inférieur de 2 500 livres à celui d’une semi-remorque tradition-nelle, tout en présentant autant de robustesse.

« C’est la première entreprise, qui est parvenue, avec un pro-duit adapté aux besoins du mar-ché, à appliquer une solution efficace aux difficultés d’extru-sion de l’aluminium à l’échelle industrielle », précise son fonda-teur. Comment expliquer les pro-blèmes de liquidité qui ont retardé la mise en marché de Capacity? « Par l’énorme défi, résume-t-il

Pierre Bouchard et Julien Nadeau, une riche expérience.

Pierre Bouchard, président de STAS, préconise la formation d’une chaire d’observation pour offrir aux PME de l’information continue sur la transformation de l’aluminium.

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simplement, de concurrencer les producteurs américains avec des moyens très restreints. Mais la semi-remorque vedette est maintenant brevetée au Canada, aux États-Unis et au Mexique; son design provoque une véri-table révolution dans le milieu. Les acheteurs des 40 premiers exemplaires reconnaissent la qualité des innovations regrou-pées dans ce véhicule haut de gamme et les économies qu’il permet de réaliser. Les activités de RD ont coûté cher, mais elles rapporteront au centuple. »

Les banques ne financent pas les activités de RD.Julien Nadeau fait observer que les banques ne financent pas les activités de recherche et déve-loppement. « Il existe bien, à Ottawa comme à Québec, des programmes de soutien à la recherche, mais le processus d’accessibilité est beaucoup trop long. Nous avons donc puisé dans notre fonds de roulement afin d’éviter des retards déstabilisants.

Pour des projets dont l’estimation ne dépasse pas 200 000 $, nous parvenions assez aisément à les conduire à maturité avec nos propres ressources, mais quand le coût excède trois millions $, c’est la crise. »

Alutrec a été dans l’obligation de déposer son bilan en 2011.

L’absence d’un joueur important, en l’occurrence le gouvernement fédéral, avait mis la caisse à sec. L’entreprise a survécu, mais elle rencontre encore les obstacles propres à une PME en croissance. « La transformation de l’alumi-nium, on l’oublie souvent, est une industrie extrêmement jeune, dont l’environnement est mal connu de nos politiciens et des institutions financières. Sa rentabilité est dan-gereusement compromise quand l’État la soumet aux normes d’in-dustries solidement établies. »

Prioriser la valeur ajoutée pour que l’emploi soit au rendez-vous.Julien Nadeau souhaite que les gouvernements ajustent leur discours aux nouveaux enjeux économiques. « Ils ne sont malheureusement motivés que par la création d’emplois. C’était un objectif réaliste dans les années 1980. Mais aujourd’hui, avec la mondialisation, ils devraient prioriser la valeur ajoutée. Ils obtiendraient les emplois souhaités, mais en passant par une multitude de PME aux dimensions diverses qui franchissent les obstacles

Luc Boudreault, Pierre Bouchard, Julien Nadeau et Bertrand Tremblay ont écouté les représentants de plusieurs PME exprimer leurs

difficultés et leurs attentes quant aux interventions de l’État.

Julien Nadeau lance un message.

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de la concurrence internationale par des produits à valeur ajoutée. Malheureusement, si l’entreprise génère moins de 100 employés, elle tombe dans l’oubli. »

Ce gestionnaire, qui a consacré sa carrière à innover à la direction d’une petite entreprise, connaît bien la raison de cette indifférence. « C’est simplement parce que, poli-tiquement, ces petites unités n’ont pas de pouvoir. Seule la grande industrie fait trembler les colonnes du temple. Une attitude suicidaire, car si le Québec est un petit mar-ché, il demeure le pays de l’innova-tion, clé de la prospérité. Mais l’État ne fournit pas aux PME l’oxygène qui transformerait les plus dyna-miques en grandes entreprises. »

Quelle perception Félix Gauthier, le pdg de Cycles Devinci conserve-t-il de l’expérience BIXI? Un lance-ment sur la scène mondiale? « En nous confiant la réalisation du vélo libre-service, Sécurité Montréal nous a fourni la possibilité de déve-lopper les outils nécessaires à la production en grandes séries. Ce projet nous a ouvert les portes des marchés d’exportation. Il nous a ainsi permis de soutenir la compé-tition à l’échelle internationale. BIXI n’a pas vraiment donné de visibilité à Devinci, puisque nous avons toujours évité de confondre les deux appellations. BIXI n’a jamais servi de marketing à Devinci tout simplement parce que le vélo de montagne était et demeure le gros vendeur. »

BIXI a été néanmoins une belle aventure.BIXI est tout de même associé à Devinci depuis sa période glorieuse. Il faut toutefois reconnaître que l’initiative d’un vélo libre-service de conception bien contemporaine a tellement été mal gérée par Sécurité Montréal que, malgré l’excellence du produit, la PME créée par la Ville de Montréal, qui en assumait l’administration, a fait faillite et ce sont les sous-traitants, dont Devinci, qui ont défrayé l’ incompétence. L’entreprise saguenéenne a perdu près d’un million $ dans l’aventure.

« Le bilan demeure cependant posi-tif, tient à préciser Félix Gauthier.

L’exportation ne s’improvise pas. Félix Gauthier a appris, parfois durement, les règles régissant le marché international. Si la qualité de ses produits est un atout, la capacité de répondre à la demande est cruciale.

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Le projet nous a permis de stabi-liser les emplois et de développer de nouvelles technologies et un réseau d’exportation. BIXI a été une belle aventure. Toute la pro-motion a été défrayée par Sécurité Montréal qui a ouvert ainsi un nouveau marché. Devinci comp-tait une soixantaine d’emplois au début de BIXI. Elle en génère plus de 80 aujourd’hui au salaire annuel moyen de 50 000 $. »

L’Institut de la statistique du Québec tout comme Innovation, Sciences et Développement éco-nomique Canada établit à 92 % le pourcentage des emplois attri-buables aux PME en 2015, au Québec. L’État leur apporte-t-il le soutien nécessaire à leur renta-

bilité? Et à leur croissance? À ces questions, la majorité des entre-prises manufacturières, surtout celles qui exportent, présentes au Sommet socioéconomique, tenu à Alma en juin 2015, ont répondu dans la négative. « Nous exportons 98 % de notre production, mais je n’attends rien des gouverne-ments », se résigne Félix Gauthier.

L’aide à la recherche est inadéquate… ou inexistante.Il apprécierait de l’aide à la recherche en regrettant le retrait du Programme de crédit de recherche scientifique et développement

expérimental (CRSDE). « Le gouvernement fait alors le contraire de ce qu’il prêche, c’est-à-dire que l’innovation est la clé du succès. Nous n’avons pas eu le choix de piger dans la marge bénéficiaire toujours très fragile pour combler le vide. Car sans recherche, c’est l’échec. Le fédéral ne se comporte pas autrement.

Félix Gauthier a débuté en affaires en achetant une entreprise en faillite technique. Tout un défi! « J’étais seul… se souvient-il. J’ai donc démarré à moins 40. Mon premier réflexe a été d’investir en recherche pour façonner une nouvelle image tournée vers l’avenir. Le CQRDA a fourni la clé qui m’a permis d’ouvrir la porte de l’innovation en finançant mon tout premier projet dans le cadre d’un maillage avec l’Université de Sherbrooke. »

C’était un projet très audacieux, soit la conception d’un vélo instru-menté, c’est-à-dire doté d’un méca-nisme technologique évaluant les pressions soumises à la structure durant son parcours dans les condi-tions les plus difficiles. Auparavant, les techniciens œuvraient avec des données théoriques. Le test était aléatoire. Avec ce prototype, tous les éléments jouaient dans un contexte

Le vélo fabriqué par l’entreprise Cycles Devinci de Saguenay roule dans les rues des villes les plus populeuses des États-Unis, New York et Chicago.

Les participants à la table ronde complètent le tour de la question.

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d’une précision chirurgicale. « Nous n’aurons pas connu le succès qui nous situe dans le peloton de tête des producteurs de vélos sans le partenariat du CQRDA, » reconnaît le grand patron de Devinci.

Québec a imposé une modifica-tion majeure au CQRDA, qui est devenu un courtier en innovation après avoir servi de Centre de liaison et de transfert pendant un quart de siècle.

Un cours 101 gratuit sur l’exportation.Quel conseil Félix Gauthier glisserait-il à l’oreille des collègues du Québec qui ressentent la nécessité d’accéder aux marchés d’exportation? « Nous avons englouti 1,2  million $, dont 600 000 $ fournis par le fédéral, dans un programme de conquête des marchés qui ne convenait pas aux PME. L’entreprise a remboursé ce prêt sans aucun intérêt durant sept ans. »

Par la suite, Félix Gauthier et son équipe se sont appliqués à occu-per progressivement le marché canadien. Un vrai succès. « Nos ventes dans l’ensemble du pays oscillent autour de 12 millions $ annuellement. Après notre pre-mière tentative infructueuse, nous sommes retournés sur le marché américain, mais avec beaucoup plus de précautions. Nous avons appris à gérer cet immense terri-toire que tous les commerçants du monde veulent conquérir. Il ne faut jamais oublier que les États-Unis ne sont pas un bloc monolithique, mais l’union de 50 États. Nous ciblons d’abord le Nord-Ouest Pacifique, le Colorado et la Californie, où nous avons signé des ententes avec deux agences qui agissent comme des partenaires. La clientèle choisie dépasse la population canadienne. Notre première année se soldera par des ventes d’un demi-million $ et nous avons la conviction d’at-teindre, dans ce découpage bien spécifique, plus de trois millions $ en 2018, essentiellement avec

nos vélos de montagne, un cré-neau en croissance. »

Comment Devinci a-t-elle résolu ses problèmes d’exportation? « Nous savons maintenant qu’il est dangereux de percer les marchés extérieurs sans préparation suffisante, prévient Félix Gauthier. Car si nos produits plaisent, il faut répondre rapidement à la demande. Sinon, tout s’effondre et nos investissements deviendront des pertes. Le client se tournera vers d’autres fournisseurs. Nos chaînes de production peuvent maintenant accélérer leur rythme; notre réseau de distribution achemine rapidement les vélos assemblés à notre usine de Chicoutimi. Nous disposons d’entrepôts au Texas, à Rotterdam, à Vancouver et à Montréal, qui nous permettent de livrer rapidement les produits Devinci. Aux États-Unis, nous entreposons 15 modèles préférés de la majorité des cyclistes. C’est plus facile à gérer. Les champions du vélo ont contribué au succès de l’entreprise. » 

Après avoir conquis le marché canadien d'un océan à l'autre, Devinci occupe des points de vente au Colorado

et en Californie.

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Ambassadeurs at titrés du CQRDA auprès des PME québécoises et des organismes du Québec, les agents de liaison favorisent les rencontres entre les entrepreneurs et les organismes pouvant être utiles les uns aux autres Bernard Morin, conseiller technique au Centre national de recherches Canada (CNRC), au service du Programme d’aide à la recherche (PARI), a été pendant 20 ans principalement responsable de l’industrie de l’aluminium et de ses dérivés pour l’ensemble du territoire québécois Une expérience qu’il souhaitait mettre au service du CQRDA, comme agent de liaison, lorsque l’opportunité se présenterait

Le départ à la retraite de Louis-Guy Hudon, agent de liaison depuis la création du CQRDA en 1993, a permis de réaliser ce vœu trois ans plus tard. En poste depuis peu, M. Morin apprivoise ses nouvelles fonctions dans une volonté de continuité tout

en étant conscient de prendre la relève au cours d’une période de changement. « Je ne crois pas que cela va modifier le travail des agents de liaison, dit M. Morin. On donne un peu de temps et toute notre expérience au bénéfice de l’industrie et de l’organisme. »

Défi plus difficile avec les nouvelles règles.Bernard Morin ira à la rencontre des entreprises du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord, de Québec et du Bas-Saint-Laurent. Un territoire dont l’étendue ne fait pas peur à ce conseiller en technique de l’aluminium, puisque sa profession l’a toujours conduit partout au Québec. La priorité va être de se familiariser avec le nouveau programme imposé par le MESI, le Fonds de développement du Québec, contraignant les PME subventionnées en RD à travailler de pair avec les chercheurs

des universités et des collèges. « Connaissant assez bien la clientèle que sont les petites entreprises, je peux dire que ce ne sera pas simple de vendre ce produit-là. Effectivement, ça va peut-être être plus difficile. Mais on est ici pour essayer de trouver des moyens, de trouver des partenaires. Je peux aider, car je connais les intervenants et d’autres programmes qui peuvent être complémentaires. »

Évoquant le travail mené au PARI auprès des entreprises ayant leurs propres chercheurs, il appréhende les conséquences des nouvelles règles : subventions versées aux chercheurs des institutions plu-tôt qu’aux PME; coût plus élevé pour la recherche; délais et conflit à l’égard de la propriété des bre-vets. Bernard Morin souhaiterait que le gouvernement envisage plus d’ouverture à cet égard. « C’est une question à poser. Une demande à faire. » 

| GLANURES

« CE NE SERA PAS FACILE... »

BERNARD MORIN SUCCÈDE À LOUIS-GUY HUDONUN AMBASSADEUR BIEN PRÉPARÉPAR CHRISTIANE LAFORGE

Retraité depuis 3 ans, Bernard Morin succède avec enthousiasme à Louis-

Guy Hudon, agent de liaison au CQRDA avec lequel il a développé

une grande complicité au cours de ses interventions auprès des

PME comme conseiller technique au Centre national de recherches

Canada (CNRC).

58 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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Le Saguenay–Lac-Saint-Jean doit tirer profit de son expertise développée dans le domaine de l’aluminium C’est pour cette raison qu’un représentant de la Société de la Vallée de l’Alu-minium (SVA), installé à Dubaï, travaille quotidiennement à faire connaître les entreprises régionales et à créer ainsi des maillages à long terme avec les décideurs du Moyen-Orient, un secteur en plein essor

Malgré une année de «  tur-bulence » sur le plan des ressources humaines, comme l’a qualifiée son président Arthur Gobeil, l’orga-nisme a décidé de ne plus mettre en place une structure importante d’employés permanents. « Une administration comme la nôtre doit s’adapter au marché et aux besoins des clients. En ce sens-là, nous avons décidé de faire partici-per des consultants externes qui possèdent beaucoup d’expertises. C’est une nouvelle façon de faire

des affaires pour réaliser des mail-lages avec nos PME dans le but de produire des retombées quoti-diennes », confie-t-il.

De nouvelles initiatives sont appa-rues d’ailleurs pour aider les entre-prises à trouver une liquidité pour de nouveaux projets, bien souvent au stade du prototype, pour le faire progresser jusqu’au stade suivant, soit la commercialisation. C’est un fonds de 250 000 $ provenant de Desjardins qui permet à l’entrepre-neur de donner vie à son produit.

750 000 $ pour analyser l’avenir.« Une autre étape importante en amont est la vision de l’aluminium, c’est-à-dire de voir des projets structurants qu’on se doit d’aider. Dans les dossiers des entreprises, nous retrouvons des études d’opportunités pour pouvoir nous assurer de la rentabilité des projets.

Dans le cas de ces derniers, nous avons la seconde phase du laminoir. Durant la première phase, nous avons trouvé des niches de réflexions. Nous étudions aussi l’opportunité d’avoir une fonderie au Saguenay–Lac-Saint-Jean », a ajouté le président du C.A.

La région compte six équipemen-tiers et le représentant à Dubaï vend les produits de ces entre-prises-là. Durant presque 18 mois, la SVA a essayé de regrouper des personnes qui souhaitaient déve-lopper leurs produits à l’internatio-nal. Sa présence sur les terres du Moyen-Orient lui permet de faire connaître les équipementiers et de bâtir ainsi son réseau d’affaires. « Au moment où l’on se parle, les entreprises reçoivent des soumis-sions et l’ultime démarche sera de vendre avec eux. Nous avons eu quelques réalisations, mais rien de majeur. Pour faire des affaires avec ce nouveau marché, nos PME devront s’adapter », a-t-il conclu. 

LA SVA S’ADAPTE À LA RÉALITÉ

LE SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN, PÔLE MONDIAL DE L’ALUMINIUMLE FONDS DESJARDINS PAR JEAN-LUC DOUMONT

GLANURES |

Le président du C.A. de la SVA, Arthur Gobeil, croit fermement au maillage dans la communauté d’affaires du secteur de l’aluminium.

59Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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6e ÉDITION

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Al13 s’est entretenu avec Michel Guillot, professeur au Département de génie mécanique et membre du Centre de recherche sur l’aluminium – REGAL, sur les recherches en cours et, à la lumière de ses propos, force est d’admettre que ce métal n’a pas fini de nous étonner!

« Nous travaillons sur le design de produits et de structures, ainsi que sur les procédés de transformation et d’assemblage de l’aluminium. En design, on peut mentionner les semi-remorques de la compagnie Alutrec. Nous avons œuvré sur les premiers prototypes et nous travaillons sur la Capacité de 2e  génération, un modèle optimisé. » Son équipe travaille également à la validation d’une semi-remorque à deux niveaux.

L’aluminium, l’allié des structures.Le design de structure s’adresse aux grosses pièces d’assemblage. « Nous sommes impliqués avec Mario Fafard, directeur du REGAL, dans la conception de ponts en aluminium pour le ministère du Transport du Québec. »

L’équipe de M. Guillot travaille aussi à la conception, au proto-typage et aux essais du système breveté Upbrella, qui permet de monter une structure d’édi-fice en hauteur. Mathieu Vaudrin est assistant de recherche et explique, simulation à l’appui, le procédé Upbrella. « La construc-tion de l’édifice débute par la toiture sur laquelle s’arriment les passerelles extérieures, les sys-

tèmes de mur de protection ainsi que les systèmes de levage et de manutention des matériaux de construction. Pour chaque nouvel étage, le toit avec tout son arri-mage est soulevé pour la construc-tion de la charpente, des dalles de béton et de la finition extérieure. Ses principaux avantages sont une construction plus productive, dans un environnement contrôlé et sécuritaire. »

Lors de notre visite, nous avons observé une simulation de pas-sage de camion sur un pont en aluminium effectuée par Jean-Baptiste Burgelin, étudiant à la maîtrise en génie civil, codi-rigé par M. Guillot et dirigée par Mario Fafard. « Cela nous permet d’observer le comportement du métal lorsque le pont est utilisé. »

LE PROFESSEUR MICHEL GUILLOT

LE MÉTAL AUX MILLE POSSIBILITÉSLE MINISTÈRE DES TRANSPORTS S’IMPLIQUEPAR JACQUES BÉLANGER

M. Michel Guillot, professeur titulaire au Département de génie mécanique et membre du Centre de recherche sur l’aluminium – REGAL.

RECHERCHEET INNOVATION

61Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

Page 62: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Des procédés innovateurs.Parmi les procédés de transfor-mation et d’assemblage de l’alu-minium, Michel Guillot mentionne l’extrusion, l’hydroformage de tubes et la technique du soudage par friction-malaxage. « Avec cette dernière, on a pu développer une technique de soudage à angle droit. Celle-ci réduit les forces et peut être appliquée pour les soudages au moyen de machines-outils à commande numérique couram-ment utilisées en industrie. Quant à l’hydroformage, cela consiste à placer un tube d’aluminium dans une matrice pour le préformer; après avoir scellé les extrémités, la pression d’eau permet d’obtenir la forme désirée. »

Certains équipements ont été créés afin de réaliser des recherches spécifiques. C’est le cas d’une presse, conçue et fabriquée pour le projet de train d’atterrissage des appareils de Bell Helicopter. « Cette presse possède une capacité de 4,4 M de livres de poussée. On a produit un appareil compact parce que sa hauteur est habituellement de quatre étages. »

Dans la foulée du même projet, son équipe a conçu et fabriqué un appareil d’essai mécanique à deux axes synchrones, destiné à simuler les forces appliquées sur un tube de train d’atterrissage au moyen

d’une charge et d’une friction. « Cet outil, d’une capacité de 12 000 livres, permet d’effectuer des tests de fatigue sur le train d’atterrissage. »

Un métal aux multiples avantages.Interrogé sur les avantages de l’aluminium, Michel Guillot répond qu’il est léger et facile à fabriquer et à assembler. « L’extrusion est un procédé qui permet de fabriquer des produits à faible coût. Aussi, l’acier est généralement moins coûteux que l’aluminium mais

souvent plus dispendieux à mettre en forme; il possède une durée de vie moins grande. Par exemple, celle d’une semi-remorque en acier oscille entre 13 et 15 ans, tandis que celle en aluminium peut durer environ 40 ans. »

Parmi les autres avantages, M.  Guillot mentionne le poids. « Si on prend les semi-remorques d’Alutrec, on remarque que leur poids comporte des milliers de livres de moins que celles construites en acier. L’aluminium est une solution d’avenir », conclut le professeur Guillot. 

Lors de notre rencontre avec M. Guillot, nous avons pu observer une simulation de passage de camion sur un pont en aluminium effectuée

par M. Jean-Baptiste Burgelin, étudiant à la maîtrise en génie civil.

Pour se familiariser avec l’aluminium, on propose aux étudiants débutants

de fabriquer un objet avec ce métal. Le projet de l’an dernier était la fabrication

d’un escabeau.

Certains appareils ont été créés par l’équipe de M. Guillot afin de réaliser des recherches spécifiques. C’est le cas de cette presse de 2 200 tonnes impériales, conçue et fabriquée pour le projet de train d’atterrissage des appareils de Bell Helicopter.

62 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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Impossible de ne pas s’émer-veiller en voyant les trains miniatures de Wattman Trams & Trains, alignés sagement dans l’entrepôt, comme autant de petits jouets qui ne font qu’at-tendre que l’on vienne jouer avec eux

Renaud Larouche apprécie d’ailleurs le côté ludique de son entreprise. Le président de Wattman se plaît à penser que, chaque fin de semaine, des milliers d’enfants empruntent ses trains, qui accrocheront un sourire à leur visage. Mais sous ses dehors enfantins, Wattman est une société redoutablement efficace : en 10 ans, le président a fait de cette PME artisanale un joueur incontournable sur ce marché très niché. En 2016, elle exporte dans pas moins de 57 pays partout autour du globe.

Entrepreneuriat dans le sang.En 2001, après la vente de sa PME, qui évoluait dans le monde de l’aéronautique et de la défense, monsieur Larouche aurait pu se couler une retraite bien méritée. Cette retraite n’aura tenu que six mois. Il la quitte pour offrir ses services, en tant qu’expert, à des entreprises qui visaient une res-tructuration. Au départ, il ne fait que conseiller Wattman. Son côté ludique lui plaît, tout comme la qua-lité de ses produits. Il en devient actionnaire en 2003. Par la suite, il va acheter toutes les actions de Wattman. Depuis cette acquisi-tion en 2005, Renaud Larouche n’a cessé de travailler à améliorer son produit. Il a beaucoup investi, ce qui s’est traduit par la mise en place d’une équipe d’ingénierie qui

PME PME

WATTMAN TRAINS & TRAMS DE GRANBY

LEADER MONDIAL DES TRAINS MINIATURESPLUS QU’UN JEU D’ENFANTPAR CÉLINE NORMANDIN

Les trains de Wattman sont construits pour

résister aux intempéries.

Wattmann prend un soin extrême au filage électrique des équipements en raison de leur importance dans le bon fonctionnement des trains exportés partout dans le monde.

63Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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a multiplié les détails pour bonifier les trains. En plus d’être mues de façon électrique, les roues de la locomotive imitent le mouvement d’un train. De plus, les locomo-tives peuvent siffler et cracher de la fumée inoffensive, bien sûr! Monsieur Larouche souligne aussi l’ajout d’un système anticollision. Ce dernier est actionné par une caméra qui permet de détecter les obstacles à 10  pieds de dis-tance, permettant d’arrêter auto-matiquement le train au besoin. « Nous sommes les seuls au monde à offrir cette option », précise le président. Il s’agit d’un argument de vente important pour ces trains utilisés dans les centres d’achats, puisqu’ils se déplacent sans l’aide de rails. On les retrouve aussi dans les parcs d’attractions, par exemple les zoos, ou encore les parcs municipaux. Ils sont par-ticulièrement prisés en Europe, où Wattman enregistre 60 % de ses ventes. Un distributeur aux Pays-Bas traite d’ailleurs les nom-breuses demandes et assure le suivi après-vente sur place.

Quand qualité et beauté vont de pair.Wattman offre trois modèles de trains, en plus d’un modèle de tram. Ses locomotives sont entiè-rement conçues en bois, importé expressément de Russie. Et l’alu-minium dans tout ça? Il représente près de 10 % des composantes des trains sur les plans mécanique et structural, un pourcentage que le président de Wattman aimerait bien augmenter. Le moteur fonc-

tionne grâce à un ensemble de bat-teries de 48 volts possédant une capacité d’opération de 15 heures. La recharge est complétée en huit heures et se fait à l’aide d’une simple prise électrique.

Le président de Wattman contrôle la qualité de très près, par exemple le montage électrique des circuits. Aucune erreur n’est permise, en raison de la grande distance qui sépare la PME de ses clients. Certaines étapes sont réalisées à l’interne par la trentaine d’employés travaillant dans ses entrepôts situés dans le quartier industriel de Granby. C’est le cas de la découpe de bois pour la structure des trains et l’application de peinture, selon la recette développée par Wattman. Le résultat final est spectaculaire. « C’est de la même qualité que les bateaux RIVA, dont j’ai toujours admiré l’esthétique ».

Ce souci du détail permet à Wattman de se distinguer de la

compétition. « Une vingtaine de compagnies font aussi des copies. Mais nous avons mis tellement d’heures et d’argent à améliorer notre produit, qu’il est impossible de l’imiter. Ce ne serait pas rentable pour eux. Notre produit est plus cher, mais nos clients ont une garantie de qualité. »

Wattman pourrait bientôt être davantage que des trains. « J’ai eu l’idée en voyant une voiturette de golf qui essayait d’effectuer un demi-tour dans une allée d’aéroports. J’ai tout de suite pensé que nos locomotives avec leur court rayon de braquage seraient beaucoup plus efficaces », raconte l’entrepreneur.

Ce prototype a roulé pendant un an à l’aéroport d’Heatrow, en Angleterre. La même navette a cir-culé durant un mois à l’aéroport de Dorval. Les aéroports sont toute-fois un marché beaucoup plus dif-ficile à percer. « Je compare cela à un bloc de béton : on a beau faire trois fois le tour, on n’arrive pas à trouver la porte d’entrée. Mais une fois qu’on a trouvé le bon contact, on a un accès. Ce marché repré-sente un potentiel mondial. »

Quant à la retraite, très peu pour Renaud Larouche! Pour y avoir goûté, il sait que ce n’est pas pour lui. Il demeurera en place tant et aussi longtemps qu’il se sentira motivé par ses projets qui ne demandent qu’à se réaliser. 

Des trains attendant d’être livrés dans les entrepôts de Granby.

Le tram de Wattman est son plus gros modèle destiné surtout à un usage extérieur.

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Page 65: LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE …

Pierre Lagacé habite Dubaï depuis bientôt 10 ans Avec son entreprise Middle East Export, il est devenu la voix des entrepreneurs canadiens qui souhaitent faire des affaires avec le Moyen-Orient Son carnet d’adresses comprend 4 000 clients Il a bâti un empire qui effectue justement le jume-lage entre les deux continents

« Dubaï sera, d’ici les 30 prochaines années, la plaque tournante pour les produits, mais aussi pour les affaires », annonce d’entrée de jeu celui qui, amoureux de l’endroit pour l’habiter tout au long de l’année, a fini par y émigrer. Il a assisté à l’évolution du pays, mais aussi à celle de la « ville des affaires », comme plusieurs médias l’ont surnommée. « Pendant huit ans, j’ai eu mon commerce de tortillas au Québec. Après l’avoir vendu, j’ai entrepris une nouvelle carrière de consultant pour plusieurs firmes.

À 53 ans, un article sur Dubaï, paru dans La Presse, l’a frappé comme une révélation. Après une semaine de réflexion, il a pris sa

valise pour s’installer à Dubaï. C’était en novembre 2007. Le pays est prospère. Il poursuit son expansion et ses dirigeants ne visent pas moins que d’en faire la référence du Moyen-Orient. « Sans vouloir jouer au visionnaire, je prédis que cette ville deviendra, d’ici un quart de siècle, un carrefour incontournable pour lancer de nouveaux produits. »

Un ancien désert peuplé de gratte-ciel.Il attire notre attention sur la proximité avec l’Irak, la Lybie ou encore la Syrie. « Quand la paix reviendra, Dubaï sera encore plus attrayante. Montréal se prépare à célébrer son 375e anniversaire et elle a attendu 350 ans avant de voir monter des tours de 50 étages. Ici, c’était le désert, il y a à peine quelques années, et aujourd’hui, il s’y brasse des milliards $ dans un environnement plus métropolitain que New York », s’étonne Pierre Lagacé.

Dès qu’il reçoit un mandat d’une compagnie, il en devient le représentant au Moyen-Orient. Chaque jour, il cogne aux portes et sensibilise les entrepreneurs aux produits canadiens. « L’aluminium est produit ici avec une main-d’œuvre meilleur marché qu’au Québec, ce qui se traduit par une concurrence redoutable. » 

Vue aérienne de Dubaï.

Pierre Lagacé est le président de l’entreprise Middle East

Export à Dubaï.

65Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

GLANURES |

PIERRE LAGACÉ HABITE DUBAÏ

LA VOIX DU CANADA AU MOYEN-ORIENTIL COURTISE 4 000 CLIENTSPAR JEAN-LUC DOUMONT

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Parler à Paul Brault, président de Soudure Brault, c’est parler à un converti depuis longtemps des avantages de l’aluminium « C’est propre, économique et plus léger; de surcroît, c’est recy-clable », dit-il, en pointant du doigt des diagrammes compa-rant les économies d’échelle de l’aluminium par rapport à l’acier Monsieur Brault sort cette étude européenne, réalisée depuis quelques années, à chaque fois qu’on lui pose la question sur son choix de matériaux de pré-dilection « On était marginal, il y a trente ans, dans le secteur du transport, et on l’est encore, mais la situation a l’avantage de ses inconvénients : d’une part, il reste encore beaucoup

de monde à convaincre sur les avantages de l’aluminium; d’autre part, il y a moins de com-pétition que dans l’acier »

Quand nécessité est mère d’invention.Fondée en 1982 dans un garage de Dunham, l’entreprise de Paul Brault connaît une croissance remarquable depuis les dernières années. Les bennes pour camions lourds et légers connaissent un engouement sur le marché, qui se confirme chaque année, tout comme les plates-formes de chargement, ou encore les remorques de chargement pour porcs et volailles.

À ses débuts, c’est tout naturel-lement que Paul Brault se soit consacré à la conception et à la fabrication de bennes à camion. Ayant grandi sur une ferme, il a fait sa première soudure à 11 ans et il a très vite compris qu’ingéniosité et débrouillardise allaient de pair pour se tirer d’affaire. C’est aussi à ce moment qu’il manipule différents matériaux et s’intéresse à l’alumi-nium. Avec un diplôme de soudure en poche, il lance un atelier mobile. Il répare la plupart du temps des pièces liées au transport. De fil en aiguille, on lui demande des pièces sur mesure, ce qui va le mener à concevoir et à fabriquer des remorques spécialisées pour F. Ménard, un des principaux pro-ducteurs de porcs au Québec.

SOUDURE BRAULT A LA COTE

L'ALUMINIUM DEVIENT INCONTOURNABLEDES PLATES-FORMES ET DES REMORQUES « HIGHT TECH »PAR CÉLINE NORMANDIN

PME PME

Toute l’équipe de Soudure Brault.

66 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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Sa mission, concevoir une remorque en aluminium, dédiée au transport des animaux du client, une ligne de produits qu’il fabrique depuis.

Le matériau de la créativité.Entrepreneur dans l ’ âme, l’aluminium permet à Paul Brault de satisfaire sa curiosité et sa créativité. « Avec l’aluminium, il faut inventer les processus : on ne peut pas imiter ce qui se fait avec l’acier. Souvent, il faut tout inventer. Tout est à faire dans le domaine de l’aluminium. »

Même s’il veut se concentrer sur les bennes de camions légers et les plates-formes, Paul Brault ne ferme aucune porte. Il donne en exemple son contrat pour les remorques destinées au transport des volailles. Le défi était de concevoir une remorque correspondant aux dernières normes animales, ainsi qu’à des règles de sécurité plus strictes. Cette commande, livrée en 2012, s’est transformée en contrat pour une flotte de 50 camions. La créativité est une des clés de voûte du fonctionnement chez Soudure Brault. L’entrepreneur se dit lui-même un « ingénieux », soit à la fois un patenteux et un ingénieur. Longtemps seul à concevoir les plans de ses produits, il compte maintenant sur une équipe comprenant son fils Vincent, Stéphane Lévesque et un futur diplômé, en avril prochain, d’un bac en génie mécanique de l’École de technologie supérieure, Christophe Lanneville.

L’entreprise s’est également associée à plusieurs occasions au CQRDA et à Alcoa Innovation. La dernière collaboration a permis de développer des bennes pour camion plus légères, plus solides, et ce, tout en rendant l’opération plus rentable. Le projet visait particulièrement l’élimination du pliage de pièces de grandes dimensions, la réduction du poids de l’ensemble et l’augmentation de la rigidité de certains éléments. Le

pliage et la manipulation de grandes pièces ont été éliminés; le poids a été réduit de 540 kg; la longueur de soudure, diminuée de 40 %; et la rigidité des murs latéraux s’est fait augmenter.

Petit garage devenu grand.Malgré un incendie en 2005, qui a mis à rude épreuve les activités de l’entreprise, le propriétaire de Soudure Brault a toutes les rai-sons d’être optimiste pour l’avenir. Au moment de la visite d’Al13, la bâtisse subissait un agrandisse-ment de 10 000 pieds carrés pour les bureaux et l’inventaire ainsi que plus d’espace pour la production. Depuis 1985, des agrandisse-ments successifs ont permis à la compagnie d’ajouter des garages ou des ateliers de montage et de peinture, où travaillent maintenant 25 personnes. Encore en décembre dernier, Paul Brault a acquis les installations de son voisin afin de s’en servir comme entrepôt. Sans être officielle, une belle relève est en place : Vincent s’occupe de la conception et de la gestion de l’in-ventaire; Éloïse, quant à elle, cumule plusieurs tâches tels le développe-ment des affaires, les ressources humaines et le suivi de la production avec Benoît Landry, superviseur de la production. La société est toujours à la recherche de travailleurs expéri-mentés, compétents et polyvalents, puisque les employés de Soudure Brault font bien plus que de la sou-dure durant leur journée de travail. Ils font le montage des pièces, en plus de la mécanique pour aménager les leviers hydrauliques, qui équipent bien souvent les camions.

Paul Brault est bien conscient que les mentalités changent lentement dans le secteur des transports, mais il ne doute pas que les arguments favorables convaincront les acheteurs. « C’est plus cher à l’entrée, mais le retour sur l’investissement se fait 18 mois après l’achat », pré-cise le dirigeant. Pour ce qui est des critiques sur la solidité de l’aluminium, les cassures souvent invoquées sont, selon lui, le résul-tat de méthodes liées à l’acier et reproduites sans réflexion pour l’aluminium. « Il faut avoir une mentalité différente avec l’aluminium pour concevoir et construire. Il faut être créatif et ne pas transposer une technique d’un matériau à un autre », insiste le dirigeant qui a lui-même déve-loppé ses techniques à force d’es-sayer. Son fils Vincent a aussi été témoin de certaines réticences concernant l’aluminium pendant ses études à Sherbrooke.

Mais Paul Brault balaie toutes ces histoires du revers de la main. « L’aluminium, c’est l’avenir; ou l’avenir, c’est l’aluminium », lance en souriant ce converti de longue date. 

Soudure Brault s’est agrandi à plusieurs reprises et d’autres travaux sont en cours présentement.

Soudure Brault fabrique de nombreux modèles de remorques,

de plates-formes et de bennes.

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LA MÉTROPOLE PUISSAMMENT PRÉSENTE

LE CQRDA ACCUEILLE SIX ENTREPRENEURSMAXIMISER LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUESPAR MYRIAM GAUTHIER

La majorité des nouveaux membres du CQRDA pro-viennent de la région métropo-litaine de Montréal On compte parmi elles la Coop d’entraîne-ment en plein air (COPA), qui conçoit et fabrique des équipe-ments de plein air à Montréal, en plus d’aménager des circuits d’entraînement extérieurs

La jeune entreprise Namo Dynamics de Saint-Bruno-de-Montarville se démarque, pour sa part, par la conception d’un siège de vélo qui suit les mouvements naturels du corps, tandis que l ’entrepr ise Flex therm de Longueuil conçoit des planchers chauffants écoénergétiques pour les milieux résidentiel, commercial et institutionnel.

176 membres et 32 associés font la renommée du Centre.Le Centre technologique en aérospatiale du Cégep Édouard-Montpetit se joint aussi au CQRDA. Le centre collégial de transfert technologique situé à Saint-Hubert a d’ailleurs reçu à l’automne 4,25 M$ pour un projet de recherche sur les opérations aériennes en partenariat avec Bombardier, Esterline CMC Électronique et Certification Center Canada.

Termaco, de Saint-Jean-sur-Richelieu, s’intègre à son tour

au CQRDA. L’entreprise se spécialise dans la conception et la transformation de produits de l’industrie du métal en feuille. A3 Surfaces, une entreprise de Chicoutimi fondée au printemps 2015, conclut cette liste. Elle offre un service de traitement des surfaces en aluminium anodisé qui permet ainsi de les rendre antimicrobiennes. Au début de l’automne, l’organisme, dont l’un des objectifs est de maximiser les retombées économiques, comptait 176 membres et 32 associés. 

| NOUVEAUXMEMBRES

Dominique Bouchard, président du CQRDA (à droite de la photo) a eu le plaisir d’accueillir à l’assemblée générale du CQRDA en septembre dernier, six nouveaux membres, dont une majorité

proviennent de la région métropolitaine de Montréal.

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L'ALUMINERIE D’ALMA

DÉMONSTRATION INSTRUCTIVEDES ÉLÈVES TRÈS ATTENTIFSPAR NORMAND BOIVIN

Voir l’intérieur d’une usine, se faire expliquer le procédé de fabrication de l’aluminium et mesurer l’ampleur du défi que relèvent quotidiennement des milliers de travailleurs sont tous de véritables privilèges qu’offre Rio Tinto, en collaboration avec Tourisme Alma, aux touristes et aux résidants de la région

Dès notre arrivée à l’usine, le guide nous fait réaliser l’ampleur de la tâche que représente la fabrication de l’aluminium, en faisant faire à la navette son premier arrêt devant un immense bloc d’anode d’une tonne, une composante essentielle au procédé.

Les métallos, de véritables magiciens.C’est l’anode, alimentée par un courant positif, que l’on plonge dans une soupe chimique où l’on verse de l’alumine. L’arc électrique qui se forme avec le fond de la cuve développe tellement de chaleur que sa température monte à plus

de 900 degrés Celsius. L’alumine se sépare alors de sa molécule d’oxygène et l’aluminium descend au fond de la cuve. Chaque anode prend 32  heures pour produire 3  tonnes de métal gris. Au bout de 28 jours, toutes les anodes, fabriquées sur place, doivent être remplacées. Or, il y a 40 anodes par cuve et il y a 432 cuves à Alma. L’usine dévore donc 17 280 anodes par mois. Il faut les remplacer au rythme de 640 anodes par jour.

Elles sont fabriquées à partir de coke et de brai mélangés dans la gigantesque tour surplombant l’usine afin de produire une pâte qui, pendant une semaine, est cuite dans un immense four chauffé au gaz. Surprenant et même fascinant.

Lorsqu’on arrive enfin dans les salles de cuves, le cœur de l’usine, on est frappé par l’absence de travailleurs. Les dizaines de cuves sont alignées à l’infini. On ne voit pas le métal en fusion parce que, contrairement à l’époque des

Söderberg, les cuves sont fermées pour récupérer et éliminer les gaz émanant du procédé.

Au loin, on voit un travailleur au sol qui opère un pont roulant dédié au transport d’un creuset servant à siphonner le métal. Même si on est près de la porte, on sent la chaleur intense qui règne à l’intérieur. La visite se termine au centre de coulée où 6 énormes fours chauffés au gaz, dont chacun possède une capacité de 100 tonnes, produisent de l’aluminium à valeur ajoutée en y additionnant différents matériaux afin de fabriquer des alliages et de répondre aux commandes spécifiques des clients.

Du 20 juin au 19 août, plus de 700 personnes ont profité de cette visite. Selon les statistiques de Tourisme Alma, 73 % des visiteurs provenaient de l’extérieur de la région, principalement de Québec, de Montréal et de la Montérégie. La plupart d’entre eux se disaient impressionnés par la propreté de l’usine. 

| GLANURESUne journée portes

ouvertes à l’Usine d’Alma, en juin dernier, a permis

aux visiteurs de découvrir la complexité du travail.

Ici, un travailleur opère un pont roulant.

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GLANURES |

LANCEMENT DE LA 44E ÉDITION

PROFESSION DE FOI DU PREMIER MINISTRE« AL13 EST UN LIEU DE RASSEMBLEMENT »PAR MARC ST-HILAIRE

La Bibliothèque de l’Assemblée nationale était bondée de quelque 200 personnalités, issues des quatre coins du Québec, le 7 juin dernier, pour le lancement de la 44e édition du magazine Al13 Comme toujours, l’événement constituait un rendez-vous incontournable pour l’ensemble des acteurs de l’industrie de l’aluminium et de sa transformation Par contre, cette fois-ci, la soirée a été ponctuée d’un moment historique, alors que le premier ministre Philippe Couillard a publiquement exprimé son appui inconditionnel au Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA), une profession de foi attendue depuis longtemps par le milieu

Personnage central de cette publication, le premier ministre Couillard s’est proclamé « le plus

grand défenseur de l’industrie de l’aluminium » avant de se prononcer sur l’avenir du CQRDA au Saguenay–Lac-Saint-Jean, une organisation dont il a vanté l’importance dans le domaine de l’innovation au Québec. « Mon soutien est total envers le CQRDA, pour l’importante contribution qu’il apporte à l’innovation et à toute l’industrie de la transformation », a-t-il souligné.

Le message du premier ministre survient à un moment charnière de l’histoire du CQRDA, dont le rôle a été réduit au statut de courtier lors de la création d’AluQuébec, la nouvelle grappe nationale de l’aluminium. Aussi son discours a-t-il été accueilli par de chauds applaudissements et par un sentiment d’optimisme par ceux et celles qui continuent de croire au développement du Québec à partir des régions, notamment celle du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Le premier ministre a égale-ment tenu des propos encoura-geants à l’attention des petites et moyennes entreprises qui sou-haitent s’épanouir dans le domaine de la transformation. Il a, en ce sens, rappelé la mise en place d’une stratégie gouvernementale dédiée spécifiquement à ce cré-neau, invitant les parties concer-nées à se rapprocher, dans une logique d’exportation et de com-mercialisation à l’étranger. « Avec notre stratégie de l’aluminium et les outils dont on dispose, par exemple Investissement Québec, nous sommes là pour vous aider, a-t-il réitéré. Si vous avez des pro-jets de croissance, venez nous voir. Il n’y a pas de manque de capitaux au Québec pour soutenir les entreprises qui ont de beaux projets, des projets bien ficelés. Il n’y a aucune raison pour que les prochaines importantes PME de l’aluminium ne viennent pas du Québec. »

Le premier ministre du Québec Philippe Couillard a réitéré

son soutien au CQRDA devant quelque 200 personnes réunies

à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale lors du lancement de la 44e édition du magazine Al13.

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Vice-recteur aux ressources à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et président du CQRDA, Dominique Bouchard était également du nombre des convives et dignitaires qui se sont déplacés pour célébrer l’aluminium dans la capitale nationale. Après avoir rendu hommage à son prédécesseur, Bernard Angers, qui est décédé en février dernier, M.  Bouchard a témoigné de la mission que remplit Al13 depuis plus de deux décennies.

« Travailler pour et avec les PME. »« Al13 est un lieu de rassemble-ment. Cette revue nous présente de nombreuses personnes ingé-nieuses et innovantes qui ont tou-jours un projet en tête; elle nous parle de l’état de la production de nos grandes entreprises produc-trices d’aluminium; elle nous fait part des avancées de nos cher-cheurs et des experts de l’indus-trie. Al13, c’est plus de 20 ans de l’histoire de l’aluminium qui nous est racontée depuis la création du magazine. Aujourd’hui, vous, qui avez contribué à ce numéro, vous nous avez permis d’écrire une autre page de cette histoire. Vous êtes la raison d’être du CQRDA. »

Dans la même veine, le président du CQRDA a enchaîné en évoquant la vocation de son organisation, laquelle a largement contribué à l’essor du Québec depuis son inauguration en 1993.

« Le CQRDA est là, sur le terrain, afin de travailler pour et avec les PME et les équipementiers du Québec. Nous vous accompagnons dans vos démarches de recherche et de développement grâce à l’expertise de notre équipe et de notre directeur scientifique, M. Maurice Duval. Nous soutenons également, financièrement, les PME et les équipementiers dans la réalisation de projets RD innovants et technologiques, suivant le mandat qui nous a été confié dans la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium. Enfin, depuis 23 ans, nous nous assurons de favoriser le maillage entre les établissements d’enseignement, les centres de recherche, les PME et les entreprises liées à la production et à la transformation de l’aluminium.

Une valeur sûre s’est créée au fil des années. Jusqu’ici, le CQRDA a soutenu plus de 800 projets, soit une moyenne de 35 projets par année dans des domaines diversifiés », a-t-il prononcé.

Outre une entrevue au cours de laquelle le premier ministre Couillard annonce le début d’une nouvelle ère pour les PME spécia-lisées dans la transformation de l’aluminium, la 44e édition d’Al13 proposait un dossier sur la grande industrie du métal primaire, dans un contexte où l’aluminium « vert » du Québec représente un atout de première importance par rapport à une compétition mondiale plus féroce que jamais. Également, la série PME de l’heure mettait en vedette diffé-rentes personnes et entreprises qui s’illustrent grâce à l’utilisation de l’aluminium dans leur procédé, notamment le chirurgien den-tiste Patrick D. Lemoine-Keyvac, Upbrella, A3Surfaces, Filtrartech et Durabac avec son véhicule Détritube. 

Le premier ministre du Québec est un ardent promoteur de l’aluminium vert.

C’est dans le puits du savoir de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec que les quelque 200 invités d’Al13 ont célébré

la 44e édition du magazine de l’aluminium.

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CATALYSEUR DU POTENTIELALUMINIUM AU QUÉBEC

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Ce n’est pas une multinationale, ce n'est pas une grande société comptant des milliers d’employés partout dans le monde GéniSim, c ’es t l ’ ingénieur chimis te Marc Dupuis, seul et unique employé, comptant plus de 35 ans d’expertise en recherche et développement dans l’industrie de l’aluminium, dont 10  années en modélisation au Centre de recherche et de développement Arvida (CRDA)

La multinationale Alcan ayant fait le choix de mettre ce domaine sur la glace, l’homme lance alors son entre-prise qui se spécialisera en modéli-sation mathématique ou simulation numérique des cuves d’électrolyse. C’est un créneau d’affaires qui connaîtra de grandes demandes.

Au début des années 2000, Marc Dupuis contribue à mettre en place des alumineries aux États-Unis, en Europe, en Chine, en Inde et au Moyen-Orient. En collaborant avec ces pays, il a fait mal au marché libre nord-américain : « En formant les Chinois, j’ai permis à leurs pro-ducteurs de progresser vite. Ils sont très innovateurs et construisent rapidement. »

« Nul n’est prophète en son pays. »Au cours des années suivantes, l’ingénieur parcourt le monde : « Sky is the limit ». Même la NASA l’approche pour la réalisation d’une modélisation validant les possibilités de fabrication d’aluminium sur la lune… « Je ne les ai pas pris au sérieux », raconte-t-il avec humour!

À partir de 2005, deux groupes de Chinois viennent au Saguenay. Il les forme sur l’élaboration de modèles mathématiques qui permettent d’éviter les essais-erreurs lors de la concep-tion des cuves. « Avec des modèles validés par des mesures précises, on peut faire de la conception de cuve par modélisation », nous explique-t-il. Déjà à la fin de 2007, la Chine se lance, fin prête, dans la construc-tion d’une usine à haut ampérage. Marc Dupuis sera alors invité à se rendre sur place et formera plusieurs autres modélisateurs du pays.

Depuis, il a formé tous les nouveaux marchés : la Chine, Dubaï et l’Inde. Il a, à son actif, quatre brevets

enregistrés. Sa conjointe, Hélène Côté, le qualifie de « petit centre de recherche » à lui seul, car il poursuit constamment ses recherches, ses publications et sa représentation à divers événements.

Ses voyages d’affaires l’ayant mené aux quatre coins du monde, Marc Dupuis se passionne, en plus de la modélisation, pour la photogra-phie. Il en a ramené de très belles images. Et lorsqu’il dispose d’un peu de temps, il se plaît à voguer sur les eaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean, un coin qui offre, selon lui, une qua-lité de vie incomparable. « À partir d’ici, je peux travailler partout dans le monde. »

Pour l’avenir, le propriétaire de GéniSim espère voir le jour où une technologie portera son nom et ses brevets seront utilisés. Il veut égale-ment être reconnu comme designer de cuves d’électrolyse. « Pour réali-ser des idées innovantes, on fait de la modélisation, on enregistre des brevets, puis on réalise des proto-types. » Tels sont les projets qu’il souhaite réaliser. 

SIMULATION NUMÉRIQUE

GÉNISIM S’IMPOSEPAR NATHALIE MÉNARD

Marc Dupuis, ingénieur chimiste et propriétaire de GéniSim, une entreprise

de modélisation numérique.

| GLANURES

74 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2016

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Quand les athlètes sont montés sur le podium lors de la 51e finale des Jeux du Québec à Montréal en juillet dernier, arborant leur médaille d’or, d’argent et de bronze, Pierre Ste-Marie a gagné son pari  : utiliser l’aluminium local en lui donnant l’aspect des trois métaux tant convoités Il relevait ainsi le défi lancé par Rio T into, commanditaire important de Sports Québec, qui tient à promouvoir l’aluminium

L’entreprise Les Enseignes Ste-Marie d’Alma utilise l’aluminium dans près de 85  % de sa production depuis 1999. Remarqué à titre de donateur pour les Jeux Hiver du Québec 2017 par les organisateurs de ces mêmes jeux, l’entrepreneur a été sollicité pour proposer des échantillons de

médailles en aluminium, capables de faire illusion sans être peintes. La réalisation a été une expérience intéressante exigeant une certaine collaboration entre fournisseurs et parfois concurrents.

Les médailles en aluminium ont été anodisées par électrification à Québec. Ce procédé colore le métal avec des pigments en utilisant les propriétés de la couche

anodique. L’impression par sublimation sur métal a été effectuée chez Impression Promographe.

Le résultat final a permis à Pierre Ste-Marie d’obtenir ce premier contrat de médailles d’une valeur de 20 000 $ et l’espoir d’une ouverture pour d’autres Jeux du Québec, faisant ainsi, bien que modestement, concurrence aux fournisseurs de la Chine.

QUAND L’ALUMINIUM DEVIENT BRONZE, ARGENT ET ORPAR CHRISTIANE LAFORGE

COUP D’ŒIL

637, boulevard Talbot, bureau 102Chicoutimi (Québec) G7H 6A4Tél. : 418 545-5520 | Fax : 418 693-9279

[email protected] | www.cqrda.ca

Partenaire financier :

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Vous songez ALUMINIUM, le CQRDA contribue à réaliser vos IDÉES!

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