L E B A P T E M E

D ' E S P R I T

© É d i t i o n s A M R I T A - 1993

Tous droits réservés pour tous pays.

Jean-Yves Pahin

L E B A P T E M E

D ' E S P R I T

roman initiatique

Préface de Jean Blum

Amrita

C H E Z L E M E M E E D I T E U R

WESAK - L'HEURE DE LA RECONCILIATION, de Anne et Danie l Meurois-Givaudan

GUIDE PRATIQUE DE MEDITATION,

de Goswami Kr iyananda

PLANETE DES FLEURS, de Joë l J eune

UNE MAISON POUR MIEUX VIVRE, de Yannick Dav id

MEDECINE DE LA TERRE, de Kenneth Meadows

REIKI - ENERGIE ET GUERISON, de Giancar lo Tarozzi

DIALOGUES AVEC ABUL-BEKA,

de Cayetano Arroyo de Flores

LES CONTES DE FEES - LECTURE INITIATIQUE,

de Franço is Roussel

Le catalogue des Éditions Amrita est adressé franco sur simple demande

Éditions AMRITA anciennes éditions Arista 24 580 Plazac-Rouffignac

Tél. : 53 50.79.54 - Fax : 53 50.80.20

Peinture de couverture de Myrrha Atelier Orawen

A tous c e u x q u i p a r - d e l à sep t siècles,

D u h a u t de l e u r c h â t e a u t emple n o u s i n t e r p e l l e n t

E t n o u s l a n c e n t u n é t e r n e l appe l ,

L ' i n v i t a t i o n à la Q u ê t e spir i tuel le .

P R E F A C E

Notre époque redécouvre le Catharisme. Cela se traduit par une floraison de livres, la mise en place d'une association sub- ventionnée par les pouvoirs publics aux fins d'étude et d'appel au touriste, la visite organisée, quotidienne et tarifiée des nids d'aigle qui, voici sept siècles et demi, abritèrent les ministres de la foi cathare. Concessions à César et à Mammon. Plus sub-

tilement et en toute liberté intellectuelle, des investigateurs d'une histoire et d'une approche du drame humain cherchent à comprendre : Nelli, Roché - qui nous ont quittés - et d'autres encore qui apportent leur science et leur amour à une même recherche.

Pourquoi cet engouement, dans les meilleurs des cas cette préoccupation spirituelle et métaphysique ? Peut-être parce que la planète terre traverse des temps difficiles, générant une an- goisse plus ou moins subconsciente, parce que le matérialisme ambiant et dévoreur creuse de redoutables brèches dans le sub- til amalgame nécessaire à un vécu psychologique heureux ou, au moins acceptable, parce que certaines religions de grande au- dience sombrent, ou bien dans les intégrismes, ou bien dans l'abandon des mystères et symboles sous-tendant la permanence de leur message. D'où l'émergence de sectes se proclamant véritables instruments de la rédemption. D'où le regroupe- ment de sincères et valeureux chercheurs en des écoles phi-

losophiques rompant, il est vrai, avec l'obscurantisme des sim- plifications et avec celui des dogmatismes mais rencontrant parfois - et même souvent - le marais enlisant d'autres dog- matismes.

D'où la Quête de chercheurs, fous aux yeux du monde, pres- sentant qu'existent une porte et un chemin salvateurs, que ceux-ci appartiennent au Royaume de l'Intuition et ne trouvent que d'illusoires ombres dans l'empire limitrophe, celui de la raison réputée toute puissante. Ceux-là se font poètes, roman- ciers ; ils sollicitent, chez leurs lecteurs, la voie de l'imaginaire par laquelle sont évités les écueils difficilement franchissables encombrant la voie à grand passage, celle de la réputée raison. A propos de la « Quête par laquelle l'Humain cherche en lui ce qui l'habite et le transcende », qui dira les mérites des ro- manciers du Graal, des poètes ayant entr'ouvert les invisibles portes, d'un Maurice Magre, d'un Gougaud... et de leurs frères célèbres ou vouant leurs grimoires aux discrets tiroirs d'un meuble confidentiel. De cette Quête, le Catharisme fut un très grand moment.

Voici que nous vient - que vient à la Littérature inspirée par la Quête et ayant choisi la voie du roman historique et spi- ritualiste - un tout jeune homme.

Dans le Catharisme, il a trouvé une source d'inspiration ouvrant sur la Connaissance, la véritable, celle qui transcende le cœur et l'esprit tout à la fois. Il s'est nourri de lecture, j'en- tends : de centaines d'ouvrages ; il s'est nourri de réflexions et de méditation, de jeux de rôle et de visites à des lieux que connurent autrefois des hommes et des femmes qui étaient partis sur le chemin ardent et fou ; le seul chemin qui vaille, le seul qui, si les fous ont finalement raison, conduise au nou- veau ciel et à la nouvelle terre que promettent les Ecritures... et que nous portons en nous, souvent en l'ignorant.

J'ai connu Jean-Yves Pahin en l'une de ces circonstances où, auteur concédant probablement trop à la raison, j'essayais

de dire ce qu'il dit, en d'autres manières probablement moins aériennes et prêtes à l'envol. Et puis, avec ce garçon de vingt ans - vingt-deux, que je ne le rajeunisse pas - des liens se sont noués. Je dois dire que son enthousiasme et la curieuse pon- dération qui l'accompagne m'ont apporté bien de la joie et du réconfort. Pas pour moi, pour le témoignage que je me suis efforcé de rendre depuis bien des années déjà. Trop d'années... Et je me prends à espérer que les personnages créés par Jean- Yves Pahin, véritables parce que créés par l'acte privilégié de l'Imaginaire, iront, aidés par la fluidité de leur état d'être, du Moyen-Age au temps de l'ordinateur et, au passage, heurte- ront à la porte subtile qui abrite tout hôte d'un univers, illu- soire peut-être, mais au travers duquel la Connaissance doit être éveillée par l'Amour.

Alors, un jeune homme aura conscience d'avoir prêté son bras assuré à des passagers embarquant sur un frêle esquif au moyen d'une planche mouvante.

Alors un homme vieillissant sourira d'aise en pensant que certains jeunes gens savent ce qu'il convient de dire et possè- dent le talent de le dire.

Alors, ailleurs, très loin et très près, les ombres d'hommes et de femmes qui, en leur temps, traversèrent la porte du feu, sauront - de quelque manière que ce soit - qu'un nouveau témoin est venu et témoigne.

Et, en Jean-Yves Pahin, la Force qui s'accomplit en nous sauvant comptera un chantre au talent neuf et, par lui, expri- mera son message.

Jean Blum

P R O L O G U E

Rendant témoignage de la Foi éclairée qui les animait, des hommes et des femmes vêtus de noir allaient deux par deux par les chemins du Languedoc, c'était il y a sept cents ans, c'était hier.

Ils vivaient un christianisme bien particulier se rattachant à différents courants de religiosité qui véhiculèrent les mêmes thèmes, et ce, quelle qu'en soit l'époque considérée.

Mais de quelle manière envisager une recherche sur le Catharisme ?

Différents points de vue se superposent, du niveau pure- ment historique au niveau purement spirituel. L'historien ne s'intéressera malheureusement qu'aux vestiges laissés dans le temps, regroupera les dates et tentera, en homme du XX siè- cle, de se rendre compte d'un monde complètement différent du nôtre, le Moyen-Age. Est-ce à dire que le travail qu'il aura effectué sera négligeable ? Sûrement pas. Ses recherches nous renseignent sur un aperçu historique que nous n'aurions pas avec la seule imagination. Mais faut-il se limiter au simple aperçu historique des choses ? Le faire ne serait qu'étudier un mouvement mort au début du XIVe siècle, en négligeant la pensée, immortelle et en dehors du temps, que celui-ci a véhi- culée. Est-ce qu'un amateur de vin s'intéresse à la bouteille qui contient un bon Bordeaux, ou au breuvage lui même ? Dans le cas présent la bouteille n'est autre que les vestiges histori-

ques du Catharisme, et le breuvage la spiritualité, très forte car aucun, ou très peu, n'a renié sa foi et a préféré le bûcher plutôt que de la quitter pour adopter une croyance menant à l'obéis- sance servile des ministres de la foi catholique.

Quelle était donc la Foi des Parfaits cathares ? Une simple croyance, un savoir appris et qu'ils transmettraient après de longues années d'étude d'un dogme fastidieux ? Non, tout tient en trois mots : le baptême d'Esprit, ou la réalisation des noces spirituelles entre leur âme et leur esprit. Autrement dit, leur conscience au bout d'une longue quête spirituelle avait vu les portes du Divin s'ouvrir à elle. C'est l'illumination que l'on retrouve ailleurs, et notamment dans le bouddhisme.

Cela est-il chrétien ? Dans l'Evangile de Jean, Jésus dit à Nicodème que celui qui n'est pas baptisé en l'Esprit, et par là naît une seconde fois, non de sa volonté ni de celle de la chair, mais de celle de Dieu, ne connaît pas le Royaume des Cieux...

Cette Foi éclairée qui les animait leur faisait répandre l'amour tout autour d'eux, non seulement envers les humains, mais aussi pour tout ce qui est vivant et est le support de l'Etre en ce monde.

Guérisseurs et voyants à l'instar des Initiés tels Orphée, Hermès, Jésus ou Bouddha, ils appliquaient leurs possibilités spirituelles vers le réconfort de leurs semblables, que celui-ci soit matériel par une guérison, ou spirituel en une aide en la Quête. Cela encore est-il chrétien ? N'en déplaise au dogme catholique, oui. L'Evangéliste fait tenir ces paroles à Christ : « ils imposeront les mains sur les malades, et les malades seront guéris ». (Marc, 16, 18).

L'ouvrage dont ils ne se séparaient jamais était l'Evangile de Jean, celui qui est le plus en rapport avec la Quête spiri- tuelle bien que tous, à des degrés différents de lecture, en fassent l'apologie.

C'est une approche des Parfaits cathares qui peut sembler bien étrange, j'en conviens volontiers, mais elle est valable.

L'homme du X X siècle a une vision du Christianisme très

particulière, celle que lui renvoient les ministres du culte des églises catholique, protestante ou orthodoxe. Le tort qu'il a est qu'en fonction de ce qu'il voit actuellement il effectue genti- ment une transposition pour le Catharisme, dénaturant en cela sa spiritualité, qu'il transforme en un courant de pensée guère différent de ceux qui l'ont combattu. Dès lors le Catharisme apparaît comme une erreur, et le martyr des Parfaits ou Bons Chrétiens comme complètement stupide... Tout bonnement parce que les conclusions de la transposition auront été de faire ressortir la même spiritualité, à quelques variantes près, de part et d'autre. Un peu comme si un homme des cavernes découvrait un fusil. Celui-ci à la forme d'un bâton, et, habitué à utiliser ce dernier, le primitif s'en servira comme tel, laissant de côté l'usage particulier du fusil qu'il ne connaît pas ; il aura transposé l'utilité de l'arme moderne en fonction de l'outil qui lui ressemble et dont il a l'usage...

Le monde en lequel nous vivons a-t-il changé par rapport au Moyen-Age ? Sur la forme oui, car le « progrès technique » est intervenu entre temps, mais quant au fond ? Rien, absolu- ment rien n'a changé !

Il y a toujours ceux qui tirent les ficelles et les autres, qui ne sont considérés que comme de vulgaires moutons. Un élan de recherche spirituelle sans commune mesure avait embrasé le Moyen-Age... et nous le retrouvons en cette fin de siècle où le catharisme apparaît plus que toujours d'actualité.

Le meilleur moyen pour parvenir à le comprendre est de replonger au Moyen-Age, de situer chaque point particulier de ce courant de pensée gnostique dans son contexte, ce qui ne veut absolument pas dire que cela ne pourrait pas s'appliquer à notre époque.

Suivons donc les traces de Joan Palhens, ce petit toulousain qui deviendra Revêtu Cathare...

C H A P I T R E 1

U N E E N F A N C E

A T O U L O U S E

« Gloire à la terre ensoleillée qui va de la mer où voguent les galères mauresques jusqu'au pays où croissent les pins et jusqu'à l'océan sans fin ! Gloire à Toulouse, la ville aux vingt- neuf portes, que fonda Tolus, petit-fils de Japhet, la ville bâtie en pierres rouges, en pierres inébranlables comme le cœur des hérétiques ! »

Maurice Magre

Tou louse , 7 o c t o b r e 1 2 0 4

L a joie qu'avait procurée la naissance de Joan ce matin peu de temps avant midi, ce rayon de bonheur et de gaieté

supplémentaire en l'ostal des Palhens, était loin de préfigurer les malheurs de la Patrie languedocienne. Pauvre petit Joan, déjà derrière l'insouciance d'un peuple dont la civilisation toute d'Amour empreinte rayonnant sur le monde, l'orage gron- dait qui bientôt perdra dans son déluge la Paix courtoise à laquelle tu avais droit. Mais tu ne le savais pas encore, petit Joan, qui dans ton berceau de bois poussait tes premiers cris, suppliques involontaires à la Vie qui une fois de plus te prenais en son sein. La ville qui venait de t'accueillir était puissante, Phare de l'Occident, elle avait vu naître en ses murs une civilisa- tion où la Tolérance, la Liberté et l'Honneur y étaient vénérés comme valeurs de tout homme civilisé. Importante, Toulouse l'était par sa civilisation des Cours d'Amour, mais aussi par le rayonnement économique de la fière cité comtale. Troisième ville d'Europe, Joan, l'agglomération qui venait de t'accueillir était une ville belle entre toutes... une ville libre où tu aurais pu couler des jours heureux, petit languedocien...

Ton père, Raymond Palhens, cet apothicaire qui tenait bou- tique près des Moulins du Bazacle, était heureux en ce jour car un autre héritier lui était donné. Vous voilà trois enfants à par- tager la douceur de l'Ostal des Palhens... Ton frère Arnaud et ta sœur Bruna te regardaient avec les yeux de l'enfance décou- vrant ce qu'un nouveau venu ici-bas représente : un petit être ensanglanté à la peau fripée, braillard et aveugle, et qui pour- tant est aux yeux de tous le plus beau des bébés. Comme le rappellait ton frère, tu arrivais à point nommé pour le repas,

- Les mystères de la tradition Cathare, Julien Ventadour, Ed. de Vechi

- Cathares et Catharisme, Lucienne Julien, Ed. Dangles

Les trois premiers révèlent très bien la spiritualité qui se dé- gage du Catharisme, quant au dernier, il apporte une vision très franc-maçonne du Catharisme... or le message est que le royau- me n'est pas de ce monde, dès lors cette approche se révèle-t- elle probante au regard des convictions, au caractère fortement politique des Francs-Maçons ?

Ecrits Cathares :

- Le Nouveau Testament, traduit du provençal, XIII siècle, L. Clédat

- Rituel Cathare, traduction de C. Thouzellier, le Cerf - Le livre des deux principes, traduction de C. Thouzellier,

le Cerf

- La cène secrète, apocryphe de Saint Jean, traduction d'Edina Barroy, Beauchesne

- Ascension d'Isaïe, Ed. Tisserand

La religion cathare et son histoire :

- La religion cathare, M. Roquebert, Loubatières - La religion des Cathares, Jean Duvernoy, Privat - L'histoire des Cathares, Jean Duvernoy, Privat - Inquisiteurs à Pamiers, Jean Duvernoy, Privat - Le vrai visage du Catharisme, A. Brennon, Loubatières

Il s'agit ici d'une vision très « catholique » du Catharisme, une transposition allant parfois jusqu'au refus de la spiritualité et la Quête, comme dans l'ouvrage de A. Brennon. Mais il est aussi à noter l'excellent travail d'érudit de J. Duvernoy.

Romans inspirés par le Catharisme :

- Guilhem Blasquo, un fils du Languedoc cathare, J. Blum, Le Léopard d'Or

- Les Brûlés, Zoé Oldenbourg, Poche - Les cités charnelles, Zoé Oldenbourg, Poche - Bélibaste, H. Gougaud, Ed. Points - La passion cathare, Michel Peyramaure,

Ed. Robert Laffont

tome I : les fils de l'orgueil tome II : les citadelles ardentes

tome III : la tête du dragon - Le sang de Toulouse, Maurice Magre, Ed. Robert Laffont - Le trésor des Albigeois, Maurice Magre,

Ed. Philippe Schrauben - Les Cathares ou la flèche de vie, J. Broutin,

Ed Pourquoi pas. - Les Cathares ou le baiser de Lumière, J. Broutin,

Ed. Pourquoi pas. - Sur le chemin du Saint Graal, Antonin Gadal,

Ed. de la R+C d'Or