Le 25 août 1689 : de la forge de Feronval à la bataille de Walcourt

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Le 25 août 1689 : de la forge de Féronval à la bataille de Walcourt Le 25 août 1689, une bataille a eu lieu sous les murs et dans les environs de Walcourt entre les armées françaises commandées par le maréchal d’Humières et les armées alliées (hollandaises, anglaises et allemandes) commandées par le prince de Waldeck. En ce qui concerne cette bataille, nous nous limiterons à analyser ce qui s’est passé dans les environs de Walcourt le matin du 25 août 1689 dès l’arrivée des troupes françaises. En premier lieu, nous présenterons toutes les sources d’information en notre possession ; par la suite, nous essayerons d’en déduire les événements § 1 : les documents et sources d’information 1) Les sources françaises Texte de Charles Sevin de Quincy, « histoire militaire du règne de Louis le Grand, 1726, t. 2, p. 160-163. « Le lendemain 24 août, M. le Maréchal de Humières reçut ordre de la cour de chercher les ennemis qui s’étaient éloignés de 4 lieues pour aller proche de Valcourt. Il se mit en marche le 25 à 5 h du matin. M de Tilladet et de Montrevel commande l’avant-garde composée des régiments de cavalerie de Bezons, Villepion et de Mersot. En arrivant à Boussu qui était l’endroit où l’on devait camper, ils découvrirent dans une plaine assez près de ce village, les ennemis qui fourrageaient, escortés de 500 chevaux. M le duc de Choifeuil, lieut. Général de jour, les fit charger dans un endroit élevé où ils s’étaient retirés. Si tôt qu’ils eurent aperçu nos troupes, ils furent renversés malgré l’avantage du lieu et du nombre. On en tua 40 ou 50, et l’on prit autant de chevaux ; le reste fut mis en fuite. Cet avantage fut cause qu’on voulut les pousser plus loin. On ne pouvait en venir à bout qu’en passant un fort long défilé qui était gardé par 5 maisons entourées de charbon, qui servaient de retranchement à 7 ou 800 hommes d’infanterie, outre un petit ruisseau qui passait au pied. Ces difficultés n’empêchèrent pas qu’on n’alla les attaquer. Le régiment de dragons de Pompone mit pied à terre soutenu du régiment de Villepin, et chargea les ennemis avec tant de vigueur qu’il les contraignait de se retirer en

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Le 25 août 1689 : de la forge de Féronval à la bataille de Walcourt

Le 25 août 1689, une bataille a eu lieu sous les murs et dans les environs de Walcourt entre les armées françaises commandées par le maréchal d’Humières et les armées alliées (hollandaises, anglaises et allemandes) commandées par le prince de Waldeck.

En ce qui concerne cette bataille, nous nous limiterons à analyser ce qui s’est passé dans les environs de Walcourt le matin du 25 août 1689 dès l’arrivée des troupes françaises.

En premier lieu, nous présenterons toutes les sources d’information en notre possession ; par la suite, nous essayerons d’en déduire les événements

§ 1 : les documents et sources d’information

1) Les sources françaises

Texte de Charles Sevin de Quincy, « histoire militaire du règne de Louis le Grand, 1726, t. 2, p. 160- 163.

« Le lendemain 24 août, M. le Maréchal de Humières reçut ordre de la cour de chercher les ennemis qui s’étaient éloignés de 4 lieues pour aller proche de Valcourt. Il se mit en marche le 25 à 5 h du matin. M de Tilladet et de Montrevel commande l’avant-garde composée des régiments de cavalerie de Bezons, Villepion et de Mersot. En arrivant à Boussu qui était l’endroit où l’on devait camper, ils découvrirent dans une plaine assez près de ce village, les ennemis qui fourrageaient, escortés de 500 chevaux. M le duc de Choifeuil, lieut. Général de jour, les fit charger dans un endroit élevé où ils s’étaient retirés. Si tôt qu’ils eurent aperçu nos troupes, ils furent renversés malgré l’avantage du lieu et du nombre. On en tua 40 ou 50, et l’on prit autant de chevaux ; le reste fut mis en fuite. Cet avantage fut cause qu’on voulut les pousser plus loin. On ne pouvait en venir à bout qu’en passant un fort long défilé qui était gardé par 5 maisons entourées de charbon, qui servaient de retranchement à 7 ou 800 hommes d’infanterie, outre un petit ruisseau qui passait au pied. Ces difficultés n’empêchèrent pas qu’on n’alla les attaquer. Le régiment de dragons de Pompone mit pied à terre soutenu du régiment de Villepin, et chargea les ennemis avec tant de vigueur qu’il les contraignait de se retirer en désordre. Cette action ne couta à nos troupes que 7 ou 8 hommes. La perte des ennemis fut plus grande, outre 50 prisonniers qu’on leur fît. Ils se sauvèrent par derrière un château dans un fond où il y avait quelques maisons ; mais ayant été suivis de près par le régiment Daupin dragon, ils y furent encore forcer ; ce qui les obligea de gagner un autre château, et de là une plaine qui aboutissait à 2 chemins creux vers leur camps, et à des hayes du côté de la petite ville de Walcourt, dans laquelle ils avaient mis beaucoup d’infanteries qui favorisa leur retraite. Après cette action l’avant-garde s’arrêta dans cette plaine pour attendre le reste de l’armée. La maison du Roy se mit en bataille avec 4 ou 5 régiments de cavalerie, à mesure qu’ils arrivaient, on porta 3 régiments de dragons derrière des hayes à l’extrémité de cette plaine du côté du camp des ennemis, qui en était éloigné d’une demi lieue. On fit venir aussi un bataillon… »

Lettre de l’intendant du Gué de Bagnols au ministre de la Guerre tiré des mémoires de Saint Hilaire

« Au camp de Bossut, le 26 août 1689. Voici, Monsieur, le récit fidèle de ce qui se passa hier. L’armée décampa de la Bussière à 4 heures du matin ; elle arriva ici (à Boussu) sur les six heures. M. le maréchal d’Humières, n’étant pas encore bien résolu sur la manière dont il camperoit, reçut de M. le

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chevalier de Tilladet, lieutenant général de jour, que l’armée, en arrivant, avoit trouvé les ennemis au fourrage du côté de Silenrieux, où devoit être la droite du camp, et que 7 ou 800 hommes d’infanterie s’étoient retirés dans une forge qui est au bas dudit village, sur le ruisseau qui est à gauche en allant de Philippeville à Walcourt. On s’avança de ce côté, et on vit un très grand nombre de fourrageurs sur la hauteur au-delà du ruisseau, qui se retiroient en grande diligence, et des escadrons sur la même hauteur, qui s’avançoient pour les soutenir. M. le maréchal fit descendre des dragons dans le fond sur la main droite et de la cavalerie sur la main gauche pour couper cette infanterie en cas qu’elle prît le parti de se retirer, ce qui arriva un moment après. On la vit sortir de la forge, les dragons n’ayant pu arriver assez tôt et regagner en diligence leurs escadrons. Les dragons les suivirent en escarmouchant, et comme le maréchal s’aperçut que le nombre des escadrons de al cavalerie ennemie groisissoit sur la hauteur opposée à celle d’où il les voyoit, le ruisseau de Silenrieux entre 2, il envoya M ; le chevalier de Tilladet prendre le premier escadron de Bezons et les 3 de Villepion, qui se trouvèrent sous sa main. Il les fit descendre, passer le ruisseau de Silenrieux par un très mauvais défilé et monter la hauteur sur laquelle étoient les ennemis. Ils n’y furent pas plus tôt que, s’étant formés, ils essuyèrent la décharge de 5 escadrons ou troupes de cavalerie et, en même temps, l’épée à la main et M. le chevalier de Tilladet à leur tête, ils firent plier ces escadrons et les obligèrent de se retirer en désordre vers leur cavalerie, qui étoit en bataille le long d’un bois, de l’autre côté du ruisseau qu’on trouve à main droite en venant à Walcourt de Philippeville ».

Lettre du marquis de Villars à M. de Louvois tiré des mémoires de St Hilaire

« Au camp de Bossut, ce 25 août 1689, Monseigneur, Vous serez informé par trop d’endroits de l’affaire d’aujourd’hui, pour que je croie vous en devoir mander les détails. Les commencements en ont été fort heureux, et, si l’on avoit bien voulu se contenter de l’honneur que la cavalerie y avoit acquis, tout étoit à souhait. Je ne vous parlerai, Monseigneur, que de ce qui la regarde. L’armée marchant pour s’approcher des ennemis, en arrivant à Silenrieux on a trouvé toutes leurs troupes au fourrage, et d’abord l’on en prit un assez grand nombre. Il m’a paru que cela passoit 40, et, si le hasard n’eut fait que les dragons n’ont pas suivi la route que chevalier de Tilladet leur avoit ordonnée, il est certain qu’on auroit défait 5 à 600 hommes de pied et pris beaucoup de chevaux ; mais le temps qu’on a mis à attendre les dragons ayant donné aux ennemis celui de retirer leurs fourrageurs et de poster leur infanterie, a rendu l’affaire plus difficile. Cependant, M. le maréchal, étant arrivé, à ordonné de marcher aux ennemis par le chemin des forges et aux premiers escadrons de cavalerie de les couper par celui de Silenrieux. Les premiers escadrons ont pris par Silenrieux et les 3 de Villepîon et le premier de Bezons, commandés par les sieurs de Villepion et de bondy, ont joint 5 escadronts des ennemis, qui sont venus à la charge à eux et que notre cavalerie, l’épée à la main, a renversé avec beaucoup de vigueur. Pour moi, ce qui me fait plaisir très sensible, c’est que ces 4 escadrons de nouveaux cavaliers et les 3 de Villepion , que je vous ai toujours marqué être des plus faibles et des moindres, ils ont fait des merveilles. Et plut à Dieu qu’on n’eût point vouluy partager à d’autres troupes l’honneur de cette journée ; car, jusque là, tout étoit à souhait… »

Lettre du maréchal d’Humières au ministre de la guerre tiré des mémoires de St Hilaire

« Au camp de bossut,le 26 août 1689, l’armée décampa hier à la pointe du jour d’auprès la Bussière ; la marche se fit fort diligemment, de sorte qu’en arrivant sur la hauteur au dessus de Silenrieux M. le chevalier de Tilladet, lieutenant général de jour, qui étoit allé au campement avec 25 escadrons de cavalerie et de dragons, me manda que les ennemis étoient au fourrage et qu’il y avoit un assez gros

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corps d’infanterie à la tête du défilé de Silenrieux pour les soutenir. Je m’y avançai à l’instant même, et comme toute l’aile droite, commandée par M. le duc de Choiseul, me suivoit, parce que j’approchois de l’endroit où elle devoit camper, je dis au chevalier de tilladet de prendre une partie des dragons et de la cavalerie qui avoit été détachée avec lui et avec M. de Montrevel, qui étoit allé au campement, et je les fis passer l’un et l’autre la rivière d’Heure en 2 différents endroits où elle est guéable ».

Texte du marquis de Villars à ….. tiré des mémoires de St Hilaire

«Le 27 août 1689, Je ne pus, Monsieur, vous mander hier l’affaire de Walcout, n’ayant pas eu le temps de mettre pied à terre, et je crois qu’il n’est plus temps de vous en parler aujourd’huy, cependant je vous diray que le hazard nous fit arriver dans un temps très favorable, ayant trouvé l’armée au fourrage : je fis attaquer d’abord ceux de leurs fourrageurs, qui se trouvèrent plus avancés, par les volontaires et 2 gardes ordinaires : on en prit un assez grand nombre ; mais nos troupes s’étant arrêtées derrière, et les dragons n’ayant pas suivi la route qui leur avoit été ordonnée, les ennemis eurent le temps de poster leur infanterie et de retirer leurs fourrageurs, après cela, on envoya les premiers escadrons de garde et les brigades de LUmbre et de Bezons par le chemin de Silenrieux qui est un peu plus long et l’on garda celui des Forges, qui étoit le plus court, pour les gardes du corps : les derniers escadrons de la brigade de Bezons l’ayant trouvé libre, parce que les gardes du corps n’étoient pas arrivées, s’y jetèrent et joignirent 5 escadrons des ennemis qu’ils renversèrent l’épée à la main avec beaucoup de vigueur….. »

2) Les sources anglaises

Marlborough, his life and times de Winston Churchill, 1933, tome 1, p. 316 à 318 (traduction)

“Le 24 août, après avoir traversé la Sambre, Waldeck se présenta devant l’ancienne petite place forte de Walcourt qui se dresse sur un monticule dans un paysage ondulé et boisé. Là il eut la satisfaction de vivre sur pays ennemi, envoyant ses fourrageurs ramener du butin. Le maréchal d’Humières, qui commandait l’armée française, se sentit fondé à repousser cette avance. D’humières, lui aussi un général expérimenté, était d’un naturel irritable. On prétendait qu’il devait son poste à l’admiration que Louvois ressentait pour sa femme. Il marcha avec une arrogance appropriée pour expulser les envahisseurs, et au matin du 25 août, tomba sur les bandes de fourrageurs alliés et sur les avant postes à 2 miles au sud de Walcourt. Or c’était Marlborough qui était chargé de ces petites opérations, dont le 16ème régiment d’infanterie (maintenant régiment de Bedfordshire et d’Herfordshire), ainsi qu’environ 300 cavaliers et dragons hollandais, formaient la réserve. A 9 heures, on nota l’approche de nombreuses troupes françaises et, peu après, on se rendit compte qu’elles formaient l’avant-garde de toute l’armée française. On tira le canon pour rappeler les fourrageurs et donner l’alarme au camp. Entre temps, le régiment anglais contenait l’avance des français. Mais très fortement attaqué, il offrit, sous le commandement du colonel Hodges, une résistance acharnée. Pendant près de 2 heures, 600 fantassins anglais enrayèrent l’avance ennemie. Lorsque Marlborough apprit que l’armée de Waldeck était prête, il fit retirer les défenseurs sur une hauteur à l’est de la colline de Walcourt où d’autres troupes britanniques et plusieurs batteries avaient pris position. La manière dont ce simple bataillon effectua sa retraite en bon ordre, constamment harcelé par des forces supérieures de cavalerie française, put donner un avant goût des vertus que, bien à contre cœur, l’Europe allait apprendre à reconnaitre à l’armée britannique. Entre temps, le prince de Waldeck avait occupé la ville de Walcourt et avait disposé la plus grande

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partie de son armée à l’est de la ville. Tous les fourrageurs étaient rentrés au camp, et d’Humières devait choisir s’il désirait la bataille ou non. Il était alors midi ».

The nine years’ war and the british army : the operations in the low countries 1688-1697 de John Childs, 1991, P. 121-122 (traduction)

“Le 25 août, le maréchal d’Humières mettait en marche son armée afin de rencontrer l’ennemi. Un renfort de 6000 hommes encourageait celui-ci dans sa décision. Le colonel robert Hodges et son bataillon d’infanterie était stationné au milieu des hauteurs de Silenrieux, quelque 238 mètres au dessus du niveau de la mer au sud de Walcourt avec 300 cavaliers hollandais sous le lieutenant colonel Otto Goes comme avant poste avant leur position. A 9 heures du matin, la cavalerie hollandaise remarquait l’avant-garde de l’armée française marchant vers Walcourt. 2 coups de canons furent tirés comme signal aux fourrageurs pour se retirer et alerter l’armée principale à Thy que l’ennemi était à vue. Bien que les fourrageurs commençaient à se dépêcher de rentrer, le vent fort rendait inaudible le coup de canon au camp. Les motivations d’humières ne sont pas clairs. …D’humières devait intenter seulement d’interrompre le fourrage de Waldeck afin d’augmenter son problème avec l’offre. Ce que Humières a manqué était du au Colonel Hodges et son bataillon de 600 hommes. Ils étaient postés au sommet d’une colline et se trouvaient eux-mêmes entre les fourrageurs et l’avant-garde des français. La cavalerie hollandaise étaient rapidement poussées par le poids de la cavalerie française mais l’infanterie anglaise »s’alignait et tenait bon une heure entre 10 et 11 h. Pas de doute, ils tiraient pour garder leur place comme dit dans le raccourcissement (la restriction). A la fin de 60 minutes, Hodges vit que sa position était devenue ouverte sur 2 flancs et ainsi, il se retira vers un moulin à vent qui était au dessus d’une colline proche et de nouveau il retient la progression des français vers Walcourt. Finalement, à midi, Hodges se retiraient vers la ligne principale de la bataille que Waldeck avait été capable de former durant ce temps gagné grâce aux fantassins anglais. Bien qu’il était considéré comme un fait d’armes, l’action d’Hodges coutait seulement à son bataillon un officier tué, un blessé et 30 autres tués dans les rangs pour 2 heures de combat. Ceci ne donne pas l’impression que les français pressaient particulièrement fort ».

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Marlborough as military commander de David Chandler 2003, p. 31 et 32.

« Tôt le 25 aout 1689, les fourrageurs allies furent envoyés dans la campagne environnante, escortés par 600 fantassins du régiment du colonel Hodges. Là, ils furent soudainement vus par l’avant-garde de l’armée d’Humières. Pour couvrir la retraite des fourrageurs surpris, Hodges s’était comporté de belle manière et retenait le développement de l’attaque française durant plusieurs heures vitales. Il retirait ses hommes avec assurance de manière continue vers un moulin voisin où il se comportait eux-mêmes avec la même résolution. Pendant ce temps (vers 11 h), Marlborough était arrivé dans le lieu de l’engagement. Voyant que Hodges était sous le feu de plusieurs batteries françaises, il lui ordonna de se retirer de nouveau vers une colline à l’est de la ville, derrière laquelle la ligne de bataille principale s’était vite formée ».

3) Les sources hollandaises

Imprimé à Amsterdam pour Jacques Robyns, antiquaire dans l’impasse du nouveau-Pont à l’enseigne du barreur, 1689

Cette illustration ci-dessous est fidèle par rapport à la rencontre sanglante survenue le 25 août 1689 entre les français et les alliées près de la villette de Walcourt.

Description de cette illustration : en avant plan, nous voyons le village de Forge avec 800 fantassins placés pour couvrir les fourrageurs ; nous pouvons voir aussi une église et l’attaque du village de Forge par les français.

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A droite de l’église, nous voyons les fourrageurs et au fond à gauche, nous devinons l’église de Walcourt et l’attaque de la ville par les français.

Texte accompagnant cette illustration

« Comme le prince de Waldeck avait compris que l’armée française commandée par le maréchal d’Humières faisait mouvement pour entreprendre une action le jour de la Saint Louis, que cela se produisit réellement et qu’elle atteignait Forge à 9 heures du matin, l’ennemi aussi avait compris ; un grand nombre de fourrageurs s’y trouvait gardé par 800 fantassins ; il s’abattit donc avec fougue sur ceux-ci, qui déjà se retiraient en combattant lorsque vinrent à leur aide 1600 cavaliers appuyés par 2000 fantassins anglais jusque là cachés dans un bois et grâce auxquels tant les fourrageurs que les fantassins furent sauvés. En fait, ils étaient confrontés à l’entièreté de l’armée française ; cela dura environ 2 heures et se passait à un quart d’heure de Walcourt, petite ville entourée d’un petit mur. L’armée française progressa donc jusqu’à cette enceinte…. ».

4) La brochure « La bataille de Walcourt » de Pierre Magain (historien local de Walcourt, édition 1989)

« Le 25 août 1689 : hasard ou calcul ?

Une véritable provocation : des fourrageurs viennent couper l’herbe entre Silenrieux et boussu, c'est-à-dire au nez et à la barbe des Français ; Est-ce bien raisonnable ? Le résultat ne se fait pas attendre : 2 ou 300 cavaliers français qui ont marché de nuit, chargent les cavaliers alliés, au nombre d’environ 500, disposés sur une butte. Les français sont beaucoup moins nombreux, mais avant même que le combat ne commence, les alliés s’enfuient en désordre vers Gerlimpont. Ces mêmes peureux dans peu de temps, vont se battre comme des lions et étriller les Français. Par quel miracle ? Les français poursuivant les Alliés tombent dans une embuscade tendue par 750 alliés. A peine y a-t-il une dizaine de français tués que les alliès se sauvent et se réfugient dans Walcourt. Si 1250 alliés fuient devant 2 à 300 français, c’est que ces troupes ne valent rien. Le duc de Choiseul, qui avait mené les français en vue de Walcourt, envoie un messager à Humières : venez pour la prise de Walcourt. Et c’est ce qui se passe ; des régiments français arrivent en renfort et l’attaque commence. Peureux, ils le sont sûrement puisque des escadrons alliés se sauvent au premier coup de canon. A l’attaque donc… »

« on trouvera le détail de l’affaire de Walcourt dans la lettre du maréchal d’Humières du 26 aout. L’affaire n’était point préméditée. Le maréchal vint le 25 pour camper sur l’Eure, la droite à Silenrieux, la gauche à castillon et le QG à Boussu. Il trouva les ennemis au fourrage avec un corps d’infanterie à la tête du défilé de Silenrieux pour les soutenir. Il fit charger par notre cavalerie les ennemis qui se retirèrent. Leur cavalerie qui vint à la charge fut rompue. L’escorte et les fourrageurs furent pousser jusqu’aux portes de Walcourt ».

« Que penser des préliminaires de la bataille, quand des centaines de cavaliers et d’hommes de troupe fuient en désordre devant 200 cavaliers français, puis, à 2 reprises, s’arrêtent pour se laisser rejoindre, avant de repartir, non pas vers leur camp, mais vers Walcourt ? »

« Le maréchal d’Humières , dans l’esprit des anglais, est qualifié mais fort impulsif. Il devrait sa situation à l’admiration de Louvois pour sa femme. Aussi, Marlborough va jouer sur cette impulsivité

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en provoquant les français. C’est lui qui a l’idée de faire couper les fourrages de Boussu quand les français y arriveront le 25 au matin. Marlborough charge le 16e régiments de fantassins de ce travail. Le permier support était assuré par 300 dragons hollandais. Comme prévu, les français attaquent, ne pouvant supporter cette provocation. Il est 9 h du matin quand les anglais tirent un coup de canon pour avertir leur camp que l’action a commencé. Sous les ordres du colonel Hodges, le 16ème régiment supporte le 1er choc avec ses 600 hommes. D’abord à la forge, puis au moulin. A 11 h, le piège est en place, au sommet des collines de Walcourt, hommes et artillerie. Ordre est alors donné à Hodges de réintégrer Walcourt dont les défenses viennent d’être renforcées par 2 bataillons commandés par le colonel Tollemack. Humières qui avait été vexé de la provocation des Alliées veut prendre alors la ville. »

« Les archives de la famille Churchill ne laissent aucun doute possible : l’affaire de Walcourt est un piège tendu à l’armée française et Humières a foncé dans le piège. La ruse de Marlborough et les fortifications de Walcourt avaient permis d’infliger de lourdes pertes à l’armée française. »

§ 2 : les événements préliminaires à la bataille de Walcourt (le matin du 25 août 1689)

Après analyse des différentes sources d’information recueillies, Voici la description la plus probable des événements de la matinée du 25 août 1689.

1. Positionnement des alliés avant l’arrivée des français

Le matin du 25 août, Marlborough envoie des cavaliers fourrager entre Silenrieux et Feronval la plupart sur le versant droit de la vallée de l’Eau d’Heure et dans la plaine de Boussu au dessus de la vallée de l’eau d’Heure ; ceux-ci sont accompagnés de 600 (sources anglaises) à 800 (sources françaises et hollandaises) fantassins anglais du 16ème régiment d’infanterie commandé par le colonel Robert Hodges qui s’installent sur une petite hauteur à la forge de Feronval et de 300 à 500 cavaliers et dragons hollandais commandés par le colonel Otto Goes en avant poste probablement situé sur les hauteurs de Boussu avec quelques fourrageurs pour avertir de l’arrivée des français.

Le positionnement des fourrageurs : d’après de Villars : « je fis attaquer d’abord ceux de leurs fourrageurs, qui se trouvèrent plus avancés, par les volontaires et 2 gardes ordinaires » « mais nos troupes s’étant arrêtées derrière, et les dragons n’ayant pas suivi la route qui leur avoit été ordonnée, les ennemis eurent le temps de poster leur infanterie et de retirer leurs fourrageurs, » d’après de Quincy « ils découvrirent dans une plaine assez près de ce village (Boussu lez Walcourt), les ennemis qui fourrageaient » « M le duc de Choifeuil, lieut. Général de jour, les fit charger dans un endroit élevé où ils s’étaient retirés. Si tôt qu’ils eurent aperçu nos troupes, ils furent renversés malgré l’avantage du lieu et du nombre. On en tua 40 ou 50, et l’on prit autant de chevaux ; le reste fut mis en fuite » d’après l’intendant de Gué de Bagnols « « En arrivant à Boussu qui était l’endroit où l’on devait camper On s’avança de ce côté, et on vit un très grand nombre de fourrageurs sur la hauteur au-delà du ruisseau (de l’eau d’heure) » D’après l’estampe, les fourrageurs étaient à l’est des fantassins, c'est-à-dire sur la rive droite de l’Eau d’Heure.

Commentaire sur le positionnement des fourrageurs : d’après les sources d’information, des fourrageurs se trouvaient plus avancés dans une plaine assez près du village de Boussu (probablement accompagné des 300 dragons hollandais) et d’autres fourrageurs étaient sur le versant opposé de la vallée de l’Eau d’Heure au-delà de la rivière.

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Le positionnement du 16ème régiment d’infanterie : lettre d’Humières : « un corps d’infanterie à la tête du défilé de Silenrieux pour soutenir les fourrageurs » d’après Child « Le colonel robert Hodges et son bataillon d’infanterie était stationné au milieu des hauteurs de Silenrieux » « Ils étaient postés au sommet d’une colline et se trouvaient eux-mêmes entre les fourrageurs et l’avant-garde des français » D’après Churchill « au matin du 25 août, tomba sur les bandes de fourrageurs alliés et sur les avant postes à 2 miles au sud de Walcourt » d’après de Quincy « On ne pouvait en venir à bout qu’en passant un fort long défilé qui était gardé par 5 maisons entourées de charbon, qui servaient de retranchement à 7 ou 800 hommes d’infanterie, outre un petit ruisseau qui passait au pied » D’après l’intendant du Gué de Bagnols « avoit trouvé les ennemis au fourrage du côté de Silenrieux, où devoit être la droite du camp, et que 7 ou 800 hommes d’infanterie s’étoient retirés dans une forge qui est au bas dudit village, sur le ruisseau qui est à gauche en allant de Philippeville à Walcourt » D’après de Villars « Cependant, M. le maréchal, étant arrivé, à ordonné de marcher aux ennemis par le chemin des forges et aux premiers escadrons de cavalerie de les couper par celui de Silenrieux. » D’après l’estampe, le corps d’infanterie se trouvait sur la rive droite de l’Eau d’Heure près d’une forge avec une église entre Walcourt et la forge (probablement l’église de Silenrieux).

Commentaire sur le positionnement de l’infanterie : la forge de Feronval correspond tout à fait à la description du lieu où se trouvait le 16ème régiment d’infanterie. En effet, la forge se trouvait à la tête du défilé de Silenrieux sur une légère hauteur (petite colline) et à plus ou moins 2 miles au sud de Walcourt (à quelques centaines de mètres près). Pour y arriver de Boussu, il fallait suivre un fort long défilé (vallée du ruisseau de Boussu). De plus, l’estampe nous montre une église entre la forge et Walcourt ; ce qui correspond au village de Silenrieux entre la forge de Feronval et Walcourt. Enfin, le fait de marcher vers l’ennemi par le chemin des forges et de couper l’ennemi par le chemin de Silenrieux nous indique que Silenrieux se trouvait bien entre le camp des alliés (près de Walcourt) et la forge.

Le positionnement de la cavalerie hollandaise : d’après Magain « le premier support était assuré par 300 dragons hollandais » d’après Child « 300 cavaliers hollandais sous le lieutenant colonel Otto Goes comme avant poste avant leur position (des fantassins anglais) » «La cavalerie hollandaise étaient rapidement poussées par le poids de la cavalerie française mais l’infanterie anglaise »s’alignait et tenait bon »

Commentaire du positionnement de la cavalerie hollandaise : celle-ci se trouvait en avant-garde pour attendre l’arrivée des français et fut donc poussée en retrait avant l’infanterie anglaise.

2. L’arrivée des français

Premier choc entre les 2 d’après de Quincy : « En arrivant à Boussu qui était l’endroit où l’on devait camper, ils découvrirent dans une plaine assez près de ce village, les ennemis qui fourrageaient, escortés de 500 chevaux. M le duc de Choifeuil, lieut. Général de jour, les fit charger dans un endroit élevé où ils s’étaient retirés. Si tôt qu’ils eurent aperçu nos troupes, ils furent renversés malgré l’avantage du lieu et du nombre. On en tua 40 ou 50, et l’on prit autant de chevaux ; le reste fut mis en fuite ». D’après de villars : « Les commencements en ont été fort heureux, et, si l’on avoit bien voulu se contenter de l’honneur que la cavalerie y avoit acquis, tout étoit à souhait. Je ne vous parlerai, Monseigneur, que de ce qui la regarde. L’armée marchant pour s’approcher des ennemis, en arrivant à Silenrieux on a trouvé toutes leurs troupes au fourrage, et d’abord l’on en prit un assez grand nombre. Il m’a paru que cela passoit 40, et, si le hasard n’eut fait que les dragons n’ont pas

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suivi la route que chevalier de Tilladet leur avoit ordonnée, il est certain qu’on auroit défait 5 à 600 hommes de pied et pris beaucoup de chevaux ; mais le temps qu’on a mis à attendre les dragons ayant donné aux ennemis celui de retirer leurs fourrageurs et de poster leur infanterie, a rendu l’affaire plus difficile ». D’après le marquis de Villars : « le hazard nous fit arriver dans un temps très favorable, ayant trouvé l’armée au fourrage : je fis attaquer d’abord ceux de leurs fourrageurs, qui se trouvèrent plus avancés, par les volontaires et 2 gardes ordinaires : on en prit un assez grand nombre ; mais nos troupes s’étant arrêtées derrière, et les dragons n’ayant pas suivi la route qui leur avoit été ordonnée, les ennemis eurent le temps de poster leur infanterie et de retirer leurs fourrageurs ». D’après Churchill : « on nota l’approche de nombreuses troupes françaises et, peu après, on se rendit compte qu’elles formaient l’avant-garde de toute l’armée française. On tira le canon pour rappeler les fourrageurs et donner l’alarme au camp. » D’après Child : « A 9 heures du matin, la cavalerie hollandaise remarquait l’avant-garde de l’armée française marchant vers Walcourt. 2 coups de canons furent tirés comme signal aux fourrageurs pour se retirer et alerter l’armée principale à Thy que l’ennemi était à vue. »

Commentaire : Dès l’arrivée des français, les alliés ont tiré un coup de canon pour avertir leur camp et les fourrageurs. De leur côté, la cavalerie française commandée par M. le duc de Choifeuil fit charger les fourrageurs et la cavalerie hollandaise qui s’étaient retiré de la plaine proche de Boussu sur les hauteurs vers la vallée de l’Eau d’Heure (probablement, le lieu dit « Spèche ») ; Les alliés se sont enfuis pour regagner l’autre côté de la vallée de l’Eau d’Heure et les français n’ont pas su continuer car les dragons français étaient en retard.

3. La résistance du 16ème régiment d’infanterie à la forge de Feronval

Après l’avantage pris par de Choifeuil (voir ci-dessu) qui mit en fuite l’ennemi, mais qui a du attendre la venue des dragons, commença la résistance de l’infanterie anglaise à la forge de Feronval :

D’après de Quincy : « Cet avantage fut cause qu’on voulut les pousser plus loin. On ne pouvait en venir à bout qu’en passant un fort long défilé qui était gardé par 5 maisons entourées de charbon, qui servaient de retranchement à 7 ou 800 hommes d’infanterie, outre un petit ruisseau qui passait au pied. Ces difficultés n’empêchèrent pas qu’on n’alla les attaquer. Le régiment de dragons de Pompone mit pied à terre soutenu du régiment de Villepion, et chargea les ennemis avec tant de vigueur qu’il les contraignait de se retirer en désordre. Cette action ne couta à nos troupes que 7 ou 8 hommes. La perte des ennemis fut plus grande, outre 50 prisonniers qu’on leur fît ». D’après l’intendant du gué de Bagnols : « 7 ou 800 hommes d’infanterie s’étoient retirés dans une forge qui est au bas dudit village, sur le ruisseau qui est à gauche en allant de Philippeville à Walcourt. On s’avança de ce côté, et on vit un très grand nombre de fourrageurs sur la hauteur au-delà du ruisseau, qui se retiroient en grande diligence, et des escadrons sur la même hauteur, qui s’avançoient pour les soutenir. M. le maréchal fit descendre des dragons dans le fond sur la main droite et de la cavalerie sur la main gauche pour couper cette infanterie en cas qu’elle prît le parti de se retirer, ce qui arriva un moment après. On la vit sortir de la forge, les dragons n’ayant pu arriver assez tôt et regagner en diligence leurs escadrons ». D’après le marquis de Villars : « si le hasard n’eut fait que les dragons n’ont pas suivi la route que chevalier de Tilladet leur avoit ordonnée, il est certain qu’on auroit défait 5 à 600 hommes de pied et pris beaucoup de chevaux ; mais le temps qu’on a mis à attendre les dragons ayant donné aux ennemis celui de retirer leurs fourrageurs et de poster leur infanterie, a rendu l’affaire plus difficile. Cependant, M. le maréchal, étant arrivé, à

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ordonné de marcher aux ennemis par le chemin des forges et aux premiers escadrons de cavalerie de les couper par celui de Silenrieux. Les premiers escadrons ont pris par Silenrieux et les 3 de Villepîon et le premier de Bezons, commandés par les sieurs de Villepion et de bondy, ont joint 5 escadronts des ennemis, qui sont venus à la charge à eux et que notre cavalerie, l’épée à la main, a renversé avec beaucoup de vigueur. Pour moi, ce qui me fait plaisir très sensible, c’est que ces 4 escadrons de nouveaux cavaliers et les 3 de Villepion , que je vous ai toujours marqué être des plus faibles et des moindres, ils ont fait des merveilles. Et plut à Dieu qu’on n’eût point vouluy partager à d’autres troupes l’honneur de cette journée ; car, jusque là, tout étoit à souhait… » D’après de Humières : « , je dis au chevalier de tilladet de prendre une partie des dragons et de la cavalerie qui avoit été détachée avec lui et avec M. de Montrevel, qui étoit allé au campement, et je les fis passer l’un et l’autre la rivière d’Heure en 2 différents endroits où elle est guéable ». D’après de Villars : « mais nos troupes s’étant arrêtées derrière, et les dragons n’ayant pas suivi la route qui leur avoit été ordonnée, les ennemis eurent le temps de poster leur infanterie et de retirer leurs fourrageurs, après cela, on envoya les premiers escadrons de garde et les brigades de LUmbre et de Bezons par le chemin de Silenrieux qui est un peu plus long et l’on garda celui des Forges, qui étoit le plus court, pour les gardes du corps : les derniers escadrons de la brigade de Bezons l’ayant trouvé libre, parce que les gardes du corps n’étoient pas arrivées, s’y jetèrent et joignirent 5 escadrons des ennemis qu’ils renversèrent l’épée à la main avec beaucoup de vigueur….. » . D’après Churchill : « On tira le canon pour rappeler les fourrageurs et donner l’alarme au camp. Entre temps, le régiment anglais contenait l’avance des français. Mais très fortement attaqué, il offrit, sous le commandement du colonel Hodges, une résistance acharnée. Pendant près de 2 heures, 600 fantassins anglais enrayèrent l’avance ennemie ». D’après Child : « Ce que Humières a manqué était du au Colonel Hodges et son bataillon de 600 hommes. Ils étaient postés au sommet d’une colline et se trouvaient eux-mêmes entre les fourrageurs et l’avant-garde des français. La cavalerie hollandaise étaient rapidement poussées par le poids de la cavalerie française mais l’infanterie anglaise »s’alignait et tenait bon une heure entre 10 et 11 h. Pas de doute, ils tiraient pour garder leur place comme dit dans le raccourcissement (la restriction). A la fin de 60 minutes, Hodges vit que sa position était devenue ouverte sur 2 flancs et ainsi, il se retira vers un moulin à vent qui était au dessus d’une colline proche » D’après Chandler : « les fourrageurs allies furent envoyés dans la campagne environnante, escortés par 600 fantassins du régiment du colonel Hodges. Là, ils furent soudainement vus par l’avant-garde de l’armée d’Humières. Pour couvrir la retraite des fourrageurs surpris, Hodges s’était comporté de belle manière et retenait le développement de l’attaque française durant plusieurs heures vitales. Il retirait ses hommes avec assurance de manière continue vers un moulin voisin ». D’après le texte de l’estampe hollandaise : « qu’elle atteignait Forge à 9 heures du matin, l’ennemi aussi avait compris ; un grand nombre de fourrageurs s’y trouvait gardé par 800 fantassins ; il s’abattit donc avec fougue sur ceux-ci, qui déjà se retiraient en combattant ».

Commentaire : après la mise en fuite par de Choifeuil des alliés (fourrageurs et cavalerie hollandaise), les français décidèrent d’aller plus loin pour repousser les fourrageurs qui se trouvaient de l’autre côté de la vallée de l’Eau d’Heure ; pour cela, les français devaient prendre un long défilé de Boussu à la forge de Feronval (la vallée du ruisseau d’Erpion) ou se trouvait les 600 à 800 fantassins. Le régiment de dragons de Pompone soutenu par le régiment de Villepion mirent pied à terre et chargèrent les ennemis avec tant de vigueur qu’il les contraignait de se retirer en désordre de la forge et les fantassins anglais ont résisté de manière glorieuse à la fougue des français (au moins 1 heure) ; puis ils sont partis en direction de walcourt.

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4. La retraite des fantassins anglais et la poussée des français

Après leur résistance à Feronval suite à l’attaque française, les anglais se sont retirés vers les hauteurs en direction de Walcourt en traversant les plaines de Béthléem jusque la plaine au dessus de l’Eau d’yves

D’après de Quincy : « Ils se sauvèrent par derrière un château dans un fond où il y avait quelques maisons ; mais ayant été suivis de près par le régiment Daupin dragon, ils y furent encore forcer ; ce qui les obligea de gagner un autre château, et de là une plaine qui aboutissait à 2 chemins creux vers leur camps, et à des hayes du côté de la petite ville de Walcourt, dans laquelle ils avaient mis beaucoup d’infanteries qui favorisa leur retraite ». D’après l’intendant du gué de Bagnols : «On la vit sortir de la forge, les dragons n’ayant pu arriver assez tôt et regagner en diligence leurs escadrons. Les dragons les suivirent en escarmouchant, et comme le maréchal s’aperçut que le nombre des escadrons de al cavalerie ennemie groisissoit sur la hauteur opposée à celle d’où il les voyoit, le ruisseau de Silenrieux entre 2, il envoya M ; le chevalier de Tilladet prendre le premier escadron de Bezons et les 3 de Villepion, qui se trouvèrent sous sa main. Il les fit descendre, passer le ruisseau de Silenrieux par un très mauvais défilé et monter la hauteur sur laquelle étoient les ennemis. Ils n’y furent pas plus tôt que, s’étant formés, ils essuyèrent la décharge de 5 escadrons ou troupes de cavalerie et, en même temps, l’épée à la main et M. le chevalier de Tilladet à leur tête, ils firent plier ces escadrons et les obligèrent de se retirer en désordre vers leur cavalerie, qui étoit en bataille le long d’un bois, de l’autre côté du ruisseau qu’on trouve à main droite en venant à Walcourt de Philippeville ». D’après Churchill : « Entre temps, le régiment anglais contenait l’avance des français. Mais très fortement attaqué, il offrit, sous le commandement du colonel Hodges, une résistance acharnée. Pendant près de 2 heures, 600 fantassins anglais enrayèrent l’avance ennemie. Lorsque Marlborough apprit que l’armée de Waldeck était prête, il fit retirer les défenseurs sur une hauteur à l’est de la colline de Walcourt où d’autres troupes britanniques et plusieurs batteries avaient pris position. La manière dont ce simple bataillon effectua sa retraite en bon ordre, constamment harcelé par des forces supérieures de cavalerie française, put donner un avant goût des vertus que, bien à contre cœur, l’Europe allait apprendre à reconnaitre à l’armée britannique ». D’après childs : « l’infanterie anglaise »s’alignait et tenait bon une heure entre 10 et 11 h. Pas de doute, ils tiraient pour garder leur place comme dit dans le raccourcissement (la restriction). A la fin de 60 minutes, Hodges vit que sa position était devenue ouverte sur 2 flancs et ainsi, il se retira vers un moulin à vent qui était au dessus d’une colline proche et de nouveau il retient la progression des français vers Walcourt. Finalement, à midi, Hodges se retiraient vers la ligne principale de la bataille que Waldeck avait été capable de former durant ce temps gagné grâce aux fantassins anglais. Bien qu’il était considéré comme un fait d’armes, l’action d’Hodges coutait seulement à son bataillon un officier tué, un blessé et 30 autres tués dans les rangs pour 2 heures de combat. Ceci ne donne pas l’impression que les français pressaient particulièrement fort ». D’après Chandler : « Il retirait ses hommes avec assurance de manière continue vers un moulin voisin où il se comportait eux-mêmes avec la même résolution. Pendant ce temps (vers 11 h), Marlborough était arrivé dans le lieu de l’engagement. Voyant que Hodges était sous le feu de plusieurs batteries françaises, il lui ordonna de se retirer de nouveau vers une colline à l’est de la ville, derrière laquelle la ligne de bataille principale s’était vite formée ». D’après le texte de l’estampe hollandaise : « il s’abattit donc avec fougue sur ceux-ci, qui déjà se retiraient en combattant lorsque vinrent à leur aide 1600 cavaliers appuyés par 2000 fantassins anglais jusque là cachés dans un bois et grâce auxquels tant les fourrageurs que les fantassins furent sauvés ».

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Commentaire : les anglais se sont sauvés par derrière un château dans un fond où il y avait quelques maisons ; ensuite obliger de gagner un autre château car préssé par les dragons français ; et enfin là une plaine qui aboutissait à 2 chemins creux vers leur camps, et à des hayes du côté de la petite ville de Walcourt, dans laquelle ils avaient mis beaucoup d’infanteries qui favorisa leur retraite.

Churchill : Lorsque Marlborough apprit que l’armée de Waldeck était prête, il fit retirer les défenseurs sur une hauteur à l’est de la colline de Walcourt où d’autres troupes britanniques et plusieurs batteries avaient pris position.

Child : il se retira vers un moulin à vent qui était au dessus d’une colline proche et de nouveau retient la progression des français vers Walcourt. Finalement, à midi, Hodges se retiraient vers la ligne principale de la bataille que Waldeck avait été capable de former durant ce temps gagné grâce aux fantassins anglais.

Chandler : Il retirait ses hommes avec assurance de manière continue vers un moulin voisin où il se comportait eux-mêmes avec la même résolution. Pendant ce temps (vers 11 h), Marlborough était arrivé dans le lieu de l’engagement. Voyant que Hodges était sous le feu de plusieurs batteries françaises, il lui ordonna de se retirer de nouveau vers une colline à l’est de la ville, derrière laquelle la ligne de bataille principale s’était vite formée ».

Sources hollandaises : se retiraient en combattant lorsque vinrent à leur aide 1600 cavaliers appuyés par 2000 fantassins anglais jusque là cachés dans un bois et grâce auxquels tant les fourrageurs que les fantassins furent sauvés ».

L’intendant gué de Bagnols : « ils firent plier ces escadrons et les obligèrent de se retirer en désordre vers leur cavalerie, qui étoit en bataille le long d’un bois, de l’autre côté du ruisseau qu’on trouve à main droite en venant à Walcourt de Philippeville ».

Nous pouvons en conclure que le 16ème régiment de Hodges quitta la forge de Feronval en direction d’un moulin (Child se trompe en parlant d’un moulin à vent car il n’y avait pas de moulin à vent dans la région proche) qui serva de 2ème position de résistance. de Quincy dit qu’ils se sont sauvés par derrière un château dans un fond où il y avait quelques maisons : il s’agit probablement de la 2ème position au moulin de Daussois où il y avait un moulin et quelques habitations autour de la Bierlée (hameau de Silenrieux) et derrière le château indique le château de Daussois. Le moulin de Daussois était bien situé sur la rive droite du ry des dames (il permettait de résister à la cavalerie). Par la suite, Hodges reçut l’ordre de se retirer dans les collines à l’est de Walcourt au-delà du ruisseau d’Yves. De Quincy décrit ce retrait en expliquant qu’ils étaient obligés de quitter le lieu car pressés par les dragons français ; ils gagnèrent un autre château et puis une plaine où il y avait 2 chemins creux pour regagner leur camp et une haie (petit bois) où ils avaient mis beaucoup d’infanterie (au-delà du ruisseau d’Yves). D’après churchill, les anglais y avaient aussi mis batteries (Chandler y parle de ligne principale de bataille).