Le 13 du Mois n°16

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PHOTOREPORTAGE DANS UN TROQUET DU 13 e * BON PLAN RESTO * SORTIES GUERRE DES SUPÉRETTES — OUVERTURE LE DIMANCHE CE QUI CHANGE À PARIS SUPERMARCHÉS ÉLECTIONS 2012 DANS LE 13 e AU SIÈGE DU FN PORTRAIT DE DENIS BAUPIN, CANDIDAT ÉCOLO AUX LÉGISLATIVES 16 — Mars 2012 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois 3,90 3 760208 770125 R 28895 - 0016 - F : 3.90 € DE CHINATOWN ! ÉPISODE 3 Spécial familles JEU CONCOURS À LA DÉCOUVERTE

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Le magazine indépendant du 13e arrondissement

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PHOTOREPORTAGE DANS UN TROQUET DU 13e * BON PLAN RESTO * SORTIES

GUERRE DES SUPÉRETTES — OUVERTURE LE DIMANCHE

CE QUI CHANGEÀ PARIS

SUPERMARCHÉS

ÉLECTIONS 2012

DANS LE 13e

AU SIÈGE DU FNPORTRAIT DE DENIS BAUPIN,

CANDIDAT ÉCOLO AUX LÉGISLATIVES

N° 16 — Mars 2012 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois3,90 !

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DE CHINATOWN ! ÉPISODE 3

Spécial familles

JEU CONCOURSÀ LA DÉCOUVERTE

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POLITIQUE ÉLECTIONS

2012 Par David EvenMars 2012 — www.le13dumois.fr

Législatives 2012

AU FN, ON CHASSE LES SIGNATURESAVANT LES CIRCONSCRIPTIONS—Aucun candidat frontiste n’a jusqu'à présent été désigné dans le 13e arrondissement pour la bataille des législa-tives de juin. Toute l’action du parti serait pour le moment concentrée sur l’élection présidentielle et notamment la chasse aux 500 signatures nécessaires à la candidature de Marine Le Pen.

AU FRONT DE GAUCHE :LEÏLA CHAIBI CANDIDATE DANS LA 10e

Le Front de gauche laisse la place aux jeunes. Après avoir désigné Emmanuelle Becker, conseillère de Paris de 28 ans, candidate dans la 9e circonscription (13e Est), c’est finalement Leïla Chaibi, 29 ans, qui a été choisie dans la 10e circonscription (13e Ouest). Parisienne depuis 2005, la jeune femme a été la dernière candidate désignée par le Front de gauche à Paris après plusieurs semaines de négociations, chaque parti de l’alliance d’extrême gauche souhaitant placer l’un de ses pions dans la circonscription. C’est finalement une pro du militantisme coup de poing, «! secrétaire nationale à l’abolition du précariat! » dans le Parti de gauche qui a remporté la mise. Passée par le collectif «!Génération précaire!» qui dénonçait l’exploitation des stagiaires, elle a été l’un des membres fondateurs de Jeudi noir, mouvement né en 2006 et devenu spécialiste de la «! réquisition citoyenne! » d’immeubles, comme les actions très médiatisées de la rue de la Banque ou de la place des Vosges. Leïla Chaibi a enfin été à l’origine de «!pique-niques citoyens!» dans les supermarchés avec le collectif!«!L’appel et la pioche!» qu’elle préside. Désireuse que ses actions fassent plus qu’un simple buzz médiatique, la militante a décidé de s’encarter en 2008. C’est d’abord le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot qui a trouvé grâce à ses yeux. Déçue que le parti prenne ses distances avec le Front de gauche naissant, elle a finalement décidé de rejoindre ce dernier il y a un an.

ÉCHOS DE CAMPAGNE

Du côté du Parti ouvrier indépendant (POI), aux scores marginaux au niveau national mais qui compte une bonne centaine d’adhérents dans le 13e, la campagne des législa-tives est déjà dans toutes les têtes. Et pour cause, pas de candidature POI aux présiden-tielles - pas de Gérard Schi-vardi cette fois-ci -, l’objectif sera donc de se faire entendre en juin. Les thèmes de la cam-pagne sont déjà défi nis! : rejet du nouveau traité européen de Bruxelles et pour ce qui est du local, rejet du projet de destruction d’une partie de la Pitié-Salpêtrière. Pour peser dans le débat public et contrer

les arguments du grand favori de la 9e circonscription - le député sortant Jean-Marie Le Guen, spécialiste au PS des questions de santé -, le POI fait le pari de présenter la candidature d’Emmanuel Dehu, infi rmier dans le service d’hospitalisation à domicile de la Pitié-Salpêtrière. «! On met volontairement un infi rmier face au probable futur ministre de la Santé!», annonce Daniel Schapira, fi gure historique du POI dans l’arrondissement, pour qui la profession du can-didat est en soi «!une partie du programme! ». Jean-Marie Le Guen, le POI ne l’aime pas trop. C’est un peu moins le cas de

Serge Blisko, le sortant recalé par l’accord PS/Verts au profi t de Denis Baupin dans l’autre circonscription du 13e. «!On fait une grande différence entre Blisko et Le Guen. Si Blisko décide fi nalement d’entrer en campagne alors il manifestera

clairement son désaccord par rapport à l’accord PS/Verts, et nous ne présenterons pas de candidat dans ce cas! », précise Daniel Schapira. De Serge Blisko dépendra donc une candidature POI dans la 10e circonscription.

AU POI : UN INFIRMIER POUR CONTRER LE GUEN

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SOCIÉTÉ Mars 2012 — www.le13dumois.fr

À petits boulots, grands intitulés. Depuis septembre, Autolib’ recrute à marche forcée des «!ambassadeurs!» pour assurer le service aux usagers des petites voitures électriques. En guise de fonctions diplomatiques, quatre types de postes : planton d’accueil dans les fameuses

bulles d’abonnement au système, agent de nettoyage des véhicules, «!équilibreur!» - ce qui consiste à déplacer les voitures de station en station en fonction des besoins - et enfi n une mission mobile pour venir en aide aux conducteurs en délicatesse suite à une panne ou un accident. C’est ce qui a été proposé, courant février, à une dizaine de postulants réunis à la Maison des entreprises et de l’emploi (MDEE) du 13e (1). Aux manettes, quatre jeunes gens des ressources humaines d’Autolib’, sur les huit que compte l’entreprise pour pourvoir en main-d’œuvre toute l’Île-de-France. Un vaste plan d’embauche à raison de deux sessions de recrutement par semaine ou plutôt, selon la sémantique d’Autolib’, de job dating.

RECRUTEMENT EXPRESSUne telle formule suppose qu’il faille tenir la cadence. Et en effet, le topo introductif, commencé à 9h30, est expédié en une demi-heure chrono. Où il est question du gigantisme de la maison-mère (Bolloré, ses sept milliards de chiffre d’affaires, ses 35 000 employés) puis d’un descriptif des postes. Pour salaire, le Smic horaire pour des temps partiels ou complets, une majoration de 10% la nuit, de 50% le dimanche. Bonus notable : une prime de nettoyage pour entretenir son uniforme de travail. À 10 heures, début des entretiens individuels, d’une durée de cinq à dix minutes, jamais plus, c’est le principe du job dating. Pour les retenus, pas de deuxième round : avertis quinze jours plus tard, ils auront trois jours de formation avant d’entrer en fonction. Qu’attendent, au fait, les quatre recruteurs de leurs vis-à-vis!? Rien de spécifi que, si ce n’est une bonne compréhension du poste et de l’aisance relationnelle, nous assurent-ils. Et surtout, le permis B, seul diplôme requis - une suspension de permis à l’actif des candidats est éliminatoire.

L’APPEL DU CDIClaire, directe, concise : la formule du job dating a plutôt les faveurs des candidats interrogés. Leurs motivations divergent, mais, dans l’ensemble, la sécurité d’un CDI au sein d’une bonne maison revient fréquemment. On trouve ici une grande majorité d’hommes, dont certains sont d’ex-taxis, des jeunes et des vieux à part égale.

C’est du côté des plus âgés que la résignation se fait sentir. Il y a Abdel, 53 ans, autrefois vendeur en informatique, qui a l’air revenu de tout. Pour lui, le premier boulot sera le bon. De mauvais augure, surtout quand il lance un «!on ne peut pas être diffi cile à notre époque!» en présence d’un recruteur venu le chercher pour son entretien. Il ne sera pas pris. Il y a aussi Abdoulaye, un jeune homme de 24 ans, animateur à temps partiel à la Ville de Paris. Lui se voit plutôt à la mission «!équilibrage!», se dit motivé et plutôt confi ant. Il ne sera pas non plus engagé.

11 POSTULANTS, 1 SEUL RETENUCar, à l’issue des entretiens, les quatre recruteurs savent déjà qu’un seul candidat sera retenu, une jeune femme qui nous confi ait son désir de monter en grade dans l’entreprise. On nous affi rmait pourtant que le taux moyen de recrutement était de l’ordre de 50%. Or, d’après la MDEE, hôte de ces sessions, le manque d’envie et de préparation des candidats caractérise ce type de recrutement de masse qui concerne des postes sans prérequis particulier pour lesquels Pôle emploi envoie beaucoup de candidats. C’est un peu comme pour Mc Do, nous résume-t-on!: le job ne fait pas rêver, mais il faut bien y aller. Et puis, chez Autolib’, c’est dans le pire des cas un mauvais moment très rapide à passer. "

(1) Au nombre de six à Paris, les Maisons des entreprises et de l’emploi (MDEE) sont

des organismes d’aide à l’emploi et à la création d’entreprise fi nancés par la Ville,

indépendamment de Pôle emploi. Elles mettent notamment leurs locaux à disposition

des entreprises pour des sessions de recrutement.

COMMENT AUTOLIB’ RECRUTE À TOUTE VITESSEPlus de 500 petites mains ont été embauchées pour les besoins d’Autolib’. Au fur et à mesure de l’ouverture de nouvelles stations, la fi liale de Bolloré poursuit son recrutement via des sessions d’entretiens très rapides, dites job dating. Nous avons assisté à l’une d’entre elles, dans le 13e.

Pour entrer chez Autolib’, un seul entretien qui dure entre cinq et dix minutes

Entretien pour Autolib’ dans un box de la Maison des entreprises et de l’emploi du 13e, le 16 février.

Par Jérémie Potée

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SOCIÉTÉ

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Mars 2012 — www.le13dumois.fr

En comparaison des grandes métropoles européennes, les rues de Paris ne regorgent pas de sculptures d’art contemporain. Pour rattraper ce retard, la Ville profi te des opérations de remodelage urbain, notamment dans le 13e. Et parfois, ça patine.

Depuis leur lancement, le projet d’aménagement Paris Rive-Gauche et l’implantation du tramway ont donné lieu à de nombreuses commandes d’œuvres d’art. Sur la place Augusta Holmes, par exemple, ont surgi du bitume des tubes trans-

parents surmontés d’écailles : c’est la Fontaine émergente de l’artiste Chinois Chen Zhen, soit 1 200 000 euros pour une métaphore de verre et d’acier des rapports entre la Seine et le ciel. L’appel à projet international du moment concerne les alentours de la BNF. Initié par la Semapa, société d’économie mixte d’aménagement de Paris, il sera fi nancé à hauteur de 600!000 euros. Un appel à projet jugé indispensable par Jérôme Coumet qui, en tant que maire et président de la Semapa, dispose d’un poids considérable dans la mise en place de projets artis-tiques. «! Paris est très en retard vis-à-vis de bien des villes européennes. Barcelone, par exemple, nous dame largement le pion!», explique-t-il. Pas le choix : pour rattraper les agglo-mérations voisines, il faut multiplier les initiatives.

VITE, TROP VITE ?Cette effervescence n’est pas toujours maîtrisée. L’appel à projet concernant le quartier de la Bibliothèque, surtout, a fait quelques sceptiques. Parmi eux, le sculpteur Serge Benoît de la Cité Fleurie - la résidence d’artistes du boulevard Arago -, qui a candidaté à un premier appel d’offres avorté. En principe, depuis 2003, tous ces projets sont censés passer devant le «!Comité de l’art dans la ville!». Or, d’après sa chargée de mis-sion Nathalie Viot, le projet n’est pas remonté jusqu’au comité. Selon Jérôme Coumet, son abandon serait lié à un simple «!manque de communication!» et, par conséquent, à un trop faible nombre de candidatures. Mieux fi celé, le second appel à projet s’est achevé le 5 mars, avec le dépôt de 150 dossiers. Place désormais à la phase de délibération. Autre couac, cette fois dans le cadre du prolongement du tramway, le projet de la céramiste Nancy Robbins vient d’être annulé. Cet «!arbre à barques!» adapté d’une œuvre installée à New York devait pousser à l’emplacement de la future station Avenue de France. Critiqué l’année dernière par le landerneau artistique pour un manque de concertation, le projet aurait fi nalement été retiré, selon la municipalité, pour cause de prétentions fi nancières subitement revues à la hausse. "

À VENIR : En plus du projet de la Semapa près de la BNF, est prévue la création de deux petites antennes de lieux culturels du périph’ à la porte de Vitry, en bas de la rue de Patay. Une pour le Mac Val, musée d’art contemporain de Vitry, et une pour le Micro Onde, théâtre et centre d’art de Vélizy-Villacoublay. Enfi n, un appel à projet a été lancé il y a deux mois, cette fois pour donner une dimension artistique à la reconstruction de l’usine Ciments Calcia au bord du périphérique.

À VOIR:

Mirage, ensemble de palmiers factices dans la rue des

Peupliers. Par le Français Bertrand Lavier, 2006.

Danse de la Fontaine émergente, par le Chinois

Chen Zhen sur la place Augusta Holmes, 2008.

Hommage à Charlie Parker, par le Français Alain Kirili. Place Robert Antelme, 2007.

1SQMH, tour de 17 mètres faite de modules géométriques,

par le Français Didier Fiuza Faustino, au croisement de la rue Émile Levassor et du boulevard Masséna, 2006.

Skate Park, square Barjac, porte d’Italie. Par l’Autrichien

Peter Kogler, 2006.

DES ŒUVRES D’ART DANS LA RUE, DAREDARE !

Par Anaïs Heluin

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PAR-DESSUS LE PÉRIPH' Mars 2012 — www.le13dumois.fr

Juste après le 60 rue Léon Geoffroy à Vitry, un illogique «! 6 bis! » aux lettres fantaisie nous arrête : nous voilà arrivés à l’adresse du /tmp/lab. Reste alors à trouver sa localisation

exacte : après avoir poussé une lourde porte, il faut dépasser la première partie d’une usine désaffectée transformée en squat puis emprunter un chemin brous-sailleux qui mène au lieu de rendez-vous des hackers*. On l’aura compris : le /tmp/lab n’a pas pignon sur rue, au contraire.

LE « HACKING » À TOUTES LES SAUCESCeux qui le fréquentent sont pourtant loin de la cyber criminalité qui, dans l’imaginaire collectif, constitue l’activité principale du hacker. «! Notre démarche consiste à étudier les produits commer-ciaux de manière à rendre public leurs secrets techniques! », dégrossit l’un d’entre eux à l’intention des néophytes que nous sommes. En bref, tout est poten-tiellement «! hackable! » : logiciels, jeux vidéo, téléphones et bien plus encore...

Si à l’origine la plupart des membres s’intéressaient au potentiel artistique du monde du numérique, une grande diversité de pratiques s’est instaurée au /tmp/lab. Du bricoleur de robots en lego aux biologistes les plus pointus en pas-sant par des ingénieurs du son, tous sont les bienvenus dans le squat de Vitry. Il s’agit ici de «!développer des idées nova-trices dans le domaine des nouvelles technologies et de l’art!», selon Philippe Langlois, un des fondateurs du hacker space. Pour preuve de l’effi cacité de cette démarche, des réalisations insolites. Celles de l’artiste islando-américain Pall Thayer, par exemple. Avec ses «! micro-codes!» de programmation disponibles sur Internet, l’informatique devient de l’art. Bon nombre de projets touchent aussi à l’environnement : le concept de production «!Cradle to Cradle!» entre autres, qui vise à annuler l’émission de déchets dès la conception des produits en les inscrivant dans un cycle biologique.

Une vingtaine de mordus de nouvelles technologies, un squat à Vitry et pas mal de matériel : voilà qui a lancé, il y a quatre ans, le /tmp/lab, premier «!hacker space!» de la région parisienne.Le groupe achève une résidence d’un an à la Gaîté lyrique, à Paris, signe que le hacker n’a rien du bandit que l’on s’imagine.

LEXIQUE À L’USAGE DU PROFANE

*Hacker : Personne qui fait un usage créatif de la technologie, qui détourne les objets de leur utilité première. Toutes les disciplines peuvent donc avoir leurs hackers

*Hacker space : Laboratoire ouvert et lieu de rencontre pour hackers.

*Open source : Terme qui désigne des logiciels libres dont les codes sont ouverts aux utilisateurs pour qu’ils puissent les modifi er puis les redistribuer une fois rendus plus fi ables et plus puissants. De cette pratique est née une philosophie qui s’oppose aux pratiques commerciales.

*Biohacklab : Communauté de biologistes, amateurs et professionnels confondus, qui abordent leur discipline à la façon des hackers. Ils modi-fi ent des bactéries, des levures et des micro-organismes en y ajoutant des gênes supplé-mentaires. Ainsi, la fonction originale des organismes est modifi ée.

Le /tmp/lab de Vitry

UN REPAIRE DE HACKERSDANS UN SQUAT DE BANLIEUE

Par Anaïs HeluinPhotographies : Mathieu Génon

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SUPERMARCHÉS

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Paris compte la densité la plus élevée de petites surfaces alimentaires en France. La grande distribution l’a bien compris : depuis une dizaine

d’années, elle investit résolument le créneau. En rachetant tous les locaux disponibles et en franchisant les petits indépendants, Casino se taille la part du lion dans l’offre alimen-taire, loin devant Carrefour. Au cœur de cette guerre de posi-tion, le petit épicier est confronté à l’irruption des «! convenience store! » à l’anglo-saxonne, type Carrefour City ou Le Marché d’à côté. Ces concurrents directs aux enseignes clinquantes et à l’offre uniformisée sont, comme lui, ouverts 7 jours sur 7 et ne ferment que tard le soir venu. Mais surtout, ils sont moins chers. Comment résister alors quand un grand groupe propose à l’épicier de lui refaire la devanture, à la condition qu’il s’affi lie à sa centrale d’achat ? Dans cette course à l’échalote, les horaires s’étirent. Les commerces alimentaires subissent les assauts combinés de l’inspection du travail et des organisations syndicales. Dans le 13e, le quartier chinois est un exemple parlant, lui qui a été l’objet l’année dernière de l’un de ces rap-pels à l’ordre ponctuels. Le débat est brûlant! : comment coller au rythme de la vie parisienne sans précariser davantage les salariés ? Comme le dit l’épicier du coin : «! Que voulez-vous, tout change, ma p’tite dame!!!»

CE QUI CHANGE À PARIS

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Par David Even et Jérémie PotéePhotographies : Mathieu Génon

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La guerre des supérettes

CASINO ET CARREFOUR

PARTOUT CONCURRENCENULLE PART

Quel est le point commun entre Franprix, Monop’, Leader Price ou Le Marché d’à côté!? Une seule maison mère, Casino, qui détient à elle

seule 17 enseignes à Paris sous des noms différents. C’est le résultat de deux études commandées par la Ville de Paris, inquiète de la prolifération des supérettes dans la capitale. En dix ans, leur nombre a doublé.

CASINO ÉCRASE LA CONCURRENCEL’Atelier parisien d'urbanisme (APUR) constatait en 2010 la domination écra-sante de Casino dans ce segment, ce que confi rme l’Autorité de la concurrence dans son rapport rendu en janvier 2012. Avec 60% des surfaces de vente et une immense majorité de supérettes, le groupe Casino se partage le bifteck avec Carrefour, l’autre «! gros! » qui, très loin derrière, contrôle tout de même 12% d’entre elles. Ne restent que des miettes à Auchan ou Cora, sans parler des petits indépendants.

Si bien que la concurrence alimen-taire dans de nombreux quartiers de Paris est quasi nulle. Dans le 13e, où les proportions sont exactement similaires à la moyenne parisienne, les alentours du boulevard Arago sont par exemple le domaine exclusif de Casino.

SALE TEMPS POUR LES GRANDS DE LA DISTRIBUTION ALIMENTAIREUn syndrome constaté par les syndica-listes qui mènent une guerre judiciaire contre les grands de la distribution sur la question du travail dominical (voir page 24). «!Nous nous sommes aperçu du mono-pole de certains groupes à force de mener des procédures. Franprix est champion en la matière pour brouiller les cartes. Au fi nal, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait souvent le même patron derrière différents magasins, parfois une dizaine. Devant le juge, ils affi rment être indépendants alors que nous les avons déjà croisés quelques semaines plus tôt dans d’autres affaires relatives à d’autres magasins !!», raconte Éric Scherrer, de la CFTC. «!Nous, on a découvert le phénomène en 2010, confi e Lyne Cohen-Solal, adjointe de Delanoë au commerce (lire son entre-tien page 22). Nous voyions bien que les choses changeaient dans l’usage des rues. Les maires d’arrondissement me disaient!: ‘On a beaucoup de Casinos qui viennent, beaucoup de supérettes qui s’ouvrent’. Il fallait réagir, raison pour laquelle nous avons saisi l’Autorité de la concurrence.!»

SI PEU DE MOYENSOr, en 2008, les outils à disposition des collectivités locales se sont considérable-ment amenuisés. Depuis la loi de moder-nisation de l’économie (voir encadré), les autorisations d’installation sont passées de 300 à 1 000 mètres carrés. Autant dire que la totalité des supérettes n’ont d’auto-risation à demander à personne. Ne restait aux édiles, à défaut de moyen de contrôle, qu’à saisir l’Autorité de la concurrence et espérer faire de la mauvaise pub aux grands groupes. "

À eux deux, Carrefour et Casino se sont emparés du marché de la supérette parisienne. À la demande de la Ville de Paris, l’Autorité de la concurrence vient de remettre un rapport alarmiste sur le sujet.

LA LOI QUI A TOUT CHANGÉ

La loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008 a instauré un allègement de la TVA sur les produits de première nécessité. En contrepartie, elle a abaissé le seuil de contrôle par les collectivités locales de l’implantation des commerces alimentaires, qui passe de 300 à 1 000 mètres carrés. Une mesure dénoncée par la municipalité parisienne pour son libéralisme qui la prive en pratique de tout moyen d’action à l’encontre des grands groupes de distribution.

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LE 13 DU MOIS : Depuis 2008 et la loi dite de modernisation de l’économie (LME), vous ne pouvez plus contrôler l’implantation d’enseignes de moins de mille mètres carrés. Cette loi est-elle un cadeau fait aux grandes enseignes ? Lyne Cohen-Solal : Oui, bien sûr. La loi LME a été initiée par Sarkozy pour faire baisser le prix des produits de pre-mière nécessité. En échange, il a libéralisé l’implantation des surfaces commerciales. La baisse de quelques pourcents de ces produits a duré trois mois tandis que les effets de cette libéralisation perdurent. À Paris, cela a eu des effets extrêmement négatifs. À partir de là, quelle marge laisse la loi LME aux municipalités pour agir! ? Rien d’autre que saisir l’Autorité de la concurrence. Nous avons été les premiers à le faire, et les seuls à ce jour. D’ordinaire, l’Autorité de la concurrence est saisie par de grands groupes, des industriels.

Le rapport de l’Autorité de la concurrence montre que le nombre de supérettes de 100 à 400 mètres carrés a doublé à Paris en dix ans. Oui, elles ont proliféré. Pourquoi pas, si les enseignes avaient été différentes. Mais non, il s’agit essentiellement de Casino et Carrefour, qui se font la guerre à Paris.

Comment ? Ils utilisent plusieurs méthodes. Ils achètent des locaux, tous les locaux! : garages, petits cinémas, dis-pensaires etc. Ils rachètent aussi des commerces bien sûr. Ils créent des franchises et, en outre, proposent à des indé-pendants déjà installés de leur servir de centrale d’achat.

Pour contrer ces pra-tiques, disposez-vous d’un pouvoir ? Non, la loi nous a com-plètement démunis. Le seul pouvoir qui nous reste, c’est d’abord de parlementer pour freiner des projets. Et puis

informer les consommateurs, qu’ils sachent par exemple qu’il existe 17 enseignes dif-férentes pour le même groupe Casino et qu’ils ne peuvent donc pas faire jouer la concur-rence. C’est à cela qu’a servi la saisine de l’Autorité de la concurrence.

Avez-vous des relations avec Casino ou Carrefour ? Oui, bien sûr. Ils sont venus me persuader de ne pas saisir l’Autorité de la concurrence, en voulant me démontrer, chiffres à l’appui, qu’ils n’étaient pas aussi monopolistiques qu’on le dit. Chacun a sa façon de dire les choses. En tout cas, ça démontre qu’ils craignent une mauvaise publicité.

Quelle est votre politique de soutien envers les indé-pendants ? Elle se réduit à peu de choses. Nous avons créé une société d’économie mixte qui préempte des locaux commer-ciaux dans certains quartiers

bien déterminés, dans le 11e par exemple, où les grossistes en textile ont supplanté l’alimentaire. Dans ces locaux, nous favorisons l’installation d’épiciers ou de supérettes indépendantes. Mais c’est une solution coûteuse et limitée à quelques dizaines de commerces. Cela dit, je ne bannis pas tous les grands de la distribu-tion. Dans le 13e, dans le nou-veau quartier Rive-Gauche, on s’est adressé à Monoprix, qui appartient pour moitié à Casino, pour pallier le manque de commerces alimentaires. La venue de l’enseigne a ensuite servi de locomotive et permis d’attirer des com-merces dans le quartier, y compris des indépendants.

Le rapport de l’Autorité de la concurrence préconise aussi de faciliter l’implanta-tion d’hypermarchés intra-muros. Qu’en pensez-vous!? Je ne suis pas d’accord là-dessus. D’abord, il faut trouver les lieux. Pas évident,

Que peut la Ville de Paris contre la multiplication des enseignes de Carrefour ou de Casino ? Sauf à saisir l’Autorité de la concurrence, la marge de manœuvre est étroite, nous explique Lyne Cohen-Solal, adjointe au maire de Paris au commerce.

« LA LOI NOUS A COMPLÈTEMENT DÉMUNIS »

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Entretien avec Lyne Cohen-Solal

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Voyage au coin de la rue, au Century,un petit café-bar proche de l’avenue d’Italie.

10 JOURS DANS UN BISTROT DE QUARTIER

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HÉLÈNE ET LES GARÇONS

Le Century, c’est un peu la promesse d’un futur antérieur. Encaissé dans le creux d’un quartier de ruelles pavées, le café-bar de la rue Bourgon donne à voir, tous les jours, les coups de théâtre d’une petite pièce de boulevard. En fait de boulevard, il y a au bout de la rue l’immense avenue d’Italie. En quelques pas, on fuit sa frénésie pour aboutir ici, à un jet de pierre des coquettes rues pavillonnaires qui cernent la place Georges Hénocque. Un coin de bouche-ries chevalines, merceries et autres cordonniers qui, depuis longtemps, ont déguerpi. La désertifi cation est dans toutes les bouches des clients du Century qui, lui, s’accroche. Là viennent «!Kiki!», Marius, «!Ali Baba!» ou «!Mister Bad!». On croisera à coup sûr ces garçons au zinc, comme enamouré d’Hélène, la patronne tutélaire du bistrot. Tout un caractère, Hélène. Sa franchise rigolarde le dispute à une immense bienveillance issue d’origines mêlées. Elle vient d’Algérie, de Tunisie, de Corse et d’Italie et semble tout pouvoir comprendre. Elle a eu aussi un mari d’origine Chinoise, parti à Shanghai créer son bistrot français. À son départ, elle qui n’y connaissait rien a dû prendre en charge le troquet. Avant, elle bossait dans la banque, le bâtiment puis le conseil juridique, talents dont elle use à l’occasion pour dépanner ses clients. La reconversion n’a pas été facile, nous dit-elle, mais elle a «! l’âme du commerce! ». On confi rme. Dans le coin, Hélène est à présent la plus ancienne. Repris en 1988, le Century s’appelait auparavant le 4-21. Dans la petite rue Bourgon, deux ou trois autres bars complètent encore le parcours des pénitents de l’apéro. !

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13e ŒILMars 2012 — www.le13dumois.fr

Par Jérémie PotéePhotographies : Mathieu Génon

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13e ŒIL Mars 2012 — www.le13dumois.fr

Au départ, il y a un lieu dont on ne sait pas grand chose. Une façade qui ne la ramène pas. Quelques coups de peinture blanche obscurcissent une

large vitre, à la manière d’un fonds de com-merce à l’abandon. Aucune affi che, aucune étiquette, aucun nom sur la sonnette ou sur la boîte aux lettres, rien qui indique ce qu’il y a derrière. Seul un mot, « FORUM », apparaît, pâle, sur une petite plaque. Et puis un habitué du lieu propose d’y regarder de plus près. Ici le dessin à moitié effacé d’une faucille et d’un marteau, là des restes d’œufs fracassés, mais aussi, et cela ne se voit pas, des litres d’urine déversés sur le pas de la porte, de façon régulière paraît-il. «! C’est à tout cela que l’on identifi e les locaux du Front national!», ironise un jeune militant.

La fédération de Paris, comme si elle disait! : «! Si tu cherches bien, tu sauras où me trouver! », se situe rue Jeanne d’Arc, dans le 13e. Le salon de massage asiatique mitoyen porte le même numéro, le 165, pour mieux entretenir la confusion. Le «!Forum!» est un lieu pour initiés où l’on doit sonner pour entrer, et plusieurs fois de suite si l’on est de la maison, pour s’annoncer. Les autres, les ignorants qui n’appuient qu’une fois, sont ainsi détectés, même si pour eux la porte s’ouvre aussi. Logique, le Front national (FN), entend-on dans plusieurs bouches, n’a rien à cacher. «!Si l’on n’est pas repérables de l’extérieur, c’est pour nous protéger!», explique Cyril Bozonnet, responsable de la propagande à Paris - c’est là son titre offi ciel.

LA BASE ARRIÈRE DU FN PARISC’est dans ce duplex tout en bois et sous le regard en papier glacé d’une Marine Le Pen omniprésente que s’organise la campagne parisienne. Guidée par le numéro deux de la fédération, Edgar Hamet - la secrétaire départementale Annie Philippon, commer-çante, est moins présente! -, une poignée de bénévoles vient y planifi er différentes actions de terrain. D’autres, responsables de section - celle du 13e se trouve dans ces mêmes locaux!- et militants y passent pour discuter, s’approvisionner en tracts ou par-ticiper à des réunions. Et puis, il y a ceux que l’on ne con-naît pas encore, que l’on conduit avec bonhomie dans un bureau à l’étage et qui repartent encartés. Comme cet après-midi de février où, après avoir tâtonné, un peu

Le 13e arrondissement abrite la fédération départementale du Front national. À l’orée de l’élection présidentielle, c’est là que se coordonne la campagne parisienne, dans un calme très éloigné de l’agitation politico-médiatique. Une adresse discrète dont la porte, comme la parole, ne s’ouvre qu’avec beaucoup de méfi ance.

AU FN PARIS,RUE JEANNE D’ARC Par Virginie Tauzin

Photographies : Mathieu Génon

REPORTAGE

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13e ŒILMars 2012 — www.le13dumois.fr

perdues, sur le trottoir, trois personnes âgées ont trouvé le chemin de l’adhésion. « Ça, c’est des bourgeois du 13e déçus de Sarkozy. Ils ont passé un petit coup de fi l avant de venir, ils souhaitaient rencontrer quelqu’un!», précise Cyril Bozonnet. Parmi les nouveaux adhérents, il identifi e deux profi ls majoritaires : des fonctionnaires de catégorie C qui « ne se sentent plus respectés et ont peur pour leurs enfants », et des jeunes impression-nés par « les performances de Marine Le Pen à la télévision ». Quant au premier motif d’adhésion des jeunes femmes, il !

À Paris, pour les prochaines présidentielles, le discours offi ciel est à la confi ance : «! Je sens que

la campagne est encore meilleure qu’en 2002, dit Julien Namur, responsable du FN 13e. On peut tout à fait y faire un score à deux chiffres. » Ce qui constituerait un record : les 9,49% de 2002 restent le meilleur résultat du FN dans l’arrondissement, quand le score national fl irtait alors avec les 17%. De

façon générale, le vote frontiste à Paris est toujours deux fois moindre que la moyenne nationale. Pour 2012, Namur décrit un public réceptif et une campagne de terrain idéale!: distributions dans les boîtes aux lettres faciles et bien accueillies, tractages fructueux! - «!On fait de temps en temps des adhésions » -, et sans heurts, même quand ils s’aventurent devant la fac de Tolbiac. Hormis les militants du Front de gauche ou de l’Unef, qui décrochent ou couvrent leurs affi ches en moins de 24 heures, il assure que rien de fâcheux n’est venu enrayer la machine.

« DES VOIX À PRENDRE DANS LE 13e »Les résultats du 13e, toujours très légèrement supérieurs à la moyenne parisienne, représentent selon lui un signe encourageant. « Il y a des voix à prendre dans le 13e, poursuit le numéro un de la section. En plus des nombreux déçus de la gauche, nous avons remarqué, lors des régionales de 2010, un glissement des votes de l’UMP vers le FN, l’UMP ne jouant pas son rôle d’opposant à Paris. » On retrouve en partie les résultats de ces dernières élections sur une carte affi chée au siège de la fédération départementale, où sont dispersées de petites pastilles vertes. Si certains font mystère de ce qu’elles représentent, il s’agirait de l’emplacement des bureaux de vote qui ont enregistré les meilleurs scores du FN en 2010. Dans le 13e, on en retrouve par exemple sur les quartiers populaires des Maréchaux, le long des boulevards Kellermann et Masséna. Selon Julien Namur, le nombre d’adhérents est depuis 2010 en constante augmentation, notamment dans sa section, qui serait «!l’une de celles qui se porte le mieux à Paris"». À la question de savoir combien de militants compte exactement le 13e, ça coince : «!Nous ne communiquons pas ces données"», coupe-t-il. Reste à se rabattre sur les chiffres offi ciels : lors des dernières présidentielles, ils ont été 4 510 à voter pour le FN dans l’arrondissement.

JULIEN NAMUR, RESPONSABLE DU FN 13e

QUAND LA CAMPAGNE EST BONNE

LE VOTE FN DANS LE 13e

Présidentielles 2002

Présidentielles 2007

9,49%

soit 5 883électeurs

5%

soit 4 510électeurs

13e PARIS FRANCE

9,35%

4,58%

16,86%

10,44%

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PORTRAIT Mars 2012 — www.le13dumois.fr

SES DATES

1962Naissance à Cherbourg (Manche)

1981Élection de François Mitterrand et entrée à l’école Centrale, à Paris

1989Prend sa carte chez les Verts

1995Élu du 20e arrondissement et assistant de Dominique Voynet à l’élection présidentielle

2001Adjoint au maire de Paris chargé des transports et de la voirie

2007Mise en circulation du Vélib’ et naissance de son fi ls, Gabriel

2008Adjoint au maire de Paris chargé de l’environnement, du développement durable et du plan climat

2012Candidat de la 10e circonscription de Paris

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PORTRAITMars 2012 — www.le13dumois.fr

Autant le faire savoir de suite! : Denis Baupin ne dira, en deux heures d’entretien, du mal de personne. Trois hypothèses possibles : 1) il est

bienveillant, 2) il esquive, ou 3) comme il est chez lui, confortablement installé sur son canapé taupe, une tasse de café entre les mains, attendri par la bouille de son petit garçon en photo un peu partout, et qu’en plus il a été désigné, avec de grandes chances de l’emporter, candidat dans la 10e circonscription de Paris, il n’a tout simplement pas envie d’en découdre. À la manière de Laurent Ruquier, qui annonce « ceux qui ne viendront pas ce soir », Denis Baupin ne dira pas au cours de notre rencontre du mal de son adver-saire UMP sur la circonscription, Chenva Tieu (« oooh » de déception). « Je suis

content d’avoir en face de moi quelqu’un qui ne considère pas Éva Joly comme une étrangère. » Ni même de cette dernière, Éva Joly (Re-« oooh »). Lui qui soutenait Nicolas Hulot lors de la primaire écolo roule aujourd’hui tout naturellement pour celle dont la campagne, comme la popularité, ne décolle pas. « Il ne faut pas regarder le passé. Le conseil que j’ai donné à Éva, c’est de briser l’armure. Quand on se présente devant les Fran-çais, il faut savoir parler de soi. Or, Éva considère que c’est un manque de modes-tie. » Ni, contre toute attente, de son rival historique, Yves Contassot, qui aspirait lui aussi à la circonscription : « Avec Yves, on n’a pas la même façon de faire de la politique. Il est plus dans l’affrontement que moi. C’est un excellent négociateur, il a cette force. »

« LE VÉLIB’, C’EST MON OSCAR À MOI » De la force, Denis Baupin doit en avoir une bonne dose, sous ses airs de ne pas chercher des noises. L’illustration évi-dente en est son bilan comme adjoint aux transports à la mairie de Paris. En sept ans, de 2001 à 2008, l’élu a considérable-ment transformé le visage de la capitale!: couloirs de bus, tramway, Noctiliens, Vélib’, Paris Plages... Conspué par les uns, applaudi par les autres, ces initiatives lui ont au moins valu d’être érigé fi gure incontournable du Tout-Paris. « Avoir fait tout ça, c’est un luxe incroyable, comme pour Jean Dujardin aux Oscars. Le Vélib’, c’est mon Oscar à moi », se félicite-t-il. Il est d’ailleurs tout aussi fi er d’avoir, lors d’une conférence sur les transports à New York, fait se gausser la salle entière en répondant à la question « Pensez-vous!"

Denis Baupin

En vingt-trois années de vie politique, l’écolo qui a changé la face de Paris ne s’est pas fait que des amis. Il brigue aujourd’hui la très offerte 10e circonscription, avec la décontraction de ceux qui en ont vu d’autres et l’assurance des opiniâtres.

L’ÉCOLO LIB’Par Virginie TauzinPhotographies : Mathieu Génon

ÉLECTIONS2012

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Culture culinaire

En collaboration avec le blog culinaire de Philippe Bui Do Diep - www.canardumekong.comLOISIRS Mars 2012 — www.le13dumois.fr

Deux recettes faciles à réaliser!pour préparer un brunch typique du sud de la Chine : les rouleaux chun juan pour célébrer le retour du printemps et de petits raviolis aux crevettes wonton à déguster entre deux gorgées de thé, comme au restaurant.

Voilà de quoi évoquer la tradi-tion culinaire cantonaise des dim sum, désormais étendue à toute la Chine, rendue célèbre grâce ses rouleaux

de printemps et autres raviolis, prévus à l’origine pour accompagner le thé lors du petit déjeuner ou à midi. Avec le temps, ces nourritures ont évolué et gagné en consistance pour devenir un repas à part entière et une institution gourmande internationale, à la manière des tapas

espagnols. Traditionnellement, les dim sum sont répartis en deux catégories, côté sucré et côté salé. On y trouve des pâtisseries très forte-ment marquées par l’infl uence occidentale avec diverses viennoiseries et des tartes. Vous vous régalerez aussi de douceurs typiquement asiatiques comme les boules d’or au sésame fourrées à la pâte de lotus ou aux haricots rouges, ainsi que diverses gelées aromatisées, des préparations au tofu ou des gâteaux de riz gluant.

RAVIOLIS WONTON ET ROULEAUX CHUN JUAN EN TOUTES OCCASIONSCôté salé, la plus grande partie des dim sum est consacrée aux spécialités à la vapeur, avec en particulier plusieurs préparations à base de pâte de blé comme des raviolis ou des brioches. Ces mets se distinguent certes selon les aliments qui les composent, mais aussi selon leur forme, leur taille ou encore leur origine géographique. Cela sera le cas pour les petits raviolis wonton, une spécialité

LES BONS TAPASDE CHINE MÉRIDIONALE

BAGUETTES À LA MAIN, PHILIPPE BUI DO DIEP VOUS CONVIE CHAQUE MOISÀ LA DÉCOUVERTE DE LA CULTURE ASIATIQUE

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LOISIRS

Bon plan resto - L'Avant-Goût

Mars 2012 — www.le13dumois.fr

Voilà près de 15 ans que Chris-tophe Beaufront fait presque salle comble à chaque service. Certes, le restaurant est petit, mais sa réputation grandit

sans cesse. Ce succès, il le doit avant tout à sa spécialité créée dès l’inauguration!: un pot-au-feu de cochon aux épices. Le tout Paris en parle. Invité il y a quatre ans à Tokyo par les patrons du Pré Verre, il en a ramené quelques idées pour agrémenter son plat fétiche. Est né alors le remar-quable pot-au-feu de cochon « retour de Tokyo », servi en bouillon avec soba - des pâtes au sarrasin -, tempuras de légumes croustillants, gingembre mariné et raifort. Ajoutez-y le savoureux onglet de veau et le très personnel foie gras de canard à la vanille avec gaspacho de mangue et d’ananas à la mélisse, et vous aurez les «! classiques! », indéboulonnables de la carte. Mais l’intérêt de l’Avant-Goût réside au moins autant dans l’autre partie du menu, évolutive selon les saisons, l’arri-vage et l’humeur du chef, qu’il a créative.

TRAVAIL D’ARTISTESon talent se manifeste surtout dans les assaisonnements, les épices et les accom-pagnements. Sculpteur à ses heures, il aime se voir comme un artiste qui distille savam-ment les saveurs, les textures et les couleurs. Comme dans les entrées du moment, avec par exemple la plaisante piperade, l’étonnante cervelle d’agneau panée et son tartare de câpres et concombre, ou encore cette simple salade pomme de terre et crevette, relevée à merveille par une vinai-grette au café et à l’huile de sésame. Les viandes et poissons subissent le même sort : Christophe Beaufront prend des classiques qu’il revisite pour les rendre fi ns et complexes. En témoigne cette queue de bœuf qui s’accommode parfaitement d’une blanquette d’échalotes et d’endives. Ou ce dos de saumon rôti, accompagné de tagliatelles à l’encre de sèche et vinaigrette de soja. Enfi n, les gourmandises surprennent agréablement les yeux comme les papilles!: verre de chocolat crémeux légèrement parfumé au café, confi t de poivrons et de framboises! ; ananas à la coriandre et cho-colat jivara!; poire avec ses marrons confi ts agrémentée de glace au nougat, etc.

À EMPORTER, C’EST POSSIBLEL’ensemble est agréablement mis en valeur par une astucieuse carte de vins naturels issus de petits producteurs, carte qui ne comprend aucun bordeaux. Volonté du chef qui a pris le parti de faire découvrir à ses clients des choix nouveaux en excluant les vins «!avec lesquels on n’a pas de sur-prises!». La sympathique patronne Rufi ne,

qui a de la bouteille dans la gestion de bis-trots, pourra également vous guider dans le choix du verre ou du fl acon. Dans l’ensemble, l’accueil, la présen-tation et le service, certes un peu long, sont agréables et la décoration sobre et plaisante dans des tons chaleureux. Seul bémol, la petite taille de la pièce provoque une promiscuité et un brouhaha qui peuvent importuner les plus sensibles. À noter tout de même qu’est désormais disponible à l’étage une salle privative tout confort de quinze couverts, idéale pour un anniversaire ou un repas d’entreprise.Autre idée plaisante! : juste en face du restaurant, le «! cellier! » vend une large gamme de vins, mais surtout propose huit spécialités du chef à emporter, sur com-mande quarante huit heures à l’avance, à prix raisonnable.

À deux pas de la Butte-aux-Cailles, Christophe Beaufront, cuistot autodidacte et ancien chef des Bains-Douches, propose une appétissante cuisine du marché qu’il revisite façon haut de gamme grâce à son maniement expert des épices et des assaisonnements. Pas donné, mais honnête sur le rapport qualité/prix.

L’Avant-Goût

26, rue Bobillot - Réservations au 01.53.80.24.00

Fermé dimanche et lundi

Formule midi à 14,20!": soupe, plat du jour, verre

de vin, café - Menu soir entrée-plat-dessert"à 32!

À la carte": entrées et desserts à partir de 10!, plats

à partir de 18,50!

BISTRONOMIQUE !

Christophe Beaufront, un chef inspiré par ses voyages, les épices et la sculpture.

La salade pomme de terre crevette, relevée au café et au sésame.

Par Emmanuel SalloumPhotographies : Mathieu Génon

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ÉPISODE 3LES 3 DRAGONS

À LA DÉCOUVERTE DE CHINATOWN EN FAMILLE!!

JANG ET LES DRAGONS

Pour ce troisième et dernier épisode, Jang, un jeune habitant du 13e vous emmène à la recherche

des 3 grands Dragons du quartier. Saurez-vous trouver le bon ?

GAGNEZ DESTIME'S UP, DES BD,

DES ABONNEMENTS !

SPÉCIAL ENFANTS

Textes!et idée originale : Antoine Esbelin et Pierre Schneidermann (Association Envol’moi - www.envol-moi.org)— Illustrations et dessins!: Sarah Si Ahmed et Gladys Caristan

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Mars 2012 — www.le13dumois.frENFANTSSPÉCIAL

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Quand je répétai l’in-formation à Eugénie, elle s’exclama : - Mais oui, bien sûr ! Grand autel signi! e sûrement église. Quant au premier art, il s’agit de la peinture, donc de la fresque située sur la façade. Pas de temps à perdre, allons-y vite !Devant l’église Saint-Hyppolite, rue de Choisy, alors que nous contemplions la façade, le Dragon qui était peint dessus s’anima. Eugénie le voyait-elle aussi ? Instinctivement, Méli se rapprocha du Dragon. Une sorte de vortex se dessina sur la façade et Méli hésita. Manifestement, elle s’était un peu attachée au quartier chinois ! Je me surpris à m’entendre crier": «"Vas-y Méli ! Tes parents t’attendent"». Je ne sais pas si elle m’entendit. Mais quelques instants plus tard, elle avait disparu.Les jours suivants, je ne fus pas triste. J’étais soulagé que les choses reviennent à la normale. J’avais perdu Méli, mais découvert en échange, avec Eugénie, une véritable amie. Plus tard, Lao Lao m’informa que la police n’avait pas réussi à mettre la main sur Miss Trick. Quelque chose me dit que nous nous reverrons un jour...

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