L’Azilien d’Andorre peut-il tomber du ciel ?Approche d’influences diverses possibles pour la...

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L’Azilien d’Andorre est-il tombé du ciel ? Approche d’influences diverses possibles dans la formation de l’Épipaléolithique-Mésolithique au coeur des Pyrénées Michel Martzluff Valenti Turru Jean Guilaine Gérard Remolins Marcel Chevalier Earth Science Foundation Av. Príncep Benlloch 66, Dptx 407 AD 500 Andorra la Vella, Principality of Andorra Phone: 00376 321815 Fax. 00376 820323 Email: [email protected] http://www.igeotest.ad/igeofundacio/index.htm Fecebook: https://www.facebook.com/FundacioMarcelChevalier

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L’Azilien d’Andorre est-il tombé du ciel ?

Approche d’influences diverses possibles dans la formation de l’Épipaléolithique-Mésolithique au cœur des Pyrénées

Michel MartzluffValenti TurruJean GuilaineGérard Remolins

Marcel Chevalier  Earth Science FoundationAv. Príncep Benlloch 66, Dptx 407AD 500 Andorra la Vella,Principality of AndorraPhone: 00376 321815Fax. 00376 820323Email: [email protected]://www.igeotest.ad/igeofundacio/index.htmFecebook: https://www.facebook.com/FundacioMarcelChevalier

LA BALMA DE LA MARGINEDA AU SEIN DU BASSIN DE l’ÈBRE (RIO SEGRE) ET FACE AUX PRINCIPAUX SITES ÉPIPALÉOLITHIQUES COMPARABLES (BØLLING-ALLERØD à DRYAS III-PRÉBORÉAL)

Références proches pour un Azilioïde et/ou un Sauveterroïde précoces : Rhodes II, Guilanyà, Parco (?).Références bien plus lointaines : Abeurador, Poeymau, Atxoste, Anton-Koba, La Pila, entre autres.

Assemblages attribués à un Épimagdalénien d’Allerød : Moli del Salt, Troubat, Gazel.

Dans la monographie du site parue en 2004 pour les niveaux anciens, nous avons voulu fournir un référentiel utile aux chercheurs qui puisse servir, quelque soit la typologie employée et les interprétations circonstancielles que l’on en fait, sans avoir besoin de manipuler les collections, si ce n’est pour des vérifications ponctuelles. Or, le fait que cette base de données soit encore très peu utilisé pour les synthèses concernant l’Épipaléolithique du bassin de l’Èbre, voire de celui de la Garonne, nous a conduit à réfléchir sur cette question en tenant compte des particularités du site andorran : l’Azilien n’a pu se former en Andorre ex nihilo.

Remarque : « Azilien » et « Sauveterrien » anciens sont ici incontestables et similaire au développement connus dans les sites alpins, ceux du Massif Central ou de la Cordillère Cantabrique. Mais ils semblent peu compatibles

avec certains assemblages de leurs voisinage pyrénéen immédiat.

Pourquoi ?

Ce qui ne change pas jusqu’au Boréal

Pièces esquillées

Chasse au

bouquetin

Grattoirs nains et courts

Galets peints et gravés

Microlithes géométriqueshyper pygmées

Harpons plats en bois de cerf

Pointes à bord abattu

Phase sans harpons

Une première explication est sans doute l’emploi récurent de typologies imprécises (par exemple : «  pièces à dos ») pour analyser des cultures leptolithiques (« microlaminares ») qui, depuis le Tardiglaciaire, ne peuvent se différencier que grâce à des détail technologique fins (mode de débitage, supports véritablement lamellaires ou pas, microlithisme plus ou moins prononcé, usage de la troncature simple ou multiple pour réaliser les pointes : cf. vue de droite) ou encore par le style plus ou moins typique des armatures, particulièrement les lamelles à bord abattu (cf. vue de gauche pour des l.b.a peu typiques car larges, mal calibrées, voilées, etc., ou encore simplement bordées par une retouche peu profonde : égrisage de type Dufour).

Autre difficulté qui peut freiner la comparaison entre les industries : la typologie spéciale de quelques outils, en particulier des nombreuses pièces à bord abattu qui peuvent se rapporter à des usages difficiles à déterminer toutefois sans l’aide de la tracéologie. C’est le cas pour de minuscules couteaux à dos ou des pointes triédriques d’Andorre. Bon traceurs d’activités économiques spécialisées, ces outils originaux sont aussi de bons indices culturels lorsqu’ils sont décrits dans les publications.

Supports laminaires rares et plus ou moins bien maîtrisés au percuteur de grésdans la phase ancienne,mais rarissimes par la suite

Lamelletronquéeatypique

Racloirconvergeantalterne sur éclat à bord distal (fracture Siret)

Minuscules couteauxà dos sur bord abattu

Pointes triédriques ou dards de l’Azilien andorranÉgalement signalés dans l’Azilien d’Ariège par R. Simonnet

La variabilité typologique des pointes à bord abattu

Il s’agit d’un caractère très prononcé de l’Azilien andorran : au sein d’un groupe dominant de pointes fusiformes (type Valorgues ou Istres) existent d’autres types d’artefacts dont les dimensions, les matériaux et les supports utilisés, ainsi que les modes d’obtention, sont très fluctuants…Cette variabilité complique les comparaisons simples avec les autres assemblages aziloïdes issus des piémonts. Dans les montagnes, cet éclectisme est susceptible de pouvoir refléter des stations épisodiques de la part de différents groupes de chasseurs-collecteurs établis sur les deux versants de la chaîne. Malgré une sédimentation rapide à la Margineda, ces influx potentiels depuis le bassin de l’Èbre ou celui de la Garonne, voire depuis la façade méditerranéenne du Languedoc, sont difficilement appréciables en stratigraphie. Ils sont mieux déterminables en typologie, surtout par rapport à des ensembles bien connus d’Aquitaine (absence de grands segments et de pointes de Malaurie en Andorre par exemple).L’étude des sources de matières première, mais aussi des outils spéciaux, peut aider à mieux cerner ces passages sporadiques venus du sud ou du nord. C’est particulièrement le cas pour la couche 8 (à harpons) où l'influence septentrionale à partir du bassin de l’Ariège est indéniable et perturbe un peu les comparaisons avec le sud.

Dans la couche 8 de la B. M., l’emploi massif de laves acides (et du cristal de roche) fonctionne avec un débitage lamellaire de ces matériaux prismatiques par une technique d’encoche et coup latéral de type burin sur des éclats épais ou des débris (cf. vue des nucléus à droite). La croissance du débitage laminaire en C8 et 7 accompagne cet approvisionnement en laves (ainsi que celui des silexites), mais décroît fortement avec les quartzites, surtout dans la phase à géométriques hyper pygmées de C6. L’état des surfaces corticales montre que laves et cristaux ont été récoltées dans des éboulis près des gîtes. Bien qu’il existe des filons de laves acides en Andorre, y compris près de l’abri (aplite ?), l’essentiel de la rhyolite semble provenir des affleurements du Cadi en Cerdagne, mieux identifiés grâce aux fouilles de Montlleo. L’augmentation très forte de la Rhyolithe en couche 8 pourrait donc signaler des parcours plus suivis passant par la Cerdagne à l’Allerød et provenant d’Ariège, comme semblent l’indiquer les harpons, ces derniers étant fort rares hors de l’aire atlantique des rivières à saumon.

Les résultats des études géomorphologiques menées ces dernières années sur les zones englacées autour de l’Andorre après le LGM indiquent que le passage direct par les cols depuis la vallée de l’Ariège n’était guère possible pendant l’intervalle Bølling-Allerød, du moins d’après les témoins laissés par les phases froides à Dryas (cf. GS-2). Un trajet possible pouvait passer par la vallée de l’Oriège et vers le Pays de Sault, puis le Capcir et la Cerdagne, largement dépourvue d’englacement au Tardiglaciaire. Il est donc utile de croiser ces informations avec celles provenant de l’étude des matières premières et de la typologie.

GS-1

GS2-a

Gisements et filons de laves acides connus dans ce secteur des Pyrénées axiales (en violet) et parcours possible des aziliens d’Allerød vers la Margineda depuis l’Ariège (flèches) via le Pays de Sault, le Capcir et la Cerdagne. Pour mémoire : gisements magdalénien final de la Vache (début Bølling avec silex blond allochtone et nanisme des outils, grattoirs et pièces esquillées nombreux) et celui de Montlleo (phase ancienne où fut déjà employée la rhyolite du Cadi).