L’atosph e d te vdue, je lançai
Transcript of L’atosph e d te vdue, je lançai
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La boulimie du savoir
L’a e a ad i ue tou hait à sa fi , mais, il fallait encore compléter les
p og a es. C’est ai si ue je ep is le chemin du Burkina dans le cadre de mes
ou s à l’u ive sit Ouaga .
La joie d’app e d e
J’ ai et ouv des tudia ts p ess s de ou le l’a e et de se mesurer aux
de ie s devoi s. C’ tait aussi le début de
la saiso pluvieuse où l’hu idit et la boue pouvaient démotiver même les plus
assidus. D’ailleu s, u ati , faute d’avoi t ouv u e voitu e, j’ai dû braver la
poussière et l’o age ave a oto pou aller vociférer dans une classe, dont le toit
en tôle était devenu une véritable cymbale
sous le fracas de ces gouttes de pluies
tropicales. Je rentre en classe, le pantalon
et le sac mouillé, dans une salle
étonnamment comble. Une étudiante des
premiers bancs me dit : « Monsieur, il a
plu aujou d’hui ». Esquissant un petit
sourire et montrant du doigt mon sac je lui
répondis : « Et ’est visi le ».
L’at osph e d te due, je lançai
immédiatement les différents points à
étudier, ce jour-là. Les deux cours
concernaient les relations internationales
(RI) et le droit international public (DIP).
Nous avons évolué en crescendo avec des
jeunes désireux de comprendre, de se
former, de réfléchir sur le sens des
institutions, sur la marche du monde.
Insatiables, ils en voulaient toujours plus.
Le taux de présence aux cours a été
excellent à ma grande satisfaction. Bien
u’i te se et puisa te, ette a tivit ’a procuré beaucoup de plaisir et de
bonheur. J’ai même été honoré que
certains étudiants postulants pour des
concours internationau ’aie t p is comme personne de référence. Après les
examens et les délibérations, à la mi-
juillet, je suis parti en Côte D’Ivoi e où six
de nos jeunes séminaristes allaient
être ordonnés prêtres.
Comment va le monde ? Géopolitique !
L’a o da te moisson
La Cathédrale de Bouaké qui abritait la
célébration était pleine comme un œuf, le
samedi 13 juillet 2019. Une longue
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procession, rythmée par les tambours et
les chants des grands rendez-vous,
introduisit l’asse l e à ette esse d’i vestitu e sa erdotale. La joie qui
émanait des gestes et des cris se lisait
aussi sur les visages rayonnant de12
jeunes prêtres dont nos anciens six
séminaristes.
Prostration et consécration à Dieu
La moisson fut abondante ! L’ v ue Monseigneur Paul Awana, ordinairement
connu pour ses grandes exhortations et sa
volubile éloquence, a surpris, ce jour-là,
par sa sobriété et son sérieux, s’e te a t strictement aux rites prescrits.
Les jeu es p t es salue t l’asse l e
Les fid les ui ’o t pas eu de pla e à
l’i t ieu de la ath d ale ont glané
l’o e des a es ui peuple t l’i e se ou de l’Eglise. Une fois
ordonnés, les jeunes prêtres donnèrent
leurs bénédictions à tous, dans une
e plosio d’alléluia et d’a e . La fête fut
belle, la grâce du Seigneur tait à l’œuv e da s les œu s. Le lendemain dimanche
14, nos six jeunes prêtres ont célébré
ensemble leurs messes de prémisses dans
notre nouvelle paroisse, en présence du
Père Bertin Sanon, notre Supérieur
général et du Père Gilles Morin, Provincial
de France. Mais comme on le dit parfois :
les g a des joies s’a o pag e t souve t de grandes épreuves. La ie e ’allait pas tarder puisque la veille de notre retour
au Burkina Faso, nous avons été victimes
de a iolage. J’ai do pe du tout mon
matériel informatique (ordinateur,
tablette, téléphone, disque dur et l’a ge t pour mon séjour en Afrique.
Le Provincial de France retrouve ses
anciens fidèles de Bouaké
Une prison à ciel ouvert
Après le constat du vol, je flottais entre
deux mondes, celui de la cuisante réalité
et celui du déni. « Ce ’est pas possi le ! ».
Je me suis retrouvé les mains vides,
complètement dépouillé. Le Provincial de
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France me demanda : « Noël comment tu
fais pour tenir encore debout, à ta place je
Il faut se relever et continuer à marcher
serai anéanti ». Des années de travail qui
s’e vole t e fu et dans mes multiples
raisonnements, je serai allé jus u’à donner une prime au voleur pour
récupérer, ne serait- e u’u e pa tie de mes données. Je suis resté debout parce
que la vie a fait de moi un combattant et
ma foi a fait de moi un homme qui a
appris à ne compter que sur Dieu en toute
circonstance.
Faire de chaque épreuve une
opportunité !
Si le voleur savait uelles p ivatio s ’o t per is d’a u i e at iel de t avail ! s’il savait o ie de te ps o et à faire la fourmi ! J’ai eu al ais j’ai
éprouvé de la pitié pour le voleur, car,
j’esti e u’il est, lui, da s u e p iso à iel ouvert, ta t u’il e uitte pas es cloisons
de la tromperie. Et je me suis souvenu à
ai tes ep ises de e p ove e u’ai e nous citer ma mère. Elle dit ceci : « Celui
ui e fa te u voleu , ’a pas e o e enfanté ». Après cet épisode, je savais que
o s jou ’allait plus être un long fleuve
tranquille.
Ma nièce Regina, la plus jeune de la
famille
Alors que mes vacances à proprement
parlé allaient commencer, la galère
s’i vite et e pousse à ’adapte à la
situation. J’avais p vu d’alle au Sénégal
pour rencontre a petite sœu ue je ’ai pas vue depuis 8 a s. J’allais p ofite
de l’o asio pou fai e o aissa e avec
son mari et mes deux petits neveux. Ce
sera pour une autre fois ; le voleur en a
décidé autrement. Pourtant il me fallait
lâcher prise !
Le Lâcher prise
Pou e d te d e, j’ai eu la ha e de passer 15 jours « sans rien faire » à la
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maison auprès de maman. Les premiers
soirs, je me surprenais en train de me
dire « Tu ’as ie fait aujou d’hui ». Puis,
doucement, avec la famille et les amis, je
me suis « pardonné » d’ t e e va a es.
C’ tait t s ag a le, da s la si pli it du
quotidien, les échanges de regards quand
les mots ne suffisent plus.
Visite au a p d’ t des jeu es filles dans notre patro de Bobo
C’ tait aussi la saiso des arachides
fraiches particulièrement appréciées dans
la famille.
Visite aux enfants du Patro en plein jeux
On tenait donc la causette autou d’u ol d’a a hide qui se vidait sensiblement de
son contenu à mesure que le temps
passait. Autour de nous bruissaient les
enfants, naturellement absorbés par leurs
jeux et qui, de temps en temps, venaient
chercher « tonton » pou fai e l’a it e.
Ana (autre nièce) et son tonton
Je le faisais avec plaisir en observant
chacun de mes neveux et nièces et je
constate qu’ils o t uel ues t aits de os caractères. Comme quoi les lions ne
donnent pas naissance à des cabris. La
fa ille s’ag a dit et la nécessité de
logement se fait sentir. Alors, avec mes
f es et sœu s, ous avo s o e cé la
o st u tio d’u e aiso à la périphérie
de Bobo. Le chantier a démarré grâce aux
cotisations de chacun ! On espère pouvoir
le terminer un jour (le plus tôt possible).
Nous avons également profité de ma
présence pour célébrer le souvenir des 26
a s de l’e t e da s la Vie de ot e P e.
Notre Père qui est aux cieux
Oui, cela fait maintenant 26 ans que notre
Père est aux cieux. La commémoration de
et v e e t ouleve sa t s’est
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articulée autour de trois moments : la
veillée de prière, la messe, et le repas.
Veillée de prière pour papa
Nous tio s tous e fa ts ua d ela s’est produit et les conséquences ont été
tellement rudes que nous sommes murés
dans le silence. Nous avons voulu
commémorer notre père, sans en faire un
jour de tristesse.
F es et sœu !
Nous craignions tous pour maman, mais,
elle a été forte : Ce fut alors l’o asio de libérer la parole pour que les uns et les
autres extériorisent comment ils ont vécu
la déchirure. Ce fut un moment riche, un
moment de thérapie familiale. Aussitôt,
nous avons eu une pensée
particulièrement reconnaissante pour tous
ceux qui ont été présents pour nous
quand il le fallait. Nous avons évoqué nos
amis et bienfaiteurs dont le soutien nous a
été précieux.
La famille : lieu de ressourcement !
Nous rendons grâce à Dieu pour la fidélité
de sa Providence. Par ailleurs, à cette
réunion de famille, nous avons partagé
notre préoccupation au sujet de mon frère
Silvère (diplômé en comptabilité et
gestion) qui enseigne dans une école
située non loin de Dori, dans le nord du
Burkina, où sévissent les terroristes. La
dangerosité de la zone fait
u’a tuelle e t, il fl hit à u e
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possibilité de reconversion professionnelle
afin de quitter cette partie du territoire.
Mais comme pour beaucoup de jeunes, où
et comment trouver le fonds
d’i vestisse e t essai e ? Nous
cherchons des solutio s…
Les o ades de l’i s u it
La situation est tellement précaire que
l’i s u it a p ovo u u d pla e e t de populatio s. C’est ai si ue j’ai a ueilli dans la maison des étudiants une famille
de peuls spoliée (le père, la mère et trois
enfants), ayant fui les atrocités des
djihadistes.
Acquisition de meubles pour les
chambres
Quand ils ’e o t fait la de a de au
t l pho e, j’avais refusé, mais, lorsque je
me suis retrouvé devant les enfants, j’ai oublié mes réticences. Contraints de
partir, ils avaient tout laissé derrière eux ;
la peau sur les os, torturés par la faim, je
ne pouvais pas rester insensible, car nul
’est pou souff i autant. L’e t e pauvreté de cette famille était
indescriptible à tel point J’ai vité de les
prendre en photo, par respect.
Peinture, rideaux de la salle de séjour
J’ai po du à un appel de la dignité
humaine à laquelle je crois fermement.
Sa itai e et salle d’eau
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Je suis heureux de contribuer à la
reconstruction de cette famille inconnue.
Ma plus grande joie, ça été de voir le
retour du sourire sur leurs visages
initialement meurtris. C’ tait ag ifi ue !
Cet i p vu ’a e e à devoi fai e des travaux pour offrir des conditions plus
hospitalières. L’o de de joie s’est prolongée, car, une semaine avant la fin
de o s jou , j’ai eu la joie de recevoir
les parents de Flavien ve us d’Italie pou participer au mariage de leur fils avec
Nina, une jeune fille de Koubri.
Avec Flavien : « Qu’as-tu fais à mon
fils ? »
Les Noces
Le père de Flavien me demanda : « Qu’as-
tu fait à o fils, depuis u’il est ve u e Afrique avec toi, il a beaucoup évolué ».
Avec les parents de Flavien
En effet, Flavien était rentré en Afrique
avec moi en 2015 et ensemble, nous
avo s o st uit l’école de couture, et
l’ ole de Taa s ai si u’u fo age da s la ou de l’ ole. Pendant son séjour, il
rencontre Nina et une grande histoire
d’a ou s’ g era au fil du temps
jus u’au o es, ui o t t l es le 24 août de ie , alo s ue j’ tais d jà rentré à Paris pour raison de permis de
séjour. Heureux ménage au nouveau
couple.
HEUREUX MENAGE A FLAVIEN ET NINA
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C’est la rentrée !
La période de la rentrée est un moment de
grande espérance pour moi, car il faut
o ti ue à e vo e des e fa ts à l’ ole et accompagner ceux qui sont déjà inscrits
en vue de leur progression. C’est u ministère magnifique quand on regarde
les fruits, mais, assez gourmand en
énergie quand on regarde les exigences.
Mais, tant que le Seigneur me permettra,
il e faut pas s’a te .
C’est la e t e, ous off o s à os jeunes la ha e d’alle à l’ ole
Par ailleurs, notre rentrée pastorale à Paris
s’effe tue e dou eu . Les jeunes
séminaristes sont arrivés en provenance
de notre noviciat. Ils sont originaires de la
Côte d’Ivoi e, du Congo, du Burkina et du
Brésil et entament leurs études de
philosophie et de théologie. En ce qui me
concerne, cette année, je deviens titulaire
du cours de droit canonique chez les
Bernardins, et continuerai mes cours de
relations internationales à Ouagadougou.
Aussi, j’ai t o au t i u al ecclésiastique de Paris pour les questions
relatives au mariage.
Avec le recul, je pe se ue e ui ’est arrivé pendant mon séjour en Côte
d’Ivoi e ’i ite, d’u e e tai e faço , à
me renouveler intérieurement. C’est e u’il faut fai e ua d o a tout perdu.
Ainsi, je grandis sans vieillir, toujours en
me réinventant continuellement. Le
Seig eu e do e pa là l’o asio d’u e renaissance. Il pourvoira en tout point aux
nécessités de cette nouvelle genèse.
A plusieurs... On est meilleur !
Je do e à ha u de vous l’assu a e de mes prières et me recommande aux
vôtres. Le 19 septembre, Le Supérieur
G al ’e voie e issio au Bu ki a pour présider l’asse l e apitulaire qui
u i a tous les eligieu de l’Af i ue de l’Ouest en vue de notre chapitre général
qui aura lieu en mai 2020 au Canada. Je
confie ce grand rendez-vous à vos prières.
A tous, je souhaite une bonne reprise et
beaucoup de bonheur dans vos familles.
Dieu vous bénisse ! Père Noël NANA
Comment nous soutenir ?
Dons sans reçu fiscal : à NANA
BAOWENDSIDA NOEL
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(BIC) : AGRIFRPP891
Dons avec Reçu fiscal :
Pa h ue, à l’o d e de « APJ-SVP » et
envoyer à Père Noël NANA, 4, rue Fondary,
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