L’Art nouveau, un art total

Horta, L’Hôtel TasselVan de Velde, La Maison Blœmenwerf

Plan• L’Art nouveau en Europe

- Genèse de l’Art nouveau- Les principes de l’Art nouveau- Les différents centres Art nouveau en Europe- Les caractéristiques artistiques de l’Art nouveau

• Horta, l’Hôtel Tassel et Van de Velde, la Maison Blœmenwerf : des œuvres d’art total - Des réalisations Art nouveau - Horta : un nouveau langage plastique architectural - Des œuvres d’art total

Genèse de l’Art nouveau

L’Art nouveau s’est développé en Europe entre 1890 et 1910, autour de plusieurs centres.

- l’influence de la peinture symboliste. L’Art nouveau s’applique cependant principalement à l’architecture et aux arts décoratifs

- le précurseur : le mouvement Arts and Crafts. « Il est hors de doute que l’œuvre et l’influence de John Ruskin et William Morris ont été les graines qui ont fécondé notre esprit, qui ont réveillé notre activité et provoqué le renouvellement complet de l’ornementation et des formes de l’art décoratif ». Henry Van de Velde

- Viollet-le-Duc : la forme se déduit de la fonction. Importance de la décoration : elle « tient à l’édifice, non comme le vêtement, mais comme les muscles et la peau tiennent à l’homme ».

Papier peint de William Morris. Les motifs floraux et les lignes sinueuses annoncent l’Art nouveau.

Arthur Mackmurdo, frontispice du livre Wren’s City Churches, 1883.

Les principes de l’Art nouveau- le rejet du passé

- un art total, qui effectue la synthèse de tous les arts et les intègre au quotidien

- l’art pour tous, principe en lien avec l’essor du socialisme à la même période

Poignée de porte du Castel Béranger d’Hector Guimard

Broche femme papillon, René Lalique. Les créations de Lalique privilégient les motifs Art nouveau comme les plantes stylisées, les femmes à la longue chevelure, les insectes ou les serpents. Alliant l’utilisation nouvelle de l’or rehaussé d’émail, Lalique fit de la bijouterie un art à part entière.

Affiche de Mucha

Les différents centres Art nouveau en Europe

En France :

Hector Guimard, Louis Majorelle, René Lalique, Emile Gallé, les frères Daum

La grille du Castel Béranger à Paris (1894-1898) montre un dessin à tendance florale, stylisé à l’extrême, asymétrique et dynamique.

En Espagne :

Antonio Gaudi

La Casa Battlo (1905-1906) à Barcelone s’appuie sur la tradition catalane pleine de surcharges, d’exubérance et de symbolisme et sur l’esprit rationaliste de Viollet-le-Duc.

Bureau de Louis Majorelle. Maître ébéniste, Majorelle aimait souligner les angles de ses meubles par des bronzes dorés représentant des nénuphars ou des orchidées.

À Vienne :

Otto Wagner, Joseph Hoffmann

En Grande-Bretagne:

École de Glasgow : Charles Rennie Mackintosh

Les caractéristiques stylistiques de l’Art nouveau

Papier peint de William Morris présentant des motifs d’artichauts.

La femme et la fleur sont deux thèmes centraux de l’Art nouveau, ils inspirent des lignes ondoyantes et organiques.

L’exubérance s’allie à l’élégance des lignes.

Les nouveaux matériaux s’introduisent dans le quotidien :

le fer et le verre.

L’Hôtel Tassel de Horta et la Maison Blœmenwerf

de Van de Velde, des œuvres d’art total

Victor Horta et l’Hôtel TasselAu cours de ses études à Paris, il découvre l’utilisation du verre et de l’acier en architecture. Ses recherches sur le langage plastique appliqué à l’architecture aboutissent à l’élaboration de l’hôtel Tassel en 1893 à Bruxelles, une réalisation sur mesure au regard des aspirations du commanditaire Emile Tassel.

L’entrée très lumineuse correspond au désir d’Emile Tassel d’en faire un studio photographique. Horta a associé l’éclairage naturel du puit de lumière à l’éclairage artificiel permis par les appliques.

Façade de l’hôtel Tassel à Bruxelles

Hall d’entrée de l’hôtel Tassel

Henry Van de Velde et la maison BlœmenwerfLa maison Blœmenwerf se situe à Uccle, dans la banlieue de Bruxelles. C’est la propre maison de l’architecte.

La façade du Blœmenwerf est témoin de l’influence anglaise de Van de Velde, mais l’intérieur de la maison montre la vision de l’Art nouveau de l’architecte.

Des réalisations Art nouveauL’hôtel Tassel est témoin du goût Art nouveau pour la ligne courbe et les motifs végétaux.

Le motif de la ligne se retrouve chez Van de Velde, principalement dans son mobilier, mais il ne prend pas la même forme : les lignes sont plus épurées, moins exubérantes que celles imaginées par Horta.

Le hall d’entrée de l’hôtel Tassel : une multitude de lignes courbes. La référence au monde animal et végétal est omniprésente : les appliques semblent sortir du mur comme des serpents, et les murs sont recouverts de peintures de vignes vierges.

Les matériaux nouveaux utilisés par l’Art nouveau se retrouvent chez Horta, qui mélange dans tout l’hôtel le fer et le verre, particulièrement en façade.Un tel mélange ne se retrouve pas chez Van de Velde, dont la façade a une allure moins moderne.

Horta : un nouveau langage plastique architectural

Introduction du fer dans tout le bâtimentLe fer est déjà présent sur la façade, et il s’introduit également à l’intérieur de l’édifice de par les systèmes d’assemblages et les rivetages qui restent apparents.

Renouvellement du planLe plan n’est plus organisé selon un corridor et une enfilade de pièces, mais autour de l’escalier, qui tient une place centrale et qui constitue un trait d’union entre toutes les pièces de la maison.

La façade de l’hôtel Tassel est surmonté par la présence discrète d’une poutre métallique.

Les éléments métalliques se fondent avec les autres matériaux

Horta dut faire face à un problème : l’étroitesse des parcelles constructibles à Bruxelles obligeait l’architecte à agrandir l’intérieur des bâtiments par des moyens artificiels. Horta installa alors une grande verrière et des miroirs se faisant face, pour élargir l’espace à l’infini.

Des œuvres d’art total

Horta et Van de Velde ont tous les deux réalisé l’ensemble du mobilier de leur maison.

Poignée de porte de la maison Tassel. Chaque élément est pensé par rapport à l’ensemble de la maison.

Chez Horta, les rapports entre la structure, les matériaux et l’ornement sont articulés. Le mélange de la forme et de la fonction est total, tandis que dans les réalisations de Van de Velde, la fonction prime sur la décoration.

Horta et Van de Velde sont à la fois ingénieurs, décorateurs, ensembliers et décoristes, faisant de leurs réalisations architecturales de véritables œuvres d’art total.

Ensemble mobilier et assiette réalisés par Van de Velde. Ces deux éléments présentent le même motif courbe.

L’hôtel Tassel a scandalisé l’opinion publique, mais a attiré des architectes et des décorateurs de toute l’Europe un an après sa réalisation. Horta a continué et fait aboutir ses recherches sur le langage architectural dans l’hôtel Solvay (Bruxelles), un nouvel exemple de synthèse des arts. Pourtant, après 1900, Horta revient à une architecture aux références classiques, il va même jusqu’à s’en prendre aux innovateurs des années 20.

En 1901-1902, Van de Velde s’installe à Weimar à la demande du grand-duc de Saxe-Weimar pour « relever le niveau de production des industries d’art ». Il y fonde en 1908 l’École des arts décoratifs, et choisit l’architecte Gropius pour lui succéder en 1919 et continuer l’œuvre qui sera désormais celle du Bauhaus.

Le bilan ambigu de l’Art nouveauLe projet esthétique et social de l’Art nouveau, l’art pour tout et pour tous, n’a été qu’en partie réalisé. En suivant à la lettre le premier principe, les architectes décorateurs n’ont pas pu suivre le second. L’Art nouveau s’avère en effet avoir été le fait de créateurs isolés, ayant maintenu la tradition d’un artisanat de qualité.

Mais l’Art nouveau marque toutefois le passage de l’art-artisanat à l’art industrie, et Van de Velde incarne cette transition en ouvrant la voie au Bauhaus.