L'Art magique du maître verrier; The UNESCO courier:...

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UNE FENÊTRE OUVERTE SUR LE MONDE ÍL m I L'ART MAGIQUE DU MAITRE VERRIER *<*V MARS 1960 (13- année) France : 0,70 NF. Belgique : 1 0 f r. Suisse : 0,75 fr.

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UNE FENÊTRE OUVERTE SUR LE MONDE

ÍLm I

L'ART

MAGIQUE

DU MAITRE

VERRIER

*<*V

MARS

1960

(13- année)

France : 0,70 NF.

Belgique : 1 0 f r.Suisse : 0,75 fr.

Photo © Unesco

LES CHEFS-D'iUVRE DE L'ART A LA PORTÉE DE TOUS. Diffuser la connaissance des Auvres d'art qui consti¬

tuent le patrimoine commun de l'humanité est un des buts principaux de I'Unesco. Les diapositives en couleurs se sont révé¬lées d'une grande utilité dans la réalisation de ce programme. Voici (en noir et blanc), reproduite par ce procédé, unepeinture des grottes d'Ajanta, dans l'Inde, représentant une nymphe céleste jouant des cymbales, Ve siècle. (Voir page 23.)

Le Courrier

'UNESCO'

<£CMIVi¿x

MARS 1960

XIIIe ANNÉE

Sommai re

N"3Pages

NOTRE COUVERTURE

La Tchécoslovaquie occupe

une place de choix parmi les

pays qui ont contribué à

perfectionner l'art magiquedu maître verrier. Cette

Industrie séculaire est re¬

nommée à la fols pour la

beauté plastique de ses

produits et les multiples

utilisations pratiques qu'elle

a su donner au verre, (v. p. 14).

Photo Jan Lucas

4 LES CHASSEURS DE SON, GRANDE FAMILLE

internationale, par Jean Thévenot

6 NAISSANCE D'UN POUSSIN

un amateur a enregistré le toc-toc d'un nouveau-né

I I L'ÉCOLE AFFICHE COMPLET

pour un enfant sur deux, par Léo Fernig

14 L'ART MAGIQUE DU MAITRE VERRIER

le verre tchécoslovaque, par Indrich Santar

22 JE PLEURE, DONC JE SUIS

larmes, bâillements et rires, par Ritchie Calder

23 LES CHEFS-D' A LA PORTÉE DE TOUS

les séries Unesco de diapositives en couleurs

26 CHOLEM ALEIKHEM

a fait entrer le yiddish dans la littérature, par Joseph Leftwich

31 LATITUDES ET LONGITUDES

nouvelles de I'Unesco et d'ailleurs

33 LE RECENSEMENT AGRICOLE MONDIAL

une entreprise sans précédent

34 NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT

Mensuel publié par :L'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Scienceet la Culture

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MC 60-I-H5F

Expression « chasseur de son » (en

allemand « Tonjäger », en anglais'« Sound Hunter »), qui est aujourd'hui d'un usage univer¬sel dans ces trois langues et dans quelques autres encore,ne disait rien à personne il n'y a pas si longtemps. Pourune bonne raison c'est qu'elle désigne les amateurs del'enregistrement sonore et que cet amateurisme est relati¬vement récent. Du moins dans les formes qu'on lui connaîtaujourd'hui et qui, seules, peuvent justifier un tel vocable.Car, en fait, la pratique de l'enregistrement à titre indivi¬duel et privé est aussi vieille que le phonographe. A l'ori¬gine, même, il n'y avait pas d'autre sorte d'enregistrementque celui-là. Il n'y avait que des amateurs.

Dès 1878, l'année même où il donna à construire à sonassistant, John Kruesi, la première machine parlante, Edi¬son assigna au phonographe un « programme en dixpoints », ainsi rédigé en style télégraphique :

1. Lettres et toutes sortes de dictées sans le secours d'un

sténographe. 2. Livres parlants pour les aveugles. 3.Enseignement oral. 4. Reproduction de la musique.

5. Archives familiales (souvenirs divers et dernières parolesdes. mourants). 6. Tabatières et jouets sonores. 7. Hor¬loges indiquant d'une voix claire quand il est temps d'allerà la maison, de préparer les repas, etc. 8. Conservationdu bon accent des langues. 9. Utilisations pédago¬giques. 10. Fixation des conversations téléphoniques.

En somme, l'imagination fertile d'Edison avait toutprévu, sauf l'essentiel, du but actuel de la technique del'enregistrement sonore !

Cette apparente erreur du prophète s'explique par lefait qu'en ce temps-là, faute d'un procédé de duplicatage(pourtant conçu par Charles Cros dès 1877), il n'était ques¬tion ni d'éditions phonographiques (ou magnétiques) à demultiples exemplaires, ni encore de diffusions radio¬phoniques ou télévisuelles. Le premier phonographe àcylindre, de papier d'étain ou d'argent d'abord, de cireensuite, était tour à tour enregistreur et reproducteur.On avait son appareil à soi.-chez soi. On gravait soi-mêmequelque chose, pour le réécouter ou le faire écouter auxamis et connaissances.

Le Courrier de l'Unesco. Mari I960

En 1880, Bismarck enregistre le chant d'étudiants« Gaudeamus igitur ».

En 1889, à l'Académie des Beaux-Arts, à Paris, CharlesGounod enregistre: « Il pleut, bergère... ».

La même armée, l'ingénieur Gustave Eiffel, le construc¬teur de la Tour, reçoit en cadeau d'Edison un phonogra¬phe « dernier modèle ». Il en fera pendant longtemps sonjouet favori. Chaque fois qu'il a des invités, il les prie dedéposer dans la cire une dédicace sonore. Et c'est ainsiqu'aujourd'hui nous pouvons entendre des galopins, deve¬nus entre temps d'importants personnages de la Répu¬blique, raconter leur partie de cerceau aux Tuileries unjour quelconque de 1891, ou de doctes parlementaires évo¬quer, en 1898, la catastrophe que représenterait l'emploides ballons dans la guerre alors imminente entre l'Espagneet les Etats-Unis.

En 1896, l'un des pionniers français de l'enregistrement,Horace Hurm, décide d'apprendre « phonographique-ment » le hautbois, c'est-à-dire en s'enregistrant et ens'écoutant sur son appareil à rouleaux. Car s'écouter, c'estse critiquer et se critiquer, c'est se corriger. En 1901, ilobtient un premier prix (dehautbois, précisément) au Conser¬vatoire National de Paris. En suite

de quoi, il imagine de professerla musique par correspondancesonore, avec « devoirs » et « cor¬rigés » pareillement enregistrés.

Au début du siècle, les frèresPathé créent le « Pathépost »,appareil à petits disques et nonplus à cylindres, permettant d'en¬registrer et de « lire » chez soides « lettres phonographiques ».Miracle ! s'écrie-t-on. Mainte¬

nant, on peut correspondre sanssavoir ni lire ni écrire : il suffitde n'être ni sourd ni muet !

Les personnes privées faisanttel ou tel usage purement person¬nel du phonographe seront lé¬gion, jusqu'à ce que le disque tiréindustriellement vienne tout bou¬leverser et incite chacun à relé¬

guer au grenier son appareil àcylindre (ou son « Pathépost »),considéré dès lors comme unevieillerie.

L'enregistrement professionnelprend définitivement corps. L'en¬registrement d'amateur est éclip¬sé. Pour qu'il réapparaisse, ilfaudra une somme de travaux di¬

vers et ingénieux qui présententcette singularité probablementsans équivalent de n'avoir conduità des progrès décisifs qu'à partirdu moment où ils ont renoué avec

les formules initiales entre tempsabandonnées !

Vers 1930, est mis au point ledisque à enregistrement direct,dit « souple », qui, de nouveau,permet d'effectuer des gravuresà un seul exemplaire, pouvantêtre écoutées immédiatement

comme du temps du premier cylindre, et, désormais, d'unegrande fidélité. Mais, ce nouveau procédé est d'un emploidélicat. Il exige, en plus d'un tour de main en quelquesorte professionnel, un minimum de connaissances tech¬niques. Et les « graveurs à domicile » sont assez peu nom¬breux.

L'amateurisme de l'enregistrement sonore ne prendraun essor vraiment appréciable qu'avec la commercialisa¬tion du magnétophone, à fil d'abord, puis à bande, etc'est cela qui est relativement récent.

Mais, en un peu plus de dix ans seulement, un chemina été parcouru qui n'est même pas comparable à celuides soixante-dix années précédentes.

Maintenant, la pratique de l'enregistrement individuelest tout à fait entrée dans les m S'il n'est pasrépandu dans les mêmes proportions selon les pays, lemagnétophone est présent partout et tend à devenir aussiusuel que l'appareil de photo. Et l'évolution continue. Lemagnétophone autonome, désormais à transistors, donc de

Photo Thomson-Houston

LE TRANSISTOR a permis de construire un magnéto¬phone autonome, délivrant le chasseur de son de l'encom¬brant « fil à la. patte » (branchement sur le secteur).L'amateur peut ainsi enregistrer n'importe où, n'importequand. Cette photo représente une phase de la fabrica¬tion des transistors (étirage du cristal de germanium).

poids et d'encombrement réduits, a délivré le chasseur deson du fameux « fil à la patte » (du branchement sur lecourant du secteur). Il peut enregistrer n'importe où,n'importe quand. L'enregistrement d'amateur en stéréo¬phonie fait son apparition. Et, demain, ce sera le tour desimages magnétiques.

Les usagers du magnétophone ne sont pas tous des« amateurs ». Utiliser au bureau une machine à dicter

n'engage pas plus dans la voie des arts et techniquessonores que, dans la voie littéraire, l'emploi d'une machineà écrire ou d'un taille-crayon mécanique. Et les amateursne sont pas tous des « chasseurs de son » au sens strictdu mot, c'est-à-dire qu'ils ne passent pas leur temps parmonts et par vaux, appareil d'enregistrement au poing, àla manière des « chasseurs d'images » professionnels dufilm documentaire ou d'actualités.

Mais, par rapport aux professionnels du son, Ils méri¬tent bien leur nom en ce que leur vie ne consiste pas àse rendre chaque jour en un lieu déterminé pour yman micros et bandes de 9 heures à midi et de

14 à 18 heures, avec l'obligation d'un certain rendement.Pour eux, nulle obligation. Ils n'enregistrent que durantleurs loisirs, pour leur plaisir, comme bon leur semble, sans

compter leur temps, quand uneoccasion se présente. Si le virusles habite, ils sont à l'affût,justement, des bonnes occasions,tout comme le chasseur de lapins,de tigres ou de papillons. Et ilsuffit de cette disposition d'espritpour qu'ils soient « chasseurs deson », même s'ils ne font jamaissortir leur micro de chez eux.

En fait, qu'en est-il ? Dansquelles voies les amateurs sesont-ils engagés ? Quels résultatsont-ils obtenus ? Que peut-onattendre d'eux ?

La réponse à ces questions, quisemblent simples, est évidemmentcomplexe. Elle ne saurait être lamême selon les pays et les épo¬ques, pas plus que selon lesclasses sociales, alors qu'il y a deschasseurs de son dans tous lesmilieux.

Pour ne prendre que le cas dela France qui est, semble-t-il, uncas moyen, et pour autant que lesamateurs qui y ont été récenséssont représentatifs de l'ensemble,une évolution presque toujoursidentique a pu être observée,simultanément, déterminée partrois facteurs temporels distincts.

Outre que les lois de la grandepassion éphémère s'appliquent aumagnétophone aussi bien qu'àautre chose, l'âge auquel onl'aborde joue un rôle considérable.Combien voit-on, par exemple,de jeunes gens de vingt ans oumoins s'emballer pour l'enregis¬trement, faire équipe à plusieurspour réaliser ensemble ce qui eûtété impossible dans l'isolement,puis tout abandonner lors de leur

mariage et y revenir après quelques années ! Inversement,ceux qui se mettent à l'enregistrement plus tardivementsont moins enthousiastes au départ, mais restent plusstables. A cet égard, d'ailleurs, les sondages sont réconfor¬tants qui, depuis plusieurs années et dans de nombreuxpays, situent la moyenne d'âge des chasseurs de son à35 ans.

D'autre part, l'état de la technique au moment où l'ondébute entre en ligne de compte. Il est bien évident quele difficile matériel de gravure d'il y a vingt-cinq ans etl'imparfait enregistreur sur fil d'il y a quinze ans étaientmoins tentants que le magnétophone d'aujourd'hui,simple, maniable, fidèle.

Enfin, l'usage que l'amateur fait de son appareil suit,au cours des années, une courbe à peu près constante,mis à part le cas particulier de la correspondance sonore(surtout l'internationale) :

SUITE PAGE 8

CHASSEURS DE SON (suite)

UN AMATEUR A ENREGISTRÉ

LE TOC-TOC DU NOUVEAU-NÉL'enregistrement des aspects sonores de la vie d'unauf de poule avant et pendant l'éclosion est l'undes plus étonnants qui aient jamais été réalisés. Ilest l'Tuvre d'un Français, Joseph-Maurice Bourot,maître de recherches au Centre National de la

Recherche Scientifique, Poitiers, « chasseur deson » amateur. D'abord on entend battre le crur

du poussin dans l'euf. Mais il est encore trop faiblepour le briser; il ne réussit qu'à le fêler. Dès lors

on entend aussi sa respiration. Enfin, le poussin seremet à « piocher », avec succès. Et comme l'enre¬gistreur fonctionnait en pleine amplification, cesimple bris de coquille d'ruf fait l'effet d'une explo¬sion. Les photos de cette double page pourraient« doubler » l'enregistrement. Elles ont été prisespar R.H. Noailles et ont paru dans « Un Oiseau estné », remarquable petit livre pour enfants réalisépar l'Atelier du Père Castor (Flammarion).

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En haut, l'6uf au 16e et au 18e jour.

Ci-contre, au 21e jour, le poussin

brise la coquille, applique d'abord

son diamant à la paroi et le presse

jusqu'à ce qu'un trou étoile perce la

coque. Il recommence plusieurs fois,

perçant deux, trois, quatre trous.

De proche en proche il allonge la

fente et finit par découper un pan¬neau. Alors, rassemblant ses forces,

le poussin se dresse et se tend,

dans un immense effort pour naître.

(Voir aussi page 36.)

Photos © R.H. Noailles,Paris, reproduction interdite

Le Courrier de l'Unesco. Mars 1960

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LE POUSSIN S'EXTRAIT DE LA COQUE BRISÉE, MAIS S'AFFAISSE, A BOUT DE FORCES

MOINS D'UNE HEURE PLUS TARD, L'TIL BRILLANT, IL EST DEJA FERME SUR SES PATTES

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CHASSEURS DE SON (Suite;

Les trois stades de l'amateur :

1° Album de famille

2° Rien ne lui fait peur3° Patience, spécialisation

Premier stade, l'album de famille : les gazouillis et lespremiers mots de bébé, les aboiements du chien, la pre¬mière communion d'Henriette, le mariage de Jules. Et,parce que ces enregistrements leur rappellent des souve¬nirs communs, les membres de la famille les réécoutentavec ravissement ou hilarité, tandis que les gens de l'exté¬rieur, neuf fois sur dix, n'y trouvent que de désespérantesplatitudes.

Deuxième stade (le plus dangereux) , l'amateur a désor¬mais son appareil bien en main, il sait faire une balancede prise de son, un mixage, un montage : il se sent devenirprofessionnel. Il se gave de chorales et de jeunes chan¬teurs à la guitare, de grandes orgues en général et deBach en particulier. Il écrit, interprète, sonorise des fres¬ques littéraires, théâtrales ou musicales monumentales. Ilse lance dans le recording et la musique concrète. Puis,il constate qu'il n'est tout de même pas un professionnel,que sauf exception il ne dispose pas des mêmesmoyens et que cette imitation des gens de métier risquede ne lui procurer que des déceptions, que c'est là, pourlui, une voie sans issue. A moins qu'il ne passe carrémentau professionnalisme et cesse donc d'être un amateur.

Troisième acte. Ayant compris par l'apprentissage etl'expérience que sa véritable voie est dans ce que lesprofessionnels ne font pas, parce qu'ils ne peuvent pas lefaire, l'amateur commence l'exploration de son domainepropre : instantané, documentaire, expériences sonores.S'il faut se relever à trois heures du matin pour, capterun certain rossignol, s'il faut guetter deux heures durantle retour bruyant de l'ivrogne du quartier, s'il faut atten¬dre jusqu'à l'année suivante un « bel » orage et poursuivrependant trois ou quatre ans une recherche inédite, lui

Photo World Tape Pals. Inc., Dallas

Il y a sept ans environ, un imprimeur des Etats-Unis fonda laWorld Tape Pals (Association des amateurs d'enregistre¬ments) dans le but de favoriser l'échange d'enregistrementsentre les amateurs de différents pays. Voici Steve Veenker,dirigeant de la section W.T.P. juniors, et son équipement.

8

Photo P. Guérin, Ste-Savine (Aube)

Les enfants, eux aussi, tiennent leur place parmi les chasseursde son. A l'école de Chanteloup-Sainte-Savine, dans l'Aube,des amateurs ont interviewé devant le micro leurs camarades

de classe et leurs parents sur un sujet d'actualité : Noël.

seul peut y prétendre : il a le temps, rien ne le presse,il n'a de comptes à rendre à aucun patron, ses enregis¬trements n'ont pas à être rentables, il est libre d'espritet de mouvements.

On a plaisir à constater que nombreux déjà sont lesamateurs parvenus à ce troisième stade et à qui l'on doitmême beaucoup.

D'abord, dans la prise de son pure et simple, il y aceux qui savent trouver la chose rare ou pittoresque, quiont du flair et de la fantaisie.

" O sole mio " à la pompe à bicyclette

Parmi les enregistrements de cette catégorie, on peutciter : « le Tiger rag interprété par une fanfarepaysanne du Valais ; le merle normand sifflant

« Avril au Portugal »; les mainates, ou merles mandarinsdu Tonkin, parlant avec l'accent niçois ; les 1.200 trom¬bones jouant ensemble, réunis en congrès à Bâle ; lebruit du gel d'un lac suisse ; un mariage à l'Ecole desBeaux-Arts de Paris, avec accompagnement de la fan¬fare du même nom ; les fêtes religieuses, aux accentsde kermesse, des grands rassemblements gitans ; CadetRousselle chanté en un français sans défaut par lestrès jeunes élèves d'une école de Moscou ; 1' « Avare »,de Molière, joué en un français très coloré par les grandsélèves de la High School de Minneapolis ; les récitationstoujours étonnantes des guides de monuments historiques;les témoignages de pionniers de l'aviation et de Mme Blé-riot sur la première traversée aérienne de la Manche ;le récit des naufrages d'Eric de Bishop par un de sescompagnons ; les souvenirs de gardiens de prison sur leursdétenus célèbres.

On peut y ranger aussi la discussion avec un agent dela circulation en train de verbaliser ; les enfants débat¬tant librement entre eux des satellites artificiels ; lesséances d'intronisation dans les confréries de buveurs devin ; les impressions à chaud d'un néophyte du vol enplaneur ; la demande en mariage envoyée sur disque (eten style cow-boy ! ) au futur beau-père ; les multiples« oui » enregistrés à la mairie ou à l'église ; la professionde foi de l'évêque ermite et orthodoxe de la forêt bre¬tonne ayant rétabli les rites celtiques du premier siècle ;les multiples interviews de centenaires dues au « RallyeMagnétophones » organisé en France en 1958 ; les « paro¬les volées » de toute sorte et autres supercheries (avec,généralement, aveu du forfait après coup) ; les comptinesprises sur le vif par les instituteurs utilisant le magné¬tophone à l'école.

Il y a également les multiples Instruments de musiquebizarres ou précieux, retrouvés dans les caves, les gre¬niers ou lesTnusées inconnus ; la petite fille espagnole detrois ans chantant avec une voix de stentor devant unfronton de pelote basque, au milieu d'une foule en délire ;le gai tonnelier célébrant le vin en s'accompagnant àcoups de maillet sur ses tonneaux ; les « Joyeux Bigopho-nistes Fertois » ( le bigophone a ses adeptes) ; « O solemio », interprété à la pompe à bicyclette ; les rossignolsmélomanes du Kent, captés par un jardinier poète etmaître preneur de son, et couronnés en Grande-Bretagne« l'enregistrement de l'année », en 1959.

A cette liste hétéroclite, à la fois bien longue et tropcourte, il faut encore ajouter les quelques enregistrementsd'inédits de la musique, découverts par des chasseurs deson ayant en quelque sorte une âme de détectives de laculture, et les innombrables enregistrements de folklorequi auront ou bien fixé in extremis des traditions en voiede disparition ou bien contribué à leur rendre leur an¬cienne vitalité.

Il est à noter aussi que bien des vedettes d'aujourd'hui(du théâtre, du cinéma, de la chanson, etc.) ont étéenregistrées une premiere fois, alors qu'elles étaienttotalement inconnues, par des amateurs et que nombreux,maintenant, sont les artistes possédant un magnéto¬phone et s'en servant soit pour essayer leurs compositions(Francis Lemarque a ébauché « Mon copain d'Pékin »sur son magnétophone autonome, dans le train de retourde Pékin), soit pour répéter leurs interprétations, soitencore pour se laisser aller, au cours de réunions fami¬liales ou amicales, à des fantaisies en marge de leurregistre habituel. Et tout ceci fait autant de documentspour l'Histoire ou la petite histoire.

Enfin, n'oublions pas que le premier enregistrementd'un accouchement qui ait été effectué en radio (RTF,1951) était le fait d'un amateur, le mari et père des deux« interprètes ».

Pour n'avoir jamais été rassemblées, les archives sonoresprivées ne sont généralement pas appréciées à leur justevaleur. Mais, on peut affirmer sans crainte d'erreur quecette valeur est considérable du point de vue ethnogra¬phique, sociologique, politique, artistique, scientifique,culturel, autant que du point de vue anecdotique. Ce quin'est d'ailleurs que normal puisque le potentiel de prisede son des amateurs dépasse, et de loin, celui des diversorganismes professionnels.

L'apport de l'amateurisme est important aussi quandle chasseur de son se fait homme de laboratoire.

Plusieurs amateurs, par exemple, ont fait des travauxtrès poussés en matière d'amplification et ont obtenudes résultats remarquables. Qu'il suffise d'en citer trois.

Le Courrier de l'Unesco. Mars 1960

Photos P. Guéri n, Ste-Savine (Aube)

Le magnétophone est un outil qui s'introduit dans toutes lesécoles. Il permet de s'exprimer, de faire connaître ses pensées.Voici des écolières de l'île de La Réunion enregistrant unmessage à l'intention des camarades de l'autre bout du monde.

Voici, à l'école de Sainte-Savine, le « responsable » de l'enre¬gistrement, rôle délicat qu'il a tenu à la satisfaction généralepuisque le reportage a été diffusé par la R.T..F., dans l'émis¬sion réservée aux chasseurs de son « Aux Quatre Vents ».

Au prix de quatre mois de préparation et de cent heuresde réalisation, M. Roger-Paul Besançon, représentant enpierres et pignons d'horlogerie, un Suisse naturellement,a réussi à isoler les divers éléments d'une montre et àporter le bruit de chacun d'eux au niveau sonore d'unatelier de mécanique !

Une jeune Bretonne, Mlle Yanne Evenou, qui a, il estvrai, de qui tenir, son père étant positivement un fana¬tique du magnétophone, a rendu audible un « repas »de fourmis.

Enfin, un scientifique, M. Joseph-Maurice Bourot, asuccessivement révélé les bruits qui se produisent à l'in¬térieur d'un tas de bois mort, apparemment silencieux, etles aspects sonores de la vie interne d'un de pouleavant l'éclosion.

Ce dernier enregistrement est certainement l'un des plusétonnants qui aient jamais été réalisés. D'abord, on entendbattre le coeur du poussin dans l'tuf. Puis, le poussin, avecson bec, frappe contre la coquille. Mais 11 est encore tropfaible pour la briser ; il ne réussit qu'à la fêler. Dès lors,on entend aussi sa respiration. Enfin, le poussin se remetà « piocher ». Avec succès. Et, comme l'enregistreur fonc¬tionnait en pleine amplification, ce simple bris de coquilled'oeuf éclate comme l'explosion de Bikini !

Ils ont fait chanter les chiens

Au « document sonore » s'ajoute encore 1' « expériencesonore ». M. J.-M. Bourot en a plusieurs à son actif,dont la plus importante a consisté à faire passer une

même boucle de bande cinq cent mille fois sur la mêmetête de lecture, ce qui a démontré que la bande est prati¬quement inusable, du moins du fait de l'audition.

Cette expérience a aussi apporté la preuve de l'extra¬ordinaire patience dont sont capables les amateurs. Etqui est fréquente. Exemple, le fameux enregistrement des« chiens chanteurs », si parfait que beaucoup d'auditeursont cru et croient encore, quoi qu'on ait dit qu'undresseur particulièrement habile a réussi à faire chanterdes chiens, alors qu'il s'agit d'un montage, note par note,d'enregistrements de divers aboiements de plusieurschiens !

Patience aussi, les « montages farces » faisant dire àdes gens des phrases qu'ils n'ont jamais prononcées.

Mais, puisque, simultanément, je suis, du point de vuede la technique, un amateur de l'enregistrement, puis-jeme permettre de me citer également, ' à propos d'uneentreprise personnelle qui ne pouvait se concevoir que

SUITE AU VERSO

CHASSEURS DE SON (Suite)

Prix de stéréophonie :un curé de campagne

dans les perspectives du magnétophone à la maison.Chaque année, à peu près à la même date, depuis six ans,j'enregistre chacune de mes deux filles lisant la pagesuivante d'un livre. Je continuerai encore pendant unedizaine d'années. Puis, je mettrai ces tronçons de bandebout à bout et j'aurai ainsi, dans un récit continu, lefilm sonore de l'évolution de chacune des deux voix, dechacune des deux individualités, depuis la petite enfance.

Si une part appréciable du riche patrimoine de l'enre¬gistrement d'amateur est connue, c'est parce que leschasseurs de son se manifestent dans les programmes deradio. Et, sans doute, est-ce également ce seul fait qui lesa plus vite et plus sûrement orientés vers ce troisièmestade de maturité, auquel certains maintenant accèdentmême d'emblée. Etre diffusé par la radio aux quatrevents constitue une manière de petite gloire, mais aussiune épreuve, sévère et fructueuse. Il suffit de s'entendreet de connaître les impressions de quelques-uns de ceuxqui vous ont entendu pour comprendre en quoi on perdson temps et celui des autres, ce qu'on doit éviter.

Le signal de départ, en cette affaire, a été donné par laRTF, le 9 février 1948. Ce jour-là, je croyais me livrer àune fantaisie sans lendemain en transférant à la consom¬

mation publique quelques disques gravés à domicile pourl'usage interne. Je jouais à l'apprenti sorcier. L'émissiond'un jour a fait boule de neige et dure depuis douze ans.Des programmes analogues sont nés sur d'autres antennes.Dans de nombreux pays, les amateurs se sont groupés enassociations et les associations en une Fédération Inter¬nationale des Chasseurs de Son (FICS). Des publicationsspécialisées ont été créées, dont certaines ont acquis uneautorité considérable, telles la « Revue du Son » françaiseet le « Tape-Recording and Hi-Fi Magazine » britannique.Un Concours International du Meilleur EnregistrementSonore (CIMES) a été organisé, dont le jury a tenu sa

dernière session récemment, à Londres, écoutant des enre¬gistrements en provenance de dix-huit pays différents (etdes cinq continents) et décernant des prix substantiels àdes lauréats qui n'ont plus rien à envier aux meilleurs pro¬fessionnels, dont un prix de la stéréophonie à un modestecuré de campagne bourguignon, déjà parvenu, avec unemaîtrise éblouissante, à cette étape avancée de la tech¬nique.

Bon nombre des enregistrements exemplaires cités plushaut ont été primés au CIMES. Quelques-uns ont même étéédités en disques de commerce (« Instantanés et truquagessonores », La Voix de son Maître 7 EMF 86 ; « Chasseurs deson », Pathé ST 1096). Le simple « hobby » est largementdépassé. Certaines associations de chasseurs de son appor¬tent leur concours à la Croix-Rouge Internationale ou àd'autres organismes de bienfaisance, enregistrant parexemple pour les aveugles. La FICS entretient des rela¬tions suivies avec l'Unesco, en tant qu'organisation inter¬nationale non gouvernementale reconnue, et entame unecoopération dont le premier acte consistera vraisembla¬blement à lui fournir les éléments d'une « banque debruits enregistrés ». L'un des membres fondateurs de laFICS, le Centre International Scolaire de CorrespondanceSonore (CISCS) organise entre les écoles et les enfants dequelque vingt-cinq pays des échanges réguliers dont l'in¬térêt pédagogique et humain est évident et permet d'af¬firmer que le v�u du poète tend à devenir de moins enmoins chimérique. Ce n'est plus « Si » mais « Quand tousles gars du monde... »

Enfin, de même que les militaires se recrutent chez lescivils, on voit de plus en plus souvent des professionnelsde la radio, du disque, de l'industrie radio-électrique etélectronique sortir des rangs de l'amateurisme. Ainsi, Ste¬fan Kudelski, le brillant constructeur de l'un des premiers(en date et en qualité) magnétophones autonomes dumonde.

Ai-je besoin de dire que ceci ne signifie nullement quel'amateurisme soit en train de périr de ses propres progrès.Bien au contraire. Il continue. Il se développe. Il prospère.

Mais, à moins d'un siècle de distance, nous voilà déjàbien plus loin qu'il n'était prévisible du phonographe consi¬déré comme une curiosité scientifique ou un joujou desalon.

"Quanti tous les écoliers du monde99

L'intérêt de la correspondance sonore entre écoliersde tous pays est évident. Mais, la lettre sonore,si vivante et si efficace, souffre un peu des délais

de sa transmission postale. Aussi, la RadiodiffusionTélévision Française, qui n'a pas cessé d'encourageret d'aider pratiquement le vaste mouvement de l'enre¬gistrement d'amateur, spécialement dans ses activitésscolaires, a décidé d'organiser un multiplex internationalen radiodiffusion directe, qui, pour une fois, donnera àquelques-uns de ces enfants déjà reliés par la bandemagnétique la possibilité de communiquer sans délaiet d'échanger non seulement les propos que leur inspi¬rera cette circonstance, mais aussi des instantanéssonores typiques de la vie de leur école ou de leur pays.

Ce multiplex a été fixé au jeudi 24 mars, qui est à lafois un jour de fête enfantine dans de nombreux pays

la Mi-Carême et le jour de la saint Gabriel, reconnuaussi comme le patron des télécommunications.

Dans les limites numériques imposées par un pro¬gramme d'une heure et par les possibilités matérielles deconnexions multiples simultanées, doivent participer aumultiplex des enfants et des enseignants des pays sui¬vants : Canada, Etats-Unis, Japon, Pologne, URSS,la France se manifestant elle-même en deux points fortéloignés l'un de l'autre : Paris et Saint-Denis de la Réu¬nion. En outre, de brefs messages enregistrés spéciale¬ment pour la circonstance seront diffusés, provenant duCameroun, de Curaçao et de la Tasmanie, pays qui,

malgré leur désir, ne pouvaient techniquement partici¬per aux liaisons directes.

L'émission, qui a été inscrite dans les programmes deFrance II, de 16 à 17 heures, heure française (de 15 à16 heures, GMT) est intitulée : « Quand tous les écoliersdu monde... », par référence à : « Si tous les gars dumonde... » et pour souligner que le vsu du poète, désor¬mais, grâce à la Radio, n'est plus chimérique. Produc¬tion et présentation : Pierre Guérin et Jean Thévenot.Réalisation : Yves Darriet.

Toute la correspondance relative au Centre Interna¬tional Scolaire de Correspondance Sonore (C.I.S.C.S.)doit être adressée à M. P. Guérin, E.P.A. Chanteloup,Sainte-Savine (Aube).

Le secrétaire général de la Fédération Internationaledes Chasseurs de Son est le docteur Jan Mees, LangeLeemstraat 247, Anvers, Belgique.

Pour la France, s'adresser à l'Association Françaisepour le Développement de l'Enregistrement et de la Repro¬duction Sonores, 16, place Vendôme, Paris-1Gr.

Pour la Belgique : « Chasseurs de Son », Maison desArts, 147, Chaussée de Haecht, Bruxelles III.

Pour la Suisse : Association Suisse des Chasseurs

de Son, Case postale 1251, Berne-Transit.

L'adresse de l'Association Internationale World TapePals Inc., est : P.O. Box 9211, Dallas, Texas, U.S.A.Celle de World Tape Pals-Europe est 38, avenue Pierre-Ier-de-Serbie, Paris-8". France.

I0

Le Courrier de I'Unesco. Mari 1960

L existe aujourd'hui dans le monde quelque 550 mil¬lions d'enfants âgés de cinq à quatorze ans. Trois centsmillions d'entre eux vont à l'école. Le reste 250

millions de garçons et de filles ne peuvent s'y ren¬dre, faute de salles de classe et de maîtres, et il fau-,drait au minimum 90 milliards de dollars pourremédier à cette situation. Un crédit supplémentaire

de 10 milliards de dollars serait également nécessaire chaque annéepour maintenir les nouvelles écoles en fonctionnement.

Les effets économiques sociaux et individuels de ce man¬que d'écoles sont bien connus. Le progrès économique et socialdépend de l'éducation. Dans le monde entier, on n'a pas encoreatteint un équilibre satisfaisant entre les programmes sociaux quiaident à préserver la vie et les programmes dont le but est d'amé¬liorer les conditions de l'existence. L'éducation constitue l'un des

éléments majeurs de ces derniers, et l'on doit lutter sans cessepour rattraper et dépasser l'accroissement constant de la popula¬tion. Vers 1950," 56 % environ de là population adulte du mondesavait lire et écrire, mais ";8 % seulement des enfants allaient àl'école. Ainsi le nombre des futurs analphabètes semblait devoiraugmenter. Grâce à de lourds sacrifices, on a réussi, en cinq ans,à porter à 55 % la proportion des enfants qui suivent des cours.Pourtant cette augmentation ne suffira pas pour assurer une géné¬ration future plus instruite que la précédente.

En Amérique latine, les autorités compétentes accordent la prio¬rité à l'enseignement primaire et à l'enseignement professionnel.Bien que certains de ces pays ne soient pas en retard, la régionconsidérée dans sor. ensemble a un taux d'analphabétisme élevé etl'instruction primaire n'y est pas donnée largement. Les régionsrurales sont les plus défavorisées. L'International CooperationAdministration (I.C.A.) et l'Unesco se sont toutes deux attachéespendant les dernières années à contribuer à la solution de ce pro¬blème des écoles rurales. Dans son projet majeur pour l'Amériquelatine, l'Unesco a plus particulièrement porté son attention surla formation de maîtres, meilleurs et plus nombreux. Mais jus¬qu'ici les efforts accomplis n'ont pas été à la mesure de l'ampleurdu problème.

L'enseignement technique et professionnel a fait de sérieux pro¬grès dans un grand nombre de pays, particulièrement en Argen¬tine et au Brésil, et cette action a été soutenue par les milieuxindustriels. Mais, dans la plus grande partie de cette région, l'en¬seignement agricole et ménager et, d'une manière générale, la for¬mation professionnelle laissent beaucoup à désirer. Sur les deuxmillions de Latino-américains qui poursuivent des études après

Pour

un

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sur deux

l'école

affiche

"complet"par Léo R. Femig

du Département de l'Éducation de l'Unesco

Photo Unesco-Pimol

Ecole de Nong-Karn, Thaïlande.

l'école primaire, 70 % vont dans des collèges ; le reste ne reçoitque très rarement un complément d'éducation valable pourl'exploitation et la mise en valeur des campagnes.

Au Moyen-Orient, le problème numéro un est celui que posentles réfugiés arabes de Palestine. Ici, l'Office de secours et de tra¬vaux des Nations Unies (U.N.R.W.A.) assure, avec la coopérationde l'Unesco, l'instruction de quelque 120 000 enfants de réfugiés,moyennant 50 dollars par enfant et par année. Tous les enfantsde réfugiés en âge de fréquenter l'école primaire y vont en cemoment. Mais il y a urgence à étendre ce programme, surtoutdans le domaine de l'enseignement technique et professionnel. Eneffet, on ne dispose à l'heure actuelle que de deux centres de for¬mation professionnelle pouvant recevoir 500 étudiants au total.Dans les pays de cette région eux-mêmes, l'enseignement techni¬que et professionnel est considéré comme un problème prioritaire.Dans certains secteurs du Moyen-Orient, où un système scolaireofficiel commence à prendre forme, il est nécessaire que l'éduca¬tion primaire s'étende considérablement.

Dans l'Asie du Sud-Est, où les Etats à forte population et ayantrécemment accédé à l'indépendance sont les plus nombreux, l'at¬tention se concentre sur des problèmes analogues à ceux de l'Amé¬rique latine, mais pour des raisons différentes. L'expansion del'enseignement primaire y est tout aussi nécessaire, surtout dansles régions rurales où continue de vivre plus de 90 % de lapopulation. Il importe ensuite que les programmes d'enseignementsecondaire y soient renouvelés, de manière que la préparation à lavie pratique l'emporte sur la préparation aux professions libérales.

Des progrès remarquables ont déjà été obtenus par les gouver¬nements dans le sens d'une amélioration de cet enseignement dusecond degré, et la Fondation Ford a concentré une bonne partde ces efforts sur cet aspect du problème. Mais, pour se faire uneidée de l'ampleur de celui-ci, il n'y a qu'à considérer, par exem¬ple, le cas de l'Inde. Malgré dix années d'action continue pourtransformer l'enseignement par trop livresque donné jusqu'à présentdans les collèges en une formation de portée pratique, on prévoitqu'en 1960, 1 187 établissements seulement sur les 20 000 quifonctionnent actuellement auront pu être réformés ; et ceprogramme ne comporte même pas la création de nouvelles écolespour répondre aux besoins d'une population qui ne cesse d'aug-

SUITE AU VERSO

L'école affiche

" complet " (Suite)

menter. Quant à l'autre priorité, celle d'un enseignement primaireuniversel, les besoins sont encore plus grands si l'on songe aunombre d'enfants à instruire.

Un troisième problème se pose dans cette région très peuplée, àl'aube de l'industrialisation, c'est l'absence d'entreprises de natureà équiper les écoles en matériel pédagogique : papier, meubles, etc.Il ne saurait être question, tant que l'on ne disposera pas de cesfournitures essentielles, de trouver les fonds nécessaires à l'impor¬tation d'un équipement plus perfectionné, tel que des appareils deradio et de projection, que l'on utilise pourtant couramment dansles écoles des pays occidentaux. En parlant des besoins des paysd'Asie dans ce domaine, je n'oublie certes pas qu'ils existent aussiailleurs, notamment au Moyen-Orient et en Afrique.

Dans les nouveaux Etats, le développement de l'enseignementsupérieur apparaît indispensable si l'on veut doter ces paysdes élites qui leur sont nécessaires. L'enseignement secondairegénéral ou professionnel devra être organisé sur une grandeéchelle du moment que l'on cherche à obtenir un accroissementsensible de la productivité et du bien-être, et si l'on veut assurerun nombre suffisant d'étudiants aux établissements d'enseignementsupérieur. A l'heure actuelle, les écoles secondaires n'absorbentque 2 % des enfants qui ont reçu un enseignement primaire alorsqu'aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en France, le pourcen¬tage oscille entre 30 et 40.

Dire que l'enseignement supérieur ou l'enseignement primaireobligatoire constituent un besoin urgent n'explique pas en quoiconsiste réellement ce besoin. Il faut donc passer en revue lesprincipaux éléments d'un enseignement courant : l'élève, la salle declasse, le maître, enfin le système scolaire pris dans son ensemble.

Les quatre éléments : l'élève,la classe, le maître, le système

D'ABORD, les élèves : ils sont assez nombreux. Mais on nepeut pas obtenir un enseignement efficace en disposantseulement des locaux et des maîtres dont ces élèves ont

besoin. Il faut se rappeler que, dans les pays sous-développés, lapauvreté et la mauvaise alimentation accompagnent l'analphabé¬tisme. Le fonctionnement de services sociaux même élémentaires

est indispensable pour encourager les enfants à fréquenter l'écoleet pour leur permettre de profiter de l'enseignement qui leur estdonné. Même aux Etats-Unis, le School Lunch Programme estconsidéré comme partie intégrante du système scolaire.

Vient ensuite l'établissement scolaire bâtiments, équipementet fournitures. Chacun sait que les constructions coûtent cherde 4 millions de dollars pour un établissement d'enseignement supé¬rieur à 500 ou 750 000 dollars pour un lycée ou un collège et à100 000 dollars au moins pour une école primaire. C'est à ce degréélémentaire que les prix de revient varient le plus, si bien que,dans certaines régions sous-développées, on a réussi à ouvrir desécoles ayant coûté chacune de 500 à 1 000 dollars.

Un programme de construction doit comporter des prévisionsbudgétaires soigneusement établies - et des dépenses progressives,d'autant plus qu'au coût de la construction viennent s'ajouter desfrais d'entretien pour chaque nouvelle école. L'expérience aprouvé en Afrique tropicale que l'on risquait, en prévoyant desdépenses trop lourdes pour l'économie d'une région, d'être obligéde reporter d'une année à l'autre la réalisation de certains projets,pourtant indispensables. On n'a souvent qu'une connaissance insuf¬fisante du coût des constructions scolaires à prix modérés et de larésistance des matériaux locaux. Des recherches à ce sujet pour¬raient permettre des économies substantielles.

Enfin, il ne faut pas oublier qu'il ne saurait y avoir de systèmescolaire efficace sans matériel d'enseignement et que la productionde ce matériel est d'une urgente nécessité, au moins dans une régiondu monde. Les frais qu'entraînent la production des manuels etla fabrication des meubles sont trop variables pour que l'on puissefixer des normes précises. Pourtant l'expérience faite par l'Unescoen Corée pour la préparation des livres de classe, l'aide de la Fon¬dation Ford à la Birmanie et la production de matériel scienti¬fique élémentaire en Inde prouvent que ces problèmes peuventêtre résolus au niveau national si les fonds nécessaires sont dis¬

ponibles. Quant à l'équipement dont l'enseignement professionnelne saurait se passer, sa fabrication sur le plan local n'est pas unesolution, et les frais d'importation élevés qu'ils nécessitent expli¬quent le retard que l'on constate dans cette branche de l'éducation.

Outre les élèves et les bâtiments, les maîtres font défaut. C'estpeut-être là le besoin essentiel. La formation des instituteurs et

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des professeurs constitue, certes, la partie « investissement » detout budget de l'éducation, mais elle est coûteuse, la majorité desélèves-maîtres devant être aidés pendant leurs études. La prépa¬ration en nombre suffisant de maîtres de l'enseignement primairerural et de professeurs de l'enseignement secondaire général ouprofessionnel pose de grands problèmes, qui doivent cependantpouvoir être résolus dans une large mesure grâce à l'établissementde plans de développement. Il ne s'agit pas seulement ici de créerde nouvelles écoles normales ou d'améliorer celles qui existentdéjà ; il faut encore prévoir des crédits suffisants pour maintenirces écoles à un niveau satisfaisant de fréquentation.

Enfin, l'amélioration du système scolaire pris dans son ensem¬ble y compris l'administration, les services de planification et derecherche pédagogique préoccupe tous les pays du monde. Cen'est que très récemment, par exemple, que le gouvernement desEtats-Unis a commencé à libérer des crédits au profit de la recher¬che en matière d'éducation. Et pourtant, de telles études ont déjàdans ce pays un passé long et riche. Sur la plus grande partie dela planète, et principalement dans les régions dont il est surtoutquestion dans cet article, la recherche systématique constitue lameilleure des méthodes pour résoudre à long terme les problèmesauxquels il faut faire face.

Les difficultés sont nombreuses : manque de personnel ou defonds pourries facultés spécialisées dans l'étude des problèmes del'éducation, manque d'intérêt du public pour ces activités. La pré¬paration des administrateurs, des planificateurs et des chercheursa été jusqu'à présent assurée, dans presque tous ces pays, en

I'Unesco.

Ecole primaire de Bâle, Suisse.

envoyant à grands frais des étudiants en Amérique du Nord eten Europe. Bien que ces études à l'étranger soient fort utiles, iln'en faudra probablement pas moins prendre d'une manière pro¬gressive des dispositions sur le plan régional, puis à l'échellenationale pour assurer,, sur .place-.la* formation d'un nombresuffisamment.'' éleyé de spécialistes,' hommes' et femmes. L'aspectinstitutionnel des travaux dans ce domaine, notamment en ce quiconcerne les .centres -de documentation et" d'ihïonnation pédagogi¬que, a été reconnue lorsque les Etats-Unis ont fondé, en 1867, leurOffice of Education. Il semble qué la création d'institutions decette nature soit aujourd'hui très désirée dans les Etats qui ontobtenu récemment leur indépendance.

Le programme actuel de l'Unesco montre comment des ressour¬ces peuvent être utilisées sur le plan international pour satisfaireà des besoins nationaux. A l'heure actuelle, l'Organisation donnequelque assistance, en matière d'éducation, à un grand nombrede ses Etats membres d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Cetteaide a pour but d'améliorer l'enseignement à tous les degrés :supérieur, secondaire (professionnel ou général) et primaire. Elleporte avant tout sur l'élaboration des plans de développement dessystèmes d'éducation nationaux et sur la formation du personnelenseignant. Les fonds affectés à l'envoi de matériel d'équipementscolaire sont négligeables.

Chacun des projets à la réalisation desquels l'Unesco apporteainsi son concours, que ce soit à l'échelon régional ou dans lecadre national, pourrait prendre beaucoup plus d'importance si lessommes nécessaires étaient disponibles.

Photo © Paul Merkle, Bâle

L'article précédent est tiré de la« Chronique de I'Unesco », bulletinqui donne tous les mois un aperçudes activités de l'Organisation.On trouve dans chaque numéro :trois ou quatre articles de fond surle programme et les réalisations deI'Unesco, des informations commu¬

niquées par le Secrétariat et parles Commissions nationales pourI'Unesco, un compte rendu des

publications les plus récentes (ouvrages et périodiques) del'Organisation, des nouvelles des associations internationalesqui travaillent en collaboration avec elle, enfin un calendrierdes conférences et stages d'études qui ont lieu sur l'initiativede I'Unesco ou avec son concours. La « Chronique de I'Unes¬co » est publiée depuis 1955 en anglais, en espagnol et enfrançais. Prix de l'abonnement annuel : 5 NF; $ 1.75; 10/6.Le numéro : 0,50 NF; $ 0,20; 1/-.

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par Indrich SantarLaureat du Prix national Klement Gottwald, Auteur de la présentationde l'Exposition du verre tchécoslovaque organisée à Moscou

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UN PARQUET

DE VERRE est

posé par des spé¬cialistes avant l'i¬

nauguration de la

grande exposi¬

tion historique etmoderne du verre

tchécoslovaqueorganisée, à Mos¬

cou. L'expositionfut d'une impor¬tance sans précé¬dent dans ce do¬

maine. La gravu¬re sur bois du

XVIe siècle repro-duite sur la page

opposée montreun colporteur

portant un lourdassortiment de

produits de ver¬rerie de Bohême.

Photo Jan Lukas

Ä*.

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Le Courrier de I'Unesco. Mars 1960

Reproduit de « 5.000 ans d'art du verre », par Jaroslav R. Vavra, publié par Orbii, Prague, 1953

F UL ne sait exactement où ni quand l'homme1 découvrit l'art de fabriquer le verre. L'his-p torien romain Pline l'Ancien attribuait cette

découverte aux Phéniciens, mais on a tendance, aujour¬d'hui, à la faire remonter bien au-delà.

La plus ancienne pièce de verre égyptienne à laquelleait pu être appliquée une date certaine porte le car¬touche d'Aménophis (qui régna de 1551 à 1526 av.J.-C), et les perles de verre provenant des fouilles pra¬tiquées à Ur (2450 av. J.-C.) laissent penser que cettefabrication a pu avoir son origine en Mésopotamie oumême plus au nord.

Fait curieux, le verre ordinaire est généralement fabri¬qué, de nos jours, à l'aide des mêmes éléments que lorsde sa découverte : sable, chaux et carbonate de sodiumou de potassium, mélangés dans des proportions qui sontà peu près les mêmes qu'il y a peut-être quatre mille ans.Il n'en est pas de même, évidemment, des techniques,les verriers d'aujourd'hui fabriquant différents types deverre appropriés aux innombrables usages qu'en fait lavie contemporaine.

La Tchécoslovaquie occupe une place de choix parmi

les pays qui ont contribué à perfectionner l'art magiquedu verrier. La grande exposition du verre tchécos¬lovaque qui a été organisée à Moscou a éloqusmmentprouvé l'excellence d'une industrie séculaire renomméeà la fois pour la beauté expressive de ses produits etpour les multiples utilisations pratiques qu'elle a sudonner au verre, tant en médecine et en architecture

que pour la photographie, la cinematographic, la radio¬diffusion et la télévision, ainsi que dans de nombreuxdomaines de la recherche et de la technologie.

Cette exposition a été non seulement la plus vastedans l'histoire de l'industrie du verre tchécoslovaque,mais probablement aussi la plus importante qui aitjamais été consacrée exclusivement à cette matière dansle monde entier. Elle a simultanément mis en valeur les

extraordinaires méthodes actuellement employées dansla fabrication du verre et retracé de façon vivante l'his¬toire de la verrerie tchécoslovaque.

L'histoire des maîtres verriers de Tchécoslovaquieremonte à de nombreux siècles. Des études archéologi¬ques et historiques ont montré que le verre était déjàfabriqué quelque deux cents ans av. J.-C. sur le terri¬toire de l'actuelle Tchécoslovaquie, alors habité par des

SUITE PAGE 16

LA RENOMMEE MONDIALE

DU "CRISTAL DE BOHÊME"L'ART MAGIQUE

Suite

tribus celtes. La fabrication du verre semble avoir péri¬clité dans les premiers siècles qui suivirent l'établisse¬ment des Slaves dans le pays et n'avoir repris que versle IXe ou Xe siècle, période à laquelle s'est constitué lepremier Etat tchèque.

Les anciennes chroniques et les objets de ces périodesmontrent que le travail du verre était bien développédans les fabriques de céramique des forêts de la Moravieméridionale, notamment à Gradiska et à Mikulcic. Desfouilles ont permis de mettre au jour des pièces de ver¬rerie slovaque telles que colliers, bagues, amulettes, etc.

La fabrication du verre sur le territoire tchèque apris un vif essor au XIVe siècle, sous le règne de Char¬les IV, roi de Bohême et empereur du Saint-Empireromain germanique. Certaines des pièces de verrerie quisubsistent de cette époque sont uniques : services decristal, grandes quantités de bijoux, d'ornements et d'us¬tensiles à l'usage des apothicaires et alchimistes. L'artde combiner le verre coloré et la peinture dans lesvitraux d'église atteignit en Bohême un très haut degréde perfection.

Reproduit de « Le verre en Tchécoslova¬quie », publié par SNTL, Prague, I95S

En 1458, Enea Silvio de Piccolomini écrivait dans son

Histoire de la Bohême : « Je soutiens que de montemps nulle église d'aucun royaume d'Europe n'a d'aussibelles et somptueuses fenêtres que les églises du royaumede Bohême où, dans les villes, dans les bourgs et jusquedans les petits villages, la lumière filtre à travers dehautes et larges baies de verre transparent décoré avecart. »

La soif de luxe, de magnificence et d'ostentation quicaractérise le régime féodal donna un grand essor auxarts artisanaux et notamment, en Bohême, au travail du

verre. Ce développement fut tel qu'il existait au XVIesiècle 34 verreries sur le territoire de ce qui constitueaujourd'hui la Bohême et la Moravie. Plus tard, ellescommencèrent à se spécialiser dans la fabrication dedifférents types de verre, et les vieux artisans tchèquessurent donner à leurs produits cette distinction qui lesrendit célèbres dans le monde entier.

Ils fabriquèrent toutes sortes de verres présentant cha¬cun des qualités particulières, notamment celui qui, unefois soigneusement taillé et poli, avait l'éclat du dia¬

mant et dont la renommée s'étendit

au loin sous le nom de « cristal de

Bohême ». Les délicates pièces deverrerie des maîtres tchèques prirentune place très importante dans lesexportations du pays et commencè¬rent même à rivaliser avec les

des célèbres artisans vénitiens.

Le journal d'un marchand del'époque, un certain Kreibich, nousapprend que celui-ci fit trentevoyages dans' autant de pays, four¬nissant en verrerie le tsar de Russie

et le sultan de Turquie, portant laproduction des artisans tchèques jus¬qu'à Londres, à Stockholm et àRome, vendant enfin ses marchan¬

dises jusqu'en Amérique et en Afri¬que...

Après la guerre de Trente Ans(1618-1648), la verrerie tchèqueévinça finalement du marché la ver¬rerie vénitienne.

La crise provoquée par les guerresnapoléoniennes et le blocus continen¬tal, ainsi que la multiplication desverreries dans plusieurs pays d'Eu¬rope, entravèrent le développementde l'industrie tchèque du verre, dont

(SUITE PAGE 20)

LES TAILLEURS ET LES GRAVEURS de

travaillant sur la matière première four¬nie par les verreries tchèques, ont conquis unerenommée mondiale. A gauche, un verre decristal gravé selon le dessin de l'artiste J. Kotik.A droite, des verriers tchèques au travail.

16

Le Courrier de I'Unesco. Mars 1960

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MAITRISE DU VERRIER

TALENT DE L'ARTISTE

Le développement de la production du verre et la découvertecontinuelle de nouvelles utilisations constituent une partie

intégrante de l'histoire tchécoslovaque. Il y a des siècles, leshabitants de ce qui forme aujourd'hui la Tchécoslovaquieappelaient le verre « le plus précieux joyau du pays » et lenom de « verre de Bohême » est devenu une indication de qua¬

lité plutôt que d'origine. Depuis une époque reculée, le talentde l'artiste et la maîtrise du verrier ont fourni conjointement

des buvres de haute qualité, telles que celles représentées ici.A droite, carafe de cristal gravée (Bohême du Nord, 1875) etverre style Rococo avec monogramme taillé (Bohême, envi¬ron 1750). Tout à fait à droite, verre à boire du XIV siècle décou¬vert dans une maison du Vieux Prague. Ci-dessous, de ma¬

gnifiques produits des maîtres verriers tchèques modernes.

Reproduit de « Le verre en Tchécoslovaquie », publiépar SNTL Prague, 1958

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18

Le Courrier de l'Unesco. Mars 1960

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L'ART MAGIQUEDU MAITRE VERRIER

(Suite)

Des personnages de tout genreprennent des formes gracieuses etamusantes grâce au talent de leurcréateur, le Professeur Brychta, undes meilleurs artistes tchèques.

Photo CTK, Prague

la renaissance ne put se produire qu'après 1920.

Pour tenter de s'imposer sur le marché mondial etde porter le volume de leurs exportations à un niveausupérieur à celui d'avant la guerre, les fabricants tchè¬ques s'efforcèrent de s'adapter aux goûts et aux modesdes étrangers. Telle est l'une des raisons qui firent per¬dre à la verrerie tchèque l'originalité caractéristique"àlaquelle elle avait-dû autrefois tant de célébrité. *

r1ETTE valeur esthétique de la verrerie tchèquefut toutefois préservée par une poignée d'ar¬

tistes éminents qui purent en dehors du circuitcommercial. Parmi ceux-ci figurèrent des artistes pleinsd'enthousiasme comme le professeur Jaroslav Brychta

qui luttèrent contre la conception étroitement commer¬ciale de l'industrie du verre en Tchécoslovaquie.

Sous l'occupation nazie, pendant la deuxième guerremondiale, l'industrie du verre tchécoslovaque subit delourdes pertes : la plupart des marchés étrangers luiéchappèrent et de nombreuses fabriques furent trans¬formées en vue de la production d'armements. Cettebranche traditionnelle de l'économie tchèque ne futsauvée que par la nationalisation de l'industrie après lalibération de la Tchécoslovaquie, et grâce au concoursde toup les travailleurs de cette industrie.

L'industrie moderne du verre en Tchécoslovaquie estcaractérisée par la très grande diversité de la produc¬tion. Les verreries du pays produisent quelque 300 000articles différents : cristal taillé lourd ou fin, verrecoloré ou peint, la célèbre verroterie tchèque (les fabri¬ques de Jablonec sortent chaque année 7 000 nouveauxmodèles de bijoux fantaisie), verre industriel, verre deconstruction, etc.

Parmi les nouveaux articles dont la fabrication se

développe rapidement en Tchécoslovaquie, on peut citerles gaines de verre pour fils électriques, conduits d'eau,etc., la mousse de verre (nouvelle matière isolante), les

dalles de verre pour le revêtement des murs, la mosaï¬que de construction et la mosaïque d'art.

Deux usines de Karlovy Vary fabriquent du verreincassable ; du¡ verre contenant un grand nombre d'ad¬ditifs chimiques est employé pour la fabrication dematériel sanitaire et dentaire et d'appareils de labora¬toire, ainsi que pour une grande variété d'articles telsque flacons, lames de microscopes, ampoules élec¬triques, etc.

La fabrication de garnitures de verre pour appareilsd'éclairage de tous types constitue une branche impor¬tante de là verrerie. Un grand nombre de lustres, clas¬siques ou modernes, décorés d'éléments en verre, sontexportés dans toutes les parties du monde. C'est ainsique des lustres tchécoslovaques viennent d'être installésdans le nouveau palais du Parlement turc, à Ankara.

L'exposition de Moscou a montré de nombreuses varié¬tés de verre en illustrant les usages auxquels elles sontemployées, mais ce n'est là qu'une faible partie desapplications que cette matière peut recevoir, notammentdans l'industrie et la construction. Avec des types deverre spéciaux, des fibres de verre ou des fibres laminées(ces dernières étant collées ensemble à l'aide de matiè¬res plastiques), il est possible de fabriquer des pan¬neaux, des escaliers, des dalles de revêtement, desconduits, du matériel sanitaire, enfin des meubles et destentures.

I ombre de minoteries et de laiteries tchécoslo-

[ vaques ont été dotées de matériel de verre,qui s'est révélé plus pratique que les autres matières.

Célèbre aujourd'hui dans le monde entier, la verrerietchécoslovaque est importée dans 120 pays, et le peupletchécoslovaque peut être fier de la valeur des artistes etdes artisans dont la technique et l'imagination saventtirer de si belles du sable, de la soude et de lachaux.

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Le Courrier de l'Unesco. Mars 1960

Tiré de « Le Verre en Tchécoslovaquie », publié par SNTL, Prague, I 958

Gros plan d'un motif gravé sur un verre de Bohême par Caspar Lehman, graveur i la cour de l'Em¬

pereur Rodolphe II (1605). Lehman a gravé les représentations allégoriques de Liberalitas, Potestas

et Nobilitas, ainsi que des motifs floraux. Ici apparaissent des détails de Nobilitas. La coupe, quise trouvait au château de Hluboka, se trouve aujourd'hui au Musée d'art industriel de Prague.

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Je pleure, donc je suispar Ritchie Calder

LORS d'une récente conférence des écoles enAngleterre, un débat s'est instauré sur lethème : « Qu'est-ce que la science saitdes choses les plus terre à terre ? » Voicitrois questions qui ont été posées :

QUESTION : David Crichton, de l'école GeorgeHeriot, d'Edimbourg, demande si le fait de pleurer aune importance physiologique ?

REPONSE : Les êtres humains existent parcequ'ils peuvent verser des larmes ; du moins, c'est ceque prétend le professeur Ashley Montagu, de Prin¬ceton (Etats-Unis).

Lors d'un stage d'études organisé à l'UniversitéColumbia de New York sur le thème : « La génétiqueet révolution de l'homme », il a déclaré que leslarmes étaient un facteur important pour la survi¬vance humaine ; il a même été jusqu'à dire que laconservation de l'espèce était le fait de ceux quisavent pleurer.

Il fonde ses arguments scientifiques sur la « pé¬riode de dépendance » chez l'enfant. Les bébés necommencent à verser des larmes que lorsqu'ils ont en¬viron six semaines. Tant qu'ils ne peuvent parler ous'aider eux-mêmes, leur seul moyen d'attirer l'atten¬tion quand ils sont affligés est de pleurer. Chez l'en¬fant qui pleure sans verser de larmes, le phénomèneest réduit à l'introduction de l'air dans les poumons età son expulsion. Il est possible de montrer par desexpériences que le fait de pleurer sans larmes des¬sèche les muqueuses du nez. Or, les muqueusessèches sont un terrain propice à la proliférationdes bactéries : les membranes desséchées deviennent

perméables aux microbes et livrent passage à desinfections graves.

Les larmes ne jaillissent pas seulement des yeux :on s'en rend compte en entendant les gens semoucher fréquemment au cinéma pendant la pro¬jection d'un film triste ; elles pénètrent dans lesvoies respiratoires et maintiennent les muqueusesen état d'humidité.

Mais, comme l'a prouvé Sir Alexander Fleming(bien avant sa découverte de la pénicilline), leslarmes ne sont pas simplement de l'eau. Ellescontiennent un puissant microbicide auquel il adonné le nom de « lysozyme », et que l'on trouveégalement dans les sécrétions nasales. Cette sub¬stance est capable de tuer en l'espace de cinq àdix minutes des bactéries dans l' ou le nez. Elle

peut même rendre inactif le virus de la poliomyélite.La présence de lysozyme dans l' explique pour¬quoi cet organe délicat est rarement contaminé parles microbes de l'atmosphère auxquels il est pour¬tant constamment exposé. Cette même substancepermet au nez de lutter contre les microbes quenous respirons. Le Pr. Montagu fonde ainsi son rai¬sonnement sur le postulat que la sélection naturellejoue en faveur des bébés qui ont une grande capa¬cité lacrymale.

QUESTION : Carol Whyte, du lycée de Parkstone,à Poole, dans le sud de l'Angleterre, pose la questionsuivante : « Lord Byron avait-il raison lorsqu'ilécrivait : « Si je ris de n'importe quoi, c'est pourn'en point pleurer ?

REPONSE : Byron était aussi près de la véritéque n'importe quel spécialiste en science médicalepeut l'être aujourd'hui. Le psychologue WilliamMcDougall a appelé le rire « un antidote contrela compassion ». Les bêtes souffrent des douleursqu'elles ressentent, mais les êtres humains, dotés depouvoirs d'imagination, souffrent également desdouleurs d'autrui. Les malheurs des autres nous font

pleurer, mais nous rions des mésaventures desclowns au cirque. Les grands comiques, tels queChariot, ont prouvé que le rire et les larmes ne sontséparés que par le souffle d'un sanglot.

De fait, le sanglot et le rire se ressemblent beau¬coup. Sur le plan physiologique, tous deux sont pro¬voqués par l'expiration et l'aspiration de l'air dansles poumons, le ricanement faisant fonctionner les

, cordes vocales. Un accès de fou rire provoque unafflux de sang à la tête et au visage, et l'on dit :« Il a ri jusqu'aux larmes. »

Nous associons le rire au plaisir et à la joie, mais,en fait, c'est un bruit rauque et, comme le feraientremarquer les psychologues, l'expression inoffensived'un instinct cruel. Cette affirmation peut paraîtreexagérée, mais réfléchissez bien : on fait toujoursde. l'esprit aux dépens de quelqu'un, qu'il s'agissede soi-même ou d'un autre. L'homme qui glisse surune peau de banane provoque partout le rire. Mêmela plaisanterie classique à propos de la belle-mèreserait sans intérêt si la victime ne risquait pas del'entendre. Nous rions de l'embarras des autres, oudu nôtre ; de tout ce qui est comique, de person¬nages ridicules ou que l'on fait paraître tels. Maisle rire est aussi très contagieux : nous rions simple¬ment parce que d'autres rient.

Ainsi du chatouillement, par exemple. Quand uncheveu ou bien une mouche vous chatouille, l'effetest simplement désagréable et vous ne riez pas. Ilfaut que quelqu'un d'autre s'en mêle pour déclen¬cher immédiatement le rire : chatouillé et cha-

touilleur s'esclaffent tous les deux, s'encourageantl'un l'autre jusqu'au bord des larmes.

Le rire de jeunes enfants qui jouent est commele jappement de jeunes chiens ; mais que Guignolreçoive un coup de bâton sur la tête ou se fassependre, on perçoit alors le caractère primitif durire. Evidemment, les gosses savent que la situationest irréelle, et aucun enfant normal ne rirait devantun acte véritablement cruel.

Tout cela ne doit pas faire sous-estimer la valeurdu rire : il nous libère des tensions, il apaise lecorps, l'esprit, les nerfs. Mais un psychologue ajou¬terait : on ne rit pas seulement parce que l'ons'amuse, on s'amuse parce qu'on rit. Nous sommesd'ailleurs les seuls êtres vivants à le faire.

QUESTION -.John Hood (17 ans), du lycée deSheen, près de Londres, demande : « Pourquoibâille-t-on ? »

REPONSE : Il ne s'agit pas, comme on le croitcommunément, d'introduire davantage d'oxygènedans les poumons. Le but du bâillement est d'expul¬ser le gaz carbonique qui est draîné par les cellulessanguines fatiguées. Cela, J.S. Haldane l'a prouvé, ily a de nombreuses années. Il a montré que si lecorps a besoin d'oxygène, le mécanisme de la respi¬ration est gouverné par le gaz carbonique plutôtque par l'oxygène. C'est le gaz carbonique dans lesang qui incite le cerveau à transmettre des « mes¬sages » aux muscles des poumons. Un bâillementn'est qu'une respiration convulsive profonde.

On bâille quand on est las, pendant des périodesde « sommeil éveillé » (selon le mot d'un docteurde mes amis). On bâille en rentrant d'une longuepromenade en disant « Ce grand bol d'air m'a donnéenvie de dormir !» ; ou bien dans l'atmosphèred'une pièce surchauffée ; on bâille quand le corpsest fatigué ; ou quand une conversation devientennuyeuse. Quelle qu'en soit la raison pesanteurdu corps ou de l'esprit le phénomène semble dûà l'action du gaz carbonique qui dope le sang. C'estune réaction musculaire qui rétablit l'équilibre.

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Le Courrier de l'Unesco. Mari 1960

LA REPRODUCTION EST A LA PEINTURECE QUE LE DISQUE EST A LA MUSIQUE

Photo © Unesco, reproduction Interdite.

Voici (en noir et blanc) l'une des diapositives en couleurs de la série Unesco consa¬

crée aux fresques médiévales de Yougoslavie. Elle représente « Les bergers appren¬nent la nouvelle», détail de «La Nativité». Église de la Trinité, à Sopocani, 1260 environ.

Faire connaître à un très largepublic les chefs-d'duvre del'art mondial qui, malgré leurimportance pour l'histoire del'art et la compréhension du

génie national qui les a fait naître,sont encore trop souvent ignorés, telest le but de la « Collection Unesco

de diapositives d'ruvres d'art ».

Les six premières séries qui sontdéjà à la disposition du public, sontconsacrées aux peintures des tom¬beaux et des temples de l'Egypte an¬cienne, aux fresques médiévales deYougoslavie, aux peintures des grot¬tes d'Ajanta, en Inde, aux miniaturespersanes de la bibliothèque impérialede Téhéran, aux peintures romanesd'Espagne et aux peintures des« StaVkiriker » de Norvège.

La parution de trois autres sériesest prévue au cours du premier semes¬tre de" 1960, ce seront, successivement :Masaccio, les fresques de Florence ;Australie, peintures aborigènes de laterre d'Arnhem ; Ceylan, peintures desanctuaires.

Les séries Unesco, de diapositives encouleurs préparées par les « Publica¬tions filmées d'art et d'histoire » sont

présentées en boites de matière plas¬tique et prêtes à la projection. Cha¬que série comporte trente diapositi¬ves montées sur un cadre de 5 x 6 cmet est accompagnée d'une ' brochurecontenant un texte explicatif et deslégendes en français, en anglais et enespagnol.

De son côté, la Commission natio¬nale française pour l'Unesco a réalisédeux autres séries de diapositives des¬tinées à commémorer les deux expo¬sitions qui ont été organisées à Parisà l'occasion de la dixième session de

la Conférence générale. Il s'agit de« Orient - Occident - Rencontres et

influences durant cinquante sièclesd'art » et « L'art du Gandhâra et de

l'Asie Centrale ». La première sériecomporte 41 diapositives en 2 boîtes,la seconde 21 diapositives en 1 boîte.

Les grandes périodes de l'art, quisont rendues vivantes par les sériesUnesco de diapositives en couleurs,sont également illustrées par les al¬bums de la « Collection Unesco de

l'art mondial », qui rendent accessi¬bles au plus grand nombre les meil¬leures Images disponibles des chefs-d'luvre de la peinture. L'Unesco aentrepris, depuis plusieurs années, lapublication de ces albums, en accordavec la New York Graphie Society.

Ces livres d'art répondent à unenécessité : 11 s'agit de révéler desluvres encore trop peu connues.

Si l'Unesco a jugé utile de jouer cerôle de pionnier, c'est dans la convic¬tion que les trésors qu'elle se proposede faire mieux connaître, découragenten général la bonne volonté des édi¬teurs commerciaux, rebutés soit parles difficultés des expéditions à entre¬prendre pour rassembler la documen-

SUITE AU VERSO

Les miniatures de la série « Iran » des

diapositives en couleurs Unesco appar¬tiennent à- six manuscrits conservés à

la Bibliothèque impériale de Téhéran.Celle-ci représente une scène dansl'avant-cour d'un jardin, fin du XVe siècle.

Photo © Unesco, reproduction interdite

La série de diapositives Unesco« Espagne » reproduit desfresques et des peintures surbois provenant de sanctuairesromans du nord et de l'est de

l'Espagne principalement dela Catalogne et de l'Aragon.Cette diapositive (bois peintse trouvant au Musée d'art de

Catalogne, Barcelone) repré¬sente « La Messe de Saint

Martin de Tour», XIII" siècle.

Photo © Unesco, reproduction .interdite

« Peintures des tombeaux et

des temples », tel est le titrede la série de diapositivesUnesco en couleurs consacrée

à l'Egypte antique. Comme cetitre l'indique, les fresques pré¬sentées dans cette série pro¬viennent toutes de tombeaux

ou de temples : ces édificessont, en effet, les seuls pourlesquels les Egyptiens aientutilisé la pierre ; les palais etmaisons d'habitation étaient

construits en briques de terrecrue, et presque rien n'en asubsisté. Voici (sur la pageopposée) deux détails d'unefresque représentant des ser¬vantes prenant soin des damesau cours d'un banquet (tom¬beau datant de la XVIIIe dy¬nastie, XVIe siècle av. J.-C).

Photo © Unesco, reproduction Interdite.

Le Courrier de I'Unesco. Mars 1960

i-X

tation photographique nécessaire, soitpar le risque d'insuccès qu'il faut cou¬rir lorsqu'on se hasarde hors des sen¬tiers battus.

Ces livres d'art ont rencontré la

faveur d'un large public (certains ontdéjà fait l'objet d'une ou de deuxrééditions) ; mais leur prix est rela¬tivement élevé, en raison de leur for¬mat et de leur haute qualité ; c'estpourquoi l'Unesco publie ses séries dediapositives en couleurs qui permet¬tent d'atteindre à moindres frais unpublic plus large et de diffuser enparticulier dans les écoles et les ins¬titutions culturelles les témoignagesencore insuffisamment connus de l'art

de différents peuples.

C'est toujours en se proposant dediffuser la connaissance des euvres

d'art qui constituent le patrimoinecommun de l'humanité, que l'Unescopublie (en noir et blanc) des cata¬logues de reproductions de peintureset organise des expositions itiné¬rantes.

De nos jours, ainsi qu'en témoi¬gnent ces catalogues, des centaines dereproductions en couleurs sont pu¬bliées chaque année dans le monde.Environ deux mille d'entre elles ontdéjà été retenues par un comitéinternational d'experts pour qu'on lesfasse figurer dans ces catalogues.

En entreprenant de dresser ainsil'inventaire périodique des reproduc¬tions en couleurs de qualité, l'Unescoa voulu permettre au grand public de

savoir quelles sont les dont ilpeut se procurer des reproductions di¬gnes de tenir dans un foyer la placede l'original inaccessible, et aux édi¬teurs d'avoir un panorama de la pro¬duction mondiale et d'apercevoir ainsiles lacunes à combler.

L'un de ces répertoires est consacréaux peintures antérieures à 1860 ;l'autre aux peintures de 1860 à nosjours. Ils ont pu, dans certains pays,aider à la constitution d'archives de

reproductions semblables à celles queconserve l'Unesco et à l'organisationde musées de reproduction.

En effet, c'est en puisant dans sesarchives que l'Unesco a organisé, du¬rant les dix dernières années, septexpositions itinérantes. Chacune deces expositions a été établie en plu¬sieurs dizaines d'exemplaires afin decirculer simultanément dans un grandnombre de pays, et de séjourner quel¬que temps dans chacun d'entre eux.Quel qu'en soit le sujet (Peinturesantérieures à 1860, De l'impressio-nisme à nos jours, Dessins de Léonardde Vinci, Gravures sur bois japonai¬ses, Deux mille ans de peinture chi¬noise, Miniatures persanes, Aquarel¬les), elles ont toutes été conçues pourintéresser les publics les plus diffé¬rents.

Pour se procurer les séries Unesco dediapositives en couleurs :

Pour la France, le public est prié d'adres¬ser ses commandes à « Publications filmées

d'art et d'histoire, 11, rue Carvès, Mont-

rouge, Seine ». Le prix est de 38 NF lasérie, port compris. Les institutions éduca¬tives et culturelles bénéficient du prix de30 NF la série (frais de port, 1 NF en sus),elles doivent s'adresser uniquement auComptoir des Souvenirs, Unesco, place deFontenoy, Paris (7*).

Pour les autres pays, le prix pourra va¬rier suivant les frais de port et autres maisne dépassera pas 10 dollars U.S. ou l'équi¬valent en monnaie nationale. Toutes lescommandes doivent être adressées à « Pu¬

blications filmées d'art et d'histoire, 11, rueCarvès, Montrouge Les institutions édu¬catives et culturelles bénéficieront d'uneréduction de 20 %.

Pour les deux séries de diapositives réali¬sées par la Commission nationale française,le prix est le suivant : Pour la France,30 NF la série (port compris) pour le pu¬blic et 24 NF (port compris) pour les insti¬tutions éducatives et culturelles. Pour les

autres pays, 11 dollars U.S. pour les deuxboîtes « Orient-Occident », 5,25 dollarsU.S. pour la boîte « Art du Gandhara »,port compris, ou l'équivalent en monnaienationale. Adresser les commandes unique¬ment aux Publications filmées d'art etd'histoire.

Pour tous renseignements concernant lesalbums de la Collection Unesco de l'ArtMondial, s'adresser aux principales librai¬ries et à la Division des Arts et Lettres del'Unesco, place de Fontenoy, Paris (T).

Pour les catalogues de reproduction,s'adresser aux agents de l'Unesco (listepage 35), ou à la Division des Ventes del'Unesco, place de Fontenoy, Paris (7*).

CHOLEM ALEIKHEM

a fait entrer le yiddish

dans la littérature mondialepar Joseph Leffwich

A l'occasion du centenaire de la naissance de Cholem Aîeikhem, M. René Maheu, direc¬

teur général adjoint de l'Unesco, a présidé la cérémonie d'inauguration d'une expositionconsacrée à la vie et à l' du grand écrivain et placée sous le haut patronage 4e laCommission nationale française pour l'Unesco. M. René, Maheu a pris la parole pour ren¬dre hommage 'au grand écrivain. Voici quelques passages de son allocution : « ... Cettesuvre a une valeur universelle. Est-ce le miracle d'un art dont le réalisme s'ouvre sanscesse sur le rêve et dont l'humour n'est que la pudeur de la tendresse ? Est-ce la richessede signification de la réalité humaine qui y est dépeinte ? Les deux sans doute. C'est unfait en tout cas que l'tuvre est porteuse d'un message... C'est à cause de cette universalitéque l'Unesco a inscrit Cholem Aîeikhem au nombre des hommes éminents dont elle entendcommémorer le centenaire : Schiller, Humboldt, Pierre Janet, Bergson, Haydn, Albéniz,Velasquez, Tchékhov... Dans les circonstances actuelles, j'espère que cette commémora¬tion en ce lieu sera comprise par tous. L'Unesco, dont la raison 'd'être est l'éveil et la vigi¬lance des consciences, entend elle aussi témoigner. » S'associant à cet hommage, le« Courrier de l'Unesco » publie l'article suivant, dû à l'écrivain britannique, d'originehollandaise, Joseph Leftwich, un des plus grands spécialistes de la littérature yiddish.

^1 HOLEM Aleikhem » est la formule juive par laquelle on se salue.^^^ J Elle correspond à « Comment allez-vous ? » et représente la^^^-^ traduction littérale des mots hébreux « La paix soit avec

vous », l'hébreu étant l'une des deux composantes de l'idiome yiddish.Les Arabes, dont la langue s'apparente à l'hébreu, se servent de l'ex¬pression similaire « Salaam Aleikhem », qui a la même signification.Le nom de Jérusalem vient aussi en partie du mot « Cholem », elle est« la Ville de la Paix ».

C'est la salutation séculaire juive, après un pogrom, une expulsion,une tribulation quelconque, comme au cours d'une promenade pai¬sible, ou d'une visite à un ami. Quand un Juif rencontre un autreJuif, il le salue par les mots « Cholem Aleikhem », et on lui répond« Aleikhem Cholem », « La paix soit avec vous-même ».

Cholem Aleikhem, le grand écrivain dont on célèbre le centenairede la naissance, expliquait qu'il avait adopté ce nom par égard pourson père, lettré et homme d'affaires, afin de ne pas le gêner par sesécrits trop légers. Cholem troqua donc son véritable nom de Rabino-vitch contre celui de Aleikhem.

Ce fut un trait de génie, car ce pseudonyme allait lui ouvrir toutesles portes : il était le bienvenu dans toute maison où l'on parlait leyiddish, « Entrez donc, la paix soit avec vous ! » Il entrait, parlait auxgens, et ceux-ci lui donnaient la réplique, en lui racontant leur proprevie. Lui notait leur récit dans leur idiome populaire, le parler de leurvie quoditienne.

C'est ainsi que Cholem Aleikhem a pu saisir l'âme et l'humour desmasses juives, des millions de Juifs parlant le yiddish et vivant dansles districts qui leur étaient réservés dans la Russie tsariste. Il a peintces personnages et les propos qu'ils lui tenaient, il a narré leurshistoires.

Le Dr Bickel, président du Pen Club Yiddish, a écrit : « Avant

26 SUITE PAGE 28

Le Courrier de l'Unesco. Mors 1960

Le centenaire de Cholem

Aleikhem est célébré avec éclat

dans de nombreux pays. Lapresse yiddish du mondeentier il existe actuellement

168 périodiques yiddish, dont12 quotidiens consacre àl'anniversaire de nombreux ar¬

ticles et publie les contes etromans de l'écrivain. Les

oeuvres de Cholem Aleikhem

sont rééditées dans plusieurspays. Ses pièces sont jouéessur toutes les scènes yiddish.Mais, pour la première fois, lacélébration d'un anniversaire

littéraire juif ne se limite pasaux seuls milieux juifs. Le Cen¬tenaire de Cholem Aleikhem a

été célébré officiellement pardes Etats et des Corps Consti¬tués. Dans plusieurs villes, lenom de Cholem Aleikhem a

été conféré à des rues et places.Voici, à droite, une photo deCholem Aleikhem prise peu detemps avant sa mort. Ci-des¬sous, à gauche, la reconstitutiond'une scène de « Tevié-le-

Laitier », comédie de Cholem

Aleikhem jouée par le Théâtred'Etat yiddish de Bucarest, et, àdroite, une scène de « 200.000

ou Le Gros Lot », jouée par leThéâtre Académique juif deMoscou. Les dessins de la pageopposée représentent deux despersonnages les plus populairesde l'ruvre de Cholem Aleik¬

hem : Menachem Mendel (enhaut) et Tevié le Laitier (en bas)vus par un artiste américain.

Photos Unesco

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CHOLEM ALEIKHEM (suite)

Le 15 mai 1916, 120.000 personnes suivirent le corbillard qui portait Cholem Aleikhem vers sa dernière demeure. Ce fut « le plusgrand rassemblement spontané de gens qui ait eu lieu au cours de l'histoire de New York», déclara un député au Congrès.

Timbre commémoratif

émis en URSS

Cholem Aleikhem, ces juifs des couches populairesn'avaient pas eu la parole, sur le plan littéraire. Onparlait bien d'eux, mais ils n'avaient pas eu l'occasionde s'exprimer eux-mêmes, avec leurs propres mots, .lais¬sant couler le flot intarissable de paroles qui pèse silourdement sur leurs cvurs. »

Il y a eu et il y a d'autres grands écrivains yiddish :Mendélé, Péretz, Cholem Asch. Cholem Aleikhem n'estque l'un d'eux, car la littérature yiddish est abondante,mais nul autre n'avait peint comme lui les hommes et lesfemmes du peuple juif.

Cholem Aleikhem a vécu et écrit en Russie avant la

première guerre mondiale, quand la Pologne et les Etatsbaltes faisaient partie du domaine des tsars. Alors, unemasse d'environ six millions de juifs, parquée sur unesurface relativement restreinte, menait une existencepresque complètement autonome. Il est mort en 1916,avant la Révolution qui a entièrement modifié la vie desjuifs dans ces régions. Et il n'a pas pu prévoir la secondeguerre mondiale, au cours.de laquelle près de six millionsde juifs, la quasi-totalité de la population juive de l'Europede l'Est, furent massacrés dans les camps nazis et lesfours crématoires.

C'est pourquoi quantité de juifs, en France et en Gran¬de-Bretagne, plus encore en Amérique et en Israël, eux-mêmes emigrants de l'Europe de l'Est ou fils d'émigrants,considèrent avec nostalgie le monde décrit par CholemAleikhem, celui de leur enfance, de leurs parents ougrands-parents. Souvent même, ils y mêlent un sentimentd'adieu, car ce monde a disparu de la surface de la terre.

Mais Cholem Aleikhem est un trop grand écrivain pourque le monde créé par ses livres vienne à disparaître.Ses personnages sont trop riches de substance humaineà la fois juive et universelle, pour mourir. Ils existent

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Le Courrier de l'Unesco. Mars I960

" Je veux être enterré parmi les humbles "Lundi 15 mai 1916, un homme dont le vrai

nom est peu connu a été porté en terre.Son cercueil était en simples planchesde sapin, sans ornements. Cependant,120 000 personnes suivaient le corbillard

à travers les rues de New York. Il n'y avait qu'une

poignée d'agents de police, mais nul désordre nese produisit, car ceux qui se pressaient en fouledans les rues étaient en deuil. Ce fut le plus grandrassemblement spontané de gens qui ait eu lieu aucours de l'histoire de notre cité. Usines et boutiques

éprouvèrent de la difficulté à fonctionner, et lestravailleurs, les femmes comme les hommes, quipouvaient difficilement compenser une perted'argent, sacrifièrent leur journée de salaire pourse joindre à l'hommage rendu.

« Et ce mort n'était ni riche ni puissant. CholemAleikhem n'était qu'un écrivain.

« Il a décrit le foyer, les maris, les femmes, lespetits enfants, et le peuple juif, un peuple aimantla vie familiale, se presse dans nos rues pour luirendre un dernier hommage.

« Lorsqu'il mourut, ils défilèrent par dizaines demille devant son corps, dans la modeste demeure duBronx qu'il habitait, et suivirent par vingtaines demille le simple cercueil jusqu'à sa dernière de¬meure... »

Tel fut l'hommage adressé par un député à Cho¬lem Aleikhem devant le Congrès américain.

Cholem Aleikhem est mort à New York, le 13 mai

1916, à l'âge de 57 ans. Six mois auparavant, il avaitécrit son testament, qui est lui-même un chef-d'su¬vre de modestie et d'humilité. En voici quelquesextraits :

« Quel que soit l'endroit où je meure, je tiens àce qu'on m'enterre, non pas parmi les aristocrates,les notables et les riches, mais au milieu des humbles

juifs et des travailleurs, avec le vrai peuple, afinque la dalle qui recouvrira ma tombe embellisse lessimples tombes environnantes et qu'à leur tour ellesembellissent la mienne. Et, de même que, pendantma vie, le peuple m'a entouré de son affection, qu'ilen soit encore ainsi après ma mort. »

« Je prie mes confrères de n'entreprendre nuldébat ni discussion qui aurait pour objet d'honorerma mémoire ou de décider quel monument m'éleverà New York. S'ils commettaient pareille niaiserie, jene pourrais reposer en paix dans ma tombe.

« Le seul monument qui me convienne est desavoir qu'on lit toujours mes ouvres, l'espérance quedes mécènes se trouveront, dans les classes aiséesde notre peuple, pour les éditer et les rendre acces¬sibles à tous, en donnant ainsi à ma famille lesmoyens de vivre honorablement.

« N'ayant pas eu le bonheur de trouver des mé¬cènes de mon vivant, peut-être aurai- je cette chanceaprès ma mort.

« Je quitterai ce monde avec la certitude pro¬fonde que le peuple n'abandonnera pas mes orphe¬lins. »

toujours parmi les survivants, en Europe orientale, ouparmi les Immigrants et leurs descendants, en Amériquecomme en Israël, en France, en Grande-Bretagne. Il nes'agit pas seulement de ceux qui parlent toujours leyiddish, mais aussi de ceux qui ne connaissent plus guèrela langue qu'employait Cholem Aleikhem et ne peuventla lire qu'en traduction.

Les duvres de Cholem Aleikhem ont été traduites en

russe, en hébreu, en anglais et en d'autres langues, mêmeen chinois. Cholem Aleikhem a des millions de lecteurs

russes et ukrainiens, ce qui explique pourquoi les autoritéssoviétiques ont fait graver un timbre Cholem Aleikhemà l'occasion du centenaire.

Le gouvernement israélien a également émis un timbreen l'honneur du grand écrivain juif, qui avait été unsioniste de la première heure et dont les éuvres existentdans une traduction hébreue.

A l'occasion du centenaire, les publications d'Etat sovié¬tiques ont fait paraître en yiddish un recueil de contesde Cholem Aleikhem, précédé d'une préface où l'on peutlire : m. La Russie était sa patrie, c'est là qu'il écrivait :son peuple vivait sur cette terre. Il n'est pas de coin dece pays où son auvre soit ignorée, car elle est traduiteà des millions d'exemplaires, en plusieurs langues del'Union soviétique. »L' de Cholem Aleikhem était bien connue des

grands écrivains russes de son temps ; Maxime Gorki,qui nourrissait une vive admiration à son égard, disait,après avoir lu une de ses : « Un livre merveilleux,qui m'a fait rire et pleurer : 11 pétille d'un bon, sage etsain amour pour le peuple. »

Grand humoriste, Cholem Aleikhem peut, par certainscôtés, être comparé à Mark Twain, lequel, dit-on, se pré¬senta lui-même une fois à l'écrivain yiddish en se donnant

SUITE AU VERSO

CHOLEM ALEIKHEM (suite)

« Il n'y a rien de plus savoureux que les pommes mûres cueillies dansle jardin de Menaché », gravure sur bois par llya Schor illustrant l'unedes meilleures 1uvres de Cholem Aleikhem « Les aventures de Motel ».

pour le « Cholem Aleikhem américain ». Il rappelle MarkTwain notamment par son chef-d'luvre consacré auxaventures d'un enfant, l'orphelin Motel, qui, dans undécor différent, est le frère d'Huckleberry Finn. L'humourde Cholem Aleikhem, qui est fait d'ironie et de pitié, aune immense signification sociale : si son apparence estétincelante, son esprit a un goût d'amertume.

Cholem Aleikhem a beaucoup écrit. Chez lui,- en voyage,ou même malade au lit, il écrivait toujours. Durant lescinquante-sept années de son existence, il a produit uneénorme quantité de contes, de romans, de pièces de théâ¬tre. Une grande partie de son èuvre est centrée sur troispersonnages : l'orphelin Motel; Menachem Mendel, l'hom¬me d'affaires qui poursuit perpétuellement le rêve d'unsuccès financier qui lui échappe toujours, chercheur impa¬tient jamais en repos, plein de projets irréels, éternelle¬ment optimiste ; et l'ouvrier agricole Tévié, pauvre etlaborieux juif de village, enraciné au sol, patient et borné,accablé par la pauvreté et les tracas, mais ferme, inébran¬lable, mettant toute sa foi en Dieu et en ses voies, certainque tout ira bien ainsi.

Cholem Aleikhem était ces trois personnages à la fois.Il était l'orphelin Motel : sa mère étant morte alors qu'ilavait 13 ans, il avait été élevé par son grand-père etavait passé plusieurs années de son adolescence dans unevaste propriété qui appartenait à son beau-frère et où ilétait revenu quelques années plus tard.

A la mort de son beau-frère, il était devenu l'admi¬nistrateur du domaine. Ainsi eut-il tout loisir de regardervivre cultivateurs et villageois, qu'ils fussent juifs ou non/et de partager leur attachement à la terre. De ces annéescampagnardes, il disait qu'elles étaient la période la plusbelle de sa vie.

Par ailleurs, il s'est identifié également à MenachemMendel : à Kiev et à Odessa, on le verra à la Bourse, etil lui arrivera d'entreprendre toutes sortes d'affaires miri¬fiques, toujours sans le moindre succès. « J'ai tâté de tousles commerces, et échoué dans tous », se plaisait-il àavouer.

On le retrouve non seulement dans Menachem Mendel,dans Tévié et dans Motel, mais aussi dans d'autres per¬sonnages de leur entourage, de leur cercle de famille,d'amis ou de connaissances. Il observait, assimilait, re¬créait. Menachem Mendel, Tévié et Motel sont bâtis plusgrands que nature et paraissent plus réels que de simplesindividus. Cholem Aleikhem a réalisé la synthèse du gar¬çon plein d'humanité, du cultivateur solide comme unesouche, du spéculateur perdu dans ses incessantes chi¬mères, avec quelque chose de Don Quichotte dans sa jouteconstamment infortunée avec la fortune.

C'est justement parce qu'il les a faits plus grands quele commun des hommes, parce qu'il a mis en eux univer¬salité, imagination, poésie, immortalité, que le monde deCholem Aleikhem In'a pas disparu. Les hommes se recon¬naissent toujours dans ses personnages. Tant d'orphelins,un peu partout, sont des Motel. Tant de paysans juifs,en Israël ou en Amérique, sont des Tévié. Tant' d'hommesd'affaires engagés dans de grosses spéculations sont desMenachem Mendel !

A Nöw York, le Dr Emmanuel Pat a écrit un essai dans

lequel il retrace l'évolution de Motel et de son entouragedans la vie américaine d'aujourd'hui : avec des nomsaméricanisés, il les retrouve tous ; les conditions économi¬ques et sociales sont différentes, mais les personnagesn'ont pas changé.

Cholem Aleikhem lui-même les reconnaîtrait. Ils sonttoujours reconnaissables et vivants, car ils n'ont jamaisété de simples passants d'une époque, mais durables etéternels. C'est bien pourquoi les nuvres et le messagede Cholem Aleikhem ne s'adressent pas seulement auxjuifs, mais au monde entier.

Mathusalem, le vieux cheval,

tire péniblement son maître

Kastiel, le porteur d'eau, demaison en maison. Illustra¬

tion par B.l. Inger.

30

Latitudes et LongÉ«l QUIVALENCE DES TITRES UNI¬

VERSITAIRES : Une convention euro¬

péenne sur l'équivalence des diplômes uni¬versitaires a été signée récemment à Parispar dix des quinze ministres des Affairesétrangères du Conseil de l'Europe ou leurssuppléants. Elle permettra aux titulaires dediplômes universitaires de poursuivre leursétudes dans l'un ou l'autre des pays signa¬taires et d'utiliser les titres d'une université

étrangère adhérant à la convention. Laconvention a été signée par la Belgique,la France, la Grèce, l'Islande, l'Italie, leLuxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, laRépublique Fédérale d'Allemagne et leRoyaume-Uni.

AU SECOURS DES VICTIMES DEL'INTOXICATION DE MEKNES :

Le Bureau régional de l'Europe de l'Or¬ganisation mondiale de la Santé a nom¬mé une équipe internationale qui serachargée d'aider le gouvernement duMaroc à organiser le traitement et laréadaptation des victimes de l'intoxica¬tion paralytique de Meknès. Cet événe¬ment désastreux a fait déjà plus de dixmille victimes et représente sans doute,dans les annales de la médecine, l'intoxi¬cation la plus massive et la plus graveprovoquée par une huile frelatée.

L'équipe de l'OMS, qui comprendnotamment un spécialiste en matière deréadaptation et deux moniteurs en phy¬siothérapie, aura pour tâche de fournirau ministère marocain de la Santé tousavis concernant l'établissement des ser¬

vices d'urgence, l'hospitalisation, lessoins ambulatoires et la réadaptation.Elle dirigera également la formation dupersonnel fourni par le gouvernementmarocain. Un programme d'aide inter¬nationale aux autorités marocaines a été

établi au cours d'une réunion convoquéeà Genève par le Bureau régional del'Europe de l'OMS.

JL.E CONGRES SUR L'ETUDE DUSYMBOLISME organisé par La Colombe,éditions du Vieux Colombier, Paris, se réu¬nira à la Maison de l'Unesco, les samedi 19et dimanche 20 mars 1960. Les conférences

auront pour thème : « L'analogie dans lascience et la tradition. »

M TOUTES LES' BIBLIOTHEQUES ENUN VOLUME : L'Unesco a publié àl'usage des bibliothécaires un petit ou¬vrage dont l'intérêt réside dans le faitque, pour la première fois, se trouventréunis en un seul volume des renseigne¬ments concernant les bibliothèques dumonde entier : types de bibliothèques(nationales, universitaires, scolaires, spé¬cialisées, publiques), nombre de volumes,de lecteurs, chiffres des prêts, etc.L'étude est divisée en deux parties, la

NUBIE : LE ROI DE SUÈDE PRÉSIDENT DU COMITÉ D'HONNEUR

LE roi Gustave VI Adolphe de Suède a bien voulu consentir à présider leComité d'honneur de la campagne internationale pour la sauvegarde desmonuments de Nubie, qui sera officiellement inaugurée au siège de l'Unesco

le 8 mars.

Cette campagne est entreprise pour répondre aux requêtes des gouvernementsde la République Arabe Unie et de la République du Soudan, soucieux d'obtenirune large assistance internationale pour la préservation des sites et monumentsde Nubie, menacés de submersion par suite de la construction du haut barraged'Assouan.

Le Comité d'honneur et un Comité international d'action sont en voie de

constitution pour assister le Directeur général de l'Unesco dans l'organisation dela campagne.

Un Comité international d'experts est également en formation, dont les mem¬bres seront nommés par le Gouvernement de la R.A.U., en accord avec l'Unesco.II aura à donner ses avis sur les projets de fouilles et de préservation, sur l'uti¬lisation des contributions, et sur l'attribution de la contrepartie garantie aux gou¬vernements, aux institutions et aux personnes privées qui participeront à l'actioninternationale.

Rappelons, en effet, que le Gouvernement de la R.A.U. a offert d'abandon¬ner la moitié du produit des fouilles dans la zone menacée (à l'exception desspécimens uniques ou essentiels, qui pourraient être réclamés par les muséeségyptiens), d'autoriser des fouilles dans d'autres parties du territoire égyptien, etde céder certains temples de la Nubie supérieure, en vue de leur transfert àl'étranger, ainsi qu'une importante collection d'antiquités, provenant d'autresrégions de l'Egypte, et qui est la propriété de l'Etat, Le Gouvernement du Sou¬dan a également offert, sous les mêmes réserves, cinquante pour cent du produitdes fouilles dans! la zone menacée de son territoire.

première comprenant des statistiques parpays, la seconde des tableaux compara¬tifs internationaux.

M LES GRAVURES JAPONAISES ENPOLOGNE : Une importante expositionde gravures sur bois japonaises du xvn"au xx" siècle a obtenu un vif succès àCracovie et à Varsovie. Organisée encollaboration par les Commissions na¬tionales polonaise et japonaise pour¡'Unesco, l'exposition présente 400vres dont un grand nombre de dessinsprovenant de la remarquable collectiondu Musée national de Cracovie. Par

ailleurs, une cinquantaine de gravuresd'artistes contemporains renommés ontété envoyées en Pologne par les soinsde la Commission nationale japonaise,tandis que l'Unesco contribuait à lamanifestation en fournissant une expo¬sition circulante de reproductions.

En guise d'échange, une collection degravures d'artistes polonais sera exposéeen 1960 à Tokyo, par suite d'un accordentre la Commission nationale japo¬naise et l'Association des Graveurs

polonais.

R, EPARTTTTON DES ISOTOPES

DANS LES EAUX : Sous les auspices del'Agence internationale de l'Energie ato

mique, une étude est entreprise sur la dis¬tribution mondiale des isotopes d'hydro¬gène et d'oxygène dans l'eau. D'après leschercheurs, la proportion des isotopesstables d'hydrogène et d'oxygène dans l'eauvarie, suivant qu'il s'agisse de pluie, derivières ou de mers. Par ailleurs, de trèspetites quantités d'hydrogène radio-actifinstable, ou tritium, viennent s'y ajouterpar suite des rayons cosmiques ou desessais thermonucléaires.

Le projet de l'Agence internationale del'Energie atomique prévoit que les échan¬tillons d'eau de pluie, de rivière et de merseront recueillis en différentes parties dumonde, pour procéder ensuite à des me¬sures dans un réseau mondial de stations,puis à leur interprétation par des savantsqualifiés. Les renseignements ainsi obtenusaideront les différents pays à évaluer lesressources présentes et futures en eau et àdévelopper la recherche hydrologique etclimatologique.

LES BIBLIOTHEQUES DES PAYSARABES : Le développement des bi¬bliothèques dans les pays de langue arabea fait l'objet d'un large échange de vuesentre spécialistes lors d'un stage d'étuderégional réuni dernièrement à Beyrouthpar les soins de l'Unesco et du gouver¬nement libanais.

Les participants du cycle d'études ontrecommandé que chaque Etat organise

SUITE AU VERSO

Latitudes et Long

un réseau national de bibliothèques,adopte une législation efficace dans cedomaine, et crée une bibliographienationale. Pour parer à la pénurie dedevises, les gouvernements ont été invi¬tés à mettre au point un plan de coopé¬ration en vue de l'achat de publications

Le service philatélique

de I'Unesco

Voici le premier timbre comme-moratif émis en 1960 par l'Admi¬nistration postale des Nations Unies(il existe également un 8 centsportant le même motif). II peutêtre obtenu grâce au Service Phi¬latélique de l'Unesco, qui disposedes timbres et des souvenirs phila-

téliques émis par de nombreuxEtats membres pour commémorercertains événements de l'histoire de

l'Unesco et des Nations Unies

(inauguration du nouveau siège del'Unesco, Journée des Droits del'Homme, Année Mondiale du Ré¬fugié). Le Service Philatélique est,en outre, l'agent de l'Administra¬tion postale des Nations Uniespour la France"; il dispose, à cetitre, de tous les timbres desNations Unies en circulation. Un

document contenant la liste des ar¬

ticles disponibles, leur prix et lesmodalités de paiement, sera envoyésur demande adressée au Service

Philatélique de l'Unesco, place deFontenoy, Paris (7').

étrangères. Un système commun decode et de classification devrait égale¬ment être adopté. Les participants ontencore suggéré que l'Unesco procède àune enquête sur les sujets intéressantles lecteurs des pays arabes, crée uneécole de bibliothécaires et un projetpilote de bibliothèque publique.

Un CENTRE DE DOCUMENTA¬TION A LA HAVANE : Le gouvernementde Cuba et l'Unesco ont conclu un accord

dans le but de fonder, à La Havane, unCentre de documentation pédagogique, quisera rattaché au Bureau régional del'Unesco ayant son siège dans cette ville.

Le Centre fournira aux organismes etaux particuliers des renseignements biblio¬graphiques concernant livres et documentssur l'éducation, la science; et la culture,publiés par l'Unesco et d'autres organisa¬tions internationales, ainsi que sur les ou¬vrages pédagogiques importants publiésdans le monde, et sur le développement del'éducation dans les divers pays, en parti¬culier en Amérique latine. Le Centrefournira des photocopies et des traductionsdes documents en sa possession.

HYDROLOGIE DES REGIONSARIDES : L'eau, et spécialement leseaux souterraines, sont la clef de la viedans les régions arides et semi-arides,qui couvrent presque un tiers de la sur¬face des terres émergées, et des recher¬ches extrêmement importantes, du pointde vue hydrologique, ont été entreprisesdans la plupart des pays, au cours desdernières années. Plusieurs résultats

nouveaux et intéressants atteints dans

cet ordre d'idées sont étudiés dans un

livre sur /'Hydrologie des zones arides,qui vient de paraître par les soins del'Unesco, et dont l'auteur est le Pr H.

Schoeller, de l'Université de Bordeaux.Hydrologie des régions arides. Progrèsrécents, Unesco, Paris. Prix : 8,75 NF ;$2,50; 12/6.

Un VILLAGE D'ENFANTS DEL'O.N.U. : Sur l'initiative du Comité popu¬laire de la ville de Belgrade, et dans lecadre d'un Parc d'attractions qui seraaménagé dans cette ville, on prévoit lacréation d'un « Village d'enfants del'O.N.U. », qui s'inspirera de l'idée durapprochement des enfants du monde en¬tier, dans un esprit de respect de la cultureet du progrès des différents peuples.

Dans la conception générale des orga¬nisateurs, ce village devrait se composer demaisonnettes ou pavillons, typiques dechaque pays, et qui auraient un caractèred'exposition permanente, comprenant pho¬tographies, maquettes, mobilier, etc. Lespays désirant participer à ce village aurontà prendre en charge la construction de cesmaisonnettes, ainsi que leur entretien, eny organisant notamment des jeux, la ventede livres et de jouets, la présentation defilms sur la vie des enfants, des spectaclesde danses et de chansons.

L'INSTITUT DU TRAVAIL D'IS¬TANBUL : L'Institut du Travail pourle Proche et le Moyen-Orient, créé àIstanbul il y a cinq ans, dans le cadredu programme d'assistance technique del'Organisation internationale du Travail,a été remis récemment au gouvernementturc par le B.I.T. Au cours des cinqdernières années, l'Institut a organisé denombreux stages et cycles d'études por¬tant sur la sécurité et l'hygiène dutravail, la médecine du travail, la sécu¬rité sociale, les services de l'emploi etla main-d' auxquels ont participéplus de 600 fonctionnaires des pays dela région. L'Institut compte parmi sesservices un musée de sécurité indus¬

trielle, une bibliothèque technique et unlaboratoire pour l'hygiène industrielle.

LA DÉCLARATION DES DROITS DE L'ENFANT

LE droit de l'enfant à « une enfance heureuse », à l'affection, à la sécurité,à l'éducation et à la protection contre toutes les formes d'exploitation estproclamé dans une déclaration qui a été adoptée à l'unanimité par l'Assem¬

blée générale des Nations Unies, lors de sa 14* session.

La Déclaration, qui comporte dix principes, souligne dans son préambule quePenfant, en raison de son manque ¡de maturité physique et intellectuelle, a besoind'une protection spéciale, notamment juridique, avant comme après la naissance.

Les droits de l'enfant, souligne la Déclaration, doivent être reconnus sansdistinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'origine natio¬nale ou sociale, de naissance ou de statut.

En toute circonstance, « l'enfant doit être parmi les premiers à recevoirprotection et secours ». Chaque enfant a le droit de recevoir une éducation gra¬tuite, au moins au stade élémentaire. L'enfant qui souffre d'une déficience phy¬sique ou mentale doit recevoir le traitement, l'éducation et les soins spéciauxque nécessite son état, et tous les enfants ont droit à une alimentation, un loge¬ment et des soins médicaux adéquats.

Soulignant la responsabilité des parents, la Déclaration affirme que l'enfantdoit pouvoir grandir « dans une atmosphère d'affection et de sécurité moraleet matérielle ». Quant aux enfants sans famille, « la société et les Pouvoirs pu¬blics ont le devoir d'en prendre un soin particulier ».

La Déclaration s'efforce également de protéger l'enfant « contre toutes lesformes de négligence, de cruauté et d'exploitation > et d'empêcher qu'il soit misau travail avant l'âge. Il devra être protégé aussi contre les pratiques qui peu¬vent pousser à la discrimination raciale, religieuse, etc., et élevé dans un espritde tolérance et de compréhension.

Considérant que « l'humanité se doit de donner à l'enfant le meilleur d'elle-même », la Déclaration demande aux gouvernements, aux autorités locales, auxindividus de reconnaître ces droits et de s'efforcer d'en assurer le respect pardes mesures juridiques ou autres.

32

Le Courrier de I'Unesco. Mars 1960

Une entreprise sans précédent

LE RECENSEMENT

AGRICOLE MONDIAL

Phot o FAO par V. Bianch

L'équipe chargée de mener à bien en Amérique latine le recense¬ment agricole mondial s'est entraînée dans un centre installé

pour la circonstance à Lima, capitale du Pérou. Sur cette photo,un des spécialistes utilise un lama pour noter ses informations.

UN recensement agricole mondial, la plus grande en¬quête de ce genre jamais entreprise, a lieu cetteannée sous les auspices de l'Organisation des Na¬tions Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture(FAO), qui a son siège à Rome. Dans nombre de

pays, des milliers d'enquêteurs rassemblent les faits et leschiffres qui, une fois réunis, permettront de dresser untableau statistique clair et précis des cultures, c'est-à-direde la plus considérable des industries mondiales.

Dans les fermes du Pérou aussi bien que dans les rizièresde l'Extrême-Orient, dans les plantations de café du Brésilcomme dans les plantations d'orangers du Proche-Orient, lesspécialistes notent les éléments qui ont trait à toutes les don¬nées de base des cultures, depuis le terrain lui-même jus¬qu'au nombre d'abeilles ou de vers à soie, ainsi que surtoutes les autres formes de vie et de propriété qui jouentun rôle dans l'agriculture.

Les enquêteurs ont à poser aux fermiers des centaines dequestions. Il existe par exemple 252 sortes différentes decultures à inventorier, qui vont du blé au chou et du bam¬bou aux bananes, chaque groupe de culture rentrant dansl'une des dix catégories principales prévues pour l'agricultureaux fins de recensement. De plus, on espère pouvoir dres¬ser un inventaire précis du nombre de cultivateurs, de l'im¬portance des terrains et de leur utilisation, des parcelles mi¬ses en culture, préciser si ces terrains sont alimentés parl'eau de pluie, des canaux d'irrigation ou des pompes, etrecenser les têtes de bétail de toutes espèces.

Quel est le but de cette entreprise des plus complexes ?

Pourquoi toutes ces données sont-elles requises ? Et quellesera l'utilisation possible de cette documentation, une foisqu'elle aura été analysée et publiée ?

A ces questions, le Dr P. V. Sukhatme, directeur de laDivision des Statistiques à la FAO, fait les réponses sui¬vantes :

D'abord, le recensement sera d'une grande utilité pour lespays aussi bien que pour les cultivateurs eux-mêmes, en leurdonnant une idée précise de leur propre position par rap¬port aux conditions agricoles générales. Par ailleurs, il four¬nira à la FAO une vue claire de l'agriculture mondiale, endégageant les voies du progrès et en mettant l'Organisationen mesure de reconnaître les secteurs de l'industrie auxquelsil convient d'accorder une attention particulière, tant dupoint de vue mondial que du point de vue national ou régio¬nal. Cette vue ne peut être acquise qu'en rassemblant desstatistiques de cet ordre, montrant le niveau de prospéritéde chaque pays par rapport aux pays voisins et au monde engénéral. D'autre part, le manque de statistiques sûres estl'un des principaux obstacles auxquels ont à faire face laFAO et ses Etats membres.

Telles sont les raisons pour lesquelles la FAO assumela tâche de recueillir, ordonner et publier les donnéesde base quant à la situation alimentaire et agricole

dans le monde, tâche autrefois poursuivie par l'Institut In¬ternational d'Agriculture, organisme aujourd'hui incorporé àla FAO.

Le premier recensement agricole mondial effectué sous lepatronage de la FAO a eu lieu en 1950, mais, en ce temps-là, seuls cinq pays de l'Asie et de l'Extrême-Orient y partici¬paient. Depuis cette époque, l'importance de pareille enquêtea été plus largement reconnue : c'est pourquoi, cette année,le nombre de pays qui, dans cette partie du monde, se pro¬posent d'y participer est bien supérieur.

Le programme du Recensement mondial de 1960 est leproduit de plusieurs années de travail, de recherches et deconsultations dans toutes les parties du monde. Des program¬mes régionaux préparés avec la collaboration de statisticiens,d'organisations agricoles et de gouvernements fournissentl'assurance que le recensement répond aux besoins des diver¬ses régions.

D'après le Dr Sukhatme, un recensement agricole estd'une exécution difficile, même dans les nations économi¬quement développées qui bénéficient de services de statis¬tiques et annexes bien organisés. La définition 'des culturesindividuelles dans des terrains déterminés est compliquée parle fait que le même terrain peut comporter plusieurs sortesde cultures. Le nombre de gens travaillant dans une fermepeut changer d'une saison à l'autre. Or, il est nécessaired'accepter des définitions uniformes, si l'on veut que les sta¬tistiques aient une valeur internationale.

A la difficulté de mettre sur pied un recensement mon¬dial vient s'en ajouter une autre, qui tient à l'élément hu¬main la relation enquêteur-cultivateur. Les cultivateursrépugnent souvent à donner des réponses pleines et fran¬ches, parce qu'ils ne comprennent pas le but du recensementou parce qu'ils craignent que ces renseignements puissent seretourner contre eux, par exemple pour l'établissementdes impôts, et cela bien que le règlement du recensementgarantisse que toutes les réponses fournies seront considéréescomme confidentielles.

Un autre problème est celui des cadres qualifiés. Pour lerésoudre, la FAO a mis debout un programme de perfec¬tionnement à l'intention des planificateurs et des enquêteurs.Trois centres régionaux de perfectionnement ont été organi¬sés, à Lima pour l'Amérique Latine, à Tokyo pour l'Asie etl'Extrême-Orient, et à Damas pour les pays du Moyen-Orient. Dans ces centres, la planification et la conduite derecensements expérimentaux sur le terrain sont mises aupremier plan.

Des stages d'études ont également été effectués à Accra,pour les pays africains du Sahara méridional, et à Varsovie,pour les pays européens. Dans ces stages, aussi bien quedans les centres de perfectionnement, la FAO doit compteravec des problèmes tels que l'adaptation du recensement auxbesoins nationaux- ou régionaux ou le perfectionnement dupersonnel en vue de la planification et de la conduite durecensement dans leurs propres pays ou régions.

33

Nos lecteurs nous écrivent

80 % DES MALADES

MENTAUX PEUVENT-ILS GUÉRIR ?

Dans votre très intéressant numéro

qui contient plusieurs articles de valeursur la santé mentale, je trouve cepen¬dant regrettable que vous fassiez étatd'une statistique d'après laquelle 80 %des malades mentaux peuvent à présentespérer guérir et reprendre leur placedans la société.

Dans l'état actuel de la thérapie desmaladies mentales cette évaluation pè¬che par excès d'optimisme. Nous n'avonsrien à gagner aux estimations optimis¬tes et aux attitudes non réalistes. En ma

qualité de psychanalyste, je sais que la« guérison » d'une maladie mentale nepeut être acquise que par un traitements'exerçant sur les conflits émotionnelsqui la conditionnent. L'effet des tran¬quillisants ou des stimulants, la thérapiedes comportements ou des occupations,la modification de l'entourage et autresmoyens de cette sorte ne peuvent pro¬duire qu'une rémission dans la maladie,mais ne suffisent malheureusement pasà amener une guérison.

L'emploi de ces moyens peut, il estvrai, mettre le patient en état de réinté¬grer la société, et même de reprendreses anciennes occupations. Mais nousdevons considérer cette question de« guérison » d'une manière absolumentscientifique : il faudra encore de nom¬breuses recherches avant que l'on puisseparler de « guérison » d'une maladiementale, à moins de faire intervenirla psychanalyse.

Il existe beaucoup de malentendus surle rôle des tranquillisants et des stimu¬lants, drogues qui ne pourront jamais,guérir les maladies psychiatriques. Dansle meilleur des cas, ces médicaments nesuffiront qu'à rendre le patient plus ac¬cessible à d'autres espèces de traitement,en apaisant son état d'anxiété au pointqu'il soit possible de les lui appliquer.Dans notre temps d'optimisme excessifquant à la valeur des médicamentsnombre desquels nous fourniront peut-être, dans l'avenir, une aide accrue, maisqui, pour le moment, ont malheureuse¬ment donné des résultats décevants

on doit prendre soin d'éviter les expo¬sés qui risquent d'égarer. Voilà pour¬quoi j'attire votre attention là-dessus.

Dr. Maurice N. Walsh,

Beverly Hills, California (U.S.A.).

Du Dr E. E. Krapf, chef de la Sec¬tion de la Santé Mentale à l'Organisa¬tion Mondiale de la Santé, nous avonsreçu la réponse suivante à la lettre duDr Walsh.

Vous considérez que l'on pèche paroptimisme en disant que « 80 % desmalades mentaux peuvent à présentespérer guérir et reprendre leur placedans la société ». J'entrerais parfaite

ment dans vos vues s'il avait été affir¬

mé que 80 % des malades mentaux peu¬vent désormais jouir d'un état de santémentale parfaite. Mais ce que l'on avoulu dire, c'est que « 80 % des mala¬des mentaux peuvent à présent espérerguérir dans la mesure où il leur serapossible de reprendre leur place dans lasociété ».

Sans le moindre doute, cela aurait puêtre exprimé d'une manière moins su¬jette à discussion. Par ailleurs, vousadmettrez probablement qu'il n'est ja¬mais très facile de parler de l'issue favo¬rable d'une maladie en termes de « gué¬rison », dans le sens absolu et idéal dumot, et que c'est une coutume très géné¬ralisée parmi les médecins de dire qu'unpatient est guéri quand il a été mis enétat de mener une vie plus ou moins« normale ».

Quant à votre scepticisme concernantles possibilités de soigner en adminis¬trant des médicaments, je suis complè¬tement d'accord avec vous. Vous avez

raison de dire : « Il existe beaucoup demalentendus sur le rôle des tranquilli¬sants et des stimulants, médicaments quine pourront jamais guérir les maladiesde la psychiatrie ». Il ne m'apparaît pas,pourtant, que des affirmations contrai¬res aient trouvé place dans le Courrierde I'Unesco, ou, sur ce point, dans lescommuniqués de presse de l'Organisa¬tion Mondiale de la Santé, où le Cour¬rier de l'Unesco a puisé sa documenta¬tion sur les résultats atteints par la psy¬chiatrie moderne.

Le manque de place m'empêche d'ap¬profondir les problèmes multiples poséspar l'apparition des drogues « psychotro¬piques ». Il y a pourtant un point au¬quel vous faites allusion : si je vouscomprends bien, vous êtes persuadéqu'il n'existe aucun traitement réel desmaladies mentales à part la psychana¬lyse. Puis-je vous dire que j'éprouve desdoutes très sérieux à cet égard. Etantmoi-même un psychanalyste, je suis trèsau courant, évidemment, du fait que « letraitement qui s'exerce sur les conflitsémotionnels » mène parfois à des pro¬grès spectaculaires, particulièrementquand il s'agit de névroses et de désor¬dres caractériels ; mais pour ce qui estd'atteindre, grâce à la psychanalyse, àun état de santé mentale complète, j'in¬cline plutôt à m'accorder avec SigmundFreud lui-même, d'après qui, à propre¬ment parler, une psychanalyse est pro¬bablement « interminable ».

En fait, dans son article sur la possi¬bilité d'arriver au terme d'un traitement

psychanalytique, Freud exprime l'opi¬nion que de bonnes chances d'obtenirune pleine stabilisation de la personna¬lité n'existent que lorsque, dans la genèsed'un désordre, prédomine le facteurtraumatique. Toutefois, il ajoute l'aver¬tissement suivant : « A supposer que lepatient qui s'est si bien rétabli ne pro¬duise jamais plus de symptômes exigeantune psychanalyse, la question pourra en

core se poser, sans le moindre doute, desavoir jusqu'à quel point cette immunitén'est pas due à un sort bienveillant, quiépargne au patient d'avoir à nouveau re¬cours à des tests. » Dans la mesure où

je puis en juger, cette prudente réserveest toujours justifiée.

PARLEZ NOUS DE

L'EMPIRE ROMAIN

J'ai été ravi de voir, dans votre nu¬méro de décembre, l'article sur la villade l'empereur Hadrien à Tivoli, illustrépar de si belles photographies. Les Ro¬mains, et tout ce qui les concerne, sontjustement mon sujet de prédilection : jen'aurais jamais osé espérer que vous enparleriez dans le Courrier.

Vous vous doutez bien que j'aimeraisqu'il y eût davantage d'articles sur cesujet. Faites-nous le plaisir de nous don¬ner beaucoup d'autres témoignages de lacivilisation romaine en Europe, enAsie et en Afrique du Nord. A monavis, vous contribueriez ainsi à fairecommunier dans un intérêt commun des

hommes de plusieurs pays, comme l'em¬pire romain avait su le faire à ses joursde gloire, avant son déclin. Sans comp¬ter que, de cette manière, vous nousamèneriez justement à nous demanderpourquoi les Romains ont fini par com¬mettre des erreurs, et pourquoi nous-mê¬mes, malgré nos connaissances et notreplus vaste expérience, nous tendons àfaire comme eux...

Je serais curieux de savoir si un pa¬reil sujet suscite beaucoup d'intérêt par¬mi les lecteurs de l'Union Soviétique etde l'Europe de l'Est.

B.S. Beezer,

34, Mandslay RoadEltham, Londres S.E. 9.

PLUS BELLE A L'ENDROIT

C'est parfois difficile à dire... La cartede v UNICEF dessinée par Miro,que vous reproduisez à la page 24 dunuméro de décembre du Courrier de

l'Unesco est à l'envers. Si vous la remet¬

tiez à l'endroit, elle serait beaucoup plusjolie à regarder.

Dr M. F. Shore,Brookline Mas., U.S.A.

L'article de notre numéro de févrierconsacré à la Nubie, intitulé « Sur les

traces des Grecs et des Romains », ¿tait

signé de MM. Andr¿ Bernand et Abdul-

latif Ahmed Aly. Voici les titres exacts

de M. Bernand : agrégé de Lettres, atta¬ché de recherches au Centre National de

la Recherche Scientifique.

,z<

o

34

obtenir

les publications

de PUnesco ?

Vous pouvez commander les publi¬cations de TUnesco chez tous les

libraires ou en vous adressant direc¬

tement à l'agent général (voir listeci-dessous). Vous pouvez vous pro¬curer, sur simple demande, les nomsdes agents généraux non inclus dansla liste.

Les paiements peuvent être effectuésdans la monnaie du pays. Les prixde l'abonnement annuel au « COUR¬

RIER DE L'UNESCO » sont mention¬

nés entre parenthèses, après lesadresses des agents.

ALBANIE. Ndermarrja Shteterore e

Botimeve "Nairn Frasheri", Tirana.

ALLEMAGNE. R. Oldenbourg K.G.,

Unesco-Vertrieb für Deutschland, Rosen-

heimerstrasse I4S, Munich 8. (DM 6).

AUTRICHE. Verlag Georg Frommeet C°, Spengergasse 39, Vienne V. (Sch.3 7. SO).

BELGIQUE. Office de Publicité S.A.,

16. rue Marcq, Bruxelles C.C.P. 285,98.

N.V. Standaard-Boekhandel, Belgiëlei 151,Anvers. Pour le « Courrier» seulement :

Louis de Lannoy, 22, Place de Brouckère,

Bruxelles. C.C.P. 3 380.00 ( 1 00 fr. belges).

BRÉSIL. Librairie de la Fundaçao GetulioVargas, 186, Praia de Botafogo. CaixaPostal 4081, Rio de Janeiro

BULGARIE. Raznoïznos, 2, Tzar AssenSofia.

CAMBODGE. Librairie Albert Portail,14, avenue Boulloche, Phnom-Penh.

CANADA. Imprimeur de la Reine,

Ottawa, Ont. (S 3.00).

CHILI. Editorial Universitaria, S. A.,

Avenida B. O'Higgins 1058 casilla 10220

Santiago (pesos 1.100).

CONGO BELGE. Louis de Lannoy,22. Place de Brouckère, Bruxelles (Bel¬gique). C.C.P. 3380,00.

DANEMARK. Ejnar Munksgaard Ltd.

6, Nörregade, Copenhague K. (Kr. 12).

ESPAGNE. Pour le « Courrier de

I'Unesco » : Ediciones Iberoamericanas,

S.A., Pizarro 19, Madrid. (Pts 90).Autres publications : Librería Cientifica

Medinaceli, Duque de Medinaceli, 4,Madrid.

ETATS-UNIS. Unesco Publications

Center, 801, Third Avenue, New York

22, N.Y. (3 3). et, sauf pour les pério¬diques : Columbia University Press, 2960Broadway, New York 27. N.Y.

FINLANDE. Akateeminen Kirjakauppa,2, Keskuskatu, Helsinki, (mk. 540).

FRANCE. Librairie Unesco, Place de

Fontenoy, Paris, C.C.P. 12.598-48.

Vente en gros : Unesco, Section des

Ventes. Place de Fontenoy, Paris (7e).(NF. 7.00).

GRÈCE. Librairie H. Kauffmann, 28,rue du Stade, Athènes.

HAITI. Librairie « A la Caravelle »,36, rue Roux, B.P. III. Port-au-Prince.

HONGRIE. Kultura P. O. Box 149,Budapest, 62.

INDE. Orient Longmans Private Ltd. :17 Chittaranjan Avenue, Calcutta 13.

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IRAN. Commission nationale iranienne

pour I'Unesco, avenue du Musée, Téhéran.

IRLANDE. The National Press, 2 Wel¬

lington Road, Ballsbridge, Dublin (10/-).

ISRAEL. Blumstein's Bookstores, Ltd.,35, Allenby Road and 48, Nahlat BenjaminStreet, Tel-Aviv. ( I £ 4.-).

ITALIE. Libreria Commissionaria San-

soni, Via Gino Capponi 26, Casella Pos¬

tale 552, Florence, (lire 1.200).

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Bellaire, Boîte postale 211, Rabat. (NF.7.00).

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Cristal, Pérgola del Palacio de Bellas Artes,

Apartado Postal 8092, Mexique I.D. F.(pesos 17.60).

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POLOGNE. Centre de Distribution des

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ria Portugal, Rua do Carmo, 70 Lisbonne.

ROUMANIE. Cartimex, Str. Aristide-

Briand 14-18, P.O.B. I 34- I 35, Bucarest.

ROYAUME-UNI.H. M. Stationery Office,

P.O. Box 569, Londres S.E.I. (10/-).

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Unescoradet Vasagatan 15-17, Stockholm,

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SUISSE. Europa Verlag, 5, Rämistrasse,

Zurich. C.C.P. Zürich VIII./23383.Payot, 40, rue du Marché, Genève.C.C.P. 1-236.

Pour le Courrier seulement : GeorgesLosmaz, I, rue des Vieux Grenadiers,

Genève. CCP 1-481 I (Fr. S 7)

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TURQUIE, Librairie Hachette, 469,

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ración Cientifica para America Latina,Bulevar Artigas 1320-24, Casilla de

Correo 859, Montevideo. Oficina de Repre¬

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1342-1° piso Montevideo. (Pesos 10).

VIET-NAM. Librairie Papeterie Xuan-

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