L´art de vivre en crise, por Ana María Llamazares. Revista Nueva Acropolis Francia

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1 Éditorial Les cultures sont-elles civilisées ou barbares ? Par Fernand SCHWARZ Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole Ce qui caractérise en premier les sociétés humaines est la culture. C’est à travers elles que se transmettent les acquis non biologiques d’ordre matériel et spirituel. C’est le fondement de l’humanisation. Revue de Nouvelle Acropole n° 228 – mars 2012 Sommaire ÉDITORIAL : Les cultures sont-elles civilisées ou barbares ? SOCIETE : L’art de vivre en crise CINEMA ET PHILOSOPHIE : «The Tree of life», un grand message mystique PHILOSOPHIE À VIVRE : L’intuition, voir avec les yeux de l’âme À LIRE ÀGENDA – SORTIR

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"L'art de vivre en crise". Artículo de Ana María Llamazares publicado originalmente en el diario La Nación fue traducido al francés por Fernando Schwarz y editado en la Revista Acropolis No 228, Marzo 2012, París.

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    ditorial

    Les cultures sont-elles civilises ou barbares ? Par Fernand SCHWARZ Prsident de la Fdration Des Nouvelle Acropole

    Ce qui caractrise en premier les socits humaines est la culture. Cest travers elles que se transmettent les acquis non biologiques dordre matriel et spirituel. Cest le fondement de lhumanisation.

    Revue de Nouvelle Acropole n 228 mars 2012

    Sommaire DITORIAL : Les cultures sont-elles civilises ou barbares ? SOCIETE : Lart de vivre en crise CINEMA ET PHILOSOPHIE : The Tree of life, un grand message mystique PHILOSOPHIE VIVRE : Lintuition, voir avec les yeux de lme LIRE GENDA SORTIR

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    Lanthropologie considre les cultures avec un mme intrt parce quelles permettent dapprocher les phnomnes humains sous une forme universelle. Mais ceci nimplique en rien quelles soient toutes gales car elles peuvent avoir un dveloppement scientifique, technique ou des valeurs dthique et de politique des stades diffrents. Claude Levi-Strauss explique justement que le regard loign dun ethnologue est celui dune culture civilise et non celui dune culture sauvage (1). Il na jamais cach que pour lui une culture humaniste tait laboutissement dun travail de civilisation qui dnouait toutes les servitudes mentales (1). En clair, les cultures peuvent devenir civilises ou barbares. Le terme de civilisation apparat en Europe sur le modle de la civilit (2) des murs et des connaissances. Cest Mirabeau le premier (3) qui dfinit en 1756 la civilisation comme un processus dhumanisation et dans cet idal, apparut lide de luniversel afin de le partager entre tous. Le concept de civilisation inclue une forte dimension politique, si lon en juge par son tymologie latine drivant de civis, citoyen, donnant une importance fondamentale lintrt gnral par rapport lintrt particulier et ainsi qu celle du mieux vivre ensemble et lexistence de ltat. Mais les civilisations, peu importent lesquelles, peuvent galement dvier vers la barbarie, comme lont dmontr lAllemagne nazie et la Russie bolchvique. Le totalitarisme nest pas civilisation mais barbarie. Il y a une limite trs fragile au-del de laquelle les cultures peuvent basculer de la civilisation la barbarie et les gnrations suivantes doivent toujours rester vigilantes. Lhistoire dmontre que personne nest labri dune dviation. Nanmoins, il existe quelques critres qui nous permettent de rester vigilants, ce que la culture occidentale a trs bien compris, notamment par le fait que la vraie civilisation implique dtre toujours critique envers elle-mme, de se remettre en question individuellement mais galement collectivement. En effet, il est difficile de rester toujours parfait et rien ne doit nous empcher de nous remettre en question et de nous rectifier. Le barbare est celui qui ne se remet jamais en question et pense que tout lui est autoris. Il est lombre de la civilisation. Rester civilis nous oblige un grand effort permanent, celui de ne pas agir de faon impulsive et de garder une certaine distance et courtoisie dans nos murs et nos actions. Nous pensons que la pratique de la philosophie civilise. Rcemment, sur la question de la civilisation, nous avons assist beaucoup de ractions motionnelles et intellectuelles. Pourquoi ce remue-mnage ? Dautres comme Emmanuel Levinas (4), Cornlius Castoriadis (5) ou Andr Comte-Sponville (6) se sont exprims auparavant sur ce thme. En ralit, la question qui est pose est le sentiment de lgitimit, celui dappartenir la culture et la civilisation europenne. Un bon nombre de citoyens se sont dsengags par rapport leur propre identit. Par contre, beaucoup de groupes rsidant en Europe mais didentit diffrente, se sentent tout fait lgitimes concernant leur identit et origine, sans pour autant se sentir obligs de sintgrer la culture qui les accueille. Lhistoire a dmontr que ce sont toujours les gens dtermins et pas forcment ceux qui ont raison qui lemportent. Si nous pensons vraiment que les valeurs universelles, tels que les droits de lhomme qui portent la dignit humaine sont importants, il est plus que temps dexprimer une certaine fiert vis--vis de la civilisation qui les a engendres, tout en restant conscient de nos propres imperfections. Nous devons dvelopper une force morale et de la fiert dlivrer un message clair dans des conditions qui nous permettent de mieux vivre ensemble et de

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    ne pas transformer nos socits dans des fodalits dintrt conomique religieux, ethniques La civilisation ne se dcrte pas, elle se construit avec des hommes et des femmes libres et dtermins. (1)Le regard loign, Claude Levi-Strauss, ditions Omnibus, 1983, page 49 (2) Savoir-vivre, ensemble de rgles de vie en communaut telles que respect dautrui, politesse ou courtoisie (3) Honor Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau, plus communment appel Mirabeau (1749 1791), rvolutionnaire, crivain, diplomate, franc-maon, journaliste et homme politique franais (4) Philosophe franais dorigine lituanienne (1906 1995) (5) Philosophe, conomiste et psychanalyse franais dorigine grecque (1922 1997), fondateur du groupe et de la revue Socialisme ou barbarie (6) Philosophe franais, auteur douvrages philosophiques, membre du Comit consultatif national dthique depuis mars 2008

    Socit Lart de vivre en crise Par Ana Maria LLAMAZARES Tout au long de lHistoire, le monde a vcu de nombreuses crises, annonciatrices de changements, comme en tmoigne notam-ment les calendriers mayas avec lanne 2012. Danger ou opportunit, la crise devient un art de vivre qui ncessite une attitude intrieure de recherche de crativit constante et de paix. Actuellement, le mot crise est la mode. Il ne se passe pratiquement pas de jour o il napparaisse dans quelque quotidien, dans le discours de quelque politique, dans lexplication de quelque analyste, jusque dans lintimit dune conversation entre amis. Que se passe-t-il ? Tout est-il en crise ? Les paradis personnels ont-ils pris fin ? Se peut-il que quelque chose affecte de faon aussi implacable, depuis la couche dozone jusquaux profondeurs de lme humaine, en passant par les systmes politiques, largent, la sant, la motivation des enfants dans les coles et tant dautres choses si diffrentes et en mme temps si communes ? Il semblerait que la rponse soit dune manire invitable affirmative. Il ny a pas dinterruption dans la continuit de la crise contemporaine. Elle nous affecte tous les jours de lanne et presque partout sur la plante. Quand le fleuve se fait entendre, il apporte leau. Et aujourdhui les fleuves ne cessent de se faire entendre. Lorsquun mot est beaucoup utilis et pour dcrire des situations trs diffrentes, il faut y prter attention. On a probablement nomm de faon rapide et synthtique un concept plus difficile comprendre, aux contours encore imprcis mais dont limpact sur la ralit est trs intense. Il se peut que, derrire les manifestations de la crise globale, il y ait quelque chose en commun, qui soit une cl pour mieux comprendre ce qui est en train de se jouer. Ne nous laissons pas abuser par la disparit apparente des choses qui se passent ; au

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    contraire, essayons de regarder un peu au-del des apparences pour capter comme dirait Gregory Bateson (1904 1980) (1), le grand penseur systmique la rgle qui relie tant de diversit. Crise et paradigmes

    Les regards visent les paradigmes dominants, autre mot qui a quitt le strict milieu du jargon pistmologique ou de la philosophie au sujet de la science pour devenir concrtement un passe-partout mdiatique. Le destin commun de ces deux termes crise et paradigmes , ne semble pas tre un

    hasard social mais par contre lindice dune relation plus profonde. Si nous les associons, nous trouverons la crise des paradigmes la chute des vieux systmes philosophiques, scientifiques, thiques et religieux comme une racine commune larbre touffu de la crise globale contemporaine. En mme temps, concidence il apparat clairement que nous approchons de la fin dun grand cycle historique, dun changement de temps, qui sexprime avec la venue de la prophtique anne 2012. Mon regard avec celui des autres auteurs vise particulirement comprendre ce moment de crise comme tant lpuisement du paradigme prdominant de la Modernit, construit en Occident dans la vision matrialiste et sur le modle de la science mcaniciste. Bien qutant encore trs en vigueur, le paradigme moderne maintenant ancien arrive sa fin ; non seulement par la culmination de ses effets les plus ngatifs la crise cologique, par exemple mais aussi sous limpulsion rnovatrice des nouveaux paradigmes scientifiques et culturels qui silencieusement sont donnent lieu une vision du monde qui aspire tre plus quilibre et soutenable. La mtaphore de lhorloge est utile pour comprendre les effets du paradigme moderne. Celui-ci a commenc vers le milieu du XIVe sicle, presque comme une attraction qui, depuis les clochers ou les tours des places permettait dordonner la vie de la communaut, et il a fini par adhrer nos corps, internalisant la rigueur du temps mtrique comme le plus incisif artfact de contrle social et personnel. Peut-tre quau au service dune peur basique et ancestrale, qui en mme temps nous a conduits lillusion dun monde rel, solide et stable, nous nous sommes persuads que tout peut et doit se mesurer et se contrler. Mais les temps de crise dfient inexorablement ces ingnuits historiques. Car le temps nest pas historique et abstrait. Aujourdhui, comme toujours, le temps est cyclique et concret, li des processus naturels de grande amplitude, parfois difficile embrasser par nos courtes vues humaines. Et cette vritable obsession moderne qui consiste mesurer, contrler et accumuler, est peut-tre la fameuse rgle qui relie.

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    Vivre en crise Si ce modle est le modle commun avec lequel nous habitons notre monde contemporain convulsionn, nous ne devrions pas tre surpris quil nous en cote de vivre les crises comme un processus courant, comme un moment critique ncessaire pour donner lieu au dploiement naturel des cycles des choses et quen revanche, la seule vocation du mot veille en nous des inquitudes diverses. Nous savons maintenant que les Orientaux expriment le concept de crise ou changement avec deux idogrammes combins, lun qui signifie danger et lautre qui indique opportunit mais pour la plupart dentre nous, Occidentaux prsums postmodernes, le changement est vcu comme quelque chose de plus dangereux quopportun. Nous sommes des hritiers culturels du mythe de la scurit du solide, et tout ce qui se meut et scoule en surface nous attire mais dans le fond, nous effraie. Cependant, il est plus quvident que tout scoule, que personne ne peut descendre deux fois le mme fleuve comme nous lavait dj dit le philosophe grec Hraclite ; et il est question non seulement de sy habituer mais de trouver la grce et dapprendre vivre en dansant. Le grand virage paradigmatique amorc depuis le dbut du XXe sicle dabord par la physique et ensuite par les autres branches de la science et les humanits (2) a marqu la fin du dterminisme et la chute de lillusion fondamentaliste de la certitude et du contrle. Nous sommes rsolument entrs dans lre de lincertitude et ceci, qui sans aucun doute signifie une forte commotion existentielle et philosophique la si clbre chute du fondement , ouvre aussi dautres possibilits pistmologiques et lance le dfi de les conduire la pratique. Dvelopper lart de vivre en crise est un exercice de crativit constante. Assumer lincertitude, non de langoisse mais comme une condition de possibilit, implique de reconnatre que lexistence se joue dans la dynamique constante des liens que nous tablissons avec linconnu. Nous pouvons remercier les temps quil nous incombe de vivre car il semblerait que scouler spontanment dans lincertitude quelque chose qui sans doute est lordre du jour soit aussi un secret de plnitude et de longvit heureuse. Un creuset de possibilits Nous devons enquter de toute faon sur ltymologie, une habitude classique occidentale, pour nous aider comprendre et nous inspirer pour vivre un peu plus lucidement le moment prsent. Les diffrentes acceptions dun mme mot et de sa relation avec dautres mots familiers, prises ensemble, ont lhabitude de rendre compte de la riche complexit inhrente tout concept. Du sanscrit ancien nous trouvons une racine proche entre kri qui signifie donner, nettoyer ou purifier et kriterio qui fait allusion au jugement ncessaire pour prendre une dcision. Le grec krisis latinis en crisis provient du verbe krinein, qui renvoie laction de sparer ou de dcider et quelque chose qui se brise. Crisis sapplique aussi pour se rfrer au moment culminant dune maladie, lorsque celle-ci se calme et que le patient commence sa rcupration ou que se produit un dnouement de la vie. Le mot indique une lutte entre deux forces contraires, lune qui rsiste et lautre qui veut changer : la dialectique ancestrale entre le vieux et le nouveau, ce qui conserve et ce

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    qui transforme. La crise est le point culminant de cette tension, qui se rsout ncessairement comme une bonne phrase musicale en un nouvel tat de repos ou de dtente. Celui-ci peut tre un calme transitoire ou le premier pas dun nouveau chemin. Nous trouvons galement le sens de ce qui bifurque et change de direction dans lexpression point crucial ou dinflexion dune courbe. Aujourdhui nous savons, grce la thorie du chaos un des nouveaux paradigmes dans le champ des mathmatiques et de la science des systmes que la tension nest pas toujours ngative, mais que dans les systmes complexes, elle a un rle hautement cratif comme dclencheur de rorganisations soudaines desquelles mergent des qualits jamais vues antrieurement et de nouvelles configurations plus appropries pour affronter les mmes conditions qui ont donn lieu la tension. La crise fonctionne alors comme un creuset autre terme apparent , le chaudron alchimique o lon sparait lor de sa scorie la plus lourde, grand symbolisme de purification, o tout ce qui obscurcissait lclat du mtal prcieux finissait par se dsincruster. Aprs ce douloureux processus, la lumire de lor rayonnait dune plus grande splendeur. Aprs une crise quelconque nous dit le philosophe brsilien Leonardo Boff (3) quelle soit corporelle, psychique ou morale, ou quelle soit intrieure et religieuse, ltre humain en sort purifi, librant une srie de forces pour une vie plus vigoureuse et pleine dun sens renouvel.

    Conqurir la srnit, un nouveau paradoxe ? Nous pouvons dire que lart de vivre en crise est une forme alchimie contemporaine car il y a quelque chose de paradoxal dans tout cela. Dcider de changer en laissant en mme temps le changement suivre son cours, require une subtile combinaison difficile mais indispensable de discernement et dabngation. La raison lucide nous enseigne sparer ce qui ne sert dj plus, de ce que nous pouvons conserver, ce qui doit faire de la place pour le nouveau, de ce qui peut rester. Nous avons besoin de discriminer et de nous dcider jeter Le processus requiert la lucidit et la vigilance pour viter les tentations de rtention, de nouvelles certitudes et de rester en contrle. Nous ne pouvons pas prvoir le rsultat dune crise. Il y a trop de facteurs en jeu et nimporte quel mouvement, aussi petit quil soit, peut gnrer de grands effets et des effets inattendus. De sorte quarrive aussi ce qui nous cote le plus, parce quon lobtient seulement par le cur : sabandonner et lcher le contrle, ne pas se rendre ni tomber les bras mais avoir confiance et accompagner, ne pas retenir, car il ny a rien

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    de pire ni de plus douloureux que dempcher le cours naturel de ce qui sefforce de natre. Nous connaissons dj la manire de transcender les paradoxes : en slevant une hauteur plus grande. Ce qui en bas nous paraissait impossible et se voit den haut avec plus de clart. Vivre en crise est aussi une invitation qui incite crotre. Nos attitudes face aux temptes sont ce qui dfinit la faon dont nous nous sortirons. Conqurir la srnit, ce nest pas tre exempt de temptes mais savoir rester en paix parmi elles. (1) Anthropologue, psychologue, pistmologue amricain, pre de lcole de Palo Alto (2) Disciplines traitant des langues et de la littrature anciennes, cest--dire le latin et le grec (3) Un des chefs de file de la thologie de la libration au Brsil dans les annes 1970-80. Il a reu le prix Nobel alternatif en 2001 Traduit de lespagnol. Paru dans le journal La Nacion, Buenos Aires, le 16 janvier 2012 Ana Maria Llamazares est anthropologue (UBA) et pistmologue (UB), Chercheur au CONICET, professeur de lUNTREF. Elle est directrice de la Fondation desde America, auteur du livre Del reloj a la flor de loto. Crisis contempornea y cambio de paradigmas (en franais : De lhorloge la fleur de lotus. Crise contemporaine et changement de paradigme (Editorial du Nouvel Extrme 2011) Contact : [email protected] www.delrelojalaflordeloto.blogspot.com / www.desdeamerica.org.ar loge dune vie incertaine

    Assumer la peur et langoisse Abandonner la pulsion dordre et de contrle Avoir confiance dans notre potentiel et celui des autres Travailler la prsence pleine, tre ici et maintenant Se permettre de jouer et dimproviser Dvelopper lobservation active Ne pas se lamenter des erreurs Se dcider changer Profiter des succs et des russites Continuer stonner Remercier.

    La situation de crise est anthropologiquement trs riche. Elle ne constitue pas une tragdie dans la vie, mais sa force et son dbordement. Cest une opportunit de croissance. Ce nest pas une perte du sol sous les pieds, mais le dfi que ce sol vital envoie pour une meilleure volution ou dfinition. Leonardo BOFF, La crise comme opportunit de croissance (2004)

    Le chemin de lEsprance Stphane HESSEL, Edgar MORIN Fayard, 61 pages 5 Cette petite brochure nous met face face la ralit tout en laissant une lueur despoir. Cest un constat assez prcis sur la situation actuelle aux allures de catastrophe. Un renouveau dans tous les domaines se fait jour au fur et mesure travers plusieurs propositions concrtes. Changement individuel et changement social sont indissociables. http://www.revue-acropolis.fr

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    Cinma et philosophie The Tree of Life Un grand message mystique Par Lionel TARDIF Conu comme une pope cosmique, un hymne la vie le film The Tree of Life de Terrence Malick porte un regard crois sur la gense de lhumanit et la jeunesse difficile dun garon des annes 1950. Un bel hommage la foi, en lhomme et en Dieu. Le film de Terrence Malick (1) commence par une citation du Livre de Job (2) : O tais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le si tu as de l'intelligence. Qui en a fix les dimensions, le sais-tu ? Qui a tendu sur elle le cordeau ? Sur quoi ses bases sont-elles appuyes ? Qui en a pos la pierre angulaire, alors que les toiles du matin clataient en chants d'allgresse et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie. Avec des images sublimes, le spectateur, de son fauteuil assiste la cration du monde, puis la vie de quelques tres choisis manant de cette soupe volutive. La naissance du cosmos Ici l'univers ressemble un vaste ocan, constitu de l'eau qui le forme et de l'air au-dessus de sa surface. L'espace-temps situ dans l'eau est l'espace-temps de la matire ; et l'espace-temps situ dans l'air est l'espace-temps de l'esprit, rappelle

    100% jung Viviane THIBAUDIER Eyrolles, 157 pages, 14 Deviens ce que tu es est la recherche que JC. G. Jung a men toute sa vie, se sentant diffrent des autres et portant un regard pntrant sur les choses, en se laissant imprgner des philosophies orientales et occidentales et de tout ce qui contribue de prs ou de loin mieux se connatre soi-mme. Trouver un sens ce que lon est, trouver un quilibre acceptable en nous mmes avec nos blessures grce un voyage entrepris dans les profondeurs de nous-mmes et un dialogue avec notre inconscient. Une mdecine de lme ? Un ouvrage crit dans un langage simple mais percutant par une psychanalyste, spcialiste de Jung. http://www.revue-acropolis.fr

    Comment nous sommes devenus colos Lonard LABORIE Ellipses, 159 pages, 12 Ce livre est une plonge au cur des transformations de notre conscience. Petit petit, lhomme se rend compte quil ne domine pas la nature. Rchauffement climatique, tsunami et autres catastrophes en tout genre, incitent rflchir. Notre environnement est en danger Tout le monde le pense aujourdhui. Depuis cette constatation, il sest cr un mouvement cologique qui prend de plus en plus dimportance. Cest ce que veut dmontrer lauteur de ce petit livre. http://www.revue-acropolis.fr

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    Jean-mile Charon (1920 1998) (3) qui, en son temps, fut dcri par les reprsentants de la pense scientifique rationaliste. Comme il aurait aim ce film ! Terrence Malick nous montre de vastes tourbillons d'eau, creusant des cuvettes dans la surface de l'ocan : ce sont les toiles. Plus les grands tourbillons se rtrcissent, plus la rotation est rapide et plus ils creusent le magma comme un maelstrm. Un nouveau phnomne apparat, le tourbillon se referme : il devient presque invisible et nous voil en prsence d'un trou noir. Parti de l'univers, de la fragmentation interne des galaxies, le ralisateur plonge ensuite le spectateur dans de vastes nuages de gaz et de poussires cosmiques qui sont l'origine de notre systme solaire. Qui suis-je ? dit l'tre humain qui attarde son regard le soir sous la vote toile. Nous nous surprenons rver puis avoir le vertige quand nous savons que certaines toiles qui brillent dans nos yeux ne sont dj plus. Ces lumires d'un autre ge semblent traduire cependant une grande exprience avec laquelle l'humain reste en symbiose au fond de son inconscient. Cette parcelle divine qui vit en nous est en continuelle interaction avec les particules lmentaires formant notre corps et le cosmos. La rsonance, de lunivers au microcosme Ici il est bon de rappeler quelques donnes de physique. Les atomes sont forms d'un noyau central autour duquel gravitent des particules lectrises : les lectrons. L'lectron est un vritable micro univers, il possde un temps cyclique qui lui permet - selon Jean Charon - de retrouver les tats passs de l'espace qui le constituent. Il est indpendant de la matire. Ces lectrons s'attirent et se repoussent en fonction de certaines affinits. Sensible aux thories de scientifiques comme Fridjof Capra, David Bhm et Jean Charon, Terrence Malick montre les correspondances qui existent, selon lui, entre la fonction de l'univers - corps de Dieu - et sa rplique dans le microcosme humain ; travers les comportements des particules dans le corps humain en rsonance avec Lui. C'est pourquoi il lui fallait montrer ce long prlude cosmique, puis les origines de la vie sur terre et la prsence des dinosaures. Et ce n'est qu'ensuite, comme un laser venu de l'espace, dans un temps donn - les annes cinquante aux tats-Unis - que nous faisons connaissance avec des tres deux pattes, une famille classique : un pre autoritaire et humain, une mre pleine de grce (admirable dcouverte de Terrence Malick en la personne de Jessica Chastain) et leurs enfants. Un conflit non moins classique se joue entre le pre (Brad Pitt) qui veut le succs individuel pour ses trois fils levs la dure, et une mre qui souhaite leur inculquer qu'il existe autre chose qu'tre fort, travailler et gagner de l'argent. Elle est prs d'eux avec toute la force discrte de son amour. Entre ces deux extrmes, les garons font l'apprentissage difficile de la religion et de leur propre personnalit. Le dualisme familial Un vnement tragique vient bouleverser tous les personnages en fonction de leur vcu. Parmi les trois enfants, celui dont la personnalit est la plus complexe (Jack) va galement apparatre adulte dans un temps diffrent (Sous les traits de Sean Penn). Mais les deux temps deviennent parallles. La mise en scne de Terrence Malick est d'une incroyable fluidit. La grce arienne de Jessica Chastain nous montre que cette femme est en communion constante avec Dieu. Son visage offre une gamme de vibratos qui met jour les plus subtiles ractions de l'me dans ce grand oratorio cosmique. Les choix musicaux participent ces

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    envoles mystiques qui habitent le film de bout en bout : Toccata et fugue en r mineur de Jean Sbastien Bach, le Requiem de Berlioz, les barricades mystrieuses de Franois Couperin, Funeral Canticle de John Tavener. Au niveau de la narration, Michel Chion (4) note justement qu'elle est dcentre. La voix ne recoupe pas exactement ce que l'on voit l'image. Elle manifeste une connaissance des faits diffrente et dsaxe par rapport au rcit. Tout cela permet Terrence Malick de naviguer avec lgance et virtuosit dans des temps et des espaces diffrents. Il met en vidence l'essence mme du cinma que David Wark Griffith (5) avait bien comprise ds les quinze premires annes du cinma. L'apothose du film est cette longue scne finale sur la plage o les protagonistes se croisent ; ceux d'ici et maintenant et ceux d'hier, ceux d'aujourd'hui ou de demain dans une chorgraphie intemporelle baigne d'une lumire qui semble tre capte sur une autre terre ; une rplique identique la ntre mais cependant distincte. L'animation d'une telle scne me fit penser d'emble celle de La terre qui flambe de Friedrich Wilhelm Murnau (6).

    Dcouvrir ltre intrieur Terrence Malick pense qu'une uvre d'art peut provoquer d'infimes mais durables changements dans nos curs, rveiller en nous des sentiments cachs dans notre me et surtout nous inciter aimer plus. C'est effectivement sa vocation premire et pour le crateur son acte le plus noble. Dans la deuxime partie du XIXe

    sicle vivait en Nouvelle-Angleterre un grand philosophe trs mal connu en France, Henry David Thoreau, qui allait beaucoup influencer Gandhi en Inde. Il clbrait une vie en liaison avec la nature, nous apprenant nous suffire nous-mmes sans contraintes d'aucune sorte dans un lan panthiste en accord avec les rythmes du cosmos. L'uvre de cet homme, Walden, va laisser une empreinte profonde dans les films de Terrence Malick. Dcouvrir ce secret profond que chacun porte en soi, auquel la plupart des hommes sont indiffrents, mais pourtant qu'il faut connatre. Notre tre intrieur est blanc sur la carte de l'univers, il faut explorer cette contre inconnue. Etre veill c'est tre vivant. Je n'ai pas rencontr d'homme qui ft tout fait veill. Un seul sur un million est assez veill pour un effort intellectuel fcond, un seul sur cent millions pour mener une vie potique ou divine. Faire grandir lhumanit De La balade sauvage (1974) et Les moissons du ciel (1978) La ligne Rouge (1998) et Le nouveau monde (2005), vingt ans de rflexions sparent ces deux priodes mais elles sont toutes deux habites par les visions de Henry David Thoreau. Seulement quatre films en quarante ans de cration avant The Tree of Life ! Est-il pour autant important de tourner tous les ans comme certains, quand on n'a rien dire ; seulement

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    la peur de s'ennuyer ? Une uvre d'art doit tre le fruit d'une mre rflexion sur la vie. Elle doit tre exigeante et surtout servir l'humanit, permettre de faire grandir d'autres personnes. Les rencontres spirituelles entre Henry David Thoreau et Terrence Malick me font penser celles de Maxime Gorki et du cinaste Mark Donsko avec ce mme lan panthiste. Dans La ligne rouge, Terrence Malick nous montre que la guerre ne rend pas les hommes nobles ; elle en fait des chiens mchants et, pire que tout, elle empoisonne leur me, ce qui est bien le pire des mfaits que nous subissons dans notre civilisation actuelle car ses effets sont terribles. Parmi les projets de Terrence Malick il y a le dsir d'adapter au thtre L'intendant Sansho, ralis pour le cinma par Kenji Mizoguchi (7) (un de ses chefs-duvre), d'aprs le livre de Ogai Mori (8). Je pense qu' travers cette volont, s'il la ralise, le cinaste amricain trouvera sans doute une belle rsonance avec son uvre : une priode terrible de guerre des clans o un tre humain qui a vcu les pires vilnies de l'existence va trouver la force de sauver son me de l'anantissement dans une belle aspiration vers le haut. Les proccupations les plus actuelles de Terrence Malick semblent trouver un prolongement au sujet de The Tree of life dans sa volont de montrer la naissance et la fin de l'univers : tel est le projet du film Voyage of Time. pope cosmique, gense de l'humanit, hymne la vie, l'uvre de Terrence Malick semble s'inscrire dans une brve histoire du temps. (1) Ralisateur, scnariste et producteur de cinma amricain. The Tree of life (larbre de vie) a obtenu la Palme dOr au Festival international de cinma de Cannes. Terrence Malick a t consacr meilleur ralisateur par la Los Angeles Film critics association (2) Livre de lAncien Testament (3) Physicien de la recherche nuclaire et de la thorie physique fondamentale et philosophe, auteur douvrages tels que Les Lumires de l'Invisible, Albin Michel, 1985, L'Homme et l'Univers, Albin Michel, 1974, LEsprit, cet inconnu, Albin Michel, 1977, Jai vcu quinze milliards d'annes, Albin Michel, 1985, Et le divin dans tout a ?, Testament spirituel d'un grand physicien, entretiens avec rik Pigani, Albin Michel, 1998 (4) Compositeur de musique concrte, ralisateur, enseignant et critique de cinma (5) Ralisateur amricain (1875-1945), fondateur du premier studio de cinma indpendant, United Artists, avec Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks et Mary Pickford (6) Friedrich Wilhelm Murnau, nom d'artiste de Friedrich Wilhelm Plumpe (1888 1931) ralisateur allemand, matre du cinma expressionniste allemand (7) Ralisateur japonais (1898-1956) (8) Pseudonyme de Rintaro Mori (1862-1922), clbre crivain japonais de lre Meiji

    Philosophie vivre Lintuition, voir avec les yeux de lme Par Dlia STEINBERG GUZMAN Lhomme a accs la connaissance par lintelligence mais galement par un canal plus subtil quest lintuition, qui permet de capter la ralit au-del des apparences, lunit au-del de la diversit. Outre la pense rationnelle qui travaille avec les ides, dont nous avons dit qu'elle constituait le mental, il existe en l'homme une autre forme de pense plus subtile qui est l'intuition. La premire tend des fils pour connatre : c'est le raisonnement. La seconde capte directement : c'est l'intuition. Nous mettons ce second mode de connaissance directement en relation avec l'intelligence. Maya (1), une fois de plus, a embrouill les

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    fils dans son jeu, et nous a laiss croire que l'intelligence consiste en une certaine habilet et adresse qui vont du physique au spirituel. tre intelligent, c'est tre veill, vif, rapide dans ses ractions, et c'est ainsi que les hommes s'vertuent dvelopper l'intelligence comme s'il s'agissait d'une comptition d'athltisme mental.

    Une captation immdiate Nanmoins, l'intelligence est un don de plus grande pntration ; c'est plus que penser et raisonner ; c'est beaucoup plus que rpondre rapidement des stimuli ; c'est pouvoir capter la vie au-del de laspect superficiel sous lequel elle se prsente. C'est reconnatre les faits et y appliquer le discernement. L'intelligence, c'est savoir choisir et quelque chose de plus important encore : faire une slection entre de nombreuses opportunits, sparer le bien du mal, l'utile de l'inutile. Cest tout cela, l'intelligence, cest tout cela, travailler avec l'intuition. Exercer l'intuition, c'est gagner une course contre le temps. Le vieux Chronos (2) nous domine depuis des sicles et des sicles, et nous a toujours impos ses conditions : nous, les hommes, devons nous dvelopper sur son terrain, et les choses doivent nous coter... du temps. Agir prend du temps ; ressentir nous mange la vie, penser dure des heures ; mais l'intuition rompt cette barrire et s'approprie l'essence des choses, dans le temps mais sans perdre de temps. L'intuition est la captation immdiate qui contient en soi la capacit de choix et de dcision. Que capte-t-on ? Est-ce positif ou ngatif ? Garderons-nous ou pas ce que nous avons capt ? Et au cas o nous le gardons, comment agir avec ? Que choisir de faire et que faire ? Celui qui a de l'intuition sait ce qu'il possde, quelle valeur renferme ce qu'il a acquis, les possibilits d'application qu'elle implique et la manire immdiate dont il la mettra en jeu. Dans l'intuition, il n'y a pas de doutes, pas de dtour inutile : c'est une course gagne sur Chronos, par-del les voiles avec lesquels Maya a essay de recouvrir cette ralit. Capter ce qui est Celui qui n'a jamais gagn cette course sur le mental discursif peut croire que l'intuition a quelque chose voir avec l'imagination, il peut croire que ce qui est capt est en ralit imagin. Mais du fait qu'il s'agit du mental suprieur si on rflchit un peu plus finement, on pourra se rendre compte que l'intuition ne consiste pas capter ce

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    que nous voulons, ou ce que nous croyons ou ce que nous croyons capter : c'est capter ce qui est. La fantaisie, coup sr, implique des choses qui n'existent pas, elle s'extasie dans des jeux absurdes dont Maya elle-mme ne pourrait tirer profit. Mais la fantaisie est totalement diffrente de l'intuition, dans la mesure o elle est strilise par ses images, perdant ainsi toute force pour agir. L'intuition, par contre, capte des ralits, les rares ralits que le jeu de Maya nous laisse entrevoir ; elle les thsaurise et les convertit ensuite en descentes successives qui vont toucher tous les plans de l'expression humaine. Une intuition peut arriver l'esprit sous la forme d'une ide qui, colore par des sentiments et convenablement vitalise, se traduit en action. L'intuition dbouche toujours sur une action correspondante. Voir avec les yeux de lme L'intuition, c'est voir avec les yeux de l'me, mais c'est faire avec les mains du corps. C'est pourquoi nous parlons d'intelligence ; c'est savoir voir et savoir faire. S'il s'agissait de voir seulement avec les yeux du corps, ces derniers n'iraient pas plus loin que ce que peuvent raliser nos mains ; c'est la raison pour laquelle nous parlons dans ce cas d'habilet et d'adresse, mais pas d'intelligence.

    Dans la mesure o le mental courant obtient des captations rduites et partielles, ajustes aux mille et une divisions correspondant aux convenances de Maya ; alors que ce mental peut travailler avec agilit avec les petites parties qu'il dcoupe dans la ralit, l'intuition permet des perces visuelles moins fractionnes. Grce aux effets de l'intuition, il est possible de s'approcher un peu plus de la fuyante ralit, de la formidable unit qui se cache derrire les voiles de Maya. On ne se contente plus alors des petits fragments que la pense habituelle peut digrer mais on agit travers un organe dou de la facult d'absorber un ensemble plus important. C'est un pas vers l'unification des formes de vie qui justifie le fait de parler de l'intuition comme intelligence. Maya prfre que nous pensions, que nous dpensions notre temps avancer cahin-caha avec nos ides tandis que nous jouons vivre. Maya ne veut pas que nous dcouvrions son secret, son pige pour nous obliger rester dans le monde. C'est pourquoi elle joue et nous fait jouer, tout en nous loignant peu peu de la possibilit de capter intuitivement sa vrit. Nanmoins, en regardant Maya jouer loigner de nous la vision et en nous voyant participer inconsciemment cette partie d'checs, un rayon d'intuition s'veille. Si nous observons posment les choses autour de nous et la faon dont elles se comportent, une faible lueur s'ouvre un passage dans

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    notre confusion et nous comprenons, soudain, mille raisons que la raison ne peut exprimer. travers ses jeux, nous commenons pressentir la prsence de Maya. (1) Mot sanscrit, reprsente l'illusion avec apparence de ralit dans la philosophie hindoue (2) Dieu primordial grec personnifiant le temps et la destine, assimil Cronos, roi des Titans dans les traditions tardives, notamment dans lorphisme Texte extrait de Les jeux de Maya, Dlia STEINBERG GUZMAN, ditions des 3 Monts, 2004 N.D.L.R. : Le titre, le chapeau et les intertitres ont t rajouts par la rdaction

    Se rinventer Notre deuxime chance Mario Alonso PUIG Presses du Chtelet, 181 pages, 18,50 Chirurgien et gastro-entrologue, lauteur donne galement des confrences et des cours sur le leadership la crativit et la gestion du stress. Il explique comment lesprit peut imposer des limites et nous empcher de relever certains dfis. Il nous invite de faon trs pdagogique et concrte effectuer un voyage intrieur, pour accder notre vrai potentiel et oprer une transformation personnelle : dcouvrir lextraordinaire au sein de lordinaire, par lapproche dune autre dimension de soi, lveil de la conscience au del de lidentit que nous nous sommes forge. Pour tout public. A lire et relire http://www.revue-acropolis.fr

    Philosophie et thologie lpoque moderne Sous la direction de Philippe CAPELLE-DUMONT ditions du Cerf, 489 pages, 45 Cette anthologie en quatre tomes se consacre ltude, savante et trs documente, des rapports souvent conflictuels entre philosophie et thologie,depuis le Ve sicle avant J.-C. jusquau XXe sicle. Le tome III porte sur la priode du XVIe la fin du XIXe sicle. Il expose les tensions entre les philosophes sceptiques, matrialistes et la thologie se fondant entre autres sur la mystique. Avec la prsentation de textes de philosophes et thologiens de cette poque, louvrage atteint un niveau drudition qui sadresse principalement aux chercheurs, tudiants et lecteurs passionns par le sujet. http://www.revue-acropolis.fr

    Faire le bon choix Comment notre cerveau prend des bonnes dcisions Jonah LEHRER ditions JC Lattes, 424 pages, 20 Ce jeune neuroscientifique de lUniversit de Colombia aux tats-Unis a dj obtenu de grands succs pour ses vulgarisations de haut niveau. Il dmontre ici brillamment par quels processus notre cerveau prend ses dcisions, en sappuyant sur des exemples prcis : un pilote davion de ligne en dtresse, un courtier en bourse New-Yorkais, un joueur de poker, inventent la solution miracle, mme en pleine panique. Quels savoirs ont-ils mobiliss, quels circuits neuronaux agissent sur la bonne dcision ? Un livre passionnant qui se lit comme un roman et peut aider chacun de nous devenir plus astucieux dans tous nos choix que ce soit dans un dilemme vital ou au supermarch ! http://www.revue-acropolis.fr

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    Lire

    Philosophie et thologie lpoque moderne Sous la direction de Philippe CAPELLE-DUMONT ditions du Cerf, 489 pages, 45 Cette anthologie en quatre tomes se consacre ltude, savante et trs documente, des rapports souvent conflictuels entre philosophie et thologie, depuis le Ve sicle avant J.-C. jusquau XXe sicle. Le tome III porte sur la priode du XVIe la fin du XIXe sicle. Il expose les tensions entre les philosophes sceptiques, matrialistes et la thologie se fondant entre autres sur la mystique. Avec la prsentation de textes de philosophes et thologiens de cette poque, louvrage atteint un niveau drudition qui sadresse principalement aux chercheurs, tudiants et lecteurs passionns par le sujet. http://www.revue-acropolis.fr

    Conversion au silence Michel COOL ditions Salvator, 221 pages, 19 Cest un cheminement intrieur qui se dploie ici, litinraire spirituel dun journaliste qui dcouvre la beaut et le rayonnement du silence. Aucune qute du sens de la vie, mais un laisser-aller dans le silence ; cest l seulement quil sentira au plus profond de lui-mme, une prsence bienveillante, divine qui a transform toute sa vie. Malgr ses activits et une vie trpidante due son mtier, cest le tmoignage dun homme habit par une foi brlante. Quelques extraits de pomes mystiques compltent le tout. htp://www.revue-acropolis.fr

    Les Adorables de Zoroastre Textes traduits et prsents par ric PIRART ditions Max-Milo, collection lInconnu, 377 pages, 21,90 Docteur en histoire et philologie orientales, spcialiste du Vda (textes sacrs brahmamiques hindous) et de l'Avesta (textes sacrs de la religion mazdenne), professeur l'Universit de Lige, lauteur a traduit 21 textes liturgiques du culte d'Ahura Mazd, l'ordonnateur du monde. Il a tent de restituer les hymnes brefs de lAvesta dans leur profondeur et leur posie singulire. Jean Kellens, titulaire de la chaire de langues et religions indo-iraniennes au Collge de France en a fait la prface. Le culte de Mazd fut cr en Perse par Zarathoustra (Zoroastre en grec) il y a plus de vingt-huit sicles. Cet ouvrage sadresse aux rudits. http://www.revue-acropolis.fr

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    Agenda Sortir AUBERVILLIERS (93) spectacle go monstre suivi de La Religion de lamour Vendredi 16 mars 2012 20 h 30

    Passionn par les grands textes de lIslam, Lionel Tardif, cinaste (1) prsente un spectacle consacr au soufisme et lAmour, go monstre, suivi de la Religion de lAmour, daprs la vie et les uvres de Sad Bahodine Majrouh et un pome de Ibn Arabi (1165-1240), matre par excellence du soufisme. Celui-ci tmoigne par exprience de cet amour sans exclusivit ni limites dans des vers adresss une belle, appele Nizame rencontre au sanctuaire de La Mekke. Un sicle plus tard, Dante lui fit cho en Occident en chantant lamour pour Batrice dans la Divine Comdie. Grand pote soufi afghan qui a tudi la philosophie Montpellier, se nourrissant aussi bien de Rmi et de Khayyam que de Montaigne et Diderot, Sad Bahodine Mjrouh a cr go monstre, immense pope, chant pique et conte potique dclin en paraboles. Salu pour sa tolrance, il n'a cess d'alerter contre les hystries de l'histoire : dogmatisme, fanatisme, intgrisme en tous genres. Il a t

    Lenfant de la neige Henri GOUGAUD Albin Michel, 280 pages, 19,50 En qute de ses origines, un troubadour revient dans les lieux de son enfance dans une rgion cathare o rde lInquisition. crit dans un style lgant, ce roman nous plonge dans une atmosphre mdivale truculente avec des personnages attachants, hauts en couleur ; il nous mne de surprise en surprise dans une poque passionnante o se ctoient ciel et enfer. Dans cette histoire pleine de rebondissements, lamour prend toujours la premire place. http://www.revue-acropolis.fr

    Retrouvez les parutions rcentes sur le site de la revue Acropolis : rubriques lire et Autres livres reus

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    assassin Peshawar en 1988 par des fanatiques. Le message d'Ibn Arabi sur La Religion de l'Amour est interprt conjointement par deux modes d'expression l'un islamique l'autre hindou. La voix du rcitant est accompagne d'une tradition gestuelle par Manochhaya initie l'art du thtre total Bharata Natyam. Les autres parties mettent en scne deux grands potes, Hallaj et Rmi. La religion de lAmour : voix et mise en scne Sheikh MUHAMMAD VALSAN, Ego monstre : mise en scne par Christophe Donn (1) Voir interview ralise sur Lionel Tardif dans revue Acropolis n 218 avril 2011 et textes de lauteur sur des uvres cinmatographiques, dans les revues Acropolis n 220, 221, 222 et page 10 de cette revue Thtre dAubervilliers - Espace Renaudie - 30, rue Lopez et Jules Martin 93300 Aubervilliers Tl. : 01.48.34.42.50

    ALESIA (21) Ouverture dun musoparc Lundi 26 mars 2012 Plus de deux mille ans aprs la bataille dAlsia qui opposa Csar Vercingtorix, le Conseil Gnral de la Cte-dor a dcid de mettre en valeur ce haut lieu historique par la construction, sur le territoire dAlise-Sainte-Reine, dun MusoParc, compos dun Centre dinterprtation, dun muse archologique et dun vaste rseau de Parcours-dcouverte, dici 2016. Des spcialistes scientifiques internationalement reconnus ont travaill sur le projet. Le 26 mars 2012, le Centre dinterprtation ouvre ses portes au public. Au programme : dcouverte dynamique et interactive du sige dAlsia, objets antiques et fac-simils, diorama, films, maquettes, bornes multimdia, reconstitutions de machines de guerre Une immersion grandeur nature ! MusoParc Alsia BP 49 1, route des Trois Ormeaux 21150 Alise-Sainte-Reine Tl : 03 80 96 96 23 www.alesia.com

    VINCENNES (94) - Cinma Le chteau de laraigne Mardi 27 mars 2012 19 h 30 En adaptant le Macbeth de Shakespeare dans le japon mdival du XVIe sicle aux temps des guerres civiles et sur les pentes du Mont Fuji Kurosawa, le cinaste japonais Akira Kurosawa, dit lempereur utilisa le thtre N, voie de lpuration : dcors dpouills, gestuelle des comdiens, travail sur les masques Heita. Une partie de l'uvre

    se passe dans une fort inquitante baignant dans le brouillard et o des ombres hallucines s'affrontent. Le guerrier irrprochable Washizu/Macbeth (Toshiro Mifune) et

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    son compagnon Miki rencontrent l'esprit de la fort qui leur prdit un funeste destin. La brume cache aux humains leurs passions ; la fort (fort de lAraigne) et le brouillard garent les hommes dans la confusion du temps et de l'espace, et comme dans le samsara (1) des bouddhistes, on y tourne en rond sans trouver son chemin. Une voix dans la fort dit Voyez donc, voyez ce qui reste des rves de ces hommes, les obsessions dont ils taient prisonniers rsonnent encore en ce lieu ; hants par les passions les plus folles, ces hommes sont tombs dans la voie du sang [] Hommes d'hier, hommes d'aujourd'hui, rien n'a chang. La voix de la fort conclut : Ds leur naissance ils sont prisonniers de leur passions, ils brlent leur vie immodrment dans les flammes des cinq dsirs. Quand ils meurent leur corps pourrit et sur cette pourriture vont pousser des fleurs. Toute la gamme des motions traverse le personnage Washizu. On y sent aussi son glissement vers la folie lorsque la fort se met en marche vers lui. Asaji/Lady Macbeth (Isuzu Yamada), au visage blanc sans expression, la dmarche spectrale emprunte au thtre du N, est l'incarnation du mal ; elle y entrane par ses faiblesses Washizu. Une dimension intrieure du film est aussi trs prsente. Ralis en 1957, ce film ne se dmode absolument pas. (1) Roue des rincarnations dans le Bouddhisme

    Espace Daniel-Sorano - 16, rue Charles Path 94300 Vincennes - Tl : 01 43 74 73 74 www.espacesorano.com/site/accueil.php

    PARIS Dbat de philosophie Que nous apprend lHistoire ? Samedi 31 mars 2012, de 19h 30 13 h Un samedi par mois de 10 h 30 13 h, le Collge des Bernardins invite les enfants de 8 12 ans ainsi que leurs parents sont participer un Goter-philo pour dbattre sur un sujet philosophique. Les parents dbattent avec un invit (philosophe, psychologue, enseignant) et les enfants dbattent avec lanimatrice Anne-Sophie Houdry, professeur des coles, forme depuis 2001 au dbat philosophique pour les enfants. Les discussions sont ensuite suivies dun gouter-apritif. Dbat enfants : que nous apprend lhistoire ? Dbats parents : Cette histoire qui nous faonne Invite : lisabeth Guenelev, professeur de philosophie Collge des Bernardins - 20 rue de Poissy, 75005 Paris Tel. 01.53.10.74.44 www.collegedesbernardins.fr Rservation : par e-mail : [email protected] ou par tlphone

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    PARIS Exposition Sorcires mythes et ralits Jusquau 31 mars 2012 Une exposition sur la sorcellerie, du XVIIe nos jours en plusieurs volets : limaginaire de la sorcellerie avec des uvres dartistes (images caricaturales, affiches, maquettes, extrait de film) ; exposition dobjets, certains parfois dtourns de leur fonction premire, illustrant les pratiques magiques ralises dans la France rurale. Loriginalit de la prsentation rside dans le rapprochement des regards : celui des artistes, des historiens et des ethnologues sur le monde surnaturel. Muse de La Poste 34 Boulevard de Vaugirard (en face de la Gare Montparnasse), 75015 Paris Tl : 01 42 79 24 24 www.ladressemuseedelaposte.fr

    STRASBOURG - Confrences et visite guide

    Le mythe de la caverne Vendredi 2 mars 2012 20 h Texte trs clbre de la philosophie de Platon, le mythe de la caverne propose une ducation du regard pour percevoir la ralit vritable, travers les illusions, opinions et prjugs. LHumanisme Rhnan et lmergence de lhomme moderne Samedi 10 mars 2012 14 heures Visite guide au Kunstmuseum de Ble, sous la direction de Catherine Koenig, spcialiste en Histoire et Histoire de lArt.

    Pandora, la premire Femme ou les origines sotriques de lHumanit - Vendredi 16 mars 2012 20 h Dans la mythologie grecque, Pandora est la premire femme, cre par Zeus, pour se venger des hommes pour le vol du feu par Promthe. Celle qui fait sortir les prsents des profondeurs, desse de la Terre qui prside la fcondit, celle qui a tous les dons ou celle qui est le don de tous les dieux, est-elle la source de tous les maux ou oblige t-elle samliorer face ladversit ?

    Toutes les confrences et visites guides sont rserver : ALNA - 4, rue des Bateliers - 67000 Strasbourg - Tel : 03 88 37 05 94 www.na-strasbourg.fr

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    Paris 5 Confrences Le vin, l'homme, l'univers Mercredi 7 mars 20 h Un grand vin ne rsulte-t-il pas de transformations complexes et mystrieuses, comme l'tre humain que la vie mtamorphose au plus profond de lui-mme ? Heureuse alchimie qui rime avec humilit. Est-il donc vrai qu'il y a autant de philosophie dans une bouteille de vin que dans tous les livres ? Par Bruno Quenioux, philosophe du vin, Chevalier des Arts et des Lettres Cette confrence sera suivie dune dgustation de vin. Rservation obligatoire : lundi 5 mars 2012 au soir dernier dlai La puissance du mental Mercredi 14 mars 2012 20 heures Une grande partie de nos qualits est endormie, notre cerveau lui-mme est en sous-rgime... Il en est de mme pour notre mental et nos penses, pourtant synthses puissantes de tout notre tre. Comment rveiller cette puissance notre disposition ? Comment prendre conscience de qui nous sommes ? Par Max Prieux, auteur et diteur Rservations des confrences : Espace Le Moulin - 48, rue du Fer Moulin 75005 Paris Tel : 01 42 50 08 40 - www.na-paris5.fr

    PARIS 15 Confrences et visites commentes Notre-Dame et le symbolisme des cathdrales vendredi 9 mars 2012 19 h 30 Construite lemplacement dun ancien temple paen ddi Jupiter, la cathdrale Notre-Dame de Paris est une vritable prouesse architecturale, contenant une

    reprsentation du cosmos et regorgeant dlments symboliques et alchimiques profonds. Confrence par Didier Carri, spcialiste de lalchimie

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    Visite commente de Notre-Dame de Paris Samedi 10 mars 2012 de 10 h 30 13 h Par Dominique Duquet. Rendez-vous sur le parvis La symbolique des nombres Chartres Mardi 13 mars 2012 19 h 30 Ltude de la symbolique de la cathdrale, rvle toute la science des btisseurs utilisant les nombres et la gomtrie dans larchitecture, crant ainsi des rapports harmonieux et musicaux en rsonance avec les lois de la Nature. La cathdrale devient alors un vritable athanor alchimique reliant le microcosme (le petit univers, lhomme) au macrocosme (le grand univers). Confrence par Dominique Duquet Visite commente de la cathdrale de Chartres Samedi 17 mars 2012, de 10 h 30 16 heures 30 Par Genevive Delorme. Rendez-vous sur place, devant le parvis. Pour les confrences et les visites commentes, rservations indispensables : Espace Falguire - 12, rue Falguire 75015 Paris - Tel : 06 58 84 18 32 www.na-paris15.fr

    Revue de lassociation Nouvelle Acropole Sige social : La Cour Ptral D941 28340 Boissy-ls-Perche www.nouvelle-acropole.fr Rdaction : 6 rue Vronse 75013 Paris

    01 42 50 08 40 http://www.revue-acropolis.fr [email protected] Directeur de la publication : Fernand SCHWARZ Rdactrice en chef : Isabelle OHMANN Rdactrice en chef adjointe : Marie-Agns LAMBERT Reproduction interdite sans autorisation. Tous droits rservs FDNA 2012 Toute reproduction partielle ou intgrale des textes contenus dans cette revue, doit mentionner le nom de lauteur, la source, et ladresse du site : http://www.revue-acropolis.fr Crdit Photo : Nouvelle Acropole - SVLumina Fotolia Iqoncept Fotolia ISSN 2116-6749

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