L’architecte comme Innovateur, comme Homme de...

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89, rue saint-Antoine 75004 Paris [email protected] 06.16.25.53.78 w w w. a r i e n a t a n . c o m Arié Natan - architecte diplômé d’Etat L’architecte comme Innovateur , comme Homme de l’art, comme Manager , compétences tripartites

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ar ienatan@hotmai l .com 06.16.25.53.78

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Arié Natan - architecte diplômé d’Etat

L’architecte comme Innovateur, comme Homme de l’art, comme Manager, compétences tripartites

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1 L’arcHItecte coMMe créateur et Innovateur 9

« L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. » Article 1er - Loi 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture

L’intérêt pubLic

AssistAnAt, concours, recherche spécuLAtive

AteLier de réfLexion sur L’Avenir des territoires économiques

bimbY, une refonte du projet urbAin

Les boring businesses

2 L’arcHItecte coMMe tecHnIcIen et HoMMe de L’art 25

« L’architecte s’engage à exercer sa mission conformément aux règles de l’art qui comprennent l’ensemble de la réglementation et de la pratique en vigueur au moment de l’exécution des études ou des travaux. » Article L.111-3 du Code de l’urbanisme

rAtionnALité du temps de trAvAiL : « LA chArrette »

pAntin : du diAgnostic urbAin à LA fAisAbiLité

Le chAntier : expérience de terrAin

permis de construire, cAndidAtures, des missions tout Azimut

Les Architectes « rurAListes » muLtifonctions

3 L’arcHItecte coMMe gestIonnaIre et manager 41

« Affectio sociétatis. Volonté de collaborer activement, de s’associer et de participer aux bénéfices et aux

pertes d’une entreprise. » Article L.1832 1833 du Code Civil

une profession en crise ?

AnYoji & beLtrAndo, descriptif et intérêt entrepreneuriAL

Les Associés, sALAriés : reLAtions internes

mAîtrise d’ouvrAge, concurrence, co-trAitAnce : reLAtions externes

sommes-nous tous des dirigeAnts ?

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pourquoi LA hmonp, pourquoi mAintenAnt ?

Bien que parfois critiquée, voire contestée, l’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP) a le mérite d’ouvrir les étudiants à la réalité de la profession d’architecte. Beaucoup regrettent que cette formation, en partie facultative, intervienne trop tard dans leur cursus. En 2006, alors représentant des étudiants au conseil d’administration à l’école d’architecture de Lyon, j’ai milité activement pour sa mise en place. Cette préparation, pourtant loin de mes occupations d’alors, me paraissait déjà être un outil vers une plus grande autonomie en tant qu’architecte maître d’œuvre.

En plus de nous offrir un accès à des formations juridiques, techniques ou économiques, cet apprentissage a également la vertu de nous interroger sur notre profession et son fonctionnement.

Par ailleurs, alors que les cinq premières années d’école ne laissent pas réellement envisager d’autres issues qu’exercer une profession de maître d’œuvre en son nom propre, cet enseignement permet d’élargir le spectre des possibles.

Pour toutes ces raisons et afin de porter un jugement dénué d’a priori, j’ai décidé d’entamer l’HMONP immédiatement après mon diplôme.

Architecture, urbAnisme, des discipLines intrinsèquement Liées.

Le master Paris-métropole(s) de l’Ecole d’architecture de la ville et des territoires de Marnes-la-Vallée dont j’ai été diplômé en 2011 m’a façonné une image éminemment urbaine de l’architecture, dans laquelle la relation et l’emboîtement des échelles sont primordiales.

Ce Master, dirigé par les architectes et urbanistes David Mangin, Pierre-Alain Trévelo et Yannick Beltrando m’a permis, en apprenant à comprendre la ville, d’acquérir une méthodologie dans la conception du projet architectural.

Dans un monde où l’urbain englobe désormais le seuil symbolique des cinquante pour-cent, se préoccuper de l’architecture sans prendre en compte les questions urbaines et les acteurs qui la constituent me paraîtrait insensé.

une Année riche en expériences.

Ces quinze mois ont donc été l’occasion d’expérimenter et de m’ouvrir à différents aspects du métier d’architecte-urbaniste :

Après l’obtention de mon diplôme, j’accepte la proposition de Yannick Beltrando de rejoindre son agence d’architecture et d’urbanisme créée en avril 2011 aux côtés de son associée japonaise Tomoko Anyoji. Premier salarié de l’agence, c’est pour moi l’occasion de me

pratIques varIées, pLan sInguLIer

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responsabiliser rapidement et de travailler sur différentes phases des projets. J’aborde ainsi les concours d’architecture et d’urbanisme, la mission de diagnostic urbain, d’étude de faisabilité mais aussi le dépôt d’un permis de construire. Je m’occupe également du projet de réflexion sur l’avenir des territoires économiques portée par le MEDDTL (Ministère de l’Ecologie du Développement Durable, des Transports et du Logement) piloté par David Mangin de l’agence SEURA. Enfin, je prends part à des tâches plus administratives comme l’organisation des candidatures.

En parallèle de ce travail en agence, j’exécute un chantier de septembre à décembre pour la rénovation de mon appartement suite à un dégât des eaux. De novembre à mars, je participe au concours Tony Garnier de l’Académie d’architecture pour lequel je reçois le deuxième prix. Pour finir, depuis février 2012, j’assiste aux côtés de Diane Gobillard et sous la direction de Pierre-Alain Trévelo les étudiants du Master Métropoles dans leurs exercices de projet.

Par la suite, dès la fin de ma mise en situation professionnelle en juin 2012, je rejoins l’équipe de recherche BIMBY (Build In My Back Yard1) travaillant sur l’intensification pavillonnaire des zones périurbaines. Pour une première mission de six mois en qualité de chargé de projet, je rallie la CREA (communauté d’agglomération de Rouen) et expérimente la fonction d’architecte au sein d’une collectivité. La gestion plus autonome de mon emploi du temps me permet de mettre en place une communication professionnelle : Refonte de mon book, création d’une identité graphique et d’un site internet.

Ayant conscience que cet ensemble d’activités peut paraître dispersé, il me semble qu’il est en réalité l’occasion de me diversifier et de mieux concevoir mes attentes. A défaut d’avoir acquis les compétences pour devenir un architecte ou un urbaniste totalement autonome, j’ai dû, confronté à chaque situation, improviser et puiser dans ma formation pour trouver les solutions adaptées et assumer les responsabilités qui m’étaient confiées.

un pLAn de mémoire pArticuLier.

Conçu et rédigé au fil de l’eau durant dix-sept mois, ce rapport d’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre est le résultat d’une mûre réflexion.

Il a tout d’abord pour objectif de relater la vision que j’ai pu avoir de l’agence Anyoji & Beltrando à l’occasion des projets auxquels j’ai participé durant ma MSP (mise en situation professionnelle). Il me permet donc d’exposer un point de vue critique, bien entendu subjectif, relatif à cette expérience.

Ce compte rendu est aussi pour moi l’occasion de convoquer d’autres expériences qui m’ont permises de prolonger la réflexion en dehors de la MSP. Il intègre donc, au delà du travail chez Anyoji & Beltrando,

1. Build in my back yards peut se traduire en français par Construire dans mon jardin

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Diplôme d’architecte d’état

Dégât des eaux

Concours premier degré

Concours second degré

Concours finale

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le projet de recherche BIMBY ainsi que les missions d’assistanat, de concours et de chantier.

A mon sens, l’exposé de ces pratiques variées impliquent une organisation du mémoire sans problématique définie ; en extrayant les apports de chacune de ces expériences, mon objectif est de porter une réflexion plus générale sur les compétences nécessaires à un architecte maître d’œuvre qui envisagerait de créer sa structure. Ce rapport s’organise donc en trois parties hiérarchisées, des réflexions les plus théoriques aux plus pragmatiques :

- La première partie s’intéresse à la notion d’architecte comme créateur, innovateur, agissant pour l’intérêt public. Ce dernier doit effectivement se ré-interroger en permanence sur la société dans laquelle il évolue tant sur l’avenir des formes architecturales que sur la manière de pratiquer le métier. En effet, alors que notre formation nous apprend à problématiser, de nombreux jeunes architectes ont le sentiment de n’être que des « gratteurs de plans ». Je tenterai donc d’expliquer en quoi les expériences de concours, du projet des territoires économiques chez Anyoji & Beltrando et de la mission BIMBY à Rouen m’ont permis de poursuivre dans cette recherche théorique.

- La seconde partie, plus pragmatique, replace l’architecte en tant qu’homme de l’art. En effet, devenir architecte passe aussi par l’aptitude à être un technicien qui connaît et qui met en œuvre le savoir dont il détient le monopole. Alors que nous nous contentons de les entrevoir durant nos études, ce sont en réalité les stages mais surtout la pratique plus durable en agence qui permet d’acquérir ces compétences. Je tenterai dans cette deuxième partie de retranscrire les notions acquises chez Anyoji & Beltrando et lors du chantier de mon appartement.

- La dernière partie occupe selon moi une place centrale dans la HMONP. Elle replace l’architecte maître d’œuvre en son nom propre comme gestionnaire et manager. Si la théorie s’enseigne en grande partie à l’école et la technique s’acquiert avec le temps en agence, l’impératif de se replacer dans un contexte économique est souvent négligé. Une agence d’architecture reste une société et doit de ce fait s’inscrire dans une logique concurrentielle. Les choix des dirigeants deviennent alors primordiaux, tant par les projets présentés que par la gestion des ressources. Un chef d’entreprise en architecture doit être capable plus que n’importe quel patron de TPE-PME de conduire des projets coûteux, faisant intervenir de nombreux acteurs, qu’il doit savoir coordonner.

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1 L’arcHItecte coMMe créateur et Innovateur.

« L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. »

Article 1er - Loi 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture

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introduction – L’intérêt pubLic.

La notion d’intérêt public est en réalité la notion fondamentale de cet article. Mais que signifie-t-elle réellement pour un architecte ?

Selon le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu, l’intérêt général est « ce qui est pour le bien public »1. Plus généralement un intérêt est ce qui importe à quelqu’un, ce qui lui convient, ce qui lui procure un avantage. L’expression intérêt général désigne « les valeurs ou les objectifs partagés par l’ensemble des membres d’une société. Il peut être à la fois la somme des intérêts particuliers et un intérêt spécifique à la collectivité qui transcende les intérêts individuels.»1

En France, l’intérêt général n’a pas de réelle valeur constitutionnelle. C’est une notion floue et mal définie mais qui reste néanmoins au fondement du droit public.

Ainsi, le travail de l’architecte, pour le bien du public, nécessite une remise en question permanente tant sur le fond que sur la forme de sa profession, dans sa manière d’aborder le projet et dans sa manière de le concevoir. Il faut savoir aller à contre-courant, ébranler l’ordre ou la pratique établie pour imposer des démarches innovantes.

1. Sous la direction de Cornu G. , Vocabulaire juridique, ed PUF, Coll. Quadrige Dicos Poche, Paris, 2011

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A – AssistAnAt, concours recherche spécuLAtive

Ce premier point est relatif à mon apprentissage théorique le plus pur, en continuité avec mes études universitaires et donc avec une volonté d’innovation. La participation à des concours et l’assistanat de projets au sein du Master Métropole(s) m’ont permis de rester dans une logique projectuelle prospective, indispensable en agence. Elle illustre la nécessité avec laquelle un architecte reste un concepteur.

concours tonY gArnier :

Dès le début des études d’architecture se pose la question des concours : Certains étudiants, devant la charge conséquente qu’implique le travail universitaire, choisissent de privilégier leurs notations de projet considérant qu’ils pourront participer à des concours plus tard. En réalité, une fois diplômé, les contraintes professionnelles n’en sont pas moins importantes ! Ainsi, selon moi, il est primordial de s’efforcer de dégager du temps pour participer à des concours d’idées dans une démarche théorique et spéculative.

C’est dans cette logique qu’immédiatement après mon diplôme en juillet 2012, je me suis inscrit au prix Tony Garnier, concours d’urbanisme et d’architecture urbaine organisé par l’Académie d’architecture. Ouvert aux jeunes diplômés depuis moins de cinq ans, ce concours s’insère dans la continuité du séminaire Tony Garnier créé à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts par Robert Auzelle et André Gutton pour qui l’architecture et l’urbanisme sont deux disciplines complémentaires et indissociables.

Dans ce cadre, le sujet présenté doit être réel et porter sur un secteur d’aménagement clairement délimité. Le choix du site étant libre, chaque candidat doit présenter une étude géographique, sociale et économique détaillées ainsi qu’une problématique générale actuelle. Il s’agissait alors, pour moi, d’une occasion de poursuivre le travail amorcé lors de mon projet de fin d’études portant sur la densification des zones périurbaines.1

Le concours étant décomposé en trois phases éliminatoires, je fus très rapidement confronté à un jury expérimenté composé de deux architectes urbanistes rapporteurs, cinq membres de l’Académie d’architecture et trois personnalités non architectes. Admis à concourir sur dossier, je présente successivement les évolutions du projet et de la recherche aux membres du jury lors des trois épreuves orales.

Le projet teste l’application du modèle de la structuration et de la densification d’une séquence linéaire d’un tissu péri-urbain à partir des travaux de recherche d’Eric Charmes2. Il cherche à montrer comment une « densité linéaire » peut se substituer à la création d’un modèle d’éco-quartier par une réflexion sur la parcellisation. Ce travail me permet également d’étudier les modalités de communication et de concertation permettant d’associer l’opinion publique sur ces

Extrait de maquette à l’échelle 1/500ème du site

Extrait de maquette à l’échelle 1/2000ème du site

Schémas théoriques d’intensification pavillonnaire et de divisions

1. « L’acropole de Chaponost, un lien entre un village et sa gare » A. Natan. Diplôme de fin d’étude. Juin 20112. « La densification des lotissements pavillonnaires » E. Charmes. In Densité, Janvier 2006, n°119, pp14-17

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questions. C’est d’ailleurs lors de cette phase de recherche que je me suis rapproché de l’équipe BIMBY avec laquelle j’ai collaboré par la suite1 et qui expérimente une démarche innovante en la matière.

J’ai finalement été éliminé en finale car le projet ne paraissait pas assez en accord avec les préceptes de l’enseignement de Robert Auzelle sur la démarche opératoire. Malgré la déception, je ressors enrichi de cette participation pour plusieurs raisons : Il est nécessairement formateur de présenter son travail à des professionnels avertis et de défendre une thèse, dont on doute toujours, de manière à faire valoir son point de vue. De plus, la liberté du concours présente un intérêt tout particulier en laissant une totale indépendance dans l’expérimentation. Cette ouverture est particulièrement appréciable lorsque l’on travaille dans une agence, confrontée aux réalités économiques.

Le concours d’architecture est donc un moyen de conserver une démarche académique et ainsi de proposer des solutions innovantes qui pourront être réutilisées dans un champ opérationnel par la suite. Aussi, il pourrait être assimilé à une forme de Recherche et Développement, réalisé au profit de l’évolution de la pensée architecturale. J’ajouterai également que ce type de procédé dispose de l’avantage d’être concret : Alors que la recherche découlant sur un simple écrit reste purement théorique, le concours s’inscrit dans une plus grande réalité. J’envisage maintenant avec Diane Gobillard et David Enon, anciens étudiants de l’école, de m’inscrire pour le concours Europan qui portera cette année sur le thème de la ville adaptable2.

AssistAnAt

Cette année a aussi été l’occasion de participer activement aux corrections de projets des étudiants du master Métropole(s). Pour cela, en collaboration avec Diane Gobillard, nous avons contacté Pierre-Alain Trévelo, notre ancien professeur responsable de Master, pour lui proposer de l’assister dans l’encadrement des étudiants. Je réalise à quel point son accord constitue une preuve de confiance importante.

Notre travail consiste à gérer l’organisation pratique du Master mais aussi à créer un lien plus fort entre les étudiants et le corps enseignant. Diplômé depuis deux ans, nous avons suivi ce parcours et nous sommes posés les mêmes questions : c’est pourquoi nous essayons de transmettre aux étudiants du master une expérience récente et similaire basée sur la connaissance de leurs difficultés.

Cet assistanat, riche d’enseignements, me permet tout d’abord de rester dans le sillage des universitaires, chercheurs et penseurs. Assister tous les mardis aux conférences et me tenir informé de l’actualité scientifique et théorique constitue pour une moi une stimulation sans mesure.

1. Cf. 1.C. BIMBY, une refonte du projet urbain sur le fond comme sur la forme.2. www.europan.fr.

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Mais le plus grand intérêt que j’en tire est celui qui m’est procuré par les étudiants eux-mêmes : En effet, leurs travaux, leurs observations et les conseils qu’ils reçoivent des enseignants me permettent de faire évoluer mon point de vue.

Les corrections sont donc sources d’une grande sollicitation intellectuelle. Alors qu’en agence nous travaillons sur un, parfois deux ou trois projets en parallèle, il faut ici réussir à s’absorber en l’espace d’une après-midi dans la compréhension, l’analyse et la critique constructive de quinze à vingt-cinq projets.

Ainsi, je prends conscience de la faculté des professeurs à trouver rapidement des solutions adaptées, parfois même au cours de la discussion. Bien évidemment, devant les similitudes de certaines problématiques et de certains programmes, je constate au fil des corrections que les pistes de réflexions sont réutilisées. La difficulté est d’employer ces références avec justesse et de conduire l’étudiant vers l’autonomie.

Par ailleurs, tandis que l’année précédente les étudiants avaient découvert le quartier @22 de Barcelone, le site de projet se trouve cette année à Londres, à l’embouchure de la Léa River sur la Thames river. Nous avons eu l’opportunité avec Diane Gobillard d’organiser en partie ce voyage et d’accompagner la promotion dans les différentes visites, me permettant ainsi de parfaire ma culture architecturale.

Ces expériences proches du milieu universitaire sont donc un moyen de ne pas abandonner la recherche théorique du projet. Toutefois, un tel travail d’innovation n’est pas nécessairement cantonné à un cadre spéculatif. Une activité en agence amène parfois également à ce type de réflexions comme l’exprime ce second point.

Etudiantes : A. Cohin & E. GiraudAssistants : Diane Gobillar & Arié NatanJury : Y. Beltrando, B. de Sola, P.A. Trévelo, D. Mangin , E. Alonzo

Présentation finale - 21 juin 2012 - EAVT - Master Métropole(s)

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b – AteLiers de réfLexion sur L’Avenir des territoires économiques

Les territoires économiques, « Halte à la France MocHe » 1 !

A l’apparition des premiers supermarchés au début des années soixante, la France ne compte que deux cents kilomètres d’autoroutes, aucune rocade et pas le moindre rond-point. Cependant, très vite à partir des années soixante-dix, elle se couvre d’itinéraires de contournement des villes, d’échangeurs, de bretelles, de rocades, allant jusqu’à l’instauration en 1998 la loi dite Pasqua qui indique que « tout citoyen doit se trouver à moins de quarante-cinq minutes d’une entrée d’autoroute »2. Les nouveaux opérateurs du commerce comprennent alors vite le potentiel que leur offrent ces infrastructures pour accéder à du foncier peu cher en abondance et jouissant d’une incroyable visibilité. Cette spécificité française (soixante-dix pour-cent du chiffre d’affaires commercial est réalisé en périphérie des villes, contre trente pour-cent en Allemagne) fait de l’hexagone le leader européen de la grande distribution avec mille quatre cents hypermarchés et huit mille supermarchés. La perception des zones commerciales renvoie donc à une image fonctionnelle et infrastructurelle sans lien avec le paysage dans lequel elles s’inscrivent. En contrepartie, ces zones sont sources d’emplois et font partie de la vie quotidienne des usagers.

Pourtant le CNCC (Conseil national des centres commerciaux) décrit des évolutions vers de nouvelles stratégies commerciales qui entraînent depuis quelques années une baisse de la fréquentation de ces zones, provoquant de nombreuses friches commerciales. L’essoufflement du modèle est dû à de multiples causes : D’une part, la conjoncture économique affecte les quantités d’achats et tend à réduire les déplacements automobiles. D’autre part, les pratiques de consommation sont de plus en plus diversifiées (retour au commerce de proximité, e-commerce, concept stores, magasins thématiques, etc.).

Les « AteLiers de réfLexion », une démArche expLorAtoire.

Les principales questions qui se posent sur ces territoires sont donc : comment accompagner ces mutations, créer des complémentarités avec les centres villes et rendre ces espaces lisibles en leur apportant la qualité architecturale, urbaine et paysagère ?

Durant ma mise en situation professionnelle chez Anyoji & Beltrando, j’ai suivi durant dix mois le projet de réflexion sur l’avenir des territoires économiques. Le concept de cet « atelier national » est mis en place en 2006 par le MEDDTL (Ministère de l’écologie du développement durable, des transports et du logement) et la DGALN (Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature). Il repose sur la volonté de construire une nouvelle forme de partenariat entre l’état et les collectivités mais également de proposer un processus de projet préparatoire sur des sites pilotes. La démarche consiste à mettre à disposition des élus locaux, pendant une année, une équipe de concepteurs architectes, urbanistes et

1. « Halte à la France moche » X. de Jarcy et V. Remy. In Télérama n° 3135 - Février 20102. Loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 (LOADT), dite loi Pasqua

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paysagistes, entourée d’experts techniques, hydrauliques etc.

Consécutivement à un appel à candidature lancé auprès des services locaux de l’état et des collectivités, neuf sites ont été sélectionnés en mars 2011 par un jury national pour bénéficier de cette démarche.

En juin 2011, une équipe-projet pluridisciplinaire conduite par l’Agence SEURA est retenue suite à un appel d’offre européen. L’équipe dans laquelle je travaille, constituée de Anyoji & Beltrando architectes urbanistes, TN+ paysagistes, Alphaville programmateur urbain, convergence CVL programmateur commercial et ETC consultant en mobilité urbaine, est en charge des sites de Mulhouse dans le Bas-Rhin et de Cahors en Midi-Pyrénées. Mon travail se limitera au site de Mulhouse.

Globalement, les missions portent sur deux objectifs majeurs :

- D’une part, contribuer à une vision spatialisée du devenir du site et plus généralement à la réflexion sur l’évolution des zones commerciales en France. Cet objectif doit évidemment prendre en compte les métamorphoses de la grande distribution et des modes de consommation. Les projets doivent caractériser les conditions de mutabilité de ces espaces sur les plans économique (épargne foncière, évolution de la structure commerciale vers des usages plus mixtes) et urbain (modes alternatifs à la voiture, qualité des formes urbaines et des espaces publics, intégration paysagère). Enfin, Ils doivent définir les évolutions possibles des sites commerciaux sur les outils de gouvernance et de mise en œuvre réglementaires.

- D’autre part, organiser à trois reprises des cycles de projet «en atelier» sur le site, durant lesquels les acteurs politiques, propriétaires et équipes de concepteurs cherchent ensemble des solutions innovantes et opérationnelles. De ce type de démarche découlent deux sortes de collaborations. Un premier classique au sein de l’équipe de maîtrise d’œuvre que nous pouvons qualifier de collaboration interne. Cette collaboration interne a lieu au cours des semaines qui séparent les différents ateliers et se matérialise sous forme de réunions de travail. Un second, qui constitue la particularité de ces ateliers en mettant en place une collaboration externe avec les maîtres d’ouvrages et les propriétaires fonciers.

Les résuLtAts provisoires

« L’état souhaite relever le défi par l’expérimentation. Les recettes n’existent pas, il faut aller voir de près, tenter. Il faut se mettre au travail, au côté des architectes et des élus en charge de leurs territoires pour chercher ensemble des solutions qui intègrent non seulement des nouveaux modes de développement et de démarche. »1

Ainsi débute le dossier remis au cours de la synthèse finale le 22 octobre dernier. D’après ces objectifs, il me semble que ces ateliers

Présentation de la démarche et des résultats à l’association des Maires de France - 29 mars 2012

Collaboration pluridisciplinaire entre les ateliers de l’équipe de maîtrise d’oeuvre.

1. Rapport final des ateliers de réflexion sur l’avenir des territoires économiques - Octobre 2012

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Atelier II - Kingersheim - 3 février 2012 / Antoine Homé (maire PS de Wittenheim) et Bruno Tanant (TN+)

Atelier II - Kingersheim - 3 février 2012 / Antoine Homé (maire PS de Wittenheim) et Bruno Tanant (TN+)

Atelier II - Kingersheim - 3 février 2012 / Antoine Homé (maire PS de Wittenheim) et Philippe Massé (ETC)

Atelier II - Kingersheim - 3 février 2012 / Antoine Homé (maire PS de Wittenheim), Nicolas Douce (CVL) et Yannick Beltrando

L’équipe de maîtrise l’oeuvre expose tour à tour les pistes de projets travaillées en interne entre les ateliers devant l’équipe municipale et la maîtrise d’ouvrage.

Les élus donnent leurs appréciations, proposent des ajustements et enrichissent le débat.

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sont une réussite tant sur les conclusions apportées aux collectivités que sur la manière d’aborder le projet en concertation.

En effet, les stratégies de projets sont travaillées en collaboration et sous la supervision d’Anyoji & Beltrando lors des réunions de travail internes entre deux ateliers. L’agence tente en réalité de coordonner toutes les pistes avancées par l’équipe pluridisciplinaire et confronte les esquisses avec les élus et les professionnels lors de journées d’ateliers. Cette méthode permet de donner de la cohérence et de la force au projet.

Nous avons tenté de valoriser le savoir-faire de chacun afin d’apporter des solutions transversales. Aujourd’hui l’architecte - urbaniste ne peut plus appréhender seul toutes les échelles et tous les aspects d’un projet, en particulier lorsqu’il s’agit comme ici d’une recherche spéculative sur des territoires figés. L’intérêt personnel d’une telle expérience est donc de dialoguer avec de nombreux acteurs et intégrer dans le processus de conception un grand nombre de données habituellement écartées en agence.

Spécifiquement à Mulhouse, l’enjeu est de gérer un site immense en décroissance commerciale. La stratégie adoptée fût d’introduire de nouvelles fonctions qui passent par l’activation de quatre thèmes :

1 - La ville rayonnante qui apporte une réelle identité au territoire. Pour cela, nous nous sommes associés dans ce travail à deux géographes et aux programmateurs urbains Alphaville afin de mettre en valeur les terrils, les chevalements et les cités ouvrières, symboles de cette région minière.

2 - La ville mobile qui passe par une restructuration des voies, notamment de la route principale dont le caractère urbain et paysager est amélioré. L’accès aux boites commerciales est ainsi diversifié et permet l’arrivée de transports en commun spécialement adaptés à ces situations urbaines. Cette partie d’étude est réalisée en concertation directe avec l’équipe ETC, consultants en mobilité urbaine.

3 - La ville compacte qui se base sur une prévision de décroissance commerciale dans laquelle le développement de la zone se fait en coordination avec les objectifs PLH (Plan local de l’habitat). C’est en réalité un jeu de chaises musicales pour faire muter certaines zones vers du logement et reconvertir d’autres afin de renforcer leur attractivité. La compétence de convergence CVL, acteur majeur de la programmation commerciale, est indispensable sur cette phase d’étude.

4 - La ville équipée pour laquelle nous proposons des projets innovants sous l’impulsion des programmateurs Alphaville comme une ressourcerie, une unité de transformation et un laboratoire alimentaire. Par des implantations judicieuses et un travail sur le seuil avancé par les paysagistes TN+, ces équipements permettraient de maîtriser les lisières agricoles et de limiter le mitage.

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Plus généralement, ces ateliers, au travers des réflexions de Mulhouse et des autres sites pilotes permettent d’établir des conclusions plus larges sur l’avenir des territoires économiques. L’objectif est de passer d’un urbanisme commercial à du projet urbain. Il s’agit de la réflexion menée par David Mangin sur la confrontation entre l’urbanisme de produit et l’urbanisme de projet : Les CDAC s’opposent aux PC, les zones aux quartiers, la voiture aux transports en commun etc. D’autres pistes sont explorées, comme celle d’imaginer une alternative aux panneaux publicitaires 4X3 qui polluent ces zones commerciales ou aux nappes de parkings dimensionnées suivant les journées de pic d’achat, qui se retrouvent nécessairement vides la plupart du temps.

Cette étude spéculative me conforte dans l’idée qu’il faille continuer à s’interroger sur des questions sociétales cruciales. C’est pourquoi dès la fin de ma mise en situation professionnelle chez Anyoji & Beltrando je rejoignis l’équipe BIMBY pour m’intéresser à la question pavillonnaire.

Présentation finale - 22 octobre 2012 - Cité universitaire de ParisConclusion de David Mangin devant les équipes de projets, les élus des sites sélectionnés et des investisseurs immobiliers

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c – build in MY back Yard, une refonte du projet urbAin sur Le fond et sur LA forme.

Le périurbAin, un mAL frAnçAis ?

Enfant du périurbain, la question de l’intensification de ces zones n’a cessé de m’interroger et constituait le cœur de mon projet de fin d’études. Il me semble qu’il s’agit là d’un thème déserté par les architectes et les urbanistes au profit des lotisseurs et des constructeurs de maisons individuelles. Les quarante ans de lutte contre l’étalement urbain n’ayant pas fait leurs preuves, il me semble nécessaire d’engager une politique périurbaine capable de valoriser ces campagnes en profondes mutations.

Trois français sur quatre aspirent effectivement à habiter une maison individuelle1. L’habitat pavillonnaire représente plus de la moitié du parc de logements en France et chaque année soixante-dix pour-cent de la construction neuve. Sur la dernière décennie, se sont construites en moyenne chaque année deux-cents mille maisons individuelles, faisant de la France avec ses dix-neuf millions de maisons un leader en la matière2. Les élus, globalement conscients des dangers de l’étalement urbain, considèrent le phénomène comme un réel problème. En revanche, la majorité d’entre eux estime que « les propriétaires et les habitants ne seront pas d’accord pour densifier car l’opinion publique n’est pas prête ».1

build in MY back Yard, enfin une ALternAtive de fond ?

La véritable question est donc de savoir comment intervenir dans le domaine privé sans que cela soit anxiogène pour les habitants.

Mon implication dans BIMBY (Build In My Back Yard) au sein de la CREA (Communauté d’agglomération de Rouen Elbeuf Austreberthe) est alors pour moi l’occasion de réfléchir de manière théorique et concrète en continuité de mon travail de diplôme et de mes réflexions lors du prix Tony Garnier3 sur cette problématique.

BIMBY est un nouveau mode de développement urbain, une nouvelle filière de production de la ville qui intervient au sein de ces tissus pavillonnaires existants. Sélectionné en 2009 par l’ANR (Agence nationale de la recherche) dans le cadre de son appel « Villes Durables », le projet rassemble dix partenaires publics pour un budget de trois millions d’euros sur trois ans.

L’hypothèse centrale de BIMBY est la capacité des habitants, des techniciens et des élus à mobiliser le foncier des tissus pavillonnaires pour financer le renouvellement des quartiers. Dans de nombreux cas, l’intérêt des individus à diviser un terrain et celui de la collectivité à proposer une offre diversifiée de logements se rejoignent. Cette démarche pose donc un nouveau paradigme dans les politiques urbaines : L’initiative habitante privée au cœur de la lutte contre l’étalement urbain.

L’enjeu est d’encourager, de maîtriser et de canaliser les initiatives

1. Sondage téléphonique - 7 octobre 2010 - Communes situées dans une aire urbaine d’au moins 50 000 habitants.2. Chiffres extraits de Y. Nussaume, La maison individuelle. Vers des paysages soutenables ?, Ed la Villette, Paris, 20123. Cf. 1.A. Assistanat, concours Tony Garnier

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individuelles par la définition de règles d’urbanisme adéquates et la mise à disposition d’un conseil au particulier en matière d’architecture et d’urbanisme denses.

economiquement, il est possible de fabriquer un urbanisme sur mesure et à moindre coût pour la collectivité, sans maîtrise foncière, en permettant à l’ensemble des propriétaires de maisons individuelles de mobiliser une partie de leur patrimoine pour financer des projets. Par cette nécessité de sur-mesure, les constructeurs standards ne peuvent intervenir et la démarche BIMBY fait appel au savoir-faire des architectes et des entreprises locales.

environnementalement, il est possible de construire des maisons individuelles à étalement urbain nul, en maintenant des densités faibles et sans engendrer de pression foncière. Si l’on agit sur un demi pour-cent des dix-neuf millions de maisons chaque année, la filière BIMBY peut produire environ un cinquième des besoins annuels en logements1.

socialement, l’objectif est de redonner à l’habitant un rôle fort de maître d’ouvrage dans la production de l’habitat. C’est aussi une manière d’associer plus directement les habitants, les élus, les entreprises et les architectes locaux.

mA mission Au sein du projet de recherche Anr.

Recruté en juillet 2012 pour une mission de cinq mois en tant que chef de projet associé au sein de la CREA, je suis chargé de piloter l’expérimentation du projet de recherche sur quatre communes de tailles inégales avec des problématiques de logements variées. Les quatre communes sont Montmain (1 359 habitants), Roncherolles (1 132 habitants), Malaunay (5 975 habitants) et Saint-Etienne du Rouvray (28 258 habitants). Cette expérimentation s’inscrit dans le contexte de la loi Grenelle II de juillet 2010 dans laquelle l’état s’engage à proposer aux collectivités territoriales des moyens d’action pour mener une politique offensive de lutte contre l’étalement urbain.

ou € 225 000 € 195 000 € 45 000

115 m2

956 m2556 m2

115 m2

400 m2

Grâce à mon terrain, je peux mobiliser 45 000€ et ainsi effectuer les travaux de rénovation pour ma maison ...

Après avoir divisé mon terrain, je revends ma grande maison et en fait construire une nouvelle adaptée. Je mobilise aussi 115 000 € pour préparer ma retraite.

556 m2

115 m2

80 m2 400 m2

115 m2

956 m2

€ 225 000 € 195 000 € 170 000

80 K€

1. Le rapport de la Commission pour la libération de la croissance français dit rapport Attali (23 janvier 2008) préconise la construction de cinq cents mille logements par an

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La mission consiste donc à vérifier à partir d’expérimentations concrètes si la démarche théorique BIMBY permet de produire des logements pour répondre aux besoins de la population sans étendre l’urbanisation. Elle cherche à constater si ses terrains à bâtir et ses logements sortent à des coûts inférieurs aux prix de l’immobilier et augmentent l’offre sur ces communes qui désirent attirer des primo- accédants.

Etalées sur cinq mois, ces expérimentations se divisent en plusieurs étapes :

- une analyse des tissus urbains existants de la commune et une évaluation du gisement potentiel de division.

- une présentation de l’approche BIMBY aux élus communaux lors de séances des conseils municipaux.

- une communication auprès des habitants (réunion publique, presse locale, tractage) pour annoncer la tenue des entretiens.

- huit week-ends d’entretiens individuels durant lesquels les habitants sont accompagnés dans les projets d’évolution de leurs parcelles. Le principe est de recevoir personnellement les propriétaires pendant une heure pour formaliser et modéliser leurs intentions de projets. Cette étape peut s’apparenter à du dessin d’esquisse en situation concrète, en relation directe avec le maître d’ouvrage. Il faut ainsi concevoir jusqu’à sept projets d’esquisses de maisons individuelles ou de petits collectifs par jour.

- La synthèse des entretiens qui permet, à partir de la confrontation des résultats de consultations, de soumettre des stratégies de développement communal. Cette analyse fine des projets propose une orientation dans les politiques de constructions neuves et permet d’anticiper, de réguler et d’optimiser les ressources foncières à partir de solutions réglementaires adaptées.

- La restitution des résultats aux élus de chaque commune tout en leur donnant des conseils pour intégrer la division parcellaire dans leur démarche de planification réglementaire.

Les concLusions « officieLLes » : éLus, AggLomérAtion, du chAngement sur LA forme.

Pour la CREA qui souhaite pouvoir mener cette action sur l’ensemble de son territoire, la démarche BIMBY apparaît comme une solution particulièrement intéressante. Les premières expérimentations montrent que le pouvoir local constitue en effet un levier important pour limiter la consommation d’espace et que les élus locaux et les habitants se responsabilise autour d’un projet communal concerté.

Aux yeux des élus, cette approche apparaît comme un gain de démocratie. La méthode BIMBY avec les architectes comme médiateurs semble selon eux renforcer la proximité qui existe

Week-ends d’entretiens avec les habitants.

Saint-Etienne du Rouvray - 22 septembre 2012

Montmain - 15 septembre 2012

Montmain - 15 septembre 2012

Exemple de fiche synthèse suite à un entretien.

e

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avec leurs habitants pour construire une politique de l’habitat plus adaptée.

Au sortir de ces expérimentations, les élus constatent rapidement l’importance et la diversité de ces micro-projets qui répondent à des besoins réels. En effet, de nombreuses situations de vie amènent spontanément les ménages à diviser leurs terrains : Bénéficier d’un jardin plus approprié pour des personnes retraitées, financer la construction d’une maison adaptée de plain pied, construire un autre logement sur son terrain pour un enfant ou un parent dépendant, disposer d’une réserve financière pour rénover ou agrandir sa maison, effectuer un remboursement anticipé de crédit, etc.

concLusions personneLLes : un retour critique.

Participer à un projet de recherche est une opportunité incroyable durant laquelle il faut savoir avancer dans l’incertitude, inventer chaque jour une manière de communiquer et de faire du projet qui peut être innovante. Cette expérience rentre donc dans le cadre de cette première partie de mémoire qui vise à mettre en évidence l’importance d’un architecte maître d’œuvre en son nom propre à inventer de nouveaux outils projectuels.

Au cours de ces six mois, j’ai pu voir au plus près les avantages mais aussi les limites du concept. Bien évidemment, mon engagement est né de la conviction que BIMBY peut être un instrument efficace de lutte contre l’étalement urbain. Autant de nouveaux logements par cette filière c’est autant de réseau, de voirie, d’espaces verts et d’éclairages en moins à entretenir par la collectivité. C’est aussi une réponse à la crise que peuvent connaître de nombreuses jeunes agences d’architecture. Avec en moyenne deux sollicitations par semaine pour réaliser des permis de construire et des suivis de projets, les entretiens avec les habitants se sont révélés être une source de projets importante. La filière BIMBY porte donc par sa démarche théorique un nouveau mode d’accession à la commande, laissant de côté les constructeurs et offrant la possibilité aux maîtres d’ouvrages individuels privés une occasion de rencontrer des architectes et de faire construire un logement personnalisé.

En revanche, je reste beaucoup plus sceptique concernant certaines hypothèses de travail. Le projet de recherche implique souvent une course aux résultats qui justifierait les moyens dépensés. Nous avons dû parfois procéder à des extrapolations et des raccourcis qu’il me paraît important de signaler.

Sur la forme encore, réaliser des esquisses en présence directe du maître d’ouvrage potentiel, en une heure et sans avoir visité préalablement le site pose également des difficultés. Un projet d’architecture, dans sa conception, nécessite de la réflexion et du ressenti qui ne peuvent se faire que seul.

Localisations des projets envisagés

Parcelle déjà bâtie Frange ou dents creuses Etalement urbain

Extension 1 à 4 logements Groupé ou collectif

Types d’opérations conçus par les quatre architectes

Studios / Apparts Petites maisons< 90m2

Grandes maisons> 90m2

Logements produits et leurs tailles

Extrait du rapport final de l’ANR. Synthèse des données sur les quatre communes participantes

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concLusion - Les « boring businesses ».

Nous avons vu dans cette première partie l’importance pour un architecte de remettre en permanence la pratique de la profession en question mais également des thèmes abordés. Les trois principales expériences relatées intègrent pourtant des processus très différents. Durant la période de conception, les concours confrontent des architectes entre eux au sein d’équipes de maîtrise d’œuvre. Le projet des territoires économiques associe quant à lui l’équipe de maîtrise d’œuvre aux élus. Enfin, le projet de recherche BIMBY, sans doute le plus spéculatif, crée une synergie entre l’architecte, les habitants, les élus locaux et l’agglomération.

Chacun bénéficiant d’avantages qui leur sont propres, il est extrêmement difficile de plébisciter un modèle par rapport à un autre. Le concours qui ne désigne qu’un gagnant a l’avantage de produire une adrénaline particulière et pousse donc à se surpasser. Les deux autres projets qui impliquent de nombreux acteurs aux enjeux parfois opposés sont plus longs à mettre en place. En revanche, ils permettent bien souvent d’apporter des réponses plus globales et plus pertinentes grâce à la pluridisciplinarité des compétences apportées.

Néanmoins, il me semble que s’intéresser à ces problématiques, quelle que soit l’approche, est fondamental car d’après le Ministère de l’Agriculture l’équivalent d’un département français disparaît tous les sept ans sous le bitume et la tôle1. Ce que l’on peut qualifier de boring businesses implique des enjeux de société et fait partie de la mission d’intérêt public de l’architecte. Penser que notre profession ne se résume qu’à dessiner le Louvre d’Abu Dahbi ou les tours du World Trade Center est illusoire. Si l’architecte ne prend pas en mains ces questions, elles seront exploitées comme c’est déjà le cas depuis des années par des investisseurs qui n’ont aucune obligation vis-à-vis de l’intérêt et du bien commun.

En revanche, la professionnalisation des compétences nécessite de ne pas se restreindre aux champs théorique et spéculatif. Un architecte maître d’œuvre en son nom propre a également une responsabilité de savoir-faire.

1. www.agreste.agriculture.gouv.fr

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2 L’arcHItecte coMMe tecHnIcIen e et HoMMe de L’art.

« L’architecte s’engage à exercer sa mission conformément aux règles de l’art qui comprennent l’ensemble de la réglementation et de la pratique en vigueur au moment de l’exécution des études ou des travaux. »

Article L.111-3 du code de l’urbanisme

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introduction – rAtionALité du temps de trAvAiL : « LA chArrette ».

Cette partie plus empirique replace l’architecte en tant qu’homme de l’art. Être architecte c’est donc aussi être un technicien, celui qui connaît et qui met en œuvre le savoir dont il détient le monopole. De nombreux jeunes architectes ressentent le pas de géant qui existe entre l’enseignement théorique qui nous apprend à être un concepteur et la mission de technicien attendue en agence. ESQ, APS, APD, PRO, SCOT, PADD, SHON, SHAB et maintenant SDP... Autant de sigles barbares pour un étudiant fraîchement sorti de ses études pour qui l’architecture n’est encore que concepts.

Selon moi, être un spécialiste passe en grande partie par une rationalisation et une optimisation du temps de travail. En effet, être méthodique, savoir utiliser les outils et comprendre les attentes du maître d’ouvrage permet de laisser du temps à la position d’architecte créateur et innovateur dont nous avons vu la primauté. Ainsi, cette réflexion conduit à m’interroger sur la notion de réduction des efforts.

La charrette qui implique un déploiement considérable de moyens et qui est présentée comme inhérente au métier d’architecte ne devrait-elle pas être qu’une exception lorsqu’il s’agit de production ? Il ne faut évidemment pas être naïf, les périodes intenses sont inévitables et les jours qui précèdent le rendu d’un concours entraînent nécessairement une charge de travail conséquente. Néanmoins, il ne faut pas assimiler charrette de conception et de production. En effet, alors que les charrettes de conception permettent bien souvent de trouver une solution inattendue sous la contrainte de l’échéance, les charrettes de production sont nuisibles et entrainent parfois des erreurs rédhibitoires. Récemment, un projet s’est vu retiré d’un concours car l’anonymat avait été compromis par inadvertance sur un dossier lors d’une compilation de documents réalisée après plusieurs nuits de charrettes.

Durant ma MSP chez Anyoji & Beltrando, plusieurs charrettes conséquentes ont eu lieu. Bien entendu, je ne cherche pas à stigmatiser une très jeune agence qui, sous le manque de ressources, a tenté au mieux de rester la tête hors de l’eau. Des agences bien plus structurées conduisent une gestion du projet qui ne permet pas d’éviter les nuits blanches. Il apparaît toutefois indiscutable que ces périodes sont contre-productives et conduisent à une tension inutile. Ainsi, il s’avère important pour un dirigeant d’élaborer une stratégie d’organisation qui minimise considérablement ces charrettes.

Malgré cette activité dense, les missions chez Anyoji & Beltrando on eu le bénéfice de m’apporter des compétences techniques dans des domaines variés.

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A - pAntin, du diAgnostic urbAin à LA fAisAbiLité.

une première étude LArge et pLuridiscipLinAire en tAnt que mAndAtAire pour AnYoji & beLtrAndo.

Je souhaite introduire cette partie sur les compétences techniques par une étude réalisée chez Anyoji & Beltrando. Il s’agit d’un diagnostic urbain et d’une préconisation spatiale sur un site industriel à Pantin. Cette étude, réalisée pour le compte de l’EPFIF (établissement public foncier d’Ile-de-France), est le premier projet important commandé en Mai 2011 à cette jeune agence qui n’a alors que quelques semaines d’existence. Mandataire et donc pilote du projet, Yannick Beltrando s’entoure de l’agence d’architecture et d’urbanisme Xavier Lauzeral et des programmateurs urbains Alphaville. Xavier Lauzeral est un architecte-urbaniste installé à Saint-Germain en Laye avec qui l’agence a l’habitude de collaborer et de s’associer, notamment pour des concours d’architecture. Alphaville, bureau d’étude qui intervient dans les domaines de la programmation urbaine à été évoqué dans la première partie1. La bonne connaissance mutuelle de nos équipes nous permet de partager facilement nos savoir faire et nos méthodes de travail.

L’étude du secteur Méhul, à proximité immédiate de Paris, comprend un site de dix-huit hectares déjà densément construit. C’est un collage riche entre immeubles de rapport, usines et ateliers qui s’est constitué au fil des siècles. Sa mutation est à l’ordre du jour avec des programmes neufs variant de sept-cent cinquante à mille cinq-cents logements. L’étude vise à concilier la construction de ces logements, la conservation d’activités productives et la mise en valeur du patrimoine industriel. Elle cherche plus largement à anticiper et cadrer réglementairement l’évolution de ce tissu urbain particulier qui tend à se banaliser par des opérations immobilières résidentielles parfois impersonnelles.

Dès le début de mon contrat en juillet 2011, Yannick Beltrando m’informe des faibles ressources humaines de l’agence et de la nécessité pour moi de m’investir de manière importante sur le projet. Cette proposition convient alors totalement à ma volonté de progresser sur la technicité de ce genre de missions.

Je m’occupe de la conduite du projet de manière intermittente durant dix mois. Sous contrôle permanent de Yannick Beltrando les premiers temps, j’acquiers après quelques semaines une certaine autonomie méthodique. Je ne peux pas réellement dire que mon rôle soit celui d’un chef de projet car Yannick Beltrando assiste à toutes les réunions, est l’interlocuteur privilégié de la maîtrise d’ouvrage et vérifie tous les livrables avant envoi. En revanche, étant le seul employé sur le projet, je peux prendre de nombreuses initiatives avec les co-traitants, les représentants de l’établissement public foncier et les services de la mairie.

Photos de la maquette au 1/500ème du secteur Méhul à Pantin - Réalisation Anyoji & Beltrando

Vue générale - Au premier plan, représentation de l’ensemble de logements sociaux conçus par Denis Honegger dans les années 1950

Vue sur la rue Méhul - Alternance d’immeubles « allumettes » et d’usines

Vue sur la rue Gambetta- Alternance d’immeubles « allumettes » et d’usines

1. Cf. 1.B. Ateliers de réflexion sur l’avenir des territoires économiques

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Le diAgnostic urbAin, de LA méthode Aux résuLtAts.

L’étude vise à définir la programmation et la forme urbaine du secteur, de jauger les besoins en termes d’équipements et de les intégrer tout en garantissant leur financement. Les préconisations de programmation sont assurées par l’équipe d’Alphaville et la définition des contraintes et des enjeux par Anyoji & Beltrando.

D’après les observations faites durant plusieurs mois, je remarque qu’un diagnostic urbain ne nécessite pas de compétence de concepteur. Il faut bien évidemment ressentir le site, en comprendre ses composantes pour déterminer les problématiques et les enjeux. Cette aptitude s’acquiert par l’arpentage et par la faculté à mettre en relation des formes urbaines déjà rencontrées. Ce ressenti spontané qui n’a pas de valeur rationnelle permet bien souvent de trouver un angle juste : On peut parler alors d’intuition de projet.

Néanmoins, il me semble que le diagnostic urbain nécessite surtout et avant tout une maîtrise technique. Il faut tout d’abord chercher à dégager les éléments essentiels des études précédentes. Ensuite, et c’est là toute l’importance d’avoir des équipes formées, il convient d’établir une méthodologie d’analyse précise. L’enjeu de ce premier projet urbain pour l’agence Anyoji & Beltrando est donc d’installer un processus qui sera ré-applicable lors des prochaines études. En cela, avoir été l’étudiant de Yannick Beltrando pendant deux ans facilite considérablement cette mise en place et confirme la raison pour laquelle de nombreux enseignants s’entourent de leurs anciens élèves pour participer à leurs projets. Effectivement, la majorité des cabinets d’architecture ne recherchent pas des concepteurs mais avant tout de bons techniciens, des étudiants formés à une méthode de travail particulière.

Mise en place de « fiches bâtiments » pour les réalisations recensées jugées remarquables

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Carte des activités nuisibles - Début de préconisations à partir de données factuelles

Carte des hauteurs - Diagnostic

Carte des activités - Diagnostic

Exemple de cartes de diagnostic produites. Définition d’une méthodologie et d’un graphisme qui pourront servir lors des études suivantes.

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La démarche ne pouvant être empirique, nous avons fait des allers-retours pour trouver la bonne manière de s’exprimer et de communiquer nos résultats à la maîtrise d’ouvrage. Fort de ses années d’expérience à l’APUR (Atelier parisien d’urbanisme), Yannick Beltrando propose un système d’analyse qui s’appuie sur ma capacité à en exécuter rapidement et à en représenter formellement les grands principes. Nous réalisons alors entre autres des cartes de tissus urbains, de nuisances, d’éléments remarquables ou de végétations. Certaines sont basées sur des faits objectifs, quantifiables, et d’autres proviennent de nos ressentis respectifs sur le terrain. Les résultats découlent de la confrontation analytique de ces données.

Très vite, nous mettons en évidence la qualité urbaine du secteur Méhul qui provient de sa diversité morphologique et programmatique. Nous ne préconisons donc pas de recréer une unité faussement composée mais, au contraire, de nous attacher aux singularités des situations. Loin du grand plan directeur qui fait table rase du passé, notre approche défend une mutation qui tient compte de son histoire industrielle. Cette attitude est a fortiori une réponse à la volonté politique de s’appuyer sur les racines historiques de ce quartier de faubourg pour anticiper son devenir.

Cette étude de diagnostic nous permet ainsi de définir les forces, les faiblesses, les risques et les enjeux de ce quartier. Les principaux avantages de ce secteur sont ses nombreuses aménités urbaines à proximité, sa trame viaire structurée, son bon réseau de transport en commun et ses activités créatrices et innovatrices. En revanche, certaines activités nuisibles peuvent provoquer des incompatibilités avec des futurs logements.

C’est pourquoi nos propositions visent à favoriser la construction ou la réhabilitation de logements spécifiques, notamment d’hôtels industriels, pour supporter le maintien de l’activité. Cette dernière peut évoluer vers des occupations plus créatives adaptées au logement. La relocalisation des activités nuisibles (garages, commerce de gros) est alors conseillée dans des zones précises.

LA spAtiALisAtion, écheLLe ArchitecturALe.

La seconde phase, plus opérationnelle et plus architecturale, vise à étudier le potentiel constructible et mutable à travers les capacités-faisabilités de huit îlots. En complément de l’étude de diagnostic, ce travail amène à ajuster les outils règlementaires pour encadrer les futures opérations.

Porté par les préconisations urbaines, l’objectif des capacités-faisabilités est d’accompagner la métamorphose de chaque périmètre en expérimentant parfois les parcelles singulièrement puis en les regroupant, d’autres fois en faisant une table rase puis

Un hôtel industriel : Photographies de « l’Ilôt Marchal »

© Clément Guillaume pour Anyoji & Beltrando

© Clément Guillaume pour Anyoji & Beltrando

© Clément Guillaume pour Anyoji & Beltrando

© Clément Guillaume pour Anyoji & Beltrando

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Différents tests de maquette sur l’îlot dit « Marchal », l’un des secteurs mutable

Les bâtiments verts sont les bâtiments conservés car jugés remarquablesLes bâtiments rouges représentent les nouvelles constructions

Etat inital

Etat inital

Scenarii conservation de l’hôtel industriel

Scenarii P7 retenu et validé Scenarii P7 retenu et validéEtat inital

Scenarii application du PLU Scenarii application du PLUà la parcelle

Différents tests d’implantations sur l’un des secteurs mutable en fonction des applications du PLU

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en testant la conservation de bâtiments jugés remarquables. Ces nombreux essais permettent d’anticiper et de comparer les évolutions variées que pourraient prendre chacun des ilots si la mutation avait à se réaliser naturellement. Evidemment, pour rester dans un modèle crédible et viable économiquement, l’objectif est de produire autant de logements dans la version où les bâtiments industriels sont conservés que dans la vision table rase.

Ces propositions nous conduisent à réfléchir à l’acceptation de fortes densités perçues mais également à traiter avec soin les questions d’accès, de voies et de volumétrie internes. Les capacités vont d’ailleurs parfois jusqu’à la définition précise de plusieurs scénarios de plans intérieurs.

retour critique sur cette étude.

En apprenant à faire-valoir une vision urbaine et architecturale pas toujours partagée par la maîtrise d’ouvrage, cette étude se révèle riche d’enseignements.

Elle me permet de produire de nombreuses esquisses de projets en prenant en compte les règles d’urbanisme. En effet, objectif technique rarement abordé en école, ces règles qui sont au cœur des phases de conception doivent être appréhendées comme un outil de valorisation du projet et non comme une contrainte.

Ainsi, maîtriser les outils, tant techniques que réglementaires s’est donc révélé indispensable à la conduite de cette mission. Néanmoins, l’élaboration vague de notre méthodologie nous fait perdre un temps précieux. Ceci pourrait faire office de remarque générale car, en dépit de l’expérience personnelle riche de Yannick Beltrando, l’agence qu’il co-dirige manque d’expérience méthodologique. En effet, nous avançons parfois en produisant des documents sans en évaluer la finalité et l’utilité.

Aussi, et ce n’est pas négligeable, ce projet m’a permis de parfaire ma connaissance technique des logiciels à maîtriser (autocad, adobe, exel etc.) et des réglementations architecturales, notamment lors de la conception d’un parking enterré ou d’un ERP (équipement recevant du public).

Enfin, l’autonomie accordée sur ce projet a été pour moi l’occasion de me responsabiliser, de gérer mon temps devant les échéances de rendu et d’encadrer les trois stagiaires qui ont participé à l’étude.

Malgré cela, cet apprentissage d’architecte comme technicien se révèle être encore loin du terrain où se produisent concrètement les choses. Ainsi, pour pallier l’absence de chantier de l’agence Anyoji & Beltrando durant ma période de mise en situation professionnelle, j’ai saisi une opportunité personnelle de chantier qui s’est présenté par hasard.

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b - Le chAntier : expérience comme technicien de terrAin.

une première expérience douLoureuse...

« Le bonheur naît du malheur »1. C’est avec cet adage du philosophe Chinois Lao Tseu que je peux résumer ma première expérience de chantier. Suite à un important dégât des eaux en septembre 2011, j’assume la responsabilité de remettre à neuf mon appartement avec les douze mille euros confiés par l’assurance.

Fort des expériences acquises durant mes stages, des expériences personnelles mais aussi des cours théoriques de HMONP, je prends rapidement conscience des risques encourus. Mon premier réflexe est alors d’interroger la MAF (Mutuelle des architectes français) et la SMABTP afin de garantir les risques de cette mission. Etant un particulier qui réalise des travaux pour lui-même, sans plan d’exécution et faisant appel à une entreprise tous corps d’état, ces dernières me renvoient vers IDEF, courtier proposant des assurances dommage-ouvrage adaptées. Ceux-ci garantissent que ma responsabilité civile personnelle est suffisante et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir recours à une responsabilité civile professionnelle. En revanche, je dois m’assurer des compétences et des certifications de l’entreprise tous corps d’état retenue et de sa garantie décennale.

Ainsi, après avoir confronté les devis de quatre entreprises, j’opte pour celle qui témoigne des meilleures références pour ce type de chantier, écartant notamment l’une d’elles qui propose une offre anormalement basse.

Le chantier, assez classique pour ces professionnels, révèle certaines de mes lacunes en la matière. La satisfaction personnelle d’être architecte laisse rapidement place à l’embarras de ne pas pouvoir prendre de décisions importantes. Les ouvriers m’enseignent alors gracieusement les bases qui me permettent après peu de temps d’appréhender certaines techniques et matériaux spécifiques.

Bien que ce chantier personnel n’engage pas directement ma fonction d’architecte diplômé d’Etat, les leçons à tirer dans le cadre de l’habilitation à la maîtrise d’œuvre sont nombreuses :

Tout d’abord, et c’est l’objet de cette partie, maîtriser les outils et le vocabulaire technique est indispensable pour rester crédible devant les ouvriers et plus largement le maître d’ouvrage. Ces termes laissant aussi parfois place au jargon du chantier qui ne s’apprend pas dans les manuels mais uniquement par une pratique régulière du terrain.

Être un technicien c’est aussi connaître les normes et les applications en vigueur, notamment lors de courriers officiels. C’est donc une opportunité de se renseigner par le biais de diverses sources pour expliquer entre autres à l’assureur pourquoi, en application de la Directive Européenne, les peintures glycérophtaliques présentes dans la cuisine et la buanderie sont remplacées par des peintures

2 septembre 2012 - Jour du dégât des eaux

2 novembre 2012 - Durant le séchage des murs

2 janvier 2012 - Finitions de la cuisine dans son alcove

1. Lao Tseu, Tao Te King - Livre de la voie et de la vertu, trad. Jean Lévi, Albin Michel, Paris, 2009

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acryliques.

Cette expérience me permet également de me confronter à des factures durant le changement de réglementation sur la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée). Savoir examiner, décomposer et parfois contester une facture est un exercice qui ne se réussit que par la pratique. Il faut également être capable de maintenir le chantier propre, faire respecter les délais, c’est à dire en quelque sorte rester maître de ce qu’il s’y passe.

Je dois avouer que cet apprentissage s’est révélé être éprouvant moralement car j’ai pleinement conscience d’être novice. En revanche, cette formation accélérée m’a aidé à acquérir une partie des compétences qui me seront nécessaires pour des chantiers futurs. Je peux en cela remercier Tomoko Anyoji qui a su me donner les conseils nécessaires dans les moments clés pour assurer la réussite de ces opérations.

... mAis finALement renforcée

Je cherche à confirmer en parallèle cet apprentissage et je contacte pour cela Anabel Sergent, associée de AACMA (Atelier d’architecture Chaix & Morel et associés) où j’ai effectué mon stage en 2009. Je lui fais part de mon désir de visiter le chantier du siège de Coface, opération de bureaux à Bois Colombes sur laquelle j’ai travaillé deux ans plus tôt. Elle me confie à Aurélia Leclerc, responsable du projet, pour une journée de réunions et de visites. Ce projet de bureaux d’environ quarante milles mètres carrés investit une parcelle triangulaire des anciens terrains Hispano Suiza derrière une friche industrielles. Cet immense chantier est alors l’occasion de percevoir les difficultés de coordonner de nombreux corps d’états à des phases avancées et différentes. J’assiste aux côtés d’Aurélia Leclerc à une matinée de réunions qu’elle organise toutes les semaines

2 février 2012 - Détail des faux-plafond

2 février 2012 - Détail des sols

2 février 2012 - Séjour 2 février 2012 - Cuisine 2 février 2012 - Salle de bain

20 juin 2012 - Siège de Coface à Bois-Colombes - AACMA

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avec les responsables des entreprises et du conducteur de travaux. Cela me révèle la nécessité absolue pour l’architecte de se faire respecter et d’être, sinon un spécialiste, au moins un connaisseur des différentes opérations techniques à effectuer. Effectivement, Aurélia Leclerc doit durant plusieurs heures faire valoir ses positions, revoir certains détails qui s’avèrent être impossibles à mettre en œuvre et coordonner les opérations de chacun. Après cela, nous procédons à une visite du chantier, en particulier des lieux qui ont été évoqués lors de la réunion.

Cette visite est alors l’occasion de comprendre concrètement que, bien qu’elles représentent quarante pour-cent des diplômées des écoles d’architecture d’Europe1, les femmes sont en permanence mises à l’épreuve sur les chantiers. Evidemment, je suppose que la situation a évolué au cours des trente dernières années bien que l’égalité ne soit pas encore parfaite. En effet, après avoir parlé à des amies amenées à travailler sur des chantiers, je constate que les femmes ouvrières ou architectes ne sont pas toujours considérées de prime abord avec le même respect. Les entrepreneurs se montrent souvent très protecteurs, ils ont peur qu’elles se blessent, qu’elles se salissent et adressent parfois des blagues douteuses. En revanche, et c’est un avantage appréciable, les ouvriers acceptent peut être plus facilement une femme dans la durée avec qui la confrontation des egos et des savoirs ne s’instaure pas de la même manière.

Cette difficulté à être une femme sur un chantier s’ajoute souvent à celle de l’expérience qui me vise plus particulièrement. Alors qu’une femme est testée les premiers temps sur ses capacités à connaître la technicité des opérations, un jeune architecte est en permanence renvoyé à son savoir et à sa connaissance du terrain. Mes quelques stages et les expériences pratiquées cette année sont un moyen de me perfectionner et de mieux appréhender cette étape du métier d’architecte souvent délicate.

Cette courte expérience de terrain s’accompagne de nombreuses autres tâches réalisées au sein de l’agence Anyoji & Beltrando et qui m’ont permis de découvrir une partie des missions de l’architecte.

20 juin 2012 - Siège Coface vue depuis l’entrée principale - AACMA

1. www.fondationpourlarchitecture.be

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c - permis de construire, cAndidAtures, des missions tout Azimut.

Par son manque de légitimité, une jeune agence n’a souvent pas d’autres choix que d’être touche-à- tout. Collaborer chez Anyoji & Beltrando, agence qui a moins d’un an d’expérience, est alors une position parfaite pour accéder à des missions courtes et très diverses.

Alors que les stages précédents m’avaient amené à travailler sur des phases d’APS (avant projets sommaires), d’APD (avant projets détaillés) ou de DCE (dossier de consultation des entreprises), je prends part ici à des missions variées aussi bien techniques qu’administratives, indispensables avant d’envisager de créer sa propre structure.

En parallèle des missions longues chez Anyoji & Beltrando comme celles des territoires économiques1 ou de l’étude du secteur Méhul2, je contribue donc à des missions ponctuelles de quelques jours à quelques semaines dont voici quelques exemples :

Je réalise un dossier de permis de construire pour un local professionnel de quarante-cinq mètres carrés situé sur une parcelle privée déjà bâtie. Réalisé en trois jours, le projet est en réalité la modification d’un premier permis qui n’avait finalement pas été déposé faute de moyens par le maître d’ouvrage. Le projet déjà dessiné ne nécessite que quelques modifications et l’objectif de ce travail étant donc avant tout de remplir le CERFA (Centre d’enregistrement et de révision des formulaires administratifs) n°13406*02 relatif aux maisons individuelles où à ses annexes. Avec l’aide de Tomoko Anyoji, je modifie les calculs initiaux de SHON et SHOB (surface hors d’œuvre net et brut) et procède au calcul de la SDP (surface de plancher) ainsi que de la surface taxable selon les nouvelles règles en vigueur depuis le 1 mars 2012. Je produis également les documents modifiés par rapport au projet initial comme le plan masse, les réseaux, les élévations, les coupes ainsi que les perspectives d’insertion. Ce projet est surtout l’occasion pour Tomoko Anyoji de m’enseigner les bases techniques pour ce type de missions et de se dégager du temps pour travailler sur un concours.

En effet, l’agence participe durant mes onze mois de mise en situation professionnelle à plusieurs concours d’architecture et un concours d’urbanisme important. Je prends évidemment part à ces missions bien que mon rôle soit quasi-exclusivement de production et de rendu. En effet, alors que dans beaucoup d’agences plus hiérarchisées, comme j’ai pu le voir entre autres chez Chaix & Morel, les architectes sont amenés à acquérir de l’autonomie en conception, l’agence Anyoji & Beltrando qui doit se forger une identité architecturale, en laisse la charge aux associés. Le rôle de l’architecte collaborateur est alors celui d’un technicien expert des logiciels de rendu et capable de produire efficacement des documents. Devant mon aptitude à maîtriser ces technologies et ces processus, Yannick Beltrando me confie également la responsabilité de travailler sur des projets plus complexes faisant intervenir des normes contraignantes.

Perspectives de concours - Anyoji & Beltrando

Octobre 2011 - Concours de logements - Paris XVIIIème - Non retenu

Avril 2012 - Concours d’urbanisme - Clichy-la-Garenne - 2ème place

1. Cf. 1.B. Ateliers de réflexion sur l’avenir des territoires économiques2. Cf. 2.A. Pantin, du diagnostic urbain à l’étude de faisabilité

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Je participe ainsi à une étude infrastructurelle sous-traitée par l’APUR et commandée par ASF (Autoroutes du sud de la France). Il s’agit de l’insertion de l’autoroute A7 sur une section urbanisée de trois kilomètres à de l’entrée de Valence. A partir de la limite communale avec Bourg-lès-Valence et sur une longueur de mille deux-cents mètres, l’autoroute est mitoyenne du fleuve et en sépare donc la ville qui souhaite retrouver son contact et se doter d’un site de loisirs. Il est pour cela projeté de conserver l’autoroute mais de l’enfouir en tranchées semi-couvertes sur le linéaire où elle borde le fleuve. Cette opération nous confronte à la norme ICTAVRU qui donne des instructions sur les conditions techniques d’aménagement des voies rapides urbaines.

Ces différentes missions me font ainsi comprendre la nécessité pour une jeune agence d’établir une méthodologie compréhensible par l’équipe et de former cette dernières aux règles en vigueur. Néanmoins, la formation passe également par une hiérarchisation des dossiers et une structuration des outils. Etant le premier salarié, l’ordonnancement des fichiers et l’utilisation des logiciels n’est pas définis et est laissée à la libre appréciation des deux associés. Nous essayons alors ensemble de trouver une manière optimale de présenter, d’ordonner, de classer et de hiérarchiser les données. Malheureusement, devant la charge de travail et le turnover de nombreux stagiaires non formés à ces exigences, cette élaboration perd vite sa fonction normative. Le manque d’importance accordée à cette organisation contribue hélas au cercle vicieux entrainant perte de temps et fatigue.

cAndidAtures, book, orgAnisAtion AdministrAtive.

Je m’occupe par ailleurs de tâches administratives. Tout d’abord la mise à jour du book de l’agence. Celui-ci avait été réalisé un an plus tôt et ne contient pas les références d’urbanisme ni les derniers concours présentés. Je me familiarise également avec les divers types d’accès à la commande comme les journaux spécialisés, le BOAMP A (bulletin officiel des annonces de marchés publics relatif aux travaux), le JOUE (journal officiel de l’Union Européenne) ainsi qu’avec différentes plateformes dématérialisées dont le site internet www.marchesonline.com. Enfin, c’est aussi la possibilité d’échanger avec différentes maîtrises d’ouvrages parfois privées mais la plupart du temps publics ou parapublics. Bien évidemment, même après plusieurs dizaines de candidatures je ne cerne pas toute la complexité du code des marchés publics. Néanmoins, les procédures d’appels d’offres m’adaptent à des termes techniques indispensables qui ne sont jamais abordés durant nos études.

Extrait d’une coupe de principe du projet - Anyoji & Beltrando

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concLusion – Les « arcHitectes ruralistes » muLtifonctions.

Nous voyons donc tout au long de cette partie la nécessité d’être des professionnels responsables, de savoir utiliser à bon escient les réglementations en vigueur et de connaître les formalités administratives d’accession à la commande. Néanmoins, malgré cet apprentissage qui continuera au fil des années, je prends conscience d’avoir de nombreuses compétences à acquérir pour être un architecte maître d’œuvre techniquement autonome. Effectivement, j’entends à plusieurs reprises cette année le reproche selon lequel les architectes sont de mauvais praticiens qui se laissent souvent guider.

Cette dernière me donne l’occasion de présenter deux jeunes architectes de vingt-cinq ans, fraîchement diplômés de l’HMONP, avec qui j’ai collaboré lors de ma mission BIMBY à Rouen. Ces derniers n’ont jamais travaillé en agence excepté deux stages durant leurs études et ont pourtant déjà créé leur structure. Bien loin des projecteurs parisiens, ils se qualifient « d’architectes ruralistes » et aspirent à un réseau d’associations regroupant des professionnels locaux du bâtiment. Ces professionnels, sans avoir la prétention de faire de l’architecture publiée dans les revues à la mode, ont déjà conçu et réalisé plusieurs projets qualitatifs de maisons individuelles ou de petits collectifs et élaboré des dizaines de permis de construire. Leur contact m’a été extrêmement bénéfique car je découvre avec eux, loin des praticiens des grandes villes, des architectes expérimentés qui sont tout autant capables de réfléchir conceptuellement, répondre aux formalités administratives et diriger d’une main de maître un chantier.

Capables d’intervenir avec de grandes compétences dans des bourgs et des hameaux très peu urbanisés, ils se sont forgé peu à peu un réseau d’entreprises compétentes et de solides connaissances constructives. Selon eux, un architecte « ne peut pas être efficace s’il n’est pas capable de proposer des solutions à l’entreprise et s’il n’est pas capable de vérifier un détail ». Aptes à dresser une estimation ou un devis, à renseigner le maître d’ouvrage sur les raccords d’évacuation ou d’ERDF (Electricité réseau distribution France), ils maîtrisent les règlements d’urbanisme pour valoriser chaque projet et accompagner le client du début à la fin.

Curieusement, ces jeunes architectes ne connaissent pas la crise. D’une référence à l’autre, d’une collaboration à une autre, ils se tissent des liens sur des territoires vastes en recherche de compétences pluridisciplinaires. Ils s’amusent alors de me voir entrer dans « la jungle parisienne » et vouloir un jour, au milieu de tous, monter ma propre structure.

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3 L’arcHItecte coMMe gestIonnaIre et Manager

« Affectio societatis. La volonté de collaborer activement, de s’associer et de participer aux bénéfices et aux pertes d’une entreprise. »

Article L.1832 1833 du Code Civil

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introduction – une profession en crise ?

Après quelques mois en agence, je prends donc conscience de l’étendue des défis qui m’attendent en tant que jeune diplômé.

D’un côté, nous travaillons, investissons du temps et de l’énergie durant cinq années pour accéder à un prestigieux diplôme d’études supérieures. D’un autre, nous sommes confrontées à un marché du travail saturé dans lequel la concurrence est particulièrement rude. Certains diplômés, après plusieurs mois sans emploi, acceptent de travailler avec un rythme harassant contre une gratification de 425 euros par mois. Les conséquences sont inquiétantes ! L’état des dirigeants n’est malheureusement pas nécessairement plus réjouissant. Les dirigeants de petites agences ont conscience du statut précaire de leurs salariés et se sentent parfois contraints de s’en expliquer, voir presque de s’en excuser.

Pourtant, la France ne compte que quarante-six architectes inscrits à l’Ordre pour cent mille habitants contre quatre-vingt deux en moyenne dans l’ensemble de l’Union Européenne1.

Ces caractéristiques n’empêchent pas la profession d’être frappée par une évolution de la commande et du marché qui lui est défavorable depuis trente ans, comme le démontre ce rapport du Sénat diffusé en 20102 :

- Le monopole que la loi de 1977 confie aux architectes pour les projets soumis à permis de construire s’avère être une garantie assez illusoire compte tenu de l’importance des dérogations ainsi que de la fréquence du détournement des textes. Soixante-huit pour-cent des constructions sont aujourd’hui édifiées sans architecte.

- La diminution du volume du marché traditionnel, associé à un quasi-doublement des effectifs, appauvrit la profession dans son ensemble et 2013 n’augure rien de bon ! Comme nous l’explique C. Sabbah dans Les échos le 22 novembre dernier3, les coupes claires dans les budgets de la culture ajoutées à l’abandon ou au report de grands équipements font chuter la commande publique, le terreau nourricier des agences d’architecture. Le relais ne viendra pas du privé qui affiche une petite santé, auquel s’ajoute l’horizon des élections municipales en mars 2014 et le gel de nombreux projets.

- La complexification de la construction favorise l’apparition de nouvelles professions dans la maîtrise d’œuvre et contribue à recentrer les interventions des architectes sur les missions de conception. Nous voyons en effet que les équipes de maîtrise d’œuvre ont pour obligation de s’étoffer et doivent partager les honoraires avec des acousticiens, urbanistes, paysagistes, bureaux d’études spécialistes du développement durable etc.

1. www.architectes.org/outils-et-documents/la-profession-en-chiffres2. Dauge Y., Métiers de l’architecture et du cadre de vie : Les architectes en péril. Rapport d’ information n° 64 (2004-2005)3. « Les architectes à la recherche de nouveaux débouchés » C. Sabbah. In Les échos n° 21318, 22 novembre 2012

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Malgré les efforts pour trouver de nouveaux marchés, la situation économique des architectes reste aujourd’hui très précaire dans l’ensemble. Nous réalisons alors que la réussite médiatisée de quelques grands cabinets préparés pour les concours publiés masque les difficultés que rencontre la grande majorité des agences.

Ayant préparé pendant plusieurs mois les candidatures chez Anyoji & Beltrando, je réalise à quel point la concurrence est intense. Les réponses à des concours pour des bâtiments de cinq à dix millions d’euros attirent des centaines de candidatures, dont des agences de plus de quarante salariés qui ne s’y intéressaient pas auparavant. Devant ces rivalités inégales, les petites structures qui survivent grâce à ces opérations doivent s’entre-dévorer pour participer aux concours. Bien que les maîtres d’ouvrage prennent ce facteur en compte et aient tendance à s’ouvrir, être retenu relève du miracle pour une jeune agence ! Ces difficultés, majoritairement parisiennes, s’expriment aussi en province comme me l’ont confirmé les jeunes architectes rencontrés à Rouen ou à Lyon.

Toujours selon C. Sabbah1, le pessimisme ambiant règne si l’on en croit l’étude « de crise » réalisée par l’ordre des architectes à l’été 20122. « Soixante et un pour-cent affirment avoir revu leurs contrats ou leur stratégie commerciale cette année. Cela passe entre autre par la baisse des honoraires et l’élargissement de leur géographie d’action pour soixante-trois pour-cent d’entre eux et quarante-sept pour-cent acceptent de faire plus pour moins cher. »1

Devant ce tableau, reflet de la paupérisation des jeunes architectes et des petites agences, la nécessité de se structurer comme une TPE-PME solide et responsable me paraît être indispensable. Je ne pense pas qu’il faille, comme le préconisent certains, obliger les architectes à suivre une formation juridique et de gestion en plus de la HMONP qui se contente d’aborder ces sujets. En revanche, il est indispensable que les nouvelles agences qui se créent reposent sur des bases claires.

Il me semble qu’Olivier Arène exprime une vérité enfouie en disant que les architectes « ont tort de ne jamais parler d’argent » car « l’argent est la condition de notre liberté intellectuelle. »3

Voici ci-contre un exemple trouvé sur Facebook du « statut » d’une jeune architecte HMONP qui, après plusieurs mois de chômage, souhaite par défaut créer sa structure. Cet exemple reflète malheureusement une situation de plus en plus fréquente.Statut Facebook relevé le 24 décembre 2012

1. « Les architectes à la recherche de nouveaux débouchés » C. Sabbah. In Les échos n° 21318, 22 novembre 20122. La profession face à la crise - Sondage Ifop - Octobre 20103. « Les agences d’architecture doivent devenir des entreprises comme les autres » O. Namias. In Les échos n° 21105,19 Janvier 2012

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A – AnYoji beLtrAndo : descriptif et intérêt entrepreneuriAL.

description de L’Agence :

Ma mise en situation professionnelle (MSP) s’est déroulée dans l’agence d’architecture et d’urbanisme Anyoji & Beltrando. Je vais tenter de dresser le portrait de cette jeune structure dont j’ai pu voir l’évolution, des balbutiements aux premiers succès significatifs encourageants pour l’avenir.

L’agence d’architecture Anyoji & Beltrando est une SARL (Société à responsabilité limitée) au capital de dix mille euros créée le 31 mai 2011. Elle est née de l’association entre Tomoko Anyoji et Yannick Beltrando. Ces deux architectes avaient déjà travaillé ensemble et ont été mentionnés au Prix de la première œuvre en 2005 pour une maison urbaine à Montmartre (Paris XVIIIème).

Tomoko Anyoji est une architecte japonaise ayant réalisé ses études supérieures en Europe. Initialement au Blake College de Londres puis à l’Institut européen de design à Rome d’où elle sort diplômée en architecture d’intérieur. Elle intègre ensuite un Master de design à l’Institut polytechnique de Milan. Après avoir travaillé cinq années au sein de l’agence Toni Cordero à Turin et un an chez Patrick Jouin à Paris, elle entame une activité libérale en 2003. DPLG (Diplômé par le gouvernement) de l’Ecole d’architecture Paris La Villette en 2007, elle poursuit son activité libérale en s’associant ponctuellement pour des concours avec Xavier Lauzeral (architecte urbaniste, lauréat des jeunes urbanistes en 2007).

Yannick Beltrando est pour sa part architecte DPLG et diplômé du DESS (Diplôme d’études supérieures spécialisées) d’urbanisme de Sciences-Po Paris. Après avoir travaillé au sein de l’APUR, il devient conseiller technique de Pierre Mansat entre 2005 et 2008. Il est par la suite responsable du pôle Métropole de l’APUR pendant trois années. Depuis 2005, il enseigne également au sein du master Métropoles de l’école d’architecture de Marne-la-Vallée aux côtés de David Mangin (SEURA) et Pierre-Alain Trévelo (TVK).

Installée au 80, rue du faubourg Saint-Denis, l’agence dispose d’une salle informatique, d’un atelier maquette ainsi que d’un espace de réunion au sous-sol. Le local est sous-loué et partagé avec l’agence d’architecture franco-espagnole MCBAD. Cette dernière possède ses bureaux principaux à Valence en Espagne.

Yannick Beltrando et Tomoko Anyoji ont investi dès le début dans un matériel informatique conséquent pour une jeune agence, faisant également d’autres acquisitions ponctuelles. Le parc se compose d’un serveur HP Proliant, de cinq postes informatiques fixes et de deux postes informatiques portables. L’agence dispose également de plusieurs traceurs de tailles différentes et d’un photocopieur imprimante A4/A3. Les logiciels utilisés couramment sont la suite Office, Adobe Suite CS, Sketchup et Autocad 2009.

Yannick Beltrando

Les deux associés de l’agence Anyoji & BeltrandoTomoko Anyoji

Open Space au RDC où les associés et les salariés se font face

Salle de réunion et atelier maquette au sous-sol

Locaux 80, rue du Faubourg Saint-Denis

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Pluridisciplinaire, multiculturelle et polyglotte, l’agence tire sa force de la diversité de ses domaines d’intervention et des échelles de projet qui vont de l’architecture à la planification urbaine. Chaque associé dirige son domaine de compétence : Tomoko Anyoji assure la gestion des projets d’architecture (rénovation d’appartements, constructions et extensions de maisons individuelles et concours d’architecture) et Yannick Beltrando s’occupe des projets d’urbanisme (études urbaines, espaces publics et concours d’urbanisme) ainsi que de la partie gestion et management (salariés, comptabilité, comptabilité analytique, budget...). Evidemment, les décisions sont concertées et les projets sont en partie conçus en collaboration.

La communication du site internet et la gestion du parc informatique sont externalisées. Les perspectives de concours sont également réalisées par des professionnels extérieurs en raison du manque de personnel et de compétences en interne. Enfin, alors que Yannick Beltrando se charge d’établir en interne les documents comptables de base, l’expert-comptable effectue pour sa part l’ensemble des vérifications nécessaires à leur bonne tenue et dresse ensuite le reste de la comptabilité (balance, compte de résultat, bilan).

intérêt entrepreneuriAL et perspectives d’Avenir.

Le parcours classique d’un jeune architecte est en règle générale le suivant :

1. Une ou deux expériences courtes dans des agences différentes. 2. Stabilisation durant quelques années dans une structure et prise de responsabilités jusqu’à devenir chef de projet voire chef d’agence. 3. Possibilité de s’associer ou le cas échéant installation en son nom propre.

Il n’y a malheureusement pas de statistiques sur l’âge moyen de la création des sociétés d’architecture. Néanmoins, un rapport de l’ordre des architectes produit en 2010 révèle que les inscriptions se produisent entre trente et quarante ans.1

Par conséquence, fruit d’une collaboration qui peut sembler tardive, l’agence Anyoji & Beltrando composée de deux architectes aux parcours très variés révèle un intérêt entrepreneurial certain. Cette création d’entreprise a pu être mûrement réfléchie et anticipée, s’appuyant notamment sur les relations privilégiées que Yannick Beltrando a acquises à l’APUR. En tant qu’ancien directeur de son pôle métropole, Yannick Beltrando a également l’habitude de manager des équipes pluridisciplinaires, de tenir des réunions, d’anticiper un calendrier et de répondre à des objectifs. Ces particularités laissent supposer que l’agence pourra se développer rapidement et profiter de cette ressource.

1. Nogue N., Les jeunes diplômés et l’Ordre, étude réalisée pour le CNOA, février 2010

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Ayant exercé en libéral de nombreuses années, Tomoko Anyoji a de son côté toutes les compétences nécessaires pour prendre en charge les formalités administratives relatives à la profession. Aussi, son réseau de bureaux d’études et de co-traitants s’est étoffé avec les années. La complémentarité entre les deux associés peut alors paraître parfaite.

Néanmoins, la spécialisation engendrée par des missions comme celle sur les territoires économiques risque d’enfermer l’agence dans un champ de projet qu’elle ne souhaite pas forcément. Bien souvent, une référence en entrainant une autre, les agences se retrouvent cantonnées dans un domaine et ont du mal à s’en défaire. L’objectif pour cette jeune agence est me semble-t-il, de très rapidement remporter un concours d’architecture pour affirmer ses compétences dans ce domaine. Effectivement, bien que primées, les réalisations sont pour l’instant de très petits projets commandés par des clients privés. Passer par la discipline urbaine peut alors apparaître comme une bonne stratégie pour se faire remarquer des maîtres d’ouvrages. En revanche, il serait regrettable que cette ramification de son activité n’empêche les autres branches de se développer.

0 5m

Plans RDC de l’agence Anyoji & Beltrando

Y. Beltrando T. Anyoji

Salariés

Espace réservé MCBAD

Plans dou-sol

Espace réunions Espace maquettes Traceurs

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b – Associés, sALAriés, Les reLAtions internes.

Les Associés : une même vision.

L’article 1832 du Code Civil dispose que « les associés sont des personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager les bénéfices ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. »

Il s’agit donc d’une notion juridique réglementée et doté d’un sens précis. Nous avons vu que l’agence d’architecture et d’urbanisme Anyoji & Beltrando repose sur ses deux associés qui semblent être complémentaires pour le développement de l’entreprise.

En revanche, au-delà d’une question financière, il me semble que des associés doivent avant tout partager une même vision de leurs objectifs pour les mettre en œuvre conjointement. Cette intention n’apparaît pas alors toujours avec évidence.

En effet, ayant exercé en libéral durant des années, Tomoko Anyoji s’accommode de projets conçus seule ou en petites associations. Elle ne prétend pas nécessairement à diriger une grande entreprise d’architecture avec de nombreux projets. De plus, sa formation d’architecte d’intérieure la guide vers des projets où l’échelle est maîtrisable plutôt que dans l’élaboration de grandes stratégies urbaines. Au contraire, Yannick Beltrando semble s’orienter vers une société plus importante capable de supporter de tels projets d’urbanisme. Ce décalage se ressent d’autant plus lorsque nous observons l’évolution salariale durant la première année d’exercice, exclusivement rattachée aux projets et études urbaines.

une évoLution des sALAriés en dents de scie.

L’agence emploie en effet plusieurs jeunes architectes et stagiaires pour effectuer les missions de projet. Premier salarié employé en Juillet 2011, j’ai pu constater un turnover important durant l’année. Je vais donc en faire une présentation concise.

En juillet 2011, parallèlement à mon embauche, une stagiaire est recrutée durant un mois pour effectuer une maquette de site dans le cadre d’une mission de diagnostic urbain. En septembre 2011, Marine Baudron, jeune architecte, est employée en mise en situation professionnelle de HMONP pour une durée de dix mois dans le but de suivre avec moi le projet de réflexion sur l’avenir des territoires économiques1. En parallèle, un étudiant en quatrième année à l’école d’architecture et du paysage de Versailles effectue un stage à raison d’un jour par semaine pendant un an. Présent uniquement le vendredi, il n’a pas de tâche réellement définie. Il se greffe généralement sur les projets et les besoins du moment.

1. Cf. 1.B. Ateliers de réflexion sur l’avenir des territoires économiques

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L’agence embauche en janvier 2012 Madeleine Masse en tant que chef de projet. Cette architecte bénéficie de deux ans d’expérience professionnelle à l’APUR et prend la direction de plusieurs études urbaines récemment remportées.

Par ailleurs, dans le cadre d’un concours urbain à Clichy-la-Garenne, Marie-Sophie Ulan, architecte dotée de cinq ans d’expérience dans différentes agences internationales, est embauchée début mars 2012, faisant par la même la transition avec Marine Baudron dont le contrat a pris fin. En parallèle, trois stagiaires sont recrutées pour une durée de deux mois afin de participer au concours. L’équipe est à nouveau complétée mi-mars 2012 par une stagiaire supplémentaire. Enfin, début juin 2012, deux nouvelles stagiaires intègrent l’agence.

Pour résumer, se sont croisés ou ont collaboré durant dix mois une architecte chef de projet habilitée à la maîtrise d’œuvre, une architecte diplômée d’état, deux architectes diplômés d’état en mise en situation professionnelle ainsi que huit stagiaires. Au moment de mon départ début juin, l’agence comptait parmi ses rangs Madeleine Masse, chef de projet ainsi que quatre stagiaires.

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Le turnover : contre-productif mAis souvent inévitAbLe dAns Les jeunes Agences.

Ce turnover paraît très conséquent et nécessite une énergie importante de la part du manager. Nouveaux entretiens, nouvelles négociations, nouveaux contrats de travail. Une entreprise a en principe tout intérêt à conserver ses salariés.

Alors pourquoi les collaborations n’ont-elles pas durées ? La réponse tient en grande partie à la jeunesse de la structure. En effet, contribuer à la formation d’une agence c’est en essuyer les plâtres ! En plus des tâches classiques, il faut inventer une manière de faire, de représenter, de projeter, que l’on ne maîtrise pas, mais aussi assister des entrepreneurs qui n’ont pas le droit à l’erreur après avoir investi leurs économies. Ainsi, bien que la pression et les responsabilités soient infiniment moins importantes que celles des dirigeants, vivre ce genre d’expérience pour un salarié nécessite un engagement moral et physique important.

Dans le cas de l’Agence Anyoji & Beltrando, il me semble que commencer par recruter deux jeunes architectes à peine diplômés représentait un pari risqué. La charge de travail était en effet souvent conséquente et les qualifications techniques parfois avancées. Engager Madeleine Masse en Janvier 2011, architecte habilitée avec trois ans de pratique, se révèle être en revanche un bon choix de gestion. Elle prend en charge certains projets, ce qui me laisse du temps pour me concentrer sur d’autres tâches. Son expérience permet également d’assister Yannick Beltrando lorsqu’il faut régler certaines questions techniques. A contrario, mon ancienneté me permet de la former rapidement sur des questions méthodologiques propres à l’agence. Nous ne pouvons néanmoins pas conclure que la jeunesse des salariés constitue toujours un handicape pour une agence. En effet, si mon inexpérience a pu entraîner des difficultés, ma maniabilité a permis à Yannick Beltrando de me façonner rapidement à une méthode sans que je ne porte les traces d’autres architectes.

Une agence qui s’efforce de créer une structure stable doit ainsi composer avec le paradoxe de trouver des employés qualifiés et expérimentés qui restent toutefois jeunes et flexibles.

Pour finir, il me semble que les stagiaires, économiquement très rentables, ne sont pas toujours un atout pour une agence qui débute. En effet, ces derniers cherchent à apprendre et à progresser durant cette période et les cantonner à des tâches indispensables de réalisation de maquettes ou de compilation de documents pendant des semaines entraîne de la frustration et bien souvent un mauvais travail. C’est enfin prendre le risque de ne pas pouvoir les former à une méthodologie d’agence naissante donc peu structurée, et ainsi de moins maîtriser leur production.

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un bon degré de contrôLe, dire stop Lorsque L’on est Architecte ?

Dans les écoles d’architecture, la relation avec les employés n’est pas enseignée. Néanmoins, cette compétence est primordiale pour assurer la réussite interne mais également pour la réputation d’une agence.

Dans bien des cas et particulièrement au commencement, les dirigeants ne se rendent pas réellement compte de l’implication de leurs salariés. Celle-ci semble forcément inférieure à la leur et peut avoir tendance à créer des dissensions.

Il apparaît en effet très difficile pour un gérant de savoir autoriser leurs salariés à s’interrompre dans leur travail en fin de journée. Une agence qui se forme a toujours besoin de main d’œuvre, de retravailler des documents ou bien de préparer une réunion. Quel est donc le bon moment pour partir ? N’y a-t-il pas une heure après laquelle les salariés doivent impérativement rentrer ? A partir de quand considérons-nous être en charrette ? Toutes ces questions primordiales sont à méditer car elles peuvent entraîner des situations inextricables.

Durant les dix mois au sein de la SARL Anyoji & Beltrando, les rythmes de travail ont été inégaux mais toujours intenses. Rarement une journée ne s’est terminée avant vingt heures et les dîners- agence ou les sandwichs-métro ne se comptent plus. Bien évidemment, j’ai conscience que postuler en agence d’architecture, de publicité, de graphisme comme en cabinet d’avocat, implique une mission et donc un rythme très particulier. Dès lors, être à l’agence un samedi, un jour férié ou toute une nuit peut être accepté. Néanmoins, il me parait important de convenir au mieux, à la rédaction du contrat, d’une contrepartie aux renoncements que cela implique. La compensation est généralement pécuniaire mais peut se manifester sous bien d’autres formes comme des jours de récupération, un rôle dans le développement de l’agence, des relations ou des collaborations futures… Heureusement, de par son expérience passée, Yannick Beltrando a dans les mesures du possible toujours essayé de trouver un équilibre.

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c – mAîtrise d’ouvrAge, concurrence, co-trAitAnts : Les reLAtions externes.

reLAtion Avec LA mAîtrise d’ouvrAge.

La maîtrise d’ouvrage, intervenant extérieur direct, entretient souvent un rapport privilégié avec les agences d’architecture. Nous pouvons lire de la relation maîtrise d’ouvrage - maîtrise d’œuvre à l’introduction de la charte de l’association AMO (architecture et maître d’ouvrage) que « la qualité de leur dialogue, l’équilibre de leur échange et la connaissance acquis par chacun des compétences et responsabilités de l’autre sont les conditions essentielles de la réussite de leurs projets1». A défaut de s’assurer de collaborer avec des maîtres d’ouvrages compétents, comprendre le fonctionnement, les objectifs mais aussi la manière de travailler des commanditaires semble être un enjeu essentiel pour tout architecte. Pour en comprendre l’activité, il faut tout d’abord réussir à définir ce qu’est un MO (Maître d’ouvrage).

C’est en réalité l’entité pour le compte de laquelle sont réalisés les ouvrages, bâtiments ou infrastructures. Il définit les objectifs du projet, le calendrier et le budget dont il supporte la charge. Il peut être une personne physique (particulier), un acteur privée (Société civile immobilière, etc.) ou publique (état, collectivité, etc.). Dans le cas d’une MO publique, son rôle et sa mission sont définis par la loi MOP (Maîtrise d’ouvrage publique/maîtrise d’œuvre privée) du 12 juillet 1985. Lorsque le maître d’ouvrage ne possède pas l’expérience nécessaire au pilotage du projet, il peut solliciter une maîtrise d’ouvrage déléguée dont la gestion de projet est la pratique. Il s’agit de l’AMO (Assistance à la maîtrise d’ouvrage) chargée d’accompagner et de diriger les différentes phases. L’AMO a un rôle de conseil et de proposition mais en aucun cas de décision.

Cette année d’habilitation à la maîtrise d’œuvre est l’occasion de rencontrer de nombreux maîtres d’ouvrages, notamment lors de la semaine de formation consacrée à la commande dirigée par Pascal Chombard de Lawe. C’est l’intervention d’Anna Crennitzer, architecte et chef de projet au sein de la société de promotion I3F, qui laisse selon moi le témoignage le plus marquant2. Elle nous explique en effet le processus depuis le lancement et le financement des opérations immobilières sociales jusqu’à leur livraison.

Au sein de l’agence Anyoji & Beltrando, ma relation avec la maîtrise d’ouvrage a évolué tout au long de l’année. Lors de l’étude de diagnostic à Pantin3 je suis amené à rencontrer les acteurs de la maîtrise d’ouvrage représentés par l’établissement public foncier d’Ile-de-France. C’est aussi l’occasion de participer aux réunions avec le maire, le directeur de l’aménagement et les services techniques qui pourront à terme devenir des maîtres d’ouvrages potentiels.

Par ailleurs, une occasion sur l’un des projets de l’agence me permet de constater les mésententes qui peuvent parfois se produire entre les deux acteurs. Ces divergences mineures montrent que la rigueur

1. www.amo.asso.fr2. Conférence du 5 Avril 2012 à l’ESAVT MLV3. Cf. 2.A. Pantin, du diagnostic urbain à l’étude de faisabilité

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lors de la signature d’un marché est essentielle pour ne produire aucune confusion dans les tâches à effectuer.

Cette observation révèle une fois de plus l’importance considérable que doit accorder l’architecte habilité à la maîtrise d’œuvre en son nom propre à la rédaction d’un contrat. Ce dernier est avant tout une garantie qui permet de fixer les responsabilités et les missions de chacun, mais c’est également une première étape de mise en confiance. Un contrat bien rédigé assure le professionnalisme de l’architecte au maître d’ouvrage.

reLAtion Avec LA concurrence et Les co-trAitAnts.

Les rapports avec la concurrence et la co-traitance sont des constantes du monde de l’entreprise, qui ne sont pas spécifiques aux métiers de l’architecture. En revanche, il faut admettre que la taille réduite du milieu entraîne des accointances ou des dissonances plus exacerbées entre les dirigeants.

De plus, alors que les chefs d’entreprises ne se critiquent que sur la gestion managériale, les architectes se dénigrent souvent sur de la production pure. Il en résulte parfois jusqu’à un mépris des architectes qui prospèrent, considérés comme des renégats. Bien entendu, le code des devoirs professionnels interdit les allégations diffamatoires envers un confrère1. Hélas, depuis le début de nos études nous sommes poussés à juger en permanence de la qualité des projets et donc pratiquement de la personnalité de nos camarades. Cette situation n’empêche pas, heureusement, de voir se constituer certaines entraides qui constituent souvent les bases de collaborations futures.

Lors de ma mise en situation professionnelle, l’agence Anyoji & Beltrando a été confrontée à un rapport de collaboration-concurrence successive avec la société d’architecture et d’urbanisme de François Leclerc.

Tout d’abord, un premier rapprochement s’est effectué en décembre pour une co-traitance dans le cadre d’un concours de logements. Nous pouvons rapidement comprendre les bénéfices de telles collaborations qui se produisent très régulièrement entre les grandes et les petites agences. Pour François Leclerc dont la société gère de nombreux projets, il s’agit d’une occasion de participer à un concours sans pour autant mobiliser une équipe nombreuse. Nous pouvons donc assimiler cela à une forme d’extension de l’agence car il reste mandataire et par conséquent décisionnaire. Pour Anyoji & Beltrando, cela constitue une opportunité d’accéder à un concours et ainsi d’étoffer son book de références.

Quelques mois plus tard, lors d’un important concours d’urbanisme et d’architecture à Clichy-la-Garenne constitué de quatre équipes, les deux agences Anyoji & Beltrando et François Leclerc se sont

1. Code des devoirs professionnel, Section 3, Article 18 du 25 mars 1980

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retrouvées mandataires de deux groupements concurrents.

La seconde phase du concours rémunérée à hauteur de cent mille euros représente alors un enjeu majeur pour la société de François Leclerc qui y voit un projet important de maîtrise d’œuvre urbaine et de conseil pour les prochaines années. En contrepartie, ce projet emblématique peut servir de tremplin pour l’agence Anyoji & Beltrando dans son introduction sur le marché concurrentiel des agences d’urbanisme. Il s’est alors établi un rapport de force naturel qui, malgré l’excellente entente entre les dirigeants, a créé une situation paradoxale. C’est finalement l’équipe de François Leclerc qui à remporté le concours et les relations entre les deux cabinets se sont normalisées au fil des semaines qui ont suivi.

Cet exemple me fait prendre conscience que les architectes avec qui j’ai étudié, dont un certain nombre sont des amis, risquent de devenir des concurrents directs lors de la création d’une future agence. Il me semble important de conserver cette camaraderie et cette union qui représentent une force de groupe non négligeable face à la concurrence extérieure. Elle permet aussi d’enrichir et de préserver la stimulation intellectuelle avec des personnes qui, de par leur formation, partagent les mêmes principes et valeurs.

de nouveLLes formes de précArités... et de risques.

Les relations externes comprennent également les intervenants extérieurs qui participent ponctuellement aux travaux d’une agence. J’entends par là le comptable qui occupe un poste à ne pas négliger, mais également les prestataires informatiques, les services d’entretien, etc.

Nous pouvons dénombrer enfin un grand nombre de free-lance (travailleurs indépendants) qui représentent une particularité des mondes de l’architecture, de la publicité ou bien du graphisme. Ils sont donc à la fois des entrepreneurs, propriétaires de leurs moyens de production et leurs propres employés. La flexibilité que procure un architecte indépendant pour un dirigeant est considérable car il peut s’adapter aux rythmes des concours et des périodes d’activité intense. De son côté, le travailleur indépendant tire des bénéfices d’une activité qu’il peut piloter selon ses besoins.

Mais curieusement, certaines entreprises d’architecture ont tendance à amalgamer le travailleur indépendant enregistré en tant qu’entreprise et l’auto-entrepreneur qui est un statut. Ce dernier qui a l’avantage d’être rapide à mettre en œuvre a en revanche l’inconvénient de plafonner l’activité, car le chiffre d’affaires est limité à trente deux mille euros par an sur lesquels sont appliquées les charges.

A l’inverse, les avantages pour l’entreprise qui « l’emploie » sont nombreux : Baisse des cotisations sociales, révocation immédiate sans

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procédure ni indemnités, absence de contraintes de rémunérations etc. Un écho se diffuse selon lequel un certain nombre d’agences proposent ce statut aux jeunes architectes demandeurs d’emploi. A ma grande stupéfaction, plusieurs connaissances sont confrontées à cette situation et vont même jusqu’à accepter ce statut par déterminisme.

Voici l’exemple de mon ami Maxence1 qui, après six mois sans activité, accepte de travailler pour une agence de renommée internationale en tant qu’auto-entrepreneur. Lors du recrutement, on lui assure que d’autres sont sous le même régime et qu’ils l’aideront dans ses démarches. Ne voyant pas d’autre alternative et devant la nécessité d’avoir des revenus, il accepte finalement les six-cents euros par mois que lui propose le gérant. Subordination, consignes régulières, horaires fixes, présence continue au bureau et client unique, sa situation est en réalité celle d’un salarié. De plus, devant la promesse d’être recruté en CDD après une année, il n’hésite pas à rester la nuit et le week-end pour assurer le rendu d’un concours. Malheureusement, après quatre mois, l’agence en perte d’activité n’a plus besoin de ses services et Maxence est remercié sans le moindre préavis. Aujourd’hui, à nouveau sans activité, il réalise qu’il n’a perçu aucun congé payé et qu’il n’aura droit à aucune indemnité de chômage. Retour à zéro et pas la moindre économie avec les six-cents euros perçus chaque mois, Maxence est à nouveau prêt à accepter un contrat précaire contre du travail. Ce phénomène préoccupant rentre dans le cadre pénal et peut donc s’avérer lourd de conséquences à l’encontre des dirigeants accusés de salariat dissimulé.

Evidemment, il est presque impossible d’imaginer un architecte se retourner contre son ex-employeur. Il appartient à chacun de prendre les décisions qui lui semblent justes bien que, je pense que ce genre de comportement ait tendance à précariser la profession dans son ensemble. En revanche, ce témoignage tend à affirmer l’importance d’être un chef d’entreprise responsable, conscient des détournements qui se pratiquent et des risques encourus.

1. Le nom a été modifié

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concLusion - sommes-nous tous des dirigeAnts ?

Nous venons de voir à quel point être un manager et un entrepreneur est essentiel pour un jeune architecte habilité à la maîtrise d’œuvre qui souhaite ouvrir son agence. Nous nous rendons compte de toutes les difficultés à surmonter, qu’elles soient administratives ou de gestion. C’est aussi un sacrifice important sur ses conditions de vie par le nécessaire investissement en temps et en argent qu’implique une telle entreprise.

L’expérience de plusieurs mois à la CREA de Rouen m’a fait découvrir une autre facette du métier qui n’est jamais évoquée dans les écoles, quasiment tabou à aborder. En effet, être un architecte n’implique pas obligatoirement de monter son agence, prendre des risques et sacrifier une grande partie de son confort de vie pour finalement espérer bâtir un jour. Considéré comme une consécration pour beaucoup, d’autres préfèrent s’engager dans une voie alternative. Maîtrise d’ouvrage, assistance à maîtrise d’ouvrage, conseil, expertise, tout autant de métiers qui peuvent s’effectuer dans des entreprises privés ou même des collectivités territoriales.

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BILan provIsoIre

trois compétences.

L’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre nous a été présentée comme un droit d’exercer. Elle juge de la faculté d’un jeune professionnel à assumer les responsabilités inhérentes à la profession d’architecte, et mesure la capacité de ce dernier à se questionner sur les problématiques de son métier.

ce rapport tente donc de s’interroger sur le rôle et les compétences à acquérir lorsque l’on envisage de créer son agence.

Ainsi selon moi, un architecte maître d’œuvre en son nom propre doit savoir conceptualiser, inventer, insuffler de nouvelles façons de penser et les mettre en pratique. Il doit également être un homme de l’art pouvant s’affranchir des difficultés techniques. Enfin, en tant que chef d’entreprise, il lui est également indispensable d’être conscient des réalités économiques.

D’après les observations réalisées durant ma mise en situation professionnelle, ces trois facettes ont été inégalement prises en compte chez Anyoji & Beltrando. Cette faculté de perfectionnement est due à la jeunesse de l’agence qui, après un an d’existence, cherche encore à trouver son mode de fonctionnement. Toutefois, les parcours riches et diversifiés des deux dirigeants ainsi que les bases solides sur lesquels reposent la structure permettent d’espérer une croissance rapide.

six impérAtifs , Les six « m ».

De ces trois compétences découlent selon moi les six impératifs suivants :

- motivation. Elle est indispensable car penser créer sa structure sans subir des pressions et des échecs est illusoire. Il faut donc avoir une détermination considérable et être prêt travailler sans compter.

- monnaie. Pas tant dans le capital de départ que dans la manière de la gérer. Une agence d’architecture doit faire face à des flux d’argent qu’il faut maîtriser et anticiper. Ne pas le dilapider mais savoir investir de manière judicieuse parait alors être important.

- maturité. Être maître d’œuvre en son nom propre suppose la volonté d’exprimer son écriture architecturale au delà de ses expériences précédentes. Il s’agit donc d’un approfondissement personnel qui nécessite une certaine forme de sagesse.

- moment. L’opportunité est maîtresse ! Créer une structure ne doit pas se faire dans la contrainte ou par déception. Il y a donc un concours gagné, une maison individuelle, une opportunité de construire qu’il faut savoir exploiter au mieux pour lancer son activité.

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- méthode. Planifier, préparer, organiser avant même le dépôt des statuts me semble indispensable. Quel type de société est le plus adaptée à la situation ? Quelle est la charte graphique ? Quelle manière d’ordonner ? Qui contacter ? Plus la structure est préparée méthodiquement et en amont et plus on s’assure de gagner du temps.

- moitié. Peut-être le moins évident mais toutefois précieux. Avoir un ou des associés permet tout d’abord de diviser les charges de travail et le stress des responsabilités mais également de multiplier les compétences. C’est enfin et en particulier une stimulation dans l’échange et dans l’élaboration du projet. La difficulté est alors de trouver la ou les personnes de confiance avec qui l’on est prêt à s’engager.

Ces compétences et impératifs pratiques ne composent naturellement pas une recette miracle permettant d’assurer à coup sûr la réussite d’une agence ! En effet, les trois compétences évoquées sont larges et il n’existe aucun tampon qui certifie un niveau suffisant en conception, en innovation, en technique ou bien en management ! La seule solution est alors de s’estimer prêt de la manière la plus objective possible.

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queL avenIr ?

La mise en situation chez Anyoji & Beltrando m’a permis de prendre du recul sur ma pratique professionnelle naissante et de percevoir les nombreuses responsabilités qu’induisent un exercice en son nom propre. De par son organisation, j’ai pu avoir accès rapidement à des responsabilités qui auraient été inenvisageables dans une agence plus structurée et plus ancienne. Ces quinze mois ont également été une excellente occasion pour me diversifier mais aussi pour échanger et débattre, parfois avec véhémence, sur le rôle de l’architecte dans notre société.

Dans un horizon proche, j’envisage de compléter mon cursus d’architecte par un Master d’une école d’ingénieurs ou de commerce qui ouvre la voie à de la maîtrise d’ouvrage. Il me semble qu’un architecte intégré au sein d’une telle équipe est un élément indispensable à la réalisation de projets qualitatifs. Ce dernier permet de faire l’intermédiaire entre des spécialistes des questions financières ou politiques et les architectes spécialistes de l’espace.

Ainsi, une telle expérience de quelques années pourrait constituer un levier aboutissant à une meilleure compréhension des enjeux de la commande mais également me permettre de préparer consciencieusement la création d’une structure propre. Les parcours de vie sont longs et l’exemple de Yannick Beltrando nous montre qu’il est possible de fonder son agence dans un second temps de vie professionnelle, après avoir été familiarisé à toutes les exigences attendues.

voila pourquoi, bien que je souhaite continuer à appréhender des enjeux plus larges, mon objectif demeure à terme de fonder une agence d’architecture en association.

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reMercIeMents

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce travail.

Tout d’abord mes parents, mes frères ainsi que Adeline Saranno pour être présente au quotidien.

Pour la formation d’habilitation à la maîtrise d’oeuvre tout particulièrement Pascal Chombard de Lawe, Jean Thibault Bernard, Sophie Szpirglass et Sylvie Faye mais aussi tous les intervenants de qualité.

L’agence d’architecture Anyoji & Beltrando au sein de laquelle j’ai effectué ma mise en situation professionnelle. Particulièrement Yannick Beltrando et Tomoko Anyoji mais également mes collègues Marine Baudron, Madelaine Masse, Marie-Sophie Ulan et les stagiaires.

Dans le cadre du projet de recherche BIMBY à Rouen je tiens à remercier David Miet, Caroline Oria, Paule Valla, ainsi que les trois architectes qui m’ont accompagné lors des entretiens : Ophélie Bougeault, Vincent Gabriel et Clément Lannoy.

Pierre-Alain Trévelo pour sa confiance.

Aussi, je ne souhaite pas oublier Diane Gobillard, David Enon, Anabel Sergent, Aurelia Leclerc, Christine Rousselot, Christian Chung, et Clara Loron.

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sIgLes utILIsés

AAcmA : Atelier d’Architecture Chaix & Morel et Associés

Ade : Architecte Diplômé d’Etat

Amo : Architecture et Maître d’Ouvrage

Amo : Assistance à la Maîtrise d’Ouvrage

Anr : Agence Nationale de la Recherche

Apur : Atelier Parisien d’Urbanisme

Asf : Autoroutes du Sud de la France

bet : Bureaux d’Etudes Techniques

bimbY : Build In My Back Yard

ccAg : Cahier des Closes Administratives Générales

ccAp : Cahier des Clauses Administratives Particulière

cerfA : Centre d’Enregistrement et de Révision des Formulaires Administratifs

cdAc : Commissions Départementales d’Aménagement Commercial

cncc : Conseil National des Centres Commerciaux

cnoA : Conseil National de l’Ordre des Architectes

creA : Communauté d’Agglomération de Rouen-Elbeuf-Austreberthe

dess : Diplôme d’études Supérieures Spécialisées

dgALn : Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature

dgitm : Direction Générale des Infrastructures des Transports et de la Mer

dpLg : Diplômé Par Le Gouvernement

epfif : Etablissement Public Foncier Ile-de-France

erdf : Electricité Réseau Distribution France

erp : Equipement Recevant du Public

etc : Etude Transport et Déplacements

ictAvru : Instruction sur les Conditions Techniques d’Aménagement des Voies Rapides Urbaines

mAf : Mutuelle des Architectes Français

hmonp : Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre

meddtL : Ministère de l’écologie du Développement Durable, des Transports et du Logement

mo : Maîtrise d’Ouvrage

moe : Maîtrise d’Œuvre

mop : Maîtrise d’Ouvrage Publique/Maîtrise d’Œuvre Privée

msp : Mise en Situation Professionnelle

m2A : Mulhouse Alsace Agglomération

pAp : Port Autonome de Paris

pc : Permis de Construire

pLh : Plan Local de l’Habitat

pLu : Plan Local d’Urbanisme

pme : Petites et Moyennes Entreprises

rivp : Régie immobilière de la ville de Paris

sArL : Société A Responsabilités Limitées

seurA : Société d’Etude d’Urbanisme et d’Architecture

tpe : Très Petite Entreprise

tn+ : Tanant et Nani paysagistes

tvk : Trévelo et Viger-Kolher

i3f : Immobilière 3F

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BIBLIograpHIe

ouvrAges

Tseu L., Tao Te King - Livre de la voie et de la vertu, trad. Jean Lévi, ed. Albin Michel, Paris, 2009

Sous la direction de Cornu G., Vocabulaire juridique, ed. PUF, Coll. Quadrige Dicos Poche, Paris, 2011

Sous la direction de Nussaume Y., La maison individuelle. Vers des paysages soutenables ?, Ed la Villette, Paris, 2012

revue de presse

« La densification des lotissements pavillonnaires » E. Charmes. In Densité, Janvier 2006, n°119

« Halte à la France moche » X. de Jarcy et V. Remy. In Télérama - Février 2010, n°3135

«Top 200 des agences d’architecture » In D’A-Guide supplément à D’architecture - Décembre 2011, n°205

« Les agences d’architecture doivent devenir des entreprises comme les autres » O. Namias. In Les échos n° 21105,19 Janvier 2012

« Les architectes à la recherche de nouveaux débouchés » C. Sabbah. In Les échos n° 21318, 22 novembre 2012

trAvAux universitAires, sondAges et rApports

Dauge Y., Métiers de l’architecture et du cadre de vie : Les architectes en péril. Rapport d’ information n° 64 - 2004

Natan A., L’acropole de Chaponost, un lien entre un village et sa gare. Diplôme de fin d’étude - Juin 2011

Nogue N., Les jeunes diplômés et l’Ordre, étude réalisée pour le CNOA - Février 2010

Rapport de la Commission pour la libération de la croissance français dit rapport Attali - Janvier 2008

Sondage Ifop - La profession face à la crise - Octobre 2010

internet

http://www.legifrance.frhttp://www.legavox.frhttp://www.europan.frhttp://www.fondationpourlarchitecture.behttp://www.agreste.agriculture.gouv.frhttp://www.architectes.orghttp:// www.marchesonline.com.

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taBLe des ILLustratIons

p6 : Frise chronologique - Arié Natan

p11 : Schémas théoriques - Arié Natan Photographie : Extrait de maquette à l’échelle 1/2 000ème - Arié Natan Photographie : Extrait de maquette à l’échelle 1/500ème - Arié Natan

p13 : Photographie : Jury final des étudiants de M1 à l’ESAVT MLV - Diane Gobillard

p15 : Photographie : Réunion interne à l’agence d’architecture anyoji & Beltrando - Arié Natan Photographie : Réunion interne à l’agence d’architecture anyoji & Beltrando - Arié Natan Photographie : Présentation à l’association des maires de France - Arié Natan Photographie : Présentation à l’association des maires de France - Arié Natan

p16 : Photographie : Atelier II à Kingersheim - Arié Natan Photographie : Atelier II à Kingersheim - Arié Natan Photographie : Atelier II à Kingersheim - Arié Natan Photographie : Atelier II à Kingersheim - Arié Natan

p18 : Photographie : Présentation finale à la cité universitaire de Paris - Arié Natan

p20 : Logo - Arié Natan pour BIMBY

p21 : Photographie : Entretien avec les habitants à SaintEtienne du Rouvray - Vincent Gabrielle Photographie : Entretien avec les habitants à Montmain - Caroline Oria Photographie : Entretien avec les habitants à Montmain - Caroline Oria Image : Exemple de fiche habitant - Arié Natan pour BIMBY p22 : Graphique : Localisation des projets envisagés - Arié Natan pour BIMBY Graphique : Types d’opérations - Arié Natan pour BIMBY Graphique : Logements produits et leurs tailles- Arié Natan pour BIMBY p27 : Photographie : Extrait de maquette à l’échelle 1/500ème - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando Photographie : Extrait de maquette à l’échelle 1/500ème - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando Photographie : Extrait de maquette à l’échelle 1/500ème - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando

p28 : Image : Exemple de fiche bâtiment - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando

p29 : Carte : Hauteurs des bâtiments - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando Carte : Activités des bâtiments - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando Carte : Activités nuisibles - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando

p30 : Photographie : Îlot Marchal - Clément Guillaume pour Anyoji & Beltrando © Photographie : Îlot Marchal - Clément Guillaume pour Anyoji & Beltrando © Photographie : Îlot Marchal - Yannick Beltrando pour Anyoji & Beltrando Photographie : Îlot Marchal - Clément Guillaume pour Anyoji & Beltrando ©

p31 : Plan : Différents tests de capacités - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando Tableau : Calcul de surfaces - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando Photographie : Tests de maquettes- Arié Natan pour Anyoji & Beltrando

p33 : Photographie : Chantier de rénovation, chambre - Arié Natan Photographie : Chantier de rénovation, chambre - Arié Natan Photographie : Chantier de rénovation, cuisine - Arié Natan

p34 : Photographie : Chantier de rénovation, faux-plafond - Arié Natan Photographie : Chantier de rénovation, sol - Arié Natan Photographie : Chantier de rénovation, séjour - Arié Natan Photographie : Chantier de rénovation, cuisine - Arié Natan Photographie : Chantier de rénovation, salle de bain - Arié Natan Photographie : Chantier du siège de Coface AACMA architectes - Arié Natan

p35 : Photographie : Chantier du siège de Coface AACMA architectes - Arié Natan

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p36 : Image - Perspective de concours - Anyoji & Beltrando © Image - Perspective de concours - Anyoji & Beltrando ©

p37 : Coupe - Arié Natan pour Anyoji & Beltrando

p43 : Image - Impression d’écran d’un statut Facebook - Arié Natan

p44 : Photographie : Yannick Beltrando - Anyoji & Beltrando © Photographie : Tomoko Anyoji - Anyoji & Beltrando © Photographie : Agence d’architecture Anyoji & Beltrando, RDC - Arié Natan Photographie : Agence d’architecture Anyoji & Beltrando, sous-sol - Arié Natan

p46 : Plan : Agence d’architecture Anyoji & Beltrando - Arié Natan

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taBLe des MatIères

pratIques varIées, pLan sInguLIer 5 pourquoi A hmonp, pourquoi mAintenAnt ? 5 Architecture, urbAnisme, des discipLines intrinsèquement Liées 5 un pLAn de mémoire pArticuLier 6

1 L’arcHItecte coMMe créateur et Innovateur 9 introduction - L’intérêt pubLic 10

A. AssistAnAt, concours, recherche spécuLAtive 11 concours 11 AssistAnAt 12 b. AteLier de réfLexion sur L’Avenir des territoires économiques 14 Les territoires économiques, « hALte à LA frAnce moche ! » 14 Les AteLiers de réfLexion, une démArche expLorAtoire 14 Les résuLtAts provisoires 15

c. build in MY back Yards, une refonte du projet urbAin 19 Le périurbAin, un mAL frAnçAis ? 19 buiLd in mY bAck YArds, enfin une ALternAtive de fond ? 19 mA mission Au sein du projet de recherche Anr 20 Les concLusions « officieLLes » 21 concLusions personneLLes : un retour critique 22

concLusion - les boring businesses 23

2 L’arcHItecte coMMe tecHnIcIen et HoMMe de L’art 25 introduction - rAtionALité du temps de trAvAiL, « la cHarrette » 26

A. pAntin, du diAgnostic à LA fAisAbiLité 27 une première étude mAndAtAire pour AnYoji & beLtrAndo 27 diAgnostic urbAin, de LA méthode Aux résuLtAts 28 LA spAtiALisAtion, écheLLe ArchitecturALe 30 retour critique sur cette étude 32

b. Le chAntier, expérience comme technicien de terrAin 33 une première expérience douLoureuse... 33 ...mAis finALement renforcée 34

c. permis de construire, cAndidAtures, des missions tout Azimut 36 cAndidAtures, book, orgAnisAtion AdministrAtive 37

concLusion - Les « arcHitectes ruralistes » muLtifonctions 38

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3 L’arcHItecte coMMe gestIonnaIre et Manager 41

introduction - une profession en crise ? 42

A. AnYoji & beLtrAndo : descriptif et intérêt entrepreneuriAL 44 description de L’Agence 44 intérêt entrepreneuriAL et perspectives d’Avenir 45

b. Associés, sALAriés : Les reLAtions internes 47 Les Associés : une même vision 47 une évoLution des sALAriés en dent de scie 47 Le turnover : contre productif mAis inévitAbLe 49 un bon degré de contrôLe 50

c. mAîtrise d’ouvrAge, co-trAitAnts : Les reLAtions externes 51 reLAtion Avec LA mAîtrise d’ouvrAge 51 reLAtion Avec LA concurrence 52 de nouveLLes formes de précArités... et de risques 53

concLusion - sommes nous tous des dirigeAnts 55

BILan provIsoIre 57 trois compétences, six impérAtifs 57

queL avenIr 59

reMercIeMents 61

sIgLes utILIsés 62

BIBLIograpHIe 63

taBLe des ILLustratIons 64

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procès verBaL de déLIBératIon de jury