L’orchestre - Vevey€¦ · Di 4 (20 h): Andrei Ionita, violoncelle, Naoko Sonoada, piano –...

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Classique L’orchestre qui ressemble à un miracle Le festival de musique de Montreux-Vevey réinvite le Youth Orchestra of Bahia. Son fondateur, Ricardo Castro, témoigne Matthieu Chenal Textes L e Septembre Musical 2016 voit-il le passage de témoin de deux mondes musicaux? L’ancien monde serait repré- senté par le Royal Philharmo- nic Orchestra (RPO), pha- lange prestigieuse fondée à Londres en 1946, l’année même de la première édi- tion du Septembre Musical à Montreux. Le RPO illustre à merveille le degré d’ac- complissement qualitatif que peuvent at- teindre les meilleurs orchestres profes- sionnels. De retour ce week-end pour l’ouverture du festival, l’orchestre britan- nique est en résidence à l’Auditorium Stravinski et donne trois concerts luxueux placés sous la baguette de son chef titulaire Charles Dutoit, qui souffle cette année avec panache ses 80 bougies. Le nouveau monde qui émerge au- jourd’hui serait incarné par le Youth Or- chestra of Bahia (YOBA), fondé au Brésil par Ricardo Castro. Une formation bien moins virtuose que le RPO mais colorée et gourmande, avec ses musiciens âgés de 13 à 29 ans, et qui revient à Montreux après son succès mémorable en 2014. Sans vouloir schématiser à outrance (Charles Dutoit est aussi à la tête d’un magnifique orchestre de jeunes à Ver- bier), le modèle européen est, aux yeux de Ricardo Castro, en perte de vitesse: «On constate que le développement des orchestres stagne en Europe alors qu’au Brésil tout est à faire et la demande y est énorme. Si l’on a que des cheveux blancs dans le public des concerts classiques en Europe, c’est que les jeunes ne jouent plus. A Bahia, nous offrons aux jeunes des quartiers défavorisés un instrument, un accompagnement pédagogique, une col- lation et des répétitions collectives chaque jour. Nous avons montré la puissance de l’enseignement collectif, alors que l’Occi- dent a trop investi dans les carrières indi- viduelles. C’est en jouant ensemble que l’on comprend la force de la musique. Et que l’on crée l’envie d’aller au concert.» L’expérience menée par le pianiste et chef d’orchestre dans sa ville natale puis dans tout l’Etat de Bahia est désormais bien établie. Elle s’inspire du modèle vé- nézuélien El Sistema. L’orchestre qui fait escale pour cinq concerts à Montreux est la vitrine du programme d’Etat NEOJIBA (Centres pour orchestres juvéniles et in- fantiles de Bahia), dont le but est le déve- loppement social à travers la pratique musicale. «Nous avons installé une chaîne de services sociaux et d’accompa- gnement pédagogique qui nous rend in- touchables, affirme Ricardo Castro. A un coût finalement très raisonnable, nous avons un fort impact social au niveau local et une visibilité internationale.» Cette combinaison gagnante a permis au NEOJIBA de s’étendre malgré un contexte politique et économique tendu. «Alors que tous les programmes culturels au Brésil ont dû couper dans la chair, nous avons pu augmenter le nombre de participants, poursuit Ricardo Castro. Ces deux dernières années, nous avons beaucoup investi dans la formation des formateurs car, chez nous, les jeunes enseignent très vite aux nouveaux ve- nus.» Compétences multiples C’est là que réside le miracle de la démar- che. La plupart des musiciens désirent rester dans la structure, en devenant pro- fesseurs à leur tour, ou en développant des compétences au service des musi- ciens (luthier, bibliothécaire, régisseur, éclairagiste). «Comme à la Silicon Valley, nous croyons qu’un monde s’ouvre de- vant nous et nous avons un programme de croissance très ambitieux en termes de places de travail. Mais nous ne vendons rien: nous produisons de la beauté, nous augmentons la sensibilité et l’harmonie des êtres humains.» Au-delà des vertus pédagogiques évi- dentes, le mouvement initié en Amérique du Sud pourrait même servir d’antidote au mal-être européen. Ricardo Castro y croit fermement: «L’orchestre est un for- midable outil de développement et de promotion de la paix sociale. Dans les zones à risques et les périphéries délais- sées, c’est une des solutions aux conflits interethniques et religieux. Quand des gens de toute croyance ou de tout niveau social jouent ensemble, on recrée une capacité de dialogue.» Après Montreux, le YOBA achèvera sa tournée à la Philharmonie de Paris: les billets se sont envolés en moins d’une journée. U Publication «Créer est une chose, mais subsister en est une autre.» A l’heure de raconter l’histoire mouvementée de sept décennies du Septembre Musical, le chef d’orchestre et musicologue vaudois Jean-François Monnard aime bien citer cette phrase de Manuel Roth, fondateur du festival montreusien en 1946. L’histoire de la manifestation en est l’illustration, avec ses premières années glorieuses où la Riviera attirait les plus grands solistes et les meilleurs orches- tres d’Europe et d’Amérique. A Le Septembre Mu «A Bahia, nous offrons aux jeunes des quartiers défavorisés un instrument, un accompagnement pédagogique, une collation et des répétitions collectives chaque jour» Ricardo Castro Fondateur et chef du Youth Orchestra of Bahia Le programme Septembre Musical de Montreux- Vevey, du 26 août au 2 septembre Montreux, Auditorium Stravinski Ve 26 et sa 27 (20 h), di 28 (18 h): Royal Philharmonic Orchestra London, dir. Charles Dutoit Ma 30 (20 h), je 1er (10 h), ve 2 (20 h), di 4 (16 h): Youth Orchestra of Bahia, dir. Ricardo Castro Sa 3 (20 h): MusicAeterna Perm, dir. Teodor Currentzis – Rameau Vevey, temple Saint-Martin Lu 29 (17 h 30 et 20 h): James Ehnes, violon – Sonates et Partita de Bach Vevey, le Reflet Me 31 (20 h): Mikhail Pletnev, piano – Bach, Grieg, Mozart Vevey, Hôtel des Trois Couronnes Je 1er (20 h): George Li, piano – Chopin, Rachmaninov, Liszt Château de Chillon Di 4 (20 h): Andrei Ionita, violoncelle, Naoko Sonoada, piano – Locatelli, Brahms, Tchaïkovski, Debussy, Franck Festival off Sa 3: dès 10 h à Vevey, à Montreux et à Territet Di 4: dès 11 h à Montreux Rens.: 021 962 80 05 Rés.: ticketcorner.ch, 0900 800 800 www.septmus.ch LENON REIS

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Mercredi 24 août 2016 | 24 heures

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Culture&SociétéClassique

L’orchestrequi ressembleà un miracle

Le festival de musique de Montreux-Vevey réinvite le Youth Orchestra of Bahia. Son fondateur, Ricardo Castro, témoigneMatthieu Chenal Textes

Le Septembre Musical 2016voit-il le passage de témoin dedeux mondes musicaux?L’ancien monde serait repré-senté par le Royal Philharmo-nic Orchestra (RPO), pha-

lange prestigieuse fondée à Londres en1946, l’année même de la première édi-tion du Septembre Musical à Montreux.Le RPO illustre à merveille le degré d’ac-complissement qualitatif que peuvent at-teindre les meilleurs orchestres profes-sionnels. De retour ce week-end pourl’ouverture du festival, l’orchestre britan-nique est en résidence à l’AuditoriumStravinski et donne trois concertsluxueux placés sous la baguette de sonchef titulaire Charles Dutoit, qui soufflecette année avec panache ses 80 bougies.Le nouveau monde qui émerge au-jourd’hui serait incarné par le Youth Or-chestra of Bahia (YOBA), fondé au Brésilpar Ricardo Castro. Une formation bienmoins virtuose que le RPO mais colorée etgourmande, avec ses musiciens âgés de 13à 29 ans, et qui revient à Montreux aprèsson succès mémorable en 2014.

Sans vouloir schématiser à outrance(Charles Dutoit est aussi à la tête d’unmagnifique orchestre de jeunes à Ver-bier), le modèle européen est, aux yeux de Ricardo Castro, en perte de vitesse:«On constate que le développement desorchestres stagne en Europe alors qu’auBrésil tout est à faire et la demande y esténorme. Si l’on a que des cheveux blancsdans le public des concerts classiques en Europe, c’est que les jeunes ne jouentplus. A Bahia, nous offrons aux jeunes desquartiers défavorisés un instrument, unaccompagnement pédagogique, une col-lation et des répétitions collectives chaquejour. Nous avons montré la puissance del’enseignement collectif, alors que l’Occi-dent a trop investi dans les carrières indi-viduelles. C’est en jouant ensemble quel’on comprend la force de la musique. Etque l’on crée l’envie d’aller au concert.»

L’expérience menée par le pianiste etchef d’orchestre dans sa ville natale puisdans tout l’Etat de Bahia est désormaisbien établie. Elle s’inspire du modèle vé-nézuélien El Sistema. L’orchestre qui faitescale pour cinq concerts à Montreux estla vitrine du programme d’Etat NEOJIBA(Centres pour orchestres juvéniles et in-fantiles de Bahia), dont le but est le déve-loppement social à travers la pratiquemusicale. «Nous avons installé unechaîne de services sociaux et d’accompa-

gnement pédagogique qui nous rend in-touchables, affirme Ricardo Castro. A uncoût finalement très raisonnable, nousavons un fort impact social au niveaulocal et une visibilité internationale.»Cette combinaison gagnante a permis auNEOJIBA de s’étendre malgré uncontexte politique et économique tendu.«Alors que tous les programmes culturelsau Brésil ont dû couper dans la chair,nous avons pu augmenter le nombre departicipants, poursuit Ricardo Castro.Ces deux dernières années, nous avonsbeaucoup investi dans la formation desformateurs car, chez nous, les jeunesenseignent très vite aux nouveaux ve-nus.»

Compétences multiplesC’est là que réside le miracle de la démar-che. La plupart des musiciens désirentrester dans la structure, en devenant pro-fesseurs à leur tour, ou en développantdes compétences au service des musi-ciens (luthier, bibliothécaire, régisseur,éclairagiste). «Comme à la Silicon Valley,nous croyons qu’un monde s’ouvre de-vant nous et nous avons un programmede croissance très ambitieux en termes deplaces de travail. Mais nous ne vendonsrien: nous produisons de la beauté, nousaugmentons la sensibilité et l’harmoniedes êtres humains.»

Au-delà des vertus pédagogiques évi-dentes, le mouvement initié en Amériquedu Sud pourrait même servir d’antidoteau mal-être européen. Ricardo Castro ycroit fermement: «L’orchestre est un for-midable outil de développement et depromotion de la paix sociale. Dans leszones à risques et les périphéries délais-sées, c’est une des solutions aux conflitsinterethniques et religieux. Quand desgens de toute croyance ou de tout niveausocial jouent ensemble, on recrée unecapacité de dialogue.»

Après Montreux, le YOBA achèvera satournée à la Philharmonie de Paris: lesbillets se sont envolés en moins d’unejournée.

U Publication «Créer est une chose, mais subsister en est une autre.» A l’heure de raconter l’histoire mouvementée de sept décennies du Septembre Musical, le chef d’orchestre et musicologue vaudois Jean-François Monnard aime bien citer cette phrase de Manuel Roth, fondateur du festival montreusien en 1946.

L’histoire de la manifestation en estl’illustration, avec ses premières années glorieuses où la Riviera attirait les plus grands solistes et les meilleurs orches-tres d’Europe et d’Amérique. A

Le Septembre Musical a connu un passé prestigieux et tourmenté«A Bahia, nous offrons aux jeunes des quartiersdéfavorisés un instrument, un accompagnement pédagogique, une collation et des répétitions collectives chaque jour»Ricardo Castro Fondateur et chef du Youth Orchestra of Bahia

Art contemporainAnouchka Perez inaugure l’atelier d’artiste de l’institution morgienne. Elle y présente une expo consacrée aux mots

«C’est capricieux, ça bouge, ça cra-que, c’est pas content, c’est vivantquoi!» Depuis avril, des lambour-des en bois envahissent progressi-vement les étages du Musée Alexis-Forel, à Morges. Parallèlement à l’exposition permanente, Anouch-ka Perez vient de terminer l’accro-chage de «Sens dessus dessous». Dans son travail, l’artiste offre unenouvelle lecture du mot. Incarnésdans des constructions de bois

etde miroirs, ceux-ci sont étirés, coupés ou scindés en deux, ce quiamènera le visiteur à se déplacer dans l’espace pour en déchiffrer lesens. «J’ai commencé à travailler sur les mots et le langage en 2008 et depuis je n’ai pas arrêté. Il y a untel champ de possibilités, une tellecomplexité de sens!»

Diplômée d’un bachelor enarts visuels, la plasticienne de27 ans est la première résidentede l’atelier d’artiste inauguré auprintemps au musée. La jeune femme a plus d’une dizaine d’ex-positions à son actif mais ne peutpas encore vivre de son art. Grâceau système de résidence, elle bé-néficie d’un atelier spacieux et estsoutenue par la Ville de Morges

Le Musée Forel se met «Sens dessus dessous»pour l’achat du matériel. Leconservateur, Yvan Schwab, estsatisfait du concept. «Une séried’artistes morgiens ont dû quitterla ville parce qu’ils ne trouvaientpas un seul mètre carré pour dé-marrer leur atelier. Notre mission,c’est de parler histoire mais ausside mettre en lumière les artistesde chez nous.»

Anouchka Perez travailleradans l’atelier jusqu’au printempsprochain, après quoi elle devratrouver une autre résidence. Lemusée accueillera en 2017 l’illus-tratrice Albertine Zullo. A.-C.M.

Morges, Musée ForelMe-di 14 h-18 h, jusqu’au di 2 oct.www.museeforel.ch

L’exposition offre une nouvelle lecture des mots. DR

Le programmeSeptembre Musical de Montreux-Vevey, du 26 août au 2 septembre

Montreux, Auditorium StravinskiVe 26 et sa 27 (20 h), di 28 (18 h): Royal Philharmonic Orchestra London, dir. Charles DutoitMa 30 (20 h), je 1er (10 h), ve 2 (20 h), di 4 (16 h): Youth Orchestra of Bahia, dir. Ricardo CastroSa 3 (20 h): MusicAeterna Perm, dir. Teodor Currentzis – RameauVevey, temple Saint-MartinLu 29 (17 h 30 et 20 h): James Ehnes, violon – Sonates et Partita de Bach Vevey, le RefletMe 31 (20 h): Mikhail Pletnev, piano – Bach, Grieg, MozartVevey, Hôtel des Trois CouronnesJe 1er (20 h): George Li, piano – Chopin, Rachmaninov, LisztChâteau de ChillonDi 4 (20 h): Andrei Ionita, violoncelle, Naoko Sonoada, piano – Locatelli, Brahms, Tchaïkovski, Debussy, FranckFestival offSa 3: dès 10 h à Vevey, à Montreux et à TerritetDi 4: dès 11 h à MontreuxRens.: 021 962 80 05Rés.: ticketcorner.ch, 0900 800 800www.septmus.ch

Repéré pour vous

Relire des vers latins oubliésD’aucuns pensent encore que la grande histoire des lettres latines serésume à sa période «classique», qui fut glorifiée durant quelquessiècles par Virgile, Horace etOvide. En leur temps, et jusqu’auXVIIIe siècle, des poètes –souvent anonymes –écrivirent en caractèresromains des textesintéressants, célébrantpour la plupart troisuniversaux: l’amour, lavie et la mort. Lui-mêmepoète, romancier ettraducteur, le PoitevinLionel-Edouard Martinsort une chatoyante

anthologie poétique qui nousrappelle, entre autres, l’existencede Decimus Ausonius, qui naquitprès de Bordeaux vers 310 ap.J.-C. Auteur d’idylles, il laissacette belle épitaphe: «Ici gît

l’alphabet, arraché,mutilé/S’étonner de lamort quand les tombessuccombent/Et quemeurent aussi les pierreset les noms?» Gilbert Salem

Aimer, vivre & mourirAnthologie rassemblée par Lionel-Edouard MartinEd. Tarabuste, 142 p.

LENON REIS

24 heures | Mercredi 24 août 2016

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Culture SociétéGastro Ciné Conso

Sortir Les gens

Classique

EnthousiasmantLe chef brésilien Ricardo Castro avait déjà fait sensation à Montreux avec le Youth Orchestra of Bahia en 2014. YUNUS DURUKAN/SEPTMUS/LDD

l’époque, elle ne comptait que Lucerne comme concurrent direct. Mais, tout au long de son existence, le Septembre Musical a connu des difficultés financiè-res épuisantes, la frilosité du public ainsi que les vicissitudes d’une pro-grammation pas toujours adaptée à ses attentes, du temps de Christian Chorier.

A l’occasion des 70 ans de la manifestation, Jean-François Monnard, qui fut directeur adjoint aux côtés de Tobias Richter (2007-2012), s’est replongé non pas dans les archives du festival, puisqu’elles ont disparu lors de

la faillite de 2002, mais dans les coupures de la presse locale. Et dans ses propres souvenirs d’enfance quand ses parents l’emmenaient écouter des musiciens d’exception comme Clara Haskil, Carl Schuricht ou Arthur Rubinstein.

Depuis le sauvetage du festival en 2002 avec Karl Anton Rickenbacher et l’ère Richter dès 2005, le Septembre Musical reste une entreprise fragile et qui se cherche encore, d’où l’idée émisepar Jean-François Monnard d’orienter le Septembre Musical vers un rendez-

vous international des orchestres juvéniles. Une piste assurément à creuser, et un livre riche en images et en réflexions sur l’évolution du monde musical.

Le Septembre Musical a connu un passé prestigieux et tourmenté

GuideTatiana Tissot a recensé de belles idées pour visiter le pays. Un choix «subjectif et non exhaustif» qui s’adresse aussi bien aux Suisses qu’aux touristes

Suissesse partie en 2010 vivre à Montpel-lier puis à Nancy, Tatiana Tissot livre sesaventures d’expatriée chez nos voisinsdans le blog Yapaslefeuaulac.ch. Elle ynarre les quiproquos que lui a valusl’usage de mots typiquement suisses, et yévoque la culture de son pays d’origine.«En m’installant dans le sud de la France,je me suis rendu compte que la Suisserestait un mystère pour nos voisins», ra-conte la fraîche trentenaire.

Directeur des Editions Helvetiq, HadiBarkat a repéré le blog de l’expatriée etlui a proposé de porter un projet visant àfaire découvrir notre contrée en un nom-bre bien suisse de chapitres. Le résultatvient de paraître sous le titre 26 choses àvoir absolument en Suisse. Le beau livreévoque des incontournables tels que lechâteau de Chillon, Grindelwald ou leschutes du Rhin, mais aussi d’autres en-droits moins connus, tels que le lac duKlöntal, au-dessus la ville de Glaris, celuide Cauma, dans les Grisons, ou Fafleralp,dans la vallée du Lötschental, au fin fonddu Valais. Ou encore des lieux auxquelson n’aurait pas pensé spontanémentcomme Carouge, sans oublier un chapitredédié aux principaux cols alpins (dont onapprend dans le livre qu’il existe mêmedes circuits de visite en car postal).

A l’inverse, des sites attendus commeZermatt n’y figurent pas. Le mythiqueCervin se découvre néanmoins depuis Riederalp, plus renommé pour son accèsau glacier d’Aletsch que pour son coupd’œil sur la si célèbre dent. «Le choix deslieux est subjectif et non exhaustif. Il ré-sulte d’un travail d’équipe avec l’éditeuret ses collaborateurs. Il est varié car nousvoulions donner envie d’explorer diversaspects du pays, la montagne, mais aussiles villes ou les bords des lacs.»

Chaque suggestion bénéficie d’un petittexte de présentation, d’indications préci-

La Suisse déclinée en «26 choses à voir absolument»

ses sur la façon de s’y rendre et de sugges-tions de visites à faire dans le coin. Sansoublier diverses anecdotes, tels les 73 sommets qu’on peut apercevoir depuisle Mont-Pilate, ou la rando bière proposéeau Creux-du-Van. Le tout est richementillustré par de beaux clichés provenantpour leur majorité de l’agence Keystone.

Un livre sur la Suisse à destination desFrançais? «Non. L’ouvrage s’adresse àdeux publics. D’une part, les touristes quiveulent trouver des idées de visites (ndlr:

le guide existe en français, en allemand et en anglais) mais aussi ramener un joli sou-venir», raconte la journaliste free-lance.L’ouvrage est aussi destiné aux Suisses enquête d’inspiration pour visiter leur pays:«Pour la plupart des gens, voyager signifiepartir loin. C’est souvent en quittant sonpays qu’on regrette de ne pas l’avoir par-couru davantage. Des touristes viennentde Chine pour se rendre au sommet du Pilate ou à Lucerne, mais, quand ces sitessont à deux heures de voiture, on ne fait pas forcément le déplacement. Je voudraismontrer aux Suisses combien leur paysmérite d’être visité.» Caroline Rieder

«Le livre s’adresse aux touristes, et aux Suisses en quête d’inspiration pour visiter leur pays»Tatiana Tissot Auteure

Parmi les destinations moins connues figure le lac du Klöntal, situé à 848 mètres d’altitude, au-dessus de Glaris. STEFFEN SCHMIDT/KEYSTONE

Beau livreL’historienne Luce Lebart et l’expert Sam Stourdzé se penchent sur «Lady Liberty», de son squelette à sa réputation. Stratégie

Dans Lady Liberty, l’historienneLuce Lebart, aidée par Sam Stour-dzé, ancien boss du Musée de l’Ely-sée, décrypte la naissance d’une icône. Au-delà du défi techniqueprésenté par la statue de la Liberté,ce cadeau de la France aux Etats-Unis a aussi provoqué l’émergencedu marketing, voire du crowdfun-ding (financement participatif), sitendance de nos jours.

Dès le lancement, son concep-

Bartholdi inventa le marketing en même temps qu’un symbole

Bartholdi sur une main de la statue de la Liberté en 1885. DR

De l’orgue aussi la nuitFestival Pour sa 19e édition, du 10 au 18 septembre prochain, le Festival international d’orgue de Fribourg propose huit concerts et deux spectacles autour de l’instru-ment. Le sommet de la manifestation sera la Nuit fribourgeoise de l’orgue, samedi 17, à la cathédrale. G.SD

www.academieorgue.ch

Adieu ManonCinéma L’actrice française Jacque-line Pagnol est décédée lundi à l’âge de 95 ans à Paris, a annoncé son petit-fils. Epouse et muse du cinéaste et écrivain Marcel Pagnol, elle fut la première à incarner l’héroïne de son roman Manon des Sources, en 1952. ATS

teur, l’Alsacien Auguste Bartholdi,fait sa pub. Des pros donnent à voirla future implantation à New Yorkà coups de photomontages retou-chés. Coïncidant avec la vogue desmagazines illustrés, l’édificationde la statue est détaillée à chaque étape. Jusqu’à son inauguration en1886, vingt ans plus tard, les visitessur le chantier tiendront d’une fée-rie visuelle, un spectacle… payant.

Les expositions universelles re-laient évidemment l’événement.Là encore, l’architecte déjoue la rè-gle qui interdit de monnayer l’en-trée en exigeant que les visiteurs achètent une carte postale de la fameuse tête étoilée. De ce Disney-land avant l’heure, ils repartentavec de multiples produits dérivés.

Fille de pub, la Lady vante aussi lesmérites de cigarettes, de bières,etc. En fait, La Liberté éclairant le monde éclairait aussi l’avènement d’une société mercantile. Ainsi du terme qu’elle «inventa» selon la lé-gende, le mot «gadget» est né de laprononciation américaine du nomde la maison française Gaget-Gau-thier, qui la produisait en minia-ture. Cécile Lecoultre

Lady LibertyLuce Lebart etSam StourdzéEd. Seuil, 168 p.

En diagonale

26 choses à voirabsolument en SuisseTatiana TissotEd. Helvetiq, 176 p.

Septembre Musical, 70 ans de festivalJean-François MonnardEd. InFolio, 2016

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