Lantologa de La Literatura Guineana 1984 de Donato Ndongo Bidyogo

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L’Antología de la literatura guineana (1984) de Donato Ndongo-Bidyogo, une certaine idée de la littérature et de l’identité nationale FABIOLA ECOT-AYISSI Le classement, quel qu’il soit, est responsable d’un sens. (…) Dis-moi comment tu classes, je te dirai qui tu es. Roland Barthes, Littérature et discontinu. L’anthologie, lorsqu’elle est un lieu de partage de la mémoire, de l’ima- ginaire et des idéaux, constitue parfois le point de départ d’une affirmation cul- turelle collective. Il n’est pas excessif de dire que cette pratique littéraire a sou- vent joué un rôle déterminant dans l’émergence et la diffusion des littératures africaines post-coloniales, qu’elles soient francophones, anglophones, etc. 1 Pour évoquer ces recueils dans le contexte africain, la critique en France remonte souvent à l’Anthologie nègre (1927) de Blaise Cendrars, puis plus large- ment aux anthologies, œuvres des découvreurs coloniaux qui tentent de faire connaître des littératures jusque-là souvent inconnues ou méprisées 2 . La plupart de ces recueils rendent alors compte de la culture orale des peuples colonisés, et parfois de leur littérature moderne naissante. Plus tard, après les indépendances, les ouvrages des chercheurs tels Lilyan Kesteloot 3 , ou Denise Coussy et Jacqueline Bartolph (pour la littérature anglophone), visent à présenter de manière critique ces sensibilités et ces expressions que le lecteur occidental découvre. Nous voilà donc face à des anthologies de natures diverses marquées par leurs époques respectives et qui visent chacune à leur manière à faire découvrir des univers d’expression propres à l’Afrique. Aussi semble t-il d’abord nécessaire d’identifier le genre d’anthologie auquel appartient l’Antología de la literatura guineana. Ce qui nous amène ensuite à nous inter- roger sur la nature de la relation existant entre littérature africaine moderne et 29

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Une Certaine Ide de La Littrature Et de Lidenti Nationale

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  • LAntologa de la literatura guineana (1984) de Donato Ndongo-Bidyogo,

    une certaine ide de la littrature et de lidentit nationale

    FABIOLA ECOT-AYISSI

    Le classement, quel quil soit, est responsable dun sens. ()Dis-moi comment tu classes, je te dirai qui tu es.

    Roland Barthes, Littrature et discontinu.

    Lanthologie, lorsquelle est un lieu de partage de la mmoire, de lima-ginaire et des idaux, constitue parfois le point de dpart dune affirmation cul-turelle collective. Il nest pas excessif de dire que cette pratique littraire a sou-vent jou un rle dterminant dans lmergence et la diffusion des littraturesafricaines post-coloniales, quelles soient francophones, anglophones, etc.1

    Pour voquer ces recueils dans le contexte africain, la critique en Franceremonte souvent lAnthologie ngre (1927) de Blaise Cendrars, puis plus large-ment aux anthologies, uvres des dcouvreurs coloniaux qui tentent de faireconnatre des littratures jusque-l souvent inconnues ou mprises2. La plupartde ces recueils rendent alors compte de la culture orale des peuples coloniss, etparfois de leur littrature moderne naissante. Plus tard, aprs les indpendances,les ouvrages des chercheurs tels Lilyan Kesteloot3, ou Denise Coussy etJacqueline Bartolph (pour la littrature anglophone), visent prsenter de manirecritique ces sensibilits et ces expressions que le lecteur occidental dcouvre.

    Nous voil donc face des anthologies de natures diverses marquespar leurs poques respectives et qui visent chacune leur manire fairedcouvrir des univers dexpression propres lAfrique. Aussi semble t-ildabord ncessaire didentifier le genre danthologie auquel appartientlAntologa de la literatura guineana. Ce qui nous amne ensuite nous inter-roger sur la nature de la relation existant entre littrature africaine moderne et

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  • anthologie, de mme lAntologa offre-t-elle loccasion de tenter de compren-dre quels enjeux sous-tendent une telle entreprise, et quelle peut tre ladmarche des auteurs danthologies dans le contexte africain.

    Pour traiter de la promotion de la littrature africaine crite en langueeuropenne, il est souvent fait rfrence Lanthologie de la nouvelle posieNgre et malgache de langue franaise4, recueil publi en 1947, prpar etintroduit par Lopold Sedar Senghor, et dont la prface crite par Jean-PaulSartre intitule Orphe Noire 5 eut un grand retentissement.

    La publication de cette anthologie marque par trois intellectuels derenom, Charles-Andr Julien (qui est lorigine du projet), Sartre et Senghor,voit lgitime la jeune littrature issue des colonies franaises. Elle inaugureun mouvement plus gnral qui stendra aux autres empires coloniaux ayantpour effet la reconnaissance du fait littraire africain 6. Lanthologie de lanouvelle posie ngre, outre le fait quelle a donn connatre nombre despotes qui y furent runis, tmoigne par ailleurs dune pratique littraire osont entremles idologie, esthtique et politique, trois lments que lonretrouvera dans des recueils tel que, par exemple, lAntologia de Poesia Negrade Expresso Portuguesa (1958) de Mario de Andrade (Angola) pour ledomaine lusophone. Donato Ndongo, auteur en 19847 de la premire antholo-gie de la littrature guinenne, engage dailleurs travers lintroduction de sonouvrage un dialogue fcond avec la ngritude et semble mesurer tout le poten-tiel communicationnel dun tel mode de diffusion.

    Donato Ndongo, premier lecteur de la littrature guinenne

    LAnthologie est prsente par un des auteurs de cette littrature, unacteur de premier plan de la culture guinenne, Donato Ndongo, qui se donnepour objectif de faire connatre et de donner apprcier une littrature et sesauteurs depuis une focalisation interne (puisquil est lun deux). Cetaspect, lappartenance de lauteur lespace littraire quil met en vidence,oriente de manire significative notre rflexion sur les transmissions et le dis-cours, thmes fdrateurs des articles qui composent ce numro de Traverses. Ndongo affirme travers cet ouvrage quil existe une littrature nationale gui-

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  • nenne et quelle est de langue castillane. Ce faisant, il poursuit un parcoursentam en 1977 avec la publication de ce qui fut le premier livre dhistoire surla Guine Equatoriale crit par un des ses ressortissants. cette occasion,Ndongo assume dj un rle fondateur car lambition dune telle publicationest de reprendre possession dune histoire guinenne qui jusque-l avait uni-quement t crite par le colonisateur8. Il sagit pour lui, depuis lexil enEspagne, de participer activement au rassemblement des Guinens qui sor-ganisent, politiquement puis culturellement, contre la dictature de MaciasNguema. Une dictature qui mine le pays depuis lindpendance en 1968.

    Suite ce premier travail qui continue de servir de rfrence aux tu-des sur lhistoire guinenne, Ndongo publie nombre darticles sur la cultureafricaine dans la presse espagnole. Paralllement, il sengage sur la voie dunprojet littraire denvergure nationale. En effet, deux publications annoncentlanthologie de 1984, il sagit de Nueva narrativa Guineana9 et Poetas gui-neanos en el exilio, qui accueillent encore peu dauteurs (ils sont au nombrede quatre pour la Nueva narrativa). Deux recueils qui naffirment pas encoreavec conviction lexistence de cette littrature mais qui ouvrent la voie.

    Le dbut des annes 80 pour les Guinens annonce une conjonctureplus propice la cration littraire et laffirmation de la nouvelle identitnationale. Cest une poque marque par la chute rcente du dictateur MaciasNguema, et par la prise du pouvoir en 1979 par le nouveau chef dtat, neveudu dernier, Teodoro Obiang Nguema. Les Guinens emplis despoir voientdonc se tourner une page sombre de lhistoire du jeune tat aprs une dicta-ture qui a dur onze ans et qui a prtendu entre autre anantir dans le paystoute culture trangre celle de lethnie rgnante, la culture fang. Pendantcette priode de rpression, le pays sest vu prcipit dans le chaos et lesilence. Les atrocits commises sous Macias et le rejet quil exprime de toutcontact avec les Espagnols, amne lEspagne dclarer toute affaire concer-nant ce pays (quelle ne contrle plus et qui le lui fait savoir outrageusement) materia reservada 10. Au sortir de cette tape de rpression de pauvret etdisolement, les annes 80 sont prsentes par le nouveau gouvernement gui-nen comme une tape douverture politique et culturelle. Ce qui amne les-

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  • nombreux exils et les survivants de la premire priode exprimer leurengouement pour la patrie retrouve et leur espoir de voir le pays sortir dfi-nitivement de la terreur. Nombre dexils rentrent en Guine pour contribuer la reconstruction conomique, institutionnelle et politique du pays. Certainsparmi eux se mettent rver lpanouissement de la culture nationale.

    Joaquin Mbomio affirme que : Pendant les annes 80 on assiste unevritable renaissance littraire marque par la multiplication de concours et deprix .11 Une Renaissance dans laquelle simplique fortement lEspagne.

    En 1984 sera galement clbr le Premier Congrs InternationalHispano-africain de Culture Bata en Guine Equatoriale. A la fois quilconforte le peuple guinen et les intellectuels dans leur appartenance aumonde hispanophone12, ce congrs reprsente une tape dans lhistoire cultu-relle du pays, celle de la rconciliation officielle avec lancienne mtropole et travers elle une nouvelle prise de contact avec le monde occidental. Il peutsembler curieux que le motif annonc qui runit le nouveau gouvernementguinen, lUNESCO, et surtout la coopration espagnole soit de dterminerlidentit de la culture de la Guine Equatoriale. Il est vident que cette nou-velle relation avec lEspagne est tablie en grande partie dans le but dobte-nir des aides dont le pays exsangue a grandement besoin, des aides quelEspagne sempressera dapporter y trouvant bien des avantages gostratgi-ques. Dautre part, noublions pas quau lendemain de la colonisation entre-prise par lEspagne et dune dictature dvastatrice tous les gards, lesGuinens se retrouvent confronts deux moments profondment alinantsde leur histoire. Un discours gouvernemental ouvert, quil sagisse dudomaine politique ou culturel, est donc propre apaiser les esprits des exilset de ceux qui sont rests dans le pays.

    Un cadre pour une jeune littrature : criture et exil

    Le cadre (el marco), cest ainsi que Donato Ndongo intitule lin-troduction13 de lanthologie. Cette introduction, texte intgral et explicatifrelativement long, prcde un ensemble htrogne compos de fragments

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  • qui sont autant de pomes extraits de leurs recueils et de rcits divers. Ellemrite donc toute lattention du lecteur. peine ce dernier a-t-il le temps desinterroger sur le sens du titre introducteur, sur le cadre , que la premirephrase de louvrage lui rpond par un nonc dont on peut souligner lecaractre problmatique : Guinea Ecuatorial est habitada por africanoscuyo idioma comn es el castellano o el espaol . Avant de parler littrature,lauteur expose une ralit culturelle par une formule pour le moins surpre-nante. Cette affirmation, si elle prtend rsoudre demble la question de lalocalisation gographique rappelle de manire quelque peu sarcastique ( laGuine quatoriale est habite par des Africains ) les changements qui ontt oprs et qui concernent lidentit politique du pays. Gographiquement onnous y indique que nous sommes dans un pays qui nest plus la Guine espa-gnole ( terme qui renvoie la priode coloniale) mais la Guine Equatoriale,un pays devenu indpendant qui nest plus habit par des sujets en voie das-similation gouverns depuis lEspagne mais par des Africains. Et le lecteur vase voir initi la littrature en langue europenne qui se rclame de cet espacegographique, il va prendre connaissance de ses lois, ses codes, ses repres.

    Le point de dpart choisi par Donato Ndongo, cet ancrage dans le ter-ritoire nest pas anodin. Il semble par ailleurs quen Afrique, lcriture (en lan-gue europenne) soit indissociable de la question du territoire et de lespace,tant donn que ces expressions dans une langue dabord impose trouventleur origine dans la colonisation, autrement dit dans un processus gnralis deprise de possession de lespace par les pays europens. Et, comme nous allonsle voir, il sera souvent question de la terre guinenne dans ces fragments tex-tuels. Cette terre tantt rvle, tantt matrialise, tantt fuyante. Cest le caspar exemple dans le pome Ofrenda 14 o la voix potique chez MarceloEnsema Nsang voque le terroir. Elle emporte ainsi le lecteur vers une terrenourricire. Y est dcrit le rapport de lhomme la brousse, au champ cultivo le bonheur consiste se procurer soi-mme les fruits du sol.

    travers ces vocations rptes de paysages, de traditions, on serend vite compte que cest surtout lexil qui est au cur de ce recueil. Hormisle fait de savoir que lanthologie elle-mme est publie ltranger, le lecteur

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  • est amen prendre connaissance de cet aspect de lhistoire commune carlexil est prsent de manire insistante travers les textes que Ndongo rdigepour prsenter certains auteurs, surtout ceux de sa gnration qui sont viventen Espagne o ailleurs.

    Lexil suscite le manque chez un Juan Balboa Boneke inconsolable etdont luvre est la plus marque par lloignement forc qui engendre lob-session pour la terre perdue. Nostalgie et Dnde ests, Guinea ?15

    sont autant de complaintes lyriques dun homme dpossd de sa terre et loi-gn de sa culture dorigine, la culture bubie. travers le pome Sombras , 16

    Maria Nsue quant elle confie au lecteur lexprience de lternel exil, mar-que par une errance sans fin. Face limpossibilit de trouver un lieu uniqueo habiter, la voie potique cde la solitude, elle sonde labme qui mnevers la perte didentit.

    Soy un perfil recortadoContra el sol del infinito. []Arrastrando mi indeterminada figuraCon el peso de los milenios acuestasSoy el desierto de mi propia soledadLa soledad de los que no tienen rasgos,Ni rostro, ni color, ni calor. []

    travers lvocation rpte de la condition dexil, cest la dictaturede Macias qui est pointe du doigt. Ceux qui sont rests en Guine malgr ladictature et que Ndongo intgre lanthologie avaient surtout crit pendant lapriode coloniale, comme cest le cas de Marcelo Asistencia Ndong Mba,auteur de pomes, et qui se distingua aussi pendant lpoque colonialecomme journaliste. Ciriaco Bokesa Napo non plus na pas quitt le pays.Nanmoins, lun comme lautre, ils partagent avec les exils leur expriencedune dictature dont ils furent des victimes. Sur vingt-trois auteurs recenss,huit se sont exils au moins pendant les onze annes qua dur la dictature deMacias. Certains pomes, comme celui qui sintitule Vamos a matar eltirano , font cho lintroduction de Ndongo par leur thme politique. Sonauteur, Francisco Zamora Loboch, est pour Donato Ndongo un compagnon de

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  • la premire heure dans lexil et dans le projet de littrature national, puisquilparticipa au premier recueil Nueva Narrativa guineana.

    []Mira mis ojosObserva mi descripcinPertenezco a un pueblo de revueltasObserva mi hechuraDe escaramuzas y levantamientosMi pulso no temblar()17

    travers les morceaux choisis, ce que Ndongo prsente cestdabord, nous semble-t-il, un lieu de rfrence pour le lecteur, tel un dcor plant qui amne ce dernier se familiariser avec la Guine ou reprendrecontact avec le pays. Cest une approche qui vise galement mobiliser lesforces cratrices guinennes partir de lexprience commune, car il faut biendessiner les contours dun cadre historique et gographique, il y va de la coh-rence de lensemble du recueil et de celle dun projet littraire qui a vocation tre national18.

    Coupures et raccords : lauteur danthologie luvre

    La pratique du recueil, uvre fragmentaire que Roland Barthes classedans la catgorie du livre discontinu implique que son auteur adopte unprocd o se succdent acceptations, inclusions et exclusions. Une telletche met en vidence la souverainet du compilateur la fois quil engagesingulirement celui qui se charge de construire lespace du recueil.Cest pourquoi elle ncessite souvent des justifications dtailles. PourDonato Ndongo, les justifications ne sont pas tant dordre formel quhistori-que. En effet ce qui semble importer le plus dans le cas de lAntologa, cenest pas tant la disposition des textes les uns par rapport aux autres19 que lefait de constituer un hritage commun aux auteurs des productions guinen-nes, de les inscrire dans une filiation.

    Lorsquil cherche fixer lorigine de cet espace littraire, la possibilit

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  • de prsenter Juan Latino comme le patriarche lointain des lettres guinennes seprsente Ndongo. Il le prsente comme :

    () un negro probablemente guineano trado a Espaa a los 12 aos, en1528. De esclavo lleg a figurar entre los mximos eruditos del Siglo de Oro,profesor de la universidad de Granadafue inmortalizado por Cervantes,Lope de Vega...20

    Cette candidature une inscription dans le panthon de la littratureguinenne semble dabord acceptable, puis finalement Donato Ndongo tran-che et se justifie : le terme Guine englobait une surface plus large qulheure actuelle, aucune information fiable natteste du fait que Juan Latinoait t issu du mme territoire, de plus, son intgration presque totale danslEspagne du Sicle dOr fait que Juan Latino appartienne plutt une autregnalogie (celle des auteurs classiques espagnols), un autre temps, untemps tranger la Guine actuelle. La tentative de raccord historiquenaboutit donc pas.

    Sont exclus galement les auteurs espagnols qui aprs un sjour plusou moins long en Guine lpoque coloniale crivaient des romans, desrcits, ou des pomes ayant pour cadre ou pour sujet la Guine espagnole, sur-tout partir des annes vingt. Pourtant considrs par Ndongo comme incon-tournables car ayant influenc certains des auteurs publis dans lanthologie,des figures comme Iigo de Aranzadi restent en dehors de lespace littraireguinen, au mme titre que des auteurs coloniaux comme Jos Mas ouDomingo Manfredi qui eux faisaient ouvertement lapologie de la colonisa-tion et se bornaient voir la rgion comme un dcor exotique idal pour lesfictions destines un public espagnol en manque de nouveaut.

    Un second groupe dauteurs se voit refuser laccs lanthologie. Cesont des potes qui publient aprs lindpendance dans les revues locales. Ilssont pourtant bien Guinens, ils on vcu la mme histoire que Donato Ndongoet les autres, mais selon lui, ils offrent un prisme rducteur et dformant de laralit et de la littrature guinenne car ils sinscrivent droit dans lidologie delancien dictateur : en esa lnea de fomento del nacionalismo de los valores

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  • tradicionales por encima de los importados. Leurs crits sont considrscomme dltres pour la culture nationale. Par leur faute: las races [de la cul-tura guineana] han estado a punto de secarse . Ce rejet catgorique est proba-blement d au fait que leur retour aux sources sest fait au dtriment de la dyna-mique culturelle qui implique un rapport dgal gal des cultures en prsence.

    Lhritage de la littrature orale, quant lui, est prsent dans lantho-logie par bribes, souvent travers des contes, ou des passages de lgendestranscrits. Ce legs du pass prcolonial est revendiqu par Ndongo car, selonlui, cest la source dune richesse dans laquelle les crivains seront amens puiser. Il est donc dautant plus surprenant que lpope du Mvet, par exem-ple, ce monument de la littrature orale fang ne soit voqu aucun momentni par Ndongo, ni par le reste des auteurs. Pourtant, les interprtes du Mvet,les mvet bom, bien quils ncrivent pas, sont des crateurs et artistes dposi-taires de lart oral fang reconnus et apprcis aussi bien en Guine que dansles pays voisins qui ont en commun la culture fang tels le Gabon ou leCameroun. Comment expliquer cette absence dun grand pan de la littratureorale guinenne et de leurs interprtes? Sagirait-il dun oubli ? Serait-ce lune coupure supplmentaire, bien quimplicite (contrairement cellesqui viennent dtre voques) que Ndongo effectue pour se dfaire de ceshommes peut-tre jugs comme tant sans importance pour lavenir de la lit-trature guinenne moderne ? Peut-tre faut-il chercher la vraie rponse,dans les dernires lignes de lintroduction :

    Este ha sido un libro difcil. Un ao entero presionando a los autores,para al final no reunirlos a todos. A pesar del empeo puesto, y de la prof-tica paciencia de los editores, no lo permitieron las condiciones de GuineaEcuatorial, un pas de difciles comunicaciones exteriores y de comunicacio-nes interiores todava precarias.21

    Pour ce qui est de lutilisation de la langue espagnole, hritage de lacolonisation dont Albert Memmi dira quelle peut constituer une impasse car elle oblige le colonis sexprimer dans la langue du colonisateur22, cestun sujet longuement abord dans lintroduction de lanthologie mme siNdongo ne le prsente pas comme un problme.

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  • Ya llegado aqu, habremos de exponer de una vez, con sinceridad y claridad,este pensamiento que viene planeando sobre nuestro trabajo: nunca nos haparecido tan importante la lengua en que se expresa un africano como laforma en que la emplea, el como y el para qu la utiliza.23

    Donato Ndongo conclut de la manire suivante:

    El problema de la lengua vehicular como supuesto instrumento de alineacin dejade ser una realidad general, como nos lo han presentado hasta ahora ()24.

    Ces propos confirment lattachement profond la langue castillanedont font preuve non seulement Ndongo mais aussi les autres crivains. Entant que langue de lancien oppresseur, le castillan ne peut tre utilis natu-rellement et cest dans le cadre de lanthologie que la justification de sonutilisation sera le plus dveloppe.

    Transculturation et identit

    Nous avons vu quau dbut des annes 80, la question de lidentitnationale proccupe nombre de Guinens, surtout les personnes lettres.Lauteur de lAntologa apporte une contribution ce questionnement et pro-pose un modle de cration littraire qui serait mme dorienter la rflexionsur lidentit guinenne. Cest vers Cuba, une ancienne colonie espagnolequil se tourne pour lriger en exemple.

    Los negros transportados como esclavos a las Antillas supieron aprovecharlas caractersticas de los vocablos espaoles e incluso las posibilidades esti-lsticas de la poesa popular espaola para realizar esa vigorosa sntesis queconstituye la lrica afrocubana25

    Cet intrt pour le processus de mtissage culturel cubain, rsultatdune histoire douloureuse alliant esclavage et colonisation, nous renvoieirrmdiablement Fernando Ortiz, dailleurs mentionn par Ndongo. Ortiz asu dfinir la socit cubaine, rsultat de mlanges culturels effectus sous unrgime de domination, pour prsenter cet hritage multiple comme unerichesse laquelle ont notamment contribu les esclaves africains et leursdescendants 26. Cette synthse porte le nom de transculturation . Ces hri-tages se trouvant rinvestis non seulement dans la langue quotidienne et les

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  • murs, mais aussi dans lart et la littrature. Comment ce phnomne decomplmentarit culturelle que Ndongo revendique pour la Guine prend-t-ilforme dans lanthologie ?

    Lillustration en premire de couverture, 27 photo dune sculpture 28 deLeandro Mbomio,29 semble choisie pour nous mettre sur la voie. Jouissantdune reconnaissance en Espagne, ayant effectu une partie de sa formation auxBeaux-Arts en Allemagne et dans la Pninsule ibrique, Mbomio signe uneuvre marque, dans les annes 70, par une intense recherche travers la com-binaison singulire de formes plastiques, de matires et de techniques europen-nes, fortement influence par la culture fang. La pice reproduite pour lantho-logie est inspire de masques appels Ngontang.30 Il sagit dun masqueheaume visages multiples originairement port lors de crmonies de danse.Traditionnellement, le Ngontang est taill dans le bois qui est la matire la plusutilise pour sculpter chez les Fangs. La sculpture de Mbomio conserve lecaractre polyfacial du modle original, mais la matire du bois a fait placeau bronze liss et dor. Cette variation va dans le sens dune dterritorialisa-tion de la sculpture dans le sens o le Ngontang est sorti de son contexte.

    Par ce fait la pice de Mbomio est devenue une sculpture la modeoccidentale voue dsormais tre expose, et non plus utilise en tant quacces-soire dune clbration. Dailleurs la forme de la sculpture dborde largement icilide originale du buste et se prolonge vers le bas, non pas pour constituer le corpssens porter ces masques, au lieu de cela, cest un bloc o lon observe un enche-vtrement de bances, de creux et despaces vides qui semblent carteler le bronze.Ces vides laissant peut-tre prsager des aspects alatoires propres un mtissageque la sculpture prsente dans toute sa splendeur. Cette synthse prne parMbomio dans les annes 70 est appele intgration . La pice, intituleIntegracin tribal donne forme lassimilation des lments venus de ltran-ger par la culture fang (ici par tranger il faut comprendre occidental ).

    Donato Ndongo quant lui largira le champ dans sa tentative de dfi-nir la culture guinenne, allant jusqu la caractriser quelques annes plus tardcomme hispano-bantoue31 (ce terme est dailleurs trs proche des rsolutionsprises lors du Congrs de 1984 qui reconnaissait le double aspect, africain et

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  • hispanique, de la culture guinenne). travers la dnomination hispano-ban-tou , Ndongo ajoute bien une dimension supplmentaire la synthse deMbomio, car le terme Bantou englobe les diffrentes ethnies qui vivent enGuine (les pygmes mis part) et dans les pays alentour. De fait, les ethniesguinennes, dans leur majorit, se trouvent reprsentes dans lanthologie.Outre les auteurs fangs, groupe ethnique majoritaire en Guine dont Ndongofait partie, louvrage compte galement des Bubis tels Juan Balboa Boneke ouJuan Chema Mijero, deux potes originaires de lle dAnnobon : FranciscoZamora Loboch et Maplal Loboch, pre du premier ; Raquel Ilombe est dori-gine Corisquee32, Leoncio Evita quant lui est combe, etc. La langue dcri-ture est prsente comme le lien qui unit ces auteurs et qui leur permet de sex-primer ensemble. Il en est de mme pour lhritage culturel espagnol queNdongo, linstar dautres auteurs guinens33, intgre lidentit nationale etqui leur permet de revendiquer lhispanit 34 des Guinens. Et cela en dpitdu fait que cette notion ait t marque du sceau de limprialisme franquiste35.

    Toutes ces considrations amnent Ndongo dfinir la mission delcrivain guinen de la manire suivante :

    Por un lado, [el escritor guineano] ha sustituido o est llamado a sustituir, a suantepasado el juglar como depositario, mantenedor y transmisor del patrimo-nio histrico-literario de su pueblo ; y por otro, se esfuerza, o debe esforzarse,por crear una literatura nueva, original y personal, producto de su contempora-neidad que recoja para las generaciones venideras la esencia de su siglo

    On peroit dans cette citation une mise en concurrence de loralit etde lcriture, la seconde tant, semble-t-il, voue porter la premire enlintgrant au texte. De mme les auteurs de productions crites se trouventici implicitement privilgis compars aux dpositaires traditionnels de laculture orale qui semblent appartenir au pass. Notons que cette mise ausecond plan de la culture orale, pourtant bien vivante en Guine, est un desaspects quelque peu contradictoires de lAnthologa car elle rend problmati-que le statut de cet hritage et la place relle qui lui est rserve dans le pro-jet de la littrature nationale tel quil est formul par Ndongo.

    Au bout du compte, qui sont ces futurs modles de la transculturationguinenne qui seront appels diffuser la culture traditionnelle de faon plus

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  • efficace que ne le font les conteurs traditionnels ? Donato Ndongo dcrit cesauteurs comme les dpositaires de la tradition orale qui crivent en castillan,des troubadours (juglares) des temps modernes. Paradoxalement, cepostulat qui prtend allier dfinitivement loralit et la littrature crite estloin de reflter la tendance des textes prsents dans lanthologie. Force estde constater en effet que les auteurs de lexil, davantage attirs par la posie,ne semblent pas rpondre cette proposition la fois esthtique et idologi-que. Peut-tre sont-ils trop proccups par leur exprience immdiate, ou bienlexil les a-t-il laisss trop longtemps loigns de la culture de rfrence pourquils sen inspirent. Finalement, ceux qui prsentent une plus grande affinitavec la proposition de Ndongo sont les auteurs de lpoque coloniale, autre-fois appels informateurs coloniaux. Ce dernier les considre comme les passeurs de loral lcrit, ils transcrivent et traduisent lespagnol lescontes et rcits oraux. Leurs travaux paraissaient souvent dans la principalerevue missionnaire qui joua un rle culturel important en Guine sous la colo-nisation, savoir La Guinea espaola, revue des missionnaires claretiens36,ou dans la revue Potopoto. Ces passeurs relient ainsi la tradition narra-tive africaine et la langue importe. Bien quils appartiennent la priodecoloniale, Donato Ndongo voit dans leurs textes les premiers exemples dunedmarche transculturelle et libratrice quil faudra moderniser.37

    Esteban Bualo Bocamba a traduit et transcrit en partie la lgende surla migration du peuple Ndow. Certains pisodes de cette pope sont reprisdans lAntologa tel Rombe, El gran gua de los playeros! passage qui futdabord publi dans la Guinea Espaola, en 1962 :

    Ser difcil continuar nuestro camino. El descomunal aspecto del riha producido en mi cuerpo una gran fiebre provocada por los espiritus malig-nos. Mecucu mia walo wa beva. Sus aguas son abundantes y turbias y es talla vertical de sus orillas que acusan una fuerte profundidad donde moran losms espantosos monstruos del mal, que esperan nuestra tentativa de pasarlopara devorarnos y acabar con nosotros.38

    Cuando los combes luchaban, considr comme le premier roman critpar un Guinen, bien quil runisse les cueils de la production coloniale ( causedune forte tendance ethnologique dans les descriptions et dune apologie cer-

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  • taine de la colonisation), constitue un repre dans lmergence de la fiction critede Guine. Par ces mmes caractristiques le roman de Leoncio Evita, en dcri-vant les rituels, donne connatre aux lecteurs contemporains certains aspects dela culture combe. De la mme faon tmoigne-t-il du mode de vie des Blancs etdes Noirs sous la colonisation. Dautre part, tant donn quil sagit dun rcitoriginal, qui nest pas transcrit de la littrature orale, il contribue lopration dela synthse annonce en introduction de lanthologie. Ce roman qui date de 1953fait lobjet dun regain dintrt qui permettra sa rdition en1996. DonatoNdongo lui-mme39 interviendra dans la prsentation de luvre.

    De lcriture la lecture : une transmission difficile

    La prsentation de cet espace littraire national par Donato Ndongo,son premier lecteur , au sens o il en est le dcouvreur et quil oriente lepremier la comprhension de cette littrature, lui impose de montrer que cescritures en mergence, issues dune nation qui na alors que seize ans dexis-tence, viennent dun quelque part temporel et spatial. Cest en emprun-tant cette voie quil peut prouver que lunit des peuples guinens est possi-ble et quelle engendre quelque chose daussi unique et prcieux que peutltre une littrature commune. Loin de prtendre rendre compte dune ralitlittraire en tant que telle, lanthologie de Ndongo porte un discours sur lh-ritage culturel et sur une manire de concevoir la littrature nationale, cest ce titre quelle constitue davantage un projet littraire et idologique pour lefutur quun travail dobservation du prsent.

    Si traditionnellement lambition de toute anthologie est de dcuplerles potentialits de la transmission en littrature, plus forte raison est-ce lecas lorsquil sagit de promouvoir les littratures nationales. La publicationdune deuxime anthologie40 de la littrature guinenne en 2000 est sansdoute une preuve du retentissement quont eu le recueil en lui-mme et sonintroduction. Cette dernire publication runit 31 auteurs contre 23 en 1984.Dans le volume de 2000, les genres se diversifient, le thtre fait son entre,de mme les romans sont-ils plus nombreux. Notons nanmoins que la plu-

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  • part des rcits traditionnels oraux brillent toujours par leur absence. Se rf-rant, en 1996, la premire anthologie et son succs, Donato Ndongo pou-vait malgr tout affirmer, avec une satisfaction non dissimule :

    Lo que entonces era un embrin se ha desarrollado hasta ofrecrsenosahora como rbol cargado de frutos, cuya cosecha no slo enriquece el acer-vo cultural guineano y la creacin artstica en lengua castellana, sino queempieza a despertar la curiosidad y el entusiasmo ms all de nuestras fron-teras polticas y lingsticas.

    Selon Ndongo, lAntologa revt donc une dimension matricielle pourla littrature nationale. Sil faut incontestablement reconnatre ce mrite nonseulement au recueil, mais aussi luvre entire de Ndongo qui a toujours tguide par le dsir de btir une nouvelle Guine travers un engagement cultu-rel et politique constant, anim quil semble tre par un persvrance reste in-branlable depuis les annes 70, quelques rserves quant la rception de la lit-trature guinenne et sa promotion semblent de mise. Si lanthologie fut effec-tivement un moteur, un catalyseur pour les auteurs crivant en langue espa-gnole, elle a systmatiquement exclu les interprtes traditionnels de la cultureorale et de nombreux rcits oraux avec lesquels les Guinens rests au pays sontfamiliariss. Il semble donc ncessaire de dfinir de manire plus concrte lestatut de la littrature orale dans le cadre la littrature nationale.

    En ce qui concerne la transmission des productions de lAntologa aulecteur, il faut bien admettre que le lectorat de la littrature de GuineEquatoriale est quasiment restreint aux crivains eux mmes et aux chercheursqui ltudient41. Cela est en partie expliqu par le fait que lobjet-livre, supportde la production culturelle au mme titre que le film, la scne, le muse etc., estpeu diffus en Guine. Lorganisation qui prend en charge ldition des auteurstant souvent lAgence Espagnole de la Coopration Internationale (AECI) travers les deux centres culturels espagnols tablis en Guine. Ce mode depublication limite galement la diffusion de ces uvres en Espagne puisque laplupart dentre elles nintgre pas le circuit gnral de distribution du livre(librairies etc.)42. Il faut par consquent se rjouir de lintrt grandissant quecette littrature suscite malgr tout dans le domaine acadmique aussi bien auxEtats-Unis quen Espagne ou au Cameroun. Bien que ce succs extrieur la

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  • Guine ne soit pas suffisant pour assurer la russite totale du projet de dpartformul en 1984 par Donato Ndongo, les universitaires, qui travaillent sur dessources difficiles acqurir, et qui semblent faire une place de plus en plusimportante cette littrature dans leurs tudes, apparaissent lheure actuellecomme un des appuis les plus srieux dont bnficie lespace littraire guinen.Gageons que la jeune UNGE, luniversit de Guine Equatoriale, fonde il y aune dizaine dannes, parviendra, avec le temps, prendre le relais et promou-voir des crations prtes tre explores, et que de cette manire, elle contri-buera tablir le lien manquant entre une littrature et son public.

    DOCUMENTS

    Figure n 1 Figure n 2 : Integracin tribalbronze de Leandro Mbomio Nzue.

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  • Figure n 3 : Modle de masque-heaume Ngontang appartenant Leandro Mbomio

    (auteur probable : Ndong Obama).

    NOTES

    1 MATESO Locha, Les anthologies : matres penser ou signe des temps , in LesLittratures nationales. 3. Histoire et identit, Notre Librairie, Revue du livre: AfriqueNoire, Maghreb, Carabes,Ocan Indien N085, oct.-dc. 1986, p. 79-83.

    2 CUNARD, N (1934)/ Negro anthology, ed. Wishart & co., Londres.

    3 KESTELOOT, L (1967) : Anthologie ngro-africaine, panorama critique des pro-sateurs, potes et dramaturges noirs du XXe sicle, Marabout.

    4 SENGHOR, L.S (1948) : Anthologie de la nouvelle posie ngre et malgache delangue franaise, Quadrige/ Presse Universitaire de France.

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  • 5 SARTRE, Jean-Paul, (1948) : Orphe Noir , dans Anthologie de la nouvelleposie ngre et malgache de langue franaise, Quadrige/ Presse Universitaire deFrance. p. IX-XLIII.

    6 FRAISSE, Emmanuel (997) : Littrature ngro-africaine et anthologie , dansLes anthologies en France, PUF, Paris, pp. 142-160.7 NDONGO- BIDYOGO, D (1984): Antologa de la literatura guineana, EditoraNacional, coll. Biblioteca de la literatura y del pensamiento hispnicos, Madrid.

    8 NDONGO- BIDYOGO, D (1977) Historia y tragedia de Guinea Ecuatorial, ed.Cambio 16, Madrid.

    9 NDONGO- BIDYOGO, D (1977): Nueva narrativa guineana, U.R.G.E, Madrid.Publi par un organe qui rassemble des dissidents en exil: la Unin Revolucionariade Guinea Ecuatorial. Cette publication montre clairement que le militantisme politi-que est la base du projet littraire guinen.

    10 De 1969 1977 il est interdit en Espagne daborder la question guinenne.Pendant cette priode et encore quelque temps aprs, un voile mdiatique tombe surle pays, Macias lui-mme semble satisfait de cet isolement mdiatique. Voir cesujet: Fernandez, R. (1976): Guinea materia reservada, Sedmey Ediciones, Madrid.

    11 MBOMIO, Joaquin, (2000) : Panorama de la littratture de Guine Equatoriale, unespace afroiberoamricain , Africultures, le site de la revue de rfrence des cultures afri-caines, Mai 2000.http://www.africultures.com/index.asp?menu=revue_affiche_article&no

    12 Dans les conclusions du Congrs, il est spcifi que: por su historia, y por suidiosincrasia, Guinea Ecuatorial est vinculada a la comunidad hispnica. Esta reali-dad debe conducir a un estrechamiento de sus vnculos culturales, humanos, lings-ticos con la comunidad espaola, africana e iberoamericana. Voir: Mbomio Nsue,Leandro (1984): Primer Congreso internacional Hispnico-Africano de cultura enGuinea EcuatorialCompte-rendu paru dans Muntu, revue scientifique et culturelle du CICIBA, p. 136-149.

    13 Lintroduction occupe 35 pages sur 214 au total que compte lanthologie.

    14 Antologa, ibid., p.71.

    15 Antologa, ibid. p. 50-51.

    16 Antologa, ibid. p. 101.

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  • 17 Antologa, ibid., p. 130.

    18 Pour approfondir les notions de mmoire et dynamique de groupe, cf. HALB-WACHS, M. (1994) : Les cadres sociaux de la mmoire, Albin Michel, Paris,[1925]Voir aussi lessai qui constitue la suite du premier (1997) : La mmoire collective,Albin Michel, Paris, [1950].

    19 La classification des auteurs est faite par ordre alphabtique, en deux parties prin-cipales : posie et rcits. La chronologie des textes tant relgue au second plan.Ndongo ne commente dailleurs pas cette organisation de lanthologie.

    20 Antologa, ibid., p. 15-16.

    21 Lpope du Mvet est un trs long rcit plein daventures merveilleuses, o deuxclans fangs issus du mme anctre divin vont saffronter en des combats sans fin :peuple du fer [mortels] contre peuple des Immortels. Frre cadet contre frre an .Source UNESCO : http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php- html21

    22 Antologa, ibid. p. 46.

    23 MEMMI, A (1985) : Portrait du colonis, prcd de Portrait du colonisateur,Paris, [1957]. p. 128.

    24 Antologa, ibid., p.41.

    25 Antologa, ibid., p.42.

    26 Antologa, ibid., p. 41.

    27 Cf. ORTIZ. F (1978): Contrapunteo cubano del tabaco y del azcar, BibliotecaAyacucho, Caracas [1940]. Julio Le Riverend en prface prsente luvre dOrtiz: Laobra queda inscrita en el proceso de formacin y coherencia del pensamiento cubanosobre Cuba, como punto de partida, incitacin seera de la investigacin social. p. 10.

    28 Cf. Figure n1.

    29 Cf. Figure n2.

    30 Pour de plus amples informations sur luvre de L. Mbomio, cf. Arean, C(1975): Leandro Mbomio en la integracin de la negritud, Dante, Madrid.

    31 Cf. Figure n 3.

    32 Originaire de lle de Corisco.

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  • 33 A lpoque, cest notamment le cas de Constantino Ochaa, ou Anacleto Ol.

    34 Sur lide dhispanit et son adoption par le franquisme, voir notamment BARRA-CHINA, M.A (1997) : Propagande et culture dans lEspagne franquiste, Ellug,Grenoble. Sur son application dans le contexte guinen voir NERIN, G (1998) :Guinea Ecuatorial, historia en blanco y negro, Pennsula, Barcelona.

    35 (1989) :Hispanidad, frica 2000 n6,1989. p.2-3. Cest la page ditoriale dunerevue que Ndongo co-dirige, et qui est alors publie par le Centre culturel hispano-guinen de Malabo. A cette poque Ndongo, est retourn vivre en Guine. Il y occupele poste de directeur adjoint du centre.

    36 La congrgation des missionnaires claretiens, Fils du Cur Immacul de Marie,fut fonde en 1849 par San Antonio Mara Claret (1807-1870).

    37 Cest aprs la publication de lanthologie que seront dits des rcits originauxparmi lesquels se distingueront les roman Ekomo(1985) de Mara Nsue Ange et Lastinieblas de tu memoria negra (1987) de Donato Ndongo (tous deux ont t traduitsen franais). Ces productions vont tmoigner de la volont des auteurs de se rappro-prier la culture ancestrale malgr lexil.

    38 Antologa, ibid., p. 155.

    39 EVITA, L (1996): Cuando los combes luchaban. Novela de costumbres de la anti-gua guinea espaola, Centro cultural hispano-guineano ediciones, Agencia Espaolade Cooperacin Internacional, Madrid. 2e dition, le prologue de Carlos GonzlezEchegaray qui date de la premire dition (1953) est reproduit, accompagn dunnouveau prologue du mme auteur, suivi de deux prsentations, lune est dAugustoIyanga Pendi, lautre de Donato Ndongo.

    40 NDONGO-BIDYOGO, D., NGOM. M (2000): Literatura de Guinea Ecuatorial(Antologa), ed. Sial, Coll. Casa de frica, Madrid.

    41 Tel est le cas, bien que les tudes sur la littrature guinenne soient de plus en plusnombreuses depuis limpulsion dcisive du professeur nord-amricain Mbare NgomFay, de lUniversit de Baltimore (Etats-Unis). Ces tudes sont aussi encourages audpartement dtudes hispaniques de lUniversit de Yaound 1 au Cameroun dirigpar le professeur Sosthne Onomo Abena.

    42 Sur les conditions de distribution de la littrature guinenne, lire : TRUJILLO,Jos Ramn, Recepcin y problemas de la literatura de Guinea Ecuatorial, dansTRUJILLO, J. R (2001): frica hacia el siglo XXI

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  • RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

    AREAN, C (1975): Leandro Mbomio en la integracin de la negritud, Dante, Madrid.

    BARTHES, R (2002) : Littrature et discontinu , Essais critiques, uvres compltes,Tome II, Seuil, Paris, [1964]. p. 430-441.

    EVITA, L (1996): Cuando los combes luchaban. Novela de costumbres de la antiguaGuinea espaola, Centro cultural hispano-guineano ediciones, Agencia Internacionalde cooperacin espaola, Madrid, [1953].

    FRAISSE, E (1997) : Les anthologies en France, PUF, Paris, p.142-160.

    HALBWACHS, M (1994) : Les cadres sociaux de la mmoire, Albin Michel, Paris, [1925].

    HALBWACHS, M (1997) : La mmoire collective, Albin Michel, Paris, [1950].

    NDONGO-BIDYOGO, D (1977): Historia y tragedia de Guinea Ecuatorial, ed.Cambio 16, Madrid.

    NDONGO-BIDYOGO, D (1977): Nueva narrativa guineana, U.R.G.E, Madrid.

    NDONGO-BIDYOGO, D (1984): Antologa de la literatura guineana, EditoraNacional, coll. Biblioteca de la literatura y del pensamiento hispnicos, Madrid.

    NDONGO-BIDYOGO, D, NGOM, M (2000): Literatura de Guinea Ecuatorial(Antologa), ed. Sial, Coll. Casa de frica, Madrid.

    NGOM, M (2004): ouv. coll., La reconstruccin de la memoria y de la identidadnacional en la literatura hispano-negroafricana, Universidad de Alcal de Henares.

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    ORTIZ, F (1978): Contrapunteo cubano del tabaco y del azcar, Biblioteca Ayacucho, [1940]

    PIGEAUT, J (2003): ouv. coll., Lanthologie potique en Chine et au Japon, ExtrmeOrient, Extrme Occident, Cahier de recherches comparatives, Presses Universitairesde Vincennes, Saint-Denis.

    SENGHOR, L. S (1969) : Anthologie de la nouvelle posie ngre et malgache de languefranaise, Quadrige/ Presse Universitaire de France, Paris, [1948].

  • TUDE 3

    Posie visuelle : France/Japon

    Mouvement mondial, la posie visuelle est reprsente aussi au Japon. Ellese construisit dans larchipel sous linfluence conjugue des posies visuelles alle-mande, brsilienne et franaise. On sintressera plus particulirement aux liens entrele Japon et la France, en rappelant quels furent les contacts et les changes entre lespotes des deux pays. Si les Franais transmirent aux Japonais un arsenal thoriqueet un corpus duvres dj constitu, les Japonais en retour offrirent aux Franais unerencontre irremplaable avec leur systme dcriture.

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