L'albatros

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« L’Albatros » : Baudelaire, Les Fleurs du Mal Situation : Publié en 1859, né d’une convergence et d’une réminiscence (il s’agit d’une scène de vie en mer lors du voyage de Baudelaire à l’ile Bourbon) et de la réflexion sociale du poète (le poète se situe dans un univers médiocre et souligne la bassesse de la société). En quelques sortes, le poète est une victime. Baudelaire tente de décrire l’élévation, à l’aide de l’Albatros, mais l’oiseau sera ensuite pris et torturé. Le dernier quatrain a été rajouté plus tard, et il modifie l’enjeu du texte en rajoutant un jeu de correspondances rétrospectives et une nouvelle lecture avec une valeur symbolique. I. Le Récit : une scène de vie en mer : C’est la présentation de l’action et des acteurs (v. 1-2) La capture se fait par divertissement Les victimes sont les albatros, souligné par l’hémistiche et la coupe et par les adjectifs employés : (v. 3) « compagnons » On a une image d’élégance et de nonchalance. • Le contexte est ensuite présenté. (On note la relation entre « mer » et « amer ») Baudelaire souligne la coexistence entre deux mondes opposés : Le monde des hommes Le monde des oiseaux La navire L’harmonie du vol, l’azur Le poète emploie des consonnes assourdies pour donner une musicalité douce - les liquides : [r] et [l] Tout concourt à mettre deux mondes opposés en scène. : Caractérisé par un effet de rupture, qui est consacré à des oppositions Oppositions de lieu : « planches » // « azur » Opposition de situation : « rois » // « maladroits en honteux »

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« L’Albatros » : Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Situation: Publié en 1859, né d’une convergence et d’une réminiscence (il s’agit d’une scène de vie en

mer lors du voyage de Baudelaire à l’ile Bourbon) et de la réflexion sociale du poète (le poète se situe dans un univers médiocre et souligne la bassesse de la société).

En quelques sortes, le poète est une victime.Baudelaire tente de décrire l’élévation, à l’aide de l’Albatros, mais l’oiseau sera ensuite pris et torturé.

Le dernier quatrain a été rajouté plus tard, et il modifie l’enjeu du texte en rajoutant un jeu de correspondances rétrospectives et une nouvelle lecture avec une valeur symbolique.

I. Le Récit : une scène de vie en mer

1§ : C’est la présentation de l’action et des acteurs(v. 1-2) La capture se fait par divertissement

Les victimes sont les albatros, souligné par l’hémistiche et la coupe et par les adjectifs employés : (v. 3) « compagnons » On a une image d’élégance et de nonchalance.• Le contexte est ensuite présenté. (On note la relation entre « mer » et « amer »)

Baudelaire souligne la coexistence entre deux mondes opposés :Le monde des hommes Le monde des oiseauxLa navire L’harmonie du vol, l’azur

Le poète emploie des consonnes assourdies pour donner une musicalité douce- les liquides : [r] et [l]

Tout concourt à mettre deux mondes opposés en scène.

2§ : Caractérisé par un effet de rupture, qui est consacré à des oppositionsOppositions de lieu : « planches » // « azur »Opposition de situation : « rois » // « maladroits en honteux »

On a une opposition entre la première et la deuxième strophe :vol majestueux // l’inutilité des airs(v. 7) « grandes ailes blanches » // (v. 8) « des avirons »

Les verbes employés soulignent également l’inadaptation des oiseaux au bateau et leur impuissance. (v. 5) « déposés » (v. 8) « laissent … traîner »

La structure de la strophe est révélatrice de l’oiseau dans cette situation dévalorisante.Vers 5 – Vers 8 = Avant – Après

3 § : Une aggravation de la deuxième stropheSur un ton péjoratif, le poète emploi des images de la victimisation du « roi » par opposition.

- Les adjectifs : « gauche » « veule » « comique » « laid »

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(v. 11-12) Il insiste sur la multiplicité des actions des marins pour inciter la souffrance et la méchanceté.Le vers 12 est un résume tragique des situations dévalorisantes pour l’oiseau :

« L’infirme qui volait » Utilisation du passé pour accentuer la souffranceL’attribut même de l’oiseau est pris, il est immobile - (v. 12) « l’infirme ».

II. La valeur symbolique par le jeu de correspondances

4§ : La dimension parabolique, elle arrive de manière abrupte, sans lien ni début explicite.C’est l’introduction d’un nouveau thème et d’un jeu de correspondances qui donne un sens au poème, qui confère les valeurs symboliques et qui est la clé des correspondances.

Les vers 13 – 14 :Liens avec les deux premières strophes :

(v. 13) « prince des nuées » = (v. 6) « rois de l’azur »(v. 14) « Qui hante la tempête » = (v. 4) « gouffres amers »(v. 14) « et se rit de l’archer » = (v. 3) « qui suivent »

Les vers 15 – 16 :Baudelaire parle de la condition de prisonnier de l’oiseau, qui est victime de la cruauté des hommes.

(v. 5) « planches » = (v. 15) « le sol »(v. 10) « comique » (v. 12) « mime » = (v. 15) « au milieu des huées »(v. 8) «traîner » (v. 12) « infirme » = (v. 16) « l’empêchent de marcher »

On peut aussi mentionner la ressemblance entre le cri d’un albatros et celui d’un humain, un bruit déchirant et tragique.

Conclusion : Grâce aux symboles, Baudelaire définit une double-condition de l’artiste :

- son adaptation à un contexte élevé- son inadaptation au monde humain malveillant

Cette opposition conduit à la parabole et à l’allégorie : l’Albatros est le symbole du poète incompris, constamment en exil sur la terre.