LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un...

19
- Daniel MICHON Enseignant-Formateur I.F.M.K. et I.F.C.S. de Grenoble - Marie-Odile PAILLET Chef de Service Rééducation C.R.F. "Les Rosiers" de Dijon - Philippe RIGAUX Responsable Formation Continue "Bois-Larris" Santé Formation - Patrick ROTGER Coordonnateur Rééducation Hôpital National de Saint-Maurice - Michel THUMERELLE Directeur C.R.F. de Fouquières-lez-Lens - François ZIMMERMANN Enseignant-Formateur I.F.M.K. de Strasbourg Coordination : - Michel GEDDA Kinésithérapeute-Chef C.R.F. Salins-les-Bains ISSN 1267-7728 ÉDITORIAL Été. À l’ombre humide et incer- taine d’une jacinthe bleue exhalant l’indécence orien- tale d’un parfum provoca- teur, un pois, gonflé à n’en plus tenir, se fend d’une fine crosse vert tendre, telle cette vie fragile sur laquel- le, professionnellement, nous veillons tous. C’est bientôt l’été. Les M.K. posent leur propre diagnostic. Ils décident en toute autonomie, en pleine responsabilité, des données qualitatives et quantitatives de leur traitement. C’est bientôt l’été. Au coeur de la vie, méca- niciens du geste et de la posture, générateurs de vita- lité, garants de l’harmonie, ils ont choisi le plus beau des métiers, réactiver la sève après un long repos. Les cadres s’approprient l’espace et surfent sur le temps. Des diplômes uni- versitaires émergent de-ci de-là comme capuchons de morilles sous les vestiges mordorés d’un printemps obsolescent. C’est bientôt l’été. Avec coeur et en choeur, ils conçoivent des concepts nouveaux, générateurs d’évolution, de qualité, d’épanouissement. C’est déjà l’été. Abatteurs de cloisons, dis- solveurs d’entraves, des- tructeurs de mythes, enne- mis des habitudes, traqueurs de servitudes, ils s’élancent, droit devant, droits debout, désinhibés, décomplexés, constructeurs et catalyseurs. C’est bien l’été. L’avenir nous sourit car nous sourions à l’avenir. Les difficultés s’aplanis- sent car nous aimons les difficultés. Nos projets vivent car nous vivons de projets. Que vive notre été. François DUFEY Directeur d’E.P.M. La Lettre La Lettre COMITÉ DE PUBLICATION LA LETTRE DU C.S.K. - Michel GEDDA - C.R.F. - B.P. 101 - F39110 SALINS-LES-BAINS La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 1 SANTÉ Recevez La Lettre en braille sur simple demande écrite. SOMMAIRE - Éditorial - Relecture du numéro 13 Vincent BOUDERLIQUE - Découverte : Bouger c’est vivre ! - Parcours d'un cadre kiné : Jean-Claude GARROS - Débats d’opinions - Nos Rubriques courantes - Nouvelles Rubriques CadreKiné.Net Encadrement La Lettre sur site Internet : kine.kinemedia.fr N° 14 - Juin 2000

Transcript of LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un...

Page 1: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

- Daniel MICHONEnseignant-FormateurI.F.M.K. et I.F.C.S. de Grenoble

- Marie-Odile PAILLETChef de Service RééducationC.R.F. "Les Rosiers" de Dijon

- Philippe RIGAUXResponsable Formation Continue"Bois-Larris" Santé Formation

- Patrick ROTGERCoordonnateur RééducationHôpital National de Saint-Maurice

- Michel THUMERELLEDirecteurC.R.F. de Fouquières-lez-Lens

- François ZIMMERMANNEnseignant-FormateurI.F.M.K. de Strasbourg

Coordination :- Michel GEDDA

Kinésithérapeute-ChefC.R.F. Salins-les-Bains

ISSN 1267-7728

ÉDITORIAL

Été.À l’ombre humide et incer-taine d’une jacinthe bleueexhalant l’indécence orien-tale d’un parfum provoca-teur, un pois, gonflé à n’enplus tenir, se fend d’unefine crosse vert tendre, tellecette vie fragile sur laquel-le, professionnellement,nous veillons tous.C’est bientôt l’été.

Les M.K. posent leur proprediagnostic. Ils décident entoute autonomie, en pleineresponsabilité, des donnéesqualitatives et quantitativesde leur traitement.C’est bientôt l’été.

Au coeur de la vie, méca-niciens du geste et de laposture, générateurs de vita-lité, garants de l’harmonie,ils ont choisi le plus beaudes métiers, réactiver lasève après un long repos.Les cadres s’approprientl’espace et surfent sur letemps. Des diplômes uni-versitaires émergent de-ci

de-là comme capuchons demorilles sous les vestigesmordorés d’un printempsobsolescent.C’est bientôt l’été.

Avec coeur et en choeur,ils conçoivent des conceptsnouveaux, générateursd’évolution, de qualité,d’épanouissement.C’est déjà l’été.

Abatteurs de cloisons, dis-solveurs d’entraves, des-tructeurs de mythes, enne-mis des habitudes, traqueursde servitudes, ils s’élancent,droit devant, droits debout,désinhibés, décomplexés,constructeurs et catalyseurs.C’est bien l’été.

L’avenir nous sourit carnous sourions à l’avenir.Les difficultés s’aplanis-sent car nous aimons lesdifficultés. Nos projetsvivent car nous vivons deprojets.

Que vive notre été.

François DUFEYDirecteur d’E.P.M.

La LettreLa Lettre

COMITÉ DEPUBLICATION

LA LETTRE DU C.S.K. - Michel GEDDA - C.R.F. - B.P. 101 - F39110 SALINS-LES-BAINS

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 1

SANTÉ

Recevez La Lettre en brai l lesur simple demande écri te.

SOMMAIRE

- Éditorial

- Relecture du numéro 13Vincent BOUDERLIQUE

- Découverte :Bouger c’est vivre !

- Parcours d'un cadre kiné :Jean-Claude GARROS

- Débats d’opinions

- Nos Rubriques courantes

- Nouvelles RubriquesCadreKiné.NetEncadrement

La Lettre sur si te Internet :k i n e . k i n e m e d i a . f r

N° 14 - Juin 2000

Page 2: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

2 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

Formation en masso-kinésithérapie,déficience visuelle et pédagogie

ou commentinventer une vidéo intérieure.

par :

Hervé COCHET,C.S.K., formateur en I.F.M.K. et I.F.C.S., Paris.

Marjory PALUMBO,M.K. à la Fondation Rothschild, Paris.

- SUITE DU PRÉCÉDENT NUMÉRO -

IMAGE-IN-ACTION

Dans la première partie, les aspects matériels, nousne sommes restés qu’à l’extérieur, à la superficie.

Où en est le monde intérieur de chacun ? Que fairelorsque les hublots sont opaques ou dépolis...? Et sic’était finalement une “vidéo intérieure” et “en 3 D”s’il vous plaît, qui serait à inventer ?

Deux abords s’imposent alors : le discours et l’action.

● Le discours, évident passage par l’audition, pasn’importe lequel car il s’agit de générer de l’image, durelief, du mouvement. C’est celui des conteurs et desarchitectes, la parole du poète et du commentateur defoot à la radio, les mots du café du coin et de l’acadé-micien tout à la fois... Il s’agit de manier un langageprécis et évocateur, rigoureux et imagé, pointilliste etglobalisant, loin et proche simultanément. Les phraseschoisies décrivent au plus près et sautent sur la méta-phore, dissèquent du réel et appellent du virtuel à larescousse. Elles multiplient les angles d’approche etredéfinissent, rassemblent sans cesse.

Un parler agile, ancré fermement dans le concret etvolatile, saisissant au vol l’image de passage, structureset improvisations mêlées. Et ne pas oublier d’é-pe-ler,sinon gare aux surprises à l’écrit, les mots sont bienmoins familiers quand on les voit peu !

À ce discours travaillé se conjugue une écoute de lamême attention : il nous faut entendre celui qui ne suitplus, qui n’a pas vu, qui n’a pas tourné son image inté-rieure dans le bon sens, qui dérape, qui n’a pas imagi-né telle ou telle forme, situations, volumes, gestes...C’est un dialogue d’images intérieures, sans a priori,où tout est possible et surtout la difficulté !

● Et l’action ? Agir, c’est modifier ou maintenir laconfiguration de son corps, c’est une activité cérébra-le complexe engageant perception, émotion, évaluation,motricité et de nombreuses autres fonctions. L’action

peut se tourner vers l’autre : palpation, mobilisation,pratiques kinésithérapiques, et chacun imagine ce trou-peau de mains qui vient “voir” la démonstration du“maître” ou du collègue. Attention à la main, qui estrestée croisée avec sa comparse, qui n’a rien “regardé”,car comment son cerveau construit-il ? Est il là ouailleurs ?

Que croit-il voir ?

Mais agir, c’est aussi se tourner vers soi, apprendreson corps, le considérer, l’utiliser, en explorer les pos-sibilités, les verbaliser. C’est métaphoriser une régionde soi qui devient condyle ou glène, qui mime un rou-lement/glissement, une orientation ou un système.Ressentir est le point de départ du processus de repré-sentation, et c’est une activité à solliciter, à explorer :danse, arts martiaux, sports, théâtre, mimes... Et l’his-toire de chacun, ce livre secret d’expériences motrices,de passé gestuel, comment s’en servir, y puiser ? À cha-cun son intime connaissance corporelle, spatiale, quiva aider ou freiner !

Discours et action tournés vers l’image en mouve-ment transforment le pédagogue en metteur en scèned’autant de films qu’il y a d’esprit/cerveau en présen-ce et il ne maîtrise rien, il tente !

ET EN STAGE ?

La formation des étudiants déficients visuel en stagefait surgir deux nécessités : faire découvrir d’une part,évaluer la faisabilité d’autre part.

Au début du stage, ce qui compte c’est de prendrele temps de visiter, se repérer, se représenter, recon-naître les lieux comme les personnes, les habitudes etle fonctionnement du service. Pas toujours simple à ins-taller, ce laps de temps demandant de la disponibilitéest pourtant rentable pour la suite, c’est un investisse-ment à moyen terme.

Pour ce qui est de la faisabilité de tel ou tel actel’évaluation en revient prioritairement au stagiaire défi-cient visuel lui-même. Impossible d’évaluer à sa place,de voir pour lui ! Cela demande de l’information, de laconfiance mutuelle et cela bannit tout a priori sur lehandicap. Finalement, cela fait appel à des qualités derééducateur : recherche d’autonomie, reconnaissancede l’autre, apprentissage des limites, invention de stra-tégies nouvelles...

Frottements, rencontres avec le concret, intégrationdans un monde réel contenant des enjeux, c’est ce quele stagiaire déficient visuel attend, espère et redoute :“qui est qui, où est quoi, qui je suis là, va-t-on me faireconfiance moi qui ne vois pas bien ?” C’est un stageavant le stage, c’est sa propre faisabilité qu’il teste,c’est la faisabilité de son avenir...

FORMATION

Page 3: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 3

Janvier 2 000 : Numéro 13

par :

Vincent BOUDERLIQUE

Militaire, cadre de santé kinésithérapeute de la cuvée“AP-HP 1999”, affecté dans le département de

Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Servicede Santé des Armées au 1er août, je vous adresse ma relec-ture avec un sentiment mêlé de plaisirs et de craintes.

Lire, relire et analyser vos articles pour produire cetterubrique est une nouvelle forme de parcours du combat-tant, un nouveau défi après celui de l’I.F.C.S.. Je vous pro-pose donc une simple relecture courte mais rigoureuse deLa Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute.

● Éditorial (page 1) :

Des questions simples, des réponses courtes. Ungrade, un titre, une fonction, des missions, un parcours,des changements, de l’action, des angoisses, de l’exal-tation, des rencontres, des confrontations, et pour conclu-re le “personnage” qu’est Patrick Rotger, nous adresseune interrogation en forme de pirouette : “...qui lais-serait sa place ?”. Que celui qui ne s’y retrouve pasrelise cet éditorial.

● Documentation (page 2) :Le CISMeF du C.H.U. de Rouen.

Il est très intéressant de savoir ce que font les ser-vices de documentation de l’E.N.S.P.. L’accès à l’infor-mation est facilité par les progrès permanents de l’outilinformatique et du système “Internet”. La puissance de

stockage conduit à mettre en place de nouvellesméthodes de classement pour éviter une rupture dansla recherche d’une information de qualité et qui soitréellement exploitable.

Pour préparer le mémoire de fin d’étude cadre desanté, j’ai eu la possibilité de naviguer - à défaut de savoirsurfer - sur le web. Au risque de se noyer, l’abondancede données peut vous faire perdre le fil de votre pensée.

Comme le montre le choix du CISMeF du C.H.U.de Rouen, la méthode est essentielle pour une rechercheefficace en qualité et en temps. Pour “accéder à desdonnées fiables, exhaustives et actualisées”, il est impé-ratif de bien maîtriser sa question avant de la formali-ser sur l’écran.

● L’A.F.R.E.K. (pages 5 et 6) :La méthodologie P.M.P.

Dans la suite du numéro précédent, il est présentél’application à la kinésithérapie de la méthodologieP.M.P., “Problème - Manuel - Procédure”, élaboréepour la Formation Médicale Continue. Je dois avouerdes difficultés pour correctement relire cette rubriqueriche et dense. Comme le répétait mon directeur demémoire I.F.C.S. : “Tu es dans une trop forte domi-nante de pensée pratique”. La distanciation est un exer-cice difficile.

● Courriers (pages 7 et 8) :

Intégrer dans le programme des études de masso-kinésithérapie un module recherche dans l’objectif de“favoriser chez l’étudiant la connaissance et l’intégra-tion de la démarche...” est de plus en plus souhaité parla profession.

RELECTURE DU PRÉCÉDENT NUMÉRO

ALORS, TRANSFÉRER ?

La réponse est d’autant plus affirmative qu’une der-nière richesse, et non la moindre, est à signaler : petitnombre certes, mais cela ne signifie pas simplificationcar ils viennent de partout, pays, âge, origine sociale,passé professionnel ou/et estudiantin, sports, loisirs...

En dix personnages nous voyons rassemblés desextrêmes sociologiques, géographiques, psychologiques,physiques... bref, anthropologiques. Le seul point quisemble commun est la déficience visuelle mais chacunvoit mal, ou ne voit pas, à sa façon, unique quoi qu’ilen soit ! Cette fantastique diversité constitue un redou-

table défi pédagogique, et en même temps, une sourceinépuisable de créativité.

À notre interlocuteur en quête de solutions nouvellesnous pourrions répondre : “regarde tes étudiants commedifférents les uns des autres, exploite leur diversité,l’hétérogénéité qu’ils recèlent, et invite les à regarderen eux-mêmes, à s’inventer une vidéo intérieure !!!”.Former des déficients visuels apprend au pédagogueune pédagogie... du regard !

Béatrice CHAPIN,Pascale JAILLARD,

Responsables de la Chronique.

Page 4: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

L’exemple de l’École Cantonale Vaudoise dePhysiothérapeute, décrit par Claude Pichonnaz, montrel’intérêt pédagogique de développer ce processus dequestionnement à partir d’une méthodologie. Au seinde cette École, la durée des études à 4 ans et d’autresfacteurs (historiques, politiques, ou culturels) ne faci-litent-ils pas la mise en oeuvre et la conduite continued’un projet de formation adapté à l’évolution de la pro-fession de physiothérapiste ?

● Profession Santé (page 8) :Le dossier du patient en masso-kinésithérapie.

La problématique est clairement posée, l’enjeu estmajeur face à démarche d’évaluation et d’accrédita-tion.

Au sein des 9 hôpitaux du Service de Santé desArmées (S.S.A.), un dossier minimum commun dupatient est en cours d’implantation. Pour les cadreskinésithérapeutes militaires, l’implication des équipesde rééducateurs professionnalisées passe par une col-laboration et une complémentarité avec le service desoins infirmiers, concepteur de la charte d’utilisationdu Dossier de Soins Minimum Commun du S.S.A..

La “réticence devant l’écrit” sera t-elle diminuéepar la dynamique d’un projet partagé entre tous les para-médicaux avec un enjeu commun : la qualité de la priseen charge globale du patient ?

● Découverte (pages 9 et 10) :L’Agence Nationale d’Accréditation et

d’Évaluation en Santé (ANAES).

Dans le continuum de la rubrique précédente, àdécouvrir ou redécouvrir l’Agence Nationaled’Accréditation et d'Évaluation en Santé. Il reste dupain sur la planche pour que nos institutions, nos ser-vices, nos équipes et nous-mêmes soyons évalués etvisités.

● Parcours d’un cadre kiné (pages 11 à 15) :Pierre Trudelle.

(Très) jeune cadre kinésithérapeute marchant àl’E.P.O.(Évaluation d’une Profession Optimisable),avec solides bagages et parcours à faire pâlir bien descollègues (anciens, nouveaux ou futurs) vous répondavec franchise et clarté.

Les arguments sont étayés, les convictions sont pro-fondes. Les points favorables (la perception de la pro-fession par le public et sa jeunesse historique) et lespoints faibles (le mode d’exercice individuel et les dif-ficultés de communication interprofessionnelle) ouvrentdes pistes de réflexion pour l’avenir de notre profes-sion.

● Mémoires cadres (pages 16 à 18) :Évaluation du kinésithérapeute.

La présentation des deux mémoires cadres fait res-sortir une double complexité :

- d’une part, par la méthode choisie : plusieurs hypo-thèses ;

- et d’autre part, par le thème retenu : l’évaluationdes masseurs-kinésithérapeutes.

Tout en soulignant la qualité de ces travaux avecl’utilisation de la méthode Delphi aboutissant à laconstruction de la grille d’évaluation pour BernadetteWiechec, et la parole donnée aux personnes rééduquéeshospitalisées pour Renaud Dudouet, il est rappelé leslimites qu’impose la réalisation d’un mémoire au coursde la formation de cadre de santé, comme le risque denombreux biais ou d’écrire qu’une hypothèse est par-tiellement vérifiée.

Être apprenti chercheur reste un cheminement par-ticulier, difficile, traversé de période qualifiée de dou-loureuse, où l’auteur doit trouver un soutien critiquesans faille en la personne du directeur de mémoire.

● Formation (page 19) :Formation en masso-kinésithérapie,

déficience visuelle et pédagogieou comment inventer une vidéo intérieure.

Les contours des questions sont cernés et affinés.Les réponses seront précises, constructives. Les outilssont diversifiés, adaptables et ne sont pas véritablementlimités par la déficience visuelle.

Au contraire, la finesse des représentations en vidéointérieure s’enrichit de la qualité pédagogique de l’inter-venant, “qui libère avant tout sa propre parole grâceau support qu’il propose”.

Au-delà de cette relecture, La Lettre du Cadre deSanté Kinésithérapeute présente l’avantage de s’arti-culer autour de rubriques abordant ou s’appuyant àla fois sur des concepts et des expériences pratiques.

Aujourd’hui, plus qu’hier, s’améliorer profes-sionnellement c’est s’exprimer par l’écrit en accep-tant d’être face à un lecteur à l’esprit attentif, justeet respectueux d’un objectif constructif.

Que l’équipe des cadres réalisant cette revue soitremerciée et encouragée dans sa démarche.

4 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

Vincent BOUDERLIQUESurveillant à l’H.I.A. Bégin. (94).

Page 5: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 5

Internet pour les cadres M.K. :explications et découvertes...

Enfin.

Internet, courrier électronique, salon de discussion,pages personnelles, même si vous n’avez pas d’ordi-

nateur (!?), actuellement, vous entendez ces mots aumoins une fois par jour.

Tout reste basé sur une idée simple : le TCP (Trans-mission Control Protocol). Le TCP est un protocoleunique disposant d’une traduction particulière avecchaque protocole de n’importe quel réseau présent ouà venir. L’ordinateur devient alors une passerelle pourtransmettre les informations. Cet espéranto informa-tique révolutionne la communication.

Actuellement, il est possible de communiquer dutexte, du son, des images ou de la vidéo dans le mondeentier, et cela en un temps record. Ainsi, on voit se créerdes radio de particuliers, bientôt des “télévisions libres”grâce aux hauts-débits (les fichiers d’images à transfé-rer étant plus importants et nécessitent de plus gros“tuyaux” entre ordinateurs). Les technologies WAP(Wireless Application Protocol) permettent même derecevoir les pages d’Internet sur son téléphone portable.

Dans le domaine médical, la révolution de l’infor-mation a commencé le 26 juin 1996 quand le vice-pré-sident des États-Unis (Al Gore) a levé les barrières deprotection des bases de données de la National Libraryof Medicine. N’importe qui, n’importe quand, peutdepuis cette date accéder à Medline pour effectuer desrecherches documentaires à un prix dérisoire.

Parallèlement les éditeurs de revues ont placé lesrésumés, voire des articles intégraux, “en ligne” (essayezde localiser des revues par la librairie Mulford<http://www.mco.edu/lib/instr/libinstj.html>). Il estpossible de consulter les sommaires de toutes les revues,quand on le souhaite… On parle déjà du paiement endirect des articles…

Refuser l’innovation, c’estse placer en marge, s’isolerdes autres et se replier sur soi.Nous vivons un raz-de-maréequi va bouleverser les pratiques àune vitesse encore inconcevable.Saisissons l’opportunité pour utiliser cetoutil de communication rapide et à réactualisation ins-tantanée !

Les possibilités offertes pour le cadre kinésithéra-peute sont de 3 types : la toile (web), le courriel (E-Mail), et les forums ou salons de discussion (news-groups et chats).

● La toile (web) : créer un site est grandement faci-lité par la plupart des nouveaux logiciels (certains gra-tuits) et par les nombreux sites d’hébergement gratuit(<www.multimania.fr>, <www.dromadaire.com>,<www.ifrance.com>, <www.chez.com>, <www.tri-pod.fr>).

Pour en savoir plus : <www.gratuit.org/heberge.htm>ou <http://members.xoom.com/gratuits/centre.htm>.

La procédure de création d’un site est toujours lamême :

- arborescence ;

- plan (storyboard) ;

- édition sous le format HTML (langage commun àtous les navigateurs : Internet Explorer, Netscape...) ;

- création de fichiers images (format .Gif ou .JPeg)son ou vidéo ;

- transfert du fichier avec le protocole FTP (logi-ciel souvent gratuit).

N’oubliez pas le mode hypertexte (possibilité de cli-quer sur un lien dans le document et de sauter de pageen page…). En général, un week-end pluvieux suffit àréaliser son site.

Les écoles de kinésithérapie anglo-saxonnes ont pra-tiquement toutes un site web (allez jeter un coup d’œilau cyber-cours de l’école d’Édimbourg en choisissantpar exemple les cours d’anatomie en ligne :<http://shore.qmced.ac.uk/>). En France, moins de dixd’écoles sont répertoriées. Il existe un site de la socié-té internationale des enseignants en kinésithérapie quin’est pas souvent réactualisé, mais qui montre les acti-vités de cette société (<www.isep.org.au>).

Et vous ?

Peut-être souhaitez-vous trouver ou partager desinformations sur la fonction de cadre ? Avec un sitenational ? Envoyez un mail sur les chapitres que voussouhaiteriez trouver. Dites-nous si vous voulez deve-nir maître-toile (webmaster).

Pierre TRUDELLE

Kinésithérapeute Libéral,Paris

NNoouuvveelllleeCChhrroonniiqquuee

Cadrekine.net

Page 6: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

6 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

● Le courriel ou courrier électronique (E-Mail) : ilpermet d’envoyer des messages à un ou plusieurs corres-pondants (en cachant éventuellement les adresses). Vouspouvez joindre à votre message des fichiers multimédia.

Si vos documents sont très importants, ils seront auto-matiquement compressés par votre Fournisseur d’Accèsà Internet (FAI) et redécompressés par le FAI du desti-nataire. Un conseil : compressez vous-même vos fichiers,vous n’aurez pas de surprise. Si votre document reste muet,vous trouverez tous ces logiciels utilitaires dans les CD-ROM des revues sur Internet, sur des sites FTP(<ftp://ftp.netscape.com> ou <ftp://ftpsearch.lycos.com>)ou auprès de votre FAI.

La difficulté actuelle du courrier électronique est delocaliser un annuaire répertoriant les adresses. Il n’y a pasd’annuaire unique…

● Les forums ou salons de discussion (newsgroupset chats) : Deux possibilités sont offertes.

Premièrement, le forum : vous rédigez des questions oudes réponses dans des pages web (grâce au script CGI :Common Gateway Interface, sorte de porte d’entrée quele webmaster a inclus dans ses pages), ces données sontaccessibles à tous (voir par exemple : <http://kine.kine-media.fr/forum/index.html>).

La seconde possibilité est d’assister à des discussionsen direct en passant soit par votre FAI soit en sélection-nant “news” par votre messagerie (et les sujets de dis-cussions qui vous intéressent) (Netscape Messenger,Outlook Express...). Cette formule ressemble aux discus-sions sur Minitel.

Pensez-vous utile la présence d’un forum sur la fonc-tion de cadre ? Un service de petites annonces…

Ce premier article se veut volontairement interactif.

Nous vous proposons une sélection de sites :

● répertoires de liens :

- C.H.U. Rouen : <http://www.chu-rouen.fr/ssf/ree-dufr.html> ;

- KineScoop : <http://members.aol.com/kinescoop> ;

- à l’étranger : <http://medmark.org/pmr/pmr.html> ;

● sites de rééducation :

- en France : <http://kine.kinemedia.fr/> ;

- à l’étranger : <http://www.physiotherapy.ca/> ;<http://www.apta.org/> ; <http://www.physicalthera-pist.com/>.

À vous de réagir par mail ou courrier…

[email protected].

François DUFEY,

Directeur TechniqueInstitut de Formation en Masso-KinésithérapieLariboisière (75).

Avenir avenant ?

Prévoir l’avenir ? Mission impossible.Pourtant dans les I .F.C.S. , prévoir

l’imprévisible est à l’ordre du jour, l’avenirest la mission du cadre ; et comme d’aucunsconçoivent des “vidéos intérieures”, nousdevons concevoir des vidéos du futur.

La vision est notre mission, et pourtant...voilà que nous découvrons que la Santé Publiqueest en péril, les indicateurs étaient pourtant là :besoins accrus de la population en soins de qua-lité, augmentation de nombre de personnes âgéesmédicalisées, diminution du temps de travail...

Nous découvrons soudain que dans 5 ans lenombre de médecins sera insuffisant. Pire, nousallons manquer d’infirmières ; il faut en formerdès cette année 8000 de plus, 1800 pour la seuleÎle de France, 900 pour l’assistance Publiquequi venait de fermer des instituts.

Et voilà que nous allons diminuer les quo-tas de masseurs-kinésithérapeutes ! Deux hypo-thèses : soit il s’agit vraiment d’une profes-sion obsolète et inutile, soit nous sommesdevenus myopes.

Conclusion :

Il est clair que la qualité du soin et l’éva-luation des techniques de rééducation ne pas-seront plus par nous.

De cette simple option, nous pouvons endéduire quelques orientations:

- mutualisation des ressources des différentsprofessionnels de rééducation ;

- fusion dans un espace européen ;

- ouverture de la formation initiale à l’indis-pensable recherche ;

- maîtrise de l’anglais par tous les acteursde santé, seule langue, vecteur de la connais-sance, des échanges et de la recherche.

Qu’importe la langue, pourvu qu’on ait la vie.

DÉBATD’OPINIONS

Page 7: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 7

Les études deKinésithérapie en Suède.

La Suède possède une culture de l’utilisation de soncorps bien ancrée. La gymnastique suédoise a fait le

tour du monde au siècle dernier, et les suédois pratiquentrégulièrement des activités sportives et des techniquesd’étirement (pour le loisir ou en milieu de travail).

Le métier de kinésithérapeute (sjuk-gymnast) esttrès répandu en Suède avec à peu près 12 000 prati-ciens. La formation est universitaire et peut s’effectuerdans 7 Universités différentes (Boden, Göteborg,Linköping, Lund, Stockholm, Umeå et Uppsala).L’entrée dans les Universités s’effectue sur dossier etil est nécessaire de présenter de bonnes notes dans lesmatières scientifiques.

Différentes formations sont alors proposées auxfuturs kinésithérapeutes :

● Bachelor of science (équivalent français debac+3). Ce niveau de base consiste à suivre 3 ans decours et de stages pour accumuler un total de 120 points(40 par an). Le diplôme est un “Bachelor of science inPhysiotherapy”.

● Magister (équivalent français de bac+4). S’il lesouhaite, l’étudiant peut poursuivre une année supplé-mentaire pour accumuler 40 nouveaux points. La moi-tié de ces points s’obtiend sur des matières généraleset l’autre moitié correspond à des matières choisies parl’étudiant. Le diplôme est un “Master of Physiotherapy”.

● PhD (équivalent français de bac+5 ou +7). L’étu-diant poursuit son cursus pour effectuer encore 2 ansd’études (“licenciater” en kinésithérapie) ou encore 4ans d’études (“docteur en kinésithérapie”). Certainsétudiants pouvant aller jusqu’au niveau de professeuren kinésithérapie. La réalisation de travaux de rechercheet la soutenance d’une thèse s’effectue en parallèle descours.

● Spécialiste (“Specialistkompetens i sjukgymnas-tik”). Au stade de “Bachelor of science”, l’étudiant peutdécider de commencer à travailler pour éventuellementse spécialiser. Il doit alors travailler 2 ans avant de pos-tuler pour une spécialité. Une fois accepté pour suivreles cours de sa spécialité, il devra travailler sur le sujetpendant 3 ans sous le contrôle d’un tuteur. Les travauxde recherche, les publications, les séminaires sont desétapes à franchir pour obtenir ce grade.

Les kinésithérapeutes suédois sont fiers de leur pro-fession et possèdent une très bonne image de marqueauprès de la population. Solliciter le kinésithérapeutede l’entreprise pour un conseil ou pour effectuer desexercices est fréquent.

La connaissance professionnelle est construite pardes docteurs ou des professeurs en kinésithérapie. Cetterelative indépendance a permis aux professionnels demettre en évidence l’intérêt de la rééducation et de valo-riser les compétences de la profession dans le mondede la santé.

Pour pouvoir enseigner, il est demandé un niveauPhD ou au moins un Master ofscience in physiotherapy, ana-tomie, physiologie, médecine,etc. Il y a à peu près 100 ensei-gnants en Suède.

Lors des échanges que l’onpeut avoir avec les profes-sionnels de ce pays, il apparaîtque la France et son systèmeunique de formation semblentarchaïques et que noussommes “un drôle de pays”...

Remerciementsà Cecilia ALMQVIST et Ewa WOLGAST,pour leur aimable contribution.

CADRES EN EUROPE

Phil ippe RIGAUX,Responsable de la Chronique.

PPrree ssccrriipptt iioonn :: ssuupppprr ee ssss iioonn dduu qquuaall ii ttaatt ii ffee tt dduu qquuaannttii ttaatt ii ff ,, ccoommmmeenntt ffaaii tt ll ee ccaaddrr ee.. .. .. ssaannss aabb iimmeerr ll ee ss rr ee llaatt iioonnss hhuummaaiinneess ??

LA QUESTION NAÏVE

Page 8: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

8 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

Les activités de l’A.F.R.E.K.au cours de l’année 1999.

Tout au long de l’année qui vient de s’écouler, laréputation de sérieux acquise par l’A.F.R.E.K. lui

a valu d’être souvent sollicitée pour fournir des parti-cipants aux activités normatrices en cours. L’A.F.R.E.K.a pu donner son avis, et accompagner les changementsmajeurs qui modifient l’exercice de la profession, tanten exercice libéral que salarié.

L’Association se veut au service de la profession.Les participants aux différents groupes de travail n’ontpas toujours eu gain de cause sur les modalités théra-peutiques attribuées à la kinésithérapie, mais ils ontœuvré dans le sens de recommandations acceptables,où le rôle du kinésithérapeute était rappelé aux côtésde celui des autres disciplines de rééducation.

● Conférences de Consensus 2000 : le thème rete-nu a été celui du diagnostic et traitement de la maladiede Parkinson (3 mars 2000). Un membre éminent del’A.F.R.E.K. faisait partie du jury.

● Prévue pour septembre : Prise en charge de labronchiolite du nourrisson.

● Un groupe de travail consacré à l’ostéoporose dela personne âgée comprend un membre de l’A.F.R.E.K..

Ce qui veut dire que les actions se poursuivent.

● Diffusion des Recommandations Professionnellesau cours de l’année 2000 : il s’agit des productions desgroupes de travail qui ont œuvré sur des thèmes diffé-rents tout au long de l’année. Selon le thèmes, lesconfrères désignés par l’A.F.R.E.K. ont fait partie descomités d’organisation, des groupes de travail ou desgroupes de lecture. Dans certains cas, ils ont été char-gés de projet (J.M. Lardry, H. Portero), ce qui impliqueune lourde charge de travail.

Les textes de recommandations intéressant notreprofession paraîtront successivement au long de l’année :

● Février : Prise en charge diagnostique et théra-peutique des lombalgies et lombo-sciatiques communesde moins de 3 mois d’évolution.

● Avril : Évaluation et stratégies de prise en chargede la douleur aiguë en ambulatoire chez l’enfant de1 mois à 15 ans.

● Mai : - Évaluation de la prise en charge théra-peutique de la douleur chez les sujets âgés non com-muniquants.

- Dépistage et diagnostic précoce de la mala-die d’Alzheimer et des détériorations apparentes.

● Juin : - Indications et techniques de rééducationpérinéo-sphinctérienne chez la femme, à l’exclusiondes affections neurologiques.

- Le dossier du patient en M.K..- Rééducation de l’entorse de la cheville.

Parmi les études d’évaluation technologique : Place del’isocinétisme en rééducation, parution probable en 2000.

Si Monsieur Spaeth (1), président de la C.N.A.M.T.S.,se déclare prêt à renoncer à la “dictature du volume”et favorable à une révision de la nomenclature, c’est enpartie au moins parce que la profession a fait l’effortde se doter d’un organisme qui s’est rendu crédible parses actions constructives dans le domaine de l’évalua-tion, même au risque de devoir abandonner des certi-tudes bien ancrées mais non fondées.

La partie moins agréable de l’entreprise consiste àintégrer ce que disait Monsieur Johannet, directeur géné-ral de la C.N.A.M.T.S., ce même jour : “la séparationentre les soins médicalement utiles et les autres est unefrontière qui évolue sans cesse, une frontière poreusequi dépend des indications thérapeutiques…” pour seretrouver du bon côté de la frontière, les procédures uti-lisées en kinésithérapie devront progressivement aban-donner le relent de dogmatisme qui les entoure.

Certes, les recommandations de l’ANAES n’obtien-nent pas pour la profession tout ce qu’elle aimerait obte-nir. Mais il appartient aux confrères de justifier leursrequêtes, et en première analyse de connaître la litté-rature internationale dans ce qu’elle apporte pour etcontre l’intervention du kinésithérapeute.

Et la vigilance s’impose. Lorsque l’évidence mili-te en faveur de la kinésithérapie (ainsi les suites d’entor-se de cheville), on nous rétorque qu’il y en a des mil-liers chaque année, que les traiter coûte très cher et quede toute manière l’évolution se fait dans le sens de laguérison. Ce n’est pas faux, mais le raisonnements’applique à la grippe de l’adulte, qui finit par se cal-mer et dont les épisodes sont extrêmement nombreux.Doit-on recommander l’abstention thérapeutique ?

Accepter ce raisonnement, c’est accepter la méde-cine à deux vitesses : le sportif professionnel sera soi-gné, le gusse lambda ne le sera pas. Nous connaissonsl’application de cette politique aux victimes de lom-balgie aiguë : Sampras se fait soigner en urgence, maison conseille au manœuvre de ne pas traîner au lit, toutira bien, c’est prévu comme ça.

1. Rencontre Syndicats-Caisses du 2 février 2000, KA 754;2000.

L'A.F.R.E.K.

Éric VIEL,Responsable de la Chronique.

Page 9: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 9

Quelques conseilspour rédiger une bibliographie.

Il existe plusieurs façons de présenter une bibliogra-phie. Les plus usitées sont la présentation des réfé-

rences par ordre alphabétique ou numérotées par ordred’apparition dans le texte.

La première présente :

- soit l’ensemble des références citées dans le docu-ment, insérées dans le texte sous la forme [auteur, année] ;

- soit une liste de documents sur le sujet (liste par-fois intitulée “pour en savoir plus”), et dans ce casaucune référence n’est insérée dans le corps du texte.

La seconde, à mon sens plus précise et plus rigou-reuse, nécessite la numérotation des références dans letexte. Si le travail est fait manuellement, il faut alorsprendre garde à ce que toutes les références bibliogra-phiques apparaissent bien dans le texte, et inversement. Lorsque la bibliographie est importante, ce travail peutdevenir long, fastidieux, et source d’erreurs (surtout siles références sont citées plusieurs fois dans le texte).Des logiciels de gestion de bibliographie très perfor-mants sont commercialisés et sont une aide précieuseet d’une grande fiabilité.

Présentation :

Pour la présentation de la bibliographie, le rédac-teur est souvent soumis aux instructions aux auteurs del’éditeur (voir pour les principales revues médicales :<www.acponline.org/journals/resource/umrlist.htm>de la Mulford Library), plus ou moins strictes dansl’écriture, afin de rendre l’ensemble homogène.

Mais, de façon générale, quelques règles doiventêtre respectées, l’identification de la référence étant, àmon avis, primordiale surtout lorsqu’il s’agit de litté-rature grise (non indexée sur les banques de données).

La référence peut être un article de périodique, unouvrage, un chapitre de livre, un rapport, une thèse…

mais quel que soit son type depublication, elle doit compor-ter des éléments indispen-sables dont la liste (agrémen-tée de quelques remarques) suit :

● Le (ou les) auteur(s) :

- les initiales des prénoms suffisent ;

- développer le nom complet de la sociétéauteur (et ne pas se contenter du sigle ou del’abréviation).

● Le titre (et le sous-titre) :

- en respectant la langue originale de l’auteur ;

- bien différencier le titre du chapitre, du titredu livre (séparés par In).

● La source :

- pour un périodique : le nom de la revue(abrégée si possible), l’année de publication,le volume, numéro ou tome, puis les pages ;

- pour un ouvrage : le lieu d’édition, l’édi-teur puis l’année de publication (les pagesme semblent facultatives) ;

- pour un rapport : l’auteur est souvent sonpropre éditeur, on peut reprendre le modèlede l’ouvrage en étant le plus précis possible(car c’est cette littérature qui est difficile àretrouver).

Quelques exemples plus parlants :

Greuillet F, Couturier P. Résultats à 2 ans de la rééducation de l’incontinence urinaire chez73 femmes âgées de plus de 60 ans. Ann Réadapt Méd Phys 1998;41:139-45

Royal College of Ophthalmologists.Guidelines for cataract surgery.London: RCO; 1995.

Agence Nationale d’Accréditation et d’évaluation en Santé.Le manuel d’accréditation des établissements de santé.Paris: ANAES, 1999.

Bataillon J.Évaluation des réseaux de soins: proposition de cadre méthodo-logique pour l’évaluation des réseaux de soins en France. Lyon:Mémoire de DEA: Méthodes d’analyse des systèmes de santé;1998.

Agency for Health Care Policy and Research.Development of the CAHPS survey instruments. Available from:http://www.ahcpr.org

Chen HT, Rossi PH.Introduction: integrating theory into evaluation practice.In: Using theory to improve program and policy evaluations.New-York: Greenwood Press; 1992. p.1-11.

- Présentation inspirée du modèle de Vancouver -

DOCUMENTATION

Emmanuelle BLONDET

Documentaliste,Service de Documentation de l’ANAES

NNoouuvveellllee

RReessppoonnssaabbllee ddee

CChhrroonniiqquuee

Page 10: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

10 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

Bouger c’est Vivre

La dépendance des personnes âgées représente unedouble charge sur le plan démographique et éco-

nomique. Dans le début des années 70, la prise deconscience de cette réalité a déterminé des actions pré-ventives au quotidien.

La dépendance n’est pas une fatalité. Il fautapprendre à bien vieillir pour prévenir la dépendanceet ceci depuis l’âge de 40 ans. Il est primordial de pou-voir se déplacer, manger, se laver seul pour pouvoirvivre dans les meilleures conditions possibles. La per-sonne même très âgée est capable d’avoir des activitésphysiques et sportives adaptées.

Depuis 20 ans environ, l’association “Bouger c’estvivre” s’est fixé un objectif : aider les personnes à vieillirdignes et autonomes. Il s’agit en priorité de dégrabati-ser, autonomiser, stimuler, animer, resocialiser les per-sonnes en perte d’autonomie.

Pour cela, elle organise des actions de conseil et deformation, notamment dans les institutions gériatriques,visant à animer, dynamiser, stimuler le corps et l’esprit.

Les services :

● Aide au projet de service ou d’établissement.

● Prévention des lombalgies du soignant.

● Prévention de la perte d’autonomie.

● Amélioration de la qualité de vie.

● Amélioration de l’accueil des déments séniles.

● Réduction des coûts (incontinence).

● Gestion efficace des ressources humaines (accueil,communication, animation).

Les moyens :

● Équipe multidisciplinaire expérimentée pouraccompagnement sur le terrain.

● Audits en vue d’apporter des réponses aux pro-blèmes d’établissement (ergonomie, perte d’autonomie,incontinence).

● Programmes de stimulation préventive dans lesinstitutions gériatriques.

Quelques exemples :

Dynamisation des institutions gériatriques :

- animation physique psychique, stimulation du corpset de l’esprit ;

- jeux olympiques des aînés ;

- sports adaptés malgré un handicap constitué ;

- ateliers d’expression artistique ;

- ateliers mémoire ;

- mise en place d’une politique de “l’éveil” neuro-sensoriel.

Les intérêts d'une activité physique régulière sontmultiples :

● Limitation du vieillissement de l’appareil loco-moteur (appareil musculaire et ligamentaire) : yoga,gymnastique chinoise (Taï Chi).

● Amélioration du capital osseux et lutte contrel’ostéoporose : sports d’extension comme le tir à l’arc.

● Amélioration des capacités respiratoires : gym-nastique avec ballons, balles, bâtons, foulards.

● Resocialisation de la personne âgée, lutte contrela solitude, image de soi positive, amélioration dela communication avec les autres par plaisir parta-gé : danse avec musique.

● Amélioration de l’équilibre, diminuer la peurde la chute :

- balançoires ;- parcours avec engins suspendus à éviter ;- piste de marche avec obstacles ;- apprentissage du relever du sol ;- jeux de kermesse.

Et même : parachutisme, patinage, cyclotouris-me, bains en piscine, jaccuzi, pédalo, aviron, golf...

DÉCOUVERTE

Association

Bouger c’est VivreBouger c’est Vivre2, Rue Raymond

Lefèbvre34200 SETE

Patient du lit au fauteuil, du fauteuil, au lit.

Page 11: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 11

Quel est votre parcours profes-sionnel ?

J’ai été diplômé kinésithérapeu-te en 1968 à l’école de l’Hôpital desEnfants-Malades. Ce diplôme mettaiten résonance comme un point d’orguecertaines pratiques et connaissancesacquises bien des années auparavant.

Mon cheminement personnels’inscrit dans la continuité d’une chaî-ne logique, celle d’une vie orientée versle soin. Un peu autodidacte, j’ai faitparfois œuvre de pionnier en certainsdomaines de la kinésithérapie : réédu-cations de l’asthmatique, orthopédique,sensitive de la main et en gériatrie.

Pour bien comprendre, il faut par-ler d’abord d’un parcours pré-profes-sionnel. Dès l’âge de 16 ans, je prati-quais le sauvetage et le secourisme.Lorsque mes condisciples du collègePaul Valéry de Sète s’agitaient dans les“surprises-parties”, je passais mesweek-ends à soigner les accidentés dela route (en 1961, il n’y avait pasd’autoroute pour l’Espagne et laNationale 7 était meurtrière). LeS.A.M.U. n’existait pas, les premierssecours étaient confiés à la Croix-Rouge-Française et à la FédérationNationale de Sauvetage. L’été, je sur-veillais la baignade et les sports nau-tiques. C’est pourquoi j’ai toujours euun vif intérêt pour l’anatomie du pou-mon, la respiration, puis plus tard larééducation respiratoire et le réentraî-nement à l’effort.

En 1963, j’ai obtenu le Diplômed’État d’Infirmier et celui d’InstructeurNational de Sauvetage et Secourisme.Ce qui explique que le brancardage etla manutention des blessés et handica-pés me soient familiers. J’ai exercé toutd’abord les fonctions d’infirmier auCentre Hospitalier de Troyes.

Au cours de mon service mili-taire en 1965 dans le Service de Santé,l’occasion m’a été donnée de formerde nombreux appelés au secourisme etde préparer au Diplôme de Surveillantde Baignade et de Maître Nageur.

J’entre en formation kiné en 1966.Après mon diplôme, je fais fonction desurveillant à l’Hôpital de Troyes où jesuis seul kinésithérapeute à temps pleinpour 1500 lits. Je pratique en réani-mation pneumologique, en chirurgieorthopédique et à la consultation du DrRoger Hinzelin, médecin de rééduca-tion et pneumologue.

En 1970, j’exerce à la Cliniquede Rééducation des Sources à Vernet-les-Bains, station thermale à 800 mètresd’altitude dans les Pyrénées-Orientales.Je découvre l’intérêt de la balnéothé-rapie. Le Dr Cros, médecin-chef, m’ini-tie à l’appareillage et à l’esprit de laRéadaptation. Nous mettrons en placeune école du dos en milieu thermal etun parcours de marche pour les por-teurs de prothèses.

La direction du centre tient àl’efficacité et à la compétence de seskinés. Je bénéficierai ainsi de forma-tions diverses. Avec quelques libérauxdes Pyrénées Orientales, nous fon-drons le Cercle d’Études de Kinésithé-rapie du Roussillon et découvrironsencore bien d’autres techniques.

En septembre 1971, j’intègre,pour l’année scolaire, un établissementsanitaire et lycée climatique d’altitudeLa Perle Cerdane à Osseja, près deFont Romeu. Cet établissement reçoitdes nourrissons, enfants et adolescentsporteurs d’affections respiratoires et dedéformations rachidiennes et thora-ciques, et des hémophiles. Avec deuxautres confrères, nous assurons le rôlede “professeur de gymnastique” : lesadolescents pratiquent en plus de leur

rééducation 12 heures de sports col-lectifs par semaine, plus la piscine, lapatinoire et les marches en montagne.

Nous organisions alors avant lesgrandes vacances des “Olympiades”avec les collèges de Perpignan. Cetteexpérience novatrice fut rapportée dansdiverses revues scientifiques. En mars2000, “La Marche du Siècle” lui consa-cra un reportage soulignant ses valeurset intérêts pour la santé.

En juillet 1972, je m’installe enlibéral à La Capelle, gros bourg ruraldans l’Aisne de 3500 habitants, chef-lieu d’un canton appelé “La Thiérache” enNormandie du Nord. Cette région agri-cole est connue pour sa foire interna-tionale aux fromages, c’est aussi la citédu cheval. De nombreux jockeys etcavaliers me confient leur dos. Ce quim’oriente vers la Thérapie Manuelle.

La population de cette région sesoigne chez elle par tradition ; je pra-tiquerai très souvent à domicile. La visi-te du kiné est non seulement souhai-tée, mais attendue. On se sent utilecar en plus de l’acte thérapeutique, ilfaut pratiquer l’éducation sanitaire debase et former les familles à certainsgestes d’accompagnement : commentinstaller un enfant sur des attelles deDenis-Brown, par exemple. La riches-se de ces expériences a donné à monexercice libéral toute sa dimension etson attrait, j’ai su faire partager auxmédecins l’intérêt d’une kinésithéra-pie qui dépassait de loin le cadre étroitde ce qu’ils pouvaient imaginer.

En 1980, la ville de La Capelle,organise un colloque sur les soins despersonnes âgées et handicapées enmilieu rural, à domicile. FR3-Picardiefilmera les pratiques de manutentionprésentées par Claude Génot. Le col-loque montrera qu’on peut installer unplateau technique qualifié de lourd audomicile du malade, en milieu rural etpratiquer malgré tout, avec une équi-pe compétente, des soins de qualité.

Je découvre ensuite le Yoga. AvecÉric Viel et le Pr Pierre Harichaux, dela Faculté de médecine d’Amiens, nousen explorons certains aspects physio-logiques et leur intérêt pour la kinési-thérapie (circulation veineuse, respira-tion et relaxation) et fondons le grouped’étude et de recherche sur le stretching.

PARCOURS D'UN CADRE KINÉ

Jean-Claude GARROS

Page 12: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

12 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

Partageant mon cabinet avec unassocié, je sors d’une pratique exclu-sivement libérale à l’acte pour me tour-ner vers d’autres horizons : le suivi desportifs, l’enseignement et des activi-tés de prévention.

J’assiste, avec Michel Lienard,médecin à la maison médicale de LaCapelle, aux cours du C.E.S. de méde-cine du sport organisé par le Pr Jean-Claude Etienne, chef du service deRééducation au C.H.U. de Reims.Nous consacrerons notre mémoire deC.E.S. à l’étude de la déformation durachis du cycliste en compétition.

Confrontés à l’absence de toutestructure d’évaluation des jeunes spor-tifs, nous fondons l’Association deMédecine du Sport de l’Aisne qui crée-ra, entre 1979 et 1983, sept centresmédico-sportifs associant des kinés.Dans le cadre du Comité Olympiqueet Sportif de Picardie, nous organise-rons aussi avec le Pr Harichaux et laCroix-Rouge-Française le diplôme deSecouriste Sportif. Je serai élu prési-dent de l’association par les médecinsdu sport reconnaissant mes efforts.

Le Dr Jacques Bassot, chirurgien,m’invite alors à le rejoindre dans sa cli-nique de Fourmies, petite ville indus-trielle du Nord. Il pratique la chirurgieorthopédique, plastique et réparatrice,surtout de la main. Je suis certainesinterventions et réalise les pansementsavec lui. Il apprécie ma double com-pétence d’infirmier et de kiné, et macapacité de réaliser divers appareillages.Convaincu de l’intérêt de la rééduca-tion ultra précoce et pluri-quotidienne,il se définissait comme chirurgien vita-liste : “le mouvement, c’est la vie”.Avant mon arrivée ; il pratiquait luimême la rééducation de ses opérés...

L’équipe chirurgien-kinésithéra-peute fonctionne très bien. Nous nouspréoccupons de la rééducation de lasensibilité de la main. Je crée alors leclavier sensitif qui porte mon nom.

Il n’existait rien dans le départe-ment pour la formation continue deskinésithérapeutes. Nous créerons, avecJean-Pierre Roels et quelques autres,le Cercle d’Études de Kinésithérapiede l’Aisne que j’ai largement animé de1977 à 1983. Témoignage de sa vita-lité pendant cette période : cette struc-ture organisera de façon entièrement

bénévole 52 réunions d’enseignementet stages pratiques, des congrès natio-naux et internationaux dont le derniersur le tennis rassemblait en 1981, plusde 500 personnes.

Les journées Médico-Sportivesde La Capelle sont pluridisciplinaires.Dans ce lieu privilégié de dialogue etde tolérance, elles rassemblent méde-cins du sport, chirurgiens, kinés, entraî-neurs et sportifs de haut niveau confron-tant leurs expériences. Certains de nosconfrères prennent la parole devant unparterre d’universitaires attentifs. Dansma vie professionnelle, c’est une deschoses dont je suis le plus fier.

La gériatrie m’a interpellé lorsdu suivi d’un patient dans une maisonde retraite. Ce que j’y ai découvert m’abouleversé. La phrase de Dante lue dansl’Enfer m’est venue en tête : Vous quientrez ici laissez toute espérance ! Jedécide de m’impliquer en gériatrie.Pour comprendre le vieillissement, jem’inscris à un cours de gérontologieet de gérontologie sociale à la Facultédu Droit et de la Santé à Lille, en 1977.Je prends rapidement conscience desparticularités physiologiques et psy-chologiques propres à l’avance en âge.

Je fréquente ensuite en auditeurlibre l’enseignement de neuro-physio-logie sensorielle du Pr Fessard auCollège de France, qui me convainc del’intérêt et des possibilités de la sti-mulation neuro-sensorielle chez l’êtrehumain, et la personne âgée en parti-culier. Aidé par Jean-Pierre Desmarets,directeur de la maison de retraite de LaCapelle, j’instaure des activités corpo-relles stimulant l’éveil cognitif des per-sonnes âgées sur un mode ludique etconvivial : “les Olympiades des Aînés”.

Je forme le personnel qui assure-ra ces actions préventives. Je découvrealors l’intérêt de la verticalisation pré-coce en gériatrie grâce à un système quis’adapte sur le lavabo et permet à la per-sonne âgée de faire sa toilette debout.

Intéressé par l’analyse du contrô-le postural et de l’équilibre, je suis lescours de posturologie du Dr Baron dansson labo du C.N.R.S. à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris. Nous recevions desconférenciers prestigieux, tel le DrGrandpierre qui préparait à Brétigny-sur-Orge les futurs cosmonautes fran-çais. Travaillant alors sur la plasticitécérébrale et l’adaptation physiologiqueau vertige lors de l’augmentation de lavitesse giratoire, il montra que le mou-vement constitue le médicament idéalpour guérir le vertige.

Notre groupe recevait la visiterégulière du Pr Henri Laborit. Je lui aimanifesté mon intérêt pour la person-ne âgée et l’existence de potentialitésencore intactes mais souvent inutili-sées, créatrices du mouvement. Il mefit part de ses travaux sur le compor-tement humain et l’éthologie (voir sonfilm “Mon oncle d’Amérique”), sur lanotion de la réactivité spontanée ame-nant à réfléchir sur l’autonomie...

En 1980, j’obtiens le certificatcadre. Tous les confrères qui ont suiviou subi (selon l’état d’esprit) cette for-mation partageront, je pense, la mêmeperception : à “Bois-Larris”, on apprendà perdre l’illusion du savoir.

Je complétai cette formation pardes études en organisation du travailet ergonomie au Conservatoire Nationaldes Arts et Métiers. Je suis alors nommé“attaché de recherches” par le Pr Étien-ne dans le laboratoire d’explorationsfonctionnelles des maladies de l’appa-reil locomoteur au C.H.U. de Reims.J’y effectuerai des travaux de biomé-canique, concrétisés par la fabricationd’outils de rééducation proprioceptivedu genou, de la cheville et de la main.

En 1981, se tient à Cologne uncongrès de l’O.M.S. sur la préventiondes invalidités de l’âge avancé. Lesexperts soulignent le manque d’effi-cience de la rééducation gériatrique etle rôle de la prévention. La conclusiondes travaux présentés est claire : unemajorité des troubles de la morbiditédes personnes âgées peut être régléepar des mesures de prévention simples,peu coûteuses, dont une grande partietouche à l’environnement. Ceci m’aprofondément marqué et c’est dans cesdeux directions que je me dirigerai

Page 13: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 13

désormais : prévention et améliorationde la rééducation en gériatrie.

Au cours de l’année 1983, jeprends la direction du service kiné dela Clinique des Magnolias en régionparisienne. Cette clinique de 250 litsreçoit essentiellement des personnesâgées pluri-handicapées. De nombreuxarrêts de travail pour lombalgie d’effortperturbent considérablement l’activi-té. À la demande de la direction et deM.C. Morineau, médecin-chef, je pro-cède à l’aménagement ergonomique dela chambre du malade et à la fabrica-tion de verticalisateurs adaptables auxlavabos, améliorant l’autonomie de lapersonne opérée et diminuant ainsi lacharge de travail du personnel soignant.

Pour compléter ces mesures, jeforme l’ensemble des personnels (soi-gnants, cuisines, services généraux) etinitie les kinés du service à l’ensei-gnement des techniques de prévention.Les autorités de tutelle suivent l’expé-rience avec intérêt. La C.R.A.M. d’Île-de-France en évalue les résultats (réduc-tion de 52,25% des arrêts de travail dessoignants pour lombalgies d’effort), eten avril 1988 me récompense pour cesrésultats publiés dans la revue del’I.N.R.S. “Travail et Sécurité”.

En relation avec le service d’ani-mation, j’oriente les projets de vie indi-viduels et collectifs sur le maintien enforme de la personne âgée handicapée,sa stimulation physique et mentale àpartir d’activités centrées sur l’éveil.Tous les jours et en musique, les rési-dents pratiquent une heure de gym-nastique. Dès que leur état le permet,ils fréquentent avec leur kiné la pisci-ne municipale voisine. Contrairementaux idées reçues, les personnes âgéesapprécient l’eau et en retirent grandbénéfice. Des personnes de plus de 90ans ont ainsi appris à nager...

Toutes les occasions sont bonnespour inciter au déplacement : pique-niques, jeux de plein air, présence d’ani-maux... Les aides soignants animentdes ateliers d’expression artistique : artfloral, musique, chant, théâtre, et aussicuisine... La peinture est très appréciéeet suscite la créativité picturale de cer-tains hémiplégiques aphasiques, dontdessin et peinture constituent l’uniquemoyen d’expression. Nous constatonsque la pratique de la peinture exigeantdes gestes très fins réduit le tremble-ment et améliore la gestuelle des par-kinsoniens. Les œuvres des maladesfréquentant cet atelier ont été exposées.Certaines toiles ont été achetées.

L’évaluation régulière parl’ensemble de l’équipe soignante del’autonomie du malade me paraît pri-mordiale. Le kinésithérapeute joue unrôle d’animateur de ces réunions.

Après la campagne préventive surles lombalgies, je suis interpellé par ladirection de la clinique pour réduire lescoûts de l’incontinence. Je réalise un auditbasé sur la technique de l’analyse facto-rielle et mobilise les équipes soignantesde jour et de nuit. Pour faire baisser l’uti-lisation de produits consommables, jemets en place les mesures simples recom-mandées par l’O.M.S. et forme le per-sonnel. Au bout d’un an, la directiongénérale constate l’économie : gain deproductivité matérialisé par une réduc-tion de 25% des consommables, maisaussi, ce qui est loin d’être négligeable,amélioration de l’autonomie des rési-dents grâce aux déplacements pour serendre aux toilettes, avec pour corol-laire à terme une diminution de la char-ge physique et mentale des personnelssoignants.

L’Association Nationale de For-mation Hospitalière constate la quali-té de ce type de prise en charge. Unprogramme expérimental de formationaxé sur la prévention de la perte d’auto-nomie de la personne âgée est créé. Je

Page 14: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

14 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

suis chargé de l’instaurer dans plusieursinstitutions gériatriques du Limousin(région d’Europe fort peuplée de per-sonnes âgées). Marc Viseux, directeurdu centre des Grands Chênes à Cha-teauroux (700 lits) me demande de réa-liser un audit suivi de la formation dupersonnel soignant. J’expérimenteraialors le concept : “Bouger c’est vivre”.

Les résidents en long séjour sor-tent de l’institution pour réintégrer lacité, fréquenter la piscine, le théâtre,partir en vacances, pour certains d’entreeux découvrir la neige, la mer, et même,dans le cadre d’olympiades regroupanten 1987 plus de 450 participants, sur-voler (malgré leur 85 ans) les châteauxde la Loire en U.L.M.. FR3 m’inter-viewe et la presse régionale soulignecette démarche originale. France-Culture lui consacre même une séried’émissions “les Nuits Magnétiques”au cours desquelles personnes âgées etsoignants s’expriment. Les pouvoirspublics sont très intéressés.

À cette période, je participe àToulouse à une mission inter-ministé-rielle qui s’occupe de prévention durisque à domicile et en milieu urbainchez la personne âgée, dans le cadre duprojet O.M.S. des Villes-Santé.

En 1988, je prends la directiondes soins d’un institut bio-marin aubord de la Méditerranée. La remise enforme devient un fait de société danslaquelle les kinés doivent occuper uneplace privilégiée. En avril 1988, le 1°congrès médical méditerranéen sur laremise en forme et la prévention santése tient à Balaruc-les-Bains, en Hérault.Antenne 2 consacre une séquence spé-ciale. Je passe à la télévision... la gloi-re est éphémère !

Les problèmes veineux de lafemme m’ont toujours préoccupé. Avecle Pr Harichaux, Michèle Esnault, ÉricViel, Francis Berthelin et BrigitteCohen, nous travaillons sur l’influen-ce sur la circulation veineuse de cer-taines activités physiques en milieuaquatique et à sec. Nous montrons,grâce au Doppler, qu’il existe diversmoyens d’améliorer le retour veineux(en dehors du drainage lymphathique).Le document vidéo “Veines en forme”,suivi d’un ouvrage sur la rééducationen milieu aquatique, illustre cetterecherche clinique.

Un groupe de gestion et créationde stations thermales et de tourisme desanté me propose alors de participeraux formations des personnels ther-maux et au développement de stationsthermales. Malheureusement, la crisequi touche la France en 1989 gèle tousles grands projets. Je réintègre la kiné-sithérapie libérale.

Avec Mr Enjalbert, je suis l’équi-pe de base-ball de Montpellier et m’inves-tis dans la biomécanique de l’épaule.

Je crée en 1990 l’association“Bouger c’est Vivre” dont les butshumanitaires sont de permettre à lapersonne âgée de vivre digne et auto-nome [voir page 10].

Aujourd’hui, je partage montemps entre un cabinet libéral en asso-ciation avec un confrère et une maisonde convalescence pour personnes âgéesen rééducation. Je forme les personnelssoignants et interviens dans le cadre dela formation des médecins pour la capa-cité de gériatrie.

Je continue à me préoccuper dela prévention de la chute à domicile enparticulier.

Pourquoi toujours cette faim d’avan-cer, d’améliorer les choses ?

Dans l’activité qui m’occupe -l’amélioration de la prise en charge surtous les plans de la qualité de vie de lapersonnes âgée - on répond peut-êtred’abord égoïstement : pour soi, pour nepas avoir à subir ce qu’on a vu subirquand on aura l’âge d’entrer en hôpi-tal ou maison de retraite.

Parce qu’il y a encore beaucoupà faire, que tout est loin d’être compris.Si on peut contribuer à faire évoluerles mentalités, c’est ici et maintenantqu’il faut le faire.

Les valeurs léguées par mesparents ont éclairé tant ma route per-sonnelle que profesionnelle. L’uned’entre elles est fondamentale : c’estl’amour du travail bien fait. J’aime leschoses qui fonctionnent et les chosesbien faites, par exemple les pierres decertains monuments s’emboîtant si bienles unes avec les autres qu’elles tien-nent sans ciment depuis des siècles.

Dans de multiples circonstancesde ma vie, j’ai constaté que les gens secontentent d’à peu près. Or, si leschoses ne sont pas bien faites un jour,elles sont à recommencer le lendemain.Elles coûtent alors beaucoup plus cheren dépense d’énergie et fatigue. Monintérêt pour l’organisation du travailn’est pas étranger à cela.

Les petits problèmes engendrentde grands effets. Il suffit souvent depeu pour améliorer l’environnement etchanger la vie des gens et de leur entou-rage. Un fauteuil trop profond entraî-ne facilement un état de dépendance etcrée aussi un risque d’incontinence pourcelui qui ne peut en sortir seul. Dansnombre de lieux de soin, cette obser-vation n’effleure même pas l’esprit desacteurs. Les aides techniques permet-tent de compenser les handicapsmais ne sont encore pas assez connueset trop peu souvent utilisées en France.

Je me suis toujours soucié parexemple, que les malades dont j’avaispersonnellement la charge ne ressem-blent pas à des clochards. C’est unequestion de dignité, mais aussi de sécu-rité. Marcher en savates ne donne pasune stabilité idéale, un pantalon quitombe en plein milieu d’un couloir peutprêter au rire, mais il peut aussi provo-quer une chute aux conséquences dra-matiques. Une paire de bretelles ça necoûte pas cher et ça peut rapporter gros...

Page 15: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 15

On peut réussir des choses quiparaissaient d’abord impossibles. C’estpour moi une sorte de défi intellectuel,une écologie de l’esprit.

Et puis ma vision du mondeindique que personne n’est une île : noussommes embarqués sur le grand bateaude l’humanité en Marche. Il faut se ser-rer les coudes et, comme l’a si bien écritle Sètois Paul Valéry : “Sont morts lesbâtisseurs, mais le temple est bâti”.

Quel est votre plus grand regret pro-fessionnel ?

En 1988, j’ai été récompensépour avoir diminué de façon impor-tante les lombalgies en milieu hospi-talier. J’ai profondément regretté queles pouvoirs publics qui avaient pour-tant reconnu l’intérêt de la verticalisa-tion en chambre ne m’aient pas offertla possibilité de développer la démarchedans le milieu hospitalier, partout oùelle aurait dû l’être.

Comment la kinésithérapie peut ellemieux aider les personnes âgées ?

Par une prise en charge de recons-truction physique et mentale. Pour cela,il est indispensable que le kiné adaptesa pratique à l’avance en âge. En géria-trie, il faut donner du temps au temps.Cette kinésithérapie doit être entre-coupée de repos suffisant sinon elleépuise inutilement le malade. Il fauttenir compte des maladies chroniqueset des handicaps préexistants et utili-ser des moyens adaptés (attelles,orthèses pour stabiliser les articulationspour sécuriser). Il faut exiger que lespieds soient soignés, pourvus de chaus-sures confortables et recourir au pédi-cure et au bottier orthopédiste. Il fautencourager et récompenser en perma-nence. Il est capital de renforcer l’esti-me de soi, de valoriser les réussites ;le tout enrubanné d’une bonne dose depatience et d’optimisme.

La personne âgée ne constitue pasun groupe ethnique isolé de la popula-tion, elle présente seulement un terrainparticulier fragile, parfois très instableauquel le kiné doit s’adapter d’un jourà l’autre. Un état dépressif déclenchépar une mauvaise nouvelle peut rédui-re à néant des jours et des jours d’unepatiente rééducation.

Comme le dit André Storm, lekinésithérapeute se doit d’être un trans-fuseur d’énergie. Il l’est spontanémentpar nature. En gériatrie il doit l’êtreencore davantage. Soigner la personneâgée c’est aussi apprendre à négocieravec elle, c’est la traiter en adulte, c’estbâtir avec elle un projet simple quiretienne son intérêt et lui permet de trou-ver des repères. La marche entre barresparallèles n’offre pas grand attrait pourelle. Pour marcher, il faut un but, faireretrouver les jardins, la nature, le spec-tacle de la rue. Il faut proposer desobjectifs sollicitant l’ensemble de sessensations à la rencontre de quelque-chose où de quelqu’un. La mémorisa-tion des souvenirs orientés vers le butà atteindre, constitue alors un moteurpuissant et aide le kinésithérapeute.

Contrairement aux idées reçues,en gériatrie la perte d’autonomie n’estpas une fatalité. Des travaux récents,ont montré que la personne, même trèsâgée, était parfaitement capable dereconstituer son capital musculaire àcondition d’une nutrition correcte. Àn’importe quel âge de la vie, le kinédoit avoir l’ambition de réaliser unekinésithérapie d’excellence. Il fautencore le répéter autour de soi : l’âgen’est pas une maladie ; s’abriter der-rière la notion de classe d’âge est unnon sens. Nous connaissons des cen-tenaires plein de verdeur et des jeunesretraités paraissant beaucoup plus vieux.

Que conseilleriez-vous aux jeuneskinésithérapeutes entrant dans laprofession ?

La kinésithérapie a été pour moiun choix. Je lui ai beaucoup donné, ellene m’a pas déçu ; si c’était à refaire jerecommencerai.

Depuis le début du siècle, la kiné-sithérapie fait preuve de son efficacité.Les patients qui nous accordent leurconfiance le savent. Elle m’a permis defaire des rencontres, de voyager, d’êtrereçu dans d’autres pays par des confrèrestout aussi passionnés que moi. Je l’aivécu comme un compagnonnage.

Je me suis déplacé pour rencon-trer confrères et médecins, Internetn’existait pas. La meilleure des cassettesvidéo ne remplacera jamais l’expérien-ce naturelle manuelle, faite d’essais etd’erreurs. La connaissance, la vraie, se

transmet avec lenteur, il faut la mériter.

Le jeune kinésithérapeute peutêtre séduit par la biomécanique qui leconforte dans les certitudes mathéma-tiques de son passé de potache. C’estun exercice intellectuel auquel s’exer-cent les plus brillants sujets. Mais lesplus belles démonstrations de biomé-canique buttent sur le représentationnon pas en deux, mais en trois plans del’espace, et lorsqu’on veut intégrer cettetroisième dimension dans la pratiquequotidienne, c’est une autre affaire.

La kinésithérapie est un métierd’observation, il faut apprendre à manieravec bonheur l’équerre et le fil àplomb et acquérir une “vista”. Tous lesorthopédistes me l’ont confirmé : il fautacquérir l’œil et l’oreille du maquignon.Une boiterie ça s’analyse aussi à l’oreille.

La kinésithérapie c’est un métierde palpation, il faut passer de longuesheures à pratiquer l’anatomie palpatoi-re pour percevoir un tendon, repérer uninterligne articulaire... La kinésithéra-pie c’est le toucher. Aucun robot mêmesophistiqué ne remplacera la main del’homme ; j’ai passé ma vie (et je conti-nue) à perfectionner la mienne.

Quel conseil pour les jeunesgénérations sinon celui de Boris Dolto.Venu en Thiérache animer une sessionde formation sur le pied, il me dit :“Fermez tous les livres, ils ne vousapporteront plus rien, vous en savezassez désormais, fermez les yeux, etlaissez parler vos mains”.

Entretien : Michel GEDDA

Page 16: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

16 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

Patrick CASTEL,

Directeur TechniqueInstitut de Formation en Masso-Kinésithérapie,Toulouse (31).

Le compagnonnage :Un modèle pour la formation des

masseurs-kinsithérapeutes ?

Àl’heure où certains s’interrogent, à juste titre,sur la formation des cadres de santé masseur-

kinésithérapeutes et ses “zones critiques” (Pierron,1999), peut-être pourrait-on se référer pour laformation d’éventuels “maîtres kinésithérapeutes”au compagnonnage.

Fondateurs de l’alternance, les compagnons res-tent des pionniers. Ils ont su préserver à travers lessiècles une tradition, des savoir-faire et une éthiquedu travail. Tour de France et “Chef-d’oeuvre” carac-térisent le compagnonnage. Le Tour de France estle mode majeur de transmission des connaissances.Partir sur le tour c’est devenir, pour l’apprenti,membre à part entière de la communauté, ce qui relè-ve :

- de l’épreuve, puisqu’il s’agit d’apprendre tou-jours plus, de se perfectionner, de se confronter sanscesse à des réalités nouvelles ;

- de l’honneur, car il permet d’être adopté par lescompagnons.

Le “Chef d’oeuvre” est une tradition symbolique,dont la réalisation permet à l’aspirant de devenircompagnon. Ce n’est pas seulement l’expression d’unsavoir-faire. Il faut également se surpasser, fairepreuve d’humil i té et de pat ience, d’habi leté etd’astuces, de constance et d’engagement. C’est doncune affaire d’honneur où se mêlent qualités profes-sionnelles et qualités morales.

Tour de France et “Chef-d’oeuvre” renvoient àun modèle d’apprentissage fondé sur la transmissionpar l’exemple, dominé par un double projet péda-gogique et moral.

Le projet pédagogique : devenir compagnonc’est accepter un apprentissage qui s’étend sur plu-sieurs années. La pédagogie est celle du concret. Ontravaille sur la matière dans un processus de pro-duction. Le jeune apprend à l’atelier des pratiques.Si l’erreur arrive, comme dans toute pédagogie, elleest l’objet d’une leçon. Le soir, à la maison des com-pagnons, l’aspirant suit des cours : c’est “l’école du

trait” ; il y apprend la géométrie, le dessin et s’appro-prie ainsi la matière conceptuelle de la pièce ou dela construction à réaliser. Dépassant le simple faitd’imiter ou de répéter, le compagnon comprend cequ’il fait pour devenir capable d’analyser, modifier,créer.

Le projet moral : il s’agit d’entrer dans une com-munauté et d’y respecter des règles. Par exemple àl’atelier, le port de l’habit, le rangement des outils,la propreté, le respect des règles de sécurité... et àla maison du compagnon, le tutoiement ou le vou-voiement selon le corps de métier, la prise des repasen commun dans une tenue soignée, la participationaux réunions organisées par les anciens, les contactsavec de nombreuses personnes (sur le lieu de travailou en dehors)... Ainsi le tour de France est un véri-table creuset de socialisation. Il arme le jeune pourassumer son autonomie tout en lui ménageant desmoments de prise en charge par la communautéd’accueil retrouvée au terme de chaque journée.

Et le tuteur ? Le lieu de formation étant l’entre-prise d’accueil, le tuteur est le maître d’apprentis-sage qui quotidiennement suit l’apprenti, le conseille,lui explique les gestes et leurs sens. Le maître sait.Il se rend disponible pour transmettre. Le compa-gnon a le souci de former “des gens à l ’uni té”(Guedez, 1994). Pour l’apprenti en formation le com-pagnon est un exemple au plan technique et moral.La transmission orale et l’imprégnation directe parle milieu sont les deux pivots de l’apprentissage. Lecompagnon apprend donc autant à être qu’à faire.La transmission est ainsi un véritable processus dereproduction à la fois technique, social et moral. Elleest personnalisée parce qu’adaptée à chaque indivi-du, et protégée car délivrée seulement à ceux qui lamérite.

Le tuteur dans le compagnonnage est donc un pro-fessionnel de terrain expérimenté, compétent etreconnu. Il transmet “à l’unité”, exclusivement defaçon orale et pratique. Dans le cadre de l’atelierl’apprenti acquiert des savoir-faire, une culture etdes valeurs morales liées au métier. Cette organisa-tion ne pourrait-elle pas servir, globalement, demodèle pour l’organisation de la fonction tutorale,préalable indispensable à une véritable politiqued’encadrement du stagiaire masseur-kinésithérapeute.

Références

GUEDEZ A. : Compagnonnage et apprentissage,P.U.F., Paris, 1994, 195 p.

PIERRON G. : Une formation de maître kinésithéra-peute. La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute, N°11, janvier 1999, p 3-4.

DÉBAT D’OPINIONS

Page 17: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 17

L’objectif de cette nouvelle rubrique est de traiter les questionsspécifiques du terrain vécues par chacun d’entre nous. On abor-dera les problèmes de gestion, les hypothèses de travail et lessolutions trouvées, mais aussi les règles ou documents officielsexistants. Les questions s’étendront au management, à l’enca-drement, à la gestion des ressources humaines. Le but est d’abor-der un thème par la confrontation d’expériences variées.

Alors, volontaires, n’hésitez pas à me faire parvenir vos idées àdébattre, enquêtes à effectuer...

Les gardes et astreintes hospitalièresde masso-kinésithérapie.

En premier lieu, rappellons les textes, circulaires etdécrets relatifs à l’organisation du travail et les

rémunérations pour travaux supplémentaires dans lesétablissements d’hospitalisation, de soins ou de curepublics.

La circulaire n°189/DM/4 du 15.11.73, avec le décretn° 73-119 du 7.2.1973 et l’arrêté du 14.06.73, stipuleque le personnel bénéficie de 4 jours de repos pour 2semaines de travail dont 2 jours consécutifs. De plus,des heures supplémentaires peuvent être effectuées dansun maximum de 20 heures/mois par agent, pour néces-sité de service (articles 2,3,5 et 6). En ce qui concernela continuité des soins (samedi, dimanche, férié) en ser-vice kinésithérapie, ce n’est qu’après avis du C.T.E. etsur proposition de l’établissement, que notre professionpeut-être sollicitée en service de permanence, officiel-lement. Cette permanence ne pourra excéder par agentune nuit par semaine et un dimanche ou jour férié parmois (art. 7 et 3 de l’ordonnance n°88.272 du 26.3.82).

Il faudra attendre la loi n° 96-1093 du 16.12.96 rela-tive à la fonction publique et à diverses mesures d’ordrestatuaire pour légaliser les astreintes à domicile (art. 3)mais il n’y a toujours pas de décret d’application nid’arrêté.

Mais, que se passe t-il réellement dans nos services ?Chacun d’entre nous a organisé les gardes, subit lespressions des prescripteurs, entendu les revendicationsdes kinésithérapeutes, négocié le paiement le plus avan-tageux, organisé les récupérations dans la semaine sui-

vante ou en les cumulant. Etla majeure partie du temps…on s’arrache les cheveux… unpar un… pour faire tourner à lafois la semaine et le week-end,sans aucun moyen supplémentaire.Nous le faisons pourtant. Voici quelquestémoignages pour apprécier différentes organisations,compensations et problèmes rencontrés.

● L’hôpital de Neufchateau (88) : possède 406 litsdont 8 en réanimation et 30 en chirurgie orthopédique,avec 30 lits en rééducation Fonctionnelle.

Les gardes ne mobilisent qu’un kinésithérapeute surhuit et ne concerne pas le service de M.P.R.. La gardedébute le samedi matin (8h à 12h) et 2h l’après-midi(13h à 15h), pour prolonger (si trop de patients à voir)ou revenir pour les prescriptions mulltiples (2 fois parjour) surtout en réanimation et pédiatrie en temps debronchiolites. La récupération est d’alors 4h et les 2hde l’après-midi sont rémunérées en heures supplémen-taires (HS) de samedi. La permanence se reproduitdimanche et jour férié, avec 4h de récupération (+2hpayées en HS le dimanche), et le prorata de l’indemni-té de travail en jour férié ou dimanche, soit 6/8 de prime.

L’activité est prévue par l’équipe de kinésithérapiele vendredi, et est inscrite sur un cahier de garde dépo-sé au standard de l’hôpital. S’ajoutent les prescriptionsde week-end (sauf marche ou mobilisation ne nécessi-tant pas de kiné immédiate). Nos indications sont :

- les kinés respiratoires : 72 % en 1997 (réanima-tion, soins intensifs de cardiologie, médecine, pédiatrie) ;

- les mobilisations : 24 % en 1997 (P.T.G. de la semai-ne, arthrolyses...) ;

- les premiers levers de P.T.H. : 7 % en 1997 ;

- les hernies discales, les P.B.V.E....

ENCADREMENT

Véronique BILLAT

Surveillante Kiné,Centre Hospitalier de Neufchateau (88)

NNoouuvveelllleeCChhrroonniiqquuee

CALCUL DES HEURES SUPPLÉMENTAIRES

[paiement plafonné à l’indice 354 au 1er avril 1999]

● Moins de 14h : (TB+IR) x 121900

● Plus de 14h : (TB+IR) x 12Majoration de 18,75% 1600

● Dimanche/fête : (TB+IR) x 12Majoration de 66,66% 1140

● Prime pour 8h dimanche/férié : 282,06 Frs

● Astreinte : (TB+IR) x 123800

● Nuit : (TB+IR) x 12Majoration de 100% 950

TB=Traitement de Base et IR=Indemnité de Résidence

Page 18: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

18 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14

Nos difficultés résident dans les nombreuses solli-citations (tractions-suspensions, nouvelles prescrip-tions...). Pour canaliser les demandes et rappeler lesindications d’origine de nos gardes, un courrier de rap-pel ou une invitation au C.M.E. s’avèrent nécessairesde temps à autre. À à titre d’exemple, on a calculé lamoyenne de 48 actes par week-end pour 1998. Une autredifficulté rencontrée : être rappelé après la garde ?Seule une discussion directe par téléphone avec notreprescripteur autorise la décision ou non de revenir.

● L’hôpital de Saint-Julien en Genevoix (74) :possède 450 lits dont 280 de M.C.O., 8 lits de réani-mation et 33 lits de chirurgie orthopédique. L’équipepossède 5 E.T.P. (4 M.K. + 1 cadre).

Les gardes débutent le samedi matin (8h à 12h) etse poursuivent si besoin l’après midi. La récupérationest alors de 8 heures au titre du samedi. La permanen-ce est identique pour le dimanche et la compensationest alors totalement payée en HS de dimanche et fête,avec une prime de dimanche, donc pas de récupérationsauf si c’est un jour férié.

L’activité est prévue le vendredi soir par l’équipede kinésithérapie qui inscrit au tableau les patientsnécessitant d’être vus le samedi, le dimanche ou lesdeux jours. Se rajoutent les patients pour lesquels desbons de kiné sont arrivés dans notre boîte-aux-lettresle vendredi soir ou pendant le week-end et présentantune pathologie pouvant relever de la garde. Les patho-logies les plus prises en compte sont :

- la pédiatrie (bronchiolites, mucoviscidoses, patho-logie respiratoire, P.B.V.E.) ;

- la réanimation (respiratoire, quelquefois une mobi-lisation d’un patient hyper-rigide) ;

- l’orthopédie (arthromoteur à poser, mal d’une épau-le, un coude... demande du chirurgien).

Il arrive que le kiné soit rappelé après lesheures de garde.

● L’hôpital de Brive (19) : possède 874 lits dont18 de réanimation et 60 chirurgie orthopédique et 1 ser-vice de rééducation.

Un cahier de garde est rempli par le kiné référentdu service qui apprécie si le malade à besoin d’une pres-tation de week-end. Les gardes débutent le samedi matin(8h à 12h) et la matinée des jours fériés de 8h à 12hégalement, mais il n’y a pas de garde le dimanche. Deuxkinésithérapeutes sont alors sur le terrain : un pour lebloc central (au lieu de 7 en semaine), et un pour le ser-vice M.P.R. (4 en semaine). La garde du samedi matinest récupérée temps pour temps, donc 4h, et celle desjours fériés est rémunérée sur la base d’HS de dimanche.

Le service de pédiatrie souhaiterait étendre les gardesau dimanche (en période de bronchiolites).

Les indications sont respiratoires, kinésithérapie decontinuité de soins en rééducation fonctionnelle mais

aucun acte n’est pratiqué en chirurgie ortho-pédique. Quelques rajouts sont pris en char-ge le samedi matin.

● L’hôpital de Cahors (46) : possède 400 dont 40lits de chirurgie orthopédique, 8 lits de réanimation, 25lits de rééducation et rhumatologie avec 7,30 E.T.P. kiné.

Aucune garde n’existait jusqu’à la demande desmédecins début 2000. Un protocole d’accord, avec 3hde présence le samedi et le dimanche sur une tranchehoraire fixe (9h à 12h) avec des soins pré-déterminéspar le kiné référent du service, fut proposé à la direc-

tion. Le refus pour raison financière (paie-ment des HS) fait que l’hôpital fonctionneactuellement sans garde.

Conclusion :

...Y a t-il d’autres urgences en kinésithérapie que leP.B.V.E. ? La kiné de réanimation en fait-elle partie ?Si oui, ne devra t-on pas instituer des rythmes de tra-vail incluant le samedi et le dimanche. Si non, qui feraces actes ?

…Obtenez-vous toujours des prescriptions écrites ?L’accréditation les exigera pour la traçabilité de nosactes, mais aussi celle de nos prescripteurs.

…Doit-on revenir en dehors des heures de gardesalors que le kiné n’est pas d’astreinte ? Engage t-il saresponsabilité s’il refuse de venir ? En prévention, pen-sez-vous à officialiser vos gardes en proposant au C.T.E.votre organisation, et expliquer son champ d’applica-tion, en C.T.E. où une écoute et un dialogue construc-tif avec vos prescripteurs apporteront une compréhen-sion et un respect mutuels ?

…Peut-on annuler ces récupérations alors que la loiexige 4 jours de repos pour 14 jours travaillés ? Doit-on donner la récupération en semaine, alors que l’effec-tif est déjà diminué par exemple par des congés annuels.La solution réside en une augmentation de nos effectifshumains. Pensez, lors du passage aux 35 heures, à recal-culer vos quotas pour résoudre cette quadrature du cercle.

Malgré toutes ces interrogations et cette diversité,notre organisation multiple assure un service publicunique qui, pour être reconnu à part entière doit fairepartie intégrante de nos rapports d’activités annuels sys-tématiquement.

Philippe LABARTHE

Jean-Philippe SAVINEAU

Émilie POMPIGNAC

Page 19: LaLaLettreLettre - ifmkberck.com · kine.kinemedia.fr N° 14 ... Rééducation Fonctionnelle d’un hôpital francilien du Service ... kinésithérapie un module recherche dans l’objectif

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2000 - N°14 19

Quel avenir pour les masseurs-kinésithérapeutes et

quel avenir pour leurs cadres ?

55 000 masseurs-kinésithérapeutes au total pour notreprofession ; 12 000 professionnels exercent en milieu

hospitalier, hôpitaux de court séjour, de soins de suite,de long séjour, en centres de rééducation, en dispen-saire, en hospitalisation à domicile. Environ 1 200 cadresde santé masseurs-kinésithérapeutes exercent des fonc-tions d’encadrement dans ces structures, à titre de sur-veillant, de chef de groupe, de responsable de stage,voire d’enseignant en I.F.M.K.. On voit là toute la diver-sité de notre métier hospitalier.

Chaque professionnel, masseur-kinésithérapeute oucadre, quel que soit son lieu d’exercice, est fier de sonindépendance, la revendique et entend assumer ses “actesmasso-kinésithérapiques”. Mais que veut dire indé-pendance ? autonomie ? repli sur soi ? défense de venirvoir pour les “autres” ? Il y a paradoxe entre se direresponsable et ne pas vouloir dire ce que nous faisons.

Nous exerçons dans des structures qui sont toutesimpliquées dans les processus d’évaluation-accrédita-tion. Cette réflexion est sous tendue par une évaluationdes activités pour tous les professionnels. Les masseurs-kinésithérapeutes ne sont pas exclus de ces démarchesd’évaluation et s’inscrivent dans ces réflexions. Maisqui fait quoi ?

La relecture attentive des décrets d’actes et d’exer-cice, pour les professions paramédicales, fait apparaîtredes activités partagées et des activités spécifiques. Unelecture par chaque professionnel de la même problé-matique est enrichissante mais peut aussi gommer, enfonction des lieux et des professions représentés, la par-ticipation du masseur-kinésithérapeute. Un exemple estla prise en charge de la rééducation de la déglutition.Trois professions interviennent : orthophoniste, mas-seur-kinésithérapeute et diététicienne. Bonne complé-mentarité si chacun communique et conjugue son action

avec les autres. Mais si chacun est l’unique représen-tant de son métier, quelquefois à temps partiel dans sonétablissement, on assiste à une prise en charge “sauva-ge” infirmière. Qui peut mieux coordonner les diffé-rentes séquences de chacun hormis le cadre présent ?Qui est ce cadre, un masseur-kinésithérapeute, une ortho-phoniste, une diététicienne ? le plus souvent un cadreinfirmier…

Les masseurs-kinésithérapeutes sont des oiseaux quise font rares dans les hôpitaux et il est logique que,faute du “spécialiste” il y ait glissement de tâche dansles services. La balance mathématique entre le nombrede personnels du corps infirmier et les autre personnelsdont les masseurs-kinésithérapeutes penche toujours ducôté infirmier et la gestion financière de l’ensemble estconfiée aux cadres infirmiers. En période de crise bud-gétaire, la mission du planning quotidien, prévisionneldes gardes et des congés est confiée à un autre cadre,dans 98% des cas à un cadre infirmier.

L’insuffisance de cadres masseurs-kinésithérapeutesformés ne fera qu’accentuer cette tendance Il est évi-dent que tous les professionnels paramédicaux ont desactivités communes et que chacun, en fonction de sonlieu d’activité sera plus investi et reconnu dans un champparticulier.

Que faire pour éviter la transformation du masseur-kinésithérapeute en aide infirmier ou remplaçant dansle cadre d’une activité précise et son retour dans le gironinfirmier ? À l’échelon suivant, le cadre doit pouvoiréchanger avec ses homologues ayant des probléma-tiques de rééducation. Il ne s’agit pas d’opposition maisde respect de chaque profession. La conjugaison desmodes de pensées, ne peut qu’enrichir la prise en char-ge coordonnée du patient au mieux. En premier, il meparaît opportun de quitter notre isolement et de nousrejoindre dans des instances de réflexion existantes.

Les associations existent, elles ont déjà des dossiersà ce sujet et ne demandent qu’à s’enrichir…

catalogue sur simple demande

TÉL : 01 43 26 45 81 FAX : 01 43 26 83 31o s t é

o l og i e

a n a t om i e

PROFESSIONS SANTÉ

Françoise BIZOUARD,Responsable de la Chronique.