L'aide aux personnes pourchassées et persécutées

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JANVIER 2008 Concours National de la Résistance et de la Déportation L’aide aux personnes persécutées et pourchassées en France pendant la Seconde Guerre mondiale : une forme de résistance Cahier pédagogique A ider les personnes persécutées et pourchassées constitue une forme de résistance que l’on peut qualifier de non violente : la résistance civile, dont les acteurs furent dans certains cas à leur tour pourchassés, voire déportés ou exécutés. « La résistance civile fut celle de la survie ; elle visait à sauver ce qui pouvait l’être, sans attendre le renverse- ment du rapport des forces militaires. Il s’agissait de faire survivre des personnes pourchassées par les forces de l’occupant et de la collaboration, de faire survivre des valeurs et modes de vie profondément menacés par le régime nazi. […] Il s’agit d’une démarche altruiste, dangereuse, visant à dissimuler des personnes recherchées afin de les soustraire à une fin tragique. […] La résistance civile apparaît comme complémentaire à la résistance armée. […] A partir de 1943, elle s’intègre de plus en plus dans des schémas d’actions militaires ou paramilitaires. » Jacques Sémelin, Résister sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe (1939-1943). Le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura analyse les aides apportées aux résistants par le Service de Santé des maquis de l’Ain et met en relief le rôle des Justes du département de l’Ain. Les documents réunis par la Maison d’Izieu mettent en évidence la diversité de l’aide que la « colonie » a reçue de la part à la fois d’individus isolés, ou d’organisations structurées. A gauche : Diane Popowski (p.10) © Maison d’Izieu / coll. succession Sabine Zlatin A droite : Groupe de résistants au Crêt de Chalam autour de Paulette Mercier, août 1944 (p.8) (Inv. MHRD 1998.10.85, Collection Musées des pays de l’Ain) Sujet de la session 2007-2008

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8 Concours National de la Résistance et de la Déportation

L’aide aux personnespersécutées et pourchassées en France pendant la Seconde Guerre mondiale : une forme de résistance

Cahier pédagogique

A ider les personnes persécutées et pourchasséesconstitue une forme de résistance que l’on peutqualifier de non violente : la résistance civile, dont

les acteurs furent dans certains cas à leur tourpourchassés, voire déportés ou exécutés.« La résistance civile fut celle de la survie ; elle visait à sauver ce qui pouvait l’être, sans attendre le renverse-ment du rapport des forces militaires. Il s’agissait de fairesurvivre des personnes pourchassées par les forces de l’occupant et de la collaboration, de faire survivredes valeurs et modes de vie profondément menacéspar le régime nazi. […] Il s’agit d’une démarche altruiste,dangereuse, visant à dissimuler des personnesrecherchées afin de les soustraire à une fin tragique.[…] La résistance civile apparaît comme complémentaireà la résistance armée. […] A partir de 1943, elle s’intègre de plus en plus dans des schémas d’actionsmilitaires ou paramilitaires. »

Jacques Sémelin, Résister sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe (1939-1943).

Le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportationde l’Ain et du Haut-Jura analyse les aides apportées aux résistants par le Service de Santé des maquis del’Ain et met en relief le rôle des Justes du départementde l’Ain.Les documents réunis par la Maison d’Izieu mettent enévidence la diversité de l’aide que la « colonie » a reçuede la part à la fois d’individus isolés, ou d’organisationsstructurées.

A gauche :Diane Popowski (p.10)© Maison d’Izieu / coll. succession Sabine Zlatin

A droite :Groupe de résistants au Crêt de Chalam autour de Paulette Mercier, août 1944 (p.8)(Inv. MHRD 1998.10.85, Collection Musées des pays de l’Ain)

Sujet de la session 2007-2008

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CHRONOLOGIE DES PRINCIPALES MESURES D ’OPPRESS ION (ALLEMANDES ET FRANÇAISES)

1939 • 27 août : suspension des journaux communistes - établissement de la censure

• 26 septembre : dissolution du Parti communiste français

1940 • juin : 1,6 million de soldats français prisonniers sont transférés en Allemagne

• 22 juillet : loi de révision des naturalisations depuis 1927• 30 juillet : épuration de l’administration française• 2 août : le général De Gaulle est condamné à mort

par contumace• 3 septembre : loi autorisant l’internement des individus

dangereux• 27 septembre : première ordonnance du commandant

en chef allemand en zone occupée définissant les juifs • 3 octobre : premier statut des juifs de Vichy• 4 octobre : le maréchal Pétain promulgue une loi

autorisant l’internement des juifs étrangers sur décisionpréfectorale dans des camps spéciaux

1941 • 29 mars : création du Commissariat général aux questions juives

• 26 avril : nouvelle ordonnance allemande en zone occupée concernant les juifs

• 14 mai : première rafle de juifs étrangers à Paris• 2 juin : loi instaurant le recensement des juifs en France• 22 juillet : loi de Vichy pour « éliminer toute influence

juive dans l’économie nationale »• 13 août : ordonnance interdisant aux juifs de posséder

des postes de radio• 20 août : deuxième rafle de juifs à Paris• 22 août : ordonnance allemande dite « des otages »• 24 août : loi instituant les tribunaux d’exception

contre les actions communistes• 16 septembre : exécution de 10 otages par l’armée

allemande• 7 décembre : le décret allemand « Nacht und Nebel »(Nuit et Brouillard) ordonne la déportation pour tousles ennemis du Reich et des forces d’occupation dans les territoires occupés ; ils seront transférés en Allemagneet disparaîtront dans le secret absolu

1942 • 20 janvier : ouverture de la Conférence de Wannsee où sont mises au point les modalités de la « Solutionfinale de la question juive »

• 19 février : ouverture du procès de Riom• 27 mars : premier convoi de déportation de juifs à

destination d’Auschwitz• 29 mai : ordonnance allemande sur le port de l’étoile

juive en zone occupée• 16-17 juillet : rafle du Vel’ d’Hiv’• 23-26 août : les juifs étrangers de la zone sud sont

livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy• 25 août : les Alsaciens et Lorrains des territoires annexés

par le Reich doivent effectuer leur service militaire enAllemagne

1943 • 30 janvier : création de la Milice• 16 février : instauration du Service du Travail Obligatoire

(STO)• février : premières déportations de Français à

Buchenwald• 21 juin : arrestation de Jean Moulin à Caluire

• août : 86 personnes transférées d’Auschwitz sont gazées au camp alsacien du Struthof

• 14 décembre : à Nantua, les Allemands arrêtent et déportent 150 hommes en représailles

1944 • 10 janvier : Victor Basch, ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme, et son épouse Hélène sont assassinés par des miliciens à Neyron

• 20 janvier : création de cours martiales expéditives pour juger les « terroristes » (résistants)

• février : la ville de Belley est occupée par les Allemands• 5, 6 et 7 février : actions de répression allemande sur

le plateau d’Hauteville et dans le Valromey (184 personnes arrêtées, 42 fusillées et 38 maisons incendiées)

• 19-21 février : 23 partisans FTP-MOI (main d’œuvre immigrée) arrêtés en novembre 1943 sont exécutés

• 18-26 mars : les troupes allemandes et les miliciens anéantissent le maquis des Glières (Haute-Savoie)

• 6 avril : rafle d’Izieu, sur ordre de la Gestapo, 44 enfants juifs et 7 éducateurs sont arrêtés et déportés

• 19 mai : 5 pensionnaires de la ferme de Saint-Germain,Villemotier, tombent sous les balles des SS

• 5 juin : 9 lycéens résistants du lycée Lalande à Bourg-en-Bresse, sont déportés

• 10 juin : massacre d’Oradour-sur-Glane• 23 juin : les Allemands fusillent Joseph Viallaz, maire

d’Hauteville• 10 juillet : les Allemands attaquent le maquis de Bourg-

en-Bresse, (1764 personnes sont arrêtées, 34 fusillées)•12-22 juillet : répression allemande à Dortan où 18 personnes sont exécutées, des femmes violées et le village incendié

• 14 juillet : Dagostini, chef de la Milice de l’Ain, fait arrêterà l’hôpital de Nantua 9 blessés pour les faire fusiller

• 18 juillet : les Allemands détruisent Pressiat • 19 juillet : de nouveau à l’hôpital de Nantua,

la Gestapo fait conduire 9 blessés à la morgue pour yêtre fusillés

• 21-23 juillet : liquidation du maquis du Vercors

« Le Juif et la France », affiche, René Péron, septembre 1941, Inv. affiche 1018, Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC) et Musée d’Histoire Contemporaine

De juin 1940 à novembre 1942, le territoire est soumis à deux

législations : celle de l’occupant au nordde la ligne de démarcation, et celledu gouvernement de Vichy au sud,dite zone non occupée, dont fait partiele département de l’Ain à l’exceptiondu Pays de Gex intégré à la zoneinterdite.Le gouvernement de Vichy, engagé dansla collaboration, produit une législationantisémite, anticommuniste et xénophobe proche de celle desAllemands. Il prend seul la décision dedénaturaliser les étrangers devenusfrançais à partir de 1927. Le 3 octobre 1940, il promulgue un premier statut des juifs suivi, le 4 octobre, d’une loi qui autoriseles préfets à interner « les étrangersde race juive dans des camps spéciaux »(camps d’internement français). Les juifs sont privés de nombreuxdroits et exclus de plusieurs métiersdans les domaines de l’administration,de l’enseignement, de la justice, de la santé, ...

Le 11 novembre 1942, après ledébarquement des Alliés en Afriquedu Nord, l’armée allemande envahitla zone sud. Les camps français sont« vidés » et les internés qui s’y trouvent sont déportés. Le territoire compris entre la rive-gauche du Rhône et la frontière italienne est occupé par les Italiensjusqu’au 8 septembre 1943 etdevient un refuge pour de nombreuxjuifs. Le département de l’Ain, en raisonde sa situation frontalière, connaît unrégime particulier. Sa partie située ausud d’une ligne Ambérieu-en-Bugey –Nantua – Bellegarde-sur-Valserine se trouve dans cette zone italiennetandis que le pays de Gex resteinclus dans la zone interdite. Le restedu département est occupé par les Allemands.

Nantua et Izieu ont en communces mêmes conditions spécifiques :une occupation italienne peu répressivesuivie d’une brutale offensive allemandequi se traduit par des représailles, des exécutions et des rafles dès le 14 décembre 1943.

Le STOLe 16 février 1943, avec la complicitéactive du gouvernement de Vichy l’Allemagne nazie impose la mise enplace du STO (Service du TravailObligatoire) pour compenser lemanque de main d’œuvre dû à l’envoide ses soldats sur le front russe.Les travailleurs forcés français sontles seuls d’Europe à avoir été requispar les lois de leur propre Etat, etnon pas par une ordonnance allemande.Le STO, durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie,consiste à réquisitionner des centainesde milliers de travailleurs français et

à les transférer en Allemagne afin departiciper à l’effort de guerre allemand(usines, agriculture, chemins de fer…).Les personnes réquisitionnées dans le cadre du STO sont hébergéesdans des camps de travailleurs situéssur le sol allemand. Le recrutementse fait par classes d’âge entières. Les jeunes gens nés entre 1920 et1922 sont obligés de travailler enAllemagne à titre de substitut de servicemilitaire. Au total, 650 000 travailleurs françaissont acheminés vers l’Allemagneentre juin 1942 et juillet 1944.Le refus du STO provoque le départdans la clandestinité de près de 200 000 réfractaires, dont environ un quart gagne les maquis en pleineformation. Cela constitue un apportconsidérable pour la Résistance.

En juin 1940, la défaite française face à l’offensive allemande se solde par un découpage du territoire. Il ne cessera d’évoluer jusqu’à la fin de la guerre :

zone libre, zone occupée, zone interdite, zone italienne… En raison de sa situation frontalière avec la Suisse et de sa géographie comprenant plaines et montagnes, l’Ain se trouve pris au coeur des différents découpages qui,

selon la période, favorisent la création de maquis, l’afflux de juifs persécutés, la répression allemande et la mise en place de réseaux d’aides et de sauvetages.

LA FRANCE ET LE DÉPARTEMENT DE L’AIN (JUIN 1940 / AOÛT 1944)

Découpage de la France à partir de juin 1940

Zone “libre” (ou zone Sud)jusqu’en novembre 1942

Ligne de démarcation

Mur de l’Atlantique(zone interdite littorale)

Zone occupéeadministration allemande de Paris

Zone réservée

Zone interdite auretour des réfugiés

Zone occupéeadministration de Bruxelles

Région annexée au Reich

Zone d’occupation italienneaprès novembre 1942

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CHRONOLOGIE DES PRINCIPALES MESURES D ’OPPRESS ION (ALLEMANDES ET FRANÇAISES)

1939 • 27 août : suspension des journaux communistes - établissement de la censure

• 26 septembre : dissolution du Parti communiste français

1940 • juin : 1,6 million de soldats français prisonniers sont transférés en Allemagne

• 22 juillet : loi de révision des naturalisations depuis 1927• 30 juillet : épuration de l’administration française• 2 août : le général De Gaulle est condamné à mort

par contumace• 3 septembre : loi autorisant l’internement des individus

dangereux• 27 septembre : première ordonnance du commandant

en chef allemand en zone occupée définissant les juifs • 3 octobre : premier statut des juifs de Vichy• 4 octobre : le maréchal Pétain promulgue une loi

autorisant l’internement des juifs étrangers sur décisionpréfectorale dans des camps spéciaux

1941 • 29 mars : création du Commissariat général aux questions juives

• 26 avril : nouvelle ordonnance allemande en zone occupée concernant les juifs

• 14 mai : première rafle de juifs étrangers à Paris• 2 juin : loi instaurant le recensement des juifs en France• 22 juillet : loi de Vichy pour « éliminer toute influence

juive dans l’économie nationale »• 13 août : ordonnance interdisant aux juifs de posséder

des postes de radio• 20 août : deuxième rafle de juifs à Paris• 22 août : ordonnance allemande dite « des otages »• 24 août : loi instituant les tribunaux d’exception

contre les actions communistes• 16 septembre : exécution de 10 otages par l’armée

allemande• 7 décembre : le décret allemand « Nacht und Nebel »(Nuit et Brouillard) ordonne la déportation pour tousles ennemis du Reich et des forces d’occupation dans les territoires occupés ; ils seront transférés en Allemagneet disparaîtront dans le secret absolu

1942 • 20 janvier : ouverture de la Conférence de Wannsee où sont mises au point les modalités de la « Solutionfinale de la question juive »

• 19 février : ouverture du procès de Riom• 27 mars : premier convoi de déportation de juifs à

destination d’Auschwitz• 29 mai : ordonnance allemande sur le port de l’étoile

juive en zone occupée• 16-17 juillet : rafle du Vel’ d’Hiv’• 23-26 août : les juifs étrangers de la zone sud sont

livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy• 25 août : les Alsaciens et Lorrains des territoires annexés

par le Reich doivent effectuer leur service militaire enAllemagne

1943 • 30 janvier : création de la Milice• 16 février : instauration du Service du Travail Obligatoire

(STO)• février : premières déportations de Français à

Buchenwald• 21 juin : arrestation de Jean Moulin à Caluire

• août : 86 personnes transférées d’Auschwitz sont gazées au camp alsacien du Struthof

• 14 décembre : à Nantua, les Allemands arrêtent et déportent 150 hommes en représailles

1944 • 10 janvier : Victor Basch, ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme, et son épouse Hélène sont assassinés par des miliciens à Neyron

• 20 janvier : création de cours martiales expéditives pour juger les « terroristes » (résistants)

• février : la ville de Belley est occupée par les Allemands• 5, 6 et 7 février : actions de répression allemande sur

le plateau d’Hauteville et dans le Valromey (184 personnes arrêtées, 42 fusillées et 38 maisons incendiées)

• 19-21 février : 23 partisans FTP-MOI (main d’œuvre immigrée) arrêtés en novembre 1943 sont exécutés

• 18-26 mars : les troupes allemandes et les miliciens anéantissent le maquis des Glières (Haute-Savoie)

• 6 avril : rafle d’Izieu, sur ordre de la Gestapo, 44 enfants juifs et 7 éducateurs sont arrêtés et déportés

• 19 mai : 5 pensionnaires de la ferme de Saint-Germain,Villemotier, tombent sous les balles des SS

• 5 juin : 9 lycéens résistants du lycée Lalande à Bourg-en-Bresse, sont déportés

• 10 juin : massacre d’Oradour-sur-Glane• 23 juin : les Allemands fusillent Joseph Viallaz, maire

d’Hauteville• 10 juillet : les Allemands attaquent le maquis de Bourg-

en-Bresse, (1764 personnes sont arrêtées, 34 fusillées)•12-22 juillet : répression allemande à Dortan où 18 personnes sont exécutées, des femmes violées et le village incendié

• 14 juillet : Dagostini, chef de la Milice de l’Ain, fait arrêterà l’hôpital de Nantua 9 blessés pour les faire fusiller

• 18 juillet : les Allemands détruisent Pressiat • 19 juillet : de nouveau à l’hôpital de Nantua,

la Gestapo fait conduire 9 blessés à la morgue pour yêtre fusillés

• 21-23 juillet : liquidation du maquis du Vercors

« Le Juif et la France », affiche, René Péron, septembre 1941, Inv. affiche 1018, Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC) et Musée d’Histoire Contemporaine

De juin 1940 à novembre 1942, le territoire est soumis à deux

législations : celle de l’occupant au nordde la ligne de démarcation, et celledu gouvernement de Vichy au sud,dite zone non occupée, dont fait partiele département de l’Ain à l’exceptiondu Pays de Gex intégré à la zoneinterdite.Le gouvernement de Vichy, engagé dansla collaboration, produit une législationantisémite, anticommuniste et xénophobe proche de celle desAllemands. Il prend seul la décision dedénaturaliser les étrangers devenusfrançais à partir de 1927. Le 3 octobre 1940, il promulgue un premier statut des juifs suivi, le 4 octobre, d’une loi qui autoriseles préfets à interner « les étrangersde race juive dans des camps spéciaux »(camps d’internement français). Les juifs sont privés de nombreuxdroits et exclus de plusieurs métiersdans les domaines de l’administration,de l’enseignement, de la justice, de la santé, ...

Le 11 novembre 1942, après ledébarquement des Alliés en Afriquedu Nord, l’armée allemande envahitla zone sud. Les camps français sont« vidés » et les internés qui s’y trouvent sont déportés. Le territoire compris entre la rive-gauche du Rhône et la frontière italienne est occupé par les Italiensjusqu’au 8 septembre 1943 etdevient un refuge pour de nombreuxjuifs. Le département de l’Ain, en raisonde sa situation frontalière, connaît unrégime particulier. Sa partie située ausud d’une ligne Ambérieu-en-Bugey –Nantua – Bellegarde-sur-Valserine se trouve dans cette zone italiennetandis que le pays de Gex resteinclus dans la zone interdite. Le restedu département est occupé par les Allemands.

Nantua et Izieu ont en communces mêmes conditions spécifiques :une occupation italienne peu répressivesuivie d’une brutale offensive allemandequi se traduit par des représailles, des exécutions et des rafles dès le 14 décembre 1943.

Le STOLe 16 février 1943, avec la complicitéactive du gouvernement de Vichy l’Allemagne nazie impose la mise enplace du STO (Service du TravailObligatoire) pour compenser lemanque de main d’œuvre dû à l’envoide ses soldats sur le front russe.Les travailleurs forcés français sontles seuls d’Europe à avoir été requispar les lois de leur propre Etat, etnon pas par une ordonnance allemande.Le STO, durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie,consiste à réquisitionner des centainesde milliers de travailleurs français et

à les transférer en Allemagne afin departiciper à l’effort de guerre allemand(usines, agriculture, chemins de fer…).Les personnes réquisitionnées dans le cadre du STO sont hébergéesdans des camps de travailleurs situéssur le sol allemand. Le recrutementse fait par classes d’âge entières. Les jeunes gens nés entre 1920 et1922 sont obligés de travailler enAllemagne à titre de substitut de servicemilitaire. Au total, 650 000 travailleurs françaissont acheminés vers l’Allemagneentre juin 1942 et juillet 1944.Le refus du STO provoque le départdans la clandestinité de près de 200 000 réfractaires, dont environ un quart gagne les maquis en pleineformation. Cela constitue un apportconsidérable pour la Résistance.

En juin 1940, la défaite française face à l’offensive allemande se solde par un découpage du territoire. Il ne cessera d’évoluer jusqu’à la fin de la guerre :

zone libre, zone occupée, zone interdite, zone italienne… En raison de sa situation frontalière avec la Suisse et de sa géographie comprenant plaines et montagnes, l’Ain se trouve pris au coeur des différents découpages qui,

selon la période, favorisent la création de maquis, l’afflux de juifs persécutés, la répression allemande et la mise en place de réseaux d’aides et de sauvetages.

LA FRANCE ET LE DÉPARTEMENT DE L’AIN (JUIN 1940 / AOÛT 1944)

Découpage de la France à partir de juin 1940

Zone “libre” (ou zone Sud)jusqu’en novembre 1942

Ligne de démarcation

Mur de l’Atlantique(zone interdite littorale)

Zone occupéeadministration allemande de Paris

Zone réservée

Zone interdite auretour des réfugiés

Zone occupéeadministration de Bruxelles

Région annexée au Reich

Zone d’occupation italienneaprès novembre 1942

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Les premières aides apportéespar des médecins à la Résistance dans l’AinDe nombreux membres du corpsmédical ont aidé la Résistance, le maquis, ou se sont engagés dansdes mouvements de résistance dans l’Ain.A Bourg-en-Bresse, le chirurgiendentiste Rémond Charvet est respon-sable du Service de Renseignementdes Mouvements Unis de la Résistance.Le docteur Poncet est membre duComité Départemental de Libérationclandestin et est aussi inspecteurdépartemental de la Santé. Le docteur Gustave Léger, médecindes prisons, facilite l’évasion de résistants et accueille à son domiciledes réunions importantes desMouvements Unis de la Résistanceoù sont présents Jean Moulin et le général Delestraint.A Nantua, Emile Mercier, médecin,devient chef de l’Armée Secrète et s’engage dès 1940 avec son épousePaulette, pharmacienne, dans la Résistance. Fin 1943, il prend la responsabilité du Service de Santédes camps des maquis de l’Ain avecquelques médecins : les docteursNoël, Bastian et Caraco de Thoirette.Dénoncé, il est fusillé lors de la rafledu 14 décembre 1943.A partir de juin 1944, s’organise unvéritable Service de Santé du maquis.

Les Docteurs Georges, Guillet,Parker et le Service de Santédu maquis de l’AinJacques Guttières dit « DocteurGeorges », adhérent du mouvement« Libération » depuis 1942, estcontraint de quitter son poste demédecin ORL à Villeneuve-sur-Lot,suite à son fort engagement dans la résistance locale. Sur l’ordre d’HenriGabrielle, responsable du ComitéMédical de la Résistance auprès del’Etat Major régional des Forces Françaises de l’Intérieur, Jacques Guttières est affecté au maquis de l’Ain pour organiser un Service de Santé en avril 1944. Il est aidé parle Docteur René Guillet qui le rejointle 24 juin 1944, et une douzained’autres médecins.Sa première tâche consiste à recruterde jeunes médecins et à les affecteraux groupements principaux de combattants. Ainsi par exemple, leDocteur Valentin (Paulin) est affectéau camp Rolland, le Docteur Bastienau camp Jo, le Docteur Leteyssierdans le secteur de Jujurieux, le DocteurWeiler au groupement Chabot.Il se met ensuite en quête dematériel sanitaire. Il organise parailleurs des Postes de Secours disposantde quelques lits dans des locaux videssous la responsabilité de médecins àHauteville, Champagne-en-Valromey,Brénod, Bellegarde-sur-Valserine, Saint-Germain-de-Joux, Oyonnax,

Chavannes-sur-Suran, Corveissiat…Des postes de repli sont prévus encas d’attaque à Lantenay, au Poizat, à Charix.Fin juin 1944, des hôpitauxcomplémentaires sont installés àOyonnax et dans l’hôtel de France à Nantua .Dans la nuit du 7 au 8 juillet, le chirurgien britannique GeoffrayEdward Parker dit « Parsifal »débarque d’un avion Dakota avec dumatériel. Le 9 juillet 1944, un centrechirurgical est organisé sous sa directiondans l’Ecole Pratique d’Oyonnax.

Début août 1944, sur ordre d’HenriPetit dit « Romans », chef des maquisde l’Ain, « Parsifal », spécialiste en chirurgie de guerre, prend la directiondu Service de Santé et est secondépar René Guillet.

René Guillet, Coll. René Guillet

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Les persécutions Dans toute la France, des personnessont persécutées pour ce qu’elles sont :juives, tziganes, étrangères. D’autressont pourchassées pour leurs actionsde désobéissance civile, de refus del’occupation : communistes, gaullistes,francs-maçons, réfractaires au STO,opposants et résistants. Le nombre total des victimes de cesrépressions est mal connu : plusieursmilliers de personnes ont été assassi-nées par les nazis en France même,dont une partie avec la complicitédirecte du gouvernement français etdes collaborateurs.Selon Henri Rousso, on estime à 87 000 hommes et femmes (résistants,civils, condamnés de droit commun,homosexuels…) le nombre dedéportés dans les camps de concentration allemands (Dachau,Buchenwald, Ravensbrück…) dont 40% n’ont pas survécu.Sur une population estimée à 350 000 avant la guerre, environ 76 000 juifs de France ont été déportésvers les camps d’extermination dePologne ; 2 500 ont survécu. Parmices déportés il y avait 2 000 enfantsde moins de six ans, 8 700 enfantsde 6 à 7 ans et 9 700 personnes deplus de 60 ans. Les persécutions recouvrent toutesles formes de violences possibles, de la pression psychologique à la désignation publique comme juif, à l’arrestation, la torture, la déportationet l’exécution.

La résistance civile :le tournant de l’année 1942Avec l’intensification de la guerre, les persécutions sont de plus en plusnombreuses et visibles. Une partcroissante de la population est choquéeet certaines personnes réagissent enportant secours aux victimes.Les acteurs de cette résistance civileviennent de tous les horizons de lasociété. Ce sont des individus isolésou appartenant à des groupessociaux ou politiques, qui interviennentpar sympathie, esprit de solidarité

ou pour des raisons culturelles, politiques ou juridiques.Les formes de résistance civile sontindividuelles ou collectives, anonymes,clandestines ou publiques. Le sauvetagedes juifs en est l’une des formes lesplus fréquentes.L’opinion publique et les prises deposition de certains responsablesadministratifs, juridiques, politiques ou religieux (représentants des insti-tutions) encouragent ou provoquentdes initiatives. Ainsi se développentde multiples formes d’aide :on (gendarmes, policiers, fonctionnaires) prévient les victimesdésignées ; on héberge, on cache ;on ravitaille, on fournit de faux-papiers ;on fait passer la ligne de démarcation,les frontières ; on dénonce, on proteste,on manifeste.Les journaux et bulletins clandestinssoutiennent ces actions en dénonçantet défiant la légitimité du pouvoir.

« Avis très important concernant les atterrissages d’aviateurs et parachutages », 6 juillet 1943, Inv. MHRD 1998.17.30, Coll. Musées des pays de l’Ain

Découpage de la France. Détail de la région de l’Ain

L’AIDE CIVILE AUX RÉSISTANTS

L a situation géographique du département de l'Ain(dont les limites sont formées par les vallées de

la Saône et du Rhône et par la frontière suisse à l'est) etla présence d'axes de communication européens vers la Suisse, l'Italie et l'est en font un secteur particulièrementstratégique durant la Seconde Guerre mondiale. La présence par ailleurs d'une topographie à la fois deplaines et collines à l'ouest et de la zone de moyennemontagne ouverte du Bugey à l'est, ainsi que la mise enplace de la ligne de démarcation, puis de la zone d'occu-pation italienne dans le Bas Bugey, vont favoriser le refugeet les passages frontaliers. Les proscrits du régime deVichy vont tenter de fuir vers la Suisse, se réfugier dans

les maquis, où se cacher dans cette zone de moyennemontagne. Les Alliés britanniques, conscients de l’intérêtde la topographie du département vont établir en Bresseet en Dombes une véritable base logistique pour approvisionner la majeure partie des groupes de résistancedans la région Rhône-Alpes et en Saône-et-Loire.Les formes d’aides apportées aux personnes persécutéesou pourchassées ont été multiples. Certains vont cacherdes personnes, d’autres vont confectionner des faux-papiers, approvisionner les maquis, soigner les résistantsblessés, tenter de faire passer la frontière à des famillesjuives… Cette aide est le fait de personnes individuellesou de réseaux plus ou moins organisés.

L E S E R V I C E D E S A N T É D E S M A Q U I S D E L ’A I N

La documentation sur les formes de secours apportées aux proscrits de la société entre 1940 et 1944 est bien souvent très parcellaire. C’est pourquoi le musée d’Histoire

de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura a choisi de présenter pour le dossierseulement l’exemple du Service de Santé du maquis, pour lequel il dispose d’une documentation

relativement fournie sur le sujet : collections, archives et témoignages oraux.

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Les premières aides apportéespar des médecins à la Résistance dans l’AinDe nombreux membres du corpsmédical ont aidé la Résistance, le maquis, ou se sont engagés dansdes mouvements de résistance dans l’Ain.A Bourg-en-Bresse, le chirurgiendentiste Rémond Charvet est respon-sable du Service de Renseignementdes Mouvements Unis de la Résistance.Le docteur Poncet est membre duComité Départemental de Libérationclandestin et est aussi inspecteurdépartemental de la Santé. Le docteur Gustave Léger, médecindes prisons, facilite l’évasion de résistants et accueille à son domiciledes réunions importantes desMouvements Unis de la Résistanceoù sont présents Jean Moulin et le général Delestraint.A Nantua, Emile Mercier, médecin,devient chef de l’Armée Secrète et s’engage dès 1940 avec son épousePaulette, pharmacienne, dans la Résistance. Fin 1943, il prend la responsabilité du Service de Santédes camps des maquis de l’Ain avecquelques médecins : les docteursNoël, Bastian et Caraco de Thoirette.Dénoncé, il est fusillé lors de la rafledu 14 décembre 1943.A partir de juin 1944, s’organise unvéritable Service de Santé du maquis.

Les Docteurs Georges, Guillet,Parker et le Service de Santédu maquis de l’AinJacques Guttières dit « DocteurGeorges », adhérent du mouvement« Libération » depuis 1942, estcontraint de quitter son poste demédecin ORL à Villeneuve-sur-Lot,suite à son fort engagement dans la résistance locale. Sur l’ordre d’HenriGabrielle, responsable du ComitéMédical de la Résistance auprès del’Etat Major régional des Forces Françaises de l’Intérieur, Jacques Guttières est affecté au maquis de l’Ain pour organiser un Service de Santé en avril 1944. Il est aidé parle Docteur René Guillet qui le rejointle 24 juin 1944, et une douzained’autres médecins.Sa première tâche consiste à recruterde jeunes médecins et à les affecteraux groupements principaux de combattants. Ainsi par exemple, leDocteur Valentin (Paulin) est affectéau camp Rolland, le Docteur Bastienau camp Jo, le Docteur Leteyssierdans le secteur de Jujurieux, le DocteurWeiler au groupement Chabot.Il se met ensuite en quête dematériel sanitaire. Il organise parailleurs des Postes de Secours disposantde quelques lits dans des locaux videssous la responsabilité de médecins àHauteville, Champagne-en-Valromey,Brénod, Bellegarde-sur-Valserine, Saint-Germain-de-Joux, Oyonnax,

Chavannes-sur-Suran, Corveissiat…Des postes de repli sont prévus encas d’attaque à Lantenay, au Poizat, à Charix.Fin juin 1944, des hôpitauxcomplémentaires sont installés àOyonnax et dans l’hôtel de France à Nantua .Dans la nuit du 7 au 8 juillet, le chirurgien britannique GeoffrayEdward Parker dit « Parsifal »débarque d’un avion Dakota avec dumatériel. Le 9 juillet 1944, un centrechirurgical est organisé sous sa directiondans l’Ecole Pratique d’Oyonnax.

Début août 1944, sur ordre d’HenriPetit dit « Romans », chef des maquisde l’Ain, « Parsifal », spécialiste en chirurgie de guerre, prend la directiondu Service de Santé et est secondépar René Guillet.

René Guillet, Coll. René Guillet

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Les persécutions Dans toute la France, des personnessont persécutées pour ce qu’elles sont :juives, tziganes, étrangères. D’autressont pourchassées pour leurs actionsde désobéissance civile, de refus del’occupation : communistes, gaullistes,francs-maçons, réfractaires au STO,opposants et résistants. Le nombre total des victimes de cesrépressions est mal connu : plusieursmilliers de personnes ont été assassi-nées par les nazis en France même,dont une partie avec la complicitédirecte du gouvernement français etdes collaborateurs.Selon Henri Rousso, on estime à 87 000 hommes et femmes (résistants,civils, condamnés de droit commun,homosexuels…) le nombre dedéportés dans les camps de concentration allemands (Dachau,Buchenwald, Ravensbrück…) dont 40% n’ont pas survécu.Sur une population estimée à 350 000 avant la guerre, environ 76 000 juifs de France ont été déportésvers les camps d’extermination dePologne ; 2 500 ont survécu. Parmices déportés il y avait 2 000 enfantsde moins de six ans, 8 700 enfantsde 6 à 7 ans et 9 700 personnes deplus de 60 ans. Les persécutions recouvrent toutesles formes de violences possibles, de la pression psychologique à la désignation publique comme juif, à l’arrestation, la torture, la déportationet l’exécution.

La résistance civile :le tournant de l’année 1942Avec l’intensification de la guerre, les persécutions sont de plus en plusnombreuses et visibles. Une partcroissante de la population est choquéeet certaines personnes réagissent enportant secours aux victimes.Les acteurs de cette résistance civileviennent de tous les horizons de lasociété. Ce sont des individus isolésou appartenant à des groupessociaux ou politiques, qui interviennentpar sympathie, esprit de solidarité

ou pour des raisons culturelles, politiques ou juridiques.Les formes de résistance civile sontindividuelles ou collectives, anonymes,clandestines ou publiques. Le sauvetagedes juifs en est l’une des formes lesplus fréquentes.L’opinion publique et les prises deposition de certains responsablesadministratifs, juridiques, politiques ou religieux (représentants des insti-tutions) encouragent ou provoquentdes initiatives. Ainsi se développentde multiples formes d’aide :on (gendarmes, policiers, fonctionnaires) prévient les victimesdésignées ; on héberge, on cache ;on ravitaille, on fournit de faux-papiers ;on fait passer la ligne de démarcation,les frontières ; on dénonce, on proteste,on manifeste.Les journaux et bulletins clandestinssoutiennent ces actions en dénonçantet défiant la légitimité du pouvoir.

« Avis très important concernant les atterrissages d’aviateurs et parachutages », 6 juillet 1943, Inv. MHRD 1998.17.30, Coll. Musées des pays de l’Ain

Découpage de la France. Détail de la région de l’Ain

L’AIDE CIVILE AUX RÉSISTANTS

L a situation géographique du département de l'Ain(dont les limites sont formées par les vallées de

la Saône et du Rhône et par la frontière suisse à l'est) etla présence d'axes de communication européens vers la Suisse, l'Italie et l'est en font un secteur particulièrementstratégique durant la Seconde Guerre mondiale. La présence par ailleurs d'une topographie à la fois deplaines et collines à l'ouest et de la zone de moyennemontagne ouverte du Bugey à l'est, ainsi que la mise enplace de la ligne de démarcation, puis de la zone d'occu-pation italienne dans le Bas Bugey, vont favoriser le refugeet les passages frontaliers. Les proscrits du régime deVichy vont tenter de fuir vers la Suisse, se réfugier dans

les maquis, où se cacher dans cette zone de moyennemontagne. Les Alliés britanniques, conscients de l’intérêtde la topographie du département vont établir en Bresseet en Dombes une véritable base logistique pour approvisionner la majeure partie des groupes de résistancedans la région Rhône-Alpes et en Saône-et-Loire.Les formes d’aides apportées aux personnes persécutéesou pourchassées ont été multiples. Certains vont cacherdes personnes, d’autres vont confectionner des faux-papiers, approvisionner les maquis, soigner les résistantsblessés, tenter de faire passer la frontière à des famillesjuives… Cette aide est le fait de personnes individuellesou de réseaux plus ou moins organisés.

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La documentation sur les formes de secours apportées aux proscrits de la société entre 1940 et 1944 est bien souvent très parcellaire. C’est pourquoi le musée d’Histoire

de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura a choisi de présenter pour le dossierseulement l’exemple du Service de Santé du maquis, pour lequel il dispose d’une documentation

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L’aide du personnel médical de l’hôpitalA l’hôpital de Nantua, dès 1940, la complicité du docteur Jacques Touillonchirurgien, de Fernand Geoffray,directeur et de la Mère SupérieureSœur Joannas, de nombreux clandestinset résistants malades ou blessés sontcachés et soignés. Le Capitaine Romans-Petit décide àl’automne 1943, en concertation avecles docteurs Touillon, Mercier, médecinà Nantua, et Romars, de l’utilisationde l’ambulance de Nantua pour letransport de maquisards gravementblessés vers le Centre Hospitalier, les blessés légers recevant des soinssur place.

La bienveillance de quelques civilsL’hôpital est bien approvisionné enmatériel de soins (coton, gaze, tarla-tane, sparadrap…) et régulièrementravitaillé grâce au soutien deMonsieur Nattier des LaboratoiresSajier de Bellegarde-sur-Valserine etde l’aide de Gabriel Grobon, SimonPernod, Louis Pettini.

Des résistants blesséssoignés et cachésLors de la rafle de Nantua du 14décembre 1943, malgré une fouillepar les Allemands de l’hôpital, aucundes 35 maquisards qui y séjournentn’est découvert. Fin juin 1944, un hôpital complémentaire est installéà l’hôtel de France de Nantua. De 1943 à 1944, plus de 550 résistantssont hospitalisés à Nantua, autant yreçoivent des soins.

L’ A I D E A U X R É S I S T A N T S À L ’ H Ô P I T A L D E N A N T U A

L’HÔPITAL AMBULANT DANS LA FORÊT D’APREMONT EN JUILLET 1944

Afin de les soustraire aux vraisemblables représailles des Allemands envers les résistants, tous les blessés des hôpitaux d’Oyonnax et de Nantua, à l’exceptiondes « intransportables » de Nantua (dont neuf seront fusillés le 19 juillet 1944 àla Croix-Châlon) sont évacués vers la colonie de vacances de la Gotette à Apremont le 12 juillet 1944.

Suite aux risques que faisait encourir à la population civile d’Apremont ce regrou-pement, le capitaine Romans-Petit ordonne une dispersion. Trente blessés sontconduits dans une sapinière, dont onze grâce aux paysans d’Apremont et leurschars à bœufs. Le maire du village, Alphonse Levrat, a quant à lui la responsabilitéde cacher le matériel médical du chirurgien britannique Parker.Les blessés restent onze jours en forêt sous la surveillance médicale de Jacques Guttières (Docteur Georges), de Madame Mercier, pharmacienne, épouse du Docteur Mercier fusillé par les Allemands le 14 décembre 1943, de Lily, infirmière àOyonnax, et de Germaine Bernardi du groupe Franc Tireur Partisan d’Oyonnax dontle frère fait partie des blessés.Le 16 juillet 1944, les Allemands fouillent toutes les habitations d’Apremont etemportent tout le matériel médical laissé à La Gotette. Ils se rendent à quelquesmètres du campement en forêt sans toutefois le découvrir. Le 23 juillet 1944, un orage oblige le repli des blessés dans la maison abandonnéedu maire à Apremont. Tous sont transférés le lendemain au Crêt de Chalam dans leHaut-Jura, où une infirmerie de fortune est installée par le chirurgien anglais Geoffrey Edward Parker dans une grange. Tous les blessés sont sains et saufs.

Colonie de vacances de la « Gotette », Coll. René Guillet

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La tragédie de juillet 1944 à l’hôpital de NantuaA l’annonce de la progression desAllemands vers Nantua, l’évacuationde l’hôpital est décidée le 12 juillet1944 en début d’après-midi.Une partie des blessés rejoint la forêtà pied, d’autres sont acheminés versla colonie de vacances de la Gotetteen ambulance ou camion. Il ne reste à l’hôpital qu’une dizained’intransportables et quatre blessésallemands prisonniers des F.F.I.

ReprésaillesVers 16h, les Allemands, suivis de laGestapo puis des miliciens de Dagostini,occupent l’hôpital, inspectent les salleset procèdent à des interrogatoires,opérations qu’ils renouvellent durantplusieurs jours.Le 14 juillet 1944, Dagostini, chef dela Milice de l’Ain, fait arrêter à l’hôpital9 blessés pour les faire fusiller. L’économe de l’hôpital, Fernand Geoffray, et la Mère Supérieure s’interposent, et après une discussionorageuse obtiennent la promesse dutransport des blessés à l’hôpital de Bourg-en-Bresse. Tous le sonteffectivement, à l’exception d’YvesGaillot, reconnu pour avoir tué un milicien, retrouvé fusillé le 15 juillet.Le 19 juillet 1944, la Gestapo revient,désigne neuf blessés et ordonne de les conduire à la morgue pour les fusiller. Il s’agit de Pierre Gayat, 56 ans secrétaire de Mairie de Saint-Rambert ;André Burtschell, 36 ans juge de paix à Saint-Rambert ; Joseph Marguin, 50 ans garde-champêtre à Saint-Rambert ;Albert Bertin, 17 ans ;Mohamed Kheroumi, 25 ans ;Roger Morand, 21 ans ;Lucien Gay, 24 ans ; André Bullon, 20 ans ; Jean Vuitton, 28 ans.Un blessé a déjà été transporté à la morgue lorsque le major Kock, officier de la Wehrmacht, intervient.Alerté par la Supérieure, il fait arrêtercette barbarie et négocie un transfert

vers un autre hôpital. Les blessés tousincapables de se tenir debout sontchargés couchés sur des matelas dansun camion à benne basculante. Les cadavres de ces hommes sontretrouvés quelques heures plus tarddans la carrière de Montréal-la-Cluse à la Croix-Châlon, alignés sur deux rangsà même le sol. Trois des victimes,Gayat, Burtschell, et Marguin étaientles rescapés d’une exécution collectivequi avait eu lieu à Saint-Rambert-en-Bugey le 8 juillet. Ils ont donc étéfusillés deux fois.

A I D E R L E S P E R S O N N E S P E R S É C U T É E S E T P O U R C H A S S É E S : U N E N G A G E M E N T R I S Q U É

Principaux maquis de l’Ain dans le Bugey, 1943-1944.

Camp de maquis

Terrain d’atterrissage clandestin

Légende

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GE OFFREY EDWARD PA RKER D I T « PA RS I FAL »Major de l’armée britannique, spécialiste en chirurgie de guerre,il s’est porté volontaire pour soigner les maquisards de l’Aindans le cadre de la mission Marksman du Special OperationExecutive. Parachuté à Izernore dans la nuit du 7 au 8 juillet1944, il est affecté au Service Santé du maquis et de l’ArméeSecrète à l’hôpital d’Oyonnax. Lors de l’attaque allemande dejuillet 1944, il se replie avec le maquis au Crêt de Chalam. Ilprend la direction du Service de Santé début août 1944.

LE DO CTEUR RE NÉ GU ILL E T

Chef de clinique chirurgicale des Hospices Civils de Lyon, ledocteur René Guillet sur recommandation du docteur Marxdit « Renaud », membre du Comité Médical de la Résistance,rejoint les maquis de l’Ain le 24 juin 1944 et aide JacquesGuttières dit « docteur Georges » à mettre en place un Service de Santé des maquis.

Le capitaine Henri Petit dit « Romans », chef des maquis del’Ain, le détache le 8 juillet 1944 auprès de Geoffray Parkerdit « Parsifal » comme aide chirurgical avec mission d’aiderà l’organisation d’un centre chirurgical à l’Ecole Pratiqued’Oyonnax. La durée de cet hôpital fut brève, l’armée alle-mande déclenchant des opérations de représailles dès le 9 juillet 1944.

René Guillet prend l’initiative, avec l’aide du docteur Haze-mann, d’évacuer tous les blessés de l’hôpital d’Oyonnax à lacolonie de vacances la Gotette à Apremont où stationnait unesection résistante de Francs Tireurs Partisans commandéepar Louis Mathieu. A défaut d’autres moyens de transport dis-ponibles, une trentaine de blessés lourds sont chargés dansla nuit du 11 au 12 juillet 1944 dans des bennes à ordures,les autres étant partis par leurs propres moyens dans la forêt.Le 1er août 1944, René Guillet remplace Jacques Guttièresau poste de médecin départemental.

LES DOCT EURS EM I L E GUI LL E T E T BE YS SAC

Né à Oyonnax en 1916, Emile Guillet, jeune Interne desHôpitaux de Lyon, rejoint le Service de Santé des maquis del’Ain et du Haut-Jura en juin 1944. Lors des attaques alle-mandes de juillet 1944, il prend en charge un Poste deSecours à Saint-Germain-de-Joux dans la clinique du docteurGuillermet avec son camarade d’internat, le docteur LucienBeyssac. Tous deux sont ensuite responsables du Poste Médico-Chirurgical de Charnod sur les premiers contreforts du Juradans le secteur d’Elie Deschamps dit « Ravignan ».

PAULE T T E MERC I ER

Pharmacienne à Nantua, hostile à la défaite et au maréchalPétain, Paulette Mercier s’engage dans la Résistance dès1940, aux côtés de son mari, le Docteur Emile Mercier. Auxheures les plus sombres de l’antisémitisme, le couple Mercier,en relation avec des réseaux d’évasion, aide les juifs et autresclandestins à passer en Suisse et place les jeunes filles juivesdans des familles du département. En juillet 1944, lors de lacontre-attaque allemande, Paulette est menacée d’arrestation.Elle décide de rejoindre la colonie de vacances de la Gotetteà Apremont transformée en hôpital où ont été transportés les blessés des hôpitaux de Nantua et Oyonnax. Elle demeureaux côtés des blessés durant leurs onze jours de refuge enforêt. Puis les blessés sont transférés au Crêt de Chalam oùle Poste de Commandement de Noël Perrotot dit « Mont-réal », chef du Groupement Nord des maquis de l’Ain s’estreplié. Là, Paulette assiste le chirurgien anglais « Parsifal » etdirige une équipe d’infirmières. La Libération survient quelquesjours plus tard.

Groupe de résistants au Crêt de Chalam autour de Paulette Mercier, août1944. Inv. MHRD 1998.10.85, Collection Musées des pays de l’Ain

L’organisation du Service de Santé des maquis

Centre hospitalier

Centre chirurgical

Poste de secours

Poste de repli

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LE REFUGE DU DOMAINE DU SAPPEL

En 1942, le pasteur suisse Roland dePury installé à Lyon, membre actif de« l’Organisme de Secours aux Enfantsisraélites » prend contact, par l’intermé-diaire de Paulette Mercier de Nantua,avec les familles Jaccard-Monney etDupeyreix d’origine suisse, exploitantesau domaine du Sappel, pour établir unefilière avec la Suisse.

Situé dans le Bugey à proximité de Labal-me sur Cerdon entre Lyon et Genève, cedomaine est un refuge pour plusieursfillettes d’origine juive : Sophie et RachèleMarkowitz, Fanny Krinbert, Hélène Sismann et sa mère. Il sert également delieu de transit vers la frontière.

André Monney, relayé par la famille Fonjallaz à Prévessin-Moens, assurenotamment le passage en Suisse de dou-ze enfants juifs.

MARIE LACROIX,Marie Lacroix héberge de 1942 à 1945à Miribel quatre enfants juifs confiés parleurs parents.

ALEXANDRE NICOLOT,Alexandre Nicolot fait admettre, à l’hôpital rural de Saint-Laurent-sur-Saône, Jules et Marthe Bloch d’origine juive. Il recueille leurs deux enfants

Claude et Colette dans sa maison decampagne de Grièges jusqu’à la Libéra-tion en septembre 1944.

RENÉ NODOT

René Nodot, délégué du Service socialdes étrangers pour l’Ain et le Jura, en liai-son avec les mouvements de Résistance,

les Croix-Rouge alliées, les œuvres catholiques, protestantes, israélites, leSecours Quaker, l’Aide suisse aux enfants,crée sous l’occupation différentes filièresclandestines dont l’une vers la Suisse. Ilréussit à sauver de la déportation et dela mort plus de 200 femmes, enfants,adolescents et vieillards juifs.

L E S V O I E S D E P A S S A G E P O U R L E C A N T O N D E G E N È V E

Passage d’enfants juifs en Suisse à travers la frontière genevoise par l’OSE et les réseaux de résistance juive associés

AC C U E I L L I R E T S A U V E R L E S J U I F S R É F U G I É S D A N S L’A I N

La frontière avec la Suisse puis l’occupation italienne d’une partie de l’Ain ont pour conséquence la création d’une zone refuge pour les juifs de France.

Des filières de sauvetage se mettent en place, des enfants juifs sont accueillis dans des familles

et une colonie est créée à Izieu.

De tous les cantons suisses, Genèveest le seul à avoir conservé les dos-siers de toutes les personnes qui sesont présentées à ses frontières entre1942 et 1945. Les témoins retrouvéssont pour les deux tiers des réfugiésparvenus à la frontière, acceptés ourefoulés, le tiers restant est composéde passeurs, de paysans habitant enbordure de la frontière et aussi dedouaniers et de soldats. La politique fédérale en matière d'ac-

cueil est inconstante et incohérente,mais laisse souvent une marge demanœuvre aux personnes travaillantsur le terrain, douaniers et militairesau premier plan. En novembre 1942,les soldats italiens préposés à la sur-veillance de la frontière franco-suissene font pas de zèle, ce qui ne serapas le cas des soldats allemandsvenus les remplacer en septembre1943. Les travaux de Ruth Fivaz-Silbermann montrent que, de 1942 à

1945, 23 000 personnes, dont 10 000étaient juives, ont franchi la frontièregenevoise ; parmi elles, 5 des enfantsd’Izieu ont trouvé refuge en Suisse.2 000 d'entre elles furent refoulées,dont 900 juifs. On dénombre 117personnes déportées à la suite deleur refoulement. Dans le contextede l'époque, ce chiffre est des plusbas, mais il correspond tout demême à 117 vies humaines sacrifiées.

Quelques exemples d’aide à des familles juives

Janvier 1943 :2 convois refoulés, 12 enfants (dont 3 accueillis)

Février 1943 :8 convois, 81 enfants

Août à octobre 1943 :36 convois, 398 enfants

Mars à juin 1944 :42 convois, 516 enfants (dont 44 arrêtés en France)

Entre octobre 1942 et mai 1944,84 enfants passent, isolés ou en mini-groupes

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L’aide de la Sous-préfecture Aux enfants de Campestre

s’ajoutent à la colonie d’Izieu de nou-veaux arrivants provenant de diffé-rentes maisons d’enfants cachés. Leurnombre ne cesse de croître pouratteindre, en septembre 1943, lasoixantaine. Un petit groupe d’éduca-teurs est chargé de leur encadre-ment. Quant à l’administration del’OSE, elle verse des pensions pourles enfants dépendant de ses ser-vices. Le Sous-préfet Pierre-MarcelWiltzer fait alors valoir son influencepour aider au bon fonctionnementde la colonie. Il est secondé active-ment dans sa tâche par sa secrétaireen chef, Marie-Antoinette Cojean.

Pour le ravitaillement, il récupèreune quarantaine de cartes d’alimen-tation mais elles ne suffisent pas ànourrir tous les enfants. A Brégnier-Cordon, la boulangerie et la bouche-rie donnent des denrées ainsi que laconfiserie Bilbor qui distribue quel-quefois des sucreries et du chocolat.Les meubles et les couvertures sontfournis par le Secours national.

La bonne volonté de fonctionnaires de l’Education Nationale

La volonté de scolariser lesenfants va être l’un des premierssoucis de la direction de la colonied’Izieu. Des fonctionnaires del’Education nationale vont se mobili-ser pour les aider. Le 4 mai 1943,Marcel Bulka, 13 ans, fait sa rentréeen classe de sixième, au cours du3ème trimestre, au collège modernede garçons de Belley. Il est le premierenfant à être scolarisé. Pour la ren-trée d’octobre 1943, Marcel Bulkaest accompagné de Max Balsam, 12

ans, qui rentre en cinquième ; HenriGoldberg, 12 ans, est orienté au seindu même établissement en 1ère

année de l’école saisonnière d’agricul-ture et d’artisanat rural. Endécembre, c’est un nouvel arrivant àIzieu qui fait sa rentrée, MauriceGerenstein, 12 ans.

L’accueil de ces enfants doitbeaucoup à la personnalité du direc-teur du collège moderne de Belley :Gaston Lavoille. Marcel Ramillon,ancien élève du collège se souvient :« La carrure d’un catcheur, la poignesolide, une chevelure poivre et sel,épaisse et légèrement ondulante, tou-jours habillé d’une manière éléganteque soulignait un éternel nœudpapillon, tel apparaissait GastonLavoille. (...) Avant d’être le Directeurde l’Ecole Primaire Supérieure deBelley, il avait été professeur d’histoire-géographie à l’Ecole Normale de Bourg.(...) Sa formation d’historien l’a aidé àcomprendre les enjeux de l’époque età assumer pleinement sa responsabilitéd’homme et de chef d’établissement :accueillir quatre enfants juifs de la colo-nie d’Izieu n’était pas une entreprisesans risque, Belley avait son lot de col-laborateurs et de miliciens ». Un voilede discrétion entoure ces nouveauxvenus. André Castelnau, qui avait leurâge, évoque l’atmosphère particulièrede leur arrivée : « On nous a discrè-tement mis au courant en nous recom-mandant de ne pas trop leur parler outout au moins les questionner. Nous jouions tous le jeu : “bonjour”, “bonjour”, “ça va”, “ça va”. Les jours passent et à la faveur

des conversations entre professeurs etles nouveaux arrivants, nous essayonsde comprendre d’autant que nousavons appris qu’ils ne mangent pas au réfectoire mais qu’ils logent chezMadame et Monsieur Lavoille ».

Parallèlement, dans les premiersmois de l’installation de la colonie, sepose aussi le problème de la scolari-sation des plus jeunes dans le primaire.Dans ses « Mémoires », Pierre-MarcelWiltzer, rapporte la proposition qu’ilfit à Sabine Zlatin : « (...) vers le moisde juin, juillet, je proposais à mon inter-locutrice de créer une classe pour cesenfants, dans le souci de leur donnerun but, une occupation. Avec sonaccord, je demandais à l’InspecteurPrimaire, M. Gonnet, la possibilité decréer ce poste et il fut immédiatementconsentant. Il n’était évidemment pasquestion de mêler le ministère à l’affaire :cela s’est fait en douce avecl’Inspection Académique. On a parléd’enfants réfugiés, ce qui n’a pas poséde problème, la région de Lyon étantnoyée de dizaines de milliers de réfugiés expulsés de la Moselle. »Ce qui fut fait. En plein cœur de l’été,le dossier est sérieusement suivi par M. Gonnet, l’Inspecteur del’Enseignement Primaire de Belley. De concert avec l’Inspecteurd’Académie de l’Ain à Bourg-en-Bresseet le maire d’Izieu Henri Tissot, M. Gonnet obtient du Ministère del’Education Nationale, le 23 septembre1943, l’autorisation d’ « ouvrir, à titreessentiellement provisoire et pour ladurée de la guerre, une classe primairedestinée aux enfants réfugiés de

S ’ E N GAGE R PO U R LA CO LO N I E D ’ I Z I E U : D E S S O L IDA R I T É S IN S T I T U T IONNELLE S E T LOCALE S

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Les documents réunis par la Maison d’Izieu mettent enévidence la diversité de l’aideque la « colonie des enfantsréfugiés de l’Hérault » a reçuede la part à la fois d’individusisolés, ou d’organisations structurées.

L’engagement de Sabine ZlatinSabine Zlatin nait à Varsovie le 13 janvier 1907. Elle fuit la Pologne et arrive en France vers1925. Elle étudie l’histoire de l’art àl’Université de Nancy où ellerencontre son époux, Miron Zlatin,juif d’origine russe, ingénieur agronome. Tous deux s’installent àLandas dans le Nord et exploitent un élevage avicole. Ils sont naturalisésfrançais en juillet 1939.A la déclaration de guerre, SabineZlatin décide de se rendre à Lillesuivre des cours de la Croix-Rougepour devenir infirmière militaire. Acause de l’avancée allemande, aprèsun bref passage à Paris et à Argentan

où Sabine avait été affectée à l’hôpital,Miron et Sabine se replient àMontpellier. Ils s’installent dans unepetite ferme dans la banlieue. SabineZlatin est engagée à l’hôpital militairede Lauwe. En 1941, elle est congédiéeparce qu’elle est juive.

Elle contacte alors la Préfecture del’Hérault* car elle veut « fairequelque chose » pour les étrangersjuifs internés dans les camps.L’assistante sociale lui confirme « qu’ily avait, à Agde, un camp de réfugiésétrangers, juifs pour la plupart, et oùse trouvaient des femmes et desenfants. » C’est l’OSE, Œuvre deSecours aux Enfants,* qui est chargéedu service social. Engagée commeassistante sociale pour le campd’Agde, Sabine est autorisée par laPréfecture à faire sortir quatre oucinq enfants de moins de dix ans àchaque visite. « Je n’avais pas à choisir les cassociaux, je ne pouvais que prendreles enfants dont les mères se bouscu-laient autour de moi. » En uniformed’infirmière et munie d’autorisationsadministratives, elle agit parfois clandestinement, cachant des enfantssous sa cape d’infirmière comme la petite Diane Popowski, ou achetantles gardiens pour qu’ils ferment les yeux. L’OSE accueille de nombreux enfantssortis des camps d’internement ausolarium marin de Palavas-les-Flotsmis à disposition par l’abbé Prévost*.Au printemps 1942, Sabine Zlatin enprend la direction.

A partir d’août 1942, les enfants juifssont envoyés dans des convois versles camps de la mort. L’ OSE mettous ses moyens pour sauver lemaximum d’enfants en les dispersantdans différents hébergements de la zone non occupée. Fin 1942, après l’occupation de la zone sud par l’armée allemande, l’OSE fermetoutes les maisons et « quitte les lieux ». Parmi ces maisons, cellede Campestre abrite quatorzeenfants. La Préfecture de l’Héraultpersuade les époux Zlatin de lesprendre en charge pour les conduire

dans la zone d’occupation italienne ;en avril 1943, ils se réfugient à Chambéryen Savoie. Sur les recommandationsde M. Fridrici, chef de division à lapréfecture de l’Hérault, Sabine Zlatinrencontre à Belley Pierre-MarcelWiltzer, Sous-préfet de l’Ain. Ce dernier propose alors son aide pourinstaller une maison d’enfants réfugiésau village d’Izieu.

Sources : Sabine Zlatin, Mémoires de la « Dame d’Izieu »collection Témoins/Gallimard, etPierre-Jérôme Biscarat, Les enfants d’Izieu 6 avril 1944. Un crime contre l’humanité,le Dauphiné Libéré, collection Les Patrimoines

S ’ ENGAGER POUR LA COLON I E D ’ I Z I EU : DES SOL IDAR I T É S INS T I TU T IONNELLE S E T LO CA LE S

Colonie d’Izieu, été 1943.Au fond, debout sur la fontaine, Théo Reis,devant lui, Aimé Perticoz, voisin de la colonie. © coll. Philippe Dehan

* Cf glossaire page 13

Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préfet de Belley © Wiltzer

Carte postale datant de l’avant-guerre représentant la maison qui hébergea la colonie d'Izieu. © Maison d’Izieu / Collection succession Sabine Zlatin

Sabine Zlatin © Maison d’Izieu, coll. Succession Sabine Zlatin

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L’aide de la Sous-préfecture Aux enfants de Campestre

s’ajoutent à la colonie d’Izieu de nou-veaux arrivants provenant de diffé-rentes maisons d’enfants cachés. Leurnombre ne cesse de croître pouratteindre, en septembre 1943, lasoixantaine. Un petit groupe d’éduca-teurs est chargé de leur encadre-ment. Quant à l’administration del’OSE, elle verse des pensions pourles enfants dépendant de ses ser-vices. Le Sous-préfet Pierre-MarcelWiltzer fait alors valoir son influencepour aider au bon fonctionnementde la colonie. Il est secondé active-ment dans sa tâche par sa secrétaireen chef, Marie-Antoinette Cojean.

Pour le ravitaillement, il récupèreune quarantaine de cartes d’alimen-tation mais elles ne suffisent pas ànourrir tous les enfants. A Brégnier-Cordon, la boulangerie et la bouche-rie donnent des denrées ainsi que laconfiserie Bilbor qui distribue quel-quefois des sucreries et du chocolat.Les meubles et les couvertures sontfournis par le Secours national.

La bonne volonté de fonctionnaires de l’Education Nationale

La volonté de scolariser lesenfants va être l’un des premierssoucis de la direction de la colonied’Izieu. Des fonctionnaires del’Education nationale vont se mobili-ser pour les aider. Le 4 mai 1943,Marcel Bulka, 13 ans, fait sa rentréeen classe de sixième, au cours du3ème trimestre, au collège modernede garçons de Belley. Il est le premierenfant à être scolarisé. Pour la ren-trée d’octobre 1943, Marcel Bulkaest accompagné de Max Balsam, 12

ans, qui rentre en cinquième ; HenriGoldberg, 12 ans, est orienté au seindu même établissement en 1ère

année de l’école saisonnière d’agricul-ture et d’artisanat rural. Endécembre, c’est un nouvel arrivant àIzieu qui fait sa rentrée, MauriceGerenstein, 12 ans.

L’accueil de ces enfants doitbeaucoup à la personnalité du direc-teur du collège moderne de Belley :Gaston Lavoille. Marcel Ramillon,ancien élève du collège se souvient :« La carrure d’un catcheur, la poignesolide, une chevelure poivre et sel,épaisse et légèrement ondulante, tou-jours habillé d’une manière éléganteque soulignait un éternel nœudpapillon, tel apparaissait GastonLavoille. (...) Avant d’être le Directeurde l’Ecole Primaire Supérieure deBelley, il avait été professeur d’histoire-géographie à l’Ecole Normale de Bourg.(...) Sa formation d’historien l’a aidé àcomprendre les enjeux de l’époque età assumer pleinement sa responsabilitéd’homme et de chef d’établissement :accueillir quatre enfants juifs de la colo-nie d’Izieu n’était pas une entreprisesans risque, Belley avait son lot de col-laborateurs et de miliciens ». Un voilede discrétion entoure ces nouveauxvenus. André Castelnau, qui avait leurâge, évoque l’atmosphère particulièrede leur arrivée : « On nous a discrè-tement mis au courant en nous recom-mandant de ne pas trop leur parler outout au moins les questionner. Nous jouions tous le jeu : “bonjour”, “bonjour”, “ça va”, “ça va”. Les jours passent et à la faveur

des conversations entre professeurs etles nouveaux arrivants, nous essayonsde comprendre d’autant que nousavons appris qu’ils ne mangent pas au réfectoire mais qu’ils logent chezMadame et Monsieur Lavoille ».

Parallèlement, dans les premiersmois de l’installation de la colonie, sepose aussi le problème de la scolari-sation des plus jeunes dans le primaire.Dans ses « Mémoires », Pierre-MarcelWiltzer, rapporte la proposition qu’ilfit à Sabine Zlatin : « (...) vers le moisde juin, juillet, je proposais à mon inter-locutrice de créer une classe pour cesenfants, dans le souci de leur donnerun but, une occupation. Avec sonaccord, je demandais à l’InspecteurPrimaire, M. Gonnet, la possibilité decréer ce poste et il fut immédiatementconsentant. Il n’était évidemment pasquestion de mêler le ministère à l’affaire :cela s’est fait en douce avecl’Inspection Académique. On a parléd’enfants réfugiés, ce qui n’a pas poséde problème, la région de Lyon étantnoyée de dizaines de milliers de réfugiés expulsés de la Moselle. »Ce qui fut fait. En plein cœur de l’été,le dossier est sérieusement suivi par M. Gonnet, l’Inspecteur del’Enseignement Primaire de Belley. De concert avec l’Inspecteurd’Académie de l’Ain à Bourg-en-Bresseet le maire d’Izieu Henri Tissot, M. Gonnet obtient du Ministère del’Education Nationale, le 23 septembre1943, l’autorisation d’ « ouvrir, à titreessentiellement provisoire et pour ladurée de la guerre, une classe primairedestinée aux enfants réfugiés de

S ’ E N GAGE R PO U R LA CO LO N I E D ’ I Z I E U : D E S S O L IDA R I T É S IN S T I T U T I ONNE L L E S E T L OC AL E S

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Les documents réunis par la Maison d’Izieu mettent enévidence la diversité de l’aideque la « colonie des enfantsréfugiés de l’Hérault » a reçuede la part à la fois d’individusisolés, ou d’organisations structurées.

L’engagement de Sabine ZlatinSabine Zlatin nait à Varsovie le 13 janvier 1907. Elle fuit la Pologne et arrive en France vers1925. Elle étudie l’histoire de l’art àl’Université de Nancy où ellerencontre son époux, Miron Zlatin,juif d’origine russe, ingénieur agronome. Tous deux s’installent àLandas dans le Nord et exploitent un élevage avicole. Ils sont naturalisésfrançais en juillet 1939.A la déclaration de guerre, SabineZlatin décide de se rendre à Lillesuivre des cours de la Croix-Rougepour devenir infirmière militaire. Acause de l’avancée allemande, aprèsun bref passage à Paris et à Argentan

où Sabine avait été affectée à l’hôpital,Miron et Sabine se replient àMontpellier. Ils s’installent dans unepetite ferme dans la banlieue. SabineZlatin est engagée à l’hôpital militairede Lauwe. En 1941, elle est congédiéeparce qu’elle est juive.

Elle contacte alors la Préfecture del’Hérault* car elle veut « fairequelque chose » pour les étrangersjuifs internés dans les camps.L’assistante sociale lui confirme « qu’ily avait, à Agde, un camp de réfugiésétrangers, juifs pour la plupart, et oùse trouvaient des femmes et desenfants. » C’est l’OSE, Œuvre deSecours aux Enfants,* qui est chargéedu service social. Engagée commeassistante sociale pour le campd’Agde, Sabine est autorisée par laPréfecture à faire sortir quatre oucinq enfants de moins de dix ans àchaque visite. « Je n’avais pas à choisir les cassociaux, je ne pouvais que prendreles enfants dont les mères se bouscu-laient autour de moi. » En uniformed’infirmière et munie d’autorisationsadministratives, elle agit parfois clandestinement, cachant des enfantssous sa cape d’infirmière comme la petite Diane Popowski, ou achetantles gardiens pour qu’ils ferment les yeux. L’OSE accueille de nombreux enfantssortis des camps d’internement ausolarium marin de Palavas-les-Flotsmis à disposition par l’abbé Prévost*.Au printemps 1942, Sabine Zlatin enprend la direction.

A partir d’août 1942, les enfants juifssont envoyés dans des convois versles camps de la mort. L’ OSE mettous ses moyens pour sauver lemaximum d’enfants en les dispersantdans différents hébergements de la zone non occupée. Fin 1942, après l’occupation de la zone sud par l’armée allemande, l’OSE fermetoutes les maisons et « quitte les lieux ». Parmi ces maisons, cellede Campestre abrite quatorzeenfants. La Préfecture de l’Héraultpersuade les époux Zlatin de lesprendre en charge pour les conduire

dans la zone d’occupation italienne ;en avril 1943, ils se réfugient à Chambéryen Savoie. Sur les recommandationsde M. Fridrici, chef de division à lapréfecture de l’Hérault, Sabine Zlatinrencontre à Belley Pierre-MarcelWiltzer, Sous-préfet de l’Ain. Ce dernier propose alors son aide pourinstaller une maison d’enfants réfugiésau village d’Izieu.

Sources : Sabine Zlatin, Mémoires de la « Dame d’Izieu »collection Témoins/Gallimard, etPierre-Jérôme Biscarat, Les enfants d’Izieu 6 avril 1944. Un crime contre l’humanité,le Dauphiné Libéré, collection Les Patrimoines

S ’ ENGAGER POU R L A C O LON I E D ’ I Z I EU : DES SOL IDAR I T É S INS T I TU T IONNELLE S E T LO CA LE S

Colonie d’Izieu, été 1943.Au fond, debout sur la fontaine, Théo Reis,devant lui, Aimé Perticoz, voisin de la colonie. © coll. Philippe Dehan

* Cf glossaire page 13

Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préfet de Belley © Wiltzer

Carte postale datant de l’avant-guerre représentant la maison qui hébergea la colonie d'Izieu. © Maison d’Izieu / Collection succession Sabine Zlatin

Sabine Zlatin © Maison d’Izieu, coll. Succession Sabine Zlatin

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la Maison d’enfants d’Izieu ».Le 18 octobre, une jeune institutricede 21 ans, Gabrielle Perrier, recrutéepar M. Gonnet lui-même, fait sa rentrée devant les élèves de la colonied’Izieu.

Le rôle bienveillant de la gendarmerie

Une brigade de la gendarmerienationale se trouvait en poste àBrégnier-Cordon à 2 km au sudd’Izieu. En l’état actuel desrecherches, les témoignages et lesdocuments d’archives sembleraientnous indiquer que cette brigade étaitintervenue au moins à quatrereprises en faveur du personnel de lacolonie d’Izieu.

Le 21 août 1943, Le Préfetrégional de Lyon transmet par télé-gramme au Préfet de l’Ain des ins-tructions selon lesquelles il convientd’arrêter des juifs « aptes au travail »pour les diriger sur l’organisationTODT (Service du Travail Obligatoirepour les juifs de France). Le mêmejour, à Brégnier-Cordon, les gen-darmes délivrent un sauf-conduit àun éducateur de la colonie d’Izieu,Léon Reifman, juif roumain agé de 29ans, étudiant en médecine. Ce docu-ment lui donne le droit de se rendrelibrement à Chambéry du 22 au 30août. Le 23 août, Léon Reifman quit-te Izieu en possession de son sauf-conduit. Le 24 août, le Maréchal desLogis-chef de Gendarmerie deBrégnier-Cordon, Marcel Fontaine, serend à Izieu en fin de soirée, à 22heures, avec pour ordre de l’arrêter.Sans succès puisqu’il est parti la veille.

Dans un courrier au Préfet de l’Ain,le 30 août, Sabine Zlatin indique queLéon Reifman n’est pas rentré à lacolonie et qu’il l’a avertie par télé-phone qu’il ne reviendrait pas à Izieu.Le 4 septembre 1943, le Préfet de laSavoie écrit au Préfet de l’Ain pourl’informer que les recherches effec-tuées dans son « département en vuede retrouver la trace de cet étrangersont demeurées infructueuses à ce jour ».Nous formulons l’hypothèse que lesauf-conduit a été délivré délibérémentpar la gendarmerie de Brégnier-Cordonafin que Léon Reifman échappe à son arrestation. Si cette thèse seconfirmait, les gendarmes auraientsauvé la vie de Léon Reifman caraprès avoir travaillé au sein de laTODT, les juifs étaient déportés.D’autres faits plaident en faveur de la bienveillance de la gendarmerie. En septembre ou en octobre 1943,Paul Niedermann, 15 ans, a dû précipitamment quitter Izieu : « Un jour est arrivé un gendarme. Il adit que j’étais trop grand, que j’attireraiun jour ou l’autre l’attention. Je suisparti immédiatement à Grenoble. J’aifini par aboutir dans un presbytère àDouvaine ; le curé, un saint-hommedécédé à Buchenwald, avait des pas-seurs. J’ai été dans un groupe qui aréussi à franchir la frontière suisse.J’ai su que la traque était finie. »Paul Niedermann vit aujourd’hui enrégion parisienne. Il témoigne réguliè-rement pour des élèves ou des étu-diants, aussi bien en France qu’enAllemagne.

Autre cas, celui de Rachel etSerge Pludermarcher, éducateurs à lamaison d’Izieu. Rachel est enceinte.Dans un témoignage livré à l’histo-rienne Katy Hazan, elle raconte quelors d’une visite médicale, elleapprend par un gendarme qu’unerafle se prépare. Ce n’est pas la pre-mière fois qu’une telle rumeur serépand, mais Serge et Rachel déci-dent de ne pas retourner à Izieuavant la naissance de leur filsGeorges. Leur départ est confirmépar les archives dans un courrier deSabine Zlatin, daté du 9 mars 1944,adressé au Préfet de l’Ain dans lequelelle précise que Rachel « a quitté notremaison ces jours-ci, munie d’un sauf-conduit, et m’avertit par la suite qu’elle nereviendra plus travailler ». Sauf-conduitdélivré par la gendarmerie.

Enfin, Léa Feldblum, jeune éduca-trice juive polonaise de 24 ans, sevoit remettre un sauf-conduit par lagendarmerie de Brégnier-Cordon afinde se rendre dans l’Hérault entre le9 et le 25 mars 1944. Elle avait pourmission de trouver un lieu pour lesenfants dans un département moinsexposé. Fin mars, elle est de retour àla colonie. Elle est arrêtée le jour dela rafle puis déportée à Auschwitz.Elle sera la seule du groupe d’Izieu àrevenir des camps.

L’aide du voisinageLes relations avec le voisinage

sont bonnes, notamment avec lafamille Perticoz dont la ferme setrouve à proximité de la maison. Lesanimaux de la ferme font partie desdistractions des plus jeunes. JulienFavet, employé des Perticoz, a lesfaveurs de certains enfants qui luiapportent son casse-croûte quand iltravaille aux champs.

Des personnes du village aidentla colonie. Ainsi la famille Héritier quihabite le village d’Izieu accueilleYvette Benguigui 2 ans, la petitesœur des trois frères Benguigui. Elleest hébergée plusieurs mois. Quant àla famille Borgey, elle recueille deuxenfants juifs qui ne proviennent pasde la colonie mais de la famille d’un médecin lyonnais. Le 6 avril1944, Mme Borgey ira cacher ces deux enfants dans la montagne.Ils ne seront pas inquiétés.

S ’ E NGAGER POUR LA COLON I E D ’ I Z I EU : D ES SOL IDAR I T É S INS T I TU T IONNELLE S E T LO CA LE S

OSE, Œuvre de Secours aux EnfantsCréée en 1912 en Russie tsaristeantisémite, la Société pour la protec-tion sanitaire des populations juivesdécide de mener une action humani-taire envers les juifs nécessiteux.En 1923, à Berlin, elle fonde une orga-nisation internationale, l’Union-OSE.En 1933, l’arrivée des nazis l’oblige àdéplacer son siège à Paris. En 1935,sa filiale française est créée sous lenom « Œuvre de secours auxenfants et de protection de la santédes populations juives ».Après l’armistice du 22 juin 1940,l’OSE installe son siège à Vichy puisle transfère à Montpellier. En novembre 1941, elle est intégréeà l’UGIF (Union Générale desIsraélites de France).

Préfecture de l’HéraultLe personnel de la préfecture del’Hérault adopte une attitude coura-geuse en favorisant le sauvetaged’enfants juifs. M. Benedetti, Préfetrégional, M. Ernst, secrétaire général,et M. Fridrici, chef de division, délivrent des autorisations pour la libération de jeunes internés dansles camps.C’est M. Fridrici qui signale à Sabine Zlatin un groupe d’enfants àprendre en charge d’urgence. Cesont ces enfants que Miron et SabineZlatin emmènent avec eux en zoneitalienne.

L’abbé Prévost Il est parfois difficile de trouver rapidement une place pour accueillirles enfants que l’OSE fait sortir des camps. L’abbé Prévost, directeurde l’Institut Saint-Jean-François-Régisà Montpellier (Hérault) proposed’utiliser le sanatorium1 Saint-Roch àPalavas-les-Flots (Hérault) commelieu de transit.« Je voudrais ici rendre un hommagetout particulier à l’abbé Prévost pourl’accueil chaleureux qu’il me réservatoujours. Il prit bon nombre d’enfantsdans son établissement, surtout desgarçons. Un jour que je lui amenaiscinq garçons, il appela la mère supérieure et lui dit : « Ces enfantssont juifs. Vous ne les emmènerezpas à la messe le dimanche.Débrouillez-vous. » C’était révélateurde la générosité de coeur de l’abbéPrévost. » Sabine Zlatin, opus cit.1 sanatorium : maison de santé.

G L O S S A I R E

Gaston Lavoille, directeur du collège moderne de Belley. Année scolaire 1945-1946 © Coll. Roger Perticoz

Brouillon d’une lettre de Sabine Zlatin,adressée à Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préfetde Belley, fin 1943 :« Grâce à vous, M. le Sous-préfet, une colonied’enfants réfugiés a trouvé gîte dans votrearrondissement. Depuis notre venue à Izieu,vous nous avez témoigné votre sympathie parune multitude d’attentions auxquelles noussommes expressément sensibles. (...)Permettez-moi, au nom de nos enfants, et detoute la colonie de vous souhaiter une bonne etheureuse année 1944, et la réalisation de tousvos voeux les plus chers. »© Maison d’Izieu / Succession Sabine Zlatin

L'abbé Prévost © BNF / Maison d'Izieu, collection Sabine Zlatin

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la Maison d’enfants d’Izieu ».Le 18 octobre, une jeune institutricede 21 ans, Gabrielle Perrier, recrutéepar M. Gonnet lui-même, fait sa rentrée devant les élèves de la colonied’Izieu.

Le rôle bienveillant de la gendarmerie

Une brigade de la gendarmerienationale se trouvait en poste àBrégnier-Cordon à 2 km au sudd’Izieu. En l’état actuel desrecherches, les témoignages et lesdocuments d’archives sembleraientnous indiquer que cette brigade étaitintervenue au moins à quatrereprises en faveur du personnel de lacolonie d’Izieu.

Le 21 août 1943, Le Préfetrégional de Lyon transmet par télé-gramme au Préfet de l’Ain des ins-tructions selon lesquelles il convientd’arrêter des juifs « aptes au travail »pour les diriger sur l’organisationTODT (Service du Travail Obligatoirepour les juifs de France). Le mêmejour, à Brégnier-Cordon, les gen-darmes délivrent un sauf-conduit àun éducateur de la colonie d’Izieu,Léon Reifman, juif roumain agé de 29ans, étudiant en médecine. Ce docu-ment lui donne le droit de se rendrelibrement à Chambéry du 22 au 30août. Le 23 août, Léon Reifman quit-te Izieu en possession de son sauf-conduit. Le 24 août, le Maréchal desLogis-chef de Gendarmerie deBrégnier-Cordon, Marcel Fontaine, serend à Izieu en fin de soirée, à 22heures, avec pour ordre de l’arrêter.Sans succès puisqu’il est parti la veille.

Dans un courrier au Préfet de l’Ain,le 30 août, Sabine Zlatin indique queLéon Reifman n’est pas rentré à lacolonie et qu’il l’a avertie par télé-phone qu’il ne reviendrait pas à Izieu.Le 4 septembre 1943, le Préfet de laSavoie écrit au Préfet de l’Ain pourl’informer que les recherches effec-tuées dans son « département en vuede retrouver la trace de cet étrangersont demeurées infructueuses à ce jour ».Nous formulons l’hypothèse que lesauf-conduit a été délivré délibérémentpar la gendarmerie de Brégnier-Cordonafin que Léon Reifman échappe à son arrestation. Si cette thèse seconfirmait, les gendarmes auraientsauvé la vie de Léon Reifman caraprès avoir travaillé au sein de laTODT, les juifs étaient déportés.D’autres faits plaident en faveur de la bienveillance de la gendarmerie. En septembre ou en octobre 1943,Paul Niedermann, 15 ans, a dû précipitamment quitter Izieu : « Un jour est arrivé un gendarme. Il adit que j’étais trop grand, que j’attireraiun jour ou l’autre l’attention. Je suisparti immédiatement à Grenoble. J’aifini par aboutir dans un presbytère àDouvaine ; le curé, un saint-hommedécédé à Buchenwald, avait des pas-seurs. J’ai été dans un groupe qui aréussi à franchir la frontière suisse.J’ai su que la traque était finie. »Paul Niedermann vit aujourd’hui enrégion parisienne. Il témoigne réguliè-rement pour des élèves ou des étu-diants, aussi bien en France qu’enAllemagne.

Autre cas, celui de Rachel etSerge Pludermarcher, éducateurs à lamaison d’Izieu. Rachel est enceinte.Dans un témoignage livré à l’histo-rienne Katy Hazan, elle raconte quelors d’une visite médicale, elleapprend par un gendarme qu’unerafle se prépare. Ce n’est pas la pre-mière fois qu’une telle rumeur serépand, mais Serge et Rachel déci-dent de ne pas retourner à Izieuavant la naissance de leur filsGeorges. Leur départ est confirmépar les archives dans un courrier deSabine Zlatin, daté du 9 mars 1944,adressé au Préfet de l’Ain dans lequelelle précise que Rachel « a quitté notremaison ces jours-ci, munie d’un sauf-conduit, et m’avertit par la suite qu’elle nereviendra plus travailler ». Sauf-conduitdélivré par la gendarmerie.

Enfin, Léa Feldblum, jeune éduca-trice juive polonaise de 24 ans, sevoit remettre un sauf-conduit par lagendarmerie de Brégnier-Cordon afinde se rendre dans l’Hérault entre le9 et le 25 mars 1944. Elle avait pourmission de trouver un lieu pour lesenfants dans un département moinsexposé. Fin mars, elle est de retour àla colonie. Elle est arrêtée le jour dela rafle puis déportée à Auschwitz.Elle sera la seule du groupe d’Izieu àrevenir des camps.

L’aide du voisinageLes relations avec le voisinage

sont bonnes, notamment avec lafamille Perticoz dont la ferme setrouve à proximité de la maison. Lesanimaux de la ferme font partie desdistractions des plus jeunes. JulienFavet, employé des Perticoz, a lesfaveurs de certains enfants qui luiapportent son casse-croûte quand iltravaille aux champs.

Des personnes du village aidentla colonie. Ainsi la famille Héritier quihabite le village d’Izieu accueilleYvette Benguigui 2 ans, la petitesœur des trois frères Benguigui. Elleest hébergée plusieurs mois. Quant àla famille Borgey, elle recueille deuxenfants juifs qui ne proviennent pasde la colonie mais de la famille d’un médecin lyonnais. Le 6 avril1944, Mme Borgey ira cacher ces deux enfants dans la montagne.Ils ne seront pas inquiétés.

S ’ E NGAGER POU R L A C O LON I E D ’ I Z I EU : D ES SOL IDAR I T É S INS T I TU T IONNELLE S E T LO CA LE S

OSE, Œuvre de Secours aux EnfantsCréée en 1912 en Russie tsaristeantisémite, la Société pour la protec-tion sanitaire des populations juivesdécide de mener une action humani-taire envers les juifs nécessiteux.En 1923, à Berlin, elle fonde une orga-nisation internationale, l’Union-OSE.En 1933, l’arrivée des nazis l’oblige àdéplacer son siège à Paris. En 1935,sa filiale française est créée sous lenom « Œuvre de secours auxenfants et de protection de la santédes populations juives ».Après l’armistice du 22 juin 1940,l’OSE installe son siège à Vichy puisle transfère à Montpellier. En novembre 1941, elle est intégréeà l’UGIF (Union Générale desIsraélites de France).

Préfecture de l’HéraultLe personnel de la préfecture del’Hérault adopte une attitude coura-geuse en favorisant le sauvetaged’enfants juifs. M. Benedetti, Préfetrégional, M. Ernst, secrétaire général,et M. Fridrici, chef de division, délivrent des autorisations pour la libération de jeunes internés dansles camps.C’est M. Fridrici qui signale à Sabine Zlatin un groupe d’enfants àprendre en charge d’urgence. Cesont ces enfants que Miron et SabineZlatin emmènent avec eux en zoneitalienne.

L’abbé Prévost Il est parfois difficile de trouver rapidement une place pour accueillirles enfants que l’OSE fait sortir des camps. L’abbé Prévost, directeurde l’Institut Saint-Jean-François-Régisà Montpellier (Hérault) proposed’utiliser le sanatorium1 Saint-Roch àPalavas-les-Flots (Hérault) commelieu de transit.« Je voudrais ici rendre un hommagetout particulier à l’abbé Prévost pourl’accueil chaleureux qu’il me réservatoujours. Il prit bon nombre d’enfantsdans son établissement, surtout desgarçons. Un jour que je lui amenaiscinq garçons, il appela la mère supérieure et lui dit : « Ces enfantssont juifs. Vous ne les emmènerezpas à la messe le dimanche.Débrouillez-vous. » C’était révélateurde la générosité de coeur de l’abbéPrévost. » Sabine Zlatin, opus cit.1 sanatorium : maison de santé.

G L O S S A I R E

Gaston Lavoille, directeur du collège moderne de Belley. Année scolaire 1945-1946 © Coll. Roger Perticoz

Brouillon d’une lettre de Sabine Zlatin,adressée à Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préfetde Belley, fin 1943 :« Grâce à vous, M. le Sous-préfet, une colonied’enfants réfugiés a trouvé gîte dans votrearrondissement. Depuis notre venue à Izieu,vous nous avez témoigné votre sympathie parune multitude d’attentions auxquelles noussommes expressément sensibles. (...)Permettez-moi, au nom de nos enfants, et detoute la colonie de vous souhaiter une bonne etheureuse année 1944, et la réalisation de tousvos voeux les plus chers. »© Maison d’Izieu / Succession Sabine Zlatin

L'abbé Prévost © BNF / Maison d'Izieu, collection Sabine Zlatin

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D ans l’histoire de l’aide apportéeà la colonie des enfantsd’Izieu, il convient de souligner

l’action et le courage d’une famillede Montpellier, les Pallarés. Au prin-temps 1942, par le biais d’une relation de voisinage, Sabine Zlatinfait la connaissance de Marie-Antoinette Pallarés et de ses enfantsGuy, Paulette et Renée. Le mari, instituteur, se trouve mobilisé auTogo. Les deux filles alors adolescentesfont parties des Eclaireuses deFrance. A ce titre, elles se chargentde porter des colis de ravitaillementpréparés par les Eclaireurs israélitesde Montpellier aux juifs internésdans les camps. Malgré les risquesliés à la surveillance allemande,Renée se porte même volontairepour convoyer une quarantained’adolescentes juives et étrangèresde Montpellier à Annecy afinqu’elles puissent se réfugier enSuisse.

Dans le cadre de ses actions de sauvetage, Sabine Zlatin sort ducamp d’Agde une fillette âgée dedeux ans : Diane Popowski, née àLuxembourg, le 22 avril 1940.Réfugiées dans le sud de la France,cachée à Prades-le-Pez dansl’Hérault, Diane et sa mère sontarrêtées par la gendarmerie françaisepuis internées au camp d’Agde. Lesparents sont déportés le 11 septembre1942. L’enfant se retrouve seule aucamp d’Agde. L’histoire raconte que

Sabine Zlatin l’aurait sortie du campclandestinement en la cachant soussa cape. Pour éviter que les pleursdu bébé n’alertent les gardiens, ellelui aurait calé un petit morceau desucre dans la bouche. Vers la fin del’été 1942, Diane est confiée à lafamille Pallarés qui accueillera aussiun autre enfant âgé de 3 ans :Albert Bulka dit « Coco ». Celui-cirejoint en mai 1943, la « colonie desenfants réfugiés de l’Hérault » àIzieu, fondée par les époux Zlatin.

Aux environs du mois de juin1943, Miron Zlatin a besoin d’aidepour s’occuper du jardin de la colonie. Pour aider son mari, SabineZlatin songe à faire venir deux adolescents juifs cachés dans la région d’Agen. Elle demande àRenée Pallarés d’aller les chercher.Renée est alors lycéenne. Elleconvoie les deux adolescents jusqu’à Izieu. Il s’agit de Théo Reis et de Paul Nierdermann. Après cepériple, Renée passe son bac puiselle vient passer l’été 1943 avec sa sœur et son frère, à la colonied’Izieu. La fratrie emmène avec elle,la petite Diane Popowski. Les deuxsœurs sont aide-monitrices et participent activement à la bonnemarche de la colonie. Renée etPaulette prirent un nombre important de photographies quiaujourd’hui nous sont parvenues.Ces clichés témoignent de la viequotidienne : séances de pluches,

L’aide à Léon Reifman,le 6 avril 1944.Le 6 avril 1944, Léon Reifman, ancienéducateur de la colonie, rend visite àsa famille réfugiée à la maison d’Izieu.En cours de route, il prend en chargedeux garçons qui étaient pensionnairesau collège de Belley. Sitôt arrivé, il monte à l’infirmerie. La rafle a lieuau même moment. Prévenu par sasœur, il saute par la fenêtre du 1er

étage et se cache dans un buisson. Ilest trouvé par l’ouvrier agricole tra-vaillant pour la famille Perticoz, JulienFavet. Grâce aux Perticoz, dont laferme jouxte la colonie, il se réfugiedans un hameau voisin avant de passer plusieurs jours à Peyrieu situéà une dizaine de kilomètres d’Izieu. Il est caché par la famille de la sœurde Madame Perticoz, la familleBouvier. Enfin, il est accueilli par la famille Cardot de Belley dont le père est l’un des responsables dumaquis. Après la guerre, il devientmédecin. Dès le retour de KlausBarbie en France, en 1983, il seporte partie civile pour sa famille. Il décède en 1994, l’année de l’inauguration du « Musée-mémorialdes enfants d’Izieu ».

LES PALLARÉS , U N E FAM ILL E DE JUS T E S

Léon Reifman, colonie d'Izieu, été 1943© Maison d'Izieu / Coll. Henri Alexander.

En partant de la gauche : Renée, Guy et Paulette Pallarés, colonie d'Izieu, été 1943© Maison d'Izieu / Coll. Niedermann – Pallarés-Roche.

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Hauteville est une commune du Bugey (Ain) située sur un plateau du Jura, à une

cinquantaine de kilomètres d’Izieu.C’est avant tout une station climatiqueoù l’on soigne des malades atteintsde tuberculose.Zone de maquis, le plateau sera le théâtre d’actes de résistance et de répression allemande.

Dans les années 30, de nombreusesfamilles de juifs polonais fuyant les persécutions nazies arrivent àHauteville. A cette époque,Hauteville et Lompnes sont deux villages distincts ; ils seront réunis en1942. Le maire de Lompnes, LéonBonafé, est également médecin chefdu sanatorium de l’Espéranced’Hauteville. Il y héberge, soigne etcache des femmes juives. Certainesayant des enfants, il leur indique desadresses de familles du plateau quipeuvent les accueillir. Ainsi, il crée un réseau de confiance entre les « mères de l’Espérance » et les « nourrices de Cormaranche ».Son action est soutenue dansl’ombre par l’attitude courageuse deFrédéric Dumarest, « président de la délégation spéciale » d’Hauteville-Lompnes.« Les enfants cachés d’Hauteville ont gardé un souvenir plutôt bon del’Espérance et son grand parc où ils jouaient, insouciants de la guerre,près de leurs mamans. […] Les pensionnaires de l’Espérancevivaient dans les meilleures conditionspossibles en temps de guerre. […]Hauteville était un monde presquepaisible jusqu’à l’arrivée des Allemands. »

Georges Levy, Les enfants de l’Espérance.

Hauteville 1939-1945

Fin juin 1941, le Préfet rappelle auxmaires qu’ils doivent impérativementfournir la liste de tous les juifs. Il est demandé à la directrice del’Espérance de donner la liste de toutes les pensionnaires et celledu personnel. Elle ne déclare que 34 juifs et en dissimule une quinzaine. Après ce recensement, le Préfet dispose d’une liste de 64 juifs de la région de Belley parmi lesquels figurent les familles Halpern etAment, juifs autrichiens arrivés

en France après l’Anschluss en 1938.Bien que connaissant l’existence de « ce sanatorium de juives », lesAllemands ne procèderont à aucunerafle dans l’établissement.

L’histoire d’Hauteville-Lompnes etcelle de la maison d’Izieu sont liées àtravers le destin des familles de deuxdes enfants victimes de la rafle du 6 avril 1944 à la « colonie ».

Au début de l’été 1939, SéraphineHalpern née le 23 septembre 1907,commence une cure à l’Espérance.Elle y fera plusieurs séjours.Auparavant hospitalisée à Perpignan,elle a dû se séparer de son filsGeorges.En septembre, quand la guerre éclate,des juifs étrangers s’engagent dansl’armée française pour prouver leurattachement à la France et leurvolonté d’intégration ; parmi eux, son mari Julius Halpern.Georges Halpern, dit Georgy, né le 30 octobre 1935, d’abord placédans la maison d’enfants de l’O.S.E.au château de Chaumont à Mainsat(Creuse) puis à la maison deCampestre à Lodève, arrive le 18 maià la « colonie » d’Izieu avec le premiergroupe d’enfants venus de l’Hérault.

distribution du courrier, jeux, etc.Grâce à ces photographies, SergeKlarsfeld a pu compléter son dossier sur les 44 enfants raflés àIzieu en vue du procès Barbie quis’est tenu à Lyon en 1987.Certaines de ces photographiessont exposées aujourd’hui à la Maison d’Izieu.

A la fin de l’été 1943, les Pallarés doivent rentrer àMontpellier. Très attachées à Diane,qu’elles considèrent comme leurpropre sœur, elles réussissent àconvaincre Sabine Zlatin de rentrerchez elle avec Diane. La mère deRenée et Paulette accepte. Ellesrentrent alors à Montpellier encompagnie de Diane. « On était tousles trois en admiration. Elle étaitextraordinaire. D’abord, elle était trèsjolie, très mignonne (...) Mon frère la taquinait tout le temps, nous on la pouponnait » se souvient Renée.Sans l’accueil de cette famille durant la guerre, Diane Popowskiaurait été probablement déportée.En 1949, le père de Diane, rescapéd’Auschwitz, décide de récupérer sa fille.

C’est à la demande de Diane,que le diplôme de « Juste desNations », délivré par Israël à ceuxqui ont sauvé des juifs, est remis àRenée Pariselle, Paulette Roche et à leur mère, Marie-AntoinettePallarés, à titre posthume, le 16 septembre 1987, à Montpellier.Quelques mois avant, le 1er juin1987, Paulette témoignait à Lyonpour le procès Barbie.

Diane Popowski, aujourd’huiDiane Fenster, vit au Canada ainsi que son père. Renée fut la dernière à avoir témoigné de ce sauvetage. Elle est décédée le 3 août 2007.

HAUTEVILLE-LOMPNES : LES ENFANTS DE L’ESPÉRANCE

Georgy Halpern© Maison d'Izieu / Coll. Henri Alexander

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A la page 6, sont relatés des faits concernant des employés de mairie résistants.La page 7 s’intitule « résistants et gendarmes, main dans la main », où certains gendarmes prévenaient les réfractaires dénoncés.

• La Résistance du secteur de Bellegarde relate aussi de la confection de faux-papiers (Cristal 4 p 27 et p 79-80dressant une typologie de faux papiers)

• Il faut évoquer aussi • les moines trappistes de la Dombes,

qui ont fourni tampons, appareil photo et machine à écrire. Ces trois objets sont exposés au musée de la Résistance de Nantua.

• Témoignage de Henri Girardi, sur l’aide du village de Cerdon qui a ravitaillé les maquis alentours. Le maire du village Emile Rougemont, ainsi que certains gendarmes ont protégé les réfractaires.

n Concernant l’aide aux réfractaires du STO, et aux maquis par extension.

• Témoignage de Rose Deville,bergère à Chougeat en mars 1943, lorsque les premiersréfractaires sont arrivés dans son village. À travers ce témoignage sont évoquées les représailles contre ceux qui ont désobéi au régime de Vichy, puisque Madame Deville a été déportée avec d’autres qui comme elle, ont caché et nourri les réfractaires.

• Témoignage de Louise Jeanjacquot, « 1943, l’année terrible » (pages 6 et 10)

• Témoignage de René Collet (chapitres 318, 362), jeune maquisard, suite à son évasion du train de déportation vers le camp de BUCHENWALD, lors de la rafle à Nantua, le 14 décembre 1943. Monsieur COLLET a été caché et soigné durant de longues semaines dans une famille en Haute Savoie.

n A propos des réseaux de passeurs

• Témoignage de Pierre Marcaultqui a participé a un réseau de passeurs sur la ligne de démarcation. , (page 8, chap 478)

• Témoignage de Robert Molinattisur des passeurs vers la Suisse (page 10)

• Témoignage des Justes du Sappel des familles protestantes vivant vers le col du Sappel entre Labalme Cerdon et Vieu d’Izenave ont caché des Juifs et les ont aidés à passer en Suisse.

n A propos de la persécution des juifs

• Le MondeL’histoire au jour le jour. La deuxième guerre mondiale. 1939/1945

• Centre de documentation juive contemporaine L’internement des Juifs sous Vichy

• Anne Grynberg Les camps de la honte. Les internés juifs des camps français 1939-1944,éditions la découverte / textes à l’appui

• Pierre-Jérôme BiscaratLes enfants réfugiés d’Izieu, 6 avril1944 : un crime contre l’humanité.Veurey : Le Dauphiné Libéré, 2003, (Les Patrimoines)

• Rolande CausseLes enfants d’Izieu.Paris : Syros jeunesse, 2004

• Collection de Sabine Zlatin. Paris : Bibliothèque nationale de France ; Association du Musée-mémorial d’Izieu, 1994 Garde-le toujours : lettres et dessins des enfants d’Izieu,

• Serge Klarsfeld,Les enfants d’Izieu : une tragédie juive. Paris : Les Fils et filles des Déportés Juifs de France, 2000

• Serge Klarsfeld, En souvenir de Georgy : lettres et dessins de la Maison d’Izieu.New-York : Aperture Foundation, 2002

• Georges Levy, Les enfants de l’Espérance. Hauteville 1939-1945,2006

• Pierre-Marcel Wiltzer,Sous les feux croisés. Parole de Préfet.Chambéry : Comp’Act, 1999

• Sabine Zlatin,Mémoires de la « Dame d’Izieu ». Paris : Gallimard, 1992

n Lieux ressources

• Archives départementales 1 boulevard Paul Valéry 01000 Bourg-en-BresseT : 04 72 32 12 80

• Anciens Combattants et Victimes de Guerre (Service départemental de l’Office national)3 rue Brillat-Savarin 01000 Bourg-en-BresseT : 04 74 21 09 95

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Ouvrages généraux :

• J.P Azema, François Bedarida,« La France des années noires »,édition du Seuil, novembre 1993Tome 1 : pages 387 à 392 sont traités les premiers réseaux qui organisaient des évasionsTome 2 : la page 331 traite du rôle du monde paysan dans la survie du Maquis

• Olivier Wieworka« Une certaine idée de la Résistance »,édition du Seuil, novembre 1995A la page 118, est traité le thème des faux papiers

• Henri Rousso« Les années noires; vivre sous l’occupation », collection découvertes Gallimard Histoire, Septembre 2005A la page 98, l’auteur évoque la France des Justes.

• Laurence Thibault« Les cahiers de la Résistance : les jeunes dans la Résistance »,collection La Documentation Française, édition AERI, juillet 2007.A la page 142, l’auteur nous dresse un portrait d’une jeune employée de mairie, qui fabriquait des faux papiers. A la page suivante, 143, c’est un autre portrait qui est réalisé, celui d’Henri Barbot, qui appartenait à un réseau d’aide aux personnes évadées.

Ouvrages locaux :

n Sur l’évacuation des maquisards blessés :

• Témoignage du Docteur René Guilletsur l’évacuation de maquisards blessés, de l’hôpital d’Oyonnax jusqu’à Lagotète (Apremont), fuyant la répression nazie de juillet 1944. (pages 8,9 et 17)

• Jacques Guttieres« Le chemin du maquis »Récits sur les évacuations des hôpitaux de Nantua et d’Oyonnax en juillet 1944. (pages 85 à 103)

• Témoignage de Fernand Geoffray, directeur de l’hôpital de Nantua

• Jacqueline Di Carlo « La guerre de 39-45 à Saint--Rambert-en-Bugey »de la page 140 à 145 sont évoqués les « fusillés deux fois » de l’hôpital de Nantua, et de l’évacuation.

n Sur la confection de faux papierset la résistance dans les administrations

• Marcel Royer alias « André », « Pour mieux comprendre la Résistance en Dombes »

Bibl

iogr

aphi

e Cette bibliographie indicative est constituée d’ouvrages consultables au Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura et à la Maison d’Izieu.

Il est déporté par le convoi n° 71 etassassiné à Auschwitz-Birkenau.

Fin mars, trois semaines après ladéportation de son mari, ErnestineAment très malade entre àl’Espérance. Elle y décède le 7 août1944.Hans Ament, né le 15 février 1934,rejoint la colonie d’Izieu en septembre 1943. Il est déporté parle convoi n° 75 du 30 mai 1944.Alfred, son frère aîné, est sauvé parl’OSE qui l’a fait passer en Suisse. Les recherches historiques récentesde Georges Levy ont permis de

découvrir cette histoire d’enfants juifshébergés ou cachés – parfois avecleurs parents, ou près d’eux – auSud de l’Ain, à Hauteville, Lompneset Cormaranche, grâce au courageet à la bonté de quelques habitants :un médecin, un maire, des agriculteurs,des commerçants, un enseignant.

Hans Hament, coll. Serge Klarsfeld

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A la page 6, sont relatés des faits concernant des employés de mairie résistants.La page 7 s’intitule « résistants et gendarmes, main dans la main », où certains gendarmes prévenaient les réfractaires dénoncés.

• La Résistance du secteur de Bellegarde relate aussi de la confection de faux-papiers (Cristal 4 p 27 et p 79-80dressant une typologie de faux papiers)

• Il faut évoquer aussi • les moines trappistes de la Dombes,

qui ont fourni tampons, appareil photo et machine à écrire. Ces trois objets sont exposés au musée de la Résistance de Nantua.

• Témoignage de Henri Girardi, sur l’aide du village de Cerdon qui a ravitaillé les maquis alentours. Le maire du village Emile Rougemont, ainsi que certains gendarmes ont protégé les réfractaires.

n Concernant l’aide aux réfractaires du STO, et aux maquis par extension.

• Témoignage de Rose Deville,bergère à Chougeat en mars 1943, lorsque les premiersréfractaires sont arrivés dans son village. À travers ce témoignage sont évoquées les représailles contre ceux qui ont désobéi au régime de Vichy, puisque Madame Deville a été déportée avec d’autres qui comme elle, ont caché et nourri les réfractaires.

• Témoignage de Louise Jeanjacquot, « 1943, l’année terrible » (pages 6 et 10)

• Témoignage de René Collet (chapitres 318, 362), jeune maquisard, suite à son évasion du train de déportation vers le camp de BUCHENWALD, lors de la rafle à Nantua, le 14 décembre 1943. Monsieur COLLET a été caché et soigné durant de longues semaines dans une famille en Haute Savoie.

n A propos des réseaux de passeurs

• Témoignage de Pierre Marcaultqui a participé a un réseau de passeurs sur la ligne de démarcation. , (page 8, chap 478)

• Témoignage de Robert Molinattisur des passeurs vers la Suisse (page 10)

• Témoignage des Justes du Sappel des familles protestantes vivant vers le col du Sappel entre Labalme Cerdon et Vieu d’Izenave ont caché des Juifs et les ont aidés à passer en Suisse.

n A propos de la persécution des juifs

• Le MondeL’histoire au jour le jour. La deuxième guerre mondiale. 1939/1945

• Centre de documentation juive contemporaine L’internement des Juifs sous Vichy

• Anne Grynberg Les camps de la honte. Les internés juifs des camps français 1939-1944,éditions la découverte / textes à l’appui

• Pierre-Jérôme BiscaratLes enfants réfugiés d’Izieu, 6 avril1944 : un crime contre l’humanité.Veurey : Le Dauphiné Libéré, 2003, (Les Patrimoines)

• Rolande CausseLes enfants d’Izieu.Paris : Syros jeunesse, 2004

• Collection de Sabine Zlatin. Paris : Bibliothèque nationale de France ; Association du Musée-mémorial d’Izieu, 1994 Garde-le toujours : lettres et dessins des enfants d’Izieu,

• Serge Klarsfeld,Les enfants d’Izieu : une tragédie juive. Paris : Les Fils et filles des Déportés Juifs de France, 2000

• Serge Klarsfeld, En souvenir de Georgy : lettres et dessins de la Maison d’Izieu.New-York : Aperture Foundation, 2002

• Georges Levy, Les enfants de l’Espérance. Hauteville 1939-1945,2006

• Pierre-Marcel Wiltzer,Sous les feux croisés. Parole de Préfet.Chambéry : Comp’Act, 1999

• Sabine Zlatin,Mémoires de la « Dame d’Izieu ». Paris : Gallimard, 1992

n Lieux ressources

• Archives départementales 1 boulevard Paul Valéry 01000 Bourg-en-BresseT : 04 72 32 12 80

• Anciens Combattants et Victimes de Guerre (Service départemental de l’Office national)3 rue Brillat-Savarin 01000 Bourg-en-BresseT : 04 74 21 09 95

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Ouvrages généraux :

• J.P Azema, François Bedarida,« La France des années noires »,édition du Seuil, novembre 1993Tome 1 : pages 387 à 392 sont traités les premiers réseaux qui organisaient des évasionsTome 2 : la page 331 traite du rôle du monde paysan dans la survie du Maquis

• Olivier Wieworka« Une certaine idée de la Résistance »,édition du Seuil, novembre 1995A la page 118, est traité le thème des faux papiers

• Henri Rousso« Les années noires; vivre sous l’occupation », collection découvertes Gallimard Histoire, Septembre 2005A la page 98, l’auteur évoque la France des Justes.

• Laurence Thibault« Les cahiers de la Résistance : les jeunes dans la Résistance »,collection La Documentation Française, édition AERI, juillet 2007.A la page 142, l’auteur nous dresse un portrait d’une jeune employée de mairie, qui fabriquait des faux papiers. A la page suivante, 143, c’est un autre portrait qui est réalisé, celui d’Henri Barbot, qui appartenait à un réseau d’aide aux personnes évadées.

Ouvrages locaux :

n Sur l’évacuation des maquisards blessés :

• Témoignage du Docteur René Guilletsur l’évacuation de maquisards blessés, de l’hôpital d’Oyonnax jusqu’à Lagotète (Apremont), fuyant la répression nazie de juillet 1944. (pages 8,9 et 17)

• Jacques Guttieres« Le chemin du maquis »Récits sur les évacuations des hôpitaux de Nantua et d’Oyonnax en juillet 1944. (pages 85 à 103)

• Témoignage de Fernand Geoffray, directeur de l’hôpital de Nantua

• Jacqueline Di Carlo « La guerre de 39-45 à Saint--Rambert-en-Bugey »de la page 140 à 145 sont évoqués les « fusillés deux fois » de l’hôpital de Nantua, et de l’évacuation.

n Sur la confection de faux papierset la résistance dans les administrations

• Marcel Royer alias « André », « Pour mieux comprendre la Résistance en Dombes »

Bibl

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e Cette bibliographie indicative est constituée d’ouvrages consultables au Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura et à la Maison d’Izieu.

Il est déporté par le convoi n° 71 etassassiné à Auschwitz-Birkenau.

Fin mars, trois semaines après ladéportation de son mari, ErnestineAment très malade entre àl’Espérance. Elle y décède le 7 août1944.Hans Ament, né le 15 février 1934,rejoint la colonie d’Izieu en septembre 1943. Il est déporté parle convoi n° 75 du 30 mai 1944.Alfred, son frère aîné, est sauvé parl’OSE qui l’a fait passer en Suisse. Les recherches historiques récentesde Georges Levy ont permis de

découvrir cette histoire d’enfants juifshébergés ou cachés – parfois avecleurs parents, ou près d’eux – auSud de l’Ain, à Hauteville, Lompneset Cormaranche, grâce au courageet à la bonté de quelques habitants :un médecin, un maire, des agriculteurs,des commerçants, un enseignant.

Hans Hament, coll. Serge Klarsfeld

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1918

LES EXPOSITIONS PERMANENTES

L’Allemagne nazieDe 1919 à 1939, l’Allemagne passe du sta-tut d’Etat vaincu à celui de nation conqué-rante. Autour d’objets évoquant le régimenazi, cartes et documents décrivent la pré-paration du pays à une guerre totale.

De la mobilisation à l’armisticeLe 2 septembre 1939, une affiche annon-ce l’entrée en guerre de la France et lamobilisation générale. Cartes, chronolo-gie et documents ou effets personnelsretracent le chemin de la défaite.

Vie quotidienne sous l’OccupationConséquence de l’armistice, l’occupation allemande bouleverse la vie quotidiennedes Français. Tickets de rationnement,gazobois, savon à la cendre, Ausweis …font leur apparition. L’image du maréchalPétain et l’idéologie du régime de Vichyenvahissent les foyers.

Résistance civileSouvent réunis autour d’un journal clan-destin, les premiers réseaux de résistance s’organisent pour fournir de faux-papiersou élaborer des filières d’évasion. Portraitsde résistants locaux et documents histo-riques témoignent de la naissance de cesmouvements pionniers.

Vie au maquis et résistance arméeLes reconstitutions de scènes de la vie aucamp et de l’organisation d’un parachuta-ge évoquent le quotidien de ces maqui-sards.

DéportationVêtements, lettres, ou objets rapportésdes camps de concentration racontent lecombat quotidien des déportés pour leursurvie.

Le musée dispose d’une collection particulièrement riche et variée d’environ12 000 objets, provenant essentiellementde dons de personnes ayant vécu ouconnu cette période sombre de la Seconde Guerre mondiale. Objets du quotidien, collection d’affiches de propagande et administratives localesremarquables, tracts, journaux, archives,armes, munitions, matériel de sabotage,de transmission, de parachutage, matérielmédical, uniformes, bannières,iconographie, souvenirs de déportation …permettent d’illustrer les événements dela Seconde Guerre mondiale de la montéedes périls à la Libération à l’échelledépartementale, nationale, internationale.Des images d’archives cinématogra-phiques départementales notammentsur le voyage de Pétain à Bourg-en-Bresse en septembre 1942, sur le défiléde maquisards à Oyonnax le 11 novembre1942, sur la vie au maquis, sur les bom-bardements de juillet 1944 et l’incendiede Dortan, sur la bataille de Meximieuxen septembre 1944, sur la constructionet l’inauguration du Monument à lamémoire des maquis de l’Ain permettentun éclairage local tout à fait exceptionnel.

LES EXPOSITIONS TEMPORAIRES 2008-2009

Propagande contre propagande 1939-1945 Jusqu’en septembre 2008. Enjeu stratégique majeur, le contrôle de l’opinion engendre une propagande sur-abondante. Affiches, tracts, messagesradio, actualités cinématographiques…illustrent l’affrontement idéologique desdifférents groupes engagés dans le conflit.

Grandes résistantes contemporainesDu 1er octobre 2008 au 30 avril 2009Le photographe Pierre-Yves Ginet nous invite dans cette exposition à suivre l’iti-néraire de femmes du monde entier dontles parcours ont été forgés par l’esprit de résistance. Différents portraits de femmesengagées dans le combat pour la paix :Lucie Aubrac, Germaine Tillon, AnnaPolitkovskaia… nous interrogent sur lesquestions d’égalité des droits de l’hom-me, de citoyenneté, de liberté d’expres-sion, mais aussi d’écologie et protection dela planète encore d’actualité aujourd’hui.

La rafle d’Izieu : rappel des faitsLe 6 avril 1944, à l’heure du petit déjeuner,des hommes de la Wehrmacht accompagnéspar la Gestapo de Lyon - sur ordre deKlaus Barbie - font irruption devant la maison, “colonie des enfants réfugiésde l’Hérault” et raflent les 44 enfants etles 7 adultes présents, parce qu’ils sontjuifs. Seul Léon Reifman, un ancien éducateur, parvient à s’enfuir en sautantd’une fenêtre. Les fermiers voisins, les Perticoz, l’aident à se cacher.

Enfants et adultes sont emprisonnés au fort Montluc à Lyon puis envoyés au camp de Drancy, où ils arrivent le 8 avril 1944. Le 13 avril, par le convoi n° 71, 34 enfants et 4 adultes sont déportés à Auschwitz-Birkenau. Il en est de même pour les 8 autres enfants et 3 éducateurspartis dans les convois n° 72 (29 avril),74 (20 mai), 75 (30 mai) et 76 (30 juin). À l’exception de Léa Feldblum,sélectionnée pour le travail, tous sont gazés.Miron Zlatin et les deux adolescents,Théo Reis et Arnold Hirsch, sont déportésle 15 mai 1944 vers l’Estonie par le convoi n° 73, uniquement composéd’hommes dans la force de l’âge.

Ils sont exécutés au cours de l’été 1944.La colonie des enfants réfugiés del’Hérault a fonctionné environ un an et a permis d’accueillir 105 enfants juifset leurs éducateurs. On estime que la plupart de ceux qui l’ont quittée avantla rafle ont survécu.

De la colonie des enfants réfugiésde l’Hérault à la Maison d’IzieuLa mémoire de la rafle d’Izieu est toutd’abord portée par Sabine Zlatin. Grâceà son engagement, une première com-mémoration officielle se déroule le 7avril 1946. A cette occasion, un monu-ment est érigé à Brégnier-Cordon etune plaque, où sont gravés les nomsdes enfants et des adultes raflés, estapposée sur la façade de la maisond’Izieu. La population locale entretientalors la mémoire des enfants d’Izieu etcommémore chaque année le souvenirde la rafle. Au début des années 70, les épouxKlarsfeld retrouvent la trace de KlausBarbie en Bolivie. Ils parviennent à lefaire arrêter en février 1983 puis à lefaire extrader en France. C’est avec leprocès Barbie que la mémoire d’Izieus’inscrit véritablement dans l’histoirefrançaise. Le 4 juillet 1987, la Cour d’as-sises du Rhône déclare Klaus Barbiecoupable de crime contre l’humanité etle condamne à la réclusion à vie. Aulendemain de ce procès, une associationse constitue autour de Sabine Zlatin.Grâce à une souscription nationale, l’association acquiert en juillet 1990 la « Maison d'Izieu ». Le 24 avril 1994,François Mitterrand, président de la République inaugure le « Musée -mémorial des enfants d’Izieu. »

Les activités pédagogiques de la Maison d’IzieuL’histoire de la Shoah est une histoireeuropéenne. Lieu de mémoire active et vivante, la Maison d’Izieu reçoit notamment unlarge public scolaire, des écoliers du pri-maire aux étudiants de l’université, enpassant par les collégiens et les lycéens. Elle répond à sa vocation pédagogiqueen mettant à la disposition des ensei-gnants les moyens de compléter leurtravail ou de développer de nouveaux projets tels qu’ateliers, parcours artistiques, rencontres avecdes témoins et intervenants divers,voyages sur des lieux de mémoirecomme les camps d’Auschwitz enPologne ou de Rivesaltes en France. Des projets de réflexion et d’échanges,scolaires mais aussi universitaires, permettant de saisir la dimension européenne de cette histoire, sont initiés régulièrement depuis plusieursannées, notamment en Allemagne et enItalie. Le fonds d’archives enrichi par des documents apportés par les anciensenfants d’Izieu ainsi que des travauxd’historiens permettent de reconstituerla vie de la colonie et de retracer des parcours individuels. Le centre de documentation met à la disposition des élèves de nombreux ouvrages traitant de la Shoah et des crimescontre l’humanité

MAISON D ’ I Z I EU , MÉMOR IAL DES ENFANTS JU I F S EX T ERM INÉSLE MUSÉE D’HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION DE L’AIN ET DU HAUT-JURA

« Cette maison sera un lieu de vie, comme une sorte de défi à ce qui s’est passé dans ces lieux. Elle accueillera des classes et des groupes qui trouveront ici des espaces de travail,

d’activité et de rencontre. Des classes et des groupes de toutes origines, tous horizons, de toutes formations et toutes religions. »

Extrait du discours de François Mitterrand, Président de la République, le 24 avril 1994.

UN FONDS DE COLLECTION REMARQUABLE

Transmettre la mémoire et appréhender l’Histoire : de la vie quotidienne à la résistance civile en passant par les maquis ou la Déportation,

le musée offre une approche pédagogique de la période adaptée à tous les niveaux.

Le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura est aujourd’hui l’un des principaux musées de France consacrés à la période de la Seconde Guerre mondiale.

Installé au cœur de la ville de Nantua dans l’ancienne maison d’arrêt datant du 19e siècle, la richesse de ses collections et leur mise en valeur en font un haut lieu de mémoire

et un outil pédagogique de qualité.A travers de nouveaux espaces thématiques, le musée vous invite à explorer

les méandres de la Seconde Guerre mondiale. Eclairée par l’analyse historique des événements locaux et nationaux,

l’exposition donne les clés pour mieux comprendre cette période complexe.

Vivre libre ou mourir, tract,Inv. MHRD 1998.16.26, Coll. Musées des pays de l'Ain

Vue intérieure du musée, l'occupation allemandeColl. Musées des pays de l'Ain © Jorge Alves

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Page 19: L'aide aux personnes pourchassées et persécutées

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LES EXPOSITIONS PERMANENTES

L’Allemagne nazieDe 1919 à 1939, l’Allemagne passe du sta-tut d’Etat vaincu à celui de nation conqué-rante. Autour d’objets évoquant le régimenazi, cartes et documents décrivent la pré-paration du pays à une guerre totale.

De la mobilisation à l’armisticeLe 2 septembre 1939, une affiche annon-ce l’entrée en guerre de la France et lamobilisation générale. Cartes, chronolo-gie et documents ou effets personnelsretracent le chemin de la défaite.

Vie quotidienne sous l’OccupationConséquence de l’armistice, l’occupation allemande bouleverse la vie quotidiennedes Français. Tickets de rationnement,gazobois, savon à la cendre, Ausweis …font leur apparition. L’image du maréchalPétain et l’idéologie du régime de Vichyenvahissent les foyers.

Résistance civileSouvent réunis autour d’un journal clan-destin, les premiers réseaux de résistance s’organisent pour fournir de faux-papiersou élaborer des filières d’évasion. Portraitsde résistants locaux et documents histo-riques témoignent de la naissance de cesmouvements pionniers.

Vie au maquis et résistance arméeLes reconstitutions de scènes de la vie aucamp et de l’organisation d’un parachuta-ge évoquent le quotidien de ces maqui-sards.

DéportationVêtements, lettres, ou objets rapportésdes camps de concentration racontent lecombat quotidien des déportés pour leursurvie.

Le musée dispose d’une collection particulièrement riche et variée d’environ12 000 objets, provenant essentiellementde dons de personnes ayant vécu ouconnu cette période sombre de la Seconde Guerre mondiale. Objets du quotidien, collection d’affiches de propagande et administratives localesremarquables, tracts, journaux, archives,armes, munitions, matériel de sabotage,de transmission, de parachutage, matérielmédical, uniformes, bannières,iconographie, souvenirs de déportation …permettent d’illustrer les événements dela Seconde Guerre mondiale de la montéedes périls à la Libération à l’échelledépartementale, nationale, internationale.Des images d’archives cinématogra-phiques départementales notammentsur le voyage de Pétain à Bourg-en-Bresse en septembre 1942, sur le défiléde maquisards à Oyonnax le 11 novembre1942, sur la vie au maquis, sur les bom-bardements de juillet 1944 et l’incendiede Dortan, sur la bataille de Meximieuxen septembre 1944, sur la constructionet l’inauguration du Monument à lamémoire des maquis de l’Ain permettentun éclairage local tout à fait exceptionnel.

LES EXPOSITIONS TEMPORAIRES 2008-2009

Propagande contre propagande 1939-1945 Jusqu’en septembre 2008. Enjeu stratégique majeur, le contrôle de l’opinion engendre une propagande sur-abondante. Affiches, tracts, messagesradio, actualités cinématographiques…illustrent l’affrontement idéologique desdifférents groupes engagés dans le conflit.

Grandes résistantes contemporainesDu 1er octobre 2008 au 30 avril 2009Le photographe Pierre-Yves Ginet nous invite dans cette exposition à suivre l’iti-néraire de femmes du monde entier dontles parcours ont été forgés par l’esprit de résistance. Différents portraits de femmesengagées dans le combat pour la paix :Lucie Aubrac, Germaine Tillon, AnnaPolitkovskaia… nous interrogent sur lesquestions d’égalité des droits de l’hom-me, de citoyenneté, de liberté d’expres-sion, mais aussi d’écologie et protection dela planète encore d’actualité aujourd’hui.

La rafle d’Izieu : rappel des faitsLe 6 avril 1944, à l’heure du petit déjeuner,des hommes de la Wehrmacht accompagnéspar la Gestapo de Lyon - sur ordre deKlaus Barbie - font irruption devant la maison, “colonie des enfants réfugiésde l’Hérault” et raflent les 44 enfants etles 7 adultes présents, parce qu’ils sontjuifs. Seul Léon Reifman, un ancien éducateur, parvient à s’enfuir en sautantd’une fenêtre. Les fermiers voisins, les Perticoz, l’aident à se cacher.

Enfants et adultes sont emprisonnés au fort Montluc à Lyon puis envoyés au camp de Drancy, où ils arrivent le 8 avril 1944. Le 13 avril, par le convoi n° 71, 34 enfants et 4 adultes sont déportés à Auschwitz-Birkenau. Il en est de même pour les 8 autres enfants et 3 éducateurspartis dans les convois n° 72 (29 avril),74 (20 mai), 75 (30 mai) et 76 (30 juin). À l’exception de Léa Feldblum,sélectionnée pour le travail, tous sont gazés.Miron Zlatin et les deux adolescents,Théo Reis et Arnold Hirsch, sont déportésle 15 mai 1944 vers l’Estonie par le convoi n° 73, uniquement composéd’hommes dans la force de l’âge.

Ils sont exécutés au cours de l’été 1944.La colonie des enfants réfugiés del’Hérault a fonctionné environ un an et a permis d’accueillir 105 enfants juifset leurs éducateurs. On estime que la plupart de ceux qui l’ont quittée avantla rafle ont survécu.

De la colonie des enfants réfugiésde l’Hérault à la Maison d’IzieuLa mémoire de la rafle d’Izieu est toutd’abord portée par Sabine Zlatin. Grâceà son engagement, une première com-mémoration officielle se déroule le 7avril 1946. A cette occasion, un monu-ment est érigé à Brégnier-Cordon etune plaque, où sont gravés les nomsdes enfants et des adultes raflés, estapposée sur la façade de la maisond’Izieu. La population locale entretientalors la mémoire des enfants d’Izieu etcommémore chaque année le souvenirde la rafle. Au début des années 70, les épouxKlarsfeld retrouvent la trace de KlausBarbie en Bolivie. Ils parviennent à lefaire arrêter en février 1983 puis à lefaire extrader en France. C’est avec leprocès Barbie que la mémoire d’Izieus’inscrit véritablement dans l’histoirefrançaise. Le 4 juillet 1987, la Cour d’as-sises du Rhône déclare Klaus Barbiecoupable de crime contre l’humanité etle condamne à la réclusion à vie. Aulendemain de ce procès, une associationse constitue autour de Sabine Zlatin.Grâce à une souscription nationale, l’association acquiert en juillet 1990 la « Maison d'Izieu ». Le 24 avril 1994,François Mitterrand, président de la République inaugure le « Musée -mémorial des enfants d’Izieu. »

Les activités pédagogiques de la Maison d’IzieuL’histoire de la Shoah est une histoireeuropéenne. Lieu de mémoire active et vivante, la Maison d’Izieu reçoit notamment unlarge public scolaire, des écoliers du pri-maire aux étudiants de l’université, enpassant par les collégiens et les lycéens. Elle répond à sa vocation pédagogiqueen mettant à la disposition des ensei-gnants les moyens de compléter leurtravail ou de développer de nouveaux projets tels qu’ateliers, parcours artistiques, rencontres avecdes témoins et intervenants divers,voyages sur des lieux de mémoirecomme les camps d’Auschwitz enPologne ou de Rivesaltes en France. Des projets de réflexion et d’échanges,scolaires mais aussi universitaires, permettant de saisir la dimension européenne de cette histoire, sont initiés régulièrement depuis plusieursannées, notamment en Allemagne et enItalie. Le fonds d’archives enrichi par des documents apportés par les anciensenfants d’Izieu ainsi que des travauxd’historiens permettent de reconstituerla vie de la colonie et de retracer des parcours individuels. Le centre de documentation met à la disposition des élèves de nombreux ouvrages traitant de la Shoah et des crimescontre l’humanité

MAISON D ’ I Z I EU , MÉMOR IAL DES ENFANTS JU I F S EX T ERM INÉSLE MUSÉE D’HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION DE L’AIN ET DU HAUT-JURA

« Cette maison sera un lieu de vie, comme une sorte de défi à ce qui s’est passé dans ces lieux. Elle accueillera des classes et des groupes qui trouveront ici des espaces de travail,

d’activité et de rencontre. Des classes et des groupes de toutes origines, tous horizons, de toutes formations et toutes religions. »

Extrait du discours de François Mitterrand, Président de la République, le 24 avril 1994.

UN FONDS DE COLLECTION REMARQUABLE

Transmettre la mémoire et appréhender l’Histoire : de la vie quotidienne à la résistance civile en passant par les maquis ou la Déportation,

le musée offre une approche pédagogique de la période adaptée à tous les niveaux.

Le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura est aujourd’hui l’un des principaux musées de France consacrés à la période de la Seconde Guerre mondiale.

Installé au cœur de la ville de Nantua dans l’ancienne maison d’arrêt datant du 19e siècle, la richesse de ses collections et leur mise en valeur en font un haut lieu de mémoire

et un outil pédagogique de qualité.A travers de nouveaux espaces thématiques, le musée vous invite à explorer

les méandres de la Seconde Guerre mondiale. Eclairée par l’analyse historique des événements locaux et nationaux,

l’exposition donne les clés pour mieux comprendre cette période complexe.

Vivre libre ou mourir, tract,Inv. MHRD 1998.16.26, Coll. Musées des pays de l'Ain

Vue intérieure du musée, l'occupation allemandeColl. Musées des pays de l'Ain © Jorge Alves

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Page 20: L'aide aux personnes pourchassées et persécutées

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Informations pratiquesLa Maison d’Izieu est ouverte au public tous les jours.

Les groupes, adultes et scolaires, sont accueillis sur réservation. Les services de l’accueil et de la pédagogie sont à leur disposition pour préparer leur venue.

Une équipe pédagogiqueest à la disposition des enseignants, des scolaires et des étudiants :Marie-Ange Baron E-mail : [email protected]érôme Biscarat E-mail : [email protected] d’Izieu 01300 IZIEU Tél : 04 79 87 20 08 Fax : 04 79 87 59 27et les professeurs relais de la DAAC de LyonSylvie Haution et Gérard MolaCollège du Bugey 113 rue du 5ème RTM, 01300 Belley, Tél : 04 79 81 02 18

Centre de documentationAccès sur rendez-vous.Stéphanie [email protected]

Informations pratiques :

Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportationde l’Ain et du Haut-Jura3 montée de l’abbaye01130 Nantua.Ouvert toute l’année aux groupes sur rendez-vous.

Contacts service pédagogique :Florence Saint-Cyr-GherardiSéverine ChamponnoisNathalie Le Baut Tél : 04 74 75 07 50Fax : 04 74 75 27 58et Mounira Cherraben-Lapin,professeur relais de la DAAC de Lyon

Accès45 mn de Bourg-en-Bresse1h de Lyon, Chambéry, Annecy et GenèveAutoroute A40 sortie n°8Saint-Martin-du-Fresne ou autoroute A404 sortie n°9 l à Cluse/Nantua

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Sommaire

Chronologie page 2

La France et le département de l’Ain (juin 1940-août 1944) page 3Le STOLes persécutionsLa résistance civile : le tournant de l’année 1942

L’aide civile aux résistants page 5Le Service de Santé des maquis de l’AinL’aide aux résistants à l’hôpital de NantuaAider les personnes persécutées et pourchassées : un engagement risqué

Accueillir et sauver les juifs réfugiés dans l’Ain page 9Les voies de passage pour le canton de GenèveS’engager pour la colonie d'Izieu : des solidarités institutionnelles et localesHauteville-Lompnes : les enfants de l’Espérance

Bibliographie page 16

Le Musée d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de l'Ain et du Haut-Jura page 18

La Maison d'Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés page 19

Informations pratiques page 20

Le Conseil général de l'Ainprend en charge les coûts de transport des collégiens de l'Ain qui se rendent en visite dans le cadre scolaire au Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Juraet à la Maison d’Izieu.

Document réalisé par : le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura à Nantua et par la Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés

Rédaction : Marie-Ange Baron, Pierre-Jérôme Biscarat, Mounira Cherraben-Lapin et Florence Saint-Cyr-Gherardi,Sylvie Haution, Gérard Mola

Crédits cartographiques :- Cadastre © droits de l'Etat réservés © Latitude - Cartagène - Mona pour la cartographie ESRI ® Data & Maps © BD ALTI ® Conseil Général de l'AinDGAT - Service du système d'Information Géographique (SIG) décembre 2007- Ruth Fivaz-Silbermann, 2003

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