L’habiter temporaire des mobilités d’affaires dans un ...- L’exemple de Lyon démontre que...
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UNIVERSITE PARIS 1 PANTHEON – SORBONNE INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME
(IREST)
L’habiter temporaire des mobilités d’affaires dans un espace urbain: l’exemple de Lyon, une métropole régionale en
construction
Mémoire de recherches présenté pour l’obtention du Diplôme de Paris 1-Panthéon-Sorbonne
Master professionnel Mention Tourisme (2ème année) Spécialité Développement et Aménagement Touristique des
Territoires (VAE)
Par Cathy DEDE
Sous la direction de Mme GRAVARI-BARBAS
JURY
Membres du Jury : ………………….. …………………..
…………………..
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
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Remerciements Je tiens à remercier sincèrement toutes les personnes qui m’ont entourée et qui ont participé, de près ou de loin, à la réalisation de ce mémoire : Maria GRAVARI BARBAS, pour sa direction, sa compréhension et ses orientations qui ont permis de construire de façon significative ma réflexion. Nathalie FABRY pour les différentes pistes qui ont pu faciliter l’élaboration de mon sujet. Josette VIGNAT et Dominique GRANDJONC pour leur disponibilité et la pertinence des commentaires et conseils avisés. Valérie DUCAUD et Candice ARLEN pour avoir accepté un entretien. Les guides touristiques et les différents professionnels du Grand Lyon qui m’ont donné des informations précieuses parfois confidentielles sur le thème de mon mémoire. Enfin, mes proches pour m’avoir apporté un soutien très précieux sur le plan technique et moral jusqu’à l’achèvement de ce mémoire.
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SOMMAIRE
Introduction ....................................................................................................................... 6
1ère partie : Le concept du tourisme urbain des mobilités d’affaires dans un contexte d’hypermobilité contemporaine ....................................................................................... 11
1.1 Les mobilités d’affaires et l’hypermobilité contemporaine : quelle place pour le tourisme ? 12 1.2 « Du tourisme d’affaire » au principe du tourisme urbain des mobilités d’affaires ...............18 1.3 Le marché des mobilités d’affaires en France : un habiter touristique spécifique ?...............25
2ème partie : le tourisme des mobilités d’affaires à Lyon comme substrat d’une métropole en devenir ........................................................................................................................ 31
2.1 Les fondements du positionnement stratégique de la ville de Lyon : les mobilités d’affaires, un outil catalyseur du développement touristique ....................................................................32 2.2 Les mobilités d’affaires : l’imbrication des dispositifs liés aux mobilités d’affaires aux dispositifs des mobilités touristiques.........................................................................................43 2.3 Les mobilités d’affaires et la production de nouveaux lieux touristiques..............................52
3ème partie : L’habiter temporaire des mobilités d’affaires : hybride touristique polytopique de la métropole fondu dans un hyperchoix global ......................................... 59
3.1 Un habiter touristique hybride urbain..................................................................................60 3.2 Le processus du choix d’une destination : Lyon au cœur d’un hyperchoix global ..................66 3.3 Le tourisme urbain des mobilités d’affaires et des mobilités touristiques dans le processus du choix de la destination : une complémentarité temporelle inséparable ? ..................................70
Conclusion........................................................................................................................ 76
Bibliographie.................................................................................................................... 78
Glossaire .......................................................................................................................... 82
Annexes ........................................................................................................................... 84
Table des illustrations ...................................................................................................... 90
Table des entretiens ......................................................................................................... 92
Table des matières ........................................................................................................... 93
« L’université n’entend donner aucune approbation aux opinions émises dans les mémoires et les thèses. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs »
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Introduction
« Faut-il créer l’outil pour susciter la demande ? Faut-il adapter l’outil à la demande ? »
(Antoine PERRAGIN, Directeur Général de la Cité-Centre des Congrès de Lyon)
Des migrations internationales aux mobilités professionnelles en passant par les mobilités
touristiques, jamais les mobilités n’ont été aussi importantes et diverses 1 (Rémy Knafou). En
1997, le festival International de la Géographie de Saint-Dié-des-Vosges s’empare du thème
de la planète nomade qui semble caractériser la relation à l’espace et au temps des hommes de
notre siècle. L’existence d’une nouvelle ère du mouvement interroge l’espace et les sociétés
qui reposent sur des infrastructures structurantes du territoire avec pour conséquence des
nouveaux rapports au monde des individus dans un contexte hypermobile.2 (Edith Fagnoni)
Le monde est donc aujourd’hui mobile, interconnecté favorisant les transports de personnes
qui se déplacent soit par nécessité ou bien par plaisir. Ces mobilités plurielles vont entrainer
des relations avec l’espace obéissant à des logiques convergentes, de par l’utilisation
d’infrastructures de transports ou d’hébergement vers des destinations identiques mais qui
peuvent être fondamentalement différentes en fonction de la finalité du déplacement 3(Rémy
Knafou). Ce rapport à l’espace va induire la question sur la façon d’appréhender un territoire
et donc de pratiquer les lieux, d’habiter temporairement un territoire4 (Mathis Stock).
Mais la ville est une destination complexe, difficile à cerner et à appréhender car elle est
multiforme (mobilités touristiques, mobilités d’affaires, excursionnistes) avec des durées de
séjour qui peuvent varier sensiblement. (Cahier espaces n°78) et avec pour conséquence des
façons plurielles d’habiter temporairement les lieux.
De surcroit, l’essor du tourisme urbain s'est inscrit dans le mouvement de globalisation et
d'accroissement de la compétition interurbaine qui a mené les pouvoirs publics à développer
de nouveaux outils de gouvernance comme le plan stratégique. Ce nouveau modèle de gestion
urbaine s'est largement ouvert à une approche managériale de la ville qui la considère comme
un produit à positionner sur un marché concurrentiel. C'est ainsi que les pouvoirs publics se
1 KNAFOU Rémy (dir.) (1998)- La planète « nomade ». Les mobilités géographiques d’aujourd’hui – 254 pages 2 FAGNONI Edith (2010) - Les mobilités - Chapitre 10 - Les mobilités de tourisme et de loisirs au cœur de l’hypermobilité contemporaine - Editions Sedes - 19 pages 3 KNAFOU Rémy (dir) (2007)- Mondes urbains du tourisme – Introduction - L’urbain et le tourisme : une construction laborieuse -14 pages 4 STOCK Mathis (2004)- “L’habiter comme pratique des lieux ”
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positionnent de plus en plus fréquemment dans une optique de différenciation afin de mettre
en exergue la spécificité de la ville. Or, la question identitaire est une question politique, qui
renvoie à une série de données anthropologiques et historiques liant une communauté
humaine à un territoire, et en l'espèce, à un territoire urbanisé. Dès lors, de ce lien inédit entre
optique managériale et question identitaire, semblent surgir de nouveaux enjeux (Vincent
Calay -2007)
Située au confluent du Rhône et de la Saône, Lyon est la deuxième agglomération française
présentée comme une ville d’affaires et industrieuse dominée par la fréquentation des
segments affaires. A l’heure de la métropolisation, cette « métropole régionale » souhaite se
positionner sur la scène internationale. Elle intègre depuis 2006 dans sa stratégie de
développement territorial le tourisme avec comme axe prioritaire « le tourisme d’affaire ».
Pour autant en 2010, elle affiche un record de fréquentation touristique. Or si les mobilités
d’affaires se déplacent c’est avant tout pour des raisons professionnelles. Pouvons-nous dès
lors parler de tourisme ? Le tourisme selon l’équipe MIT correspond à un déplacement de
plus de 24 heures en dehors de chez soi à des fins récréatives.
En quoi l’habiter temporaire des mobilités d'affaires favorise-t-il le développement du
tourisme d'agrément catalyseur de la métropolisation d’un espace urbain ?
Des pratiques touristiques convergentes (hébergement, restauration) aux dispositifs
spécifiques (diversification de l'offre, aménagements et stratégie mise en place par les
institutionnels), l’appropriation du territoire des mobilités d’affaires semble amorcer
l’émergence de nouvelles polarités touristiques. L’interrogation principale est de savoir si les
mobilités d’affaires s’approprient le territoire à l’instar des touristes pouvant permettre la
réalisation de nouveaux espaces urbains à vocation touristique catalyseurs de la
métropolisation. Dès lors, plusieurs questions peuvent être posées :
- Existe-t-il un tourisme urbain des mobilités d’affaires ?
- Si oui, quelles sont ses spécificités ?
- Enfin dans quelle mesure ce tourisme urbain spécifique peut-il générer des nouvelles
polarités touristiques et participer à la construction métropolitaine ?
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Les hypothèses :
- Les mobilités d’affaires peuvent être perçues comme un hybride touristique présentant
certaines connivences avec les pratiques des touristes et les pratiques de loisirs des résidents
permanents. Les mobilités d’affaires sont plurielles et peuvent s’approprier le territoire
suivant des temporalités spécifiques marquant une rupture relative de la quotidienneté
qui est le fondement des pratiques touristiques.
- L’exemple de Lyon démontre que les mobilités d’affaires servent de substrat à la
construction de la métropole régionale lyonnaise et plus spécifiquement à la
dépolarisation des activités de loisirs. Les grands aménagements et les projets de territoire
qui façonnent le Grand Lyon sont étroitement liés aux déplacements des mobilités d’affaires.
Des infrastructures « domestiques » (hôtels, restaurants) aux infrastructures de loisirs,
l’habiter temporaire des mobilités d’affaires facilite un maillage du territoire touristique
multipolaire.
- L’habiter temporaire des mobilités d’affaires amorce le développement du tourisme
d’agrément. A travers les dispositifs et les aménagements mis en place pour les mobilités
d'affaires, les touristes s'approprient progressivement de nouveaux "territoires" ainsi que de
nouveaux produits touristiques dédiés initialement à une clientèle affaire.
- Si les mobilités d'affaires favorisent la diversification et la montée en gamme de l'offre
touristique et de fait la lisibilité d’une destination, elles contribuent paradoxalement à lisser
une offre de plus en plus globale sur le plan international et à uniformiser l’offre
touristique d’un territoire, fragilisant les stratégies de positionnement des métropoles
régionales sur la scène internationale. En effet, la mise en concurrence des territoires repose
sur des attentes et des normes communes qui amoindrit le caractère distinctif d’une
destination:
L’implantation de grandes chaines hôtelières
Développement des pôles de loisirs polyfonctionnels
Des grandes enseignes commerciales, notamment de la restauration
Des projets de construction pensés par des architectes renommés pour faciliter la
lisibilité de la destination.
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La principale hypothèse est de démontrer que l’activité rémunératrice des mobilités d’affaires
peut s’inscrire dans un cercle vicieux générant une banalisation de l’offre touristique pouvant
freiner les perspectives de rayonnement international dans un hyperchoix global.
Méthodologie :
Afin d’infirmer ou confirmer les hypothèses, nous partons du concept de la mobilité à savoir
déterminer le mobile du déplacement d’un lieu vers un autre. Partons nous vers tel lieu parce
que nous souhaitons le découvrir ou rencontrer des amis ou bien parce que nous y avons des
obligations personnelles ou professionnelles ? Cette détermination va impliquer un choix subi
ou voulu impliquant une façon spécifique d’habiter le territoire (Mathis Stock 2004, 2007).
Ainsi l’habiter touristique fait partie d’un ensemble de logiques d’appropriation du territoire
qui va suivre un continuum de pratiques (Vincent Coeffe, 2009) caractérisé par un temps
disponible plus ou moins important du fait de l’intentionnalité du déplacement. Ce
déplacement est aujourd’hui contextualisé par un monde de plus en plus mobile et performant
avec des nouvelles technologies. Ces nouvelles technologies vont permettre aux individus, qui
se déplacent, à affronter des lieux étrangers et les rendre de plus en plus familiers notamment
dans un espace citadin qui concentre les nouveaux moyens de télécommunications.
Les mobilités d’affaires se déplacent pour des raisons professionnelles et vont suivre un
continuum qui parfois converge avec le continuum des touristes ce qui complexifie
l’identification de leurs pratiques de territoires. Ces pratiques vont être intégrées dans un
ensemble de pratiques touristiques exercées dans un espace urbain (Partie 1).
L’exemple de Lyon souligne les tendances actuelles des grandes villes régionales qui
souhaitent se positionner sur les rangs des grandes métropoles internationales. Lyon affiche
une image de ville industrieuse dominée par la fréquentation des segments d’affaires. L’étude
sur les dispositifs et les aménagements mis en place pour accueillir les mobilités d’affaires
met en avant l’émergence d’une urbanité spécifique amorçant de nouvelles polarités
touristiques. A partir d’une analyse faite sur les différents projets urbains de la ville et des
dispositifs dédiés aux mobilités d’affaires, il existe une imbrication sous-jacente des nouvelles
polarités urbaines de loisirs crées autour des sites de rencontres professionnelles (Partie 2).
A partir d’enquêtes réalisées auprès de l’offre et la demande, émergent des modes d’habiter
touristiques polytopiques des mobilités d’affaires laissant supposer l’existence d’une
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typologie de tourisme hybride. Cet habiter touristique hybride et polytopique génère une offre
touristique générique qui se fond dans un hyperchoix global (Partie 3).
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1ère partie : Le concept du tourisme urbain des mobilités d’affaires dans un contexte d’hypermobilité contemporaine
Parce que les pratiques de lieux ne se différencient pas facilement 5(Rémy Knafou), et parce
que les mobilités d’affaires et les mobilités touristiques peuvent converger vers une même
destination, la perception réelle de la façon d’habiter touristiquement et temporairement un
espace devient très complexe. La confusion est certes un des mots clés pour comprendre le
tourisme, mais la définition proposée par l’équipe MIT « un système d’acteurs, de pratiques
et de lieux qui a pour finalité de permettre aux individus de se déplacer pour leur récréation
hors de leurs lieux de vie habituels afin d’aller habiter temporairement d’autres lieux » 6(Mathis Stock et Rémy Knafou, 2002) permet d’établir une distinction significative entre les
pratiques des touristes et les pratiques adoptées par les mobilités d’affaires qui reposent
essentiellement sur l’intentionnalité du déplacement ; en d’autres termes, la raison du choix de
la destination va impacter la façon d’appréhender le territoire.
Les mobilités d’affaires s’opèrent dans un monde globalisé marquant une rupture avec
quotidienneté rythmée notamment par le travail et ses territoires (1). Cette rupture spatiale et
temporelle se chevauche avec celles des touristes. Elle implique un processus
d’autonomisation le long d’un continuum entre autoproduction et co-production plus ou
moins évident 7qui complexifie l’identification de l’activité sur le plan touristique (2). En
France, si l’appropriation du territoire des mobilités d’affaires est identifiée à partir d’un
système d’acteurs qui disposent d’une connaissance à demi mesure de ce continuum, des
pratiques de territoires spécifiques aux mobilités d’affaires semblent pourtant se dégager (3).
5 Ibidem 6 Equipe MIT (2008) – Tourisme 1- Lieux Communs. Editions Belin, 320 pages
7 COEFFE Vincent (3 avril 2009) –Le temps à l’épreuve des touristes - Compte rendu de la 2ème journée de Recherche sur le Tourisme - Groupe Sup de Co La Rochelle)
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1.1 Les mobilités d’affaires et l’hypermobilité contemporaine : quelle place pour le tourisme ?
De plus en plus, la société se meut pour des raisons diverses. Le déplacement professionnel
peut être à durée variable dans des espaces plus ou moins lointains qui va susciter une altérité
plus ou moins importante et offrir la possibilité de découvrir un territoire méconnu comme
lors d’un déplacement d’agrément. Mais la société évolue dans un monde interconnecté par
des infrastructures toujours plus performantes modifiant le rapport au monde des individus.
Qu’est-ce qui conditionne aujourd’hui les déplacements professionnels ? Quelles sont les
possibilités de pratiques de lieux et plus spécifiquement quelle place peuvent donner les
mobilités d’affaires au tourisme ?
1.1.1 Les mobilités et l’altérité : le fondement des pratiques touristiques
La société contemporaine se caractérise aujourd’hui par un monde mobile. Nous
déménageons pour le travail, nous partons en vacances à des échelles de territoires variées
aussi bien au niveau national qu’au niveau international etc. Il existe une pluralité de
déplacements de court ou de long terme, définitifs, exceptionnels ou quotidiens, à des
distances plus ou moins importantes que l’on peut qualifier de mobilités.8(E.Bonerandi). Le
concept des mobilités, dans le dictionnaire, est ce qui peut se mouvoir, la facilité à être mû ou
encore la facilité à changer.
Pour Mathis Stock et Philippe Duhamel, il existe deux grandes classes de mobilité : « la
circulation » et la « migration » avec deux rapports distincts à l’altérité : « transport » pour
une circulation sans altérité et « déplacement » comme une mobilité avec altérité9. Si nous
reprenons les termes d’Olier Lazzarotti, « se déplacer, c’est, dans toutes les situations donc,
« mettre en cause » ses propres repères, culturels, bien sur, comme la langue, mais aussi
géographiques, en particulier ce que l’on sait des lieux »10.
8 BONERANDI Emmanuelle –De la mobilité en géographie »-http://geocnfluences.ens-lsh.fr 9 STOCK Mathis, DUHAMEL (2005) - A Practice-based Approach of Geographical Mobility, Belgeo-Revue belge de géographie, n°1-2, pp. 59-68. 10 LAZZAROTTI Olivier (2001) – A propos de tourisme et patrimoine : les raisons de l’ « Habiter ».Diplôme d’HDR, Université Paris 7-Denis Diderot
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L’équipe MIT souligne que l’altérité occupe une place centrale dans les pratiques touristiques
parce que le lieu touristique a une raison d’être du fait qu’il est autre et parce qu’il diffère du
lieu de vie quotidienne11. Ce différentiel induit par la rupture entre le quotidien et le hors
quotidien génère une envie intrinsèque plus ou moins exacerbée de découvrir les lieux.
Ainsi, si nous reprenons le cas des mobilités d’affaires, elles correspondent à un déplacement
professionnel qui va entraîner une altérité plus ou moins importante générant une rupture avec
la quotidienneté et de fait susceptible de susciter à priori une envie de découvrir l’altérité des
lieux et de fait pratiquer touristiquement un territoire.
Mais l’ère du mouvement que caractérise le monde actuel modifie la relation de l’espace aux
sociétés et donc la façon d’habiter, de vivre et de penser un territoire.
1.1.2 Les mobilités d’affaires au cœur de l’hypermobilité contemporaine et du tourisme urbain : un quotidien « hybridé »
La dilatation de l’espace temps facilité par une technicisation de plus en plus performante a
considérablement impacté les façons d’habiter temporairement les villes engendrant la
multiplication et la diversification des mobilités (E.Fagnoni).
Les gains de vitesse accroissent l’espace accessible avec le même budget temps transport12
modifiant l’urbanité des villes et nous propulsent dans la « dromosphère » (Virilio, 2009)13,
l’univers de la vitesse. De surcroit, les espaces sont de plus en plus transparents avec la
puissance imaginaire de la télécommunication qui joue un effet significatif dans le processus
de décision et l’activation du déplacement in situ.
Si nous reprenons l’hypothèse du modèle de l’habiter poly-topique 14 de Mathis Stock, (cf
Figure 1), la valeur discriminante pour déterminer la familiarité avec les lieux n’est plus la
distance mais la fréquence. Ainsi les lieux proches ne sont plus nécessairement ceux qui sont
les mieux connus et les plus familiers. L’altérité d’un lieu ne dépend donc pas de la distance
parcourue.
11 Equipe MIT (2008) – Tourisme 1- Lieux Communs. Editions Belin, 320 pages. 12 ASCHER François (2010) –Métapolis ou l’avenir des villes – Edition Odile Jacob -346 pages - Loi de Zahavi 13 VIRILIO Paul (2009) – Penser la vitesse, DVD, Edition.Arte 14 STOCK Mathis (2006) – « L’hypothèse de l’habiter poly-topique : pratiquer les lieux géographiques dans les sociétés à individus mobiles », EspacesTemps.net, Textuel.Http://espacestemps.net/document1853.html
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Figure I-1 : Les modèles des modes d’habiter mono-topique et d’habiter multi-topique. Mathis Stock, "L’hypothèse de l’habiter poly-
topique : pratiquer les lieux géographiques dans les sociétés à individus mobiles.", EspacesTemps.net, Textuel, 26.02.2006 -
http://espacestemps.net/document1853.html
Dès lors, l’accélération temporelle et la réduction des distances facilitent les déplacements
notamment les déplacements de courts séjours touristiques qui mêlent le « quotidien » et le
« hors quotidien » des individus. Le tourisme est alors infusé dans la vie urbaine15
(M.Lussault).
Cette articulation entre les différentes mobilités va être fortement conditionnée par le
changement du rapport au temps institué par la modernité et la révolution. Si le fait sociétal de
l’accroissement du temps libre a entraîné une nouvelle organisation de vie, une rupture dans
le temps de travail et de nouveaux rythmes touristiques, il a contribué à l’infusion progressive
du loisir au tourisme16. Dès lors « le quotidien s’hybride du hors quotidien et
réciproquement » avec un tourisme qui participe davantage à la mise en place d’un habitat
dispersé et d’un habiter de traverse (M.Lussault)17 .
Pour rappel, le loisir se distingue du tourisme du simple fait qu’il ne s’agit pas des mêmes
clientèles. Le tourisme suppose un déplacement de plus de 24 heures qui implique d’aller
habiter ailleurs que chez soi (équipe MIT) tandis que les loisirs se développent dans l’espace
local et le temps du quotidien.
Ainsi les mobilités d’affaires sont au cœur d’un nœud de personnes mobiles comprenant les
résidents temporaires (primo visiteurs), les résidents occasionnels et les résidents permanents
immergés dans une altérité relative des lieux. Cette mixité de personnes mobiles va engendrer
des infrastructures qui vont organiser le territoire et générer une dynamique territoriale.
15 LUSSAULT Michel in KNAFOU Rémy (dir) (2007) - Mondes urbains du tourisme, éditions Belin,coll Mappemonde, Paris, P333 à 349. 16 FAGNONI Edith (2010) - Les mobilités - Chapitre 10 - Les mobilités de tourisme et de loisirs au cœur de l’hypermobilité contemporaine - Editions Sedes - 19 pages 17 LUSSAULT Michel (2007) – Le tourisme, un genre commun – Mondes urbains du tourisme- Editions Belin- P333 à P349
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Les mobilités d’affaires se déplacent au sein de sociétés hypermobiles avec des dispositifs de
télécommunication ultra performants qui vont impacter de façon significative l’imaginaire
touristique et la gestion du temps. En d’autres termes, puisque la logique spatiale n’est plus
une condition d’altérité, la logique temporelle et la perception de la destination va déterminer
la pratique du lieu.
1.1.3 Le continuum de pratique durant le temps « libéré du travail » : les distinctions entre le processus d’autonomisation des mobilités d’affaires et celui des touristes.
S’interroger sur le temps libre des mobilités d’affaires c’est établir un premier rapprochement
avec la façon que le touriste a de s’approprier le territoire puisqu’il dispose d’une enveloppe
de temps libre qu’il organise en fonction de ses préférences.
Or l’association générale de la réduction du temps de travail que l’on pourrait faire à la
progression du temps libre n’est pas évidente. Il peut exister une distinction entre le temps
libre et le temps libéré par le travail. Le temps libéré par le travail favorise le travail
domestique qui comprend notamment le repas18. Cette distinction établie par Françoise Pottier
et Christophe Terrier pointe du doigt le conditionnement psychologique que peut avoir une
personne en déplacement professionnel pouvant diverger de celle d’un touriste qui choisit le
lieu où il se rend, les pratiques qu’il exerce et les temporalités dans lesquelles il se déplace 19.
L’expérience touristique sert de laboratoire pour essayer de nouveaux styles de vie
introduisant une discontinuité (Orvar Lofgren)20 et semble permettre de transcender
l’expérience quotidienne. Ainsi le tourisme place l’individu en position de s’affranchir des
contraintes quotidiennes en allant habiter temporairement d’autres lieux (Mathis Stock)21.
Cette perception de pouvoir expérimenter la nouveauté en toute liberté 22 peut ajouter une
différence primordiale dans la façon de s’approprier le territoire. Selon Vincent Coeffe, le
tourisme est une pratique sociale pouvant être comprise comme une rupture de la
18 POTIER Françoise et TERRIER Christophe (2007) – Atlas des mobilités touristiques en France métropolitaine, Editions autrement, collection atlas monde. 19 Equipe MIT (2008) – Tourisme 1- Lieux Communs. Editions Belin, 320 pages 20 LOFGREN Orvar (1999) – On Holiday. A history of Vacationing, Berkeley, University of California Press. 21 STOCK Mathis (2005) - “ Les sociétés à individus mobiles : un habiter poly-topique ? L’exemple des pratiques touristiques » 22 Ibidem
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quotidienneté rythmée notamment par le travail et ses territoires23. La rupture temporelle
s’accompagne d’une rupture spatiale suivi d’un processus d’autonomisation. Ce processus va
déterminer une appropriation du territoire, une façon d’habiter les lieux que les touristes vont
choisir en faisant plus ou moins appel à des intermédiaires pour organiser une même
enveloppe de temps. Les modèles purs caractérisés par une totale autonomie d’un côté et de
l’autre une « hétéronomie » radicale est plutôt rare. Les touristes développent davantage des
« stratégies hybrides » qui placent le curseur de la pratique le long d’un continuum entre
autoproduction et coproduction. Ainsi plus l’altérité de la destination est perçue comme
forte et plus le touriste aura tendance à faire appel à des intermédiaires détenant l’information
dont il est plus ou moins dépourvu.24
L’équipe MIT a pu mettre en lumière cinq formes de pratique qui structuraient les façons
d’habiter le territoire par les touristes:
- La découverte : la confrontation de la modernité avec le patrimoine
- Les sociabilités : l’appartenance des classes, les nouveaux espaces confidentiels pour
la haute société et le rapprochement des résidents et non résidents pour les touristes
« populaires »
- Le jeu
- Le repos (une enquête récente menée par Ipsos de 2006 auprès de 3500 européens a
montré que 61 % des personnes interrogées recherchent le repos et la tranquillité
d’esprit en vacances : sieste, lecture, soin du corps etc.)
- Le shopping (plus que l’achat du souvenir, le shopping est devenu un motif
structurant du déplacement touristique - à l’instar de la fête, le shopping devient un
moyen de conquérir les marges du temps urbain et facilite le positionnement attractif
d’une métropole).
Les mobilités d’affaires, si l’on suit le cheminement de V. Coeffe, ont en premier lieu une
rupture spatiale accompagnée d’une rupture temporelle partielle puisque la 23 COEFFE Vincent (2009) - Le temps à l’épreuve des touristes - (2ème journée de Recherche sur le Tourisme-Groupe Sup de Co La Rochelle). 24 Ibidem
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discontinuité du travail s’effectue sur le lieu du déplacement. La rupture de la
quotidienneté est partielle car la finalité première du déplacement est professionnelle.
Dès lors, les temporalités ne répondent pas à priori aux mêmes logiques.
D’autre part, certaines mobilités d’affaires, font appel à des intermédiaires, organisateurs
du voyage plus en fonction de la finalité du déplacement que de l’altérité de la
destination. Ainsi, les mobilités d’affaires n’obéissent pas à priori aux mêmes processus
d’autonomisation et aux mêmes logiques d’autoproduction et coproduction. De surcroit
ces intermédiaires interviennent à priori à la demande d’une entité morale qui paie pour le
compte des mobilités d’affaires, l’organisation du voyage. Ainsi, le choix de la coproduction
paraît très éloigné d’un choix personnel et rend le processus d’autonomisation relativement
complexe. Les formes de pratiques exposées par l’équipe MIT soulignent l’hypothèse de
l’habiter polytopique de Mathis Stock.
Conclusion :
La discontinuité entre travail et non-travail est au fondement du tourisme qui constitue une
des manières de faire usage du temps libre25. Le déplacement des mobilités d’affaires induit
une altérité des lieux relative avec une rupture de la quotidienneté relative puisque la
motivation première du déplacement est professionnelle réduisant ainsi la discontinuité entre
travail et non-travail.. Dès lors, les mobilités d’affaires n’obéissent pas aux mêmes
temporalités puisqu’elles ont une contrainte de travail. Le temps libéré du travail va
déterminer un habiter touristique du territoire mais dans le cas des mobilités d’affaires qui
peuvent être plurielles, le temps « travaillé » peut également être employé pour pratiquer
touristiquement les lieux si l’on se réfère aux 5 formes de pratiques touristiques de l’équipe
MIT.
Les mobilités d’affaires semblent développer des pratiques de lieux en corrélation avec celles
des mobilités touristiques qui se fondent elles mêmes avec les pratiques de lieux des résidents
permanents. Bien que les logiques temporelles et intentionnelles du déplacement soient 25 COEFFE Vincent (3 avril 2009) –Le temps à l’épreuve des touristes - Compte rendu de la 2ème journée de Recherche sur le Tourisme - Groupe Sup de Co La Rochelle)
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différentes, elles semblent pourtant suivre des logiques spatiales convergentes pouvant se
superposer.
Ces différentes corrélations de pratiques ont pendant longtemps susciter une confusion (bien
que toujours existante) sur le tourisme des mobilités d’affaires encore nommé dans le langage
courant le « tourisme d’affaires. »
1.2 « Du tourisme d’affaire » au principe du tourisme urbain des mobilités d’affaires
Définir le fait touristique est complexe puisqu’il est de plus en plus impossible de l’isoler des
autres activités. “Dès l’origine, le transport touristique conduisit vers un détournement du but
du tourisme; l’exploitation commerciale s’en empara aussitôt (…) qu’il est de plus en plus
difficile de faire la part des choses. ” Nous constatons donc que le voyage d’affaires est de
façon croissante inséparable de l’ambiance touristique26 ». Cette confusion donne lieu à des
définitions multiples de cette activité majeure mal identifiée.27 (1.2.1) Mais il existe des
études intéressantes qui appréhendent les mobilités d’affaires à l’instar du continuum de
Vincent Coeffe (1.2.2) permettant d’identifier leurs pratiques de territoire comme une
pratique touristique urbaine polytopique (1.2.3).
1.2.1 Les raisons d’une définition plurielle et « contestée »
Dans le langage courant nous utilisons le terme générique tourisme d’affaire, le « mal
nommé » 28(R.Knafou), mais cette activité majeure reste mal identifiée (Rapport du conseil
Economique et social de 2007, B. Plaisait) voire « contestée » du fait qu’elle ne met pas en
avant l’objet du déplacement comme critère de distinction.
Pendant longtemps les institutions touristiques ont pensé qu’elles avaient intérêt à entretenir
26 WACKERMANN Gabriel (1993), Tourisme & transport. Collection mobilité spatiale, SEDES, p35, Paris, 279 pages 27 PLASAIT, Bernard (2007), Avis et rapports du Conseil Economique et Social : Le Tourisme d’affaires : un atout majeur pour l’économie, 144 pages- http://www.conseil-economique-et-social.fr/rapport/doclon/07070515.pdf 28 KNAFOU Rémy (dir) (2007)- Mondes urbains du tourisme – Introduction - L’urbain et le tourisme : une construction laborieuse -14 pages
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une « confusion » sur le tourisme d’affaire 29(R. Knafou) pour montrer leur importance et
produire des statistiques. Aussi l’intérêt d’une différenciation n’était pas indispensable. Mais
très rapidement la nécessité d’adopter des décisions adaptées pour ce segment de clientèle
spécifique, a encouragé certains acteurs à faire la distinction. En effet, car si la dimension
ludique tient une place importante dans certains des déplacements professionnels, elle est
cependant dans certains cas, inexistante. En effet, la clientèle d’agrément et la clientèle affaire
obéissent à des logiques très différentes. La finalité de la première vise des activités
récréatives tandis que la finalité de la seconde est avant tout professionnelle. La dimension
récréative et ludique du voyage d’affaires (au sens large du terme) est un plus un agrément
qu’une finalité. Ainsi, l’activité des mobilités d’affaires se confond avec celles des mobilités
touristiques car elles ont toutes deux la particularité d’habiter temporairement une ville. Elles
utilisent les mêmes infrastructures de transports et utilisent les mêmes infrastructures
d’accueil dits de « tourisme » mais l’objectif premier du déplacement des mobilités d’affaires
est professionnel tandis que celui des mobilités touristiques reste avant tout récréatif. Elles
n’obéissent pas aux mêmes temporalités puisque l’une devra « penser récréativité » à partir
d’un temps libéré du travail et l’autre sera immergée dans l’intentionnalité récréative dès
l’origine du déplacement.
En France, le tourisme d’affaire est défini comme étant « des déplacements individuels ou
organisés, effectués pour des motifs professionnels et dont la durée est d’au moins 24
heures » (…) et qui concernent 5 domaines d’activités :
• Les foires et les salons :
Les foires sont des manifestations grand public regroupant régulièrement tout type
d’entreprises afin de présenter des produits ou des services en vue de les vendre ou de les
faire connaître. Les foires sont souvent régionales et annuelles. La Foire de Lyon en est un
exemple.30
Les salons (ou expositions), peuvent être grands publics, professionnels ou mixtes. Ils
regroupent toutes les entreprises d’un secteur particulier, au niveau national ou international.
A titre d’exemple, le Salon de l’automobile ou de l’agriculture... Ils font l’objet d’une
29 Ibidem 30 PLASAIT, Bernard (2007), Avis et rapports du Conseil Economique et Social : Le Tourisme d’affaires : un atout majeur pour l’économie, 144 pages- http://www.conseil-economique-et-social.fr/rapport/doclon/07070515.pdf
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réglementation.31
• Les congrès et les conventions d’entreprises
Les congrès associatifs sont organisés par des associations, des Sociétés savantes, des
organismes internationaux, les pouvoirs publics, des universités ou des centres de recherche.
Ils permettent la diffusion et l’échange de connaissances, la confrontation d’expériences sur
un thème donné de nature scientifique, technique, culturelle… entre spécialistes de la même
filière. Une participation financière est généralement demandée aux congressistes. La
fréquence des congrès est souvent régulière.32
Les conventions sont organisées à l’initiative d’une société privée. Elles réunissent
essentiellement des personnes liées à l’entreprise organisatrice (force de vente, réseau de
distributeurs...) et ne nécessitent pas de contribution financière des participants. L’événement
a un caractère obligatoire dont l’objectif est de diffuser un message unilatéral d’information,
éventuellement médiatisé. Sa fréquence est généralement régulière. On utilise également
l’expression Conférence d’entreprise.33
• Les incentives et les voyages de motivations
D’origine nord-américaine, l’incentive est un voyage de stimulation ou de motivation
organisé par une entreprise en vue de récompenser son personnel en groupes restreints pour
les motiver et les fédérer. Ce voyage patronné allie information et tourisme d’agrément. Il
exige une préparation très soignée, une exécution parfaite et une exploitation des résultats
très attentive.34
Certaines entreprises organisent une fête pour célébrer un événement (Un anniversaire, un
lancement de produit, une assemblée générale ou un conseil d’administration...). Elles y
trouvent un vecteur d’image et un support de communication qui s’intègre dans une stratégie
globale de communication.35 Cette forme d’événementiel, s’inscrit dans la convergence
entre tourisme, loisir et culture.
31 Ibidem 32 Ibidem 33 Ibidem 34 Ibidem 35 Ibidem
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• Les séminaires et les réunions d’entreprises
Les séminaires et les réunions d’entreprises regroupent en général un petit nombre de
personnes internes à la structure dont la vocation est d’étudier une ou plusieurs questions
précises en groupes de travail sous la direction d’animateurs. C’est une sorte de petite
convention de 80/100 personnes au plus. Les motifs sont : information et motivation du
réseau ou de collaborateurs, formation, lancement de produits, fidélisation de clients... Il n’est
pas demandé de participation financière.36
• Les voyages d’affaires individuels
Les voyages d’affaires individuels sont liés à l’activité courante des entreprises. Ils sont
caractérisés essentiellement par l’obligation du déplacement en un endroit précis. Les atouts
de la destination n’interviennent donc pas.37
Cette segmentation proposée souligne le caractère obligatoire et subi du déplacement
professionnel pouvant s’imbriquer de façon très relative avec le déplacement touristique.
Certes, l’usage conventionnel actuel du tourisme d’affaires est « l’industrie des rencontres
et des évènements professionnels ». Valérie DUCAUD, Directrice du Bureau des Congrès à
la Ville de Lyon, précise que « cela passe mieux au niveau du discours politique (…) car si
nous mentionnons le tourisme auprès du ministère, cela décrédibilise toutes conversations ».38
Sur la scène internationale, l’ONU et les anglo-saxons retiennent la terminologie « Meeting
and Exhibition Industry » ou encore au niveau européen « Convention and Trade Show
Organization ». Beaucoup plus neutre, cette appellation reste évasive sur la dimension
touristique de l’activité.
Si les déplacements professionnels font l’objet de multiples approches plus ou moins
imprécises, la dichotomie existante entre les mobilités d’affaires et les mobilités touristiques
36 Ibidem 37 Ibidem 38 Valérie DUCAUD – Directrice du Bureau des Congrès Office de tourisme de la Ville de Lyon - Entretien téléphonique du 05/08/2010.
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peut être appréhendée en suivant la logique typologique proposée par John SWARBROOKE
et Susan HORNER39.
1.2.2 La notion de mobilité d’affaire et le continuum de pratiques touristiques selon SWARBROOKE et HORNER :
a) Une typologie détaillée des mobilités d’affaires
Une étude réalisée par John SWARBROOKE et Susan HORNER tente de faire la distinction
entre le « business tourism », un terme relativement générique, et le « business travel » qui
sous entend la mobilité d’affaire. Dans un schéma circulaire, ils font état de tous les
paramètres pouvant motiver le déplacement professionnel et soulignent la complexité de
l’analyse des mobilités d’affaires. (Cf Figure I-2).
39 SWARBROOKE John & HORNER Susan (2001) – Business Travel and Tourism –Editions Butterworh Heinemann (BH), 358 pages
Figure I-2 Typologie des mobilités d’affaires – John SWARBROOKE & Susan HORNER
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Figure I-3 : Le continuum selon Horner et SWARBROOKE
b) Les pratiques des lieux des mobilités d’affaires : l’analyse synergique selon HORNER et SWARBROOKE
L’arborescence dynamique des acteurs se restreint le plus souvent aux activités « vitales »
des mobilités d’affaires ou, pour reprendre les termes de Françoise Potier et Christophe
Terrier, aux activités du travail domestique récupérateur à savoir la restauration et
l’hôtellerie mais tout le pan touristique lié aux pratiques récréatives est en partie non pris en
compte.
L’habiter touristique des mobilités d’affaires est identifié ici à partir d’une arborescence
dynamique des acteurs impliqués. En effet, Horner et Swarbrooke décomposent cette
dynamique d’acteurs de la façon suivante :
a) La demande composée de voyageurs individuels, les entreprises et les associations
b) Les intermédiaires professionnels spécialisés
c) Les prestataires de services. (Transport, hébergement, fournisseurs etc…)
Tous les acteurs ne sont pas isolés les
uns par rapport aux autres, l’approche
statique existante additionnelle peut
être appréhendée de façon plus
synergique puisque qu’ils entrent dans une même dynamique de filière.
Cette approche se rapproche de l’étude de Vincent Coeffe sur l’appropriation des lieux des
touristes suivant un continuum d’autoproduction et de coproduction.
Dans cette structure, il n‘apparaît pas les acteurs institutionnels qui peuvent impulser des
dispositifs pouvant impacter l’offre dédiée aux mobilités d’affaires.
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1.2.3 Le tourisme urbain des mobilités d’affaires : des pratiques de l’habitat temporaire polytopique40 ?
Les mobilités d’affaires semblent suivre une trame complexe pour habiter temporairement un
lieu. En effet puisqu’il existe un panel large de déplacements professionnels pouvant donner
lieu à un continuum d’autoproduction ou de coproduction plus ou moins important.
Si l’on reprend le principe d’habiter touristiquement la ville de Mathis Stock alors les
mobilités d’affaires habitent aussi la ville comme les touristes et les résidents. Ce sont tous
des résidents temporaires puisque “la ville peut être décrite comme un espace habité par
plusieurs habitants”.
Cette confusion existante sur les limites du processus d’autonomisation souligne l’expérience
de traverse 41décrite par Michel Lussault. L’expérience de l’habitat temporaire s’exerce dans
un espace pratique complexe. En effet, si les espaces des mobilités et les espaces des
sédentaires étaient autrefois bien distincts, le maillage actuel est beaucoup moins net et
dispersé.
En reprenant le néologisme de l’habitat polytopique des villes de Mathis Stock, emblématique
des sociétés actuelles, les mobilités d’affaires tout comme le touriste mais aussi les autres
types de mobilités, tous, sont des profils d’individus multirésidents, multilocalisés par
nécéssité ou par choix. Elles gèrent leurs parcours suivant une logique complexe que ce soit
pour leur recreation ou bien pour leurs travaux en s’appropriant le territoire suivant des
temporalités respectives et des processus d’autonomisations plus ou moins important.
Les mobilités d’affaires habitent touristiquement la ville puisqu’elles utilisent des
infrastructures dites de tourisme mais là où s’arrêtent les connivences avec les touristes, elles
entrent dans un habitat de territoire temporaire polytopique.
40 STOCK Mathis (2007) – Habiter Touristiquement la ville – Mondes urbains du tourisme –p25 à p29-Editions Belin 41 LUSSAULT Michel (2007) – Le tourisme, un genre commun – Mondes urbains du tourisme -P333 à 349
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1.3 Le marché des mobilités d’affaires en France : un habiter touristique spécifique ?
Même si la crise économique de 2008 a impacté comme ailleurs le marché national des
mobilités d’affaires, il reste cependant un secteur capital et très rémunérateur qui positionne la
France dans les premiers rangs sur la scène internationale (1.3.1). L’activité a subi la crise de
plein fouet donnant lieu à de nouvelles tendances sur les différentes façons de se déplacer
professionnellement (1.3.2). Ces grandes tendances soulignent un « habiter » touristique
spécifique du territoire marquant une forme de tourisme urbain complexe et peu lisible
(1.3.3).
1.3.1 Les chiffres clés
Le marché du tourisme d’affaires en France est estimé à environ 23 milliards d’euros42. Ces
dernières années, le secteur a connu une métamorphose sous l’effet conjugué de la crise et de
la mondialisation. Cela a poussé l’offre française à se structurer d’autant plus que ce secteur
représente un atout majeur pour l’économie française (Rapport 2007 du Conseil Economique
et Social).
On dénombre 120 centres de congrès en
France dont 95 palais des congrès
représentant une capacité totale de 127 000
places, de taille très variable, 15 palais de
plus de 4 000 places dans les grandes
métropoles (Paris, Strasbourg, Nice,
Lyon...).
La France possède ainsi le premier
équipement pour les congrès d'Europe
42 Veille Info Tourisme : http://www.veilleinfotourisme.fr
Figure I-4 : les retombées économiques des mobilités d’affaires selon H & S
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avec 36 % des places de congressistes devant l'Autriche (32 centres et 85 000 places), la
Grande-Bretagne (14 centres et 79 500 places). Avec 6,88 % du marché mondial, elle est
ainsi au deuxième rang mondial après les Etats-Unis et devant la Grande-Bretagne.
La direction du Tourisme estime à plus de 8,5 milliards d’euros les retombées économiques
directes et indirectes des congrès, réunions, foires et salons. Les mobilités d’affaires sont très
rémunératrices puisqu’en général elles dépensent entre 2,5 et 3 fois plus qu’un touriste de
loisirs. Elles représentent 10% des entrées touristiques.
L’offre française est très hétérogène et dispose environ de 2000 établissements pouvant
accueillir des manifestations professionnelles d’au moins 200 personnes.
L’activité est rémunératrice .Une étude réalisée par la maison de la France souligne que si
la part des étrangers venant en France pour des motifs professionnels et d’affaires ne
représente que 10 % de la fréquentation étrangère totale de notre pays, elle est en revanche à
l’origine de 35 % des dépenses totales de cette catégorie de touristes. (Rapport Assemblée
Nationale). « Le visiteur professionnel dépense 2,5 à 3 fois plus qu’un touriste traditionnel.
Certes, mais il est aussi infiniment plus exigeant ! »43 (Francis Legros, Gérant France
Connection ) - Réunion et Congrès : un marché concurrentiel, un métier de spécialistes-Cahier
espaces N97)
43 LEGROS Francis (2008) – Réunions et congrès : un marché concurrentiel, un métier de spécialistes-Editions ESPACES – 3 pages, Tourisme d’affaires. L’industrie des rencontres & évènements professionnels- Cahier Espaces n°97 -150 pages
Figure I-5 –L’évolution en pourcentage des activités affaires entre 2000 et 2007 – Source Coach Omnium
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En 2007, 90% des entreprises interrogées par le cabinet Coach Omnium, organisaient des
séminaires et plus de la moitié en organisaient 10 par an. Les 2/3 de ces entreprises incluaient
une activité ludique et/ou sportive au programme.
1.3.2 Les grandes tendances :
La crise économique de 2008 a eu pour conséquence une chute importante des dépenses des
entreprises sur le marché des affaires. Si l’année 2009 et le premier semestre de 2010 ont été
très maussades, le second semestre de 2010 a été marqué par une reprise de la demande
avec une hausse de 4,2% du volume des dépenses des entreprises.
La crise a conduit les entreprises à de nouvelles habitudes et de nouvelles pratiques. Les
entreprises cherchent de plus en plus à faire des économies même quand ce n’est pas
nécessaire. Elles négocient de plus en plus les tarifs, suppriment les activités périphériques,
réduisent la durée des manifestations comme les distances. Mais le maintient de ces
manifestations restent un besoin car les entreprises même en période de crise nécessitent de
réunir leurs troupes. Globalement depuis une dizaine d’années, le cabinet Coach Omnium
constate que les entreprises réunissent plus de personnes dans les séminaires pour des durées
de plus en plus courtes. La moyenne actuelle se situe à moins deux jours de séminaires. La
fréquence des réunions
diminue également. Parfois,
les réunions professionnelles
sont passées de 2 jours à une
journée voire une demi
journée et concernent
essentiellement les
commerciaux, les
prescripteurs, les réseaux et
les concessionnaires.
Source Coach Omnium – Etude tourisme d’affaires 2009 -LYON
SEG1 Palais des Congrès et Parcs d’expositions SEG2 : Centres de conférences et centres d’affaires SEG3 : Grands Hôtels SEG4 Petites et moyennes structures privées (hôtellerie 3-4*, haut de gamme 3*) SEG5 : Autres établissements, lieux divers Figure I-6
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Mémoire de M2 DATT Page 28
Par ailleurs, la segmentation classique du segment affaire est devenue plus nuancée. En effet,
à titre d’exemple, le nombre d’incentives semble être en retrait pour laisser place à des
séminaires qui « mélangent les genres », plus souples qui intègrent des activités
périphériques. En somme les trois quarts des commanditaires de séminaires intègrent des
activités périphériques, ludiques, sportives ou culturelles pour animer les journées
programmées.
Par ailleurs, si les hôtels 3 étoiles et 4 étoiles disposent toujours de la suprématie, les
châteaux et les demeures de caractère ont le vent en poupe pour répondre à une
recherche d’originalité et la volonté de marquer les esprits. L’accessibilité reste cependant
un des critères majeurs de sélection. Les préoccupations liées au développement durable
s’enracinent peu à peu mais restent encore peu prise en compte par les entreprises pour
déterminer le choix d’une destination. La réduction du temps de travail a engendré une forte
concentration de l’activité en milieu de semaine ainsi la séparation entre la vie professionnelle
et la vie privée est beaucoup plus marquée que dans les années 1980 et 1990.
En résumé :
o Des budgets sous contrôle (plus d’économies et de négociations tarifaires
sur les prestations)
o Limitation des activités périphériques
o Réduction de la durée des manifestations mais augmentation de leur
nombre
o Des séjours concentrés sur le milieu de semaine
o Recentrage des prestations et réduction des distances parcourues
D’un point de vue géographique, le déplacement professionnel semble entraîner une rupture
spatiale moins conséquente. La possibilité d’habiter touristiquement le territoire est amoindrie
du fait d’une réduction de la discontinuité entre le temps travaillé et le temps libéré du travail.
D’un point de vue touristique, le continuum d’autoproduction et de coproduction parait limité
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laissant à priori peu de place à une appropriation d’un territoire touristique. Mais les
mobilités d’affaires sont plurielles et suivent une trame complexe encore peu visible.
1.3.3 Les mobilités d’affaires : un processus d’autonomisation limité et des pratiques touristiques hybrides peu visibles
Il y a autant de touristes que de pratiques touristiques, il en va de même pour les mobilités
d’affaires et leurs pratiques touristiques. « La demande dépend essentiellement du profil des
visiteurs, ainsi les commerciaux auront plus tendance à s’adonner à des pratiques touristiques
pour convaincre et motiver les troupes que des scientifiques. » (Josette Vignat, Vice
présidente du Groupement National des Chaînes hôtelières (GNC) en Rhône-Alpes)44.
Cerner les mobilités d’affaires est très complexe car d’une part, elles ne sont pas étudiées de
façon approfondie, il existe tout un pan difficilement cernable des individuels au séminaire
résidentiel, on ne sait pas ce que font les hommes d’affaires durant leur temps libre. A Lyon
les ¾ des hôteliers les distinguent de leurs clientèles de loisirs en se référant à l’activité en
semaine et celle du weekend 45 Dominique Grandjonc, directeur du Novotel Part Dieu
précise : « ceux qui viennent en semaine ce sont des hommes d’affaires et ceux qui viennent
le weekend ce sont les touristes » quelque soit le contexte actuel de la réduction du temps de
travail et l’étalement des jours de congés.46 Mais cela est valable également pour les DMC
(Destination Management Company) en charge d’organiser des congrès. Bernard Straaten,
Directeur de BVS Tours, précise « qu’il nous est impossible de pister les mauvais élèves des
congrès qui disposent cependant d’un temps disponible parfois très important »47.
Ainsi les mobilités d’affaires peuvent exercer des pratiques touristiques pour se « motiver
professionnellement » dès lors ces activités entrent dans le temps travaillé et non pas dans le
temps libéré du travail ou encore elles peuvent disposer d’un temps disponible libéré du
travail mais dont on ne connaît pas le contenu.
44 Entretien réalisé le 27 septembre 2010
45 Enquête auprès de 30 hôtels lyonnais, octobre 2010
46 Entretien réalisé le 20 septembre 2010
47 Entretien téléphonique réalisé en octobre 2010
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Une étude réalisée auprès des voyageurs d’affaires dans le monde entier (Etats unis, Royaume
Uni, France, Allemagne, Canada) par Christophe Pingard, Sénior vice président, directeur
Europe de Egencia, présente une classification des voyageurs d’affaires suivant 6 profils et
qui ont été identifiés de la façon suivante : les explorateurs, les hyperconnectés, les économes,
les accros de la famille, les habitués, les écolos et « les inclassables »48. Cette analyse qui
mélange un peu les genres souligne un mode d’habiter touristique pluriel mettant en avant le
caractère intentionnel et individualisé de l’appropriation touristique d’un territoire.
Dès lors, le temps libéré du travail et les pratiques touristiques sont peu visibles. Le processus
d’autonomisation est relatif du fait de la raison professionnelle du déplacement. Les pratiques
touristiques sont hybrides car elles sont parfois intégrées dans le temps travaillé et ont pour
vocation de motiver professionnellement les personnes. Ici nous établissons une distinction
entre la vocation récupératrice des loisirs propre aux touristes et la vocation
motivationnelle de certaines activités de loisirs intégrées dans les programmes des
mobilités d’affaires.
Dès lors, les pratiques touristiques des mobilités d’affaires peuvent apparaître comme étant
une forme hybride du tourisme urbain qui va donner lieu à une appropriation territoriale plus
ou moins diffuse et à priori transversale. Ces déplacements vont structurer le territoire
puisqu’ils vont nécessiter des infrastructures de transports, des modalités d’accessibilité et
d’aménagement.
Or la ville est une destination complexe, difficile à cerner et à appréhender car elle est
multiforme ou s’entrecroisent les mobilités touristiques, les mobilités d’affaires et les
excursionnistes qui vont avoir des durées de séjour variables (Cahier espaces n°78). Lyon est
une ville essentiellement tournée vers le segment des affaires mais qui cependant, depuis peu,
voit sa fréquentation touristique d’agrément progresser de façon significative. Cette nouvelle
dimension touristique donnée à la ville semble être étroitement liée au flux des mobilités
d’affaires…
48 PINGARD Christophe (2008), « Explorateurs, hyperconnectés ou économes – Typologie des voyageurs d’affaires, Cahier Espaces N° 99, 5 pages.
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2ème partie : le tourisme des mobilités d’affaires à Lyon comme substrat d’une métropole en devenir
Véritable levier de développement et d’attractivité le secteur du tourisme peut contribuer à
façonner et amplifier une dynamique de rééquilibrage. L’essor du tourisme urbain s'est inscrit
dans le mouvement de globalisation et d'accroissement de la compétition interurbaine qui a
mené les pouvoirs publics à développer de nouveaux outils de gouvernance comme le plan
stratégique. Ce nouveau modèle de gestion urbaine s'est largement ouvert à une approche
managériale de la ville qui la considère comme un produit à positionner sur un marché
concurrentiel. C'est ainsi que les pouvoirs publics se positionnent de plus en plus
fréquemment dans une optique de différenciation afin de mettre en exergue la spécificité de la
ville. Or, la question identitaire est également, sinon avant tout, une question politique, qui
renvoie à une série de données anthropologiques et historiques liant une communauté
humaine à un territoire, et en l'espèce, à un territoire urbanisé. Dès lors, de ce lien inédit entre
optique managériale et question identitaire, semblent surgir de nouveaux enjeux (Vincent
Calay-2007)49. Lyon est plutôt «une ville secrète qui ne se livre pas et reste difficile à
comprendre. Si sérieuse et industrieuse qu’elle peut paraître austère. Si centrée sur ses
activités qu’elle semble n’accorder que peu de place aux visiteurs.»50 La prise de conscience
de l’importance du tourisme est progressive. A cet effet, le Grand Lyon annonce un record
de fréquentation touristique pour l’été 2010 avec une hausse de 19 % des personnes ayant
fréquenté le pavillon d’accueil de Lyon Tourisme et Congrès en juillet aout (L.B, Economie
25 août 2010) et un record historique en juillet pour l’aéroport Saint Exupéry qui affiche un
trafic exceptionnel encore jamais atteint depuis son ouverture en 1975 et une croissance des
flux de passagers de plus de 7% par rapport à 2009. (Le quotidien du tourisme, 19 août 2010).
Ainsi, le tourisme urbain des mobilités d’affaires fait partie intégrante du positionnement
stratégique de la ville de Lyon. (1) qui va mettre en place des dispositifs et des aménagements
qui leurs sont spécifiques et appropriés progressivement par le tourisme d’agrément (2). Les
nouveaux projets structurants du territoire soulignent une urbanité nouvelle et contemporaine
49CALAY, Vincent (Mai 2007), « tourisme et ville Une relation à prendre au sérieux », Esprit Libre, N° 49 http://www.ulb.ac.be/espritlibre/html/el052007/24.html
50 (H.BEESAU &B.JAN, MITRA)
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qui souligne l’étroite imbrication des pôles de loisirs avec les sites de rencontres
professionnelles marquant la construction progressive de la métropole régionale (3).
2.1 Les fondements du positionnement stratégique de la ville de Lyon : les mobilités d’affaires, un outil catalyseur du développement touristique
2.1.1 La prise de conscience du tourisme comme outil d’attractivité territoriale
Les métropoles françaises ont pris aujourd’hui conscience de l’enjeu du tourisme comme
levier de développement et de dynamique de rééquilibrage notamment à travers les politiques
de développement économique et de restructuration urbaine. La région Île de France continue
à faire de l’ombre aux métropoles régionales qui voudraient et qui doivent faire face à
d’autres métropoles européennes régionales européennes, dont l’organisation urbaine est
moins centralisée. (Direction du tourisme, 2007). La ville de Lyon face au centrisme parisien,
cherche comme beaucoup de villes régionales à s’afficher comme une véritable métropole à
l’échelle européenne. En 2006, elle intègre le tourisme dans sa politique de
développement territorial en mettant en place les premiers ateliers du tourisme.
2.1.2 Les données de cadrage du marché des mobilités d’affaires à Lyon
a) Les chiffres clés
En 2002, la ville de Lyon ne figure qu’au 18ème rang des villes de congrès européennes. Mais
de manière générale, le tourisme d’affaires est en progression depuis plusieurs années dans
l’agglomération lyonnaise, notamment grâce à l’organisation de nombreuses manifestations
professionnelles (23 505 en 2008, dont 93% des congrès à dimension nationale), à leur
envergure et à la hausse de la fréquentation hôtelière.
Concernant la seule ville de Lyon, elle a intégré en 2008 le TOP 40 des villes organisatrices
d’événements de tourisme d’affaires (35ème rang mondial - source ICCA) et le 25ème
rang mondial au classement de l’UAI (Union des Associations Internationales), soit la
2ème place nationale derrière Paris mais en 2009, elle subit une net recul et se situe à la 76ème
place.
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Figure II-1 - Source : OTU –Cci de LYON, Le tourisme d’affaires –Fiche 5
Malgré le recul significatif du nombre d’événements d’entreprise organisés tout au long de
l’année 2008, Lyon s’affirme toujours comme une ville tournée vers les évènements
professionnels. D’après OnlyLyon Tourisme et Congrès, « Le marché des congrès résiste bien
à Lyon » (Juin 2009).
Le cabinet KPMG qui réalise l’observatoire du tourisme d’affaires pour l’Office du Tourisme
et des Congrès de Lyon depuis 2004, estime à 7,2 millions le nombre de journées-
participants toutes manifestations confondues dont 1,6 million de congressistes pour les
seules réunions et congrès. Ce qui représente une hausse du nombre de journées participants
de 6,3%. D’après l’analyse de KPMG cette augmentation s’explique par l’activité des foires
et salons (+ 13,2% de journées visiteurs et + 19,4% de journées-exposants).
• + 4,7% de manifestations sur le segment foires et salons
• - 8,8% de manifestations congrès/réunions (essentiellement due à la diminution du
nombre de congrès et réunions internationaux)
• 21 452 manifestations recensées pour 2009 (contre 23 378 en 2008) dont 133 foires
et salons.
Par ailleurs le bureau des Congrès, a remporté plus de 80 événements professionnels pour
2009, dont 9 réunissant de 1000 à 4800 participants. Le bilan fait état de 23 505
manifestations (congrès, salons, foires, événements professionnels) soit 2 724 495
participants pour une durée moyenne des manifestations de 2,48 jours.
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Mémoire de M2 DATT Page 34
Le cabinet d’étude KPMG a, dans son bilan sur l’année 2009, mis en lumière les tendances de
l’activité lyonnaise en matière du choix des sites de rencontres professionnelles. Pour réaliser
l’analyse, le cabinet d’études a divisé le marché de l’offre suivant 5 segments :
• Segment 1 : Palais des congrès et parcs d’expositions publics et parapublics.
• Segment 2 : Centres de conférences, centres d’affaires privés spécialisés tourisme
d’affaires.
• Segment 3 : Grands hôtels-conférences disposant en interne d’une offre de réunion
(m2/sièges en rapport avec leur capacité d’hébergement / unité de lieu).
• Segment 4 : Petites et moyennes structures privées avec activité tourisme d’affaires
récurrente (essentiellement hôtellerie de chaîne et indépendante de moyen/haut de
gamme 3 et 4 étoiles).
• Segment 5 : Autres établissements / lieux divers et/ou à caractère para
commercial (restaurants, châteaux, universités, salles polyvalentes, bateaux-
péniches, ...).
Figure II-2 –Source KPMG-Bilan 2009, tourisme d’affaires
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 35
L’activité prédominante sur les sites professionnels para commerciaux (restaurants, châteaux,
universités, salles polyvalentes, bateaux) souligne une appropriation spécifique et intéressante
des mobilités d’affaires dans la région lyonnaise. En effet, l’étude souligne une appropriation
significative de sites d’accueil polyfonctionnels impliquant la rencontre de mobilités
plurielles.
b) Lyon tournée vers le marché des mobilités d’affaires : les 4 grands sites d’accueils des grands évènements professionnels
Pour accueillir ses grands évènements professionnels, la ville de Lyon disposent de plusieurs
sites d’accueil qui dessinent un territoire d’accueil autour du périphérique de la ville
spécificité des lieux de rencontres professionnelles.
1 Les principaux sites d’accueils des grands évènements professionnels : « la ceinture
urbaine lyonnaise »
Il y a quatre sites principaux pour une capacité
d'accueil exceptionnelle : Eurexpo, la Cité
internationale / Centre de Congrès, la Halle Tony
Garnier et le Palais des Sports qui positionnent la
ville de Lyon à la seconde place des plus grandes
surfaces d’exposition en France, derrière Paris. La
France étant, après l’Allemagne, le 2ème pays
européen en la matière.
Géographiquement ces 4 sites offrent un maillage
du territoire fonctionnel diversifié et alterné entre le
résidentiel permanent, le résidentiel temporaire, les
pôles commerciaux et de loisirs et les pôles
d’affaires.
Figure II-3 Source Le grand Lyon
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 36
a) Eurexpo
Il s’agit du lieu d'accueil privilégié pour les
plus grands salons nationaux et internationaux ;
il est situé dans la périphérie de la ville de
Lyon dans la zone industrielle de Meyzieu.
Ses caractéristiques :
- Surface intérieure : 120 000 m2 d’exposition
ou de convention
- Surface d’exposition extérieure : plus de 50 000 m2
- 12 halls de plain-pied de 2 200 à 12 200 m2 avec :
• l’espace Alto, centre de convention indépendant de 7 000 m2 comprenant un hall d’exposition
de 3 000 m2, une zone d’accueil, un restaurant panoramique et 5 salles de réunions
modulables de 50 à 500 personnes sans variant éclairage.
• le Hall 66, espace de 12 000 m2 sans poteau avec façade vitrée et hauteur variant de 12 à
15 m, 21 salles de réunions, éclairage naturel pour personnaliser les ambiances
• des espaces incentive avec piste tout terrain, golf, aéroport d’affaires à proximité
Figure II-4 Plan d’Eurexpo - Source : Eurexpo
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 37
b) A Gerland : entre Halle et
Palais
Gerland est à proximité de la confluence et
comprend deux sites d’accueils majeurs : la
halle Tony Garnier et le Palais des sports.
• La Halle Tony Garnier
Monument historique du XXème siècle, cet ancien lieu d’exposition internationale de Lyon
en 1914, est transformée en usine d’armement pendant la première guerre mondiale. Ce n’est
qu’en 1928, que la halle reprit sa fonction de marché aux bestiaux. Le site a été rénové de
façon remarquable en 2000 et lui permet d’accueillir de nos jours les plus grands
manifestations internationales à dimension européenne.
L’espace est modulable et polyvalent pouvant permettre l’accueil de concerts, spectacles,
salons congrès et expositions.
- Surface totale : 17 000 m2 modulables en surfaces de 6 000 m2 à 17 000 m2
- Capacité maximale : 10 000 personnes
• Le Palais des sports
Le palais des sports accueille essentiellement des évènements sportifs. Il peut être également
modulable en fonction des manifestations.
Capacité : 6 500 spectateurs sur 3 niveaux
Événements accueillis en 2007 : le Grand Prix de Tennis de Lyon, le Trial indoor, les
championnats du monde de rock acrobatique et des matches de la Ligue mondiale de volley-
ball
Source : La Halle Tony Garnier Figure II-5 Gerland connecté au quartier de la Confluence
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 38
c) La Cité internationale
Terminé en 2006, la cité internationale
est un ensemble exceptionnel, conçu par
le célèbre architecte italien Renzo Piano
dédié au tourisme d’affaires, congrès,
conférences internationales et spectacles.
Le Centre de Congrès de Lyon se
positionne de plus en plus fortement sur
la scène internationale grâce aux travaux
d’agrandissement qui ont permis de
tripler sa surface Centre pour atteindre
plus de 25 000 m2.
Les PCO apprécient encore plus cette infrastructure suite à son extension créée sur mesure
pour l’accueil de congrès d’envergure :
- 3 Amphithéâtres de 300, 900 et 3000 places pour les séances plénières
- 6 Forums d’une surface d’exposition globale de 8400 m2
- 26 Salles de sous-commissions équipées.
La cité internationale se situe le long du Rhône entre le Parc de la tête d’or (repère de loisirs
pour les lyonnais) et le Rhône. Desservie par de nombreuses lignes de bus dont la récente
ligne Trolley C1, elle est interconnectée avec la gare de la Part Dieu
Le site est doté d’infrastructures de loisirs et de restauration caractérisant le lieu comme un
lieu d’échanges et de communication où s’entrecroisent les mobilités d’affaires, les résidents
permanents et les résidents temporaires.
En effet sur le site se trouvent un casino, des cinémas, 3 parkings et 3 possibilités
d’hébergement : l’hôtel Hilton 4*, l’hôtel Concorde Cité 3* et la résidence Hôtelière
Temporim.
Figure II-6 : Pôle d’affaires et de loisirs de la cité internationale Source : la cité internationale (www.cite-internationale-lyon.com) –CDEDE)
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Mémoire de M2 DATT Page 39
Le Centre de Congrès fait partie du quartier de la Cité Internationale avec ses 500 chambres
sur le site (1000 à proximité)
Quelques chiffres de ce site polyfonctionnel :
- 800 000 visiteurs du Centre de Congrès
- Lieu de loisirs pour 2 millions de Lyonnais : accès au Parc de la Tête d’Or, cinéma UGC
de - 14 salles et casino
- Lieu de culture pour près de 100 000 personnes chaque année (Musée d’Art
Contemporain, spectacles dans l’Amphithéâtre)
- Lieu de travail pour 4 000 employés et une soixantaine d’entreprises (20 ha ,
8 programmes de bureaux haut de gamme soit près de 60 000 m2 donnant sur le Parc de la
Tête d’Or ou sur les Berges du Rhône)
c) Un parc hôtelier tourné vers les mobilités d’affaires
Les grands sites d’accueil sont complétés par des hôtels dotés de salles pouvant accueillir des
rencontres professionnelles qui se répartissent
sur 5 grandes zones géographiques
- Extérieur de Lyon
- La Part-Dieu/centre des congrès
- Le centre ville/ la Croix rousse
- Le vieux lyon Fourvière/vaise
- La rive gauche Rhône centre et Sud
L’agglomération lyonnaise totalise 188 hôtels homologués dont 99 établissements à Lyon.
Le parc hôtelier d’affaires regroupant les hôtels 5*,4* et 3* représente 42,7% de l’offre
totale du Grand Lyon pour 37 % au niveau de la France Entière. Cette répartition catégorielle
est cohérente du fait de la prédominance des segments affaires représentant en 2008 67%
Répartition des hôtels lyonnais par catégorie
Figure II-7 Source OT- CDEDE
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Mémoire de M2 DATT Page 40
de la demande en 200851.
Lyon est le premier pôle de marché avec 6416 chambres soit 54 % du parc total du Grand
Lyon avec une concentration importante de l’hôtellerie d’affaires 5*/4* et 3*. « Le Grand
Lyon Est » (hors Lyon) avec 2784 chambres soit 23% de part de marché constitue le
second parc. Ce pôle accueille un tissu important d’entreprises lié à la présence du parc des
expositions de LYON EUREXPO et à la proximité de l’aéroport Saint Exupéry.
La capacité moyenne d’un hôtel au sein du Grand Lyon est de 63 chambres en constante
augmentation : 57 chambres en 2003, 51 chambres en 2002.52
En janvier 2010, le parc hôtelier du Grand Lyon totalise 11936 chambres homologuées
augmentant sensiblement la capacité d’accueil de l’agglomération à 1,4% par rapport à
51 (Source : Dossier de presse CCI)
52 Ibidem
Offre catégorielle en nombre de chambres en % du parc total
Figure II-8 Source : Dossier de Presse CCI – 01 mars 2010
La répartition géographique du parc hôtelier du Grand Lyon
Figure II -9 Source : Dossier de Presse CCI – 01 mars 2010
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Mémoire de M2 DATT Page 41
janvier 2009. Entre 2004 à fin 2009, l’hôtellerie d’affaires s’est sensiblement renforcée avec
l’ouverture de l’hôtel N&H Hoteles à Lyon Saint Exupéry et une augmentation de l’hôtellerie
3*et 4* de 15% soit 667 chambres supplémentaires. L’agglomération a également obtenu
l’homologation de 2 hôtels en catégorie 5* : le Sofitel Lyon Bellecour (164 chambres) et
le Pavillon de la Rotonde à Charbonnières-les-Bains (16 chambres).
Si le développement hôtelier se caractérise essentiellement par une augmentation de la
capacité globale d’accueil, l’agglomération lyonnaise observe néanmoins un ralentissement
des ouvertures en hôtellerie économique 0/1* et des difficultés à concrétiser l’arrivée
d’enseignes hôtelières à forte notoriété pour contribuer à l’image internationale de la
destination Lyon.
La structuration territoriale de l’agglomération lyonnaise en vue d’accueillir les différentes
mobilités est axée essentiellement sur les segments des affaires. Mais Lyon souhaite rayonner
sur le plan international au rang des grandes métropoles. La prise de conscience du tourisme
comme outil de rééquilibrage et d’attractivité territoriale amène l’agglomération lyonnaise à
une réflexion stratégique étroitement liée au tourisme urbain des mobilités d’affaires.
Figure II-10L’évolution du parc hôtelier
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 42
2.1.3 Les fondements du positionnement stratégique ambitieux de la ville de Lyon : les mobilités d’affaires au tourisme dans la stratégie d’agglomération unique.
o Une stratégie ambitieuse
En 1993 est crée le Club des grandes villes de France de Maison de la France dont la création
a été motivée par la croissance du tourisme urbain et l’évolution des comportements des
voyageurs individuels avec des mobilités de loisirs de courte durée. Elle dénombre 23
membres dont la ville de Lyon. L’enjeu est de fédérer des stratégies de communication : unité
d’accès, unité de services, unité de caractère, unité de promotion et unité de stratégie pour
avoir une approche homogène d’un réseau constitué «d’identités fortes». La création du club
des grandes villes de France est également un moyen pour faire face au centralisme parisien
en ayant pour vocation de développer le tourisme dans les grandes villes régionales. Mais les
villes régionales françaises sont petites en terme démographique et présentent un véritable
handicap pour concurrencer les grandes villes européennes.
Dans le Grand Lyon, les chiffres du tourisme soulignent la prédominance du tourisme
d’affaires. Candice Arlen53, chargée de mission du tourisme dans le Grand Lyon explique que
le transfert de compétence tourisme au Grand Lyon est une conséquence de la forte
dynamique liée aux mobilités d’affaires. En effet, ces dernières représentent 65 % des
l’activité hôtelière de l’agglomération lyonnaise dont les pics de saisonnalités s’effectuent
essentiellement sur les périodes hors vacances scolaires. Elle ajoute que l’objectif principal de
ce transfert est de développer une stratégie d’agglomération unique qui repose sur 3 volets :
- « Le tourisme d’affaires » (axe prioritaire)
- Le tourisme d’agrément avec la promotion de la destination Lyon
- Le tourisme de proximité
L’objectif, précise Candice Arlen, est de développer les grands évènements, des évènements
« gros porteurs ». La ville dispose déjà d’une offre importante en matière de chambres
d’hôtels mais la visée actuelle est d’accueillir des évènements de 1500-3000 participants.
53 Entretien téléphonique du 07/09/2010
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 43
Or la différence des congrès par rapport aux autres activités des mobilités d’affaires, est que
les organisateurs sont amenés à faire un choix dans la destination qui dépend de la nature
exceptionnelle de l’offre du lieu.
Le Grand Lyon a mis en place une politique d’équipement et marketing afin d’influencer les
organisateurs dans le choix de la destination pour leurs congrès impliquant des dispositifs
communicationnels, de gestions et d’aménagements dédiés prioritairement aux mobilités
d’affaires mais également aux mobilités touristiques.
2.2 Les mobilités d’affaires : l’imbrication des dispositifs liés aux mobilités d’affaires aux dispositifs des mobilités touristiques
2.2.1 La diffusion de la marque ONLYLYON : un outil « communicationnel professionnel » pour améliorer la lisibilité de la destination
D’après une étude réalisée par l’université Lyon Lumière avec le partenariat de la CCI, Lyon
a une image touristique peu forte, et est considérée comme une ville de passage. Elle manque
de spécialisation ou attraits « forts ». Les critères traditionnels sont peu mis en avant. Les
signes de qualité sont quasi inexistants au niveau des voyagistes étrangers. Elle présente des
lacunes en matière de communication et de promotion et doit renforcer ses démarches
évènementielles. Elle a une morphologie complexe et apparaît comme une ville non
sécurisante, austère et peu animée. L’image est floue mais cependant elle est en pleine
évolution (Caroline Januel-2007, les Synthèses du Millénaire)
Or, « l’impact de la marque ville incarne l’unité et la diversité et surtout en déjouant les
stéréotypes et la remise en cause des clichés et des poncifs inopportuns. (…) Elle permet de
renforcer la cohérence d’ensemble autour de l’image voulue et contribue à transformer
l’attitude comportementale des récepteurs. »54 (Gilles Marion)
Rendre visible l’attractivité du territoire du Grand Lyon et promouvoir la métropole au
niveau international est le principal objectif de la marque ONLYLYON créée par les
principaux partenaires et institutions économiques de l’agglomération lyonnaise. Pilotée par
54 Gilles MARION
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Mémoire de M2 DATT Page 44
l’Agence pour le Développement Economique de la Région Lyonnaise (ADERLY),
ONLYLYON est une véritable stratégie de marketing territorial visant à faire de Lyon un pôle
économique européen majeur en capitalisant son leadership dans les secteurs majeurs de
l’économie lyonnaise (la biotechnologie, la chimie-environnement, les textiles techniques
etc.) mais aussi sur les atouts touristiques. Elle a la double vocation d’augmenter la notoriété
de Lyon au niveau national et international de façon durable afin d’encourager la venue de
grands évènements mais également d’attirer et encourager les capitaux extérieurs à
s’implanter pour favoriser l’accélération des grands projets d’aménagements. La marque de
territoire ONLYLYON est en conséquence le fruit d’une réflexion marketing urbain de la
ville dont l’objectif est d’attirer des emplois, des entreprises, des salons, des évènements.
Lyon est présentée comme « une ville qui séduit tant pour son efficacité économique que pour
la qualité de vie qu’elle permet. »
En octobre 2009, la marque ONLYLYON a reçu un prix spécial du jury dans le cadre du
Festival Fimbact, (festival de référence du développement territorial), pour son réseau social
des ambassadeurs (Dossiers de presse ONLYLYON). Joël Gayet (fondateur et gérant associé
de CoManaging, vice-président du Comité scientifique, responsable du département "Identité
et attractivité", de la Cité de la Culture et du Tourisme Durale.) précise que "la puissance
d'une marque de territoire ne se mesure plus à l'importance de sa notoriété, de son chiffre
d'affaires ou de son budget publicitaire (...) la puissance d'une marque, comme celle d'un
territoire, se mesure d'abord à la "force des liens" qu'elle a su créer avec ses clients et son
environnement, salariés, citoyens, acteurs professionnels ou partenaires !"
a) La démarche de ONLYLYON : un système d’acteurs
Si la démarche ONLYLYON rappelle les stratégies adoptées par les villes de Londres avec
Totally London ou d’Amsterdam avec Iamsterdam ou encore New York avec I love New
YorK elle se distingue toutefois par l’intégration de tous les acteurs économiques. Plus
qu’une démarche touristique c’est une démarche « écono-touristique » car quelles que
soient les finalités touristiques ou professionnelles, tous les acteurs sont impliqués derrière un
même objectif celui de vendre la ville de Lyon.
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 45
En somme derrière une bannière commune, les 12 partenaires principaux (Aderly, Aéroports
de Lyon, Cci de Lyon, CGPME du Rhône, Cité centre et Congrès de Lyon, Grand Lyon,
Département du Rhône, Eurexpo, Chambre des métiers et de l’Artisanat du Rhône, Medef
Lyon Rhône, Lyon Tourisme et Congrès, Université de Lyon) homogénéisent leurs actions de
communication autour de la ville tout en associant des acteurs secondaires regroupés dans un
réseau social d’ambassadeurs.
b) Le fonctionnement
La démarche ONLYLYON repose sur 4 piliers qui chacun peut impacter la lisibilité de l’offre
touristique de l’agglomération lyonnaise.
Une stratégie de communication en 2 volets
La stratégie de communication repose sur une diffusion multicanale de la marque. D’une part,
elle s’appuie sur une campagne média « offline » exprimée dans les grands principaux
aéroports européens (Londres, Paris, Bruxelles, Francfort…) qui sont des points d’entrée
stratégiques pour les flux touristiques d’agrément. D’autre part, la stratégie développe une
campagne web qui vise à multiplier la présence de la marque sur internet ainsi que sa
notoriété dans les réseaux sociaux et les moteurs de recherches.
Le développement et l’animation d’un réseau d’Ambassadeurs
(chefs d’entreprises, cadres, personnalités ...).
De plus en plus les habitants sont ciblés pour atteindre les touristes. Pendant dix ans le thème
des habitants ambassadeurs fut d’ailleurs l’un des slogans incitatifs au développement
touristique urbain. Ce n’est que depuis quelques années qu’une offre en loisirs non marchands
d’une part et une offre plus commerciale en direction des habitants deviennent
progressivement partie prenante d’une stratégie de développement touristique d’une ville.
(Claudine Barcon, 2003). A Besançon a été mis en place un passeport destiné aux habitants
pour qu’ils deviennent ambassadeurs de leur ville. Ce système de parrainage permet à
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 46
l’habitant d’accueillir sa famille avec des tarifs réduits que ce soit au niveau de l’hébergement
et des visites. D’autres territoires suivent le pas comme le département de la Seine et Marne
qui lance également en 2003, une carte d’ambassadeurs du département avec des avantages
qui s’apparentent à ceux des bisontins dont notamment la gratuité pour certains sites
touristiques.
A Lyon, si le réseau social des ambassadeurs semble à première vue analogue à la stratégie de
ces deux villes, il s’en détache par la dimension économique apportée qui se partage entre la
volonté d’attirer les capitaux et développer les grands évènements. La dimension touristique
n’est qu’un élément de valorisation. Mais les finalités restent identiques à savoir attirer des
personnes par l’investissement de personnes physiques ou morales dans la promotion de Lyon
qui par leurs activités contribuent déjà au rayonnement de la ville. Ainsi ONLYLYON a
mobilisé un réseau d’Ambassadeurs chargés de promouvoir la métropole lors de leurs
déplacements professionnels et contacts internationaux.
Des partenariats événementiels
La marque ONLYLYON est visible sur tous les documents et supports visuels lors des
évènements extérieurs impactant de façon significative la visibilité de la ville dans les
principales villes européennes.
Des relations presse spécifiques
La marque ONLYLYON est présente dans tous les médias nationaux et internationaux sur des
sujets transversaux en lien avec l’attractivité du territoire. Elle balaie les grands emblèmes mis
en avant pour souligner l’attractivité du territoire de la lumière, à l’innovation, en passant par
l’urbanisme ou bien encore l’actualité culturelle.
Les actions menées par ONLYLYON, à travers notamment la démarche innovante de « Lyon
Welcome Attitude », démontrent la volonté de la métropole de proposer un accueil de qualité
et personnalisé aux entreprises et manifestations organisées sur son territoire. Fort de cette
conviction, ONLYLYON a souhaité être partenaire de SÉMINAIRES BUSINESS Events
Rhône-Alpes, acteur clé du secteur du Tourisme d’Affaires et de l’Incentive dans
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 47
l’agglomération.
La marque de territoire ONLYLYON se différencie essentiellement des autres marques
touristiques de territoire du fait de la sollicitation de tous les acteurs économiques de la ville
et de par son impact sur un public hétéroclite à savoir les voyageurs professionnels mais
également les touristes.
c) L’image touristique de Lyon véhiculée : une destination de court séjour « haut de gamme ».
La ville de Lyon fait appel au couturier Max
Chaoul, reconnu et récompensé par ses pairs
dans le monde entier pour imaginer et
réaliser la robe en soie rouge visible sur la
campagne de communication internationale
pour la promotion de Lyon. François
Gaillard, Directeur de l’Office de Tourisme souligne que l’objectif de la campagne est de
positionner la ville de Lyon comme une ville de court séjour glamour. Plus qu’un « symbole
poétique de la ville » elle génère davantage l’image d’une ville haut de gamme par la mise en
valeur de la soie et de la couleur rouge omniprésente dans les supports de communication de
la ville qui rappellent la richesse économique de la ville. Le souhait de la ville de Lyon de
démarcher de façon combinée les professionnels (entreprises et voyageurs d’affaires) et les
touristes impacte l’imaginaire véhiculé dans
les campagnes promotionnelles.
La communication est donc
identique pour les voyageurs
d’affaires et pour les touristes.
Le déplacement du panneau
ONLYLYON de la place
Bellecour à la cité
internationale témoigne de
l’appropriation d’un dispositif
Figure II-11 OT Lyon et sa campagne promotionnelle
Figure II-12- Panneau ONLYLYON déplacé de la cité internationale à Bellecour – Photos Office de tourisme Lyon
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Mémoire de M2 DATT Page 48
initialement prévue pour les hommes d’affaires par les touristes d’agréments.
« Lorsqu'une ville attire les hommes et les femmes, elle attire les talents, elle attire les
entreprises. » selon Jean Michel Daclin, Adjoint au Maire de Lyon, Vice-Président du Grand
Lyon délégué aux relations internationales, au tourisme et à l’attractivité du territoire pour qui
Lyon doit attirer les hommes pour attirer les projets en touchant autant les touristes que
les entrepreneurs ou les étudiants.
2.2.2 Une offre touristique spécifique appropriée progressivement par les mobilités touristiques ?
a) Des dispositifs spécifiques pour les mobilités d’affaires : la « Welcome attitude »
Dans le cadre de la démarche ONLYLYON, un groupe de travail rassemblant le Grand Lyon,
Ville de Lyon, Eurexpo, Lyon Tourisme et Congrès, les taxis, les gares SNCF, Keolis, le
SYTRAL, les associations de commerçants et l'aéroport Lyon St Exupéry a réfléchi sur
l’amélioration de la qualité de l'accueil des mobilités d’affaires dans la métropole.
La démarche se matérialise à travers un ensemble d'actions visant à perfectionner l'accueil des
congressistes et des participants aux salons en vue d’améliorer la compétitivité de
l'agglomération sur le marché du tourisme d'affaires. « Les hommes d’affaires sont
prioritaires mais une démarche similaire est à l’étude pour l’accueil des touristes
d’agrément » (Valérie Ducaud)55. En effet, à l’heure actuelle, les dispositifs de
signalétiques directionnelles sont quasi inexistants dans les principaux points d’entrée
de la ville (comme les gares de la Part-Dieu ou encore Perrache). Les perspectives de
développer des évènements gros porteurs (congrès de plus de 1500 personnes) sont à l’origine
de la « Welcome Attitude » développée par la ville de Lyon. Cette véritable stratégie de
différenciation réunit de nombreux partenaires commerciaux qui proposent tout une gamme
de prestations de services dans un kit appelé le « welcome pack ». Ainsi par exemple, les
mobilités d’affaires sont accueillies dans les gares et les aéroports par une signalétique 55 Entretien téléphonique du 05 août 2010
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 49
visuelle et des bandes sonores les aidant à s’orienter dès leur arrivée. Dans la ville, des
kiosques d’information proposent de nombreux services d’aide à l’orientation, mais aussi des
réductions pour certains commerces et restaurants.
Parfois dans le cadre de salons très spéciaux, des cocktails sont organisés dans l’hôtel de ville
ou un tapis rouge accueille les participants dès la sortie du TGV pour souligner la qualité de
l’accueil. Des agents d’accueil sont également présents dans la ville et dans le métro pour
répondre aux visiteurs.
Si la « welcome attitude » a été lancée au départ par les partenaires institutionnels pour les
mobilités d’affaires elle a pour vocation de s’étendre pour tous les visiteurs de
l’agglomération et donc pour les différentes mobilités présentes. D’ailleurs, depuis peu la ville
de Lyon a mis en place un dispositif de citygreeters qui s’inscrit dans la continuité de cette
initiative.
L’aéroport de son côté a également développé une politique d’accueil de qualité similaire
avec la mise en place des « airport helpers ». Ces «Airport Helpers» sont des personnels de
l’entreprise bénévoles recrutés et formés pour permettre aux voyageurs et accompagnants de
bénéficier d’une information de qualité et de proximité. Ils renseignent et guident le public
pendant leurs déplacements professionnels sur le site. L’initiative rassemble aujourd’hui plus
de 500 bénévoles.
Olivier Occelli, directeur marketing d'ONLYLYON Tourisme et Congrès, rappelle que c'est
grâce à des initiatives comme la "Lyon Welcome Attitude", que Lyon gagne et devient une
grande place du tourisme en Europe.
Si la politique d’accueil développée par les différents acteurs de la ville de Lyon
démontre un intérêt privilégié pour les mobilités d’affaires, les dispositifs similaires mis
en place cet été avec les city greeters pour les touristes d’agrément, démontre que les
mobilités d’affaires ont pu impulser une politique d’accueil de qualité pour le tourisme
d’agrément constituant en quelque sorte un levier de développement de l’offre
touristique du territoire.
Les dispositifs communicationnels et d’accueil mis en place par la Grand Lyon sont dédiés
spécifiquement aux mobilités d’affaires et s’ouvrent progressivement aux mobilités
touristiques. La forte prédominance de l’activité des mobilités d’affaires a mené des
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 50
entreprises à se positionner pour répondre à leurs attentes essentiellement basées sur un temps
libéré du travail limité.
Nous pouvons prendre l’exemple de deux entreprises lyonnaises qui ont mis en place des
concepts ou des produits novateurs liés aux activités récréatives des mobilités d’affaires :
Jogging City, Bike and See .
b) L’existence d’une offre spécifique dédiée aux mobilités d’affaires : focus sur 2 sociétés
Jogging city et Bike and See sont 2 sociétés lyonnaises qui se sont positionnées sur le segment
affaire en tenant compte du processus d’autonomisation limité des mobilités d’affaires. Les
mobilités d’affaires ayant peu de temps libre, elles ont développés des produits permettant de
découvrir le territoire de façon accélérée. La clientèle n’est pourtant pas forcément celle
escomptée…et souligne l’imbrication des pratiques touristiques des mobilités de loisirs et les
mobilités d’affaires.
• Jogging city : répondre aux pratiques sportives des mobilités d’affaires
Jogging city est une société qui a fait du chemin depuis sa création en 2008. « Lyon est la
première ville française à proposer aux hommes d’affaires de la découvrir en parcourant ses
rues en course à pieds. « Notre service se fait à la demande, sept jours sur sept et de O6H30 à
21H00 heures, précise Camille Perrache, fondateur de la société. Notre clientèle est
essentiellement composée d’hommes d’affaires participant à un événement ou en
déplacement professionnel. Il s’agit majoritairement d’étrangers principalement américains,
suisses, ou allemands. Et nous envisageons d’implanter des formules identiques à paris,
Strasbourg, Cannes, Nice, Marseille et Annecy » (L’équipe Mag-samedi 25 avril 2009).
Camille Perrache56 précise par ailleurs, qu’à l’origine Jogging city était crée pour la clientèle
affaire et les touristes étrangers. Si au départ, les mobilités d’affaires représentaient la
majorité de sa clientèle, elle est actuellement décomposée de la façon suivante : 30% de
notre clientèle sont des hommes d’affaires ou des étrangers les 70% restants sont des
personnes qui viennent de la région. La plupart du temps c’est un cadeau qui a été
offert.
56 Entretien téléphonique du 16/11/2010
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 51
Jogging city est un concept original crée pour répondre aux exigences de la clientèle affaire
qui depuis sa création a remporté un plus vif succès auprès du tourisme de proximité lui
permettant ainsi de se développer et d’exporter le produit dans d’autres villes françaises
comme la capitale.
Si l’évolution de sa clientèle souligne probablement les conséquences de la crise économique
et les réductions des activités périphériques, elle met cependant en avant l’appropriation
progressive de produits originaux par le tourisme de proximité.
• Bike and See : Répondre aux exigences du développement durable
A l’heure des déplacements doux, alors qu’il
faut absolument sauvez la planète, Olivier le
bouille a inventé une nouvelle manière de
découvrir la ville de Lyon : la mobilité douce
pour faire de l’écotourisme en zone urbaine en
créant la société Bike and See. Cet ancien
directeur du marketing d’une multinationale
américaine spécialisée dans la signalétique était
avant tout convaincu qu’il existait un créneau
pour des visites de la ville s’inscrivant dans le
cadre du développement durable avec zéro
émission de gaz à effets de serre auprès du
marché du tourisme d’affaires. Un concept
original et novateur de « vélo serviciel » qui allie
les nouvelles technologies et la mobilité urbaine
alternative par le respect de l’environnement.
L’agence loue des casques, organise des quizz
autour des balades, livre les vélos à l’hôtel ou
sur le lieu de la réunion et peut aller jusqu’à
personnaliser les vélos aux couleurs de
l’entreprise. Les débuts prometteurs de l’été
Figure II-13-Source Bike and See
Figure II-14 -Source Bike and See
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 52
2010 auprès des touristes marquent la corrélation existante entre les activités récréatives des
mobilités d’affaires et les mobilités touristiques. Sportive et ludique, respectueuse de
l’environnement et utilisant les nouvelles technologies la prestation avait pour vocation de
répondre aux grandes tendances de la demande des mobilités d’affaires en matière d’activités
récréatives. Bike and See est l’exemple d’un concept crée initialement pour les mobilités
d’affaires générant une demande de la part des touristes d’agrément. Les perspectives
d’étendre ce concept novateur à d’autres villes mettent en avant également l’uniformisation
des pratiques touristiques dans un espace urbain.
Si nous reprenons le continuum de Vincent Coeffe, les mobilités d’affaires et les mobilités
touristiques peuvent ici suivre la même trame coproductive.
2.3 Les mobilités d’affaires et la production de nouveaux lieux touristiques
L’hôtellerie est le principal lieu où s’entrecroisent les mobilités d’affaires et les mobilités
touristiques. A Lyon l’activité hôtelière est dominée par le marché des affaires. Le choix des
nouvelles infrastructures hôtelières découle de cette activité économique majoritaire. Les
nouveaux projets structurants de la métropole en construction ont une imbrication certaine
avec les sites de rencontres professionnelles générant de nouvelles polarités touristiques et de
loisirs.
2.3.1 A travers le schéma directeur hôtelier tournée vers l’hôtellerie haut de gamme
Afin de permettre une meilleure lisibilité internationale et pour résoudre les problèmes de
capacités d’accueil hôtelier, l’agglomération lyonnaise se tourne vers l’hôtellerie haut de
gamme caractéristique de la demande du segment affaires.
En effet, au printemps et en automne, plus des trois quart des professionnels déclarent être
obligés de refuser des manifestations professionnelles tant pour des raisons de disponibilités
de salles que de chambres. En effet, de plus en plus, il y a une concentration des
manifestations ou des rencontres professionnelles en milieu de semaine entrainant parfois un
phénomène de surbooking.
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 53
De nouveaux hôtels apparaissent dans l’hôtellerie affaires 3*/4* étoiles :
Hôtel de la CITE- CONCORDE (Cité internationale)
Le Pavillon de la ROTONDE (Nord est du Grand Lyon)
Hôtel AMBASSADEUR (Grand Lyon Est /Eurexpo)
Hôtel GRAND EST(Grand Lyon Est/Eurexpo)
Hôtel ERMITAGE (Nord Est du Grand Lyon)
N&H Hoteles. (Grand Lyon Est/ Aéroport)
L’évolution des grands équipements structurants, Palais des Congrès et Lyon EUREXPO
ainsi que la stratégie du Bureau des Congrès de l’Office de tourisme a bien conforté cette
demande de type affaires « grandes manifestations professionnelles ».
Des grands projets hôteliers « haut de gamme »
Afin de s’affirmer sur la scène internationale en
tant que destination touristique et dynamiser le
développement économique de la ville pour
pouvoir concurrencer les grandes villes
européennes, l’agglomération lyonnaise vise à
renforcer sa capacité d’accueil tant au niveau
de la qualité que de l’originalité.
Plusieurs projets sont programmés comme la création d’un hôtel de prestige en centre-ville
parfois relativement ambitieux, comme un hôtel de
charme dans les anciens hôpitaux de l’Antiquaille
ou encore un hôtel « vert » HQE au Parc
Technologique de Saint Priest. Pour offrir les
meilleurs conditions d’accueil à une clientèle
d’affaires grandissante, le Grand Lyon encourage
l’implantation d’un équipement 4* d’environ 300
chambres dans le quartier d’affaires de la Part
Figure II -15- Le projet hôtel Vert à Saint Priest –Source SDH-CCI Lyon
Figure II-16 – Source SDH/CCI Lyon
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Mémoire de M2 DATT Page 54
Dieu connecté à l’aéroport international par la récente navette Rhône Express. Véritable plate-
forme multi- modale dont le pivot est la gare TGV, le quartier de la Part-Dieu est aussi une
place décisionnelle d’envergure européenne en plein essor.
La ville de Lyon investit également un site
historique situé dans l’hypercentre de la
ville : les Hospices Civils de Lyon ou
l’Hôtel-Dieu. Il est aujourd’hui l’un des
plus grands édifices du 18ème siècle
construit d’après des plans de Soufflot,
architecte du panthéon à Paris. Il est
également le premier hôpital lyonnais.
L’agglomération lyonnaise a engagé la
reconversion et la valorisation de ce site
afin de disposer d’un lieu d’hébergement
emblématique très haut de gamme. Elle
encourage la création d’un complexe
hôtelier de dimension internationale avec un hôtel 5 étoiles de prestige, des commerces, de la
restauration, des bureaux.
D’autres projets originaux voient le jour comme par exemple le projet hôtelier fluvial
Canabaé dont la spécificité est d’être un bateau sur les berges du Rhône au cœur de la ville de
Lyon. Ce projet innovant a pour perspective la mise en place de dispositifs originaux comme
la mise en place de navettes privatives fluviales pour desservir en amont la cité
internationale.
Le Schéma Directeur Hôtelier (SDH) 2010-2015 prévoit un renforcement des capacités
d’accueil de plus de 1000 chambres majoritairement en hôtellerie d’affaires avec des
enseignes valorisantes comme Rézidor ou encore NH Hoteles qui favorisent une meilleure
visibilité sur le plan international. Le Schéma Directeur Hôtelier est en cours de réalisation et
s’inscrit dans la continuité du précédent Schéma de développement hôtelier 2002-2008 qui
avait déjà contribué au renforcement du parc.
Figure II-17 – La cartographie du Schéma Directeur Hôtelier 2010-2015Source : SDH Le Grand Lyon
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Mémoire de M2 DATT Page 55
2.3.2 A travers des projets de requalification structurants aux abords des sites professionnels générant de nouvelles polarités touristiques Les tendances de reconquête de territoire en friche …
La cité internationale, le carré de la soie et le très ambitieux projet confluence sont 3 projets
de requalification de l’agglomération lyonnaise structurants qui soulignent les tendances
actuelles de croisement entre les dynamiques fonctionnelles commerciales, culturelles et
touristiques.
La cité internationale (site à dominante professionnelle), lieu de prédilection des
rencontres professionnelles, est aussi un site polyfonctionnel dédiés aux loisirs des résidents
permanents avec notamment le cinéma UGC Ciné Cité, le musée d’Art contemporain. Cette
urbanité nouvelle a été achevée en 2006 et assiste à un processus de touristification de par
l’appropriation des résidents permanents et temporaires notamment les mobilités d’affaires
qui après une journée de travail vont déambulés dans le pastiche des rues intérieures du site.
Le tourisme et l’urbain « s’inventent mutuellement » (Vincent Coeffe), ici l’urbanité à
amorcer la venue de nouveaux flux de mobilités de loisirs et les mobilités d’affaires.
Le carré de la soie (site à
dominante loisirs) est situé
à la fois sur les communes
de Vaux en Vélin et
Villeurbanne dans la
banlieue est lyonnaise.
L’implantation de ce
nouveau pôle de loisirs
polyfonctionnel est
également un pôle multimodal, premier nœud d’échanges de l’Est de l’agglomération
permettant de desservir en 15 minutes Eurexpo, la Part Dieu et l’aéroport Saint Exupéry.
Cette plaque multimodale est l’unique point d’entrée d’Eurexpo en transport en
commun et fait partie intégrante de l’itinéraire des mobilités d’affaires se rendant à Eurexpo.
Le site se caractérise notamment par la présence de nombreuses chaines de restauration
franchisées dédiées notamment aux déjeuners d’affaires en semaine et par des commerces.
Figure II-18 Plan du pôle de loisirs du Carré de la Soie / pôle évènementiel - Source : Le Carré de la Soie.com
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Mémoire de M2 DATT Page 56
Le projet Confluence est le projet le plus
ambitieux de la ville Lyon et se situe entre
l’hypercentre touristique et la Halle Tony
Garnier (quartier de Gerland). Un projet de
construction d’un pont reliant la confluence et
le quartier de Gerland est prévu pour 2014.
Dès le XIXème siècle, la partie sud de la
presqu’île a offert de vastes ténements à l’essor
industriel mais depuis une vingtaine d’années, la
libération progressive de ces occupations foncières a ouvert des perspectives de mutations
profondes traduites aujourd’hui dans un projet global de grande ampleur : le projet Lyon-
Confluence. Véritable opportunité pour la ville de Lyon, ce projet a vocation d’étendre
l’Hypercentre jusqu’à la confluence du Rhône et de la Saône afin de transformer ces
anciennes friches industrielles en un véritable lieu de distraction, de loisirs et de promenades
pour les visiteurs lyonnais ou non. Il s’articule autour de cinq secteurs (Perrache, le quartier
Sainte Blandine, secteur ouest du Cours Charlemagne, la pointe de la Presqu’île et le secteur
est /sud du cours. « la Confluence est appelée à devenir un nouveau lieu de prestige
lyonnais. »
o Créer un nouveau quartier en centre-ville renforçant le rayonnement de
l’agglomération lyonnaise,
o Développer une offre innovante et attractive de loisirs urbains,
o Mettre en valeur les fleuves et les qualités paysagères du site,
o Reconquérir les friches industrielles et logistiques,
o Désenclaver le sud de la presqu’île notamment par les transports en
commun. terme, ce projet doublera la superficie du centre-ville entre «
Rhône et Saône ».
La première phase de travaux a été lancée en 2006 sur 41 hectares (40 % du projet global)
avec un investissement évalué à 1,15 milliard d’euros permettant aux architectes de renom
d’exposer leur talent :
• Tania Conko et massimiliano Fuksas pour les logements de la Place nautique
• Odile Decq par la réalisation d’une tour belvédère à l’extrémité sud du port Rambaud
Figure II-19 Plan du bassin nautique –Projet Confluence – Source la Grand Lyon dossier Confluence
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Mémoire de M2 DATT Page 57
• Rudy Ricciotti, Grand Prix national de l’architecture 2006, pour la réalisation du
Pavillon 6 des docks, accueillant un hôtel de luxe
• Dominique Jakob et Brendan macFarlane qui réalisera un pavillon avant-gardiste sur
le port Rambaud.
•
La suite des travaux s’échelonnera jusqu’en 2015. Le grand Lyon prévoit le triplement de la
population du quartier de la Confluence et du nombre d’emplois. L’ensemble représentera 1
million de m2 de constructions et plus de 30 hectares d’espaces publics.
A l’extrémité de la presqu’île est prévue la
construction d’un grand équipement touristique
structurant : le Musée des Confluences qui sera
dédié aux sciences de la terre, sciences de la vie et
sciences humaines dont l’ouverture « est » prévue
pour 2013.
3,5 millions d’euros de fonds alloués par l’Union
Européenne au projet visent à couvrir les surcoûts de construction justifiés par des
économies d’énergie ou le recours à des énergies renouvelables. L’objectif est de réduire les
besoins énergétiques de 40 % par rapports aux standards actuels qui reposent à la fois sur la
conception bioclimatique du bâtiment, sur l’isolation et sur la ventilation.
Le quartier a vu apparaître des restaurants qui connaissent aujourd’hui une belle affluence et
ont permis l’émergence d’un nouveau lieu de vie lyonnais. A titre d’exemple, la rue Le Bec.
Imaginé par le chef deux fois étoilé Nicolas Le Bec, ce concept inédite propose à l’instar
d'une halle marchande, une salle de restaurant entourée de différentes échoppes : le
poissonnier, le boucher, le maraîcher, le caviste, l'épicier, le comptoir à café, la cave à
fromages, etc…
Figure II-20- Projet Musée de la Confluence –Source -Dossier Confluence- Le grand Lyon.com
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Mémoire de M2 DATT Page 58
Ces différents projets soulignent la prise en compte de la superposition complexe des
mobilités dans un espace urbain. Le choix géographique est étroitement en lien avec les
sites de rencontres professionnelles du fait de la proximité et des aménagements
d’accessibilité mis en place. Ces projets de rééquilibrage du territoire offre un nouveau
maillage caractérisé par de nouvelles polarités de loisirs.
La ville de Lyon se métamorphose et renforce son tissu urbain dans des perspectives de
construction métropolitaine afin de répondre à la compétitivité des territoires. Des
infrastructures d’accueil au développement de l’intermodalité, de nombreux aménagements
ou projets d’aménagements sont entrepris dans une mouvance dynamique économique liée à
la prise de conscience de tout un système d’acteurs institutionnels et économiques pour le
renforcement de l’attractivité territoriale. La réalisation d’équipements de qualité s’inscrit
dans une logique de rayonnement international puisque qu’ils permettent une meilleure
visibilité et une meilleure lisibilité de la destination. Ainsi la ville de Lyon dans le cadre de sa
construction métropolitaine cherche à conforter l’ancrage des entreprises et la diversité de leur
compétences par le développement de grands équipements structurants et le développement
de grands évènements économiques concourant à l’amélioration de lisibilité de la destination.
La stratégie développée par l’agglomération lyonnaise démontre que l’urbanité mise en
place amène des flux de mobilités plurielles qui comprennent aussi bien les mobilités
d’affaires que des mobilités touristiques et de loisirs.
Les mobilités d’affaires, majoritaires dans l’agglomération, apparaissent comme un
substrat de la construction métropolitaine et semblent se compléter aux mobilités
touristiques et de loisirs. Si les deux mobilités semblent obéir à des temporalités différentes,
elles ont cependant une appropriation de l’espace urbain fortement imbriquée caractérisée par
des temporalités successives permettant le lissage et la pérennité de l’offre touristique.
Figure II-21- Source : CDEDE , le nouveau maillage du territoire lyonnais , l’imbrication avec les sites de rencontres professionnelles
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Mémoire de M2 DATT Page 59
3ème partie : L’habiter temporaire des mobilités d’affaires : hybride touristique polytopique de la métropole fondu dans un
hyperchoix global
Les mobilités d’affaires s’inscrivent dans une pluralité de résidents qui habitent
temporairement la ville. Une étude réalisée auprès des organisateurs de voyages
professionnels (panel de 20 répondants) et auprès des mobilités d’affaires (panel de 35
répondants) soulignent que ces dernières disposent d’un temps libre relatif donnant lieu à un
habiter touristique spécifique et polytopique s’imbriquant parfois étroitement avec les
pratiques des mobilités touristiques et celles des résidents permanents. Cet habiter touristique
spécifique peut être identifié suivant 2 types de continuum (3.1). Le processus du choix de la
destination implique une image forte et attractive de la destination. Lyon comme beaucoup de
métropole régionale a encore du mal à se positionner sur la scène internationale. L’habiter
touristique des mobilités d’affaires participe paradoxalement à générer une offre touristique
originale mais qui se fond dans un hyperchoix global (3.2). Si cet habiter touristique participe
à la construction métropolitaine, il ne peut permettre la lisibilité d’une destination qu’avec le
concours des mobilités touristiques (3.3).
Cathy DEDE Université Panthéon-‐Sorbonne-‐IREST 2009/2010
Mémoire de M2 DATT Page 60
3.1 Un habiter touristique hybride urbain
Des pratiques touristiques originales pour remotiver les groupes (3.1.1) à la reproduction
d’une quotidienneté relative (3.1.2), l’habiter touristique des mobilités d’affaires semble
suivre deux types de continuum d’appropriation territoriale (3.1.3)
3.1.1 L’habiter touristique des mobilités d’affaires vu par les professionnels du tourisme : des pratiques différentes : plus sportives, plus ludiques et plus gastronomiques.
D’après une enquête
quali-quantitative auprès
des professionnels de la
région Rhône Alpes,
entre 2004-2005 par le
cabinet Coach omnium
73 %57 des professionnels proposent des activités périphériques caractérisées par des
prestations culturelles ,sportives ou ludiques, en marge de la prestation propre au travail en
groupe.
Ce sont les activités sportives et ludiques qui ont été les plus évoquées par les répondants
déclarant commercialiser une activité annexe. Les activités basiques sont là : Tennis, golf,
karting, sports d'hiver... mais on voit également apparaître des idées plus originales telles que
les parcours accro-branches, les jeux de pistes historiques. Les professionnels
commercialisent également des visites de villes ou des animations œnologiques, des sorties en
montgolfières, des soirées à thèmes, etc.
Concernant le Grand Lyon, à partir d’une enquête téléphonique réalisée auprès d’une
trentaine d’organisateurs professionnels ou non de voyages d’affaires de juillet à décembre
2010, des tendances de pratiques récréatives originales ont été mises en lumière. Pour certains 57 Panel de 40 répondants , les résultats ne sont à prendre en compte que comme des tendances et non comme une valeur statistiquement utilisable (Coach omnium)
Figure III-1 L’intégration de pratiques périphériques Etudes Rhône Alpes 2004-2005–Source Coach Omnium
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Mémoire de M2 DATT Page 61
d’entre eux, « par définition le tourisme d’affaire crée une offre originale » (Laurence,
FONTANA tours) et permet, de fait, de développer la diversification de l’offre touristique par
la production de produits de plus en plus originaux.
Les professionnels ont le sentiment de devoir toujours innover ou renouveler leur offre afin de
répondre à une demande de plus en plus affinée. Le renouvellement de l’offre se manifeste sur
le contenu mais également sur le plan communicationnel car les budgets ayant diminué, il
incite à présenter « un produit standard de façon exceptionnelle. » Bernard Straaten (BVS
Tours). Par ailleurs, l’appropriation du territoire est variable en fonction du profil des
mobilités d’affaires et de l’objet de la visite. Bernard Straaten ajoute « qu’il nous est
impossible de pister les mauvais élèves des congrès qui disposent cependant d’un temps
disponible parfois très important ». Josette Vignat, Directrice de l’hôtel Mercure Château
Perrache, ajoute « qu’il y a toujours une soirée qui est dédiée au plaisir, à la détente, à la
communication entre les participants, aux jeux à la découverte… » mais pas forcément au
sein de son hôtel.
Cette originalité est générée comme le souligne le site du groupe ACCOR pour « ré-
énergiser » les esprits des participants et pour favoriser la concentration » 58 Ces activités
ont lieu dans le cadre du travail et souligne le caractère « subi » et non choisi des activités car
elles ont pour vocation de régénérer la capacité de travail.
En somme ici, les mobilités d’affaires s’inscrivent dans un système coproductif
(puisqu’elles ont recours à des prestataires de services) et semblent intégrer des activités
de loisirs spécifiques et originales à des fins professionnelles pour remotiver des
partenaires commerciaux ou pour faciliter la signature de contrats.
Les mobilités d’affaires développent dès lors un habiter touristique hybride urbain parce
que les finalités premières du déplacement sont professionnelles. La discontinuité du
travail avec le temps libre s’effectue sur le lieu du déplacement mais la rupture avec la
quotidienneté apparaît comme relative car les pratiques récréatives et de loisirs apparaissent
58 « Entre deux séances de travail, organisez des pauses détente, notamment après le déjeuner afin de "ré-énergiser" les esprits des participants et améliorer leur écoute, favoriser des repas légers suivie d’une promenade digestive » www.accorhotels.com
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Mémoire de M2 DATT Page 62
comme étant plus ou moins intégrées dans le temps travaillé. Le processus du choix de
l’activité repose sur le choix de l’entreprise et non pas de l’individu en déplacement.
3.1.2 L’habiter touristique des mobilités d’affaires dans un processus d’autoproduction : les voyageurs d’affaires et le temps libéré du travail.
L’enquête auprès des voyageurs
d’affaires du Grand Lyon avait pour
objectif de mettre en lumière les
pratiques touristiques durant le temps
libéré du travail, leurs temporalités et
leurs spatialisations. Bien que les
résultats n’aient été très significatifs et
statistiquement non exploitables, ils
soulignent cependant quelques grandes
tendances notamment sur la notion de
temps libre quasi inexistant chez la plupart des personnes interrogées. L’enquête a pu mettre
en évidence que ces voyageurs étaient sur place avant tout pour y régler des affaires
renforçant le caractère professionnel du déplacement et de fait un conditionnement
psychologique spécifique qui se rapproche plus d’un rapport quotidien à l’espace caractérisé
par le trajet domicile/travail classique. A titre d’exemple une rémoise interrogée sur le site de
la cité internationale précise dès le début de l’entretien « Je n’ai pas le temps de visiter …et si
je reviens, c’est pour des raisons professionnelles, non pas pour faire du tourisme car de toute
façon je n’ai pas le temps ». Le seul temps libre dont elle disposait était consacré au repos à
l’hôtel.
Figure III-2Source CDEDE
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Mémoire de M2 DATT Page 63
Au cours des différents entretiens, les voyageurs d’affaires ne donnaient pas l’impression
d’un comportement touristique « détendu ». La détente quand elle était existante semblait
avoir lieu pour une majeure partie des cas dans les alentours du lieu de la rencontre
professionnelle ou sur l’itinéraire de l’hébergement au lieu du travail. Par exemple, une
parisienne interrogée à la gare de la Part Dieu peu de temps avant son départ, après un séjour
professionnel à la cité internationale, avait profité de son temps libre pour aller faire du
« lèche vitrine » au centre commercial de la Part-Dieu en précisant qu’elle ne reviendra pas à
Lyon pour faire du tourisme car la ville n’est pas touristique. Est-ce qu’ici la raison
professionnelle du déplacement n’a-t-elle pas impactée la perception de la touristicité de la
ville ? Bien que la rupture avec la quotidienneté soit effective du fait du déplacement de plus
de 24 heures, elle apparaît toutefois relative. Les pratiques touristiques de shopping bien
qu’intégrées dans les 5 formes de pratiques touristiques de l’équipe MIT soulignent un peu
cette tendance de reproduction relative de la quotidienneté.
Par ailleurs, nombreuses des personnes interrogées semblaient rechercher un rapport temps -
distance parcourue optimal. En effet, les voyageurs d’affaires semblent avoir une vie
chronométrée spécifiquement calibrée entre le trajet hébergement /le lieu de rencontre
professionnelle /et le lieu d’entrée/sortie.(gares - aéroports).
D’autre part, et sans de grande surprise, plus la durée du séjour était longue et plus les
voyageurs d’affaires étaient enclins à visiter l’hypercentre touristique du Grand Lyon.
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Mémoire de M2 DATT Page 64
Les principales activités de détente se caractérisent, pour la majeure partie des personnes
interrogées, par un temps domestique repas (si nous reprenons la terminologie de établie par
Françoise Pottier et Christophe Terrier) et un temps repos sur le site de la rencontre
professionnelle ou dans ses alentours. Dans le cas de la cité internationale, l’imbrication de
pôle de loisirs au site de rencontres professionnelles paraît significative.
Ces deux enquêtes menées, conjointement auprès des professionnels du tourisme et les
mobilités d’affaires, semblent dégager deux paramètres constitutifs du déplacement
professionnel caractérisé par le processus du choix de la destination ainsi que le temps
libéré du travail. A partir de ces deux paramètres nous pourrions identifier deux types
d’appropriation touristique du territoire suivant 2 continuums.
3.1.3 L’identification de l’habiter touristique des mobilités d’affaires selon 2 continuums en fonction du processus du choix de la destination et du temps libéré du travail.
La segmentation de l’habiter touristique des mobilités d’affaires pourrait être identifiée à
partir de 2 continuums qui présentent chacun des caractéristiques spécifiques fondés à partir
du choix de la destination et du temps libéré du travail. Ces deux continuums mettent en avant
l’habiter touristique hybride polytopique des mobilités d’affaires.
• Les mobilités d’affaires disposant d’un temps libéré du travail limité sans de
véritable processus d’autonomisation, le choix de la destination est voulue.
(Congrès/Incentives/Foires-Salons/Séminaires-Réunions)
Dans cet habiter touristique, le choix de la destination est constitutif de ce continuum. La
destination est choisie par les organisateurs du déplacement professionnel. Le choix des
activités récréatives n’est pas voulu mais « subi » par qu’intégrées dans le temps travaillé.
Les mobilités d’affaires se récréent mais suivant un processus « hétéronomique » relatif. Il
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n’existe pas d’intentionnalité individuelle de se récréer. Le déplacement est souvent payé par
l’entreprise. Des activités de loisirs et ludiques sont présentes mais inscrites dans un
continuum de coproduction entre l’entreprise qui organise l’événement et les agences
intermédiaires prestataires de services.
Ce continuum coproductif génère une offre touristique haut de gamme, parce que les
budgets restent élevés, mais aussi originale parce que l’objectif premier est de motiver des
troupes et de générer une capacité de travail améliorée. L’offre touristique est même créée
parfois spécifiquement pour un groupe. Ces pratiques suivent toutefois le corollaire des 5
formes de pratiques touristiques listées par l’équipe MIT. Pour rappel, les 5 formes de
pratiques touristiques comprennent : la découverte, les sociabilités, le jeu, le repos (et le
shopping). Ce continuum est complètement antinomique car les activités récréatives ont des
finalités professionnelles.
Toutefois ce continuum peut se recouper avec le continuum suivant (notamment dans le cas
des congrès) si les individus mobiles disposent d’un temps libéré du travail facilitant le
processus d’autonomisation auto / coproductif.
• Les mobilités d’affaires avec un processus d’autonomisation rejoignant les
stratégies hybrides développées par les touristes avec un continuum
d’autoproduction et coproduction fondé sur un temps libéré du travail limité.
(Voyageurs d’affaires individuels/ Réunions Séminaires)
Dans ce continuum, le choix de la destination est purement professionnel et la finalité du
déplacement est de conclure des affaires. Les pratiques touristiques de ces mobilités d’affaires
semblent plus s’imbriquées avec les pratiques de loisirs des résidents permanents et des
mobilités touristiques. Le temps libéré du travail est constitutif de ce continuum. Les
voyageurs d’affaires reproduisent en quelque sorte une quotidienneté. L’habiter touristique
semble davantage s’apparenter à un habiter « domestique » caractérisé par l’hébergement et la
restauration. L’obligation du déplacement professionnel implique un conditionnement
psychologique qui se rapproche de la quotidienneté.
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L’appropriation spatiale semble davantage à s’imbriquer avec l’appropriation des pôles de
loisirs dédiés pour les résidents permanents mais plus la durée du séjour est longue et plus les
voyageurs d’affaires auront tendance à s’approprier le territoire à l’instar d’un touriste
d’agrément.
Lyon tournée vers le tourisme urbain des mobilités d’affaires a pour ambition de développer
l’activité des congrès gros porteurs pour se positionner au rang des grandes métropoles
internationales telles que Barcelone. Comme beaucoup de grandes villes, elle dispose de
moyens d’accessibilité significatifs (accessibilité multimodale), des outils spécifiques de
gestion (pôle des Congrès, un budget élevé), et des infrastructures d’accueil importantes mais
toutefois non suffisantes (Hôtels de grande capacité). Ceci marque les difficultés d’une
métropole régionale en construction peu touristique fondue dans un hyperchoix
global…débute alors le cercle vicieux des métropoles régionales industrielles ayant du mal à
se hisser au rang des « grands » faute d’image positive, faute de présence de grandes
enseignes hôtelières. Le tourisme des mobilités d’affaires amorce dès lors le tourisme
d’agrément par complémentarité mais aussi par nécessité pour permettre une cohérence dans
la construction métropolitaine et assurer une meilleure lisibilité.
3.2 Le processus du choix d’une destination : Lyon au cœur d’un hyperchoix global
3.2.1 Lyon l’exemple d’une métropole régionale en construction aux formes urbaines génériques.
Si les choix augmentent, les éléments à choisir deviennent eux identiques pour tous. Dans le
même temps où les objets se multiplient, l’industrialisation et la standardisation semblent
gagner de nombreux domaines et uniformiser les villes et la vie quotidienne progressivement
mais irrémédiablement (François Ascher).59
59 ASCHER François (2010) –Métapolis ou l’avenir des villes – Edition Odile Jacob -346 pages
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L’exemple de Lyon développe des gros projets structurants à l’instar des grandes villes
comme Birmingham à la reconquête de territoire en friches (La Confluence/La Cité
internationale) et des espaces en périphérie urbaine en développant des sites polyfonctionnels
imbriqués aux sites de rencontres professionnelles. Mais ce nouveau maillage du territoire qui
marque certes le bouillonnement économique de la ville souligne les tendances actuelles de
formes urbaines génériques et l’idée d’une homogénéisation des espaces et des sociétés. Or si
le modèle urbain de Lyon tend vers un modèle urbain global, la maitrise de l’altérité est
essentielle (Mathis Stock). Loïc Château, senior manager de KPMG THL consulting,
sceptique sur le positionnement de Lyon au regard de ses consœurs européennes60 précise
qu’« au sein de la concurrence vive européenne, on retrouve les capitales économiques et
financières, qui sont aussi villes de patrimoine, d'art et d'histoire : Paris, Londres, Rome…
Puis viennent les villes de tourisme d'art et d'histoire incontestées, comme Florence, Séville...
Enfin, on trouve les villes dont l'attractivité réside essentiellement dans le tourisme d'affaires,
comme Milan, Francfort... Lyon se situe à la marge de ces trois univers », explique-t-il. « Si
vous misez sur le tourisme d'affaires, quelles illustrations différenciatrices offrirez-vous
par rapport à une ville comme Birmingham, qui, au-delà de la rénovation de son hyper
centre ville, s'est dotée d'équipements pour un montant de 300 M d'euros ? « Barcelone,
ajoute-t-il, a connu un vrai effet de levier à partir des Jeux Olympiques. Bilbao, ville
sinistrée, a joué sur la symbolique, en accueillant le musée Guggenheim. De même, il est
incroyable de voir comme Berlin réussit sur le thème de la fête et l'événementiel, avec des
chiffres de fréquentation touristique en progression de plus de 20%. Budapest, en revanche,
joue sur la compétitivité économique. Pour toutes ces villes, remarque-t-il encore, il y a eu
"choc", ou un événement initial générateur d'un développement touristique. Dans ce
paysage, Lyon donne l'image d'une ville assoupie qui vit sur ses acquis. Qu'est-ce qui va être
déclencheur d'un passage de la seconde à la première division ? Plus que les investissements
matériels, il est aujourd'hui important de trouver ce qui fera la différence », assure Loïc
Château » (Synthèse du Millénaire-2002).
Bien que suivant les modèles urbains de ses congénères européennes, classée au patrimoine
de l’UNESCO depuis 1998, même si Lyon a vu sa fréquentation touristique augmentée, elle
éprouve cependant des difficultés à attirer les congrès internationaux démontrant que l’altérité
60 CR Journée Prospective du 08 juillet 2002 – « Où en est la métropole lyonnaise ? » -Axe de travail Millénaire 3 Métropolisation
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recherchée est encore insuffisante dans le processus du choix de la destination. Pourtant ce
processus de choix semble obéir à des paramètres d’attractivité pourtant classiques …
3.2.2 L’hyperchoix global et les paramètres du processus du choix de la destination.
Selon une analyse catégorielle des positions de ville dans le domaine des réunions
internationales de Sylvie Christofle, Lyon se situe dans le groupe 3 des villes d’accueil
d’évènements professionnels .61
Caractérisées par des disparités de population, elles sont présentées comme des métropoles
« régionales » avec des sites d’accueil paraissant fragiles voire instables n’étant pas jugées
suffisamment attractives et sont des nouveaux venus.
Sylvie Christofle ajoute que le système des réunions internationales implique 2 types
d’acteurs :
• les organisateurs de rencontres qui souhaitent sélectionner le site le plus en adéquation
avec les besoins
• et le souhait des villes et des congressistes qui désirent accueillir la destination.
61 CHRISTOFLE, Sylvie (2001), Position de villes, mondialisation et réunions internationales –Géocarrefour.Vol 76 N° 2, 5 pages
Figure III-4 L’analyse catégorielle des grandes villes organisatrices de réunions internationales -SCHRISTOFLE
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Or le processus du choix repose sur le niveau de qualité touristique de l’agglomération
caractérisé par une image favorable, la notoriété et la présence d’infrastructures de
transport et d’accueil tout comme le patrimoine et la présence des monuments historiques
constituent des paramètres essentiels dans le processus du choix de la destination.
L’habiter touristique des mobilités d’affaires s’inscrit dans un système de pratiques urbaines
qui tendent à s’uniformiser. Ces pratiques seules malgré l’originalité de l’offre touristique
générée ne permettent pas d’impacter le processus du choix d’une destination.
3.2.3 L’habiter touristique des mobilités d’affaires au cœur de pratiques uniformisées dans un hyperchoix global :
L’habiter touristique des mobilités d’affaires converge vers des pratiques uniformisées. Même
si l’un des continuums facilite le développement des offres touristiques originales et haut de
gamme, elles ont avant tout une finalité professionnelle. Or dans un contexte urbain, ce
tourisme là devient un genre commun (Michel Lussault). L’attente des normes communes
telles que les grandes structures hôtelières entre également dans un contexte d’hyperchoix
global. Même si Lyon arrive à attirer des grands investisseurs hôteliers, quels atouts dispose-t
- elle pour se différencier des grandes métropoles européennes pour attirer les congrès
internationaux ? Josette Vignat 62, Vice présidente du Groupement National des Chaînes
hôtelières (GNC) en Rhône-Alpes, précise que les infrastructures sont encore incomplètes et
que certaines prestations sont beaucoup trop chères notamment en comparaison avec les
mêmes prestations à Barcelone. Elle prend à titre d’exemple les taxis pour lesquels la course
coûte 4 - 5euros. Il est vrai qu’à Lyon, le réseau des taxis est certes très employé pour les
déplacements professionnels mais il reste très couteux. (De l’ordre de 25 euros) pour assurer
la liaison entre le centre ville et Eurexpo. Il en va de même pour la nouvelle navette Rhône
Express mise en place entre l’aéroport et le centre ville qui a engendré une augmentation
tarifaire multipliée par deux or c’est devenu l’unique accessibilité en transport en commun.
Lyon souhaite se positionner au niveau de Barcelone mais pour cela elle ajoute « Le
congressiste, il se réunit, il travaille, et veut se divertir… A Barcelone tout est ouvert, à Lyon 62 Entretien du 27 septembre 2010
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rien est ouvert après une heure du matin ». Pourtant Lyon, est la première ville à célébrer son
urbanité par la lumière marquant les premières signes d’un décloisonnement temporel par
l’animation nocturne. 63 (Maria Gravari Barbas)
La temporalité apparaît également comme un paramètre essentiel dans l’habiter touristique
des mobilités d’affaires. D’une part, les mobilités d’affaires reposent sur un calendrier
professionnel essentiellement concentré sur les milieux de semaines et hors période de
vacances scolaires. Les métropoles régionales tournées vers les mobilités d’affaires comme la
Ville de Lyon ont un taux d’occupation relativement faible qui n’attire pas les grandes
enseignes hôtelières. Toutefois, sans ces grandes enseignes, Lyon perd de son rayonnement
international et entre dans un cercle vicieux. Dès lors pour lisser le fonctionnement
économique de ces infrastructures, l’activité des mobilités d’affaires entraine dès lors le
développement du tourisme d’agrément pour grignoter des parts de marché et permettre le
lissage de la saisonnalité.
3.3 Le tourisme urbain des mobilités d’affaires et des mobilités touristiques dans le processus du choix de la destination : une complémentarité temporelle inséparable ?
La temporalité est une question majeure dans l’habiter touristique des mobilités d’affaires
puisqu’elle comprend la notion du temps libéré du travail mais également la notion de
saisonnalité et l’appropriation temporelle du territoire (journée-nuit). Cette notion implique un
lien étroit dans le développement du tourisme d’agrément et l’imbrication qu’il peut avoir
avec le tourisme des mobilités d’affaires. De l’imbrication des pratiques des mobilités
d’affaires aux pratiques des mobilités touristiques/loisirs (3.3.1) à la nécessité de développer
le tourisme d’agrément afin de maitriser l’altérité (3.3.2) le tourisme urbain protéiforme
apparaît comme l’élément essentiel dans le positionnement d’une métropole en construction
(3.3.3).
63 GRAVARI BARBAS
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3.3.1 L’imbrication des mobilités d’affaires aux les mobilités touristique suivant la temporalité des pratiques : le lissage économique saisonnier
L’appropriation territoriale des mobilités d’affaires et les mobilités touristiques se recoupent
dans l’utilisation des mêmes infrastructures d’accueils spécifiques. Au delà de l’hôtellerie et
de la restauration, ces deux types de mobilités vont utiliser des structures qui ne leurs sont à
priori pas dédiés. Cette appropriation s’effectue à des temporalités différentes permettant un
lissage optimal du fonctionnement des structures.
Ainsi, les mobilités touristiques peuvent s’approprier des sites d’accueil de rencontres
professionnelles et réciproquement les mobilités d’affaires peuvent s’approprier des structures
de loisirs.
• L’appropriation des sites professionnels par les mobilités de loisirs
La salle 3000 et la Halle Tony font partie des principaux sites d’accueil des rencontres
professionnelles de l’agglomération Lyonnaise. L’achèvement de la salle 3000 en 2006 a été
pour le Grand Lyon un argument majeur pour attirer les évènements gros porteurs mais
comme le souligne la présentation du site « plus qu’un simple espace de congrès, c’est un
lieu que tous les habitants de l’agglomération pourront s’approprier puisqu’il a également été
prévu d’accueillir des évènements « grand public » : concerts, opéras, comédies musicales,
variétés internationales. » Il en va de même pour la Halle Tony Garnier, qui pendant très
longtemps accueillait le marché aux bestiaux de l’agglomération. Rénovée à plusieurs
reprises, la Halle Tony Garnier est certes le lieu de prédilection pour les grands salons
professionnels mais elle est également le principal lieu ou se tiennent les grands concerts de
l’agglomération.
Dès lors, ces sites de rencontres professionnelles ont des fonctions plurielles. Cependant les
mobilités d’affaires s’approprient davantage le site en journée car ils l’utilisent pendant le
temps travaillé tandis que les mobilités de loisirs le feront en soirée pendant le temps libéré du
travail. Ainsi les mobilités utilisent le même lieu mais à des temporalités différentes. La
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rencontre entre les mobilités d’affaires et les mobilités touristiques n’est pas réellement
existante. L’appropriation des sites n’est pas superposée mais successive.
La dynamique économique générée par les mobilités d’affaires suscite l’intérêt de certains
acteurs touristiques qui pour dynamiser leur structure vont diversifier leur offre et s’ouvrir au
marché des mobilités d’affaires par l’adaptation et la mise en place d’aménagements
spécifiques. Des groupes de loisirs du type Center Parcs, le Club Med, Disneyland Paris ou
encore VVF Vacances ou Maeva tous ont développé une politique commerciale pour
accueillir des réunions professionnelles. A Lyon, cette tendance se confirme…
• L’appropriation des structures de loisirs par les mobilités d’affaires : l’exemple des privatisations
Pour répondre aux exigences de plus en plus fine de la clientèle affaire et pour redynamiser
leurs structures, plusieurs sites touristiques s’ouvrent aux mobilités d’affaires en permettant la
privatisation de leurs lieux valorisant le côté prestigieux et l’originalité des prestations. Nous
pouvons prendre l’exemple des halles de Lyon, temple de la gastronomie lyonnaise ou encore
la Chapelle de la Trinité, classée au monument historique. Le Palais du Commerce également
propose neuf salles restaurées d’une capacité de 15 à 400 personnes maximum, dont une salle
pouvant accueillir 400 personnes et une salle de capacité de 100 personnes. La célèbre rue
Mercière composée des fameux bouchons lyonnais a pu être partiellement privatisée pour
l’organisation d’une soirée lors des Rendez-vous France 2008. Chaque invité disposait d’une
contremarque valable dans un ou plusieurs restaurants... Une troupe d’animateurs (jongleurs,
musiciens, magiciens) arpentait la rue pendant le cocktail de bienvenue organisé en extérieur.
• L’appropriation des sites se fait sous forme de privatisation.
Dès lors, d’une part, les mobilités d’affaires ne sont que partiellement autonomes et
s’approprient les lieux de façon relativement subie et d’autre part, encore une fois du fait de la
privatisation, les mobilités d’affaires ne rencontrent pas les mobilités touristiques ou de
loisirs. Par ailleurs l’exemple de la privatisation des musées souligne la dénaturation de
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certaines institutions qui deviennent de plus en plus complexes et diversifiées, faite d’une
série d’oppositions en apparence insurmontables (économique/culturel, rentabilité/bénévolat,
privé/public)64. Les Musées immergés dans le monde de la consommation et du marché
« s’hybrident » et sont de plus en plus en pleine mutation obéissant à une « organisation
culturelle de marché » (OCM). L’exemple de la privatisation des musées pour accueillir les
mobilités d’affaires en est un exemple. En règle générale, les institutions culturelles
encouragent davantage le mécénat puisqu’il s’inscrit dans une démarche d’intérêt général et
de valorisation du patrimoine culturel. Mais de plus en plus les musées privatisent sans ce
que ce soit une conséquence, une contrepartie liée au mécénat.
A Lyon, les musées n’échappent pas à ces nouvelles tendances. De nombreuses institutions
culturelles (Les Musées Gadagne, le Musée d’Art Contemporain, le Musée des miniatures et
des décors de cinéma) disposent de salles de réunions professionnelles pouvant accueillir des
rencontres professionnelles.
Les Musées Gadagne de la ville de Lyon viennent tout juste de rouvrir après 10 ans de
restauration. Afin de redynamiser l’activité économique, l’institution diversifie sa vocation
première en ouvrant ses portes aux mobilités d’affaires qui recherchent des lieux de prestige
pour organiser leur rencontre professionnelle. « Lors de la réalisation des devis, une visite
courte des collections est obligatoirement intégrée mais elle ne fait pas forcément partie dans
de la réservation finale 65(Laurence Loiacono Clouet, responsable du service
communication). A la différence des autres privatisations, celles-ci peuvent avoir lieu en
journée. Les mobilités d’affaires peuvent ainsi occuper les lieux en même temps que les
mobilités de loisirs et de tourisme.
L’habiter des mobilités d’affaires et des mobilités touristiques est donc étroitement imbriqué
même s’il obéit parfois à des temporalités différentes. De surcroit cet habiter touristique
hybride facilite la conquête de frontière urbaine temporelle (Maria Gravari Barbas). Ainsi
plus qu’une dimension spatiale, l’imbrication des pratiques touristiques des mobilités
d’affaires est également temporelle.
64 TOBELEM Jean-Michel (2010) – Le Nouvel âge des musées, Editions Armand Colin, 324 pages
65 Entretien Octobre 2010
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Mémoire de M2 DATT Page 74
3.3.2 Une complémentarité inévitable pour palier au cercle vicieux de l’hyperchoix global : le tourisme « désynchronisé » comme maîtrise de l’altérité.
Barcelone tout comme Lyon était une ville étape et une ville de foire et congrès mais ne
constituait guère une destination touristique à part entière. L’image renouvelée qui lui a valu
un triplement de sa fréquentation touristique a été facilitée notamment par une stratégie
efficace de métropolisation et de marketing territorial confortée par une forte médiatisation
liée aux jeux Olympiques de 1992 et le Forum Universel des cultures (Pierre Jacques
Olagnier- Mondes urbains du tourisme –P176). Cette distinction a permis à la métropole de
figurer parmi les villes les plus attractives pour les rencontres professionnelles internationales
figurant dans le groupe 1 dans l’analyse catégorielle de Sylvie Christofle. De surcroit, c’est
une ville mondiale qui ne « dort pas ». (Maria Gravari Barbas)
Or, Lyon semble « reposer sur ses acquis » (Loïc Château, KPMG) alors qu’elle a été
précurseur dans la conquête d’un territoire touristique nocturne avec la fête des Lumières.
Mais cet événement bien que significatif sur le plan touristique, reste ponctuel. Lyon illumine
son patrimoine mais à une heure du matin, Lyon « dort » et est très loin de se positionner au
rang des « world cities » qui ne dorment jamais. (Maria Gravari Barbas). Pourtant elle avait
de très bons atouts pour « maîtriser son altérité » et faciliter le processus du choix de la
destination. La « festivalisation de la ville » (Maria Gravari Barbas) par les biennales d’art
contemporain/de la danse et les nuits sonores ne suffisent pas à se démarquer par rapport aux
autres grandes villes européennes car toutes ont adopté des stratégies similaires. Cependant
ces stratégies peuvent être développées davantage notamment par le développement de
pratiques désaisonnalisées et surtout il apparaît comme inéluctable la nécessité de repousser
l’habiter touristique nocturne de la ville en suivant le pas de l’habiter touristique des mobilités
d’affaires ou du moins en tenant compte du temps libéré du travail des mobilités d’affaires en
soirée.
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Mémoire de M2 DATT Page 75
3.3.3 Les mobilités urbaines dans les sociétés contemporaines : le choix touristique comme unique choix catalyseur de la métropolisation ?
Si la confusion sur le tourisme d’affaires a perduré pendant longtemps, le processus
intentionnel du déplacement et notamment les motivations propres au déplacement touristique
marque le tourisme comme clé de voûte du développement local et de la métropolisation…
Si les stations touristiques lissent leur saisonnalité par le développement du tourisme des
mobilités d’affaires, la réciproque ne peut être appliquée. Car le tourisme d’agrément repose
sur une intentionnalité du déplacement qui véhicule un imaginaire positif et facilite la lisibilité
de la destination.
L’exemple de Lyon démontre que le bouillonnement économique de l’activité touristique des
mobilités d’affaires permet la cohérence métropolitaine en terme d’aménagement et sert de
substrat au développement touristique qui lui même permet la métropolisation d’un territoire
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Conclusion
La société contemporaine bouge, le monde est de plus en plus hypermobile et interconnecté
grâce à une accélération des progrès de télécommunications. Dans quelques années, Paris et
Tokyo pourront être reliées en 2H30 grâce à un avion du futur qui permettra aux mobilités
d’affaires de se déplacer encore plus vite plus loin. Tout est optimisé, rationnalisé dans une
logique de productivité et de rentabilité. Les mobilités d’affaires croisent les mobilités
touristiques parce qu’elles convergent vers une même destination mais là s’arrêtent les
concordances. Dès le début du déplacement, l’intentionnalité professionnelle va déterminer un
habiter spécifique du territoire et surtout une mentalité et un rapport différent à l’espace.
L’étude réalisée sur le Grand Lyon a démontré que l’habiter temporaire des mobilités
d’affaires pouvait être complexe, marquant tout comme le tourisme une expérience
« disperse » et de « traverse où le quotidien s’hybride du hors quotidien et réciproquement »
(Michel Lussault- « le Tourisme, un genre commun »). A la question existe-t-il un tourisme
urbain des mobilités d’affaires, nous ne pouvons répondre que positivement parce que
l’utilisation d’infrastructures dites de tourisme ou « domestiques » (Hébergement et
Restauration) est le substrat de l’habiter touristique d’un territoire et parce que les mobilités
d’affaires bien que leur déplacement soit professionnel peuvent s’adonner aux 5 formes de
pratiques touristiques dégagées par l’équipe MIT : la découverte, les sociabilités, le jeu, le
repos et enfin le shopping. Mais là s’arrêtent les similitudes car ces pratiques ne s’exercent
pas toujours à des fins de récréations et pendant un temps libéré du travail limité. Dès lors le
tourisme urbain des mobilités d’affaires présente des spécificités parce qu’il obéit à des
contraintes professionnelles et temporelles.
Cet habiter touristique hybride du fait de la vocation professionnelle du déplacement
suppose une rupture relative de la quotidienneté et rappelle que le tourisme peut être
protéiforme confortant ainsi le concept d’un habitat « polytopique » si nous reprenons le
néologisme de Mathis Stock.
La deuxième hypothèse consistait à affirmer que l’habiter temporaire des mobilités d’affaires
amorçait le tourisme d’agrément. Nous pouvons constater que le tourisme d’agrément et le
tourisme urbain des mobilités d’affaires se complémentarisent d’une part, dans le lissage
des saisonnalités et d’autre part, dans la « conquête temporelle nocturne» du
fonctionnement d’infrastructure. Aussi, le tourisme d’agrément permet la maîtrise de
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l‘altérité dans le cadre du processus du choix des destinations des rencontres
professionnelles internationales et facilite le positionnement stratégique des destinations.
Concernant la dépolarisation touristique, l’hypothèse est plus ou moins implicitement
confirmée mais ce constat est contextualisé par une société hypermobile qui se globalise
avec des formes urbaines génériques. En effet, l’imbrication des nouveaux pôles de loisirs
avec les pôles professionnels à travers l’étude réalisée sur la cité internationale et le carré de
la soie soulignent les nouvelles tendances actuelles d’une homogénéisation des espaces et des
sociétés à travers la réalisation de projets de territoires qui croisent les dynamiques
fonctionnelles, commerciales, culturelles et touristiques. Mais aussi parce que l’outil généré
peut susciter la demande, l’hypermobilité caractérisée par des réseaux de transport de plus en
plus performants structure les territoires facilitant ainsi la superposition des mobilités
plurielles. De surcroit il est de plus en plus difficile d’établir une distinction entre le résident
permanent et le résident temporaire. Dès lors, l’habiter temporaire des mobilités d’affaires
favorise la cohérence métropolitaine et participe à un maillage du territoire touristique
multipolaire.
Par ailleurs, la dernière hypothèse consistait à souligner l’existence d’un certain paradoxe sur
l’habiter touristique des mobilités d’affaires. En effet, tous les professionnels du tourisme
interrogés affirment que le « tourisme d’affaire », « le mal nommé » (Rémy Knafou) génère
une offre touristique originale et haut de gamme. Mais paradoxalement, les attentes des
mobilités d’affaires sur les infrastructures d’accueil notamment les grandes chaines hôtelières
contribue à lisser une offre qui se fond dans un hyperchoix global. Dès lors le tourisme
d’agrément apparaît comme le seul palliatif.
L’exemple de Lyon démontre que le bouillonnement économique généré par l’habiter
temporaire des mobilités d’affaires permet la cohérence métropolitaine en terme
d’aménagement substrat du développement touristique. Si « le tourisme et l’urbanité s’invente
mutuellement » (Vincent Coeffe), la mobilité urbaine protéiforme favorise l’urbanisation et
réciproquement. Ce qui rappelle que la production touristique est la résultante de l’action
conjointe d’au moins trois système : « un système d’acteurs, un système d’images et un
système d’espaces » (G.Cazes).
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Sitographie (dossiers de presses, rapports etc…)
• Association France CONGRES : http://www.france-congres.org
• Le magazine Voyages d’affaires : http://www.voyages-d-affaires.com
• Bedouk : http://bedouk.fr
• Foires, Salons, Congrès, Evènements de France (FSCES) : http://foiresaloncongrès.com/fr/
• INSEE : http://www.insee.fr/
• ONLYLYON : dossiers de presse « prix spécial du jury pour le réseau des ambassadeurs de
Lyon » le 14/10/2009 http://www.onlylyon.org/
• CCI LYON : Chiffres clés/SDH de Lyon 2002-2008
http://www.services-lyon.fr/site/cms/2004120714535014/Vous-etes-un-professionnel-du-
tourisme--decouvrez-notre-offre-?selectedMenu=20060213116157
• Le GRAND LYON : Stratégie marketing - http://www.grandlyon.com/
• Comité régional du tourisme de la région Rhône-Alpes –
• MITRA (Mission d’Ingénierie Touristique Rhône Alpes : dossiers - http://pro.rhonealpes-
tourisme.com/toute-l-info/ingenierie-br/observatoire/l-actu-26-1.html
• Eurexpo : http://www.eurexpo.com
• La cité Internationale : http://www.cite-internationale-lyon.fr
• Le carré de la soie : http://www.carredesoie.com
• La confluence : http://www.lyon-confluence.com
• Veille Info Tourisme : http://www.veilleinfotourisme.fr
• Le Goupe Accor : http://www.accorhotels.com
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Glossaire
- Congrès associatifs : manifestations organisées par des associations, des Sociétés
savantes, des organismes internationaux, les pouvoirs publics, des universités ou des
centres de recherche…Ils permettent la diffusion et l’échange de connaissances, la
confrontation d’expériences sur un thème donné de nature scientifique, technique,
culturelle… entre spécialistes de la même filière. Une participation financière est
généralement demandée aux congressistes. La fréquence des congrès est souvent
régulière. (Source : rapport Plasait, 2007)
- Convention : manifestations organisées à l’initiative d’une société privée. Elles
réunissent essentiellement des personnes liées à l’entreprise organisatrice (force de
vente, réseau de distributeurs...) et ne nécessitent pas de contribution financière des
participants. L’événement a un caractère obligatoire dont l’objectif est de diffuser un
message unilatéral d’information, éventuellement médiatisé. Sa fréquence est
généralement régulière. On utilise également l’expression Conférence d’entreprise.
(Source : rapport Plasait, 2007)
- Foires : manifestations grand public regroupant régulièrement tout type d’entreprises
afin de présenter des produits ou des services en vue de les vendre ou de les faire
connaître. Les foires sont souvent régionales et annuelles. La Foire de Lyon en est un
exemple. (Source : rapport Plasait, 2007)
- Incentive : concept d’origine nord-américaine, l’incentive ou voyage de stimulation
ou de motivation est organisé par une entreprise pour récompenser, en groupes
restreints, des forces de ventes, des réseaux de distributeurs ou certaines catégories de
personnel, pour les motiver et les fédérer. Ce voyage patronné allie information et
tourisme d’agrément. (Source : rapport Plasait, 2007)
- Loisirs: ensemble des activités récréatives pouvant s’exercer à la fois dans l’espace
local et le temps du quotidien et dans l’espace-temps du tourisme. (Source :
Dictionnaire de la Géographie et de l’espace des sociétés)
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- Métropolisation : concentration de valeur à l’intérieur et autour des villes les plus
importantes
- Mobilité : ensemble des manifestations liés au mouvement des réalités « sociales »
(hommes, objets, matériels et immatériels) dans l’espace (Source : Dictionnaire de la
Géographie et de l’espace des sociétés)
- Salons : (ou expositions), peuvent être grands publics, professionnels ou mixtes. Ils
regroupent toutes les entreprises d’un secteur particulier, au niveau national ou
international. A titre d’exemple, le Salon de l’automobile ou de l’agriculture... Ils font
l’objet d’une réglementation. (Source : rapport Plasait, 2007)
- Séminaires : regroupent en général un petit nombre de personnes internes à la
structure dont la vocation est d’étudier une ou plusieurs questions précises en groupes
de travail sous la direction d’animateurs. C’est une sorte de petite convention de
80/100 personnes au plus. Les motifs sont : information et motivation du réseau ou de
collaborateurs, formation, lancement de produits, fidélisation de clients... Il n’est pas
demandé de participation financière. (Source : rapport Plaisait, 2007).
- Tourisme : système d’acteurs, de pratiques et de lieux qui a pour finalité de permettre
aux individus de se déplacer pour leur recréation hors de leurs lieux de vie habituels
afin d’aller habiter temporairement d’autres lieux. (Source : Dictionnaire de la
Géographie et de l’espace des sociétés)
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Annexes
Questionnaire
1. Etes vous venus à Lyon pour des raisons professionnelles ? Non Oui Facultatif : Précisez (salon, congrès, RDV, réunion, séminaire…) 2. D’ou venez vous ? France : Précisez le département Etranger : Précisez le pays 3. Comment êtes vous venus à Lyon : En train En Avion En voiture Autres : … 4 Combien de temps restez-vous dans la région lyonnaise ? 5 Où logez-vous ? Secteur de la Part Dieu Secteur de la Presqu’île La cité internationale Autres secteurs - Périphérie urbaine 6. Comment vous déplacez-vous pour vous rendre de votre lieu d’hébergement à votre lieu de RDV professionnel ? Bus/Métro/Tram Taxi A pieds Autres : … 7 Durant votre séjour, avez vous du temps libre ? Oui Non 8 Que faites vous durant votre temps libre en journée ? Restaurant Visite touristique/culturelle Shopping Promenade/visite des alentours de votre lieu de RDV professionnel Activités sportives/ludiques Repos Autres 9 Que faites vous durant votre temps libre en soirée ? Restaurant Visite touristique/culturelle Shopping Promenade/visite des alentours de votre lieu de RDV professionnel Activités sportives/ludiques Repos Autres 10 Pensez vous revenir sur la région lyonnaise pour faire du tourisme ? Oui Non ? Pourquoi ?
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Questionnaire (English version) 1. Have you been in Lyon for business? No Yes Purpose of your business trip (Congress,conference, etc …) 2. Where are you from? 3. How did you come to Lyon ? By train By plane By car Others : … 4 How much time do you stay in Lyon? 5 Where do you stay? La Part Dieu City centre (confluence, peninsula) La cité internationale Others 6. Which transport do you use to reech your business location? Bus/Métro/Tram Cab Others : … 7 Do you have spare time during your stay? Yes No 8 If yes, what do you do during your spare time (at daytime) ? Restaurant Guided tour/sightseeing (muséum, vieux Lyon, monuments etc…) Shopping Walk around your accommodation or business location Sport/ Games Rest Others 9 In the evening ? Restaurant Guided tour/sightseeing (muséum, vieux Lyon,monuments etc…) Shopping Walk around your accommodation or business location Sport/ Games Rest Others 10 Do you think you are going to come back to Lyon for tourism? Yes No? Why ? Thank you for your time. Bas du formulaire
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L’enquête auprès des voyageurs d’affaires et l’existence d’un continuum de pratiques récréatives …
Objectif : Définir l’appropriation du territoire des mobilités d’affaires (les voyageurs d’affaires) en s’appuyant sur les pratiques récréatives durant le temps libéré du travail et démontrer l’imbrication des pratiques de loisirs des voyageurs d’affaires avec celles des résidents permanents.
L’enquête a été réalisée durant le mois d’avril et le mois de mai 2011 auprès des voyageurs d’affaires en privilégiant les mercredis et jeudis (pour la plus forte concentration d’évènements professionnels) et en visant les fins de journées (après 17H00) pour avoir une meilleure disponibilité des personnes enquêtées.
Cible : Les mobilités d’affaires se déplaçant pour une durée minimum de 24 heures dans le cadre d’évènements professionnels de 0 à 400 participants. (Salons professionnels, réunions, groupes de travail …). Ont été prises en compte uniquement les activités voulues et choisies par les personnes interrogées durant leur temps libre. .
Les aires d’enquête : Elles ont été définies à partir des principaux lieux de rencontres professionnelles en intramuros et en périphérie de Lyon.
Les conditions de l’enquête :
Pôle de rencontres professionnelles situé dans la ville de Lyon proche du Parc de la Tête d’Or, la cité internationale est également un pôle de restauration et de loisirs (casino, cinéma et musée) fréquentée par les mobilités d’affaires et les résidents permanents. L’enquête a été réalisée proche des arrêts de bus en ciblant les personnes supposées être en déplacement d’affaires à partir des critères suivants : valises, sacs et ordinateurs portables. Les limites de l’enquête : Seules les personnes utilisant les transports en commun ont été interrogées faute d’autorisation auprès des hôtels du site.
Source : La Cité internationale-Cdede (aire d’enquête)
La cité internationale
Source : Cité internationale-Cdede (aire d’enquête)
Eurexpo
Les conditions de l’enquête :
Eurexpo se situe dans la périphérie urbaine de Lyon. L’accessibilité en transport commun transite obligatoirement par le récent pôle de loisirs : le Carré de la Soie situé dans la banlieue lyonnaise : Vaux-en-Velin. L’enquête a été réalisée durant la convention d’affaires ESM (European Security and safety Meetings) qui s’est tenue les 11 et 12 mai 2011 à l’entrée de l’espace convention d’Eurexpo.
Un dispositif de navette relie le Carré de la Soie au site d’Eurexpo mais la fréquence peut être limitée en fonction du nombre des évènements.
L’enquête a été réalisée le jeudi 12 mai 2011 à partir de 16H30 jusqu’à 19H00 à l’entrée de l’espace convention au sommet d’une passerelle qui reliait le parking et les arrêts des navettes. Le seul moyen d’accéder au site à 16H00 était de prendre un taxi (coût : 23EUR)
Les limites : Un espace protégé par des portiques gardés et des grillages limitait l’accès direct auprès des mobilités d’affaires en pause « café ou cigarettes ».Les 2 navettes de 17H00 et 17H30 reliant le site d’Eurexpo au Carré de la Soie étaient vides.
De nombreux taxis avaient accès à l’espace protégé compliquant les possibilités d’administrer les questionnaires. Beaucoup des personnes interrogées étaient venues pour la journée.
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La gare de la Part-Dieu : Au cœur du centre d’affaires lyonnais, la gare de la Part Dieu est à proximité du centre commercial de la Part Dieu et constitue le point d’entrée principal de la ville.
L’enquête a été réalisée les 7 et 14 avril à partir de 17H30 dans la gare et à l’arrêt de la récente navette Rhonexpress avec la difficulté de distinguer la clientèle affaires des résidents permanents.
Les questionnaires ont également été diffusés auprès de connaissances personnelles en contact direct avec des mobilités d’affaires en déplacement de plus de 24heures pour compléter le panel.
Le questionnaire et son contenu :
Afin de mettre en avant l’existence d’un continuum de pratiques récréatives dans le temps et dans l’espace, le questionnaire administré avait pour principal objectif de répondre à la problématique suivante : que font les voyageurs d’affaires durant leur temps libéré du travail ?
- Le temps libéré du travail et ses temporalités
Est-ce les voyageurs d’affaires ont du temps libre et est-ce qu’il existe une temporalité des activités de détente.
- L’appropriation spatiale du territoire
Est-ce que les voyageurs d’affaires sont enclins à s’approprier le territoire à l’instar des touristes ? Existe-t-il un rapport temps-distance parcourue optimal pour gérer au mieux le temps de détente.
- L’existence de pratiques récréatives
Que font les voyageurs d’affaires durant leur temps libre ? L’hypothèse est de souligner l’imbrication des pôles de loisirs, les aménagements dédiés aux résidents permanents aux pratiques de détente des voyageurs d’affaires qui reproduisent leur quotidienneté en dehors de chez eux
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Enquête auprès des professionnels du tourisme
Cette enquête a été réalisée auprès des organisateurs privés ou non de voyages professionnels : guides privatifs, sociétés privées organisant individuellement l’accueil de leurs clients et les agences professionnelles organisatrices de voyages d’affaires.
L’intérêt d’interroger les professionnels permet de souligner les grandes tendances des pratiques touristiques en fonction des segments de marché affaire. Elle met en avant des pratiques touristiques globales.
L’objectif de l’enquête était de mettre en lumière une typologie des pratiques récréatives des mobilités d’affaires.
Période de l’enquête téléphonique : de juillet à décembre 2010.
Nombre de personnes (physiques ou morales) enquêtées : 20. (Ce chiffre est donné approximativement car certains entretiens ont été réalisés de façon informelle). Cf (tableau synoptique des contacts)
Les limites et les inconvénients de l’enquête : Elle met en lumière uniquement les tendances des pratiques récréatives dans un continuum hétéronomique co productif.
Ci dessous la trame générale des questions posées lors des RDV et entretiens téléphoniques.
Profil : Travaillez sur un segment marché affaire spécifique ? Si oui lequel : Congrès-Convention Foire salons Séminaire/réunion Incentive Individuels Pouvez vous me citer un ou 2 exemples de séjour organisé ces derniers mois
Le contexte général Qui sont-ils (Nationalité, profession) Le nombre de personnes La raison de leur déplacement professionnel ? Que sont-ils venus faire sur Lyon ? Congrès-Convention, Foire Salons, Séminaire/Réunion, Incentive, Individuels Durée du séjour
Le transport Comment sont ils venus sur Lyon ? Avion etc ... Savoir s'ils ont pris le tram Rhône Express ? Leur mode de transport pour leur déplacement dans Lyon Le logement Catégorie d'hôtel, nom etc ... Activités hors périodes de travail A partir d’un exemple : Qu'ont ils fait en dehors des heures de travail ?
Gradient d’originalité des pratiques touristiques
• Classique Tour de la ville en bus Visite guidée de la ville Croisière sur le Rhône Musées Restaurant
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Original
Jeux de piste Tour de ville en veloV BIKE AND SEE Musées (visite impulsée par le lieu de la réunion) Shopping Atelier soie Original 2
Tour de ville en jogging Tour de ville en segway Casino « à la carte » Kayak dans une galerie souterraine (spectacle diva) Autres Pouvez vous me dire si un type d’activité favorise plus spécifiquement les pratiques récréatives
Et si certains segments facilitent des pratiques originales OUI/NON ou haut de gamme ? OUI/NON. Si OUI lesquels ?
Pensez vous que l’homme d’affaire s’approprie le territoire à l’instar d’un touriste ? OUI/ NON
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Table des illustrations
Figure I-1 - Les modèles des modes d’habiter mono-topique et d’habiter multi-topique. Mathis Stock, "L’hypothèse de l’habiter poly-topique : pratiquer les lieux géographiques dans les sociétés à individus mobiles.", EspacesTemps.net, Textuel, 26.02.200…………………..15
Figure I-2- Typologie des mobilités d’affaires – SWARBROOKE John & HORNER Susan (2001) – Business Travel and Tourism –Editions Butterworh Heinemann (BH), 358 pages………………………………………………………………………………………….23
Figure I-3 - Le continuum – SWARBROOKE John & HORNER Susan (2001) – Business Travel and Tourism –Editions Butterworh Heinemann (BH), 358 pages………………………………………………………………………………………….24
Figure I-4 - Les retombées économiques des mobilités d’affaires - SWARBROOKE John & HORNER Susan (2001) – Business Travel and Tourism –Editions Butterworh Heinemann (BH), 358 pages………………………………………………………………………………26
Figure I-5 –L’évolution en pourcentage des activités affaires entre 2000 et 2007 – Source Coach Omnium (2007)……………………………………………………………………….27
Figure I-6 – Durée des manifestations en moyenne –Etude Coach Omnium – Le tourisme d’affaires à Lyon en 2009…………………………………………………………………….28
Figure II-1 – Classement des villes organisatrices de Congrès en 2009 – Source Observatoire du tourisme urbain – CCI Lyon – Fiche 5- Le tourisme d’affaires…………………………...34
Figure II-2 –Bilan 2009, tourisme d’affaires - Source KPMG ………………………………...................................................................................................35
Figure II-3 – Carte des sites d’accueil des grands évènements de Lyon – Source La Grand Lyon ………………………………………………………………………………………….36
Figure II-4 – Plan d’Eurexpo- Source Eurexpo.com ..............................................................37
Figure II-5 – Gerland connecté au projet confluence – Source La halle Tony Garnier………………………………………………………………………………………..38
Figure II-6 : Pôle d’affaires et de loisirs de la cité internationale -Source : la cité internationale (www.cite-internationale-lyon.com) –CDEDE)………………………………39 Figure II -7 : Répartition des hôtels par catégorie – Source OT – CDEDE…………………40 Figure II-8 : Offre catégorielle en nombre de chambre en % du parc total Source : Dossier de Presse CCI – 01 mars 2010…………………………………………………………………...41 Figure II -9 : La répartition géographique du parc hôtelier du Grand Lyon Source : Dossier de Presse CCI – 01 mars 2010………………………………………………………………..41
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Figure II-10 : L’évolution du parc hôtelier- Source : Dossier de Presse CCI – 01 mars 2010…………………………………………………………………………………………...41
Figure II-11 : Image de la campagne promotionnelle menée par l’OT de Lyon – Source Office de tourisme de Lyon…………………………………………………………………………………………..48
Figure II-12- Panneau ONLYLYON déplacé de la cité internationale à Bellecour – Photos Office de tourisme Lyon……………………………………………………………………...48
Figure II-13 Photos Bike and See - Source Bike and See…………………………………...52
Figure II-14 –Photos Bike and See - Source Bike and See………………………………….52
Figure II -15 – Le Projet d’un hôtel Vert à Saint Priest – Source SDH/CCI Lyon …………54
Figure II-16 – Le projet Canabae Hôtel – Source SDH/CCI Lyon………………………….54
Figure II-17 – La cartographie du Schéma directeur Hôtelier 2010-2015- Source CCI Lyon – Dossier SDH………………………………………………………………………………….55
Figure II-18 - Plan du pôle de loisirs du Carré de la Soie / pôle évènementiel - Source : Le Carré de la Soie.com……………………………………………………………………………...56
Figure II-19 Plan du bassin nautique –Projet Confluence – Source le Grand Lyon - dossier Confluence …………………………………………………………………………………...56
Figure II-20- Projet Musée de la Confluence –Source -Dossier Confluence- Le Grand Lyon.com……………………………………………………………………………………..58
Figure II-21- Source : CDede, le nouveau maillage du territoire lyonnais, l’imbrication avec les sites de rencontres professionnelles ………………………………………………............58
Figure III-1 L’intégration de pratiques périphériques Etudes Rhône Alpes 2004-2005–Source Coach Omnium……………………………………………………………………………….61
Figure III-2 – Les pratiques récréatives des voyageurs d’affaires durant le temps libéré du travail – panel 36 répondants- Grand Lyon/Source Cdede…………………………………...63
Figure III-4 L’analyse catégorielle des grandes villes organisatrices de réunions internationales -CHRISTOFLE, Sylvie (2001), Position de villes, mondialisation et réunions internationales –Géocarrefour.Vol 76 N° 2, 5 pages…………………………………………69
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Table des entretiens
Valérie DUCAUD : Directrice du Bureau des congrès de la Ville de Lyon Entretien téléphonique (non enregistré) Date : 05/08/2010 Durée : 43 minutes 14 secondes Candice ARLEN : Chargée de mission tourisme du Grand Lyon Entretien téléphonique (non enregistré) Date : 07/09/2010 Durée : 34 minutes Annie MARTINEZ : Chargée de mission tourisme d’affaire MITRA (Mission d’Ingénérie Touristique Rhône Alpes) RDV (non enregistré) Date : 18/09/2010 Durée : 40 minutes Josette VIGNAT : Directrice de l’hôtel MERCURE Château Perrache/ Vice présidente CRT aux affaires de la ville, culture et tourisme d’affaire/ Vice présidente du Groupement National des Chaînes hôtelières (GNC) en Rhône-Alpes Entretien (enregistré) Date : 27/09/2010 Durée : 48 minutes Dominique GRANDJONC : Directeur du Novotel Part-Dieu RDV (non enregistré) Date : 20 septembre 2010 Durée : 1H00 (+ déjeuner affaire) Bénédicte Auriault : Guide touristique PCO Date : septembre 2010 Eiko Evrard. : Guide touristique japonaise OT Lyon Date : 19 octobre 2010 Géraldine X : Guide touristique PCO Date : septembre 2010 Domitille DURRENBERGER : Responsable de la société « un instant de ville » RDV (non enregistré) Date : septembre 2010 Durée : environ 1H00 Camille PEYRACHE : Responsable de la société « Jogg’ing City » Entretien téléphonique (non enregistré) Date : novembre 2010 Durée : 10 minutes
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Table des matières
Introduction ....................................................................................................................... 6
1ère partie : Le concept du tourisme urbain des mobilités d’affaires dans un contexte d’hypermobilité contemporaine ....................................................................................... 11
1.1 Les mobilités d’affaires et l’hypermobilité contemporaine : quelle place pour le tourisme ? 12 1.1.1 Les mobilités et l’altérité : le fondement des pratiques touristiques .......................................... 12 1.1.2 Les mobilités d’affaires au cœur de l’hypermobilité contemporaine et du tourisme urbain : un quotidien « hybridé » ................................................................................................................................. 13 1.1.3 Le continuum de pratique durant le temps « libéré du travail » : les distinctions entre le processus d’autonomisation des mobilités d’affaires et celui des touristes. ........................................... 15
1.2 « Du tourisme d’affaire » au principe du tourisme urbain des mobilités d’affaires ...............18 1.2.1 Les raisons d’une définition plurielle et « contestée » ................................................................. 18 1.2.2 La notion de mobilité d’affaire et le continuum de pratiques touristiques selon SWARBROOKE et HORNER :..................................................................................................................................................... 22 a) Une typologie détaillée des mobilités d’affaires ............................................................................... 22 b) Les pratiques des lieux des mobilités d’affaires : l’analyse synergique selon HORNER et SWARBROOKE............................................................................................................................................. 23 1.2.3 Le tourisme urbain des mobilités d’affaires : des pratiques de l’habitat temporaire polytopique ? .............................................................................................................................................. 24
1.3 Le marché des mobilités d’affaires en France : un habiter touristique spécifique ?...............25 1.3.1 Les chiffres clés .............................................................................................................................. 25 1.3.2 Les grandes tendances : ................................................................................................................. 27 1.3.3 Les mobilités d’affaires : un processus d’autonomisation limité et des pratiques touristiques hybrides peu visibles .................................................................................................................................. 29
2ème partie : le tourisme des mobilités d’affaires à Lyon comme substrat d’une métropole en devenir ........................................................................................................................ 31
2.1 Les fondements du positionnement stratégique de la ville de Lyon : les mobilités d’affaires, un outil catalyseur du développement touristique ....................................................................32
2.1.1 La prise de conscience du tourisme comme outil d’attractivité territoriale ................................ 32 2.1.2 Les données de cadrage du marché des mobilités d’affaires à Lyon............................................ 32 a) Les chiffres clés ................................................................................................................................... 32 b) Lyon tournée vers le marché des mobilités d’affaires : les 4 grands sites d’accueils des grands évènements professionnels........................................................................................................................ 35 c) Un parc hôtelier tourné vers les mobilités d’affaires......................................................................... 39 2.1.3 Les fondements du positionnement stratégique ambitieux de la ville de Lyon : les mobilités d’affaires au tourisme dans la stratégie d’agglomération unique. ........................................................... 42
2.2 Les mobilités d’affaires : l’imbrication des dispositifs liés aux mobilités d’affaires aux dispositifs des mobilités touristiques.........................................................................................43
2.2.1 La diffusion de la marque ONLYLYON : un outil « communicationnel professionnel » pour améliorer la lisibilité de la destination....................................................................................................... 43 a) La démarche de ONLYLYON : un système d’acteurs .......................................................................... 44 b) Le fonctionnement ............................................................................................................................. 45 c) L’image touristique de Lyon véhiculée : une destination de court séjour « haut de gamme »........ 47 2.2.2 Une offre touristique spécifique appropriée progressivement par les mobilités touristiques ? .... 48 a) Des dispositifs spécifiques pour les mobilités d’affaires : la « Welcome attitude »......................... 48 b) L’existence d’une offre spécifique dédiée aux mobilités d’affaires : focus sur 2 sociétés ............... 50 • Jogging city : répondre aux pratiques sportives des mobilités d’affaires ............................................. 50 • Bike and See : Répondre aux exigences du développement durable ................................................... 51
2.3 Les mobilités d’affaires et la production de nouveaux lieux touristiques..............................52
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2.3.1 A travers le schéma directeur hôtelier tournée vers l’hôtellerie haut de gamme....................... 52 2.3.2 A travers des projets de requalification structurants aux abords des sites professionnels générant de nouvelles polarités touristiques Les tendances de reconquête de territoire en friche … ... 55
3ème partie : L’habiter temporaire des mobilités d’affaires : hybride touristique polytopique de la métropole fondu dans un hyperchoix global ......................................... 59
3.1 Un habiter touristique hybride urbain..................................................................................60 3.1.1 L’habiter touristique des mobilités d’affaires vu par les professionnels du tourisme : des pratiques différentes : plus sportives, plus ludiques et plus gastronomiques. ........................................ 60 3.1.2 L’habiter touristique des mobilités d’affaires dans un processus d’autoproduction : les voyageurs d’affaires et le temps libéré du travail. .................................................................................... 62 3.1.3 L’identification de l’habiter touristique des mobilités d’affaires selon 2 continuums en fonction du processus du choix de la destination et du temps libéré du travail..................................................... 64
3.2 Le processus du choix d’une destination : Lyon au cœur d’un hyperchoix global ..................66 3.2.1 Lyon l’exemple d’une métropole régionale en construction aux formes urbaines génériques. . 66 3.2.2 L’hyperchoix global et les paramètres du processus du choix de la destination. ........................ 68 3.2.3 L’habiter touristique des mobilités d’affaires au cœur de pratiques uniformisées dans un hyperchoix global :...................................................................................................................................... 69
3.3 Le tourisme urbain des mobilités d’affaires et des mobilités touristiques dans le processus du choix de la destination : une complémentarité temporelle inséparable ? ..................................70
3.3.1 L’imbrication des mobilités d’affaires aux les mobilités touristique suivant la temporalité des pratiques : le lissage économique saisonnier ............................................................................................ 71 • L’appropriation des sites professionnels par les mobilités de loisirs.................................................... 71 • L’appropriation des structures de loisirs par les mobilités d’affaires : l’exemple des privatisations ... 72 3.3.2 Une complémentarité inévitable pour palier au cercle vicieux de l’hyperchoix global : le tourisme « désynchronisé » comme maîtrise de l’altérité. ...................................................................................... 74 3.3.3 Les mobilités urbaines dans les sociétés contemporaines : le choix touristique comme unique choix catalyseur de la métropolisation ? ................................................................................................... 75
Conclusion........................................................................................................................ 76
Bibliographie.................................................................................................................... 78
Glossaire .......................................................................................................................... 82
Annexes ........................................................................................................................... 84
Table des illustrations ...................................................................................................... 90
Table des entretiens ......................................................................................................... 92
Table des matières ........................................................................................................... 93
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L’habiter temporaire des mobilités d’affaires dans un espace urbain : l’exemple de Lyon, une métropole régionale en construction.
En quoi l’habiter temporaire des mobilités d'affaires favorise-t-il le développement du tourisme d'agrément catalyseur de la métropolisation d’un espace urbain ?
Par Cathy Dede sous la Direction de Maria Gravari Barbas Résumé Parce que le monde bouge et que les personnes se déplacent de plus en plus, et vite, les sociétés contemporaines se structurent autour de mobilités plurielles. Du déplacement professionnel aux loisirs, du résident permanent au résident temporaire, la ville est un nœud urbain où s’entrecroisent des mobilités plurielles qui vont habiter le territoire suivant des trames complexes. L’enjeu de la métropolisation est aujourd’hui la principale préoccupation des grandes villes françaises qui souhaitent se hisser au rang des grandes métropoles internationales dans un contexte hyperconcurrentiel. Les mobilités d’affaires sont des personnes qui se déplacent pour des raisons professionnelles et pour des durées de séjour plus ou moins longues pouvant entrainer l’utilisation d’infrastructures dites touristiques. L’exemple de Lyon, 2ème agglomération française en pleine construction métropolitaine souligne une activité économique essentiellement tournée vers les mobilités d’affaires. La ville affiche pourtant une augmentation de sa fréquentation touristique…En quoi l’habiter temporaire des mobilités d'affaires favorise-t-il le développement du tourisme d'agrément catalyseur de la métropolisation d’un espace urbain ? Des pratiques touristiques convergentes (hébergement, restauration) aux dispositifs spécifiques (diversification de l'offre, aménagements et stratégie mise en place par les institutionnels), l’appropriation du territoire des mobilités d’affaires semble amorcer l’émergence de nouvelles polarités touristiques. L’interrogation principale est de savoir si l’habiter temporaire des mobilités d’affaires permet la réalisation de nouveaux espaces urbains à vocation touristique Dès lors, plusieurs questions peuvent être posées : Existe-t-il un tourisme urbain des mobilités d’affaires ? Si oui, quelles sont ses spécificités ? Enfin dans quelle mesure ce tourisme urbain spécifique peut-il générer des nouvelles polarités touristiques et participer à la construction métropolitaine ? Summary Because the world is changing and people travel more often, and faster, contemporary societies are structured around plural mobilities. From business travel to leisure, from the permanent resident to the temporary resident, the city is an urban node of intersected plural mobilities following complex frameworks. The challenge of metropolisation is now the main concern of French cities that wish to join the ranks of major international cities in a highly competitive sector. Business mobilities are people who come for professional reasons for a shorter or longer duration, which can cause the use of so-called touristic infrastructure. The case of Lyon, the second largest French city under construction, emphasizes a metropolitan economic activity strategy focused on business mobility. Yet the city has an increase in tourist numbers... In what way can business mobility promote the development of leisure tourism, catalyzer of an urban space metropolisation? From converging tourism practices (accommodation, catering) to specific tendencies (supply diversification, and development strategy implemented by politics), the appropriation of the territory by business mobilities seem to initiate the emergence of new touristic poles. The main question is whether the temporary stay of business mobilities allows the production of new urban spaces dedicated to tourism. Therefore, several questions can be raised: Is there an urban tourism business mobility? If so, what are its characteristics? Finally to what extent specific urban tourism can generate new touristic poles and participate in the Metropolitan development? Mots clés Mobilités / Déplacement professionnel / Loisirs / Tourisme / Mobilités d’affaires /Habiter temporaire / Lyon / Métropolisation / Espace urbain / polarités touristiques / Aménagements / Tourisme urbain / Contexte hyperconcurrentiel.