L’afrique De L’ouest À La · de réadmission de la Mauritanie à la CEDEAO et de la...

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Cette synthèse de l’actualité ouest-africaine est publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE). Elle met en valeur l’actualité des organisations régionales (CEDEAO, UEMOA et CILSS) ainsi que des autres Membres du Club. Les articles ne doivent pas être présentés comme exprimant les vues officielles de l’OCDE ou de ses pays Membres. Contact : [email protected] ACTUALITÉ OUEST-AFRICAINE www.actualite-ouest-africaine.org www.actualite-ouest-africaine.org Club DU SAHEL ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST Secrétariat du N o 255, novembre 2017 L’Afrique de l’Ouest à la COP23 L’engagement régional contre l’érosion côtière La CEDEAO renforce sa capacité de gestion des risques naturels Le changement de stratégie américaine au Sahel Tunis se rapproche de la CEDEAO Nutrition et sécurité alimentaire au Nigéria Opinion : La perception des migrations rurales en Afrique est erronée Vers un avenir sans mariage des enfants Who’s who : Jonas Gbian, Commissaire de l’UEMOA L’AFRIQUE DE L’OUEST À LA COP23 La COP23 s’est ouverte à Bonn, en Allemagne, le 6 novembre. L’événement, qui réunit entre 15 000 et 20 000 participants du monde entier, est l’occasion de faire le point sur la mise en œuvre de l’accord de Paris de 2015, entré en vigueur l’année dernière, et sur les avancées du Pacte mondial sur le climat adopté lors de la COP22 de Marrakech. L’Afrique, qui subit de nombreux bouleversements climatiques, occupe une place centrale dans les échanges, comme le signale la création, pour cette édition, de la « Journée de l’Afrique », organisée conjointement par la BAD, l’Union africaine, l’UNECA et le NEPAD. La principale préoccupation du continent concerne sa capacité à opérationnaliser les Contributions déterminées des pays au niveau national (CPDN) annoncées lors de la COP21 de Paris, notamment d’un point de vue financier. Cette question a été abordée pour l’Afrique de l’Ouest lors d’un événement parallèle, organisé le 9 novembre par le CILSS, la CEDEAO, l’UEMOA, la BOAD et l’OIF. Plusieurs hauts responsables institutionnels y ont discuté des progrès réalisés dans le cadre de la feuille de route régionale relative à l’accord de Paris, avant de présenter les différents mécanismes auxquels prend part la région pour accélérer le processus. De même, CGLU et Energies 2050 ont lancé une Task Force sur l’accès des villes et des territoires africains à la finance climat, et présenté leur feuille de route pour améliorer l’accès des collectivités territoriales africaines au financement de projets climato-compatibles. D’autres réunions se sont intéressées au cas particulier de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, qui font face à plusieurs défis climatiques spécifiques à leur situation géographique, tels que la désertification et l’assèchement du lac Tchad, qui a perdu 90 % de sa superficie depuis 1960. Ces évolutions ont été discutées lors d’une réunion du groupe de travail conjoint des experts des pays membres de la commission climat pour la région du Sahel.

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Cette synthèse de l’actualité ouest-africaine est publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE).Elle met en valeur l’actualité des organisations régionales (CEDEAO, UEMOA et CILSS) ainsi que des autres Membres du Club.Les articles ne doivent pas être présentés comme exprimant les vues off icielles de l’OCDE ou de ses pays Membres. Contact : [email protected]

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Secrétariat du

No 255, novembre 2017

▶ L’Afrique de l’Ouest à la COP23 ▶ L’engagement régional contre l’érosion côtière ▶ La CEDEAO renforce sa capacité de gestion des risques naturels ▶ Le changement de stratégie américaine au Sahel ▶ Tunis se rapproche de la CEDEAO ▶ Nutrition et sécurité alimentaire au Nigéria ▶ Opinion : La perception des migrations rurales en Afrique est erronée ▶ Vers un avenir sans mariage des enfants ▶ Who’s who : Jonas Gbian, Commissaire de l’UEMOA

L’afrique De L’ouest À La cop23La COP23 s’est ouverte à Bonn, en Allemagne, le 6 novembre. L’événement, qui réunit entre 15 000 et 20 000 participants du monde entier, est l’occasion de faire le point sur la mise en œuvre de l’accord de Paris de 2015, entré en vigueur l’année dernière, et sur les avancées du Pacte mondial sur le climat adopté lors de la COP22 de Marrakech. L’Afrique, qui subit de nombreux bouleversements climatiques, occupe une place centrale dans les échanges, comme le signale la création, pour cette édition, de la « Journée de l’Afrique », organisée conjointement par la BAD, l’Union africaine, l’UNECA et le NEPAD. La principale préoccupation du continent concerne sa capacité à opérationnaliser les Contributions déterminées des pays au niveau national (CPDN) annoncées lors de la COP21 de Paris, notamment d’un point de vue financier. Cette question a été abordée pour l’Afrique de l’Ouest lors d’un événement parallèle, organisé le 9 novembre par le CILSS, la CEDEAO, l’UEMOA, la BOAD et l’OIF. Plusieurs hauts responsables institutionnels y ont discuté des progrès réalisés dans le cadre de la feuille de route régionale relative à l’accord de Paris, avant de présenter les diff érents mécanismes auxquels prend part la région pour accélérer le processus. De même, CGLU et Energies 2050 ont lancé une Task Force sur l’accès des villes et des territoires africains à la finance climat, et présenté leur feuille de route pour améliorer l’accès des collectivités territoriales africaines au financement de projets climato-compatibles. D’autres réunions se sont intéressées au cas particulier de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, qui font face à plusieurs défis climatiques spécifiques à leur situation géographique, tels que la désertification et l’assèchement du lac Tchad, qui a perdu 90 % de sa superficie depuis 1960. Ces évolutions ont été discutées lors d’une réunion du groupe de travail conjoint des experts des pays membres de la commission climat pour la région du Sahel.

L’engagement régionaL contre l’érosion côtière

Lors de la COP23, la Banque mondiale a organisé une discussion, retranscrite sur Facebook live, sur le problème de l’érosion et des inondations côtières en Afrique de l’Ouest, pour lequel elle a mis en place le Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA - West Africa Coastal Areas Program). Ces phénomènes touchent sévèrement les pays côtiers et

insulaires situés entre la Mauritanie et le Gabon. Dans les dernières décennies, plus de 13 millions de personnes y ont été directement affectées par l’érosion du littoral, qui progresse de 10 mètres chaque année dans certaines zones, sous l’effet de la montée des eaux et de l’intensification des tempêtes tropicales. Cette évolution a un impact social et économique, qui s’observe aussi bien dans le domaine des infrastructures portuaires que dans celui de la pêche, de l’agriculture côtière et de la gestion urbaine. Le problème nécessite d’être abordé à travers une approche régionale, car ses manifestations traversent les frontières administratives des États, et chaque action menée dans un pays peut avoir des répercussions sur le pays voisin. La coopération régionale est également un moyen de mutualiser les financements disponibles et de coordonner les efforts.

La ceDeao renforce sa capacité De Gestion des risques naturels

Dans l’élan de la COP23, la CEDEAO et l’African Risk Capacity (ARC), une mutuelle panafricaine spécialisée dans la lutte contre les catastrophes naturelles, ont renforcé leur coopération. Les deux institutions ont signé

un mémorandum d’entente en marge des rencontres annuelles avec les partenaires techniques et financiers de la CEDEAO. Leur partenariat est conforme à la politique de gestion des risques naturels de la CEDEAO, ainsi qu’avec sa politique agricole et ses initiatives pour l’adaptation au changement climatique. Il s’articule autour d’échanges de connaissances, de données et de méthodes de détection précoces des risques entre l’ARC et les États membres de la CEDEAO, avec pour objectif de renforcer leur capacité à se préparer et à répondre aux risques de catastrophe naturelle. Depuis la création de l’ARC en 2012, trois pays d’Afrique de l’Ouest, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal, ont bénéficié de l’assurance contre les risques climatiques après avoir été affectés par des sécheresses.

© ARC

© WB

Le changement De stratéGie américaine au sahel

L’embuscade qui a coûté la vie à quatre soldats américains au Niger le 4 octobre dernier a agité l’opinion publique américaine. La polémique, qui porte sur la nature de l’intervention américaine au Niger, a été attisée par l’opacité avec laquelle l’armée américaine a communiqué sur cette opération. Le Niger abrite la plus importante force américaine en Afrique, mais celle-ci n’est censée y mener qu’une mission de conseil et d’assistance auprès des troupes nigériennes. Depuis cette base, les États-Unis

participent à différentes dispositifs et initiatives en faveur de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme au Sahel, apportant par exemple leur soutien à l’opération Barkhane. Leur intervention se concentre toutefois au Mali, en Algérie, en Libye et au Nigéria, et non au Niger, où les intérêts américains ne seraient officiellement pas menacés. Pourtant, l’attaque subie par les soldats américains et leur patrouille nigérienne, d’abord présentée comme une mission de reconnaissance, s’est révélée être intervenue dans le cadre de la traque d’un chef jihadiste. Cet événement met ainsi en lumière deux évolutions majeures : la place du Niger dans la problématique sécuritaire du Sahel, en particulier dans la zone des trois frontières avec le Burkina Faso et le Mali ; et le changement qui semble s’annoncer dans la stratégie américaine au Sahel. Avec le besoin d’intensifier la lutte contre Boko Haram, Al-Qaïda et l’État islamique dans la région, les États-Unis pourraient accroître leur présence dans la région et renoncer à la stratégie d’action discrète privilégiée jusqu’à présent.

© Thomas More Institute

tunis se rapproche De La ceDeao

Lors d’une visite de courtoisie au président de la Commission au siège de la CEDEAO à Abuja, le ministre tunisien du commerce, Omar Behi, a exprimé le souhait de renforcer les échanges économiques entre la Tunisie et

© CEDEAO

opinion : La perception Des migrations ruraLes en afrique est erronée

Invités de l’émission « Eco d’ici Eco d’ailleurs » sur RFI, Laurent Bossard, directeur du Secrétariat du CSAO, et l’économiste Jean-Marie Cour ont débattu de la question des migrations rurales en Afrique. Ils ont déploré la perception souvent erronée de ce phénomène, qui reflète la difficulté des observateurs et des acteurs du développement à changer de paradigme dans la manière d’analyser les transformations du continent. La récente poussée migratoire vers les pays du Nord alimente l’image d’une Afrique rurale en déshérence, frappée par un exode massif, alors même que la population

des campagnes et la production agricole du continent ne cessent de croître. En réalité, les mouvements ruraux qui s’observent sur le continent correspondent surtout à des dynamiques de peuplement internes et régionales, qui s’organisent et redistribuent la population rurale en fonction de la localisation des marchés et des processus d’urbanisation. Ce fait sociodémographique majeur devrait inciter à ne plus différencier les politiques urbaines et rurales, et à accorder une plus grande importance aux liens villes-campagnes. Au-delà de la question centrale des infrastructures, qui ont une fonction intégratrice, l’un des domaines d’actions prioritaires est l’appui au secteur informel. Ce secteur, qui représente environ 80 % de l’emploi en Afrique, est souvent une porte d’entrée urbaine pour les jeunes ruraux, formant un espace de mobilité entre les villes et les campagnes. Par ailleurs, en servant de pont entre la production agricole et la consommation urbaine, il est au cœur de l’essor de l’économie alimentaire africaine. Il est pourtant encore négligé par les politiques publiques et l’aide au développement.

l’Afrique de l’Ouest. Plusieurs opportunités de coopération ont été discutées, et un mémorandum d’entente entre la Tunisie et l’organisation régionale sera signé lors de la prochaine visite de M. de Souza à Tunis. Les deux représentants ont également évoqué le processus de réadmission de la Mauritanie à la CEDEAO et de la candidature du Maroc pour intégrer l’organisation régionale. Le jour suivant, lors de la présentation de ses lettres d’accréditation à M. de Souza, le nouvel ambassadeur de Tunisie à la CEDEAO, Jalel Trabelsi, a réitéré la détermination de la Tunisie à renforcer les liens avec l’ensemble des États membres de l’organisation régionale. Lors du 51e sommet de la CEDEAO de juin dernier, la Tunisie s’est vu accorder le statut d’observateur auprès de l’organisation ouest-africaine.

nutrition et sécurité aLimentaire au niGériaLes conflits, la sécheresse et l’inflation croissante des prix alimentaires sont les principales causes de l’insécurité alimentaire au Nigéria. Le déplacement massif des populations fuyant le conflit de Boko Haram accentue la pression sur les ressources alimentaires dans les régions du nord-est, où les violences entraînent une baisse de la production agricole et privent les agriculteurs de revenus stables. Les enfants sont particulièrement affectés : selon l’UNICEF, 11 millions d’entre eux souffrent d’un retard de croissance au niveau national, et plus d’un sur deux serait atteint dans les régions du nord. Leur malnutrition chronique résulte aussi de la pauvreté nutritionnelle qui caractérise les régimes alimentaires des classes les plus pauvres, qui est elle-même due à un manque d’informations sur le type d’aliments à privilégier. Le niveau de revenu n’est pas le seul facteur explicatif, puisque les produits plus riches en

nutriments ne sont pas nécessairement plus chers, ni moins disponibles. Les choix alimentaires de ces populations s’expliquent par la méconnaissance de l’enjeu nutritionnel, qui établit un lien direct entre ignorance, troubles de la croissance et pauvreté. La carence nutritionnelle se répercute en effet sur les capacités d’apprentissage des enfants et, plus globalement, sur le développement du capital humain et la productivité économique. La Banque mondiale estime ainsi que chaque dollar dépensé dans la nutrition rapporte entre 8 et 138 dollars US. L’État fédéral nigérian a mis en place, depuis janvier dernier, un programme d’alimentation scolaire dans trois États pilotes du sud et du centre du pays, qui devrait bénéficier à 15 millions d’élèves d’école primaire. Les actions en faveur de la nutrition doivent être étendues à tout le pays, et à d’autres domaines, comme celui de la nutrition maternelle.

Who’s Who : JONAS GBIAN, COMMISSAIRE DE L’UEMOA, DÉPARTEMENT DE L’AGRICULTURE, DES RESSOURCES EN EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT

L’UNICEF a publié un rapport statistique sur le mariage des enfants en Afrique de l’Ouest et centrale. Comme l’avait montré un précédent Maps & Facts, la région demeure l’une des plus marquées par le mariage précoce, qui est l’une des pratiques que les objectifs de développement durable entendent éradiquer. Sept pays ouest-africains se placent parmi les 20 pays ayant le taux le plus élevé de mariages précoces dans le monde [Niger (1), Tchad (3), Mali (5), Guinée (5), Burkina Faso (5), Nigéria (12) et Sierra Léone (19)]. Au Niger, trois filles sur quatre se marient avant leur 18e anniversaire. Le Nigéria et le Niger font parties des 20 pays enregistrant le plus grand nombre de mariages précoces en valeur absolue, avec respectivement 3.3 millions et 609 000 jeunes filles mariées. Bien que plusieurs pays ouest-africains enregistrent un déclin de la prévalence du mariage des enfants, le rapport explique que compte tenu de la croissance démographique dans la région, il est nécessaire d’intensifier les eff orts actuels pour réduire le nombre absolu d’enfants précocement mariés. Plusieurs pistes d’action sont proposées.

Vers un aVenir sans mariaGe des enFants : FOCUS SUR L’AFRIQUE DE L’OUEST ET CENTRALE

C’est à l’économiste béninois qu’est revenue la mission de conduire depuis mai 2017 les politiques et les initiatives communautaires en matière d’agriculture, des ressources en eau et d’environnement de la zone UEMOA. Le portfolio de l’ancien département DSAME (qui comprenait également le secteur des mines et la sécurité alimentaire) a été reconfiguré. Gbian est donc principalement chargé d’assurer la coordination et l’orientation des politiques communes de l’Union dans les domaines de développement du monde rural. Né en 1965 à Ina, dans le département de Borgou, Gbian est titulaire d’un diplôme en gestion de politique économique de l’Université d’Abidjan-Cocody et d’un diplôme en gestion des

banques obtenu au Centre ouest-africain de formation et d’études bancaires de Dakar. À partir de 2011, il a assumé des fonctions ministérielles aux départements énergie, pétrole, eau, mines et finances. Il était en poste à la Banque centrale en qualité de directeur adjoint quand son pays l’a proposé à l’exécutif de l’UEMOA. Lors de la passation de service, le commissaire Gbian indiqua qu’il souhaite contribuer à dynamiser l’action de l’UEMOA pour rendre plus eff icaces les politiques communautaires. «Les populations doivent ressentir dans leur bien-être quotidien les actions que nous sommes en train de mener », déclara-t-il.

© UEMOA