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L’EXPÉDITION CANADIENNE DANS L’ARCTIQUE, 1913-1918 DOSSIER D’INFORMATION : ACTION CANADA David R. Gray, Grayhound Information Services Août 2013 BUILDING LEADERSHIP FOR CANADA’S FUTURE

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L’EXPÉDITION CANADIENNE DANS L’ARCTIQUE, 1913-1918

DOSSIER D’INFORMATION : ACTION CANADA

David R. Gray, Grayhound Information Services Août 2013

BUILDING LEADERSHIP FOR CANADA’S FUTURE

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Pour comprendre l’Expédition canadienne dans l’Arctique, il faut d’abord imaginer un groupe de trente hommes robustes, provenant de divers milieux, disciplines et pays, rassemblés autour de deux chefs pour la première fois dans le petit village côtier de Nome, en Alaska. Nous sommes en juillet 1913. Ces hommes n’ont pas la moindre idée qu’une guerre mondiale sera déclenchée l’année suivante. Ils n’ont en tête que leurs activités de recherche et d’exploration des vastes étendues neigeuses de l’Arctique canadien. Au cours des trois années qui suivront, ils seront rejoints par plus de cent hommes et femmes, surtout des Inupiat, Inuvialuit et Inuit de la région, employés de l’Expédition canadienne dans l’Arctique. Dix-sept de ces hommes ne retourneront jamais chez eux. La plupart des scientifiques, après avoir travaillé et vécu aux côtés des gens du Nord, reviennent près de quatre ans plus tard très peu informés sur la Grande Guerre. Ils ramènent avec eux des milliers d’artefacts, des caisses entières de spécimens, des photos, des films et des enregistrements sonores. Ces données et ce savoir scientifiques sont encore utilisés de nos jours dans les sciences arctiques. Deux ans plus tard, les derniers membres de l’Expédition sont de re-tour, après avoir fait flotter le drapeau canadien au-delà du 80e degré de latitude Nord et revendiqué trois nouvelles îles au nom du Canada

L’Expédition canadienne dans l’Arctique, menée entre 1913 et 1918, est la première initiative du genre or-ganisée par le gouvernement canadien dans l’ouest de l’Arctique et la plus grande exploration scientifique multidisciplinaire de l’Arctique jamais lancée à l’époque. Page déterminante de l’histoire du Canada, l’Ex-pédition a profondément et durablement influencé le monde de la science et les peuples du Nord.

Exploration scientifique et géographique sans pareil, l’Expédition canadienne dans l’Arctique fut égale-ment jalonnée d’épreuves et de tragédies personnelles, de naissances et de morts, de mariages, sur fond de mélange des cultures.

En 2013, le Canada marque le centenaire de l’Expédition canadienne dans l’Arctique. En janvier, la Monnaie royale canadienne a frappé pour l’occasion des pièces commémoratives. Pendant l’été, des bannières dépei-gnant l’Expédition ont flotté sur la Colline du Parlement et une expédition commémorative s’est rendue sur l’île de Banks dans l’ouest de l’Arctique pour visiter le camp de base et autres campements de l’Expédition canadienne dans l’Arctique. Plus tard cette année, on produira un nouveau documentaire sur cette expédi-tion. Enfin, Postes Canada compte émettre des timbres commémoratifs pour en marquer le centenaire.

HISTORIQUE DE L’EXPÉDITION CANADIENNE DANS L’ARCTIQUE (1913-1918)

Quelle est l’origine de cette expédition? Après le premier voyage de l’explorateur norvégien Roald Amund-sen dans le passage du Nord-Ouest en 1906 et la découverte du pôle Nord, que revendique l’Américain Robert Peary en 1909, on commença à s’intéresser à l’Arctique non pas pour y arriver le premier, mais pour en connaître la géographie, la faune et le peuplement. C’était un monde fascinant et inconnu.

En 1913, l’explorateur Vilhjalmur Stefansson, né au Canada, demande au gouvernement canadien des fonds additionnels pour une nouvelle expédition dans l’Arctique canadien organisée par le Musée américain d’his-toire naturelle à New York. Le premier ministre canadien, sir Robert Borden, décide de prendre l’initiative à l’entière charge du Canada. Avec l’appui de ses ministres, il propose d’ajouter une composante scientifique solide aux objectifs de l’expédition. Ainsi naît l’Expédition canadienne dans l’Arctique.

Aventurier impétueux, Stefansson est nommé chef de l’Expédition. Le Dr R.M. Anderson, chef de l’équipe scientifique, compétent et méticuleux, n’est pas emballé à l’idée de collaborer avec Stefansson, en raison d’expériences passées, mais il est résolu à documenter le plus possible la biologie et la culture du Nord. Le conflit entre Stefansson et Anderson éclate dès le début de l’Expédition et persistera au-delà même de la parution de leurs travaux de recherche.

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Les journaux, au Canada comme ailleurs dans le monde, suivent de près les progrès de l’Expédition, qui est cependant éclipsée par le début de la Première Guerre mondiale. À ce jour, on n’a pas pris toute la me-sure des avancées qu’a permis l’Expédition. La science polaire, par exemple, en a été grandement enrichie à l’échelle mondiale, ce dont le Canada devrait retirer un grand prestige.

En 1925, le Canada déclare l’Expédition événement d’importance nationale, la première initiative arctique à l’être. Tombée dans l’oubli pendant plusieurs années, l’Expédition n’a que récemment été reconnue pour son importance historique.

SOMMAIRE DE L’EXPÉDITION (1913-1918)

Les débutsÀ l›inspiration de l’anthropologue Vilhjalmur Stefansson, l’Expédition devait explorer de nouvelles ré-gions de la mer de Beaufort, mais aussi poursuivre et terminer les travaux culturels réalisés dans l’ouest de l’Arctique par l’expédition Stefansson-Anderson (1908-1912). Grâce à la direction canadienne de la recherche scientifique le long de la côte arctique du Canada, les objectifs et la portée de l’entreprise sont grandement multipliés.

Pour répondre à ses nouveaux objectifs, l’Expédition est divisée en deux groupes : l’équipe nord, dirigée par Stefansson, responsable de l’exploration de nouvelles terres au nord du continent, et l’équipe sud, avec à sa tête R.M. Anderson, un zoologue chevronné de l’Arctique, qui doit mener la recherche sci-entifique dans la zone continentale septentrionale. La responsabilité de l’Expédition incombe à deux organismes gouvernementaux : le ministère du Service naval et la Commission géologique du Canada. L’Expédition doit durer trois ans, et son personnel compte quatorze scientifiques.

Le départ en 1913En juin 1913, les membres de l’Expédition quittent Victoria, en Colombie-Britannique, à bord du Karluk, ancien baleinier, sous le commandement du capitaine Robert Bartlett, un capitaine arctique expérimenté de Terre-Neuve qui avait aidé Robert Peary atteindre sa plus haute latitute au nord en 1909. Le départ comprendra des discours du maire de Victoria et du premier ministre de la province, qui remet de nou-veaux drapeaux canadiens à l›équipage. Maints autres dignitaires, comme le lieutenant gouverneur de la province, prirent part aux repas de fête, dîners, cérémonies, allocutions et salves qui firent de ce départ un moment grandiose C’est un grand événement pour ce jeune pays qu’est alors le Canada.

Deux goélettes, l’Alaska et le Mary Sachs, sont achetées à Nome, en Alaska, pour transporter les hommes et les provisions qui se sont ajoutés en raison des nouveaux objectifs de l’Expédition. Les deux petites goélettes de l’Expédition sont en mesure de naviguer dans des eaux peu profondes jusqu’à pointe Collinson, Alaska, où ils hivernent. Cependant, ;es conditions de la glace au large de la côte nord de l’Alaska sont rigoureuses, et le Karluk fait partie de plusieurs navires emprisonnés par les glaces. Le capitaine Bartlett et Stefansson ne s’entendent pas sur les détails de la navigation dans l’Arctique. Quand il semblait clair que le Karluk ne serait pas libéré de la glace, Stefansson et cinq de ses compagnons quittent le Karluk pour aller chasser le caribou en septembre 1913, laissant la responsabilité du navire et des hommes à Bartlett.

La perte du Karluk en 1914Le Karluk dérive vers l’est pour être ensuite entraîné vers l’ouest avec les banquises. Stefansson ne remettra jamais les pieds sur le navire, car le navire est écrasé par les glaces et sombre en janvier 1914 près de l’île Wrangel, au large de la côte nord de la Sibérie. Grace au leadership du capitaine Bartlett, la plupart des vingt-cinq personnes à bord atteignent l’île Wrangel sans encombre. Cependant quatre

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hommes qui ont quitté le navire contre l’avis de Bartlett sont perdus sur la glace et quatre autres trou-vent la mort après avoir atteint l’île Herald. Après avoir établi un campement sur l’île Wrangel, Bartlett et Kataktovik, l’un des chasseurs inupiat, traversent la glace traître jusqu’au continent russe et poursuivent un éprouvant voyage le long de la côte sibérienne et vers l’est jusqu’en Alaska pour organiser le sauvetage des rescapés. Trois autres hommes meurent avant que n’arrivent les secours à l’automne 1914. Un seul des six scientifiques embarqués sur le Karluk survit à l›épreuve.

Après la perte du Karluk, Stefansson achète le North Star, refait des provisions et engage des chasseurs locaux, des personnes qui s’occupent de la confection de vêtements et un nouvel équipage venu de plu-sieurs communautés le long de la côte arctique de l’Alaska pour planifier l’Expédition.

Le premier hiver (1913-1914)Les hommes de l’équipe sud passent leur premier hiver à Collinson Point, en Alaska, apprenant à chasser, à se déplacer, notamment en traîneaux à chiens, tout en continuant leurs observations scientifiques. L’an-thropologue Diamond Jenness fouille d’anciens sites inuit sur l’île Barter et étudie les Inuit du Macken-zie. À la fin de l›hiver, les topographes et géologues Chipman, Cox et O’Neill terminent le tracé et l’étude géologique d’une grande partie de la côte, entre la frontière internationale, en aval de la rivière Firth, et le delta du fleuve Mackenzie, en passant par les canaux est et ouest.

En mars 1914, Stefansson rencontre les membres de l’équipe sud et leur annonce qu’il prévoit maintenant utiliser la goélette Mary Sachs et une partie de leurs provisions et de leurs chiens pour son exploration du Nord. Ce nouveau plan provoque de vives dissensions entre les deux chefs, et entre Stefansson et les autres scientifiques. Cette dispute s’inscrit dans une série de conflits répétés, attribuables à la direction de Stefansson et à la division de l’Expédition en deux groupes, avec deux objectifs différents et deux au-torités de financement donnant les directives. En fin de compte, Stefansson part vers le nord sur la glace de la mer de Beaufort avec trois traîneaux et dérive pendant des mois, avant d’atteindre l’île Banks.

À l›été 1914, les trois petites goélettes de l’Expédition se dirigent vers l’île Herschel en longeant la côte, ne prenant qu’un an de retard sur le calendrier de leur voyage! Ils naviguent vers l’est jusqu’au Dolphin and Union Strait, où ils mettent en place leur premier campement principal à Bernard Harbour. Ce sont les premiers navires à faire flotter le drapeau canadien le long de la côte ouest de l’Arctique.

En août, Wilkins, le photographe de l’Expédition, mène le Mary Sachs jusqu’à l’île Banks, transportant des provisions pour le groupe de Stefansson. Près du cap Kellet (rebaptisé Mary Sachs Creek), il installe le premier camp de base de l’équipe du nord. Stefansson et ses trois compagnons rejoignent l’île Banks à la fin de juin, après 96 jours passés à parcourir 500 milles sur la glace. Avant de poursuivre leur route vers le nord, les hommes passent une grande partie de l’hiver au camp, dans une habitation en bois et en tourbe, et des tentes à toile doublée.

La deuxième année (1914-1915)Après un hiver occupé aux préparatifs du voyage, le Dr Anderson, l’anthropologue Jenness et le biologiste marin Frits Johansen explorent le cours inférieur de la rivière Coppermine en février 1915, en passant par ce qui est maintenant la ville de Kugluktuk. Jenness a ensuite visité un grand village igloo d’Inuit du cuivre sur la glace de mer près des îles Berens. Plus tartd, Jenness se rend sur l’île Victoria et y vit avec une famille d’Inuit pendant plusieurs mois. À Bernard Harbour, il rassemble une fascinante collection d’ustensiles, d’outils, d’armes et de vêtements représentatifs des Inuit du cuivre et décrit leur culture matérielle, notamment par l’enregistrement de leurs chants.

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Toujours en février 1915, les membres de l›équipage de l›Alaska, des trappeurs et négociants qui passent l’hiver le long de la côte, et plusieurs Inuit sont affligés de ce qu’on croit être le scorbut. Conscients de l’absence de variété dans leur régime alimentaire, ils commencent à manger plus de viande. Dans un ren-versement des rôles, quelque peu ironique, Daniel Blue, chef mécanicien de l’Alaska, réussit à échanger avec les Autochtones de la gomme à mâcher contre « médicament contre le scorbut », qui est en fait de l›acide citrique. Le problème disparaît tant que dure la provision de médicaments et de viande fraîche.

« 15 avr. Le scorbut a repris dans mes jambes. Maintenant, tout ce qu’il nous reste, c’est des pois, de la farine et du sucre. Nous n’avons pas de médicament contre le scorbut. M. Girling m’a vendu une bouteille de sel de fruits Enoch […] » (Journal de Daniel Blue, 1915). Au retour de la chasse au lagopède, Blue, installé dans un traîneau, semble souffrir de pneumonie. Il meurt le 2 mai 1915 après dix jours d’agonie.

En 1915, dès que les rudes conditions hivernales le permettent, l’équipe sud quitte Bernard ,traversant Coronation Gulf en traîneau à chiens, en umiak et en goélette, pour se rendre jusqu’à Bathurst Inlet. Ils en étudient les rochers cuivriques et en établissent le tracé, recueillent des centaines de spécimens, ex-plorent et baptisent des îles et des cours d’eau, dont ils définissent le contour cartographique. Wilkins et Natkusiak, à bord du North Star, assistent l’équipe sud, avant d’aller rejoindre Stefansson sur la côte nord-ouest de l’île Banks.

La découverte de nouvelles terres (1915-1916)Toujours au début de 1915, voyageant en traîneau à chiens et se nourrissant de phoque, de caribou et de boeuf musqué, les membres de l’équipe nord menée par Stefansson établissent de nouveaux camps d’hiv-er sur les îles Banks et Melville. De petites équipes se servent de cette base pour explorer et découvrir des terres nouvelles, dont les îles Brock et Borden. En août 1915, Stefansson achète un autre navire, la goélette Polar Bear, et tente de rejoindre par mer l’île Melville, plus au nord, mais doit passer l’hiver à l’île Victoria en raison des glaces. À la fin janvier 1916, l›équipe nord part explorer les îles septentrionales et découvre en juin l›île Meighen, située à 80 degrés de latitude nord. En août, elle explore sa troisième terre nouvelle, baptisée plus tard île Lougheed, pour ensuite se retirer vers le sud au camp d’hiver du cap Grassy, sur l’île Melville.

Le retour à Ottawa (1916) Après avoir passé une nouvelle fois l’hiver à Bernard Harbour, les scientifiques de l’équipe du sud pour-suivent leurs recherches et plusieurs d’entre eux retournent à Bathurst Inlet en mars 1916 pour y avancer leurs travaux. Johansen a exploré la côte sud de l’île Victoria à Murray Point, y compris ce qu’on appelle maintenant Johansen Bay.Quand ils sont tous réunis à leur camp principal, ils mettent à bord de l’Alas-ka toutes leurs collections, spécimens et équipements. À la mi-juillet, le navire, chargé d’une cargaison scientifique de plusieurs tonnes, quitte Bernard Harbour avec 27 personnes à bord. L’équipe du sud rémunère et débarque ses assistants locaux aux îles Baillie et Herschel, et arrive à Nome, en Alaska, à la mi-août. Voyageant vers le sud par vapeur de cabotage, les scientifiques rejoignent Victoria, en Colom-bie-Britannique, puis prennent le train jusqu’à Ottawa. Leur retour ne fait l’objet d’aucune célébration, car la guerre fait rage, en ce mois d’octobre 1916. Ainsi prend fin l’Expédition, qui aura duré trois ans.

Un retour contraint (1917-1918)Stefansson, quant à lui, prolonge son séjour dans l’Arctique, faisant fi de l’ordre du gouvernement can-adien, qui lui enjoint de rentrer. En mars 1917, les membres de l’équipe nord part à nouveau en traîneau à chiens vers les régions septentrionales situées entre l’île Melville et l’île Borden, traverse la mer gelée

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et rejoint le 80e degré de latitude nord avant que le scorbut ne les force à rentrer à la fin avril. Certains membres de l’équipe se nourrissent de provisions laissées six ans plus tôt dans une cache sur l’île Mel-ville par le capitaine Bernier, et en subissent les conséquences.

« 25 oct. 1916. Storkerson, Castill et Split sont arrivés à 14 h aujourd’hui. Ils sont allés à Winter Harbor, où ils ont découvert une superbe cache laissée par le capitaine Bernier lors de l’Expédition dans l’Arctique de 1906 à 1910. Dans la cache, il y avait une grande variété de choses qui nous faciliteront la vie lorsque nous accomplirons notre travail durant l’année. Il y avait du sucre, du lait, des haricots, des pois, du maïs, du beurre, des lanternes, des haches, de la corde, des scies, en fait, tout ce qu’on pouvait désirer ». (Journal d’Harold Noice, 1915-1917, Bibliothèque et Archives Canada MG30 B16).

Les équipes de soutien de Stefansson mettent le cap sur le sud en direction du Polar Bear, qui mouille au large de l’île Victoria, dont Storkersen a étendu les limites des régions cartographiées à la côte nord.

Stefansson atteint le nord de l’île Banks en août 1917 et est forcé de traverser l’île à la marche pour se rendre jusqu’à la côte sud. Il découvre que le Mary Sachs a été renfloué après avoir passé trois ans sur la grève, mais qu›il a été endommagé par le capitaine du Polar Bear, Gonzales. Stefansson a heureusement la chance d’acheter un navire qui passait au large, le Challenge. Il rejoint Gonzales et le Polar Bear qui nav-iguent vers l’ouest en septembre, et renvoie le désobéissant capitaine.

Lorsque le Polar Bear, en route vers Nome, s’échoue à l’île Barter, en Alaska, Stefansson saisit l’occasion de passer un autre hiver dans l’Arctique pour monter une autre expédition sur les glaces de la mer de Beau-fort. Lorsque la maladie l’empêche de mettre son plan à exécution, il nomme Storkersen à la tête de cette dernière expédition sur les glaces, puis se met en route vers le sud en 1918 pour reprendre des forces. Le Polar Bear et son équipage rejoignent Nome en septembre 1918. La dérive de cinq mois sur les glaces se termine en novembre, mettant un point final à cinq ans d’exploration. Stefansson n’est jamais plus re-tourné dans l’Arctique.

ACCUEILLANT, L’ARCTIQUE?

Bien que le récit publié par Stefansson s’intitule The Friendly Arctic (L’Arctique accueillant), 17 hommes meurent durant l’Expédition : 11 dans le naufrage du Karluk, deux membres de l’équipe sud et quatre membres de l’équipe nord. Les causes de ces décès sont variées : hypothermie, inanition, suicide, crise cardiaque, pneumonie, scorbut et noyade. Bien que Stefansson souhaite promouvoir l’idée de vivre de la terre, ses équipes transportent de grandes quantités de nourriture pour compléter les fruits de leur chasse, mais les hommes en sont parfois réduits à manger de vieilles pelures et de la viande pourrie de boeuf musqué tué longtemps auparavant.

Charles Thomsen et Peter Bernard meurent sur la côte nord de l’île Banks en décembre 1916 ou en janvier 1917, alors qu’ils tentent d’amener de nouveaux traîneaux et de nouvelles provisions à l’équipe nord de Stefansson, installée sur l’île Melville. Une combinaison de mauvais temps, d’hypothermie, de faim et d’épuisement cause sans doute leur mort.

Une plaque commémorative officielle énumère toutes les personnes décédées durant l’Expédition cana-dienne dans l’Arctique, sauf le chasseur inuit Pipsuk, mort en 1918 à l’île Barter, en Alaska. La plaque porte l’inscription : « En mémoire des personnes qui ont péri durant l’Expédition canadienne dans l’Arctique (1913-1918) ». Dédiée en leur mémoire, elle est installée dans l’édifice des Archives nationales à Ottawa en 1926, mais est perdue quand on détruit cet immeuble en 1967.

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RÉSULTATS DE L’EXPÉDITION

Les quatre îles découvertes en 1915 et 1916 par l’équipe nord de Stefansson sont les dernières grandes îles découvertes dans l’Extrême-Arctique canadien et les seules d’importance à l’avoir été par une expédition canadienne. Plusieurs autres îles inconnues sont découvertes depuis les airs après la Seconde Guerre mondiale lors de vols destinés à compléter la collection de photographies aériennes du Nord. Pendant l’Expédition canadienne dans l’Arctique, les explorations sur les glaces confirment que la terre de Croker (nord-ouest de l’archipel Arctique) et celle de Keenan (Alaska septentrional) n’existent pas. En outre, les mesures de la profondeur de l’océan réalisées régulièrement durant ces voyages permettent d’établir la nature de la plate-forme continentale polaire.

L’Expédition redessine la carte du Nord canadien. Stefansson et l’équipe nord découvrent non seulement quatre nouvelles îles qui viennent s’ajouter au territoire canadien, mais ils détectent et corrigent aussi d’importantes erreurs sur les cartes préalablement dessinées. Les explorateurs qui ont précédé l’Expédi-tion s’inspiraient des cartes dressées par les expéditions navales britanniques des années1850 parties à la recherche de Sir John Franklin et son équipe, dont on était sans nouvelles. Les cartes des îles Banks et Victoria sont établies ou raffinées. L’île Lougheed est définie comme partie de l’archipel des Findlay et maints cours d’eau sont décrits pour la première fois. Pendant ses explorations sur la glace, l’Expédition sonde le fond océanique et procèdent aux premières observations de marrées dans la zone.

L’équipe sud achève la cartographie détaillée de la côte de l’Arctique, de l’Alaska à Bathurst Inlet, un travail entamé par Heame lors de son voyage entre la rivière Coppermine et la côte arctique en 1771. L’équipe dresse aussi la carte de East Channel sur le fleuve Mackenzie, dans le secteur où se trouve aujourd’hui Inuvik. Elle répertorie les importants gisements de cuivre situés près de Bathurst Inlet; c’était là l’un des principaux objectifs de l’Expédition. Une autre carte plus locale décrit le port de Bernard Harbour grâce à un levé de Cox, assisté de Patsy Klengenberg, le plus jeune membre de l’Expédition.

Le Dr Anderson et Diamond Jenness recueillent les toponymes en inuktituk de plusieurs points de la côte arctique de l’Alaska jusqu’à Bathurst Inlet, dont certains ont failli être perdus, faute d’être transmis, même par l’histoire orale locale.

CollectionsL’équipe du sud revient de ses explorations avec des milliers de spécimens d’animaux, de plantes, de fossiles et de roches, ainsi que des milliers d’artefacts provenant des Inuit du cuivre et des cultures au-tochtones de la région. Les membres de l’Expédition prennent quelque 4 000 photos et 9 000 pieds de pellicule qui en documentent tous les aspects et les objectifs, jetant ainsi les bases du savoir scientifique sur le nord du pays. Ce matériel sert à d’innombrables projets et publications scientifiques, études phénologiques et guides. Les photos continuent d’illustrer maints ouvrages et on a pu voir les images tournées par Wilkins à la télé et dans des documentaires. Plusieurs artefacts et spécimens, notamment les ossements de gros mammifères empaillés par des taxidermistes, font partie d’expositions permanen-tes et itinérantes de plusieurs musées aux quatre coins du pays.

Les enregistrements sonores ont préservé la voix des acteurs de l’Expédition, notamment celles de Mike Siberia, un Inuk de Russie, et de plusieurs chanteurs appartenant aux communautés des Inuit de Mack-enzie et du cuivre, comme Jenny, Palaiyak,Taipana, Kuniluk,Takoheqina et Naneroaq. D’autres voix ont été enregistrées lors d’interviews radio subséquentes, comme celles de l’anthropologue Diamond Jen-ness, le marin Robert Williamson et le chef de l’Expédition, Vilhjalmur Stefansson.

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ImpactL’Expédition canadienne dans l’Arctique a une incidence considérable sur les collectivités nordiques inuit et inuvialuit ainsi que dans le sud, où les connaissances acquises ont ouvert un monde nouveau au pub-lic canadien. Les chasseurs inupiat de l’Alaska et les personnes chargées de la confection de vêtements, notamment Panigabluk et Natkusiak, s’établissent dans l’Arctique canadien à titre d’employés de l’Expédi-tion. Certains hommes épousent des femmes de la région et y demeurent après le départ de l’Expédition. Grâce au troc, les Inuits de Copper disposent de nouveaux outils, de fusils et de divers ustensiles. La trappe au renard est établie localement comme industrie et mode de vie. Les assistants de l’Expédition acquièrent une expérience inestimable et beaucoup de prestige au sein des communautés arctiques. L’Expédition introduit dans la région l’économie de marché, le gouvernement canadien et la Gendarmerie royale du Canada.

Bernard HarbourL’emplacement du camp principal de l’équipe sud sert de magasin à la Compagnie de la Baie d’Hudson en-tre 1916 et 1932 et de base à la mission anglicane qui s’établit dans la région à l’été 1916, peu après le départ de l’Expédition, et y reste jusqu’en 1928. Entre 1926 et 1932 s’y installe un poste de la GRC. L’emplacement attire de plus en plus d’Inuit du cuivre, qui y concentrent leurs activités dans la région. La construction d’un réseau d’alerte avancé et d’une piste d’atterrissage attire encore plus de monde. Après la fermeture de ces installations, la plupart s’installent à Coppermine, aujourd›hui Kugluktuk. Les habitants de cette local-ité viennent toujours pêcher l›omble de l›Arctique dans une anse voisine de Bernard Harbour. Sur le site du campement de l›Expédition, on voit peu de signes de ce qui s’y est passé d’il y a une centaine d’années. Seules les traces de ses murs isolants en tourbe révèlent l’emplacement de la maison érigée par l’Expédition.

Le camp de base du cap KelletLe campement principal de l’équipe nord est installé de 1914 à 1917 à Mary Sachs Creek, juste à l’ouest de la communauté actuelle de Sachs Harbour. On peut toujours y voir les fondations des huttes bâties par les membres de l’Expédition en 1914 et les restes de la goélette Mary Sachs. L’érosion côtière mine peu à peu le site et de petits artefacts tombent sur la plage, plus bas, et vont se perdre dans le sable. Ces restes témoignent de l’utilisation du site entre son établissement et les années 1930, et à nouveau au cours des 50 dernières années.

Non seulement l’Expédition influence-t-elle, par son camp de base, les gens et les lieux, mais elle laisse aussi sur place deux de ses goélettes, qui deviennent un pôle d’attraction. L’abandon du Mary Sachs au sud de l’île Banks et l’acquisition du North Star par Natkusiak, de même que la trappe au renard, ont incité les Inuvialuit à utiliser davantage les côtes de l’île. Des gens vivaient dans la timonerie du Mary Sachs dès 1928.

Le camp North Star Ce camp est établi lorsque l’équipe nord, tentant de pousser la goélette North Star le plus au nord possible, se rend au troisième quart le plus septentrional de l’île Banks. C’est le point de rassemblement des ex-plorations du nord en 1916. Quand l’embarcation est emprisonnée par les glaces, Stefansson l’offre à Nat-kusiak en guise de salaire, que lui doit l’Expédition. Natkusiak ne parvient pas à libérer la goélette avant quatre ans. Personne n’a enquêté sur le site depuis cette époque.

Camp de NatkusiakEn 1916, Natkusiak installe son camp d’hiver sur les îles Gore, juste au large du cap Prince Alfred. Il n’est plus visité depuis, sauf par les chasseurs locaux pendant l’hiver.

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Sachs HarbourSachs Harbour est la communauté la plus septentrionale des Territoires du Nord-Ouest. Elle tire son nom de l’une des goélettes de l’Expédition, le Mary Sachs, qui y jette l’ancre en août 1914, à l›abri d›une zone sablonneuse, comme l’ont décrit les membres de l’Expédition. Personne ne vivait alors à l›année sur l’île, même si des sites archéologiques de la civilisation de Thulé montrent que la zone est occupée depuis 500 à mille ans. Son toponyme traditionnel, Ikaahuk (« là où on traverse »), témoigne du mouvement de populations entre les îles Victoria et Banks pour aller chasser et, plus tard, pour trapper le renard, une activité saisonnière.

Après le départ de l’Expédition canadienne dans l’Arctique en 1917, la trappe au renard s’intensifie sur l’île Banks, et plusieurs camps sont établis le long des côtes par des gens venus du delta du Mackenzie et de l’île Victoria. Durant la période baptisée « âge des goélettes », Sachs Harbour fournit un abri naturel aux navires, les gardant au sec et protégés par la grande langue de sable située à l’embouchure de la rivière Sachs. Le nom actuel du havre paraît pour la première fois sur des cartes officielles en 1946.

Les trappeurs inuvialuit hivernent pour la première fois à Sachs Harbour en 1932. Durant l’hiver 1941, sept familles vivent dans un camp à cet endroit. Les activités ralentissent, puis reprennent au début des années 1950. Un poste de la GRC est établi en 1953, suivi par un bureau de poste et une station météorologique en 1955. Le nom du village est officialisé en 1955. En 1958, Fred Carpenter, qui avait con-struit la première habitation de villégiature à la fin des années 1930, ouvre un magasin et un poste de traite afin de desservir les huit familles qui pratiquent la trappe dans les environs.

Les années 1960 apportent d’autres grands changements à la vie de la communauté. Les gens commen-cent à y passer l’été, et le dernier séjour d’une goélette remonte à 1961. En 1966, toute l’île Banks est en-registrée comme région de trappe communautaire, où seuls les membres de la Sachs Harbour Hunters› and Trappers› Association ont le droit de poser des pièges. L’année suivante, dans le contexte d’un projet consacré au centenaire du Canada, un cairn incorporant des pièces du moteur de la goélette Mary Sachs est élevé à flanc de coteau au-dessus de Sachs Harbour pour commémorer sa fondation.

SOUVERAINETÉPréoccupé, le gouvernement canadien tient à établir clairement sa souveraineté sur toute nouvelle terre découverte par l’Expédition. Pendant sept ans, soit de 1914 à 1920, l’honorable J.C. Patterson touche un salaire annuel de 2 400 $ pour étudier les titres des possessions britanniques dans les mers arctiques. Ex-ministre de la Milice et ex-secrétaire d’État, il a aussi été lieutenant-gouverneur du Manitoba entre 1895 et 1900.

Les craintes sont justifiées. Un bon nombre d’îles de l’Arctique dont la souveraineté a été transférée du Royaume-Uni au Canada en 1881 avaient été découvertes par l’explorateur norvégien Otto Sverdrup, qui en avait également dressé la carte. Des explorateurs américains avaient beaucoup visité ces îles « ca-nadiennes », alors que peu de Canadiens s’y étaient rendus. Tandis que Stefansson explore l’archipel Arctique à partir de l’ouest, l’explorateur américain Donald MacMillan retrace les pas de Sverdrup et con-firme, lui aussi, l’inexistence de la « Terre de Croker », décrite par Peary, qui est censée se trouver au nord de l’île Axel-Heiberg. Depuis sa base au Groenland, MacMillan se rend sur l’île Ellef-Ringnes en avril 1916, à peine trois mois avant que Stefansson y trouve son cairn et ses messages.

Note : C’est l’ex-capitaine du Karluk, Robert Bartlett, qui ramène l’équipe de MacMillan sur le Neptune en 1917.

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Les scientifiques de l’Expédition canadienne dans l’Arctique, surtout Diamond Jenness, documentent l’utilisation traditionnelle d’igloos sur la glace de Coronation Gulf, qui fait partie du passage du Nord-Ouest par les Inuit du cuivre, aspect méconnu de la souveraineté canadienne.

PublicationsLes résultats et nombreuses communications scientifiques de l’Expédition sont publiés en quatorze vol-umes. Quatre livres ont été rédigés sur le désastre du Karluk et le sauvetage de l’équipage depuis l’île Wran-gel, mais une bonne partie du récit de cette première grande expédition scientifique canadienne demeure toujours dans les journaux tenus par ses membres. Il en existe au moins 20, mais seul celui de Diamond Jenness a été entièrement publié (Arctic Odyssey). Parmi les livres sur l’équipe nord, on trouve The Friendly Arc-tic, de Stefansson, With Stefansson in the Arctic, de Harold Noice, et Advetures in the Arctic, de Richard Montgom-ery, qui s’inspire du journal de Lorne Knight. The Shaman’s Revenge, livre jeunesse publié par Violet Irwin en 1925, s’inspire des journaux de Stefansson et fait revivre une bonne partie des travaux de l’équipe nord. Il y décrit en détail les événements qui se sont déroulés sur les îles Banks et Melville, y compris la destruction du Mary Sachs. Jusqu’à récemment, les seuls livres qui traitent des réalisations de l’équipe sud sont The People of the Twilight et Dawn in Arctic Alaska, de Jenness. Le fils de ce dernier, Stuart, a fait beaucoup pour corriger la situation. Ses récents ouvrages, The Making of an Explorer (l’histoire de Sir Hubert Wilkins au sein de l’Ex-pédition) et Stefansson, Dr Anderson and the Canadian Arctic Expedition,1913-1918: A Story of Exploration, Science and Sovereignty, racontent en détail l’histoire de l’Expédition.

Précieux journauxL’histoire d’un rare kayak appartenant à des Inuit du cuivre démontre bien l›inestimable contribution de journaux inédits à nos connaissances de la région. Le Musée canadien des civilisations a maintes fois exposé ce kayak, qui n’est que l’un des milliers d’artefacts ramenés par l’Expédition canadienne dans l’Arc-tique. Le Musée l’a reçu sans information sur son histoire ou son propriétaire. Comme l’anthropologue de l’Expédition, Diamond Jenness, documentait avec soin tous les artefacts récoltés, l’absence d’information sur le kayak restait un mystère.

Mystère qu’on a résolu grâce au journal du biologiste de l’Expédition, le Dr Rudolph Anderson. C’est lui, plutôt que Jenness, qui avait reconnu l’importance de ce kayak et de son aviron, et en avait fait l’acquisi-tion auprès d’un chasseur inuit, Kannoyuak, contre une dose de poudre, du plomb et un détonateur, et le prêt de son arme

L’un des fossiles les plus intéressants trouvés dans l’Arctique a été une défense de mammouth partiel-lement conservée, découverte par l’Expédition sur l’Ile Melville. En tant que découverte de restes de mammouth les plus au nord, son importance a été amoindrie par l’absence de données de localisation précises. Les informations manquantes ont été récemment découvertes dans le journal d’Aarnout Castel. Cette défense a été repérée en septembre 1916 dans le lit d’une rivière à l’intérieur des terres près du camp de Storkersen, sur le golfe de Liddon.

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RESSOURCES

Ouvrages publiésAnderson, Rudolph Martin. Canadian Arctic Expedi-tion of 1913. Report of the Southern Division, Ottawa : King’s Printer, 1917

Ashlee, Jette Elsebeth. An Arctic Epic of Family and For-tune. [histoire de Storker Storkersen] Xlibris. 2008

Bartlett, Robert A. et Ralph T. Hale, Northward Ho! The Last Voyage of the Karluk, Boston : Small, May-nard, 1916

Canada, ministère des Mines, Report of the Canadi-an Arctic Expedition 1913-18 Volumes 3 à 14, Ottawa : King’s Printer, publié entre 1922 et 1944

Diubaldo, R., Stefansson and the Canadian Arctic, Montreal : McGill-Queen’s University Press, 1978

Jenness, Diamond, The People of the Twilight, New York : Macmillan, 1928

Jenness, Stuart E. (sous la direction de), Arctic Od-yssey: The Diary of Diamond Jenness 1913-1916, Hull : Musée canadien des civilisations,1991

Jenness, Stuart E., The Making of an Explorer, George Hubert Wilkins and the Canadian Arctic Expedition, 1913-1916. McGill-Queen’s University Press, 2004

Jenness, Stuart E., Stefansson, Dr. Anderson and the Ca-nadian Arctic Expedition, 1913-1918: A Story of Exploration, Science and Sovereignty. Collection Mercure, no 56, Gatineau : Musée canadien des civilisations, 2011

Niven, Jennifer, The Ice Master: the Doomed 1913 Voy-age of the Karluk, New York : Hyperion, 2000

Noice, Harold, With Stefansson in the Arctic, New York : Dodd Mead, 1924

McKinlay, William L., Karluk - The Great Untold Story of Arctic Exploration, Londres : Weidenfeld and Nic-olson, 1976

Stefansson, V. The Friendly Arctic: The Story of Five Years in Polar Regions, New York : Macmillan, 1921

Articles publiésGray, D.R. 2013. « The CAE’s Human Touch ». Cana-dian Geographic. 133 (1) : 23.

Gray, D.R. 2007. « Jim Fiji – South Pacific North-erner Loved by All ». Above & Beyond. 19 (5) : 31-35.

Gray, D.R. 1979. « R.M. Anderson’s “Camp Robin-son Crusoe”, Langton Bay, N.W.T., 1910 ». The Arctic Circular 37 (1/2) : 37.

Gray, D.R. 1979. « C.G.S. Alaska, 191314 ». The Bulletin [publié par le musée maritime de Colom-bie-Britannique]. 43(printemps) : 1922.

Gray, D.R. 1979. « C.G.S. Alaska, 19151916 ». The Bul-letin, 44(été) : 14, 12.

DocumentairesArctic Dreamer: The Lonely Quest of Vilhjalmur Stefansson (2003).

Icebound, the final voyage of the Karluk (2005), docu-mentaire sur la perte du Karluk.

The Copper Inuit. Études ethnographiques de l›Ex-pédition utilisées dans une série muséale éduca-tive produite dans les années 1960.

Stefansson: The Arctic Prophet (1965) and Memories and Predictions (1963). Production de l’ONF sur Stefansson.

Arctic Shadows: The Arctic Journeys of Dr. R.M. Anderson (2010), réalisé par David Gray et les productions International Polar Year.

Sites Web de l’Expédition canadienne dans l’Arctique

1. Peuples et connaissance du Nord : L’expédition can-adienne dans l’Arctique (1913-1918). David R. Gray, 2003. Ottawa : Musée virtuel du Canada, www.museevirtuel-virtualmuseum.ca/index-fra.jsp ou www.civilization.ca/cmc/exhibitions/hist/cae/splashf.shtml

2. Expédition l’Arctique 1913-1918 au Musée cana-dien des civilisations. Conservateur : David Gray. Courts vidéos sur l’exposition Expédition

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l’Arctique 1913-1928 montrant quelques artefacts qui y sont présentés :

www.civilisations.ca/arctique/ (site Web) et www.civilization.ca/arctic/blog (blog)

3. Commémoration du centenaire de l’Expédi-tion canadienne dans l’Arctique au www.cana-dianarcticexpedition.ca

David R. GrayGrayhound Information Services Metcalfe, Ontario K0A 2P0613-821-2640 [email protected]