L’ECONOMIE DE LA FONCTIONNALITE - Comité 21 · 2016-11-18 · L’ECONOMIE DE LA FONCTIONNALITE...

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L’ECONOMIE DE LA FONCTIONNALITE Matinale chez Trioplast France, Pouancé (49) 18 octobre 2016 Considérée comme l’une des composantes de l’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité consiste à remplacer la vente d’un produit par la vente de son usage. Il s’agit de vendre des heures d’utilisation, des kilomètres parcourus, des pages imprimées, une qualité de l’air élevée, etc. En découplant création de valeur ajoutée et consommation de ressources naturelles, ce modèle en plein essor se traduit aussi bien par des bénéfices économiques qu’environnementaux : à service égal ou amélioré, les consommations de ressources et d’énergie pour la production sont moindres. Le fabricant est également incité à allonger la durée de vie de ses produits puisqu’il en vend l’usage et non la propriété. Quels bénéfices de l’économie de la fonctionnalité pour les entreprises, la société et l’environnement ? Comment passer d’un modèle économique classique à un modèle fondé sur l’économie de la fonctionnalité ? Quels facteurs-clés de succès ? DEFINITION ET TENDANCES L'économie de la fonctionnalité - ou l'économie de l'usage - consiste à remplacer la vente de biens par la vente de leur usage, c'est-à-dire une location. Après une période de surconsommation effrénée issue de l’après-guerre et devant ses conséquences écologiques et sociales, cette nouvelle forme d’économie fait son apparition. Baisse du pouvoir d’achat, avènement d’internet, prise de conscience environnementale, changement de notre rapport à la propriété et besoin de recréer du lien social sont des éléments d’explication de cette tendance. Location de vélo ou de voitures en libre-service dans les villes, location d’electro-ménager, d’outils de bricolage ou de vêtements… les exemples se multiplient et apportent leur lot de questionnement : que produit-on réellement ? Quel est le nouveau coût pour le producteur et pour le consommateur ? Comment continuer à créer de la valeur ? Cette tendance de la part des particuliers touche-telle aussi le monde professionnel (B to B) ? Index : EF = Economie de la fonctionnalité L’économie de la fonctionnalité forme l’un des sept piliers de l’économie circulaire telle que définie par l’ADEME : « système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus. »

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L’ECONOMIE DE LA FONCTIONNALITE

Matinale chez Trioplast France, Pouancé (49)

18 octobre 2016

Considérée comme l’une des composantes de l’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité consiste àremplacer la vente d’un produit par la vente de son usage. Il s’agit de vendre des heures d’utilisation, des kilomètresparcourus, des pages imprimées, une qualité de l’air élevée, etc. En découplant création de valeur ajoutée etconsommation de ressources naturelles, ce modèle en plein essor se traduit aussi bien par des bénéfices économiquesqu’environnementaux : à service égal ou amélioré, les consommations de ressources et d’énergie pour la productionsont moindres. Le fabricant est également incité à allonger la durée de vie de ses produits puisqu’il en vend l’usage etnon la propriété.

Quels bénéfices de l’économie de la fonctionnalité pour les entreprises, la société et l’environnement ? Commentpasser d’un modèle économique classique à un modèle fondé sur l’économie de la fonctionnalité ? Quels facteurs-clésde succès ?

DEFINITION ET TENDANCES

L'économie de la fonctionnalité - ou l'économie del'usage - consiste à remplacer la vente de biens par lavente de leur usage, c'est-à-dire une location.

Après une période de surconsommation effrénée issuede l’après-guerre et devant ses conséquencesécologiques et sociales, cette nouvelle formed’économie fait son apparition. Baisse du pouvoird’achat, avènement d’internet, prise de conscienceenvironnementale, changement de notre rapport à lapropriété et besoin de recréer du lien social sont deséléments d’explication de cette tendance.

Location de vélo ou de voitures en libre-service dans lesvilles, location d’electro-ménager, d’outils de bricolageou de vêtements… les exemples se multiplient etapportent leur lot de questionnement : que produit-onréellement ? Quel est le nouveau coût pour leproducteur et pour le consommateur ? Commentcontinuer à créer de la valeur ? Cette tendance de lapart des particuliers touche-telle aussi le mondeprofessionnel (B to B) ?

Index : EF = Economie de la fonctionnalité

L’économie de la fonctionnalité forme l’un des sept piliersde l’économie circulaire telle que définie par l’ADEME :

« système économique d’échange et de production qui, àtous les stades du cycle de vie des produits (biens etservices), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation desressources et à diminuer l’impact sur l’environnement touten développant le bien-être des individus. »

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QUELS BENEFICES POUR LES ENTREPRISES ? L’ECONOMIE ET L’ENVIRONNEMENT ?

POUR LES ENTREPRISES

Le changement majeur induit par le passage àl’économie de la fonctionnalité pour les entreprises estla prise en compte de ses externalités positives etnégatives. Pour rappel, une externalité est un effet nonintentionnel des activités productives et des modes deconsommation sur l’environnement, l’économie et lesocial (la société). L’Economie de la fonctionnalitépermet donc aux entreprises de réduire volontairementleurs externalités négatives et d’en faire desexternalités positives : production non-polluante,« réparabilité », recyclage et gestion de la fin de vie desproduits.

Parmi les bénéfices de l’EF, le fait de replacerl’innovation au cœur de la stratégie de l’entreprise estsusceptible d’apporter un avantage concurrentiel. Ilpeut s’agir d’innovation technologique (amélioration dela durée de vie des produits) ou organisationnelle(partenariat avec des réparateurs locaux pour assurerune continuité de service au client).

En restant propriétaire du support matériel du service,l’entreprise peut accroitre la fidélisation du client.

Enfin, en proposant dans la plupart des cas un servicemoins cher qu’un achat, l’entreprise s’ouvre à denouveaux marchés : consommateurs des paysémergents, génération Y et Z, adepte des idées dedécroissance ou de « sobriété heureuse »…

POUR LA SOCIETE

Pour certains, l’EF signerait la fin de l’obsolescenceprogrammée. Le fabricant restant propriétaire desproduits, ceux-ci seraient de meilleure qualité, limitantles pannes, réparations ou coûteuses mises à jour. Unbénéfice immédiat pour les consommateurs, maiségalement pour l’environnement.

En axant le modèle économique sur l’allongement de ladurée de vie, ce sont des emplois liés à la réparation etdonc difficilement délocalisables qui peuvent êtrefavorisés. L’EF renforce l’intégration territoriale desentreprises.

Pour que l’EF soit un succès, de meilleures synergiesmulti-acteurs sont nécessaires (producteurs etconsommateurs, réseaux de distribution, réseauxd’entretien, réseaux de récupération des produits en finde vie etc.)

ENVIRONNEMENT

Le principal bénéfice de l’EF est le découplage entrecroissance et utilisation des ressources et matièrespremières, au coût environnemental souvent élevédepuis l’extraction jusqu’à la production.

99 %

C’est la part des ressources prélevées dans la naturequi deviennent des déchets en moins de 6 semaines.(source : Walter Stahel, Institut de la durée à Genève /

Publication Les nouvelles modèles économiques CERDD

2016)

Ce chiffre alerte sur la nécessité de diminuer lapression sur nos eco-systèmes. Cela passe par unemoindre utilisation des matières premières, maiségalement par une maitrise du cycle de vie du produit,depuis la conception, jusqu’à la vérification que leproduit peut être recyclé et qu’il le sera véritablementà travers les filières adéquates.

FOCUS

Le projet SMART TRIOPLAST

Groupe familial, fondé en 1965, devenu aujourd’huil’un des leaders du film polyéthylène, grâce à 13usines en Europe. Le site de Pouancé, en Maine etLoire (49), 110 salariés ETP, est spécialisé dans lesfilms plastiques pour l’activité agricole, et plusparticulièrement pour l’élevage.

La particularité du site est un site de productionhybride entre matière première vierge (extrusion) etmatières première recyclées.

Le projet SMART – Sustainable, Material, Agreement,Recycling, Together – a débuté en 2014 en partenariatentre Trioplast et plusieurs acteurs régionaux :- l’association Innovation et Prospectives

Maraichères (IPM)- Agro-campus Ouest- Le laboratoire LEMNA de l’Université de Nantes- Un GAEC- Le Comité Départemental de Développement

Maraicher (CDDM)

Soutenu par une aide du Conseil Régional des Pays dela Loire, l’objectif est de boucler le circuit deproduction, en permettant une collecte des produits àla fin de leur utilisation, pour alimenter à nouveau lecircuit de production avec es matières recyclées.

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Pour cela, des contrats de location de films plastiques agricoles sont envisagés.Les obstacles techniques, notamment liés au recyclage ayant été rapidement dépassés, les obstacles qui demeurent sesituent dans l’acceptation du changement de modèle, en interne au sein de Trioplast, mais surtout en externe et auprèsdes utilisateurs finaux que sont les maraichers de la région.

Pourtant les prochaines étapes sont bien de continuer, en partenariat, à changer le regard sur la relation de clientèle(comment conserver une relation gagnant-gagnant ?) et sur la nécessité de recycler (comment percevoir la matièrerecyclée comme ayant le même niveau de performance ?).

Site web Trioplast France

QUELS FACTEURS CLES DE SUCCES ?

Quoique relativement récente, l’essor de l’EF annonce unevague de changement des modèles économiques auquel lesentreprises doivent commencer à réfléchir, pour améliorerleur impact économique, social et environnemental.Quelques facteurs clés mais non-exhaustifs apparaissent déjàpour accompagner cette transition :

� Prise de conscience partagée. La difficulté n’est pas tantdans la création d’un nouveau modèle économique, quedans la nécessité d’abandonner un modèle économiquequi n’est plus créateur de valeur, et de comprendrepourquoi le retour en arrière ne sera plus possible. Pouréviter des « retours en arrière » néfastes, une veilleciblée sur les nouvelles tendances de consommationdans son secteur d’activité est nécessaire. Année aprèsannée, les chiffres confirment le phénomène d’abandonde la possession au profit de l’expérience.

� Changement du périmètre de travail. Pour pouvoirgérer tout le cycle de vie du produit, l’entreprise doitchanger son périmètre de travail pour intégrer lesparties prenantes externes qui viendront en complémentde son nouveau rôle : fournisseurs de matièrespremières, bureaux d’études pour la conception,organismes en charge du recyclage, collectivités,chambres consulaires, association de consommateurs(panels test) etc.

� Amélioration de la confiance. Pour que le groupeélargi de travail recommandé ci-dessus fonctionne,l’ingrédient indispensable est la confiance entreacteurs. Celle-ci doit être suscitée et entretenue,notamment si le projet est envisagé au long-termeou bien long à démarrer.

� Renforcement de la confiance. Le bouleversementinduit par le changement de modèle économique vanécessairement repositionner l’innovation au cœurde la stratégie d’entreprise. Cette innovation vaconcerner le produit (nouvelle conception, fonctionssupplémentaires, nouveaux points de distribution…)mais également la façon de fonctionner del’entreprise (nouvelle organisation des ventes,partenariats locaux…)

� Importance de la formation. Enfin, tout comme lesparties prenantes externes, l’entreprise doit susciterla confiance et prendre le temps de former eninterne ses équipes, en répondant aux légitimesquestions qui seront posées : si la création de valeurajoutée ne se mesure plus sur le volume, sur quelleunité peut-on l’indexer ? Comment accompagner lesclients dans ce bouleversement ?

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Directeur de publication : Antoine Charlot � Investigation et animation de la démarche : Antoine Charlot et Mathilde Bres� Rédaction : Chloé Roque � Crédit photo : ©Fotolia – Comité 21 � Graphisme : Audrey Guizol � Mise en page : Chloé Roque

POUR ALLER PLUS LOIN …

Contact(s):

Laurence BERTHOUResponsable Développement Durable - Manitou Group(En remplacement de Aude Brézac

jusqu'en avril 2017)[email protected]

QUELQUES RETOURS D’EXPERIENCE

Pour avoir plus d’informations sur le cycle thématique économie circulaire, contactez Mathilde BRES :02 28 20 60 82- [email protected]

Focus Troisième Révolution Industrielle et Agricole (TRIA)

Cette démarche collaborative des entreprises est portée par la Chambre de Commerce etd’Industrie régionale, la Chambre d’agriculture régionale et la Chambre des Métiers et del’Artisanat régionale. A travers une vision 2020, la TRIA envisage le territoire des Pays de la Loire comme une régionleader de la nouvelle économie issue des transformations énergétiques, écologiques et numériques en matièred’activités et d’emplois.

Cette révolution se fonde sur 4 leviers : la transition énergétique, l’amélioration de la performance globale, larévolution numérique & nouvelles technologies et les nouveaux modèles économiques.

Un dispositif « Nouveaux Modèles Economiques » a été instauré en région Pays de la Loire avec le soutien du ConseilRégional et de l’ADEME.Le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) , Atemis (laboratoire d’intervention et de recherche) et l’IEEFC (voir revued’actualités) sont les co-porteurs de ce projet d’accompagnement, lancé en 2015.Il propose un accompagnement dans la durée d’un groupe de dirigeants. L’accompagnement vers l’économie de lafonctionnalité nécessite plusieurs étapes : prise de conscience des limites du modèle actuel, identification desexternalités positives et négatives à intégrer, création d’une nouvelle offre…

Site web de la TRIA

Focus Manitou Group

Leader mondial de la manutention tout-terrain, le groupe conçoit, produit, distribue et assure le service de matériels àdestination de la construction, de l’agriculture et des industries. En 2014, une division « Service & Solutions » est créée,car le Groupe est conscient que les usages changent, y compris dans le monde professionnel (Business to Business) etsouhaite faire évoluer son modèle économique vers une culture du service.

En complément, le programme REDUCE-TCO, (Total Cost of Ownership) présenté fin 2015, permet de mettre enévidence l’ensemble des coûts entrant dans le coût total de possession d’un matériel. Ce programme sert donc leprojet de s’éloigner d’un prix unique de vente, vers un prix pour un service, créateur de valeur.

Henri-Bruno CALMELSSecrétaire GénéralEDF Délégation Régionale Pays de la [email protected]

Philippe EPAILLARDDirecteur Innovation & Compétitivité DurableCCI régionale Pays de la [email protected]

Damien CABARETTrioplast [email protected]

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Actualités

� Economie circulaire : les entreprises entrent dans la rondeLes Echos, 19.10.2016http://www.lesechos.fr/thema/0211385283574-economie-circulaire-les-entreprises-entrent-dans-la-ronde-2036211.php

� L’économie de la fonctionnalité : un modèle aussi pour les entreprises traditionnelles ?La Tribune, 16.06.2016http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/l-economie-de-fonctionnalite-une-opportunite-aussi-pour-les-entreprises-traditionnelles-579753.html

� L’Économie de la Fonctionnalité : pour en Finir avec l’Obsolescence ?E-rse.net, 18.02.2016http://e-rse.net/economie-fonctionnalite-obsolescence-programmee-usage-propriete-18589/

• Economie de la fonctionnalité : le service plutôt que le produitLe Nouvel Economiste.fr, 27.11.2013http://www.lenouveleconomiste.fr/economie-de-la-fonctionnalite-le-service-plutot-que-le-produit-20625/

Outils

� Fondation Ellen McArthur

https://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/economie-circulaire/concept

� Institut de l’Economie circulaire

http://www.institut-economie-circulaire.fr/

� Démarche « Diapason » du LEMNACe serious game a pour objectif d’harmoniser nos relations humaines et d’apprendre à travailler en équipe et prévenirles conflits.

� Club NoéLe club Noé est une association loi 1901 crée par plusieurs structures de la région Hauts de France engagées sur lesnouveaux modèles économiques. Chaque structure aborde le challenge des nouveaux modèles économiques à samanière en fonction de sa spécialité. Au-delà de l’EF, le Club Noé parle d’Economie de la Fonctionnalité et de laCoopération (EFC).

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� Club Economie de la Fonctionnalité et du Développement DurableLe Club Economie de la Fonctionnalité & Développement Durable réunit depuis 2007 des chercheurs en sciences sociales,des cadres d’entreprise, des consultants, des membres d’institutions territoriales... Il s’agit d’instruire des sujets relatifs auxmodèles émergents de création de valeur, au sens économique et sociétal du terme, dans une perspective dedéveloppement durable

� L’Institut Européen de l’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération (IEFCC)L’IEFCC s’appuie sur un réseau de Clubs en France et en Belgique. Ce réseau a pour mission de faire connaître et depermettre la mise en œuvre de ce nouveau modèle économique auprès des entreprises, des collectivités territoriales et dedifférentes organisations intermédiaires. A ce jour, 6 clubs sont recensés, sur différents territoires.

� Le Centre de Ressource Pédagogique Européeen (CREPE)Le CREPE a produit une série de 5 vidéos : in dessin animé pour comprendre l’EF, et les témoignages de Lyreco, Urbaneo,Tale me, Envergure Architectes.

� Kit ressource « Nouveaux modèles économiques » du CERDD (Centre de Ressources en Développement Durable)