L'Acteur public n°13

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Supplément : Chattot, 6 ans au TDB Inséré en pages centrales de ce numéro, ce supplément balaie les deux mandats de François Chattot. Avant le départ de l’acteur-directeur le 31 décembre 2012, retour en paroles et en images sur les grandes étapes du projet Ensemble. Plongée dans le monde fantasque et fantaisiste de l’auteur Georges Courteline, Folie Courteline explore le rire sous toutes ses formes. Tantôt drôles, tantôt grinçantes, les cinq courtes pièces mises en scène par Ivan Grinberg offrent une galerie de personnages. À travers la vingtaine de rôles, les comédiens – Damien Bouvet, Stéphan Castang, François Chattot et Marion Lubat – et la musicienne Alice Caubit s’amusent avec un plaisir vivifiant des traditions du vaudeville. Création le 16 octobre et coulisses d’un chantier en page 4. Aux portes de la perception Compagnie installée au Mans, le Théâ- tre du Radeau et François Tanguy déve- loppent un travail hors-normes. Portrait d’une équipe atypique, dont les œuvres déroutent autant qu’elles fascinent. Page 2. Toute première fois À l’occasion de l’implantation de la jeune compagnie Drôle de Bizarre en Bourgogne, le TDB accueille au Parvis leur création. Rencontre avec Maëlle Poésy, metteuse en scène de Purgatoire à Ingolstadt de Marieluise Fleisser. Page 10. NU COMME UN VERS Jean échange sa femme contre une ferme, avant de troquer sa ferme contre une charrette, et de céder sa charrette contre un manège. De fil en aiguille, le paysan naïf abandonne tout, ses sacrifices successifs sonnant pour lui comme une libération. Adaptation d’un conte des frères Grimm, Jean la Chance est, aussi, l’une des premières pièces de l’auteur allemand Bertolt Brecht. Après l’avoir mis en scène avec de jeunes élèves comédiens en 2011, Jean-Louis Hourdin y revient et crée cet automne au TDB une version étoffée, interprétée par sa troupe de comédiens. Rencontre avec le chef de troupe en page 5. L’abonnement se renouvelle ! Nouveaux tarifs, formules renouvelées, rendez-vous en page 11 pour choisir l’abonnement correspondant à vos envies... POUR LE PLAISIR En décembre, le TDB et François Chattot reprennent trois spectacles marquants : en compagnie de la comédienne et administratrice générale de la Comédie-Française Muriel Mayette avec Quartett, de Heiner Müller mis en scène par Matthias Langhoff (les 7 et 8) ; explorant les diverses facettes de Courteline dans Folie Courteline (du 11 au 15/12) ; ou au côté de l’explosive Martine Schambacher dans Que faire ? (le retour) (du 29 au 31). Stéphan Castang et François Chattot dans le Droit aux étrennes (répétition) © V.Arbelet Souscrivez à Éphéméride 2007-2012, le funambule du Parvis, livre sur les années Chattot au TDB. + d’infos page 7 Benoît Lambert, directeur Benoît Lambert sera le prochain directeur du TDB. Passage de témoin avec François Chattot le 31 décembre 2012 à 23h59, après Que faire ? (le retour) dont il signe la mise en scène. Benoît Lambert pendant les répétitions de Que faire ? (janvier 2011) © V. Arbelet Jean-Louis Hourdin © DR François Chattot et Muriel Mayette dans Quartett © Matthias Langhoff

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Supplément : Chattot, 6 ans au TDBInséré en pages centrales de ce numéro, ce supplémentbalaie les deux mandats de François Chattot. Avant le départde l’acteur-directeur le 31 décembre 2012, retour en paroleset en images sur les grandes étapes du projet Ensemble.

Plongée dans le monde fantasque et fantaisiste de l’auteur Georges Courteline,Folie Courteline explore le rire sous toutes ses formes. Tantôt drôles, tantôtgrinçantes, les cinq courtes pièces mises en scène par Ivan Grinberg offrent unegalerie de personnages. À travers la vingtaine de rôles, les comédiens – DamienBouvet, Stéphan Castang, François Chattot et Marion Lubat – et la musicienneAlice Caubit s’amusent avec un plaisir vivifiant des traditions du vaudeville.Création le 16 octobre et coulisses d’un chantier en page 4.

Aux portes de la perceptionCompagnie installée au Mans, le Théâ-tre du Radeau et François Tanguy déve-loppent un travail hors-normes. Portraitd’une équipe atypique, dont les œuvresdéroutent autant qu’elles fascinent.Page 2.

Toute première foisÀ l’occasion de l’implantation de lajeune compagnie Drôle de Bizarre enBourgogne, le TDB accueille au Parvisleur création. Rencontre avec MaëllePoésy, metteuse en scène de Purgatoireà Ingolstadt de Marieluise Fleisser.Page 10.

NU COMME UN VERSJean échange sa femme contre uneferme, avant de troquer sa ferme contreune charrette, et de céder sa charrettecontre un manège. De fil en aiguille,le paysan naïf abandonne tout, sessacrifices successifs sonnant pour luicomme une libération. Adaptation d’unconte des frères Grimm, Jean la Chanceest, aussi, l’une des premières pièces del’auteur allemand Bertolt Brecht. Aprèsl’avoir mis en scène avec de jeunesélèves comédiens en 2011, Jean-LouisHourdin y revient et crée cet automneau TDB une version étoffée, interprétéepar sa troupe de comédiens. Rencontreavec le chef de troupe en page 5.

L’abonnement se renouvelle !Nouveaux tarifs, formules renouvelées,rendez-vous en page 11 pour choisirl’abonnement correspondant à vosenvies...

POUR LE PLAISIREn décembre, le TDB et François Chattot reprennent trois spectaclesmarquants : en compagnie de la comédienne et administratricegénérale de la Comédie-Française Muriel Mayette avec Quartett,de Heiner Müller mis en scène par Matthias Langhoff (les 7 et 8) ;explorant les diverses facettes de Courteline dans Folie Courteline(du 11 au 15/12) ; ou au côté de l’explosive Martine Schambacherdans Que faire ? (le retour) (du 29 au 31).

Stéphan Castang et François Chattot dans le Droit aux étrennes (répétition) © V.Arbelet

Souscrivez à Éphéméride2007-2012, le funambuledu Parvis, livre sur lesannées Chattot au TDB. + d’infos page 7

Benoît Lambert,directeurBenoît Lambert sera le prochaindirecteur du TDB. Passage detémoin avec François Chattot le31 décembre 2012 à 23h59,après Que faire ? (le retour) dontil signe la mise en scène.

Benoît Lambert pendant les répétitions de Que faire ? (janvier 2011) © V. Arbelet

Jean-Louis Hourdin © DR

François Chattot et Muriel Mayette dans Quartett © Matthias Langhoff

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«I l n’y a rien d’autre à voir que voirle voir se faisant. » Avec FrançoisTanguy, il est plus juste d’uti -

liser le terme « entretien » qu’« inter-view », la richesse de sens du françaissoulignant la nécessité d’une conver -sation au long cours pour saisir le projetdu Radeau. Parler des spectacles du Théâtre du Radeau, c’est parler de lacompagnie elle-même, une mécaniquede pensée qui échappe à l’explication.S’entretenir avec Tanguy demande doncla même attitude d’abandon que celledu spectateur qui entre dans unesalle pour voir l’un de ses spectacles.Éric Goudard, chargé de l’élaborationsonore au côté de Tanguy, en donne unrésumé très juste : « Il faut accepter quequelque chose en soi se penche en avant ».À chaque spectateur ensuite de définirintimement, face à ce qu’il voit, ce quece « quelque chose » décrit. Pour définircet abandon, la comédienne LaurenceChable précise « que cela ressort de la perception comme activité. Souvent, desgens prononcent un mot qu’on n’aime pastrop : “ ah, c’est comme si c’était un rêve. ”Ce n’est pas satisfaisant, c’est une manière

de se dégager d’une part de réel. Commedit un ami, le théâtre n’est pas fait pourdélivrer des messages. Pour les messages,il faut aller à la poste. Il se passe autrechose. À partir du moment où il n’y a pasune seule histoire qui rassure, que doitfaire le spectateur ? »Ce qui est passionnant dans l’œuvredu Radeau, c’est qu’elle cache unequête inlassable : celle du regard bouleversé par la musique. Car à regarder les titres des créations, onpeut en tirer un fil musical : Choral(1994), Orphéon (1998), Coda (2004)

et le dernier vu à Dijon en juin 2009,Ricercar. Pour Onzième, la musiqueest aussi présente et François Tanguyconfie : « Nous écoutions beaucouple onzième quatuor de Beethoven avecKlaus Michael Grüber [metteur enscène allemand mort en 2008, ndlr].Il ouvre ce spectacle en compagnied’images animées prises lors de nos promenades à Belle-Ile. Onzième est,aussi, un hommage à Klaus. » C’est lamusique, découpée et travaillée sousforme de boucles, ré-agencée sur latrame des créations, qui donne le tempo

aux corps des comédiens en scène.Éric Goudard : « Cela se fait sur unelongue période de travail pour permettre aucorps au plateau de se laisser emporter parle corps de la musique et d’autres types desonorités et de rythmes. Par exemple, on aenregistré des bruits dans une usine entrain d’être vidée. Il a fallu les faire entrersur le plateau, les découper, voir lesconjonctions entre le son et la voix descomédiens. Cela induit des décalages, ilfaut alors repenser la construction, lemixage d’un son avec un autre, faireconfiance aux accidents. » À parler de musique, il faut pourtantconjurer le mot de berceuse, et le spec-tateur doit rester en alerte. FrançoisTanguy : « Beethoven était sourd, de28 ans jusqu’à sa mort, et écrire de lamusique en étant sourd, c’est pas pratique.Il entendait donc la musique autrement quesous des formes sensibles. L’incapacité dudire se manifeste dans toutes les formes dudire, pas seulement les mots. Ça déborde,ça dépasse. » Comme il faut conjurerle mot spectacle : « Dans “ spectacle ”j’entends quelque chose de quasi-totalita-risant » souligne Laurence Chable,« alors qu’on peut tellement avoir à faireavec du mouvement et du multiple. C’estpour cela que c’est bien de voir plusieursfois une création : pour ne pas voir uneseule chose. Chez nous, tout est faitpour lutter contre le caractère unitaired’un spectacle. » Depuis plus de vingtans, le Radeau cherche donc des îlotsde perception, des possibilités nouvellespour le regard du spectateur, sanspour autant s’en satisfaire. FrançoisTanguy : « Pas besoin de devenir sourdpour écouter Beethoven. Mais on ne peutpas se contenter de dire : “ c’est que de laper ception, mon pote, tu te débrouilles ! ” »Au cœur de ce jeu d’accumulations, decette conversation entre des signes multiples, c’est le temps qui est en jeu.Éric Goudard : « Ce qu’il faut habiller,c’est le temps qui passe au plateau. » François Tanguy abonde et précise :« Confier du temps sans le motif d’une histoire à jouer. Pourtant, c’est bien une histoire qui est jouée, l’histoire de tous cescorps, à commencer par celui de ceux quiont confié un peu de leur temps au théâtreplutôt qu’à une fête foraine, une manifes-tation ou un supermarché. »

Guillaume Malvoisin

Le Théâtre du Radeau (1977-Le Mans)

Né dans les salles d’une MJC d’un quartier du Mans, le Radeau demandeà François Tanguy d’être son metteur en scène et scénographe en 1982.En 1985, la compagnie installe son mouvement perpétuel rue de laFonderie, dans une ancienne succursale des usines Renault. Le lieudevient La Fonderie, espace de création et de diffusion théâtrale inauguréen 1992. Depuis 1994, toutes les surfaces de la Fonderie sont occupées,le Radeau accueillant régulièrement d’autres compagnies et artistes etouvrant ses espaces au public.

AUX PORTES DE LA PERCEPTIONCompagnon de longue route du Théâtre Dijon Bourgogne, leThéâtre du Radeau présente Onzième. Créé en novembre 2011,ce nouvel opus est une fois de plus l’occasion pour le metteur enscène et scénographe François Tanguy d’explorer un subtil jeu decadrages et décadrages scéniques quasi simultanés. Rencontre avec troismembres de l’équipe – la comédienne Laurence Chable, le créateursonore Eric Goudard et François Tanguy – pour un portrait polyphonique.

La quête inlassable de François Tanguy et du Théâtre du Radeau © François Fauvel

ONZIÈMEThéâtre du Radeau

mise en scène et scénographieFrançois Tanguy

du mar 13 au sam 17/11 Salle Jacques Fornier

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Le Théâtre Dijon Bourgogne collabore avecArt Danse Bourgogne, Why Note, La Vapeur, le Festival des Nuits d’Orient, Ciné-Concerts, l’atheneum, Modes de vie, le Musée des Beaux-Arts de Dijon, le Conservatoire à Rayonnement Régional de Dijon, L’Opéra de Dijon, ABC, le ThéâtreMansart, le Jeune Théâtre National, l’OCCE, la CGT 21, le Rectorat de Dijon, le CRDP Bourgogne, la Cité scolaire Montchapet,le lycée Charles de Gaulle, Cultura, Hertz, Divia, le Crédit Coopératif, le Grand Dijon, le Cercle Dijon Bourgogne

Édité par le Théâtre Dijon BourgogneDirecteur de la publication François Chattot, Rédaction Sophie Bogillot, Jennifer Boullier, Caroline Châtelet,Ivan Grinberg, Florent Guyot, Guillaume Malvoisin, Véronique Philibert, Jeanne-Marie PietropaoliVisuels Paul Cox (p2, 3, 4, 6, 9, 10, 12), Crédits photographiques Vincent Arbelet (p1, 4, 5, 6, 7, 8, 10), Fred Debrock (p12), François Fauvel (p2), Alain Fonteray (p12) Design graphique Paul Cox Réalisation tempsRéel, Dijon - Impression le Bien public, Dijon (21)Remerciements à Jeanne Buszewski, Stéphanie Toulin, Antoine Vallet

L’Abonnement jeune,c’est le bon planDu nouveau pour la jeunesse ! Le TDBinaugure cette année un abonnementprivilégié pour les moins de 26 ans :à partir de trois spectacles choisisdans la saison, la place passe à 7 €.Cet abonnement leur permet de venirau spectacle plus facilement. Soitun abonnement à 21 € pour découvrirdes classiques (Georges Courteline,Eschyle), des textes contemporains(Heiner Müller, Valère Novarina, etc.)et des créations (Folie Courteline, Jeanla Chance et Dénommé Gospodin) au filde la saison. [J.B]

Jean la chance :conteurs d’imageet audio-descriptionL’association Handisport et Culture del’université de Bourgogne et le TDBproposent au public déficient visuelses « conteurs d’image ». Des étudiantsdeviennent accompagnateurs privilé-giés pour permettre aux malvoyants dese rendre au théâtre. Au cours d’uneformation animée par le Centre Com -munal d’Action Sociale du pôle handi-cap de la ville de Dijon prévue le14 novembre, les étudiants découvri-ront l’art de conter un spectacle. Puis,ils accompagneront le 21 novembre lesnon et malvoyants lors d’une répétitionde Jean la chance. Par ailleurs, la re présentation de FolieCourteline du 13 décembre sera présen-tée en audio-description et précédéed’une visite tactile du décor à 18h. [J.B]

Modes de vie et Club théâtre, croisement d’ateliersDans le cadre du Festival Modes devie, la scénographe-plasticienne JuliaMorlot mène quatre ateliers (à la Fon-taine d’Ouche à Dijon, à Chenôve, Longvic et Quetigny) qui permettrontla réalisation de « gabions ». Ces casiersdestinés à insonoriser la halle Bonnotteont inspiré les comédiennes Anne Cui-senier et Géraldine Pochon qui exploi-tent les possibilités imaginaires de cesstructures mi-cage, mi-refuge pour leClub Théâtre. Derrière la maison, thèmechoisi pour cette saison du Club, tisserades liens entre les participants de cesdifférents ateliers. [C.C.]

Journée du patrimoine2012Record de fréquentation battu pourla Journée du Patrimoine au ParvisSaint-Jean le 15 septembre. Plus desix-cent cinquante visiteurs se sontlaissés guider pour écouter l’histoirede cette église gothique devenue théâtre et découvrir les métiers duspectacle. Ce parcours, embelli de

surprises musicales interprétéespar les jeunes musiciens du Pôled’Enseignement Supérieur de laMusique en Bourgogne, s’est achevépar un concert offert aux plus gour-mands. De la bouche d’un visiteur :« Bravo ! Visite passionnante, trèsagréable, pas étonnant que vous ayezautant de monde ! Ça donne envie derevenir... » [V.P.]

Erasmus au TDBÉtudiantes comédiennes de l’Universitéde Craiova (Roumanie) accueillies àl’Université de Bourgogne en Master 2Erasmus, Claudia Suliman et PatriciaIonescu sont stagiaires auprès du met-teur en scène Ivan Grinberg pendantla création de Folie Courteline. Elles suivent par ailleurs un programmede cours en Études théâtrales, un sémi-naire à l’École Nationale Supérieured’Art de Dijon, et animent un atelierde pratique auprès des étudiants duThéâtre Universitaire. [J.-M.P.]

Tournées-tréteaux à destination des scolaires

Conjointement aux tournées-tréteauxtraditionnelles, le TDB propose désor-mais des représentations en journéepour les établissements scolaires.Après un premier essai la saisonpassée lors de la tournée de L’Apprentie sage-femme, le clou est enfoncé avecFolie Courteline. Mirebeau-sur-Bèze etLuzy accueilleront des collégiens etdes lycéens pour une représentationl’après-midi, suivie d’une rencontreavec l’équipe artistique. [C.C.]

Adieu Claude BarrucandPersonnalité au grand cœur investiedans de nombreuses activités associa-tives et caritatives, Claude Barrucandétait, aussi, l'envoyé spécial de RCFParabole au TDB. Suite à son décès le16 septembre dernier à l'âge de 90 ans,le TDB lui rend hommage et s'associeà la douleur de son épouse et de toutesa famille. [F.G.]

Partenaires particuliers

Souhaités par François Chattot dès son arrivée en 2007, les partena-riats constituent l’une des chevilles ouvrières du projet « Ensemble »du TDB. Pour autant, l’affaire n’a pas coulé de source et les débutsfurent parfois hésitants... Aujourd’hui, un coup d’œil à la program-mation suffit pour voir que, selon l’expression de Chattot, « la greffea pris ». D’octobre à janvier 2013, quatre festivals sont réalisés en partenariat avec le TDB via l’accueil de spectacles ou la mutualisationde compétence, confortant le théâtre dans son rôle d’outil au servicede tous. Si ces collaborations affirment la volonté d’une attentionportée aux autres acteurs locaux, que ceux-ci soient associatifs, éducatifs, culturels – ou même sportifs ! –, elles participent aussi dela vitalité et de la diversité de la programmation. Outre Kalfon chantele rock’n blues accueilli avec L’ACTEUR Festival début octobre, Le Poètecomme boxeur (cf. page 12) programmé dans le cadre des Nuitsd’Orient (cf. page 12 aussi) et l’accueil d’Art Danse (cf. page 12encore), le TDB travaille en partenariat avec la Vapeur pour Génériq.Ce lien a priori moins évident car réunissant une salle de musiquesactuelles et un théâtre prolonge une collaboration initiée la saisonpassée avec le concert de Patti Smith et le spectacle Opéra punk Woyzeck 1313. Cette fois, ni concert, ni théâtre : il s’agit du CabaretNew Burlesque. Interprété par les artistes du film Tournée de Mathieu Amalric – Prix de la mise en scène à Cannes en 2010 et sept nomina-tions aux Césars 2011 –, ce show détourne les codes traditionnels dustrip-tease et offre un spectacle drôle et tonique, qui renouvelle autantle regard sur ce genre que sur les canons physiques en vigueur...Le Poète comme boxeur ; Art Danse ; Cabaret New Burlesque :+ d’infos en page 11

+ d'infos sur www.tdb-cdn.com, ou au 03 80 68 47 47

Le Cabaret New Burlesque s’arrête au Grand Théâtre de Dijon © DR

Direction régionale des Affaires culturelles

Bourgogne

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COURTELINE À LA FOLIEPlongée dans le monde fantaisiste de l’auteur Georges Courteline,Folie Courteline - Les Marionnettes de la vie explore le rire sous toutesses formes. Mis en scène par Ivan Grinberg, le spectacle offre un voyageludique et vivifiant à travers le vaudeville et ses marges. Rencontreavec Ivan Grinberg.

Quelle est l’origine de Folie Courteline ?Ivan Grinberg : J’ai déjà travaillé avecFrançois Chattot [pour Le Souverain fouen 1991, ndlr] et nous avions envie derefaire un spectacle. Je désirais pourma part monter une comédie et c’esten m’inter rogeant sur ce qu’est lecomique, la comédie, que j’ai rencontréCourteline. Le regain d’intérêt actuelpour les grands classiques du vaude-ville, Labiche, Feydeau, ne touche pasbeaucoup Courteline. D’une part parceque travaillant à la marge du genre ildemeure plus inclassable, et aussiparce qu’il n’a écrit que des courtespièces, induisant un mode d’écritureparticulier. S’essayer à cela me parais-sait intéressant, et ce d’autant plus quele TDB n’a jamais ni accueilli, ni produitaucune de ses pièces.

La spécificité de Courtelineserait sa langue ?I.G. : Courteline a une obsession du rireet de la langue. Il parle des mots commed’êtres vivants avec une vie autonomeet qu’il s’agit d’apprivoiser. Arrivé à lalittérature par le mouvement poétiquedu Parnasse et considérant Victor Hugocomme le plus grand des auteurs, salangue est d’un classicisme étonnant. Ildit de lui qu’il est un « pauvre bûcheur quifait sa phrase, comme on fait un train, demots cherchés au bout des voies, amenéslentement derrière son dos et accrochés lesuns aux autres tant bien que mal. » Là oùFeydeau travaille sur des phrasesbrèves, syncopées, lui est plus surdes périodes, des phrases très écrites,

harmonieuses. Son comique aussi estmoins sur des mécaniques, plus sur desintuitions de personnages, des résolu-tions de crises, de l’instantanéité. « Paroù ça marche » est donc plus énigma-tique.

Comment les pièces dialoguent-elles ?I.G. : Les comédiens passant d’un rôleà un autre dans une scénographieunique, des résonances charnelles secréent naturellement. Il y a, aussi, desfigures récurrentes comme la folie, laprésence du feu, les difficultés des personnages – « ça » échappe sanscesse –, ou la musique, qui traverseles pièces et les lie. Formellementdans l’écriture des choses circulent,dans les accidents, les difficultés queles personnages ont parfois à maîtriserleur propre langue, dans la façon dontcelle-ci les dirige, ou dans les contre-emplois lexicaux. Avec le travail au

plateau des choses s’inventent, et undialogue se crée parfois involontaire-ment. Mais chacune des pièces existeindépendamment et ce qu’elles tissentensemble, c’est aussi ce pourquoi nousmontons ce spectacle : pour voir...

La scénographe Muriel Trembleauévoque un décor offrant un « grosplan cinématographique », c’est-à-dire ?I.G. : L’espace doit être simple, c’estune machine à jouer. Muriel Trembleaua travaillé sur un espace à dimensionréduite et des échelles trafiquées, lascénographie accentuant un effet deproximité. Trois idées se superposent :celle du gros plan cinématographique ;du dispositif expérimental où onobserve comme avec un vivarium ; oudu castelet. La première publicationdes textes de Courteline était intituléeLes Marionnettes de la vie et cette dimen-sion marionnettique se retrouve dansle traitement de l’espace, du burlesqueet dans le travestissement des comé-diens. Le spectacle devant tourner dansdes lieux peu équipés, nous avons aussila contrainte d’être autonomes techni-quement. Après, si les idées et lescontraintes travaillent ensemble, nousne sommes pas obligés de tous voir lamême chose au même moment.

Propos recueillis par C. C.

Ivan Grinberg (1961, Bruxelles)

Auteur et metteur en scène (L’Entretiensur la proposition, 1989, Le Souverainfou de Hervé Péjaudier, avec FrançoisChattot (1991), il crée avec le compo -siteur Marc-Olivier Dupin un opérade chambre d’après Kleist, MichaelKohlhass (1999) et publie Un Épisodedu monde moderne (2001). Pour DamienBouvet, il écrit et met en scène Ministre(Théâtre en mai 2009) et Taboularaza(2010).Pour les enfants, il crée des spectaclesmusicaux, La Reine des Gourdes (1991),La Pension du Diable (1993), LaMachine (2003), Robert le Cochon(2005), La Princesse Kofoni (2007).Depuis 2008, il est secrétaire généraldu Théâtre Dijon Bourgogne. Parallèle-ment chercheur en histoire, il publieen 2003 L’Aluminium, un si léger métal(Découvertes).

Écrites entre 1896 et 1906, Théodore cherche des allumettes, Le Droit auxétrennes, Les Boulingrin, Le Petit malade et Les Mentons bleus - scènes de la vie decabots sont interprétées par Damien Bouvet, Stéphan Castang, François Chattotet Marion Lubat, les comédiens traversant la vingtaine de personnages et unemultiplicité d’univers. Au sujet de ceux-ci, et s’essayant à une rapide descrip-tion des pièces, Ivan Grinberg explique : « Dans Théodore cherche des allumettes,le fait que la pièce se passe dans le noir pose des questions formelles riches.Le Droit aux étrennes débute de façon naturaliste avant de se terminer dans unfantastique à la Edgar Poe et la fluidité des genres est intéressante. Les Boulingrin a une structure de farce, il y a une énergie, une violence, une indif-férence à la psychologie qui est joyeuse et excitante. Le Petit malade estune pièce courtissime dont l’écriture a à voir avec le dessin humoristique, uneimage racontant tout. Quant aux Mentons bleus, c’est différent : les personnagessont des acteurs et Courteline a une histoire personnelle avec les acteurs.Il a baigné enfant dans cet univers et a aussi beaucoup joué ses pièces. La pièceoffre une belle réflexion sur le théâtre et c’est sans doute la plus mélancoliquedes cinq. »

FOLIE COURTELINE LES MARIONNETTES DE LA VIE

de Georges Courtelinem.e.s. Ivan Grinberg

du mar 16 au sam 20/10Salle Jacques Fornier

du mar 6 au ven 23/11en Tournée-Tréteaux en Bourgogne

(détail p. 11)

du mar 11 au sam 15/12Parvis Saint-Jean

Georges Courteline(1858, Tours – 1929, Paris)

Fils du chroniqueur, humoriste etécrivain Jules Moinaux, Courtelineembrasse très tôt une carrière d’écrivainqu’il mène pendant longtemps parallèle-ment à un poste d’employé dans la fonction publique. Créateur de la revuede poésie Paris moderne, il devient dès1883 chroniqueur dans divers journaux,où il donne libre court à sa vervesatirique et s’amuse à traquer l’idiotie.Ce n’est qu’en 1891, une fois sa réputa-tion de romancier et de conteur faitequ’il commence à écrire du théâtre.Assez rapidement reconnu, ces piècesétant montées aussi bien à la Comédie-Française qu’au Théâtre du Grand-Guignol, Courteline reçoit en 1889 lalégion d’honneur pour son œuvre, et estadmis à l’Académie Goncourt en 1926.

Marion Lubat et François Chattot dans Théodore cherche des allumettes (répétition) © V. Arbelet

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Janvier 2007 Arrivée de François Chattot à la tête duCDN pour succéder au metteuren scène Robert Cantarella.Au nombre de ses objectifs :renouer un lien distendu entrele Théâtre Dijon Bourgogne etson territoire. Février 2007 Première créa-tion en France de Music-hall 56de John Osborne. Mise enscène par Irène Bonnaud cettepièce, interprétée en 1957 parSir Laurence Olivier, est la première production du TDBère Chattot et signale la posi-tion défendue par ce dernier :celle d’un acteur-directeur dirigeant le théâtre depuis le plateau.Juin 2007 Création d’UneConfrérie de farceurs, spectaclede farces du Moyen-Âge jouées

par une troupe mêlant comé-diens bourguignons et mem-bres de la Comédie-Française(où François Chattot a été pen-sionnaire de 2004 à 2006).Après des représentations enplein air à Dijon, la Confrériepart en tournée-tréteaux enBourgogne, pour jouer surles parvis des églises. Mars 2008 Le Prince travestide Marivaux mis en scènepar Irène Bonnaud voit le jourà Luzy dans la Nièvre, avantde clore sa tournée au ParvisSaint-Jean.Mai 2008 Redevenu « Théâtreen mai », le festival porté parle CDN dédie son édition 2008au clown, affirmant la néces-sité du théâtre de s’ouvrir auxarts dits mineurs. Novembre 2008 Créationd’En manteau rouge, le matintraverse la rosée qui sur sonchemin parait du sang. Pluscommunément désigné commele Cabaret Hamlet, ce spectacledans lequel François Chattotâgé de 55 ans joue Hamlet,est mis en scène par Matthias Langhoff. Été 2009 Clôturant une saisonde compagnonnage avec lacompagnie S.F. et le metteur enscène Sébastien Foutoyet, LePetit cirque des tribuns part entournée-tréteaux. Un spectacleréunissant les S.F. et François

Chattot pour une pérégrinationthéâtrale en mobylettes.Mai 2010 Théâtre en maiouvre un cycle Récits-racines.Programmation polyglotte, ac -cueil de vieux maîtres et dejeunes collectifs issus d’écolesde théâtre en partenariat avecle Jeune théâtre national, lefestival ouvre sa program -mation aux théâtres du monde. Juillet 2010 Après quatre-vingt représentations en Franceet à l’étranger, un passage auThéâtre national de l’Odéonà Paris, le Cabaret Hamletmis en scène par Matthias Langhoff termine sa tournéeà Almada au Portugal.

Janvier 2011 Création deQue faire ? (le retour) misen scène par Benoît Lambertet interprété par FrançoisChattot et Martine Scham-bacher. Le spectacle réalisesoixante et onze représen -tations en 2010-2011, enFrance et au Portugal.Mai 2011 Lors de Théâtre enmai 2011, création à Saussy,sous un manège équestrehors-normes, d’À quoi rêvent

les chevaux la nuit pour être sipeureux le jour, spectacle de laCompagnie des gens.Novembre 2011 RéunissantPierre Meunier, Pierre-YvesChapalain et François Chattot,Du Fond des gorges explore lespossibilités du langage sousune montagne de pneus et dechambres à air. Mai 2012 Dernier opus deThéâtre en mai et création d’Etsi on s’y mettait tous ! L’Art defaire de la vérité une armemaniable, projet réunissantdans un camion de marchéles bateleurs politiques et poé-tiques Martine Schambacher,Christian Jehannin, Jean-LouisHourdin et François Chattot. Octobre 2012 Ivan Grinbergcrée Folie Courteline - Lesmarionnettes de la vie, spec -tacle explorant dans cinqcourtes pièces l’univers lit -téraire aux marges du vaude-ville de Georges Courteline.Décembre 2012 À quelquesjours de son départ du TDB,François Chattot fait l’acteurdans trois spectacles : Quartettd’Heiner Müller mis en scènepar Matthias Langhoff, FolieCourteline ; Que faire ? (leretour) mis en scène par BenoîtLambert. Cette dernière créa-tion repartira en tournée pourune soixantaine de dates dejanvier à juin 2013.

Alors que François Chattot s’apprête à redevenir comédien à temps plein, découvrezdans ce supplément les grandes étapes et les temps forts de ses deux mandats. Outre unparcours chronologique et subjectif à travers six années de théâtre (ci-dessous), ce Passagedu Funambule propose une balade thématique retraçant les différents axes développés(pages 6 et 7), et se clôt sur le regard de François Chattot, acteur et – encore – directeurdu Théâtre Dijon Bourgogne pour quelques semaines (page 8).

F. Chattot était Archie dans Music-Hall 56 © V. A.

Une Confrèrie de farceurs fait étape à Pernand-Vergelesses © V. A.

Le Funambule entre les deux tours du Parvis © V. A.

F. Chattot et M. Schambacher dans Que faire ?(le retour) © V. A.

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Lorsqu’il prend la tête du Théâtre Dijon Bourgogne le 1er janvier 2007,François Chattot porte avec lui un projet fédérateur. Intitulé « Ensemble »,ayant comme devise de « n’oublier personne » – « ni la beauté ni le malheurdu monde » –, tout en travaillant à un fructueux mélange des formes, leprojet va impulser rythme et caractère à toutes les actions développées parles équipes du TDB. Petit panorama d’une dénomination devenue réalité.

Présentes dès 2007, les tournées-tréteaux occupentune place forte dans la mise en œuvre du projet : « His-toriquement l’histoire du TDB est liée au fait de partirjouer sur les routes. » Première de toutes, la tournéede La Confrérie de farceurs réalisée en collaborationavec la Comédie-Française ramène ainsi le CDN « à lasource de l’itinérance et de la décentralisation », tout enposant des jalons pour les saisons à venir. Par la suite,ce sont deux à trois spectacles par saison qui prennentla clé des champs, le TDB tissant avec certaines col -lectivités des liens au long cours. Ainsi de Luzy, ville deNièvre qui, après avoir accueilli « en résidence quinzejours l’équipe du Prince travesti et la création du spec-tacle, sera de toutes les tournées-tréteaux. » Dernièrenouveauté des tournées, la mise en place de représenta-tions à destination des publics scolaires, afin de faciliterpour les élèves la découverte de spectacles.

Des créationscomme s’il en pleuvaitComme il l’est notifié dans leur missionde création théâtrale dramatique d’in-térêt public, les centres dramatiquesnationaux doivent accompagner la nais-sance de spectacles, que ce soit par lebiais de productions ou de coproduc-tions. Durant les six années de l’èreChattot, ce sont quarante-quatre spec-

tacles et un temps fort (cycle Dehorsconsacré à Yves Chaudouët) qui voientle jour grâce au soutien du CDN. Parmiceux-ci et comme l’explique FrançoisChattot, « cela va des formes les plus sim-ples type Holderlin’s Bar, spectacle quitient dans une valise – c’est un théâtre dubricolage, de l’assemblage », aux grossesmachines réunissant une cinquantainede personnes comme le Hamlet-Cabaretmis en scène par Matthias Langhoff.« Là, le fait que j’interprète Hamlet a unsens important. Je suis au plateau,je répète et joue, mais demeure aussi le

directeur, et c’est depuis le plateau queje dirige ce théâtre. À ce moment-là, toutela maison est derrière moi, travaillant àla création du spectacle. » Des créationsextrêmement variées dans leur formeet leur esthétique, Chattot étantconvaincu que « le théâtre n’est jamaisune chose uniforme et il faut qu’une saisonoffre aussi des ruptures, des cassures.Pour ma part je trouve plus intéressant deproposer et d’aider des spectacles qu’onvoit peu, de favoriser ce que j’appelle lemélange des genres, mélange des gens. »

Les tournées-tréteaux, aux sources du CDN

Paul Cox, le théâtre en imagesC’est à l’occasion du festival Théâtreen mai 2009 que Paul Cox débarquedans l’univers graphique du ThéâtreDijon Bourgogne. Jusqu’alors les outilsde communication du théâtre ont tra-versé des phases successives, passantde l’utilisation d’un rouge et noir austère et sans photographies à unearrivée progressive d’images et de couleurs. Mais avec le graphiste, illus-trateur, concepteur de logos et plasti-cien Cox, c’est un univers ludique etcoloré assumé qui s’installe, traverséde références à l’histoire de l’art età l’imagerie populaire – des imagesd’Épinal aux images russes. Au fil dessaisons et des festivals, l’œuvre dePaul Cox se déploie, permettant auTDB d’acquérir une identité graphiqueforte, rapidement identifiable, tout enrevendiquant une cohérence dans lasaison. Parmi ses réalisations, la créa-tion du Funambule, personnage hautperché sur les toits du Parvis Saint-Jean, résonne comme un manifestepour un théâtre où la lisibilité n’em-pêche pas la richesse de sens.

J.-M. Stehlé, F. Chattot, E. Wion dans le Cabaret Hamlet de Matthias Langhoff 2008 © V. Arbelet

Romain Nieddu, François Chattot, Ingrid Reveniault, Julien Colombet, Stéphanie Miroy, Sébastien Foutoyet L’équipe du Petit Cirque des Tribuns en route pour la tournée-tréteaux © V. Arbelet

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Accompagner les compagniesrégionalesComme François Chattot le précise, « travailler avecles compagnies régionales fait partie du contrat de décentralisation. Il faut que l’outil – les bâtiments, leséquipes, les matériels – soit prêté au plus grand nombre.Après, si cela est écrit, c’est à chacun de construire la possibilité d’utilisation de l’outil. Avec Mireille Brunetla directrice adjointe, nous avons voulu très tôt offrircette possibilité aux compagnies bourguignonnes, en lesaccueillant et les accompagnant. » Ainsi, d’Idem Col -lectif à la Compagnie des Gens, des S.F. emmenés parSébastien Foutoyet à l’équipe de L’Oreille Interne enpassant par le Grenier Neuf ou le collectif 7’, diversescompagnies bourguignonnes ont été épaulées parle TDB. Aides à la tournée en région, soutien à la production, ou association au théâtre durant unesaison sont les formes plurielles du soutien engagé.La démarche permettant, aussi, de « donner à voirau public du TDB la richesse de la création théâtrale bourguignonne. »

La formation en actes Si le Centre dramatique national a pour mission principale la création et l’accueil de spectacles, le théâtre demeure un lieu d’apprentissage et de trans-mission. Pour ce faire le TDB propose des formationsaux multiples visages, certaines relevant de sa seuleinitiative tandis que d’autres répondent à des missionsd’éducation et s’élaborent en partenariat avec d’autresacteurs (qu’ils soient éducatifs, sociaux, ou culturels).Touchant un public amateur ou professionnel, adulteou enfant, ces formations ont pour point communde revendiquer l’idée d’un théâtre comme moyend’émancipation de l’individu. Occasions, aussi, d’ap-procher selon leurs axes les dessous du théâtre,de saisir les enjeux des spectacles programmés,de découvrir la pléiade de métiers ou d’explorer desunivers artistiques singuliers.

Les partenariats,cheville ouvrièred’EnsembleLorsque François Chattot évoque les partenariats,l’homme est d’abord mi-figue, mi-raisin : « les chosesn’ont au début pas été simples... », avant d’ajouterplus serein : « mais aujourd’hui, on peut dire que lagreffe a pris ! » « La greffe », c’est le désir du directeuret de son équipe d’avoir un théâtre lié à son territoire,à ses acteurs et en prise directe avec la cité.Conscient de l’intérêt des partenariats « pour l’oxy -génation des structures, pour la circulation des publics »,tout comme pour la mutualisation des moyens, leTDB a entre pris d’initier avec divers interlocuteursassociatifs dijon nais et bourguignons des accueils despectacles partagés, des créations, voire des projetséducatifs communs. Après six années aux fortunesdiverses, le CDN affiche un bilan positif de la mise enœuvre de partenariats. Suffit, pour s’en convaincre,de jeter un œil à la plaquette de la saison 12-13,où une quinzaine de structures culturelles travaillenten collaboration avec le CDN...

La force du festival Aussi étonnant que cela puisse paraître, la pérennitédu festival n’était pas acquise lors de l’arrivée de François Chattot. Comme il s’en souvient, « c’estlorsque nous avons saisi l’attachement de l’équipeà la manifestation, tout comme la mémoire forte liéeà l’événement dans la ville, que nous avons décidé dele conserver ». D’une première édition très sobrementintitulée « Le Festival » à une mouture 2008 entière-ment dédiée aux clowns, le festival accède en 2009à sa forme actuelle. Ayant retrouvé son nom histo-rique de Théâtre en mai, la manifestation joue depuisla carte de l’éclectisme, et mêle aux compagnies étrangères les jeunes collectifs, aux vieux maîtresde théâtre les compagnies régionales. Ainsi, en six éditions, le festival a accueilli 96 spectacles jouéspar des compagnies venues de 18 pays différents(Argentine, Belgique, Biélorussie, Chili, Congo, Corée,Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Grande-Bretagne, Hongrie, Israël, Italie, Lituanie, Ouzbekis-tan, Suisse, Ukraine), réunissant au total 38 000 spectateurs.

Éphéméride 2007-2012 Le funambule du ParvisEnsemble, six années au Théâtre Dijon Bourgogne

Avec le départ de François Chattot le 31/12/12, une nouvelle périodes’ouvre en 2013 pour le Centre dramatique qui accueillera une nou-velle direction, un nouveau projet porté par le metteur en scène Benoît Lambert. Ce changement est l’occasion de jeter un regard rétrospectifsur ces années qui ont vécu au rythme du projet « Ensemble ».« Ensemble », ce sont des créations, de tous formats et d’esthétiquesdiverses, des expérimentations, des rencontres, des disputes, des tour-nées… C’est de cet éphémère, dont les traces s’effacent avec lamémoire de ses acteurs et spectateurs, dont ce livre veut témoigner.En offrant des matériaux utiles sur la façon dont se fabrique le théâtre,

dans une alchimie toujours changeante entre les désirs et le réel ils’adresse à tous, spectateurs, artistes, partenaires, enseignants, relais,équipes du théâtre. La colonne vertébrale de ce livre, ce sont les spec-tacles dont le TDB a été l’artisan, mis en perspective par François Chat-tot et mis en images par Vincent Arbelet, Paul Cox et d’autres. À l’in-térieur se croisent récits, documents, témoignages et analyse,coordonnés par Caroline Châtelet. Ce livre vous intéresse ? Vous voulez contribuer à le fairenaître ? Acquérir un exemplaire numéroté d’une édition limitéeà trois cents ? Bénéficier d’un tarif privilégié ? Participez dèsmaintenant à la souscription lancée par le TDB.

(le bulletin de souscription à retourner complété au Théâtre Dijon Bourgogne 23 rue courtepée 21000 Dijon, se trouve au recto de cette page)

Au cœur de la Tour vagabonde pendant Théâtre en mai 2011 © V. Arbelet

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Vous vous apprêtez à quitterla direction du Théâtre DijonBourgogne. Quel est votre sentiment aujourd’hui ? François Chattot : Dans la gestion dulieu, j’ai toujours appelé et considérél’équipe permanente, administrative ettechnique, comme une troupe. Lorsqueje suis arrivé, elle était déjà là, et montravail a consisté à la renforcer.Aujourd’hui, cette troupe existe vrai-ment, mais elle a besoin d’un metteuren scène à sa tête. De quelqu’un de plusjeune, aussi, qui puisse accueillir uneautre génération d’acteurs, d’auteurs,de metteurs en scène. De gros change-ments – concernant les deux sallesnotamment – risquent d’avoir lieu dansles années qui viennent et desréflexions sont à entamer sur diverspoints comme la permanence artistique,la formation. C’est le moment pourmener ces réflexions, il est importantqu’elles soient portées par une nouvelleéquipe.

Quel bilan tirez-vous artistiquementde ces deux mandats ?F. C. : Personnellement, j’ai travaillé leCentre dramatique national comme unCDN en marge. C’était un choix. Et sibeaucoup de spectacles tournant dansles autres Centres dramatiques enFrance ne passaient pas forcément parDijon, beaucoup de spectacles qui ontjoué là ne sont passés dans aucunautre. Au-delà des questions esthé-tiques, cela renvoie à l’idée d’un « Salon

des Refusés » – qui a d’ailleurs failliêtre le nom de mon projet – et aussidivers soient les spectacles program-més, le point commun à certains d’entreeux est qu’ils avaient besoin de nous.Durant six années, nous avons travailléaux retrouvailles entre la maison et sonpublic, et la nouvelle direction quiarrive, tout en continuant à favoriserces retrouvailles, va les faire accéder àun palier supplémentaire, via une inté-gration plus forte dans le réseau descentres dramatiques nationaux.

Benoît Lambert est nommé pourvous succéder. Que vous inspirecette nouvelle ?F. C. : C’est important, car Benoît Lambert ne postulait pas à un CDN« en général ». Ayant commencé à travailler ici il connaît bien le terrain,la région. Il est sensible au théâtre clas-sique et aux auteurs contemporains, aà la fois un ancrage profond et immédiatsur le territoire, et une notoriété natio-nale, ses spectacles tournant partout enFrance. J’ai le sentiment d’avoir, enquelque sorte, posé les bases de lafusée et que lui va pouvoir la fairedécoller. Étant plus jeune, son arrivéesignifie aussi qu’il va faire venir dusang neuf, que de nouvelles personnesvont trouver leur place. J’ai fait deschoix, il est important qu’il en fassed’autres. Mais il y a un vrai passage derelais et, me concernant, ce n’est quedu bonheur.

Propos recueillis par C. C.

PASSER LE RELAISAu 1er janvier 2013, François Chattot va retournerentièrement à son métier d’acteur. À quelquessemaines de son départ, le moment s’avèrepropice pour jeter un regard sur ces six annéespassées à la tête du Théâtre Dijon Bourgogne.

F. Chattot dans Music-Hall 56 © V. Arbelet

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Éphéméride 2007-2012 Le funambule du ParvisEnsemble, six années au Théâtre Dijon Bourgogne

En souscrivant avant le 1er décembre 2012, vous contribuez à la publication d’Éphéméride 2007-2012et bénéficiez d’un tarif préférentiel de 15 € (frais d’expédition offerts)au lieu de 20 € (prix de vente public hors frais d’expédition)

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NU COMME UN VERSAprès les saillies autant politiques que poétiquesdes saisons passées, Jean-Louis Hourdin créeJean la Chance, pièce puzzle de Bertolt Brecht.Et Hourdin de creuser son sillon avec une fablepopulaire où le dépouillement est l’une desvaleurs en usage. Rencontre avecun homme de théâtre toujours étonné.

Comment pourrait-on définirle héros de Jean la Chance ?Jean-Louis Hourdin : C’est un person-nage qui traverse tout d’une façonéblouie. Il trouve des explications àceux qui le maltraitent, le dépouillent,le pillent. Il ne voit le mal nulle part.J’ai l’impression que chacun d’entrenous aimerait être ça. Le spectateurest obligé de se dire que tout cela n’estpas vrai, que le chœur des escrocs nepeut pas le dépouiller à ce point-là.Jean, lui, pense que si on lui fait ceci,c’est parce qu’on a été très malheureux.Il dit cette phrase magnifique : « Ceux-là n’ont pas oublié qu’ils ont eu beaucoupde malheur. »

Est-ce l’étonnement que vous comptez provoquer en premierchez le spectateur ?J.-L. H. : J’espère pouvoir partagermon étonnement face à Jean. J’ai enviede cette naïveté, c’est un frère commej’aimerais être, au moins à la fin de lapièce. Les autres personnages ont deshabits ou une idéologie, lui traverse lafable presque nu. Dans un premier mouvement de distanciation primitif,le spectateur le jugera comme fou. J’espère que dans le même moment ilreconsidérera les traders qui trichentsur les taux interbancaires pour se fairedes milliards de bénéfices. Cela fait deJean la Chance une fable d’aujourd’hui,un conte pour enfants éminemment politique.

Cette pièce est faite de phrasestrès courtes et puissantes.Comment diriger les comédiensdans cette rapidité ?J.-L. H. : C’est l’un des vrais secretspossibles au théâtre. Il n’y a pas de présupposés psychologiques : ce qui estdit l’est dans l’instant. Ce n’est pas dunaturalisme, c’est un jeu d’archétype.Par exemple, si on prend le personnagede Jeanne, épouse de Jean, le séducteurde bazar lui apprend des choses queJean ne lui offrait pas et nous, nousvoyons que c’est un séducteur de bas-tringue face à une paysanne. Mais lecomédien, lui, doit jouer la découvertedu monde en même temps que son personnage la réalise. Il fait cela avecimmédiateté, sans bâtir toute une psychologie autour.

Quelles pistes musicales avez-vous tracées avant le débutdes répétitions mi-octobre ?J.-L. H. : La musique va nous servir àpasser d’une scène à l’autre avec lechœur des escrocs, qui arrachent peu àpeu les peaux de Jean. J’ai envie que cesoit un chœur de comédiens-chanteursavec un protagoniste qui dira les didas-calies. Mais tout cela je ne le verraiqu’en commençant les répétitions.

Quelle puissance ce conte populairegarde-t-il aujourd’hui ?J.-L. H. : Le dépouillement. Ça me faitpenser à un petit poème de l’auteurcontemporain Eugène Durif qui dit : « lecœur lui aussi n’est plus devenu que del’os (…) On nous a tout enlevé mes-dames messieurs. » Je crois qu’on conti-nue à vivre comme si on ne nousdépouillait pas alors que c’est ce qui sepasse à tous les niveaux. Brecht, mêmes’il renie cette pièce en parlant d’œufpourri, apporte une modernité formida-ble au conte de Grimm avec les escrocs.C’est pour cela que je veux en faire unchœur. Pour moi, c’est exactement lafable d’aujourd’hui. On doit pouvoir êtreà la fois séduit par la naïveté de Jean etscandalisé qu’il traverse tout cela lafleur à la bouche. Il faut aimer Jeanparce que c’est un frère, et son person-nage représente la communauté.

Propos recueillis par G. M.

Jean-Louis Hourdin (Héricy, 1944)

Formé au Théâtre national de Strasbourg, fondateur en 1976 avec ArletteChosson du GRAT (Groupe d’action théâtrale et culturelle), Jean-Louis Hourdina mis en scène plus de trente spectacles joués en France et à l’étranger.Initiateur en 1979 avec Olivier Perrier et Jean-Paul Wenzel des Fédérés – projetalliant à la conscience politique un esprit populaire et une exigence poétique –Hourdin continue aujourd’hui sa double activité de création et de transmission,notamment à travers la Maison Jacques Copeau à Pernand-Vergelesses. AuTDB il a participé récemment aux créations de Très nombreux, chacun seulet Et si on s’y mettait tous ! L’Art de faire de la vérité une arme maniable.

L’histoireHéros naïf et heureux, Jean échange sa femme contre une ferme puis sa fermecontre une charrette, puis cette charrette contre un manège… Passant de mainen main, il se fait peu à peu déposséder de tout ce qu’il a, sans que rien nesemble entamer son humeur, son attention à autrui et son contentement d’êtreau monde. Dans cette pièce de jeunesse inachevée de Brecht et inspirée d’unconte populaire des frères Grimm, tout devient objet d’échange sans aucunehiérarchie de valeurs.

JEAN LA CHANCEde Bertolt Brecht

texte français de Marielle Silhouette et Bernard Banoun

chef de troupe Jean-Louis Hourdindu mar 27/11 au sam 1er/12

en semaine à 20h et sam à 17hParvis Saint-Jean

Un chef de troupe en scène ?Jean-Louis Hourdin serevendique chef de troupeet non metteur en scène :« Un metteur en scène arriveà anticiper ce qu’il veut cadreren scène, moi non. Je ne peuxréfléchir qu’avec le corps vivantdes acteurs. Les répétitions consistent à nous mettre d’ac-cord pour que le jour de la première nous sachions tousl’histoire que nous racontonsensemble. Une troupe, c’estun ensemble qui réfléchit à unpoème pour le partager avecle public. »

Jean-Louis Hourdin © DR

Bertolt Brecht (1898, Augsbourg – 1956, Berlin)

Auteur, poète et metteur en scène allemand considéré comme l’un des plusgrands auteurs de théâtre du XXe siècle, Bertolt Brecht défend la conception d’unthéâtre «épique», défini par sa fonction sociale et politique. Issu d’une famillebourgeoise, étudiant à la faculté de lettres et de médecine avant d’être mobilisécomme infirmier en 1918, il devient dès les années 1920 un auteur célèbre, sespièces d’une brûlante actualité reflétant son esprit de révolte. Contraint à l’exilen 1933 en raison de ses convictions marxistes et anti-nazies, il rejoint les États-Unis. De retour en 1948 à Berlin-Est, il fonde avec son épouse la comédienneHelene Weigel la troupe théâtrale du Berliner Ensemble.

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On ne le dira jamais assez : chaque spectaclesoutenu par le Théâtre Dijon Bourgognel’est en raison d’une histoire propre et singu-

lière. Fidélités souterraines, rencontres fructueuseset convictions communes fortes s’entremêlent àchaque fois, amenant le Centre dramatique nationalà accompagner la naissance de six spectacles paran en moyenne. Cette saison, l’une des créationscoproduites par le TDB a un statut particulier,puisqu’elle marque aussi l’arrivée d’une nouvelleéquipe théâtrale en Bourgogne. Retour sur les origines de ce compagnonnage.

Et si c’était à Théâtre en mai que toutcommençait ?C’est lors de l’édition 2011 du festival que tout débuteen effet. Prolongeant son axe de programmation quimêle à des compagnies aguerries de jeunes troupes,le TDB réunit trois équipes issues de deux écolesnationales de théâtre. Tandis que Marine de Missolzsortie de l’école d’acteurs du Théâtre National de Bretagne à Rennes présente La Triste désincarnationd’Angie la jolie, deux équipes de l’École du Théâtrenational de Strasbourg proposent chacune un specta-cle : Un Conte d’hiver de Shakespeare mis en scènepar Pauline Ringeade et Funérailles d’hiver d’HanokhLevin créé par la compagnie Drôle de Bizarre. Née en2009 et réunissant des élèves des promotions 37, 38et 39 de l’école du TNS, cette équipe est emmenée parla comédienne et metteuse en scène Maëlle Poésy.Comme celle-ci s’en souvient : « Funérailles d’Hiver aété monté dans le cadre de notre formation au TNS.Lorsque nous l’avons présenté à Dijon, nous n’ima -ginions absolument pas qu’il y aurait des suites. »

Pourtant, celles-ci se mettent rapidement en place.« Il y a d’abord eu la rencontre avec les équipes duTDB pendant Théâtre en mai, qui a été très impor-tante en terme de conditions d’accueil et de généro-sité. Alors que tout le monde te prévient en te disant« ça va être dur », le festival s’est révélé un momentvéritablement porteur. Ensuite, le directeur de l’Es-pace des Arts de Chalon-sur-Saône Philippe Buquet aaccepté de soutenir notre prochaine production. Desreprésentants des tutelles étant également intéresséspar notre travail et le TDB acceptant de suivre, touts’est très vite mis en place. » Ce que ce « tout »emporte, c’est autant l’accompagnement de la com-pagnie Drôle de Bizarre pour sa nouvelle création quedes aides substantielles pour son installation enrégion Bourgogne. Une proposition inattendue pourMaëlle Poésy, « c’est génial, jamais je n’aurais penséque le festival déclenche tout cela », qui permet aussi

à la jeune metteuse en scène d’affirmer ses convic-tions. « Si j’ai décidé de faire ce métier, c’est parceque le travail artistique permet de questionner l’hu-main. Les projets développés sans contact ni confron-tation avec un territoire et ses interlocuteurs ne m’in-téressent pas. Aujourd’hui les rapports deviennentsouvent trop économiques et Théâtre en mai m’apermis de découvrir que l’envie que j’ai du théâtre estencore possible. » Jusqu’alors implantée en Île-de-France, sans que cela « ne corresponde à aucune réa-lité artistique », la compagnie Drôle de Bizarre s’ins-talle donc à Dijon, « là où un dialogue existe »,abordant une nouvelle phase de son histoire.

Continuité artistiqueCette implantation offre à Drôle de Bizarre la possibi-lité à la compagnie, via l’engagement d’autres insti-tutions culturelles, de mener à bien la création de Pur-gatoire à Ingolstadt. Écrite en 1924, cette pièce deMarieluise Fleisser, compagne dans les années 1920de Bertolt Brecht, se penche sur le parcours d’ungroupe de jeunes au début du XXe siècle dans unepetite ville de Bavière. Pulsions, désirs, jeux enfan-tins, amitiés assassines et colères radicales alternentau sein d’une bande en proie à des interrogations surson avenir. Une pièce étrange, où derrière la demi-naï-veté affleure déjà toute la violence du monde adulte.Relativement peu montée en France, la pièce permetaussi à Maëlle Poésy de creuser son sillon : « Funé-railles d’Hiver était déjà traversée de ces interroga-tions sur la solitude, le rapport au groupe et les choixque l’on fait. Ces questions de comment, où trouversa liberté, comment se conforme-t-on ou se détache-t-on de son éducation pour construire sa propre iden-tité, son parcours, me passionnent. Dans Purgatoirecela passe plus par une violence réprimée que j’essaiede travailler avec les comédiens. Un corps qui ne soitjamais relâché, toujours dans une tension. Il y aquelque chose d’extrêmement contenu, qui fait quelorsque la violence et la cruauté apparaissent ellessont énormes. Ressentant cela dans notre générationet trouvant très agressif ce mur que l’on nous donneà voir, cette absence d’utopies et d’espoirs, la piècem’intéressait. Purgatoire trouve beaucoup d’échosdans l’actualité, notamment dans les mouvements dereplis – identitaires, religieux ou nationaux – que sus-citent les crises actuelles. » Occasion pour l’équipe de« s’interroger sur la société contemporaine », et defaire partager ses questionnements, Purgatoire àIngolstadt sera créé en décembre à l’Espace des artsde Chalon-sur-Saône, avant son passage à Dijondébut 2013.

Propos recueillis par C. C.

TOUTE PREMIÈRE FOIS À l’occasion de l’implantation en Bourgogne de la compagnie Drôle deBizarre emmenée par Maëlle Poésy, le TDB accompagne et accueille lacréation de Purgatoire à Ingolstadt, pièce troublante de Marieluise Fleisser.

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PURGATOIRE À INGOLSTADTde Marieluise Fleisser

mise en scène Maëlle Poésydu mer 9 au ven 11 janvier

Salle Jacques Fornier

L’équipe de création de passage à Dijon © Vincent Arbelet

Premières répétitions au Parvis © Vincent Arbelet

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OCTOBREmar 16 FOLIE COURTELINE

sam 20 LES MARIONNETTES DE LA VIEsalle J. Fornier Création de Georges Courteline mise en scène Ivan Grinberg

NOVEMBREmar 13 ONZIÈME

sam 17 Théâtre du Radeausalle J. Fornier mise en scène et scénographie François Tanguy

lun 19 VISITE DANS LE DÉCOR 18h>19h du spectacle Jean la chanceParvis St-Jean Entrée libre sur réservation au 03 80 30 12 12 jeu 22 RÉPÉTITION OUVERTE 18h>19h du spectacle Jean la chanceParvis St-Jean Entrée libre sur réservation au 03 80 30 12 12

sam 24 LE POÈTE COMME BOXEUR 17h montage de textes inédits salle J. Fornier de Kateb Yacine mise en scène Kheireddine Lardjam

dim 25 CABARET NEW BURLESQUE 18h direction artistique Grand Théâtre Kitty Hartl

mar 27 JEAN LA CHANCEsam 1er Création

Parvis St-Jean de Bertolt Brecht chef de troupe Jean-Louis Hourdin

DÉCEMBREven 7 QUARTETT sam 8 de Heiner MüllerParvis St-Jean mise en scène Matthias Langhoff

mar 11 FOLIE COURTELINEsam 15 LES MARIONNETTES DE LA VIE

Parvis St-Jean de Georges Courteline mise en scène Ivan Grinberg

jeu 13 VISITE TACTILE DU DÉCOR18h ET AUDIODESCRIPTION Parvis St-Jean du spectacle Folie Courteline Entrée libre sur réservation au 03 80 30 12 12

mar 29 QUE FAIRE ? (LE RETOUR)lun 31 de Jean-Charles Massera,

salle J. Fornier Benoît Lambert & Guests... mise en scène Benoît Lambert

JANVIERART DANSE, LE FESTIVALArt Danse, Centre de développement chorégraphiqueDijon Bourgogne organise du mar 8 janvier ausam 2 février un festival consacré à la créationcontemporaine. Cette année la parole est donnéeaux chorégraphes au travers de neuf spectaclesaccueillis en partenariat avec le TDB.

mar 8 SOIRÉE DE PRÉSENTATION18h30 FESTIVAL ART DANSEParvis St-Jean

mar 8 REGARDE MAMAN, JE DANSE 20h texte et interprétation Vanessa Van DurmeParvis St-Jean mise en scène Frank Van Laecke sam 12 DE L’ÉCRIT À LA SCÈNE 14h30 L’Histoire de la danse en dix datesParvis St-Jean par Véronique Mathiaut

ven 25 UNE HYPOTHÈSE salle J. Fornier DE RÉINTERPRÉTATION conception et interprétation Rita Quaglia en collaboration avec Loïc Touzé

dim 27 LA CARYATIDE, 11h EN MOUVEMENT (conférence)salle J. Fornier suivie du duo À LA GAUCHE DE L’ESPACE chorégraphie Daniel Dobbels avec Marine Chesnais et Carole Quettier

dim 27 CETTE DANSE « QUI N’A PAS15h ENCORE COMMENCÉ salle J. Fornier À EXISTER » (conférence) suivie du solo UN SON ÉTRANGE chorégraphie Daniel Dobbels, avec Adrien Dantou texte Van Gogh, le Suicidé de la société de Antonin Artaud, lu par Alain Cuny

mer 30 WASLA (SOLO), CE QUI RELIE 20h chorégraphie Héla Fattoumi salle J. Fornier et Eric Lamoureux

suivi de C’EST MÊME PAS VRAI chorégraphie et texte Carlotta Sagna et Jone San Martin

mer 9 PURGATOIRE À INGOLSTADT ven 11 de Marieluise Fleisser

20h mise en scène Maëlle Poésysalle J. Fornier

sam 19 SÉRÉNADES 20h Richard Strauss, Mozart, Patrice CaratiniParvis St-Jean avec l’Orchestre Dijon Bourgogne

sam 19 CLEFS D’ÉCOUTE 18h45 rencontre avec le compositeur, Parvis St-Jean lauréat du concours Jeunes compositeurs du CNSMDP Entrée sur réservation

mar 22 L’ATELIER VOLANT sam 26 texte, mise en scène et peintures

Parvis St-Jean Valère Novarina

sam 26 DE L’ÉCRIT À LA SCÈNE 14h30 autour de l’atelier volant Parvis St-Jean avec Valérie Novarina

FÉVRIERven 1er AD VITAMParvis St-Jean écrit et interprété par Carlotta Sagna sam 2 NOLI ME TANGEREsalle J. Fornier (nouveau titre de THROUGH) compagnie Les Décisifs conception, chorégraphie et interprétation Clara Cornil suivi de BULLET PROOF / HÜZÜN de Tijen Lawton

À TOUT MOMENT, OFFREZ-VOUS UN ABONNEMENT !Des créations, des classiques, de la musique, de la danse…

5 FORMULES D’ABONNEMENT, souples et adaptées à vos envies de théâtre- des places de 7 à 11€ la place selon la formule et le nombre de spectacles choisis : Abo 3-5 (11€ la place) , Abo 6-9 (10€ la place), Abo 10 et plus (8€ la place), Abo - de 26 ans (7€ la place),la Carte Tribu 110€, soit 10 places à 11€ à utiliser librement (ne garantit pas la disponibilité de place(s)- chaque spectacle au prix de votre abonnement de départ

PLACES A L’UNITE TDB : de 5,5€ à 18€

SPECTACLES HORS ABONNEMENT :Sérénades, de 5€ à 15€, L’Idéal Club, de 5,5€ à 18€, Cabaret New Burlesque, de 5,5€ à 20€

Détails, tarifs réduits et conditions sur le site du TDB ou à la billetterie Parvis Saint-Jean

NOUVEAU ! La librairie du TDB démarre une nouvelle collaboration avec CULTURA « L’esprit jubile »,Une sélection d’ouvrages, livres, films et CD autour des spectacles de la saison.

LES BARS DU PARVIS ET DE FORNIER vous accueillent avec leurs célèbres cartes des vins,« Croques Monsieurs » ou « Chiens chauds » et la soupe offerte à la sortie du spectacle, les jours de grandfroid ! (ouverts une heure avant et après chaque représentation).

ACTUALITÉSRENSEIGNEMENTSRÉSERVATIONS 03 80 30 12 12 www.tdb-cdn.com

Horaires des représentations (sauf mention contraire)en semaine à 20hsamedi et dimanche à 17h

SALLESParvis Saint-Jean, rue Danton, DijonSalle Jacques Fornier, 30 rue d’Ahuy, Dijon

ACCUEIL, BILLETTERIEParvis Saint-Jean, rue Dantontél. 03 80 30 12 12du mar au ven de 13h à 19h,le sam de 11h à 13h et de 14h à 18het une heure avant chaque représentation

BILLETTERIE EN LIGNEsur www.tdb-cdn.comRéseau FNAC www.fnac.com : Carrefour, Géant,Hyper U, Intermarché.

TOURNÉE-TRÉTEAUX EN BOURGOGNEFOLIE COURTELINELES MARIONNETTES DE LA VIEde Georges Courtelinemise en scène Ivan Grinberg

du mar 6 au ven 23 novembre> le 6 à 20h30

Salle des fêtes - Saint-Seine-l’Abbaye> le 9 à 20h

Salle des fêtes - Gissey-sur-Ouche> les 12 à 14h15 (scolaire) et le 13 à 20h30

Centre socioculturel - Mirebeau-sur-Bèze> le 15 à 20h30

Théâtre municipal - Louhans> les 19 à 14h15 (scolaire) et le 20 à 20h

Salle Marcel Joyeux - Luzy> le 23 à 20h30

Salle des fêtes - Moutiers Saint-Jean

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Vidéos, photos, interviews, formations, actualités, billetterie : rendez-vous sur le site du TDB et les réseaux sociaux pour profiter autrement du théâtre.

L’Atelier Volantécrit et mis en scène par Valère NovarinaÀ l’occasion de la venue de L’Atelier volant, sa toute première pièce écrite en1970 et interprétée par sa troupe de comédiens, Valère Novarina, auteur majeurdu théâtre contemporain, se prête à l’exercice de l’interview.

Festival Art DanseDu 8 janvier au 2 février, Art Danse s’installe au TDB. Programme surwww.art-danse.com et présentation du festival par le directeur Jérôme Francle 8/01 à 18h30 au Parvis (avec un son et lumières), suivie de Regarde Maman,je danse, spectacle de Vanessa van Durme.

Le Poète comme boxeurtextes de Kateb Yacine, mise en scène

Kheireddine LardjamConcert dramatique accueilli dans le cadredes Nuits d’Orient, Le Poète comme boxeurdonne à entendre la voix multiforme et singulière du journaliste, poète et militantKateb Yacine. Rencontre avec le metteuren scène Kheireddine Lardjam.

Des paroles et des actesSuite à la journée professionnelle du 25 mai 2012 consacrée à la permanenceartistique qui a réuni artistes, institutionnels, publics et représentantspolitiques, les TDB publie les actes des débats et des réflexions. Compte-rendu intégral sur :

Restez connectés au TDB !« TheatreDijonB » sur Twitter ;« Theatre Dijon Bourgogne » sur Facebook ;et overblog.petitcastle.org sur le blog...

CRÈME COURTELINEDE POTIRON À LA NOISETTE (pour 4 personnes)

Une recette d’automneen hommage à « Potiron »de Courteline et un clin d’œilà « la soupe », chronique dumême auteur où le cuisinier est, soi-disant, un sacré fricoteur !

Par Hubert Anceau, cuisinier responsable de la cantine du TDBet co-auteur de Coups de cœur en Bourgogne(éd. Terres en vues)

Un honorable morceau de potiron50 g d’oignon doux émincé avec délicatesse35 cl de crème fleurette plutôt grasse que maigre1 litre de bon bouillon de légumes d’automne25 g de beurre doux de votre région5 cl d’huile de noisettes fraîchement presséesSel, poivre blanc, muscade avec parcimonie 1 à 2 cuil à soupe de farine de gaude ou dechâtaigne (c’est facultatif, mais ça seraitdommage de s’en passer !)Quelques noisettes grillées émincées finement

Faire suer doucement l’oignon dans le beurre, sans faire brunir.Ajouter le potiron épluché et coupé en fin morceaux.Ajouter la farine (facultative) et verser le bouillon, cuire 15 mnenviron. Mixer fortement en ajoutant 20 cl de crème fleuretteet l’huile de noisette. Poivrer, muscader, saler et passeréventuellement au chinois. Réserver au chaud.Fouetter le reste de crème fleurette en chantilly fermesans sucre et réserver au froid.Servir dans des assiettes ou écuelles individuelles avecune cuillère de crème fouettée posée à la surface, un peude fleur de sel et quelques morceaux de noisettes grillées.Il est possible d’agrémenter cette recette de quelques minicroûtons de pain de mie taillés en cubes et toastés au fouravec un peu de beurre.

L’Atelier Volant © Alain Fonteray

Regarde Maman, je danse © Fred Debrock

www.tdb-cdn.com/la-saison/spectacles/saison-2012-2013/fiche/164/latelier-volant.html

www.tdb-cdn.com/la-saison/spectacles/saison-2012-2013/fiche/158/le-poete-comme-boxeur.html

www.tdb-cdn.com/transmission/rencontres-professionnelles/rencontres-professionnelles-2012.html

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