Labyrinthes d Eglise

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Labyrinthes d’Eglise 1 - Empire Romain & Moyen Age Italien par le R.P.A-R. Verbbrugge Articles parus dans le n° 365 de la revue ATLANTIS «L’énigmatique secret des Labyrinthes» en vente auprès d’ Archimed Diffusion BP 7 95620 PARMAIN 75 F + 25 F frais d’expédition http://www.contrepoints.com Quoiqu’il en soit des origines et des nuances forcément mystérieuses de sa conversion au christianisme en 312, l’empereur Constantin fait arrêter en Occident les persécutions contre l’Eglise. Lorsqu’il arrachera l’Orient à Licinius, il y renouvellera en 324 les mesures de libé- ration et de restitution. Le premier concile œcuménique a lieu en 325 à Nicée ; vers 336 est inaugurée la basilique Saint-Pierre de Rome. Le premier labyrinthe chrétien se trouve sur le sol africain, dans une basilique d’inspiration romaine, à Orléansville, anciennement Castellum Tingitanum, actuellement El Asnam, en Algérie. Le second se situe à Ravenne, résidence des empereurs romains d’Occident depuis 404, puis d’Odoacre et des rois Ostrogoths. Théodoric s’installa à Ravenne en 493 ; sa fille, Amalasonthe, essaya, après sa mort en 526, de poursuivre sa politique de romanisation. En 535 commença la reconquête byzantine. Après une interruption de sept siècles, la lignée des labyrinthes d’église se continue en Italie par ceux de S. Michele Maggiore à Pavie, de Saint-Savin de Plaisance, par ceux de Rome et de Lucques (XII* s.). La basilique de San Reparatus d’Orléansville a été édifiée vers 328. Nous en extrayons la description du Livre des Labyrinthes de P. Santarcangeli. «Par son plan, la basilique d’Orléansville nous ramène aux premiers édifices chrétiens déri - vés de la «basilica» romaine. On explique la merveilleuse conservation de la tombe de l’évêque Reparatus et du pavement en mosai~ue par le fait qu’au fil des ans, ils se couvri - rent d’une couche de plus en plus épaisse de poussière, de terre et de broussailles, qui les déroba à la convoitise et à la stupidité des hommes.

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  • Labyrinthes dEglise

    1 - Empire Romain &

    Moyen Age Italienpar le R.P. A-R. Verbbrugge

    Articles parus dans le n 365 de la revue ATLANTISLnigmatique secret des Labyrinthes

    en vente auprs dArchimed Diffusion

    BP 7 95620 PARMAIN75 F + 25 F frais dexpditionhttp://www.contrepoints.com

    Quoiquil en soit des origines et des nuances forcment mystrieuses de sa conversion auchristianisme en 312, lempereur Constantin fait arrter en Occident les perscutions contrelEglise. Lorsquil arrachera lOrient Licinius, il y renouvellera en 324 les mesures de lib-ration et de restitution. Le premier concile cumnique a lieu en 325 Nice ; vers 336est inaugure la basilique Saint-Pierre de Rome.

    Le premier labyrinthe chrtien se trouve sur le sol africain, dans une basilique dinspirationromaine, Orlansville, anciennement Castellum Tingitanum, actuellement El Asnam, enAlgrie.

    Le second se situe Ravenne, rsidence des empereurs romains dOccident depuis 404,puis dOdoacre et des rois Ostrogoths. Thodoric sinstalla Ravenne en 493 ; sa fille,Amalasonthe, essaya, aprs sa mort en 526, de poursuivre sa politique de romanisation. En535 commena la reconqute byzantine.

    Aprs une interruption de sept sicles, la ligne des labyrinthes dglise se continue en Italiepar ceux de S. Michele Maggiore Pavie, de Saint-Savin de Plaisance, par ceux de Romeet de Lucques (XII* s.).

    La basilique de San Reparatus dOrlansville a t difie vers 328. Nous en extrayons ladescription du Livre des Labyrinthes de P. Santarcangeli.

    Par son plan, la basilique dOrlansville nous ramne aux premiers difices chrtiens dri -vs de la basilica romaine. On explique la merveilleuse conservation de la tombe delvque Reparatus et du pavement en mosai~ue par le fait quau fil des ans, ils se couvri -rent dune couche de plus en plus paisse de poussire, de terre et de broussailles, qui lesdroba la convoitise et la stupidit des hommes.

  • Les mosaques dcouvertes en 1843 par un officier du Gnie militaire franais, furentattentivement reproduites et lithographies : fort heureusement, car, dans les annes quisuivirent, elles subirent de graves dgradations, en devenant une curie publique lusage de tous les individus qui navaient chez eux pas assez de placepour loger leurs chevaux et btes de somme.

    Avec le concours des autorits civiles et religieuses, luvre de reconstruction de lgliseet des mosaques fut commence vers 1920 et mene terme en 1936. Au total, il y a envi-ron deux cent cinquante mtres carrs de mosaque. Les tesselles dorigine mesuraient uncentimtre carr pour une paisseur de un centimtre et demi : pierres, blanches, noires,vertes et jaunes provenant de carrires voisines, dont on connaissait la situation et tessellesrouges en terre cuite de fabrication locale. On utilisa pour la restauration, les mmes mat-riaux.

    Le labyrinthe se trouvait probablement ct de la porte latrale nord de la basilique, sonentre et celle du carr central, toutes deux ouvertes et tournes, comme il est logique, vers lentre de lglise. Leconcept symbolique est clair : partir du moment o il entre dans le temple, le croyant se

    trouve dans les conditions, presque dans la ncessit, de rejoindre, serait-ce aprs de nom -breux dtours, le but suprme, indiqu dans le jeu de lettres du centre : la Sancta Eclesia.

    Le labyrinthe carr dOrlansville, de 2,4 ni sur 3 ni, comporte onze enroulements, rpar-tis en quatre sous-carrs. Un fil dAriane sinue au dpart du parcours. Au centre, un cinquime carr contient le jeu de treize fois treize lettres qui a lui-mmeun centre : la lettre S ; partir du S central, on peut toujours lire en suivant les lignes droite, gauche, en haut, en bas, en bifurquant angle droit, Sancta Eclesia. Seule la dia-gonale na pas de sens !

    Cette uvre est maintenant dans la cathdrale dAlger. Parmi les autres panneaux de labasilique, signalons :- une rosette avec la devise : Semper pax ;

    - la date de la fondation entoure de onze couronnes de lauriers lintrieur dtoileshexagonales formes de cordons entrelacs ;

    Labyrinthe dOrlansville et son jeu de lettres, El Asnam, Algrie

  • - dans le chur, un jeu de lettre qui, en partant du centre, donne dans tous les sens :Marinus Sacerdos.

    M. Kem attribue le labyrinthe de Ravenne au XVI me sicle.

    Il nest pas sr, mais cependant probable que ce labyrinthe soit, en fait, contemporain dela basilique San Vitale : commence en 526, elle fut consacre par larchevque Maximienen 547.

    Le labyrinthe de San Vitale est circulaire, de 3,50 m de diamtre : sept cercles concen-triques aboutissent une pierre centrale de porphyre rouge. (fig. 17)

    Le chemin labyrinthique est compos de petits triangles de marbre clair se dtachant surun ruban fonc ; ces triangles ont leur pointe oriente vers lextrieur ; ils semblent doncindiquer quil faut partir du centre du labyrinthe, en parcourir le chemin, pour arriver uneligne droite balise vers lextrieur.

    Le labyrinthe de Plaisance en lglise San Savino a disparu ; la plupart des auteurs datentla mosaque dont il faisait partie de 1107, anne de la reconstruction de ldifice.

    Une inscription expliquait la signification du labyrinthe

    HVNC MVNDVM TIPICE LABERINTHVS DENOTAT ISTE;INTRANTI LARGVS REDEVNTI SET NIMIS ARTVS;SIC MVNDI CAPTVS VICIORVM MOLLE GRAVATVSVIX VALET AD VITE DOCTRINAM QVISQVE REDIRE.

    Ce labyrinthe figure typiquement ce monde ;Sil semble spacieux lorsquon y pntre, il se resserre lextrme pour qui sen retourne;Ainsi ltendue du monde saccrot par la volupt des vices,Mais cest avec peine que chacun, pour revenir, se fortifie de la doctrine de vie.

    Il faut lire dE. Mle, parlant avec une rudition fastueuse des vieilles glises de Rome, cequil a crit sur Sainte-Marie-du-Transtvre.

    Le labyrinthe de cette glise, de forme circulaire, denviron 3,50 m de diamtre, occupait

    Labyrinthe de San Vitale de Ravenne (Italie)

  • toute la largeur du bas-ct gauche, prs de la porte de la sacristie.

    Le parcours se composait de huit cercles concentriques : on suivait un chemin compos demosaque dominante verte et rouge ; neuf cercles de marbre blanc dlimitaient

    le chemin de couleur.

    Dj en 1854, le trac du labyrinthe tait impossible suivre, les raccords entre les cerclesnayant pas t refaits ou layant mal t. Daprs E. Mle le pavement de S.Marie-du-Transtvre tait termin en 1148.

    X. Barbier de Montaultl parle aussi du labyrinthe de Sainte-Marie in Aquiro :Jai connu Rome jusqu quatre labyrinthes. Cest en vain quon chercherait maintenantle trac. Ils ont disparu sans retour.La diaconie de Sainte-Marie in Aquiro a subi, comme la plupart des glises de Rome, unerestauration qui la compltement modernise du pav la vote.Heureusement pour nous, le labyrinthe avait t copi, en 1846, par M. Julien Durand,qui en a donn une gravure trs exacte dans les Annales archologiques ; de 1,50 m dediamtre, il tait incrust dans le pav, en haut de la nef principale, peu de distance dusanctuaire. On lui avait donc assign, au XII, sicle, une place fort honorable et qui indi-quait lide quon y attachait. Le chemin intrieur tait indiqu par du marbre jaune, ditjaune antique ; les murs intrieurs, formant douze cercles concentriques, taient alternati-vement en porphyre rouge et en serpentin vert. On aboutissait, au centre, un rond de por-phyre, que le moyen-ge nommait une roue, rota.Il et t impossible de marcher dans le labyrinthe, en raison de ses dimensions exigus ;mais on pouvait fort bien suivre du doigt les dtours ...

    PAVIE - Cathdrale de S aint-Michel -Majeur.En bas, la reprsentation dun escalier. A gauche, Goliath et David droite, un

    poisson dansdes vagues. Sous le labyrinthe, gauche un Draco et un homme nu

    droite, un Equs ail.Au centre, Thse combat un centaure qui tient la tte tranche dune jeune

    fille. Inscriptionentourant la scne : Teseus intravit monstrumque biforme necavit.

  • Lglise de Saint-Marie in Aquiro fut construite dans le courant du XIIme sicle.

    Le labyrinthe de Lucques doit dater de la fin du XII, sicle ou du dbut du XIII, sicle. Inscritdans un carr, il est grav hauteur dhomme, sous le porche, lextrieur de la cathdra-le. Petit labyrinthe circulaire de 62 cm de diamtre, son parcours comporte onze cercles ;son entre se trouve droite, situe perpendiculairement linscription qui laccompagne,assurant ainsi la liaison entre le dessin et le texte.

    Lucques, Cathdralecest ici le labyrinthe que construisit le crtois Ddale. Nul qui y fut nen put

    sortir, sauf Thse grce un fil dAriane.