Élaboration d’une base de données nationale (ACCESS)

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Délégation Aquitaine Élaboration d’une base de données nationale (ACCESS) Lien vers un SIG (MapInfo) et exemples d’analyses spatiales dans le cadre du Plan National de restauration du Vautour percnoptère en France Hellio/Van Ingen © Émilie Dumont-Dayot Certificat de géomatique Septembre 2004

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Lien vers un SIG (MapInfo

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Remerciements Je tiens à remercier les professeurs de l’Université de Genève qui, en m’acceptant dans leur

formation, m’ont permis d’acquérir une double compétence en Ecologie et Géomatique et

d’enrichir mon expérience professionnelle par ce stage encadré par la DIREN et la LPO

Aquitaine.

Je remercie également :

Sophie Berlin de la DIREN Aquitaine pour sa disponibilité, ses conseils et son accueil au sein

de la DIREN,

Jean-François Cassin de la DIREN Aquitaine pour son aide lors de l’élaboration de la base,

Gwénaëlle Plet de la LPO Aquitaine pour son soutien dynamique et efficace durant les

différentes étapes de mon stage et pour son accueil chaleureux dans les Pyrénées à l’occasion

des réunions,

Christian Arthur du Parc National des Pyrénées et Erick Kobierzycki de la LPO Aquitaine

pour les éclaircissements techniques et scientifiques apportés.

Je remercie également toutes les personnes ayant permis le bon déroulement de ce stage et

ayant participé à créer une ambiance conviviale, notamment le service du SNEP de la DIREN

Aquitaine, Laurent Couzi et Olivier Legall , respectivement directeur et président de la LPO

Aquitaine.

Merci beaucoup aux personnes du réseau de suivi du Vautour percnoptère du Sud-est et des

Pyrénées ayant répondu à mes sollicitations et ayant montré un intérêt pour mon travail lors

des diverses réunions.

Merci à Yvan Tariel et Pascal Orabi de la LPO mission FIR qui ont œuvré pour une mise en

perspective nationale du projet de base de données.

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INTRODUCTION……………

MATERIEL ET METHOD1) Présentation de l’espèce………

2) Description du travail de terra2-1) Prospection………………2-2) Suivi de la reproduction…2-3) Programmes de baguage…2-4) Suivi de dortoir…………2-5) Suivi des placettes………

3) Statut de l’espèce………………

4) Présentation des menaces……! menaces d’origine naturelle…! notion de perturbation anthro! menaces d’origine anthropiq

5) Présentation de la méthode……

6) Présentation du Parc et de ses

RESULTATS……………………1) ACCESS…………………………

1-1) Construction du Modèle C1-2) Construction des requêtes1-3) Construction des formula

2) Cartographie et analyse spatia

DISCUSSION…………………1) Création de la base de donnée

2) Cartographie et analyse spatia

CONCLUSION……………...…

Bibliographie………………………Annexes……………………………

SOMMAIRE

………………………………………………………..1

ES…………………………………….……………..3 ………………………………………….…………….3

in effectué par le réseau de suivi……...…………4 ……………………………………………………..…4 ………………………………………………………...5 ………………………………………………………..5

…………………………………………………………6 ……………………………………………...…………6

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zones de réglementation…………………………11

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INTRODUCTION

La Terre est la seule planète connue à présenter des conditions favorables à la vie, de par ses caractéristiques particulières, les deux principales étant la présence d’une enveloppe gazeuse protectrice, l’atmosphère, et la température, liée entre autre à la distance au Soleil, permettant la présence d’eau sous l’état liquide. Ces paramètres (la composition gazeuse, la température, l’humidité) et d’autres, comme la densité des populations, interagissent fortement les uns avec les autres. Chacun présente des fluctuations, mais globalement, sur une période géologique donnée, l’ensemble des variations est stable : c’est un équilibre dynamique, entretenu grâce à des phénomènes de rétroactions (exemple : interaction entre prédateurs et proies) ou à des cycles complexes (cycle de l’eau, cycle du carbone, etc.).

La Terre a toutefois connu de grands bouleversements au cours de son histoire, puisqu’au moins 5 extinctions massives, dans le sens où plus de la moitié de toutes les espèces (animales et végétales confondues) ont disparu en l’espace de quelques 5 millions d’années, se sont produites. Ainsi, à la fin de la période permienne, il y a 225 millions d’années (225 Ma), 98% des espèces d'invertébrés marins à coquilles se sont éteintes, soit 52% des familles existant à cette période (cf. graphique 1). Des extinctions similaires se produisirent également à l’Ordovicien (440 Ma), au Dévonien (365 Ma), au Trias (210 Ma) ainsi qu’au Crétacé (65 Ma), laquelle a été rendue populaire par la disparition des dinosaures.

Graphique 1 : Fluctuation du nombre de familles au cours des temps géologiques et disparitions massives exprimées en % de familles éteintes (Leakey et Lewin).

Aujourd’hui, voyant la façon dont la biodiversité s'appauvrit tant dans nos campagnes

que dans les réserves naturelles, plusieurs biologistes et géologues s’accordent à dire que nous sommes dans une période d'extinction massive [1]. Les taux d’extinction actuels seraient 1000 fois plus grands que les taux naturels d’extinction [2]. Nul ne sait quelles vont être les conséquences sur les espèces survivantes de ce bouleversement écologique ni quel effet cela va produire à long terme. Les optimistes pourraient supposer qu’après la chute de biodiversité actuelle, le nombre d’espèces va ensuite augmenter, voire exploser, grâce aux niches écologiques libérées, comme par exemple suite à la disparition des dinosaures qui a permis l’essor des mammifères. Cependant, rien n’est moins sûr. Par contre, ce qui est certain, c’est que le rythme d’extinction des espèces s’accélère et que l’espèce humaine participe de façon non équivoque à cette tendance de par ses multiples activités et ses interactions avec le milieu naturel.

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En effet, la destruction des habitats, qui s’opère à un rythme effréné, souvent dans une

implacable logique de développement, est l’une des causes principales de la disparition des espèces. Quand ils ne sont pas détruits (construction de barrage, assèchement des zones humides, déforestation…), ils sont réduits ou morcelés (construction de voies de circulation, villes qui s’étendent, défrichage pour les cultures agricoles…) ou encore pollués (engrais chimiques, pesticides, hydrocarbures, plastique, mercure, plomb…). Tout ceci nuit gravement aux espèces qui disparaissent instantanément ou rencontrent de grandes difficultés à circuler, et donc à se nourrir et à se reproduire sur des territoires appauvris en ressources ou en superficie. Outre les infrastructures, la simple présence humaine et ses activités de loisirs, pratiquées de plus en plus dans des espaces naturels, peuvent être source de dérangement dans des zones sensibles de l’habitat des espèces, notamment dans les zones de reproduction.

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Une prise de conscience de la situation existe et dans tous les pays des mesures sont

prises pour essayer d’enrayer la disparition des espèces les plus menacées. En France, le Ministère de l’Écologie et du Développement Durable est en charge de la rédaction et de la mise en oeuvre de plans de restauration. Il peut en déléguer la responsabilité à un de ses services régionaux, les DIREN (Direction Régionale de l’Environnement). En Aquitaine, la DIREN coordonne trois plans de restauration, dont un pour le Vautour percnoptère. En effet, aujourd’hui les effectifs de cette espèce en France semblent stables, mais ils restent faibles et l’espèce est loin de recouvrir son aire de répartition d’autrefois.

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igure 2 : aire de présence du Vautour percnoptère en 1900 (à gauche) et 2002 (à droite). arte selon M. Gallardo © (extraite du plan National de Restauration)

opulation française comprend 86 couples d’après les observations de 2003 répartis sur zones géographiques distinctes : la population pyrénéenne qui constitue la frange nord de la population ibérique (en 2003, 8 couples recensés dont 53 reproducteurs) la population du Sud-est de la France, isolée de celle des Pyrénées et éparpillée sur lusieurs départements (en 2003, 18 couples territoriaux dont 14 reproducteurs)

La population française reste donc fragile. En effet, des effectifs aussi réduits lui ent moins de chance de survivre à une épidémie ou à une catastrophe naturelle qu’une lation de taille importante. De plus, la population du Sud-est est très fragmentée ce qui pas non plus favorable à sa pérennité. Celle des Pyrénées est toutefois moins exposée à roblème car elle est en lien avec la population des Pyrénées espagnols comportant 192 les (l’Espagne à elle seule en comptant 1480). A ces deux difficultés s’ajoutent toutes les

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Photographie 1 : couple de percnoptères (D. Marguerat ©)

hotographie 2 : préhension des serres (D. Marguerat ©)

Photographie 3 : percnoptère immature (D. Marguerat ©)

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menaces pouvant troubler la reproduction (voies d’escalade, survol aérien, chasse photographique, etc.), les modifications rapides de son environnement (changement des pratiques pastorales, création de pistes, etc.) ou encore les facteurs directs de mortalité (poison, collision avec les lignes électriques ou les câbles des remontes pentes, tir, etc.). L’impact de certaines menaces est avéré : en Espagne, le poison et le manque de nourriture provoqué par l’arrêt de l’équarrissage naturel suite aux mesures d’hygiène instaurées après la crise de la vache folle sont tenus pour responsables d’une baisse moyenne de 25% des effectifs sur les dix dernières années [3].

Afin que la population se renforce, le ministère de l’Écologie et du Développement

Durable a mis en place un plan national de restauration pour une durée de 5 ans (de 2002 à 2007). Sa mise en oeuvre a été confiée à la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Sur la partie pyrénéenne, la LPO Aquitaine assure la coordination locale en étroite collaboration avec la DIREN Aquitaine. (cf. annexe 2 : schéma organisationnel du réseau)

Ce plan de restauration se découpe en plusieurs objectifs précis. L’un d’eux est

d’assurer un suivi étroit des populations et de leurs sites de nidification afin de mieux appréhender l’évolution des effectifs et les causes naturelles et anthropiques éventuelles de cette évolution. Des mesures de gestion appropriées pourront être ainsi prises sur l’ensemble de son aire de répartition.

C’est dans ce but que l’élaboration d’une base de données nationale commune à tous les partenaires a été envisagée. En regroupant et homogénéisant les données, elle en permettra une exploitation plus facile, au niveau global ou régional, et un meilleur partage des informations. D’autre part, grâce aux requêtes prédéfinies dans la base et au lien vers un logiciel SIG, une cartographie rapide et précise sera possible. Cet aspect est très utile pour illustrer la répartition géographique de la population et son évolution, ainsi que pour préciser les facteurs responsables de la situation et ainsi faciliter la mise en place d’actions concrètes de conservation. Le travail réalisé pendant mon stage doit répondre à tous ces besoins. MATERIEL ET METHODES 1) Présentation de l’espèce

Le Vautour percnoptère (Neophron percnopterus - Linné 1758) est le plus petit représentant des vautours européens : son envergure varie entre 155 et 170 cm et sa longueur entre 55 et 65 cm. Il présente une face allant du jaune à l’orangé et un plumage blanc bordé de noir (cf. photographie 1). Les juvéniles se différencient par une tête et un corps plus sombres (cf. photographie 3), jusqu’à ce qu’ils atteignent la maturité sexuelle, c’est-à-dire vers l’âge de 5 ans.

C’est une espèce migratrice, qui effectue le trajet post nuptial vers mi-septembre. Les sujets européens hivernent au sud du Sahara. Des balises Argos posées sur des jeunes du Lubéron ont permis de connaître avec précision leur lieu d’hivernage situé à la frontière de la Mauritanie et du Mali. Les Vautours percnoptères quittent leurs quartiers d’hiver pour rejoindre la France fin février-début mars (migration prénuptiale). Cette espèce semble être phylopatrique, c’est-à-dire que les individus retournent sur le lieux précis de leur naissance pour se reproduire. Dès leur arrivée sur les sites de reproduction, les oiseaux effectuent des vols de parade très démonstratifs (cf. photographie 2), même si les couples semblent déjà

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Photographie 4 : couple de percnoptères à l’aire (Christian Kiruhel ©)

Photographie 5 : Vautour percnoptère cassant un œuf d’autruche avec une pierre

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formés avant leur arrivée. Ils construisent une nouvelle aire ou rechargent l’aire de nidification de l’année précédente. Celle-ci se situe essentiellement dans les cavités et grottes des falaises ou sur des rochers escarpés (cf. photographie 4). Cette configuration fournit une protection contre les prédateurs et les intempéries. Cette espèce ne vit toutefois pas à haute altitude puisqu’il n’est présent qu’entre 400 et 1250 m d’altitude sur le versant nord des Pyrénées. En général, 2 œufs sont pondus. La couvaison est assurée par les deux partenaires avec toutefois une prédominance de la femelle. Durant la croissance des poussins, un adulte est quasiment en permanence à l’aire. Après l’envol, ils sont encore nourris par les parents pendant quelques temps avant de partir en migration.

SeptembreAoûtJuilletJuinMaiAvrilMarsFévrier SeptembreAoûtJuilletJuinMaiAvrilMarsFévrier

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asccpdormc 2

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arrivées départs

envolsnourrissage(72 jours)

éclosions

couvaison(39 à 45 jours)

pontesaccouplements

parades

Migration pré nuptiale

Migration post nuptiale

igure 3 : résumé schématique du cycle de reproduction des Vautours percnoptères en France.

L’alimentation du Vautour percnoptère, essentiellement charognard, est fortement liée ux pratiques pastorales. En effet, la régression des effectifs de ce vautour et de sa répartition uite à l’abandon de certaines pratiques pastorales, et notamment de l’équarrissage naturel des adavres, prouve que le bétail en transhumance représente un fort potentiel alimentaire pour et oiseau. Son bec mince et effilé le contraint à prélever de petits lambeaux de chair ou des arties molles sur les grosses carcasses préalablement dépecées par des vautours plus gros, ’où sa préférence pour les proies de petite taille (poulets, lapins). Il sait également se montrer pportuniste et exploiter les ressources locales (déchets organiques, poissons morts dans les ivières, etc.) ou capturer des proies vivantes (reptiles, amphibiens, poissons, insectes, micro ammifères, oiseaux). Il possède également la particularité de savoir utiliser une pierre pour

asser la coquille des œufs d’autruche quand il se trouve en Afrique (cf. photographie 5).

) Description du travail de terrain effectué par le réseau de suivi

2-1) ProspectionEn début de saison de reproduction, des observateurs prospectent le territoire, et

articulièrement les zones contenant d’anciennes aires, afin de savoir si des oiseaux sont résents. Quand des signes de cantonnement ou de reproduction sont observés, le site est épertorié et est régulièrement contrôlé pendant toute la saison de reproduction.

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Photographie 6 : bagues d’un Vautour percnoptère (Max Gallardo)

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2-2) Suivi de la reproductionUne fois que la présence d’un couple est constatée sur un site, voire plus précisément

sur une aire, l’endroit repéré doit être visité au moins 7 fois par les observateurs. C’est l’investissement de suivi minimum pour établir le statut de reproduction d’un couple. Les périodes clés se situent :

- fin mars/ début avril pour déterminer la tentative de reproduction - début juin pour contrôler le succès de l’éclosion - fin juillet à mi-septembre pour constater la présence et l’envol des juvéniles

Souvent, ce sont des observations indirectes qui permettent de juger du statut de reproduction du couple, l’aire n’étant pas encore précisément localisée ou le nid n’étant pas visible.

Voici le type de comportements pouvant révéler le statut de reproduction :

- des comportements de parades (vol entrelacé, en feston ou parallèle, bec à bec) prouve que le couple entre dans sa période de reproduction

- le transport de matériaux donne la preuve que le couple entre dans sa phase d’installation en construisant son nid

- des comportements de relève ou un adulte immobile à l’aire pendant de longues périodes laissent présumer de la présence d’un ou de deux œufs

- plus tard, des comportements de relève ou des apports de nourriture à l’aire prouve que l’éclosion a eu lieu

Parfois, les observateurs ont la chance de voir des comportements non équivoques comme un accouplement, la ponte, la couvaison, le roulage de l’œuf, l’éclosion, le nourrissage du poussin ou son envol, mais ces observations sont peu fréquentes car les aires sont rarement bien et entièrement visibles. N.B.: pour toutes les observations, il est important de noter la météo. Lors du traitement des données, cette information permettra d’être certain que l’absence d’oiseaux sur un site à une période donnée n’est pas due à une météo empêchant les oiseaux de voler ou les observateurs de les voir. De même, noter les heures d’observations permet de juger si la durée d’observation a été suffisante pour obtenir de bons résultats et si elle a été faite à une période favorable de la journée.

2-3) Programmes de baguage Un programme de baguage de la population de Vautour percnoptère du sud est

méditerranéen français a débuté en 1997 et prendra fin en 2006. L’objectif principal de ce programme est d’assurer un suivi étroit de cette population afin de mieux appréhender l’évolution de ses effectifs. Le suivi démographique de cette population permettra à terme de préciser sa dynamique, élément indispensable pour analyser sa viabilité et établir une hiérarchie dans les actions de conservation à mettre en place.

La technique utilisée est la technique du baguage traditionnel (bague métallique du muséum), couplée au marquage des oiseaux par des bagues colorées (cf. photographie 6). Ceci permet l’identification aisée et rapide des individus par la lecture d’un simple code de couleur (3 bagues plastiques spiralées dont 2 à une patte et la 3ème à l’autre patte avec celle métallique du muséum).

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Les paramètres étudiés grâce à ces techniques sont les suivants : - estimation des taux de survie et des causes de mortalité des jeunes après l’envol - connaissance de l’âge des premiers oiseaux en retour d’hivernage - estimation de l’âge de maturité sexuelle - estimation des taux de retour des oiseaux sur leurs lieux de reproduction - connaissance de la fidélité des jeunes à leur site de naissance (philopatrie) - connaissance de la fidélité des adultes à leur site de reproduction - connaissance de la longévité des oiseaux et de la fidélité entre partenaires - connaissance des sites fréquentés sur les parcours migratoires (ressources

alimentaires, dortoirs…)

Au moment de la manipulation de l’oiseau au nid, on profite de cette occasion pour relever des mesures : poids, longueurs de l’aile, des pattes, etc., désignées par le terme de biométrie.

La mise en place d’un programme de baguage semblable est à l’étude dans les Pyrénées. Les objectifs à atteindre et les techniques particulières à mettre en œuvre (baguage, télémétrie, balise Argos) sont actuellement discutés. Bien sûr, une cohérence avec les codes utilisés dans le sud est et en Espagne où les oiseaux sont également bagués sera recherchée.

2-4) Suivi de dortoirUn dortoir existe au Pays basque. C’est un lieu où les oiseaux se regroupent aussi bien

la nuit que le jour. Ce lieu est particulièrement bien suivi car il permet une observation aisée de nombreux oiseaux à la fois. C’est le lieu idéal pour relever le code couleur des oiseaux bagués par exemple.

2-5) Suivi des placettesDes placettes ont été installées uniquement dans la partie sud est. Il s’agit de lieux

régulièrement approvisionnés en nourriture pour subvenir aux besoins alimentaires des Vautours. En effet, avec le changement des pratiques pastorales qui a conduit au transport à l’équarrissage des animaux morts, les Vautours ont parfois besoin d’un apport supplémentaire en nourriture. Certains éleveurs se sont portés volontaires pour mettre en place le système de placette. Pendant la période de reproduction, ils déposent régulièrement les carcasses de leur exploitation sur une zone délimitée par une clôture électrifiée empêchant les autres animaux sauvages d’y entrer.

De même que pour les dortoirs, ces lieux sont des lieux privilégiés pour l’observation

des Vautours et de leurs bagues colorées. 3) Statut de l’espèce

Au niveau mondial, l’espèce figure à l’annexe 1 de la convention de Bonn sur les espèces migratrices. Elle fait également partie de la Liste Rouge des espèces considérées en danger, vulnérables et/ou rares du fait de leurs faibles effectifs. Le Vautour percnoptère est classé dans la catégorie des espèces dont la Conservation Mérite une Attention Particulière (CMAP) qui regroupe toutes les espèces menacées à l’échelle planétaire avec le statut d’oiseau vulnérable.

Au niveau européen, le Vautour percnoptère figure à l’annexe 1 de la Directive

européenne n°79/409 concernant la conservation des oiseaux sauvages, dite Directive

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Oiseaux, qui permet la désignation de Zones de Protection Spéciales (ZPS) qui sont destinées à renforcer le réseau Natura 2000. Il figure également à l’annexe 2 de la convention de Berne qui a pour objet d’assurer la conservation, au niveau européen, de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs États.

Au niveau national, l’espèce est protégée au titre de la loi du 10 juillet 1976 qui

protège tous les rapaces en France et de l’arrêté ministériel du 17 avril 1981. D’autre part, le Vautour percnoptère bénéficie d’un programme Life dans la partie

sud-est de la France. Ce programme assure un soutien financier local pour mettre en oeuvre le plan de restauration national lancé il y a deux ans.

Malgré toutes ces réglementations, de nombreux paramètres sont à l’origine de dérangements éventuels des couples en période de reproduction ou pire, de la mort d’individus. 4) Présentation des menaces ! menaces d’origine naturelle

La présence d’autres oiseaux sur les sites fréquentés par le Vautour percnoptère entraîne une compétition directe (interactions entre les oiseaux : attaque des adultes, prédation des poussins ou des oeufs, vol de nourriture ou occupation de l’aire de nidification) ou indirecte (diminution des sites de nidification non occupés, diminution de la quantité de ressources alimentaires) pouvant être plus ou moins préjudiciable au Vautour percnoptère et à son succès reproducteur.

En effet, de nombreuses observations relèvent le cas de Vautours percnoptères attaqués par des Faucons, des Buses, des Vautours fauves ou encore par des Grands corbeaux. Cette agressivité est toutefois réciproque. De même, le vol des matériaux du nid ou des proies qui sont transportés au bec est chose commune. La prédation des poussins ou des œufs par des grands corbeaux est également fréquente. Il arrive aussi régulièrement que l’aire de nidification soit occupée par d’autres nicheurs, le plus souvent par des Vautours fauves.

Cette compétition peut être l’un des facteurs déterminant le choix du site de nidification sur une falaise. Elle est également l’un des éléments (avec la disponibilité des sites rocheux) qui peut influencer la distribution et la densité du Vautour percnoptère sur le territoire.

Les comportements inter-spécifiques, c’est-à-dire entre un Vautour percnoptère et une autre espèce, ont particulièrement été observés lors des curées de vautours sur des cadavres de mammifères. Bien que la compétition alimentaire entre les divers charognards au cours d’une curée soit réduite par des différenciations écologiques aboutissant à une utilisation spatio-temporelle spécifique du cadavre, il existe néanmoins une hiérarchie inter-spécifique (basée sur des comportements agressifs) surtout liée aux différences de taille : le Vautour percnoptère est “dominé” par tous les autres charognards.

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! notion de perturbation anthropique Une perturbation anthropique est issue de toute activité ou infrastructure humaines

augmentant les risques de mortalité des individus ou modifiant le comportement habituel de l’animal (réaction de défense ou de fuite) au risque de voir son succès reproducteur affecté.

La réponse au dérangement dépend de plusieurs facteurs comme la durée, la distance, la sensibilité des différentes espèces, l’âge et le degré d’accoutumance à ce dérangement. On peut regrouper les dérangements dans deux catégories suivant leur impact sur les animaux : les dérangements habituels et de faible intensité pouvant mener à une accoutumance de l’animal et ceux qui sont rares et ponctuels ou habituels et brutaux qui ont un impact fort sur la reproduction. ! menaces d’origine anthropique

Les répercussions des activités et des infrastructures humaines sur la survie ou le succès reproducteur du Vautour percnoptère n'ont pas été étudiées de façon systématique. Une étude récente sur le Gypaète barbu [5] a permis de mettre en évidence l'importance du dérangement de diverses activités. En vertu du principe de précaution, et bien que le Vautour percnoptère soit vraisemblablement moins sensible au dérangement que le Gypaète barbu, il est important de répertorier les menaces potentielles et d’être attentif aux dérangements qu’elles sont susceptibles d’engendrer. Une étude éthologique permettrait alors de confirmer et mesurer les impacts réels des menaces, même si quelques observations de dérangement voire d’échec de reproduction, suite au passage d’un hélicoptère ou à la fréquentation d’un sentier de randonnée, ainsi que la présence d’un individu mort en dessous d’une ligne à haute tension semblent confirmer la réalité de ces menaces.

Je suis donc partie de l’hypothèse que les activités gênant les autres rapaces de milieu

montagnard peuvent potentiellement déranger le Vautour percnoptère.

Voici les principales menaces potentielles d’origine anthropique identifiées et les conséquences observées chez les autres rapaces : ! escalade, parapente, deltaplane

Ces activités de loisir ont en général des effets importants sur la nidification des rapaces et ceci même si les pratiquants ne se trouvent pas en contact direct avec le nid ou les individus. La simple présence d’hommes, leurs cris ou les autres bruits liés suffisent à déranger les gypaètes [5]. Les principales menaces potentielles connues liées à ce type d’activité à proximité des sites de nidification sont les suivantes [4] : - pendant la phase d’installation du couple : risque d’abandon du site causé par des dérangements fréquents des oiseaux après leur arrivée et leur cantonnement sur la zone - pendant la couvaison et la première phase d’élevage du jeune : risque d’abandon du nid conduisant à un échec de la reproduction ou de l’élevage (les œufs ou les poussins n’étant plus protégés des intempéries ou des prédateurs) - pendant la seconde phase d’élevage du jeune : risque d’envol prématuré. Le jeune n’étant pas encore capable de voler, la chute du nid est mortelle.

Toutefois, selon certains auteurs, il pourrait y avoir une accoutumance de la part des rapaces à la présence de parapentes ou deltaplanes à proximité des aires et leur impact ne serait pas le même suivant qu’il vole au-dessus ou en dessous des crêtes. Leur impact serait également différent d’un couple à un autre en fonction de leur propre sensibilité au dérangement.

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! survol aérien Les survols par hélicoptère sont effectués pour le transport du matériel lié au

pastoralisme, dans le cadre de manœuvres militaires, d'opérations de secours aux personnes ou aux biens ou encore pour les installations, le contrôle et la maintenance des lignes électriques. Il peut aussi s’agir de survol lié à la pratique d’ULM. Il semblerait que l’hélicoptère soit un des dérangements les plus prononcés et ayant un impact potentiel sur toute la période de reproduction. Chez le Gypaète barbu, leur passage provoque une réaction jusqu’à 2km de distance car le bruit se propage beaucoup en montagne. Les avions semblent moins perturbateurs. ! sentier randonnée, route et piste

Tout d’abord, ces infrastructures nécessitent des travaux d’aménagement susceptibles de provoquer des dérangements. Parfois, ces dérangements potentiels sont pris en compte : par exemple, lors de travaux pour la route nationale 134 en vallée d’Aspe, la présence d’un couple de Vautours percnoptères à proximité a été prise en compte et la période des travaux a été programmée en dehors de la période de reproduction. Au-delà des dérangements que peuvent occasionner les travaux d’aménagement de ces infrastructures, leur fréquentation une fois achevées peut aussi avoir un impact sur le comportement des oiseaux.

Chez le Gypaète barbu, les études ont montré que si le passage de randonneurs n’est

pas accompagné de cris ou de stationnement, il n’y a pas de réaction visible. Par contre, si les personnes sont visibles et se situent à une distance inférieure à 600m, le gypaète montre des mouvements de la tête en direction de la perturbation ou bouge sur l’aire.

Le dérangement occasionné par une route ou une piste n’est pas facile à mesurer.

Comme pour les sentiers de randonnées, il est très variable selon la circulation, sa distance à l’aire et la configuration des lieux qui répercute plus ou moins les bruits. ! ligne électrique

Les lignes électriques sont responsables de la mort de nombreux oiseaux, par collision le plus souvent ou électrocution pour les espèces de grande envergure, et sont particulièrement meurtrières chez certaines espèces comme l’aigle de Bonelli. Les collisions peuvent augmenter considérablement quand le temps rend la visibilité mauvaise (brume, brouillard).

Pour le Vautour percnoptère, on ne sait pas si les lignes électriques représentent une

menace importante ou anecdotique. En tout cas, quel que soit le degré de son impact, il est réel puisque des individus sont régulièrement retrouvés chaque année. Cette année, un juvénile a été retrouvé au pied d’un pylône de ligne haute tension, mort par collision ou électrocution, dans la partie Sud-est et un autre dans les Pyrénées orientales. 5) Présentation de la méthode

Le plan de restauration concerne un grand nombre de structures administratives et associatives dispersées sur toute la zone de présence du Vautour percnoptère (cf. annexe 2 : schéma organisationnel du réseau). Il faut souligner qu’avant la mise en place de ce plan national de restauration, ces structures fonctionnaient de façon indépendante, sans les moyens actuels permis par l’investissement financier du ministère de l’écologie, des collectivités locales du massif ou des établissements publics. Les structures qui assurent le suivi sont scindées en deux groupes régionaux principaux : les Pyrénées et le Sud-est. Pour une

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meilleure conservation de l’espèce, des efforts sont fournis pour uniformiser les méthodes de suivi (baguage, fiches de terrain…) et partager les données. La base de données entre complètement dans cette optique.

Sa conception et son élaboration a constitué la première phase de mon stage et la plus

importante en temps (cf. annexe 3 : calendrier prévisionnel du stage). La base devant répondre aux attentes diverses et plus ou moins précises des partenaires du projet et être fonctionnelle dès la fin de mon stage, elle représente un travail long et difficile. Elle a nécessité une longue période de concertation avec tous les partenaires. Des réunions de présentation du projet dans les Pyrénées et le sud-est de la France, ainsi qu’un questionnaire sur leurs besoins et attentes ont permis de s’accorder sur l’utilisation et la fonctionnalité de la base. Elle a été conçue sous ACCESS 2000.

Pour la création des tables et de leurs champs, je me suis basée sur les différents

modèles de fiches de terrain transmis par les deux réseaux de suivi principaux (cf. annexe 4 : fiches de terrain). Je me suis également inspirée d’une base de données créée sur le Vautour fauve, et j’ai pu comparer le fonctionnement de ma base avec celle utilisée par le Parc pour les informations concernant les rapaces.

La présentation des formulaires de saisie a été étudiée pour un affichage satisfaisant à

l’écran, même sur des écrans de petite taille et une saisie rapide des données. Pour la création des requêtes, je me suis basée sur les bilans annuels effectués par le

Parc National des Pyrénées. La deuxième phase du stage, beaucoup plus courte en temps, concerne l’analyse spatiale des données qui sont destinées à être stockées dans la base. J’ai dû solliciter de nombreuses structures pour tenter de les obtenir. Finalement, la transmission de données précises est apparue comme prématurée malgré l’ébauche de convention rédigée à cet effet (cf. annexe 7 : projet de convention). Je me suis donc concentrée sur les données indispensables à obtenir pour la cartographie. Voilà les objectifs fixés et les structures contactées :

Informations souhaitées structures contactées

sites de nidification bilan de reproduction

LPO Aquitaine (Ligue pour la Protection des Oiseaux) PNP (Parc National des Pyrénées)

zones inventoriées ou protégées (ZNIEFF, ZICO…)

DIREN Aquitaine

sites d’escalade FFME (Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade)

lignes électriques PNP

zone de vol libre sites de décollage

Clubs de vol

sentiers de randonnées Conseil Général 64

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survols par hélicoptère IPHB (Institution Patrimoniale du

Haut-Béarn) quantité de bétail Chambre d’agriculture 64

Centre départemental ovin DDAF (Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt)

localisation des colonies de Vautours fauves

PNP

La zone retenue pour l’analyse concerne la partie du Parc National des Pyrénées

contenue dans le département des Pyrénées-Atlantiques (cf. carte ci-contre), et ce, pour plusieurs raisons :

- fonds de carte disponibles (scan 25 et 100, BD ortho) - nombre élevé de couples nicheurs de Vautours percnoptères - données plus facilement accessibles que pour d’autres zones puisqu’il s’agit d’un

échange entre deux structures d’État 6) Présentation du Parc et de ses zones de réglementation

Il a été créé en 1967. Il chevauche deux départements : les Hautes-Pyrénées (60% de sa surface) et les Pyrénées-Atlantiques, partie sur laquelle porte l’étude. Il est organisé en deux zones :

- la zone centrale d’une surface de 457 km², au sud du Parc, limitrophe avec la frontière espagnole, dépourvue d’habitants permanents et faisant l’objet d’une réglementation spécifique de protection intégrale des espèces et des habitats, où s’exercent les activités traditionnelles du pastoralisme, de l’exploitation des forêts, de randonnées et de tourisme de découverte de la nature

- la zone périphérique d’une surface de 2064 km², dans laquelle vivent 40000 habitants, où une politique de valorisation du patrimoine dans le cadre de la politique du développement durable est mis en œuvre.

Par ailleurs, son territoire a fait l’objet d’inventaires, comme le reste du territoire

français et comporte des ZNIEFF de type 1 et 2, des ZICO et des ZPS. Les Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) sont

inventoriées pour identifier, localiser et décrire les sites d’intérêt patrimonial pour les espèces vivantes et les habitats. Cet inventaire sert de base à la définition de la politique de protection de la nature. Il n’a pas de valeur juridique directe mais permet une meilleure prise en compte de la richesse patrimoniale dans l’élaboration des projets susceptibles d’avoir un impact sur le milieu naturel. Ainsi, l'absence de prise en compte d'une ZNIEFF lors d'une opération d'aménagement relèverait d'une erreur manifeste d'appréciation susceptible de faire l'objet d'un recours.

Quant aux Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO), les plus

appropriées pour la conservation des espèces sont destinées à être classées en Zones de Protection Spéciales (ZPS), qui à leur tour seront intégrées au réseau Natura 2000. Ces sites bénéficieront alors de mesures de protection renforcées, par voie contractuelle. Il est donc important que les ZICO et ZPS soient bien déterminées.

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Modèle Conceptuel de Données de la base Vautour percnoptère

Page 20: Élaboration d’une base de données nationale (ACCESS)

RESULTATS 1) ACCESS

1-1) Construction du Modèle Conceptuel de DonnéesL’étude des besoins et des données notées sur les fiches de terrain a permis d’aboutir à

la réalisation du Modèle Conceptuel de Données ci-contre. Le modèle construit sous ACCESS est visible en annexe 5. On peut regrouper les tables en 3 grandes catégories fonctionnelles :

- Les tables principales (en vert) regroupent les informations liées à l’observation elle-même, celles concernant directement les Vautours percnoptères (caractéristiques courantes de chaque individu, marquage, biométrie, interactions, comportement, données relatives au suivi hebdomadaire des nids) ou les autres aspects observés (autres espèces, photographies). Les tables concernant l’observation de caractéristiques liées étroitement au nid (menaces, nids proches) sont reliées à la table de description de l’aire (Dico_aire).

- Les tables de référence (en bleu), qui alimentent les tables principales, regroupent les informations concernant les lieux d’observation (bleu foncé) ou les observateurs et éleveurs (bleu clair).

- La base comporte 2 tables (en jaune) concernant un aspect particulier : le suivi photographique des placettes d’alimentation. Cette partie de la base ne concerne que le Sud-est, seule région concernée par ces pratiques pastorales. Elle est intégrée à la base et sera développée par la suite, selon les besoins et la demande des futurs utilisateurs.

1-2) Construction des requêtesLes requêtes formulées permettent d’extraire de la base certaines données, utiles au

bilan annuel réalisé par les différentes structures de suivi. Ainsi, on peut extraire les aires selon chacune de leurs caractéristiques physiques (orientation, substrat, type) ou selon leur succès reproducteur.

1-3) Construction des formulairesLes formulaires ont été imaginés pour rendre la base facile et agréable d’utilisation. Ils

s’articulent entre eux ainsi : tout d’abord un formulaire d’accueil guide l’utilisateur et le dirige vers une des trois grandes rubriques : ‘Alimenter une table de référence’, ‘Rentrer des données’ ou ‘Éditer des données’. Pour chacune de ces rubriques, plusieurs choix se présentent. L’utilisateur clique sur le bouton correspondant à ce qu’il souhaite faire, ce qui le mène sur le formulaire de saisie correspondant. Pour la saisie d’observations diverses, les formulaires s’articulent entre eux sous forme d’onglets. J’ai choisi cette présentation car il me paraissait judicieux d’avoir une vue d’ensemble pendant la saisie de ces données qui sont toutes plus ou moins imbriquées les unes avec les autres. Les formulaires de saisie sont présentés de façon exhaustive dans le guide d’utilisation en (cf. annexe 6). Ce guide accompagnera la base de données lors de sa diffusion auprès des utilisateurs. En donnant les grands principes du fonctionnement de la base, il permettra de répondre aux interrogations que son utilisation pourra soulever.

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2) Cartographie et analyse spatiale Après avoir contacté les structures citées plus haut, voilà ce que j’ai pu obtenir :

Information obtenue origine des données sites de nidification en 2003 sous forme papier ou numérique selon les sites bilan de reproduction en 2003 sous forme papier

LPO Aquitaine PNP

zones inventoriées ou protégées (ZNIEFF, ZICO…) sous format numérique

DIREN Aquitaine

carte papier des sites d’escalade anciens et actuels => numérisation

FFME

!lignes électriques haute tension sous format numérique en vallée d’Ossau !numérisation des lignes électriques haute tension à partir du scan 25 en vallée d’Aspe

PNP DIREN (Scan 25)

zones de vol libre en 1997 sous format numérique sites de décollage officiels

PNP DIREN (Scan 25)

sentiers de randonnées actuels sous format numérique

Conseil Général 64

quantité de bétail par estive1 en 1997 sous format numérique

PNP (avec l’accord de la DDAF)

localisation des colonies de Vautours fauves en 1997 sous format numérique

PNP

En ce qui concerne les survols d’hélicoptère, il est regrettable que les informations n’aient pas pu être obtenues car ce facteur représente une des menaces les plus importantes [4].

L’analyse spatiale a été réalisée sous MapInfo (version 7.5).

1 Pâturage d'été en montagne

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On constate que sur les 18 sites de nidification répertoriés, seuls 8 se trouvent en ZICO, dont deux également en ZPS (OS01 et OS04).

Ils sont répartis plutôt uniformément sur la zone d’étude, avec cependant plus de couples en vallée d’Aspe, dont un quart dans la partie nord. On remarque que les couples sont installés majoritairement en fond de vallée, ce qui confirme que cette espèce ne vit pas à très haute altitude. La distance minimale entre deux aires est de deux kilomètres et demi. Il s’agit des aires OS01 et OS04.

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Les zones vides correspondent aux fonds de vallée où il n’y a pas d’estive. On compte également 33 estives où il n’y a pas de bétail. Elles figurent tout de même sur la carte car d’une année sur l’autre, il se peut qu’elles soient plus ou moins fréquentées par les troupeaux en transhumance.

La zone cartographiée est riche en ressources alimentaires liées au pastoralisme. En

effet, elle présente de nombreuses estives avec de fortes quantités de bétail. On n’observe pas de corrélation spatiale entre le succès ou l’échec de reproduction et la quantité de bétail en transhumance.

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Sur les 18 couples considérés, 4 ont connu un échec de leur reproduction, c’est-à-dire qu’il n’y a pas eu envol de jeune. On constate que les menaces sont assez nombreuses et qu’elles se concentrent dans les fonds de vallées car il est plus facile d’y faire passer routes, pistes et lignes électriques haute tension. Les sites d’escalade se situent en général pas trop loin d’un sentier qui facilite l’accès à la falaise. Je précise à nouveau ici que tous les sites d’escalade mentionnés ne sont pas forcément fréquentés : certains sont abandonnés, mais peuvent être rapidement réinvestis par les pratiquants suite à un rééquipement de la falaise. Seuls deux sites de décollage de vol libre ont été repérés : il s’agit des deux sites officiels et conventionnés déclarés sur cette zone.

Aucune corrélation spatiale entre menaces d’origine anthropique et échec de

reproduction apparaît clairement à la lecture de cette carte. Par contre, les couples des sites AS12 et OS01 pour lesquels la reproduction a échoué sont à proximité immédiate de colonies de Vautours fauves de taille importante : AS12 est entourée de deux colonies, une de 8 couples et l’autre de 14, tandis que OS01 est en contact avec les deux plus grandes colonies de Vautours fauves formées de 115 couples au total (données 97). De façon majoritaire, les sites dont les couples ont réussi la reproduction sont éloignés de toutes colonies de Vautours fauves ou alors en contact avec un nombre réduit de couples. Cependant, quelques sites sont en contact avec des colonies de taille non négligeable (AS08, AS05 et OS04) et ont pourtant réussi leur nidification. Remarque : le site OS08 est situé hors des limites du Parc. Je ne pense pas que cela ait un impact sur sa protection ou son suivi, mais par contre, il se peut qu’il manque certaines informations sur les menaces, notamment pour celles transmises par le Parc. DISCUSSION 1) Création de la base de données sous ACCESS

Plusieurs difficultés se sont présentées lors de l’élaboration de la base de données. Tout d’abord, il faut souligner que le réseau français de suivi du Vautour percnoptère

n’était pas bien préparé à ce projet : les partenaires n’étaient pas tous au courant, et par conséquent tous ne se sont pas impliqués dès le début. La phase de concertation a été ralentie par ce manque de mobilisation et de volonté d’avancement de la création de la base. Toutefois, le projet a été accueilli avec enthousiasme par les partenaires du sud-est, et ce, dès la phase initiale. Enfin, à la dernière réunion avec le réseau Pyrénées, la présentation de la base de données a suscité l’intérêt de la majeure partie des futurs utilisateurs.

Un des obstacles principaux a résidé dans le manque de précision des termes employés

dans le suivi. En effet, tous les termes utilisés par les fiches de terrain ne sont pas explicites, et lors de réunions entre les partenaires du suivi, les observateurs se sont aperçus qu’ils ne remplissent pas les fiches de la même manière suite à l’ambiguïté de certains termes.

Par exemple, la notion de contact est très importante pour les opérations de comptage

et de prospection. Elle permet, lorsqu’elle est bien définie, d’obtenir une idée précise du nombre d’individus lors du traitement des données. Actuellement, cette notion est vague : les observateurs ne savent pas si un contact défini un passage d’un seul oiseau, s’il peut correspondre au passage de deux oiseaux ou plus qui se suivent, à partir de quel laps de temps

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où l’oiseau est dissimulé sa réapparition correspond à un contact différent, etc. Pour ce point, les éclaircissements nécessaires n’ont pas encore été apportés : la base sera facilement modifiée pour être en adéquation avec les fiches quand elles seront corrigées.

Un autre aspect a été plus gênant pour la conception de la base : la définition du « site » et la localisation parfois floue des observations qui en découle. Pour certains, le site est une réalité géographique et est délimité assez précisément. Pour d’autres, le site constitue une interprétation biologique : un même code site regroupe l’ensemble des aires occupées successivement par le même couple (présumé, étant donné que les oiseaux ne sont pas reconnaissables dans les Pyrénées puisque non marqués pour l’instant) d’année en année. De ce fait, un manque de rigueur au niveau des fiches apparaît pour la localisation des observations. On ne connaît pas la localisation précise de l’oiseau lorsque celui-ci ne se trouve pas à l’aire car il est simplement indiqué sur la fiche le code site qui ne correspond à aucune réalité en terme de position géographique. Cette remarque me pousse à conclure que pour l’instant, la seule définition exacte du site est la zone géographique couverte visuellement par l’observateur lorsqu’il se trouve au point d’observation de l’aire (en général, un point d’observation par aire).

Au final, j’ai considéré que le site n’a pas de réalité géographique et que cela constitue

un codage pour l’instant. Si les choses évoluent, le site, telle que la base est conçue actuellement, pourra devenir une entité géographique puisque la table contenant les informations relatives aux sites prévoit le stockage des coordonnées géographiques.

Une plus grande clarté au niveau des fiches aurait des répercussions positives sur l’organisation de la base. En effet, pour l’instant, les observateurs notent le plus de choses possibles, relèvent tout ce qu’ils voient en décrivant le tout par des phrases quand leurs observations ne rentrent pas dans les cases prévues. La base a été prévue pour pouvoir contenir tout ce qui est noté pour l’instant, mais de telles données sont très longues à saisir et plus difficilement harmonisées et exploitables par la suite. Cet amalgame imprécis est dû principalement au fait que les fiches sont utilisées pour toutes les opérations de terrain. Il serait judicieux de s’inspirer des fiches du Parc qui séparent chaque protocole et ne relèvent que les informations importantes dans le cadre de l’objectif fixé : une fiche conçue pour la prospection et le comptage des oiseaux qui est axée sur le nombre d’oiseaux et leur parcours précis, une autre fiche pour le suivi des aires axée sur les observations du comportement du couple qui permettent de déterminer à quelle phase de la reproduction ils en sont. Une fois ce travail de réorganisation des fiches accompli, la base sera facilement modifiable pour se calquer sur le même modèle et gagnera ainsi en clarté et en facilité d’utilisation.

D’autre part, au niveau conceptuel, certaines tables pouvaient être reliées de plusieurs façons aux autres. Il a fallu trancher selon la pertinence de chaque possibilité.

Par exemple, les observations d’autres espèces d’oiseaux aux abords de l’aire d’un

Vautour percnoptère peuvent être considérées comme une caractéristique de l’aire car ces oiseaux sont territoriaux et donc doivent circuler sur cette zone fréquemment. Mais elles peuvent également être vues comme une des choses vues lors d’une observation de l’aire. Pour régler ce problème, j’ai créé deux tables : « nids proches » et « autres espèces ». La première est reliée à la table de description de l’aire : elle est alimentée une fois dans l’année lors de la description de l’aire. Elle concerne les espèces nicheuses qui seront donc présentes sur le secteur pendant plus ou moins toute la période de reproduction du Vautour percnoptère. La deuxième est reliée à l’observation et est alimentée à chaque fois qu’une observation de

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Page 29: Élaboration d’une base de données nationale (ACCESS)

l’aire comporte l’observation d’autres espèces. Il peut alors s’agir d’espèces de passage. D’après moi, elle contient des informations moins importantes et pourrait être supprimée si les utilisateurs sont d’accord.

Il en est de même pour les menaces dont la table pouvait aussi bien être rattachée à la

description de l’aire qu’aux observations. Il a été choisi de laisser toutes les menaces (et les actions pouvant être menées pour les contrôler) dans la même table, reliée à la table décrivant l’aire (« dico_aire »). De cette façon, il est plus simple par la suite d’accéder aux données lors de requêtes.

Les informations concernant l’aire et le site sont scindées en deux tables à chaque fois : « Site » et « renseigconfidentSite », « Dico-aire » et « infoconfidentAire ». Ainsi, les informations pouvant revêtir un caractère confidentiel sont notées dans une table séparée, ce qui permet de les exclure plus facilement lors du partage de la base avec des partenaires non autorisés à avoir accès à certaines données (notamment la localisation précise de ces lieux).

La table « suivi_reproduction » constitue une sorte de bilan de la reproduction. Ce bilan pourrait être obtenu par une requête, mais n’ayant pas les données réelles de terrain, j’ai préféré prévoir une table pour que les observateurs puissent rentrer leurs observations concernant la reproduction au fur et à mesure, quitte ensuite à éditer le bilan de la reproduction par la requête correspondante et comparer les deux bilans entre eux. A l’utilisation, une seule méthode pourra être choisie et utilisée. Simplement, comme la fiche existe (cf. annexe 4), j’ai conçu la table correspondante.

Dans tous les cas, j’ai choisi l’option permettant à la base une évolution facile ou l’intégration d’aspects nouveaux ou en développement. Ainsi, la partie concernant le suivi photographique des placettes est intégrée au modèle conceptuel, et pourra donc être développée par la suite. Il en est de même pour les informations sur le baguage, la biométrie, la capture et le relâcher ou la garde en captivité des oiseaux : leur stockage dans la base est d’ores et déjà possible, même si pour l’instant toutes ces opérations ne sont pas encore réalisées ou très rarement. Mais sachant qu’elles sont amenées à se développer, elles sont intégrées à la base dès sa phase initiale. 2) Cartographie et analyse spatiale

Les aires de nidification les plus proches sont à une distance de 2500 mètres l’une de l’autre sur notre zone d’étude. Cette distance entre deux aires peut être beaucoup plus faible, comme cela est observé fréquemment en Espagne où la densité de couple est plus forte ou sur une autre zone des Hautes Pyrénées où la distance minimale entre deux nids est d’environ 700 mètres dans la réserve naturelle du Pibeste.

La situation des couples sur la zone étudiée du Parc en 2003 est plutôt bonne. En effet,

seuls 4 des 18 couples ont échoué dans leur reproduction. Cependant, il faut rester vigilant aux vues des nombreuses menaces qui parsèment ce territoire. La plupart des sites de nidification sont situés en fonds de vallée, où les activités et les infrastructures humaines sont concentrées. La reproduction de certains couples a peut-être été réussie de justesse.

La cartographie n’a pas mis en évidence une cause claire d’échec de reproduction des

couples de Vautours percnoptères. Le facteur « ressources alimentaires » ne peut pas expliquer les échecs de reproduction des couples étudiés car la zone correspondante est riche

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en ressources alimentaires liées au pastoralisme, comme le montre l’analyse spatiale. Cette affirmation est renforcée par le fait que les couples ont un territoire de chasse de 75 km² d’après Braillon (1987), ce qui constitue une surface importante par rapport à notre zone d’étude.

Il est pourtant reconnu que la diminution des effectifs de l’espèce et de sa répartition

est liée de façon notable au changement des pratiques pastorales. Notre analyse spatiale ne couvre pas une zone suffisamment étendue pour mettre en évidence des échecs de reproduction dues à un manque de ressources alimentaires liées au pastoralisme. Sur des zones plus pauvres en ressources alimentaires de ce type, la corrélation serait peut-être apparue.

Au niveau des menaces, il ressort simplement qu’il semblerait que les Vautours fauves

puissent être la cause de l’échec de reproduction de certains couples. En effet, deux des quatre couples ayant échoué (OS01 et AS12) sont entourés de grosses colonies. Des observations d’ordre général renforcent cette hypothèse puisqu’il est fréquent d’assister à des conflits entre Vautours fauves et Vautours percnoptères. De plus, on sait que l’aire AS12 a été occupée plusieurs années par des Vautours fauves avant d’être restituée aux Vautours percnoptères. Par contre, des aires situées dans ces mêmes colonies de Vautours fauves de taille importante ont réussi à mener leur jeune à l’envol. De multiples hypothèses peuvent être émises pour expliquer ce fait : le nid était peut-être mieux protégé grâce à sa configuration (dans une faille, etc.), le couple avait peut-être plus d’expérience...

Toutefois, la mise en cause des Vautours fauves dans l’échec de reproduction des

vautours percnoptères reste très hypothétique. En effet, il faut garder à l’esprit que les menaces naturelles sont plus faciles à répertorier que les menaces d’origine anthropique dans le sens où les menaces liées à l’homme ne pourront jamais figurer de manière exhaustive, même avec la meilleure volonté de la part de chaque structure. Des pratiquants d’escalade ou de vol libre peuvent s’adonner à leur activité sportive n’importe où sans autorisation spéciale. Une personne peut s’approcher du nid pour prendre des photographies sans être vue de quiconque. Ainsi, il se peut que les couples ayant échoué aient été victimes des activités de loisirs de plein air, même si ce n’est pas visible sur la carte, ou encore de survols d’hélicoptères puisqu’ils n’ont pas été cartographiés.

De même, je n’ai pas eu accès aux caractéristiques physiques (orientation de l’aire,

type d’aire, hauteur relative de l’aire par rapport à la hauteur de la falaise, substrat rocheux, visibilité de l’aire…) pour l’ensemble des aires de la zone d’étude. Or, il est reconnu que selon l’emplacement de l’aire (grotte, corniche abritée ou non) et son orientation, l’œuf et le poussin sont plus ou moins exposés aux intempéries, ce qui a une grande répercussion sur leur développement. La configuration de l’aire devrait donc être prise en compte pour l’étude des causes d’échec de la reproduction.

Dans certains cas de figure, on peut se prononcer sans trop d’incertitude sur le dérangement engendré par les menaces. Par exemple, des hommes passant à proximité immédiate d’une aire (escalade, chasse photographique, sentier de randonnée), ou le passage répété d’hélicoptères devant le nid, auront de fortes probabilités de faire échouer la reproduction des couples. Par contre, dans d’autres cas, on ne peut pas se prononcer de façon si tranchée car aucune étude éthologique n’a montré le seuil de tolérance moyen du Vautour percnoptère vis-à-vis de chaque menace. Une telle étude serait très utile car elle permettrait de proposer des mesures de protection adaptées parfaitement à chaque cas, comme il a été fait

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Page 31: Élaboration d’une base de données nationale (ACCESS)

pour le Gypaète barbu pour lequel une zone de 700 mètres autour de l’aire a été proclamée interdite à la circulation de tout être humain. Je pense que grâce à des mesures de protection aussi précises, les gens prennent plus facilement conscience de leur impact sur la faune et respectent plus facilement les interdictions car elles leur paraissent fondées. Dans le cas du Vautour percnoptère, on doit se contenter d’appliquer le principe de précaution, et surtout de le faire appliquer sur le terrain par les différents utilisateurs de l’espace. Les gens semblent plus ou moins sensibilisés, mais les choses ont l’air d’évoluer dans le bon sens. Ainsi, la FFME est sensible à l’impact que peut avoir la pratique de l’escalade sur la reproduction des grands rapaces et s’est montrée très disponible pour l’établissement d’une cartographie détaillée des voies et de leur fréquentation. Il n’en va pas de même pour les clubs de vol libre qui paraissent méfiants et doivent redouter des mesures restrictives quant à la pratique de leur sport là où nous souhaitions simplement connaître leurs lieux de pratique.

Cependant, à ce stade de l’analyse, on ne peut qu’émettre des hypothèses sur les

causes d’échec de la reproduction, d’autant plus que les données ne sont pas assez précises géographiquement et ne s’étalent pas sur suffisamment d’années pour qu’on puisse identifier de façon certaine les causes d’échec de la reproduction. L’analyse spatiale a également été freinée par une incohérence temporelle des données, certaines datant de 1997, comme la localisation des colonies de Vautours fauves et la quantité de bétail sur les estives. Même si d’après le Parc ces données n’ont pas connu de grands changements, il n’est pas rigoureux de les confronter à d’autres données plus récentes. Ce problème sera prochainement réglé grâce à une mise à jour de ces données par le Parc.

Les données ont été très difficiles à obtenir, que ce soit auprès des structures partenaires (LPO Aquitaine) ou d’autres comme les clubs de vol libre. Une certaine méfiance semble être à la base de cette difficulté, doublée parfois d’un désintérêt : les naturalistes redoutent de divulguer l’emplacement des sites de nidification et ceux qui sont susceptibles de représenter une menace pour les oiseaux craignent des mesures de protection trop contraignantes. Le Parc National des Pyrénées a pallié à ce manque et cette lenteur de transmission de données puisqu’il en a fourni la majorité. Par la suite, la signature de la convention élaborée en parallèle de la base de données devrait permettre un meilleur échange des informations (cf. annexe 7 : proposition de convention).

Certaines améliorations peuvent donc être apportées, et ce à plusieurs niveaux.

Au niveau organisationnel, une meilleure implication des acteurs locaux (clubs d’activité de loisirs, randonneurs) par une information claire mènerait à une utilisation plus raisonnée de l’espace car plus responsable. Cette amélioration est en court grâce à de nombreuses actions de communication. Une collaboration plus étroite des partenaires à l’intérieur de chacun des deux grands réseaux régionaux de suivi ainsi qu’entre eux permettrait une implication plus grande de chacune des structures et donc de meilleurs résultats au niveau de la connaissance de l’espèce et de sa conservation.

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Au niveau de l’étude elle-même : - l’historique des sites : le nombre de changement d’aire et le nombre d’échec supposés pour un couple associés au bilan de la reproduction sur plusieurs années permettrait une meilleure analyse des causes d’échec de la reproduction - l’étude éthologique : l’étude du comportement des Vautours percnoptères face aux différentes menaces permettrait d’avoir une idée du dérangement occasionné selon le type de menace, la distance de la menace, la topographie du site ou encore selon la période de reproduction. Ainsi, au lieu d’appliquer le principe de précaution, on pourrait définir la zone de sensibilité majeure pour la réussite de la reproduction de chaque couple selon la configuration des lieux et prendre les mesures de protection les plus adaptées à chaque cas. - une meilleure précision géographique permettrait une analyse à plus grande échelle - l’étude du régime alimentaire des couples et de la zone géographique qu’ils parcourent pour s’alimenter permettrait de savoir quelle est la ressource alimentaire dont dépendent le plus les Vautours percnoptères et comment ils s’adaptent aux conditions locales. Une meilleure connaissance des ressources et de la zone trophiques fournirait un élément de décision quant à l’utilité de la mise en place de placettes d’alimentation pour aider à l’installation de nouveaux couples. CONCLUSION

Les SIG fournissent un outil précieux pour illustrer l’occupation de l’espace. Toutefois, l’analyse spatiale est limitée par la qualité et la précision des données. Dans notre étude, il aurait été intéressant de faire une analyse à plus grande échelle, mais le manque de précision géographique de la plupart des menaces ne le permettait pas. De plus, à grande échelle, il faudrait réaliser une cartographie en trois dimensions puisque l’altitude constitue un paramètre important pour un oiseau. En effet, un parapente, par exemple, n’a pas le même impact de dérangement selon s’il passe au-dessus ou au-dessous de l’aire. Il en va de même pour les lignes électriques dont la distance à l’aire devrait être prise en compte.

En résumé, les SIG, malgré toutes les possibilités techniques qu’ils offrent, restent un

outil. Les résultats obtenus lors de son utilisation dépendent fortement de la qualité des données originelles et des objectifs fixés initialement, comme pour tout autre outil (statistique notamment).

L’effort doit donc être fourni en amont pour de bons résultats en aval. Cette attention préalable serait payante aux vues des résultats et des documents que pourraient alors fournir une cartographie ou une analyse spatiale poussées. En effet, une illustration cartographique parle plus que n’importe quelle analyse ou discours et révèle une situation géographique indéniable. Les SIG pourraient donc constituer un outil décisionnel de poids dans le domaine de la conservation du Vautour percnoptère comme dans les autres domaines où ils ont déjà fait leurs preuves.

Bien sûr, une conservation efficace des espèces passe également par une réelle volonté, non seulement de l’État et de l’Europe qui apportent des moyens financiers (plans de restauration, programmes Life) mais également de l’ensemble des acteurs locaux qui ont un

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impact sur l’habitat de l’espèce. C’est pourquoi la conservation des espèces est une tâche difficile : elle allie des aspects aussi différents et complémentaires que la protection et la sauvegarde des animaux eux-mêmes (centre de soins), la gestion et la restauration des habitats, l’information et la sensibilisation des partenaires, des usagers de l’espace et du public, la concertation avec les responsables locaux et les utilisateurs de l’espace, le développement de recherches permettant d’améliorer la stratégie de conservation de l’espèce grâce à l’augmentation des connaissances de l’espèce. C’est un travail de longue haleine et de grande envergure de par le nombre d’acteurs impliqués. Il demande une énergie et une motivation fortes et constamment renouvelées, mais ces efforts sont indispensables si on souhaite préserver notre patrimoine naturel.

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Bibliographie [1] R.Leakey et R.Lewin, La 6ème extinction. Évolution et catastrophes, Flammarion, 1995 [2] Jacques Blondel, Biologie de la conservation : enjeux et contraintes dans les pays industrialisés, Actes des troisièmes rencontres "Routes et faune sauvage" - Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement et Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, 30 septembre au 2 octobre 1998, 460 pages [3] Alvaro Camina Cardenal, Looking back on the status of Neophron percnopterus in Spain and regulate difficulties, intervention au séminaire sur les placettes d’alimentation mises en œuvre à l’attention des rapaces nécrophages, 14 et 15 juin 2004, Aveyron [4] Comité de pilotage du Vautour percnoptère 2003 [5] B. Arroyo et M. Razin, Effet des activités humaines sur le comportement du Gypaète barbu et son succès reproducteur dans les Pyrénées françaises, soumis, 2004 Tim Radford, Warning sounded on decline of species, The Guardian [quotidien anglais], 19 mars 2004 Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement - Plan national de restauration du Vautour percnoptère en France (2002-2007) Comité de pilotage du Vautour percnoptère 2002 Comment préserver les aires du Gypaète barbu, dans les Hautes-Pyrénées, des activités et infrastructures humaines. William Fontaine, 2003 Noémie Blin, Suivi d’une population de percnoptère d’Égypte en vallée d'Aspe, rapport de stage de BTS GPN, 2003 A. Didier, Étude du comportement reproducteur du Gypaète barbu. Influence des dérangements sur le cycle reproducteur des deux couples en vallée d’Aspe, Mémoire PNP service scientifique.

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