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en plein essor édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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en plein essorédition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole

des universités canadiennes au pays et à l’étranger. Elle représente

92 universités et collèges universitaires publics et

privés à but non lucratif du Canada.

350, rue Albert, Bureau 600 | Ottawa (Ontario) K1R 1B1TÉL. 613-563-1236 | TÉLÉC. 613-563-9745 | www.aucc.ca

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En plein essor : Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

©2008 AUCCISBN : 978-0-88876-267-4ISSN : 1715-6122

Dépôt légal – Bibliothèque nationale du CanadaImprimé au Canada

On peut obtenir des exemplaires de ce document auprès de :Division des publications et communicationsAssociation des universités et collèges du Canada350, rue Albert, bureau 600Ottawa (Ontario) K1R 1B1Téléphone : 613-563-3961 poste 205Télécopieur : 613-563-9745Courrier électronique : [email protected] Web : www.aucc.ca

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La Bibliothèque nationale du Canada a catalogué cette publication de la façon suivante :En plein essor : Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir.

Publ. aussi en anglais sous le titre : Momentum. ISBN 978-0-88876-266-6

1. Recherche universitaire— Canada.2. Aide de l'État à la recherche—Canada.I. Association des universités et collèges du Canada

LB2326.3.M6514 2005 001.4'0971 C2005-905513-8

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Table des matières

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada 1

Chapitre 2 : Facteurs de changement 33

Chapitre 3 : Les partenariats des universités en R-D 69

Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir 119

Conclusion 145

Établissements membres de l’AUCC 148

Dans le présent document, le masculin est utilisé sans aucune discrimination et uniquement dans le but d’alléger le texte.

en plein essorédition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

RemerciementsEn plein essor a été conçu dans un esprit de collaboration et d’innovation, ainsi qu’avec un grand souci de la qualité et beaucoup d’enthousiasme pour mettre en valeur les efforts en matière de recherche et de mobilisation du savoir par lesquels les universités contribuent au rayonnement du Canada. La Division de la recherche et de l’analyse des politiques et la Division des publications et des communications de l’AUCC ont dirigé les recherches, la rédaction et la production de la publication, et de nombreux collègues de l’Association ont fourni un soutien inestimable et formulé de précieux commentaires. Nous tenons en outre à remercier les hauts fonctionnaires et les bailleurs de fonds fédéraux, les établissements membres de l’AUCC et tous les autres intervenants qui ont contribué à ce rapport par leurs conseils, leurs données et leurs analyses.

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PréfaceLes Canadiens veulent vivre dans un pays prospère qui offre une riche qualité de vie. L’interdépendance entre cette aspiration et les réalisations de notre pays en recherche s’est accrue, comme c’est le cas pour nos investissements. En fait, on estime à 29 milliards de dollars les dépenses consacrées à la recherche au Canada en 2007, un sommet jamais atteint par le passé. Ces investissements établissent et maintiennent notre capacité concurrentielle à l’échelle internationale et notre niveau de vie élevé.

À titre de premier investisseur dans la recherche-développement (R-D), et de catalyseur d’investissements complémentaires de la part d’autres secteurs, le gouvernement fédéral a contribué de manière substantielle, depuis 1997, à la création de connaissances et à la mobilisation du savoir. En plus de consolider les organismes et les programmes existants, il en a également créé de nouveaux. Ensemble, ces investissements ont rehaussé la réputation du Canada dans le domaine de la recherche.

En mai 2007, le gouvernement fédéral a lancé une stratégie en matière de sciences et de technologie qui devait servir de feuille de route pour appuyer l’engagement croissant du Canada envers l’excellence internationale en matière de recherche. Cette stratégie ciblait trois secteurs susceptibles de favoriser le milieu de la recherche au Canada : l’entrepreneuriat, les gens et le savoir. Elle soulignait également que « favoriser des partenariats » est un principe fondamental, ceux-ci étant « essentiels pour transformer les efforts du Canada en réussites de classe internationale et pour accélérer le rythme des découvertes et de la commercialisation au Canada ».

Déterminées à contribuer à former la main-d’œuvre la plus scolarisée et la plus qualifiée au monde, les universités canadiennes jouent un rôle fondamental dans ces partenariats de recherche. Elles collaborent avec des partenaires au sein des gouvernements, du secteur privé, du secteur à but non lucratif et d’autres pays afin que les chercheurs canadiens puissent exceller dans les domaines d’importance stratégique, tout en demeurant solides dans un vaste éventail de disciplines.

Tandis que le Canada et d’autres pays poursuivent l’excellence en recherche et augmentent substantiellement leurs investissements en R-D, l’intérêt du public envers les résultats et les retombées de la recherche s’accroît considérablement. Les parties intéressées, les décideurs et le grand public veulent savoir : quels sont les avantages des investissements en R-D pour chaque Canadien, pour le Canada et pour le reste du monde? Quelle est l’ampleur et quelle est la répartition des investissements en recherche nécessaires pour atteindre nos objectifs sociétaux à long terme?

Conformément à son engagement pris en 2002 envers le gouvernement fédéral de rendre compte périodiquement et publiquement de l’état de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir, et d’apporter une contribution substantielle aux débats sur ces enjeux, l’Association des universités et collèges du Canada est fière de présenter En plein essor : Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir. Se voulant le prolongement de la première édition en 2005, ce rapport rend compte en profondeur de la R-D au Canada, plus particulièrement des activités du secteur universitaire et de leur financement ainsi que des progrès accomplis et des bénéfices réalisés.

Préface

ii En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Comme la première édition, le rapport présente un aperçu de l’état de la R-D au Canada, rend compte des rôles que jouent certains secteurs clés, dont le milieu universitaire canadien, en fonction de leurs investissements dans la R-D et de leurs activités de recherche. Il examine les répercussions qu’auront cinq facteurs de changement sur la recherche universitaire au Canada et ailleurs dans le monde au cours des prochaines années : la reconnaissance accrue à l’échelle internationale des liens cruciaux qui unissent la R-D universitaire et la prospérité et la qualité de vie des citoyens, la course mondiale aux talents, l’augmentation des coûts et de la complexité de la recherche universitaire, l’importance accrue accordée à la mesure des retombées et la grande nécessité de former des partenariats entre les établissements et les secteurs et au-delà des frontières géographiques.

Le rapport analyse les modes de collaboration des universités avec le secteur privé, les gouvernements, les collectivités et les partenaires étrangers. Il examine la diversité de ces partenariats de recherche, les mécanismes qui les favorisent, ainsi que les possibilités et les défis qu’ils recèlent. Il documente les retombées de ces partenariats et de la recherche universitaire en général. Ces retombées peuvent être résumées de manière générale par le fait que les étudiants reçoivent une formation dans un milieu axé sur la recherche, ce qui entraîne la production et la diffusion de connaissances entre les disciplines, les secteurs et les pays ainsi que des innovations qui stimulent la création de produits, de processus, de services et de politiques et l’adoption de nouveaux comportements et de nouvelles idées.

Considérés ensemble, les chapitres du rapport En plein essor constituent une évaluation détaillée, qui tient compte des délais nécessaires pour atteindre les objectifs à long terme de la recherche. Ils illustrent également à quel point le financement et le rendement de la recherche doivent être évalués et réévalués sous tous les angles, soigneusement et continuellement, en tenant compte de la concurrence internationale.

Même si les retombées de la recherche et une collaboration accrue ont pu améliorer la réputation du Canada en ce qui concerne son engagement envers l’excellence en recherche, les cinq facteurs de changement sus-mentionnés continueront d’exercer une pression considérable sur la R-D nationale. Nos universités devront encore faire face aux pressions liées à la hausse des frais

administratifs, de coordination et de conformité ainsi que des autres frais de soutien qui accompagnent l’augmentation de la demande en recherche. À la condition qu’elles disposent des ressources nécessaires, nos universités sont en mesure de relever le défi de travailler avec des partenaires pour répondre aux priorités stratégiques du Canada, tout en procurant un milieu de recherche dans lequel les esprits créatifs et productifs pourront explorer les enjeux qui nous intriguent, préoccupent et inspirent à titre de citoyens.

Dans le cadre de leurs travaux, les étudiants et les chercheurs rencontrent inévitablement et de plus en plus d’autres personnes dont les approches, la culture et les intérêts scientifiques sont différents. C’est par de telles rencontres, au croisement des disciplines, des secteurs et des régions géographiques, que des solutions aux défis régionaux, nationaux et mondiaux pourront être trouvées. Nous devons favoriser ces interactions et ces partenariats si nous voulons approfondir les domaines de recherche actuels tout en accordant les ressources suffisantes à la poursuite de nouvelles avenues.

Comme le montrent la profusion d’exemples et de données qui jalonnent le rapport, les chercheurs universitaires canadiens continuent de faire des percées remarquables dont nous pouvons tous être fiers et, surtout, dont nous allons tous bénéficier. Il nous appartient de faire en sorte que cet essor, qui nous a coûté tant d’efforts, ne fléchisse pas.

Claire M. MorrisPrésidente-directrice généraleAssociation des universités et collèges du Canada

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Chapitre

Investissements et activités de R-D au Canada

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BAILLEURS DE FONDS DE LA RECHERCHE AU CANADA

Les investissements en 2007On estime à 29 milliards de dollars les dépenses consacrées à la recherche au Canada en 2007. Six sources sont à l’origine de ces investissements : le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, les entreprises, les universités, les organismes à but non lucratif et les organismes étrangers. À l’exception de ces derniers, chaque secteur finance et réalise des activités de recherche au Canada.

Le secteur privé est la principale source de financement des projets de R‑D au pays. En 2007, il y a investi une somme estimée à 13,8 milliards de dollars, soit 47,8 pour cent de l’ensemble des fonds consentis dans le domaine de la recherche. Environ 93 pour cent de cette somme a été affectée à des projets de recherche réalisés dans le secteur privé. Signalons toutefois que 881 millions de dollars (6,4 pour cent des investissements) ont été consacrés à la recherche universitaire.

Les activités de recherche et développement (R‑D) sont de plus en plus perçues, dans le monde entier, comme un moyen incontournable de contribuer au mieux‑être social et économique des citoyens. Cette reconnaissance généralisée des liens qui unissent R‑D, innovation, capacité concurrentielle sur la scène internationale, prospérité et qualité de vie a entraîné une hausse marquée des investissements et des activités de R‑D ces dernières années, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Ceux qui effectuent la recherche, ceux qui la subventionnent et ceux qui en bénéficient ont tous à cœur la réussite de ces activités et de ces investissements, étant donné leurs répercussions sur la prospérité canadienne et leur influence en contexte de mondialisation.

Le présent chapitre donne un aperçu de l’état de la R‑D au Canada. Il rend compte des rôles que jouent certains secteurs clés, dont le milieu universitaire canadien, en investissant dans la R‑D et en effectuant des travaux de recherche. Ce chapitre traite aussi des quatre éléments fondamentaux de la recherche universitaire et de la nécessité de déterminer une répartition et un niveau de dépenses appropriés pour répondre aux besoins à court et à long terme en matière de R‑D au pays.

Chapitre 1 :Investissements et activités de R-D au Canada

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Le gouvernement fédéral, qui a investi, selon les estimations, quelque 5,4 milliards de dollars en 2007, soit 18,8 pour cent du financement de la recherche au Canada, arrive au deuxième rang. La part du lion des investissements en R‑D va à deux secteurs en particulier : les ministères et les organismes fédéraux (2,3 milliards de dollars) et les universités (2,8 milliards de dollars).

Le gouvernement fédéral accorde également un financement direct à hauteur de 330 millions à la recherche effectuée dans le secteur privé, et un appui indirect aux activités de recherche qui s’y déroulent par l’entremise du programme de crédit d’impôt Recherche scientifique et développement expérimental (RS&DE). Le programme RS&DE est un des plus généreux du genre dans le monde et coûte au gouvernement fédéral plus de quatre milliards de dollars par année en recettes fiscales non touchées1. Les données relatives au financement direct de la recherche ne tiennent pas compte des crédits d’impôt, mais ce programme représente tout de même une contribution importante du gouvernement fédéral aux activités de R‑D au pays et encourage fortement le secteur privé à investir dans la recherche.

Les universités fournissent elles aussi un appui important à la recherche; elles y ont investi un montant estimé à 4,8 milliards de dollars en 2007, soit 16,4 pour cent de l’ensemble des investissements consentis à la recherche au Canada. Ce chiffre tient compte d’une estimation de la valeur monétaire du temps consacré par les professeurs à la recherche, des frais de soutien de la recherche engagés par les établissements (ou « frais indirects ») relatifs aux projets subventionnés par des sources externes et non subventionnés ainsi que de certains frais liés à la recherche effectuée au sein d’hôpitaux universitaires affiliés2.

Le financement provenant de sources étrangères était estimé à 2,6 milliards de dollars en 2007 au Canada (neuf pour cent du financement total). Il s’agit d’une chute importante par rapport à 2000, année où les sommes investies par des bailleurs de fonds étrangers (plus de quatre milliards de dollars) ainsi que la proportion (17,4 pour cent) de ces investissements par rapport aux sommes totales investies dans la recherche au Canada ont atteint un sommet. Ce recul est attribuable dans une large mesure au secteur des technologies de l’information et des communications, qui a connu un fort ralentissement en 20013.

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

Secteur à but non lucratif 849 millions $ (2,9 %)Gouvernements provinciaux 1 482 million $ (5,1 %)

Organismes étrangers 2 618 millions $ (9,0 %)

Universités 4 758 millions $ (16,4 %)

Gouvernement fédéral 5 437 millions $ (18,8 %)

Secteur privé 13 840 millions $ (47,8 %)

Bailleurs de fonds de la recherche, 2007

Source : Statistique Canada

29 milliards de dollars

Graphique 1.1 : Le secteur privé, le gouvernement fédéral et les universités sont les principaux bailleurs de fonds de la recherche au Canada

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Presque tous les investissements étrangers destinés à la recherche (95 pour cent) vont au secteur privé. Les universités attirent le reste de ces fonds, qui proviennent principalement d’organisations comme les National Institutes of Health des États‑Unis (NIH). Depuis quelques années, le Canada compte parmi les trois premiers pays bénéficiaires des fonds accordés par voie de concours par les NIH4.

Les gouvernements provinciaux et le secteur à but non lucratif investissent également dans la R‑D au Canada. En 2007, les gouvernements provinciaux ont investi

environ 1,5 milliard de dollars dans la recherche (5,1 pour cent du financement total), et le secteur à but non lucratif, environ 850 millions de dollars (2,9 pour cent). Plus de 70 pour cent du financement provincial alloué à la R‑D est destiné aux universités, et 20 pour cent est consacré aux activités de recherche des ministères et organismes provinciaux; le reste va principalement à la recherche effectuée dans le secteur privé. La presque totalité des fonds de soutien de la recherche issus du secteur à but non lucratif (environ 95 pour cent) est destinée aux universités, et le reste sert aux activités de recherche internes.

16 000

12 000

8 000

4 000

0

Investissements dans la recherche par secteur, 1993 à 2007Millions de dollars constants de 2007

Secteur privéGouvernement fédéral

UniversitésOrganismes étrangers

Gouvernements provinciauxSecteur à but non lucratif

30

26

22

18

14

Total des investissements dans la recherche, 1993-2007 Milliards de dollars constants de 2007

Source : Statistique Canada

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

p

2007

p

1993

1994

1995

1996

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1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

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2006

p

2007

p

Graphique 1.2 : Tous les bailleurs de fonds canadiens ont accru leurs investissements dans la recherche au cours des 15 dernières années, mais le taux de croissance global a ralenti de façon significative depuis 2001

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Les investissements dans le domaine de la recherche : tendances sur une période de 15 ansL’analyse des 15 dernières années en matière d’investissements dans la recherche permet la mise en contexte des données. On remarque une période de reculs, au début des années 1990, et une période d’investissements massifs dans la R‑D au Canada entre 1997 et 2001 suivie de quelques années de croissance lente. De 1992 à 2007, les investissements combinés provenant des six secteurs précédemment décrits ont augmenté en moyenne de 4,5 pour cent par année en dollars réels pour atteindre 29 milliards en 20075. Les investissements ont augmenté globalement de 93 pour cent au cours de cette période.

La croissance des investissements est toutefois loin d’avoir été constante au cours de cette période. Au début des années 1990, un important ralentissement économique a influé sur les investissements en R‑D, et le gouvernement fédéral se consacrait à l’élimination du déficit croissant et à la réduction de la dette publique. Ce ralentissement a entraîné la première période de stagnation importante des investissements en R‑D depuis 1963, année où les données ont commencé à être recueillies.

Dans la deuxième moitié des années 1990, l’élimination du déficit fédéral a eu un effet bénéfique sur la situation économique du Canada, et le gouvernement fédéral a commencé à renouer son engagement à l’égard de la recherche. Jumelées aux stratégies provinciales de réinvestissement, les initiatives fédérales ont joué un rôle de catalyseur auprès des autres secteurs, donnant lieu à une croissance marquée des investissements annuels moyens en R‑D entre 1996 et 2001 (8,8 pour cent). Le recul enregistré dans le domaine des technologies de l’information et des communications en 2001 a ensuite entraîné deux années de stagnation des investissements, surtout dans le secteur privé. Depuis 2003, la croissance annuelle a repris, mais à un taux annuel moyen de 2,1 pour cent, soit un taux quatre fois inférieur à celui enregistré entre 1996 et 2001.

Au cours de cette période de 15 ans, la tendance relative à la croissance des investissements a varié selon les secteurs. Le secteur privé, par exemple, a connu la plus forte période de croissance (plus de 10 pour cent annuellement) entre 1996 et 2001, stimulée par les investissements consentis dans le domaine des technologies de l’information et des communications.

Depuis 2001, toutefois, les investissements accordés par le secteur privé stagnent; la croissance moyenne annuelle est de 0,8 pour cent.

Pendant la même période, les investissements étrangers en R‑D ont été étroitement liés aux conditions du marché et ont suivi dans une certaine mesure les tendances observées dans le secteur privé canadien. Après avoir augmenté légèrement au milieu des années 1990, les investissements étrangers en R‑D ont doublé entre 1997 et 2000 avant de retomber en 2002 aux niveaux de 1997. Entre 2002 et 2007, les investissements étrangers ont connu une croissance lente, à un taux annuel moyen de 4,1 pour cent.

Les tendances en matière de financement par le gouvernement fédéral diffèrent quelque peu de celles du secteur privé. Entre 1993 et 1998, les investissements du secteur privé ont connu une forte croissance, tandis que les investissements fédéraux ont diminué chaque année de 3,4 pour cent en moyenne. Les deux secteurs ont enregistré une forte croissance entre 1998 et 2001. Alors que les investissements privés ont commencé à stagner en 2001, les investissements fédéraux ont augmenté en moyenne de quatre pour cent par année entre 2001 et 2005. Depuis 2005, on n’a toutefois observé aucune croissance réelle dans ni l’un ni l’autre des secteurs.

Le financement de la recherche par les universités a suivi une tendance assez analogue à celle du financement fédéral, c’est‑à‑dire qu’il a stagné jusqu’en 1997 avant de croître à un taux annuel moyen de sept pour cent au cours de la décennie suivante. Cette tendance s’explique en partie par le fait que les investissements des universités en R‑D sont étroitement liés à ceux du gouvernement fédéral. Ce dernier est le principal bailleur de fonds externe des universités et il joue souvent un rôle de catalyseur auprès des autres secteurs en les incitant à effectuer des investissements complémentaires.

Pendant la majeure partie de cette période, les tendances en matière de financement de la recherche par les provinces ont suivi celles du fédéral. Les provinces ont toutefois réduit leurs investissements dès 2003. Cela pourrait s’expliquer en partie par le calendrier et la portée des contributions provinciales à des projets financés, par exemple, par la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) et Génome Canada, qui exigent une correspondance des contributions. Le secteur à but non

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

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lucratif a considérablement accru ses investissements au cours de cette période, soit à un taux annuel moyen de 7,3 pour cent, les hausses les plus importantes ayant eu lieu entre 1999 et 2002.

ACTEURS DE LA RECHERCHE AU CANADA

À l’exception des investisseurs étrangers, les organisations qui financent la R‑D au Canada sont également celles qui effectuent de la recherche. Le secteur privé, les universités et le gouvernement fédéral sont les principaux acteurs de la recherche au Canada. Les gouvernements provinciaux et les organismes à but non lucratif effectuent une part relativement moins importante des activités de R‑D au Canada.

17 500

15 000

12 500

10 000

7 500

5 000

2 500

0

Activités de recherche par secteur, 1993 à 2007Millions de dollars constants de 2007

Source : Statistique Canada

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006p 2007p

Secteur privéUniversités

Gouvernement fédéralGouvernements provinciaux

Secteur à but non lucratif

Graphique 1.3 : Au cours des 15 dernières années, les activités de recherche réalisées dans le secteur privé et au sein des universités sont celles qui ont le plus contribué à la hausse globale du rendement du Canada sur le plan de la recherche

Le secteur privéLe secteur privé est à la fois la principale source de financement de la recherche au Canada et le secteur qui mène le plus de travaux de recherche au pays. En 2007, on estime qu’il effectuait environ 54 pour cent de l’ensemble des travaux de recherche au pays, une activité évaluée à 15,8 milliards de dollars. Le financement direct provient dans une large mesure des entreprises canadiennes elles‑mêmes, ou d’investisseurs étrangers, quoique le gouvernement fédéral apporte un certain soutien direct ainsi qu’un soutien indirect à ces activités de recherche par l’entremise de son programme de crédit d’impôt RS&DE.

Les entreprises privées effectuent principalement de la recherche afin d’améliorer leurs produits et services ou de développer de nouveaux produits, de nouveaux services ou de nouveaux marchés. D’un point de vue national, l’innovation liée à la R‑D industrielle est essentielle à la croissance économique et à la

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en 2000 à environ 42 pour cent en 2007. Les cinq pour cent restants des activités de recherche effectuées dans l’industrie en 2007 ont été entrepris dans les secteurs suivants : agriculture; foresterie et exploitation forestière; pêche, chasse et piégeage; extraction de pétrole et de gaz; exploitation minière; énergie électrique et autres services publics; construction.

En 2007, cinq secteurs industriels ont effectué plus de 40 pour cent des activités de R‑D du secteur privé : industries de la culture et de l’information; télécommunications; conception de systèmes informatiques et services connexes; services de recherche et développement scientifiques; industrie pharmaceutique et médecine. La recherche effectuée dans le secteur des industries de la culture et de l’information représentait près de 11 pour cent de l’ensemble des travaux réalisés; il s’agit du secteur industriel ayant effectué le plus de recherches. Cela dit, la concentration par secteur a tendance à diminuer. En 2000, plus du quart de toute la recherche réalisée dans le secteur privé a été entrepris par le secteur de l’équipement de communication, dont une grande partie par une seule entreprise, Nortel6.

productivité. En 2005, dernière année pour laquelle nous disposons de données, la majeure partie des investissements du secteur privé dans la R‑D destinés à des projets internes visaient le développement de nouveaux produits (5,7 milliards de dollars, soit 40 pour cent) ou l’amélioration de produits (3,2 milliards de dollars, soit 22 pour cent). En outre, 2,9 milliards de dollars (21 pour cent) ont été investis dans la création ou dans l’amélioration de processus et de services, et 1,9 milliard de dollars (13 pour cent), dans la recherche appliquée. Seuls 600 millions de dollars (quatre pour cent) ont été consacrés à la recherche fondamentale; le secteur privé se tourne souvent vers les universités pour répondre à ses besoins en matière de recherche fondamentale.

La nature de la recherche effectuée dans le secteur privé se transforme et révèle que la R‑D tend à être de moins en moins liée à la fabrication de produits, et de plus en plus aux services. En 2000, le secteur manufacturier était à l’origine de 69 pour cent des activités de R‑D. Ce chiffre est tombé à environ 53 pour cent en 2007. Pendant la même période, les activités de R‑D du secteur privé réalisées par les entreprises de services sont passées de 28 pour cent

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

Source : Statistique Canada

Provinces de l’Atlantique Québec et Ontario Provinces de l’Ouest

90 %

75 %

60 %

45 %

30 %

15 %

0 %

Proportion des activités de recherche par secteur selon la région, 2005

UniversitésGouvernement fédéralSecteur privé

Graphique 1.4 : La recherche universitaire est plus dispersée sur le plan géographique que la recherche effectuée par le gouvernement fédéral et par le secteur privé

8 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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La diminution importante des activités de R‑D chez Nortel à partir de 2001 a eu un impact significatif sur l’ampleur des activités de recherche dans le secteur privé de l’ensemble du pays. Entre 2001 et 2005, la recherche dans le secteur de l’équipement de communication a diminué de moitié, avant de se stabiliser. En 2007, les activités de recherche réalisées dans ce secteur étaient passées de 25 pour cent (en 2001) à neuf pour cent de l’ensemble de la recherche du secteur privé. Bien qu’il s’agisse d’un exemple particulièrement frappant, la tendance au chapitre des activités de R‑D dans le secteur de l’équipement de communication illustre à quel point la recherche dans le secteur privé est vulnérable aux conditions du marché, et indique l’instabilité potentielle de ces investissements.

Une tendance plus encourageante concerne le nombre d’entreprises qui effectuent de la recherche au Canada. En 2000, près de 11 000 entreprises effectuaient de la R‑D. Ce chiffre a dépassé les 19 000 en 2005, dernière année pour laquelle nous disposons de données.

Les activités de R‑D du secteur privé sont toutefois très concentrées; en effet, 100 entreprises se partagent plus de 50 pour cent des travaux entrepris au pays. Par

Graphique 1.5 : Comparativement à de nombreux autres pays, une part plus importante de la R-D au Canada s’effectue au sein des universités

*Les données de l’Australie sont de 2004.Source : Statistique Canada; OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie, édition 2008/1

Canada É.U. Royaume-Uni Australie OCDE

80 %

60 %

40 %

20 %

0 %

Proportion de la recherche e�ectuée par le secteur privé et les universités, 2006*

Secteur privé Universités

conséquent, les activités dans le secteur privé sont, comparativement aux autres grands secteurs de la recherche, plus concentrées sur le plan géographique. Ainsi, en 2005, la dernière année pour laquelle nous disposons de données, 79,5 pour cent des activités de recherche du secteur privé ont été réalisées en Ontario et au Québec. Une proportion de 9,4 pour cent de ces activités a été effectuée en Colombie‑Britannique, 9,2 pour cent dans les trois provinces des Prairies et moins de deux pour cent dans les provinces de l’Atlantique. Les activités de recherche du secteur privé sont légèrement plus concentrées que celles du gouvernement fédéral et considérablement plus que celles du secteur universitaire.

Au Canada, le secteur privé est responsable d’une part légèrement moins importante (54 pour cent) des activités de recherche du pays que ce qu’on observe dans les principaux pays de référence. Cette part s’élève à 69 pour cent dans les pays de l’OCDE; à 70 pour cent aux États‑Unis; à 62 pour cent au Royaume‑Uni7.

Au fil des années, on a tenté à plusieurs reprises de comprendre pourquoi, au Canada, le secteur privé

Association des universités et collèges du Canada 9

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référence comme les États‑Unis (14 pour cent) ou le Royaume‑Uni (26 pour cent)9. C’est donc dire que, au Canada, les universités jouent un rôle plus important dans le système d’innovation que dans certains pays industrialisés auxquels notre pays se compare.

Les universités réalisent des travaux de recherche indépendants ou subventionnés dans de nombreuses disciplines de concert avec des partenaires canadiens et étrangers. En ce sens, elles assurent au Canada une vaste réserve de projets de R‑D en participant à des projets de recherche de tout type, dans nombre de disciplines faisant appel à la recherche fondamentale comme à la recherche appliquée. Elles servent également d’archives nationales; on y trouve entre autres des collections de livres, de périodiques, d’enregistrements audio et vidéo, d’œuvres d’art et d’échantillons biologiques. La recherche et la mobilisation du savoir s’appuient sur ces collections.

Les universités canadiennes se distinguent sur le plan de la R‑D en ce qu’elles effectuent la majeure partie de la recherche fondamentale au pays. La production continue de connaissances crée un véritable réservoir d’expérimentation et de savoir, source potentielle de nouvelles découvertes, dans lequel les chercheurs et les innovateurs canadiens d’aujourd’hui et de demain pourront puiser. Ajoutons que, dans toutes les

participait relativement moins aux activités de recherche, et les universités, considérablement davantage, comparativement aux autres pays. Ce sont particulièrement la taille et la structure de l’économie canadienne qui permettent d’expliquer le pourcentage inférieur des activités de R‑D effectuées par le secteur privé au pays8. L’économie canadienne repose en grande partie sur les ressources primaires, qui font généralement l’objet de peu de recherche. Le Canada compte également un nombre relativement élevé de petites entreprises, qui s’engagent peu dans des activités de recherche soutenues. De plus, la structure d’économie de succursales du Canada fait qu’on y trouve des filiales de multinationales étrangères moins susceptibles de se voir confier des projets de recherche, ce qui contribue aux bas niveaux d’activités de R‑D, surtout lorsque les économies d’échelle sont faibles.

Les universitésLe secteur universitaire arrive au deuxième rang sur le plan de la recherche effectuée au Canada. En 2007, les universités canadiennes ont effectué environ 36 pour cent des activités de R‑D au pays, évaluées à 10,4 milliards de dollars. Il s’agit d’un pourcentage considérablement plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE (17 pour cent) ou de certains pays de

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

Source : Statistique Canada

T.-N.-L. Î.-P.-É. N.-É. N.-B. QC ON MB SK AB C.-B.

80 %

60 %

40 %

20 %

0 %

Part de la R-D universitaire dans l’ensemble des activités de recherche par province, 1995 et 2005

1995 Moyenne canadienne pour 1995

2005 Moyenne canadienne pour 2005

Graphique 1.6 : Entre 1995 et 2005, la part totale de la recherche effectuée par les universités a continué d’augmenter dans tout le pays

10 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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répartie sur le plan géographique; d’importants projets de recherche se déroulent dans chacune des 10 provinces. Plusieurs universités effectuent également de la recherche avec des partenaires des territoires. En 2005, dernière année pour laquelle on dispose de données, les travaux de recherche universitaire n’étaient pas aussi concentrés au Québec et en Ontario (68 pour cent) que les travaux de recherche effectués au sein du gouvernement fédéral ou dans le secteur privé. D’autres régions du pays bénéficient d’une forte présence de la R‑D universitaire; 15,5 pour cent de la recherche a lieu dans les Prairies, 9,5 pour cent en Colombie‑Britannique et 6,3 pour cent dans les provinces de l’Atlantique.

Dans cinq provinces, c’est au sein des universités que s’effectue la part la plus importante de la recherche, et dans sept provinces, plus de 40 pour cent des activités de recherche ont lieu en milieu universitaire. La part de la recherche réalisée par les universités dans toutes les provinces, à l’exception de Terre‑Neuve‑et‑Labrador, a augmenté considérablement entre 1995 et 2005. Néanmoins, Terre‑Neuve‑et‑Labrador demeure proportionnellement au deuxième rang à l’échelle nationale en ce qui a trait aux activités de recherche effectuées par les universités.

Les universités sont bien placées pour servir de plateforme intersectorielle aux activités régionales, nationales et internationales de R‑D. Il s’y réalise un vaste éventail de projets de recherche, des partenariats de recherche sont en place avec d’autres secteurs, les universités sont présentes dans plus de 80 collectivités de l’ensemble du pays et elles ont des ententes universitaires et de recherche avec de nombreux pays du monde entier. C’est pourquoi toutes les universités canadiennes collaborent avec d’autres secteurs et d’autres pays dans le cadre de projets de recherche pour trouver des solutions aux problèmes pratiques cernés par l’industrie, les gouvernements et le secteur à but non lucratif.

Par exemple, plus de 120 universités et hôpitaux universitaires de 64 municipalités partout au Canada accueillent plus de 5 700 projets d’infrastructure financés par la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI)14. Les universités hébergent également 18 réseaux appuyés par le programme des Réseaux de centres d’excellence, avec lesquels elles coordonnent les activités de R‑D de 1 600 chercheurs et de 5 000 travailleurs hautement qualifiés dans tous les secteurs15. Les universités fournissent aussi des lieux

disciplines, le rendement au chapitre de la recherche fondamentale améliore la qualité de l’enseignement universitaire puisqu’il offre à la prochaine génération d’étudiants un milieu d’apprentissage enrichi par la recherche.

Par définition, la recherche fondamentale fournit l’assise qui permet d’entreprendre des travaux de recherche appliquée susceptibles de mener au développement de nouvelles technologies, à de nouvelles activités commerciales ou à des avancées sur le plan social. À ce sujet, une étude des retombées de la recherche fondamentale financée par l’État montre que chaque augmentation de un point de pourcentage de ce type de recherche se traduit par une augmentation de deux à 2,4 points de pourcentage du nombre de produits disponibles sur le marché10. Par contre, comme la recherche fondamentale ne rapporte généralement aucun dividende économique immédiat, celle‑ci a traditionnellement été largement prise en charge par le secteur universitaire.

Il n’existe aucune donnée nationale sur les activités de recherche fondamentale effectuées au sein des universités canadiennes, mais d’autres pays recueillent ce type de données. En Australie, 59 pour cent de la recherche fondamentale est effectuée au sein des universités11. Aux États‑Unis, pays où les universités effectuent une part moins importante de la R‑D à l’échelle nationale qu’en Australie ou au Canada, les universités effectuent 56 pour cent de la recherche fondamentale12.

Au Canada, la majeure partie de la recherche en sciences humaines, soit plus de 90 pour cent de l’ensemble des activités, se fait au sein des universités. Environ le quart des chercheurs en sciences humaines bénéficient d’un financement sous forme de subventions du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), et certains d’entre eux reçoivent également des subventions provinciales. Des 54 pour cent de professeurs canadiens qui travaillent dans le domaine des sciences humaines, une proportion beaucoup plus importante effectue de la recherche sans bénéficier de subventions13. Les universités financent conséquemment la majeure partie des travaux de recherche réalisés dans ce domaine.

Contrairement aux autres grands secteurs de la recherche, la recherche universitaire est largement

Association des universités et collèges du Canada 11

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Tableau 1.1

Dépenses internes de R-D du gouvernement fédéral par principaux ministères et organismes, 2007-2008 Millions de dollars

Conseil national de recherches CanadaAgriculture et Agroalimentaire CanadaMinistère de la Défense nationaleRessources naturelles CanadaEnvironnement CanadaAgence spatiale canadienneÉnergie atomique du CanadaPêches et Océans CanadaSanté CanadaAutres (comprenant plus de 15 ministères et organismes)Total

544307238229183172161

7257

375

2 338

Source : Statistique Canada

Le degré de concentration des activités de R‑D du gouvernement fédéral au centre du Canada est analogue à ce qu’on observe dans le secteur privé : 78,4 pour cent des projets de recherche fédéraux ont été réalisés en Ontario et au Québec en 2005. Ailleurs au Canada, 11,7 pour cent des activités fédérales de R‑D ont été réalisées dans les provinces des Prairies, 6,2 pour cent dans les provinces de l’Atlantique et 3,8 pour cent en Colombie‑Britannique. Depuis quelques années, le gouvernement fédéral cherche à disperser ses activités de recherche par l’entremise d’initiatives comme les grappes technologiques du CNRC. Malgré ces efforts, les activités de recherche fédérales demeurent fortement concentrées en Ontario et au Québec, et plus particulièrement dans la région de la capitale nationale.

La majeure partie des travaux de R‑D réalisés à l’interne par le gouvernement fédéral ont lieu dans quelque 200 laboratoires fédéraux répartis dans tout le pays, dont plus du tiers se trouvent sur un campus ou près d’une université18. Certaines installations de recherche et certains équipements de recherche fédéraux contribuent de manière incomparable à la R‑D au Canada étant donné les besoins en termes de coûts ou de règlements en matière de surveillance. Par exemple, les tunnels aérodynamiques du CNRC à Ottawa et le bassin d’essais techniques extracôtiers de l’Institut des technologies océaniques du CNRC à St. John’s, Terre‑Neuve‑et‑Labrador, sont utilisés par

d’incubation et des services aux entreprises et aux organismes à but non lucratif partenaires des projets de R‑D aux étapes préconcurrentielle et concurrentielle de la mobilisation et de la valorisation du savoir par l’entremise de bureaux de transfert des technologies et de relations industrielles, de bureaux de recherche communautaire et de 25 parcs de recherche situés sur les campus ou près des universités un peu partout au pays16.

Le gouvernement fédéralLe gouvernement fédéral est le troisième acteur en importance en ce qui a trait à la recherche au Canada. En 2007, 32 ministères et organismes fédéraux ont réalisé des travaux de recherche estimés à 2,3 milliards de dollars, soit huit pour cent de l’ensemble des activités de recherche au pays. Plus précisément, environ 15 ministères et organismes à vocation scientifique ont le mandat de réaliser des activités de recherche pour appuyer l’élaboration des politiques gouvernementales, d’établir et de tenir à jour des dispositions réglementaires et des normes, de contribuer à l’avancement des connaissances, d’assurer, dans certains cas, le transfert des technologies vers l’industrie. Ensemble, ces ministères et organismes emploient quelque 6 000 chercheurs et 4 000 techniciens participant à des projets de R‑D17. Le Conseil national de recherches Canada (CNRC) est le principal acteur fédéral en matière de recherche au pays (en 2007‑2008, ses activités se chiffraient à 544 millions de dollars), suivi par le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire (307 millions de dollars), le ministère de la Défense nationale (238 millions de dollars), Ressources naturelles Canada (229 millions de dollars), Environnement Canada (183 millions de dollars), l’Agence spatiale canadienne (172 millions de dollars) et Énergie atomique du Canada (161 millions de dollars).

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

12 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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d’autres secteurs, notamment par le secteur privé. Il existe d’autres exemples, comme le Centre spatial John H. Chapman de l’Agence spatiale canadienne, à Saint‑Hubert, Québec, qui favorise la création de partenariats clés entre l’industrie spatiale canadienne et les scientifiques de 25 universités et 12 centres de recherche au pays19, et Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui compte 19 centres de recherche dispersés dans l’ensemble du pays qui emploient 600 scientifiques et professionnels de la recherche collaborant fréquemment avec d’autres secteurs dans le cadre de projets de recherche dans le secteur agroalimentaire canadien20.

Le CNRC appuie également les activités de R‑D d’autres secteurs par l’entremise d’initiatives comme le Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI). Le PARI « offre un éventail de services de consultation de nature technique et commerciale, ainsi qu’une possibilité d’aide financière à de petites et moyennes entreprises canadiennes en croissance »21 ainsi qu’aux bureaux de transfert des technologies des universités canadiennes dans le but d’appuyer la R‑D et la valorisation des nouveaux produits et des services. Plus du quart des 235 conseillers en technologie industrielle du PARI travaillent sur des campus un peu

partout au Canada. Qui plus est, une étude récente montre que l’appui du PARI a été essentiel au succès du démarrage d’entreprises dérivées des universités, plus de 46 pour cent d’entre elles ayant bénéficié de l’appui du programme22.

Les gouvernements provinciaux et le secteur à but non lucratifLes provinces canadiennes et le secteur à but non lucratif contribuent au milieu de la recherche essentiellement en finançant la R‑D, mais une part des fonds qu’ils consacrent à la recherche est destinée à des projets réalisés à l’interne. La recherche effectuée par les provinces en 2007 est évaluée à 324 millions de dollars, soit 1,1 pour cent des activités de recherche au pays. Bien qu’ils ne représentent qu’une petite partie de la recherche effectuée au Canada, pour les provinces, ces travaux sont essentiels à la résolution d’enjeux de compétence provinciale, par exemple dans les domaines de la santé publique et de la gestion des ressources naturelles, ou encore en ce qui concerne les priorités provinciales en matière d’économie et d’industrie. Dans de nombreux cas, les travaux sont réalisés par des organismes de recherche provinciaux désignés.

Gouvernementfédéral 2 787 $

Gouvernementprovincial 1 067 $

Secteur privé 881 $

Secteur à but non lucratif 813 $Organismes étrangers 127 $

Total : 10 433 millions de dollars

Financementexterneobtenu par les universités

5 675 $(54,4 %)

Financementinterneaccordé parles universités

4 758 $(45,6 %)

Sources de �nancement de la recherche universitaire, 2007Millions de dollars

Source : Statistique Canada

Graphique 1.7 : Selon les estimations, 10,4 milliards de dollars ont été investis dans la recherche universitaire en 2007

Association des universités et collèges du Canada 13

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Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

Tableau 1.2 Les fonds fédéraux destinés à la recherche universitaire parviennent maintenant aux universités par l’entremise d’un plus grand éventail de mécanismes

Principaux mécanismes fédéraux de financement de la recherche universitaire, 1997-1998 à 2007-2008

1997

-98

1998

-99

1999

-00

2000

-01

2001

-02

2002

-03

2003

-04

2004

-05

2005

-06

2006

-07

2007

-08

Organismes subventionnaires

CRSH 87 87 108 116 121 135 155 169 180 178 179

CRSNG 395 450 491 494 489 525 579 620 651 661 698

IRSC* 215 246 275 339 449 528 574 614 650 680 725

Programmes des trois organismes subventionnaires avec affectations particulières des fonds

Bourses d’études supérieures du Canada

23 52 83 104 116

Chaires de recherche du Canada 13 59 103 146 188 222 247 258

Centres d’excellence en commercialisation et en recherche

163

Programme des coûts indirects 200 225 245 260 300 315

Réseaux de centres d’excellence 35 46 64 75 75 74 74 75 79 80 80

Fondation canadienne pour l’innovation

27 114 183 231 325 349 263 427 355 298

Génome canada 2 43 60 83 82 90 85 92

Total 733 856 1 052 1 222 1 668 1 750 2 208 2 308 2 641 2 690 2 924

* En 1999, le Conseil de recherches médicales est devenu les Instituts de recherche en santé du Canada.

Note : Les frais d’opération ont été soustraits de ces montants. Par contre, les fonds destinés aux chercheurs provenant de l’extérieur du pays, ou provenant des collèges, du secteur privé ou du secteur à but non lucratif n’ont pas été exclus.

Source : Outils de recherche d’octrois et rapports ministériels sur le rendement des organismes subventionnaires; rapports annuels de Génome Canada et de la Fondation canadienne pour l’innovation

14 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Le secteur à but non lucratif est à l’origine de moins de 0,5 pour cent des activités de recherche au Canada, un investissement estimé à 116 millions de dollars en 2007. Ces travaux sont entrepris surtout par des organismes de santé à but non lucratif et par des instituts de recherche, dans le domaine des sciences de la santé.

INVESTISSEMENTS DANS LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE PAR SECTEUR

Le financement de la recherche universitaire prend deux formes : le financement externe de la recherche obtenu par les universités auprès du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux, du secteur privé, du secteur à but non lucratif et des organismes étrangers, et le financement interne consacré par les universités aux activités de recherche. En 2007, les bailleurs de fonds externes ont investi presque 5,7 milliards de dollars dans la recherche universitaire, soit 54,4 pour cent du financement total. Le reste des fonds, que Statistique Canada évalue à presque 4,8 milliards de dollars, provenait des universités. Les tendances observées au cours des 15 dernières années en ce qui a trait aux investissements en R‑D semblent indiquer que les bailleurs de fonds externes reconnaissent et appuient de plus en plus les universités dans leur rôle relatif à la formation du personnel de recherche hautement qualifié destiné à travailler dans tous les secteurs de l’économie et de la société de même qu’à l’avancement et à l’application des connaissances dans l’intérêt des Canadiens et du monde entier.

Investissements fédérauxBien que le niveau des investissements fédéraux ait fluctué au cours des 15 dernières années, le gouvernement fédéral demeure le principal bailleur de fonds externe de la recherche universitaire et un important catalyseur des investissements consentis par plusieurs autres secteurs. Au début de la période de 15 ans examinée, soit au milieu des années 1990,

des compressions budgétaires ont entraîné des diminutions et la stagnation des investissements fédéraux dans la recherche universitaire, y compris des coupures dans les budgets de base des trois organismes subventionnaires de la recherche fédéraux (Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), Conseil de recherches médicales du Canada, qui a été remplacé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)). À l’époque, les trois quarts des fonds fédéraux destinés à la recherche universitaire passaient par ces organismes.

En 1997, comme la situation financière du gouvernement fédéral s’était améliorée, et après la révision de la politique canadienne en matière de sciences et de technologie de 1996, le gouvernement fédéral a repris ses investissements dans la recherche universitaire23. La première nouvelle initiative, annoncée dans le budget de 1997, a été la mise sur pied de la FCI, une fondation indépendante destinée à financer des infrastructures de recherche. Dans le budget de 1998, le gouvernement fédéral a accru l’aide accordée aux chercheurs en rétablissant les budgets de base des organismes subventionnaires à leurs niveaux de 1994. Dans les budgets qui ont suivi, le gouvernement fédéral a mis en place un certain nombre de nouveaux programmes destinés à compléter le financement fourni par l’entremise des organismes subventionnaires et à élargir l’appui accordé à la recherche et aux chercheurs en finançant les quatre éléments fondamentaux de la recherche universitaire : les frais directs de la recherche, les frais de soutien de la recherche engagés par les établissements, l’infrastructure de recherche et les chercheurs.

Entre 1997 et 2007, les investissements fédéraux dans la recherche universitaire ont connu une croissance annuelle moyenne de 11 pour cent, soit une augmentation globale de 185 pour cent. En 2007, ces investissements atteignaient le sommet sans précédent de 2,8 milliards de dollars, soit la moitié du financement externe de la R‑D. Ces investissements considérables étaient nécessaires. Ils ont amélioré la compétitivité internationale du milieu canadien de la recherche universitaire en permettant de regagner le terrain perdu dans ce domaine au cours de la décennie précédente et d’attirer et de retenir des chercheurs de calibre mondial. Ils ont permis à un nombre accru de professeurs et d’étudiants aux cycles supérieurs

Association des universités et collèges du Canada 15

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la mise en place de nouvelles initiatives stratégiques et de nouveaux mécanismes fédéraux d’appui à la recherche universitaire. Au cours des 10 dernières années, le gouvernement fédéral a donc mis en place un cadre d’investissements dans la recherche universitaire comprenant :

La mise en place d’un certain nombre »de nouveaux mécanismes et programmes (la FCI, le Programme des chaires de recherche du Canada, Génome Canada, le Programme des coûts indirects, le Programme de bourses d’études supérieures du Canada, le Programme de centres d’excellence en commercialisation et en recherche, les Chaires de recherche d’excellence du Canada et les Bourses d’études supérieures du Canada Georges Philias Vanier);La modification de certains des mécanismes »actuels, en particulier le remplacement du Conseil de recherches médicales par les Instituts de recherche en santé du Canada;

d’entreprendre des travaux de recherche, même si le nombre de professeurs à temps plein est passé de 33 700 à 41 400 et que le nombre d’étudiants aux cycles supérieurs a augmenté de plus de 60 pour cent pour dépasser les 120 000 au cours de cette période24.

Ces fonds parviennent dans une large mesure aux universités par l’entremise de mécanismes conçus spécifiquement pour financer la recherche universitaire. Certains ministères et organismes fédéraux font aussi parfois directement appel aux universités pour l’exécution de travaux de recherche sur des sujets bien précis. En 2006, les universités ont effectué plus de 1 700 contrats de recherche d’une valeur de 155 millions de dollars pour le gouvernement fédéral25.

Cette période de croissance marquée du financement fédéral de la recherche universitaire a coïncidé avec un certain nombre de changements importants dans le paysage économique et politique canadien, caractérisé entre autres par des perspectives économiques nationales et une situation financière du gouvernement fédéral plus favorables, ainsi que

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

800

700

600

500

400

300

200

100

0

Budgets des organismes subventionnaires*, 1997-1998 à 2007-2008Millions de dollars courants

1997-98 1998-99 1999-00 2000-01 2001-02 2002-03 2003-04 2004-05 2005-06 2006-07 2007-08

* À l’exclusion du Programme des chaires de recherche du Canada, du programme de Centres d’excellence en commercialisation et en recherche, du Programme des coûts indirects et des frais d’opération.** En 1999, le Conseil de recherches médicales est devenu les Instituts de recherche en santé du Canada.

Source : Calculs de l’AUCC fondés sur des données tirées des outils de recherche d’octrois et des rapports ministériels sur le rendement des organismes subventionnaires.

CRSH

CRSNGIRSC**

Graphique 1.8 : Au cours des 10 dernières années, une part importante de l’augmentation du soutien fédéral pour la recherche universitaire et les bourses d’études supérieures est passée par les organismes subventionnaires

16 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Des hausses importantes des budgets des trois »organismes subventionnaires (CRSH, CRSNG et IRSC) et des budgets d’un certain nombre de nouveaux programmes mis en place depuis 1997.

Investissements provinciauxTout comme le gouvernement fédéral, les provinces investissent dans la recherche universitaire dans le but de créer un milieu de recherche concurrentiel susceptible d’attirer et de retenir la crème des étudiants et des professeurs qui, grâce à leurs compétences et à leurs connaissances, contribuent à la vie sociale et culturelle ainsi qu’à la prospérité économique. Les gouvernements provinciaux investissent également dans des projets portant sur des enjeux qui leur sont propres ou qui se rapportent à leurs capacités sur le plan de la recherche ou de l’économie. Les fonds consacrés aux universités constituent généralement l’unique investissement d’importance consenti par les provinces à la R‑D, ce qui représente en moyenne 70 pour cent du

financement provincial de la recherche. En 2007, les provinces représentaient la deuxième source externe en importance pour le financement de la recherche universitaire; elles ont fourni près de 1,1 milliard de dollars (19 pour cent) de financement externe.

Entre 1993 et 2003, le financement provincial de la R‑D universitaire a suivi une courbe analogue à celle observée au gouvernement fédéral; les investissements ont stagné jusqu’en 1998 avant de croître rapidement. Tout comme le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux ont dû faire face à des contraintes budgétaires d’après‑récession au milieu des années 1990. Par la suite, l’amélioration de la situation économique et du contexte financier a permis aux deux ordres de gouvernement de hausser leur financement.

Dans une certaine mesure, les exigences liées au financement de contrepartie d’un certain nombre de nouveaux organismes fédéraux comme la FCI et Génome Canada ont incité les gouvernements provinciaux à accroître leurs investissements. Toutefois, dans de nombreuses provinces, ces investissements étaient

Source : Statistique Canada

T.-N.-L. Î.-P.-É. N.-É- N.-B- QC ON MB SK AB C.-B.

20 %

16 %

12 %

8 %

4 %

0 %

Pourcentage de la recherche universitaire �nancé par les gouvernements provinciaux, 2006-2007

Moyenne canadienne

Graphique 1.9 : L’appui des gouvernements provinciaux à la recherche universitaire varie grandement au pays

Association des universités et collèges du Canada 17

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également le reflet d’un ferme engagement à maintenir les avantages de la R‑D universitaire pour les citoyens, les collectivités et les entreprises de la province. Entre 1998 et 2003, les gouvernements fédéral et provinciaux ont donc accru leurs investissements à un taux annuel moyen de 19 pour cent. Après 2003, les investissements provinciaux ont cessé d’augmenter, avant de diminuer et de croître de nouveau à un rythme modéré.

Le financement provincial de la R‑D universitaire était donc inférieur en 2007 à ce qu’il était en 2003. Cela s’explique en partie par le calendrier et la portée des contributions provinciales aux projets financés par la FCI et Génome Canada, qui requérait souvent que les fonds de contrepartie soient fournis en un seul versement. Entre 2002‑2003 et 2004‑2005, de

nombreuses provinces ont donc investi d’importantes sommes pour appuyer des projets financés par ces deux organismes. La baisse enregistrée après 2003 témoigne également des compressions budgétaires auxquelles certaines provinces ont été contraintes et du poids croissant que continuent de représenter les dépenses en santé pour les trésors provinciaux. Depuis quelques années, certaines provinces mettent toutefois en place des stratégies novatrices destinées à consolider le rôle clé qu’elles jouent dans la recherche et l’innovation26. Plusieurs financent également la recherche par l’entremise de leurs propres organismes subventionnaires, et nombreuses sont celles qui appuient des initiatives de recherche ciblées (p. ex., en santé ou en agriculture) ou favorisent la collaboration entre les universités et l’industrie, ainsi que le transfert des technologies.

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

Comprendre les dépenses de recherche-développement dans le secteur de l’enseignement supérieur (DIRDES)

L’analyse des DIRDES permet de mieux cerner l’état actuel des investissements consentis au chapitre de la recherche universitaire ainsi que les tendances en ce domaine. Elle permet également d’établir des comparaisons à l’échelle internationale. Bien que de nombreux pays, dont ceux de l’OCDE, analysent ces dépenses suivant la méthode énoncée dans le manuel Frascati de l’Organisation, chacun interprète à sa manière les lignes directrices du manuel, ce qui donne lieu à des différences considérables d’interprétation et, par conséquent, des résultats transmis; certains pays surévaluent leurs DIRDES tandis que d’autres les sous-estiment, ce qui nuit à la comparaison des données à l’échelle internationale.

Selon les conclusions préliminaires de l’analyse effectuée par l’AUCC de la méthode de calcul des DIRDES mise au point par Statistique Canada, le Canada semble avoir opté pour une interprétation large et inclusive des lignes directrices du manuel Frascati. Il semble également surestimer les contributions financières des universités à l’environnement de la recherche à l’échelle nationale, surestimation qui s’explique par les nombreuses modifications apportées au mode de financement de la recherche depuis la dernière révision de la méthode de calcul des DIRDES de Statistique Canada, qui date de la fin des années 1990. En particulier :

Pour assurer le respect des normes internationales, »le financement de l’infrastructure provenant de la FCI et le financement de contrepartie devraient, dans la mesure du possible, être exclus des frais directs aux fins du calcul des frais engagés par les établissements, ce qui n’est actuellement pas le cas.

Pendant longtemps, les frais de soutien de la recherche »engagés par les établissements n’étaient pas couverts par la plupart des bailleurs de fonds. Cependant, depuis la mise sur pied en 2003 du Programme des coûts indirects, une partie des frais engagés par les établissements pour effectuer de la recherche est financée par les organismes subventionnaires fédéraux. De plus, au niveau provincial, les gouvernements de l’Ontario et du Québec par exemple financent maintenant une partie des frais engagés par les établissements pour soutenir la recherche financée par leur gouvernement, et, dans le cas du Québec, la recherche financée par les organismes à but non lucratif accrédités. Il semble également que le secteur privé fournit une part croissante de ces frais lorsqu’il finance la recherche universitaire. Par le passé, une partie considérable des frais engagés par les établissements n’étaient financés ni par des programmes fédéraux, ni par les ministères provinciaux, ni par d’autres organisations; Statistique Canada devait donc les évaluer. Le calcul actuel des DIRDES par Statistique Canada ne prend malheureusement pas en compte la plupart de ces changements récents.

Il est pour l’instant impossible d’évaluer l’incidence précise des récents changements touchant le financement de la recherche sur le calcul des DIRDES au Canada. L’AUCC a proposé que Statistique Canada procède à un examen approfondi des modes de financement de la recherche, à laquelle l’Association s’engage à participer, afin que la méthode de calcul adoptée prenne en compte les changements précités. À l’heure où un nombre croissant de décisions en matière de politiques publiques reposent sur ces calculs, il est plus important que jamais d’évaluer les DIRDES avec exactitude et de faciliter leur comparaison à l’échelle internationale.

18 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Quoi qu’il en soit, en l’absence d’autres données publiques nationales permettant d’évaluer le rendement du Canada sur le plan de la recherche et de le comparer à celui des autres pays, la présente édition d’En plein essor se fonde sur les données existantes relatives aux DIRDES du Canada et des autres pays. En ce qui a trait aux investissements en recherche au Canada, l’AUCC prévoit que la résolution des problèmes méthodologiques évoqués plus haut aura certaines répercussions sur le calcul des DIRDES et sur la proportion du produit intérieur brut (PIB) qu’elles représentent (DIRDES-PIB), sans pour autant modifier les tendances générales de façon significative.

En ce qui concerne les comparaisons à l’échelle internationale, le rajustement des DIRDES du Canada ne devrait pas modifier le classement de ce dernier par rapport aux autres pays de l’OCDE pour ce qui est du ratio DIRDES-PIB ou encore de la part du PIB représentée par les dépenses intérieures brutes de R-D ou DIRD-PIB, à condition bien sûr que les autres pays ne modifient pas leurs méthodes de calcul des DIRDES. S’ils modifiaient leurs méthodes afin de les rendre comparables à la méthode canadienne, cela pourrait considérablement modifier l’écart entre le Canada et ces autres pays.

Prenons l’exemple des États-Unis qui, en matière de R-D, constituent un des principaux pays de référence pour le Canada. Les DIRDES communiquées par les États-Unis à l’OCDE sont calculées selon une méthode beaucoup moins inclusive que la méthode canadienne, ce qui nuit à la comparaison des DIRDES et du ratio DIRDES-PIB des deux pays. Signalons entre autres qu’aux États-Unis :

le financement de la recherche en sciences humaines »n’est que partiellement pris en compte dans le calcul des DIRDES;

les investissements dans l’infrastructure de recherche sont »exclus du calcul des DIRDES;

les activités de recherche universitaire qui n’ont pas »un budget spécifique à cette fin sont elles aussi exclues du calcul des DIRDES.

Au Canada, en revanche, tous ces éléments sont pris en compte dans le calcul des DIRDES. Nettement plus inclusive que la méthode américaine, la méthode canadienne de calcul des DIRDES donne donc l’impression que les investissements publics au profit de la recherche universitaire sont relativement plus importants au Canada qu’aux États-Unis. Si les deux pays optaient pour des méthodes plus comparables, la différence entre leurs ratios DIRDES-PIB respectifs apparaîtrait beaucoup moins importante qu’actuellement.

Certaines provinces couvrent en tout ou en partie les frais engagés par les établissements pour les projets de recherche qu’elles ou d’autres bailleurs de fonds externes subventionnent. Par exemple, dans le cas des projets de recherche universitaire financés par la province, le Québec rembourse les frais engagés par les établissements à un taux de 50 ou de 65 pour cent des frais directs, selon les exigences de la discipline en équipement et en installations de recherche. La province couvre également une partie des frais engagés par les établissements pour effectuer de la recherche financée par des organismes à but non lucratif accrédités. L’investissement total s’élève donc à 44 millions de dollars annuellement en remboursement des frais de soutien de la recherche engagés par les établissements27. Le ministère de la Recherche et

de l’Innovation ontarien s’est pour sa part engagé à rembourser jusqu’à 40 pour cent des frais directs pour les projets de recherche qu’il finance28.

Au Canada, en moyenne, 10,3 pour cent du financement direct de la recherche universitaire vient des gouvernements provinciaux. Les données dont on dispose pour effectuer des comparaisons interprovinciales révèlent cependant d’importantes variations dans le financement provincial des projets de R‑D effectués par les universités. Le financement accordé à la recherche universitaire par l’Ontario, le Québec et la Colombie‑Britannique se situe près de la moyenne nationale. Deux provinces de l’Ouest, l’Alberta et la Saskatchewan, figurent bien au‑dessus de la moyenne nationale puisqu’elles fournissent

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respectivement 18,8 pour cent et 13,4 pour cent du financement de la recherche universitaire effectuée sur leur territoire. En revanche, les provinces de l’Atlantique se situent sous la moyenne nationale en déboursant entre 1,7 pour cent et 5,1 pour cent du financement de la recherche universitaire effectuée sur leur territoire. Le Manitoba est dans la même situation, avec un financement de 6,5 pour cent de la recherche universitaire effectuée sur son territoire.

Investissements du secteur privéLe secteur privé est la troisième source d’investissements dans la recherche universitaire en importance au Canada. En 2007, la contribution du secteur privé à la recherche universitaire s’élevait à 881 millions de dollars. Comme il consacre 6,4 pour cent de ses investissements en recherche aux universités, le secteur privé canadien affiche un pourcentage d’investissements dans la recherche universitaire supérieur à celui de tous les pays du G7, ainsi que des pays de l’OCDE à l’exception de trois29. À titre de comparaison, aux États‑Unis, le secteur privé a investi 2,45 milliards de dollars dans la recherche universitaire en 2006, soit 1,1 pour cent de ses investissements dans le domaine de la recherche30.

Entre 1995 et 2007, les investissements du secteur privé dans la recherche universitaire ont connu une croissance constante, à un taux annuel moyen de 7,3 pour cent. Qui plus est, ces investissements ont crû de 28 pour cent entre 2001 et 2007, contre seulement 3,5 pour cent dans le cas des investissements du secteur privé consacrés aux activités de recherche effectuées à l’interne. Cette hausse des investissements semble indiquer que les entreprises reconnaissent l’intérêt de confier des projets de recherche aux universités. Elles bénéficient en effet de l’accès au personnel hautement qualifié, à l’équipement et aux résultats de recherche des universités, du partage des coûts et des risques, et de l’utilisation des résultats de la recherche fondamentale universitaire dans la conception de biens et de services ensuite mis sur le marché.

De nombreuses activités de R‑D réalisées au sein des universités, qui représentent des dépenses parfois difficilement justifiables sur le plan commercial si elles étaient effectuées à l’interne, contribuent néanmoins largement à procurer aux entreprises un avantage concurrentiel. « [Les universités] nous

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

permettent d’adopter une vision à long terme. Bon nombre des projets sur lesquels nous collaborons avec des universités en ce moment ne généreront de produits et de solutions que dans trois à cinq ans, explique Deborah Stokes, directrice du programme de recherche externe à Nortel. Elles nous ouvrent une fenêtre sur le monde. Parfois, nos efforts sont centrés sur un court cycle de production; il nous faut regarder plus loin pour voir ce qui s’en vient. Le programme de recherche externe nous permet de le faire de façon très rentable31. » [Traduction libre]

Investissements du secteur à but non lucratif et des organismes étrangersLe secteur à but non lucratif finance la recherche universitaire à un taux analogue à celui du secteur privé, soit 813 millions de dollars en 2007. Depuis 15 ans, ces investissements ont crû en moyenne de 7,9 pour cent par année. Une part importante des fonds provient d’organismes de bienfaisance et de fondations du domaine de la santé qui collaborent avec des universités et les hôpitaux universitaires affiliés pour que soient entrepris des projets de recherche liés à leur mission. Par exemple, la SickKids Foundation a fourni 44,4 millions de dollars à l’Institut de recherche du Hospital for Sick Children de Toronto en 2006‑200732. Les 25 membres de la Coalition canadienne des organismes bénévoles en santé, dont font partie la Société canadienne du cancer et la Fondation des maladies du cœur du Canada, remettent annuellement 200 millions de dollars aux universités pour qu’elles effectuent des travaux de recherche dans les domaines liés à leurs causes respectives33.

Les investissements étrangers dans la recherche universitaire, bien que relativement modestes, ont considérablement augmenté ces dernières années. En 2007, les universités canadiennes ont obtenu 127 millions de dollars d’organismes étrangers; ce financement a donc quintuplé en 15 ans. Voilà qui témoigne du fait que les universités canadiennes sont de plus en plus en mesure de livrer concurrence aux établissements étrangers pour obtenir le soutien d’organismes de financement tels que les National Institutes of Health des États‑Unis.

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Graphique 1.10 : Tous les secteurs, et plus particulièrement le gouvernement fédéral ont accru les investissements consentis à la recherche universitaire au cours des 15 dernières années

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

500

0

Sources de �nancement externe de la recherche universitaire, 1993-2007Millions de dollars constants de 2007

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006p 2007p

FédéralProvincialSecteur privéSecteur à but non lucratifSources étrangères

6

5

4

3

2

Financement externe total de la recherche universitaire, 1993-2007Milliards de dollars constants de 2007

Source : Statistique Canada

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006p 2007p

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Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

Investissements du secteur de l’enseignement supérieurEn 2007, les bailleurs de fonds externes ont fourni 54,4 pour cent du financement de la recherche universitaire, soit presque 5,7 milliards de dollars. Les 45,6 pour cent restants, estimés à presque 4,8 milliards de dollars par Statistique Canada, ont été puisés à même les ressources des universités. La contribution collective des universités est calculée en fonction d’une estimation de la valeur monétaire du temps et des ressources que les professeurs et les universités consacrent à la recherche34.

Compte tenu de la hausse marquée des investissements des bailleurs de fonds externes dans la recherche universitaire, la part relative des fonds fournis par les universités pour financer la recherche a diminué entre 1993 et 2007, passant de 51,7 pour cent à 45,6 pour cent. Toutefois, comme le financement externe de la recherche a augmenté de près de 150 pour cent pendant cette période, les sommes que les universités doivent puiser à même leurs budgets de fonctionnement pour couvrir les frais de soutien de la recherche qu’elles effectuent pour tous les autres secteurs ont augmenté de plus de 90 pour cent par rapport à 1993. Pour chaque dollar obtenu dans le cadre d’un projet de recherche subventionné, les universités engagent au moins 40 cents, des frais qui ne sont pas toujours remboursés par les bailleurs de fonds.

Par ailleurs, l’augmentation de 42 pour cent des effectifs à temps plein au cours de la même période exerce des pressions considérables sur les budgets de fonctionnement des universités. Ces budgets ont bien entendu augmenté au cours des 15 dernières années, mais en général, pas suffisamment pour absorber les coûts liés à l’augmentation de l’effectif, sans compter les autres besoins financiers des universités. Celles‑ci se voient donc souvent forcées de puiser des sommes considérables dans leurs budgets de fonctionnement pour veiller à ce que le milieu de la recherche universitaire demeure concurrentiel sur la scène internationale et réponde aux normes canadiennes et étrangères en matière de recherche. Comme aucune diminution n’est prévue quant à la demande pour une formation universitaire de grande qualité ni à la contribution des universités à la R‑D à l’échelle nationale, le niveau d’investissements nécessaire au financement de l’ensemble des coûts de la recherche universitaire demeure un enjeu stratégique de taille35.

SOUTIEN FÉDÉRAL AUX QUATRE ÉLÉMENTS FONDAMENTAUX DE LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE

Dans l’ensemble, les investissements publics dans la recherche universitaire consentis au cours des 10 dernières années visaient à créer un milieu de la recherche concurrentiel sur la scène internationale et à soutenir une activité de recherche durable. À cet effet, les fonds sont axés sur quatre éléments fondamentaux interreliés :

former, attirer et retenir des chercheurs »hautement qualifiés (ressources humaines);mettre en place et exploiter une infrastructure »et des installations de recherche de pointe (infrastructure et installations);produire de nouvelles idées ( » frais directs de la recherche);soutenir les établissements dans leurs activités »de recherche (frais de soutien de la recherche engagés par les établissements).

Ressources humaines »Les travailleurs innovateurs et hautement qualifiés sont au cœur de l’environnement de recherche du pays; des gens avec des idées avant‑gardistes qui garantissent la capacité concurrentielle du Canada à l’échelle internationale et apportent la contribution du pays sur la scène mondiale. Les investissements fédéraux dans les ressources humaines soutiennent les professeurs engagés dans des projets de recherche subventionnés et fournissent un appui aux étudiants au premier cycle et aux cycles supérieurs qui, en plus d’apporter une précieuse contribution aux activités de recherche des établissements, formeront la future génération de chercheurs.

Il y a 10 ans, le Canada n’était pas en situation d’attirer et de retenir la crème des chercheurs. Aucun programme phare n’indiquait aux chercheurs canadiens ou aux éventuels candidats étrangers que le Canada offrait un milieu concurrentiel capable de soutenir les chercheurs de calibre mondial. Au milieu

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financièrement chaque année les 500 meilleurs étudiants canadiens et étrangers au doctorat dans le but d’attirer au sein des universités canadiennes la crème des doctorants. Ces nouvelles bourses dédiées à la mémoire de l’ancien gouverneur général Georges Vanier, d’une valeur de 50 000 $ par année, seront versées pendant au plus trois années; il s’agit d’une somme comparable aux bourses offertes par le programme Fulbright des États‑Unis, reconnu mondialement40.

Infrastructure et installations »Le Canada, en plus d’attirer et de retenir des chercheurs de talent, doit également leur procurer les installations et l’équipement de pointe dont ils ont besoin pour effectuer leurs travaux. L’entretien et la mise à niveau de cette infrastructure coûtent cher. Ils sont toutefois essentiels si on veut maximiser le rendement des investissements consentis à l’intention des chercheurs de haut calibre.

Il y a 10 ans, l’infrastructure de recherche au Canada était dans un piètre état. Le gouvernement fédéral finançait de façon limitée, essentiellement par l’entremise des trois organismes subventionnaires, les laboratoires, la technologie et les installations de réseautage de même que l’exploitation de cette infrastructure. La création de la FCI en 1997 a entraîné un changement radical de la situation; 3,7 milliards de dollars ont été accordés à 5 751 projets d’infrastructure de recherche dans l’ensemble du pays au cours des 10 dernières années, et 700 millions de dollars ont été promis pour couvrir les frais d’exploitation liés à ces projets41.

La FCI assume 40 pour cent du coût en capital pour chaque projet d’infrastructure de recherche. Elle couvre également une partie des coûts d’exploitation de l’infrastructure pour les cinq premières années d’exploitation du projet, équivalant à 30 pour cent de sa contribution. Les universités doivent obtenir le reste des fonds nécessaires auprès des gouvernements provinciaux et de partenaires du secteur privé, et en puisant dans leurs propres ressources. Cette exigence relative au cofinancement, qui a porté le financement total de l’infrastructure à plus de 9,9 milliards de dollars, a joué un rôle décisif pour amener les provinces à contribuer aux projets d’infrastructure des universités. De nombreuses provinces disposent de mécanismes de financement créés précisément à cette fin, ce qui

des années 1990, les budgets des trois organismes subventionnaires fédéraux, soit les principaux organismes fournissant des bourses d’études et de recherche et finançant les frais directs de la recherche, ont été réduits, ce qui a limité l’aide offerte aux chercheurs de toutes disciplines.

Depuis 1998, grâce aux augmentations des budgets des organismes subventionnaires et à la création de deux programmes phares (le Programme des chaires de recherche du Canada et le Programme de bourses d’études supérieures du Canada), le financement du volet « ressources humaines » de la recherche universitaire a monté en flèche. Par l’entremise du Programme des chaires de recherche du Canada, créé en 2000, le gouvernement fédéral s’est engagé à financer 2 000 chaires de recherche au sein des universités canadiennes et à consacrer à ce programme un budget annuel de 300 millions de dollars une fois pleinement mis en œuvre. En juin 2008, 1 829 chaires de recherche étaient en place et parmi celles‑ci, 582 (32 pour cent) avaient été accordées à des professeurs rapatriés ou recrutés à l’étranger36.

Le Programme de bourses d’études supérieures du Canada des trois organismes subventionnaires, créé en 2003, s’adresse aux étudiants canadiens aux cycles supérieurs. Disposant initialement d’un budget annuel de 105 millions de dollars, le Programme a permis d’allouer annuellement 2 000 bourses d’études à la maîtrise et 2 000 bourses d’études au doctorat37. Dans le budget de 2007, le gouvernement fédéral a annoncé l’élargissement de la portée du Programme, soit l’ajout de 1 000 bourses d’études et un financement additionnel de 27 millions de dollars par année38. Le Programme de bourses d’études supérieures du Canada offre donc une aide financière à 5 000 étudiants aux cycles supérieurs, en plus des milliers d’autres étudiants qui reçoivent des bourses des trois organismes subventionnaires.

Dans le budget de 2008, le gouvernement fédéral a annoncé la mise en place de deux nouveaux programmes visant à offrir des prix d’excellence aux professeurs et aux étudiants aux cycles supérieurs de classe mondiale. Le programme des Chaires d’excellence en recherche du Canada mettra sur pied jusqu’à 20 chaires prestigieuses qui recevront chacune jusqu’à 10 millions de dollars sur sept ans39. Les Bourses d’études supérieures du Canada Georges Philias Vanier appuieront

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constitue un excellent exemple du rôle de catalyseur que joue le gouvernement fédéral sur le plan du financement de la recherche.

Les organismes subventionnaires financent aussi les infrastructures, principalement par l’entremise des Subventions d’outils et d’instruments de recherche et des Subventions d’accès aux installations majeures du CRSNG. Tout comme les programmes de bourses d’études et de recherche, ces programmes ont vu leurs budgets annuels croître considérablement au cours des 10 dernières années par suite des hausses annuelles des budgets de base des organismes subventionnaires.

L’infrastructure électronique et les réseaux informatiques haute vitesse constituent des éléments de plus en plus importants de l’infrastructure de recherche nationale puisqu’ils permettent de connecter des installations et de l’équipement répartis d’un bout à l’autre du pays et ainsi de partager des ressources et de résoudre rapidement des problèmes complexes d’envergure dans un large éventail de disciplines. Les installations informatiques universitaires de chaque région du pays sont reliées en réseaux régionaux qui sont eux‑mêmes intégrés en un réseau informatique national haute performance. La haute vitesse et la grande capacité nécessaires à ce réseautage ont été rendues possibles par CANARIE, réseau canadien pour la recherche et l’éducation. Ce réseau large bande relie les universités, les collèges, les centres de recherche, les gouvernements et plus de 1 000 entreprises canadiennes42. CANARIE fournit également des connexions haute vitesse à des partenaires étrangers, ce qui facilite certaines initiatives comme le Partenariat d’innovation stratégique entre le Canada et la Californie et favorise les communications et la connectivité dans le cadre de projets scientifiques d’envergure comme TRIUMF, North‑East Pacific Time Series Undersea Networked Experiments (NEPTUNE) et l’Observatoire de neutrinos de Sudbury (ONS)43.

En outre, un nouveau programme de Centres d’excellence en commercialisation et en recherche a été annoncé dans le budget de 2007. Ce programme a pour but de fournir un financement ciblé pour couvrir les frais d’exploitation et de commercialisation que doivent engager certains centres de commercialisation de pointe reconnus sur la scène internationale, ainsi que pour appuyer des travaux de recherche dans certains domaines prioritaires cernés par le gouvernement

Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

fédéral. Au cours de l’exercice 2007‑2008, 18 centres d’excellence se sont vu accorder un financement de 15 millions de dollars sur cinq ans. Des fonds supplémentaires de 52 millions de dollars seront distribués dans le cadre du concours de 2009 et serviront à financer un nombre encore indéterminé de centres44.

La durabilité de même que l’utilisation pleine et efficiente de l’infrastructure de recherche au Canada constituent d’importants enjeux stratégiques. Dans le cas des projets les plus ambitieux, par exemple NEPTUNE, l’ONS et le Centre canadien de rayonnement synchrotron, il a été difficile de réunir les fonds nécessaires à l’exploitation des installations, et des ententes spéciales ont été conclues avec divers partenaires, y compris le CRSNG, Diversification de l’Économie de l’Ouest Canada, les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral qui a fourni un financement d’une durée limitée par l’entremise du budget. Les organismes subventionnaires, la FCI et le CNRC, entre autres, étudient actuellement les questions liées aux coûts en capital et aux frais d’exploitation des investissements scientifiques majeurs.

Frais directs de la recherche »Une fois les ressources humaines et les installations en place, il reste à couvrir les frais directement liés aux projets de recherche. Il peut s’agir entre autres de la rémunération des assistants de recherche, des coûts liés à l’équipement et aux fournitures nécessaires aux travaux ainsi que des frais de déplacement et des frais de diffusion des résultats. Au Canada, les frais directs des projets de recherche non contractuels subventionnés par le gouvernement fédéral sont couverts essentiellement par les trois organismes subventionnaires. En 2007‑2008, ces organismes ont fourni collectivement environ 1,4 milliard de dollars à cette fin45.

Par ailleurs, les Réseaux de centres d’excellence, mis sur pied en 1989 et gérés par les trois organismes subventionnaires, rassemblent « des chercheurs et des partenaires des milieux universitaires, des entreprises et des secteurs public et non lucratif en vue de relever des défis stratégiques pour le Canada : technologies de l’information et des communications, génie et fabrication, environnement et ressources naturelles et sciences de la santé et de la vie »46 , entre autres domaines d’études. Ce programme fournit actuellement

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Avant 2001, le gouvernement fédéral ne remboursait pas les frais de soutien de la recherche engagés par les établissements en lien avec les projets et les programmes qu’il finançait. Dans le budget de 2001, le gouvernement a accordé un investissement ponctuel de 200 millions de dollars « compte tenu du caractère prioritaire, déterminé par les universités et les administrations provinciales, d’un financement additionnel ciblant les coûts indirects de la recherche » dans le but « d’atténuer les pressions financières liées aux activités de recherche appuyées par le gouvernement fédéral dans les universités et les hôpitaux de recherche »49. En 2003, le gouvernement fédéral a mis sur pied un programme permanent : le Programme des coûts indirects. Disposant de 330 millions de dollars en 2008‑2009, le programme rembourse les frais engagés par les établissements à un taux global de 25 pour cent des frais directs de la recherche universitaire financée par les trois organismes subventionnaires fédéraux.

Le Programme des coûts indirects permet de coordonner efficacement les divers programmes fédéraux d’appui à la recherche dans les établissements et garantit ainsi le rendement maximal des investissements fédéraux dans ce secteur. Il procure aux universités la souplesse dont elles ont besoin pour distribuer les fonds aux secteurs prioritaires en tenant compte des priorités et des perspectives que leurs plans de recherche stratégique ont permis de cerner. Grâce à lui, les universités sont mieux placées pour obtenir et gérer des fonds et des contributions provenant de sources non fédérales qui augmentent le poids des fonds fédéraux investis dans la recherche universitaire. Il joue un rôle crucial dans le maintien et la croissance de la capacité de recherche dans les universités partout au pays, ainsi que dans la mise en relation des centres d’expertise rattachés à des disciplines, des régions et des secteurs différents.

80 millions de dollars par année à 18 réseaux établis au sein d’universités un peu partout au pays. Bientôt (en 2008‑2009), la portée du programme sera élargie, et ce dernier intégrera jusqu’à cinq réseaux de centres d’excellence dirigés par des entreprises, qui viendront compléter l’éventail actuel de centres dirigés par des universités, comme l’annonçait le budget de 200747.

Le gouvernement fédéral offre également un soutien à certains organismes qui ciblent des domaines de recherche précis. Par exemple, Génome Canada a été créé en 2000 pour appuyer la recherche en génomique et en protéomique. En tenant compte du financement fourni par les partenaires, 1,6 milliard de dollars ont été consacrés à plus de 100 projets de génomique et de protéomique au Canada, dont quelque 700 millions provenaient directement de Génome Canada48.

Le financement des frais directs de la recherche a été un volet essentiel de la stratégie de réinvestissement du gouvernement fédéral au cours des 10 dernières années. Chaque année depuis 1998, les budgets de base des organismes subventionnaires ont été augmentés, et chaque hausse s’est accompagnée d’une reconnaissance de l’importance de ce soutien pour la vigueur du milieu canadien de la recherche universitaire. Depuis quelques années, certains des fonds supplémentaires ciblent soit certaines priorités nationales en matière de sciences et de technologie, soit des enjeux ou des secteurs industriels d’importance pour les Canadiens.

Frais engagés par les établissements »Les frais de soutien de la recherche engagés par les établissements sont ceux qui sont indirectement liés aux projets de recherche, mais qui sont incontournables pour permettre aux établissements d’offrir aux chercheurs un milieu de travail responsable et concurrentiel sur la scène internationale. Ils comprennent les frais liés à l’exploitation et à l’entretien des installations de recherche et des ressources connexes (laboratoires, bibliothèques et réseaux informatiques), à la gestion des processus de recherche et de mobilisation du savoir (coordination de la recherche, demandes de subventions, gestion de la propriété intellectuelle) ainsi qu’au respect de la réglementation et des normes de sécurité (protection des animaux, biorisques, évaluation environnementale, recherche mettant en cause des sujets humains).

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Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

INVESTISSEMENTS DANS LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE : RÉPARTITION ET NIVEAUX APPROPRIÉS

Au début des années 1990, les questions de politique publique au sujet de la recherche universitaire étaient souvent formulées comme suit : Pourquoi investir dans la recherche universitaire? Qu’est‑ce que cela nous rapportera? Aujourd’hui, l’importance d’investir dans la recherche universitaire est généralement reconnue au Canada et à l’étranger. Au milieu des années 1990, les questions se sont transformées et ont amené les bailleurs de fonds et les décideurs à s’interroger au sujet des conditions nécessaires pour que la recherche soit fructueuse. Depuis 10 ans, ils ont trouvé la réponse en appuyant les quatre éléments fondamentaux de la recherche. Aujourd’hui, on se demande quelle est la meilleure répartition du financement et les niveaux d’investissements idéaux pour maximiser le rendement des fonds consacrés à la recherche, et quel est le juste équilibre entre les investissements dans la recherche de vaste portée axée sur les découvertes et la recherche ciblée.

La réponse du gouvernement fédéral à ces questions est de toute première importance puisqu’il s’agit du principal bailleur de fonds externe de la recherche universitaire et qu’il influe sur les investissements consentis par les autres secteurs. Acteur national, le gouvernement fédéral gère le système dans son ensemble en plus de fournir du financement et de procéder lui‑même à des travaux de recherche. Les programmes phares qu’il a mis sur pied pour soutenir les quatre éléments fondamentaux de la recherche universitaire sont donc particulièrement importants puisqu’ils influent sur le fragile équilibre du système universitaire.

Tout comme un écosystème, le milieu de la recherche universitaire doit être examiné dans son ensemble. Comme les quatre éléments fondamentaux sont interreliés, il faut envisager les retombées de chacun des éléments et l’effet qu’ils ont les uns sur les autres. Il n’est pas possible d’établir une répartition du financement et des niveaux fixes qui seraient idéaux et les mêmes pour tous. On ne peut que les déterminer de façon approximative et apporter des modifications

au fil du temps en prenant en compte les particularités des établissements et des régions, des événements historiques et économiques et du contexte international, en fonction duquel il faut continuellement évaluer et réévaluer le financement accordé au Canada.

Qui plus est, les éléments fondamentaux de la recherche universitaire ne sont pas coupés des autres investissements complémentaires relatifs aux autres missions des universités, à savoir l’enseignement et le service à la collectivité, ou encore d’autres secteurs du système de recherche canadien. Même si le financement des quatre éléments fondamentaux de la recherche universitaire est suffisant et réparti de façon « adéquate », rien ne garantit que les retombées en soient maximisées s’il existe un déséquilibre ailleurs dans le système de financement des universités ou dans le système national de financement de la R‑D. Conscients de cette réalité, certains des principaux pays concurrents du Canada comme le Royaume‑Uni et l’Australie adoptent des modèles de financement gouvernemental qui visent à couvrir une part plus importante des coûts généraux liés à la réalisation de projets de recherche universitaire financés par l’État. Ces modèles réduisent les pressions exercées sur les budgets de fonctionnement des universités et optimisent la contribution de la R‑D universitaire à la recherche à l’échelle nationale.

Au moment de définir la juste répartition du financement de la recherche universitaire au Canada à des niveaux appropriés, les décideurs, les bailleurs de fonds et les acteurs de la recherche universitaire doivent se poser trois questions fondamentales :

Quels sont les liens qui unissent les quatre »éléments fondamentaux de la recherche universitaire et en quoi la modification du financement accordé à un ou à plusieurs éléments de ce système influe‑t‑elle sur le milieu de la recherche universitaire dans son ensemble?De quelle façon les bailleurs de fonds de la »recherche universitaire peuvent‑ils le mieux contribuer à établir et à maintenir une juste répartition du financement à des niveaux appropriés pour les quatre éléments fondamentaux, dans le cadre de projets de recherche actuels et futurs?

26 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Comment atteindre l’équilibre entre l’appui aux »projets de recherche de vaste portée axés sur la découverte dans un large éventail de disciplines et les investissements visant des « priorités stratégiques » ciblées?

Il est important d’établir une juste répartition des investissements dans la recherche universitaire à des niveaux appropriés puisque, si les ressources accordées à un des quatre éléments fondamentaux s’avèrent insuffisantes, le bon fonctionnement des autres éléments peut s’en trouver considérablement affecté. Par exemple, l’accent mis au cours des 10 dernières années sur les ressources humaines et l’infrastructure du milieu de la recherche universitaire est à l’origine de fortes pressions relativement à l’apport d’un plein soutien à ces ressources humaines et à l’entretien et l’utilisation de leur équipement par l’entremise du financement des frais directs et des frais engagés par les établissements. Il est essentiel que le financement des frais directs de la recherche et l’appui accordé aux établissements dans la gestion des travaux effectués par leurs chercheurs soient d’un niveau concurrentiel à l’échelle internationale afin de maximiser les investissements effectués depuis 10 ans dans les ressources humaines et l’infrastructure. Atténuer la pression qui s’exerce sur les quatre éléments fondamentaux de la recherche représente un défi continu et en constante évolution pour les hauts dirigeants universitaires ainsi que pour tous les bailleurs de fonds du système universitaire canadien.

Le financement de la recherche doit être équilibré sur d’autres plans également, par exemple, entre les fonds accordés aux activités de recherche en cours et les fonds accordés à l’exploration de voies nouvelles. Il peut être souhaitable et même nécessaire de se tourner vers de nouvelles priorités, mais lorsque les fonds, le personnel ou l’équipement sont limités, cela peut entraîner le retrait des ressources affectées à des activités en cours, et donc compromettre des partenariats de recherche nationaux et internationaux déjà en place et, ultimement, la réputation du Canada dans sa poursuite de la collaboration et de l’excellence en recherche. De même, le besoin pressant de réaliser des travaux de recherche ciblés dans un domaine donné, risque de monopoliser des ressources qui devraient être consacrées à la recherche fondamentale susceptible de mener à des découvertes qui alimentent la recherche dans toutes les disciplines.

La recherche fondamentale, réalisée au Canada en grande partie par les universités, joue également un rôle important à titre de réserve stratégique de connaissances à l’échelle nationale. Lorsqu’un imprévu survient, par exemple, un attentat terroriste, un bouleversement économique ou financier grave ou l’éclosion d’une nouvelle maladie comme le SRAS, les Canadiens comptent sur des experts pouvant interpréter et expliquer la situation et contribuer à trouver des solutions. Nourrir continuellement le milieu de la recherche fondamentale pour en assurer la vitalité dans toutes les disciplines permet de veiller à ce que, quels que soient les défis politiques, sociaux, culturels ou économiques qui se présentent, le Canada dispose de l’expertise nécessaire pour parer aux imprévus.

Au cœur de cette question qui touche à l’équilibre entre les priorités stratégiques et l’expertise élargie se trouve l’enjeu de la répartition équilibrée des ressources entre les disciplines. Statistique Canada estime actuellement que 20 pour cent de la recherche universitaire se fait dans le domaine des sciences humaines, 40 pour cent en santé et 40 pour cent dans le domaine des sciences et du génie ne touchant pas à la santé. L’intérêt accru à l’égard des enjeux sanitaires a entraîné une hausse de la proportion des travaux de recherche consacrés expressément à la santé. Mais puisque les solutions à d’importants enjeux nationaux et internationaux se situent de plus en plus à la croisée des disciplines, il est d’autant plus important de répartir de façon appropriée les investissements entre celles‑ci.

Un portefeuille de la R-D universitaire au CanadaOn peut utiliser l’image d’un portefeuille de placement pour définir la répartition et le niveau appropriés des investissements dans la recherche universitaire à des niveaux appropriés. Au moment de composer un portefeuille, les investisseurs avisés cherchent à réduire les risques et à maximiser le rendement de leurs investissements tout en tenant compte de leurs objectifs. Cet objectif est souvent atteint en diversifiant les avoirs de façon à compter sur des valeurs sûres offrant un rendement à long terme fiable et stable ainsi que sur des valeurs plus risquées susceptibles de rapporter davantage à court terme. Normalement, les conseillers financiers recommandent de combiner ces deux types d’investissements et rappellent aux investisseurs de voir à long terme et d’éviter de trop se préoccuper

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Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

des pertes et des reculs à court terme. De plus, les investisseurs sont invités à cerner clairement leurs objectifs à long terme de sorte que leur portefeuille soit adapté à leurs aspirations et à leur situation.

Dans la mesure où les investissements dans la recherche universitaire peuvent être considérés comme un « portefeuille de la R‑D au Canada », le fait d’investir dans une valeur sûre, c’est‑à‑dire dans la recherche fondamentale réalisée dans l’ensemble des disciplines, garantit essentiellement la production fiable et stable de résultats de recherche peu sensibles au marché et aux autres variables et plus susceptibles d’offrir des retombées à long terme. Inversement, les investissements stratégiques dans la recherche hautement ciblée sont hasardeux étant donné le risque d’échec attribuable à l’ampleur des projets ou à la concurrence mondiale. Par contre, le rendement de ces investissements, lorsque les projets portent des fruits, peut être obtenu rapidement. Cette analogie peut servir de point de départ à un dialogue visant à évaluer le niveau et la répartition des investissements dans la recherche universitaire associés aux risques et au rendement voulus, compte tenu des objectifs communs des gouvernements, de la direction des universités, des bailleurs de fonds de la recherche et du public ainsi que de leurs attentes à l’égard de la recherche universitaire.

Comme pour tout portefeuille, le rendement du « portefeuille de la R‑D universitaire pour le Canada » doit être évalué périodiquement. Il faut savoir saisir rapidement les possibilités d’investissement à court terme dans de nouveaux domaines qui garantissent les retombées les plus importantes, mais aussi maintenir un équilibre en assurant la production constante de solides résultats provenant d’investissements dans des valeurs sûres à long terme. Les « échecs », c’est‑à‑dire le fait que des projets de recherche stratégique ne mènent pas aux résultats escomptés, sont à prévoir, mais ces travaux doivent être évalués sur une période suffisamment longue pour permettre le choix d’un niveau de risque approprié, et il faut se montrer suffisamment patient pour que les investisseurs puissent atteindre leurs objectifs à long terme. Enfin, les évaluations doivent tenir compte de l’évolution constante du contexte, et le portefeuille doit être modifié au besoin afin de permettre l’atteinte d’objectifs établis de façon responsable et calculée. Ainsi faut‑il, à mesure que les besoins et les objectifs évoluent, adapter le niveau et la répartition des investissements.

Plusieurs éléments peuvent entrer dans la composition d’une « trousse d’évaluation du portefeuille » de la recherche universitaire. Il faut d’abord une compréhension minimale de l’état actuel de la recherche du point de vue des bailleurs de fonds et de celui des acteurs de la recherche, tant dans le secteur universitaire que dans les autres secteurs. La prise de décisions judicieuse au sujet des investissements futurs nécessite également de comprendre les quatre éléments fondamentaux de la recherche universitaire ainsi que les liens qui les unissent entre eux et aux facteurs externes. Une fois cette compréhension acquise, il est possible d’évaluer le rendement des investissements en examinant les facteurs susceptibles d’avoir des répercussions importantes sur la nature des travaux de recherche universitaire et sur le niveau de l’aide affectée à ceux‑ci. L’évaluation doit également tenir compte du contexte de la concurrence mondiale. Ces deux questions sont abordées en détail au chapitre 2.

28 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Notes de fin – Chapitre 1

Les données dans ce chapitre pour lesquelles aucune note n’a été rédigée sont fondées sur les estimations de l’AUCC ou sur les Estimations des dépenses canadiennes au titre de la recherche et du développement produites par Statistique Canada. Dans le cas où un paragraphe contient de multiples données provenant d’une même source, la référence bibliographique n’est mise qu’à la fin de celui‑ci.

Gouvernement du Canada, ministère des Finances, 1 Le plan budgétaire de 2008, 2008, p. 89.

Voir l’encadré sur les DIRDES à la page 18 pour obtenir une explication détaillée de la méthode mise au point 2

par Statistique Canada pour évaluer la contribution des universités à la recherche.

Statistique Canada ne recueille pour l’instant aucune donnée sur les bailleurs de fonds étrangers qui financent la 3

recherche au Canada. Il n’est donc pas possible de savoir quelles organisations fournissent ces fonds et de quelle façon l’incertitude économique du début des années 2000 pourrait avoir altéré leurs contributions.

En 2006, les National Institutes of Health ont fourni au Canada un financement de 62 millions de dollars, soit le 4

cinquième des fonds accordés par les NIH à des organisations non américaines. Calculs de l’AUCC fondés sur des données des NIH (Extramural Awards by State and Foreign Site).

Toutes les variations en pourcentages fournies dans le présent chapitre ont été calculées en dollars constants, sauf 5

indication contraire.

Selon le document 6 Canada’s Top Corporate R&D Spenders (2001) de Research Infosource, Nortel a été le principal acteur corporatif en matière de recherche en 2000, réalisant pour six milliards de dollars d’activités de recherche.

OCDE, 7 Principaux indicateurs de la science et de la technologie, édition 2008/1, 2008.

Selon le numéro 211 (mai 2005) de la publication 8 Commentary intitulée Canada’s R&D Deficit – And How to fix It de l’Institut C.D. Howe, la taille relativement petite du marché canadien par rapport au marché américain se traduit par une proportion relativement inférieure de grandes entreprises (celles qui comptent au moins 500 employés) dans l’économie canadienne, ce qui pourrait constituer un important obstacle structurel à l’augmentation du ratio d’investissements privés dans la recherche-développement. Ce phénomène est également lié au fait que l’économie canadienne est fortement axée sur les ressources naturelles.

OCDE, 9 Principaux indicateurs de la science et de la technologie, édition 2008/1, 2008.

Toole, A., 10 The Impact of Public Basic Research on Industrial Innovation: Evidence from the Pharmaceutical Industry, Stanford Institute for Economic Policy Research, document de travail No. 00-07, 2000.

Autralian Bureau of Statistics, 11 Research and Experimental Development, All Sector Summary, Australia, 2004-05, 2006.

National Science Foundation (États-Unis), 12 Science and Engineering Indicators 2008, 2008.

En 2007-2008, le CRSH a accordé un financement à 5 865 professeurs, soit à titre de chercheur principal ou de 13

cochercheur. Il s’agit du quart des professeurs dans les disciplines concernées. Information obtenue du CRSH, 20 juin 2008.

Site Web de la Fondation canadienne pour l’innovation, www.innovation.ca.14

Réseaux de centres d’excellence, 15 Rapport annuel 2006-2007 : L’avantage gagnant, 2008.

Selon le site Web de l’Association des parcs universitaires de recherche (www.aurpcanada.ca), il existe au Canada 16

25 parcs universitaires de recherche, qui hébergent plus de 750 entreprises et centres de recherche de haute technologie.

Statistique Canada, 17 Activités scientifiques fédérales 2007-2008, 2008.

Selon le rapport d’un groupe d’experts indépendants intitulé 18 Partenariats intersectoriels pour les laboratoires fédéraux à vocation non réglementaire – Rapport du Groupe d’experts indépendant au Président du Conseil du Trésor du Canada (janvier 2008), il existe 198 laboratoires fédéraux. L’AUCC a réalisé en 2006 une enquête qui a révélé l’existence de près de 80 laboratoires fédéraux situés à proximité d’un campus canadien ou sur un campus.

Site Web de l’Agence spatiale canadienne, www.space.gc.ca/asc/fr/ressources/publications/rr-2007.asp.19

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Chapitre 1 : Investissements et activités de R-D au Canada

Site Web d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, 20

www4.agr.gc.ca/AAFC-AAC/display-afficher.do?id=1181591790641&lang=f.

Site Web du Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada, 21

www.irap-pari.nrc-cnrc.gc.ca.

Cooper, D., « University Spin Off Firms and High Growth Firms in Canada », 22 APEC SME Innovation Briefing, No. 3, juin 2007. L’étude porte sur l’analyse d’un groupe de 800 entreprises dérivées d’universités et d’hôpitaux constituées en société avant juin 1999; 367 de ces entreprises ont profité du PARI.

Gouvernement du Canada, 23 Les sciences et la technologie à l’aube du XXIe siècle – Sommaire, 1996.

AUCC, 24 Tendances dans le milieu universitaire – Volume 2 : Corps professoral, 2007.

Statistique Canada, 25 Enquête sur la commercialisation de la propriété intellectuelle dans le secteur de l’enseignement supérieur 2006.

Gouvernement du Québec, 26 Un Québec innovant et prospère, 2006; Gouvernement de la Colombie-Britannique, Local Excellence, Global Impact, 2007; Gouvernement de l’Ontario, Saisir les créneaux mondiaux : Programme d’innovation de l’Ontario, 2008.

Gouvernement du Québec, ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, 27 Règles budgétaires et calcul des subventions de fonctionnement aux universités du Québec pour l’année universitaire 2007-2008, 2007.

Site Web du Ministère de la Recherche et de l’Innovation de l’Ontario, www.mri.gov.on.ca.28

OCDE, 29 Principaux indicateurs de la science et de la technologie, édition 2008/1, 2008.

National Science Foundation (États-Unis), 30 Science and Engineering Indicators 2008, 2008.

« High Tech/University Relationship the Key to Success for Both Sides », 31 Ottawa Business Journal, le 21 mars 2007.

Fondation Sickkids, 32 Rapport annuel 2006-07, 2007.

Information obtenue de la Coalition canadienne des organismes bénévoles en santé, 28 février 2008.33

La répartition des fonds de recherche fournis à l’interne par les universités décrite dans 34 En plein essor n’est pas directement comparable à celle qui est décrite dans Tendances dans le milieu universitaire – Volume 3 : Finances. Les données utilisées dans Tendances excluent les fonds consacrés à la recherche hospitalière, qui ne figurent pas dans les données recueillies par l’ACPAU et la FCI. Les frais associés engagés par les établissements de même que d’autres frais sont également exclus.

Pour obtenir un complément d’information, voir AUCC, 35 Tendances dans le milieu universitaire – Volume 3 : Finances, 2008.

Site Web du programme des Chaires de recherche du Canada, www.chairs.gc.ca.36

Gouvernement du Canada, ministère des Finances, 37 Le plan budgétaire de 2003, 2003, p. 141.

Gouvernement du Canada, ministère des Finances, 38 Le plan budgétaire de 2007, 2007, p. 206, 224.

Gouvernement du Canada, ministère des Finances, 39 Le plan budgétaire de 2008, 2008, p. 121.

Ibid., 121, 122.40

Site Web de la Fondation canadienne pour l’innovation, www.innovation.ca.41

Dans le budget de 2007, le gouvernement fédéral s’est engagé à verser 120 millions de dollars à CANARIE sur cinq ans.42

TRIUMF est un laboratoire national pour la recherche en physique nucléaire et en physique des particules situé sur 43

le campus de la University of British Columbia.

Pour obtenir un complément d’information sur ce concours, veuillez vous rendre au www.nce-rce.gc.ca.44

Calculs de l’AUCC fondés sur des données tirées des outils de recherche d’octrois et des rapports ministériels sur 45

le rendement des organismes subventionnaires.

Site Web des Réseaux de centres d’excellence, www.nce-rce.gc.ca.46

30 En plein essor | Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Gouvernement du Canada, ministère des Finances, 47 Le plan budgétaire de 2007, 2007, p. 219.

Site Web de Génome Canada, www.genomecanada.ca. Génome Canada fournit environ 50 pour cent des fonds, 48

les provinces, 20 pour cent, le secteur privé, 10 pour cent. Les 20 pour cent restants sont fournis à la fois par des organisations étrangères, le gouvernement fédéral et l’établissement participant.

Gouvernement du Canada, ministère des Finances, 49 Le plan budgétaire de 2001, 2001.

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Chapitre

Facteurs de changement

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la course mondiale pour attirer et retenir »les meilleurs chercheurs et diplômés universitaires;l’augmentation des coûts et de la complexité »de la recherche universitaire;l’importance accrue de mesurer l’impact »de la R-D universitaire;la nécessité de former des partenariats au-delà »des frontières entre établissements, secteurs et régions.

Le dernier facteur est largement influencé par les quatre précédents et sous-tend toute la question de la R-D au Canada et dans le monde entier.

Tout au long du présent chapitre, des exemples et des études de cas canadiens et étrangers souligneront les moyens novateurs utilisés au Canada et dans certains des principaux pays de référence pour s’adapter à ces facteurs de changement. Les comparaisons à l’échelle internationale posent quelques difficultés puisque les systèmes de recherche varient considérablement d’un pays à l’autre, tant sur le plan de leur fonctionnement que sur celui du financement. Certains gouvernements adoptent une approche plus centralisée que d’autres en ce qui a trait à la conception et à la mise en œuvre

Comme les activités de recherche et développement (R-D) jouent un rôle essentiel en matière de prospérité et de qualité de vie, il est important de comprendre non seulement la situation de la R-D au Canada, mais également les facteurs de changement relatifs à la réalisation et au financement des activités de R-D au fil du temps. Ce n’est qu’à cette condition que les activités de R-D peuvent être planifiées de façon stratégique, gérées de façon proactive et mises en œuvre de façon efficace. Cette compréhension éclaire également la prise de décisions relatives à la juste répartition des investissements et des activités de R-D au Canada, ainsi que l’évaluation des niveaux raisonnables de risques et de compromis servant de base à l’établissement des priorités à court et à long terme.

Pour comprendre la dynamique des activités et des investissements en R-D universitaire, il est utile de tenir compte des facteurs de changement qui sont susceptibles d’avoir une grande incidence sur la recherche universitaire au Canada et à l’étranger au cours de la prochaine décennie. Cinq facteurs sont particulièrement importants :

la reconnaissance accrue à l’échelle internationale »des liens cruciaux qui unissent la R-D universitaire et la prospérité et la qualité de vie des citoyens;

Chapitre 2 :Facteurs de changement

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de décisions politiques qui auront un effet sur la recherche. De plus, la capacité des milieux universitaires de contribuer à l’élaboration de politiques diffère d’un pays à l’autre. Par conséquent, les exemples étrangers ne sont pas fournis pour suggérer au Canada une quelconque voie à suivre, mais bien pour présenter les différentes façons dont les questions relatives à la recherche sont abordées ailleurs. De même, les exemples nationaux ne sont que quelques-uns parmi tant d’autres que nous aurions pu choisir pour illustrer l’attitude du Canada à l’égard des facteurs de changement.

FACTEUR 1 : RECONNAISSANCE DU LIEN QUI EXISTE ENTRE LA R-D UNIVERSITAIRE ET LA PROSPÉRITÉ DU CANADA ET LA QUALITÉ DE VIE DES CITOYENS

Au sein de l’économie mondiale actuelle, il est largement reconnu qu’un solide système national de R-D, en plus de stimuler à long terme la croissance économique et la prospérité d’un pays, profite à l’éducation, à la santé, à l’environnement, à la culture et à la société civile. On sait également combien la R-D contribue aux décisions politiques à l’échelle locale, régionale, nationale et internationale. C’est pourquoi elle est devenue un facteur central de changement, tant au Canada qu’à l’étranger, alors qu’on la considérait autrefois comme un simple élément stratégique en matière de capacité concurrentielle.

La majorité des stratégies nationales de R-D suivent un modèle commun qui reflète un consensus international sur les principaux éléments nécessaires à la compétitivité et à la prospérité, même si chaque pays adopte une approche adaptée à sa situation économique, politique et sociale particulière. Ainsi, tous stimulent l’innovation dans le secteur privé et reconnaissent le rôle essentiel que joue le milieu universitaire dans le système d’innovation d’un pays, en tant qu’acteur de la recherche fondamentale et appliquée et fournisseur de personnel hautement qualifié pour tous les secteurs. Pour que les investissements en R-D conduisent à des résultats concrets sur le plan économique et social, de nombreuses stratégies encouragent également la collaboration à l’échelle nationale entre les établissements, les organisations et les différents secteurs comme moyen de favoriser la compétitivité du pays sur la scène internationale.

Chapitre 2 : Facteurs de changement

36 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Canada : stratégies d’innovation fédérales et provincialesAu cours des deux dernières décennies, plusieurs documents gouvernementaux ont été publiés au Canada, soulignant l’importance de la R-D universitaire pour la prospérité sociale et économique. En mars 1987, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du pays ont ratifié la Politique nationale en matière de sciences et de technologie. Cette politique a entraîné l’augmentation des investissements dans la recherche universitaire par l’entremise des organismes subventionnaires fédéraux, la mise en place des Réseaux de centres d’excellence (RCE), l’augmentation de mesures fiscales incitatives en R-D à l’intention du secteur privé, ainsi que la création du Conseil des ministres des Sciences et de la Technologie et du Conseil consultatif national des sciences et de la technologie (CCNST)1.

En 1996, la révision de la politique fédérale en matière de sciences et technologie a donné lieu à la stratégie intitulée Les sciences et la technologie à l’aube du XXIe siècle, qui prévoyait la création du Conseil consultatif des sciences et de la technologie, pour remplacer le CCNST, de nouveaux mécanismes de financement nationaux et une approche intégrée de planification de la recherche qui favoriserait la collaboration entre les gouvernements, le milieu des affaires et les universités. Cette révision a également renforcé la position des universités canadiennes en tant que catalyseurs de l’innovation. La nouvelle stratégie soulignait que « L’aide à la recherche et à la formation au profit des diplômés d’établissements postsecondaires ou autres est également au premier plan des activités du gouvernement fédéral. Elle représente un investissement vital dans les travaux de recherche et le capital humain à l’origine des découvertes scientifiques qui permettront au Canada d’innover ainsi que d’adopter et de mettre à profit les plus récentes techniques provenant des quatre coins du globe2. »

En 2002, deux nouveaux documents de politiques ont été publiés par le gouvernement fédéral dans le cadre de sa stratégie nationale d’innovation, intitulés Atteindre l’excellence : Investir dans les gens, le savoir et les possibilités et Le savoir, clé de notre avenir – Le perfectionnement des compétences au Canada. Ces documents visaient à faire participer tous les secteurs et tous les ordres de gouvernement à un débat

national sur la meilleure façon de maximiser la compétitivité du Canada dans une économie mondiale du savoir. Ils proposaient un certain nombre d’objectifs nationaux en matière d’innovation, notamment que le Canada se classe parmi les cinq premiers pays du monde en ce qui a trait au rendement sur le plan de la R-D et que les investissements fédéraux dans ce domaine soient au moins doublés d’ici 20103. Les budgets fédéraux subséquents ont instauré de nouvelles mesures, comme le Programme des coûts indirects et le programme des Bourses d’études supérieures du Canada pour permettre aux universités canadiennes de contribuer à la compétitivité internationale du pays en matière de R-D4.

Le document de politiques fédéral en matière de S et T le plus récent, publié en mai 2007 et intitulé Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, constitue un cadre d’orientation pour les futures politiques en matière de sciences et technologie. Il met l’accent sur la création d’un avantage entrepreneurial, d’un avantage humain et d’un avantage du savoir au Canada en appuyant l’atteinte d’une excellence de classe internationale, les priorités stratégiques en matière de R-D, les partenariats et la responsabilisation en ce qui a trait aux investissements en R-D. La stratégie insiste sur la nécessité d’accroître la R-D dans le secteur privé et de faire en sorte que le Canada tire profit d’un milieu de recherche universitaire concurrentiel à l’échelle mondiale. Elle vise l’atteinte d’un équilibre entre l’importance des investissements à long terme dans la recherche fondamentale pour toutes les disciplines et l’obtention d’avantages concurrentiels dans quatre secteurs prioritaires : sciences et technologies environnementales, énergie et ressources naturelles, sciences et technologies de la santé et sciences de la vie connexes, ainsi que technologies de l’information et des communications5.

Au cours des dernières années, les gouvernements provinciaux du pays ont eux aussi officialisé leurs approches respectives en matière d’innovation et de R-D. Les cadres provinciaux sont adaptés aux besoins, aux possibilités et aux enjeux propres à chaque province, à l’échelle locale, régionale et provinciale. Tout comme leur équivalent fédéral, les stratégies provinciales reconnaissent que les universités jouent un rôle important dans l’innovation et qu’elles sont l’un des piliers de la croissance et de la prospérité.

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Comme la contribution des provinces au financement de la recherche n’a cessé d’augmenter au cours de la dernière décennie, leur rôle dans l’élaboration et la mise en œuvre de ces stratégies d’innovation a, lui aussi, gagné en importance.

Les stratégies provinciales comportent des principes communs visant la construction d’une économie novatrice et soulignant l’importance d’accroître le nombre de partenariats intersectoriels. Pour la plupart, elles définissent des secteurs de priorité dans lesquels les provinces souhaitent atteindre l’excellence en recherche et insistent sur la nécessité de former des travailleurs hautement qualifiés. Comme la stratégie fédérale en matière de sciences et de technologie de 2007, celles de l’Alberta, du Québec et de l’Ontario accordent beaucoup d’importance au renforcement des liens entre les chercheurs universitaires et les utilisateurs des résultats de la recherche, en particulier ceux du secteur de l’industrie6. À l’inverse, dans les provinces de l’Atlantique, où on doit composer avec un secteur privé plus modeste, moins de ressources et une masse critique moindre, on cherche davantage à tirer parti des atouts de la région en R-D universitaire afin d’être concurrentiel dans l’économie mondiale du savoir7. Certaines provinces se sont dotées d’indicateurs de rendement en R-D pour évaluer l’efficacité de leur stratégie au fil du temps, alors que d’autres se sont fixé des objectifs concrets8.

Les stratégies d’innovation dans les pays industrialisésAilleurs dans le monde, les pays concurrents industrialisés comme les puissances émergentes en R-D officialisent eux aussi les liens qui unissent la R-D universitaire et la prospérité nationale par l’élaboration de politiques, de cadres et de stratégies qui guident leurs investissements. La section suivante donne un aperçu de la place accordée à la R-D universitaire dans les stratégies d’innovation nationales de certains des principaux pays et régions de référence.

Australie »Un certain nombre de pays de référence élaborent des politiques très similaires dans leurs cadres d’innovation. Backing Australia’s Ability, une politique d’innovation adoptée en 2001 et dont les objectifs s’étendent sur une période de 10 ans, mise sur trois éléments principaux dans le processus d’innovation : la production d’idées et la recherche, l’accélération de la valorisation des

idées, ainsi que l’acquisition et le maintien des compétences. Elle vise entre autres à favoriser l’augmentation des investissements du secteur privé dans la R-D et à doter le pays d’un avantage concurrentiel en R-D.

La politique d’innovation australienne comprend une augmentation du financement de la recherche et de la formation universitaires ainsi qu’un engagement à doubler les fonds destinés à l’excellence en recherche par l’entremise du programme national de subventions pour la recherche par voie de concours de l’Australian Research Council (ARC). En cinq ans, de 2000-2001 à 2005-2006, le doublement a été atteint, et le financement accordé à l’ARC continue de croître depuis9. Cette politique prévoit en outre le soutien de projets de recherche concertée d’envergure qui correspondent aux priorités du pays en matière de recherche : investissements dans l’infrastructure de recherche, mesures fiscales favorisant les investissements en R-D, aide à la valorisation des résultats de recherche et soutien aux frais engagés par les instituts de recherche médicale. Depuis 2001, le gouvernement a investi 8,3 milliards de dollars australiens (soit 7,8 milliards de dollars canadiens) dans le cadre de Backing Australia’s Ability10. Au début de 2008, le gouvernement a chargé un groupe d’experts d’examiner le système d’innovation national, de même que la cohérence et l’efficacité des mesures gouvernementales actuellement en place pour soutenir l’innovation11.

États-Unis »Les États-Unis, qui se classent au premier rang mondial pour les investissements globaux dans les activités de recherche12 et les extrants de la recherche13, ont formulé récemment une vision à long terme destinée à maintenir et à renforcer leur capacité d’innovation. L’American Competitiveness Initiative (ACI), lancée en 2006, souligne le rôle central de la recherche dans la compétitivité du pays, particulièrement en ce qui concerne la recherche fondamentale de pointe qui se fait principalement dans les universités. La priorité de l’ACI consiste à doubler, sur une période de 10 ans, le financement de la recherche fondamentale à la source de l’innovation, accordé par les organismes responsables des sciences physiques et du génie14.

L’ACI et la publication de deux rapports importants15 ont mené à l’adoption en août 2007 de l’America Creating Opportunities to Meaningfully Promote

Chapitre 2 : Facteurs de changement

38 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Excellence in Technology, Education, and Science (COMPETES) Act, une loi qui couvre trois grands axes d’intérêt : l’augmentation des investissements en recherche; le renforcement des possibilités d’apprentissage, d’enseignement et de recherche en sciences, en technologie, en génie et en mathématiques dans l’ensemble du système d’éducation; le développement d’une infrastructure de l’innovation16. Cette loi met en évidence le large soutien que récoltent les recommandations de l’ACI portant sur le renforcement de la recherche et de l’éducation aux États-Unis.

Royaume-Uni »Au Royaume-Uni, le Science & Innovation Investment Framework 2004-2014 entend accroître la R-D effectuée par le secteur privé, renforcer les liens entre les secteurs et accorder plus d’importance au transfert des connaissances et à la valorisation de la recherche universitaire. En plus de soutenir le financement de la recherche dans les universités et les laboratoires publics, le cadre accorde beaucoup d’importance à la mise sur pied de centres d’excellence en recherche de calibre international, à la formation de scientifiques, d’ingénieurs et de technologues qualifiés17. Il y est question de la nécessité de renforcer la gestion financière de la part des universités, qui tienne compte de la totalité des coûts de la recherche et qui garantisse que le milieu de la recherche réponde aux besoins de l’économie et des services publics18. Le document insiste également sur les répercussions positives de la recherche universitaire sur la croissance économique et fixe pour objectif d’augmenter les investissements scientifiques des gouvernements dans une proportion au moins égale au taux de croissance économique au cours de la période de 10 ans19.

Le gouvernement du Royaume-Uni a publié un autre cadre de politiques en matière d’innovation en mars 2008, intitulé Innovation Nation. Celui-ci donne suite aux 72 recommandations proposées dans le rapport Sainsbury sur les politiques publiques en matière de science et d’innovation publié en octobre 200720. Bien que le cadre de la politique en matière d’innovation réaffirme l’importance des répercussions de la R-D sur le plan économique et propose d’autres initiatives pour stimuler la R-D effectuée par le secteur privé ainsi que les projets de collaboration de recherche avec ce dernier, elle affirme également que l’innovation doit pouvoir compter sur un secteur de la recherche solide et souligne que le financement public de la recherche

constitue un investissement à long terme du gouvernement dans le potentiel d’innovation du pays21. La politique Innovation Nation expose l’engagement du gouvernement à accroître le financement de base des universités et celui des projets de recherche, de même que son soutien à l’ensemble des coûts liés à la recherche22.

Union européenne »En 2000, l’Union européenne adoptait la stratégie de Lisbonne, une initiative voulant faire de l’Europe l’économie du savoir la plus concurrentielle et la plus dynamique du monde, en grande partie par la création d’un Espace européen de la recherche (EER). L’EER vise à remplacer la collaboration non officielle entre les pays par des programmes de recherche intégrés, transnationaux et multidisciplinaires visant à accroître la masse critique, à assurer une croissance viable et durable et à stimuler la compétitivité des pays membres. Dans un livre vert, la Commission européenne reconnaît que les universités et les organismes publics de recherche « constituent à ce titre les principaux acteurs de la recherche fondamentale et des travaux sur des questions d’intérêt public, ainsi que d’importants contributeurs dans le domaine de la recherche appliquée, à l’appui de la recherche et de l’innovation dans les entreprises23. »

Pour son développement, l’EER mise sur le septième programme-cadre de l’Union européenne, doté d’un budget de quelque 50,5 milliards d’euros (ou 81,2 milliards de dollars canadiens) pour la période 2007-2013, une hausse de 40 pour cent par rapport au sixième programme-cadre24. Une autre initiative s’inscrivant dans la lignée des objectifs de la stratégie de Lisbonne consiste en la création de l’Institut d’innovation et de technologie européen (IET), approuvée par le Parlement européen en mars 2008. Fondé sur des réseaux intégrés public-privé composés d’universités, d’organismes de recherche et d’entreprises connus sous le nom de Communautés du savoir et de l’innovation, l’IET espère devenir un fleuron européen de l’excellence en innovation25.

Association des universités et collèges du Canada 39

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Organisation de coopération et de »développement économiques (OCDE)

L’OCDE a également amorcé l’élaboration d’une stratégie d’innovation à l’intention de ses gouvernements membres. Au moyen d’une approche systémique, cette stratégie permettra de prodiguer des conseils d’intérêt général en matière d’innovation, et d’autres de portée plus spécifique, en se basant sur des données empiriques et des analyses thématiques, nationales et internationales. L’OCDE prévoit rédiger un rapport sur la stratégie d’ici 201026.

Les stratégies d’innovation dans les économies émergentesLes stratégies d’innovation élaborées par des pays émergents tels que l’Inde et la Chine reconnaissent clairement elles aussi le rôle des universités pour parvenir à une plus grande prospérité économique et sociale. Ces deux pays consolident leurs bases de connaissances respectives en investissant davantage dans les établissements d’enseignement supérieur alors qu’ils délaissent les exportations à fort coefficient de main-d’œuvre au profit des exportations à forte intensité de capitaux et de la production de biens et de services à forte valeur ajoutée.

Chine »En janvier 2006, la Chine a lancé un vaste plan échelonné sur 15 ans qui vise à faire de la Chine une société axée sur l’innovation d’ici 2020, et un chef de file mondial des sciences et de la technologie d’ici 2050. Ce plan, conçu pour favoriser l’innovation d’origine chinoise, prévoit l’accroissement de la recherche fondamentale ainsi que le développement de nouvelles disciplines, de l’interdisciplinarité et de la recherche fondamentale, ceci à l’appui des grandes stratégies nationales. Le plan, qui aborde un des grands défis de la Chine, comprend un certain nombre de recommandations pour constituer un bassin de travailleurs hautement qualifiés en sciences et technologie27.

Après la publication du plan, en avril 2006, le gouvernement chinois a annoncé la construction de 30 nouvelles cités scientifiques devant contribuer à la valorisation de la recherche universitaire. Les cités scientifiques, destinées à jouer un rôle d’« incubateurs » pour petites et moyennes entreprises mises sur pied, en bonne part, par les universités ou les étudiants, sont considérées par le gouvernement comme « un pivot du

renforcement des capacités en matière d’innovation, car les chercheurs universitaires sont parmi les plus productifs en Chine 28. » [Traduction libre] Afin d’atteindre les objectifs fixés par le plan, le gouvernement chinois entend presque quadrupler ses dépenses annuelles en R-D provenant de toutes les sources au pays, soit les faire passer de 236 milliards RMB (soit 83 milliards de dollars canadiens) à 900 milliards RMB (soit 315 milliards de dollars canadiens) d’ici 202029. Le plan de sciences et technologie est fondé sur deux politiques lancées dans les années 1990 : le projet 211 et le projet 985. Ceux-ci ont fourni à certaines universités chinoises le soutien nécessaire au développement de centres de recherche de pointe, à l’amélioration des activités de valorisation, à la restructuration de l’administration et de la gestion et à la multiplication des occasions de recrutement et de réseautage à l’échelle internationale30.

Inde »La politique en matière de sciences et technologie de l’Inde, annoncée en 2003, entend elle aussi favoriser la recherche scientifique dans les universités et autres établissements universitaires d’enseignement du génie et des sciences en augmentant et en restructurant le financement de la recherche fondamentale en sciences, en médecine et en génie et en permettant la mise à niveau de l’infrastructure universitaire31. Au terme du onzième plan quinquennal du pays (2007-2012), le budget national d’éducation devrait être multiplié par cinq pour améliorer l’accès à l’enseignement supérieur, la qualité de l’enseignement des sciences et de la recherche et procéder à des investissements massifs dans l’infrastructure de recherche32. Le plan quinquennal prévoit des investissements de 7,5 milliards de roupies (soit environ 600 millions de dollars canadiens) visant à fonder 30 universités centrales, et six milliards de roupies (soit environ 500 millions de dollars canadiens) pour mettre en place des écoles nationales de génie, de technologie de l’information et de gestion partout au pays33.

Objectifs nationaux en matière d’innovationAlors que les stratégies nationales d’innovation donnent un bon aperçu des priorités et des objectifs en matière de sciences et de technologie, les dépenses intérieures brutes de R-D (DIRD) exprimées en termes de pourcentage du produit intérieur brut (PIB) constituent une mesure de l’intensité réelle des activités

Chapitre 2 : Facteurs de changement

40 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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de recherche qui y sont menées. Par conséquent, plusieurs pays se sont fixé des objectifs en matière de ratio DIRD-PIB dans le cadre de leurs stratégies d’innovation et utilisent cet indicateur pour en mesurer les répercussions34.

Bien que le Canada n’ait pas établi d’objectif officiel en ce qui a trait au ratio DIRD-PIB dans la stratégie fédérale en matière de sciences et de technologie de 2007, le pays devrait atteindre un ratio minimum de trois pour cent s’il veut se classer parmi les chefs de file mondiaux en R-D, puisque certains pays procèdent déjà à des investissements de cet ordre et que de nombreux autres visent cet objectif. Les chefs de file mondiaux actuels en matière d’investissements en R-D, en ce qui a trait au ratio DIRD-PIB, sont la Suède, la Finlande, le Japon et la Corée du Sud. Toutefois, les pays émergents, dont la Chine et Singapour, augmentent rapidement leurs investissements en R-D et grimpent au classement international.

La forte croissance du Canada en matière d’investissements dans la recherche de 1996 à 2001 s’est traduite par une augmentation de son ratio DIRD-PIB, qui a atteint un sommet record de 2,09 pour cent en 2001. Au cours de la période suivante (de 2001 à 2007), une croissance plus faible des investissements en recherche, combinée à une économie qui reste solide, a entraîné une baisse du ratio DIRD-PIB du pays, qui a chuté à 1,89 pour cent en 2007. Avec un ratio de 1,94 pour cent en 2006 (la dernière année pour laquelle on dispose de données internationales comparables), le Canada s’est classé au 12e rang des pays de l’OCDE et son ratio était considérablement sous la moyenne des pays de l’OCDE qui se situe à 2,25 pour cent, et loin derrière les États-Unis, qui affichaient un ratio de 2,62 pour cent.

Pour atteindre un ratio de trois pour cent, le Canada devrait porter ses investissements globaux en R-D à quelque 70 milliards de dollars d’ici 2015, soit une augmentation de 140 pour cent par rapport aux

* Ou les données les plus récentesSource : OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie, édition 2008-1

4

3,5

3

2,5

2

1,5

1

0,5

0

Ratio de DIRD-PIB, 1996 et 2006*

2006 1996 OCDE 1996 OCDE 2006

Suèd

e

Finl

ande

Japo

n

Coré

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Sud

Suis

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mag

ne

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Fran

ce

Cana

da

Belg

ique

Roya

ume- Uni

Aust

ralie

3,73

3,453,39

3,23

2,9

2,782,62

2,53 2,45 2.43

2,11

1,651,83 1,78 1,78

1,94

Graphique 2.1 : Le ratio DIRD-PIB du Canada n’a pas suivi les hausses observées dans les principaux pays concurrents

Association des universités et collèges du Canada 41

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29 milliards de dollars investis en 200735. Même si les investissements du secteur privé triplaient d’ici 2015, les investissements dans la recherche universitaire devraient doubler au cours de la même période de huit ans pour atteindre ce ratio. De plus, des hausses marquées des investissements en R-D dans tous les secteurs seront peut-être même insuffisantes pour rejoindre le peloton de tête, compte tenu du rythme de la croissance des investissements dans les pays concurrents. La concurrence est féroce pour arriver parmi les chefs de file mondiaux en matière d’investissements en R-D, et donc en matière de rendement de la R-D.

FACTEUR DE CHANGEMENT 2 : COURSE MONDIALE AUX TALENTS DE RECHERCHE

L’importance croissante accordée à la recherche relativement à la croissance économique, au poids de notre pays sur l’échiquier international et à sa compétitivité, mène naturellement au deuxième facteur de changement : la course mondiale aux talents. Au Canada, la stratégie fédérale en matière de sciences et de technologie de 2007 a confirmé que : « Les gens talentueux, compétents et créatifs constituent à long terme le facteur crucial d’une économie nationale prospère36. » Pour les universités, cette course mondiale aux talents est particulièrement féroce, compte tenu de la nécessité d’attirer et de retenir des professeurs hautement qualifiés si elles veulent s’acquitter de leur mission d’enseignement et de recherche, et du besoin de former davantage de personnel hautement qualifié pour tous les secteurs de l’économie et de la société.

Chapitre 2 : Facteurs de changement

225

200

175

150

125

100

75

50

25

0

Indice du nombre de professeurs et d’étudiants à temps plein pour la période allant de 1955 à 2006 1976 = 100

Source : Statistique Canada et estimations de l’AUCC

1955

1958

1961

1964

1967

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

2006

eProfesseurs à temps pleinÉtudiants à temps plein

Graphique 2.2 : Entre 1996 et 2006, le nombre de professeurs à temps plein a augmenté de 21 pour cent, et le nombre d’étudiants à temps plein de 37 pour cent

42 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Attirer et retenir l’élite des professeursBien que le Canada compte maintenant le corps professoral le plus important et le plus diversifié de son histoire, composé de près de 41 000 professeurs à temps plein, les établissements canadiens font face à un défi de taille pour recruter et retenir des professeurs, compte tenu de la concurrence internationale et de l’âge des professeurs canadiens. L’AUCC estime que les universités canadiennes devront remplacer plus de 20 000 professeurs d’ici 2016 en raison des départs à la retraite et de l’attrition. Par ailleurs, si elles veulent suivre la croissance des effectifs étudiants, qui a largement dépassé celle du corps professoral (37 pour cent contre 21 pour cent depuis 1998), améliorer la qualité de la formation universitaire et répondre aux demandes croissantes en recherche de tous les secteurs de la société, les universités devront embaucher de 10 000 à 15 000 nouveaux professeurs au cours de cette même période37.

Ce défi est amplifié du fait que les titulaires d’un diplôme de maîtrise ou de doctorat qui approchent l’âge de la retraite sont beaucoup plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 20 ans, tous domaines de spécialité confondus. En

1990, moins de 115 000 titulaires de maîtrise et de doctorat sur le marché du travail avaient 50 ans ou plus. En 2006, le nombre de diplômés de plus de 50 ans avait plus que triplé pour atteindre 375 000. Au moment de prendre leur retraite, ils devront être remplacés non seulement dans les universités, mais aussi dans les secteurs privé et à but non lucratif, ainsi qu’au sein des gouvernements.

La concurrence accrue pour trouver des titulaires de doctorat qui remplaceront ces retraités sera particulièrement difficile pour les universités qui tentent de renouveler leur corps professoral. Le recensement de 2006 a révélé que seulement 26 pour cent des titulaires de doctorat étaient professeurs d’université et sept pour cent étaient assistants à l’enseignement ou adjoints à la recherche au sein des universités canadiennes. En 2001, ces proportions étaient de 28 pour cent et de 10 pour cent, respectivement. Si l’on se fie à cette diminution du taux de titulaires de doctorat au service des universités, il est évident que la concurrence est de plus en plus vive dans d’autres secteurs de l’économie pour recruter du personnel

Graphique 2.3 : Le Canada compte de plus en plus sur l’immigration pour répondre à la demande croissante de titulaires de doctorat dans tous les secteurs de l’économie

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006

Immigrants arrivés avant 1991

Immigrants arrivés entre 1991 et 1995

Immigrants arrivés entre 1996 et 2000

Immigrants arrivés entre 2001 et 2006

16 000

14 000

12 000

10 000

8 000

6 000

4 000

2 000

0

Nombre de doctorats obtenus par des immigrants, selon la période d’immigration et le pays où le doctorat a été obtenu

Doctorats obtenus à l’étrangerTotal Doctorats obtenus au Canada

Association des universités et collèges du Canada 43

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hautement scolarisé au Canada. Les universités devront offrir des salaires, des avantages sociaux et des environnements de travail de plus en plus intéressants si elles veulent attirer et retenir une plus grande part de titulaires de doctorat.

Pour satisfaire la demande croissante de main-d’œuvre hautement qualifiée dans tous les secteurs, le Canada compte de plus en plus sur les immigrants ayant obtenu leur diplôme à l’étranger. Les données de recensement montrent que, de 2001 à 2006, la moitié des nouveaux emplois étaient pourvus par des titulaires de doctorat n’ayant immigré au Canada que récemment (12 500 des 29 000 étaient des immigrants) ou grâce au rapatriement de Canadiens formés à l’étranger (quelque 2 000 diplômés). En comparaison, de 1991 à 1996, seulement 3 900 personnes âgées de 25 à 54 ans avaient terminé leur doctorat à l’étranger et immigré au Canada. Sans cet afflux de nouveaux diplômés au pays, les pressions concurrentielles auraient entraîné des augmentations salariales encore plus élevées et nécessité l’offre d’avantages sociaux encore plus intéressants.

Le recensement de 2006 révèle aussi, toutefois, que le nombre d’étudiants étrangers qui sont restés au Canada après avoir terminé leur doctorat était nettement plus faible de 2001 à 2006 que pour les

périodes intercensitaires précédentes. Ces baisses ont eu lieu malgré de fortes augmentations du nombre d’étudiants étrangers inscrits à des programmes de troisième cycle et ayant obtenu leur doctorat au Canada au cours de la dernière décennie. Ainsi, bien que les universités canadiennes attirent plus d’étudiants étrangers qui s’inscrivent à des programmes de troisième cycle que jamais auparavant, le nombre de diplômés qui décident de rester au Canada reste moins élevé38.

Le fait que les diplômés étrangers des universités canadiennes sont désormais plus susceptibles de quitter pour l’étranger alors même que la demande est élevée au Canada pose un grand défi. Il s’agit d’une question pressante non seulement pour les universités qui cherchent à recruter des diplômés pour pourvoir aux postes de professeur, mais aussi pour les autres secteurs de l’économie qui pourraient tirer parti de leurs compétences et de leur savoir. Ainsi, le bassin national de candidats dans lequel les universités, tout comme les autres secteurs, peuvent puiser pour trouver de nouveaux employés se rétrécit et il en coûte également plus cher pour attirer des candidats de l’étranger.

Les universités canadiennes subissent aussi la concurrence des autres pays qui cherchent à attirer et à retenir des professeurs hautement qualifiés. Comme les

Chapitre 2 : Facteurs de changement

Graphique 2.4 : Le Canada et les États-Unis affichent une faible proportion de professeurs de moins de 40 ans et une forte proportion de professeurs de plus de 55 ans

10 % 20 % 30 % 40 % 50 %

Source : Estimation de l’AUCC et rapports de pays sélectionnés

Canada

É.-U.

Australie

R.-U. (2004)

Proportion des professeurs selon le groupe d’âge, 2005

0 %

Professeurs âgés de 40 à 54 ansProfesseurs de moins de 40 ans Professeurs âgés de 55 ans ou plus

44 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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principaux pays concurrents sont également aux prises avec des problèmes liés au vieillissement du corps professoral et à la nécessité d’augmenter les activités de recherche, ils redoublent d’effort pour recruter et maintenir en poste les universitaires. Par exemple, en 2000, le gouvernement du Royaume-Uni a annoncé que des ressources additionnelles seraient accordées pour aider les établissements d’enseignement supérieur à recruter, à retenir et à former du personnel ainsi que pour moderniser les processus de gestion dans ce secteur. En 2006, il a versé quelque 888 millions £ (ou 1,65 milliard de dollars canadiens) aux établissements d’enseignement supérieur dans le cadre de l’initiative Rewarding and Developing Staff in Higher Education (R&DS)39.

En retour, les établissements devaient soumettre des stratégies de ressources humaines décrivant la manière dont ils utiliseraient ces fonds additionnels pour atteindre certains de leurs objectifs prioritaires. Leurs priorités étaient axées sur le recrutement, le maintien, la formation et le perfectionnement du personnel, l’égalité d’accès, l’évaluation des besoins du personnel, l’évaluation annuelle du rendement et les mesures d’amélioration. Ces fonds ont par la suite été consolidés dans le financement général de l’enseignement universitaire, et l’élaboration de stratégies de ressources humaines fait désormais partie intégrante du cadre de planification stratégique des universités du Royaume-Uni. En outre, Research Councils U.K., un partenariat stratégique entre les sept conseils de recherche du Royaume-Uni, a publié une stratégie conjointe en janvier 2007, intitulée Research Careers and Diversity. Les sept conseils y affirment leur volonté de collaborer pour attirer l’élite des esprits créatifs dans le domaine de la recherche; encourager les chercheurs à suivre la formation dont ils ont besoin; aider les organismes de recherche dans la gestion du personnel et à soutenir le développement de carrière; encourager tous les groupes de la société à entreprendre une carrière en recherche; améliorer la réputation internationale du Royaume-Uni en matière de formation en recherche40.

Canada : initiatives pour recruter et retenir les professeursLa capacité du Canada d’attirer l’élite des universitaires sur la scène internationale est renforcée par des initiatives fédérales telles que le Programme des chaires de recherche du Canada, qui joue un rôle clé pour convaincre à la fois les chercheurs établis et les jeunes

chercheurs prometteurs de faire carrière au sein du système universitaire canadien. Depuis la mise sur pied du Programme des chaires de recherche du Canada en 2000, plus de 2 050 chercheurs ont reçu soit une chaire de niveau 1 (200 000 $ par année, d’une durée de sept ans et renouvelable) ou une chaire de niveau 2 (100 000 $ par année, d’une durée de cinq ans et renouvelable une seule fois). En juin 2008, on comptait 1 829 titulaires de chaire. De ces chaires, 68 pour cent ont été accordées à des chercheurs canadiens résidant au pays et 32 pour cent, à des chercheurs recrutés à l’étranger dont près de la moitié étaient des Canadiens41.

Dans son budget de 2008, le gouvernement fédéral a annoncé la création du programme de Chaires de recherche d’excellence mondiale du Canada. Le pays compte ainsi accroître la capacité des universités canadiennes à attirer et à retenir les sommités mondiales en recherche. Vingt chaires de réputation internationale recevront jusqu’à 10 millions de dollars sur sept ans, une somme qui leur permettra de réunir des équipes de chercheurs remarquables et d’entreprendre des recherches de pointe dans des secteurs d’importance stratégique pour le Canada. Conformément à la stratégie du gouvernement fédéral en matière de sciences et de technologie, ces chaires ciblent les quatre domaines suivants : environnement, ressources naturelles et énergie, santé ainsi que technologies de l’information et des communications42.

L’aide accrue au chapitre des frais directs de la recherche par l’entremise des organismes subventionnaires fédéraux, la création d’un programme permanent visant à financer les frais de soutien de la recherche engagés par les établissements et la mise sur pied de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) sont toutes des mesures ayant également aidé le Canada à attirer et à retenir des professeurs. Considérées dans leur ensemble, ces initiatives visent à offrir aux chercheurs un milieu de recherche concurrentiel à l’échelle internationale. D’ailleurs, bon nombre de chercheurs étrangers attirés au Canada au cours des dernières années ont souligné que ces initiatives avaient largement influencé leur décision de venir s’installer ici43.

Les gouvernements provinciaux du pays ont également mis en place des initiatives pour attirer et retenir les meilleurs chercheurs, en mettant souvent l’accent sur les domaines qui revêtent une importance économique

Association des universités et collèges du Canada 45

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particulière pour leur province. Par exemple, en Alberta, le programme Ingenuity Accelerators offrira des moyens d’attirer et d’aider des chercheurs de calibre de prix Nobel à travailler dans des domaines d’importance capitale pour l’économie de la province. L’objectif du programme est de créer cinq « accélérateurs » de recherche et d’innovation qui feront de l’Alberta un chef de file dans des domaines de recherche choisis pour l’importance qu’ils revêtent à l’échelle provinciale, nationale et internationale. Chacun des accélérateurs sera dirigé par trois des chercheurs les plus novateurs du monde, qui compteront sur un budget de 100 millions de dollars sur 10 ans. Le premier « accélérateur d’ingéniosité » sera mis sur pied dans un domaine qui continue de constituer une force croissante de la province, la nanotechnologie44.

En Ontario, le programme de Bourses de nouveaux chercheurs, créé en 2005 et bénéficiant d’un financement de 51 millions de dollars sur cinq ans, aide les nouveaux chercheurs prometteurs à former des équipes composées d’étudiants aux cycles supérieurs, de titulaires de bourse postdoctorale et d’associés de recherche. Chaque bénéficiaire recevra jusqu’à 100 000 $ du gouvernement de l’Ontario et 50 000 $ de son université ou de son partenaire du secteur privé. Depuis la mise en place du programme, près de 340 bourses ont été accordées à de nouveaux chercheurs prometteurs de l’Ontario45.

Pour sa part, le Leading Edge Endowment Fund de la Colombie-Britannique, mis sur pied en 2002 et fondé sur un partenariat de partage des coûts avec le secteur privé, est sur le point d’établir 20 chaires de recherche permanentes en leadership dans la province, dans les domaines médical, social, environnemental et technologique. Chacune d’elles recevra jusqu’à 4,5 millions de dollars, le gouvernement et le secteur privé accordant chacun la moitié de la somme. À ce jour, neuf chaires en leadership ont été accordées et l’attribution de 11 autres chaires devrait être annoncée d’ici la fin de 200846.

De nombreuses universités ont également mis sur pied des bureaux destinés à soutenir le recrutement et le maintien des professeurs. Ces derniers peuvent y trouver de l’assistance et des conseils pratiques relativement à un large éventail de questions incluant la recherche d’emploi pour les conjoints des candidats, de même que de l’information sur l’accès aux soins de santé,

les soins pour les aînés et pour les enfants, les services juridiques, le système d’éducation et la recherche de logement, de même que sur les processus de demande d’immigration et de permis de travail pour les professeurs provenant de l’étranger.

Importance accordée aux étudiants aux cycles supérieursDans le cadre de la course mondiale aux talents, les universités canadiennes doivent également livrer bataille pour attirer l’élite des étudiants à la maîtrise et au doctorat afin d’alimenter le bassin de main-d’œuvre hautement qualifiée dont ont besoin les universités ainsi que les divers secteurs de l’économie canadienne. Entre 1990 et 2006, l’économie canadienne a créé 560 000 postes additionnels pour les titulaires de diplôme de cycle supérieur (principalement des titulaires de maîtrise et de doctorat), une hausse de plus de 90 pour cent au cours de cette période de 15 ans. La demande de diplômés hautement qualifiés devrait continuer à croître pour trois raisons. D’abord, les secteurs qui connaissent la croissance la plus rapide de l’économie sont ceux qui nécessitent les travailleurs les plus qualifiés. Ensuite, une portion croissante des retraités possèdent une formation universitaire, ce qui laisse croire que les travailleurs qui les remplaceront devront également posséder une telle formation. Enfin, le Canada ne peut plus compter sur une augmentation rapide de la population active pour stimuler la croissance économique. Les perspectives économiques du Canada dépendront de plus en plus de l’amélioration de la productivité, et cette dernière sera partiellement tributaire du nombre de titulaires de maîtrise et de doctorat sur le marché du travail.

Pour faire en sorte que le Canada possède suffisamment de travailleurs hautement qualifiés dans tous les secteurs de l’économie, les universités devront augmenter la taille de leur bassin de talents national et attirer davantage d’étudiants étrangers. Après l’obtention de leur diplôme, ces derniers pourront choisir de rester travailler au Canada ou de retourner dans leur pays d’origine et devenir de précieux collaborateurs internationaux. En ce qui a trait au bassin national de talents, l’OCDE indique que le Canada accuse un retard important par rapport aux pays en tête en ce qui concerne la production de titulaires de doctorat47. En 2005 par exemple, pour la cohorte de diplômés âgés de 25 à 29 ans, les universités américaines ont décerné, par

Chapitre 2 : Facteurs de changement

46 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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habitant, deux fois plus de maîtrises que le Canada, et 30 pour cent plus de doctorats48.

Il est encourageant de constater que l’augmentation du financement provincial, de même que le renouvellement de l’aide fédérale et provinciale aux étudiants aux cycles supérieurs par l’entremise de bourses et de subventions pour la recherche, ainsi que les investissements accordés par les universités ont contribué à une augmentation d’environ 40 pour cent du nombre total de ces étudiants entre 2000 et 2006. Malgré cela, on estime que moins de 36 000 diplômes de maîtrise et 4 700 diplômes de doctorat ont été décernés au Canada en 2006, un taux de production annuel qui est loin de répondre aux besoins du marché du travail. Comme il a été souligné précédemment, le Canada compte de plus en plus sur les travailleurs qui ont obtenu leur diplôme à l’étranger pour combler cette lacune.

Reconnaissant la nécessité de recruter pour les cycles supérieurs, le gouvernement fédéral a accru son soutien financier aux étudiants. Grâce aux Bourses d’études supérieures du Canada (BESC), les organismes subventionnaires fédéraux de la recherche ont porté à 2 500 étudiants à la maîtrise et à autant d’étudiants au doctorat le nombre annuel de boursiers. Par l’entremise des BESC et des divers autres types de bourses, les organismes subventionnaires versent plus de 250 millions de dollars par année en soutien financier aux étudiants aux cycles supérieurs49.

Les étudiants, en particulier ceux à la maîtrise et au doctorat, profitent à la fois des programmes de bourses d’études des organismes subventionnaires fédéraux et de la formation en recherche qu’ils reçoivent par l’intermédiaire du financement accordé aux recherches de leurs professeurs par les mêmes organismes. Règle générale, environ 30 pour cent d’une subvention sert au soutien financier des étudiants qui assistent le professeur dans ses recherches. Ensemble, ces deux sources de financement accordées par les organismes subventionnaires de la recherche sont passées, en dollars constants, de près de 1 200 $ par étudiant en 1996 à près de 1 800 $ en 2006.

Dans son budget de 2008, le gouvernement fédéral s’est engagé à accroître son soutien en créant le prestigieux programme de Bourses d’études supérieures du Canada Georges Philias Vanier, qui vise à retenir l’élite des

candidats canadiens au doctorat et à attirer davantage d’étudiants étrangers aux cycles supérieurs dans les universités canadiennes. Une fois complètement mis en œuvre, ce programme appuiera annuellement 500 étudiants canadiens et étrangers au doctorat, grâce à des bourses d’une valeur de 50 000 $ par année, versées pendant au plus trois ans. Il vise à permettre au Canada de faire concurrence aux pays de référence dans la course mondiale aux talents50.

Les étudiants les plus brillants sont souvent courtisés par d’autres pays qui livrent une concurrence féroce sur la scène internationale en offrant leurs propres programmes de bourses d’études internationales. Par exemple, le gouvernement australien attribue quelque 600 bourses d’études Endeavour aux étudiants à la maîtrise, au doctorat et au postdoctorat. Ce programme fondé sur le mérite offre des bourses aux étudiants étrangers pour les inciter à venir étudier et effectuer de la recherche en Australie. Il permet aussi à un nombre moins important d’étudiants australiens de faire de même à l’étranger. Les bourses Endeavour visent particulièrement les étudiants de la région Asie-Pacifique et leur durée va de quatre mois à trois ans pour les étudiants au doctorat51.

De la même façon, le programme de bourses d’études Chevening, financé par le gouvernement du Royaume-Uni et par d’importantes contributions des établissements d’enseignement supérieur et du secteur privé, attire près de 2 300 étudiants étrangers par année au pays, principalement au deuxième cycle. Des bourses sont offertes dans plus de 150 pays et le programme vise particulièrement les candidats qui ont le sens du leadership et qui s’engagent à contribuer, au moyen des compétences et du savoir qu’ils auront acquis au Royaume-Uni, au développement socioéconomique de leur pays52. En mars 2008, le gouvernement a toutefois annoncé des coupures dans les programmes de bourses, qui pourraient entraîner une réduction du financement des bourses Chevening.

Association des universités et collèges du Canada 47

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20

18

16

14

12

10

8

6

4

2

0

Population canadienne enregistrée et prévue selon la catégorie d’âge, de 1971 à 2036Millions de personnes

18 à 2425 à 5965 et plus

Source : Statistique Canada

1971

1976

1981

1986

1991

1996

2001

2006

2011

2016

2021

2026

2031

2036

TENDANCES ENREGISTRÉES TENDANCES PRÉVUES

Ratio croissant

de dépendance

FACTEUR DE CHANGEMENT 3 : AUGMENTATION DES COÛTS ET DE LA COMPLEXITÉ DE LA RECHERCHE

Les pays du monde entier tentent de créer les conditions optimales pour attirer et retenir les meilleurs talents, tout en reconnaissant que le domaine de la recherche est en pleine expansion et se complexifie, et que la mobilisation et les applications du savoir sont autant de facteurs qui augmentent les coûts de la recherche. Parmi les raisons d’une telle augmentation, notons les progrès dans le domaine du savoir et de la technologie qui ouvrent de nouvelles possibilités de résolution de problèmes dans un nombre croissant de domaines, et le fait que bon nombre d’enjeux étudiés sont désormais de portée internationale, tout en étant plus complexes et interreliés. Ces nouvelles réalités exigent davantage de ressources pour l’administration, la coordination et la surveillance des

projets de recherche au sein des établissements, mais aussi à l’échelle provinciale, nationale et internationale.

Croissance des questions et du savoir mondiauxLa croissance exponentielle qu’a connue le savoir international au cours des deux dernières décennies a créé un environnement de recherche de plus en plus complexe. Les progrès technologiques, qui facilitent le développement et l’échange de connaissances, ainsi que la génération et le traitement de données de recherche, ont suscité des attentes élevées en ce qui concerne la capacité d’examiner et de résoudre, par une approche globale et à un rythme plus rapide, une gamme de plus en plus vaste de problèmes. Toutefois, nombre de questions telles que les changements climatiques, la pauvreté et le développement économique, posent un défi complexe aux chercheurs en raison de leur portée mondiale et des nombreux facteurs en jeu, convergents et interreliés, pratiquement inextricables et échappant à tout contrôle individuel.

Chapitre 2 : Facteurs de changement

Graphique 2.5 : À mesure que la population vieillit, le Canada devra s’appuyer sur l’augmentation de la produc-tivité d’une population plus instruite pour stimuler la croissance économique

48 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Il faut beaucoup d’argent pour suivre le progrès du savoir et de la technologie et effectuer des recherches dans une gamme croissante de problèmes. Pensons par exemple aux ressources qui doivent être consacrées aux bibliothèques et aux ordinateurs. Entre 2000 et 2006, le prix de revues spécialisées a augmenté de 39 pour cent53. Au Canada, les universités tentent de réduire le fardeau des frais d’abonnement en unifiant leurs pouvoirs d’achat par l’entremise du Réseau canadien de documentation pour la recherche (RCDR), qui offre aux 72 établissements membres un accès direct à un large éventail de revues électroniques et à d’autres ressources de recherche numériques, à un coût annuel d’environ 90 millions de dollars. Soutenu par la FCI, le RCDR ajoute actuellement aux ressources offertes à ses membres des ressources numériques en sciences humaines54.

Bien que le rapport coût-performance de l’équipement informatique se soit beaucoup amélioré, les exigences relatives à la puissance de traitement se sont, dans de nombreux cas, accrues encore plus rapidement, à

mesure que les chercheurs ont étendu la portée de leurs projets, diminué les délais de résolution de problème et procédé à des simulations ou fabriqué des modèles complexes et puissants. Les chercheurs s’attaquent désormais à des problèmes qui semblaient auparavant impossibles à résoudre, ou qui ne pouvaient l’être dans un délai raisonnable. Les réseaux de calcul de haute performance (CHP) facilitent la tâche, car ils permettent de traiter des quantités de données plus grandes et de plus en plus complexes dans divers domaines de recherche, comme la physique des particules, l’astrophysique, la biochimie, la nanotechnologie, la modélisation climatique, l’aérospatiale, la génomique, la protéomique et les marchés financiers. Par l’entremise de la FCI, le gouvernement fédéral investit 88 millions de dollars à la création de réseaux CHP canadiens reliant les réseaux régionaux existants et tirant parti de ceux-ci55.

Le Canada compte actuellement 0,4 pour cent de la capacité mondiale des meilleurs réseaux CHP (deux parmi les 500 premiers systèmes). Les chefs de file actuels du point de vue de la capacité de réseaux CHP sont les

Graphique 2.6 : Par rapport à la taille de la population, le Canada décerne deux fois moins de maîtrises et un tiers moins de doctorats que les États-Unis

Nombre de maîtrises décernées aux É.-U. par rapport au CanadaNombre de doctorats décernés aux É.-U. par rapport au CanadaRatio des 25-29 ans aux É.-U. par rapport au Canada

Source : Statistique Canada, National Center for Education Statistics (É-U.)

25:1

20:1

15:1

10:1

5:1

1:1

Ratio É.-U. : Canada du nombre de maîtrises et de doctorats décernés, de 1990 à 2005

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Association des universités et collèges du Canada 49

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États-Unis (51,4 pour cent des 500 premiers systèmes), la Grande-Bretagne (10,6 pour cent), l’Allemagne (9,2 pour cent), la France (6,6 pour cent) et le Japon (4,4 pour cent). Ces cinq pays représentent 90 pour cent des meilleurs systèmes du secteur privé et environ 70 pour cent des meilleurs systèmes universitaires56.

En plus de l’augmentation de coûts bien définis, tels que les frais liés aux bibliothèques ou aux réseaux CHP, les universités doivent absorber une augmentation générale de leurs coûts. L’AUCC a élaboré un Indice canadien des prix de l’enseignement supérieur (IPES) fondé sur l’indice américain (aucun indice équivalent n’existant au Canada) afin de mieux comprendre les variations de coûts que doivent assumer les universités, par rapport au taux général d’inflation. Comme le montre le graphique 2.7, les universités sont confrontées à une augmentation des coûts plus rapide que le taux d’inflation. De 1980 à 2006, l’IPC a augmenté à un taux annuel moyen de 3,6 pour cent, alors que l’IPES a augmenté d’un point complet de plus que l’IPC, atteignant un taux annuel moyen de 4,6 pour cent. Aux États-Unis, les National Institutes of Health ont également élaboré un indice

nommé Biomedical Research and Development Price Index, qui suit une tendance similaire à l’IPES, et qui confirme que les universités subissent des augmentations de coûts supérieures au taux d’inflation57.

Ces pressions sur les coûts peuvent avoir des répercussions marquées dans certaines disciplines. En génomique, par exemple, les projets de petite envergure nécessitent souvent un investissement minimal de cinq à 10 millions de dollars et ceux de moyenne envergure, de 10 à 20 millions, alors que les plus importants peuvent exiger un investissement qui dépasse les 20 millions de dollars58. Bien qu’il s’agisse d’investissements considérables, ils sont souvent essentiels au développement et au maintien de la capacité à agir rapidement en cas de situation imprévue. Par exemple, pendant la crise du SRAS en 2003, le gouvernement canadien et les chercheurs universitaires ont réussi le séquençage du virus du SRAS en 11 semaines, alors que, auparavant, on avait mis près d’une décennie pour effectuer celui du virus du SIDA59. Cet exploit aurait été impossible sans l’engagement préalable du Canada à offrir le soutien nécessaire aux chercheurs du pays pour assurer l’exécution de travaux aussi complexes et coûteux.

Chapitre 2 : Facteurs de changement

Graphique 2.7 : Les universités subissent une augmentation de coûts supérieure au taux d’inflation

350

300

250

200

150

100

Indice canadien des prix de l’enseignement supérieur et indice des prix à la consommation, de 1980 à 2006 1980 = 100

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

e

Indice des prix de l’enseignement supérieurIndice des prix à la consommation

Source : Statistique Canada; AUCC, à partir de données de Statistique Canada et du Commonfund

50 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Accroissement de la recherche interdisciplinaire et multidisciplinaireAlors que le savoir évolue et gagne en complexité, les chercheurs approfondissent la connaissance de leur discipline tout en découvrant de nouvelles perspectives et objets d’étude à la croisée d’autres disciplines. Ainsi, de nouveaux modes et territoires de recherche se dessinent et élargissent les possibilités qui s’offrent aux domaines traditionnels de recherche. Cette tendance, combinée aux attentes grandissantes de la population qui souhaite que les problèmes liés à la recherche soient traités selon une approche holistique, favorise plus que jamais l’interdisciplinarité et la multidisciplinarité. Dans ce contexte, il devient crucial d’assurer la formation des futurs chercheurs et le soutien des professeurs multidisciplinaires et interdisciplinaires qui mènent des recherches de plus en plus poussées.

Au cours des dernières années au Canada, les trois organismes subventionnaires fédéraux de la recherche ont placé les projets de recherche axés sur la résolution de problèmes au cœur des priorités, afin de développer des solutions intégrées habituellement élaborées grâce à la contribution de plus d’une discipline. Par exemple, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a créé le programme des Grands travaux de recherche concertée, de même que celui des Initiatives conjointes. Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) finance des Subventions de projets stratégiques ainsi que des Subventions de réseaux stratégiques dans un certain nombre de domaines et soutient l’excellence d’équipes de recherche interdisciplinaire par l’entremise du Prix Brockhouse du Canada pour la recherche interdisciplinaire en sciences et en génie, accompagné d’une bourse de recherche d’équipe de 250 000 $60.

Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) soutiennent quant à eux 13 instituts axés sur la résolution de problèmes où la recherche interdisciplinaire constitue la norme. En plus du soutien accordé par le programme régulier de bourses d’études, les IRSC ont lancé le Programme de subventions d’équipe, conçu pour amener des chercheurs de diverses disciplines à collaborer à des travaux sur des questions complexes en matière de santé. En 2007-2008, le programme a financé 10 équipes dont les recherches portaient sur des questions de santé prioritaires pour les Canadiens, notamment le vieillissement, la santé mentale et le cancer. Les IRSC ont également lancé l’Initiative

stratégique pour la formation en recherche dans le domaine de la santé, qui soutient la participation de 1 000 stagiaires à des programmes de formation interdisciplinaire partout au pays61.

De leur côté, les universités appuient la recherche interdisciplinaire de multiples façons. Au niveau le plus général, elles établissent dans leurs plans de recherche stratégiques des thèmes et des priorités qui touchent à plusieurs disciplines et qui font appel à des activités complémentaires et coordonnées dans différentes disciplines62. Cette planification les aide à cibler leurs investissements, dans le recrutement et l’embauche de professeurs, par exemple, ou dans les installations et l’équipement. À cette fin, les universités ont établi toute une gamme d’instituts et de centres de recherche interdisciplinaire, de toutes les tailles et couvrant un nombre plus ou moins élevé de disciplines.

Les universités canadiennes ont aussi créé un certain nombre de programmes d’études et de recherche interdisciplinaires qui visent à améliorer la coordination des activités de recherche, de même qu’à offrir aux étudiants des bases solides dans les domaines pertinents. L’orientation des études interdisciplinaires est déterminée tant par une perspective stratégique (thèmes et priorités) que par les occasions pressenties par les chercheurs. Certaines des occasions les plus intéressantes sont offertes par l’interdisciplinarité. Par exemple, la science cognitive (étude de l’intelligence des êtres vivants et des systèmes artificiels) fait particulièrement appel à la psychologie, à la linguistique, à la philosophie et à l’informatique.

La gestion du milieu de recherche par les établissements d’enseignementAfin de profiter au maximum des retombées de la recherche et de soutenir les chercheurs de façon efficace, les universités assurent de plus en plus la gestion des projets de recherche du début à la fin. Elles assurent d’abord la planification stratégique et se chargent des demandes de financement auprès des différents organismes subventionnaires, selon les disciplines et les secteurs, et notamment auprès d’organismes internationaux. Dans le cadre de l’approbation des projets de recherche et de leur déroulement, les universités et les chercheurs doivent se conformer à un certain nombre d’exigences relatives, par exemple, à l’éthique, à la protection des animaux,

Association des universités et collèges du Canada 51

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à la biosécurité, au risque chimique et d’irradiation, de même qu’à la gestion financière. Une fois la recherche terminée, d’autres investissements institutionnels sont utilisés pour les communications, la diffusion, la mobilisation et la valorisation des connaissances, ainsi que pour la reddition de comptes et la production de rapports. Au cours des dernières années, les exigences et les attentes relatives à la gestion et à l’administration des projets de recherche n’ont cessé d’augmenter, tant au Canada qu’à l’étranger63.

La gestion et l’administration des projets sont effectuées avec plus d’efficacité et d’efficience si elles sont confiées à des spécialistes qui possèdent des connaissances et une expertise pertinentes, par exemple, une connaissance approfondie des exigences réglementaires ou des procédures et systèmes financiers des universités et des organismes subventionnaires. Partout dans le monde, les bureaux et les services d’administration de la recherche des universités sont de plus en plus professionnels et responsables lorsqu’il s’agit de soutenir les activités de recherche et de faire le suivi de leur financement et de leurs retombées. Lorsque les tâches administratives sont effectuées par les services de recherche d’un établissement, les chercheurs peuvent se concentrer véritablement sur les activités de recherche proprement dites.

Les bureaux et les services de recherche des universités jouent un rôle important pour assurer un milieu de recherche favorable et productif, qui constitue à son tour un facteur crucial d’amélioration de la compétitivité internationale en matière de recherche. Les mesures de financement et de soutien du milieu de recherche varient considérablement à l’échelle internationale. Les États-Unis donnent depuis longtemps le ton en ce qui a trait au financement des frais de soutien de la recherche engagés par les établissements, connus là-bas sous le nom de « Facilities and Administrative costs ». Les établissements américains négocient des taux de financement, par les organismes subventionnaires de leur pays, des frais de soutien engagés par les établissements qui représentent en moyenne 52 pour cent du « total modifié des frais directs », selon un calcul qui, à la différence de ce qui se fait au Canada, tient également compte d’une portion du salaire des chercheurs principaux64. Au Canada, le gouvernement fédéral rembourse actuellement les frais engagés par les établissements à un taux global de 25 pour cent des frais directs de la recherche

universitaire financée par les trois organismes subventionnaires fédéraux, selon un calcul qui exclut le salaire des chercheurs principaux.

De son côté, le Royaume-Uni progresse vers un objectif de financement de ce qu’on appelle « la totalité des coûts de la recherche », qui comprend les frais directs, les frais de soutien de la recherche engagés par les établissements, de même que le coût salarial de tous ceux qui participent aux projets de recherche financés par les organismes subventionnaires. L’adoption de cette stratégie a été justifiée par le fait que le niveau élevé de productivité de la recherche au Royaume-Uni ne sera financièrement viable à long terme que si des changements sont apportés65. Dans le cadre de la nouvelle stratégie de financement, le gouvernement rembourse actuellement 80 pour cent de la totalité des coûts de la recherche, et remboursera près de 100 pour cent d’ici le début de la prochaine décennie66.

En 2007-2008, le Higher Education Funding Council for England a également versé 180 millions £ (soit 335 millions de dollars canadiens) en soutien à la recherche subventionnée par les organismes de charité. Depuis 2007-2008, il a en outre accordé un financement de 60 millions £ (soit 110 millions de dollars canadiens) aux universités, qui sera attribué en fonction de la proportion que représentent les revenus de la recherche qu’ils perçoivent du secteur privé. Ce financement sera inclus dans le « research block grant » que les universités reçoivent du conseil de financement de l’enseignement supérieur du pays67.

Application du savoirPlus que jamais, on attend des universités qu’elles jouent un rôle dans la mise en application de leurs progrès et de leurs découvertes en matière de recherche, ainsi que dans la création du savoir, au profit de la société. Les universités ont donc besoin d’un personnel d’administration de la recherche professionnel et solide pour appuyer les chercheurs dans tous les volets de la recherche, à partir de la définition des problèmes jusqu’à l’application des solutions. Essentiels à la réussite des projets de recherche, ces services supplémentaires ont augmenté en nombre et en portée au cours des deux dernières décennies, entraînant une hausse des coûts et de la complexité de la recherche universitaire.

Chapitre 2 : Facteurs de changement

52 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Afin d’améliorer leur capacité de mobiliser et d’appliquer les connaissances, les universités ont mis sur pied des bureaux et des services chargés de l’application du savoir, du développement commercial, des services à la collectivité, de la liaison avec les entreprises, de la gestion de la propriété intellectuelle et du transfert technologique. À elles seules, les dépenses de fonctionnement des bureaux de transfert technologique ont augmenté de 93 pour cent de 1999 à 2006 pour atteindre 42,5 millions de dollars. Le personnel a augmenté de 81 pour cent au cours de la même période pour atteindre 323 employés à temps plein (ETP)68. Parmi les services et les activités qu’ils offrent, ces bureaux informent les chercheurs des politiques et des occasions relatives à la mise en application et à la valorisation de leurs projets de recherche, par exemple par la divulgation des résultats de recherche, l’identification du potentiel commercial et la gestion de la propriété intellectuelle. Ils offrent également des services qui visent à protéger, à développer davantage et à promouvoir la propriété intellectuelle au moyen d’études de marché et de plans d’affaires, ainsi qu’à commercialiser les innovations par l’entremise de prototypes, de contrats de licence et de sociétés dérivées ou de nouvelles entreprises.

De nombreuses compétences, tant dans le domaine de la recherche que dans celui des affaires, de la gestion et du marketing, sont essentielles à la réalisation efficace de ces tâches. Ces compétences sont extrêmement valorisées sur le marché du travail. Les établissements doivent prendre des engagements et garantir des investissements à long terme afin de permettre l’acquisition et le perfectionnement de ces compétences dont pourront tirer parti les experts en transfert technologique autant que les chercheurs qui souhaitent se lancer dans les affaires.

En plus des services de transfert technologique et de développement commercial, les établissements favorisent l’application du savoir en encourageant d’autres formes de réseautage et de mobilisation du savoir. Par exemple, les parcs d’innovation et d’affaires (ou les parcs scientifiques) offrent des installations qui permettent aux chercheurs universitaires de collaborer avec leurs partenaires du milieu des affaires, ainsi que des « incubateurs » aux jeunes entreprises. Dans l’avenir, la tendance au « regroupement » aura peut-être encore plus de répercussions, par exemple au moyen d’initiatives comme le Medical and Related

Sciences (MaRS), à Toronto. Situé à la croisée des chemins entre le district financier et celui de la découverte, il regroupe trois universités, neuf hôpitaux universitaires et plus de 30 centres spécialisés dans la recherche médicale et dans des sciences connexes.

En plus de la valorisation, les professeurs offrent des services-conseils aux entreprises, aux gouvernements et aux organismes communautaires et mènent des activités de sensibilisation par l’entremise de bureaux et d’initiatives universités-communautés69. Les universités prennent également des mesures pour rendre accessible en ligne davantage de connaissances, par exemple au moyen d’initiatives « à libre accès » de l’archivage des résultats de recherche. Toutes ces activités nécessitent des investissements considérables pour maximiser la diffusion et les répercussions de la recherche universitaire à l’échelle nationale et internationale.

Association des universités et collèges du Canada 53

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FACTEUR DE CHANGEMENT 4 : IMPORTANCE ACCRUE DE MESURER L’IMPACT DE LA R-D

La complexité et les coûts croissants de la recherche rendent plus nécessaire que jamais la prise de décisions éclairées concernant l’attribution appropriée des ressources. L’augmentation du volume de renseignements ainsi que de l’ampleur et du nombre de problèmes sur lesquels on s’attend à ce que les chercheurs se penchent, ainsi que le caractère de plus en plus interdisciplinaire de la recherche, font qu’il est impossible pour les établissements d’explorer toutes les voies de recherche qui les intéressent. Il incombe donc aux administrateurs universitaires de décider dans quelle direction canaliser les activités de recherche de leur établissement. Pour être justes, les décisions relatives au financement doivent être fondées sur de l’information rigoureuse concernant la valeur des investissements en recherche. En outre, les arguments en faveur de l’accroissement de la recherche liée à la réalisation d’un objectif stratégique précis doivent être étayés par des données justifiant un nouveau financement.

Les décideurs, les responsables de l’élaboration des politiques et les administrateurs en chef de la recherche au Canada et à l’étranger reconnaissent de plus en plus l’importance des mesures servant à évaluer le rendement de l’investissement et à influer sur les décisions relatives à l’attribution des fonds de recherche. Devant l’augmentation considérable des investissements en R-D constatée dans plusieurs pays dans le monde, la mesure des répercussions de ces investissements suscite de plus en plus d’intérêt. Au cours des dernières années, plutôt que de se borner à mesurer les « extrants » de la recherche, tels que les publications scientifiques, les citations et les brevets, on cherche de plus en plus à évaluer « les retombées » de celle-ci, soit ses répercussions sur la société et l’économie, afin de démontrer à la population la valeur des investissements dans ce domaine70.

Malgré l’intérêt croissant qu’elles suscitent, les retombées et les répercussions de la recherche restent difficiles à mesurer de façon quantitative pour un certain nombre de raisons. D’abord, il peut y avoir un

délai considérable entre l’investissement en R-D et les retombées, ce qui complique la documentation des liens entre les investissements et les résultats à court et à moyen terme. Deuxièmement, une innovation est souvent le résultat de nombreux projets, collaborateurs ou disciplines de recherche. Il est par conséquent difficile d’attribuer clairement une innovation donnée à l’une ou l’autre des sources de financement ou de la relier à une seule découverte issue de la recherche. Enfin, les investisseurs et les acteurs de la recherche ne sont généralement pas les premiers à profiter du résultat des travaux; par conséquent, l’évaluation des retombées qu’ils en font ne rend souvent que partiellement compte de la valeur réelle que présente l’investissement pour les utilisateurs finaux.

Bien qu’il soit difficile de mesurer de façon quantitative le rendement de l’investissement dans les travaux de recherche financés par l’État, des chercheurs tels que Edwin Mansfield ont apporté une précieuse contribution à l’étude de ce facteur. Mansfield a interrogé 76 grandes sociétés américaines de sept industries du secteur manufacturier pour déterminer combien de leurs produits et processus novateurs, lancés entre 1975 et 1985, n’auraient pu voir le jour sans la recherche scientifique universitaire. Il a conclu que, sans recherche universitaire, 11 pour cent des produits n’auraient pu être conçus que beaucoup plus tard. Dans son étude, il a également estimé le taux social de rendement de la recherche universitaire et de la R-D industrielle – concrétisé par une baisse des prix, des économies d’énergie et de ressources, et une hausse des revenus à 28 pour cent71. Mansfield, dans une mise à jour ultérieure de ses travaux, soit en 1992, laissait entendre que cette valeur pourrait même atteindre 40 pour cent72. Depuis, un certain nombre de chercheurs ont entrepris d’autres évaluations macroéconomiques et microéconomiques et ont conclu que le taux de rendement de la recherche financée par les fonds publics se situe probablement entre 28 et au moins 50 pour cent73.

Malgré ces études réalisées sur le rendement du capital investi dans la recherche financée par l’État, il demeure difficile de mesurer le rendement généré par la seule recherche universitaire74; la majorité des projets de recherche fondamentale réalisés par les universités ne se prêtent pas à l’évaluation des retombées directes. Les données nationales les plus faciles d’accès sur la valorisation n’offrent qu’un portrait partiel des

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contributions des universités selon des indicateurs limités comme les revenus découlant des licences et de la création d’entreprises dérivées. Néanmoins, étant donné l’importance de la R-D dans la prospérité et la qualité de vie des citoyens, le Canada et d’autres pays continuent à élaborer des méthodes d’évaluation et de meilleurs indicateurs pour arriver à mesurer les retombées réelles de la recherche.

Canada : évaluation des retombées de la R-DLa stratégie de 2007 du gouvernement fédéral en matière de sciences et de technologie mettait l’accent sur l’importance de la mesure du rendement des investissements en R-D afin d’évaluer leur contribution à l’atteinte des objectifs socioéconomiques. Le gouvernement fédéral s’y engageait à améliorer sa capacité de mesurer les retombées de ses dépenses en sciences et en technologie et de faire rapport à ce sujet, et signifiait son intention de collaborer avec l’OCDE et d’autres pays afin de mettre au point des paramètres qui permettraient d’établir des comparaisons à l’échelle internationale75. Afin d’atteindre cet objectif, les trois organismes subventionnaires améliorent actuellement leur capacité de mesurer les retombées des activités de recherche et de mobilisation du savoir qu’ils financent et d’en faire rapport. De concert avec la FCI et les RCE, ils élaborent une série d’indicateurs principaux qui permettront la collecte et la déclaration de données normalisées sur les retombées de leurs investissements dans la recherche universitaire76.

Les organismes subventionnaires mettent également au point des outils d’évaluation des retombées relativement à leurs disciplines de recherche et mandats respectifs. Par exemple, les études sur la mesure des retombées effectuées par la FCI évaluent les retombées du financement accordé par la FCI aux établissements dans des domaines de recherche déterminés. Ces études évaluent comment une infrastructure améliorée peut contribuer à attirer et à retenir des chercheurs clés, qui, à leur tour, peuvent améliorer la capacité de recherche de l’établissement et avoir un effet positif sur la formation de la prochaine génération de chercheurs77.

Les IRSC ont élaboré un cadre comprenant des indicateurs qui permettent de mesurer les retombées des investissements dans la recherche en santé sur le plan des sciences, de la santé et de l’économie. Ces indicateurs s’ajouteront aux données relatives à la

mesure du rendement actuellement recueillies, comme le nombre, la valeur, le type et le taux de réussite des subventions de recherche. Avec ce cadre, les IRSC prévoient évaluer dans quelle mesure les projets de recherche en santé contribuent : à faire avancer la connaissance, à renforcer les capacités, à orienter la prise de décisions, à favoriser les retombées sur le plan de la santé et sur le système de santé et les retombées sur le plan économique78.

Tel qu’il est énoncé dans son plan stratégique Définir nos orientations, le CRSH continue de travailler à l’élaboration d’un cadre qui lui permettra de mesurer les retombées des projets de recherche qu’il finance et d’augmenter ses efforts en matière de mobilisation du savoir79. Il a tenu deux séries de concours (en 2006 et 2007) dans le cadre de l’initiative Saisir l’impact de la recherche subventionnée par les fonds publics, et attribué deux séries de subventions (en 2005 et 2007) dans le cadre du programme Impact du savoir dans la société. Grâce à ce dernier, les établissements d’enseignement supérieur canadiens sont en mesure de transmettre systématiquement les connaissances issues de la recherche aux communautés ne comptant aucun établissement postsecondaire80.

Le CRSNG fait le suivi de la diffusion des connaissances et des retombées des projets de recherche qu’il finance, principalement par l’entremise d’enquêtes et de rapports. Le Conseil mène en effet des enquêtes tous les cinq ans sur les activités de mobilisation du savoir des chercheurs auxquels il accorde des subventions, et il produit un rapport tous les deux ans sur les entreprises créées par suite des découvertes réalisées grâce à celles-ci81. En outre, les trois organismes subventionnaires diffusent des publications en ligne contenant des exemples de réussites récentes en matière de recherche et mettant l’accent sur la recherche et les découvertes de pointe permettant de sauver des vies, les progrès technologiques, les mystères résolus et les améliorations sur le plan des politiques.

En plus de ces initiatives, le gouvernement fédéral a chargé le Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation (CSTI) de produire des rapports périodiques sur l’état de la nation, qui situeront le rendement du Canada en sciences et technologie par rapport aux normes internationales d’excellence82. Ces rapports s’ajouteront à ceux effectués par d’autres organismes, dont l’AUCC et le Conseil des académies

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canadiennes (CAC), et le premier devrait être publié d’ici la fin de 2008. Le rapport du Conseil de 200683, qui présentait une vue d’ensemble des forces du Canada en matière de sciences et de technologie, a d’ailleurs inspiré la stratégie de 2007 du gouvernement fédéral portant sur le sujet.

Études de cas internationalesLa pression visant à justifier les investissements en recherche et à évaluer leur valeur sociale ne se fait pas sentir qu’au Canada. Partout dans le monde, les gouvernements mettent en œuvre et perfectionnent des systèmes pour tenter d’évaluer la valeur des investissements en R-D et de définir des priorités quant aux investissements futurs. À l’instar du Canada, le Royaume-Uni et l’Australie s’efforcent depuis plusieurs années de mesurer les retombées du financement de la recherche.

Royaume-Uni »Le Science and Innovation Investment Framework 2004-2014 accorde une grande importance aux retombées de la recherche et aux projets de recherche visant à répondre aux besoins de l’économie. Le cadre insiste particulièrement sur le fait qu’il est essentiel que les universités et laboratoires publics continuent d’accroître les efforts consacrés à la transmission du savoir auprès des utilisateurs. De plus, il suggère que les programmes des conseils de recherche prennent en compte les besoins exprimés par les utilisateurs de la recherche et soient mis en œuvre en collaboration avec ceux-ci84.

En 2006, le rapport Warry (Increasing the Economic Impact of the Research Councils), commandé par le Department of Trade and Industry, révélait comment tirer pleinement parti des retombées économiques découlant des investissements publics dans la recherche. Il appelait les conseils de recherche à faire des efforts soutenus afin de faire connaître les retombées de leurs investissements85 et leur recommandait de produire un rapport décrivant les retombées économiques des investissements dans leur domaine, rapport qui servirait de document de référence en fonction duquel les retombées économiques pourraient ensuite être évaluées et rapportées annuellement86.

En réponse au rapport Warry, les Research Councils U.K. (RCUK) ont commandé trois études87 et publié, en 2007, leur propre plan d’action (Increasing the Economic Impact of the Research Councils, janvier 2007), ainsi qu’un rapport sur les progrès réalisés (Excellence with Impact, octobre 2007). Leur réponse indiquait que les processus d’examen par les pairs des conseils augmenteraient les retombées économiques en favorisant le financement de projets entraînant des retombées commerciales comme les revenus provenant des potentielles licences, brevets et entreprises dérivées. Les conseils chargés de l’examen par les pairs seraient également formés d’un plus grand nombre de bénéficiaires de la recherche non issus du milieu universitaire afin de combler le fossé entre les chercheurs et les utilisateurs finaux et d’encourager une capacité d’adaptation supérieure. Les RCUK ont également indiqué leur intention de favoriser une plus grande collaboration entre le milieu de la recherche et les entreprises, ainsi que d’autres utilisateurs88.

Quelques acteurs du milieu de la recherche au Royaume-Uni, comme la Royal Society, ont toutefois mis les RCUK en garde contre les risques liés à la prédiction des retombées de la recherche à l’étape de la mise en œuvre. Peter Collins, directeur des politiques scientifiques à la Royal Society, a déclaré : « Il est possible de fixer des objectifs économiques généraux. Toutefois, compte tenu du caractère imprévisible de la recherche, il faut faire preuve de prudence quand on juge des projets selon leur potentiel économique89. » [Traduction libre] Ainsi, les RCUK ont annoncé qu’ils allaient définir les retombées économiques dans un sens large pour y inclure les effets potentiels sur les politiques du gouvernement et la qualité de vie générale, afin de veiller à ce que les changements apportés ne se traduisent par l’interruption du financement de projets de recherche fondamentale ne présentant pas d’avantage commercial immédiat ou évident90. En 2008, les RCUK ont annoncé qu’ils ne poursuivraient pas leurs efforts en vue d’attribuer une valeur économique à la recherche. Bien qu’ils aient quantifié les retombées économiques d’un certain nombre d’études de cas, il s’est révélé trop difficile de concevoir une méthodologie qui couvre l’ensemble de ses sources de financement91.

Chapitre 2 : Facteurs de changement

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Australie »L’Australie s’efforce également de mettre en évidence les retombées découlant de la recherche. Le Strategic Plan 2006-2008 de l’Australian Research Council (ARC) ciblait un certain nombre d’indicateurs de rendement conçus pour évaluer les progrès par rapport à sa mission de faire progresser l’excellence en recherche pour rendre le pays concurrentiel à l’échelle internationale et faire profiter la collectivité des avantages qui en découlent92. L’ARC a sélectionné 10 indicateurs principaux pour faire le suivi des progrès réalisés en ce qui a trait à sa mission, ainsi que par rapport aux sept objectifs clés.

Un de ces objectifs consiste à stimuler et élargir les approches coopératives en matière de recherche et à améliorer l’utilisation des retombées de la recherche en renforçant les liens entre le système d’innovation australien et celui des autres pays93. Pour atteindre ces objectifs, l’ARC évaluera la croissance des activités de recherche soutenues par le programme de bourses accordées par concours (National Competitive Grants Program). Il tâchera aussi d’effectuer le suivi du degré de collaboration entre les chercheurs qu’il finance et ceux qui travaillent dans d’autres secteurs du système d’innovation national et international. Il évaluera également la mesure dans laquelle les projets de recherche qu’il finance contribuent à accroître les forces en recherche du pays et sont mis en œuvre dans des domaines prioritaires94.

En outre, la Cooperative Research Centres Association du gouvernement australien a publié en 2007 un guide qui lui avait été commandé, intitulé Impact Measuring and Evaluation Framework, qui fournit une méthode d’évaluation des retombées économiques et sociales de la recherche. Le guide reconnaît la difficulté d’une telle tâche et fait valoir qu’un cadre d’évaluation fondé sur des paramètres et des objectifs en matière de retombées peut renforcer la capacité de mesurer ces dernières s’il est élaboré dès la phase initiale du projet de recherche. Ce cadre est fondé sur un modèle qui décrit le processus selon lequel les projets de recherche se transforment en retombées pour les utilisateurs ainsi que pour la collectivité. Il recommande que les retombées soient évaluées en mesurant les avantages en matière d’accès aux réseaux internationaux, de développement des compétences et d’application du savoir et de la propriété intellectuelle générés par les centres de recherche95.

Ces études de cas donnent un aperçu de projets en cours dans deux des principaux pays de référence. Toutefois, le profilage du Royaume-Uni et de l’Australie ne signifie en aucun cas que des travaux dignes de mention ne sont pas menés ailleurs dans le monde. Les efforts menés par ces deux pays relativement à l’évaluation des retombées de la recherche financée par l’État, incluant les changements apportés aux systèmes d’évaluation adoptés afin de les renforcer et de les perfectionner, ont suscité beaucoup d’intérêt à l’échelle internationale. De tels exemples permettent de mieux saisir les difficultés liées à l’évaluation des retombées de la recherche.

Les efforts déployés dans d’autres pays illustrent la volonté commune aux gouvernements et aux établissements de recherche partout dans le monde d’évaluer les retombées de la recherche, même si toutes les méthodes ne s’avèrent pas applicables dans tous les pays. Ainsi, les exemples portant sur le Royaume-Uni et l’Australie mentionnés plus haut ont mis en lumière d’importantes différences entre le fonctionnement de leurs systèmes de financement et celui du Canada. Ces disparités nationales influencent la manière par laquelle le lien entre les retombées de la recherche et les investissements directs dans la recherche peut être évalué de façon exhaustive à l’échelle nationale, et la mesure dans laquelle il peut l’être. Quoi qu’il en soit, aucun cas ne permet de cibler un indicateur, ou une série d’indicateurs, permettant une évaluation exhaustive des retombées de la recherche universitaire. Par conséquent, il faut continuer de faire des efforts et des essais afin d’améliorer la capacité nationale et internationale de mesurer l’impact de la R-D universitaire.

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FACTEUR 5 : LA VOLONTÉ ET LA NÉCESSITÉ DE FORMER DES PARTENARIATS AU-DELÀ DES FRONTIÈRES

Les quatre facteurs de changement décrits jusqu’à maintenant ont amené les décideurs, les administrateurs de recherche et les intervenants du milieu de la recherche à reconnaître que, pour être concurrentiels et contribuer efficacement sur la scène internationale, les pays doivent accroître leurs activités de R-D concertée effectuées entre établissements, secteurs ou régions. Les gouvernements voient de plus en plus la coopération en matière de R-D comme un moyen nécessaire de réaliser des économies d’échelle, de combler les écarts de productivité, de renforcer la mobilisation et la valorisation du savoir et, ultimement, d’améliorer le niveau de vie et le mieux-être général des citoyens. Le besoin de créer des partenariats est également stimulé par la concurrence accrue des pays émergents, ainsi que la collaboration avec ces derniers, les progrès en matière de technologie des communications modernes et la volonté d’aborder les enjeux mondiaux de façon rapide et efficace.

Tendances internationales en matière de partenariatsLes attentes de plus en plus élevées concernant la collaboration transforment le paysage du milieu de la recherche dans le monde entier. Tel qu’indiqué dans la section consacrée au premier facteur de changement, la collaboration et les partenariats sont maintenant des éléments clés des stratégies nationales de R-D, car les pays reconnaissent la nécessité d’accroître la coopération systématique et efficace pour favoriser la compétitivité sur la scène internationale. Cette tendance prévaut tant dans les principaux pays concurrents que dans les pays émergents.

Par exemple, la politique australienne Backing Australia’s Ability soutient que la volonté du gouvernement, du secteur privé et des établissements d’enseignement et de recherche de travailler de concert, ainsi que leur capacité à le faire, est un élément essentiel à l’augmentation de la capacité d’innovation du pays. Le gouvernement australien s’est engagé à accorder un financement

considérable à la National Flagships Initiative du Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO), afin de créer des partenariats coopératifs d’envergure et de renforcer la collaboration avec les universités; au programme International Science Linkages, pour soutenir les projets de collaboration de grande qualité entre les scientifiques australiens et leurs partenaires étrangers; et à la National Collaborative Research Infrastructure Strategy, pour favoriser un nombre accru de collaborations en matière de recherche et l’utilisation commune de l’infrastructure. Il a également accru le financement du programme australien Cooperative Research Centres, accordant ainsi une grande priorité à la valorisation en vue de renforcer les partenariats de recherche axés sur le marché96.

Le Royaume-Uni a récemment publié un livre blanc intitulé Innovation Nation, qui souligne l’importance d’exploiter l’innovation dans tous les secteurs pour créer des conditions favorables à la prospérité économique du pays. Ce cadre stratégique annonçait la création d’initiatives visant à favoriser les projets de collaboration en matière de recherche, comme le projet d’offrir à au moins 500 entreprises « un bon d’innovation » leur permettant de collaborer avec un établissement d’enseignement de leur choix (nombre qui augmentera à 1 000 par année d’ici 2011), et celui de doubler le nombre de partenariats axés sur la transmission du savoir. Ces initiatives aideront les entreprises à accéder à la base de connaissances du pays et à en faire un meilleur usage97. Au cours des cinq dernières années, plus de 40 pour cent des projets scientifiques du Royaume-Uni ont été fondés sur la collaboration internationale, et le pourcentage d’articles cosignés par un auteur étranger est passé de 29 à 40 pour cent entre 1996-2000 et 2001-200598. Le Royaume-Uni a l’intention de tirer parti de ses forces en matière de collaboration en R-D pour bénéficier davantage de l’innovation internationalisée et élaborera, en 2008, une stratégie internationale visant à réunir des politiques interreliées touchant l’enseignement supérieur, les compétences, la recherche et l’innovation99.

De son côté, l’Union européenne (UE) a mis sur pied l’Espace européen de la recherche (EER) destiné à favoriser la création de programmes de recherche conjoints et pluridisciplinaires entre ses pays membres. La mise sur pied en 2006 du système ERA-NET vise

Chapitre 2 : Facteurs de changement

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à faciliter la coopération et la coordination des partenariats de recherche, et la création de l’Institut européen d’innovation et de technologie, qui sera établi sur des réseaux publics-privés intégrés, illustrent bien l’importance qu’attache l’UE à l’établissement de partenariats. L’un des principaux objectifs de l’EER consiste à mettre en place un programme complet de coopération scientifique et technologique internationale ainsi que de s’ouvrir au reste du monde100. Certains pays de l’UE autorisent déjà la tenue d’un nombre accru de concours internationaux et financent de plus en plus de projets de recherche transnationaux dans le cadre de leurs stratégies de R-D. Ces initiatives sont financées en partie par l’Association des universités européennes, qui s’efforce de renforcer la collaboration et d’améliorer la communication entre les pays de l’UE par la tenue de débats sur les politiques et la mise en commun de pratiques exemplaires101.

Les pays émergents ou en développement privilégient eux aussi de plus en plus les collaborations transfrontalières. Compte tenu de la rapidité de l’évolution de leurs économies et des compétences de leurs travailleurs, ces pays font de plus en plus figure de partenaires de choix en matière de R-D, dans tous les secteurs. La multiplication de ces partenariats mutuellement bénéfiques en matière de R-D est entre autres illustrée par la récente multiplication des publications conjointes102 et par un intérêt croissant pour la signature d’accords scientifiques et technologiques internationaux. L’établissement de tels partenariats revêt en fait de plus en plus d’importance, comme l’indique un récent rapport du Groupe d’experts de l’EER, qui souligne que toute coopération scientifique internationale doit reposer sur la réciprocité, sur la mobilité des chercheurs entre les pays collaborateurs, sur une approche mutuellement bénéfique pour les pays partenaires et, enfin, sur l’établissement d’objectifs communs en matière de coopération scientifique et technologique103.

Le Brésil, dont le lancement du Plan d’action pour les sciences, la technologie et l’innovation (PACTI) a été annoncé en novembre 2007, favorise désormais les collaborations transfrontalières, en encourageant les chercheurs des universités et des instituts de recherche à tisser des partenariats avec l’industrie en vue de stimuler la R-D. La mise en place d’un certain nombre de programmes visant à financer ces collaborations a été annoncée dans le cadre du PACTI. L’un d’eux, doté

d’une enveloppe de 21 millions de dollars, a été lancé au début de 2008 par le Conseil national du développement scientifique et technologique (CNPq) dans le but de soutenir les chercheurs de toutes disciplines qui travaillent en partenariat avec des établissements publics ou privés. D’ici 2010, le gouvernement brésilien entend financer un millier de projets conjoints entre moyennes ou grandes entreprises et établissements de recherche104. Le Brésil favorise également la collaboration internationale par d’autres initiatives. Il a ainsi financé, en mars 2008, la tenue d’une rencontre entre chercheurs canadiens et brésiliens destinée à explorer les possibilités de partenariats dans le domaine des énergies renouvelables.

Dans son 11e plan quinquennal, visant la période 2007-2012, le gouvernement de l’Inde insiste pour sa part sur l’importance des partenariats, soulignant la nécessité de prêter attention à l’émergence de nouveaux modèles de partenariats entre les secteurs public et privé dans le domaine de l’enseignement supérieur, en particulier en ce qui concerne la recherche universitaire et la haute technologie105. L’Inde exprime aussi sa ferme intention de promouvoir l’établissement de solides partenariats scientifiques et technologiques avec d’autres pays, en particulier en encourageant la participation indienne à des mégaprojets scientifiques internationaux106. S’appuyant sur des accords de collaboration scientifique et technologique conclus avec 73 pays, le ministère indien des Sciences et de la Technologie a récemment mis sur pied une structure de recherche portant sur la coopération internationale et visant à analyser les principaux atouts des pays partenaires afin de cerner les domaines dans lesquels l’établissement de partenariats pourrait répondre aux besoins de l’industrie indienne107.

Tendances canadiennes en matière de partenariatsAu Canada, les politiques fédérales et provinciales en matière d’innovation se sont traduites par des attentes plus élevées en ce qui a trait à la recherche concertée entre secteurs. Au cours de la dernière décennie, le gouvernement fédéral s’est employé à mettre les efforts consentis par tous les secteurs dans le domaine des sciences et de la technologie au service des grands enjeux politiques nationaux ainsi que du renforcement de l’efficience et des retombées de la R-D. En 1995, le Conseil consultatif national des sciences et de la technologie a plaidé pour le renforcement des

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Chapitre 2 : Facteurs de changement

collaborations en recommandant que le gouvernement encourage et renforce les ententes de collaboration stratégiques liées à la recherche entre les laboratoires publics, universitaires et industriels, et qu’on favorise les partenariats intersectoriels et multidisciplinaires108. La stratégie fédérale de 1996 en matière de sciences et de technologie précisait quant à elle que pour accroître la capacité d’innovation, il faut d’abord et avant tout favoriser l’échange de connaissances et d’information, de même que la collaboration entre les administrations publiques, les entreprises et les universités, ainsi que l’établissement de partenariats mutuellement bénéfiques109.

Un grand nombre des programmes fédéraux destinés à soutenir la R-D universitaire mis sur pied au cours des 10 dernières années comportaient un aspect ou un objectif axé sur la collaboration. Les programmes actuels, comme celui des Réseaux de centres d’excellence ou d’autres programmes des organismes subventionnaires, mettent l’accent sur la collaboration entre établissements, secteurs et pays dans le domaine de la R-D. Dans la stratégie d’innovation fédérale de 2002, les partenariats étaient d’ailleurs décrits comme « essentiels pour accroître les possibilités d’innover et atténuer les risques110 », tandis que dans la récente Stratégie en matière de sciences et de technologie de 2007, on souligne que « favoriser des partenariats » est un principe fondamental, les partenariats étant « essentiels pour transformer les efforts du Canada en réussites de classe internationale et pour accélérer le rythme des découvertes et de la commercialisation au Canada111 ».

De toute évidence, une culture favorable à l’établissement de partenariats est apparue au Canada. Cette culture émergente conduit à la multiplication des activités prévisionnelles, des ententes de réseautage et des financements conjoints visant des projets ou des programmes de recherche en vue d’explorer et de saisir les possibilités qu’offre le domaine de la recherche en faisant appel à des experts scientifiques et techniques de toutes disciplines, de tous secteurs et de tous pays112. Les collaborations se multiplient également dans le cadre du processus de recherche au stade de la mobilisation et de la valorisation du savoir, ce qui favorise l’application de la recherche au sein de l’industrie, des gouvernements et des collectivités, l’exploitation des idées élaborées par les universités dans le cadre de brevets ou de licences, ainsi que la

création de nouvelles entreprises issues du milieu universitaire113.

Collaborations à l’échelle des établissementsAlors que les politiques en place au Canada et à l’étranger encouragent les partenariats, nombre d’universités canadiennes choisissent d’établir d’abord des partenariats avec d’autres universités du pays. Fortes de leur alliance, ces universités tirent aussi parti de leurs atouts respectifs en matière de R-D. Divers programmes fédéraux soutiennent et encouragent la collaboration interne et interétablissements. Selon une étude, 92 pour cent des chercheurs financés par la FCI collaborent à l’interne dans leur établissement, alors qu’environ 71 pour cent d’entre eux collaborent avec d’autres établissements canadiens114. Le Programme de mobilisation de la propriété intellectuelle (MPI) des trois organismes subventionnaires, dont l’objectif est d’accélérer le transfert de la technologie et du savoir issus de la recherche financée par ces organismes, encourage les établissements à coordonner leurs approches et leurs activités au profit de l’innovation aux échelles locale, régionale et nationale. Ce programme finance actuellement 22 projets, tous fondés sur des partenariats entre deux universités ou plus115.

Les universités mesurent bien toute l’importance de la collaboration non seulement pour la recherche, mais aussi pour la gestion du processus de recherche. Elles collaborent par exemple en vue d’améliorer et de renforcer la gestion professionnelle du secteur de la recherche à l’échelle nationale. L’Association canadienne d’administrateurs de recherche universitaire, qui compte plus de 750 membres issus des universités, des hôpitaux et d’autres établissements de recherche canadiens, permet à ses adhérents d’échanger en vue d’améliorer l’efficience et l’efficacité de la gestion de la recherche ainsi que de favoriser la coopération. De même, l’Association canadienne des comités d’éthique de la recherche, grâce au réseautage et à la discussion, aide les administrateurs à composer avec les politiques et les règlements de plus en plus complexes en matière d’éthique de la recherche.

Signalons enfin le cas de l’Association canadienne du personnel administratif universitaire, qui élabore et fournit aux agents administratifs et financiers de l’information et une expertise liées aux questions stratégiques et opérationnelles, en plus de leur offrir

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des possibilités de formation professionnelle et de perfectionnement. Les universités collaborent également à la gestion de la propriété intellectuelle en adhérant à des réseaux de commercialisation dans toutes les régions du pays116 ainsi qu’à l’échelle nationale par l’entremise de l’Alliance canadienne pour la commercialisation des technologies, un organisme-cadre créé en 2004 dans le but de renforcer les capacités locales, régionales et nationales en matière de transfert de la technologie et du savoir. Ensemble, ces associations ainsi que d’autres contribuent grandement à doter la recherche canadienne d’un processus concurrentiel à l’échelle internationale par la qualité de sa gestion et de sa supervision.

Dans certaines collectivités du Canada, les universités entretiennent en outre des collaborations axées sur la R-D avec les collèges communautaires. En 2006-2007, environ 50 collèges ont reçu du financement (totalisant deux millions de dollars) des organismes subventionnaires fédéraux117. Malgré l’absence de données exhaustives relatives aux partenariats de recherche actuels entre les collèges et les universités, un sondage électronique réalisé en 2006 par l’Association des collèges communautaires du Canada a révélé que près de la moitié des collèges sondés considéraient alors les universités comme des partenaires importants dans le domaine de la recherche appliquée118.

Collaborations interuniversitaires, intersectorielles et transfrontalièresCompte tenu de l’étendue de leurs activités de recherche, de leurs partenariats de recherche avec d’autres secteurs et de leur présence au sein de plus de 80 collectivités du Canada, les universités canadiennes sont bien placées pour faire office de plateformes intersectorielles aux fins des activités régionales, nationales et internationales de R-D. Le financement versé par la FCI permet entre autres aux universités de fournir aux réseaux de calcul de haute performance régionaux, dont l’intégration en un réseau national est en cours, les principales capacités dont ils ont besoin. Ce financement permet également aux universités de mettre diverses ressources informatiques à la disposition des secteurs public et privé. Dans le domaine en pleine évolution de l’océanographie, par exemple, la collaboration des universités s’étend à nombre de projets majeurs, dont le brise-glace polaire,

les observatoires sous-marins VENUS et NEPTUNE (maintenant en service), ou encore le réseau de surveillance océanique Ocean Tracking Network (actuellement en élaboration).

Enrichis d’installations et de matériel fournis par le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et par divers partenaires étrangers, le Laboratoire national canadien pour la recherche en physique nucléaire et en physique des particules (TRIUMF) et l’Observatoire de neutrinos de Sudbury (ONS) ont par ailleurs permis au Canada de rester à l’avant-garde dans les domaines de l’astronomie et de la physique des hautes énergies. Dans les domaines de la biologie et des sciences de la santé, les universités canadiennes ont mis au point, en collaboration avec les laboratoires gouvernementaux, des installations et des bases de données de calibre mondial, axées, en particulier, sur la génomique et les études sur la santé de la population. Le Centre canadien du rayonnement synchrotron, dont l’utilisation est réservée 25 pour cent du temps à l’industrie, contribue à renforcer les atouts du Canada dans ces disciplines et entre autres, dans la science des matériaux119.

Les universités hébergent également 18 RCE dans le cadre du programme du même nom, dont le réseau Mathématiques des technologies de l’information et des systèmes complexes (MITACS), qui favorise l’établissement de partenariats de R-D axés sur les sciences mathématiques entre les universités, le secteur privé et les principaux organismes gouvernementaux. Connu sous le nom d’ACCÉLÉRATION Canada, le regroupement de MITACS et de 12 autres RCE s’est récemment vu accorder un financement fédéral pour la mise sur pied du Programme de stages en recherche-développement industrielle (SRDI). Au cours des deux prochaines années, ce programme permettra à 1 200 étudiants aux cycles supérieurs et stagiaires postdoctoraux du Canada de mener, au sein d’entreprises réparties dans tout le pays, des recherches visant à répondre aux besoins d’innovation de ces entreprises. Les stages devraient permettre aux participants de trouver plus facilement un emploi, aux entreprises de pouvoir compter sur les aptitudes et les compétences qu’elles recherchent et au secteur privé d’acquérir une meilleure capacité d’intégration des résultats de la recherche universitaire120.

Association des universités et collèges du Canada 61

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Chapitre 2 : Facteurs de changement

Les universités canadiennes collaborent également à l’échelle internationale avec tout un éventail de partenaires des secteurs public et privé ainsi que du secteur à but non lucratif. L’établissement de certains de ces partenariats est facilité par des accords scientifiques et technologiques internationaux, conclus avec les principaux concurrents et avec les économies émergentes. Le Canada possède de tels accords de longue date avec l’Allemagne, la France, l’Union européenne et le Japon, ainsi qu’une entente avec la Corée du Sud. Il a également récemment conclu des accords scientifiques et technologiques ou des protocoles d’entente avec l’Inde (2005), Israël (2006), et la Chine (2007) et le Chili (2008). Des négociations sont par ailleurs en cours en vue de la signature d’un accord avec le Brésil. Le Canada est en outre signataire de plus de 300 protocoles d’entente, lettres d’intention et autres documents avec les ministères et les organismes subventionnaires fédéraux qui appuient des partenariats scientifiques et technologiques dans un certain nombre de domaines de recherche afin de promouvoir les échanges d’étudiants aux cycles supérieurs, la diffusion de l’information et l’utilisation conjointe des installations de recherche121.

Les partenariats de recherche en cours au Canada et ailleurs dans le monde sont déjà d’une ampleur et d’une portée remarquables et sont appelés à se multiplier. C’est la raison pour laquelle le chapitre qui suit tentera d’analyser plus à fond les modes de collaboration des universités avec les entreprises, les gouvernements, les collectivités et les partenaires étrangers. Il examinera les partenariats de recherche tissés par les universités, les programmes et les mécanismes qui favorisent ces partenariats, ainsi que les possibilités et les défis que ceux-ci recèlent. Il semble cependant pratiquement acquis que la collaboration entre établissements, entre secteurs et entre pays est en voie de devenir la norme plutôt que l’exception en matière de R-D universitaire, partout dans le monde.

62 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Notes de fin – Chapitre 2

Toutes les données pour lesquelles aucune note n’a été rédigée sont fondées sur les estimations de l’AUCC ou sur des analyses des données recueillies par Statistique Canada telles que le Recensement de 2006, l’Enquête sur la population active et le Système d’information sur les étudiants postsecondaires. Dans le cas où un paragraphe contient de multiples données provenant d’une même source, la référence bibliographique n’est mise qu’à la fin de celui-ci.

Doern, G.B. et J.S. Kinder, 1 Strategic Science in the Public Interest: Canada’s Government Laboratories and Science-Based Agencies, 2007.

Gouvernement du Canada, 2 Les sciences et la technologie à l’aube du XXIe siècle – Sommaire, mars 1996, p. 5.

Gouvernement du Canada, 3 Atteindre l'excellence : investir dans les gens, le savoir et les possibilités, 2002, p. 51.

Pour un historique des investissements fédéraux dans la R-D universitaire au Canada, voir AUCC, 4 En plein essor : Édition 2005 du rapport sur la recherche universitaire et la transmission du savoir, octobre 2005, p. 5-17.

Gouvernement du Canada, 5 Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, mai 2007, p. 7-14.

Gouvernement de l’Alberta, 6 Today’s Opportunities, Tomorrow’s Promise, 2004; Gouvernement du Québec, Un Québec innovant et prospère, 2006; et Gouvernement de l’Ontario, Saisir les créneaux mondiaux :Programme d’innovation de l’Ontario, 2008.

« Atlantic Innovation Fund helping to diversify regional economies », 7 Research Money 21, No. 18, 28 novembre 2007.

Par exemple, le cadre de travail du Manitoba sur l’innovation pour 2003 prévoit deux fois plus d’investissements dans 8

la recherche d’ici 2010; et la stratégie de 2006 du Québec pour la recherche et l’innovation comprend comme objectifs l’accroissement des dépenses en R-D pour atteindre trois pour cent du PIB ainsi que la hausse du financement de la R-D industrielle jusqu’à une valeur de deux pour cent du PIB d’ici 2010; et le programme de 2002 du Nouveau-Brunswick en matière d’innovation vise à en faire un chef de file au Canada dans au moins deux domaines de recherche industrielle d’ici 2012.

En cinq ans, 736,4 millions de dollars ont été investis afin de doubler le financement consenti à l’ARC pour accroître 9

le soutien aux volets « découverte » et « articulation » du programme national de subventions pour la recherche par voie de concours et pour lancer de nouvelles bourses de recherche fédérales. Gouvernement de l’Australie, The Australian Government’s Innovation Report 2004-05, 2005.

Gouvernement de l’Australie, 10 Australian Science & Innovation: Partnerships for the future, mars 2008.

Gouvernement de l’Australie, 11 Venturousaustralia: Building Strength in Innovation, 2008.

OCDE, 12 Principaux indicateurs de la science et de la technologie, édition 2008/1, 2008.

Par 13 « extrants de la recherche », on désigne le nombre de publications scientifiques. National Science Foundation, Science and Engineering Indicators, 2008.

U.S. Office of Science and Technology Policy, 14 American Competitiveness Initiative, 2006, p. 1.

Les deux rapports sont : 15 Rising Above the Gathering Storm: Energizing and Employing America for a Brighter Economic Future des National Academies, 2007; et Innovate America du Council on Competitiveness, 2004.

Site Web du gouvernement américain, www.whitehouse.gov/news/releases/2007/08/20070809-6.html.16

The UK HM Treasury, 17 Science and Innovation Investment Framework 2004-2014, 2004, p. 1, 31.

Ibid., p. 9.18

Ibid., p. 7-8.19

Lord Sainsbury of Turville, 20 The race to the top: A review of Government’s science and innovation policies, octobre 2007.

UK Department for Innovation, Universities & Skills, 21 Innovation Nation, 2008, p. 44.

Ibid., p. 43-47, p. 65-67.22

Association des universités et collèges du Canada 63

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Chapitre 2 : Facteurs de changement

Commission européenne, 23 L’espace européen de la recherche : nouvelles perspectives, Livre vert EUR 22840, 4 avril 2007, p. 15-16.

Le septième programme-cadre aura une durée de sept ans et disposera d’un budget de 50,521 milliards d’euros. 24

L’affectation d’une somme additionnelle de 2,7 milliards d’euros est d’ores et déjà prévue pour le programme Euratom axé sur la recherche nucléaire, qui s’étalera sur cinq ans. Site Web de l’Union européenne, www.europa.eu/pol/rd/overview_fr.htm, et site Web de CORDIS (Union européenne), www.cordis.europa.eu/fetch?CALLER=FR_FP7_NEWS&ACTION=D&CAT=NEWS&RCN=26875.

Site Web de l’Institut européen de technologie (IET), www.ec.europa.eu/eit.25

OCDE, 26 Innovation and Growth: Rationale for an Innovation Strategy, 2007, et présentation du Comité consultatif de Statistique Canada sur la science et la technologie sur les progrès de la Stratégie pour l’innovation de l’OCDE, Ottawa, 10 avril 2008.

Cao, C., R.P. Suttmeier et D.F. Simon, « China’s 15-year science and technology plan », 27 Physics Today, décembre 2006, p. 38-43.

Cité par Xu Luping, haut fonctionnaire du ministère de la Science et de la Technologie de la République populaire 28

de Chine. Chong, W., « China to build 30 new science and technology parks », SciDev.Net, 19 avril 2006, www.scidev.net/en/news/china-to-build-30-new-science-and-technology-parks.html.

Xin, H. et Yidong, G., « China Bets Big on Science. » 29 Science 311, 7 mars 2006, p.1548.

Le projet 211 est une importante initiative qui a été lancée en 1995 dans le but de consacrer près de 20 milliards 30

de dollars américains à la création de 100 universités de qualité en Chine, principalement par l’amélioration des installations et des programmes d’enseignement dans des domaines prioritaires. Le projet 985 a vu le jour en 1998; il visait, à offrir des bourses sur trois ans, d’une valeur de un milliard de yuans à 1,8 milliard de yuans à 10 des 2 000 universités et plus que compte la Chine. En 2004, le nombre d’universités bénéficiant de cette initiative est passé à 38. World Education Services, « International Rankings and Chinese Higher Education Reform », octobre 2006, et Aiyar, P., « China hunts abroad for academic talent », Asia Times, février 2006.

Site Web du ministère de la Science et de la Technologie de l’Inde, www.dst.gov.in/stsysindia/stp2003.htm.31

Herstatt, C. et coll., 32 India’s National Innovation System: Key Elements and Corporate Perspectives, document de travail No. 51, janvier 2008.

Information obtenue du Haut-Commissariat du Canada à New Delhi (11 août 2008). On annonçait également le 33

financement de 1 600 écoles polytechniques, de 10 000 écoles de formation professionnelle et de 50 000 centres de développement professionnel. Parmi les autres initiatives figurent la distribution de bourses aux étudiants et le financement de secteurs de programmes stratégiques. Jayaraman, K.S., « Bound for Bangalore », Nature 451, 17 janvier 2008, p. 112.

Par exemple, l’Union européenne a fixé une cible de trois pour cent d’ici 2010, et le Royaume-Uni, une cible de 2,5 34

pour cent d’ici 2014, tandis que la Chine a établi des objectifs de deux pour cent d’ici 2010 et de 2,5 pour cent d’ici 2020.

Ce scénario s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle le PIB du Canada continuera de croître à un taux moyen annuel 35

de cinq pour cent jusqu’en 2015.

Gouvernement du Canada, 36 Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, 2007, p. 10.

AUCC, 37 Tendances dans le milieu universitaire – Volume 2 : Corps professoral, 2007.

Les nouvelles politiques en matière d’immigration, telles que le Programme de travail post-diplôme élargi ainsi que 38

la Catégorie de l’expérience canadienne (qui permet aux étudiants étrangers diplômés d’un établissement canadien de demander le statut de résident permanent à partir du Canada) pourraient contribuer à inverser les tendances observées et à renforcer le caractère concurrentiel et l’attrait du Canada pour les étudiants étrangers.

64 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

Page 71: L’Association des universités et collèges du Canada …...en plein essor e oir L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole des universités canadiennes

Site Web du Higher Education Funding Council for England, www.hefce.ac.uk/pubs/RDreports/2005/rd14_05.39

Site Web de Research Councils UK : www.rcuk.ac.uk/rescareer/strategy.htm.40

Site Web du programme des Chaires de recherche du Canada : www.chairs.gc.ca/web/about/statistics_f.asp.41

Gouvernement du Canada, ministère des Finances, 42 Le plan budgétaire 2008, 2008, p. 122.

Gouvernement du Canada, site Web 43 Consider Canada, www.considercanada.org/grad/students.

Site Web du Alberta Ingenuity Fund : www.albertaingenuity.ca.44

Gouvernement de l’Ontario, ministère de la Recherche et de l’Innovation, communiqué de presse du 45

25 novembre 2005, et site Web du ministère, www.mri.gov.on.ca/french/programs/era/era_projects.asp.

Site Web du Leading Edge Endowment Fund : www.leefbc.ca.46

OCDE, 47 Regards sur l’éducation 2007, 2007, www.oecd.org/dataoecd/17/15/39245059.xls.

Estimations de l’AUCC basées sur des données du Center for Education Statistics (É.-U.) et de Statistique Canada.48

Estimations de l’AUCC basées sur des données provenant des outils de recherche d’octrois 49

des conseils subventionnaires.

Gouvernement du Canada, ministère des Finances, 50 Le plan budgétaire 2008, 2008, p. 121.

Site Web du Department of Education, Employment and Workplace Relations de l’Australie : 51

www.endeavour.deewr.gov.au.

Site Web des British Chevening Scholarships : www.chevening.com.52

Creaser, C. et White, S., 53 Trends in Scholarly Journal Prices 2000-2006, Loughborough University, 2007, p. iv.

Réseau canadien pour la documentation pour la recherche, communiqué de presse du 3 juin 2008, « Un investissement 54

de 47 millions $ pour faciliter l’accès à des contenus érudits en ligne transformera la recherche en sciences sociales et humaines au Canada », www.researchknowledge.ca/fr/news/documents/mediareleaseFfinal-withphotolink.pdf.

Fondation canadienne pour l’innovation, communiqué de presse du 8 février 2007, « Le Canada investit 88 millions 55

de dollars dans la création d’un réseau national de calcul de haute performance », www.innovation.ca/media/index_f.cfm?websiteid=482.

« 31st TOP500 List of Most Powerful Supercomputers », juin 2008, www.top500.org.56

Site Web du Biomedical R&D Price Index : http://officeofbudget.od.nih.gov/UI/GDP_FromGenBudget.htm.57

Information obtenue de Génome Canada, 21 janvier 2008.58

IRSC, 59 Investir dans l’avenir du Canada : Plan stratégique des IRSC pour l’innovation et la recherche en santé 2003/2004-2007/2008, 2007, p. 5.

Site Web du CRSNG, www.nserc.gc.ca/programs/brockhouse_progdesc_f.htm.60

IRSC, 61 Rapport sur les plans et les priorités 2007-2008, p. 21.

Ces dernières années, la planification stratégique a retenu davantage l’attention, en partie grâce à la FCI et 62

au programme des CRC, exigeant la présentation de plans de recherche stratégiques comme condition à la participation à leurs programmes.

Dans le domaine de l’éthique aux États-Unis, par exemple, les coûts ont augmenté de 176 pour cent (soit 23 pour cent 63

annuellement) entre 1995 et 2000, et n’ont pas cessé de croître depuis. Council on Governmental Relations, Report of the Working Group on the Cost of Doing Business, 2 juin 2003, p. 4.

DeCrappeo, T., President, Council on Governmental Relations, 64 The U.S. System for Paying for Facilities and Administrative Costs of Research, présentation faite au International Symposium on University Costs and Compacts, 14 juillet 2008. www.go8.edu.au/storage/events/2008/costs_compacts_presentations/14July/ Tony_Decrappeo_ Council_on_Governmental_Relations_US.ppt.

Association des universités et collèges du Canada 65

Page 72: L’Association des universités et collèges du Canada …...en plein essor e oir L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole des universités canadiennes

Chapitre 2 : Facteurs de changement

Site Web de Research Councils UK, www.rcuk.ac.uk/aboutrcs/funding/dual/fec.htm.65

Ibid.66

Site Web du Higher Education Funding Council for England, www.hefce.ac.uk/finance.67

Statistique Canada, 68 Enquête sur la commercialisation de la propriété intellectuelle dans le secteur de l’enseignement supérieur 2006.

La York University et la University of Victoria par exemple offrent de tels services. Pour une liste d’universités (et autres 69

organisations) qui prennent part à des projets de recherche liés aux communautés, voir : http://web.uvic.ca/ocbr/assets/pdfs/A%20Pan-Canadian%20Coalition%20on%20Community%20Based%20Research.pdf.

Les définitions proviennent de Hicks, D., H. Tomizawa, Y. Saitoh et S. Kobayashi, « Bibliometric Techniques in 70

the Evaluation of Federally Funded Research in the United States », Research Evaluation, août 2004, p.79.

Mansfield, E., « Academic Research and Industrial Innovation », 71 Research Policy 20, 1991, p. 1-12.

Mansfield, E., « Academic Research and Industrial Innovation: A Further Note », 72 Research Policy 21, 1992.

Tel que cité par l’Association canadienne des institutions de santé universitaire dans son rapport 73 Progresser au rythme de la découverte – Des laboratoires au chevet du patient au marché, novembre 2007.

Hawkins, R.W., Langford, C.H., et Sidhu, K.S. « University Research in an ‘Innovation Society’ », dans 74 Science, Technology and Innovation Indicators in a Changing World: Responding to Policy Needs, OCDE, 2007, p. 171-192.

Gouvernement du Canada, 75 Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, 2007.

CRSNG, 76 Message des présidents concernant la mise en application de la stratégie sur les sciences et la technologie, 10 décembre 2007, www.nserc.gc.ca/about/initiatives/Tri-Agency/message_f.htm, et information fournie par les IRSC.

KPMG, 77 Implementation Plan for the Outcome Measurement Study, préparé pour la Fondation canadienne pour l’innovation, 26 juillet 2007, p.11.

Bernstein, A. et coll., « A Framework to Measure the Impacts of Investments in Health Research », 78 Science, Technology and Innovation Indicators in a Changing World: Responding to Policy Needs, OCDE 231-249, 2007, p. 234, et information fournie par les IRSC.

« La mobilisation du savoir », telle qu’elle est présentée dans 79 Définir nos orientations, désigne la dissémination, le courtage, l’échange et l’application efficaces du savoir tant en termes de « transmission » des connaissances d’une discipline à l’autre et du milieu universitaire au secteur public, au secteur privé et au secteur à but non lucratif qu’en termes d’accueil et d’intégration, dans les travaux universitaires, du savoir en provenance de divers domaines et de la société dans une perspective générale.

Site Web du CRSH, www.sshrc.ca/web/apply/program_index_f.asp.80

Information obtenue du CRSNG.81

Gouvernement du Canada, 82 Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, 2007, p.92.

Conseil des académies canadiennes, 83 L’état de la science et de la technologie au Canada, septembre 2006.

UK HM Treasury, 84 Science and Innovation Investment Framework 2004-2014, 2004, p.156, 163.

Research Councils UK, 85 Excellence with Impact: Progress in implementing the recommendations of the Warry Report on the economic impact of the Research Councils, octobre 2007, p.3.

PA Consulting Group et SQW Consulting, 86 Study on the economic impact of the Research Councils, octobre 2007, p.1.

Les trois éudes commandées par RCUK sont : PA Consulting Group et SQW, 87 Economic Impact Study, septembre 2007; PricewaterhouseCoopers, User Satisfaction Survey, septembre 2007; et DTZ, Knowledge Transfer Categorisation and Harmonization Project, septembre 2007.

Baty, P., « Research Councils to give users more say », 88 The Times Higher Education Supplement, 12 octobre 2007 et Corbyn, Z., « Research must show payoff », The Times Higher Education Supplement, 12 octobre 2007.

66 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

Page 73: L’Association des universités et collèges du Canada …...en plein essor e oir L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole des universités canadiennes

Corbyn, Z., « Research must show payoff », 89 The Times Higher Education Supplement, 12 octobre 2007.

Ibid.90

Corbyn, Z., « RCUK abandons impact formula », 91 The Times Higher Education Supplement, 6 mars 2008.

Australian Research Council, 92 Strategic Plan 2006-2008, mai 2006, p. 5.

Ibid., p. 9.93

Ibid., p. 30.94

Rapport produit par Deloitte-Insight Economics pour la Cooperative Research Centres Association Inc., 95

Impact monitoring and evaluation framework: Background and assessment approaches, juin 2007, p.3.

Gouvernement de l’Australie, 96 The Australian Government’s Innovation Report 2004-05, 2005, p.23-24, 65, 52, 72.

UK Department for Innovation, Universities and Skills, 97 Innovation Nation, mars 2008, p. 36-37.

Ibid., p. 51.98

Ibid., p. 50.99

Commission européenne, 100 L’espace européen de la recherche : Nouvelles perspectives, Livre vert, 2007, p. 23-25.

En 2006, l’AUE et d’autres organisations partenaires ont donné le coup d’envoi à l’initiative « Partenariat responsable », 101

destinée à encadrer la diffusion des connaissances entre les établissements de recherche et l’industrie sur la base des bonnes pratiques et de solutions adaptables en vue de la diffusion efficace du savoir. Voir : EUA response to the European Commission’s Green Paper on the ERA, septembre 2007, p. 8.

Conference Board of Canada, 102 The Rise of the BRICs: What Does it Mean for Canada?, janvier 2008, p. 20.

Groupe d’experts de l’EER, 103 Opening to the world: International cooperation in Science and Technology, avril 2008, p. 65.

Information obtenue de l’ambassade du Canada au Brésil, 8 juillet 2008.104

Commission de planification du gouvernement de l’Inde, 105 Towards Faster and More Inclusive Growth: An Approach to the 11th Five Year Plan, décembre 2006, p. 65.

Ibid., p. 65.106

Information obtenue du Haut-Commissariat du Canada à New Delhi, 13 mars 2008.107

Conseil consultatif national des sciences et de la technologie, 108 La santé, la richesse et la sagesse : Cadre pour une stratégie fédérale en matière de S-T intégré, 1995.

Gouvernement du Canada, 109 Les sciences et la technologie à l’aube du XXIe siècle, 1996, p.2.

Gouvernement du Canada, 110 Atteindre l’excellence : Investir dans les gens, le savoir et les possibilités, 2002, p. 9.

Gouvernement du Canada, 111 Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, 2007, p. 12.

Par 112 activités prévisionnelles, on entend l’exploration des possibilités actuelles et émergentes et des innovations afin de définir les tendances à long terme et d’orienter la prise de décisions.

David, P.A. et Metcalfe, S., « Universities Must Contribute to Enhancing Europe’s Innovative Performance », 113

Knowledge Economists, Policy Brief No. 2, octobre 2007.

Fondation canadienne pour l’innovation, 114 2007 Report on Results: An Analysis of Investments in Research Infrastructure, novembre 2007, p. 32.

Certaines collaborations financées par le MPI rassemblent jusqu’à 14 universités partenaires. 115

Site web du CRSNG, http://www.nserc.gc.ca/professors_f.asp?nav=profnav&lbi=b6, et http://www.nserc.gc.ca/programs/ipm_trainres_f.htm.

Ces réseaux de commercialisation incluent Springboard dans les provinces de l’Atlantique, les BLEUs au Québec, 116

onSETT en Ontario et WestLink Innovation Network dans les provinces de l’Ouest.

Association des universités et collèges du Canada 67

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Chapitre 2 : Facteurs de changement

Information obtenue du Programme des coûts indirects, 26 février 2008.117

Parmi les 59 établissements qui ont participé au sondage, 28 ont désigné les universités comme des partenaires 118

importants dans le domaine de la recherche appliquée. Association des collèges communautaires du Canada, Recherche appliquée dans les collèges et instituts du Canada, mars 2006, p. viii.

Centre canadien de rayonnement synchrotron, Communiqué de presse du 7 septembre 2007, 119 « Canada’s New Government Invests $2 Million to Attract First Time Industrial Users to Synchrotron », www.lightsource.ca/media/media_release_20070907.php.

Site Web de MITACS : www.mitacs.math.ca/index.htm.120

Information obtenue du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, 4 juillet 2008.121

68 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Chapitre

Les partenariats des universités en R-D

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

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BIENFAITS SIGNIFICATIFS POUR LES CANADIENS

» Main-d’œuvre hautement quali�ée et adaptable» Économie concurrentielle et novatrice

» Population en santé et système de santé durable» Environnement durable

» Collectivités �orissantes et sécuritaires» Société cohésive, diversi�ée et inclusive

» Culture dynamique et patrimoine protégé» Population informée et engagée

» Gouvernement réceptif et responsable» In�uence et leadership à l’échelle mondiale

PROSPÉRITÉ ET QUALITÉ DE VIE

UNIVERSITÉS

Graphique 3.1 : La recherche et la mobilisation du savoir dans les universités canadiennes contribuent à la prospérité et à la qualité de vie des Canadiens

70 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Chapitre 3 :Les partenariats des universités en R-D

Les universités créent et mobilisent le savoir en collaboration avec les gouvernements, les collectivités, les organismes à but non lucratif, les entreprises privées et des partenaires étrangers, et souvent grâce au soutien de ceux‑ci. Le savoir généré par les universités dans le cadre de ces partenariats est diffusé auprès de la population de multiples façons : publications, présentations, consultations d’experts, services et activités communautaires, contributions à l’élaboration des politiques publiques, activités de développement socioéconomique, valorisation de la recherche universitaire, etc. Bien que certaines de ces activités soient plus courantes ou mieux connues que d’autres, toutes contribuent à la transmission et à l’application efficaces du savoir au sein de la société canadienne et dans le monde. Les nombreuses formes que prend la mobilisation du savoir créé par les universités procurent des avantages substantiels aux individus, aux collectivités, aux villes, aux provinces, aux régions, au pays et au monde entier. En outre, n’importe quel pays peut tirer un avantage concurrentiel considérable de l’application des résultats de la recherche universitaire dans divers secteurs.

Les formes et les avantages de la mobilisation du savoir sont résumés au graphique 3.1, tiré de la première édition d’En plein essor (2005). Dans cette édition, l’AUCC faisait état des bienfaits concrets que procurent la recherche universitaire et la transmission du savoir à la population canadienne et au monde entier relativement à des questions importantes pour le Canada. La présente édition est consacrée aux partenariats entre les universités et les entreprises du secteur privé, les gouvernements, les collectivités et les collaborateurs internationaux qui facilitent la diffusion du savoir et engendrent de nouvelles manières de comprendre, de penser et d’agir ainsi que l’élaboration de produits, de processus, de services et de politiques. Ces partenariats génèrent des bienfaits pour les Canadiens, car ils renforcent la masse critique de la capacité en matière de recherche du pays, exploitent les ressources humaines et physiques du pays et permettent aux Canadiens de comprendre et de résoudre des enjeux d’importance sous diverses perspectives.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Collaboration entre les universités et le seCteur privé en matière de reCherChe

Raison d’être de la collaborationLes entreprises du monde entier cherchent à maximiser leurs bénéfices en affrontant efficacement la concurrence dans leurs marchés respectifs, que ce soit à l’échelle locale, régionale, nationale ou mondiale. Pour ce faire, les chefs d’entreprise savent qu’ils doivent innover continuellement afin de maintenir et d’augmenter leur part de marché ainsi que la portée de leurs activités. Ils doivent donc avoir accès à des activités de recherche et y participer afin de mieux comprendre leur clientèle et leur concurrence, de concevoir de nouveaux produits et services ou les améliorer, d’élaborer des processus permettant d’économiser temps et argent, et de fournir aux investisseurs, aux clients et aux organismes de réglementation des preuves de la sûreté, de la fiabilité et de la valeur de leur entreprise.

Au Canada, les investissements du secteur privé dans la recherche sont généralement moins élevés que dans les principaux pays concurrents. Sur le plan statistique, ces investissements sont mesurés en terme de pourcentage des dépenses intérieures brutes de R‑D des entreprises (DIRDE) par rapport aux dépenses brutes de R‑D (DIRD). En 2005, les DIRDE représentaient 54 pour cent des dépenses globales de recherche au Canada, contre 70 pour cent aux États‑Unis, 62 pour cent au Royaume‑Uni et 69 pour cent en moyenne dans l’ensemble des pays de l’OCDE1. De plus, les activités de recherche financées par les entreprises canadiennes sont très concentrées par région, par secteur industriel et par taille d’entreprise (voir le chapitre 1).

Depuis toujours, et encore maintenant, le rôle des universités canadiennes dans le processus d’innovation consiste d’abord à former le personnel hautement qualifié requis dans tous les secteurs de la société et à effectuer la majeure partie de la recherche fondamentale du pays. Par ailleurs, les universités servent de plus en plus de plateformes intersectorielles pour la recherche, ce qui favorise l’engagement et l’investissement des entreprises

Des chirurgies en trois dimensionsDes chercheurs de la University of Calgary et de la région sanitaire de Calgary en collaboration avec MacDonald, Dettwiler and Associates, fabricant du bras spatial canadien, ont conçu un bras robotisé capable d’effectuer des interventions chirurgicales complexes sur un patient plongé dans le champ électromagnétique puissant de l’imagerie par résonance magnétique. Cet unique système offre aux chirurgiens l’avantage inégalé de pouvoir suivre la progression de leur opération en trois dimensions. En plus de permettre une plus grande précision lors des interventions, cette technologie aide à réduire le temps de récupération du patient. La première opération effectuée à l’aide de cette technologie en mai 2008 a été un succès.

Des pièces d’aéronef plus légèresAu cours des 20 dernières années, des ingénieurs du Centre de recherche sur les composites de l’Université Concordia ont collaboré avec plus de 50 entreprises surtout dans la fabrication de matériaux composites pour l’industrie aérospatiale. Parrainé par le Consortium québécois pour la recherche et l’innovation en aérospatiale, Bell Helicopter Textron Canada ltée, Pratt & Whitney Canada ltée, le Conseil national de recherches et le Centre de recherches pour la défense Valcartier, un projet de conception d’ailes lamellées constituait une partie intégrale d’un plus large projet d’une valeur de plus de 2,2 millions de dollars. Outre les partenaires susmentionnés, le projet regroupait des experts de l’Université Concordia, de l’École polytechnique de Montréal et de Delastek. Grâce à ce partenariat, Delastek, une PME québécoise spécialisée dans la conception et la fabrication de matériaux composites et thermoplastiques pour les marchés du transport aérien, a connu une importante croissance.

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Des détectives en ligneLes chercheurs de la Cape Breton University collaborent avec les forces policières régionales, l’entreprise locale de haute technologie ADM Solutions et le géant de l’informatique IBM pour venir à bout du bouchon d’information qui entrave souvent les enquêtes criminelles. Ils ont conçu de concert un nouveau système baptisé « Detectives Analytics Workbench ». Ce procédé rassemble tous les éléments d’une scène de crime, ce qui englobe autant les notes que les entretiens vidéo, dans une seule base de données numérique où il est possible de faire de vastes recherches. Cette technologie facilite l’établissement de la preuve et réduit les coûts relatifs au maintien de l’ordre au sein du système judiciaire canadien, lequel coûte près de huit milliards de dollars par année aux contribuables canadiens.

Un chauffe-eau solaire apporte des économies substantiellesUne technologie novatrice de chauffe-eau solaire est de plus en plus utilisée au Canada dans les immeubles résidentiels et commerciaux, grâce au partenariat entre le laboratoire de calorimétrie solaire de la Queen’s University et EnerWorks, une entreprise de 32 employés établie à London, en Ontario. Installé aux Jardins Lebourgneuf, une résidence pour personnes âgées de Québec, l’équipement subvient aux besoins en eau chaude de près de la moitié des 300 résidents, ce qui permettra probablement d’en couvrir les coûts d’ici six ans. Les propriétaires du Confederation Inn, un hôtel de 42 chambres de Saskatoon, s’attendent également à amortir aussi rapidement le coût de leur investissement en économisant la somme appréciable de 300 000 $ sur les coûts de l’énergie au cours de la durée de vie de l’équipement.

en recherche et resserre les liens entre le secteur privé et le milieu de la recherche. En travaillant de concert, tout en respectant leurs missions et leurs cultures respectives, les universités et les entreprises peuvent souvent échanger de nouvelles idées et connaissances et les mettre en œuvre de manière efficace et efficiente. Grâce à ces partenariats, les entreprises et les universités sont en mesure de regrouper leurs ressources afin de réduire les risques financiers encourus par chacune des parties et de mieux tirer profit de leurs investissements respectifs.

Ces collaborations présentent des opportunités d’une valeur inestimable au niveau de la recherche et de l’apprentissage pour les professeurs et les étudiants et leur donnent l’occasion d’acquérir une expérience du secteur privé. Elles permettent aux universités de prendre le pouls du marché et, au besoin, d’adapter leurs activités de recherche et leurs programmes d’enseignement aux nouveaux besoins socio économiques. Parallèlement, les employeurs acquièrent, grâce à ces collaborations, une meilleure compréhension des nombreuses compétences acquises par les étudiants

dans le cadre d’une formation reçue dans un milieu axé sur la recherche, et la valeur de ces compétences pour le secteur privé.

Les entreprises tirent également profit des possibilités créées par la recherche fondamentale universitaire, qui peut mener à la transformation d’industries conventionnelles et à la conception de nouveaux produits et services révolutionnaires. Comme les travaux de recherche fondamentale peuvent s’étendre sur plusieurs décennies, l’investissement dans ce secteur n’est toutefois pas facilement justifiable dans les cycles de bénéfices trimestriels des entreprises du secteur privé. Prenons l’exemple des cellules souches – initialement découvertes par des chercheurs canadiens dans les années 19602 – qui jouent un rôle fondamental dans la recherche en médecine régénératrice ainsi que dans la recherche sur le cancer, faisant miroiter l’espoir de nouvelles thérapies, dont le remplacement d’organes et d’articulations. À partir de cette découverte canadienne, des chercheurs des États‑Unis ont récemment découvert que les cellules souches peuvent être cultivées à partir des cellules de la peau

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

d’une personne, ce qui permettrait d’effectuer des remplacements d’organes sans risque de rejet au sein d’un nouveau secteur nommé « génie tissulaire »3.

Étendue et importance de la collaboration entre les universités et les entreprises en matière de rechercheAu Canada, les partenariats université‑entreprise prennent différentes formes. Dans certains cas, les activités sont conjointes, par exemple dans le cadre des projets de recherche coopératifs, des stages et des échanges de chercheurs cofinancés. Dans d’autres cas, l’entreprise partenaire appuie, financièrement ou en nature, les activités de recherche d’une université sans participer directement à l’exécution ou à la gestion de la recherche ou du projet de formation lié à la recherche. Par exemple, les entreprises financent souvent des chaires industrielles et des bourses d’études attribuées à la suite d’un processus d’évaluation par les pairs. D’autres partenariats sont plus précisément axés sur des besoins définis par les entreprises, comme les recherches effectuées sous contrat par les universités pour des partenaires du milieu des affaires, les services

de consultation ou les demandes explicites de commercialisation de la propriété intellectuelle (PI) ou de découvertes.

Compte tenu de la grande variété des ententes de collaboration possibles entre les universités et leurs partenaires du secteur privé, mettre l’accent sur une seule forme de mobilisation du savoir ne permettrait pas de démontrer la richesse des relations établies entre ces secteurs au fil des décennies. C’est pourquoi, dans un certain sens, les données nationales disponibles concernant les liens en R‑D entre ces deux secteurs ne donnent qu’un aperçu partiel des partenariats existants. Elles aident cependant à illustrer la nature de ces liens et le progrès considérable accompli au fil des années. Les données les plus faciles d’accès, au Canada et à l’échelle internationale, concernent les investissements en recherche, le nombre de contrats de recherche exécutés, les parcs scientifiques universitaires, la gestion de la PI et le nombre de documents écrits en collaboration.

Sur le plan des investissements, le Canada se classe au premier rang parmi les pays du G7 relativement aux

Préserver les forêtsL’Université du Québec à Montréal aide les entreprises forestières à faire face aux répercussions de la commission gouvernementale de 2004, dont les recommandations ont bouleversé la méthode de coupe d’arbres dans les forêts de la province, qui sont publiques à 90 pour cent. Le Réseau de gestion durable des forêts de l’Université, de concert avec Ressources naturelles Canada et Abitibi-Consolidated inc., a conçu une nouvelle stratégie qui diviserait l’utilisation de la forêt en trois sections distinctes : conservation complète sans exploitation forestière, exploitation partielle fondée sur des facteurs écologiques et exploitation intensive. L’objectif consiste à replanter des arbres à un rythme qui favorisera une croissance plus rapide, réduisant ainsi le temps d’attente nécessaire entre deux coupes pour préserver la biodiversité et l’intégrité écologique des forêts. Ces solutions aident à conserver les forêts et leur importance dans l’économie du Québec.

Concevoir des maisons plus solidesLe Laboratoire de recherche pour des maisons plus solides, une installation de 6,8 millions de dollars située à la University of Western Ontario, est financé par la Fondation canadienne pour l’innovation, le Fonds pour la recherche en Ontario, le Bureau d’assurance du Canada et plusieurs organismes de l’industrie de la construction. Ce laboratoire a modélisé l’impact des conditions extrêmes sur une maison à échelle réelle en la soumettant aux effets du vent, de la neige et de la pluie. Les résultats de cette expérience permettent aux ingénieurs de concevoir des maisons plus solides et sécuritaires et de s’attaquer aux causes qui entraînent des coûts atteignant les 78 milliards de dollars par année attribuables aux dommages causés par les intempéries que les assureurs du monde entier doivent assumer.

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dépenses des entreprises consacrées à la recherche universitaire4. En 2007, les entreprises canadiennes ont investi 881 millions de dollars dans la recherche universitaire, soit 6,4 pour cent des dépenses de recherche du secteur privé. À noter que les investissements du secteur privé dans la recherche universitaire ont augmenté annuellement de 4,3 pour cent depuis six ans, malgré le fait que, au cours de la même période, le rythme de croissance des investissements des entreprises dans leurs propres activités de recherche ralentissait pour atteindre 0,3 pour cent par année en moyenne. Au total, le secteur privé a investi 6,5 milliards de dollars dans la recherche universitaire au cours de la dernière décennie.

En 2006, les universités ont entrepris 6 000 contrats de recherche5 pour des entreprises canadiennes et étrangères, dont la valeur est évaluée à 370 millions de dollars6. Le nombre de contrats a plus que doublé depuis 1999, année où les universités ont exécuté, pour le compte des entreprises, moins de 2 600 contrats de recherche, pour une valeur totale estimée à 153,8 millions de dollars7. Bien que considérable et croissante, la valeur monétaire

de ces contrats ne représente pas la pleine valeur de l’avantage concurrentiel généré pour les entreprises travaillant en partenariat avec les universités ni la valeur des bénéfices qui en découlent pour le Canada.

Par exemple, à la University of Western Ontario, un modeste contrat de recherche visant à créer une buse qui augmenterait l’efficacité des unités de cokéfaction fluide, une unité de traitement utilisée dans l’industrie des raffineries pour produire le pétrole synthétique, a engendré un important gain de productivité qui a permis à Syncrude, une entreprise de l’Alberta, d’économiser annuellement des millions de dollars depuis 2000, un rendement remarquable du capital investi par l’entreprise8. Officiellement, dans les statistiques nationales sur la recherche sous contrat et la commercialisation, la création de cette richesse n’est aucunement attribué à l’université, même si celle‑ci contribue de manière considérable à la compétitivité d’une industrie clé et, par extension, du pays.

Création d’un nouveau type de papierFort des investissements financiers et en équipements des gouvernements du Québec, du Canada, de l’industrie (Groupe GLV, Abitibi-Price, Smurfit-Stone, Kruger) et de la FCI, le Centre intégré en pâtes et papiers à l’Université du Québec à Trois-Rivières effectue, grâce à sa machine pilote bien instrumentée, des essais de recherche qui mènent à la création de nouveaux procédés de fabrication pour l’industrie. Seul centre de recherche en pâtes et papiers au monde construit au cours des 30 dernières années, le CIPP, ouvert en 2007, a développé un nouveau type de papier pour la compagnie Innergy Tech Inc. Le CIPP est la seule institution au monde à offrir sous un même toit l’enseignement du niveau collégial jusqu’au doctorat.

Des services à la clientèle améliorésDepuis plus de 17 ans, certaines des plus grandes institutions financières canadiennes, comme le Groupe financier Banque TD, le Groupe financier de la Banque Royale du Canada et le Groupe financier BMO, collaborent avec le Centre for Management of Technology and Entrepreneurship de la University of Toronto pour améliorer leurs services à la clientèle. Des recherches menées par des professeurs et des étudiants ont permis d’améliorer les méthodes de détection des fraudes par carte de crédit, un problème qui, selon la GRC, touche quelque 250 000 détenteurs de carte chaque année et se solde par des pertes dépassant les 200 millions de dollars. Les chercheurs ont également analysé et amélioré les technologies permettant de comparer les rendements dans le secteur des services financiers.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

La création de parcs et de grappes de recherche constitue un autre indicateur de croissance des partenariats de recherche universités‑entreprises. Ces parcs et ces grappes, souvent situés sur les campus ou à proximité, permettent à tous les secteurs de collaborer afin de favoriser l’innovation, la valorisation et la compétitivité économique. Une étude de 2007 effectuée par l’Association des parcs universitaires de recherche du Canada a dévoilé que les 25 parcs universitaires scientifiques et de recherche du Canada accueillent plus de 750 entreprises et centres de recherche de haute technologie qui, de leur côté, emploient plus de 39 000 personnes et rapportent annuellement plus de 3,8 milliards de dollars à l’économie nationale9.

De plus, la plupart des universités sont maintenant dotées d’un bureau de transfert de la technologie qui soutient les activités de valorisation et gère activement les droits de PI qui, pour la plupart, sont cédés à des entreprises du secteur privé ou utilisés pour fonder une nouvelle entreprise. De 1999 à 2006, la proportion d’universités canadiennes qui géraient activement leurs droits de PI est passée de 61 pour cent à 82 pour cent.

L’accroissement de la participation des universités à ce genre d’activités se réflète dans certains indicateurs de rendement de la valorisation. Le nombre d’inventions présentées par les chercheurs aux universités et aux hôpitaux universitaires affiliés a augmenté de 52 pour cent, passant de 893 en 1999 à 1 356 en 2006. Au cours de la même période, le nombre de nouvelles licences a fait un bond de 88 pour cent, passant de 232 à 437, alors que le nombre total de licences actives est passé de 1 915 à 2 038, une hausse de six pour cent. Pendant cette période, le nombre d’entreprises mises sur pied par les universités et les hôpitaux universitaires affiliés a augmenté de 49 pour cent pour atteindre 1 06810.

Un autre moyen d’évaluer les liens entre les universités et l’industrie consiste à analyser la quantité et la qualité des publications qui découlent de leurs collaborations. En 2005, 934 articles scientifiques canadiens portant sur les sciences naturelles, les sciences de la santé et l’ingénierie ont été coécrits par des auteurs provenant du secteur universitaire et du secteur privé, une augmentation de plus de 80 pour cent en 15 ans. Au cours de la même période, le pourcentage des articles

De l’espoir pour les patients atteints de la sclérose en plaquesLe géant de l’industrie pharmaceutique, Eli Lilly, et la société BioMS ont conclu un des plus importants marchés de ce domaine jamais vu au Canada, évalué à 500 millions de dollars. BioMS, une société dérivée créée par la Multiple Sclerosis Patient Care and Research Clinic de la University of Alberta, a été nommée entreprise de biotechnologie canadienne de l’année (en 2008). L’entente a permis de mettre sous licence un nouveau médicament mis au point par l’Université, qui peut retarder la progression de la sclérose en plaques pour une période pouvant atteindre cinq ans grâce au ciblage d’un gène présent chez près de 75 pour cent des patients du monde entier atteints par cette maladie. Au Canada seulement, la sclérose en plaques touche 75 000 personnes.

Réduire les risques de production de l’industrie aérospatialeGrâce à des systèmes logiciels et de l’équipement pouvant modéliser les processus de fabrication dans les moindres détails, des chercheurs de l’École Polytechnique de Montréal collaborent avec des entreprises aérospatiales pour concevoir et fabriquer de nouveaux produits. Dans leur laboratoire, évalué à 6,7 millions de dollars, les ingénieurs simulent tous les aspects de la planification et de la construction afin d’obtenir des estimations précises des coûts et de cibler les erreurs potentielles. Une telle stratégie, qui réduit les risques de production auxquels s’expose le fabricant, incite des joueurs majeurs de l’industrie, comme Pratt & Whitney et Bombardier, à appuyer les travaux effectués dans ce laboratoire depuis 15 ans.

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écrits par des auteurs du secteur privé en collaboration avec des auteurs universitaires est également passé de moins de 45 pour cent à plus de 55 pour cent. De plus, une étude récente a démontré que les articles canadiens coécrits par des chercheurs du secteur universitaire et du secteur privé avaient un facteur d’impact relatif moyen plus élevé que ceux écrits par des chercheurs du secteur privé seulement. La même étude a dévoilé que le nombre de citations relatif moyen des articles coécrits par des chercheurs du secteur universitaire et du secteur privé était supérieur à celui des articles écrits par des chercheurs issus uniquement de l’un de ces secteurs11.

Depuis les dernières années, on reconnaît davantage le besoin de comprendre pleinement la « circulation des cerveaux », à savoir la circulation bidirectionnelle des talents en recherche et des connaissances tacites qui découlent des partenariats université‑industrie. Les connaissances tacites ont été décrites comme le « grand entrepôt des connaissances non écrites, non dites et implicites… [fondées sur] les émotions, les expériences, l’introspection, l’intuition, les observations

et l’information emmagasinée12 ». Ces connaissances sont transmises par les interactions sociales et sont étroitement liées au contexte social13. Les partenariats en R‑D bien établis entre les universités et les entreprises contribuent à la transmission réussie des connaissances tacites de chacun des deux secteurs sous forme de connaissances explicites, lesquelles permettent d’améliorer le processus d’innovation et de créer de meilleures occasions de recherche et d’apprentissage.

En ce qui concerne la R‑D et les occasions d’apprentissage, l’Association canadienne de l’enseignement coopératif indique que plus de 80 000 étudiants sont inscrits à des programmes coopératifs au Canada et que plusieurs d’entre eux effectuent des stages dans le secteur privé14. Chaque année, les organismes subventionnaires fédéraux financent également le stage en entreprise de près de 1 000 étudiants. Ces chiffres tiennent compte des programmes de bourses d’études supérieures à incidence industrielle et de chercheurs‑boursiers en milieu industriel du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) qui, en 2006‑2007 seulement, ont conjointement permis à 730 étudiants aux cycles supérieurs d’acquérir de

La puce antiviolence offre soulagement aux parentsGrâce à un dispositif inventé à la Simon Fraser University, et la société dérivée qui le commercialise dans le monde entier, les parents peuvent configurer des codes de verrouillage pour éviter que leurs enfants ne tombent sur des scènes de sexe, de violence ou de blasphème sur toute chaîne de télévision. Baptisée puce antiviolence, cette technologie suscite critiques et éloges depuis son lancement au début des années 1990. Quoi qu’il en soit, une loi américaine requiert que les téléviseurs fabriqués après 1999 soient dotés de cette puce et, depuis 2006, que tous les récepteurs numériques satisfassent également à cette exigence. Établie à Scarborough, en Ontario, Tri-Vision International Ltée a déjà touché plus de 18 millions de dollars en redevances exclusivement pour la licence de sa puce.

LevulanMD détruit des cellules cancéreusesUn partenariat entre des chercheurs du Collège militaire royal du Canada, de l’Université Queen’s et d’une société pharmaceutique du Massachusetts a donné naissance à une technologie qui utilise la lumière pour détruire les tissus potentiellement cancéreux. DUSA Pharmaceuticals commercialise à présent LevulanMD, un médicament qui élimine la kératose sénile, un amas de cellules pouvant se transformer en cancer de la peau. Le traitement consiste à exposer ces cellules à des doses de lumière visible, dans le cadre d’une thérapie. Depuis son lancement en 2000, les ventes de LevulanMD sont passées de un million à près de 25 millions de dollars annuellement. En 2007, à Kingston, les chercheurs ont reçu le prestigieux Prix principal EnCana d’une valeur de 100 000 $ de la Fondation des Prix Ernest C. Manning.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

l’expérience en recherche au sein d’entreprises15. De plus, le programme de stage en R‑D industrielle, mis en place au printemps 2008, soutiendra 1 200 stagiaires au cours de ses deux premières années d’existence. Ce programme jumellera des étudiants aux cycles supérieurs et des titulaires de bourses postdoctorales à des organisations du secteur privé où ils effectueront un stage de recherche.

Afin de mesurer l’étendue et l’importance de leurs partenariats, certaines universités et entreprises commencent également à effectuer un suivi des stages en entreprise, des stages dans le cadre de programmes coopératifs offerts aux étudiants, ainsi que de l’embauche des diplômés universitaires. Bien que ces données soient souvent de portée limitée et qu’elles ne couvrent que quelques années, elles représentent les premiers pas vers la documentation d’un des plus grands avantages des partenariats entre le secteur universitaire et le secteur privé. À la University of Waterloo, par exemple, 13 000 étudiants ont été admis dans des programmes coopératifs en 2007‑2008, et 75 pour cent des stages ont été effectués au sein du secteur privé16.

Research in Motion, qui fabrique le très populaire appareil Blackberry, offre chaque année des centaines de stages aux étudiants des programmes coopératifs et embauche régulièrement des diplômés des universités locales. Comme Mike Lazaridis, fondateur de l’entreprise, l’a expliqué dans un article publié en 2005 dans le magazine Affaires universitaires : « Depuis la création de Research In Motion il y a une vingtaine d’années, nous avons breveté deux technologies mises au point par le milieu universitaire, à savoir le chiffrement et la compression des données. Au cours de cette même période, j’ai embauché plus de 5 000 étudiants : étudiants inscrits à un programme coopératif, stagiaires et diplômés du premier, deuxième ou troisième cycle. J’ai même embauché des professeurs. Ainsi, si vous voulez comprendre comment la commercialisation se produit, dites‑vous que c’est grâce à ces diplômés qui sortent des universités chaque année17. » [Traduction libre]

Les données obtenues grâce au suivi des stagiaires en recherche et des nouveaux chercheurs effectué par les établissements et les entreprises, comme celles recueillies dans la région de Waterloo, suggèrent

La technologie au secours de l’industrie minièreUn logiciel élaboré en collaboration avec l’Université Laurentienne permet aux exploitants miniers d’évaluer les moyens les plus efficaces et rentables d’extraire le minerai du sol en quelques heures seulement. Ce processus complexe exigeait auparavant des mois, mais les étudiants, les professeurs, de concert avec les employés de Mining Innovation, Rehabilitation and Applied Research Corporation (MIRARCO), ont pu tirer parti de puissants algorithmes informatiques fondés sur la façon dont l’évolution et la sélection naturelle trient les différentes possibilités créées par diverses combinaisons de gènes. MIRARCO, une entreprise de services à but non lucratif fondée par la Laurentienne en 1998, a rassemblé des intervenants de l’Université et des secteurs public et privé pour relever des défis liés à la gestion de projet et aux pratiques exemplaires dans le secteur minier.

Analgésique écologiqueLes chercheurs de la Brock University aident Johnson & Johnson à rendre la fabrication de médicaments plus écologique. Depuis 2006, Noramco, filiale de la société, a consacré plus de 350 000 $ à l’élaboration de nouveaux modes de production des principes actifs qui composent les principaux analgésiques, comme ceux de marque Tylenol. Les travaux de recherche devraient permettre de réduire substantiellement les résidus dommageables résultant de la synthèse chimique traditionnelle. Cette amélioration devrait avoir d’importantes retombées, puisque l’on prévoit que la valeur du marché mondial des analgésiques atteindra 75 milliards de dollars d’ici 2010. À ce jour, les travaux en chimie « verte » ont donné lieu à l’enregistrement de trois brevets et à la conclusion du premier contrat de licence entre la Brock University et une société pharmaceutique.

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que les relations de recherche les plus importantes et productives entre les universités et les entreprises sont souvent le résultat de la mobilisation du savoir issu de l’échange d’idées apportées par les diplômés universitaires. Ces diplômés jouent à la fois le rôle d’« émetteurs », au sein du secteur privé, des nouvelles connaissances générées dans les universités, et de « récepteurs » de connaissances acquises dans le secteur privé qu’ils rapporteront dans les universités. Ils constituent également des atouts précieux pour l’application du savoir étant donné leur connaissance et leur compréhension des cultures des deux milieux et leur motivation à participer à la R‑D.

Programmes et mécanismes de soutien de la collaboration entre les universités et les entreprises en matière de rechercheAu cours des 20 dernières années, de nombreux programmes et mécanismes ont été créés par le gouvernement fédéral pour appuyer la collaboration entre les universités et les entreprises. Le programme Réseaux de centres d’excellence (RCE), mis sur pied par le gouvernement du Canada en 1989, et devenu permanent en 1997, rassemble les capacités de recherche des universités, le savoir‑faire de l’industrie et les investissements des entreprises dans des domaines d’importance stratégique pour le Canada. En 2006‑2007 seulement, 830 organisations du secteur privé ont pris part à des projets financés par les RCE et réalisés en collaboration avec des universités canadiennes qui participent à la recherche et accueillent ces réseaux sur les campus d’un bout à l’autre du pays18.

Au cours des cinq dernières années, le nombre d’entreprises participant aux RCE a augmenté de 40 pour cent19. Les partenariats entre les RCE et l’industrie aident certaines entreprises à demeurer concurrentielles, et d’autres, à lancer de nouveaux produits. À titre d’exemple, Magna Aftermarket inc. a introduit sur le marché le ClekMC, un nouveau siège d’appoint sans dossier dont la création découle de la recherche effectuée par le réseau AUTO21. Le siège d’appoint ClekMC, qui a reçu un prix iParenting Media pour sa sécurité et sa commodité, est maintenant vendu au Canada et aux États‑Unis20.

Les RCE dirigés par les entreprises sont la plus récente extension du programme des RCE. Ce programme appuie les réseaux de coopération à grande échelle en se concentrant sur l’innovation dans le secteur privé, mais requiert la participation « des chercheurs spécialistes du monde universitaire, du gouvernement et/ou du secteur privé les plus à même de mener à bien le projet21 ». Dans le cadre d’un concours qui aura lieu en 2009, ce projet fournira 46 millions pour la création d’un maximum de cinq nouveaux centres d’excellence22.

Récemment, le gouvernement fédéral a également mis sur pied le programme Centres d’excellence en commercialisation et en recherche. Chaque centre choisi recevra 15 millions de dollars répartis sur cinq ans pour financer un centre d’expertise en commercialisation et en recherche reconnu à l’échelle internationale. À ce jour, 18 centres ont été sélectionnés, desquels 11 doivent obtenir un minimum de 25 pour cent de leur financement de sources non fédérales, incluant le secteur privé. Ce programme vise en partie à faciliter et à stimuler la création de liens entre le secteur universitaire et le secteur privé et à inciter les entreprises à investir davantage dans les sciences et la technologie23.

Les organismes subventionnaires ont mis sur pied un certain nombre de programmes qui incitent les universités et les entreprises à établir des relations de recherche et les aident à le faire. Chaque année, le CRSNG fournit environ 150 millions de dollars en fonds de contrepartie pour appuyer des partenariats entre entreprises et établissements d’enseignement supérieur24. Selon John Mann, ancien directeur de l’ingénierie et des affaires réglementaires à Daimler Chrysler, Canada, ce type de partenariats « aide les entreprises à réduire les risques, en particulier en ce qui concerne la recherche fondamentale à long terme qui ne pourrait autrement être réaliste d’un point de vue strictement commercial25 ». En 2007‑2008, plus de 1 400 organisations du secteur privé ont collaboré avec des universités grâce à l’assistance du CRSNG26. Les subventions de recherche et développement coopérative (37,6 millions de dollars pour 630 subventions en 2006‑2007) et les professeurs‑chercheurs industriels (21,4 millions de dollars pour 142 chaires en 2006‑2007) sont deux programmes clés du CRSNG visant à soutenir ces partenariats27.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) ont également mis en place un certain nombre de mécanismes pour favoriser l’établissement de relations de recherche entre les universités et les entreprises. Parmi ceux‑ci figurent des investissements d’environ 25 millions de dollars dans des programmes de valorisation et d’innovation28. Par exemple, le Programme de démonstration des principes, qui a versé six millions de dollars pour 39 subventions en 2006‑2007, permet aux chercheurs de transformer leurs découvertes en technologies commercialisables29. Les Programmes de recherche IRSC/Rx&D et IRSC/PME (petites et moyennes entreprises) sont quant à eux conçus pour aider les chercheurs universitaires à interagir avec les entreprises manifestant un intérêt pour la recherche en santé. De 1999‑2000 à 2006‑2007, les IRSC ont versé environ 40 millions de dollars par l’intermédiaire du Programme IRSC/Rx&D, somme à laquelle s’ajoutent environ 110 millions de dollars provenant de partenaires industriels30.

Alors que la plupart des programmes coopératifs du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) font appel à des partenariats avec des organismes à but non lucratif ou gouvernementaux, les écoles de commerce collaborent, pour leur part, principalement avec des organisations du secteur privé. Le nombre de partenariats entre les universités et les entreprises financés par le CRSH devrait augmenter dans un proche avenir, car le Conseil a récemment lancé un éventail de projets dans les domaines de la gestion, des affaires et des finances. Ces projets font suite au budget de 2007 qui annonçait que les nouvelles ressources du CRSH pour 2007‑2008 seraient principalement consacrées aux domaines de la gestion, des affaires et des finances. Dans le cadre de ses programmes existants, le CRSH a mis sur pied cinq projets spéciaux pour l’année 2007‑2008, et il élabore actuellement une stratégie d’investissement à long terme dans ces domaines.

Les trois organismes subventionnaires ont aussi collaboré au lancement, en 2001, du Programme de mobilisation de la propriété intellectuelle visant à accélérer la mobilisation des connaissances et des technologies créées dans les universités canadiennes. Ce programme a permis de verser 18 millions de dollars à 88 projets en 2006‑200731. Les subventions pour la mobilisation de la PI ont pour objectif de renforcer la capacité des établissements à gérer leur PI, à attirer des utilisateurs potentiels, y compris des entreprises, et à

promouvoir la formation professionnelle de personnel spécialisé en PI par l’intermédiaire d’un réseau.

La FCI et Génome Canada appuient également la création de liens entre le secteur universitaire et le secteur privé. Les deux organisations ont recours à un mécanisme de financement conjoint pour des projets de recherche nécessitant de multiples sources de financement. De manière générale, la FCI finance 40 pour cent des coûts liés à l’infrastructure de recherche, et les gouvernements provinciaux versent une somme à peu près équivalente. Depuis la création de la FCI en 1997, jusqu’au 31 mars 2008, plus de 12 pour cent du soutien accordé aux projets appuyés par la FCI (870 millions de dollars sur 4,2 milliards)32 a été accordé par le secteur privé. De manière semblable, Génome Canada, qui assume en moyenne 46 pour cent des coûts de ses projets, estime la contribution du secteur privé à 10 pour cent en moyenne, ce qui équivaut, au total, à plus de 150 millions de dollars depuis la fondation de l’organisme en 200033. L’engagement du secteur privé manifesté par son soutien financier ou en nature envers les projets de la FCI et de Génome Canada accroît l’interaction entre les universités et l’industrie et favorise la collaboration intersectorielle dans le cadre de projets de recherche.

Le Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) constitue une autre source de soutien des partenariats entre les universités et les entreprises. Offert par un réseau de plus de 260 professionnels répartis dans de nombreux campus au Canada, le Programme du CNRC soutient les PME qui mènent des activités liées à l’innovation ou axées sur la technologie34. Le Programme adapte ses services à la composition géographique, socioéconomique et industrielle des PME de façon à satisfaire leurs besoins en matière de développement. Ils fournissent des services consultatifs, de l’expertise technologique, de l’assistance financière et des références à des experts en recherche canadiens, y compris à ceux qui travaillent dans les universités.

Les programmes susmentionnés représentent un échantillon des projets mis en place au cours des dernières années pour favoriser la création de liens entre les universités et les entreprises. Ils ont été créés parce qu’il est reconnu que de tels liens engendreront au fil du temps des avantages importants, tant pour les

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partenaires de recherche que pour le Canada tout entier. Dans bien des cas, ces projets d’initiative fédérale s’ajoutent à des projets d’initiative provinciale qui visent également à renforcer la collaboration entre le secteur universitaire et le secteur privé. Les provinces utilisent divers moyens pour atteindre cet objectif : elles financent des projets de recherche auxquels participent des partenaires des deux secteurs, mettent sur pied des mécanismes financiers permettant la valorisation de la recherche universitaire et offrent aux étudiants des possibilités d’apporter leur contribution et d’apprendre au sein d’entreprises du secteur privé par l’intermédiaire de programmes de stages.

Collaboration entre les universités et le gouvernement en matière de reCherChe

Raison d’être de la collaborationAu Canada, il existe une longue tradition de collaboration entre le gouvernement fédéral et les chercheurs universitaires. Bien que les mandats de recherche des chercheurs universitaires soient différents de ceux du gouvernement, ils visent un certain nombre d’objectifs complémentaires qui les amènent naturellement à collaborer. Parmi ces complémentarités figurent le développement à long terme de la base de connaissances axées sur les découvertes du Canada, la diffusion auprès de la population canadienne des derniers progrès en matière de recherche, la gérance des principales installations nationales de recherche et la contribution aux politiques gouvernementales relatives à des priorités telles que la santé et la sécurité des Canadiens, l’environnement, le développement économique régional et national35.

Constituer un stock de géniteurs de morueDes chercheurs d’Atlantic Cod Genomics et du Broodstock Development Program travaillent avec l’industrie de l’aquaculture des provinces de l’Atlantique à revitaliser la pêche à la morue en identifiant et sélectionnant des stocks de géniteurs. Des programmes de reproduction sélective établis au Huntsman Marine Science Centre, au Nouveau-Brunswick, et au Ocean Sciences Centre de la Memorial University mesurent et évaluent certaines caractéristiques spécifiques à l’industrie de la morue afin de voir s’il est possible de les incorporer dans de futurs programmes d’élevage pour assurer la qualité, la santé et la croissance rapide des stocks de géniteurs locaux. Ils visent également à assurer que les industries provinciales en bénéficient. Financé par Génome Atlantique, ce projet, d’une valeur de 18 millions de dollars, regroupe la University of New Brunswick, la University of Guelph et la University of British Columbia, ainsi que des partenaires de l’industrie, du secteur à but non lucratif et du gouvernement.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

En outre, un certain nombre d’avantages mutuels peuvent découler du renforcement des relations de recherche entre le gouvernement et les universités, dont un accès amélioré aux ressources humaines, physiques et financières et une meilleure exploitation de celles‑ci, un élargissement de l’éventail des recherches et une réduction du chevauchement dans les activités de recherche. Le resserrement des liens entre le gouvernement et les universités peut également stimuler le développement économique en permettant la création et la croissance de grappes de R‑D, particulièrement si les lieux de collaboration en matière de recherche se situent à proximité de partenaires industriels clés.

Grâce à ces collaborations, les ministères et les organismes gouvernementaux peuvent accéder facilement à des experts universitaires dans tous les domaines, ce qui leur permet de se tenir au courant de l’évolution rapide des progrès en sciences et technologie et de prendre des décisions éclairées en matière de politiques et de règlements. Les collaborations de recherche avec les universités favorisent également la diffusion et

la mobilisation du savoir et aident à « faciliter la coordination et la synthèse des résultats scientifiques, ainsi que l’uniformisation des normes, des définitions et des protocoles pour la communication de données dans toutes les organisations et les disciplines36 ». Mais surtout, de telles collaborations permettent l’interaction avec des étudiants et des professeurs talentueux qui pourraient un jour travailler avec ou pour le gouvernement.

Les universités profitent aussi grandement de la collaboration avec les chercheurs gouvernementaux, car elle accroît les possibilités de recherche et d’apprentissage pour leurs professeurs et leurs étudiants. Ces collaborations leur facilitent en effet l’accès aux chercheurs gouvernementaux, aux opérateurs et aux techniciens experts ainsi qu’aux installations de recherche gouvernementales. Elles peuvent également mener à la modernisation et à la remise à neuf de l’infrastructure universitaire ainsi qu’à des occasions pour les universités de créer des créneaux d’excellence pouvant attirer et retenir sur les campus des professeurs, des étudiants aux cycles supérieurs et un personnel d’administration de la recherche exceptionnels37.

Prévenir les invasions d’espèces envahissantesLe Canadian Aquatic Invasive Species Network, un consortium national basé au Great Lakes Institute for Environmental Research à la University of Windsor, regroupe plus de 30 chercheurs provenant de 21 universités, de cinq laboratoires du ministère des Pêches et des Océans, d’agences gouvernementales et de ministères provinciaux, ainsi que des partenaires du secteur privé. Lancé en 2006 et financé principalement par le CRSNG, ce projet d’une durée de cinq ans formera quelque 50 étudiants et boursiers de recherches postdoctorales et réalisera la première étude exhaustive sur les espèces aquatiques envahissantes. Le réseau établira les processus d’invasion afin de pouvoir prédire et prévenir les futures invasions tout en minimisant les effets de ces menaces sur les écosystèmes lacustres, côtiers et des rivières. Les travaux ont déjà permis d’adopter de nouveaux règlements et politiques relatifs à l’entrée des bateaux dans la voie maritime du Saint-Laurent.

Des produits de santé naturels sûrs et efficacesLa University of Alberta et l’Université d’Ottawa collaborent avec Santé Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada pour améliorer la sécurité et l’efficacité des médicaments et instruments médicaux lorsqu’ils sont combinés avec des produits de santé naturels. Les produits de santé naturels sont utilisés par un grand nombre de Canadiens, bien que très peu d’information scientifique soit disponible concernant leur capacité à améliorer et à rétablir la santé, et leurs interactions négatives potentielles avec des médicaments reconnus. Les recherches effectuées, mais peu publicisées, ont déjà permis de démontrer les avantages ou les risques sérieux que peuvent causer certaines interactions entre des médicaments et des produits de santé naturels. Ces observations sont contenues dans les douzaines de documents de recherche et de présentation par affiches auxquels cette démarche a donné lieu.

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En 2007, le gouvernement fédéral a souligné son intention de « s’attaquer vigoureusement aux obstacles qui nuisent à l’augmentation des collaborations stratégiques en S et T [sciences et technologie] entre les ministères et organismes fédéraux ainsi qu’entre le milieu fédéral des S et T et les universités, l’industrie et le secteur des organismes sans but lucratif » et « d’explorer et d’élaborer de nouveaux modèles de collaboration en S et T entre les ministères et organismes fédéraux et les autres secteurs38 ». Le gouvernement souhaite s’engager dans davantage de projets collaboratifs pour de multiples raisons dont la détérioration de l’infrastructure physique des installations de recherche fédérales, les pressions pour le transfert de ces installations un peu partout au pays et le départ à la retraite récent ou imminent d’un nombre considérable de scientifiques au service du gouvernement fédéral. Le débat sur les mécanismes de diffusion de la R‑D et l’obligation politique d’intégrer davantage la recherche gouvernementale fédérale grâce à des approches axées sur les réseaux et sur le marché y sont aussi pour quelque chose39.

Afin de répondre à ces préoccupations, le gouvernement fédéral a mis sur pied un groupe d’experts indépendants chargés de cerner les meilleurs moyens d’harmoniser la gestion, les installations physiques et les ressources humaines des installations de recherche du gouvernement fédéral avec ceux des secteurs universitaire et privé. Le groupe devait proposer des moyens d’exploiter plus efficacement les capacités scientifiques du gouvernement, des universités et de l’industrie au profit des Canadiens. Les objectifs établis consistaient à augmenter la valeur ou le rendement des investissements fédéraux en matière de sciences et de technologie, à améliorer la qualité des activités scientifiques en favorisant l’excellence en recherche, à accroître les occasions d’apprentissage et de transmission du savoir et à améliorer la compétitivité économique du Canada40.

Le rapport du groupe d’experts, Partenariats intersectoriels pour les laboratoires fédéraux à vocation non réglementaire, publié en juin 2008, contient une analyse des tendances actuelles et du rôle des activités fédérales en sciences et technologie; un examen des

Un système submersible infatigableUne collaboration entre le ministère fédéral des Pêches et des Océans, l’Université du Québec à Rimouski et Multi-Électronique inc., une entreprise d’équipement électronique située à Rimouski, a donné lieu à la création d’un outil puissant qui permet d’effectuer et de conserver pendant longtemps des enregistrements des sons des mammifères marins du fleuve Saint-Laurent. Grâce à cet outil, il est maintenant possible d’étudier l’impact de la pollution attribuable aux sonars de navires commerciaux sur les baleines et les mammifères marins ainsi que les incidences écologiques du forage pétrolier sous-marin. Connu sous le nom de Autonomous Underwater Recorder for Acoustic Listening (AURAL), ce système submersible « infatigable » conserve soigneusement son énergie pendant plusieurs mois pour recueillir des données considérables sur le comportement des mammifères marins.

Comment limiter l’exposition aux contaminants toxiquesDes chercheurs de l’Université de Montréal et de l’Hôpital Sainte-Justine ont entrepris une étude pancanadienne portant sur 2 000 femmes enceintes afin de déterminer leur exposition à divers agents chimiques. Ce programme de 4,1 millions de dollars étalé sur cinq ans, nommé Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l’environnement (MIREC), est né d’une collaboration entre Santé Canada, les IRSC, le ministère ontarien de l’Environnement et des chercheurs de 10 villes canadiennes. Les données recueillies permettent d’évaluer les risques environnementaux pour la santé et d’établir de nouvelles mesures visant à réduire la propagation des contaminants toxiques et à limiter l’exposition à ces derniers. Quelques mesures ont déjà été mises en œuvre dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques du gouvernement fédéral.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

liens qui unissent les laboratoires fédéraux, les universités et le secteur privé; des études de cas internationales; une typologie des ententes de gestion; et un cadre pour l’établissement et l’évaluation des ententes de gestion pour les laboratoires fédéraux. Il recommande des modèles « reposant sur une étroite intégration des travaux des scientifiques des trois secteurs dans le cadre d’un programme de R‑D relevant d’une seule structure de gestion41 ». Cette intégration peut être atteinte soit par la gestion et le parrainage conjoints, soit par le transfert à une entité non gouvernementale. À la suite d’un appel de propositions déposé à l’automne 2007, le rapport identifie également cinq laboratoires à considérer en tant que premiers candidats pour l’établissement de nouvelles ententes de gestion42.

Étendue et importance de la collaboration entre les universités et le gouvernement en matière de rechercheSelon une enquête préliminaire effectuée par l’AUCC en 2006, des travaux de recherche coopératifs sont en cours dans près de 80 installations de recherche fédérales ou installations mixtes (fédérales et universitaires) situées

sur 33 campus, ou à proximité. Ces installations emploient environ 3 375 chercheurs fédéraux. Selon la même enquête, c’est le CNRC qui en possède le plus grand nombre, suivi de loin par Agriculture et Agroalimentaire Canada, Environnement Canada et Ressources naturelles Canada. Statistique Canada base aussi ses centres de données de recherche sur des campus de l’ensemble du pays, ce qui permet aux chercheurs, particulièrement dans le domaine des sciences humaines et sociales, d’accéder à une abondance de données dans un contexte rigoureusement contrôlé qui garantit le respect de la confidentialité43.

Par ailleurs, plusieurs centaines de chercheurs gouvernementaux enseignent à des étudiants universitaires ou les supervisent, en qualité de professeurs adjoints, et ce, dans tout le Canada. Ainsi, en 2006‑2007, Ressources naturelles Canada a révélé que 288 scientifiques fédéraux supervisaient 675 étudiants44. Le nombre de publications coécrites par des auteurs des universités et du gouvernement fédéral a également augmenté depuis les 10 dernières années. En recherche environnementale, par exemple, 51 pour cent des documents produits par les

Le satellite canadien SCISAT-1 étudie la couche d’ozoneDes chercheurs de partout au monde, sous la direction du professeur Peter Bernath de la University of Waterloo utilisent le satellite canadien SCISAT-1 pour mieux comprendre l’épuisement de la couche d’ozone, surtout au-dessus de l’Arctique. Conçu, fabriqué et déployé grâce à un partenariat entre des universités canadiennes, des chercheurs de partout au monde, du secteur privé et du gouvernement, ce projet est soutenu par l’Agence spatiale canadienne, la NASA et l’Agence spatiale européenne. Les résultats provenant du SCISAT-1, lancé en 2003, servent à surveiller et à analyser les effets des règlements qui visent à contrôler les émissions et l’utilisation de certains chimiques nocifs pour la couche d’ozone de la Terre, comme le protocole de Montréal.

Des vaches en santé et productivesSitué au cœur de la région laitière de la Colombie-Britannique, le Dairy Education and Research Centre a formé plus de 150 personnes provenant de 25 pays depuis sa création en 1998 par la University of British Columbia et Agriculture et Agroalimentaire Canada. Ce Centre a approfondi le bassin des connaissances sur le bien-être des animaux et les conditions optimales de soins à apporter aux vaches afin de les rendre productives. L’Université s’est engagée à accorder plus de deux millions de dollars à l’installation, alors que la province, par l’entremise de son fonds pour le développement des connaissances, lui a alloué plus de 500 000 $. L’entreprise Westgen, chef de file de l’insémination de bovins, et Agriculture et Agroalimentaire Canada se sont engagés à contribuer plus de 550 000 $ pour mettre sur pied une étable de recherche consacrée aux veaux. Les chercheurs du Centre ont publié plus de 250 articles dans des revues scientifiques et spécialisées.

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scientifiques d’Environnement Canada ont été écrits en collaboration avec des chercheurs universitaires canadiens en 200445.

La collaboration de recherche entre les universités et le gouvernement au Canada varie selon le type d’installations et leur emplacement, le degré de participation de l’industrie locale, la propriété et la gestion des installations, le but et les résultats attendus de la recherche et l’harmonisation de la recherche avec les priorités gouvernementales. Dans certains cas, l’emplacement des grands laboratoires de recherche fédéraux sur les campus ou à proximité favorise la collaboration. Tel est le cas du Centre canadien de la science pour la santé humaine et des animaux, du gouvernement fédéral, exploité conjointement par l’Agence de la santé publique du Canada et l’Agence canadienne d’inspection des aliments et situé à côté de la faculté de médecine de la University of Manitoba, à Winnipeg. La construction du Centre, dans lequel les chercheurs universitaires et gouvernementaux mènent des projets de recherche conjoints, a été terminée en 1997. Il s’agit de la première installation au monde à combiner des laboratoires de recherche sur les maladies

humaines et animales du niveau le plus élevé de bioconfinement, à savoir le niveau de biosécurité 446.

Dans d’autres cas, la collaboration est basée sur des ententes moins formelles qui nécessitent le partage de l’équipement et des installations de recherche. Par exemple, des chercheurs universitaires et gouvernementaux partagent les laboratoires et la bibliothèque du Centre de foresterie de l’Atlantique du Service canadien des forêts situé à la University of New Brunswick, à Fredericton, et au Grenfell College de la Memorial University of Newfoundland, à Corner Brook. De même, les étudiants de la Carleton University profitent des occasions de recherche et de formation que leur offre le Centre canadien de fabrication de dispositifs photoniques du CNRC, à Ottawa. Le rôle de l’université varie selon le type de collaboration. Il peut comprendre l’administration des installations gouvernementales, la gestion de projets de recherche ou la surveillance des composantes d’éducation ou de formation, ou encore la participation directe à la prise de décisions concernant, par exemple, la PI ou la valorisation47.

Étude de la sûreté des eauxLe Alberta Ingenuity Centre for Water Research, une initiative panalbertaine, réunit des chercheurs de la University of Alberta, la University of Calgary et la University of Lethbridge qui se penchent sur les questions les plus pressantes en matière de recherche hydrologique. Des équipes de recherche composées d’experts provenant des universités, des gouvernements et de l’industrie étudient des pistes de solution aux problèmes de quantité et de qualité de l’eau – du débit fluvial minimal nécessaire pour conserver l’écologie des rivières, à la sûreté des eaux usées, jusqu’à l’incidence socioéconomique de l’écologie hydrique. La University of Lethbridge chapeautait le projet sur le plan administratif. En octobre 2008, son programme de recherche hydrologique s’installera dans un nouvel édifice réservé aux sciences de l’eau et de l’environnement, dont les installations de pointe constituent un investissement de 28 millions de dollars des gouvernements de l’Alberta et du Canada.

La coopération pour la coalimentation de sources d’énergie écologiquesL’Atikokan Bioenergy Research Centre, une initiative de la Lakehead University, améliore le procédé de combustion de la biomasse dans le processus de la coalimentation, c’est-à-dire la combustion simultanée de deux matières. Le centre réunit des chercheurs issus de quatre universités, dont une université japonaise, du gouvernement fédéral, du Centre canadien de la technologie des minéraux et de l’énergie, ainsi que des représentants d’Ontario Power Generation (OPG) et de Superior Thermowood. Compte tenu des préoccupations croissantes à l’égard de l’environnement, de l’épuisement reconnu des réserves de combustibles fossiles et de la politique ontarienne visant à remplacer toutes les centrales énergétiques alimentées au charbon d’ici 2014, le groupe travaille à élargir les perspectives commerciales de la combustion de la biomasse. Source d’énergie renouvelable, la biomasse est considérée comme étant « neutre en carbone » puisque le carbone émis est réabsorbé par les plantes.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Programmes et mécanismes de soutien de la collaboration entre les universités et le gouvernement en matière de rechercheLe financement visant à soutenir la collaboration entre les universités et le gouvernement est en grande partie inscrit aux budgets des ministères et des organismes gouvernementaux fédéraux. Dans certains cas, ces ministères et organismes gèrent des programmes particuliers qui financent directement les partenariats coopératifs, par exemple Agriculture et Agroalimentaire Canada qui gère le Programme d’innovation en matière de bioproduits agricoles (PIBA). Mis sur pied en 2006 grâce à un investissement de 145 millions de dollars sur cinq ans, le Programme appuie des réseaux de recherche existants et nouveaux et favorise la création de grappes dans tous les secteurs afin de permettre l’évolution de produits et de processus tels que les biocarburants, d’autres formes de bioénergie, les matériaux industriels ainsi que les produits biochimiques, médicaux et à finalité nutritionnelle. L’annonce des premiers réseaux soutenus par le PIBA sera faite à l’automne 2008. Des universités canadiennes de partout au pays y participeront48.

Le Programme des adjoints de recherche (PAR), mis sur pied par la Commission de la fonction publique du Canada pour fournir aux étudiants de niveau postsecondaire de l’expérience en recherche (aux étapes de l’élaboration, de l’exécution et de l’évaluation) en leur offrant un soutien à la rémunération, des allocations ou des bourses, constitue un autre exemple de projet gouvernemental visant à accroître la collaboration avec les universités. Depuis ses débuts en 2005, le PAR a été mis en œuvre dans neuf ministères et organismes fédéraux et a permis l’embauche du nombre impressionnant de 200 étudiants, principalement au niveau de la maîtrise et du doctorat49. Le programme vise à aider les ministères et les organismes à atteindre leurs objectifs en matière de sciences et de technologie et à former du personnel hautement qualifié.

De même, en 2006‑2007, le CNRC était engagé dans 899 ententes de collaboration officielles en vigueur au Canada. Ces ententes faisaient appel à 692 partenaires, dont 136 avec des universités canadiennes50. Plusieurs instituts et programmes du CNRC, particulièrement les 11 projets de grappe technologique, resserrent les liens entre le gouvernement et les universités. Par exemple, 14 universités participent à la grappe des technologies des piles à combustible et de l’hydrogène du CNRC, située à Vancouver, qui fournit presque 70 pour cent des quelque 1 400 emplois dans le domaine au Canada. En 2006, pour répondre aux besoins changeants de cette grappe technologique, le CNRC a procédé à un transfert vers une nouvelle installation de recherche évaluée à 19 millions de dollars et située sur le campus de la University of British Columbia. Les partenariats avec la University of British Columbia, la Simon Fraser University et la University of Victoria aident à former du personnel hautement qualifié pour l’industrie locale, à regrouper des entreprises dans le domaine des technologies des piles à combustible et de l’hydrogène et à exploiter les ressources disponibles51.

Même si les ministères et les organismes fédéraux ne reçoivent pas directement le financement de la FCI, de Génome Canada et des programmes et projets des trois organismes comme les RCE, ces organisations et programmes ont contribué à renforcer les liens entre les universités et les ministères et organismes fédéraux, qui sont souvent des collaborateurs clés au sein de projets de recherche d’envergure. Par exemple, en 2006‑2007, 171 organismes fédéraux ont noué des partenariats dans

Emballage astucieuxEn Amérique du Nord, chaque année, pas moins de 50 pour cent des produits des récoltes destinés à la vente – un marché de trois milliards de dollars – sont abîmés à l’étape de la manutention et du transport, au point de ne plus convenir à la vente lorsqu’ils arrivent à l’épicerie. Les chercheurs de l’Université Laval et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada ont ciblé plusieurs sources de pertes évitables (p. ex. aération insuffisante dans les conteneurs, vibration excessive, pression). En partenariat avec IPL inc., un chef de file dans la fabrication de plastiques, ils ont conçu un système d’emballage, appelé SMART CRATE, qui améliore la préréfrigération et réduit les coûts d’emballage de 80 pour cent. Bénéficiant d’un temps d’entreposage accru et d’une meilleure protection des produits récoltés, les agriculteurs peuvent ajuster leur production en fonction de la demande et pénétrer des marchés spécialisés.

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le cadre de RCE dirigés par des universités canadiennes une hausse de 130 pour cent en cinq ans52. En outre, des chercheurs du ministère des Pêches et des Océans (MPO) et de Génome Atlantique dirigent conjointement un projet qui a nécessité des investissements de 18 millions de dollars et auquel participent des partenaires de tous les secteurs. Ce projet fait appel aux technologies génomiques et aux méthodes d’élevage sélectif afin d’augmenter le stock de géniteurs au sein des bancs de morues de l’Atlantique et, ainsi, d’aider au maintien de la croissance et de la stabilité de l’industrie canadienne de l’aquaculture53.

Lorsque les installations fédérales de recherche sont situées sur les campus ou à proximité, les universités fournissent habituellement le terrain ou l’infrastructure et contribuent financièrement à la collaboration. Dans certains cas, la propriété des installations physiques est cédée à l’université. Celles‑ci sont ensuite louées au gouvernement à peu de frais ou gratuitement. C’est le cas du Centre des technologies de l’aluminium du Conseil national de recherches du Canada (CTA‑CNRC), situé sur le campus de l’Université du Québec à Chicoutimi. Conclue en 2004 pour soutenir l’industrie canadienne de la transformation de l’aluminium, cette entente a mené à des projets de recherche conjoints et au partage d’équipement et d’installations. Les chercheurs du CTA‑CNRC agissent à titre de professeurs adjoints et encadrent des étudiants au deuxième cycle, alors que l’Université du Québec à Chicoutimi, qui abrite le Centre universitaire de recherche sur l’aluminium (CURAL), fournit au gouvernement de l’expertise en recherche dans le cadre de contrats de consultation ou d’ententes de recherche54.

L’Institut national de nanotechnologie (INNT) est un modèle unique de collaboration université‑gouvernement en matière de R‑D. Fondé en 2001 et officiellement ouvert depuis juin 2006, l’INNT est une initiative multidisciplinaire conjointe dans laquelle l’orientation stratégique est établie en collaboration par tous les partenaires, à savoir le CNRC, la University of Alberta et le gouvernement albertain. Un certain nombre de chercheurs de l’Institut sont nommés conjointement au CNRC et à la University of Alberta. Ainsi, les chercheurs du gouvernement fédéral profitent des mêmes privilèges que le personnel à temps plein de l’Université, y compris l’admissibilité au financement du CRSNG. Depuis 2007, l’Institut accueille également le Centre d’innovation de l’INNT où des entreprises, nouvelles ou existantes,

peuvent louer des locaux de recherche afin de se rapprocher de l’expertise en nanotechnologie concentrée à l’INNT et sur le campus de la University of Alberta. Bien qu’il s’agisse encore d’un projet assez nouveau, le modèle de l’INNT a déjà porté des fruits pour l’université et le CNRC, parmi lesquels l’exploitation d’autres sources de soutien à la recherche, un meilleur accès aux opérateurs et aux techniciens experts à l’INNT et la possibilité de s’attaquer à des priorités stratégiques provinciales et nationales. Les ressources additionnelles fournies à l’INNT grâce au triple partenariat ont également permis d’embaucher des chercheurs principaux plus qualifiés qu’il aurait été impossible d’embaucher en temps ordinaire55.

Les gouvernements provinciaux jouent aussi un rôle important dans le soutien de la collaboration université‑gouvernement en matière de recherche. Par exemple, on peut citer la collaboration entre le ministère ontarien de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales et la University of Guelph, officialisée en 1996 par une entente de financement spéciale en vertu de laquelle le ministère verse un financement annuel (54,8 millions de dollars en 2006‑2007) à la R‑D, aux programmes d’enseignement et aux services de laboratoire. L’entente a engendré des avantages importants dans des domaines comme l’industrie, l’emploi, la santé et l’aide sociale ainsi que la durabilité du point de vue de l’environnement. Selon une récente étude d’impact, pour la dernière décennie, les répercussions globales de l’entente sur l’économie de la province sont estimées à plus de un milliard de dollars par année56.

Un autre exemple de collaboration université‑ gouvernement provincial est le programme Human Early Learning Partnership (HELP), principalement financé par le ministère des Enfants et de la Famille de la Colombie‑Britannique. Établi au nouveau College for Interdisciplinary Studies de la University of British Columbia, le programme HELP est un réseau de plus de 200 professeurs, chercheurs et étudiants aux cycles supérieurs provenant de la University of British Columbia, la Simon Fraser University, la University of Victoria, la University of Northern British Columbia et la Thompson Rivers University. Le réseau participe à des études coopératives portant sur divers sujets et recueille, au sein de la population, des données sur le développement de l’enfant. Les données recueillies

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

aident les décideurs, les chercheurs, les fournisseurs de services et les membres de la collectivité à mieux comprendre l’influence de facteurs communautaires et socioéconomiques sur le développement de l’enfant. La Colombie‑Britannique est ainsi devenue la seule région au monde à posséder un atlas démontrant les relations entre les comportements de vulnérabilité de l’enfant et les conditions socioéconomiques dans chaque quartier et district scolaire de la province57.

Ces multiples modèles de collaboration université‑ gouvernement en matière de R‑D contribuent au renforcement de la capacité du Canada à tirer pleinement parti de ses ressources dans des centres nationaux internationalement reconnus. Ceux‑ci créent la base de connaissances et soutiennent les chercheurs à la source de futures découvertes dont l’application profitera à l’ensemble de la population. Mentionnons que les récents progrès du Canada relativement à la collaboration université‑gouvernement en recherche sont également observables dans plusieurs pays de l’OCDE ayant aussi instauré des changements de politiques et des réformes pour « améliorer l’efficacité, la performance et la capacité d’adaptation des organisations publiques de recherche, ainsi que des liens qui les unissent58 ». Un de ces changements, également manifeste au Canada, est la réorientation de la recherche gouvernementale vers un rôle de planification stratégique et de surveillance qui favorise la participation des intervenants des autres secteurs dans la prise de décisions en matière de recherche59.

Collaboration entre les universités et les Communautés en matière de reCherChe

Raison d’être de la collaborationDe manière générale, les universités forment des partenariats de recherche avec trois types de communautés en vue d’accroître la compréhension de questions d’intérêt commun et d’effectuer des progrès relativement à ces questions. Les universités collaborent avec les communautés géographiques – définies par leur situation géographique – par des interactions directes avec les gouvernements régionaux et municipaux, les autorités en matière de santé publique, les entreprises et les organismes sans but lucratif locaux. Lorsque les universités travaillent en partenariat avec des communautés culturelles, elles collaborent avec des organisations liées par une caractéristique particulière telle que la langue, les croyances ou l’origine ethnique. Quand elles

Offrir des soins conformes aux besoins des femmes du nord québécoisGrâce à un financement de Santé Canada et de dons en service du ministère ontarien de la Santé et, du Centre de santé Inuulitsivik, des chercheurs et des étudiants de la Ryerson University ont examiné les résultats périnataux des mères et de leurs bébés desservis par les centres de santé inuits situés sur la baie d’Hudson, dans le nord du Québec. La recherche a produit un rapport proposant un modèle de soins répartis dans six centres à travers la province,ainsi que des outils pour aider les administrateurs d’hôpitaux, les fournisseurs de soins et les administrateurs municipaux à offrir des soins conformes aux besoins des femmes enceintes des Premières Nations et des régions rurales et à diminuer la nécessité pour ces femmes de se déplacer à l’extérieur de leur région pour donner naissance.

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collaborent avec des communautés d’intention, elles oeuvrent avec des organismes qui sont préoccupés par un problème ou par une question pour qui la recherche représente un moyen de s’y attaquer. Leurs principaux collaborateurs sur ce plan sont des organismes à but non lucratif nationaux et provinciaux, particulièrement des organismes de bienfaisance dans le milieu de la santé et des organismes liés aux problèmes et aux services sociaux.

Les partenariats avec les communautés aident les universités à définir les questions de recherche et à en établir la portée en plus de leur permettre d’accéder à des participants de recherche et à des sources d’expertise locale ainsi qu’à un financement additionnel et à des contributions en nature. Pour leur part, les universités offrent aux communautés l’accès à des connaissances variées et approfondies ainsi qu’à une expertise nationale et internationale dans lesquelles puiser des renseignements qui les aident à analyser leurs problèmes et à trouver des solutions. En travaillant ensemble sur des projets de recherche, les universités

et les communautés renforcent leur capacité collective à résoudre les problèmes actuels et futurs tout en contribuant au développement de la communauté et à l’avancement des disciplines touchées.

L’intérêt pour la recherche coopérative entre les communautés et les universités est répandu, et l’échange de connaissances et d’expérience entre les divers partenaires est continu. Par l’intermédiaire d’une variété de projets et de programmes, les partenaires de la communauté et les chercheurs universitaires génèrent des connaissances qui orientent la prise de décisions majeures qui ont des effets à long terme. Les méthodes élaborées grâce à un engagement conjoint dans la recherche peuvent en effet se révéler très rentables et procurer des avantages durables. La rentabilité est d’autant plus grande lorsque les ententes de partenariat permettent aux universités et aux communautés de tirer profit de la situation – une considération importante compte tenu du financement souvent restreint, malgré l’abondance des sujets de recherche.

Une analyse de sang décèle le CVDADes chercheurs de la Memorial University, en collaboration avec Genome Atlantic et l’Atlantic Medical Genetics and Genomics Initiative, étudient, à Terre-Neuve-et-Labrador, un problème cardiaque héréditaire et mortel ne présentant aucun symptôme visible, la cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène (CVDA). Grâce à ce projet de Génome Canada évalué à 9,3 millions de dollars. Depuis plus de deux siècles, ce problème touche les hommes et les femmes de tout âge et est plus répandu à Terre-Neuve-et-Labrador que dans le reste du Canada. L’identification de la source du problème – une mutation génétique précise et identifiable – permet désormais aux chercheurs de déterminer par une analyse de sang si une personne est touchée par le CVDA. Cette avancée a offert aux personnes atteintes une solution toute simple, soit l’installation d’un défibrillateur modifié sous la peau. Maintenant disponible, il a déjà permis de sauver plus d’une vie.

Améliorer les aptitudes de lecture des enfantsLa Saskatchewan Population Health and Evaluation Research Unit, une unité interdisciplinaire de la University of Saskatchewan et de la University of Regina, travaille à réduire les inéquités sociales et en matière de santé par l’entremise de la recherche et de l’action. En collaboration avec l’organisme Saskatoon Communities for Children, un conseil de planification municipal de Saskatoon, l’unité a entrepris une étude de sept ans sur le rôle des communautés dans le développement de la petite enfance. Lorsque les résultats ont montré que les enfants de Saskatoon accusaient du retard en lecture par rapport aux enfants des autres villes, le conseil scolaire de la région a lancé un vaste programme de promotion de la lecture et la province de la Saskatchewan a embauché des orthophonistes et investi 500 000 $ pour créer une nouvelle bibliothèque au centre-ville, là où les enfants pourraient probablement le mieux en profiter.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Nombre d’universités ont consacré beaucoup d’efforts au renforcement de leur capacité de recherche locale et de leur engagement au sein de la collectivité, ce qui n’est pas surprenant, attendu qu’elles font partie intégrante de la collectivité et, à ce titre, possèdent un intérêt fondamental à l’égard du mieux‑être, de la prospérité et de la qualité de vie de ceux qui y habitent. Les attraits sociaux et économiques des collectivités où sont établies les universités jouent un rôle important dans l’embauche et le maintien des professeurs et des étudiants. Les efforts consacrés à la résolution de problèmes majeurs au sein de la collectivité profitent donc directement aux universités et s’inscrivent dans la mission et le mandat de ces dernières, notamment en ce qui a trait aux services à la collectivité.

La gestion de l’infrastructure physique et des ressources humaines des universités a aussi des répercussions importantes sur les collectivités qui les accueillent, par exemple en ce qui concerne la planification et la construction des installations ainsi que le recrutement et l’embauche de personnes hautement qualifiées qui contribuent à la vie

communautaire de diverses façons. La planification conjointe, appuyée par la recherche, permet d’optimiser encore davantage l’utilisation des ressources par l’université et les collectivités. De nombreuses collectivités voient les universités comme la clé de la croissance de l’économie locale ou régionale et travaillent à élaborer des stratégies efficaces pour tirer profit de l’engagement universitaire dans la recherche et du développement de talents afin de maintenir ou d’améliorer la qualité de vie qu’elles offrent.

Étendue et importance de la collaboration entre les universités et les communautés en matière de rechercheAucun mécanisme ne permet d’évaluer de manière exhaustive, à l’aide de données nationales, l’étendue et l’importance des partenariats entre les universités et les communautés, ni les nombreuses formes que prend leur collaboration dans la poursuite d’un intérêt commun. Mais malgré les lacunes sur le plan des données, il est possible de définir de manière sommaire et qualitative certaines caractéristiques de la collaboration entre

Percées dans les maladies du reinDes chercheurs du Centre de recherche sur les maladies du rein de l’Université d’Ottawa collaborent avec les IRSC et la Fondation canadienne du rein pour dévoiler les subtilités moléculaires des maladies rénales. Fondé en 2000 grâce à un investissement de 7,1 millions de dollars accordé par la FCI et le Fonds ontarien pour l’innovation, le centre commence à mieux comprendre les mécanismes fondamentaux responsables de cette affection sérieuse qui touche plus de 14 000 Canadiens, un chiffre qui augmente de huit à 10 pour cent chaque année. Par exemple, les chercheurs ont identifié les principales cellules présentes dans l’urine qui servent à indiquer la capacité de filtration des reins et qui sont des signes précurseurs de l’apparition d’une maladie rénale.

Art et culture : moteurs du dynamisme des villesUn groupe de 26 chercheurs, dirigé par la Thompson Rivers University, collabore avec 37 partenaires de la communauté, notamment la Fédération canadienne des municipalités, le Réseau des villes créatives du Canada et le Conseil canadien de développement social, afin de trouver des moyens de préserver le dynamisme économique et culturel des villes canadiennes dont la population est en déclin. Financé par le CRSH (trois millions de dollars), ce projet a entraîné la publication de plus d’une douzaine de livres et de nombreux articles, ainsi que la mise en œuvre d’ateliers pratiques offrant aux municipalités des indicateurs servant à mesurer et à soutenir la qualité de vie au gré de l’évolution des centres urbains. Le projet a aussi favorisé la mise en place de quelques initiatives, que les chercheurs qualifient d’éléments essentiels au maintien de ces communautés, comme une exposition d’art publique dans le cadre de la semaine des arts et de la culture de la Colombie-Britannique.

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les universités et les différentes communautés précédemment décrites.

Les universités canadiennes sont situées dans 80 villes du Canada et jouissent de maintes occasions de s’engager dans leur communauté géographique et leur région. Les universités et les communautés, ainsi que les autorités des régions dans lesquelles elles sont situées, collaborent à des programmes et à des projets de recherche dans un certain nombre de domaines, y compris la planification des politiques, les services physiques et les services sociaux. Par exemple, la University of Waterloo a collaboré avec trois municipalités de sa région, des administrations locales, des collectivités régionales, des entreprises et des groupes communautaires qui s’intéressent à la revitalisation des quartiers des centres‑villes60. Les universités travaillent également de concert avec les gouvernements locaux ou régionaux, les entreprises et les groupes communautaires au développement de l’économie, particulièrement à la promotion et au soutien de la recherche et de l’innovation en tant que principaux atouts dans l’obtention de financement et le

développement de la capacité concurrentielle dans des secteurs prioritaires61. Un certain nombre de villes ont également accordé des prêts, des exemptions de taxes et des services en nature, comme des services d’adduction d’eau et d’égouts pour les parcs d’innovation universitaires62.

Les services physiques et l’infrastructure constituent un autre champ de coopération important. Par exemple, des universités travaillent en partenariat avec les autorités locales ou régionales responsables du service d’eau pour effectuer de la recherche sur la qualité et la sûreté de l’eau potable et avec les gouvernements régionaux pour réaliser de la recherche et échanger des connaissances sur le réseau routier et les structures de béton63. La durabilité est un enjeu clé dans la recherche faisant appel à des services physiques. Certaines universités prennent l’initiative de travailler avec les communautés locales ou régionales à effectuer la démonstration, sur leur campus, de technologies durables et des avantages qu’elles présentent64.

La cogestion : un modèle prometteur pour la gestion des forêtsDepuis 1993, la University of Northern British Columbia et la communauté des Premières Nations Tl’azt’en gèrent conjointement 13 000 hectares de forêt dans le centre-nord de la Colombie-Britannique. La Forêt de recherche John Prince, la plus grande en Amérique du Nord, est un modèle de récoltes durables des ressources en bois d’œuvre, alliant les connaissances écologiques traditionnelles et les valeurs de la communauté Tl’azt’en aux pratiques modernes de gestion des terres. Le projet de recherche actuel, financé en partie par les Alliances de recherche universités-communautés du CRSH à hauteur de un million de dollars, vise à mettre au point des mesures durables de récolte de plantes médicinales, qui comprennent l’étude de la façon dont les plantes sont récoltées et de l’endroit où elles le sont.

Favoriser la réussite et le maintein aux étudesDes chercheurs de la Trent University collaborent avec Multi-Health Systems inc., société internationale d’évaluation psychologique, ainsi qu’avec le Emotion and Health Research Laboratory de l’Université pour étudier l’aspect émotionnel de la réussite universitaire au premier cycle. Ils ont testé le quotient émotionnel (QE) de chaque étudiant avant le début des cours, puis comparé le QE aux résultats obtenus à la fin de leur première année d’études. Cette comparaison a établi des liens entre le rendement personnel et certains facteurs révélés par l’évaluation du QE, comme la maîtrise de soi, l’adaptabilité et la capacité à gérer le stress. À partir de ces résultats, la direction de l’Université a conçu des programmes favorisant la réussite et le maintien aux études des nouveaux étudiants. Les chercheurs de la Trent University collaborent également avec d’autres universités et collèges américains désireux d’adapter ces programmes à leurs propres établissements.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Les universités collaborent aussi avec un vaste éventail de partenaires communautaires à la recherche visant à résoudre des problèmes sociaux et à améliorer certains services offerts comme le logement abordable, l’itinérance, la prévention du crime et la sécurité publique, la toxicomanie et l’abus d’alcool ou d’autres drogues, la pauvreté, les groupements d’immigrants et leur adaptation, l’amélioration du quartier, la santé publique et les services aux jeunes et aux aînés. Les partenaires de la communauté peuvent apporter leur aide de multiples façons, y compris en recrutant des participants à la recherche, en offrant leur expérience pratique ainsi que leurs conseils ou directives aux étudiants et aux chercheurs, de même qu’en mettant leur propre expertise au profit des projets de recherche65.

Dans un même ordre d’idées, en tant que sujets de recherche et partenaires dans la recherche, les communautés culturelles collaborent avec les universités de deux principales façons. Premièrement, elles contribuent à fournir le financement et les matériaux essentiels (comme les archives) ainsi que l’accès aux connaissances que possèdent les

personnes et les groupes concernés. Deuxièmement, elles participent aux activités de sensibilisation et de communications et elles sont les premières à bénéficier de la recherche, particulièrement depuis que les documents et les résultats de recherche sont de plus en plus publiés en ligne.

Les universités ont mis sur pied une grande variété de programmes (y compris des chaires, des centres et des instituts) portant sur des communautés culturelles précises et axés sur leur histoire, leurs traditions, leur langue et leur littérature, d’autres aspects de leur culture ainsi que sur leurs contributions et la façon dont elles se sont adaptées à la société canadienne. La mise sur pied de tels programmes suit les tendances en matière d’immigration au Canada. Il existe donc des programmes pour de nombreux groupes ethniques et pour plusieurs religions. Comme le Canada établit de plus en plus de liens au sein de l’économie mondiale, une attention particulière est également portée aux langues, aux cultures et aux traditions des principaux partenaires commerciaux du pays dans l’établissement des programmes.

Protéger l’industrie du homardPrès de la moitié des prises de homards annuelles dans les provinces de l’Atlantique, estimées à un milliard de dollars, proviennent des pêches de la côte sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et du détroit de Northumberland. Pour assurer la protection et la viabilité de l’industrie du homard, le Centre de la science du homard du Collège vétérinaire de l’Atlantique de la University of Prince Edward Island collabore avec des organismes de pêcheurs, des entreprises de transformation, des exportateurs, des membres des Premières Nations, des entreprises du secteur privé et divers organismes gouvernementaux. Au moyen des dernières techniques de biologie moléculaire, les chercheurs qui participent à ce projet de 4,4 millions de dollars surveillent le cycle de vie des homards de la région, appliquent les principes de la médecine vétérinaire à la pêche de homards sauvages et mettent au point des technologies pour améliorer les décisions relatives à la planification des quotas de pêche.

Des leçons sur l’immigration dès le primaireLa University of Toronto, la York University et la Ryerson University examinent des politiques, des programmes et des pratiques visant la pleine intégration des néo-Canadiens en Ontario et à l’échelle du pays par l’entremise du Centre d’excellence conjoint pour la recherche en immigration et en intégration (CERIS). Formé en 1996 en partenariat avec l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants, le Community Social Planning Council of Toronto et Centraide et financé par le CRSH et Citoyenneté et Immigration Canada, le CERIS collabore actuellement avec quelque 150 organismes communautaires, ainsi qu’un certain nombre d’organismes fédéraux, provinciaux et municipaux. Dans la foulée des activités de recherche du Centre, on a mis en place un programme de 10 leçons sur l’immigration, intégré aux programmes de 4e et de 5e année du primaire partout au pays.

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La recherche conjointe sur les questions d’intérêt permet d’établir une base pour améliorer et approfondir la compréhension de ces cultures. Étant elles‑mêmes des communautés englobantes, les universités possèdent une expérience précieuse en matière de communication interculturelle, car elles doivent échanger avec des étudiants d’origines diverses. Par ailleurs, les questions de l’adaptation et de l’accueil des groupes d’immigrants font actuellement l’objet de recherches ciblées66. Au cours des dernières années, la recherche en partenariat ou en collaboration avec des Autochtones agissant à titre de chercheurs et de participants, et non seulement à titre de sujets de recherche, a également augmenté67.

Les communautés d’intention rassemblent des personnes engagées dans une cause précise, mais qui ne sont pas nécessairement liées par la région où elles habitent ou par leur culture. La question peut concerner la santé, l’environnement ou une cause sociale, et rassemble des citoyens qui ont souvent peu de caractéristiques en commun. Ces communautés constituent souvent des organismes à but non lucratif ou caritatifs et sont

naturellement portées vers les partenariats avec les universités parce qu’elles ont manifestement besoin des connaissances des professeurs et des étudiants. Les chercheurs travaillant dans les champs d’intérêt de ces communautés profitent aussi largement de leur contribution.

En 2007, les organismes à but non lucratif, particulièrement les organismes de bienfaisance et les fondations dans le milieu de la santé, ont versé un financement d’environ 813 millions de dollars à la recherche universitaire. Bien que nombre d’entre eux soient des organismes nationaux, ils sont profondément enracinés dans la collectivité canadienne et réalisent la plupart de leurs collectes de fonds à l’échelle locale ou régionale. Ils travaillent en étroite collaboration avec les organismes communautaires et les universités afin de remplir leur mandat.

Améliorer les soins palliatifsUn consortium d’établissements, dont fait partie la University of British Columbia, ainsi que Santé Canada, la BC Cancer Agency, l’Association canadienne de soins palliatifs et la Providence Health Care, la plus grande organisation de soins de santé confessionnelle du pays, aborde des questions délicates portant sur la façon d’améliorer l’environnement des patients atteints d’une maladie terminale. Ensemble, ils se penchent sur la façon dont l’évolution technologique et les attitudes culturelles peuvent contribuer à améliorer la planification des soins. Ce projet de recherche a permis de mettre l’accent sur le rôle de la médecine alternative axée sur la culture pour les membres de quelques groupes minoritaires. La demande pour ce type d’approche globale en matière de soins palliatifs continue de croître alors que la population du Canada vieillit et se diversifie.

Favoriser le développement social des collectivitésL’Alliance de recherche université-communauté/Innovation sociale et développement des communautés (ARUC-ISDC), une initiative de l’Université du Québec en Outaouais qui regroupe 26 chercheurs et 13 partenaires, examine comment les gouvernements locaux devraient aborder les problèmes traditionnels comme le chômage et la pauvreté dans le contexte des changements économiques à l’échelle mondiale. En collaboration avec la Fédération québécoise des centres communautaires de loisir (FQCCL), l’Alliance a organisé en 2007 le symposium Carrefour action municipale et famille (CAMF). Plus de 300 participants de partout au Québec ont assisté aux ateliers et discuté des résultats de recherche portant sur l’incidence des politiques municipales sur la famille et des activités récréatives communautaires qui contribuent à l’épanouissement des collectivités. Le CAMF a produit un guide d’information et des séances de formation pour aider les élus à mettre en œuvre de telles politiques dans leur collectivité.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Programmes et mécanismes de soutien de la collaboration universités-communautés en matière de recherche

Le soutien aux partenariats avec les communautés est de plus en plus courant. De l’aide financière est disponible pour définir, planifier et réaliser des projets de recherche en partenariat avec les communautés et appliquer les connaissances acquises grâce à ces derniers. Trois principaux types d’organisations financent la collaboration universités‑communautés en matière de recherche : le secteur à but non lucratif, les organismes subventionnaires fédéraux de la recherche et les universités elles‑mêmes.

Les trois adoptent une même démarche globale en soutenant à la fois les travaux de recherche des experts et les projets visant des priorités stratégiques. D’une part, elles utilisent les travaux de recherche axés sur la découverte dans le cadre desquels les chercheurs eux‑mêmes prennent l’initiative de travailler avec les communautés et de définir les sujets d’intérêt et leur importance. Cette approche est particulièrement utile

pour effectuer des progrès d’ordre général et jeter les bases permettant de réaliser des percées, d’élaborer de nouvelles stratégies et de dévoiler de nouvelles possibilités, par exemple dans la prévention et le traitement de nombreuses maladies. D’autre part, elles soutiennent également la recherche stratégique, qui cible des priorités et des problèmes précis à l’aide de projets qui couvrent souvent plusieurs disciplines et régions.

À titre d’exemple, en 2006‑2007, la Fondation des maladies du cœur du Canada a financé la remise de 999 bourses, d’une valeur totale de 51 millions de dollars : 61 pour cent d’entre elles étaient des subventions aux travaux des chercheurs, et 17 pour cent étaient des bourses destinées à des chercheurs. Les 22 pour cent restants ont servi à financer des programmes stratégiques et provinciaux68. Les investissements en recherche de la Fondation couvrent un large éventail de travaux axés sur la prévention, le traitement et la découverte dans quatre principaux domaines : le domaine biomédical de base, le domaine clinique, les services et systèmes de santé et la santé de la population69. À l’heure actuelle, la Fondation des maladies du cœur finance les travaux de plus de 900 chercheurs et équipes de recherche au Canada, dont la plupart travaillent au sein d’une université ou d’un hôpital universitaire. Depuis le milieu des années 1950, la Fondation a investi plus de un milliard de dollars dans la recherche, contribuant ainsi à réduire le taux de mortalité associé aux maladies du cœur et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC) de 70 pour cent70.

De même, l’Institut national du cancer du Canada, financé par la Société canadienne du cancer et par la Fondation Terry Fox, a versé, en 2006, 65 millions de dollars pour le soutien de la recherche sur le cancer et de recherches connexes71. Au cours des 60 dernières années, l’Institut national du cancer du Canada a versé un total de 1,3 milliard de dollars en financement pour la recherche sur le cancer72, dont la majeure partie a été réalisée par des chercheurs affiliés à des universités d’un peu partout au pays73. La recherche comprend plusieurs partenariats d’importance, comme celui avec l’Alliance canadienne pour la recherche sur le cancer du sein (ACRCS)74. Depuis 1993, l’ACRCS a versé plus de 162 millions de dollars à plus de 488 différents projets de recherche sur le cancer du sein auxquels ont participé des chercheurs travaillant pour des universités et des hôpitaux universitaires ainsi que

Faire revivre les cultures traditionnellesLa Carleton University réunit des chercheurs du Canada, des États-Unis et de la Grande-Bretagne afin de faire la lumière sur l’héritage artistique et culturel des Premières Nations de l’Amérique du Nord. Le Great Lakes Research Alliance for the Study of Aboriginal Arts and Cultures (GRASAC), un centre de collaboration en ligne, explore l’histoire et l’ethnographie des premières sociétés établies dans les régions des Grands Lacs et des forêts de l’Est. Des participants au GRASAC provenant d’établissements comme le British Museum, la Oxford University, la Cornell University, le Musée canadien des civilisations et le Musée royal de l’Ontario retracent et font revivre les expressions traditionnelles de ces cultures afin de comprendre pleinement le langage, les arts oratoires, la musique et les rituels, ainsi que les représentations dramatiques et les arts visuels et concrets de ces peuples.

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pour des organismes provinciaux75. Avec des femmes ayant survécu au cancer du sein, les chercheurs de ces organisations participent également au Comité consultatif sur la recherche, qui oriente les priorités tout en assurant la coordination des travaux afin d’éviter les chevauchements, de maximiser la synergie entre les projets de recherche et d’effectuer des travaux dans les domaines les plus prometteurs76.

Pour leur part, les trois organismes subventionnaires fédéraux ont mis sur pied plusieurs programmes visant spécifiquement à faciliter les partenariats universités‑communautés et à mobiliser le savoir des divers collaborateurs. Depuis plus de 10 ans, le CRSH finance les Alliances de recherche universités‑communautés (ARUC), qui réunissent des chercheurs des universités et des organismes communautaires pour créer des connaissances sur des sujets d’importance pour les communautés, comme la planification urbaine, la participation des personnes handicapées, les problèmes auxquels font face les communautés autochtones ainsi que la promotion du vieillissement actif et de l’intégration des aînés. Chaque ARUC reçoit annuellement 200 000 $ pendant au plus cinq ans et comprend une composante de formation, à laquelle participent en moyenne jusqu’à 50 étudiants77.

Les IRSC versent 30 pour cent de leur financement à la recherche par l’intermédiaire de 13 instituts interdisciplinaires qui se concentrent sur divers secteurs de la santé. Plusieurs de ces instituts offrent des programmes de partenariat universités‑communautés, par exemple le Programme de recherche communautaire sur le VIH/sida, dirigé par l’Institut des maladies infectieuses et immunitaires des IRSC et appuyé par l’Institut de la santé des Autochtones des IRSC. Les membres de la communauté aident à déterminer les besoins en recherche, à mener de la recherche, à rédiger les rapports et à diffuser les résultats de la recherche78.

Les RCE permettent eux aussi aux organismes communautaires locaux et aux municipalités de s’engager dans des partenariats de recherche avec les universités. Depuis que les premiers centres sont devenus fonctionnels en 1989, les RCE se penchent sur des sujets d’intérêt pour les communautés, y compris le Réseau canadien de l’eau, Béton Canada et le Réseau canadien de recherche sur le langage et l’alphabétisation, qui comprennent tous une dimension

de recherche universités‑communautés. Le Réseau canadien de l’eau, qui effectue de la recherche sur l’eau potable et d’autres questions liées à l’eau, réunit 30 universités et au‑delà de 50 communautés locales, régionales et autorités responsables des services en eau, en plus d’entreprises du secteur privé et des gouvernements fédéral et provinciaux. En 2006, trois nouveaux réseaux donnant lieu à une collaboration entre des communautés et des universités ont été fondés : l’Initiative nationale pour le soin des personnes âgées, le Réseau canadien en obésité et le Réseau pour la promotion des relations et l’élimination de la violence79.

Les communautés peuvent également participer aux programmes de soutien à l’infrastructure financés par la FCI et en bénéficier. Les communautés locales ont contribué de façon importante dans un certain nombre de cas, particulièrement en ce qui concerne les grands projets d’infrastructure, comme le Centre canadien de rayonnement synchrotron (CCRS), pour lequel la ville de Saskatoon a versé 2,4 millions de dollars. Il est important de souligner que, bien que la contribution de la communauté locale ait été dans ce cas relativement faible en pourcentage, celle‑ci a joué un rôle catalyseur dans la collecte des fonds nécessaires à la réalisation du projet. Le CCRS a eu des répercussions importantes à l’échelle locale aussi bien que nationale : il emploie 139 personnes (ce nombre devrait s’élever à 200 d’ici 2014) et entraîne actuellement la visite de 560 chercheurs étrangers par année (nombre qui devrait atteindre les 2 300 en 2014). Le CCRS est également un élément central du parc de recherche et d’innovation de Saskatoon80.

Les universités elles‑mêmes offrent un appui considérable à la collaboration entre les universités et les communautés en matière de recherche par l’établissement et l’entretien de centres et d’instituts universitaires (où se trouvent souvent des chaires de recherche) œuvrant dans des domaines d’intérêt pour tous les types de communautés, y compris les communautés culturelles. Pour leur part, ces communautés ont souvent aidé à fournir le financement pour la construction et l’établissement des centres et à recruter des travailleurs hautement qualifiés pour les programmes, quelquefois comme professeurs adjoints. Par exemple, en 2005‑2006, dans la vallée du Fraser, en Colombie‑Britannique,

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la communauté régionale a pris l’initiative de proposer et de soutenir la création du Centre d’études indo‑canadiennes à la University of the Fraser Valley. Des centaines de membres de la communauté, en collaboration avec de nombreuses entreprises de la région, ont accordé une importance prioritaire à la collecte de 1,25 million de dollars pour la fondation d’une chaire d’innovation régionale sur le commerce et le développement des relations économiques entre le Canada et l’Inde, montant qui a été doublé grâce au Leading Edge Endownment Fund du gouvernement de la Colombie‑Britannique. Les membres de la communauté prennent également part au comité consultatif du Centre.

À l’instar de certaines universités qui ont établi des bureaux de valorisation de la recherche, d’autres ont fondé des bureaux de recherche universités‑ communautés pour coordonner et faciliter la recherche liée à la communauté. Le Bureau de la recherche communautaire de la University of Victoria en est un exemple. Dirigé par un comité incluant des représentants de la communauté, le Bureau contribue, avec les organismes communautaires et les chercheurs universitaires, à faire progresser la recherche sur des sujets tels que l’engagement civique, le logement, l’itinérance et les problèmes environnementaux. Appuyées par des subventions du CRSH et des IRSC, l’Université York et la University of Victoria ont mis sur pied des unités de mobilisation des connaissances (MC) dans les deux établissements afin de cerner des résultats de recherche d’intérêt particulier et de les appliquer à l’échelle communautaire ainsi qu’à jumeler les chercheurs aux décideurs des organismes gouvernementaux, de santé et de services sociaux, en commençant par la recherche dans le domaine de la santé et de la société.

Collaboration internationale des universités en matière de reCherChe

Raison d’être de la collaborationLes universités canadiennes reconnaissent depuis longtemps l’importance de participer à des activités de collaboration internationale en matière de recherche pour étendre la portée et augmenter les répercussions de leurs recherches ainsi qu’enrichir l’expérience d’enseignement et d’apprentissage. La collaboration internationale se fait en recherche fondamentale et appliquée, et ce, dans un vaste éventail de disciplines et au sein de divers établissements du pays. Par le passé, la participation des universités à la collaboration internationale en matière de recherche découlait souvent de l’initiative de chercheurs individuels, alors que maintenant, la majorité des universités disposent d’un cadre officiel pour accroître et soutenir la participation de l’établissement et des chercheurs à des activités

Prévenir la propagation du VIH/sidaForts de près de 30 années fructueuses de collaboration, les chercheurs de la University of Manitoba, financés par l’ACDI, la FCI, le Welcome Trust et la Bill & Melinda Gates Foundation, ont réalisé des percées majeures permettant d’approfondir le savoir médical mondial sur la propagation et la prévention du VIH/sida en Afrique. En plus de mettre sur pied des services de soutien pour les personnes atteintes par la maladie en Afrique, ils ont été les premiers à démontrer que le virus pouvait être transmis entre personnes hétérosexuelles. Ils ont aussi recensé un groupe de travailleuses du sexe au Kenya qui, malgré une exposition répétée au VIH/sida, a résisté à l’infection, une découverte saluée comme étant une étape concrète menant à l’élaboration d’un vaccin contre le virus. Récemment, certains des mêmes bailleurs de fonds ont versé 56 millions de dollars pour étendre les activités de recherche à l’Asie et à l’Inde.

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internationales de recherche. Ainsi, le pourcentage d’universités qui ont ajouté une dimension internationale à leur processus de planification stratégique, incluant un volet relatif à la collaboration en matière de recherche, est passé de 84 pour cent en 2000 à 95 pour cent en 200681.

Les universités canadiennes établissent des partenariats avec d’autres régions industrialisées du monde, en particulier les États‑Unis, le Royaume‑Uni, l’Union européenne et le Japon. La recherche et l’enseignement canadiens s’enrichissent ainsi de perspectives et d’expériences internationales grâce à un accès direct aux sources d’information, aux bases de données, à l’infrastructure ainsi qu’à des chercheurs et à des recherches de pointe. La participation des universités à l’échelle internationale procure des avantages considérables aux étudiants, particulièrement aux cycles supérieurs, parce qu’elle les met en contact avec des experts étrangers, facilite l’accès à l’infrastructure internationale et les expose à diverses façons d’aborder les problèmes de recherche. La collaboration des universités avec des partenaires étrangers renforce la présence du Canada sur la scène internationale et

lui permet de faire preuve de leadership dans le cadre de projets de recherche internationaux, et ainsi d’augmenter les contributions du Canada et d’améliorer sa compétitivité internationale. La participation du Canada à des partenariats internationaux augmente aussi les chances que soient diffusés l’expertise et le point de vue du pays à l’égard des problèmes mondiaux tels que les pandémies, la réduction de la pauvreté, le VIH/sida et les changements climatiques.

En matière de recherche, les universités collaborent aussi de plus en plus avec le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (également connus comme les pays du BRIC), qui concentrent leurs activités de développement sur les sciences et la technologie et investissent une part importante de leurs ressources dans ce domaine. Un nombre croissant de pays industrialisés reconnaissent la puissance et le potentiel des pays du BRIC et démontrent un intérêt accru pour l’établissement de partenariats de recherche coopérative avec ceux‑ci. Au cours des dernières années, les universités canadiennes se sont particulièrement tournées vers l’Inde et la Chine pour

La technologie au service de la gestion des bassins versants au VietnamUn puissant outil d’analyse de l’information conçu à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) aide le Vietnam à assainir la rivière Cau. Mis en œuvre en collaboration avec l’institut de technologie écologique de l’Académie des sciences et de la technologie du Vietnam, le programme informatique nommé GIBSI (gestion intégrée des bassins versants à l’aide d’un système informatisé) permet de modéliser les processus hydrologiques présents dans une rivière afin de définir les facteurs essentiels déterminants en matière de qualité et de quantité du débit. Le but ultime de ce project est de mettre en place un système de gestion de la rivière Cau pouvant servir de modèle à la gestion des eaux du Vietnam.

Éviter les abus d’alcoolUne équipe de chercheurs internationaux dirigée par le Centre for Addiction Research de la University of Victoria (CARBC), a conclu que quelque 2 800 morts prématurées chaque année au Canada étaient liées à la consommation d’alcool considérée comme « à faible risque », parmi lesquelles certaines ont été causées par des cancers provoqués par la consommation d’alcool. Leurs découvertes ont particulièrement remis en question les avantages liés à un niveau de consommation d’alcool modéré, surtout chez les hommes. Le CARB est.un partenariat entre la University of Victoria, la University of British Columbia, la Simon Fraser University, la University of Northern British Columbia et la Thompson Rivers University qui vise à encourager les échanges en matière de recherche et de connaissances dans le domaine de l’abus d’alcool et d’autres drogues, de la réduction des préjudices et de l’addiction.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

des projets de coopération en matière de développement international, de collaboration en matière de recherche, le recrutement d’étudiants étrangers, la mobilité bidirectionnelle des professeurs et l’exportation de produits et de services d’éducation82.

Les universités canadiennes établissent également davantage de partenariats avec les pays en développement pour renforcer les capacités de recherche du Canada et celles de ces derniers. Même si l’aide internationale essentielle aux pays en développement demeure une priorité pour les nations développées, ces dernières sont de plus en plus nombreuses à aider les universités et les établissements des pays en développement à créer et à maintenir leurs capacités de recherche. Selon un rapport de la Commission pour l’Afrique, « les compétences et les connaissances scientifiques permettent aux pays de trouver leurs propres solutions à leurs propres problèmes et entraînent des changements progressifs dans différents domaines, allant de la santé à l’alimentation en eau, en passant par l’assainissement et l’énergie, sans oublier les nouveaux défis liés à l’urbanisation

et aux changements climatiques. En outre et c’est fondamental, elles libèrent le potentiel d’innovation et de progrès technologique qui peut accélérer la croissance économique d’un pays et l’aider à entrer dans l’économie mondiale83 ».

La collaboration en recherche des universités canadiennes avec les pays en développement favorise la « circulation des cerveaux », car, en appliquant les connaissances et les compétences acquises à l’étranger, les chercheurs étrangers formés au Canada renforcent les capacités scientifiques de leur établissement et pays d’origine. Les chercheurs et les étudiants canadiens profitent également de cet engagement, qui les expose à de nouveaux problèmes de recherche et à des façons différentes de les aborder. L’enquête de l’AUCC sur l’internationalisation de 2006 a confirmé un intérêt croissant de la part des membres du corps professoral pour l’engagement dans la collaboration de recherche avec des partenaires de pays en développement et pour la recherche sur les problèmes mondiaux. Deux tiers des participants à l’enquête ont déclaré un intérêt accru à cet égard depuis 200084.

Lien précis entre l’allaitement et le développement des enfantsDans le cadre d’une étude d’envergure inégalée, des chercheurs de l’Université McGill et du National Research and Applied Medicine Mother and Child Centre du Bélarus ont mis en évidence le lien précis entre l’allaitement et le développement de la petite enfance. Pendant plus de six ans, les chercheurs ont fait le suivi des mesures de quotient intellectuel (QI) et du rendement scolaire de 14 000 jeunes enfants dans 31 cliniques et hôpitaux bélarussiens. Les enfants qui avaient été allaités (environ la moitié du groupe) ont obtenu des résultats plus élevés aux divers types de tests d’intelligence, de lecture et d’écriture. Bien que ces conclusions ne constituent pas une nouveauté, aucune étude n’avait auparavant été menée sur un si grand groupe-échantillon.

Remettre en question les formes d’interaction socialeDes membres de l’Institute on Globalization and the Human Condition de la McMaster University pilotent un projet de 2,5 millions de dollars qui explore le rapport de plus en plus important entre mondialisation et économie. Entrepris en 2002, ces travaux ont été réalisés en collaboration avec 40 chercheurs provenant de 12 universités canadiennes, ainsi que 20 participants provenant d’Asie, d’Australie, d’Amérique du Sud, d’Europe et des États-Unis. En se penchant sur des sujets allant de la géographie à la littérature comparée, en passant par l’économie et l’ethnomusicologie, ces chercheurs examinent comment l’avènement des communications et des réseaux de transport mondiaux remettent en question les formes classiques d’interaction sociale autrefois limitées par des lieux physiques. Leurs conclusions ont été publiées dans des revues, des livres, ainsi que dans une publication diffusée en ligne.

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Étendue et importance de la collaboration internationale des universités en matière de recherche

L’intérêt accru du Canada pour la collaboration internationale en matière de recherche s’inscrit dans une tendance mondiale. Le nombre de copublications internationales, un indicateur sûr du degré de collaboration internationale en recherche, a augmenté aussi rapidement que le nombre de copublications nationales, c’est‑à‑dire des publications issues de la collaboration de chercheurs de divers établissements du même pays. L’OCDE a dévoilé que, en 2005, plus de 20 pour cent des articles scientifiques publiés avaient été copubliés par des partenaires étrangers, un pourcentage trois fois plus élevé qu’en 198585.

Au Canada, le pourcentage de copublications internationales est deux fois plus élevé que la moyenne mondiale : plus de 40 pour cent des publications académiques ont été coécrites avec des auteurs d’autres pays86. En 2005, plus de la moitié de ces publications (52,1 pour cent) l’avaient été en collaboration avec

des partenaires des États‑Unis87. Les chercheurs canadiens publient aussi fréquemment des articles ou des ouvrages avec des partenaires de recherche du Royaume‑Uni (13,4 pour cent), de l’Allemagne (10 pour cent), de la France (9,5 pour cent) et du Japon (5,2 pour cent)88. Au cours des dernières années, le pourcentage des copublications entre le Canada et les pays émergents et en développement a également fait un bond considérable : il a presque doublé en passant de 3,4 pour cent en 1992 à 6,4 pour cent en 200389.

Le nombre de contrats de recherche exécutés pour des organismes étrangers témoigne aussi de l’étendue et de l’importance de la collaboration internationale des universités canadiennes en matière de recherche. En 2006, celles‑ci ont exécuté 2 092 contrats de recherche pour une valeur de 199 millions de dollars90; de ce nombre, 1 614 contrats évalués à environ 150 millions de dollars provenaient d’entreprises étrangères91. Bien qu’il n’existe pas de données avec lesquelles comparer ces données globales, des données partielles suggèrent que le nombre et la valeur des contrats étrangers ont plus que doublé depuis 199992.

Les océans sous haute surveillanceDes chercheurs de la Dalhousie University et des collègues provenant de 20 pays (dont le Japon et la Chine) mettent en place des réseaux de milliers d’appareils de surveillance dans 14 régions océaniques sur tous les continents afin de mieux comprendre les changements qui se produisent au sein des océans et leur incidence sur les espèces qui y vivent. Ce projet de 160 millions de dollars mesure des facteurs tels que la température, l’oxygène et la salinité de l’eau et fournit des données précises sur le comportement migratoire d’espèces sélectionnées. Ces données influeront sur les politiques publiques internationales en matière de gestion des pêches, de protection de l’environnement et des espèces en voie de disparition, et amélioreront la capacité de prédire les incidences des changements climatiques sur les écosystèmes océaniques, y compris des catastrophes naturelles comme les tsunamis.

Adapter des modèles hydrologiques canadiens aux besoins de la ChineDans le cadre d’un programme de contrôle des inondations, de conservation écologique et de développement durable, implanté en Chine (2000-2006), la University of Regina et des partenaires chinois ont étudié des modèles canadiens de gestion des ressources en eau et les ont adaptés aux conditions propres à la Chine. Le projet a permis d’établir en Chine le Centre Canada-Chine pour la recherche en énergie, en environnement et en écologie, le Centre Canada-Chine pour la recherche sur l’écosystème des prairies et le Centre sino-canadien de recherche en désertification. Des centres d’information ont également été établis au sein des universités partenaires chinoises. Au-delà de 270 chercheurs et professionnels chinois des instituts et des bureaux gouvernementaux de gestion des ressources en eau et en terres ont reçu une formation en élaboration de politiques, en promotion d’intérêts et en analyse stratégique.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Plusieurs installations canadiennes de recherche attirent chaque année des chercheurs étrangers et fournissent le terrain fertile nécessaire à faire du Canada un centre de collaboration internationale en matière de recherche. En 2006‑2007, plus de 6 200 chercheurs internationaux ont utilisé l’infrastructure financée par la FCI dans les universités, les collèges et les hôpitaux canadiens. Approximativement la moitié de ces chercheurs provenaient des États‑Unis; le reste provenait de 76 pays différents. Au cours de la même année, 85 pour cent des établissements financés par la FCI ont indiqué que l’infrastructure avait une incidence positive sur la collaboration internationale, car elle favorisait la recherche conjointe, la mobilité des étudiants et du personnel technique ainsi que la participation aux réseaux internationaux. Plus de la moitié des établissements ont déclaré que l’infrastructure avait contribué à favoriser la collaboration internationale de manière importante ou décisive93.

Les chercheurs des universités canadiennes participent aussi activement à d’importants projets internationaux d’infrastructure de recherche en sol étranger. Par

exemple, le Canada participe actuellement aux activités de quatre installations astronomiques internationales d’envergure, soit l’Observatoire Canada‑France‑Hawaï, l’Observatoire Gemini, l’Observatoire James Clerk Maxwell et l’Atacama Large Millimeter Array (ALMA). L’engagement du Canada dans la recherche de pointe réalisée par des partenariats multinationaux en astronomie lui a permis de participer à la planification et à la mise sur pied de nouvelles installations dans le domaine de l’astronomie de calibre mondial94. La possibilité pour les chercheurs canadiens de collaborer avec leurs collègues étrangers et d’avoir accès à des installations et à des données de recherche a rehaussé la réputation du Canada en ce qui concerne la recherche de pointe dans les sciences de l’univers. Dans son rapport de 2006 intitulé L’État de la science et de la technologie au Canada, le Conseil des académies canadiennes a reconnu que le Canada possédait d’importantes forces dans des domaines tels que l’astronomie, l’astrophysique et la cosmologie, qui ne font pas partie des domaines prioritaires identifiés dans la stratégie fédérale en matière de sciences et technologie95.

Traitement des résidus miniers au BrésilLa University of Guelph a mis sur pied un réseau de recherche visant à aider le Brésil à faire face aux enjeux complexes d’assainissement des terrains et des cours d’eau qui ont subi les contrecoups de l’exploitation minière. Grâce au financement (environ un million de dollars) et au soutien logistique de Kinross Gold Corporation, les chercheurs du réseau se penchent ensemble sur des défis majeurs liés à l’extraction et à la gestion des ressources et examinent des méthodes novatrices comme le traitement des résidus miniers pour créer des produits qui enrichissent et revitalisent les sols remaniés. Un groupe de 20 étudiants au premier cycle se sont déjà rendus au Brésil dans le cadre d’un nouveau cours portant sur les sols tropicaux, et le réseau assure une formation en portugais pour favoriser davantage les échanges.

Répercussions éthiques du travail des policiersUn groupe de 35 membres du service de police de Lausanne, en Suisse, ont suivi un programme d’études de plusieurs centaines d’heures débouchant sur un diplôme, établi par l’Université de Sherbrooke, qui leur a permis de prendre conscience des répercussions éthiques de leur travail. Offert en collaboration avec l’Université catholique de Louvain, en Belgique, ce programme comptait sur la participation de commandants, de psychologues et d’autres intervenants qui s’occupaient des problèmes d’ordre philosophique auxquels sont exposés les services de police. L’Université de Sherbrooke s’était également engagée à aider les forces policières de Lausanne à mettre sur pied une commission de l’éthique chargée d’examiner les pratiques et les politiques, ainsi qu’un comité de déontologie chapeauté par le professeur qui a lancé ce projet en 2002.

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Programmes et mécanismes de soutien de la collaboration internationale en matière de rechercheLe Canada ne dispose pas d’un cadre national comparable à ceux du Royaume‑Uni et de l’Union européenne pour soutenir ses activités internationales de recherche96. Le financement relativement limité consenti par le gouvernement fédéral à la collaboration internationale en matière de recherche est réparti entre les organismes subventionnaires, la FCI ainsi que divers ministères et organismes. Toutefois, en mai 2007, dans le cadre de sa stratégie en matière de sciences et de technologie, le gouvernement fédéral s’est engagé à « [renforcer] les attaches canadiennes au réservoir mondial d’idées, de talents et de technologies » et à « [étudier] des façons d’améliorer la capacité du Canada à contribuer aux développements internationaux en matière de S et T [sciences et technologie], et à en profiter, y compris grâce à la Stratégie commerciale mondiale97 ».

À l’heure actuelle, le Canada appuie les activités de collaboration internationale en matière de recherche par l’intermédiaire d’accords‑cadres officiels sur les sciences et la technologie, des protocoles d’entente et

d’autres ententes de coopération ainsi qu’au moyen de divers mécanismes de financement. Le Canada possède des accords de longue date en matière de sciences et de technologie avec l’Allemagne, la France, l’Union européenne et le Japon, ainsi qu’une entente avec la Corée du Sud. Au cours des dernières années, des ententes ont été conclues avec l’Inde (2005), Israël (2006) et la Chine (2007), et des négociations sont en cours pour la signature d’une entente avec le Brésil. En juin 2008, le Protocole d’entente entre le gouvernement du Canada et le gouvernement de la République du Chili sur la coopération en matière de science, de technologie et d’innovation a été signé dans le cadre des stratégies relatives aux sciences et à la technologie et au commerce mondial du gouvernement fédéral98.

À l’aide de son Fonds Horizon le monde en Science et technologie, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada (MAECI) rassemble des chercheurs canadiens et leurs homologues étrangers afin qu’ils discutent et entreprennent des collaborations de recherche. Le montant maximal versé à toute organisation pour

Mesurer le bonheur national brutLa St. Francis Xavier University a grandement contribué à l’amélioration, au Bhoutan, du bonheur national brut, une mesure du bien-être collectif propre à ce pays. Plus de cent directeurs d’école du ministère de l’Éducation du Bhoutan ont obtenu leur diplôme à l’issue d’un programme conjoint de maîtrise en éducation lancé en 2001 en partenariat avec l’Université. Les diplômés ont fait croître substantiellement le nombre d’administrateurs qualifiés et aptes à diriger un système scolaire en plein essor. Le projet de 1,1 million de dollars a été financé principalement par l’ACDI et administré dans le cadre du programme de Partenariats universitaires en coopération et développement de l’AUCC. Il repose sur les attentes élevées du Bhoutan qui considère l’éducation de base comme un moyen d’aider la population à se doter des meilleures conditions de vie possibles.

Réduire l’exposition à l’arsenicDes chercheurs du département des sciences de la Terre de l’Université du Québec à Chicoutimi et de l’Institut de géochimie de l’Académie chinoise des sciences ont élaboré et mis en œuvre des pratiques de développement durable dans la province de Guizhou, où sont produites annuellement quelque 65 000 tonnes de charbon à teneur élevée en arsenic. À l’amorce de ce projet financé par l’ACDI, la région enregistrait des nombres record d’intoxications et de maladies liées à l’arsenic (cancer du poumon, du foie ou de la peau) résultant de la combustion de charbon de mauvaise qualité dans des foyers ouverts. Les chercheurs ont muni des familles de poêles fermés et surveillé leur état de santé. Parallèlement, une campagne de sensibilisation a montré aux collectivités locales et au gouvernement les bienfaits découlant de cette pratique. Quatre ans plus tard, la gestion de l’environnement satisfait aux normes internationales et la santé des résidents s’est beaucoup améliorée.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

un projet approuvé dans ce cadre est de 50 000 $. Par l’intermédiaire de son Programme nord‑américain de réseaux de recherche, le MAECI accorde aussi des subventions allant jusqu’à 20 000 $ pour l’organisation de séminaires, d’ateliers et d’autres activités de communication concernant la recherche dans les communautés universitaires du Canada, des États‑Unis et du Mexique. Depuis sa création en octobre 2007, ce programme a investi plus de 200 000 $ dans le soutien de 15 projets99.

Les Liaisons internationales pour les innovateurs canadiens (ISTP Canada) offrent, pour leur part, des occasions de réseautage et du financement afin de soutenir la participation canadienne à des projets de collaboration internationale en matière de recherche dont les résultats pourraient être appliqués sur le plan commercial. ISTP Canada est responsable d’administrer les composantes Inde, Chine et Brésil du Programme de partenariats internationaux en sciences et en technologie (PPIST) du MAECI. Créé en juin 2005 afin de promouvoir la collaboration en R‑D des scientifiques canadiens et étrangers en Chine, au Brésil, en Inde et en Israël, celui‑ci recevra 20 millions

de dollars sur cinq ans. À ce jour, 20 nouveaux projets de sciences Canada‑Chine ont reçu presque 11,4 millions de dollars dans le cadre de ce Programme. De ce nombre, huit sont des projets de recherche conjoints, alors que les 12 autres consistent en des activités de création de partenariats qui soutiendront la tenue de colloques, d’ateliers et de séminaires scientifiques organisés conjointement par le Canada et la Chine100.

La mise sur pied de 10 projets conjoints Canada‑Inde évalués à 17 millions de dollars a aussi été annoncée en juin 2008 à la suite de la signature par les deux pays d’un Accord de coopération scientifique et technologique en novembre 2005. Huit de ces initiatives sont des projets de R‑D conjoints et deux, des activités de création de partenariats. La coopération prévue dans le cadre de l’Accord s’articule autour de la biotechnologie, de la recherche en santé, des instruments médicaux, de la nanoscience et de la nanomédecine, de l’énergie de remplacement durable et des technologies environnementales, de la technologie de l’information et des communications, des sciences de la terre et de la gestion des catastrophes. En mars 2008, l’aérospatiale, les produits biopharmaceutiques, la photonique et la

Urbanisme dans les pays en développementDepuis 1988, 40 chercheurs de l’Université McGill, de l’Université du Québec à Montréal, de l’Université de Montréal, de l’Institut national de la recherche scientifique et de la Ville de Montréal mènent toute une gamme de projets d’urbanisme dans des pays en développement, par l’entremise du Groupe interuniversitaire de Montréal (GIM). En vingt ans, ils ont produit 189 articles, 21 livres et 122 rapports officiels. Le Programme de partenariat en développement urbain, lancé en 1996 grâce à un financement de l’ACDI de cinq millions de dollars, a réuni les membres du GIM et des universitaires du Mexique, d’Haïti, du Costa Rica et de Trinité-et-Tobago. En 2003, cette initiative et certaines autres avaient recueilli quelque 7,5 millions de dollars de la part des partenaires universitaires et produit 15 livres, 68 rapports et 57 projets étudiants.

Mieux-être grâce aux micronutrimentsDes chercheurs de la Wilfrid Laurier University, de la Banque mondiale et de l’Institut national de la santé publique (Mexique) ont évalué les avantages d’ajouter vitamines et minéraux à certains aliments. La mise en œuvre d’une telle initiative à l’échelle mondiale coûterait 60 millions de dollars par année, mais réduirait les dépenses médicales de un milliard de dollars et augmenterait les revenus futurs de plus de 140 millions d’enfants qui bénéficieraient de meilleures conditions de vie. En 2008, le Consensus de Copenhague, projet réunissant huit éminents économistes, dont cinq lauréats du prix Nobel, a reconnu qu’il s’agit de l’investissement le plus prometteur qui soit en matière de mieux-être des populations. Depuis, des organisations caritatives et gouvernementales ont sollicité l’aide des chercheurs pour obtenir des précisions sur la meilleure façon d’intégrer des micronutriments à l’alimentation des enfants.

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science du synchrotron se sont ajoutés à la liste des domaines de coopération. Des chercheurs du milieu universitaire, de l’industrie et du secteur public sont partenaires des deux projets financés par ISTP101.

Les Réseaux de centres d’excellence incitent les chercheurs étrangers et canadiens à collaborer afin de trouver des solutions aux problèmes qui touchent les citoyens, peu importe où ils habitent. Pour l’exercice 2006‑2007, les Réseaux de centres d’excellence ont déclaré que 416 partenaires étrangers, provenant de nombreux secteurs tels que le milieu universitaire, le gouvernement et l’industrie, avaient collaboré à leurs réseaux de recherche102.

La FCI et les trois organismes subventionnaires fédéraux appuient également la collaboration internationale en matière de recherche. Depuis sa création, la FCI a ainsi investi 200 millions de dollars dans l’accès aux projets internationaux d’infrastructure de recherche ou au leadership de ces derniers. En 2002, elle a accordé environ 165 millions de dollars à trois projets relevant du Fonds de collaboration internationale et cinq, du Fonds d’accès international103. En 2007, l’Ocean Tracking Network, hébergé par la Dalhousie University, a reçu les 35 millions restants des fonds internationaux de la FCI qu’il consacrera à l’installation d’une technologie de repérage de pointe, fabriquée au Canada, dans 14 régions océaniques réparties sur les sept continents104.

Les initiatives Consortium international de Génome Canada subventionnent des projets internationaux susceptibles d’avoir des répercussions considérables sur les sciences au Canada et d’améliorer la réputation du pays et de ses scientifiques sur la scène internationale. Depuis la mise sur pied des initiatives Consortium international en 2002, Génome Canada a versé 47 millions de dollars à trois consortiums dont les budgets de recherche s’élèvent à plus de 233 millions de dollars105. Génome Canada a également conclu des ententes de coopération avec plusieurs pays afin de promouvoir la collaboration dans le domaine de la génomique. Un concours conjoint a été lancé en 2003 en collaboration avec Genome España et des plans sont en cours d’élaboration pour la tenue d’un concours conjoint avec le conseil national de recherches de l’Italie. Un partenariat de recherche dans le domaine des cellules souches cancéreuses a par ailleurs été conclu entre le Canada et la Californie en juin 2008. Génome Canada

s’est engagé, en vertu de cet accord, à investir 30 millions de dollars106.

Les trois organismes subventionnaires fédéraux ont également concerté leurs efforts afin d’accroître le degré d’engagement du pays à l’échelle internationale et d’augmenter le soutien offert aux activités de collaboration internationale en matière de recherche. Le plan stratégique quinquennal (2006‑2011) du CRSH comprend une politique et une stratégie internationales définissant un cadre et des engagements clés pour accroître la participation et le leadership du Canada au sein de projets de recherche internationaux, et pour favoriser l’internationalisation de la formation en recherche107. Le cadre de 2006 pour la coopération et les relations internationales des IRSC recommande à l’organisme d’augmenter les offres de financement pour la formation ainsi que la collaboration en recherche internationale et indique quels sont les pays cibles108. En mars 2007, le CRSNG a adopté une stratégie internationale décrivant les objectifs obligatoires ainsi que les principes et priorités en matière d’investissement dans la recherche et la formation internationales. La stratégie comporte deux volets : premièrement, incorporer la dimension internationale à tous les programmes du Conseil et deuxièmement, accroître les investissements en créant des fonds dédiés aux initiatives prioritaires et aux partenariats stratégiques109.

S’élevant à 13,5 millions de dollars pour l’exercice 2007‑2008, l’appui offert par le CRSH aux programmes et aux stagiaires internationaux à l’étranger représente 5,5 pour cent de son budget total de subventions et de bourses110. Son fonds d’initiatives internationales fournit 2,5 millions de dollars de financement dans le cadre de deux concours répartis sur une période de deux ans. Cet argent sert à soutenir les activités liées au développement, telles que les ateliers, les séminaires et les réunions de planification, et à assurer la participation du Canada aux projets ou aux réseaux internationaux de recherche actuels ou futurs ainsi qu’à renforcer sa position de chef de file dans le cadre de ces projets ou réseaux. Le fonds a fourni les capitaux de démarrage pour 112 projets mis sur pied dans plus de 50 pays au cours des trois derniers exercices, soit de 2005‑2006 à 2007‑2008. De plus, le CRSH a revu ses critères d’admissibilité afin de permettre à certains programmes d’établir des liens avec des collaborateurs étrangers111.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Tableau 3.1Projets financés par le concours des Fonds internationaux (2001) et par le Projet de collaboration internationale de la FCI (2005)

Titre du projet Établissement hôte Collaborateurs étrangers

Brise-glace de recherche NGCC AmundsenFonds de collaboration internationale

Université Laval Plus de 75 spécialistes de l’Arctique provenant de 48 établissements de 12 pays (Canada, États-Unis, Japon, Royaume-Uni, Danemark, Russie, Pologne, Norvège, Allemagne, Belgique, Espagne et Australie) vivent à bord de ce brise-glace spécialement équipé pour étudier les changements dans l’océan Arctique ainsi que les enjeux liés au réchauffement climatique.

Laboratoire international de source de rayonnement laser ultrarapide (ALLS)Fonds de collaboration internationale

Université du QuébecInstitut national de la recherche scientifique

L’ALLS comprend un système laser femtoseconde composé de cinq faisceaux synchronisés dont le spectre de longueurs d’ondes est très large. Conçu pour étudier la structure des molécules (des molécules diatomiques aux molécules biologiques), le laser répond aux besoins des utilisateurs du domaine de l’ultrarapide. L’ALLS est situé au centre Énergie, Matériaux et Télécommunications de l’Institut national de la recherche scientifique, à Varennes, près de Montréal au Québec. L’équipe comprend des chercheurs de renommée internationale du Canada ainsi que d’importants établissements américains, français, italiens, autrichiens, grecs, allemands, suédois et japonais.

Observatoire de neutrinos de Sudbury (SNOLAB)Fonds de collaboration internationale

Carleton University SNOLAB est un laboratoire de recherche situé à deux kilomètres sous la surface, dans la mine Creighton de Vale Inco près de Sudbury, en Ontario. SNOLAB est un ajout aux installations souterraines existantes où sont menées des expériences ayant pour but de repousser les frontières de la physique des particules et de l’astrophysique. Les collaborateurs étrangers à cette initiative incluent la University of Pennsylvania, la University of Washington, Oxford University, le Los Alamos National Laboratory, la University of Texas at Austin, le Massachusetts Institute of Technology, le Brookhaven National Laboratory, le Lawrence Berkeley National Laboratory et le LIP-Lisboa.

Spallation Neutron Source (SNS), Oak Ridge National Laboratory (ORNL), TennesseeFonds d’accès international

McMaster University La participation canadienne au projet SNS prévoit la conception et la construction de l’une des 24 lignes de faisceau de source neutronique de spallation, appelée Vulcan, au ORNL, de même que la conception et l’exploitation d’un deuxième instrument, un spectromètre inélastique à découpage haute résolution. Cette participation garantit aux scientifiques canadiens l’accès à 10 pour cent du temps de faisceau pendant 10 ans pour chacun de ces deux instruments et à un autre 10 pour cent pour l’ensemble des instruments du SNS. L’ORNL jouit de partenariats actifs avec nombre d’universités américaines, dont la Duke University, la University of Florida, la Georgia State University, la University of Virginia, la North Carolina University et le Virginia Polytechnic Institute.

Programme NEPTUNEFonds d’accès international

University of Victoria NEPTUNE Canada est le premier observatoire océanique câblé au monde. Le projet comprend divers partenariats, dont des ententes avec la National Science Foundation, aux États-Unis, et des établissements de recherche de premier plan en France, en Irlande, au Japon et à Taïwan. Au printemps 2009, les instruments seront raccordés au réseau de 800 km de câbles électro-optiques reposant au-dessus de la plaque tectonique Juan de Fuca. Ces instruments permettront à des scientifiques d’effectuer, au Canada et ailleurs dans le monde, des expériences extracôtières et en haute mer par Internet, sans avoir à quitter leurs laboratoires et bureaux. L’observatoire permettra également de réaliser un large éventail d’études sur divers sujets, dont les tremblements de terre, les tsunamis, les gisements d’hydrates de gaz, l’écologie du plancher océanique ainsi que l’interaction entre l’océan et les conditions climatiques et ses répercussions sur les pêches.

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Tableau 3.1 [suite]Projets financés par le concours des Fonds internationaux (2001) et par le Projet de collaboration internationale de la FCI (2005)

Titre du projet Établissement hôte Collaborateurs étrangers

Laboratoire de recherche Canada-KenyaFonds d’accès international

University of Manitoba Des chercheurs de la University of Manitoba et de l’Université de Nairobi collaborent à des études des maladies infectieuses telles que le VIH/sida et les fièvres hémorragiques comme le virus d’Ebola. Le laboratoire fait partie du Centre international des maladies infectieuses du campus de l’hôpital national de Kenyatta de l’Université de Nairobi. Il s’agit là d’un des trois centres africains en mesure de traiter en toute sécurité les pathogènes très contagieux dans deux laboratoires de bioconfinement de niveau 3. Des chercheurs de la University of Oxford, de la University of Washington, de la University of Ghent, de la McMaster University, de l’Université de Montréal et de la University of Toronto participent à cette recherche collaborative. Des systèmes informatiques d’avant-garde permettront de lier les chercheurs canadiens au site et d’échanger rapidement des données cliniques et épidémiologiques ainsi que des données recueillies sur le terrain.

Projet conjoint Canada-Royaume-Uni de caméra SCUBA-2 montée sur le télescope James-Clerk-Maxwell à HawaïFonds d’accès international

University of Waterloo Cette caméra aura une vitesse d’obtention des images et un champ visuel d’une grandeur inégalée et elle permettra d’explorer les débuts de la formation des étoiles ainsi que la structure, la formation et l’accrétion des galaxies. SCUBA-2 est un projet de collaboration entre le U.K. Astronomy Technology Centre, le National Institute of Standards and Technology aux États-Unis, l’Astronomy Instrumentation Group de la University of Wales at Cardiff, le Scottish Microelectronics Centre de la University of Edinburgh, le Joint Astronomy Centre à Hawaï, un consortium de 13 universités canadiennes et du CNRC.

Télescope ALMA (Atacama Large Millimetre Array)Fonds d’accès international

University of Calgary Le télescope ALMA, qui offre une sensibilité et une résolution sans précédent, est construit au Chili par un consortium international de chercheurs de l’Europe, du Japon et de l’Amérique du Nord, en coopération avec la République du Chili. D’ici 2010, ALMA offrira au monde la première image de la radiation des molécules qui se sont formées à la naissance des premières étoiles et galaxies de notre univers. Des chercheurs de la University of Calgary travaillent avec des partenaires étrangers au développement du logiciel nécessaire pour recueillir les données transmises par le télescope et créer des images de l’émissions radio des débuts de l’univers.

Ocean Tracking Network

Dalhousie University Vingt chercheurs de pays différents participent au projet Ocean Tracking Network, qui prévoit l’installation d’un réseau global de milliers de récepteurs acoustiques répartis à travers 14 régions océaniques sur les sept continents. Cette technologie de repérage de pointe, fabriquée au Canada, aidera les chercheurs à mieux comprendre comment les océans changent, et quel sera l’impact de ces changements sur les espèces qui y vivent.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

science et le savoir pour résoudre leurs problèmes sociaux, économiques et environnementaux. De plus, au cours des dernières années, le CRDI a contribué grandement à améliorer la participation des chercheurs canadiens et la collaboration entre ces chercheurs et leurs partenaires du Sud.

Par exemple, le CRDI et les Chaires de recherche du Canada (CRC) dirigent un projet visant à jumeler des chercheurs de premier rang des universités canadiennes avec leurs homologues des pays en développement afin qu’ils collaborent sur des questions d’intérêt commun. Cinq équipes recevront jusqu’à un million de dollars sur cinq ans pour aborder un problème de développement ciblé tout en encadrant une nouvelle génération de chercheurs et de praticiens116. Les cinq chaires de recherche du CRDI seront situées dans des universités de pays en développement, et chaque titulaire définira un domaine de recherche en collaboration avec un titulaire d’une Chaire de recherche du Canada. Le CRDI, en partenariat avec le CRSH, investira également jusqu’à 6,3 millions de dollars d’ici mars 2013 pour soutenir des alliances internationales de recherche entre des équipes du Canada et de pays en développement, et ce, par l’entremise du programme ARUC117. Le financement permettra de créer des alliances entre les organismes communautaires et les établissements d’éducation postsecondaire afin de favoriser la recherche comparative ainsi que la formation et la création de connaissances dans des domaines d’intérêt commun.

Depuis 2000, l’Agence canadienne de développement international (ACDI) a versé quelque 500 millions de dollars en soutien à la recherche par l’entremise d’organisations multilatérales, dans le cadre de programmes bilatéraux et d’autres programmes d’aide, par l’entremise d’organismes de recherche nationaux et internationaux, ainsi que pour l’élaboration de politiques118. L’Agence reconnaît ainsi l’importance de la recherche pour améliorer l’efficacité de l’aide et lutter contre la pauvreté. Dans le cadre du programme de Partenariats universitaires en coopération et développement (PUCD), l’ACDI accorde des fonds à des projets de partenariat, dont les activités de recherche appliquée représentent une proportion limitée de leurs travaux, afin de produire des solutions pertinentes à l’échelle locale et viables à long terme dans les pays en développement.

Administré par l’AUCC, le programme de PUCD finance des partenariats du savoir entre les universités

Au cours de la période allant d’avril 2000 à mars 2008, les IRSC ont consenti environ 2 300 subventions et bourses liées à des activités de collaboration internationale. Cet investissement représente approximativement 7,2 pour cent des subventions et des bourses accordées par les IRSC et comporte une collaboration avec plus de 50 pays. Depuis leur création, les IRSC ont établi plus de 150 partenariats avec des organisations sœurs de divers pays de l’Afrique, de l’Asie‑Pacifique, de l’Europe et des Amériques. Ces activités comprennent des projets et des programmes de financement conjoints ainsi que des ateliers et des colloques conjoints, dont plusieurs doivent se conformer à des accords officiels et à des protocoles d’entente112.

Le CRSNG compte augmenter ses investissements destinés à la recherche et à la formation internationales à 10 pour cent de son budget total, qui s’élève actuellement à près de un milliard de dollars. Ce faisant, le CRSNG doublera ses investissements comparativement au total de 2005. En 2007‑2008, le Programme d’occasions spéciales de recherche (OSR) du CRSNG a accordé huit millions de dollars pour financer des projets, parmi lesquels 85 pour cent présentaient un volet de collaboration internationale. Pour compléter les initiatives fédérales, provinciales et universitaires qui attirent des talents de l’étranger au Canada, le CRSNG a également revu les critères d’admissibilité de quelques programmes de bourses et de stage afin d’accroître le soutien offert aux étudiants étrangers113.

En outre, les contributions financières accordées par le CRSNG et les IRSC au Human Frontier Science Program (HFSP) ont permis au Canada de participer à ce programme114. Par l’entremise de ce dernier, des chercheurs canadiens du domaine des sciences naturelles et du génie ont recueilli un financement pour des travaux de recherche s’élevant à 4,6 millions de dollars sur plus de cinq ans, en plus des contributions du CRSNG. Le succès remporté dans le cadre de tels concours internationaux démontre le niveau d’excellence mondiale en recherche des universités canadiennes115.

Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) apporte son soutien aux partenariats de recherche concertée entre les chercheurs du Canada et ceux des pays en développement et consacre la plus grande partie de ses fonds au financement de projets de chercheurs de l’hémisphère Sud et au renforcement de leurs capacités de recherche. Le CRDI aide ainsi les régions en développement à utiliser la

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canadiennes et les établissements d’enseignement supérieur de pays en développement d’Afrique, du Moyen‑Orient, d’Europe de l’Est, d’Asie et d’Amérique latine. Depuis 1994, l’ACDI a investi 220 millions de dollars dans le programme de PUCD, permettant ainsi à 150 partenariats entre établissements canadiens et du Sud de voir le jour. Les universités canadiennes participent à la fois à la réalisation de ces projets et à une grande partie de leur financement : elles y ont investi 144 millions de dollars de leurs propres fonds. À ce jour, le programme a permis de former environ 70 000 professeurs, formateurs en milieu communautaire et dirigeants qui, à leur tour, transmettent leurs connaissances en formant d’autres membres de leur communauté119.

Afin de promouvoir et de renforcer les partenariats de recherche concertée et d’enseignement au‑delà des frontières canadiennes, un certain nombre d’universités ont aussi ouvert des bureaux en pays étranger. Par exemple, la University of British Columbia a installé un bureau régional de l’Asie‑Pacifique à Hong Kong en 2005. Ce dernier est responsable du marketing, de l’élaboration de programmes et des relations avec les anciens étudiants dans la région, mais vise également à renforcer les relations entre la University of British Columbia et les secteurs universitaire, gouvernemental et privé de la région120. La Queen’s University a quant à elle ouvert, en 2007, son premier bureau de liaison en Chine sur le campus de l’Université Fudan de Shanghai, un partenaire stratégique depuis 2000, en réponse au besoin de plus en plus pressant exprimé par les professeurs et les administrateurs de l’Université de mieux comprendre la Chine pour être en mesure d’établir des partenariats de recherche stratégiques. Le bureau favorise également les collaborations de recherche et les initiatives universitaires avec d’autres organisations et établissements chinois121.

Tout récemment, l’Université du Québec a ouvert un bureau à Paris dans le but de favoriser les échanges avec des établissements français. Le bureau est chargé d’établir des partenariats, de favoriser la mobilité des étudiants et des professeurs et d’élaborer des programmes et des cours conjoints122. Ce type de bureaux joue un rôle déterminant en termes de possibilités offertes pour la nouvelle génération de chercheurs qui, parce qu’ils auront passé du temps à l’étranger dans le cadre de leurs études ou d’un projet de recherche conjoint, seront en avance par rapport à leurs contemporains sur le marché du travail mondial.

vers une meilleure Collaboration aveC tous les seCteurs

Dans le contexte d’une économie mondiale concurrentielle fondée sur le savoir, une capacité de recherche hautement développée, comprenant des partenariats solides entre les universités et les organismes gouvernementaux, privés et à but non lucratif, à l’échelle tant nationale qu’internationale, procure au Canada un avantage indéniable. De tels liens permettent d’améliorer la productivité du secteur de la recherche et de contribuer d’une manière importante à la formation des chercheurs et à la mobilisation du savoir. Comme il a été démontré dans le présent chapitre, les universités entretiennent déjà de nombreux types de liens avec des partenaires d’autres secteurs et d’autres pays et, vu les tendances actuelles de collaboration en matière de financement et de réalisation d’activités de R‑D au Canada et à l’étranger, ces liens devraient se faire encore plus nombreux et plus solides avec le temps. Au cours de la prochaine décennie, il faudra cependant tenir compte des aspects décrits ci‑dessous pour assurer la réussite globale des partenariats du secteur universitaire avec d’autres secteurs.

Compréhension et respect mutuelsLes universités et leurs collaborateurs de recherche doivent comprendre et respecter la mission et la culture de l’autre s’ils veulent réussir à travailler ensemble à long terme. La mission et le mandat des universités comportent trois volets : la formation des étudiants, la création de nouvelles connaissances et les services à la collectivité. Cette mission est accompagnée de valeurs fondamentales, comme la liberté universitaire ainsi que la libre acquisition et diffusion du savoir.

Les valeurs universitaires peuvent parfois entrer en conflit avec certaines priorités de leurs partenaires. Par exemple, les entreprises s’attendent à un rendement des investissements et ont besoin de confidentialité pour assurer la protection de leurs intérêts propriétaux123. Par conséquent, dans les négociations concernant la PI et la propriété de tout produit, service ou processus résultant d’une découverte, il faut établir un équilibre entre la liberté de publication accordée aux chercheurs universitaires et la protection des droits de PI. Du point de vue des universités, l’établissement de bureaux de transfert de

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

coordination, par les partenaires, de leurs mécanismes de gestion et d’administration respectifs, tels que ceux qui concernent les processus d’embauche et les évaluations de rendement, les systèmes de reddition de comptes et d’affectation des ressources et les indicateurs permettant de mesurer les résultats et les répercussions de la recherche issue de la collaboration.

La gestion de la PI est une question de plus en plus importante qui nécessite que les universités et leurs partenaires établissent clairement leurs conditions d’engagement. La communication de la politique de PI de chaque partenaire ainsi que la résolution des problèmes liés aux différences dans la gestion de la PI et dans les attentes par rapport à celle‑ci sont capitales pour garantir les résultats positifs d’un partenariat. Au cours des dernières années, davantage d’efforts ont été consacrés à faciliter la gestion de la PI en élaborant des pratiques exemplaires, des directives et des politiques à l’échelle des établissements, des régions, du pays et du monde125.

La collaboration internationale en matière de recherche entraîne ses propres problèmes en matière de rôles et de responsabilités. Un « double péril » se présente si le partenaire de recherche d’un pays peut offrir du financement alors que les autres en sont incapables126. Par exemple, si un partenaire canadien n’est pas en mesure d’offrir du financement ou de verser des fonds de contrepartie à ceux qu’ont versés ses partenaires, la capacité du Canada à participer à des projets de recherche internationaux se trouvera amoindrie et sa réputation à titre de partenaire fiable en matière de recherche internationale risquera d’en souffrir. Inversement, les chercheurs canadiens sont confrontés à certaines difficultés lorsqu’ils travaillent avec des partenaires étrangers si la capacité de ceux‑ci à respecter les échéances, à garantir la capacité locale, à fournir l’infrastructure requise ou à respecter leur engagement est fragilisée par des facteurs politiques, économiques ou sociaux indépendants de la volonté des chercheurs ou des établissements.

Même si les ententes de partenariats tentent de faciliter la résolution de ces problèmes, les partenaires doivent appliquer des modèles de gouvernance et de gestion souples pour s’adapter à des circonstances et à des objectifs différents, tout en établissant un lien de confiance et une communication ouverte et transparente

la technologie et de liaison universités‑industries au cours des dernières années a favorisé une meilleure compréhension des différences culturelles entre le milieu des affaires et celui de la recherche universitaire. De même, de plus en plus d’entreprises du secteur privé consacrent des ressources au soutien de la recherche et des relations avec le secteur universitaire124.

Les partenariats avec des secteurs qui traitent d’enjeux stratégiques cruciaux peuvent également poser des difficultés. À titre d’exemple, dans certains domaines de recherche, les exigences relatives à la sécurité nationale peuvent être en conflit avec des principes liés à la liberté universitaire. Dans ces cas, les universités doivent évaluer leur contribution potentielle à la recherche nationale stratégique par rapport aux limites que leur participation à de tels travaux peut imposer à leur liberté de commenter publiquement les résultats, du moins à court terme.

L’intégration de diverses formes de savoir plus familières aux partenaires externes qu’aux chercheurs universitaires peut constituer un autre obstacle. Selon leur discipline, les chercheurs universitaires ont en effet l’habitude d’accorder plus d’importance à certains types de connaissances. Au fil du temps, et à leur avantage, nombre d’entre eux ont cependant intégré d’autres formes de savoir dans leur travail, par exemple en prenant davantage en compte les connaissances traditionnelles dans la recherche concernant les Autochtones, ou les expériences des membres d’une communauté dans l’établissement des questions à explorer et des résultats visés.

Reconnaissance des rôles et des responsabilitésAfin d’obtenir des résultats fructueux des partenariats de recherche, les partenaires doivent bien comprendre leurs responsabilités et rôles respectifs ainsi que les objectifs communs et les résultats attendus justifiant la collaboration proposée. Les conditions de l’engagement et les attentes par rapport aux résultats sont de mieux en mieux définies dans les protocoles d’entente officiels et autres ententes similaires. Ces documents intègrent des questions telles que les processus d’évaluation des projets et des propositions de recherche, le financement et la supervision des étudiants aux cycles supérieurs, la gouvernance, les communications et la reddition de comptes, l’accès aux installations, la PI et les conflits d’intérêts. Néanmoins, des difficultés demeurent dans la

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fondée sur la reconnaissance des forces propres à chacun. Les ententes doivent être élaborées de façon à garantir la viabilité de la relation à long terme, afin que le partenariat puisse être profitable pour les participants et la société en général. Dans un même ordre d’idées, les partenariats des universités canadiennes avec des organisations d’autres secteurs et d’autres pays doivent évoluer afin de passer d’une relation de type « transactionnel » à une relation de type « transformationnel » pour les deux parties.

Gouvernance et processus décisionnelLes modèles de gouvernance et de gestion doivent être adaptés aux différences entre les partenaires ainsi qu’aux circonstances et aux objectifs particuliers de la collaboration. Étant donné la nature dynamique des partenariats, il est important de définir les caractéristiques de chaque collaboration et d’adapter selon les occasions et les obstacles qui se présentent au lieu d’adopter une approche uniformisée. Néanmoins, il peut être difficile d’assurer l’efficacité d’un partenariat et la satisfaction des besoins et des attentes de toutes les parties compte tenu des différences dans les méthodes de gouvernance et de prise de décisions des partenaires.

Dans certains cas, la structure de gouvernance d’un projet peut faire que certains partenaires se retrouvent incapables de contribuer à la gestion et à l’administration du projet de manière significative. Par exemple, dans le cadre de la collaboration de recherche universités‑ communautés, les partenaires de la communauté s’attendent parfois à occuper un rôle important dans le processus décisionnel relatif à la recherche, particulièrement aux étapes de la planification initiale. Sans la mise en place de structures de gouvernance permettant de répondre à ces attentes, les partenaires de la communauté risquent d’être déçus de leur faible contribution au projet en cours, et être moins disposés à s’engager dans de futures collaborations. Dans cette optique, il s’avère plus avantageux d’utiliser des structures et des processus de gouvernance qui répondent aux attentes de la communauté et permettent aux partenaires communautaires de faire entendre leur voix. Certains domaines, comme la planification urbaine, ont été le théâtre de plusieurs réussites à cet égard.

Partage des coûts de la rechercheLes nombreux avantages d’une collaboration accrue en matière de recherche sont clairs tant pour les universités que pour leurs partenaires. Il est toutefois important de s’assurer que les participants comprennent tout aussi bien la nature des frais de soutien de la recherche engagés dans le cadre de la collaboration. Bon nombre de ces frais sont similaires à ceux assumés par les universités dans d’autres secteurs de la recherche et sont liés à des éléments bien connus de l’entreprise de la recherche, comme la conformité aux règlements (par exemple, le respect de l’éthique dans la recherche ou l’utilisation d’animaux ou de produits comportant des biorisques) ou l’entretien des installations de recherche. Ces éléments sont importants en recherche parce qu’ils garantissent aux parties intéressées que les activités de R‑D se dérouleront conformément aux normes les plus élevées.

Comme ces normes ne peuvent être enfreintes sans que l’intégrité d’un projet de recherche s’en trouve compromise, les universités doivent assumer les frais de soutien de la recherche, que ceux‑ci soient couverts ou non par les ententes de collaboration. Si le partenariat ne finance pas les frais de soutien de la recherche dans une mesure suffisante, les universités devront puiser dans leurs ressources internes, principalement dans leurs budgets d’exploitation. Bien que cela puisse être une solution pour permettre au partenariat de se réaliser, elle limite la capacité des universités à respecter d’autres volets de leur mission, comme la formation des étudiants qui, à leur tour, contribuent à enrichir le bassin de ressources qualifiées du Canada. À long terme, cette façon de faire risque d’ébranler la viabilité d’autres activités universitaires de recherche et d’enseignement127.

Par conséquent, les partenaires de recherche doivent reconnaître qu’il leur faut contribuer au financement des frais de soutien de la recherche dont ils bénéficient. Quoique ce problème ne soit en rien unique au Canada, il est primordial d’y faire face étant donné que les universités ont effectué des contrats de recherche d’une valeur de presque 1,2 milliard de dollars en 2006. On a observé, dans d’autres pays, une tendance croissante à financer l’ensemble des frais liés à la recherche universitaire (voir le chapitre 2), y compris la recherche concertée avec des partenaires non universitaires.

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

l’administration et la gouvernance de ces collaborations. Étant donné leur potentiel pour la capacité concurrentielle et les contributions du Canada sur la scène internationale, il serait possible et nécessaire d’intensifier les efforts afin de mettre en commun les leçons tirées des partenariats de longue date et des nouveaux partenariats prometteurs et de trouver des façons novatrices de surmonter les obstacles classiques à des engagements fructueux entre les secteurs d’activité et les pays. La mise en commun d’une culture d’apprentissage continu en ce qui concerne les façons de tirer le meilleur parti de ces collaborations ne peut qu’améliorer la vie des Canadiens et des personnes qu’elles touchent dans le monde entier.

Mesures incitatives et récompenses réservées aux professeursBien que ce ne soit pas nouveau, les partenariats avec d’autres secteurs mettent aussi les universités au défi de s’éloigner de leurs méthodes traditionnelles pour évaluer et récompenser les contributions des professeurs. En effet, certains des mécanismes en place ne permettent pas de reconnaître pleinement la valeur des activités de partenariat des professeurs et peuvent même nuire à la participation plutôt que la favoriser. Par exemple, dans le processus de titularisation et de promotion, les publications sont bien davantage reconnues que les services à la collectivité. Néanmoins, certains établissements ont élaboré des systèmes pour mieux récompenser le service à la collectivité, y compris en contexte international. Par ailleurs, le secteur privé a manifesté le besoin pour les chercheurs de renforcer leurs capacités en affaires et en entrepreneuriat. Des universités possédant une solide culture en matière de commercialisation ont répondu à cette demande en offrant des cours et des activités visant à améliorer la capacité des professeurs à interagir avec le secteur privé.

De manière générale, il arrive que des membres du corps professoral hésitent à participer à des projets de recherche nationaux ou internationaux dont les activités mènent au‑delà des extrants habituels de la recherche concertée, parce que leur établissement ne reconnaît ou ne récompense pas de telles activités dans le cadre de ses politiques et de ses pratiques de titularisation et de promotion. Ainsi, les traditions universitaires peuvent aller à l’encontre de l’esprit de la collaboration en matière de recherche128, ce qui pose problème aux chercheurs universitaires en cette époque où les gouvernements d’un peu partout dans le monde favorisent l’application de la recherche pour en tirer des avantages concrets pour la société et des effets observables sur la qualité de vie des citoyens.

Bien qu’aucun des obstacles à la réussite d’un partenariat mentionnés ci‑dessus ne soit insurmontable, pour les franchir, les partenaires doivent s’engager concrètement à travailler en collaboration. La réussite à long terme de ces partenariats dépend de la volonté qu’ont les partenaires de respecter la mission et le mandat de chaque parti, de connaître les problèmes, les pratiques et la culture de chacun en matière de recherche et d’apprendre de ceux‑ci, tout en adoptant des comportements mutuellement responsables en ce qui concerne la promotion, le financement,

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Notes de fin – Chapitre 3

Toutes les données pour lesquelles aucune note n’a été rédigée sont fondées sur les estimations de l’AUCC ou sur des analyses des données recueillies par Statistique Canada. Dans le cas où un paragraphe contient de multiples données provenant d’une même source, la référence bibliographique n’est mise qu’à la fin de celui‑ci.

OCDE, 1 Principaux indicateurs de la science et de la technologie, vol. 2008/1, 2008.

Les cellules souches ont été découvertes par James Till et Ernest McCulloch.2

Le Canada investit massivement dans la recherche en médecine régénératrice, y compris sur les cellules souches, dans 3

le cadre d’une importante initiative stratégique des Instituts de recherche en santé du Canada. Outre le financement accordé aux IRSC, environ 130 millions de dollars ont été fournis au Cancer Stem Cell Consortium, une initiative du Partenariat d’innovation stratégique entre le Canada et la Californie (100 millions de dollars du gouvernement fédéral et 30 millions de dollars du gouvernement de l’Ontario). Plus de 63 millions de dollars ont été accordés au Réseau des cellules souches, l’un des Réseaux de centres d’excellence, qui réunit 46 universités, 44 entreprises et 60 organismes gouvernementaux et ministères.

OCDE, 4 Principaux indicateurs de la science et de la technologie, vol. 2008/1, 2008.

Les contrats de recherche supposent des résultats attendus devant être produits selon un certain échéancier. 5

En général, le bailleur de fonds conserve la propriété des résultats de recherche, a la priorité pour ce qui est de leur utilisation ou conserve le contrôle des résultats de recherche.

Statistique Canada, 6 Enquête sur la commercialisation de la propriété intellectuelle dans le secteur de l’enseignement supérieur 2006, 2008.

Ibid.7

Information obtenue de Syncrude et de la University of Western Ontario, juin 2008.8

Site Web de l’AURP (Association des parcs universitaires de recherche), www.aurpcanada.ca.9

Statistique Canada, 10 Enquête sur la commercialisation de la propriété intellectuelle dans le secteur de l’enseignement supérieur 2006, 2008.

Lebeau, L.-M., Laframboise, M.-C., Larivière, V. et Gingras, Y., « The effect of university-industry collaboration on 11

the scientific impact of publications: The Canadian case (1980-2005) », à paraître dans Research Evaluation. Le facteur d’impact relatif moyen est une mesure de l’impact perçu d’un article (ou la possibilité qu’un article soit cité). L’incidence relative des citations est une mesure du nombre de citations par article.

Site Web Business Dictionary.com, www.businessdictionary.com.12

Foray, D. et B.-A. Lundvall, « The Knowledge-Based Economy: From the Economics of Knowledge to the Learning 13

Economy », Employment and Growth in the Knowledge-Based Economy, OCDE, 1996, p. 11-32.

Il s’agit du nombre total d’étudiants inscrits à un programme coopératif. Bien qu’on ne connaisse pas le nombre exact 14

de stagiaires ou d’étudiants inscrits à un programme coopératif qui travaillent dans le secteur privé, les données dont on dispose permettent de croire qu’il existe de plus en plus de possibilités à ce chapitre. Information tirée du site Web de l’ACDEC, www.cafce.ca.

Outil de recherche d’octrois sur le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, 15

www.outil.ost.uqam.ca/crsng.

Information obtenue de la University of Waterloo (mai 2008).16

Smith, M., « Le secret de la commercialisation », 17 Affaires universitaires, février 2005.

Réseaux de centres d’excellence, 18 Rapport annuel 2006-2007 : L’avantage gagnant, 2007.

Ibid.19

Site Web de iParenting Media Awards, http://iparentingmediaawards.com/winners/16/26840-9-176.php.20

Association des universités et collèges du Canada 111

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Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Site Web des Réseaux de centres d’excellence, www.nce.gc.ca/comp/BLNCE/blnce_f.htm.21

Ibid.22

Site Web des Réseaux de centres d’excellence, www.nce.gc.ca/comp/CECR/cecr_f.htm23

Information obtenue du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (15 mai 2008).24

Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, 25 L’innovation grâce aux partenariats 2, 2006, p. 1.

Information obtenue du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (15 mai 2008).26

Outil de recherche d’octrois du le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, 27

www.outil.ost.uqam.ca/crsng.

Les Instituts de recherche en santé du Canada, 28 Rapport ministériel sur le rendement, 2006-2007, 2007.

Les Instituts de recherche en santé du Canada, 29 Base de données sur la recherche financée par les IRSC, http://webapps.cihr-irsc.gc.ca/financement.

Les Instituts de recherche en santé du Canada, 30 Rapport ministériel sur le rendement 2006-2007, 2007. Selon les IRSC, ces données ne représentent que les fonds fournis par les partenaires et administrés par les IRSC. Vu l’impossibilité de confirmer avec exactitude les contributions en nature fournies par les partenaires, et comme les fonds fournis par les partenaires non administrés par les IRSC ne sont pas inclus, les contributions des partenaires sont probablement sous-estimées.

Information tirée des outils de recherche d’octrois de CRSNG : http://www.outil.ost.uqam.ca/crsng/Outil.aspx, 31

et de CRSH : http://www.outil.ost.uqam.ca/CRSH/RechProj.aspx?vLangue=Francais, et de IRSC http://webapps.cihr-irsc.gc.ca/financement/.

Information obtenue de la Fondation canadienne pour l’innovation (22 mai 2008).32

Site Web Génome Canada, www.genomecanada.ca.33

Site Web du Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada, 34

www.irap-pari.nrc-cnrc.gc.ca.

Certains de ces éléments complémentaires sont inspirés d’un document de réflexion élaboré par Tom Brzustowski, 35

« The Potential for Integrating Government and University Research », décembre 2006.

Conseil d’experts en sciences et en technologie, 36 Les liens dans le système national de connaissance, 2005, p. 7.

Bon nombre de ces avantages sont énumérés dans le rapport de BearingPoint LP, 37 Evaluation of the National Institute of Nanotechnology, juin 2006.

Gouvernement du Canada, 38 Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, 2007, p. 74.

Kinder, J.S., « The Co-location of Public Science: Government Laboratories on University Campuses », dans G.B. Doern 39

et C. Stoney (dir.), Research and Innovation Policy: Changing Relations Between Universities and the Federal Government, à paraître en 2009.

Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, « Le nouveau gouvernement du Canada annonce la création d’un groupe 40

d’experts indépendant sur le transfert de la gestion des laboratoires fédéraux », communiqué de presse du 13 août 2007, www.tbs-sct.gc.ca/media/nr-cp/2007/0813-fra.asp.

Naimark, A., K. Keough, K. Ogilvie et C. Willis, 41 Partenariats intersectoriels pour les laboratoires fédéraux à vocation non réglementaire, rapport au président du Conseil du Trésor du Canada, janvier 2008, p. 3.

Les cinq laboratoires fédéraux identifiés par le groupe d’experts sont : Agriculture et Agroalimentaire Canada – Centre 42

de recherches sur les céréales; Conseil national de recherches du Canada – Centre des technologies de fabrication en aérospatiale; Environnement Canada – Centre technique des eaux usées; Ressources naturelles Canada – Laboratoires géoscientifiques; Santé Canada – Laboratoires de la sécurité des milieux. En juin 2008, le gouvernement fédéral annonçait que des arrangements de partenariats étaient en cours d’étude avec deux de ces laboratoires : le Centre de recherches sur les céréales ainsi que les Laboratoires géoscientifiques.

112 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

Page 119: L’Association des universités et collèges du Canada …...en plein essor e oir L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole des universités canadiennes

Ce sondage exploratoire a été envoyé aux bureaux des vice-présidents à la recherche des établissements membres 43

de l’AUCC en septembre 2006.

Le terme « étudiants » désigne les étudiants au premier cycle et aux cycles supérieurs ainsi que les boursiers 44

postdoctoraux. Indicateurs généraux fournis par Ressources naturelles Canada, 23 juillet 2008.

Bertrand, F. et G. Côté, 45 25 Years of Canadian Environmental Research: A Scientometric Analysis (1980-2004), document préparé par Science-Metrix pour Environnement Canada, mars 2006, p. 46.

Site Web de l’Agence de la santé publique du Canada, www.nml-lnm.gc.ca/overview-apercu-fra.htm, et site Web 46

de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, www.inspection.gc.ca/francais/sci/lab/cscf.shtml.

Information fondée sur les résultats obtenus au sondage 2006 de l’AUCC.47

Information obtenue de Agriculture et Agroalimentaire Canada (28 août 2008).48

Site Web de la Commission de la fonction publique du Canada, www.jobs-emplois.gc.ca/srp-rap-par/index_f.htm.49

Données statistiques fournies par le bureau du Soutien central aux affaires du Conseil national de recherches 50

du Canada.

Site Web du Conseil national de recherches du Canada, 51

www.nrc-cnrc.gc.ca/aboutUs/corporatereports/fact_sheets/factsheet_vancouver_f.html.

Réseaux de centres d’excellence, rapports annuels de 2002 et de 2007.52

Information obtenue de Génome Canada, 7 juillet 2008.53

Information obtenue du Centre des technologies de l’aluminium du Conseil national de recherches du Canada, 54

4 juin 2007.

BearingPoint LP, 55 Evaluation of the National Institute of Nanotechnology, juin 2006, p. 28-29.

Ce chiffre tient compte des retombées financières des dépenses directes et indirectes (118,9 millions de dollars), 56

des dépenses connexes (102,6 millions de dollars) et des entreprises dérivées (plus de 900 millions de dollars). Source : Deloitte, University of Guelph/OMAFRA Impact Study, 14 décembre 2007.

Site Web du programme Human Early Learning Partnership, www.earlylearning.ubc.ca/about.htm.57

OCDE, 58 Gouvernance de la recherche publique – Vers de meilleures pratiques, octobre 2003, p. 35.

Ibid., p. 25-26.59

Lederer, J. et M. Seasons, « Understanding the University-Community Alliance: The Waterloo Experience », 60

Revue canadienne de recherche urbaine 14, hiver 2005, p. 2.

Montréal International est une organisation qui réunit les universités de la région de Montréal, plus de 90 entreprises 61

et plus de 80 administrations locales et régionales, qui collaborent pour faire valoir les forces de Montréal sur le plan de la recherche et de l’innovation et stimuler les investissements dans la région. Par ailleurs, la Toronto Region Research Alliance vise à élargir les capacités de recherche de la région dans des domaines prioritaires comme les techniques de fabrication de pointe, la biologie et les sciences de la vie, l’énergie et l’environnement de même que les technologies de l’information et les communications.

Site Web de l’Association des parcs universitaires de recherche, www.aurpcanada.ca.62

Par exemple, à Halifax, l’autorité en matière d’eau fournit des fonds et un appui à la recherche (p. ex., une usine pilote) à 63

la Chaire de recherche industrielle CRSNG – Halifax Regional Water Commission sur la qualité et le traitement de l’eau. De manière générale, la coordination de la recherche sur l’eau potable et d’autres questions liées à l’eau est effectuée par le Réseau canadien de l’eau (l’un des Réseaux de centres d’excellence), qui réunit 30 universités et plus de 50 collectivités locales et régionales et autorités responsables des services d’eau, en plus d’entreprises du secteur privé et des gouvernements fédéral et provinciaux. Au Québec, le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines assure la diffusion des connaissances.

Association des universités et collèges du Canada 113

Page 120: L’Association des universités et collèges du Canada …...en plein essor e oir L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole des universités canadiennes

Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

La University of Regina et la municipalité de Regina collaborent avec le Centre de recherche sur les infrastructures 64

durables du CNRC (adjacent à l’Université) sur les questions liées à l’eau. La University of British Columbia collabore avec la Simon Fraser University et l’Emily Carr University ainsi qu’avec des ONG et des organismes du secteur privé à la mise sur pied du Centre for Interactive Research on Sustainability. Ce centre sera un « laboratoire vivant » destiné à la création de nouvelles conceptions et méthodes architecturales et contribuera à coordonner l’action communautaire en matière de développement durable.

Voir par exemple : Clover, D. E., et McGregor, C., 65 Community-University Partnerships: Connecting for Change. Proceedings of the Third International Community-University Exposition, University of Victoria, mai 2008. Disponible au www.cuexpo08.ca/program/proceedings.html.

Voir à titre d’exemple le projet Métropolis, un réseau international favorisant la recherche comparative et l’élaboration 66

de politiques publiques sur la migration, la diversité et l’intégration des immigrants dans les villes au Canada et dans le monde entier. Voir le site Web du projet Métropolis, http://canada.metropolis.net/index_e.html.

L’étude Connaissances et ressources humaines pour le développement de la langue innue, un projet quinquennal 67

financé par le programme Alliance de recherche universités-communautés, est un exemple de projet ayant trait aux langues autochtones. Voir : www.innu-aimun.ca/modules.php?name=cura&p=project.

Fondation des maladies du cœur du Canada, 68 Rapport de recherche 2006-2007, p. 4

Ibid., p. 11.69

Site Web Fondation des maladies du coeur du Canada, « On doit tout à la recherche », 70

www.fmcoeur.on.ca/site/c.pkI0L9MMJpE/b.3664653/k.EA9E/Recherche.htm.

Institut national du cancer du Canada, 71 Rapport annuel 2006/2007, p. 3.

Site Web de l’Institut national du cancer du Canada, www.ncic.cancer.ca.72

Base de données de l’Institut national du cancer du Canada, 73

http://webapps.cihr-irsc.gc.ca/financement.

L’Alliance canadienne pour la recherche sur le cancer du sein (ACRCS) est un partenariat national réunissant la Société 74

canadienne du cancer, l’Institut national du cancer du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada, Santé Canada, l’Agence de santé publique du Canada, la Avon Flame Foundation ainsi que la Fondation canadienne du cancer du sein, qui canalise un soutien et des fonds considérables en provenance du secteur privé. Le Réseau canadien du cancer du sein, organisation nationale qui représente les femmes ayant vaincu le cancer du sein dans tous les aspects des travaux de l’ACRCS, y participe également. Voir le site Web du ACRCS, www.breast.cancer.ca.

Ibid.75

Alliance canadienne pour la recherche sur le cancer du sein, 76 Bulletin de recherche sur le cancer du sein, Printemps/Été 2007, p. 6, 12.

Barrington Research Group Inc., 77 Programme des Alliances de recherche universités-communautés (ARUC) : Analyse des données contenues dans le rapport d’étape et le rapport de première année, document préparé pour le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, juin 2004.

Information obtenue des Instituts de recherche en santé du Canada et de leur site Web, www.irsc.gc.ca.78

Réseaux de centres d’excellence, « Un investissement de 25,9 millions $ pour appuyer sept réseaux de recherche 79

pan-canadiens », communiqué de presse du 27 mars 2006.

Information obtenue du Centre canadien de rayonnement synchrotron, 2 septembre 2008.80

AUCC, 81 Internationalisation des campus canadiens : principaux thèmes abordés lors de l’édition 2007 de l’Atelier Banque Scotia et AUCC sur l’excellence en internationalisation au sein des universités canadiennes, 2007, p. 4.

AUCC, 82 Participation des universités canadiennes à la coopération internationale pour le développement, fiche d’information, mai 2007, p. 4.

Commission for Africa, 83 Our Common Interest, Report of the Commission for Africa, mars 2005, p. 138.

114 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

Page 121: L’Association des universités et collèges du Canada …...en plein essor e oir L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole des universités canadiennes

AUCC, 84 Participation des universités canadiennes à la coopération internationale pour le développement, 2007, p. 2.

OCDE, 85 Science, technologie et industrie tableau de bord 2007 : innovation et performance dans l’économie globale, 2007, p. 170.

Calculs de l’AUCC fondés sur des données du National Science Board, 86 Science and Engineering Indicators 2008, 2008.

National Science Board, 87 Science and Engineering Indicators 2008, 2008.

Ibid.88

Côté, G. et Archambault, E., 89 Collaboration between Canada and Developing Countries, 1992-2003, préparé pour le Bureau du conseiller national des sciences, Bureau du Conseil privé, par Science-Metrix, 2005, p. 1.

Statistique Canada, 90 Enquête sur la commercialisation de la propriété intellectuelle dans le secteur de l’enseignement supérieur 2006 (2008).

Ibid.91

Les données de 2005 sont complètes. Par contre, pour 1999 le nombre de contrats de recherche hospitalière accordés 92

par des gouvernements étrangers et la valeur des contrats de recherche hospitalière accordés par les entreprises et les gouvernements étrangers n’ont pas été publiés en raison des exigences de confidentialité de la Loi sur la statistique. Toutefois, les contrats de recherche hospitalière ne représentent qu’une petite part des contrats de recherche accordés aux hôpitaux et aux universités, et les données pouvant être comparées (nombre total de contrats de recherche accordés par des entreprises et des organismes étrangers) indiquent une hausse de 167 pour cent entre 1999 et 2005.

Fondation canadienne pour l’innovation, 93 Rapport de 2007 sur les résultats : Une analyse des investissements dans l’infrastructure de recherche, 2007, p. 32-33.

Comité de planification à long terme pour l’astronomie et l’astrophysique au Canada, 94 Mid-term Review: A Report to the Canadian Astronomical Society – The Origins of Structure in the Universe, 2004, p. 24.

Conseil des académies canadiennes, 95 L’état de la science et de la technologie au Canada, septembre 2006, p. 10.

Les principaux documents qui portent sur la collaboration internationale en matière de recherche au Royaume-Uni 96

sont entre autres Science and Innovation Investment Framework 2004-2014, juillet 2004; Global Science and Innovation Forum: A Strategy for International Engagement in Research and Development, octobre 2006; The Race to the Top: A Review of Government’s Science and Innovation Policies, octobre 2007; International Research: A Strategy for the UK Research Councils, juillet 2007. Le document A New Approach to International S&T Cooperation in the EU’s 7th Framework Programme énonce de quelle façon la collaboration internationale en matière de recherche sera intégrée au 7e programme-cadre 2007-2013.

Gouvernement du Canada, 97 Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, mai 2007, p. 90.

Site Web de Affaires étrangères et Commerce international Canada, www.infoexport.gc.ca/science/agreements-fr.htm.98

Information obtenue de Affaires étrangères et Commerce international Canada, 18 août 2008.99

Affaires étrangères et Commerce international Canada, « Le Canada et la Chine annoncent le lancement d’initiatives 100

conjointes en sciences et technologie », communiqué de presse du 22 mai 2008.

Affaires étrangères et Commerce international Canada, 101 « Le Canada et l’Inde annoncent le lancement d’initiatives conjointes en sciences et technologie », communiqué de presse du 15 juin 2008.

Réseaux de centres d’excellence, 102 Rapport annuel 2006-2007 : L’avantage gagnant, 2007, p. 23.

Information obtenue de la Fondation canadienne pour l’innovation et du son site Web, 103

www.innovation.ca/programs/index.cfm?websiteid=379

Dalhousie University et la Fondation canadienne pour l’innovation, « Le Canada finance un projet international 104

qui révolutionnera le milieu de la recherche océanique », communiqué de presse conjoint du 12 février 2007.

Information obtenue de Génome Canada, 5 août 2008.105

Association des universités et collèges du Canada 115

Page 122: L’Association des universités et collèges du Canada …...en plein essor e oir L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole des universités canadiennes

Chapitre 3 : Les par tenariats des universités en R-D

Cet accord d’une durée de trois ans a été mis en place par l’entremise du Canada-California Strategic Innovation 106

Partnership. Les autres partenaires canadiens sont : la Fondation canadienne pour l’innovation, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Réseau de cellules souches, le Gouvenement de l’Ontario et le Ontario Institute for Cancer Research. Le partenaire californien est le California Institute for Regenerative Medicine.

Conseil de recherches en sciences humaines, 107 Politique internationale du CRSH et stratégie connexe, 2005, p. 6.

Dans le document Cadre pour la coopération et les relations internationales, février 2006, les Instituts de recherche en 108

santé du Canada désignent certains pays avec lesquels leurs instituts et leurs directions sont encouragés à collaborer. Il s’agit entre autres des États-Unis, du Japon et des pays d’Europe ainsi que des économies émergentes que sont l’Inde, la Chine et le Mexique. Plutôt que de préciser des pays à faible revenu, les IRSC encouragent les instituts et les directions à évaluer les projets potentiels à la lumière de l’état de santé de la population du pays, du système de santé et du système de recherche sur la santé, des menaces émergentes pour la santé, de la stabilité politique et de la primauté du droit ainsi que des relations que le pays a entretenues par le passé avec le Canada.

Information obtenue du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie.109

Information obtenue du Conseil de recherches en sciences humaines, 17 juin 2008. Ce chiffre a été obtenu en excluant 110

le programme des Chaires de recherche du Canada et les Réseaux de centres d’excellence.

Ibid.111

Information obtenue des Instituts de recherche en santé du Canada.112

Information obtenue du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie.113

L’initiative japonaise HFSP offre des subventions de recherche à des équipes de scientifiques de divers pays qui 114

souhaitent mettre leur expertise en commun pour aborder des questions auxquelles les laboratoires ne pourraient trouver réponse individuellement. Il s’agit d’encourager les scientifiques à entreprendre des collaborations pluridisciplinaires portant sur des problématiques liées aux sciences de la vie.

Information obtenue du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie.115

Centre de recherche en développement international, « Nouvelles alliances universitaires entre le Canada et des pays 116

en développement », communiqué de presse du 3 décembre 2007.

Information obtenue du Conseil de recherches en sciences humaines et du site Web décrivant ce programme, 117

www.sshrc.ca/web/apply/program_descriptions/cura_idrc_f.asp.

Information obtenue de l’Agence canadienne de développement international, juillet 2008.118

AUCC, 119 Des économies dynamiques et des pratiques de saine gouvernance voient le jour grâce aux partenariats du savoir, 2007, p. 1, 18.

University of British Columbia, « UBC Opens Asia-Pacific Regional Office in Hong Kong », communiqué de presse du 120

3 mai 2005.

Queen’s University, « Queen’s China liaison promotes internationalization », communiqué de presse du 6 novembre 121

2007.

Université du Québec, « L’Université du Québec inaugure son bureau à Paris », communiqué de presse du 27 mai 2008.122

Johnson, D., 123 The University Private Sector Interface and the Ontario Economy, document d’information préparé en vue du Sommet économique de l’Ontario, 6 et 7 octobre 2004, p. 9.

Conference Board du Canada, 124 Lessons in Public-Private Research Collaboration: Improving Interactions between Individuals, juin 2006, p. 23.

À titre d’exemples, notons la politique sur la propriété intellectuelle de la University of Toronto; 125 Best Practices for the Licensing of Genomics Inventions des National Institutes of Health; Nine Points to Consider in Licensing University Technology de l’Association of University Technology Managers; et les Lignes directrices relatives aux licences sur les inventions génétiques de l’OCDE.

116 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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Corbyn, Z., « ESRC cuts red tape that deters cross-border collaborations », 126 Times Higher Education, 21 février 2008.

AUCC, 127 Tendances dans le milieu universitaire – Volume 3 : Finances, 2008.

Fitzpatrick, J., « Mobilisation des connaissances », 128 Affaires universitaires, mai 2008, p. 12.

Association des universités et collèges du Canada 117

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Chapitre

Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

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FORMATION REÇUE DANS UN MILIEU AXÉ SUR LA RECHERCHE

Parmi toutes les formes de mobilisation du savoir qui résultent de la recherche universitaire, la formation de diplômés hautement qualifiés au sein d’un milieu axé sur la recherche est celle qui génère les retombées les plus importantes. Par l’entremise de leurs diplômés, les universités contribuent à rassembler des faits, des théories, des méthodes, des compétences, des opinions et des produits culturels qui se répercutent sur la société et l’économie dans son ensemble. En participant à des projets de recherche, et au contact d’une vaste base de connaissances, créée dans une large mesure grâce à la recherche universitaire, les étudiants acquièrent des qualités et des compétences essentielles dans l’économie d’aujourd’hui : résolution de problèmes, compétences analytiques, pensée critique, capacité de travailler en équipe, capacité d’adaptation et compétences en communication orale et écrite. Une fois diplômés, ils font appel aux connaissances qu’ils ont acquises et appliquent leurs compétences pour en faire profiter la société et l’économie dans son ensemble.

Pour les chercheurs et les étudiants qui choisissent un sujet d’études et définissent leur objectif et leur méthodologie de recherche, la quête de réponses à des questions liées à la recherche est en soi intéressante. La valeur de ces travaux pour la société gagne toutefois en importance lorsque les apprentissages et les prises de conscience qui en résultent sont mis en commun. Ce principe s’applique à tous les intervenants en recherche, mais touche cependant plus particulièrement les chercheurs universitaires, qui exercent une vaste influence puisqu’ils forment des chercheurs qui iront travailler dans d’autres secteurs de l’économie et font appel à des connaissances utiles à l’ensemble de la société. La multitude de retombées positives de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir peuvent essentiellement être ramenées à trois catégories distinctes :

la formation reçue dans un milieu axé sur »la recherche;la production et la diffusion de connaissances »entre disciplines, secteurs et pays;les innovations stimulant la création de produits, »de processus, de services et de politiques de même que l’adoption de nouveaux comportements et de nouvelles idées.

Chapitre 4 :Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

Association des universités et collèges du Canada 121

Page 128: L’Association des universités et collèges du Canada …...en plein essor e oir L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole des universités canadiennes

Les diplômés qui ont acquis des compétences en recherche contribuent, au cours de leur carrière dans d’autres secteurs, à accroître considérablement la capacité de leur employeur à intégrer de nouvelles idées et à innover. Les organismes qui embauchent ces diplômés ont ainsi plus de facilité à appliquer et à mobiliser des connaissances. Dans un contexte commercial, par exemple, les diplômés formés en recherche peuvent amener leur entreprise à utiliser les résultats liés à la recherche universitaire pour concevoir des produits et des processus commercialisables. Dans le secteur public, les compétences en recherche des diplômés peuvent être mises à profit dans l’élaboration de politiques et l’administration publique.

De manière générale, les compétences en analyse, les connaissances et les idées des diplômés en ce qui a trait à la façon d’utiliser, d’appliquer et de cultiver ce savoir profitent à l’ensemble de la société. « De tout ce que vous aura procuré votre passage ici, cette capacité de réfléchir de façon autonome et d’avoir un esprit critique constitue certainement l’acquis le plus précieux, surtout à ce moment précis de notre histoire », a souligné Kevin Lynch, greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet, dans un discours prononcé à l’occasion d’une collation des grades à la Mount

Allison University. « C’est, sans aucun doute, une compétence qui est valorisée et fortement recherchée dans l’environnement professionnel auquel j’appartiens. La fonction publique fait actuellement l’objet d’un exercice de renouvellement à tous les niveaux, étant donné la proportion de l’effectif que représentent les membres de la génération du baby-boom – à laquelle j’appartiens, vous l’aurez sans doute deviné. Ce dont nous avons besoin, ce sont des jeunes gens qui réfléchissent aux problèmes du monde, qui sont capables d’analyses critiques, qui expriment leur pensée de façon intelligible, qui cherchent continuellement à enrichir leurs connaissances, et qui ont envie de faire bouger les choses dans leur pays. Chose intéressante, les mêmes connaissances sont également recherchées dans le secteur privé1. »

Titulaires de diplômes sur le marché du travailEntre 1997 et 2007, environ 1,53 million de baccalauréats et de premiers diplômes professionnels de même que 306 600 diplômes de maîtrise et 44 300 diplômes de doctorat ont été décernés au Canada. Au cours de cette période, le nombre de diplômes décernés a augmenté de manière considérable. C’est à la maîtrise que cette croissance a été le plus marquée (68 pour cent),

Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

Graphique 4.1 : En 2006, un nombre record de diplômés du troisième cycle occupaient un emploi dans une grande variété de domaines

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006

Nombre de diplômés du troisième cycle âgés de 25 à 64 ans, occupant un emploi à temps plein ou à temps partiel selon la profession, 2006

0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000

Sciences sociales, enseignement, administration

publique et religion

Gestion

Affaires, finances et administration

Sciences naturelles et appliquées et professions

apparentées

Secteur de la santé

Art, culture,loisirs et sports

Autres emplois

122 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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proportion suivie par l’augmentation du nombre de baccalauréats et de premiers diplômes professionnels (31 pour cent) et de doctorats (18 pour cent). Les données du recensement de 2006 montrent que, de 2001 à 2006, le nombre d’adultes de 25 à 64 ans titulaires d’un doctorat a augmenté de 30 pour cent, ce qui s’explique tant par la formation de Canadiens que par l’immigration de titulaires d’un doctorat au Canada.

Les titulaires d’un diplôme de baccalauréat ou de maîtrise obtenu au cours de cette période ont majoritairement étudié en sciences sociales ou en sciences humaines; on estime que près du tiers d’entre eux ont étudié dans un domaine appliqué, par exemple, en affaires ou en administration, en droit ou encore en éducation. Quelque 20 pour cent des diplômés avaient choisi les sciences naturelles et le génie, et sept pour cent, les sciences de la santé. Au doctorat, la répartition des diplômes décernés diffère considérablement : 50 pour cent des diplômés se sont spécialisés en sciences naturelles et en génie, 42 pour cent en sciences sociales et humaines, et huit pour cent, en sciences de la santé.

Les données du recensement de même que l’Enquête sur la population active de Statistique Canada confirment que les travailleurs hautement qualifiés sont de plus en plus recherchés au Canada et que les universités alimentent le marché du travail canadien en formant des diplômés dont les compétences sont hautement prisées2. En 2006, le nombre de titulaires d’un doctorat âgés de 25 à 64 ans qui occupent un emploi a atteint un niveau record. Plus de 122 000 emplois à temps plein et à temps partiel étaient alors occupés par des titulaires de doctorat, une hausse de 30 pour cent par rapport à 2001. La moitié d’entre eux, soit environ 62 000 diplômés, travaillaient dans les domaines des sciences sociales, enseignement, administration publique et religion. Les autres travaillaient en sciences naturelles (22 000), en santé (13 000), en gestion (12 000), en affaires, en finances et en administration (5 500), dans le domaine des arts, de la culture, des loisirs et des sports (3 000) ou dans d’autres domaines (6 000). Le nombre d’emplois occupés par des titulaires de doctorat dans le domaine de la santé, qui a doublé par rapport à 2001, est celui qui a connu la plus forte croissance pendant cette période. Comme il est indiqué dans le volume de Tendances dans le milieu universitaire consacré au

corps professoral, publié à l’automne 2007 par l’AUCC, le nombre de professeurs à temps plein a atteint 40 800 en 2006, ce qui représentait un sommet jamais atteint au pays et une augmentation de 16 pour cent par rapport à 2001, année où on dénombrait 35 100 professeurs à temps plein.

Le nombre d’emplois destinés à des diplômés universitaires augmente cependant à un rythme plus rapide que la hausse du nombre de diplômes décernés par les universités canadiennes. Le Canada dépend donc de plus en plus de l’immigration pour répondre à la demande de titulaires de diplômes universitaires sur le marché de l’emploi. Par exemple, le recensement révèle que, entre 2001 et 2006, 250 000 emplois ont été accordés à des immigrants titulaires d’un diplôme universitaire. Parmi ceux-ci, 220 000 avaient étudié à l’étranger. L’Enquête sur la population active révèle par ailleurs que, de 1997 à 2007, le taux d’emploi a crû plus rapidement chez les diplômés universitaires que chez les Canadiens moins instruits et que, malgré l’ajout de ces nouveaux diplômés, parmi lesquels on compte des nouveaux arrivants (qui gagnent en général des salaires moindres), le revenu moyen des diplômés universitaires s’est maintenu au cours de cette période.

Dans sa dernière édition de Perspectives du marché du travail canadien pour la prochaine décennie, Ressources humaines et Développement social Canada souligne que la plupart des professions dans lesquelles une pénurie d’employés avait été enregistrée en 2005 exigeaient un diplôme universitaire. Il s’agit entre autres de professions dans les domaines des sciences naturelles et appliquées, de la santé, de l’éducation et de la gestion. Selon ce rapport, les emplois qui exigent un diplôme universitaire seront ceux qui connaîtront la croissance la plus rapide, soit en moyenne 1,6 pour cent par année contre un pour cent ou moins dans le cas des autres emplois3.

Retombées positives pour les particuliers et la sociétéIl est très avantageux pour le Canada qu’un nombre croissant de diplômés universitaires soient formés dans un milieu axé sur la recherche. Ces derniers transmettent leurs connaissances dans leur milieu de travail de même qu’au sein du gouvernement et des collectivités, et sont en mesure d’appliquer leurs compétences et leur expertise à des enjeux sociaux et

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économiques prioritaires pour les Canadiens. À long terme, le Canada profite également de leurs nombreuses qualités, par exemple, l’esprit d’entreprise, la capacité de réaction et d’adaptation et la volonté de poursuivre un apprentissage continu.

L’acquisition des compétences nécessaires pour cultiver l’esprit d’entreprise constitue un avantage non négligeable de la formation dans un milieu axé sur la recherche. Cette qualité consiste à avoir la volonté et la capacité de transformer une idée nouvelle ou une invention en innovation réussie. Bien qu’aucune donnée d’ensemble à l’échelle nationale ne permette d’évaluer de quelle façon les étudiants sont en mesure d’appliquer l’expérience et les connaissances acquises à l’université à des produits ou à des services concrets, certaines universités disposent de programmes susceptibles d’indiquer de quelle façon les étudiants acquièrent cette aptitude. Par exemple, l’Université Laval a créé une organisation appelée Entrepreneuriat Laval, dont la mission est d’aider les étudiants à développer leurs compétences en affaires et en gestion d’entreprises. Le centre offre divers services, dont des ateliers, des séminaires, des services professionnels sur la création d’un plan d’affaires, de même que de l’aide pour les étapes de préparation et de valorisation des résultats de recherche sur le marché. Depuis sa création en 1993, Entrepreneuriat Laval a contribué à la mise sur pied de 359 entreprises qui fournissent près de 750 emplois, essentiellement à des diplômés universitaires4.

Capables d’appliquer leurs connaissances et leurs compétences dans divers contextes, les diplômés universitaires renforcent également la capacité de réaction et d’adaptation de la main-d’œuvre. Par exemple, le recensement de 2006 révèle que plus de la moitié des professionnels de l’informatique et des systèmes d’information qui occupent un emploi au Canada ont suivi une formation dans un domaine autre que l’informatique ou le génie informatique : certains sont diplômés d’autres programmes de génie, d’autres ont fait des études commerciales ou de gestion, tandis que d’autres encore ont étudié dans des domaines aussi diversifiés que les sciences sociales, les mathématiques, la physique, la biologie, les arts visuels, les arts de la scène, l’éducation, les lettres et les sciences humaines. Le recensement de 2006 montre également que les diplômés qui ont obtenu un poste de cadre dans leur milieu de travail ont étudié dans une large gamme de domaines. Près

du tiers d’entre eux ont obtenu leur plus haut grade en études commerciales et en gestion. Réunis, les diplômés occupant des postes de gestion qui ont étudié en génie, en sciences sociales et en éducation représentent une autre tranche de 30 pour cent.

La contribution des diplômés à la productivité et à la souplesse de la main-d’œuvre est rehaussée par le fait que, en raison de leur formation universitaire, ils accordent une grande importance à l’apprentissage continu. En 2002, environ la moitié des diplômés universitaires sondés pour l’Enquête sur l’éducation et la formation des adultes de Statistique Canada avaient acquis des connaissances ou des compétences nouvelles de façon autonome. Qui plus est, les employeurs sondés étaient trois fois plus enclins à investir pour offrir une formation officielle liée au travail à leurs employés titulaires d’un diplôme universitaire qu’à leurs employés ayant au plus une formation secondaire, car ils reconnaissent que les diplômés universitaires sont plus aptes à apprendre de façon continue et à s’adapter5.

L’enquête confirme par ailleurs que les titulaires d’un diplôme universitaire sont les plus susceptibles de suivre d’autres types de formation officielle au cours de leur carrière. En 2002, les Canadiens ayant une formation universitaire étaient en moyenne trois fois plus enclins à participer à des activités d’éducation et de formation des adultes que ceux ne détenant qu’un diplôme d’études secondaires6. Ayant à la fois le désir et la capacité d’apprendre de façon continue, les diplômés universitaires sont en mesure d’être tout au long de leur vie des agents de changement au sein de leur collectivité et de leur lieu de travail.

D’importants travaux de recherche réalisés au Canada et à l’étranger montrent les rapports entre formation universitaire et revenu (souvent désignés par « rendement privé de l’éducation »). La progression récente de ce type de recherche apporte des preuves solides d’une relation de cause à effet entre le niveau de scolarité et la réussite sur le marché du travail7. Ces nouveaux résultats de recherche tendent à montrer que ce lien pourrait en fait être encore plus important que ce qu’on croyait. Par ailleurs, Craig Riddell, professeur d’économie à la University of British Columbia, fait remarquer que « le rendement des investissements progressifs en éducation (surtout ceux qui ciblent les groupes relativement peu instruits) dépasse souvent

Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

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le rendement moyen enregistré pour la population active dans son ensemble8 ».

Des travaux de recherche récents, réalisés principalement aux États-Unis, appuient également la thèse d’un lien de cause à effet entre l’éducation et d’autres avantages sur le plan social, entre autres la transmission de connaissances aux collègues ayant un niveau de scolarité inférieur. Ces bienfaits se font sentir ailleurs que sur le marché du travail, à savoir sur le plan de la santé et des relations intergénérationnelles, et procurent des avantages pour la société sur le plan de l’imposition9. À la lumière de ces nouveaux travaux de recherche, M. Riddell conclut que le taux de rendement des investissements privés et publics en éducation est de l’ordre de sept à 10 pour cent, ce qui justifie selon lui le financement massif de l’éducation par l’État. M. Riddell fait toutefois une mise en garde : bon nombre des études les plus récentes portent essentiellement sur la situation aux États-Unis, et il se peut qu’on enregistre au Canada des retombées légèrement inférieures10. Il souligne cependant que les

« preuves les plus manifestes des retombées positives de l’éducation postsecondaire sur le plan social se rapportent à l’effet des changements technologiques et de l’innovation sur la croissance, et à la transmission de connaissances par les travailleurs les plus instruits11 ».

On ne saurait douter du fait que les investissements consentis pour former des diplômés universitaires sont avantageux sur les plans économique et social tant pour les diplômés eux-mêmes que pour la société canadienne en général. Le recensement de 2006 montre qu’au cours de leur carrière, les titulaires d’un baccalauréat obtenu au sein d’une université canadienne gagnent en moyenne un million de dollars de plus que ceux qui ne disposent que d’un diplôme d’études secondaires. Le revenu moyen des titulaires d’un baccalauréat en 2005 était de 69 000 $, contre 44 000 $ dans le cas des diplômés du secondaire. Les avantages pécuniaires pour les titulaires d’une maîtrise ou d’un doctorat sont encore plus importants. Au début de leur carrière, les diplômés de deuxième et troisième cycle gagnent généralement un salaire de 10 pour cent supérieur à celui des diplômés de premier

Graphique 4.2 : Les diplômés universitaires génèrent d’importantes retombées individuelles et sociétales

Source : Estimations de l’AUCC, d’après l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu de Statistique Canada, 2005

Caractéristiques du travail et du revenu en fonction du niveau d’instruction, 2005

0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 %

Diplôme d’études universitaires

Diplôme d’études secondaires

Diplôme d’études postsecondaires, mais

non universitaires

Sans diplôme d’études secondaires

Part du revenu Part des transferts gouvernementauxPart de la population de 25 to 64 ans Part de l’impôt sur le revenu payé

Association des universités et collèges du Canada 125

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cycle, et cet écart passe à 20 pour cent vers la fin de leur carrière. Sur le marché du travail, la formation et les compétences acquises en milieu universitaire sont manifestement valorisées, bien que, comme le souligne la stratégie fédérale en matière de sciences et de technologie, l’avantage que procure le fait de détenir un diplôme d’études supérieures est moins important sur le marché du travail canadien qu’aux États-Unis.

Les diplômés universitaires du Canada comme ceux de plusieurs de ses principaux pays concurrents, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, présentent également une meilleure espérance de vie, consultent moins les professionnels de la santé et sont en général en meilleure santé que les personnes moins instruites12. Ils sont également moins enclins à faire appel aux nombreux services sociaux offerts par les gouvernements. Grâce à leurs revenus supérieurs et à leur utilisation restreinte des services sociaux, ils apportent une contribution indéniable à l’assiette fiscale. Au Canada, les diplômés universitaires ne représentaient qu’environ 22 pour cent de la population de 25 à 64 ans en 2006, mais ce segment de la population touchait 34 pour cent des revenus, versait 40 pour cent des revenus d’impôts et ne recevait qu’environ 13 pour cent des transferts gouvernementaux directs destinés aux particuliers.

CONNAISSANCES PRODUITES ET DIFFUSÉES

La recherche universitaire profite également au Canada et au monde entier puisqu’elle permet de produire de nouvelles idées et des découvertes. Il s’agit d’une réserve de connaissances pouvant servir aux gouvernements, aux collectivités, aux entreprises et au secteur à but non lucratif pour comprendre et surmonter problèmes et défis. Ces connaissances sont aussi vastes que les enjeux susceptibles de se présenter, et la diffusion des connaissances est un élément représentatif du succès des universités en matière de recherche. Dans certains cas, les connaissances ainsi produites se font d’abord sentir à l’échelle locale avant de se répercuter à l’échelle nationale et internationale. Dans d’autres cas, c’est d’abord sur la scène internationale que les connaissances sont transmises, avant qu’on puisse cerner leurs répercussions au Canada.

Réserves de connaissances et archivesLes universités jouent un rôle important dans la création de collections et de bases de données essentielles à la recherche et à la diffusion de connaissances précieuses sur les plans culturel et scientifique. Les bibliothèques universitaires contiennent les collections les plus complètes de ressources et de résultats de recherche. Collectivement, les 27 bibliothèques universitaires canadiennes les plus importantes contiennent 85 millions de livres, et trois universités détiennent plus de cinq millions de livres chacune. Outre ces ouvrages, on y trouve nombre d’autres types de documents, dont des microformes, des manuscrits, des partitions imprimées, des cartes de même que des archives audio et vidéo. Ces ressources sont largement mises en commun grâce à d’importants réseaux qui lient les bibliothèques universitaires ainsi que d’autres secteurs par l’entremise des prêts interbibliothèques. Les services de référence des bibliothèques universitaires facilitent également l’accès aux documents imprimés et électroniques; ces services traitent plus de 2,3 millions de demandes chaque année13.

Au fil des ans, les universités ont constitué des collections spécialisées. Ces dernières sont souvent le fruit de contributions de la part des chercheurs

Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

126 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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eux-mêmes, reprises à plus grande échelle par les établissements, en partenariat avec les chercheurs et avec l’appui de bailleurs de fonds (communautés, gouvernements et secteur privé). Ces collections, dont certaines sont très vastes, couvrent un large éventail de domaines qui vont des arts et des sciences humaines aux sciences de la nature. Dans de nombreux cas, on observe d’importantes influences réciproques entre les collections, les travaux de recherche en cours et les collectivités d’où elles proviennent, ce qui donne lieu à des découvertes et favorise la mobilisation du savoir. Par ailleurs, ces collections contribuent considérablement à protéger et à nourrir les traditions, le patrimoine et la créativité de l’ensemble des communautés canadiennes dans toute leur diversité.

Nombre d’universités canadiennes possèdent leurs propres galeries d’art ouvertes au public comme c’est le cas de la Emily Carr University of Art + Design, à Vancouver, du Ontario College of Art & Design, à Toronto, et de la NSCAD University, à Halifax. Chacune de ces galeries expose les travaux d’étudiants et d’artistes professionnels. De la même façon, en musique, certaines universités possèdent des collections de plus de 30 000 enregistrements et 50 000 partitions et feuilles de musique.

Les universités gardent également en réserve des dessins d’architecture. L’Université McGill, par exemple, possède 250 000 études et dessins dans sa collection réservée à l’architecture canadienne. La Queen’s University possède quant à elle une imposante collection d’études et de dessins qui documentent l’histoire architecturale de la région de Kingston, tandis que la University of Calgary détient une grande collection d’études du XXe siècle signées par des architectes canadiens. Elle met 10 000 images à la disposition du public sur Internet.

Partout au pays, des universités ont constitué de considérables collections et des centres de ressources œuvrant à l’échelle régionale, provinciale et nationale. Sur le plan régional, la Trent University est propriétaire d’importantes collections consacrées au centre de l’Ontario. Sur la scène provinciale, les collections de la Memorial University comprennent un volet sur l’histoire maritime et des archives sur la langue et le folklore terre-neuviens, qui recensent du vocabulaire, des dictons, des histoires, des récits issus de la tradition orale, des chansons folkloriques et de la musique.

La University of Prince Edward Island s’est pour sa part dotée d’une collection étoffée se rapportant à l’Île-du-Prince-Édouard. Elle met en place plusieurs initiatives de numérisation visant à rendre la collection accessible sur le Web.

Certaines collections sont d’une taille considérable. Par exemple, la bibliothèque de la University of British Columbia possède la plus importante collection de documents en langues asiatiques (500 000 documents) en Amérique du Nord. Les archives de la University of Alberta comprennent maintenant plus de 4,4 kilomètres de documents provenant de l’Université et de nombreux organismes albertains. L’Université du Québec à Montréal abrite des collections issues de 200 organismes du Québec. Au Diefenbaker Canada Centre de la University of Saskatchewan, on retrouve une autre imposante collection axée quant à elle sur le gouvernement fédéral; elle compte trois millions de documents.

De plus, les bibliothèques et les archives des universités et d’autres organisations collaborent depuis 30 ans à l’établissement d’une collection partagée des premiers écrits canadiens, d’abord sur microfiche, puis en ligne. Avec près de trois millions de pages de matériel imprimé à la disposition des internautes à l’adresse canadiana.org et 15 millions de pages de matériel imprimé sur microfiche, il s’agit de la plus grande collection mondiale des premiers textes publiés au Canada. Au nombre des fleurons de la collection, on compte des périodiques canadiens publiés avant 1920, ainsi que des publications du gouvernement (lois, projets de lois, débats, documents parlementaires) datant des XVIIIe et XIXe siècles. Très populaire auprès du public, la collection enregistre pas moins de quatre millions de requêtes par mois.

Les universités détiennent également d’importantes réserves d’objets, de documents écrits, de photographies et d’enregistrements liés à l’histoire et à la culture des Autochtones et des communautés culturelles. Par exemple, le musée d’anthropologie de la University of British Columbia compte 35 000 objets, principalement d’origine autochtone. Les universités possèdent aussi de remarquables collections liées à l’immigration au Canada, par exemple, à l’immigration des Écossais (University of Guelph), des Finlandais (Lakehead University) et des Islandais (University of Manitoba), de même que d’autres collections de

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portée plus générale relatives aux pays et aux régions d’origine des immigrants.

Les universités prennent également des mesures pour diffuser les résultats de la recherche en ligne. Le registre de la population québécoise BALSAC, créé à l’initiative de l’Université du Québec à Chicoutimi, en est un exemple remarquable. Il s’agit d’une base de données informatisée conçue pour retracer automatiquement l’histoire et la généalogie des familles, en remontant jusqu’à 18 générations. Le projet Synergies, financé par la FCI et dirigé par l’Université de Montréal, en est un autre exemple. Il permet d’accéder à des ensembles de données, à des thèses, à des actes de conférences et à 170 revues actuellement financés par le CRSH. Un troisième exemple, en sciences naturelles est le Biodiversity Institute of Ontario, situé à la University of Guelph. Il peut compter sur une importante collection d’insectes et héberge maintenant le Canadian Centre for DNA Barcoding (centre canadien de code à barres de l’ADN), qui se consacre à l’identification et à la découverte de nouvelles espèces grâce aux données accessibles en ligne.

Publications et citationsUn autre moyen d’évaluer la production et la diffusion de connaissances consiste à calculer le nombre de publications sur les résultats de la recherche, entre autres dans des revues scientifiques évaluées par les pairs, ou encore dans des livres ou des revues en ligne. Les données bibliométriques sont maintenant le moyen le plus utilisé à l’échelle des pays, des régions et des établissements pour évaluer les extrants relatifs de la recherche. Ces données permettent d’évaluer les extrants de la recherche, essentiellement par le dénombrement des publications produites, de même que la qualité de ces extrants, principalement grâce au calcul de la fréquence à laquelle les documents sont cités, ce qui révèle le respect voué aux travaux d’un chercheur par ses pairs.

Les données bibliométriques ne rendent toutefois pas compte pleinement des contributions en recherche dans toutes les disciplines. Elles sont particulièrement indiquées pour documenter les extrants et les retombées de la recherche en sciences de la nature, en sciences de la santé et en sciences appliquées, puisque les résultats de la recherche dans ces domaines sont habituellement publiés de façon plus systématique dans des revues

savantes. Il est difficile d’évaluer le rendement du Canada sur le plan de la recherche en sciences sociales et en sciences humaines en utilisant les données bibliométriques puisque les données dont on dispose dans ces domaines sont incomplètes et ne témoignent pas de façon exhaustive de la nature des extrants de la recherche. Dans ces domaines, les chercheurs diffusent souvent leurs découvertes par des moyens autres que des articles de revues (p. ex. des livres, des chapitres de livres ou des magazines en ligne), et publient dans d’autres langues que l’anglais; en général, le processus de collecte de données bibliométriques à l’échelle internationale ne tient compte que des publications en anglais14. Bien que les données limitées dont on dispose permettent de croire que les taux de publication dans ces disciplines augmentent, il existe d’autres moyens souvent plus appropriés d’évaluer la qualité et la quantité des extrants de la recherche en sciences sociales et en sciences humaines.

Malgré tout, il ne fait aucun doute que le Canada a un bon rendement en ce qui a trait à sa contribution à la réserve mondiale de connaissances. Avec 0,5 pour cent de la population mondiale et 4,7 pour cent des publications à l’échelle internationale en 2005, le Canada se classe au huitième rang. Cette année-là, les publications de recherche en sciences de la nature et en génie, y compris en santé, ont atteint un record sans précédent au pays : plus de 32 000 titres, dont plus de 85 pour cent ont impliqué la participation de chercheurs universitaires. Ce sommet fait suite à une période de stagnation où, entre 1995 et 2002, le nombre d’articles publiés atteignait à peine 26 000 titres par année15.

Cela dit, la concurrence internationale pour compter parmi le peloton de tête en ce qui a trait au nombre total de publications de recherche se fait de plus en plus féroce, compte tenu de la présence de joueurs comme la Chine, dont les capacités en sciences et technologie vont croissantes. Au milieu des années 1990, la Chine, qui publiait environ 9 000 titres par année, se classait au quatorzième rang mondial. En 2005, elle avait dépassé le Canada et d’autres importants pays concurrents, s’étant hissée au cinquième rang pour le nombre d’articles publiés qui avait presque atteint les 50 00016. Si cette croissance sans précédent se maintient, la Chine devrait poursuivre son ascension en ce qui a trait aux activités de recherche et continuer de faire

Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

128 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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grossir son bassin de chercheurs, actuellement estimé à bien au-delà du million. À titre comparatif, le bassin de chercheurs au Canada se situe tout juste au-dessus de 200 00017.

Même dans les disciplines pour lesquelles les données bibliométriques constituent un échantillon représentatif, le nombre de publications est un indicateur d’importance restreinte. Certaines publications sont en soi meilleures que d’autres, et les retombées d’une seule publication de grande qualité peuvent dépasser celles d’une multitude d’autres documents. Comme l’évaluation de l’importance de chaque publication constitue un défi pour l’analyse bibliométrique, l’analyse des citations, c’est-à-dire le calcul de la fréquence à laquelle un document est cité, constitue alors un bon moyen d’y parvenir. Les chercheurs sont les mieux placés pour juger de la valeur des publications de leurs pairs, et sont plus enclins à citer celles qui leur semblent particulièrement intéressantes, exception faite des publications citées à cause de leurs résultats erronés ou douteux. Le nombre de citations permet donc d’évaluer les

retombées d’une publication sur les travaux d’autres chercheurs du même domaine ou d’un domaine connexe.

Tout comme pour les publications, le Canada occupe un rang intéressant au classement international pour ce qui est des citations. Pour la période allant de 1997 à 2007, le Canada s’est classé au sixième rang à l’échelle internationale pour le nombre total de citations, et au troisième rang parmi les pays du G7 pour le nombre de citations par publication18. Qui plus est, comme le Conseil des académies canadiennes l’a révélé dans son rapport de 2006, les chercheurs canadiens comptent parmi les leaders mondiaux dans un certain nombre de domaines, comme en témoigne l’ensemble de leurs publications. Le rapport, qui s’appuie sur des données de 1997 à 2004 concernant entre autres les publications, évalue le rendement du Canada à ce chapitre et cerne ses forces sur le plan de la recherche. Il révèle qu’environ 70 pour cent des 125 disciplines de recherche au Canada analysées présentent des cotes de qualité des publications au-dessus de la moyenne mondiale19.

70 000

60 000

50 000

40 000

30 000

20 000

10 000

0

Nombre d’articles en sciences et en génie (y compris en santé), 1990-2005Dix premiers pays, à l’exclusion des États-Unis*

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

JaponAllemagne

Royaume-UniChine

FranceItalie

CanadaEspagne

Corée du SudRussie

Source : Observatoire des sciences et des technologies*Entre 1990 et 2005, les États-Unis se sont classés au premier rang en ce qui a trait au nombre de publications scienti�ques produites annuellement. En 2005, 225 000 publications scienti�ques ont été produites aux États-Unis.

Graphique 4.3 : Le Canada se classe au huitième rang mondial pour le nombre de publications scientifiques produites annuellement

Association des universités et collèges du Canada 129

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Avancées en matière de connaissances fondamentalesLes chercheurs universitaires canadiens contribuent également à enrichir la réserve de connaissances mondiale et à faire progresser la science et les idées grâce à d’importantes avancées en matière de connaissances fondamentales. Parmi les percées les plus connues et les plus souvent citées attribuées à des chercheurs universitaires canadiens, soulignons la découverte de l’insuline par John Macleod, Sir Frederick Banting et Charles Best en 1921 (University of Toronto); la création du canola grâce aux travaux de Baldur Stefansson (University of Manitoba) au début des années 1970; la mise au point d’un vaccin contre les bactéries E. coli pour le bétail par Brett Finlay (University of British Columbia) et Andy Potter (University of Saskatchewan) en 2006. Au cours des deux dernières années seulement, les chercheurs universitaires canadiens ont contribué à d’importantes percées saluées mondialement. En voici quelques exemples :

En 2008, une équipe internationale de chercheurs »dirigée par la University of British Columbia a jeté de la lumière sur un des sujets en astronomie les plus insaisissables – de vastes collections de matière invisible qui occupent l’espace lointain. Appelée matière noire, ces collections de matière ont été repérées grâce à une technique novatrice qui étudie les changements subtiles dans les modèles gravitaires. Dix-neuf chercheurs rattachés à 11 établissements, dont la University of Victoria, l’Institut d’astrophysique de Paris et l’Université Pierre et Marie Curie, ont assemblé une carte des emplacements de matière noire à une résolution sans précédent et ont également découvert la plus vaste structure de matière noire jamais vue, d’un diamètre de 270 millions d’années-lumière.

En février 2008, une équipe de chercheurs de »l’Université de Sherbrooke a découvert de nouveaux marqueurs moléculaires permettant de détecter le cancer de l’ovaire. Souvent, le cancer de l’ovaire est détecté tard parce que ses symptômes ressemblent beaucoup à ceux d’autres troubles ovariens. Cette découverte constitue une première étape vers la mise au point d’un processus de dépistage précoce du cancer de l’ovaire, une maladie qui tue 1 700 Canadiennes chaque année.

Depuis plus de 15 ans, des chercheurs de l’Infancy »Centre de la York Université étudient l’intelligence et les processus d’apprentissage des nouveau-nés. Ils ont découvert dernièrement que les aptitudes cognitives des nourrissons d’à peine un mois se développent plus rapidement lorsque des adultes interagissent avec eux et réagissent à leurs émotions, plutôt que d’imiter leurs gazouillis. En s’adaptant au rythme de communication de leur enfant et en mettant l’accent sur le sens de l’interaction plutôt que sur les réactions physiques du nouveau-né, les parents favorisent son développement social et cognitif.

Des archéologues de la Simon Fraser University »ont procédé au cours des 10 dernières années à des fouilles qui ont mené à la découverte du petit village de pêcheurs de Nukuleka au Tonga, la plus ancienne colonie polynésienne, établie il y a près de 3 000 ans. Les fouilles les plus récentes, réalisées en 2007, ont permis de confirmer que ce site était à l’époque la capitale de la Polynésie, une découverte clé dans la résolution de l’énigme des migrations polynésiennes : comment et quand les Asiatiques de l’Antiquité ont-ils traversé de si grandes distances sur l’océan pour aller peupler autant d’îles éloignées?

Des chercheurs de l’Université McGill, de l’Institut »de recherches cliniques de Montréal et de l’Institut de recherche en santé d’Ottawa, respectivement affiliés à l’Université de Montréal et à l’Université d’Ottawa, ont trouvé un moyen de renforcer les défenses naturelles de l’organisme contre les virus, de façon à l’immuniser contre la grippe et d’autres virus. Les chercheurs ont découvert que, si on élimine deux gènes qui freinent la production de protéines interféron (chez les souris), l’organisme produit davantage d’interféron, ce qui contribuerait à empêcher la reproduction des virus. Ce processus pourrait mener à la mise au point de nouvelles thérapies antivirales à l’intention des humains.

Les pseudoptérosines constituent une importante »catégorie d’anti-inflammatoires et d’analgésiques qui se retrouvent dans le corail des Caraïbes. Il est démontré qu’elles sont plus efficaces pour soigner certaines plaies comme les brûlures et les réactions allergiques que bon nombre d’autres traitements

Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

130 En plein essor | édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

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courants. Les besoins dépassent toutefois de loin les réserves disponibles. En 2007, un chercheur de la University of Prince Edward Island a découvert un moyen de purifier la source bactérienne qui produit les pseudoptérosines et a mis au point une méthode pour en produire en laboratoire. Cette découverte permettra de produire la substance en quantité suffisante pour que les sociétés pharmaceutiques et cosmétiques puissent offrir des produits plus efficaces pour apaiser les brûlures et réduire les réactions allergiques sans épuiser les stocks de corail naturel ni menacer l’écosystème local.

Bourses et prix internationauxLa contribution des chercheurs universitaires canadiens à la recherche internationale et à l’avancement des connaissances pour l’amélioration de la société est de plus en plus reconnue sur la scène mondiale. Quatre prix Nobel ont été décernés à des chercheurs universitaires canadiens. Le prix Nobel de médecine a été accordé à sir Frederick Banting et à John Macleod, de la University of Toronto, en 1923. Plus récemment, en 1986, le prix Nobel de chimie a été remis ex æquo à John Polanyi, de la University of Toronto. En 1993, le prix Nobel de chimie a été accordé ex æquo à Michael Smith, de la University of British Columbia, puis l’année suivante, le prix Nobel de physique a été décerné ex æquo à Bertram Brockhouse, de la McMaster University. Bien que le Canada ne puisse revendiquer qu’un petit nombre de prix Nobel décernés à des chercheurs universitaires, des signes encourageants semblent cependant indiquer que les chercheurs canadiens sont de plus en plus nombreux à être reconnus sur la scène internationale. Récemment, des chercheurs canadiens se sont vu décerner des prix internationaux ou ont été invités à siéger à de prestigieux organismes étrangers, autant d’indicateurs de cette reconnaissance croissante20.

En 2008, deux Canadiens étaient au nombre des récipiendaires des prix internationaux Gairdner, qui soulignent les découvertes ou les contributions exceptionnelles en science médicale. Ces prix annoncent souvent les nominations aux prix Nobel; 70 lauréats d’un prix Gairdner ont par la suite reçu le prix Nobel de médecine ou de chimie. Nahum Sonenberg, de l’Université McGill, a été honoré pour avoir découvert les mécanismes qui régissent la

synthèse des protéines dans les cellules humaines, ce qui pourrait mener à un traitement du cancer et de l’obésité. Samuel Weiss, de la University of Calgary, a été salué pour sa découverte de cellules souches dans le cerveau des mammifères adultes. Cette découverte importante a permis de démontrer que des cellules souches étaient présentes à tous les stades du développement. Elle est particulièrement prometteuse pour les personnes ayant subi des dommages neurologiques dus à un accident vasculaire cérébral, une lésion médullaire ou la sclérose en plaques.

Le prix Kyoto, aussi appelé le prix Nobel japonais, est un prix international décerné à des personnes ayant grandement contribué au progrès de l’humanité dans les domaines de la science, de la culture et de la spiritualité. Ce prix est décerné chaque année dans trois catégories : technologie avancée, sciences fondamentales et arts et philosophie. En 2008, deux Canadiens ont gagné le prix Kyoto. Charles Taylor, professeur émérite de philosophie à l’Université McGill et auteur de l’ouvrage acclamé Sources of the Self: The Making of the Modern Identity (1989), s’est vu décerner le prix Kyoto pour ses études sur la coexistence de cultures diverses et son exploration de la signification de l’identité humaine. Anthony Pawson, professeur à la University of Toronto et directeur de la recherche au Samuel Lunenfeld Research Institute, rattaché au Mount Sinai Hospital, s’est vu décerner le prix Kyoto pour ses travaux révolutionnaires sur la communication cellulaire chez l’humain, une clé de voûte au chapitre de la recherche sur la manière de combattre des maladies comme le cancer. C’est la première fois que des Canadiens remportent le prix Kyoto depuis sa création en 1984.

Deux universitaires renommés dans le milieu de la littérature russe, Andrew Donskov, de l’Université d’Ottawa, et Donna Orwin, de la University of Toronto, ont reçu la médaille Pouchkine en 2008. Décernée par le gouvernement de la Russie, la médaille Pouchkine a été instaurée en 1999 par l’ancien président russe Boris Eltsine pour commémorer le 200e anniversaire de naissance d’Alexandre Pouchkine. Elle est remise chaque année à des universitaires ayant apporté une contribution extraordinaire au domaine de l’éducation et de la culture russe.

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Aziz Rahman, professeur à la faculté de génie et de sciences appliquées de la Memorial University, est le premier Canadien à se voir décerner le prix Ing Eugene Mittelmann Achievement par la Industrial Electronics Society de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE). Ce prix lui a été décerné pour souligner ses travaux de recherche sur les systèmes de transmission du moteur à aimant permanent, utilisés dans des véhicules écoénergétiques comme la Prius de Toyota.

Des Canadiens ont également obtenu le prestigieux titre d’associés étrangers au sein des National Academies des États-Unis. En 2008, Janet Rossant, professeure au département de génétique médicale, de microbiologie, et au département d’obstétrique et de gynécologie de la University of Toronto et chef de la recherche à l’Hospital for Sick Children, a été nommée membre de la National Academy of Sciences en raison de ses travaux de recherche en biologie du développement et de ses travaux novateurs sur la manipulation génétique des souris, qui exercent une influence sur l’étude des handicaps congénitaux et de maladies comme le cancer. En 2006, Christopher Garrett, professeur de physique océanique au campus Lansdowne de la University of Victoria, a également été nommé membre de la National Academy of Sciences pour ses travaux de recherche sur l’océanographie physique mettant l’accent sur les processus qui influent sur la circulation et le climat océaniques. Grâce à ses activités d’enseignement et de recherche sur l’ingénierie de la fiabilité dans la production d’énergie électrique et les systèmes de transmission et de distribution, Roy Billinton, professeur émérite au département de génie électrique de la University of Saskatchewan, a été nommé membre de la National Academy of Engineering en 2007.

On peut s’attendre à ce que le nombre de prix et de bourses de recherche accordés à des chercheurs universitaires canadiens augmente au cours des prochaines années. À mesure que leurs travaux seront reconnus à l’étranger, les chercheurs universitaires canadiens bénéficieront d’un nombre accru d’occasions de participer à des collaborations internationales en matière de recherche et de présenter les résultats de leurs travaux sur la scène internationale. Comme c’est souvent le cas, la présence et la participation à des événements internationaux sont étroitement liées à

l’attribution des honneurs et des prix internationaux, et en constitue souvent une condition.

Chercheurs talentueux à l’échelle internationaleLa reconnaissance et la collaboration internationale contribuent également à faire connaître le Canada comme une destination de choix pour la crème des chercheurs. Ainsi, malgré une concurrence féroce dans le recrutement de chercheurs talentueux sur la scène internationale, le Canada semble être parvenu à renverser la vapeur et à faire cesser l’exode des cerveaux qu’il a connu au début des années 1990. À l’époque, de nombreux étudiants au doctorat et professeurs quittaient le Canada pour accepter des offres plus alléchantes à l’étranger sur les plans du financement et de la recherche21. Depuis une dizaine d’années, le Canada prend des moyens non seulement pour mettre un terme à l’exode des cerveaux, mais également pour les attirer, et il est parvenu à recruter au sein des établissements canadiens des chercheurs de haut niveau. Des initiatives comme le Programme des chaires de recherche du Canada, jumelées aux activités de recrutement ciblées des universités, ont joué un rôle essentiel pour attirer et retenir dans les établissements canadiens les chercheurs d’élite dans un large éventail de disciplines.

Plus de 650 chercheurs étrangers ont été recrutés et ont bénéficié du Programme des chaires de recherche du Canada depuis son lancement en 2000. L’arrivée de cette élite attire les chercheurs accomplis et les étudiants prometteurs, qui affluent vers les centres et instituts afin de travailler aux côtés des plus grands et de collaborer aux travaux sur les grandes questions qui se posent dans leurs disciplines. La présence des chercheurs de renom consolide la réputation du Canada comme lieu de choix où effectuer de la recherche de pointe. Les exemples qui suivent donnent une idée de l’envergure des sommités mondiales attirées au Canada depuis quelques années.

Carl Wieman, lauréat du prix Nobel de physique »en 2001, a quitté la University of Colorado en janvier 2007 pour entrer au service du département de physique et d’astronomie de la University of British Columbia. M. Wieman, reconnu comme une autorité des réformes en sciences de l’éducation, est à la tête de la Carl Wieman Science Education Initiative à la

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University of British Columbia, un projet de 12 millions de dollars. Il collabore avec huit départements de sciences afin d’évaluer et d’améliorer l’éducation au premier cycle, et de procéder à une refonte des cours de sciences visant à amener les étudiants à résoudre de réels problèmes scientifiques.En 2006, la University of Toronto a recruté Guri »Giaever, spécialiste en génétique chimique, de la Stanford University. Mme Giaever a été attirée à Toronto par le nouveau laboratoire du Donnelly Centre for Cellular and Biomolecular Research, rattaché à la University of Toronto, par la Chaire de recherche du Canada en génétique chimique ainsi que par les collègues exceptionnels avec lesquels elle était appelée à collaborer.Au printemps 2008, l’Institut Perimeter pour la »physique théorique de la University of Waterloo a accordé à Neil Turok le poste de directeur général. M. Turok, qui était titulaire de la Chaire de physique mathématique de la Cambridge University et directeur du Centre de cosmologie théorique, est un physicien de renommée internationale qui a collaboré avec Stephen Hawking.En août 2008, le Centre canadien de rayonnement »synchrotron de la University of Saskatchewan a embauché un professeur de physique allemand de l’Université de Bonn à titre de directeur général. Josef Hormes est un éminent physicien qui a cosigné environ 200 articles scientifiques et obtenu sept brevets.Depuis avril 2006, Vincent Poitout est titulaire de »la Chaire de recherche du Canada sur le diabète et la fonction de la cellule bêta-pancréatique de l’Université de Montréal. M. Poitout, qui était auparavant à la University of Washington, travaille à améliorer le traitement du diabète de type 1 et de type 2 en tentant de mieux comprendre le dysfonctionnement de la cellule bêta chez les diabétiques.En juillet 2007, la University of Toronto a »recruté Richard Florida à titre de directeur de l’enseignement du Martin Prosperity Institute de la Rotman School of Management. M. Florida a signé les succès de librairie The Rise of the Creative Class et The Flight of the Creative Class et vient tout juste de faire paraître Who’s Your City?.

INNOVATIONS STIMULÉES PAR LA RECHERCHE

Les personnes et les idées issues d’un cadre universitaire axé sur la recherche jouent un rôle clé pour stimuler l’innovation dans la création de produits, de processus et de services. La diffusion des connaissances résultant de travaux universitaires peut également mener à de nouvelles politiques et à de nouvelles façons de penser et d’agir. Il est toutefois difficile d’évaluer les retombées des connaissances nouvelles sur les applications de cette nature.

Traditionnellement, les mesures du degré de commercialisation de la recherche représentent les principaux indicateurs quantitatifs de l’application des connaissances. La commercialisation est certes un élément important, mais, par définition, elle ne rend pas compte des retombées non commerciales, notamment dans le cas de la recherche en sciences sociales et en sciences humaines. Dans cette perspective, la présente section portera sur la mise en valeur des résultats de la recherche universitaire et sera suivie d’exemples de contributions concrètes des universités dans le domaine de l’innovation dans les secteurs privé et à but non lucratif, ainsi qu’au sein des collectivités et du gouvernement à l’échelle locale et internationale. Il s’agit de faire mieux comprendre la multitude de moyens par lesquels les connaissances universitaires peuvent non seulement représenter des gains économiques et privés, mais également enrichir la société.

La valorisation de la recherche universitaireCertaines conditions sont favorables à la valorisation de la propriété intellectuelle produite au sein des universités : la capacité des universités à évaluer et à faire connaître la valeur de la propriété intellectuelle, la capacité du secteur privé à l’exploiter et l’accès à un capital de risque. Depuis une dizaine d’années, on observe, tant au Canada qu’à l’étranger, qu’il est de plus en plus important d’établir de solides liens entre les universités, les entreprises privées et les sociétés à capital de risque afin d’exploiter les connaissances produites par la recherche universitaire de façon à créer de la richesse et à susciter des bienfaits pour la société. En 2002, en réponse au souhait du gouvernement

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fédéral d’accroître les activités de valorisation, les universités canadiennes se sont engagées, par l’entremise de l’AUCC, à tripler leur rendement collectif à ce chapitre et à doubler leurs activités de recherche d’ici 201022. Ce dernier engagement reflétait celui du gouvernement fédéral à doubler dans le même intervalle ses investissements dans la recherche et à faire en sorte que le Canada soit en mesure, d’ici 2010, de se classer parmi les cinq premiers pays du monde en ce qui concerne la performance sur le plan de la R-D23.

Plutôt que de s’appuyer sur l’indicateur limité obtenu en additionnant les recettes découlant des licences pour évaluer les progrès vers l’atteinte des cibles en matière de valorisation, l’AUCC a mis au point un indicateur appelé Revenu total provenant de la valorisation de la propriété intellectuelle universitaire, fondé sur des données recueillies par Statistique Canada. Cet indicateur représente la somme des données sur les revenus bruts tirés des redevances associées aux licences, des parts liquidées par les établissements, des dividendes payés à ces derniers et du remboursement du coût des brevets. Par ailleurs, l’AUCC a cerné six autres indicateurs qu’elle entendait surveiller pour mieux situer dans son contexte le rendement des universités en matière de valorisation. Il s’agit des dépenses de fonctionnement visant la gestion de la propriété intellectuelle, le nombre de divulgations d’inventions, le nombre de nouvelles demandes de brevets, le nombre d’entreprises dérivées, le nombre de nouvelles licences et la valeur des contrats de recherche industrielle.

La rareté des données pancanadiennes permettant de mesurer la contribution collective des universités constitue une contrainte qui a déterminé le choix des indicateurs. Lorsque la cible a été établie, l’AUCC a compris que cette dernière ne pourrait que donner une idée abstraite de l’apport réel des universités relativement à la création de nouveaux produits et services et à l’amélioration de processus destinés à renforcer la prospérité et la qualité de vie au Canada. Bien que les recettes qui résultent des activités de valorisation de même que les indicateurs contextuels connexes tendent à indiquer que les universités canadiennes consolident leurs activités de valorisation et leur accordent de plus en plus d’importance, ces données ne rendent compte que d’une part limitée des interactions entre les universités et le secteur privé en matière de recherche et de mobilisation du savoir de

manière générale. Plus précisément, cette information ne saurait rendre compte de l’apport, significatif sur le plan statistique, des universités quant aux nouvelles politiques, aux comportements et aux idées, qui se répercutent fortement sur l’économie et la société.

Depuis 2002, la compréhension qu’ont les universités, les entreprises et les gouvernements des conditions nécessaires à la valorisation réussie des résultats de la recherche universitaire et à l’évaluation des retombées de ces activités est en constante évolution, et des mesures ont été entreprises pour créer de nouveaux indicateurs destinés à évaluer et à appuyer ces activités. Toutefois, il s’agit dans de nombreux cas, du moins dans leurs premières étapes, de projets pilotes ou restreints mis sur pied par des établissements, des entreprises et des ministères. Ainsi, faute de nouvelles sources de données nationales sur la gestion de la propriété intellectuelle des universités, l’AUCC continue d’utiliser les données fournies par Statistique Canada pour rendre compte des progrès réalisés vers l’atteinte de la cible consistant à tripler le rendement des universités en matière de valorisation de même que la progression à l’égard des six indicateurs contextuels, sans oublier l’importante mise en garde relative au fait que ces données ne rendent compte que de façon limitée du rendement des universités en matière de mobilisation du savoir.

En 1999, la première année pour laquelle des données pancanadiennes exhaustives ont été recueillies et l’année de référence à partir de laquelle la cible a été établie, on estimait à 23,4 millions de dollars le revenu total provenant de la valorisation de la propriété intellectuelle universitaire. Les données les plus récentes, recueillies en 2006, indiquaient une augmentation de 131 pour cent du revenu total, qui est passé à 54 millions de dollars24. Ces données permettent de croire que, collectivement, les universités sont sur la bonne voie pour atteindre la cible de 70,2 millions de dollars d’ici 201025.

Les indicateurs contextuels dont l’AUCC fait le suivi semblent confirmer cette augmentation globale des recettes produites par les activités de valorisation des universités. Bien que la cible de 2010 ne concerne pas ces indicateurs, ceux-ci montrent que d’importants progrès ont été réalisés depuis 1999, comme le démontre le Tableau 4.1. Lorsqu’on compare les universités canadiennes avec leurs homologues américaines, on observe que le nombre de licences

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obtenues pour des inventions est sensiblement le même, mais que les recettes découlant des licences touchées par les universités canadiennes ne représentent que le tiers des revenus de cette nature générés par les universités américaines26. Cela s’explique en partie par un contexte moins favorable à la valorisation des résultats de la recherche au Canada et à la capacité d’intégration des innovations plus limitée du secteur privé canadien27.

Ces indicateurs, certes importants, ne témoignent que de façon approximative des retombées économiques et sociales de la valorisation de la recherche universitaire pour le Canada et le reste du monde. La valorisation contribue à améliorer les relations entre le secteur privé et les universités, à la création d’emplois, à la hausse des ventes à l’exportation et à la croissance socioéconomique locale. La mise en marché d’innovations procure des richesses au Canada et, en fin de compte, contribue à améliorer la qualité de vie de sa population. En 2006, on estime que les universités canadiennes et les entreprises dérivées ont effectué des ventes d’une valeur de 7,1 milliards de dollars et donné du travail à 35 000 personnes28.

Tableau 4.1 Les universités accroissent leur capacité de valorisation

Indicateurs contextuels de la valorisation

1999 2006Hausse de 1999 à 2006

Dépenses de fonctionnement visant la gestion de la propriété intellectuelle (en millions de dollars)

22,0 42,5 93,2 %

Divulgation des inventions 893 1 356 51,8 %

Nouvelles demandes de brevet 656 1 442 119,8 %

Nombre de sociétés dérivées 718 1 068 48,7 %

Nouvelles licences 232 437 88,4 %

Valeur des contrats de recherche industrielle (en millions de dollars) 153,8 370,5 140,9 %

Source : Statistique Canada et calculs de l’AUCC

Nouveaux produits et processusGrâce à l’appui de programmes fédéraux et provinciaux, du secteur privé et des bureaux de transfert de la technologie des universités, des chercheurs universitaires ont conçu et créé des produits et processus novateurs qui attirent l’attention des consommateurs canadiens et étrangers. Dans certains cas, la recherche est entreprise au sein des universités, puis les résultats sont mis sur le marché en partenariat avec le secteur privé. Dans d’autres cas, les chercheurs universitaires fournissent le lien indispensable qui permet de transformer une idée provenant d’un autre secteur en un produit tangible prêt à être mis sur le marché.

Les collaborations de recherche universitaire peuvent également générer des façons nouvelles et rentables de faire des affaires et de s’acquitter des tâches quotidiennes, que ce soit dans une usine de fabrication, au sein d’une petite entreprise, dans un secteur important des ressources ou à la maison. Ces nouveaux processus, méthodes ou techniques permettent d’améliorer l’efficacité, sont source d’économies pour les secteurs privé et public, et profitent souvent

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directement aux Canadiens. Les exemples ci-dessous ne représentent que quelques-uns des produits novateurs et des améliorations aux processus mis au point récemment, ou en cours d’élaboration par des chercheurs universitaires :

Un produit mis au point à la University of »Calgary aide certaines personnes à bénéficier d’un sommeil réparateur. L’appareil Tranquility CPAPMD (Continuous Positive Airway Pressure – ventilation spontanée en pression positive continue) permet d’éliminer les effets négatifs de l’apnée du sommeil en contrôlant de façon automatique et continue la pression dans les voies nasales pendant le sommeil. L’apnée du sommeil, qui touche un homme sur quatre et une femme sur 10 de plus de 35 ans, consiste en de courtes interruptions de la respiration pendant le sommeil et peut entraîner des maladies ou une insuffisance cardiaque, ou encore de l’hypertension artérielle. Les ventes du produit de SagaTech ont rapporté environ 160 millions de dollars avant que l’entreprise dérivée de la University of Calgary ne soit achetée par Respironics en 2006. Les chercheurs de la University of Calgary ont également mis au point le Remmers Sleep Recorder, un appareil que SagaTech et le bureau de transfert de la technologie de la University of Calgary sont sur le point de mettre sur le marché. Le Remmers Sleep Recorder permet d’analyser les cycles du sommeil à la maison plutôt que dans une clinique, où les temps d’attente prolongés peuvent retarder le diagnostic.

En partenariat avec l’entreprise ontarienne Agri- »Therm limitée, des chercheurs de la University of Western Ontario ont mis au point le tout premier pyrolyseur mobile. La pyrolyse est un procédé qui consiste à « cuire » des déchets agricoles séchés et hachés dans un environnement sans oxygène. La plupart des molécules contenues dans les déchets agricoles produisent des gaz, des liquides et un résidu solide pendant la pyrolyse. La chaleur générée par les gaz peut être recyclée dans l’appareil de pyrolyse, les liquides peuvent être transformés en carburants, en additifs alimentaires et en produits pharmaceutiques, et le résidu solide sert d’engrais. Voilà autant de façons de transformer des terres pauvres en terres fertiles et des déchets agricoles en biocarburants.

Grâce à un partenariat de longue date avec le »Manitoba HVDC Research Centre et RTDS Technologies, la University of Manitoba a mis au point un logiciel de simulation d’alimentation électrique qui fait maintenant autorité dans le domaine des services publics d’électricité à travers le monde. Depuis 1981, des chercheurs universitaires collaborent avec ces deux entreprises pour créer et mettre à l’essai des outils de simulation numérique en temps réel pour la transmission d’électricité sous haute tension continue. Plus de 1 700 licences commerciales et 30 000 licences d’utilisation aux fins de formation pour ces outils de simulation ont été accordées dans le monde, injectant chaque année environ deux millions de dollars dans l’économie canadienne.

La teneur en plomb du verre qui entre dans la »composition des produits optiques de haute technologie comme la télévision a toujours été d’environ 50 pour cent. Le plomb permet de produire une image fidèle et stable, mais il en résulte un produit non recyclable dommageable pour l’environnement. À l’heure où de plus en plus de pays adoptent des lois qui limitent considérablement l’utilisation du plomb dans les processus de fabrication, la Dalhousie University tire profit de la demande croissante de solutions écologiques. Des chercheurs ont mis au point un modèle permettant de prévoir des compositions de verre sans plomb sans danger pour l’environnement présentant les mêmes qualités que le verre avec plomb. Leurs prévisions ont permis de fabriquer un prototype susceptible d’être viable sur le marché, que les chercheurs, en collaboration avec le bureau de transfert de la technologie de l’établissement, s’emploient à commercialiser.

Une entreprise créée pour commercialiser une »technique mise au point à la University of British Columbia, qui consiste à transformer les eaux usées des municipalités en engrais, a permis aux administrations municipales de Vancouver, d’Edmonton et de Penticton de réduire leur empreinte écologique. Des usines-pilotes installées dans ces trois municipalités traitent avec une efficacité accrue les eaux usées et produisent une substance appelée Crystal Green, l’appellation commerciale des phosphates et autres éléments

Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

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nutritifs extraits. La substance est vendue comme engrais et les profits générés par la vente sont répartis entre les partenaires, qui ont ainsi accès à un marché mondial de un milliard de dollars. Jusqu’à maintenant, la Ville d’Edmonton a déjà réduit de 20 pour cent la teneur en phosphate de ses eaux usées, éliminant ainsi le processus coûteux en temps et en argent de détartrage des canalisations et des systèmes de pompage où se dépose de la struvite.

Le Laboratoire de la technologie des matériaux »de CANMET (LTM-CANMET) de Ressources naturelles Canada sera relocalisé dans les nouvelles installations ultramodernes du parc de l’innovation McMaster Innovation Park à Hamilton, en Ontario, où une centaine de chercheurs contribueront à mettre au point des produits et services commercialisables en collaboration avec des entreprises du secteur de l’automobile et de la sidérurgie ainsi que d’autres acteurs du secteur manufacturier de l’industrie sidérurgique. LTM-CANMET mène actuellement des recherches sur des problématiques matérielles relatives à l’intégrité des pipelines, à l’énergie nucléaire et classique et aux innovations matérielles. Depuis peu, des chercheurs de la McMaster University collaborent avec sept autres universités canadiennes et six entreprises privées ainsi que le ministère de l’Énergie des États-Unis et le ministère de la Science et des Technologies de la Chine dans le cadre d’un projet de conception d’un train avant allégé pour automobiles. L’utilisation d’un matériau plus léger permettra de réduire le poids global du véhicule d’environ 40 kilos, ce qui en améliorera l’efficacité énergétique et réduira les émissions de gaz à effet de serre.

Lorsque des athlètes du monde entier se rendront »à Vancouver en 2010 pour participer aux Jeux olympiques d’hiver, une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) sera sur place pour veiller à ce qu’ils soient tous en règle. Le laboratoire de contrôle du dopage, reconnu mondialement, a été retenu pour effectuer le dépistage des drogues pendant les Jeux. Le laboratoire, installé au Québec, a non seulement effectué tous les tests de dépistage des drogues dans le cadre des Jeux du Commonwealth

en 1994 et des Jeux panaméricains de 1999 et de 2003 ainsi que pour de nombreuses associations sportives professionnelles en Amérique du Nord, mais il a aussi mis au point dernièrement, en collaboration avec des collègues de Cologne et de Tokyo, le premier procédé de dépistage des suppléments à base de testostérone grâce à l’analyse d’urine. Ces suppléments « naturels », auparavant très difficiles à détecter, sont illégaux au Canada.

L’unité de recherche Intertidal Coastal Sediment »Transport (InCoaST) de la Saint Mary’s University aide à trouver des solutions durables pour la mise en place de projets d’infrastructure concertés écologiques, comme la construction de ponts ou d’autoroutes. L’unité portative InCoaST retient les sédiments provenant des vagues afin de permettre aux chercheurs d’observer l’érosion, l’élévation du niveau de la mer, la qualité de l’eau et l’énergie des vagues et, ainsi, de savoir quelle sera l’incidence des projets proposés sur les poissons, la végétation, les oiseaux migratoires et les invertébrés. Par exemple, les chercheurs utilisent l’unité pour trouver comment minimiser les répercussions que pourrait avoir sur l’environnement un projet d’énergie marémotrice proposé pour la baie de Fundy. La création de l’unité de recherche InCoaST a été rendue possible grâce au financement de la Fondation canadienne pour l’innovation, du Fonds en fiducie de la Nouvelle-Écosse pour la recherche et l’innovation, de la Saint Mary's University et de bailleurs de fonds du secteur de l’industrie, comme Nortec et Fisher.

Création de services, de politiques et d’applications pour le secteur publicLes retombées des partenariats universitaires de recherche ne se limitent pas à la création de nouveaux produits et à l’amélioration de processus, mais permettent également d’élaborer de nouveaux services, de nouvelles politiques et de nouvelles applications pour le secteur public. La recherche universitaire améliore la qualité et l’efficacité des services et entraîne la création de nouvelles politiques et applications dans les secteurs privé et public. Ces nouvelles politiques et pratiques exercent une influence de vaste portée : elles orientent les modes de gouvernance en vigueur au

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Canada, constituent des balises dans le domaine du commerce international et des relations diplomatiques et influent sur la façon dont les Canadiens abordent les grands enjeux auxquels le Canada et le reste du monde doivent faire face. Voici quelques exemples reflétant les types de travaux de recherche universitaire qui ont permis ou pourraient permettre d’améliorer des services ou d’élaborer de nouvelles politiques et applications pour le secteur public :

Un groupe d’étudiants au premier cycle et aux »cycles supérieurs, sous la direction d’un chercheur de la University of Toronto, évalue les niveaux de contamination dans certains espaces typiquement urbains, dont des habitations, des lieux de travail et des terrains de jeux. Conjointement avec plusieurs organismes gouvernementaux, dont le ministère de l’Environnement de l’Ontario, le Bureau de santé publique de Toronto et Environnement Canada, ils s’intéressent à la présence de substances ignifuges utilisées pour protéger les objets courants dans les maisons, par exemple, les meubles et les produits électroniques, et qui se retrouvent dans la poussière. Les chercheurs ont constaté que, à l’intérieur des habitations, l’air est de 10 à 20 fois plus chargé de ces substances chimiques potentiellement toxiques que l’air extérieur. Les conclusions de ces travaux ont entraîné la revendication de mesures destinées à régir l’utilisation des ignifugeants dans la fabrication de biens de consommation.

Des chercheurs de l’Institute of Biomedical »Engineering, rattaché à la University of New Brunswick, ont fait équipe avec Diaphonics, une entreprise de Halifax qui se spécialise dans les technologies de pointe en matière de sécurité. Grâce à un financement de 3,2 millions de dollars du Fonds d’innovation de l’Atlantique, ils ont mis au point un système permettant de confirmer l’identité d’une personne à partir d’un échantillon de voix. Ce procédé, appelé identificateur biométrique, reconnaît les intonations et les inflexions propres à chaque voix. Il peut être beaucoup plus facile d’obtenir et d’analyser cette information que d’autres marques biométriques comme les empreintes digitales et les empreintes rétiniennes. Susceptible d’être utilisée dans plusieurs domaines (application de la loi, domaine militaire et renseignement), la sécurité

biométrique appliquée représente un marché mondial estimé à plus de un milliard de dollars. Le produit de Diaphonics est actuellement à l’essai chez des clients du domaine bancaire et au sein d’établissements correctionnels.

Le Leslie Harris Centre of Regional Policy and »Development organise des ateliers trimestriels pour communiquer les résultats de recherche aux intervenants locaux et discuter de moyens par lesquels la Memorial University of Newfoundland pourrait aider les collectivités locales. À la suite d’un atelier, des chercheurs en génie ont établi un partenariat avec l’arrondissement historique de Battle Harbour, au Labrador, afin de trouver des solutions de rechange pour l’alimentation en énergie des systèmes qui fonctionnent actuellement au diesel. Avec l’appui financier du Harris Centre, l’équipe étudie la possibilité de concevoir un système hybride d’alimentation en énergie puisant principalement dans des sources d’énergie renouvelable (à savoir l’énergie éolienne et l’énergie solaire) et n’ayant recours au diesel que comme source auxiliaire. Selon des calculs établis en fonction de la consommation d’énergie enregistrée pendant la saison estivale 2006, on estime que le nouveau système permettra de réduire des deux tiers la consommation de diesel de la ville. Des travaux sont en cours pour concevoir un système analogue pour la collectivité de Cartwright, au Labrador, dont la dépendance au diesel constitue un frein économique majeur. Le nouveau système devrait permettre aux résidents de Cartwright d’économiser environ 700 000 $ par année.

Des chercheurs de l’Université Laval jettent un »nouvel éclairage sur un des éléments géographiques caractéristiques les plus extraordinaires du Canada : la baie d’Hudson. Afin de comprendre le rôle de cette vaste mer intérieure dans les changements climatiques, ils ont étudié le brassage complexe des courants d’eau douce et des courants océaniques. Les recherches ont révélé que la baie est beaucoup moins productive sur le plan biologique que les eaux environnantes. Elle contient des concentrations de nitrates inférieures à celles nécessaires au phytoplancton, lui-même essentiel à l’instauration d’une chaîne alimentaire vigoureuse.

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Ces activités de recherche, lancées en 2003, sont une collaboration avec le ministère des Pêches et des Océans et la Woods Hole Oceanographic Institution, aux États-Unis.

Depuis plus de 30 ans, un chercheur en sociologie »de la University of Saskatchewan étudie les Canadiens d’origine chinoise, leur histoire, le racisme dont ils sont victimes et les moyens qu’ils ont déployés pour survivre et prospérer au Canada. Les résultats de ses recherches, publiés dans des ouvrages et des revues, donnent un nouveau point de vue et un nouveau cadre critique permettant de comprendre le racisme institutionnel et les relations interraciales au Canada. Combinées aux autres travaux de ce chercheur sur l’immigration, ces recherches ont servi à l’orientation de la politique fédérale en matière d’immigration, de multiculturalisme et d’inégalités entre les ethnies. Les communications de ce chercheur sur les Canadiens d’origine chinoise ont également contribué à la réussite de l’initiative de réparation pour la taxe d’entrée imposée aux immigrants chinois, qui a poussé le gouvernement du Canada à présenter des excuses en 2002 aux Canadiens d’origine chinoise.

Plus de 800 000 enfants canadiens éprouvent des »difficultés d’ordre social et des problèmes émotionnels qui entravent leur apprentissage et leur développement. Ces problèmes émotionnels mènent souvent à des troubles mentaux et se traduisent par des dépenses évaluées à 14 milliards de dollars en services de santé. La Simon Fraser University et le ministère de l’Enfance et de la Famille de la Colombie-Britannique collaborent depuis 2006 à améliorer le développement social et émotionnel de même que la santé mentale des enfants au Canada. Les résultats de la recherche effectuée au Children’s Health Policy Centre de l’Université contribuent à l’élaboration de politiques sur divers problèmes de santé mentale qui vont de la toxicomanie et des agressions sexuelles au suicide et à la dépression en passant par les troubles de l’alimentation. Le centre collabore également avec le Children’s Mental Health Monitoring Project de la Colombie-Britannique à l’élaboration d’indicateurs de la santé mentale chez les enfants.

Depuis une décennie, le laboratoire DISCOVER »de l’Université d’Ottawa est à l’avant-garde de la conception de systèmes de réalité virtuelle collaboratifs, créant des mondes virtuels interactifs en trois dimensions sur des réseaux informatiques. Le laboratoire a mené des projets d’une valeur de plus de 13 millions de dollars et a obtenu des subventions d’infrastructure dépassant les 22 millions de dollars. Les travaux du laboratoire sont désormais appliqués à la simulation d’évènements complexes liés à la sécurité publique. Les modèles obtenus sont utilisés par des intervenants d’urgence comme des pompiers, qui s’en servent pour réviser et améliorer les procédures d’évacuation d’un immeuble en flammes. Des agences de sécurité publique et de protection y feront également appel.

Penser et agirOutre les contributions déjà mentionnées, les résultats de la recherche universitaire ont des répercussions sur la façon de penser et d’agir des Canadiens. Ils leur permettent de mieux comprendre qui ils sont, comment ils interagissent avec les autres et comment leur comportement influe le monde qui les entoure. En prenant appui sur des travaux de recherche préalables et en explorant de nouveaux domaines, la recherche universitaire se répercute sur de nombreux aspects de la vie des Canadiens, sur la façon dont ils élèvent leurs enfants, sur leur vision de la santé, de la sécurité, du bien-être social et culturel et sur la façon dont sont menées les relations internationales.

Le Réseau pour la promotion des relations et »l’élimination de la violence (PREVNet), une initiative des Réseaux de centres d’excellence, regroupe des Canadiens préoccupés par le phénomène de l’intimidation. Dirigé par la Queen’s University et la York University, le Réseau se compose de 54 experts en recherche provenant de 26 universités canadiennes et de 42 organisations nationales. PREVNet a été conçu pour devenir le réseau officiel canadien chargé de fournir de l’information empirique sur l’intimidation. Sur la base de quatre piliers, soit l’éducation, l’évaluation, l’intervention et la politique, PREVNet vulgarise des travaux empiriques et favorise la sensibilisation et la compréhension. Il conçoit des outils normalisés

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d’évaluation, fournit de l’orientation en matière de stratégies d’intervention fondées sur des données probantes et promeut des politiques et des mesures d’intervention visant à réduire les problèmes d’intimidation chez les enfants et les jeunes, au Canada.

Selon des chercheurs de plusieurs universités »canadiennes, dont l’Université McGill, qui prennent part à un programme dirigé par l’Institut canadien de recherches avancées (ICRA), les mécanismes de gestion du stress seraient déterminés à un très jeune âge. Une étude réalisée dans le cadre du programme a révélé que le comportement de la mère peut influer de façon durable sur l’expression génétique de ses enfants. Les chercheurs ont observé chez les petits d’une rate qui s’est montrée attentionnée une modification permanente du gène responsable de la gestion du stress dans le cerveau, ce qui permet aux petits de réagir plus efficacement au stress que ceux des rates peu attentionnées. Le programme Développement cérébral et biologique fondé sur l’expérience, qui examine de quelle façon, à quel moment et dans quelles conditions les expériences sociales vécues en bas âge affectent les systèmes neurologique, endocrinien et immunologique, a des répercussions sur nos interactions et notre comportement à l’égard des enfants pendant les années décisives de leur développement.

Des chercheurs de l’Ontario College of Art and »Design repensent l’expérience de l’hébergement hôtelier. Dans le cadre d’un projet à deux volets intitulé Dynamic Space, Dynamic Identities, les chercheurs ont mis au point des mécanismes qui facilitent les communications entre le personnel hôtelier et les clients, de même qu’entre clients, de façon à rendre possible une expérience plus personnalisée et plus riche. Grâce à cette approche, les voyageurs qui séjournent dans les hôtels peuvent se servir d’un système d’écrans dynamiques installés dans les corridors de leur hôtel où ils obtiennent des suggestions, des indications et de l’information sur la ville. De plus, au moyen de babillards interactifs en ligne qui permettent de télécharger en amont des images et des commentaires, la direction de l’hôtel peut communiquer directement avec les autres clients

et le personnel de l’hôtel, ce qui tranche avec le système traditionnel unidirectionnel.

Soucieuses de leur enfant à naître, de nombreuses »femmes enceintes tendent à cesser de prendre tout médicament pendant la grossesse. Toutefois, des chercheurs de l’Université de Montréal ont publié une étude qui prouve que, dans son propre intérêt et dans celui de l’enfant, la mère devrait continuer à prendre ses médicaments contre l’asthme pendant la grossesse. Les conclusions de l’étude, qui ont paru en 2008 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology, montrent que les crises d’asthme aiguës entraînent une chute du niveau d’oxygène dans le sang de la mère et du fœtus, ce qui souvent engendre des malformations chez l’enfant. L’administration d’une dose faible et contrôlée de médicaments contre l’asthme permet de réduire le risque de subir une crise, et donc le risque de malformations.

Un service multimédia de la Emily Carr University »of Art + Design fait appel à un réseau provincial de technologie de l’information pour mettre sur pied un large éventail de collaborations. L’Intersections Digital Studio (IDS), dont les installations mesurent plus de 3 000 mètres carrés et sont évaluées à cinq millions de dollars, offre de nouvelles perspectives aux étudiants et aux chercheurs des secteurs artistiques comme l’architecture, le génie et le design industriel. Grâce à BCNET, organisme à but non lucratif qui exploite un réseau optique haute vitesse consacré à la recherche et à l’éducation à l’intention des établissements d’éducation postsecondaire de la Colombie-Britannique, les professeurs de la Emily Carr University peuvent, par l’entremise du IDS, participer par vidéoconférence à des cours qui ont lieu aux Pays-Bas. Le studio possède également de l’équipement spécialisé, par exemple, dans la capture de mouvements, qui permet d’animer des personnages créés par ordinateur à partir des mouvements réels d’un humain. Cet équipement a déjà suscité l’intérêt de partenaires comme Radical Entertainment, une entreprise locale de création de jeux vidéo.

Grâce à un chercheur de l’Université de Moncton, »les Canadiens comprennent maintenant beaucoup mieux le fonctionnement du gouvernement.

Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

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En examinant les changements rapides et profonds qui transforment la gouvernance par la comparaison des gouvernements canadiens avec ceux de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, le projet de ce chercheur fournit de précieuses données aux Canadiens et aux politiciens sur les façons de raffiner et d’améliorer la démocratie représentative. Ces activités de recherche novatrices ont donné lieu à la publication de plusieurs ouvrages sur des questions gouvernementales. Les représentants des ministères et des organismes des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux s’y sont abondamment reportés, notamment dans le cadre d’un examen des initiatives de développement régional du gouvernement fédéral dans les provinces de l’Atlantique. Le rapport et les recommandations qui concluent le projet sont directement à l’origine de la création de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, qui s’intéresse en priorité au développement des affaires et à la création d’emplois dans les provinces de l’Atlantique.

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Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

recherche universitaire inclut le changement technologique, qui permet d’augmenter le produit intérieur brut (PIB) sans accroître la quantité de main-d’œuvre ou le montant du capital investi en accroissant la productivité de la main-d’œuvre et du capital existants.

Fernand Martin, professeur à l’Université de Montréal, a créé un modèle de ce type qui permet d’estimer l’impact dynamique cumulatif de la recherche universitaire sur le PIB canadien. Son modèle illustre l’impact de la recherche universitaire et des activités éducatives sur le pays ainsi que le rôle capital que jouent ces activités dans l’essor de l’économie canadienne. La toute dernière version du modèle de Fernand Martin, celle de 2007, estime l’impact dynamique des contributions apportées par les universités à l’économie grâce à la R-D à au moins 60 milliards de dollars. Les calculs de Fernand Martin incluent les contributions universitaires comme résultat de leur impact sur le capital humain (estimé à partir d’une tranche des revenus supérieurs des diplômés universitaires) et la contribution de la recherche universitaire à l’augmentation de la productivité.

Son estimation tient compte des effets à court terme des dépenses courantes allouées à la recherche universitaire et des avantages des investissements antérieurs dans la R-D et le capital humain. Ces effets sont cumulatifs parce que l’innovation apportée et les connaissances acquises par le passé continuent de contribuer aux changements actuels au chapitre du PIB. Vu le rôle central de l’éducation et de la recherche pour ce qui est du progrès et de la diffusion de la technologie, il est nécessaire d’investir continuellement dans le capital humain et la R-D afin de permettre aux travailleurs du savoir de tirer profit de la recherche antérieure et de générer de nouvelles idées, de produire de nouvelles connaissances et de faire de nouvelles percées30. L’impact économique cumulatif de la recherche universitaire évalué à au moins 60 milliards de dollars ainsi que son incidence non économique encore plus importante sur la société et la culture canadiennes font de la recherche universitaire un facteur déterminant pour la prospérité et la qualité de vie au Canada.

L’IMPACT DYNAMIQUE DE LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE AINSI QUE D’UNE FORMATION UNIVERSITAIRE DANS UN MILIEU AXÉ SUR LA RECHERCHE

Bien que la présente édition d’En plein essor ait tenté de documenter qualitativement et quantitativement les nombreux avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir, il reste difficile d’élaborer des indicateurs représentant sous tous ses aspects la complexité des contributions qu’apportent les universités à l’économie canadienne grâce à la R-D et à la formation des étudiants dans un milieu axé sur la recherche. Il est clair que l’impact de la recherche universitaire ne se limite pas simplement à la somme de tous les avantages financiers qui en découlent. Étant donné les implications et les applications de la R-D universitaire et de la productivité accrue du capital humain, il n’est pas toujours possible d’attribuer une valeur précise à ces répercussions, qu’elle soit de nature économique ou autre.

Les études d’incidence économique classiques mesurent l’impact « statique » ou unidimensionnel d’une activité économique. L’impact statique de la recherche universitaire ne représente toutefois que la pointe de l’iceberg. Pour apprécier l’impact dynamique de la recherche universitaire, il est nécessaire d’aller au-delà de ce type d’analyse restreinte. Il faut évaluer les effets cumulatifs qu’ont les universités sur l’économie en influant sur la productivité au fil du temps.

Ces effets cumulatifs découlent du transfert des connaissances et de la technologie ainsi que de la productivité accrue du capital humain. La combinaison de ces éléments constitue la contribution cumulative des universités à la productivité totale des facteurs ou à la croissance économique résultant de l’augmentation de l’efficience et de la productivité de la main-d’œuvre et du capital29. Une grande partie de la hausse de la productivité totale des facteurs dérive de l’évolution du bagage de connaissances et de la capacité qu’a la main-d’œuvre d’appliquer ces connaissances. Par conséquent, un modèle représentant l’impact dynamique de la

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Notes de fin – Chapitre 4

Toutes les données pour lesquelles aucune note n’a été rédigée sont fondées sur les estimations de l’AUCC et/ou sur des analyses des données recueillies par Statistique Canada. Dans le cas où un paragraphe contient de multiples données provenant d’une même source, la référence bibliographique n’est mise qu’à la fin de celui-ci.

Lynch K.G., 1 Convocation Address to Mount Allison University, 26 mai 2008.

AUCC, 2 Tendances dans le milieu universitaire – Volume 3 : Finances, 2008.

Ressources humaines et Développement social Canada, 3 Perspectives du marché du travail canadien pour la prochaine décennie (2006-2015), octobre 2006.

Entrepreneuriat Laval, 4 Rapport annuel 2006-2007, 31 mai 2007.

Statistique Canada, 5 Travail et formation : premiers résultats de l’Enquête sur l’éducation et la formation des adultes de 2003, 2004. Tel qu’il a été défini par Statistique Canada, les activités d’autoformation afin d’acquérir des compétences ou des connaissances professionnelles sont : chercher conseil auprès d’une personne compétente, utiliser Internet ou un logiciel, observer quelqu’un accomplir une tâche, consulter des livres ou des manuels ou se perfectionner soi-même en essayant différentes façons de faire certaines tâches.

Ibid.6

Pour des exemples de travaux de recherche démontrant le lien de causalité entre l’éducation et la réussite sur le marché 7

du travail, voir entre autres les travaux de W.C.Riddell, T. Drewes, D. Card et R. Finnie, de même que l’étude Mesurer l’efficacité de l’aide financière aux étudiants (MEAFE), un projet de recherche d’une durée de quatre ans lancé en 2005 par la Fondation des bourses d’étude du millénaire afin d’étudier l’impact de l’aide aux étudiants sur les taux d’inscription et de complétion au niveau postsecondaire.

Riddell, W.C., 8 The Impact of Education on Economic and Social Outcomes: An Overview of Recent Advances in Economics, 2006, p. 34.

Ibid., p. 35.9

De plus, un certain nombre d’expériences naturelles étaient au niveau secondaire et pourraient donc ne pas s’appliquer 10

de façon aussi convaincante aux études postsecondaires.

Riddell, W.C., 11 The Impact of Education on Economic and Social Outcomes, 2006, p. 37.

Pour des exemples d’études qui démontrent les bienfaits de l’éducation, voir : Universities UK, 12 Research Report: The economic benefits of a degree, février 2007; Riddell, W.C., The Social Benefits of Education: New Evidence on an Old Question, novembre 2004; Agence de santé publique du Canada, Pour un avenir en santé : Deuxième rapport sur la santé de la population canadienne, septembre 1999.

Association des bibliothèques de recherche du Canada, 13 Statistiques de l’ABRC 2005-06, 22 octobre 2007.

Pour obtenir davantage d’information à ce sujet, voir Archambault, É., Vignola-Gagné, É., Côté, G., Larivière, V. et 14

Gingras, Y., « Benchmarking Scientific Output in the Social Sciences and Humanities: The Limits of Existing Databases », Scientometrics 68, No. 3, 2006, p. 329-342.

Données obtenues de l’Observatoire des sciences et des technologies, 17 juin 2008.15

Ibid.16

OCDE, 17 Principaux indicateurs de la science et de la technologie, édition 2008/1, 2008.

Thomson Scientific, « The Year 2007: Top 20 Country Rankings in All Fields », 18 in-cites, décembre 2007.

Conseil des académies canadiennes, 19 L’état de la science et de la technologie au Canada, 2006, p. 15.

Gerhard Herzberg s’est vu décerné le prix Nobel de chimie en 1971 alors qu’il était au Conseil national de recherches.20

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Chapitre 4 : Avantages de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir

Voici quelques exemples de titres que l’on retrouvaient dans les journaux à cette époque concernant cet enjeu : 21

« For Canadians, U.S. land of opportunity », Ottawa Citizen, 10 décembre 1997; « Losing our brains U.S. ’poachers’ luring away our skilled workers, researcher says », The Toronto Star, 31 octobre 1996 ; « Brain drain hampers Canada’s competitiveness, say executives », National Post, 25 novembre 1999.

AUCC et le Gouvernement du Canada, 22 Cadre de principes convenus concernant la recherche universitaire financée par le fédéral entre le gouvernement du Canada et l’Association des universités et collèges du Canada, 18 novembre 2002.

Gouvernement du Canada, 23 Atteindre l’excellence : investir dans les gens, le savoir et les possibilités, 2002, p. 51.

L’AUCC rapportait dans son édition 2005 de 24 En plein essor que les universités avaient eu des revenus de 51 millions de dollars au chapitre de la valorisation pour l’année 2003. Par la suite, l’AUCC a appris que des changements méthodologiques dans l’Enquête sur la commercialisation de la propriété intellectuelle dans le secteur de l’enseignement supérieur de Statistique Canada ont fait en sorte que ce montant n’était pas comparable à celui de 1999, année de base du triplement, et qu’en fait il avait été surestimé. Le chiffre de 2006 publié dans le présent document est comparable à celui de 1999.

Statistique Canada, 25 Enquête sur la commercialisation de la propriété intellectuelle dans le secteur de l’enseignement supérieur.

Arundel, A. et Bordoy, C., 26 Developing internationally comparable indicators for the commercialization of publicly-funded research. Présentation faite à la conference de l’OCDE Blue Sky II, Ottawa, septembre 2006.

AUCC, 27 La valorisation de la recherche universitaire, 2002.

Cooper, D.G.T., 28 University Spin Off Firms and High Growth Firms in Canada, APEC SME Innovation Briefing, No. 3, juin 2007.

La productivité totale des facteurs29 mesure la croissance du PIB qui ne peut être attribuée au changement en ce qui a trait aux facteurs liés à la production, au capital et à la main-d’œuvre.

McMahon, W.,30 The Impact of Human Capital on Non-Market Outcomes and Feedbacks on Economic Development, 2000.

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Conclusion

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Conclusion

Même si la quête du savoir ressemble beaucoup à un voyage vers l’inconnu, les chercheurs ne s’y aventurent certainement pas à l’aveuglette. Ils partent munis des connaissances acquises lors de leurs expéditions antérieures, fructueuses, dans certains cas, peu concluantes dans d’autres. Fiduciaires et gardiennes essentielles de cet apprentissage, nos universités représentent pour le Canada une importante réserve de connaissances mises à la disposition des générations actuelles et futures de chercheurs et d’innovateurs qui en tireront parti, les enrichiront et se laisseront guider par elles vers de nouvelles découvertes.

Grâce aux investissements du gouvernement fédéral et d’autres partenaires, les universités s’efforcent d’offrir les conditions les plus propices à ce voyage semé de découvertes. De par l’étendue de leurs activités de recherche, les chercheurs qu’elles recrutent, maintiennent en poste et dont elles stimulent les talents, par leurs installations et équipements, ainsi que par leur présence au sein de plus de 80 collectivités dans l’ensemble du pays, les universités constituent naturellement des plaques tournantes de la recherche au Canada. Comme l’illustre la présente édition d’En plein essor, les universités sont d’excellents lieux de création de partenariats intersectoriels. La collaboration et le soutien du gouvernement canadien, des collectivités, du secteur privé, d’organismes à but non lucratif et d’organisations étrangères permettent aux universités de créer, de parfaire et de mobiliser les connaissances qui sont devenues la monnaie d’échange du XXIe siècle.

Conclusion

Un peu partout dans le monde, on reconnaît maintenant que ce voyage semé de découvertes qu’est la recherche moderne se révèle rarement un parcours solitaire. La quête de solutions à des problèmes de portée mondiale et aux multiples facettes, comme les changements climatiques, la pauvreté et les bouleversements économiques, exige une approche globale. Afin de progresser, les chercheurs doivent approfondir la connaissance de leur domaine et explorer de nouvelles avenues au croisement des disciplines, des secteurs d’activité et des régions géographiques.

Le présent rapport démontre que les chercheurs canadiens contribuent à effectuer des percées scientifiques saluées à l’échelle internationale, publient leurs découvertes dans une proportion plus élevée que leurs homologues de nombreux autres pays et accomplissent des progrès considérables relativement à un certain nombre d’indicateurs de rendement en matière de valorisation de la recherche. Par contre, bien que ces réalisations demeurent utiles pour mesurer les résultats de la recherche, elles ne résument que partiellement les contributions des universités. L’examen général de la mobilisation du savoir que présente En plein essor illustre, en s’appuyant sur de nombreux exemples, que les résultats ne se limitent pas à la création de nouveaux produits et processus, mais qu’ils permettent également d’élaborer de nouveaux services, de nouvelles politiques et de nouvelles applications pour le secteur public, ainsi que de réinventer la façon de penser et de se comporter.

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Qu’ils influent sur nos modes de gouvernance, sur notre conception des affaires internationales et des relations diplomatiques ou sur l’éducation de nos enfants, ces résultats revêtent tous une importance capitale.

Les diplômés et les chercheurs universitaires alimentent cette mobilisation du savoir. Lorsqu’ils évoluent dans un milieu axé sur la recherche, les diplômés acquièrent des aptitudes comme la résolution de problèmes, l’esprit d’analyse, la communication, la pensée critique, la capacité d’adaptation, ainsi que le respect du travail d’équipe. Ils mettent leur savoir au service du marché du travail, du gouvernement et des collectivités en utilisant leurs aptitudes et leur expertise pour résoudre d’importants problèmes socioéconomiques.

En formant des diplômés et en effectuant de la recherche fondamentale et appliquée dans toutes les disciplines, les universités sont de plus en plus considérées mondialement comme des éléments cruciaux des systèmes d’innovation dans le cadre des stratégies en matière de R‑D. La recherche et la technologie modernes créent d’énormes possibilités de résoudre un large éventail de problèmes sociétaux et d’accroître la productivité et la compétitivité économique. Toutefois, l’acquisition et le maintien de capacités de recherche de calibre mondial coûtent cher. La puissance de traitement informatique et l’accès à des publications savantes, tout comme les attentes sur le plan de la diffusion et de la valorisation des résultats ainsi que de la mobilisation du savoir, grèvent les ressources des universités. Conscients à la fois des avantages et des coûts de ces investissements, de nombreux pays font d’énormes avancées dans le but d’accroître l’apport de leurs universités à la prospérité socioéconomique.

Le Canada a beaucoup progressé pour se doter de la capacité d’accueil nécessaire au cours de la dernière décennie et les investissements fédéraux ont grandement contribué à ce regain. En 2007, les sommes versées par des bailleurs de fonds externes aux fins de la recherche universitaire étaient de près de 150 pour cent supérieures à celles versées en 1993. Grâce à ce financement, le Canada est pris au sérieux sur la scène internationale en ce qui concerne la recherche universitaire, une constatation que démontre la présente publication.

Toutefois, nous ne pouvons pas nous permettre d’être trop confiants. Le reste du monde continue d’avancer et la course mondiale aux talents s’intensifie. En outre, l’accent de plus en plus prononcé mis sur la recherche et la mobilisation du savoir s’ajoute aux facteurs qui accâblent déjà les ressources des universités, tout particulièrement parce que les bailleurs de fonds externes ne couvrent pas intégralement les frais découlant de ces activités de recherche.

Puisque les universités forment les travailleurs hautement qualifiés de tous les secteurs de l’économie canadienne et qu’elles effectuent plus du tiers de la R‑D au Canada, leur capacité à mener des projets de recherche de haut calibre et à offrir un enseignement supérieur de qualité revêt une importance capitale pour l’avenir de notre pays. Les sommes que les universités doivent puiser à même leurs budgets de fonctionnement pour couvrir les frais non subventionnés de la recherche qu’elles effectuent pour tous les autres secteurs (p. ex. l’entretien des installations, la gestion de la recherche et le respect de la réglementation et des normes de sécurité) ont augmenté de plus de 90 pour cent depuis 1993. Comme on prévoit une augmentation de la demande à l’égard d’une formation universitaire de qualité et d’une meilleure contribution des universités à la R‑D à l’échelle nationale, le niveau d’investissement nécessaire au financement de l’ensemble des coûts de la recherche universitaire demeure matière à débat public.

Avec la publication de cette deuxième édition d’En plein essor, l’AUCC continue de remplir l’engagement qu’elle a pris envers le gouvernement fédéral de rendre compte périodiquement à la population de l’état de la recherche universitaire et de la mobilisation du savoir. L’AUCC est convaincue que cette mise au point sur les investissements et le rendement du Canada en R‑D, qui met un accent particulier sur les activités du secteur universitaire et les progrès accomplis à ce jour, suscitera une réflexion et des discussions au sujet de la planification stratégique de la R‑D sur les campus canadiens. Elle devrait également éclairer la prise de décisions relatives à l’ampleur et à la répartition des investissements nécessaires pour continuer d’accroître l’excellence en recherche et maintenir un avantage concurrentiel pour le Canada.

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Établissements membres de l’AUCC

Acadia Universitywww.acadiau.ca

University of Albertawww.ualberta.ca

Algoma Universitywww.algomau.ca

Athabasca Universitywww.athabascau.ca

Université Bishop’swww.ubishops.ca

Brandon Universitywww.brandonu.ca

Brescia University Collegewww.brescia.uwo.ca

The University of British Columbiawww.ubc.ca

Brock Universitywww.brocku.ca

University of Calgarywww.ucalgary.ca

Campion Collegewww.campioncollege.ca

Cape Breton Universitywww.cbu.ca

Carleton Universitywww.carleton.ca

Université Concordiawww.concordia.ca

Concordia University College of Albertawww.concordia.ab.ca

Dalhousie Universitywww.dal.ca

Collège universitaire dominicain / Dominican University Collegewww.collegedominicain.cawww.dominicancollege.ca

Emily Carr University of Art + Designwww.ecuad.ca

First Nations University of Canadawww.firstnationsuniversity.ca

University of the Fraser Valleywww.ufv.ca

University of Guelphwww.uoguelph.ca

HEC Montréalwww.hec.ca

Huron University Collegewww.huronuc.on.ca

King’s University College at the University of Western Ontariowww.uwo.ca/kings

The King’s University Collegewww.kingsu.ca

University of King’s Collegewww.ukings.ca

Lakehead Universitywww.lakeheadu.ca

Laurentian University of Sudbury / Université Laurentienne de Sudburywww.laurentian.cawww.laurentienne.ca

Université Lavalwww.ulaval.ca

The University of Lethbridgewww.uleth.ca

Luther Collegewww.luthercollege.edu

University of Manitobawww.umanitoba.ca

Université McGillwww.mcgill.ca

McMaster Universitywww.mcmaster.ca

Memorial University of Newfoundlandwww.mun.ca

Université de Monctonwww.umoncton.ca

Université de Montréalwww.umontreal.ca

Mount Allison Universitywww.mta.ca

Mount Saint Vincent Universitywww.msvu.ca

University of New Brunswickwww.unb.ca

Nipissing Universitywww.nipissingu.ca

University of Northern British Columbiawww.unbc.ca

Nova Scotia Agricultural Collegewww.nsac.ca

NSCAD Universitywww.nscad.ca

Ontario College of Art & Designwww.ocad.ca

University of Ontario Institute of Technologywww.uoit.ca

Université d’Ottawa / University of Ottawawww.uOttawa.ca

École Polytechnique de Montréalwww.polymtl.ca

University of Prince Edward Islandwww.upei.ca

Université du Québecwww.uquebec.ca

Université du Québec à Montréalwww.uqam.ca

Université du Québec à Trois-Rivièreswww.uqtr.ca

Université du Québec à Chicoutimiwww.uqac.ca

Université du Québec à Rimouskiwww.uqar.ca

Université du Québec en Outaouaiswww.uqo.ca

Université du Québec en Abitibi-Témiscaminguewww.uqat.ca

Institut national de la recherche scientifiquewww.inrs.ca

École nationale d’administration publiquewww.enap.ca

École de technologie supérieurewww.etsmtl.ca

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University of Torontowww.utoronto.ca

Trent Universitywww.trentu.ca

University of Trinity Collegewww.trinity.utoronto.ca

Trinity Western Universitywww.twu.ca

Vancouver Island Universitywww.viu.ca

University of Victoriawww.uvic.ca

Victoria Universitywww.vicu.utoronto.ca

University of Waterloowww.uwaterloo.ca

The University of Western Ontariowww.uwo.ca

Wilfrid Laurier Universitywww.wlu.ca

University of Windsorwww.uwindsor.ca

The University of Winnipegwww.uwinnipeg.ca

York Universitywww.yorku.ca

Queen’s Universitywww.queensu.ca

Redeemer University Collegewww.redeemer.ca

University of Reginawww.uregina.ca

Royal Military College of Canada / Collège militaire royal du Canadawww.rmc.ca

Royal Roads Universitywww.royalroads.ca

Ryerson Universitywww.ryerson.ca

Université Sainte-Annewww.usainteanne.ca

Collège universitaire de Saint-Bonifacewww.cusb.ca

St. Francis Xavier Universitywww.stfx.ca

St. Jerome’s Universitywww.sju.ca

Saint Mary’s Universitywww.smu.ca

University of St. Michael’s Collegewww.utoronto.ca/stmikes

Université Saint-Paul / Saint Paul Universitywww.ustpaul.ca

St. Thomas Universitywww.stu.ca

St. Thomas More Collegewww.stmcollege.ca

University of Saskatchewanwww.usask.ca

Université de Sherbrookewww.usherbrooke.ca

Simon Fraser Universitywww.sfu.ca

Université de Sudbury / University of Sudburywww.usudbury.ca

Thompson Rivers Universitywww.tru.ca

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En plein essor : Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

©2008 AUCCISBN : 978-0-88876-267-4ISSN : 1715-6122

Dépôt légal – Bibliothèque nationale du CanadaImprimé au Canada

On peut obtenir des exemplaires de ce document auprès de :Division des publications et communicationsAssociation des universités et collèges du Canada350, rue Albert, bureau 600Ottawa (Ontario) K1R 1B1Téléphone : 613-563-3961 poste 205Télécopieur : 613-563-9745Courrier électronique : [email protected] Web : www.aucc.ca

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La Bibliothèque nationale du Canada a catalogué cette publication de la façon suivante :En plein essor : Édition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir.

Publ. aussi en anglais sous le titre : Momentum. ISBN 978-0-88876-266-6

1. Recherche universitaire— Canada.2. Aide de l'État à la recherche—Canada.I. Association des universités et collèges du Canada

LB2326.3.M6514 2005 001.4'0971 C2005-905513-8

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en plein essorédition 2008 du rapport sur la recherche universitaire et la mobilisation du savoir

L’Association des universités et collèges du Canada est le porte-parole

des universités canadiennes au pays et à l’étranger. Elle représente

92 universités et collèges universitaires publics et

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