AVRIL 2016

Colette Beauchemin

Présidente de l’AQCBS

Pourquoi devons-nous revisiter nos approches catéché-

tiques héritées de la chrétienté ? Pourquoi l’annonce du

kérygme devient-elle si importante dans l’accompagnement

des nouveaux catéchisés et catéchumènes ?

Chez les personnes qui frappent à la porte de l’Église en

vue de recevoir les sacrements, nous sommes à même de

constater que leur motivation est très rarement portée par

l’expérience d’une conversion au Christ Ressuscité.

Pourtant, cette étape d’initiation

chrétienne serait sensée suivre celle

de la conversion. La demande sacramen-

telle joue dorénavant le rôle de porte

d’entrée par laquelle nous sommes

appelés à proposer la foi « chrétienne »

et annoncer ce qui en est le cœur, le

fondement, c’est-à-dire annoncer le

kérygme.

Cette réalité nous oblige à revoir nos

approches et instruments catéchétiques

qui ne correspondent plus au contexte de

déchristianisation dans lequel nous

baignons. Autrement dit, nous ne

pouvons plus présupposer la foi chré-

tienne des personnes qui demandent à

recevoir les sacrements. Ces personnes

portent habituellement une foi naturelle,

une confiance en la vie, en l’amour,

teintée d’une vague culture chrétienne.

Mais leur héritage religieux, qu’ils

assimilent souvent à de « belles valeurs »

à transmettre, est très rarement enraciné

dans le cœur de la foi chrétienne : le

mystère pascal et trinitaire. Comment

développer une catéchèse kérygmatique

qui permette de mieux accompagner les

catéchisés dans leurs premiers pas vers

une Rencontre qui transfigure la vie et

qui donne tout leur sens aux sacrements ?

L’annonce du kérygmeen catéchèse

Sur

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hiver 2016, VOL. 13, No. 2

1 ) Voir le récent document publié par l’Assemblée des évêques catholiques du Québec concernant le tournant mis-sionnaire des communautés chrétiennes. www.eveques.qc.ca/documents/2016/Le_tournant_missionnaire2016.pdf

Ce numéro aborde cette importante

question en tentant d’y apporter quelques

éclairages. Tout d’abord, dans un article

de fond, Yves Guérette nous introduit

dans une réflexion plus systématique et

une relecture historique qui éclairent des

déplacements que nous sommes appelés

à opérer pour entrer résolument dans une

catéchèse missionnaire1. Annie Beauchemin,

qui accompagne des adolescents, nous

partage comment l’annonce du kérygme

est au cœur de sa pratique avec les

jeunes. Lyne Groulx, responsable de la

catéchèse dans sa paroisse, nous parle de

ce qui s’est transformé dans sa vision et sa

pratique depuis qu’elle a été sensibilisée à

l’annonce du kérygme en catéchèse. Une

belle méditation nous est offerte par

Lucille Lanoie qui nous amène à revisiter

nos Chemins de Résurrection, à la lumière

du parcours de foi de quelques personnages

bibliques.

D’autres articles intéressants vous atten-

dent dans ce numéro, dont celui de Violaine

Couture sur la racine rabbinique de la CBS et

celui de Norman Lévesque sur l’encyclique

du Pape François Laudato Si. Puis finalement,

vous trouverez la publicité concernant nos

événements de juin où nous espérons avoir

la chance de vous rencontrer.

AVRIL 2016

Sommaire

Volume�13�-�Numéro�02�-�avril�2016�-�4�$

3 Une catéchèese fondée sur l’annonce du kérygme

Yves Guérette

11 Jésus meurt-il pour devenir Christ dans nos catéchèses

Lyne Groulx

13 Saviez-vous que ?

14 Des ténèbres à la lumièreAnnie Beauchemin

16 Chemin de RésurrectionLucille Lanoie

18 La racine rabbinique de la CBSViolaine Couture

20 Laudato Si’ en catéchèseNorman Lévesque

24 Comment cela se fera-t-il puisque... ?Danielle Larouche

26 Nouvelles du CADanielle Larouche

27 Formation

28 Colloque

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Colette Beauchemin PrésidenteResponsable diocésaine de la catéchèseDiocèse de Saint-Jean-Longueuil

Michelle TessierVice-présidenteCatéchète et responsable de la catéchèse pour le parcours de CBSParoisses de Saint-Pie et Saint-Damase, Diocèse de Saint-Hyacinthe

Gabrielle Rose Dumas TrésorièreAgente de pastorale retraitée

Les membres du Conseil d’administration 2015-2016

Danielle LaroucheSecrétaire Responsable de la catéchèse, Paroisse St-Bernardin, Waterloo, Diocèse de St-Hyacinthe

Jacques CharleboisConseiller Responsable de la catéchèseParoisse Sainte-Pudentienne, Roxton Pond, Diocèse de Saint-Hyacinthe

Sur les traces du Ressuscité

est le bulletin de l’AQCBS.

Les opinions émises dans

ce bulletin n’engagent que

leur auteur, exception faite

des textes émis par les

différentes instances de

notre organisation, qui

engagent l’Association.

Parfois le texte est au

masculin afin d’alléger la

lecture.

Rédactrice en chef

Colette Beauchemin

Conception graphique

et infographie

Caroline Rodrigue

Impression

Maison Primevère

Faire part de tout

changement d’adresse à

AQCBS

9037, boul. Lasalle

Montréal (Lasalle)

H8R 2M4

aqcbs2012@gmail.com

Une catéchèse fondée

sur l’annonce du

kérygme

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Un paysage religieux québécois radicalementtransformé

Il n’est plus à démontrer combien lepaysage religieux québécois a subiune profonde révolution au cours des dernières décennies. Le passaged’une Église en situation de chré-tienté à une Église en contexte de pluralité de voies spirituelles et reli-gieuses engage aujourd’hui une impérative révision des modes detransmission de la foi.

Comment communiquer la foi auxjeunes générations, tout comme auxadultes qui frappent à la porte del’Église, porteurs d’itinéraires spirituelset croyants de plus en plus éclatés etpeu articulés, à partir des repères fondamentaux de la foi chrétienne?Confrontés à ce contexte de pro-fondes transformations, bon nombrede catéchètes et de responsables paroissiaux de la catéchèse sont plutôt enclins à parfaire ou à amélio-rer les démarches qu’ils proposent

Yves Guérette,directeur de la Faculté de Théologie et Sciences religieuses, Université Laval

déjà. D’autres partagent plutôt laconviction qu’il faille repenser la communication de la foi et l’évangéli-sation à partir de ses fondements. Je propose une autre voie : celle de repenser l’éducation de la foi chré-tienne, non plus selon les paramètresd’une Église en contexte de chré-tienté, mais bien en contexte de pluralité religieuse et spirituelle, voireen contexte missionnaire.

Les trois moments du processus d’évangélisation

Dans sa tradition bimillénaire,l’Église possède une expérienceéprouvée de communication de la foien contexte missionnaire. Ce seraitcependant faire fausse route que derestaurer à l’identique les pratiquesd’autrefois, pensant y trouver les solutions aux enjeux contemporainsde l’évangélisation. À contexte particulier, réponses et propositionsoriginales. De fait, le contexte actuelapparaît très particulier en ce quel’Église est appelée à annoncer

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l’Évangile à des hommes, des femmeset des enfants qui ont déjà été encontact, de près ou de loin, avec laTradition chrétienne, son message, saculture, etc. Il pourrait même s’agird’une situation unique dans l’histoirede l’Église. Il nous faudra donc réinterpréter les legs de la Traditionafin de nous engager dans des avenues et des propositions ajustéesaux exigences et aux particularités dela mission d’évangélisation d’aujourd’hui.

À travers son histoire, l’Église a su articuler le processus d’évangé-lisation en trois moments distincts et pourtant intimement liés les unsaux autres : la première annonce(premier moment), l’initiation chré-tienne (deuxième moment) et l’acti-vité pastorale (troisième moment). À chaque époque, ces trois momentsont été mis en œuvre de manière originale et avec des accents spécifiques.

Au Québec, il n’y a pas si longtempsencore, la plupart des activités del’Église recevaient le qualificatif de « pastoral » (troisième moment duprocessus d’évangélisation). On pensait l’activité de l’Église en termede pastorale du baptême, pastorale du mariage, pastorale des jeunes, pastorale scolaire, pastorale sociale,pastorale liturgique, etc. Cette manière de nommer les choses correspondait à la perception du rapport que l’Église devait entreteniravec l’ensemble des baptisés : encontexte de chrétienté, les résidentsdu territoire d’une paroisse étaientd’emblée considérés comme des chrétiens convertis. Il s’agissait doncd’accompagner « les fidèles ayantdéjà atteint la maturité au sein de la communauté chrétienne ». Encore aujourd’hui, on parle de pastorale du

baptême et la plupart des autreschamps d’activité ecclésiale sont encore identifiés à la « pastorale ».Ceci permet de constater que la manière de concevoir ces activités aurait possiblement peu changé au fildes décennies.

Les évêques catholiques québécois affirment que l’activité pastorale « consiste à nourrir et à approfondirla foi, l’espérance et la charité des disciples déjà engagés à la suite duChrist. Elle s’adresse aux fidèles rassemblés dans la communauté chrétienne ». Si l’épithète ou le déter-minant « pastoral » est encore accoléà la plupart des activités de l’Église,plusieurs d’entre elles peuvent-ellesvraiment être situées dans le troi-sième moment du processus d’évangélisation? En ce qui concerneles activités d’initiation chrétienne etde « préparation aux sacrements » dubaptême ou du mariage, il apparaîtassez clairement que « l’activité pastorale » ne correspond plus au « moment du processus d’évangélisa-tion » propre à l’expérience religieusede la plupart des personnes qui fontla demande de ces sacrements. Lamajorité d’entre elles sont au-

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jourd’hui plutôt étrangères à l’environnement de la foi chrétienne, autant à ses fondements qu’à ses diverses formes d’expression. Les démarches élaborées dans une lo-gique d’activité pastorale, lorsqu’elless’adressent à des personnes débutantdans la foi ou en recherche spirituelle,sont donc certainement mal adaptéeset risquent même d’être peupertinentes…

Depuis plus de quinze ans, afin de pallier à l’érosion du rapport des baptisés avec l’Église et avec l’expé-rience chrétienne catholique, l’Églisea investi de grands efforts et multipliéles énergies consacrées dans lechamp du second moment du proces-sus d’évangélisation : l’initiation chrétienne. Or, bien que des dé-marches plus complexes et plus substantielles aient été offertes dansnombre de milieux depuis des annéeset que d’heureuses initiatives aientsuscité enthousiasme et espérance, il n’en demeure pas moins que lesfruits attendus ne semblent pas êtrenécessairement au rendez-vous. Pisencore, le nombre de demandes d’accompagnement ne cesse de diminuer dans plusieurs paroisses etles méthodes catéchétiques, les démarches ou les programmes quiétaient encore pertinents il n’y a quequelques années, apparaissent aujourd’hui ou bien inajustés ou encore déjà obsolètes aux yeux d’unnombre grandissant de catéchètes. Ilsemble manquer quelque chose… eton peine le plus souvent à l’identifier.

Devant ce constat, il pourrait être tentant de chercher des coupables.Cependant, cette recherche ne peutque s’avérer vaine puisque l’enjeu estsitué radicalement ailleurs. Le théolo-gien italien Enzo Biemmi affirme quel’Église est plutôt confrontée à un

« problème de nouvelle inculturationde la foi. Il s’agit simplement de com-prendre que nous sommes entrés dansune phase de grande transition cultu-relle dans laquelle les équilibres d’hierse sont désagrégés. Personne n’est àl’abri de cette situation et il ne sert àrien de chercher des coupables. »

Le premier moment du processus d’évangélisation :la première annonce

S’il ne faut surtout pas chercher descoupables, on peut cependant envisa-ger qu’une partie de la réponse auxdifficultés de la communication de lafoi se trouve dans la proposition dumoment du processus d’évangélisationqui précède l’initiation chrétienne : la première annonce.

Première annonce de la foi ou annonce primordiale de la foi : dequoi s’agit-il? Il s’agit de mettre encontact les hommes, les femmes etles enfants avec le noyau fondamentalde l’expérience chrétienne : le salutpour tout être humain, annoncé parles prophètes et réalisé en JésusChrist par sa mort et sa résurrection.C’est cette expérience du salut quisuscite la conversion et le désir de célébrer le baptême comme expres-sion de la vie nouvelle en Christ. Jean-Paul II précisait que la spécificitéde la première annonce de l’Évangileest qu’elle peut susciter la conversion.

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Or, la catéchèse vient selon un « ordre exemplaire » après la pre-mière annonce puisque la catéchèse « poursuit le double objectif de fairemûrir la foi initiale et d’éduquer le vraidisciple du Christ par le moyen d’uneconnaissance plus approfondie et plussystématique de la personne et dumessage de Notre Seigneur Jésus-Christ ».

Enzo Biemmi définit la première annonce en ces termes : « C’est la proclamation de l’Évangile qui vise àamener quelqu’un à rencontrer Jésusdans la communauté ecclésiale et às’engager sur un chemin de conver-sion. On le voit bien : la première annonce vise une adhésion initiale defoi qui est tout à la fois acte, contenuet attitude. » Le développement suivant provient du même ouvrage de Biemmi et m’apparaît très éclairantpour toute personne qui désire appro-fondir la nature de la première annonce :

En tant qu’acte, la première annonce conduit la personne à s’abandonner au Seigneur Jésus et à donner une première réponsede foi personnelle et consciente.Tout se joue donc ici dans l’ordre dela confiance : quelqu’un décide des’en remettre au Dieu de Jésus-Christ et de lui faire confiance en serendant docile à son Esprit.

La confiance et l’abandon ont cependant besoin de contenu : il est important de savoir à qui ondonne sa confiance. Le contenu dela première annonce, c’est le mystère de Jésus-Christ. Plus précisément, c’est sa vie, sa passion,sa mort et sa résurrection et, danscette lumière, le visage de son Pèreet le don de son Esprit qui conduitl’Église jusqu’à son retour définitif.

On parle ici de kérygme. Mais le kérygme ne se réduit pas à la seuleannonce de Pâques; il renvoie à latotalité du mystère du Christ. Ilcontient donc tout l’Évangile avectout ce qu’il apporte et tout ce qu’ilexige. On comprend alors que le « tout » de la foi de la première annonce n’est pas d’ordre quantita-tif : il est de l’ordre de la densité et de la qualité. Ce n’est pas encorele moment d’expliciter tous lescontenus de la foi : il s’agit de trans-mettre le cœur de l’Évangile dans sa dynamique de don et de réponse.

L’abandon et l’adhésion au contenude la foi se transforment rapide-ment en attitude. La première annonce conduit les personnes às’engager sur un chemin de conver-sion, autrement dit à décider de suivre Jésus et de conformer leur vie à la sienne. Cette décision aboutit au baptême ou à sa redécouverte et conduit à un changement de vie. Il faudra pourcela que la communauté chrétienneoffre un accompagnement et un approfondissement par l’écoute dela Parole, la célébration de l’Eucha-ristie, la vie en communion frater-nelle, l’engagement dans la charitéet le témoignage.

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On parlera donc de première annonce, d’annonce première ou encore d’annonce primordiale au sensoù le mot « première » ne renvoie pasà une dimension de temporalité (première dans le temps), mais bienaux fondements de la foi chrétienne, à ce qui est « primordial » ou premier.

La première annonce : des actions et des paroles

Pour sa réalisation, cette première annonce nécessite la rencontre dedeux composantes essentielles : desparoles et des actions qui se fécon-dent et se confirment mutuellement.Cette conviction s’appuie sur l’exposi-tion, par le Concile Vatican II, de lamanière dont Dieu se révèle lui-mêmedans l’histoire de salut :

Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sabonté de se révéler en personne etde faire connaître le mystère de savolonté (cf. Ep 1,9) grâce auquel leshommes, par le Christ, le Verbe faitchair, accèdent dans l’Esprit-Saint,auprès du Père, et sont rendus participants de la nature divine (cf. Ep 2,18 ; 2P 1,4). Dans cette révélation, le Dieu invisible (cf. Col 1,15; 1 Tm 1,17) s’adresse auxhommes en son immense amourainsi qu’à ses amis (cf. Ex 33,11 ; Jn 15,14-

15), il s’entretient avec eux (cf. Ba 3,38)

pour les inviter et les admettre àpartager sa propre vie. Pareille économie de la Révélation comprend des événements et des paroles intimement unis entre eux,de sorte que les œuvres, réaliséespar Dieu dans l’histoire du salut, attestent et corroborent et la doctrine et le sens indiqués par les paroles, tandis que les paroles publient les œuvres et éclairent lemystère qu’elles contiennent. Laprofonde vérité que cette Révélation

manifeste, sur Dieu et sur le salut de l’homme, resplendit pour nousdans le Christ, qui est à la fois le Médiateur et la plénitude de toutela Révélation.

Puisque Dieu se révèle dans l’histoire des hommes et des femmespar des œuvres et par des paroles,ceux et celles qui participent à l’œuvred’évangélisation sont appelés à épou-ser la pédagogie de Dieu. En ce quiconcerne les actions, les évêques québécois engagent les évangélisa-teurs et les évangélisatrices au témoignage :

C’est d’abord par le témoignagequ’elle (la première annonce) s’exercera, à travers une manièred’être et d’agir qui pose question,qui ouvre à une recherche, en faisant percevoir quelque chose dudevenir humain à la suite du Christ.Ce témoignage pourra notammentprendre la forme de la participationà la défense des appauvris et à lapromotion des droits humains, de lasensibilité à la recherche actuelled’une spiritualité laïque, de la capa-cité de dialogue avec des personnesincroyantes ou agnostiques, de l’accueil des différences culturellesou religieuses. Dans ces diversmodes de présence, on feraconfiance au rayonnement des attitudes évangéliques marquéespar l’esprit des Béatitudes.

Cependant, ces œuvres qui suscitentl’étonnement, la surprise et le ques-tionnement en raison de leur caractèreévocateur d’une réalité qui « dépassel’entendement humain » nécessitentdes paroles qui éclaireront leur natureet leur source. Les évêques québécoiscontinuent en affirmant ce qui suit :

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Pour produire tout son fruit, le témoignage a besoin d’être éclairé,complété par une parole dans laquelle sont annoncés le nom, l’enseignement, la vie, les promesses,le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu. Cette « proclamation kérygmatique »demande à se faire à la fois explicite, ferme, sans timidité ni détour, et sensible au contexte culturel. Elle propose la révélationde Dieu et du salut en Jésus Christ à des personnes qui ne connaissentpas l'Évangile ou qui ne perçoiventplus ce qu’il peut apporter à leurquête de signification et d’humani-sation. Elle peut prendre différentesformes, comme le dialogue simpleet fraternel ou la réflexion partagéesur les événements de la vie. Ellepourra recourir aux moyens modernes de communication. Elle appelle à découvrir ou redécouvrir la soif de Dieu et la radicale nouveauté de l’Évangile, sa pertinence et sa fécondité pourl'expérience humaine. Elle invite àun retournement intérieur, à un changement de vie, à une conversion.

Si ces paroles peuvent prendre plusieurs formes en fonction descontextes et des événements, ellesrenvoient toujours cependant à la profession de foi de l’évangélisateurou de l’évangélisatrice. Elles annon-cent le cœur de l’expérience chrétienne : le salut en Jésus Christ.L’Église nomme cette annonce fonda-mentale le kérygme. Cette expressionprovient de la culture grecque antiquealors que le kérygme était, en fait,toute proclamation publique d’annonces concernant l’ensemble de la population : un édit, le résultatd’une campagne militaire ou encoretoute nouvelle digne d’intérêt.Lorsque les chrétiens ont été encontact avec la culture grecque, ils ontbien saisi qu’ils avaient eux aussi unkérygme, c’est-à-dire la proclamationd’une nouvelle à annoncer aux gensdes différentes villes qu’ils parcou-raient. Le kérygme chrétien concernele salut qui est annoncé à toute l’humanité. Soyons attentifs à la définition du kérygme de Karl Rahneret de Herbert Vorgrimler dans leurPetit dictionnaire de théologie catholique :

(Du grec kérygma = annonce, message.) Dans l’emploi modernede ce terme néotestamentaire, ondésigne par kérygme la Parole proclamée au nom de Dieu, en vertu d’une mission légitime reçuede Dieu et de l’Église, comme Parolede Dieu et du Christ lui-même - quirend ce qui est dit efficacement présent dans l’existence de l’audi-teur - soit devant la communautédes fidèles (prédication), soit devantdes particuliers (ou pour convaincre,ou pour édifier). S’identifiant avecl’événement annoncé lui-même entant qu’il est présent à la situationde l’auditeur, et ceci d’une manièrehistoriquement saisissable dans la

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parole dite et entendue (comme parole efficace proférée au nom deDieu, reçue avec l’offre de ce qui estannoncé, la grâce de la foi qui justi-fie), le kérygme se distingue tant desformules du dogme de l’Église, quisont simplement des énoncésconformes à la réalité (par lesquelsl’Église ne proclame pas le message,mais sépare, par son magistère extraordinaire, la vérité de l’erreur),que de celles de la réflexion humaine sur ces formules (théolo-gie) et contient plus qu’elles. Il est le fondement premier et la norme et du dogme, et de la théologie, etil trouve son accomplissement propre et plénier dans la parole defoi qui est dite à chacun, en particu-lier dans le sacrement, comme unemanifestation du salut divin qui sedonne en opérant sa propre manifestation (son signe).

Pour Rahner et Vorgrimler, le kéryme est à l’essence et à la sourcemême du christianisme. C’est sur lekérygme que se fonde non seulementtoute l’évangélisation, mais aussi lathéologie et les dogmes de l’Église,l’expérience sacramentelle et néces-sairement la catéchèse! Le kérygmeest bien plus qu’une simple annonce.Il s’agit d’une parole efficace qui annonce et qui rend présent à l’auditeur ce qui est prononcé! Il s’agit d’une Parole de Dieu!

Et pour la catéchèse?

Pour ceux et celles qui sont investis en catéchèse, il est peut-êtreimportant de porter attention à cesquelques convictions au terme de cet article.

• La plupart des enfants, des adolescents et des adultes quiadressent aujourd’hui à l’Église une

demande d’accompagnement envue de la célébration d’un sacre-ment, bien qu’ils aient été possible-ment en contact plus ou moinsprolongé avec des éléments de lafoi chrétienne, n’ont pas forcémentfait l’expérience d’une véritableconversion et ne sont pas pour autant disciples du Christ. Ils se situent plutôt, le plus souvent, aupremier moment du processusd’évangélisation : la première annonce. Il est donc de moins enmoins judicieux de continuer d’offrirdes activités et des programmes exclusivement identifiés au secondmoment du processus d’évangélisa-tion (l’initiation chrétienne).

• Alors que nous sommes pourtant appelés à offrir un parcours de catéchèse à toutes ces personnes demanderesses, ildevient de plus en plus impératifd’articuler la catéchèse et l’initiationchrétienne à partir des fondementsde la première annonce.

• Inclure la première annonce àmême la catéchèse engage les catéchètes à valoriser de manièretrès importante le témoignage devie, l’engagement et la solidarité envers les événements, les enjeuxet la trame de ce qui habite et de ceque traverse chaque catéchisé.

• La parole à annoncer en catéchèse ne peut esquiver le kérygme de la foi chrétienne. Cetteparole kérygmatique est appelée àrencontrer, féconder et illuminer les œuvres et les actions vécues et posées en catéchèse. Ainsi, paroleet actions s’illuminent et se confir-ment mutuellement. Une catéchèsequi se situerait seulement sur leplan du discours ne réussirait donc

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pas à honorer la première annoncede la foi puisque la première annonce ne peut faire abstractiondes œuvres.

• Puisque la vie sacramentelle del’Église déploie, célèbre et honorel’annonce du kérygme, la catéchèsesacramentelle gagnerait, non seulement à emprunter la voie de la mystagogie, mais aussi à fonderla proposition de l’expérience sacramentelle – pour les sept sacrements – dans le kérygme de la foi chrétienne. L’Église baptise, eucharistie, confirme, offre la réconciliation et l’onction des malades, ordonne, bénit le mariage,pour célébrer le kérygme de la foien diverses circonstances tout aulong de la vie.

• Enfin, la proclamation du kérygme n’est pas seulement un ensemble de paroles à prononcer,une formule nouvelle en catéchèse.Il s’agit plutôt du témoignage intimede l’évangélisateur ou du catéchètepar rapport à la relecture de sa

propre expérience du salut. On annonce le salut en Christ qui estl’envoyé du Père dans l’Esprit qui,historiquement, a manifesté le salut à ses contemporains, mais quine cesse de le manifester auxhommes et aux femmes d’ici etd’aujourd’hui. Le ou la catéchète affirme cette conviction de foi partoute proclamation du kérygme!

Heureuse catéchèse kérygmatique et surtout heureuses expériences dusalut en Jésus-Christ avec tous ceux et celles qu’il vous est donné d’accompagner!

Yves Guérette est formateur en Catéchèse biblique symbolique depuis2001 au diocèse de Québec. Il est professeur à la Faculté de théologie etde sciences religieuses de l’UniversitéLaval et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en Éducation de la foi et responsable del’Observatoire québécois de pratiquescatéchétiques.

www.educationdelafoi.ulaval.ca

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Jésus meurt-il pourdevenir Christ dans noscatéchèses?

À l’automne dernier, les journées provinciales de réflexion sur la forma-tion à la vie chrétienne nous invitaientà approfondir la question du kérygmecomme source et clé de la formation àla vie chrétienne. Avec comme pointde départ la question suivante : « Christ est ressuscité… ça changequelque chose dans nos vies? », comment ne pas se laisser prendre etsurprendre à relire nos expériencescatéchétiques pour y discerner laplace réelle que nous accordons à lamort et à la résurrection de JésusChrist, cœur de notre foi chrétienne?Dans nos rencontres de catéchèse,que ce soit avec des enfants, des adosou des adultes, avons-nous peur defaire mourir Jésus pour qu’il devienneChrist? Tous les textes bibliques sont-ils relus à la lumière de Pâques? Qu’enest-il du sens à approfondir des ritescatéchuménaux et des sacrements del’initiation? En quoi le kérygme meconcerne personnellement et nousconcerne communautairement dansnos expériences de foi? Voilà donc ouvertes les questions qui seront lesujet de cet article.

Le kérygme, c’est d’abord unebonne nouvelle : la Bonne Nouvelle de l’aujourd’hui du salut de Dieu. Oui, le Christ est ressuscité il y a plus de2000 ans mais, ne l’oublions pas, il estressuscité aujourd’hui! Cette annonceest première nous dit le Pape François :« quand nous disons que cette annonce est la première, cela ne veut

pas dire qu’elle se trouve au début et qu’après elle est oubliée ou rempla-cée par d’autres contenus qui la dépassent. Elle est première au sensqualitatif, parce qu’elle est l’annonceprincipale, celle que l’on doit toujoursécouter de nouveau de différentes façons et que l’on doit toujours annoncer de nouveau durant la caté-chèse sous une forme ou une autre, àtoutes ses étapes et ses moments. »(Joie de l’Évangile #164) Le kérygme est alorsune clé existentielle qui ouvre nos vieset nos cœurs à la rencontre avec Jésusle Christ qui est vivant aujourd’hui.

Mais, dans notre monde actuel,comment peut-on réellement propo-ser le kérygme comme ancrage fonda-mental de notre foi? Le premier pasconsiste à raconter ce que Jésus a ditet fait sur les routes en Palestine pourdonner corps à Celui qui a accepté denous aimer au point de devenir l’un denous. Mais, cette étape n’est pas suffi-sante. Il nous faut également proposersa mort et sa résurrection commeoutil de relecture et de discernement.Tout comme les Évangiles ont été

Lyne GroulxCo-responsable de la

catéchèse des jeunes,à l’Unité pastorale du

Vieux-LongueuilDiocèse de

Saint-Jean- Longueuil

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écrits à la lumière de Pâques, leur lecture et leur interprétation en vuede donner un sens plus fécond à notrevie de foi méritent également d’êtrefaits à la lumière du Ressuscité.Lorsque nous parlons de Dieu, quenous parlons à Dieu et que nous agissons en enfants de lumière, alorsseulement, nous pouvons commencerà habiter vraiment le kérygme. Nousportons un témoignage crédible à partir du moment où nous prenonsd’abord conscience pour nous-mêmesque nous sommes aimés de Dieu etque nous sommes sauvés. « Car si lesmorts ne ressuscitent pas », comme ledit saint Paul, « mangeons et buvons,car demain nous mourrons » (1Cor.15,32).

En catéchèse, relire les Évangiles à la lumière de Pâques avec les jeuneset les adultes est déjà un défi. Mais,notre rôle d’accompagnateur de la foi ne s’arrête pas là. Il faut avoir lecourage d’aborder tous les autrestextes de la Bible de cette façon. Lesgrandes figures du Premier Testamentreçoivent une nouvelle vie grâce à lasensibilité pascale. Ils peuvent devenircomme des huîtres perlières qui trans-forment un grain de sable en perle. Eneffet, tout au long de sa vie, l’huîtreperlière sécrète plusieurs couches denacre autour d’un simple grain desable pour faire naître une perle magnifique dans l’eau et la noirceur.

De même, les rites et les sacre-ments prennent tout leur sens à partirde l’annonce même du kérygme. Lebaptême n’est-il pas une plongée dansla mort et la résurrection du Christ? Le pardon ne nous invite-t-il pas à replonger dans notre baptême et vivreen soi une expérience de salut? Durant la confirmation, ne consen-tons-nous pas à entrer dans le mys-tère en disant « me voici » alors queDieu nous dit : « tu n’appartiens pas à la mort, tu m’appartiens. Rien nepeut plus te séparer de moi. Monamour est plus fort. Je te donne mon

Esprit pour te faire sortir des eaux dela mort. » Et quand nous célébrons l’eucharistie, ne faisons-nous pas mémoire de la mort et de la résurrec-tion de son Fils? Par lui, avec lui et enlui, nous descendons dans la mort etnous accédons à la vie éternelle.

Tout au long de nos vies, le kérygmepeut venir nous rejoindre person-nellement lorsque nous vivons desmorts et des résurrections. L’un desconférenciers a illustré la participationdu Christ à nos souffrances et à nosmorts intérieures en se couchant surle sol avec les bras en croix. Il nous aalors demandé d’imaginer le Christ qui venait s’étendre sur notre croix,s’étendre sous notre croix, pour nousprendre dans ses bras et nous releveravec lui. Voilà le kérygme à annoncer :« le Christ a changé ma vie, il pourraitchanger la tienne. J’en suis témoin : ceJésus qui a été crucifié, il est la Résur-rection. » En invitant le Ressuscité àvenir s’étendre sur nos croix, nous apprenons à intégrer de plus en plusconsciemment le mouvement pascalqui est présent au cœur même denotre quotidien. Mais, notre foi personnelle a aussi besoin d’une communauté vivante et célébrantepour s’épanouir. Puisque le Christ estmort et ressuscité pour nous, il vient « sous-tenir » notre vie de foi commu-nautaire et construire l’Église. Nousapprenons alors à vivre le kérygmeentre nous : à nous aimer mutuelle-ment, à nous pardonner, à nous fécon-der, à nous engendrer dans la foi. Ilnous donne la force d’aller, à la suitedu Christ, nous étendre sur la croix denos sœurs et de nos frères.

Se laisser habiter par le kérygmen’est pas un chemin facile. Cela nousoblige parfois à aller là où nous nevoulons pas aller, à le laisser entrer làoù nous avons des verrous. Mais, heureusement, le kérygme c’est aussila Bonne Nouvelle que nous nesommes pas seuls pour annoncer le

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Saviez-vous que …Gaston Raymond o.p. est décédé

Dans le cadre du numéro précédent de notre revue, nous avions publié unhommage à Gaston Raymond qui a étéun pionnier de la Catéchèse bibliquesymbolique au Québec.

Il nous a quitté le 2 février 2016, à lafête de la Chandeleur, pour rejoindre lalumière éternelle.

Il nous lègue un héritage précieux àtravers tous les enseignements qu’il aprodigués mais aussi à travers destextes qu’il avait commencé à réunir : • textes de réflexion fondamentale sur la formation chrétienne, ses com-posantes essentielles et ses enjeux spirituels ;• démarches d'analyse et de réflexionsur plusieurs récits bibliques, en vuede l'éducation de la foi des adultes.

Ces documents ont été rendus disponibles sur le site de l’Institut depastorale des dominicains à l’adressesuivante : http://ipastorale.ca/res-sources/edu-foi/catecheses-GRay-mond.htm

L’ÉCHOEnviron à tous les mois nous avons com-

mencé à publier une question pour ouvrirl’échange sur notre groupe Facebook AQCBSvous informe. Voici la dernière question sur la-quelle vous êtes invités à partager votre opi-nion. L’accueil des réfugiés: en quoisommes-nous concernés en catéchèse?

Au plaisir de vous lire !

Christ est ressuscité…

Ça change quelque chose dans nosvies ?Pour poursuivre votre réflexionsur le kérygme, vous pouvez vous rendre sur le site de l’Office de Catéchèse du Québec (OCQ) où vous trouverez les pistes audio desintervenants présents à la 9e journée provinciale qui se tenait les 29-30 octobre 2015, à Montréal. Vouspouvez entendre la formation donnée par l’abbé Alain Roy, ainsique les témoignages de SophieTremblay, Johanne Petit et GustavoGaray.

http://catechetes.qc.ca/vie_chret/audio_video/index.

html#kerygmePannel

salut de Dieu. Comme pour Marielorsqu’elle reçoit la grâce d’enfanter leFils de Dieu, l’Esprit vient nous couvrirde son ombre pour nous rendre féconds et nous engendrer à la vie desenfants de Pâques. Alors qu’atten-dons-nous pour laisser mourir Jésuspour qu’il devienne Christ?

Ouvrons-lui toutes nos portes closespour qu’il se tienne au milieu de nouset nous donne sa paix! Et rappelons-nous, il est revenu huit jours aprèspour les Thomas que nous cachons auplus profond de chacun de nous.

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Annoncer le kérygme aux adolescents

En mission auprès des adolescents et des jeunes adultes, il est nécessaireplus que jamais d’annoncer que leChrist est mort et ressuscité pour nousrelever de toutes nos morts et pournous donner la vie en abondance. Touten étant forte de cette conviction, cettepremière annonce demande une certaine délicatesse. L’adolescence correspond à une période de la vie oùdes souffrances intérieures impor-tantes (anxiété par rapport à l’avenir,stress lié à la performance et au désirde plaire, intimidation, rejet, dépen-dances, etc.) côtoient une impressionde toute-puissance. Annoncer le kérygme de but en blanc comme uneconviction, rencontre chez plusieursjeunes une fausse croyance selon laquelle la religion est pour les perdants,pour les faibles, pour ceux qui ont besoin d’aide. Le kérygme perd alors desa profondeur, de sa nouveauté et deson importance, pour se perdre devantun adolescent qui refuse l’idée mêmed’avoir besoin d’être sauvé et qui souhaite de tout cœur affirmer son indépendance.

Pourtant, dans la vie de l’adolescent,comme dans toute vie humaine, l’expé-rience mort et résurrection chante, sedéploie. Pour arriver à rejoindre cetteexpérience, il me semble nécessaire que

Annie BeaucheminResponsable du service diocésain de la missionjeunesse, Diocèse de Nicolet

Des ténèbres à la lumièreL’annonce du kérygme

aux adolescents

À 17 ans, par curiosité et par désir de connaître un peu plus Jésus, j’avais lu l’Évangile de part en part. J’avais étéfrappée par ce qui m’apparaissait essen-tiel : Jésus est mort et ressuscité! Je me demandais déjà, à ce moment, comment il était possible que ce soitaussi criant dans l’Évangile et que noussoyons si peu enclins à en parler. Je mequestionnais sur la cohérence del’Église. Pourquoi n’était-elle pas centrée sur cet essentiel?

Cependant, il me restait bien du chemin à parcourir. La mort et la résurrection du Christ n’avaient pas encore eu leurs échos dans ma vie. Il afallu bien des années avant que je fassel’expérience intérieure d’être morteavec Lui et d’être relevée par Lui. Peut-être devrais-je dire « avant que je relisemon expérience à la lumière du mystèrepascal…» Relire mon expérience adonné une profondeur à la conversionque j’avais vécue à l’adolescence.

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j’aie pu relire mon histoire et y reconnaîtremes propres passages mort-résurrec-tion. En habitant mon cœur profond etnon seulement mon esprit ou mon intelligence, je peux témoigner de mesconversions, de mon histoire de salut etainsi annoncer la bonne nouvelle. Par cetémoignage, le mystère pascal a deschances de résonner, de faire écho dansla vie des adolescents. Encore faut-ilque la lumière soit verte et que le jeunesoit ouvert à entendre ce témoignage.

La Bible dans l’annonce du kérygme

Les récits bibliques constituent unvéritable trésor, regorgeant de témoi-gnages de personnes qui étaient mortes(ou qui ont vécu des descentes aux en-fers) et qui ont eu la grâce de ressusci-ter avec le Christ. Mettre en contactl’expérience des personnages bibliqueset des adolescents me semble aussi unevoie particulièrement intéressante pour annoncer le kérygme.

Chaque été, nous offrons aux 10-14 ans le camp des Aventuriers de la vie.Ce camp de vacances de trois jours se vit sur les traces d’un personnage biblique. Pendant ces trois jours, nousvivons des activités très liées à ce quetraverse le personnage biblique, nouspermettant de plonger dans l’expé-rience humaine, dans les misères, dansles difficultés, pour ensuite remontervers la lumière. L’été dernier, avec Joseph de l’Ancien Testament, nousplongions dans les expériences du rejet,de la jalousie, de la trahison, de l’escla-vage, du pardon, de la joie retrouvée.Les expériences difficiles laissent destraces dans nos vies, des blessures. Ladescente dans l’expérience souffrantese fait progressivement à travers le jeu,les défis, le dépassement, l’échange enpetites équipes et la relecture, lestemps d’intériorité, les gestes symbo-liques. L’expérience de descente, vécuedans la confiance, nous conduit à

l’expérience de la remontée, de la lumière, du pardon qui relève. Quoiqu’ilnous arrive dans notre histoire blessée,nous avons toujours la même valeur auxyeux du Seigneur qui souhaite nous voirdebout, vivants. Le temps spirituel dudeuxième soir est le lieu de la relecture,de l’annonce de ce grand mystère : leChrist nous attend dans nos misèrespour nous relever. Le troisième jour sevit sous le signe de la joie, de la fête.

Quand les Écritures font écho et deviennent Parole de Dieu dans le cœurdes adolescents, nous nous retrouvonsdevant cette terre sacrée où il nous fautenlever nos sandales…

Avec l’équipe de la mission jeunessede mon diocèse, nous cherchons, nousexpérimentons, nous risquons, nousosons la première annonce. Comme ledit le Pape François, « la première moti-vation pour évangéliser est l’amour deJésus que nous avons reçu, l’expérienced’être sauvés par lui qui nous pousse àl’aimer toujours plus. » Poussés parl’amour du Christ, nous avançons à petits pas. Un des défis qu’il nous fautrelever pour les prochaines années estde former les jeunes croyants au témoi-gnage pour qu’ils puissent, aux momentsopportuns dans leur vie, mettre desmots et témoigner du mystère pascaldans leur vie. L’annonce du kérygme estl’affaire de tous.

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En ce temps pascal, je vous proposeune rencontre spéciale avec quelques-unsdes contemporains de Jésus de Nazareth.Retrouvons Zachée, la femme adultère,Simon-Pierre, le sourd-muet, Bartimée,Lévi, le paralytique de Bethsada, le centu-rion romain, Lazare, le lépreux…. Prenonsun moment pour identifier quels aspectsde notre vie actuelle pourraient ressem-bler à leur situation :

• Zachée, Lévi, enfermés dans une réputation brisée, dans une soif d’argentou dans une vie qui ne fait plus de sens ;

• Le paralysé, attaché à son histoire devie, incapable d’avancer et en attente desautres au lieu de cerner son propre désir :Veux-tu guérir ? (Jn 5, 6) ;

• Simon-Pierre, mort de peur devant lacondamnation de Jésus : Je ne connais pascet homme (Mt 26,74), enfermé dans ses re-grets après la prise de conscience de safaute ;

• Bartimée, le lépreux, le sourd-muet :exclus par leur handicap, leur maladie, leslois sociales ;

• Le centurion romain, tellement impuissant devant la maladie de son serviteur ;

• La femme adultère, vue dans sa plusgrande vulnérabilité…

Chemins de Résurrection

Qu’ont-ils en commun ?

Au début de leur histoire dans l’Évan-gile, nous les retrouvons, j’ose dire, enfermés ou pris dans le grand risquede s’enfermer :

• Enfermés dans une situation person-nelle et/ou sociale apparemment sansissue ;

• Enfermés dans une vie qui, pour eux-mêmes et probablement pour leurentourage, pouvait être perçue comme un tombeau ;

• Enfermés avec des questions possi-bles : Qui me guérira ? Comment je vaispouvoir m’en sortir ? Où se trouve la lu-mière ? Qui peut me sortir de là ? Rappe-lons-nous le paralytique : Je n’ai personnepour me jeter dans la piscine (Jn 5,7).

Et nous aujourd’hui, en 2016, person-nellement et socialement, dans quoi nousarrive-t-il d’être enfermés ? Quelles situa-tions de vie sont ou pourraient devenirnos tombeaux ? Doute, peur, pardon difficile à donner ou à recevoir, tentationde tout contrôler, surconsommation, indi-vidualisme, violence ? Quels seraient vosmots pour exprimer nos maux ?

Dans l’histoire de nos communautés, de notre Église, quels tombeaux risquentde nous garder enfermés ? Difficulté de visiter les périphéries, image négative del’Église dans la société, défi qui peut nousparaître trop grand quand vient le tempsde bâtir une vie communautaire réelle,impression que des gens viennentconsommer des sacrements sans rencon-tre réelle avec le Christ ? Qu’ajouteriez-vous ?

Lucille LanoieResponsable du catéchuménat (région Granby)Responsable de la pastorale du baptême et de la P’tite Pasto (Paroisse Notre-Dame) En formation en accompagnement spirituel au Pèlerin.

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Et comment s’en sortir ? Que nous disent ces contemporains de Jésus par leur vie ? Sur quel chemin de résurrectionnous invitent-ils à marcher, eux qui ontrencontré le Ressuscité ? Je les entendsnous dire :

• Laisse résonner en toi ces paroles :Vous connaîtrez que je suis le Seigneurquand j’ouvrirai vos tombeaux, je vousétablirai sur votre sol. (Ez 37,13-14 )

Rien n’est impossible à Dieu… (Lc 1,37)

Tout est possible à celui qui croit… (Mc 9, 23)

• Risque un regard au plus profond detoi…

• Entends ton désir profond : nous désirions voir Jésus, nous disent Zachée etBartimée, j’espérais être purifié, nomme lelépreux, je voulais être sauvée d’un situa-tion intenable, évoque la femme adul-tère… Et toi, quel est ton désir profond ?

• Risque de venir à sa rencontre commemoi, le centurion, je l’ai fait, ou si ta paraly-sie est totale, laisse-le s’approcher de toi,nous dit le paralytique…

• Risque de crier : Jésus, aie pitié demoi ! (Mc 10,47).

• Entends et mets-toi en marchequand il t’appelle : Viens, suis-moi (Mc 2,14) ou quand il te dit : Descends, je veux aujourd’hui demeurer dans tamaison…(Lc 19,5).

• Risque de te laisser conduire à Lui partes proches et risque de le suivre même situ ne comprends pas où il t’amène, risquede te laisser toucher par Lui (sourd-muet).

• Risque de te laisser regarder par Lui etaccueille son pardon qui t’invite à prendreun autre chemin (femme adultère).

• Entends-le te dire : Sors du tombeau,et laisse tes proches te délier (Lazare).

• Entends-le te dire : M’aimes-tu ?, etensuite laisse-le parler à ton cœur : qu’Il te révèle ta mission (Pierre).

Et quand tu te sens perdu, enfermé, impuissant, cherchant le sens, cherchant lasource en toi, entends du plus profond deton tombeau :

• Sors du tombeau, viens dehors. (Jn 11, 43) ;

• Lève-toi, prends ton grabat et marche. (Jn 5, 1-18) ;• Viens, suis-moi. (Mc 2,14) ;• Descends… Il me faut aujourd’hui demeurer chez toi… (Lc 19, 5) ;• Moi non plus, je ne te condamne pas, va, désormais, ne pèche plus… (Jn 8, 11) ;• Effata, ouvre-toi. (Mc 7, 34) ;• Va, ta foi t’a sauvé. (Mc 10,52) ;• Je le veux, sois purifié. (Mc 1,41) ;• M’aimes-tu ? Pais mes agneaux… (Jn 21, 15-19).

Prenons maintenant un momentpour regarder qu’ils ont en communleur « OUI » : un « Oui » personneldans un premier temps… Un « Oui »surgi suite à un appel intérieur très fort ouun « Oui » porté par une communauté,mais leur chemin de résurrection passe,pour tous, par une rencontre personnelleavec le Christ.

Oui, je prends le risque de me laisser toucher par la miséricorde de Dieu.

Oui, je prends le risque d’entendre enmoi une Parole qui devient comme uneinvitation très forte à choisir la Vie, unordre de vie…

Et si en ce temps pascal, je descendaisen moi pour entendre la Parole qui me relève, qui me remet debout, qui meremet en marche, Parole ajustée à ma situation personnelle…. De même, siavec nos communautés, nous prenions le temps de recevoir selon notre missionspécifique, la Parole que Dieu veut nousdonner pour aujourd’hui, pour nos milieux ?

Bonne route pascale !

Textes de références :

Zachée Lc 19, 1-10, Lévi Mc 2, 13-14

Lazare Jn 11, 1-44, Femme adultère Jn 8, 1-11

Sourd-muet : Mc 7, 31-37, Pierre et Jésus Jn 21, 15-19

Bartimée Mc 10, 46-52, Lépreux Mc 1, 40-45

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La racine rabbinique de la CBS

Les Lagarde ont souvent mentionné que la pédagogie de la Catéchèsebiblique symbolique s’inspirait, entre autres, du modèle rabbinique1 .

Depuis un an déjà, j’apprends l’hébreu biblique; j’ai été invitée à participer à quelques séminaires d’hébreu biblique, menés en ligne2

notamment par des professeurs de l’Université hébraïque de Jérusa-lem. Quelques-uns sont Juifs messianiques, devenus chrétiens aprèscheminement.

Je suis fascinée par la ressemblancequi existe entre la pédagogie de la Catéchèse biblique symbolique etcelle utilisée lors de nos séminairessur la TaNakh (bible hébraïque). Parexemple, après nous avoir fait lire enhébreu d’abord, puis en français, deuxextraits bibliques faisant allusion à une même image ou à des images opposées, l’animateur nous invite àtracer les ressemblances ou les dis-semblances entre les deux textes. Puis les questions surgissent dans legroupe et la recherche de sens com-mence. Chacun, chacune interprèteles textes avec ses connaissances etson bagage culturel personnel. (Il estintéressant de noter que les partici-pants sont chrétiens, catholiques, Juifschrétiens, et Juifs tout court). Les correspondances entre les extraits sefont non seulement sur les imagesmais aussi sur les mots, voire sur leslettres qui différencient les mots entreeux… Il faut comprendre qu’en hébreu,chaque lettre livre son sens spirituelpropre. À titre d’exemple, le heh ה,faisant partie du tétragramme הוהי qui

veut dire Adonaï ou Seigneur, offrevisuellement une ouverture pourlaisser passer la vie, le souffle divin autravers du mot.

Même si les extraits étudiésproviennent de la TaNakh (PremierTestament), il est intéressant deconstater que, assez rapidement dansle processus, l’un ou l’autre participantétablit une correspondance avec lekérygme. Ceci m’est arrivépersonnellement lors du séminaireDestinée et libre-arbitre dans laGenèse : au moment où l’on soulignaitl’ouverture dans les lettres dutétragramme, j’ai pu établir le lienentre cette ouverture et la brèche parlaquelle le Père a traversé de sonsouffle le tombeau du Christ pour leramener de la mort à la vie. Ainsi lemême souffle divin traverse à la fois laTaNakh et le Nouveau Testament; lamême vie divine les habite.

Un autre exemple de rappro-chement entre le Premier et leNouveau Testament : le mot Béréshit,

Violaine CoutureRédactrice pour la revue Vie liturgique (Bayard Presses), Animatrice biblique et musicaleÉtudiante en hébreu biblique

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qui ouvre la Genèse, se traduitgénéralement par « Au commen-cement ». Ce mot est à lui seul unevéritable révélation du plan de salutde Dieu sur l’humanité. En déchiffrantchaque syllabe, nous en sommesvenus à découvrir qu’il était construitsur trois mots : shit (fondement), bara(il a créé), et berit (alliance). Aupremier coup d’œil déjà, on peutconstater que ce mot est beaucoupplus riche de sens que la simpleexpression « au commencement ».L’intention, en fait, est d’établir, dès ledépart de la bible, le fondement de lafoi qui concerne Dieu créantl’humanité pour en faire son alliée.

La beauté de ce mot se révèleencore plus profondément lorsqu’ilest repris par Jean au début de sonÉvangile. En effet, dans le Nouveautestament hébreu, le premier mot del’Évangile de Jean est Beréshit. Vousallez me dire que l’évangile a été écritoriginalement en grec et non pas enhébreu et vous avez raison. Toutefois,son (ou ses) auteur étaitfondamentalement juif, écrivant legrec (de type koine) avec toute saculture et sa tournure de pensée

hébraïques. Donc, l’utilisation de cemot au point de départ de l’évangilesouligne que ce fondement de la foi,concernant Dieu créateur en allianceavec l’humanité, vient trouver sonapogée, sa plénitude de sens, enJésus-Christ, Lumière du monde,Verbe-Logos, ou Verbe-Memra, (car lanotion du Logos existait aussi dans laculture hébraïque du 1er siècle sous levocable de Memra).

En conclusion, j’apprends que lalecture de la bible en son entier estdavantage éclairée par le prisme de lalangue hébraïque que le kérygme,quoique prononcé en grec, est déjàcompris dans le Beréshit de la Genèse,c’est-à-dire dans l’énoncé de départ duplan de salut de Dieu pour l’humanité.Délaisser le prisme du modernismescientifique pour tenter de lire la bibleà travers les yeux de ses auteurshabités par la culture hébraïque du 1er siècle demande un dépouillementde soi, une ouverture à l’autre et à son étrangeté, et aux 703 possiblesinterprétations d’un même texte sansl’intervention du dogme pour le court-circuiter.

1) Il importe de mentionner que les écoles rabbiniques d’interprétation ont commencé à surgir au 1er sièclede notre ère, davantage et de manière plus structurée après la destruction du temple en l’an 70 AD.2) http://eteacherbiblical.com/fr3) Dans la culture juive, le chiffre 70 exprime, d’une certaine façon, l’infini.

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Le pape François a signé, le jour dela Pentecôte 2015, la première ency-clique consacrée à la sauvegarde de la Création. Le jour de la Pentecôte représente le fondement de l’Église,les disciples qui n’ont plus peur, pous-sés par l’Esprit Saint vers une missiongrandiose. De façon similaire, cetteencyclique lit les signes des temps etpousse les disciples en dehors de lachambre haute, vers le monde, pourproclamer la Bonne Nouvelle. Ses enseignements sont percutants et nedoivent pas être réservés aux théolo-giens, mais ils doivent avoir des échosen catéchèse.

J’ai identifié cinq choses majeures àretenir dans l’encyclique Laudato Si’.

Notre maison communeL’expression privilégiée du texte

(paragraphes 1, 3, 13, 17, 21, 53, 61, 155, 164, 232,

243) pour parler de l’environnement est « notre maison commune ». Cetteexpression est bien choisie, puisquedans une perspective chrétienne laplanète Terre n’est ni divine ni banale.Ainsi, on évite de la diviniser (déesseGaia) ou de la banaliser (ressources à exploiter). La maison est le lieu d’appartenance. La Terre est le lieu oùla famille humaine et toutes les créa-

tures habitent, et aussi le lieu par lequel Dieu pourvoit à leurs besoins.Le respect de la maison commune assure un avenir durable.

De façon plus personnelle, le papeFrançois tire son nom de saint Françoisd’Assise dont la vie a changé le jour oùJésus lui a parlé dans la petite églisede Saint-Damien : « Va, François, et répare ma maison qui, comme tu levois, tombe en ruine. » N’est-ce pasque plusieurs régions de notre maisoncommune tombent en ruine ?

Tout est liéLes créatures, incluant les personnes

humaines, sont liées entre ellescomme une belle toile dans le cosmos.Cela rappelle la responsabilité de noschoix de consommation : est-ce quemon gaspillage de papier fait qu’ondoive couper plus d’arbres ? Est-ceque le cacao dans ma barre de choco-lat a été acheté de façon équitable ?Cette interdépendance est aussi uneinvitation à la fraternité universelle.(16, 70, 91, 92, 117, 120, 138, 142, 240)

Le changement est possibleDevant l'ampleur de la crise écolo-

gique, devant le pouvoir oppressantqui détruit la nature, certains perdent

Laudato Si’en catéchèse

Norman LévesqueDirecteur des Églises vertes

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espoir. Le pape nous encourage enrappelant que chaque geste fait unedifférence et que chaque voix prophé-tique s'additionne aux autres pour apporter du changement. (13, 17, 163, 202,

208, 211, 217, 219)

« Loué sois-tu, mon Seigneur »La louange et la gratitude envers

Dieu sont la clé de la conversion écologique, qui consiste à aimer notremonde et à en prendre soin. SaintFrançois d’Assise est un modèle à suivre et son Cantique des créatures,d’où est tiré le titre Laudato Si', estune louange pour la beauté et labonté de la Création. (1, 11, 72, 87, 91, 238, 245)

Cri de la terre, cri des pauvresLa dégradation environnementale

affecte plus fortement les pauvres (quine peuvent pas s’adapter). Lorsqu’onétudie les causes de la pauvreté, il secache souvent un système injuste dedistribution des richesses et c'est cemême système qui dégrade l’environ-nement. Les pauvres et la terre se retrouvent sans voix. (2, 70, 117, 139)

L’Évangile de la Création (chapitre 2)

La Création est très bonne (Gn 1, 31).

La Création est imaginée et voulue parDieu. C’est Dieu qui pourvoit à sescréatures et qui renouvelle la face dela Terre (104, 30). Plein de reconnais-sance, l’humain reconnaît cette œuvrede Dieu (Rm 1, 20) et bénit Dieu pour lesfruits de la terre (Dt 26, 10; Mc 14, 22).Ainsi, la Création elle-même est unebonne nouvelle.

Chaque catéchète devrait lire lechapitre 2 de l’encyclique, car la présentation des valeurs écologiquesdans la Bible est claire et succincte.Voici quelques points essentiels :

1. La foi en Dieu permet de voirnotre environnement (depuis notrequartier jusqu’à l’intégralité de laplanète) comme étant la Créationde Dieu. 2. Les récits bibliques portent unesagesse importante par rapport àl’environnement : nous en sommesresponsables. 3. Le mystère de l’univers nouspousse à l’émerveillement et lalouange.4. L’écoute de chaque créature,comme un « mot » sortant du Verbede Dieu, permet de saisir le mes-sage d’harmonie dans la Création.5. L’invitation à une communionuniverselle, une fraternité avectoutes les créatures à l’exemple desaint François d’Assise, puise sasource dans la Bible.6. Le regard tendre de Jésus sur lescréatures démontre que ces valeursécologiques sont aux fondementsde notre foi.

Éducation et spiritualité écologiques (chapitre 6)

Le 6e chapitre est également d’inté-rêt pour les catéchètes, puisqu’il pré-sente la nécessité de transmettre unespiritualité chrétienne écologique.Nous sommes des êtres de relation,entre humains, mais aussi avec toutesles créatures : « Jésus leur dit : Allez

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par le monde entier, proclamez l’Évan-gile à toutes les créatures. » (Mc 16, 15)

Selon le pape François, « les recitsde la creation dans le livre de la Genesecontiennent, dans leur langage symbo-lique et narratif, de profonds enseigne-ments sur l’existence humaine. »

Le Réseau des Églises vertes sou-tient les communautés chrétiennesdans l'adoption de pratiques environ-nementales à travers l'action et la sensibilisation, ainsi que dans la redé-couverte d'une spiritualité écologiqueissue de la tradition chrétienne.

Notre objectif est de concevoir desoutils de sauvegarde de la Créationspécialement adaptés aux Églises. Plusieurs ressources sont gratuites ouà petit prix. Par exemple, il y a une activité catéchétique déjà en ligne (Les sept jours de la Création), maisd’autres seront conçues chaqueannée.

SPIRITUALITÉ

PrièresUne liste de 40 prières, 20 courtes et20 longues, permettant de prier pouret avec la Création, notre maison commune.

BibleVous trouverez le palmarès des 25meilleurs versets, 15 meilleurs récitset cinq meilleurs hymnes dans la Bible qui véhiculent des valeurs écologiques.

Justement, le rôle de la CBS est de présen-ter et dévoiler ce symbolisme aux partici-pants. Et une activité de catéchèse gratuite à télécharger, avec descartons et une série de questions sur lerécit de la Genèse (chapitre 1) est disponi-ble sur le site internet www.Eglises-Vertes.ca .

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SaintsUne description de 18 saintes et saintsqui ont vécu leur foi à proximité descréatures ou en communion avec laCréation.

Livres Cette section propose une liste de livres sur l’écospiritualité. Le Réseaudes Églises vertes a aussi une biblio-thèque dont certains livres pourraientservir à la catéchèse.

LiturgiesInspirez-vous de liturgies qui ont déjàété vécues dans des communautéschrétiennes, allant d’une célébrationdu Jour de la Terre à un Chemin decroix environnemental.

Activités catéchétiquesCes activités pour enfants ou pouradultes présentent la richesse de latradition chrétienne au sujet de l’écologie.

ÉDUCATION

Capsules écolosPresque 100 capsules écologiques,c’est-à-dire huit par mois, sont prêtesà être copiées et collées dans voscommunications. Une manière facilede sensibiliser.

Campagnes de sensibilisationNous proposons les campagnes desensibilisation environnementalesconçues par des groupes écologistesqui peuvent être utilisées en Église.

Liste de filmsCette section propose une liste defilms, souvent des documentaires, ausujet l’environnement. Découvrez labeauté de la nature et les enjeux éco-logiques.

Activités d’éducationVous voulez animer une activité ausujet du climat, des enjeux de l’eau ou de l’économie d’énergie ? Nous développons des déroulements d’activités pour tous les âges.

ACTION

Énergie et eauLes groupes de catéchèses peuventdessiner des affiches qui rappellentd’éteindre les lumières et d’économi-ser l’eau du robinet.

Transport et entretienAvez-vous déjà pensé à encourager le co-voiturage pour venir aux catéchèses ?

Alimentation et déchets Offrez du café équitable lors des réunions et assurez-vous qu’il y ait du recyclage.

Activités communautairesRéduisez notre empreinte écologiqueen ramassant des déchets sur les rivages ou un parc.

Pour nous joindre :1-844-490-6464 (sans frais)450-490-6464 (région de Montréal)info@eglisesvertes.ca Facebook.com/eglisesvertesTwitter.com/eglisesvertes

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Comment cela se fera-t- il puisque…?

Deux expériences fondatrices«Cette année pour la messe de minuit,ce sera toi qui toucheras l’orgue!», medit mon père, en 1975. Je n’avais que 14 ans. Malgré mes neuf années d’ap-prentissage en piano classique, j’avais le vertige. J’avais peur. Je me sentais tellement dépassée, tout comme Mariequi dit à l’Ange : «Comment cela se fera-t-il puisque… ?» (Lc 1, 34). C’était une immense responsabilité pour une jeunefille complexée et timide, et cela faisaitnaître l’angoisse en moi. Je n’avais pasles connaissances suffisantes pour cetteresponsabilité. Pourtant, mon père mettait en moi toute sa confiance! Jepouvais à peine toucher le pédalier dugrand orgue Casavant de l’église. Je neconnaissais pas les multiples jeux quiétaient là devant moi et avec lesquels je pouvais nuancer, modifier et ajusterselon l’accompagnement qui était approprié pour soutenir la chorale paroissiale. Ma mère approuve silen-cieusement mais je ressens en son cœur les mêmes émotions que moi.

Que d’erreurs musicales, de sonstrop doux à peine audibles ou beaucouptrop forts dus à mon pied ne pouvant

contrôler la pédale du volume, étantvictime d’un grand stress. Mais monpère habité d’espérance me souriait,m’encourageait et me réconfortait enme disant que je me débrouillais demieux en mieux. Il avait, et a encore aujourd’hui, un regard aimant et rassu-rant sur chacun de ses enfants.

Près de 23 ans plus tard, une nou-velle expérience me fait plonger dans laCatéchèse biblique symbolique. Cettefois-ci, le Seigneur mit sur mon cheminune de ces personnes qui nous pous-sent hors de notre zone de confort, leprêtre responsable de la catéchèse del’unité paroissiale dans laquelle j’ai débuté ma nouvelle vie d’agente depastorale. L’abbé Denis Plante m’appelleun dimanche matin à la maison, m’in-formant qu’il était hospitalisé et ne pouvait pas animer le groupe de caté-chèse à dix heures. Il me propose de leremplacer et d’animer la catéchèse desparents, ce que je n’avais jamais fait,n’en étant qu’à ma deuxième annéed’apprentissage en CBS.

J’avais le vertige. J’avais peur. À nou-veau, je me sentais tellement dépassée

Danielle LaroucheSecrétaire du Conseil

d’administration de la CBS

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comme Marie : «Comment cela se fera-t-il puisque… ?» (Lc 1, 34). Une immenseresponsabilité pour une jeune femmecomplexée et timide, ce qui fit naîtrel’angoisse en moi. Je n’avais pas lesconnaissances suffisantes pour cetteresponsabilité. Pourtant, Denis mettaitsa confiance en moi, il était patient etplein d’espoir que je progresse davan-tage en plongeant ainsi.

Je vous raconte ces épisodes de mavie puisqu’ils font partie de ces expé-riences qui m’ont transformée et ontguidé ma route jusqu’à maintenant,jusqu’à l’aujourd’hui me permettant de savourer davantage le meilleur vinoffert par le Ressuscité. Je m’y réfèrelorsque la mission me semble géante etdémesurée pour moi et que la mêmequestion ressurgit en moi : «Commentcela se fera-t-il puisque… ?» (Lc 1, 34).Mais l’expérience me permet d’avanceravec indulgence et assurance, car Il étaitlà,Il est là et sera encore là demain!

Mon itinéraire de vie

Issue d’une famille catholique, célébrante et pratiquante par son implication sociale et paroissiale, je suisles traces de mes parents, par convic-tion que ce chemin sera bon pour moi.Mon Alain et moi sommes mariés depuis 35 ans, et en plus d’être monamoureux, il devient mon meilleur ami,mon complice, mais aussi ma boussolequi m’aide à rester ancrée dans ma première mission : notre famille et lesquatre enfants qui nous sont confiés.

En 1984, une profonde quête de Dieu me pousse vers une communautéchrétienne en aversion contre l’Églisecatholique. Ce fut une expérience fondamentale pour moi puisqu’elle m’aconduite à mon oui personnel, répon-dant à l’appel du Seigneur.

En 1992-1994, je m’engage dans uneformation de deux ans pour obtenir unAEC (agente de pastoral), ce qui medonne davantage d’outils pour m’impli-quer en paroisse bénévolement.

En août 1999, je débute ma profes-sion d’agente de pastorale à Cowansvillepour l’Unité des Vignes, et c’est à cemoment que j’ai eu le privilège d’êtreinitiée à la CBS par l’abbé Denis Plante.Par le biais du mouvement Week-Endd’Amoureux, je fais la rencontre de Colette Beauchemin (autre privilège)qui m’offre un support pour perfection-ner cette approche catéchétique. Je mejoins autant que possible aux formationsen CBS du diocèse de Saint-Jean-Lon-gueuil; j’ai la chance de rencontrer Jacqueline et Claude Lagarde à l’Institutde Pastorale des Dominicains de Mont-réal en 2002 et je constate que je n’aipas terminé de déballer ce cadeau précieux qui transforme ma vie… À la finde cette formation, nous sommes ungroupe d’assoiffées désirant poursuivrel’évolution et c’est ainsi que nous donnons naissance à l’Association Québécoise de la Catéchèse BibliqueSymbolique.

En 2004, ma famille et moi, nous déménageons à Waterloo et j’accepteun poste d’agente de pastorale pourl’Unité pastorale de Saint-Bernardin etde Saint-Joachim, poste que j’occupeencore aujourd’hui. J’y ai implanté leparcours Un Chemin d’Emmaüs, sa-chant que je pouvais compter sur un réseau diocésain et provincial pourcontinuer ma formation et mon perfec-tionnement de cette approche bibliquequi me nourrit toujours autant.

Mon oui au CA

La Parole divine a fait écho en moi àplusieurs reprises lors de catéchèses

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Il vous tarde de savoir ce que votre CA a accompli depuis la dernière revue distribuée en décembre 2015?

Commençons par des nouvelles croustillantes : nous avons l’opportunité de préparer la formation des formateurs ainsi que le Colloque 2016 avec la complicitéde madame Suzanne Desrochers, de l’OCQ, rien de moins… Quelle femme géné-reuse, d’une écoute et simplicité qui rendent à l’aise malgré ses nombreuses compétences et sa grande expertise. Aussi, à la dernière réunion, notre belle Gabrielle s’est jointe à nous à partir de la Californie par Hangouts… dès la commu-nication terminée, elle retournait à la plage et nous, dans la gadoue! Comme dernière croustille : nous avons eu le privilège de prier en début de rencontre àpartir de la profonde méditation écrite par Lucille Lanoie que vous retrouvez danscette revue. Quel cadeau avons-nous reçu!

Maintenant que vous êtes suffisamment titillés sur nos nouvelles, en voiciquelques-unes plus informatives : une catéchète a utilisé notre groupe Facebook(AQCBS vous informe) pour demander de l’aide dans l’animation avec son groupede jeunes. Ce genre d’interaction nous a confirmé la raison d’être de cette page.Nous avons publié une deuxième question de l’Écho : Accueil des réfugiés: en quoi sommes-nous concernés en catéchèse? Nous sommes intéressés par votreopinion, mais vous devez vous inscrire à ce groupe privé si ce n’est pas déjà fait.

Nous avons décidé de modifier les mois de parution de la revue afin d’ajusternos besoins de communiquer avec vous plus adéquatement. Les trois publications annuelles seront dorénavant réparties ainsi: avril, septembre, décembre/janvier.

Et pour terminer, en prévision de l’assemblée générale annuelle, deux membresdu CA termineront leur mandat et nous devrons les remplacer. Pensez-y! Je peuxvous confirmer que les rencontres du CA ne sont pas qu’administratives, mais davantage ressourçantes, édifiantes et très agréables.

Bien à vous, dans la joie du partage,Danielle Larouche, secrétaire

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d’adultes partagées avec vous et plu-sieurs autres adultes. Je n’ai pas fini dedécouvrir toutes les nuances, tous lesjeux et les sons possibles qu’offre ce belinstrument catéchétique pour accompa-gner les chercheurs de Dieu qui fontroute à mes côtés, et ne finirai jamais.Cette route m’a conduite ici, secrétairedu Conseil d’administration de l’Associa-tion Québécoise de la Catéchèse Biblique Symbolique, ayant décidé deredonner un peu à cette association quim’apporte beaucoup. Ce oui est inscrit

dans la lignée du Peuple de Dieu, à lasuite d’Abraham, Moïse, Samuel, Marie… qui ont répondu à l’appel de Dieuavec humilité et espérance. Ce oui sesitue également dans la foi au Ressus-cité, telle que portée par Pierre, Paul,mes ancêtres, mes parents, mon époux,vous tous et moi-même. « Parle Sei-gneur, ton serviteur écoute.» (1S 3,10)

« Je suis la servante du Seigneur, quetout se passe pour moi comme tu mel’as dit. » (Lc 1,38).

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