La Zone de Boxe vol 39

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 1 Le seul magazine au Québec dédié uniquement à la boxe LA PAGE DU BOXEUR PAR FRANK COTRONI LA BOXE ET MOI PAR IAN EDERY DIRECTEUR DES OPÉRATIONS D’INTERBOX LA ZONE SUR LA ROUTE RETOUR SUR UNE CARIÈRE INSPIRANTE, GAÉTAN HART LA GALERIE DES PHOTOGRAPHES Mai , 2013 Numéro 39 SP ÉCIAL PA SCAL VS BU TE

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Spécial Pascal VS Bute, incluant analyses, photos et perspective historique. Plus Gaétan Hart, Frank Cotroni, Ian Edery, Douggy Bernèche et la Zone sur la route.

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 1

Le seul magazine au Québec dédié uniquement à la boxe

LA PAGE DU BOXEUR PAR FRANK COTRONI LA BOXE ET MOI PAR IAN EDERY

DIRECTEUR DES OPÉRATIONS D’INTERBOXLA ZONE SUR LA ROUTE

RETOUR SUR UNE CARIÈRE INSPIRANTE, GAÉTAN HARTLA GALERIE DES PHOTOGRAPHES

Mai , 2013 Numéro 39

SPÉCIAL PASCAL

VSBUTE

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2 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 3

SOMMAIREPAGES

Sommaire 3

Mot de l’éditeur 4

Mot du rédacteur en chef 5

Avantage Bute par Mike Bilodeau 7

Avantage Pascal par Martin Archard 10

Les camps d’entraînement en photos 14

Le plus grand combat de l’histoire, vraiment? 16

La page du boxeur par Frank Cotroni 24

La zone sur la route 30

La boxe et moi par Ian Edery 35

Retour sur une carrière inspirante, Gaétan Hart 38

La galerie des photographes 42

La boxe vue de l’intérieur par Douggy Bernèche 44

MAI 2013, NUMÉRO 39

ÉDITEUR Benoit Dussault

RÉDACTEUR EN CHEF

Jean-Luc Autret

COLLABORATEURS

CORRECTEUR/RÉVISEUR

GRAPHISTE Marie-Claude Gratton

Vincent ÉthierRobert Lévesque

Stéphane Lalonde

Le magazine la Zone de boxe fut fondée en 2004 à Mascouche par

François Picanza. Ce magazine est maintenant offert gratuitement sur

le web.

Martin Achard

Russ Anber

Douggy Bernèche

Mike Bilodeau

Frank Cotroni

Ian Edery

MAGAZINE LA ZONE DE BOXE2755 ClermontMascouche (Québec) J7K 1C1 [email protected]

PHOTOGRAPHES

8e ANNÉE, NUMÉRO 39 MAI 2013

Benoît Dussault

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4 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

Benoît Dussault, édi-teur du Magazine en compa-gnie du regretté Bert Sugar, éditeur du Ring magazine 1979-1983

C’est un réel plaisir de vous offir ce 39e numéro du magazine de la Zone de boxe. La boxe profession-nelle est plus vivante que jamais à Montréal et nous sommes très choyés d’en être si près. Bien en-tendu, le choc de titans entre Jean Pascal et Lucian Bute que nous at-tendons tous depuis des années aura enfin lieu le 25 mai. La der-nière fois où nous avons vu un tel engouement pour un évènement de boxe, il faut probablement re-monter au « Brawl in Montreal » de 1980 entre les mains de pierre Roberto Duran et Sugar Ray Leo-nard. Je suis convaincu que nous parlerons encore du combat Bute-Pascal dans plusieurs an-nées puisque tous les ingrédients sont réunis pour en faire un évè-nement magique.

Jean-Luc Autret et moi avons eu la chance de passer quelques jours en compagnie de TEAM BUTE à West Palm Beach et nous pouvons vous affirmer que le Roumain a du feu dans les yeux. J’en profite pour souligner la grande classe de tout l’entourage Bute. Malheureu-sement, notre emploi du temps ne nous a pas permis de nous rendre au camp de TEAM PASCAL dans le

Nevada. Cependant, notre contact sur place nous confirme que Jean ne lésine sur rien et n’accepte au-cun compromis quant à sa prépa-ration. On dit même qu’il mange du lion à tous les matins.

La grosse machine HBO se dépla-cera à Montréal deux fois en moins d’un mois. D’abord pour le choc Pascal-Bute, puis deux semaines plus tard, alors que la ville sera à peine remise de la secousse, Ado-nis Stevenson affrontera le cham-pion des mi-lourds de WBC Bad Chad Dawson. Une victoire contre Dawson rendrait les choses drô-lement intéressantes pour nous. Nous aurions droit à un « Super Four made in Montreal» Bute, Pascal, Alvarez et Stevenson.

Je ne voudrais pas passer sous silence la superbe victoire de Ber-mane Stiverne aux dépends de Chris Arreola à la fin avril en Cali-fornie. Stiverne a dominé Arreola grâce à sa vitesse. Comme quoi, au royaume des tortues, les escar-gots sont marchands de vitesse. Espérons maintenant que le géant Ukrainien daigne bien lui accor-der un combat.

Finalement, Dierry Jean se bat dans un combat éliminatoire le 10 mai prochain en Oklahoma. On doit aussi décerner une men-tion plus qu’honorable à Antonin Décarie, qui malgré la défaite, a offert un grand combat à Luis Abregu chez lui en Argentine. Malheureusement pour Décarie, les caméras de HBO n’ont pas dif-fusé le combat tel qu’annoncé. Ce n’est que partie remise. Décarie a épaté devant Alex Perez sur ESPN et une fois de plus en Argentine. Il peut marcher la tête haute. Je suis certain que le téléphone sonnera bientôt.

Les prochains mois réservent aussi de très belles promesses pour Kevin Bizier, David Lemieux et Mikeal Zewski. En tout dernier lieu, la carte du 8 juin nous pro-pose Yuri Gamboa, Tyson Fury et un duel de poids lourds entre Di-dier Bence et Eric Barrack.

Qui a dit que la boxe était mori-bonde au Québec ?

MOT DE L’ÉDITEUR

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 5

Par Jean-Luc Autret

Certains amateurs de boxe ont parfois l’impression qu’il n’existe que deux organisations au Qué-bec qui soient en mesure de mettre sur pied des soirées de boxe. C’est bien loin d’être le cas et depuis trois ans, plusieurs en-traîneurs se sont faits promoteurs pour diverses raisons. Voici six hommes qui permettent à la re-lève de gravir les échelons et qui leur donnent la chance de rêver aux plus grands honneurs.

ALI NESTOR CHARLES, LE PIONNIER

Depuis douze ans, Ali Nestor Charles et son organisation l’Ul-time Génération Combat (UGC) offrent aux jeunes athlètes de boxe et de combats ultimes deux à trois galas par année. Le 10 mai, Nestor présentera sera le 32e gala UGC qui a notamment permis à Lucian Bute, Dierry Jean, Arash Usmanee et Yves Jabouin (cinq combats en UFC) de progresser.

La philosophie d’Ali Nestor est simple, il ouvre ses portes à ceux qui n’ont pas de promoteurs tout en priorisant évidemment ses protégés qui fréquentent quotidiennement son gymnase, l’Académie Ness Martial. Sa plus grande fierté est d’avoir main-tenu une constance à travers la dernière décennie et un peu plus. Depuis quelques galas, Roody Pierre-Paul (7-0-0 4K.O.), un 135 livres, a souvent été mis à l’avant-

MOT DU RÉDACTEUREN CHEF

scène, le fils d’Ali, Mitch est aussi à surveiller pour le futur.

CAMILLE ESTEPHAN, L’AMBITIEUX

Gérant de boxeur depuis 2008, Camille Estephan a progressé rapidement dans le monde de la boxe. Aujourd’hui, avec plus d’une dizaine de boxeurs dont les David Lemieux, Antonin Décarie et Ber-mane Stiverne, il organise des ga-las depuis l’automne 2010. Sa sé-rie « Fight Club », à Pointe-Claire l’an dernier, a permis à Dierry Jean d’intégrer le top 15 mondial au sein des grandes associations. Le 10 mai, il sera impliqué dans un combat pour devenir l’aspi-rant obligatoire de l’IBF. La série « Fight Club » de cette année, maintenant domiciliée à proxi-mité du casino du Lac Leamy à Gatineau, a pour objectif de faire progresser tout aussi rapidement Ghislain Maduma.

Certainement qu’Eye of the Ti-ger Management a les moyens, les athlètes, l’organisation et le professionnalisme pour passer du stade où il est actuellement à celui de joueur majeur au même titre qu’InterBox et que le Groupe Yvon Michel. La récente victoire de Bermane Stiverne en Cali-fornie n’amènera probablement pas Vitali Klitschko à se battre à Montréal, mais ça aura des conséquences positives pour tous les boxeurs de l’organisation.

MICHEL DESGAGNÉ, LE VÉTÉRAN ET LE PETIT

NOUVEAU À LA FOIS

Président et entraîneur du club de boxe de Chicoutimi depuis des lustres, Michel Desgagné s’est ré-cemment associé avec David Gre-non, un homme d’affaire sague-néen et entraîneur au sein de son club. La présence de cet associé a fait la différence dans la mise en application de ce projet vieux de plusieurs années. Le groupe Im-pact Sport Productions a présenté son premier gala le 3 février der-nier à l’aréna Pierre-Lavoie sur le site de l’UQAC.

Évidemment, la principale moti-vation du duo est de permettre à Francy Ntetu de se battre régu-lièrement, et ce, face à des rivaux de qualité. De plus, ils permettent des boxeurs amateurs (John Ale-jando Gonzalez et Guillaume Coudé) de la région de goûter au plaisir de la boxe professionnelle. Signe de la croissance de la jeune organisation, le prochain gala aura lieu le 3 mai et sera présenté à la télévision communautaire. Un autre gala devrait avoir lieu dès l’automne prochain.

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6 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

MARC SEYER, LE MÉTRONOME

La population de Saint-Hya-cinthe entend parler de boxe lo-cale depuis plus d’une trentaine d’années. Marc Seyer a pris la relève de Bernard Barré depuis longtemps et il a organisé à de nombreuses reprises des compé-titions nationales au niveau de la boxe olympique. Depuis trois ans, grâce à la présence dans son gym de deux boxeurs, l’ancien entraî-neur de Sébastien Demers a mis au point des galas impliquant des boxeurs professionnels. Les Mick Gadbois (9-0-0, 3 K.O.) et Alex Ha-mel (3-0-0, 3 K.O.) sont toujours au cœur de la programmation de la soirée et ils attirent de 1000 à 1500 spectateurs à chaque fois.

Le gaucher Gadbois participera à son dixième combat lors du gala présenté à l’aréna C-A Gauvin le 1er juin prochain. Évidemment, c’est de plus de plus difficile de trouver des adversaires à celui qui est monté à deux reprises sur le ring du Centre Bell. L’autre tête d’affiche, Alex Hamel fera la finale d’un gala à Shediac au Nouveau-Brunswick le 11 mai prochain, il se mesura à Chris Norrad (11-0-0, 6 K.O.), puis sera de retour à St-Hyacinthe trois semaines plus tard.

FRANÇOIS DUGUAY, LE PERSÉVÉRANT

Installé à Québec depuis 2004, François Duguay avait une longue expérience dans le milieu de la boxe avant d’ouvrir son gym-nase dans la capitale nationale. Bien connu pour être l’entraîneur d’Apou Côté, Duguay a déménagé ses sacs de sable à trois reprises avant de trouver le lieu idéal pour

son organisation. Maintenant ins-tallé dans le bas de la côte Nérée-Tremblay depuis novembre 2011, Duguay et ses deux associés peuvent compter sur des locaux de haut niveau.

Dans le but de favoriser la pro-gression de Sébastien Bouchard et de Nicolas Valcourt, deux galas ont été organisés dans l’enceinte du gym. Suite au triomphe à Cal-gary d’Éric Martel, Duguay sou-haite organiser une troisième soirée de boxe professionnelle le 14 juin prochain. Si tout se passe bien, à l’automne, nous aurons droit à une soirée impliquant Sé-bastien Bouchard et Éric Martel.

DOUGGY BERNECHE, L’IMPORT-EXPORT

Le propriétaire et entraîneur du club de boxe l’Est à Montréal ne fait pas les choses pas comme les autres. Il y a environ cinq ans, Douggy Berneche a invité le quintuple champion canadien amateur d’origine afghane, Arash Usmanee (20-1-0, 10 K.O.), à s’ins-taller à Montréal et à gravir les échelons de la scène internatio-nale. Après avoir investi des mil-liers de dollars, Douggy Berneche s’est mis à organiser des galas alors qu’Usmanee avait une fiche de 14-0. Les soirées au Chapiteau Maissoneuve ont facilité la vie du gérant qui croyait au potentiel de son protégé. Sans le soutien d’un promoteur autre que Douggy, Us-manee a été en mesure d’obtenir un titre mineur à Atlanta et, en janvier dernier, il a fait la finale de Friday Night Fight à ESPN. La fina-lité de son combat contre Rances Barthelemy est bien connue et démontre que l’on peut faire des miracles avec beaucoup de persé-vérance.

Les six galas en 13 mois présen-tés par Douggy Berneche n’ont pas seulement permis à Usma-nee de progresser, Steven Har-vey à aussi pu se battre à trois reprises. De nombreux autres boxeurs comme Kevin Lavallée et Frank Cotroni ont pu mettre les gants à plusieurs reprises. Fait à noter, le premier gala s’est orga-nisé en seulement 19 jours. Une prochaine soirée se dessine pour le mois de juin afin de permettre à Steven Harvey de monter de nouveau sur le ring.

DES HAUTS ET DES BAS

Chacun de ces passionnés ont vé-cus de grandes émotions lors du triomphe de leurs protégés mais encore plus d’embûches avant de se rendre là. La difficulté la plus souvent rencontrée est certaine-ment le « matchmaking ». Faire venir des boxeurs de l’étranger entraine des coûts importants liés à l’hébergement, au trans-port, aux allocations budgétaires et c’est sans compter sur les pro-blèmes liés aux visas. Certains ont plus de difficultés avec la lourdeur administrative de leur entreprise alors que d’autres c’est relié à la recherche de com-manditaires pour permettre l’au-tofinancement de leur soirée.

Peu importe les difficultés ren-contrées, nous nous devons de souligner et de remercier ces hommes de boxe qui permettent à la relève de grandir et de garder bien en vie la boxe québécoise. Dans les prochaines semaines, ils nous offriront tous un gala de boxe, n’hésiter pas à investir quelques dollars pour les encou-rager.

Bonne boxe

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 7

Tout d’abord, je vois avouer que ce combat est très difficile à prédire pour moi puisque mon cœur ba-

lance énormément entre les deux! J’ai donc fait cette analyse avec

ma tête plutôt qu’avec mon coeur. Même en analysant froidement

les forces en présence, on conclut rapidement que toutes les issues

sont possibles dans ce combat. Du K.O., d’un côté ou de l’autre, à la

décision en passant par le combat nul!

« STYLES MAKE FIGHTS »

Le gaucher face au droitier, le boxeur cérébral devant le boxeur instinctif, le technicien vis-à-vis le bagarreur. Que demander de mieux ? On aura beau faire des règles de trois à qui mieux mieux, cela ne servira à rien puisque les

styles font les combats. Dans le cas qui nous intéresse, rien de mois que Lucian Bute face à Jean Pascal! Est-ce que le poids sera un facteur? Pascal a longtemps boxé à 168 livres avant de faire le saut à 175 livres, il y a quelques an-nées. Bute a une grosse charpente de 6 pieds 2 qui lui permettra de prendre les livres supplémen-taires sans que ce ne devienne un inconvénient. En fait, le soir du combat les deux boxeurs pèse-ront autour de 182-184 livres.

Prenons tout d’abord le temps de mettre une chose au clair, Jean Pascal est le favori pour ce com-bat. Il possède indéniablement certains avantages dont une plus grande expérience dans la catégo-rie des mi-lourds; des adversaires bien supérieurs à ceux de Bute. Quant à Bute, il y a lieu de se po-ser des questions sur sa confiance et sa mâchoire. Sur ce dernier point, avant de conclure que Bute n’a pas de mâchoire en se basant sur son combat contre Carl Froch, il faudrait bien compter le nombre de coups de puissance portés par l’Anglais sur la cible. On réalise que Bute est demeuré debout pendant cinq rounds sans mettre un genou au sol. Un boxeur « pas de mâchoire » serait tombé dès le premier round. Ceci étant dit, Jean possède un meilleur men-ton, encaisse mieux les coups et

Par Mike Bilodeau

récupère donc mieux lorsqu’il se fait frapper. Lucian prend plus de temps à revenir lorsqu’il est ébranlé!

UNE QUESTION DE CONFIANCE

À Nottingham, face à Froch, Bute et son équipe n’étaient visible-ment pas prêt. Lucian semblait trop confiant, comme si le seul résultat possible était une victoire par KO en sa faveur… Dieu sait que ce fut tout le contraire! On pouvait voir le vide dans les yeux de Bute lors du face à face à TVA Sports, même chose lors de la pesée et au moment de monter sur le ring. Il semblait éteint comme s’il allait

AVANTAGE BUTE

crédit photo :Robert Lévesque

«L’ancien champion de l’IBF devra tou-cher solidement Pascal au corps en

début de combat pour le ralentir et en récolter les dividendes en deuxième

moitié de combat.»

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simplement faire un job, sans plus. Quand vous avez quelqu’un en face de vous qui espère vous faire subir une commotion céré-brale, disons que ce n’est pas un job comme les autres. Il faut du feu dans les yeux.

Face à Denis Grachev, un boxeur coriace, Lucian avait besoin de retrouver ses repères et de rega-gner sa confiance. Il n’a pas été impressionnant dans ce combat, sauf au dernier round où il a boxé comme il en est capable. Est-ce assez pour conclure que le Lucian des beaux jours est de retour?

Du côté du boxeur né à Port-au-Prince, ses récentes blessures ne sont pas très rassurantes et n’oublions pas que le soir du com-bat, il en sera seulement à son deuxième combat en 24 mois. En pleine santé, Pascal est un boxeur ultra doué, rapide, puissant et imprévisible doté d’une mâchoire de granit! Il est un athlète de haut

niveau bourré de talent. Cela ne fait aucun doute.

UNE BAGARRE OU UN DUEL TECHNIQUE ?

Le début du combat sera crucial pour les deux boxeurs. Sachant que Bute débute habituellement ses batailles lentement contrai-rement à Pascal qui amorce ses combats en lion. Il sera intéres-sant de voir si Pascal se lancera immédiatement sur son rival. Dans une partie d’échec entre deux grands maîtres, quand on veut faire échec et mat en trois coups, on risque fort de se faire surprendre.

Jean mettra constamment de la pression sur Lucian qui va contre-attaquer et se déplacer. Il est évident que les deux tente-ront d’établir leur stratégie, reste à voir s’ils seront en mesure de le faire! On sait que Jean est un boxeur explosif qui a tendance à

prendre des moments de repos. Bute devra mettre de la pression sur Pascal quand il sera en mode relaxation.

L’ancien champion de l’IBF de-vra toucher solidement Pascal au corps en début de combat pour le ralentir et en récolter les dividendes en deuxième moi-tié de combat. Il est clair que les quatre ou cinq premiers rounds seront dangereux pour Bute. Je suis convaincu que le Roumain et son équipe en sont aussi bien conscients. Ils ont voulu échan-ger avec Froch et ils en ont payé le gros prix. Ils ne feront pas la même erreur avec Pascal.

Bute avait l’habitude en début de carrière de garder sa main droite plus haute, il devra le faire de nou-veau le 25 mai. De plus, il ne de-vra pas surutiliser son uppercut au corps, mais l’utiliser efficace-ment, surtout en contre-attaque après une main droite de Jean. Le

«On sait que Jean est un boxeur explosif qui a tendance à prendre

des moments de repos. Bute devra mettre de la pression sur

lui quand il sera en mode relaxa-tion.»

crédit photo :Robert Lévesque

8 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 9

Roumain de 33 ans se fera cogner durement dans ce combat, tout comme Pascal, qui va sûrement tenter de transformer le combat en véritable guerre. Si Lucian embarque dans le jeu de Pascal, le résultat en sera brutal!

LA FORCE DU MENTAL

«C›est le plus grand défi de Lu-cian», a lancé son entraineur, Ste-phan Larouche avant le combat face à Froch. Espérons pour eux que cette fois, il livrera la mar-chandise.

Les clés de la victoire pour Bute seront d’éviter d’entrer dans une guerre avec Pascal, de ne pas res-ter dans les câbles, de contre-at-taquer et de demeurer concentrer pendant douze rounds. Il devra surtout dominer techniquement et respecter son plan de match en tout temps. Si Bute applique ces principes le soir du combat et s’il est remis mentalement de sa

Crédit photo : Courtoisie

défaite face à Froch, il l’emporte-ra, mais avec des si, on va à Paris! Bute est le négligé et ce sera un réel avantage car cela lui procu-rera une motivation supplémen-taire pour prouver que les gens ont tort.

J’adore les deux boxeurs et un verdict nul ne ferait que mon bon-heur et celui des promoteurs! En prenant pour acquis que la condi-tion physique des deux boxeurs sera au maximum et bien que la grande majorité des connais-seurs de boxe choisissent Pas-cal, je choisi Bute, le technicien, par décision. Ma prédiction peut changer d’ici le 25 mai, puisque beaucoup d’imprévus peuvent arriver. Chacun sait qu’un combat se joue souvent au niveau mental. Celui qui l’emportera sera celui qui voudra le plus l’emporter. Nous aurons toutes nos réponses dans le ring du Centre Bell le 25 mai prochain.

«Celui qui veut le plus ga-gner dans les deux… c’est LA

grande question!»

crédit photo :Robert Lévesque

crédit photo Jean-Luc Autret

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SPÉCIAL PASCAL

VSBUTE

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Les preneurs aux livres ont établi Jean Pascal comme étant légère-

ment favori contre Lucian Bute. Ce pronostic paraît raisonnable si l’on procède à une analyse classique de l’affrontement, basée sur une com-paraison point par point des deux boxeurs en fonction des catégories

habituelles (offensive, défensive, jeu de jambes, force de frappe, qualité

du menton, vitesse, et endurance), et prenant par ailleurs en compte des

données comme les mensurations, de même que l’expérience respective des deux combattants dans des combats

d’envergure.

Je crois toutefois que ce type d’ana-lyse n’est pas le plus approprié dans le cas du combat Pascal-Bute, dont le déroulement risque en fait d’être déterminé par deux facteurs : 1) les particularités techniques et straté-giques d’un affrontement entre droi-tier (Pascal) et gaucher (Bute)  ; et

2) l’interaction entre les styles, très contrastés, des deux boxeurs (fac-teur résumé en anglais par l’adage « styles make fights »). À la lumière de ces deux paramètres, il existe à mon sens des raisons fortes de croire que Jean Pascal possède un avantage très net, ce qui pourrait donner lieu à un dénouement rapide et décisif. Voici mes explications.

PARTICULARITÉS D’UN AFFRON-TEMENT ENTRE DROITIER ET

GAUCHER

Il est courant d’entendre dire que les boxeurs gauchers possèdent un avantage en boxe, car les gauchers ont l’habitude d’affronter des droi-tiers, alors que les droitiers n’ont pas celle d’affronter des gauchers. Cette explication tient évidemment la route et se vérifie à tous les niveaux, sauf … au niveau de l’élite ! Il est en effet frappant de constater que, dans l’histoire du noble art, très peu

de grands boxeurs étaient gauchers (les quatre plus illustres sont proba-blement Tiger Flowers, Marvelous Marvin Hagler, Pernell Whitaker et Manny Pacquiao). L’explication de ce fait réside dans le principe sui-vant : pour neutraliser un gaucher, il suffit pour un droitier de placer son pied avant (le gauche) à l’extérieur du pied avant de son adversaire (le droit). Lorsqu’un boxeur droitier réussit à établir cette position contre un gaucher, il peut alors facilement atteindre son adversaire des deux mains, tout en étant pour sa part extrêmement difficile à frapper. Or (pour des raisons que je pourrais expliquer ailleurs) les boxeurs droi-tiers les plus talentueux sont sou-vent capables d’exécuter cette straté-gie avec succès contre les gauchers.

L’une des habiletés les plus sous-esti-mées de Jean Pascal est son très bon jeu de jambes, et particulièrement

Par Martin Achard

AVANTAGE PASCAL

10 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 11

sa capacité à se déplacer latérale-ment et en cercle, qui est supérieure à celle de Bute. Pour cette raison, Pascal devrait pouvoir manœuvrer de façon à maintenir la plupart du temps son pied avant à l’extérieur de celui de son adversaire. Rap-pelons d’ailleurs que le protégé du Groupe GYM a déjà offert, lors de sa victoire contre Chad Dawson, une éclatante démonstration de sa capacité à utiliser efficacement cette stratégie contre un boxeur gaucher. Il s’agissait bien entendu, contre « Bad Chad », d’un plan de match parfaitement conscient et délibéré : on peut clairement entendre, entre les rounds du combat, l’entraîneur Marc Ramsay rappeler à Pascal de boxer « simplement » et de « suivre son plan », à savoir ne pas « demeurer immobile » devant le jab de Dawson (autrement dit, effectuer de petits déplacements latéraux), et surtout (je cite ici mot à mot Marc Ramsay) «  terminer ses combinai-

sons avec le crochet de la gauche pour sortir à l’extérieur du pied ».

Selon beaucoup des observateurs qui se sont exprimés jusqu’ici sur le combat, Lucian Bute aurait, en at-taque, une technique de boxe supé-rieure à celle de Jean Pascal, notam-ment quant aux aspects suivants  : la qualité de son jab, la diversité de ses combinaisons, la précision et le caractère compact de ses coups, et sa capacité à contre-attaquer. Sans nier la véracité de la plupart de ces points, il m’apparaît qu’une telle analyse sous-estime en fait un cer-tain nombre d’autres aspects tech-niques, liés à l’offensive, que Jean Pascal maîtrise aussi bien, ou même mieux, que Lucian Bute. Mais un tel débat ne me semble avoir, au fond, que peu d’utilité, car même si on re-connaît au protégé d’Interbox tous les avantages offensifs énumérés plus haut, il suffira à Pascal de posi-tionner son pied avant à l’extérieur

pour les neutraliser, et pour demeu-rer hors de portée de l’uppercut de la gauche de « Mister KO », qui consti-tue, et de loin, son meilleur coup de puissance. La boxe est un sport où une seule capacité permet quelque-fois de contrecarrer plusieurs des avantages d’un adversaire. Or si Jean Pascal s’est montré capable de posi-tionner, la plupart du temps, son pied gauche à l’extérieur contre un aussi fin boxeur que Chad Dawson, il n’existe à mon sens aucune raison de croire qu’il sera incapable de le faire contre Lucian Bute.

Quand un boxeur droitier affronte un boxeur gaucher, une autre stra-tégie classique pour le droitier consiste à utiliser abondamment la main arrière, étant donné l’aligne-ment souvent idéal qui existe entre la tête du boxeur gaucher et la main droite du boxeur droitier. Dans le cas du combat Pascal-Bute, l’effica-cité potentielle de cette autre straté-

SPÉCIAL PASCAL

«L’une des habiletés les plus sous-estimées de Jean Pascal est son

très bon jeu de jambes.»

VSBUTE

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12 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

porte l’échange, avant de se remettre hors de portée grâce à d’autres petits pas, pour ensuite recommencer à s’approcher, encore une fois grâce à des petits pas...

Comment contrer un tel style ? Carl Froch l’a bien démontré à Nottin-gham en mai 2012  : il s’agit, tout simplement, d’empêcher Bute de pratiquer son style ! « The Cobra » a réussi à le faire de manière on ne peut plus simple  : plutôt que de jouer le jeu du Roumain, il alternait au cours du combat entre des phases où il demeurait hors de portée et ne cherchait même pas à s’approcher – ce qui rendait inutile le balance-ment du tronc continu de Bute et lui donnait dans les circonstances des airs d’amateur – et des phases où il chargeait subitement et rapidement vers l’avant, afin de bousculer les habitudes du «  tombeur  » de trois façons : 1) en le privant du temps de réaction nécessaire pour contrôler

gie que pourra utiliser le Québécois d’origine haïtienne s’évalue mieux lorsqu’on considère le style des deux boxeurs.

STYLE DES DEUX BOXEURS

Lucian Bute aime pratiquer un style de boxe basé sur un contrôle strict de la distance. Grâce à des petits pas, et en boxant à un rythme constant, il cherche à s’approcher tout juste suffisamment de son adversaire (qui idéalement tente de jouer le même jeu) pour toucher avec son jab et ses combinaisons plus rapides, et, lorsque l’occasion se présente, pour placer son puissant uppercut de la gauche. L’essentiel de sa défensive reflète ce style  : il bouge constam-ment le tronc et la tête pour présen-ter une cible mobile à son adver-saire, et s’assurer ainsi que, lorsque son adversaire et lui sont suffisam-ment proches pour s’atteindre, il touche plus souvent la cible et rem-

crédit photo : Vincent Éthier

la distance ; 2) en lui présentant un changement brusque et très mar-qué de rythme (ce que déteste Bute, qui a alors tendance à figer) ; et 3) en neutralisant sa capacité à se pro-téger efficacement à l’aide de petits mouvements de la tête et du tronc (ce type de défensive, en effet, fonc-tionne mieux à longue distance). En outre, lors de ses charges, Froch entamait quasi systématiquement ses combinaisons avec la droite, appliquant ainsi la stratégie clas-sique contre un gaucher à laquelle je faisais allusion dans la section précédente. Il est inutile de rappeler ici tout le succès obtenu, lors de son combat contre Bute, par «  le shérif de Nottingham ».

De par son style et ses habiletés phy-siques, Jean Pascal possède toutes les armes requises pour reproduire l’approche utilisée par l’Anglais contre Bute. L’ancien champion des mi-lourds est même un boxeur plus

SPÉCIAL PASCAL

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 13

explosif que Froch, qui excelle dans l’art d’effectuer des changements de rythme inattendus et surprenants, d’où les comparaisons occasion-nelles entre son style et celui de Roy Jones Jr. (qui, rappelons-le, était particulièrement efficace contre les boxeurs gauchers, et qui participe actuellement au camp d’entraîne-ment de Pascal). Le natif de Port-au-Prince possède également une très bonne droite, qu’il est au besoin capable de décocher sans la faire précéder d’un jab. L’efficacité de sa main arrière contre un boxeur gau-cher ressort encore une fois claire-ment de son combat contre Chad Dawson, et particulièrement des septième et huitième rounds de cet affrontement, au cours desquels Pas-cal a réussi à ébranler « Bad Chad » et à stopper son momentum, alors que l’Américain pouvait sembler en voie de renverser la vapeur et de prendre l’ascendant.

PRÉDICTION

Plusieurs impondérables peuvent évidemment influencer le résultat d’un combat de boxe. On sait ainsi que Jean Pascal a subi une blessure à l’épaule gauche lors de son dernier combat contre Aleksy Kuziemski, qui l’a forcé à se battre avec une seule main pendant la majeure partie de l’affrontement, et, depuis quelques années, les blessures paraissent ré-currentes chez lui. On pourrait éga-lement se questionner sur sa capa-cité actuelle à descendre à 175 livres sans trop d’affaiblir, considérant qu’il s’est avéré incapable de respec-ter une limite de poids de 180 livres contre Kuziemsky.

Je crois toutefois que Pascal, motivé par ce combat contre Bute qu’il at-tend (et réclame !) depuis plusieurs années, et galvanisé par la présence à ses côtés de son idole Roy Jones Jr.,

connaîtra l’un des meilleurs camps d’entraînement de sa carrière, ce qui lui permettra d’éviter les blessures graves et de perdre graduellement et intelligemment son surplus de poids. Le soir du 25 mai, aidé par sa plus grande expérience contre des boxeurs d’élite (il compte, en effet, quarante-sept rounds au total contre Carl Froch, Chad Dawson et Bernard Hopkins), il saura mettre calmement en application son plan de match, à savoir demeurer à l’ex-térieur du pied avant de Bute, et le surprendre grâce à des charges inopinées où il lancera sa droite. Étant défavorisé sur les plans de la force physique et de la capacité à encaisser (rappelons que Pascal n’a jamais visité le plancher en trente combats professionnels), Bute se retrouvera rapidement débordé et ne pourra offrir une grande résistance. Ma prédiction : Pascal par K.O. dans les cinq premiers rounds.

crédit photo : Robert Lévesque

«Pascal possède toutes les armes requises pour repro-

duire l’approche utilisée par l’Anglais contre Bute.»

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14 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

LES CAMPS

crédit photo : Jean-Luc Autrec

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D’ENTRAÎNEMENT

crédit photo : Jean-Luc Autrec crédit photo : Russ Ander

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16 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

LE PLUS GRAND COMBAT DE L’HISTOIRE DU CANADA, VRAIMENT ?

L’affrontement entre Jean Pascal et Lucian Bute est présenté par cer-tains médias comme un des com-bats de boxe les plus importants et les plus prestigieux jamais présen-tés en sol canadien. Il s’agira, bien entendu, d’un évènement de grande envergure qui jouira d’une couver-ture médiatique exceptionnelle. La seule façon de situer adéqua-tement cet évènement dans l’his-toire sportive canadienne est de prendre le temps d’analyser, dans leur contexte historique, les com-bats de grande envergure qui se sont déroulés au Canada. Ensuite, il faut définir ce qui est entendu par « le plus important ». Pour les be-soins de cette chronique, l’impor-tance d’un combat sera mesurée par son rayonnement internatio-nal et la marque indélébile laissée dans l’histoire du sport canadien. Il ne s’agit donc pas d’identifier le meilleur combat ou encore le plus excitant.

THÉÂTRE DE GRANDS COMBATS

Le Canada, et principalement Montréal, a été l’hôte depuis les années 1940 de grands affron-tements pugilistiques. De très grands boxeurs comme Muham-mad Ali et Archie Moore sont venus se battre ici pour y affron-ter des canadiens fiers et tenaces, tel qu’Yvon Durelle et de George Chuvalo. Les Jack LaMotta, Sugar Ray Leonard, Roberto Duran et Marcel Cerdan se sont aussi bat-tus en sol canadien. Les plus vieux se souviendront des deux affron-tements de Durelle face à Archie Moore en 58 et en 59 au Forum de Montréal. Qui pourrait passer sous silence Big George Chuvalo et ses duels historiques face à Muhammad Ali, Le Plus Grand de Tous les Temps, en 1966 à Toron-to, puis à Vancouver en 1972 ?

GEORGE CHUVALO CONTRE MUHAMMAD ALI

Le combat entre George Chu-valo et Muhammad Ali disputé à Toronto en 1966 est sans contre-dit celui qui a fait couler le plus d’encre au Canada, probablement davantage pour des raisons poli-tiques que pugilistiques. En 1966, Ali était persona non grata dans son propre pays. Ses prises de position contre la guerre du Viet-nam, son désormais célèbre « I ain’t got no quarrel with them Vietcong », ce qui équivaut à « Les Vietcongs ne m’ont rien fait » et sa conversion à l’Islam l’avaient, à toutes fins pratiques, banni d’à peu près tous les rings des États-Unis.

Ses promoteurs ont bien tenté d’organiser malgré tout un com-bat entre lui et l’aspirant Ernie

Par Benoit Dussault

crédit photo : Robert Lévesque

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Terrell à Chicago. Peine perdue, le combat a dû être annulé de-vant les pressions exercées par l’État de l’Illinois. C’est ainsi que les promoteurs d’Ali se sont tour-nés vers le Canada et le torontois George Chuvalo. Une chance ines-pérée pour Big George qui avec seulement trois semaines d’avis, s’est retrouvé devant Ali dans un Maple Leaf Gar-den rempli à capacité.

Cependant, Ali était beau-coup trop rapide pour le Canadien et a outrageu-sement dominé tous les rounds. L’exploit de Chuvalo aura été de rester debout malgré les nombreux coups de puissance que lui balan-çait Ali à la tête. Leur com-bat revanche, six ans plus tard au Pacific Coliseum de Vancouver, a donné sensi-blement les mêmes résul-tats. Chuvalo aura tout de même réussi à encaisser les bombes du Plus Grand de Tous les Temps pendant 27 rounds sans mettre un genou au tapis au seule fois.

YVON DURELLE CONTRE ARCHIE MOORE

Lorsqu’Yvon Durelle, le « fi-ghting fisherman » de Baie Sainte-Anne au Nouveau-Brunswick, s’est mesuré à Archie Moore, personne ne donnait cher de sa peau. Il tenait le rôle du négligé et devait s’incliner rapidement devant « The Old Mangoose ». Durelle devait être une 174e vic-time facile pour Moore. Pourtant, dès le premier round, Durelle en-voie Moore au plancher à trois re-prises. Moore, l’infatigable vété-ran, se relève à chaque fois, mais retourne au canevas à la 4e ronde. Il se relèvera une autre fois, pour ne plus tomber et reprendra gra-duellement contrôle du combat. Épuisé, Durelle tombera à son tour. Il ira, lui aussi, quatre fois au

plancher avant de s’incliner par TKO à la 11e reprise.

La performance incroyable du sympathique pêcheur en fait un des combats les plus mémorables de la boxe professionnelle au Ca-nada. Leur second affrontement

hautement médiatisé a lieu six mois plus tard au Forum de Mon-tréal. Cette fois, Durelle, préoc-cupé par le désastre d’Escuminac (2) qui a emporté plusieurs de ses amis, s’est peu entraîné et n’est vraiment pas dans le coup. Il s’in-clinera par K.O. au 3e round.

LAURENT DAUTHUILLE CONTRE JAKE LAMOTTA

Peu de gens, outre peut-être le vénérable Jean-Paul Chartrand Père, se souviennent de la victoire de Laurent Dauthuille contre Jake LaMotta au forum de Montréal en

1949, puis contre Johny Greco au Stade Delorimier cette même an-née. Dauthuille, un français ins-tallé à Montréal depuis trois ans, commence à être connu au pays lorsqu’il combat Jake LaMotta au Forum de Montréal. Il dispute alors seulement son troisième

combat au Canada. Mal-heureusement pour le cousin, aucune ceinture n’est à l’enjeu.

Il passera bien près de devenir champion du monde l’année suivante, mais s’inclinera par K.O. au 14e round à Détroit devant ce même LaMot-ta après avoir gagné la majorité des treize pre-miers rounds. Ce com-bat revanche est choisi « combat de l’année » par le Ring magazine. C’est Dauthuille qui a pavé la voie à l’affrontement LaMotta contre Marcel Cerdan. De retour en France, Dauthuille dit Le Tarzan de Buzenval, consacre davantage ses énergies au pastis qu’à l’entraînement. Il meurt dans l’anonymat le plus complet en 1971.

SUGAR RAY LEONARD VS ROBERTO DURAN

The Brawl in Montreal le 20 juin 1980, entre Sugar Ray Leonard et Roberto Duran a attiré une foule record de 46 317 au Stade Olym-pique et a joui d’une couverture médiatique sans précédent pour l’époque. Ce combat doit assuré-ment être considéré parmi les plus grands combats de notre histoire, même si les combattants n’étaient pas canadiens. Leonard, le boxeur académique contre les mains de pierre et la brutalité de Duran.

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Cet affrontement extraordinaire a été couvert par les médias des cinq continents. Quatre ans après la tenue des Jeux Olympiques et un mois jour pour jour après le premier référendum, les yeux du monde entier étaient de nouveau rivés sur le Québec.

Il faut aussi se souvenir que la sous-carte de ce gala était à sa-veur locale et très attendue des amateurs. Elle opposait Fernand Marcotte à Eddie Melo et Gaétan Hart à Cleveland Denny. Ce der-nier devait mourir deux semaines plus tard des séquelles du com-bat.

MATTHEW HILTON CONTRE BUSTER DRAYTON

Tous se souviennent de la conquête du titre mondial par Matthew Hilton contre Buster Drayton au vieux Forum à l’été 1987, dans l’un des derniers com-bats de 15 assauts disputés à Montréal. Drayton, alors cham-pion IBF, défend son titre pour la quatrième fois. Hilton, alors âgé de 21 ans, bat le champion par décision unanime devant un pu-blic montréalais en délire.

L’année précédente, Hilton a fait vibrer tout le Québec avec sa vic-toire par K.O. contre Wilfredo Be-nitez au Centre Paul-Sauvé.

LA TRILOGIE HILTON CONTRE OUELLET

Bien que ces trois confrontations entre les deux pugilistes aient été marquantes pour le Québec, ces combats n’avaient pas de reconnaissance internationale et revêtaient bien peu d’intérêt pour celui qui n’habitait pas la belle province. Ils s’agissaient de combats à saveur locale dont la notoriété n’a jamais dépassé les frontières québécoises. Ces ren-contres presque mythiques pour nous, Québécois, sont déroulées dans l’anonymat le plus complet hors de nos murs. Malgré tout, ces affrontements doivent être consi-dérés parmi les plus importants puisqu’ils resteront à jamais gra-vés dans l’imaginaire populaire des Québécois. Combien d’ama-teurs de sports de ma génération ont commencé à s’intéresser à la boxe grâce à cette immense riva-lité ?

LES AUTRES CANADIENS

Il faut aussi mentionner que plu-sieurs boxeurs canadiens ont marqué l’histoire de la boxe à leur façon en traversant les fron-tières pour aller affronter de très grands champions, dans des com-bats qui ont capté l’attention de

crédit photo Robert Lévesque

la planète boxe. Le premier nom qui nous vient en tête est proba-blement celui du regretté mon-tréalais Arturo Gatti qui a été, à maintes reprises, l’attraction principale de prestigieux com-bats à Atlantic City et à New York. Gatti ne s’est battu qu’une seule fois à Montréal devant les siens, une véritable frénésie s’est alors emparée de Montréal, la Gatti-mania. Stéphane Ouellet et Davey Hilton ont dû partager la vedette avec lui pour leur 3e et dernier affrontement.

Rappelons-nous les combats d’Éric Lucas face à Roy Jones fils et à Fabrice Tiozzo alors qu’ils étaient au sommet de leur car-rière. De Gaétan Hart face à Aa-ron Pryor ; du Golden Boy, Donny Lalonde, et de Fernand Marcotte contre Sugar Ray Leonard ; de Sébastien Demers contre le Roi Arthur Abraham ; d’Otis Grant vis-à-vis Roy Jones Jr. Ajoutez à cette liste les Benoît Gaudet, Steve Molitor, Billy Irwin et plu-sieurs autres, la liste est longue. Par contre, tous ces boxeurs, à l›exception de Gatti, tenaient plus souvent qu’autrement le rôle de négligé. Aucun d›eux, même dans leurs rêves les plus fous, n›a pen-sé pouvoir l›emporter.

«Pour une des rares fois en sol canadien, un boxeur classé parmi les dix meilleurs au monde, « livre

pour livre », a affronté un Canadien dans un combat de

championnat du monde.»

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LaMotta contre Dauthuille

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PASCAL CONTRE BUTE

Revenons à l’objectif principal de cet article, soit de situer l’impor-tance de l’affrontement du 25 mai entre Jean Pascal et Lucian Bute dans l’histoire de la boxe cana-dienne. Il ne s’agit pas d’identi-fier le meilleur combat ou le plus excitant, mais celui qui, par son rayonnement, marque d’une manière indélébile l’histoire du sport. Rappelons d’abord et avant tout, qu’il est quasi-im-possible de comparer Hopkins à Archie Moore, ou Jean Pascal à Yvon Durelle, ou encore Lucian Bute à Ray Leonard en rapport à ce qu’ils ont représenté pour leur époque, leur communauté ou pour leur sport. Toute com-paraison serait bancal puisque tout a tellement changé depuis 50 ans, les mœurs, les façons de faire, les communications, le sport lui-même. Analysons brièvement les forces en présence pour le combat du 25 mai. Jean Pascal, ancien champion du monde des mi-lourds WBC, 175 livres a déjà écrit son propre chapitre de l’his-toire de boxe au Canada au cours des dernières années. Il en a d’abord écrit les premières pages le 14 août 2010, lors de son duel contre Bad Chad Dawson. Pour une des rares fois en sol cana-dien, un boxeur classé parmi les dix meilleurs au monde, « livre pour livre », affrontait un Cana-dien dans un combat de cham-pionnat du monde*. Qui plus est, c’est le Québécois Jean Pascal qui détenait le titre de champion des mi-lourds de la WBC. L’Amé-ricain, considéré comme le meil-

leur de sa division et 5e meilleur toute catégorie de poids confon-due, était largement favori. Les preneurs aux livres avaient établi la cote à 6 contre 1 en faveur de Dawson.

On se souviendra que Pascal a remporté la victoire haut la main, gagnant 7 des 11 rounds avant que l’arbitre ne mette fin au com-bat à cause d’une très mauvaise coupure à l’arcade sourcilière de Dawson.

Ce combat a été vu par des mil-lions de spectateurs à travers le monde, particulièrement aux États-Unis, grâce au réseau HBO qui a présenté le combat comme évènement principal de sa série Championship Boxing, une autre première canadienne.

Cette victoire a pavé la voie aux deux rendez-vous épiques face à Bernard Hopkins. Le premier à

Québec et le second à Montréal. On estime que chaque combat a été vu par près de 60 millions de téléspectateurs dont 20 millions de téléspectateurs aux États-Unis uniquement. La notoriété de Pas-

cal est indéniable. Il est connu et reconnu par les amateurs de boxe à travers le monde.

De son côté, Lucian Bute a aussi écrit des passages importants de l’histoire de la boxe profes-sionnelle au Canada. Son plus grand fait d’armes demeure sans contredit les neuf défenses consécutives de son titre de champion du monde des supers mi-moyens, version IBF. Un ex-ploit tout à fait remarquable en soi.

Son combat le plus médiatisé, tant ici qu’à l’étranger, aura pro-pablement été celui contre le Colombien Edison « Pantera » Miranda au Centre Bell en avril 2010 diffusé sur le réseau amé-ricain HBO. Sa victoire specta-

culaire par TKO dès le 3e round légitimisait son statut de cham-pion aux yeux du monde entier et aux États-Unis de surcroît où Miranda jouissait d’une crédibili-té enviable. Ce combat devait être un prélude à de grands combats mondialement médiatisés pour Bute dont un premier contre l’en-fant chéri des Américains, Kelly « The ghost » Pavlik. Malheu-reusement, le soir même où Bute passe le K.O. à Miranda, Pavlik encaisse une défaite aux mains de Sergio « la merveille » Marti-nez, enlevant ainsi tout intérêt à un éventuel affrontement Pavlik –Bute.

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crédit photo : Vincent Éthier

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20 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

La suite pour Lucian Bute, se fera dans l’ombre du championnat des Super Six organisé par le réseau américain Showtime auquel il n’a pas été invité à participer. Les défenses de son titre IBF se font contre des boxeurs peu connus ou de calibre nettement inférieur. Une fois le fameux tournoi ter-miné, Bute obtient la chance de croiser le fer avec l’anglais Carl « The Cobra » Froch, finaliste du tournoi. Encore une fois, les yeux des amateurs de boxe du monde entier sont braqués sur ce combat et les images font rapidement le tour du monde. Malheureusement pour lui, Bute s’effondre dès le 5e round sous la pluie des coups de puissance de Froch.

Malgré cette défaite aux mains de Froch et les critiques lui re-prochant des défenses de cham-pionnat contre des adversaires de second niveau, Bute bénéficie encore d’une réputation fort en-viable et est toujours considéré comme un grand champion, no-tamment en Europe. Au Québec où sa notoriété dépasse de beau-coup le cercle de la boxe, il est encensé, respecté et aimé.

Le combat entre Pascal et Bute a de particulier qu’il conjugue à la fois la formule gagnante de com-battants locaux et un choc entre deux anciens du monde.

Du point de vue local, si les com-bats entre Hilton et Ouellet ont fait vibrer la fibre nationaliste, opposant l’anglophone au franco-

phone, le voyou violent au poète tourmenté, le mal contre le bien, ou presque. Cette fois, les deux sont boxeurs sont francophones, Québécois et fiers de l’être. Ils s’adressent tous les deux à la même clientèle. Pascal « la grande gueule », un peu trop arrogant au goût de certains et Bute, le gentil garçon que tous les papas aime-raient voir épouser leur fille.

Deux boxeurs locaux, mais aussi deux organisations locales, mais rivales. Du côté de la promotion, les deux organisations sont aux antipodes. Nous ne reviendrons pas sur les évènements qui ont mené à la création du Groupe Yvon Michel, disons seulement que ce fût un épisode humaine-ment difficile pour les gens im-pliqués, notamment Yvon Michel et Stephan Larouche. Devant la caméra, ils diront que la hache de guerre est enterrée, mais les bonnes relations ne tiennent qu’à un fil et l’amertume est encore bien présente. Les deux promo-teurs se disputent le marché de-puis des années sans se faire de cadeaux. Yvon Michel, véritable icône de la boxe au Québec face à InterBox et son président Jean Bédard. Yvon Michel, l’homme de boxe qui s’intéresse aux affaires. Jean Bédard l’homme d’affaires qui s’intéresse à la boxe.

Du côté local, tous les éléments sont réunis pour créer un en-gouement monstre. Les amateurs devront se ranger derrière l’un ou l’autre. Pascal ou Bute ; Inter-Box ou GYM ; Coach Larouche ou Coach Ramsey.

Du côté international, l’engoue-ment est présent, mais peut-être pas autant que l’auraient sou-haité les promoteurs. Le réseau HBO s’y intéresse et entend bien en faire un évènement de grande envergure en misant à la fois sur les accomplissements précédents des deux anciens champions du monde, mais aussi sur la rivalité locale. Deux grands champions, trop grands pour une seule ville. HBO aura un travail de marke-ting important à accomplir pour faire oublier que les deux boxeurs ont subi des défaites difficiles à leur avant dernier combat ; que les deux ont perdu aux mains de Carl Froch qui a lui-même perdu devant l’Américain Andre Ward. Encore plus vrai dans le cas de Bute dont la défaite a suscité bien des doutes et pour qui le surnom de « tombeur » a pris une toute nouvelle signification depuis Not-tingham.

En conclusion

Si ce combat avait eu lieu deux ans plus tôt alors que Bute et Pascal détenaient des ceintures de cham-pion de monde ; avant que Bute ne se couche devant Froch ; avant que Hopkins ne domine Pascal devant les seins deux fois consécutive nous aurions alors eu droit à un évènement tout à fait grandiose et d’une ampleur beaucoup supé-rieure à ce que nous aurons droit.

crédit photo : Vincent Éthier

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PREMIÈRE PLACE – ALI CONTRE CHUVALO 29 MARS 1966-

MAPLE LEAF GARDENS TORONTO

Il faut rendre à César Muham-mad Ali ce qui appartient à César. Ali est plus grand que na-ture et sa présence à Toronto en 1966, marque à jamais un jalon dans l’histoire sportive cana-dienne. Les médias de partout à travers le monde ont couvert cet évènement. Pour tout ce que représentait Ali à cette époque et pour tout ce qu’il représente encore aujourd’hui, le combat de 1966 contre Chuvalo, doit arriver en tête de liste des com-bats les plus importants dans l’histoire de la boxe canadienne.

DEUXIÈME PLACE- LEONARD CONTRE DURAN LE 20 JUIN 1980 STADE OLYMPIQUE DE

MONTRÉAL

The Brawl in Montreal a capté l’attention du monde entier. Il opposait deux boxeurs d’excep-tion au faîte de leur art. Une foule inégalée pour un com-bat de boxe au Canada. Une exposure sans précédant. Un évènement historique sans précédent même si aucun des boxeurs n’était un boxeur lo-cal. Simplement incomparable.

TROISIÈME PLACE- LES AFFRON-TEMENTS ENTRE PASCAL ET

HOPKINS AU COLISÉE DE QUÉBEC LE 18 DÉCEMBRE 2010 ET AU

CENTRE BELL DE MONTRÉAL LE 21 MAI 2011

Pascal contre Hopkins. Hopkins est déjà une légende lorsqu’il s’amène à Québec la première fois. La fin controversée du pre-mier combat, alimentée par la grosse machine de Golden Boy Promotions a capté l’attention des amateurs de boxe de partout sur la planète et parfaitement mis la table pour la reprise six mois plus tard.

QUATRIÈME PLACE– LES AFFRONTEMENTS ENTRE ARCHIE

MOORE ET YVON DURELLE AU FORUM DE MONTRÉAL LE 10 DÉCEMBRE 1958 ET JUIN 1959

Peut-être par nostalgie, mais les affrontements entres Archie Moore et Yvon Durelle doivent se classer dans le top cinq. Simple-ment parce que Moore était un véritable monument, une légende vivante.

CINQUIÈME PLACE: PASCAL CONTRE BUTE- LE 25 MAI 2013 –

CENTRE BELL DE MONTRÉAL

Un combat local, oui, mais à la différence des affrontements entre Hilton et Ouellet ou celui entre Marcotte et Melo, le choc Pascal et Bute ne restera pas un secret bien gardé entre Nous. La

notoriété des deux athlètes est considérable et les amateurs de partout veulent assister à ce com-bat. Des dizaines de milliers de té-léspectateurs débourseront pour voir ces deux géants se mesurer. Nous avons la chance que ces deux géants soient Québécois. J’ai comme l’impression que l’acte II sera encore plus extraordinaire.

SIXIÈME PLACE : PASCAL CONTRE DAWSON LE 14 AOÛT 2010

CENTRE BELL DE MONTRÉAL

Jean Pascal défend sa ceinture de champion du monde des mi-lourds, version WBC contre l’Américain Dawson, classé parmi les 5 meil-leurs boxeurs « livre pour livre ».

7E PLACE : À VOUS DE JUGER !

(1) Le classement « livre pour livre » n’est pas si clair en 1958 et en 1966. Le nombre d’associations est également beaucoup moindre. On peut affirmer sans se tromper qu’Ali et Moore étaient considérés parmi les meilleurs livre pour livre quand ils sont venus au Ca-nada.

(2) Le désastre d’Escuminac est la plus grande tragédie maritime du Nouveau-Brunswick. Ce désastre a eu lieu durant la nuit du 19 au 20 juin 1959 au large d’Escuminac et entraîna 35 pêcheurs dans la mort. (Wikipedia)

«Yvon Michel, l’homme de boxe qui s’intéresse aux affaires. Jean Bédard

l’homme d’affaires qui s’intéresse à la boxe.»

Archie Moore face à Yvon Durelle

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22 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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LA PAGE DU BOXEUR

FRANK COTRONIPar Frank Cotroni

crédit photo : Robert Lévesque

24 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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LA PAGE DU BOXEUR

FRANK COTRONI

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai accepté la proposition du magazine de vous parler de moi.

Je tiens à remercier l’équipe de la Zone de boxe de m’offrir cette tribune qui me permettra de mieux

me faire connaître.

UNE FAMILLE BIEN CONNUE

Avant de vous parler de moi, je trouve essentiel d’apporter quelques petites précisions à propos de ma famille. Effectivement, je suis l’un des petits-fils de Frank Cotroni, alors que mes parents sont Rosina Cotroni et Nick Bruno. La tradition italienne est bien précise dans le choix du prénom d’un nouveau-né. L’aîné de la famille porte le même prénom que son père, puis les autres enfants portent celui de leur parrain. Bref, comme mon grand-père et mon oncle, mon nom officiel est Francesco, mais mon entourage m’ap-pelle simplement Frank.

UN PARCOURS REMPLI D’OBSTACLES

Ma famille a toujours été passionnée par la boxe. J’ai grandi en côtoyant les frères Hilton et leur père. Dès l’âge de 5 ans, je souhaitais faire de la boxe, mais ma mère a préféré m’inscrire à des cours de karaté. Jusqu’à 12 ans, j’ai fait mon chemin dans cette discipline au point d’obtenir une ceinture noire.

À l’âge de 13 ans, je déménage à Ed-monton avec mon père. Souhaitant continuer le karaté, je m’inscris à la seule école que je trouve dans la capi-tale albertaine. Puisque le professeur est d’un niveau inférieur au mien, il n’a qu’une ceinture bleue, soit deux grades en-dessous de la noire, je décide plutôt de m’inscrire au Cougar boxing club.

Je suis rapidement passionné par mon nouveau sport et je me sens prêt à faire mes débuts amateurs après un an d’entraînement. Malheureusement, un accident va brusquement interrompre mes projets. Alors que je prenais une marche avec ma copine de l’époque au plus grand centre d’achats au monde, le West Edmonton Mail, je suis victime d’une attaque armée de la part d’un groupe asiatique. J’en suis ressorti avec de nombreuses coupures aux deux bras. Pendant environ un an, mes deux bras ont dû être immobilisés en position horizontale.

Cet accident et les nombreuses opéra-tions qui ont suivies, m’ont ramené à Montréal. Quelques années plus tard, une fois bien rétabli, j’ai repris l’en-traînement de boxe avec comme men-tor Dave Hilton Sr, qui avait encore à l’époque son gymnase à ville Lasalle. C’est lui qui m’a enseigné les fonde-ments de la boxe. Nous sommes alors en 2000 et j’ai le privilège de m’entraî-ner régulièrement avec Dave Hilton Jr qui remportera le titre mondial de la WBC en décembre contre la rose de Soweto, Dingaan Thobela.

Plusieurs années plus tard, ma pro-gression est de nouveau interrompue. Par contre, cette fois-ci, l’obstacle n’est pas physique, mais judicaire et j’en suis pleinement responsable. À l’été 2007, alors que j’étais sans-emploi, j’ai par- crédit photo :

Robert Lévesque

LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 25

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boxeur sérieux, je rêve de devenir champion du monde et je m’y ren-drai une étape à la fois.

UN BREF PARCOURS CHEZ LES AMATEURS

Après avoir appris les rudiments de la boxe pendant près de deux ans avec le paternel Hilton, je m’inscris au club de boxe de l’Est, dirigé par Douggy Berneche. J’ai alors 18 ans, c’est avec lui que je fais réellement mes premiers pas dans le monde de la boxe. Loin d’être le meilleur, j’ai une fiche de 3-3 après six combats. Par contre, je comprends rapidement ma valeur puisque je me retrouve presque toujours en finale, mon nom de famille et ma capacité à vendre des billets font la diffé-rence.

Alors que je suis impliqué dans deux galas dans la même fin de semaine, je me rends seul à St-Jé-rôme pour mon second duel. J’y rencontre Éric Huard et la chimie entre nous deux est instanta-née. Dans les jours qui suivent, je change de club pour rejoindre le

ticipé à une plantation de mari-juana au nord de La Tuque. J’ai été arrêté lors de la cueillette, ce n’est qu’à l’automne 2011 que le procès s’est terminé. J’ai été condamné à une peine de six mois. J’ai ob-tenu une libération pour bonne conduite au tiers de ma peine.

GRANDIR EN SURMONTANT LES ÉPREUVES

Aujourd’hui, quand je fais le bilan de ces nombreuses épreuves qui ont considérablement ralenties ma progression dans le monde la boxe, cela me rend encore plus fier de mon parcours. Depuis 2008, j’ai le privilège de m’entraî-ner quotidiennement ainsi que d’enseigner le noble art à des plus jeunes.

Je suis très reconnaissant envers Éric Huard qui m’offre l’oppor-tunité de gagner ma vie en pra-tiquant le sport que j’aime. Je suis bien conscient du privilège que j’ai et je me rappelle régu-lièrement que je dois poursuivre dans cette voie pour atteindre les plus hauts sommets. Comme tout

crédit photo

club d’Éric à Mascouche. J’y de-viendrai entraîneur par la suite.

Ma carrière en boxe amateur se conclue avec une fiche de 22-7 répartie sur un peu plus de trois ans. Ma conception de la boxe amateur est plus liée à la pra-tique, chaque défaite me permet de comprendre mes erreurs et de les corriger. Ainsi, je peux pro-gresser en ayant une vision posi-tive face à l’échec. Mon plus im-portant fait d’arme amateur est probablement ma victoire à une compétition Québec - Alberta.

PLUSIEURS PROJETS CHEZ LES PROS

Au début 2011, je reçois une proposition intéressante de Sté-phane Payette de SP Promotion pour faire mes débuts chez les professionnels lors du premier gala de son organisation. Une douzaine d’adversaires sont en-visagés, malheureusement, il n’a jamais été possible de finaliser ce premier contrat profession-nel. Malgré cette déception, je continue les démarches pour ob-

Frank Cotroni en compagnie de ses hommes de coin, Éric Huard à sa gauche,

Richard Blouin à sa droite.

26 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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crédit photo

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l’expérimenté Mariusz Biskups-ki, un Polonais ayant une fiche de 16-20-1. Après un bon pre-mier round, j’ai pris mon rival à la légère et j’en ai payé durement le prix. Je me suis retrouvé au plancher à trois reprises et une longue coupure à l’œil droit a forcé le médecin à recomman-der l’arrêt du combat à 2m16 du quatrième round. Cette défaite, et mon engagement auprès des jeunes que j’entraîne quotidien-nement des jeunes, m’ont amené à délaisser le style « cogneur » pour développer un style plus technique et boxer plus intelli-gemment.

Depuis mon revers, j’ai pu com-pléter un six rounds face au co-riace Chris Aucoin. En étant plus patient, j’ai bien géré ce combat et je l’ai remporté par décision unanime. Plus récemment, j’ai reçu une proposition alléchante pour me battre dans les mari-times. On m’a offert de me rendre à Halifax en avion, une bourse importante et le titre vacant de la National Boxing Authority m’y

tenir mon permis. J’obtiens mon premier combat professionnel en août 2011 lors d’un gala organisé par mon bon ami Douggy Ber-neche.

En 2011 et 2012, j’ai pu me battre à six reprises grâce aux séries « La relève » et « Émergence » organisées par Douggy au chapi-teau CCSE. En ajoutant une pré-sence au Centre Claude-Robillard sur une carte d’Ali Nestor et mon récent combat à Moncton, j’ai pré-sentement une fiche de 7-1-0, 4 KO.

Avant de vous parler de mes com-bats, je me dois de mentionner que l’été dernier j’ai été approché pour affronter Stéphane Ouellet. Malheureusement, une blessure à l’entraînement l’a forcé à réviser ce projet. Considérant ma proxi-mité avec les Hilton, vous pou-vez imaginer l’importance et les conséquences qu’un tel combat aurait pu avoir sur ma carrière!

En juin 2012, après avoir accu-mulé quatre victoires, j’ai l’occa-sion de progresser en affrontant

attendaient. Le gala est tombé à l’eau, mais un second promoteur, Last Round Boxer, a repris le pro-jet. Ma bourse a fondu de moitié et j’ai dû me rendre à Moncton en voiture, mais j’étais déterminé à remporter ce premier titre.

Mon adversaire Rory Coverney, un gaucher d’Edmonton, avait une fiche de 10-1. J’étais vraiment bien préparé pour ce combat, j’avais fait plusieurs entraînements avec des gauchers et cela a porté fruit car j’ai dominé l’adversaire. Je suis sorti grandi de ce combat, D’abord, j’ai obtenu un premier titre et j’ai eu la confirmation que je possède la condition physique nécessaire pour performer du-rant dix rounds et que je ne suis pas incommodé devant un boxeur gaucher.

PROFITER DE CHAQUE JOUR

Quotidiennement, je me rappelle que je suis très chanceux de faire le métier que j’aime et que je suis privilégié de gagner ma vie en en-seignant la boxe et en étant dans le gymnase à tous les jours. En fait,

«Dave Hilton Sr m’a enseigné les fondements de la boxe.»

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je réalise un rêve en consacrant ma vie à la boxe. De plus, je suis conscient que j’ai un avantage sur la plupart de mes adversaires qui doivent gagner leur vie avant de se rendre au gymnase en soirée ou encore se concentrer à la boxe quelques semaines avant leur combat.

Maintenant que je détiens un titre, je suis prêt à passer à une autre étape en affrontant Sébas-tien Bouchard, un boxeur de Qué-bec, et ça aura lieu le 25 mai !!! Me battre au Centre Bell est un rêve que je caresse depuis mes débuts pros, avoir le privilège de le réali-ser sur la même carte que Pascal-Bute est inévitablement magique.

Ça fait bien deux ans qu’il y a des pourparlers entre le clan de Sébastien Bouchard et le mien. Vous pouvez vous attendre à un combat fort spectaculaire. Je serai motivé comme jamais pour faire ma marque devant des dizaines de milliers de spectateurs. Cette occasion unique représente beau-coup pour moi, le gagnant de ce combat sera considéré comme le meilleur 154 livres au Québec, je n’aurais pas le droit de commettre des erreurs.

Bien que je serai concentré à 100% sur ma préparation dans les prochaines semaines, j’ai en-cerclé à mon agenda la date du 1er juin. Ce soir-là, au Hersey Cen-ter à Mississauga en Ontario, Fitz

Vanderpool et Brandon Cook se battront pour un titre canadien chez les 154 livres. Le gagnant de ce duel pourrait croiser ma route avant longtemps.

En conclusion, je désire mener ma carrière de façon à ne pas avoir de regrets plus tard. J’ai dû surmon-ter beaucoup d’obstacles avant de devenir boxeur professionnel, je comprends l’importance de vivre le moment présent et c’est pour-quoi je profite de chaque jour en travaillant sérieusement pour me rendre le plus loin possible.

«Je réalise un rêve en consacrant ma vie à la

boxe.»

crédit photo : Robert Lévesque

28 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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UN NOUVEAU PROMOTEUR À CHICOUTIMI

Saguenay, 2 février 2013 – L’aréna Pierre-Lavoie dans l’enceinte de l’Université du Québec à Chicou-timi accueille le premier gala d’Im-pact Sport Production, une nouvelle équipe de promotion saguenéenne créée par Michel Desgagné et David Grenon. L’objectif premier de ce duo est de permettre à Francy Ntetu de se battre régulièrement dans sa propre région, de trois à quatre fois en 2013.

Cette soirée, sous forme Pro-Am, a mis en vedette deux boxeurs locaux, Ntetu et les débuts pros de John Ale-jando Gonzalez ainsi que la visite de l’excitant Montréalais Ghislain Ma-duma. Ntetu a bien progressé suite à son triomphe sur Schiller Hyppo-lite quelques mois plutôt et il a boxé intelligemment pour obtenir un KO technique au 5e round sur Michael Walchuk. Quant à Maduma, il a do-miné un hongrois étonnamment combattif. De son côté, Gonzalez a su quoi faire pour obtenir un pre-mier gain chez les pros par décision majoritaire.

La prochaine soirée est déjà annon-cée, ce sera le vendredi 3 mai. Ntetu et Gonzalez seront de retour, s’ajou-teront à la carte Guillaume Coudé, un combattant de la région bien connu dans le monde du hockey. Les deux promoteurs souhaitent ajouter un à deux autres combats pros à la carte.

LA ZONE SUR LA ROUTE

Par Jean-Luc Autret

30 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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EYE OF THE TIGER MANAGE-MENT S’INSTALLE À GATINEAU

Gatineau, 16 février 2013 – La salle de bal de l’hôtel Hilton, limitrophe au Casino du Lac Leamy, a vu s’établir l’organisation de Camille Estephan. Après avoir fait progresser Dierry Jean et de nombreux autres de ses protégés à Pointe-Claire, Eye of the tiger management (EOTTM) préfère le marché de la capitale canadienne pour la seconde année de sa série « Fight Club ».

En plus des Jean, Cheiko, Hyppolite et Hussein, les locaux Andrew Gardi-ner d’Ottawa et le Gatinois Pascal Vil-leneuve ont pu compter sur l’appui d’une foule bruyante de plus de 1200 spectateurs. Notons les victoires expéditives de Dierry Jean, Schiller Hyppolite, Francis Lafrenière et de Pascal Villeneuve.

La prochaine visite de la boxe pros à Gatineau est prévue pour le 17 mai. Cette fois-ci, c’est Ghislain Maduma qui fera les frais de la finale. Baha Laham, Andrew Gardiner, Pascal Vil-leneuve, Tony Luis, Mian Hussein, Schiller Hyppolite et le nouveau venu Zach Bunce démontreront alors leur savoir faire. De plus, les fans présents verront en action le champion olym-pique britannique de 2008, James Degale (14-1-0, 9 KO). Il détient ac-tuellement le titre Argent de la WBC des 168 livres, en plus d’être classé 3e à la WBO et 6e à l’IBF.

crédit photo Jean-Luc Autret, Vincent Éthier et Robert Lévesque

LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 31

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32 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

LE CENTRE SPORTIF EMPIRE SE FAIT PROMOTEUR

Québec, 30 mars 2013 – Pour une seconde occasion en sept mois, Fran-çois Duguay et son équipe du Centre Sportif Empire présente un Pro-Am dans l’enceinte du Club installé dans le bas de la côte Nérée-Tremblay de-puis novembre 2011.

Tout comme en septembre dernier, Sébastien Bouchard et Nicolas Val-court sont montés sur le ring. De plus, Alexandre Bouvier a fat un retour après une inactivité profes-sionnel de plus de sept ans. Ces trois boxeurs ont remportés leur com-bat par décision unanime. Mention spécial à Alexandre Bouvier pour sa détermination et son regard de feu ainsi qu’à la performance de Mélissa Guillemette, quadruple championne canadienne et l’une de nos représen-tante aux Championnats du monde de boxe amateur disputés en Chine en mai dernier.

crédit photo Jean-Luc Autret

32 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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TORONTO – LE 4 MARS 2013

Une nouvelle tendance semble vouloir se dessiner, la présen-tation de combats de boxe lors d’évènements corporatifs. La Zone a eu la chance d’assister au banquet de clôture du congrès de l’association des sociétés minières au Ritz Carleton de Toronto. Quatre combats à l’af-fiche dont la finale mettant en vedette Ghislain Maduma face à Josafat Perez.

Assez particulier d’assister à un combat de boxe dans une ambiance feutrée. Les habituels sièges d’aréna sont remplacés par des tables rondes dans la grande salle de bal du Ritz. Entre les petites bouchées et la bisque de homard Denton Daly sert une sé-vère correction à Richard Hall. Je compte au moins vingt card girls légèrement vêtues qui déam-bulent entre les congressistes en vantant différentes compa-gnies minières. Sur place, George Chuvalo, Irish Mickey Ward et Azumah Nelson serrent la main des congressistes.

Le combat de Maduma débute au moment où on nous sert le fi-let mignon et remplit mon verre de rouge pour une énième fois. L’adversaire de Maduma est plus coriace que le steak, qui se coupe à la fourchette. Maduma en vien-dra finalement à bout.

Belle soirée de boxe, le pique-as-siette en moi est bien rassasié. Je rentre à l’hôtel avec le sentiment amer qu’il y a des redevances qui se perdent!

TORONTO- LE 9 AVRIL

Le Shaw Boxing Evening, présente la 28e édition cet évènement cha-ritable annuel servant à amasser des fonds pour le Shaw festival, un des les plus grands festivals de théâtre en Amérique. Cette soirée mettait en vedette Samuel Vargas en finale et marquait le retour d’Olivier Lontchi après une pause de plus de deux ans face au Cana-dien, Tyler Asselstine.

Cette fois, c’est l’hôtel Royal York au cœur du quartier financier de Toronto, qui est l’hôte de ce gala. Moins de chance qu’au gala pré-cédent, les familles et les médias sont relégués au balcon de la salle de bal. Sur le plancher de la grande salle de bal, le gratin de Toron-to s’amuse ferme. Chaque billet coûte mille dollars et les convives participent généreusement à l’en-can silencieux.

Un curieux printemps de boxe à Toronto. Le retour à la normale se fera le premier juin au Hershey Arena alors que le vieux Syd Van-derpool se mesurera à la vedette montante Brandon Cook pour le titre canadien.

crédit photo Benoit Dussault

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34 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

LA BOXE ET MOI

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C’est avec plaisir que j’ai accepté la proposition du magazine de vous parler de l’importance que la boxe a pris dans ma vie au cours des quinze dernières années. Avant de commencer à vous ra-conter mon histoire, je crois qu’il est nécessaire de mentionner que je suis le directeur des opérations d’InterBox depuis 2004.

UN PAS À LA FOIS

Unilingue anglophone de l’Ouest de l’île de Montréal, j’ai pris une décision importante à l’âge de 24 ans. Alors que j’étais incapable de m’exprimer en français, j’ai choisi d’étudier le droit civil à Ottawa et dans la langue de Molière de sur-croît. Cela a été difficile pour mon parcours académique, mais très formateur pour mon apprentis-sage du français.

Après mon périple dans la capi-tale, je suis revenu m’installer à Montréal pour travailler. Grâce

à mes connaissances en droit et en espagnol, mon oncle, Hans-Karl Mühlegg, m’a offert de gé-rer d’immenses terrains lui ap-partenant dans le West Island.

Nous sommes alors en 1998 et puisque je partage les locaux avec l’équipe de la toute nouvelle entreprise de mon oncle, Inter-Box, je côtoie autant les boxeurs que les entraîneurs ainsi que les autres membres de l’organisation naissante. À l’époque, les Régis Lévesque, Henry Spitzer, Yvon Mi-chel, Bernard Barré s’occupent de boxeurs comme Stéphane Ouel-

let, Éric Lucas, Leonard Dorin, Shane Sutcliffe, Hercules Kyvelos et Fathi Missaoui.

J’ai d’abord commencé à m’im-pliquer en offrant mes services comme chauffeur pour aller chercher à l’aéroport les boxeurs qui arrivaient de l’étranger. Pro-gressivement, on m’a demandé de donner un coup de main avec les documents d’immigration, de rédiger des lettres d’invitation et d’aider avec la traduction de do-cuments en espagnol pour com-muniquer avec les adversaires latins et la WBC, et du français vers l’anglais pour nos communi-qués de presse. Il faut se rappeler qu’à l’époque la compagnie orga-nisait beaucoup d’événements, seulement à l’automne 1998, cinq galas ont été présentés.

Hans et Yvon Michel ont constaté rapidement que j’étais un pas-sionné mon intérêt et ils m’ont

LA BOXE ET MOIpar Ian Edery

«J’ai d’abord commencé à

m’impliquer en offrant mes services comme chauffeur

pour aller chercher à l’aéroport les boxeurs qui arrivaient de l’étranger.»

Trois collègues de longues dates chez InterBox, David Messier, Ian Edery et Pierre Bouchard. Crédit photo :Jean-Luc Autret

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36 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

confiés des dossiers comme le transport et les médicaux. Au dé-but de la compagnie, lors des réu-nions de travail, il pouvait y avoir jusqu’à vingt personnes autour de la table et chacun avait la respon-sabilité d’un dossier. Les années passent et pour des raisons éco-nomiques et d’efficacité la table rapetisse, il y a de moins en moins de personnes pour s’occuper des dossiers. En 2004, c’est Steven Benoit, le comptable, Stephan Larouche, l’entraîneur en chef, et moi qui nous nous occupions de l’ensemble des dossiers.

LA FIN D’UNE AVENTURE

Les huit derniers mois de la pre-mière mouture d’InterBox ont été très pénibles pour Hans-Karl Mühlegg. C’était évident qu’il vou-lait se retirer de ce projet qui était devenu un puits sans fond pour lui. Le premier événement qui affecta la compagnie fut évidem-ment le combat en Allemagne entre Marcus Beyer et Éric Lucas. L’absence de clause de revanche a mécontenté tout le monde au Québec.

Lucas et lui a proposé de devenir le propriétaire de la compagnie. Dans les semaines qui ont suivis, Éric Lucas et Stéphane Larouche m’ont rencontré et c’est ainsi que j’ai poursuivi mon aventure dans le monde de la boxe jusqu’à au-jourd’hui.

LE MATCHMAKING

Sans avoir de profondes connais-sances pugilistiques comme nos entraîneurs, j’ai commencé à faire du matchmaking doucement lors du premier combat de Lucian Bute, c’était en novembre 2003. J’avais dû lui trouver un adver-saire 48 heures avant le combat.

Avec la nouvelle entité d’Inter-Box, nous avons développé une méthode qui fonctionne bien. Ma force est de dénicher cinq boxeurs pour chaque combat, ensuite Pierre Bouchard analyse chacun d’eux et en discute au besoin avec Stephan Larouche pour choisir le meilleur adversaire pour nos boxeurs. Ma collaboration avec Jean Bédard est aussi bien définie. Il s’occupe de tout ce qui concerne la négociation. Je suis responsable de la rédaction des contrats, de la

Six mois plus tard, le retrait inat-tendu de Léonard Dorin à la pesée en vue du combat contre Miguel Callist en Roumanie a confirmé pour Hans-Karl Mühlegg qu’il de-vait mettre un terme à cette aven-ture. Yvon Michel a convaincu Hans Mühlegg d’organiser le gala du 20 décembre avec l’Australien Danny Green contre Éric Lucas. La conclusion de ce combat est bien connue. Lucas a perdu par TKO au 6e alors qu’il était blessé.

À propos de ce gala, je vous raconte une anecdote. Par contrat, Danny Green n’avait pas le droit d’avoir un tatou dans le dos annonçant le casino virtuel Golden Palace. Notre commanditaire, le Casino de Montréal était évidemment furieux. J’ai eu un violent échange avec le promoteur de Green au point où il m’a frappé. Après cet événement, la régie a changé les règles et c’est maintenant eux qui remettent les bourses aux ath-lètes.

Après ce fiasco, Hans-Karl Mühlegg a mandaté Yvon Michel pour dénicher un acheteur pour la compagnie InterBox. Par la suite, M. Mühlegg a rencontré Éric

Ian Edery en compagnie de Pierre Bouchard, Marie-Josée Fontaine, Stéphane Larouche et David Messier. crédit photo : Courtoisie

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 37

signature de toutes les parties et de la mise en application des opé-rations avec mon équipe.

La préparation de la sous-carte commence tôt pour être en mesure d’avoir les meilleurs adversaires possibles pour nos boxeurs. Je communique avec nos nombreux contacts à travers la planète pour qu’ils me suggèrent des adver-saires. Après quelques semaines, la liste se rétrécit d’elle-même et souvent un mois avant le com-bat tous les contrats sont signés. Personnellement, j’ai une préfé-rence pour les combats locaux. D’abord, cela augmente l’intérêt du public et réduit les coûts liés au transport en avion, aux chambres d’hôtel, à la gestion des visas, etc. Tout cela fait en sorte que ça ne coûte pas nécessaire plus cher pour nous.

LE 25 MAI

J’ai vécu de beaux moments à travers toutes ces années, mais clairement on a construit cette entreprise dans le but de mettre sur pied ce type d’événement his-torique.

Avant même que le gala n’aie lieu, je suis déjà convaincu que ce sera historique, certainement ce sera mon plus beau souvenir. Je vis pour ce genre de défi. C’est un peu comme repêcher Wayne Gretzky !!! C’est comme Hilton c. Ouellet, mais en beaucoup plus gros et surtout avec un intérêt de la scène internationale et la pré-sence d’HBO.

Au plaisir de vous y voir nom-breux !!!

Crédit photo : Courtoisie

«Le 25 mai, c’est un peu comme repêcher Wayne

Gretzky !!!»

L’ensemble de l’équipe InterBox lors du combat de Lucian Bute en Roumanie en juillet 2011. Crédit : Courtoisie

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38 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

GAÉTAN HART, RETOUR SUR UNE INSPIRANTE CARRIÈRE

Bien trop d’amateurs de boxe ont l’impression que la boxe québé-

coise est active depuis seulement quelques années. Dans le but de rendre hommage à des boxeurs, des entraîneurs, des promoteurs et d’autres personnalités qui ont marqué l’histoire plus que cen-

tenaire de la boxe québécoise, la Zone de Boxe inaugure une nou-velle série qui se souviendra du parcours de personnalités mar-

quantes.

La boxe est un sport ingrat dans lequel les défaites attirent sou-vent des critiques ou même des insultes parfaitement injustes aux boxeurs. Des aspirants-connais-seurs sont souvent portés à avoir un regard rempli de mépris en-vers les boxeurs qui subissent la défaite et pire encore face à ceux qui jouent le rôle d’adversaire provenant de l’extérieur. Bien cu-rieux sport à certains égards que la boxe, où une fiche de 12-6, par exemple, y est souvent considérée comme ordinaire (« il a déjà subi six défaites ! »), alors qu’elle se-rait jugée plus que satisfaisante au hockey ou au football. Pour-tant, nul besoin d’avoir une fiche

immaculée, ou encore d’avoir dé-tenu une ceinture de champion du monde, pour frapper positive-ment l’imagination du public et réussir brillamment sa carrière dans le noble art. Dans l’histoire de la boxe québécoise, très peu de combattants illustrent aussi bien cette vérité que Gaétan Hart.

Depuis près de deux ans, Mélanie Hart prépare la biographie de son père, qui devrait paraître en 2014 ou en 2015. En attendant cet ou-vrage, qui donnera le fin mot sur la carrière du « King de Bucking-ham », et constituera, à n’en pas douter, une source d’inspiration et de motivation pour tous les boxeurs, nous vous offrons une rétrospective de sa carrière. Rappelons-nous les plus impor-tants faits d’armes de Hart, qui montrent comment sa passion et sa persévérance lui ont permis, sans qu’il bénéficie de l’appui systématique d’un promoteur, et en dépit d’un bon lot de défaites, d’effectuer un long parcours en boxe, ponctué de beaux succès dont il peut tirer une grande fi-erté.

DES DÉBUTS DIFFICILES

C’est en décembre 1972 que Hart entame sa carrière profession-nelle, à Hull, en subissant la dé-faite par K.O. au cinquième round contre Paul Colette. Après huit combats, sa fiche est de 3-4-1 (1 K.O.), et ses quatre revers ont été encaissés avant la limite. Mais Hart s’accroche : il remporte en-suite, en 1974, quatre victoires d’affilée en l’espace de deux mois, incluant une décision en huit rounds contre Cornell Hall, un boxeur possédant une fiche fort respectable de 22-4-1 (8. K.O.). Plus tard dans la même année, il livre son premier combat en de-hors du Canada, en Pennsylvanie, au cours duquel il se voit infliger une défaite par K.O. à la troisième reprise contre Rudy Bolds (21-3-0, 16 K.O.).

En mai 1975, il voyage en Italie pour y affronter, en remplace-ment de dernière minute, le champion WBC des super légers Bruno Arcari (65-2-0, 36 K.O.), dans un combat où le titre n’est pas à l’enjeu. Il s’incline alors par K.O. au premier round, puis subit une autre défaite, aux points, con-

«Après huit combats, sa fiche est de 3-4-1 (1

K.O.).»

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 3939 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

L’ANNÉE 1980

1980 est clairement l’année la plus marquante de la carrière de Hart. Il se réapproprie d’abord le titre canadien en mars par déci-sion partagée contre Furlano, puis stoppe en mai et en juin ses vieux adversaires Ralph Racine (K.O. 12) et Cleveland Denis (K.O. 10), dans deux combats à l’issue tragique : Racine passera en effet

formance particulièrement cou-rageuse (soulignée en direct à la télé américaine par le grand entraîneur et analyste Gil Glan-cy), avant de s’incliner au sixième round.

FIN DE CARRIÈRE DU « STEAK »

Épuisé par sa difficile année 1980, Hart subit au début de 1981 une seconde défaite, par K.O. cette fois (au troisième round) contre Claude Noel, qui le force à mettre une croix sur ses aspirations à un titre mondial. Il remporte néanmoins ses sept combats sui-vants, incluant deux défenses de son titre canadien, à l’aréna Paul Sauvé de Montréal, contre Michel Lalonde (10-0-1, 1 K.O.), qu’il dé-fait par décision en douze rounds, et contre Jean Lapointe, dont il triomphe une seconde fois, par K.O. au troisième.

tre un adversaire local à Ottawa onze jours plus tard, ce qui porte sa fiche à 10-10-1 (4 K.O.).

Mais l’expérience acquise à la dure par Hart commence à porter fruit. Il remporte ses quatre com-bats suivants, incluant deux vic-toires aux États-Unis contre les « prospects » George Anderson (9-0-1, 5 K.O.), qu’il défait aux points en six rounds, et Ron Jones (7-1-0, 6 K.O.), qu’il met K.O. dès la pre-mière reprise.

«Le retour de Gaétan Hart à la compétition

contre Galarneau consti-tue l’objet de l’excellent

documentaire Le Steak de Pierre Falardeau.»

quelques jours dans le coma après l’affrontement et devra mettre un terme à sa carrière, alors que Denis sera déclaré mort seize jours après le duel, livré au Stade Olympique en sous-carte du com-bat mythique opposant Roberto Duran à Sugar Ray Leonard.

Ces tristes évènements colle-ront malheureusement à la peau de Hart, qui n’a pourtant jamais abordé la boxe autrement que dans une logique purement spor-tive, caractérisée par le respect de ses adversaires et un désir de saine compétition.

En novembre de la même année, Hart se voit offrir la chance d’une vie : un combat de championnat du monde, mais contre l’un des boxeurs les plus doués de l’his-toire, le légendaire Aaron « The Hawk » Pryor (26-0-0, 24 K.O.), titulaire de la ceinture WBA des super légers. Hart offre une per-

crédit photo : Courtoisie

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40 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

À partir de 1982, Hart – qui a alors effectué près de quatre-vingts combats professionnels – commence toutefois à ralentir, et amassera une fiche de 5-9-1 (1 K.O.) dans le dernier chapitre de sa carrière. Cette période est quand même ponctuée, en 1983, par une victoire par K.O. au sep-tième round contre Paul Colette (17-3-1, 10 K.O.), qui permet au « King de Buckingham » de ven-ger la défaite qu’il avait endurée lors de son tout premier combat professionnel ; et d’une victoire par décision en dix rounds (après six années d’inactivité) contre Michel Galarneau (7-0-0, 4 K.O.). On notera que le retour de Hart à la compétition contre Galarneau

constitue l’objet de l’excellent do-cumentaire de Pierre Falardeau, Le Steak, qui a remporté deux prix au festival du film sportif de Turin en 1992.

Aujourd’hui, Hart vit toujours à Buckingham.Il travaille dans le domaine de la construction et continue à transmettre sa pas-sion pour la boxe en enseignant dans des clubs de l’Outaouais. L’homme de 59 ans, a accroché définitivement ses gants récem-ment suite à un combat d’exhibi-tion face à son ami Deano Clavet. Le duel, qui s’est terminé par un verdict nul, a eu lieu samedi le 6 avril à Gatineau, lors d’une carte de boxe amateur organisée par

Gaëtan Hart et son coach Éric Thibault à son dernier combat

crédit photo : Courtoisie

la compagnie de vêtements Hard Lock et le club Les Gants Dorés au Centre Communautaire Père Arthur Guertin. Son dernier com-bat ce voulait son dernier adieu au public de sa région, à qui il est reconnaissant de l’avoir toujours appuyé et supporté.

«Aujourd’hui, Hart vit toujours à Buckingham,

il travail dans le do-maine de la construc-

tion et il continue à transmettre sa passion

pour la boxe.»

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 41

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42 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

LA GALERIE DES Phot og ra phes

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44 MAI 2013 - LA ZONE DE BOXE

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LA ZONE DE BOXE - MAI 2013 45

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Bien sûr, le boxeur est la pierre angulaire de notre sport. Sans lui, rien n’est possible. Peu importe les efforts mis en œuvre par le promoteur, le gérant et l’entraineur, si le boxeur n’est pas dans le gymnase, rien n’est possible.

En premier lieu, l’athlète doit avoir confiance en son équipe d’entraineurs, c’est la base. La confiance définit le type de relation et, généralement, des bonnes rela-tions naissent de bons résultats. L’entente avec le gérant et le promoteur sont aussi importantes, mais moins essentielle, car ils ne se côtoient pas au quotidien comme le font l’entraineur et le boxeur.

Au final, c’est le boxeur qui monte dans le ring et qui encaissera les coups, il est tout à fait normal qu’il valide toutes les déci-sions. Bien entendu, son entourage pour le conseiller, mais au bout du compte, c’est le boxeur et personne d’autre que lui, qui devra vivre avec les conséquences phy-siques et psychologiques en cas d’accident. En contrepartie, quand un athlète choisi son équipe, c’est parce qu’il sait qu’il peut avoir confiance et compter sur eux. Si ce n’est pas le cas, les questions deviendront des divergences d’opinions et ce n’est ja-mais bon pour le « mental » du boxeur.

Le boxeur doit être dédié à temps complet à son sport. Cela signifie qu’il doit s’entraî-ner sans répit et suivre à la lettre le plan préalablement établi entre l’équipe et lui. Il y a beaucoup de gens qui souhaitent de-venir de grands boxeurs, mais seulement dans un ring. Ce gens-là commentent un une grave erreur, un véritable boxeur est un athlète dans la vie de tous les jours, pas seulement durant les six à huit semaines du camp d’entrainement, mais bien 365 jours par année.

Bien entendu, dans le but d’alléger l’aspect mental et psychologique de l’athlète et pour garder un bon moral, le boxeur peut et doit prendre des moments de répit. Mais atten-tion! On peut lâcher la bride ou donner un peu de mou à l’occasion, mais les excès n’ont ja-mais leur place dans un sport sans lendemain.

Certains boxeurs ont la chance de vivre de leur sport, soit par l’aide de leur gérant, des commandites ou arrivent à vivre de leurs bourses s’ils ont atteint un certian niveau. La plupart des boxeurs n’ont pas cette chance. Ils doivent jongler entre un travail externe à la boxe et les entrainements, et bien souvent, conjuguer avec femme et enfants. Comme vous le voyez, la tâche n’est pas de tout re-pos. Plusieurs boxeurs n’ont jamais réussi à percer, malgré un talent indéniable à cause de ces difficultés.

Atteindre le sommet demande énormément de sacrifices de la part du boxeur, mais aussi de tout son entourage. Sa famille, ses amis et sa vie sociale en prennent un coup. Sachant qu’une carrière dure généralement dix ans, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Vaut-il la peine de consacrer 10 ans de sa vie avec tous les sacrifices que cela comporte pour toucher à son rêve?

Bonne boxe

LA BO

XE VU

DE L’

INTÉ

RIEU

RIl me fait plaisir de compléter le qua-trième et dernier volet de ma série de chroniques sur les dessous du monde

de la boxe. Dans cette chronique, j’aborderai les tâches auxquelles fait face le boxeur et les responsabilités

liées à ses propres engagements.

crédit photo Robert Lévesque

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