La Zone de Boxe vol 25

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Août, 2009 Numéro 25 Le seul magazine au Québec dédié uniquement à la boxe Portrait de carrière d’Arturo Gatti La petite histoire de la Zone de Boxe Classement livre pour livre québécois

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En vedette Arturo Gatti, Marc Ramsay, Oscar Rivas, Eleider Alvarez, les promoteurs d'envergure internationale et l'histoire de la Zone de boxe.

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Magazine La Zone de Boxe 5ième année – numéro 25

1Août, 2009Numéro 25

Le seul magazine au Québec dédié uniquement à la boxe

Portrait de carrière d’Arturo Gatti

La petite histoire de la Zone de Boxe

Classement livre pour livre québécois

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Magazine La Zone de Boxe

2755 Clermont Mascouche (Québec) J7K 1C1

[email protected] Éditeur François Picanza Rédacteur en chef Pascal Roussel

Collaborateurs Maxime Chartrand Vincent Morin Pascal Lapointe Karim Renno Pascal Lapointe Karim Reno Correcteur/Réviseur Pascal Lapointe Véronique Lacroix Traducteur Pascal Lapointe Photo page couverture Vincent Ethier Mise en pages / Infographie Martin Laporte Le magazine la Zone de boxe fut fondé en 2004 à Mascouche par François Picanza. Ce magazine est maintenant offert gratuitement sur le web.

La Zone de Boxe magazine

4e année, numéro 25 Aout 2009

3 – L’éditorial 4 – Le mot du médium format géant 6 – La petite histoire de la zone de la boxe 10 – Entrevue avec Marc Ramsay

16 – Arturo « Thunder » Gatti 1972-2009 20 – 25 surnoms de boxeurs 23 – Deux espoirs colombiens chez GYM 26 – Profession : Promoteurs de boxe d’envergure internationale 31 – Classement livre pour livre Québécois 33 – Classement La zone de boxe

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L’Éditorial

Lorsque Pascal Roussel m’a demandé de parlé un peu de l’histoire du magazine La Zone de Boxe pour ce 25e numéro, je ne m’attendais pas au déluge de souvenirs qui ressurgiraient au cours de ma recherche. Je dis recherche car, possédant une mémoire que même un poisson rouge n’envierait pas, j’ai du creuser dans de vieilles archives de courriels et déterrer d’anciens numéros. Enfin ceux qui existent encore en format imprimé, car à l’époque le magazine n’était pas offert en format PDF. En fait, j’ai une copie en format PDF du tout premier numéro paru en septembre 2004 (que les nostalgiques pourrons consulter grâce à un lien à cet effet sur notre page Web), mais non de ceux qui suivirent jusqu’à ce que le format du magazine évolue éventuellement.

La raison pour laquelle le premier numéro existe en format PDF est parce que ce fut grâce à ce premier document que j’ai vu et approuvé ce dont le magazine aurait l’air une fois imprimé. Pour les numéros qui suivirent, le cocréateur du magazine, un imprimeur de Senneterre nommé Christian Péloquin qui se chargeait également de la distribution postale, m’envoyait plutôt une version sur papier. Malheureusement, j’ai tendance à oublier de conserver une copie pour moi-même lorsque c’est sur papier. Donc, je ne possède malheureusement pas une copie imprimée en bon état de chacun des magazines que La Zone de Boxe a produit, ce qui en rétrospective n’est probablement pas très brillant de ma part. Bon, j’ai assez radoté sur mes inepties. En faire le tour prendrait un numéro complet. Pour ceux voulant lire la petite histoire du magazine, je vous propose ma chronique dans ce numéro qui marque 5 années de couverture de boxe en format magazine. Un fait historique en soit au Canada. D’ailleurs, je ne crois pas qu’un autre magazine canadien sur la boxe a tenu la route plus de 3 ans jusqu’ici. Si vous en connaissez, vous seriez les bienvenus de m’en faire part par courriel au [email protected] Bonne boxe! Francois Picanza Éditeur

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Le mot du médium format géant Je vous vois dans ma boule de cristal, vous êtes tous là à chanter en chœur, Joyeux

anniversaire, nos vœux les plus sincères! Merci! Notre magazine est rendu à son 25e numéro. Lorsque vous tournerez cette page, vous pourrez lire un texte de notre éditeur, François Picanza, qui vous expliquera l’histoire du magazine. Surnoms Pour souligner ce chiffre magique, je vous ai concocté un petit texte spécial sur les surnoms de nos boxeurs. Devinez combien de surnoms j’ai retenus? Allez, pensez-y. C’est ca, 25! Que voulez-vous, je suis un homme de concept (je vais attendre quelques secondes pour que les applaudissements diminuent). C’est bien beau d’avoir un surnom quand on est un boxeur, mais ce n’est pas tous les surnoms qui sont un succès. Vous pourrez y voir nos préférés, ceux qui passent

le test et ceux qui échouent. Ramsay, l’homme de l’heure L’homme que vous voyez sur la page couverture, Marc Ramsay, traverse une période fructueuse dans sa vie professionnelle. Il est maintenant entraîneur d’un champion du monde, soit Jean Pascal. Nous avons voulu lui parler, lui donner l’éclairage qu’il méritait. Mais ce n’est pas tout. Ramsay a aussi dans les dernières semaines fait « l’acquisition » de deux nouveaux boxeurs aux grandes ambitions. Deux Colombiens, d’anciens participants aux Jeux olympiques, qui ont quitté leur pays pour venir s’installer à Montréal et boxer sous la gouverne de Ramsay. Lisez cet autre texte, écrit par Pascal Lapointe, afin de faire connaissance avec ces deux espoirs de haut niveau! Classement livre pour livre Québec Notre dernier classement livre pour livre de nos boxeurs évoluant au Québec datait du mois de janvier. Je croyais bien que ce classement deviendrait pour le magazine un dossier annuel. Mais en raison de tous les combats importants des six derniers mois, nous n’avons pas eu le choix. Nous avons dû mettre à jour notre classement. Lisez le compte-rendu de notre collaborateur Karim Renno. Et contrairement aux précédentes éditions où les collaborateurs s’entendaient sur les positions au classement, cette fois-ci, c’est la zizanie! Vous ne serez probablement pas d’accord avec notre classement cumulatif, tout comme moi! Sur un million de gens à qui nous aurions demandé leur classement, nous aurions pu recevoir un million de classements différents. J’exagère à peine. Les grands promoteurs de ce monde Voici un texte que j’attendais depuis longtemps. Voulez-vous savoir qui sont les promoteurs les plus importants sur la planète boxe? Un nouveau collaborateur au magazine, Maxime Chartrand nous offre ce brillant texte où il nous présente les dix plus importants promoteurs de boxe au monde, ceux avec qui Interbox et GYM devront faire affaire pour jouer dans les grandes ligues. Le retour d’Alcine sera-t-il convaincant? Joachim Alcine fera son retour au casino de Montréal le 28 août prochain. Il annonce clairement son intention de redevenir champion du monde. GYM et Alcine lui-même savent-ils à quel point « Ti-Joa » a perdu de fans? Avec ses péripéties de la dernière année (religion, problèmes avec son entraîneur, entraînement seul à la maison), plusieurs personnes ont perdu confiance en Joachim et ne croient plus qu’il a ce qu’il faut pour retourner au sommet. Auparavant, tout le monde était fan de Joachim. Mais à présent, plusieurs partisans ont descendu de l’Express Alcine. Et je dois avouer que je fais partie de ce deuxième groupe. Alors ce que je souhaite à Joachim le 28 août, c’est une performance éclatante pour ramener ses fans perdus. Une prestation ne serait-ce qu’ordinaire, même dans la victoire, permettra aux détracteurs de dire que Joachim n’a plus la flamme. Nous verrons si un camp d’une semaine ou deux en Floride avec Buddy McGirt sera suffisant. Je ne suis pas habituellement si pessimiste, mais je crois que ca va prendre en plus une rangée de lampions à l’Oratoire St-Joseph.

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Surnom encore Au cours des derniers numéros, le nombre de lecteurs du magazine a grandement augmenté. Et plusieurs me demandent l’explication pour le titre de cette chronique. Les « vieux de la vieille » qui lisent le magazine depuis longtemps et qui vont sur le forum de discussion de La Zone de Boxe en connaissent la raison, mais pas les nouveaux lecteurs. Voici l’explication. J’utilise le terme « médium » dans le sens de voyant. Parce que lorsque j’ai un scoop ou une histoire qui me provient de quelqu’un du milieu mais qui préfère garder l’anonymat, je prétends tout simplement avoir vu cette nouvelle dans ma boule de cristal! C’est une façon pour moi de dire aux gens que ma source est fiable, mais qu’elle restera secrète. Et si je me qualifie de « format géant », il vous suffirait de me rencontrer pour comprendre! Si je vous dis que Jean-François Bergeron et Patrice L’Heureux doivent un peu se lever les yeux pour me regarder, je vous donne un léger indice. Pascal Roussel Rédacteur en chef format géant

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La petite histoire de La Zone de Boxe par François Picanza, éditeur Le magazine La Zone de Boxe, comme presque tout ce que je finis par accomplir, a vu le jour de façon improviste. Il me serait difficile de parler du magazine sans parler de La Zone de Boxe elle-même, alors débutons par celle-ci. La mise sur pied de La Zone de Boxe en tant qu’entreprise privée axée sur la distribution médiatique fut accidentelle, sans planification aucune. Il faut dire qu’au moment où La Zone de Boxe a vu le jour, la boxe était loin d’être aussi populaire et accessible qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les années pauvres de la boxe Au début des années 2000, je me plaisais à fréquenter le forum RDS mais à l’époque, il n’était visité que par une poignée d’amateurs – rappelez-vous que la boxe était moins populaire et qu’Internet était moins répandu qu’aujourd’hui – dont plusieurs internautes disons…. assez bizarres. Ceci m’a amené à plutôt fréquenter un forum mieux modéré et appartenant à Ti-Yan qui est devenu un ami personnel bien que l’on ne se voit que très rarement. Son forum, Le monde à Ti-Y@n, couvre plusieurs sports de combat en général. C’est en fréquentant ce forum que j’ai rencontré quelques passionnés, principalement François Bouchard et Nicolas Bailey avec qui j’ai collaboré sur QuébecBoxe, un défunt site alors dédié à publication sur le Web de chroniques sur la boxe. Quelques semaines plus tard, au début de 2003, je décidais d’ouvrir un forum de discussion qui serait exclusivement dédié à la boxe et qui serait fortement modéré afin de réunir ceux qui désiraient discuter de boxe de façon sérieuse. À l’époque, nous ne pouvions compter que sur deux ou trois galas de boxe par année au Québec, ce qui n’était pas grand chose pour aider à conserver de façon continue une masse d’amateurs envers le noble art. J’avais la ferme conviction que le forum La Zone de Boxe serait un bon outil pour maintenir l’intérêt des passionnés entre deux galas. C’était la seule idée derrière la création de La Zone de Boxe. Tout ce qui en découla par la suite, le magazine, les vidéos, etc., fut une suite d’évènements non planifiés. Au fil des semaines qui suivirent la création du forum La Zone de Boxe, des sections s’y ajoutèrent : une pour l’histoire de la boxe, une pour indiquer où trouver diverses ressources reliées au monde pugilistique, etc. Je ne me rappelle plus exactement la chronologie exacte, mais je crois que ce fut environ deux mois plus tard, à l’été de 2003, que la première évolution majeure de La Zone de Boxe arriva. Ne désirant plus diviser mon temps entre deux mondes et ayant l’impression de porter deux sites sur mes épaules, je quittai QuébecBoxe et commençai à mettre des articles de façon journalière dans une section à cet effet sur le forum de la Zone. Puis peu après, en septembre 2003, je changeai complètement le logiciel du forum pour quelque chose de plus convivial à mes yeux et qui me permettait de pouvoir créer un site Web où seraient affichés les articles paraissant sur certaines sections du forum. Ceci permettrait à ceux qui ne désiraient pas prendre le temps de s’inscrire sur le forum de pouvoir suivre tout de même les articles sur le noble art. La Zone de Boxe enregistrée Lors de l’ouverture du forum, La Zone de Boxe espérait pouvoir compter sur 150 membres pour sa première année. Je le répète souvent mais le contexte de la boxe et du Web était différent de ce qu’il est aujourd’hui. Néanmoins, ce but fut rapidement dépassé et au printemps 2004, La Zone de Boxe comptait déjà 540 membres. Ceci était positif et négatif en même temps. Plus de bande passante et d’espace disque étaient nécessaires, et maintenir un site et un forum en ligne devenait onéreux pour ce qui devait n’être au début qu’un passe-temps. Regardant alors ce qui se faisait sur le site américain MaxBoxing où les membres pouvaient, moyennant un versement mensuel, avoir accès à du contenu exclusif, je décidai de tenter l’expérience. Le marché québécois, francophone de

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surcroît, représentait une mince fraction du marché anglophone américain; je savais bien que contrairement à MaxBoxing, je ne pourrais gagner ma vie à couvrir la boxe. Cependant, je me disais que cela pourrait servir à justifier auprès de ma patiente épouse, qui me perdait si souvent au profit du Web, que ce hobby était aussi un travail rémunéré. Ou à défaut de profit, je pourrais peut-être à tout le moins couvrir mes dépenses. C’est ainsi que La Zone de Boxe devint une entreprise légalement enregistrée. La partie payante du site, nommée La Zone Platine, consistait alors en entrevues vidéo et combats en gymnase entre boxeurs qui deviendraient éventuellement reconnus. Les abonnés de l’époque eurent droit à notre série Les Guerres cachées où l’on pouvait voir des combats du genre de ceux opposant Sébastien Demers à Jean Pascal à leurs débuts pros. La Zone de Boxe Platine Avec sa visibilité qui prenait de l’ampleur, tant grâce à son contenu que par la façon dont le forum était modéré, La Zone de Boxe attira l’attention de « nouveaux » promoteurs tel Interbox deuxième édition, Starbox et principalement Yvon Michel et son équipe de promotion GYM. Grâce à leur support, La Zone de Boxe fut bientôt capable de permettre à ses membres Platine de pouvoir également accéder à des combats ayant lieu lors de galas, autant les combats diffusés à la télé que ceux de sous-carte. Ce qui était une chose assez spéciale avant l’ère de YouTube et du piratage par les sites de partage. C’est vers cette époque, je crois, que j’ai délaissé la composition de comptes rendus aux mains très capables de Pascal Lapointe pour me concentrer sur les entrevues et la production de vidéos. Pascal fut d’un grand support à l’époque et encore plus aujourd’hui grâce à sa disponibilité et son dévouement au forum La Zone de Boxe qui font de lui la personne que je considère comme mon homme de confiance dans l’administration de La Zone de Boxe. Pour terminer avec cette section sur La Zone de Boxe Platine, j’aimerais mentionner que La Zone Platine fut l’endroit d’une autre première en sol canadien. C’est en août 2004, bien avant les Vidéotron et Radio-Canada, que nous avons diffusé le premier gala de boxe québécois en direct sur le Web. Ceci était une initiative d’Alexandre Choko qui lançait alors les galas Starbox. L’expérience ne fut tentée que deux fois et n’avait attiré qu’une poignée d’internautes qui pouvaient converser sur le même écran où ils visionnaient les combats, mais comme je le radote souvent, c’était une autre époque et nous étions des pionniers traçant de nouveaux chemins. J’aimerais également profiter de ce passage pour remercier Jonathan Beaudry. Avec les YouTube et autres sites de ce monde qui affichent gratuitement du contenu ne leur appartenant pas en faisant fi des droits de diffusion, le temps des sections payantes comme La Zone Platine sera peut-être bientôt révolu. Mais sans le support de Jonathan et de ses serveurs, La Zone Platine n’aurait jamais duré aussi longtemps. Le magazine La Zone de Boxe Outre les vidéos, La Zone Platine de l’époque offrait également des articles inédits et un magazine accessible sur le Web nommé « Le ‘Zine de La Zone », dont le premier numéro paru en mars 2004. La Zone Platine doit donc être considérée comme la mère du magazine La Zone de Boxe, car c’est le «‘zine» qui attira l’attention d’un imprimeur de Senneterre nommé Christian Péloquin. Ce dernier communiqua avec moi au printemps de 2004 pour me proposer de mettre sur pied une version imprimée. Je répliquai à ce moment que mon « vrai » boulot ne me laissait pas le temps de fournir du contenu pour mon site Web et pour un magazine en plus. Mais ceci ne découragea pas cet entrepreneur, que je n’ai jamais rencontré en personne à ce jour, de me recontacter à l’été de 2004 pour me montrer une ébauche de sa nouvelle idée. Cette fois-ci, il me proposait que le magazine imprimé utilise le même contenu que celui disponible sur le site. Bien que ce magazine n’aurait pas autant d’intérêt pour les internautes, ceci ferait découvrir La Zone de Boxe à de nouveaux lecteurs plus âgés qui ne sont pas confortables avec le

Le ‘zine de la Zone, est d’une certaine façon l’ancêtre du magazine actuel

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Web. Péloquin n’avait pas tort. Il y a quelques jours à peine, j’ai de nouveau reçu un courriel d’une dame qui me demandait s’il y avait moyen d’abonner son père à La Zone de Boxe en format imprimé. En 2009, le Web rejoint beaucoup plus de gens qu’en 2004, mais il y en aura toujours qui préfèrent le papier. Puisque cette nouvelle approche proposée par Christian Péloquin ne devait pas cannibaliser le site ni prendre trop de mon temps, je donnai mon accord à ce projet. Le premier numéro paru en septembre 2004. Bien qu’affreux en comparaison avec ce qui est produit aujourd’hui, je fus bien content du résultat à l’époque. Cependant, la partie du concept voulant que le magazine n’utilise que du contenu du site ne fit pas long feu. Presque immédiatement, je me suis dit que nos lecteurs devaient pouvoir lire du contenu exclusif. Je me suis donc mis à écrire et éditer plus que prévu. Heureusement que plusieurs membres du forum se mirent à participer eux aussi à la composition du magazine. Avoir un magazine imprimé apportait une certaine légitimité à La Zone de Boxe. Perçu jusqu’alors par plusieurs médias dont je tairai les noms comme les « ti-culs du Web qui n’ont pas d’affaires là » lors des galas et conférences de presse, La Zone de Boxe devenait… respectable. Nous n’étions ni meilleurs ni pires qu’avant, mais être imprimé aidait à diminuer le snobisme dont La Zone de Boxe était victime par certains individus qui trouvaient difficile à accepter que des gens puisse couvrir gratuitement et avec passion des évènements pour lesquels eux étaient rémunérés. Il est également possible que leurs réaction initiales tenaient plus de l’appréhension de voir leur travail être comparé à celui de bénévoles qu’au snobisme proprement dit… Il est difficile de demander une augmentation à son patron si ce dernier peut faire des remontrances sur le fait que d’autres individus font le même boulot que leurs employés pour moins cher. Quoi qu’il en soit, être sur papier et acheté par abonnement procurait enfin à La Zone de Boxe ses lettres de noblesse et une plus grande acceptation. La ceinture La Zone de Boxe et le Conseil Québécois de Boxe

Quelques temps après le lancement du magazine, sur une idée de quelques membres du forum, La Zone de Boxe introduisait même un nouveau championnat provincial avec la ceinture La Zone de Boxe. Ceci permettrait aux boxeurs débutants d’avoir un premier objectif à atteindre en carrière. Le premier championnat fut remporté par David Whittom aux dépens de Martin Desjardins. La ceinture changea rapidement de nom à la suite d’un judicieux conseil d’Yvon Michel. Du fait que La Zone de Boxe était une entreprise privée et un média de surcroît, certains pourraient hésiter à reconnaître ce titre pour ne pas encourager un média compétiteur. Yvon me recommanda de songer à fonder un organisme à but non lucratif pour en faciliter l’adoption générale. Le but initial du titre n’était pas de promouvoir outre mesure La Zone de Boxe, même si toute publicité est bonne, mais plutôt de donner un tremplin à la relève de la boxe qui s’organisait tranquillement – les promoteurs démarraient encore leurs nouvelles écuries en 2004. La décision de fonder le Conseil Québécois de Boxe fut alors prise et la ceinture changea de nom et devint la ceinture du CQB (et non « la ceinture de Frank » comme se plaît à me taquiner mon copain Russ Anber à chaque fois qu’il en a l’occasion). Ce fut une bonne décision, car avec les années la ceinture du CQB fut même adoptée et reconnue par le Journal de Montréal et autres médias qui la

dénigraient au début. L’Ontario a récemment emboîté le pas pour la mise sur pied de « Ontario Boxing Council » en citant le Conseil Québécois de Boxe comme un modèle de succès.

David Whittom premier boxeur à détenir la ceinture de la Zone de Boxe. (photo Joël Tripp)

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Il faut dire que la liste de champions qui lui ont fait honneur a bien aidé. Les plus connus du public étant Jean Pascal, Benoit Gaudet, Sébastien Demers, Patrice L’Heureux, David Cadieux, Dierry Jean et David Lemieux. Le Conseil Québécois de Boxe se distingue des autres associations par deux points : 1. Aucun pourcentage de la bourse des boxeurs n’est saisi par le CQB. Seuls les promoteurs défraient les coûts de sanction et ces coûts minimes ne servent qu’à payer la fabrication de la ceinture et les frais comptables pour opérer l’organisme à but non lucratif. 2. L’autre point de distinction a trait à la méthode de classement. Afin d’être à l’abri de soupçons de corruption qui pèsent parfois sur les autres organismes, le CQB a choisi de n’être en charge que de la décision finale de sanctionner ou non un combat de championnat. Le classement du CQB est effectué par des reporters de plus d’un média tel : La Zone de Boxe, NetBoxe et Fightnews. En évitant d’être tout puissant au niveau décisionnel, le CQB améliore ses chances de demeurer pur. L’évolution du magazine jusqu’à aujourd’hui Pour revenir au magazine, ce dernier a subi de nombreux changements au fil des ans. L’un des plus importants fut celui de le rendre plus accessible en l’offrant gratuitement sur le Web. Il rejoint ainsi un plus grand public et ne tue pas d’arbres. Alors que je participais jadis au montage, à la rédaction et à la composition, mes obligations professionnelles et familiales grandissantes ont fait en sorte que j’ai eu à me fier à d’autres individus pour maintenir le magazine en santé. Et ce fut pour le mieux! J’aimerais avouer publiquement que tous ceux qui contribuent au magazine font un super boulot et j’irais même jusqu’à dire que plus on me remplace, meilleur se porte le magazine. Je veux éviter de nommer ici les noms de ceux qui y ont participé au fil des ans, car je veux éviter de blesser des gens que je vais sûrement oublier de mentionner faute de mémoire. Cependant, sachez que je vous remercie tous pour votre contribution, qu’elle soit passée ou présente.

Pour ce qui est du moment actuel, je continue d’éditer le magazine car je veille au grain pour la réputation de La Zone de Boxe. Cependant, si vous trouvez que ce magazine est bon, cela est surtout dû aux autres noms que vous pouvez voir à la page du magazine qui suit la couverture et au labeur de Pascal Roussel qui trime fort à courir après chaque article et photo. Si le magazine La Zone de Boxe est le magazine de boxe avec la plus longue durée de vie de l’histoire du Québec, c’est parce qu’il est écrit par des auteurs passionnés en fonction de vous, notre public tout aussi passionné. Bonne boxe et bonne lecture !

Le premier numéro du magazine, septembre 2004

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Entrevue avec Marc Ramsay

Dans une entrevue accordée au magazine La Zone de Boxe en 2006 (numéro 13, novembre 2006, p. 8-11), Marc

Ramsay a déclaré à Samuel D.-Drolet : « J’ai des rêves et je ne serai pas en paix avec moi-même, tant et aussi longtemps que je ne les aurai pas réalisés. » Avec la victoire de son protégé, Jean Pascal, sur Adrian Diaconu en juin dernier, Ramsay peut rayer un important élément de la liste de ses aspirations, « Entraîner un boxeur qui décrochera un titre mondial ». Mais il n’a nullement l’intention de s’arrêter là. C’est ce qu’il clairement expliqué au magazine La Zone de Boxe, entre autres, lorsque nous l’avons rencontré. Zone De Boxe : Marc, un de tes protégés est maintenant titulaire d’un titre mondial, un rêve que relativement peu d’entraîneurs arrivent à concrétiser. Comment ta vie a-t-elle changé ou comment t’attends-tu à ce qu’elle change? Marc Ramsay : Je ne pense pas qu’elle va changer. C’est sûr que le titre mondial, c’est une aspiration à laquelle un entraîneur peut s’accrocher. Mais une fois qu’elle se réalise, il y a d’autres étapes ensuite. Je veux aller plus loin avec Jean. Je veux réaliser la même chose avec Décarie (Antonin) et avec les Colombiens (Eleider Alvarez et Oscar Rivas). Je travaille aussi avec Kevin Bizier et Didier Bence. Chacun de mes boxeurs est un projet en tant quel. J’essaie de faire en sorte qu’ils atteignent leur plein potentiel. ZDB : Donc, tu as toujours eu des objectifs allant au-delà d’un titre mondial? Tu ne t’es pas réveillé le lendemain de la victoire de Pascal en te disant : « Bon, on fait quoi maintenant? » MR : J’ai souvent visualisé cette situation. J’avais prévu le coup. C’est sûr que la conquête d’un championnat du monde est un objectif majeur. Quantité de boxeurs qui réussissent cet exploit ont le sentiment d’avoir gravi l’Everest. Si un athlète n’est pas capable de s’automotiver et de se donner de nouveaux buts, il va avoir des problèmes. Sa carrière de titulaire mondial va être courte. C’est à l’entraîneur et surtout au boxeur de se dire : « On vise les défenses de titre, on vise l’unification. » Ça peut aller jusqu’au temple de la renommée.

« Chacun de mes boxeurs est un projet en tant quel. J’essaie de faire en sorte qu’ils atteignent leur plein potentiel »

Marc Ramsay lors de la conférence de presse du combat Diaconu-Pascal (photo Vincent Ethier)

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ZDB : Pour ce qui est de Jean, on sait que ce qui l’attend à court terme, c’est son aspirant obligatoire, l’Italien Sylvio Branco. MR : En effet. Si son groupe et lui ne se défilent pas, comme ils ont l’ont fait avec Diaconu, Branco est aspirant obligatoire. Je ne suis pas dans le secret des dieux pour ces choses-là, mais on me dit que si Branco veut se battre, le combat va avoir lieu à l’automne. Sinon, nous allons sûrement faire une défense contre quelqu’un d’autre. ZDB : Que penses-tu de Branco? MR : C’est un bon boxeur. Il ne faut pas se laisser aveugler par son âge. Il s’est passé un peu la même chose avec Diaconu. Certaines personnes disaient que Diaconu était puissant, point. Cependant, penser qu’Adrian est fort mais peu habile, c’est tomber dans le panneau. C’est un peu le même principe en ce qui concerne Branco. Il est peut-être vieux (43 ans), mais sa principale qualité est encore sa rapidité. C’est un bon boxeur technique, un peu droit, mais avec des mains vives et un bon jeu de jambes. Il n’est pas nécessairement facile à boxer. ZDB : Alors, qu’est-ce qui te met en confiance? MR : Je pense que Jean est supérieur à Branco en tous points. Même si l’atout principal de ce dernier est sa vitesse de mains et de pieds, Jean fait partie de l’élite de la division sur ce plan. Jean a beaucoup d’outils. Nous allons avoir beaucoup d’options, plusieurs stratégies vont s’offrir à nous. ZDB : Revenons à la préparation du combat Pascal-Diaconu. Le camp s’est déroulé à ton goût? MR : Tout à fait. La seule inquiétude que nous avons eue, c’est que Jean a attrapé un rhume dans les derniers jours. Son nez était bouché la journée de la pesée et il toussait un peu. Nous étions inquiets, mais nous gardions notre calme. Nous avons fait appel à un médecin pour trouver un décongestionnant qui ne contenait pas de substances interdites. Nous avons bien pris le problème en charge, mais de toute façon, une heure avant le combat, tout le monde avait oublié le rhume, y compris Jean. ZDB : Tu me disais avant que nous commencions qu’il est important pour toi que ton boxeur, et par extension son équipe, soit « dans sa bulle » à l’approche d’un combat? MR : Très important. Tout s’est bien passé sur ce plan. Que ce soit à Miami ou à Montréal, je n’ai pratiquement rien lu, rien écouté de ce qui s’est écrit ou dit sur le combat. À notre retour de Floride, on nous a dit que le combat ne recevait pas autant d’attention des médias et du public qu’il le devrait et cela nous préoccupait quand même un peu. Jean a donné un gros show à la conférence de presse d’avant-combat. J’ai néanmoins continué à ignorer l’ensemble des articles et des reportages. Je ne voulais pas laisser mon esprit s’empoisonner. ZDB : Que veux-tu dire par « laisser mon esprit s’empoisonner »? MR : À dix jours ou une semaine du combat, ce n’est plus le temps de se remettre en question. Il faut foncer avec les décisions qui ont été prises. Par exemple, supposons qu’un entraîneur n’est pas certain de la stratégie que le camp adverse va employer parce que ce dernier a trois options valables à sa disposition. À force de lire les déclarations et les analyses dans les médias, l’entraîneur peut se laisser entraîner, consciemment ou inconsciemment, dans une direction

L’entraineur du nouveau champion du monde recevant la bise d’Alexandra Croft! (photo Vincent Éthier)

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précise. Et avoir de mauvaises surprises pendant le combat. Il vaut mieux y aller avec sa propre opinion que de tenter de traiter la masse d’information qui est disponible. On peut se noyer là-dedans. J’aurais quand même pu prendre connaissance de l’opinion des médias tout en restant conscient du fait que je ne devais pas me laisser influencer, mais, vu le risque de néanmoins me laisser imprégner d’informations néfastes, j’ai préféré me tenir loin des journaux, des radios et des sites Web. C’est ce que Jean a fait aussi. En arrivant à Montréal, nous nous sommes enfermés dans un hôtel du centre-ville et y sommes restés jusqu’au combat. Toute l’équipe y était : Jean, moi, le psychologue sportif (Rob Schinke) et Pedro Diaz. Tous les soirs, nous faisions des réunions pour réviser la stratégie. ZDB : Peux-tu de décrire le plan de match qui avait été établi? MR : C’est un peu délicat, car il pourrait y avoir une revanche. Mais il reste que les gens ont pu voir en bonne partie

notre plan de match pendant le combat. L’idée de base, c’est que nous disposions de plus d’outils qu’Adrian, alors nous voulions être prêts pour tout ce qu’il avait à offrir. Au départ, en raison des styles, c’était certain que Jean allait se déplacer et frapper et qu’Adrian allait foncer. Nous savions que ce dernier était encadré par des professionnels intelligents, alors nous nous doutions qu’ils allaient lui conseiller de ne pas passer en cinquième vitesse dès le départ, afin qu’il ait l’énergie nécessaire pour être dangereux le plus longtemps possible. Cette tactique a fonctionné : Adrian a été

dangereux tout le combat. Mais si Adrian avait choisi de se lancer en fou dès le premier round, nous étions prêts pour ça aussi. ZDB : Est-ce que tu t’attends à ce que ce soit ce qu’il essaie s’il y a un combat revanche? MR : C’est sûr qu’Adrian et son équipe vont regarder le combat et essayer d’effectuer des ajustements. Mais que peut-il faire? Il ne peut quand même pas courir après Jean! Si Jean se déplace, Jean se déplace, c’est tout. Le coffre à outils d’Adrian n’est pas assez garni pour qu’il effectue des ajustements susceptibles de transformer le combat en profondeur. De plus, Jean va être confiant, il saura qu’il est le favori. Sans être trop confiant, je vois un combat moins compliqué la prochaine fois. ZDB : Certaines personnes, toi y compris, ont déjà reproché à Pascal sa tendance à s’éloigner de la stratégie préparée. Comment évalues-tu son respect du plan de match? MR : Pendant le camp d’entraînement, Jean faisait exactement ce que nous lui demandions, ce qui m’a rassuré. Il ne restait donc que l’application de la stratégie le jour du combat. J’avais une certaine crainte que l’émotion et la foule lui fasse perdre la maîtrise, mais nous avons fait en sorte qu’il soit le plus concentré possible. Il a bien appliqué la stratégie durant les premiers rounds, puis pendant tout le combat. Je peux dire que son respect du plan de match a dépassé mes attentes. ZDB : Jusqu’à l’annonce de la décision, est-ce qu’il restait un doute dans ton esprit? MR : Non. Même sachant qu’Adrian était le champion et qu’il semblait jouir d’un appui un peu plus enthousiaste de la foule au début du combat, il ne m’est jamais venu à l’esprit que la victoire pouvait aller de l’autre côté. Jean en avait trop fait. Dans un combat de championnat, quand j’ai droit à quatre hommes de coin, le quatrième me sert toujours de juge. Je peux m’aider de son pointage pour déterminer si je demande à mon boxeur d’en faire plus ou au contraire d’être plus prudent. La consigne est de donner les points à l’adversaire s’il y a le moindre doute. Et même en appliquant cette consigne, mon « juge », Pietro Napolitano, nous a donné quatre points d’avance. ZDB : Quels aspects de la boxe de Jean aimerais-tu améliorer, disons dans la prochaine année? MR : Il y a toujours des points à améliorer, c’est certain. Mais je ne veux pas faire connaître ce que je considère comme les faiblesses de Jean [sourire]. Ce que je peux dire, c’est que j’ai une équipe extraordinaire, surtout compte tenu de ma collaboration avec Pedro Diaz. ZDB : Quelle incidence Pedro Diaz a-t-il sur l’équipe?

« Si Adrian avait choisi de se lancer en fou dès le premier round, nous étions prêts pour ça aussi »

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MR : Pour commencer, Diaz est l’entraîneur qui a la plus vaste qualification professionnelle que je connaisse. Il est le plus complet. Il a un doctorat en éducation physique. Il a des notions en médecine et en nutrition. Tout cela en plus d’une feuille de route étoffée qui témoigne de sa science de boxe. Ses méthodes sont très pédagogiques, surtout par rapport au sparring. En Amérique du Nord, les entraîneurs ont tendance à considérer le combat simulé comme un outil de mesure. On s’entraîne, puis on fait un sparring pour voir à quel point le boxeur est prêt pour son prochain combat. Tandis que la méthode cubaine, du moins la méthode de Pedro Diaz, repose davantage sur la pédagogie. Diaz aime fractionner les séances de sparring pour ensuite réunir tous les éléments à la fin du camp d’entraînement. Il fait ainsi en sorte que le boxeur, en l’occurrence Pascal, puisse réagir à tout ce que son adversaire peut lui présenter. ZDB : Peux-tu me donner un exemple de fractionnement? MR : Je vais donner un exemple simple. Pour environ les quatre premiers rounds de combat simulé, nous faisions appel à un boxeur qui était rapide, plus que Diaconu, pour forcer Jean à être extrêmement alerte en début de combat. Il s’agissait généralement d’un des frères Augustama, Azea et Eli, deux talentueux boxeurs d’origine haïtienne. Ensuite, Jean croisait les gants avec David Lemieux, sauf que Jean ne pouvait se servir que de son jab, tandis que Lemieux pouvait l’attaquer à volonté au corps. De cette façon, Jean serait prêt si Diaconu décidait de se concentrer au corps pour le ralentir. Et nous complétions les douze rounds avec Curtis Stevens, un bon bagarreur de 5 pieds 9 pouces qui avance les mains hautes, ce qui lui donne un style similaire à Diaconu.

ZDB : Vous avez donc eu accès à de l’excellent sparring pendant le camp d’entraînement? MR : Effectivement. Avec les Augustama, Lemieux et Stevens, en plus de quelques autres boxeurs qui nous ont donné un coup de pouce de temps en temps, je ne pouvais pas vraiment demander mieux. Pour chaque caractéristique que nous avions relevée chez Adrian, nous avons été en mesure de trouver un boxeur qui lui ressemblait et de lui faire faire du combat simulé contre Jean. Antonin (Décarie) a également profité d’excellents partenaires de sparring. Il a notamment croisé les gants avec Felix Diaz, médaillé d’or chez les super-légers aux Jeux olympiques de 2008, et le Colombien Juan Camilo Novoa (13-3-1, 11 K.-O.), qui a fait match nul avec Lester Gonzalez, espoir cubain invaincu en onze combats, pendant que nous étions là-bas. ZDB : Au sujet de Décarie, on sait qu’il est dans les bonnes grâces de la WBO, mais sa situation demeure nébuleuse. Peux-tu nous expliquer ce qui s’en vient pour lui? MR : Je t’avoue que le fait qu’il soit premier, deuxième ou troisième aspirant nous importe peu. Dans sa catégorie, les vedettes se battent entre elles à l’heure actuelle. Il y a beaucoup d’action. Il est donc important que nous soyons patients. Bien entendu, si on nous fait une offre alléchante, nous allons nous présenter, mais seulement si nous croyons avoir des chances de gagner. Nous n’irons pas seulement chercher un chèque. Il y a notamment un champion – que je ne nommerai pas – que nous croyons être capables de mettre en danger. Mais la bourse doit être intéressante et le moment doit être propice. Bien des choses peuvent se passer. Par exemple, supposons

Marc Ramsay (à gauche) et son équipe portant Antonin Décarie (photo Joel Tripp)

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que Miguel Cotto fasse un combat contre Manny Pacquiao et qu’il doive laisser tomber son titre. Antonin pourrait facilement se retrouver dans un combat pour le titre vacant contre Jesus Soto-Karass ou un autre boxeur du peloton de tête. Bref, la patience est de mise. De plus, si j’avais à choisir, je préférerais qu’Antonin fasse deux ou trois autres combats avant de plonger. ZDB : Qu’as-tu pensé de la prestation de Bizier contre Cesar Soriano? MR : Honnêtement, je ne l’ai pas encore regardée. Les vacances que j’ai prises après le combat de Jean viennent de se terminer. Comme je voulais me concentrer à 100 % sur Jean pendant sa préparation, ce sont mes collaborateurs, Mike Moffa et Pietro Napolitano, qui ont pris Kevin en charge pour le combat. Kevin et son père étaient au courant de la situation. Ils savent que si un jour il se bat en championnat du monde, je vais lui accorder toute mon attention. J’étais aussi conscient que je ne lui donnais pas un rival facile. Soriano était le dernier adversaire de JoJo Dan. Je l’ai quand même donné à Kevin très tôt dans sa carrière, parce que je savais que mon boxeur avait toutes les habiletés pour le battre. Je ne pensais pas que Soriano possédait ce qu’il faut pour mettre Kevin en danger, mais je savais qu’il lui ferait un combat un peu plus difficile. ZDB : Tu as fait preuve d’une certaine confiance en Bizier, parce que tu savais que le combat se déroulerait à l’intérieur et que Soriano est à l’aise à courte distance. MR : Oui, mais je savais aussi que mon gars était très fort à l’intérieur. Je n’étais pas vraiment inquiet. Kevin s’est battu avec des gars beaucoup plus habiles que Soriano sur la scène internationale en boxe olympique. Je sais ce qu’il est capable de faire. Il reste pas mal de travail à faire, mais c’est normal, il est en début de carrière. Je pense qu’on va s’amuser un bon bout de temps avec Kevin. Si j’ai accepté de travailler avec lui, c’est que je pense qu’il peut se rendre au bout du chemin.

ZDB : On sait que tu as récemment commencé à travailler avec deux espoirs colombiens, Eleider Alvarez et Oscar Rivas. C’est un jalon important dans ta carrière? MR : M’associer avec Eleider et Oscar, c’est comme embrayer en deuxième vitesse dans ma carrière d’entraîneur. On dit souvent que les bons entraîneurs font les bons boxeurs, mais les bons boxeurs font aussi les bons entraîneurs. C’est sûr que j’ai travaillé fort pour des athlètes comme Jean et Antonin, mais ils m’ont aussi amené à un certain niveau en tant qu’entraîneur. C’est un travail d’équipe. Pour moi, comme je disais, les deux Colombiens, c’est

un peu la deuxième vitesse. Je vais travailler avec des athlètes qui ont de vastes habiletés naturelles, des pur-sang. Non seulement ils ont du talent, mais ils ont fait leurs preuves en boxe olympique sur la scène internationale. Bref, j’ai l’occasion de travailler avec deux des meilleurs espoirs disponibles sur le marché à l’heure actuelle. Cela me permet assurément de continuer à construire ma carrière d’entraîneur.

« On dit souvent que les bons entraîneurs font les bons boxeurs, mais les bons boxeurs font aussi les bons entraîneurs »

Marc Ramsay et ses nouveaux boxeurs colombiens (Oscar Rivas complètement à gauche et Eleider Alvarez à sa droite) (photo François Couture)

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ZDB : Parle-moi un peu de ce qu’ils montrent en gymnase. MR : Je suis très emballé. Alvarez me rappelle Moncef « Buddy » Askri, sauf qu’il est encore meilleur sur la plupart des points – vitesse, puissance, expérience, etc. Pourtant, je considère Askri, avec Jean Pascal, comme le boxeur le plus talentueux avec qui j’ai travaillé. Je ne vois pas vraiment de limite aux horizons d’Eleider. Rivas fait moins dans la dentelle, son approche est un peu plus brute, mais ses aptitudes demeurent impressionnantes. Il est notamment doté d’une force herculéenne qui lui permet, même s’il n’est pas très grand, de s’imposer physiquement face à n’importe quel rival. Le public va aimer son style sans compromis. Une fois que le gong retentit, il vise la destruction. ZDB : Et le dernier boxeur de ton équipe est le seul à être encore amateur? MR : Oui. Didier Bence est le numéro un chez les super-lourds (plus de 91 kg) au Canada depuis son passage en catégorie ouverte, il y a environ trois ans. De prime abord, c’est son potentiel qui frappe. Il me rappelle un peu Jean au même âge, en ce sens qu’on ne voit pas la limite de ce qu’il pourrait accomplir. Mais il reste beaucoup d’éléments à polir. Pour un gars qui évolue sur la scène mondiale des super-lourds en boxe olympique, il a très peu de combats, une quarantaine. Il faut qu’il prenne de la maturité et de l’expérience. J’adore mon aventure en boxe professionnelle, que j’ai entamée en 2004, mais revenir à la boxe olympique, c’est un peu comme un retour aux sources. Les voyages me manquaient, tout comme le fait d’entraîner en fonction du style amateur. Cela me plaît autant que de guider des professionnels. ZDB : Bence a une compétition d’importance dans quelques semaines, les championnats mondiaux [du 1er au 12 septembre à Milan, en Italie]. Quels sont vos objectifs? MR : J’aimerais qu’il s’installe dans les 8 à 10 premiers. Il faut tenir compte du fait qu’il n’est pas aussi mature physiquement que la plupart de ses adversaires potentiels. Je voudrais qu’il y ait une progression d’ici les Jeux olympiques de Londres en 2012. Qu’il s’impose comme l’un des 10 meilleurs au monde cette année, puis parmi les 5 ou 6 premiers en 2010, pour ensuite faire partie du trio ou du quatuor d’élite en 2011. Si cela se produit, tous les espoirs sont permis pour les Jeux olympiques en 2012. ZDB : Ton poulain fait environ 6 pieds 1 (1 m 85) pour quelque 225 livres (102 kg). Tu as évidemment un parti pris, mais, à la lumière de ce que tu vois en boxe professionnelle et olympique, crois-tu qu’il y a encore de la place pour un athlète de cette taille dans l’élite mondiale? MR : Il y a encore de la place, mais il faut être très mobile de même que fort physiquement pour éviter de se faire épuiser par les mastodontes. Même s’il ne s’agit, en boxe olympique, de combats de trois rounds, neuf minutes avec David Price, qui mesure 6 pieds 8 (2 m 03), ça peut être très long s’il est capable de t’écraser physiquement. En outre, il faut beaucoup d’habiletés naturelles, et c’est le cas de Didier. ZDB : Merci pour le temps que tu nous as donné, Marc. MR : De rien.

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Arturo « Thunder » Gatti 1972-2009 Par Vincent Morin

Gatti le guerrier. Sa trilogie de combats contre Mickey Ward passera à l’histoire.

(photo boxrec.com)

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The Ultimate Blood and Guts Warrior... Si Hong Kong a laissé au monde Bruce Lee comme icône du sport de combat, Montréal aura donné naissance à tout un personnage en Arturo Gatti, un tough s'il en est un!

Celui dont les paupières et les sourcils s’ouvraient et se refermaient comme une fermeture éclair et dont les poings avaient la puissance du tonnerre n'aura laissé personne indifférent, avec des bagarres épiques dignes du pugilat des années 40.

Une inspiration pour la majorité des boxeurs amateurs et professionnels d'ici, Gatti est celui qui nous a fait dire un jour ou l'autre au gymnase : « Encore un autre round, Arturo Gatti ne serait pas en train de chialer qu'il est fatigué! »

Il est le héros moderne des Québécois, celui qui est parti de rien pour réussir aux États-Unis, le Rocky Balboa de tous les jours...le Human Highlight Film.

En fait, il est tellement respecté dans sa ville adoptive d'Atlantic City et un peu partout au pays de l'Oncle Sam que lorsqu’un boxeur livre un combat spectaculaire, on dit qu'il a connu une performance Gattiesque.

Après tout, quatre de ses duels ont été nommés combats de l'année au sud de la frontière (1997, 1998, 2002 et 2003).

Deux fois champion du monde (IBF super-plumes et WBC super-légers), il aura tout de même combattu une fois à Montréal dans sa carrière. Voici donc un petit survol de sa carrière sous forme d'un top 10 des grands combats de celui qui a été un guerrier absolu dans le ring et malgré les circonstances entourant sa mort, un gentleman auprès de ses fans, amis et famille.

Carrière amateur au Québec Certains amateurs de boxe ont connu Arturo Gatti lorsqu’il était un petit homme d’à peine huit ans qui tapait sur les sacs du défunt club de boxe olympique de Montréal, véritable école de champions (Michele Moffa, Vittorio Salvatore et j’en passe), sous la supervision de Dave Campanile. Champion canadien juvénile en 1988 et champion canadien junior en 1990, le point culminant de la carrière amateur du pugnace bagarreur originaire de la région de Calabre en Italie, mais qui a grandi à Montréal-Nord, aura été une participation au Championnat du monde junior à Lima au Pérou en 1990. Évoluant à l’époque chez les poids coqs (54 kg), il avait été défait aux points à son premier combat par le Portoricain Gilberto Otero. New Jersey, terre d’accueil pour Thunder

Bien qu’il était destiné à monter chez les seniors de l’équipe olympique canadienne, Arturo Gatti a plutôt décidé de suivre son frère Joe au New Jersey afin de fouler les rings de la boxe monnayée.

Le 10 juin 1991, il débutera ce qui sera une illustre carrière professionnelle avec une victoire par T-.K-.O. sur Jesus Rodrigues. Il a monté graduellement les échelons de la boxe professionnelle de 1991 à 1994, malgré une courte défaite par décision partagée le 17 novembre 1992 au légendaire Blue Horizon de Philadelphie face à un boxeur qui ne passera pas à l’histoire (King Salomon).

Il obtiendra son premier titre régional (titre USBA des super-plumes) grâce à une victoire par décision unanime en 12 rounds sur l’Américain Peter Taliaferro. Il défendra ce titre deux fois et remportera trois combats à un poids plus élevé avant de se voir offrir la chance qu’il souhait : livrer un combat de championnat du monde.

Le champion IBF des super-plumes (130 livres), Tracy Harris Patterson, est moins célèbre que son père adoptif (l’ancien champion poids lourd Floyd Patterson), mais est tout de même un champion solide et expérimenté, avec 58 combats derrière la cravate avant de croiser le fer avec Gatti. Thunder lui ravira la ceinture grâce à un gain par décision unanime,

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dans une belle bataille. Ce combat lui donnera un contrat télévisuel avec le réseau de télévision HBO, qui éventuellement l’amènera au statut de semi-dieu du ring en territoire américain.

Voici les principales bagarres diffusées qui demeureront gravées comme des classiques pugilistiques.

Quatre combats de l’année et demi

*-1996 vs Wilson Rodriguez, MSG Theater, New York, New York : Ce combat, en nomination comme combat de l’année par The Ring Magazine, a été un vrai feu d’artifice. Seulement devancé par le choc Mike Tyson/Evander Holyfield 1 selon la prestigieuse publication, le duel Gatti/Rodriguez a été court mais explosif. Pour plusieurs, c’était le combat de l’année en 1996.

Au tapis au deuxième assaut, perdant en plus un point pour coup bas au cinquième round, Thunder réplique et envoie son adversaire au tapis avec un crochet de gauche au foie. Rodriguez se relève et compter se bagarrer. L’œil droit complètement bouché et mené aux points, Gatti, fils adoptif de Jersey City, termine le combat d’un coup de tonnerre à la sixième reprise : un crochet de gauche au menton.

Il s’agissait de la première défense du titre mondial IBF des poids super-plumes (130 livres) pour Gatti. C’est également ce combat qui allait lui attirer le regard des partisans : c’était le premier combat télévisé du Montréalais d’origine italienne sur le réseau HBO.

-1997 vs Gabriel Ruelas, Ceasar’s Hotel & Casino, Atlantic City, New Jersey : Officiellement le premier combat de l’année au palmarès d’Arturo Gatti, ce combat a été à son image : intense et haut en rebondissements.

Dans une guerre de tranchée, Gatti retiendra pour une dernière fois sa couronne IBF des poids super-plumes avec une victoire arrachée d’une claque. Sonné par un uppercut au quatrième round, la coqueluche d’Atlantic City a reçu pas moins de 15 coups de puissance consécutifs avant de voir la cloche sonner. Alors que le combat est à couper le souffle et que c’est égal au pointage, Gatti laissera une autre fois le tonnerre frapper au cinquième engagement. Un crochet de gauche cueillera Ruelas et le marchand de sable accompagnera l’ancien champion d’origine mexicaine au pays des rêves.

Gatti a également obtenu l’honneur du K.-O. de l’année par The Ring Magazine pour ce combat.

-1998 vs Ivan Robinson 1, Convention Hall, Atlantic City, New Jersey: Revenant d’une défaite par coupure face à Angel Manfredy, Arturo Gatti voulait revenir sur le chemin de la victoire. Il allait croiser un compétiteur féroce en la personne d’Ivan Robinson, un poids léger ultra rapide de Philadelphie. La première rencontre entre les deux belligérants a été carabinée du début à la fin.

Si Robinson a porté plus de coups à Gatti qu’il en a reçu, il a visité le tapis au quatrième round et s’est fait solidement sonner les cloches au dernier round, finissant le combat de peine et de misère, avec les jambes aussi molles qu’Amy Winehouse pourrait avoir après une cuite. Le Montréalais a perdu une décision partagée, mais son effort n’aura pas été vain, puisque The Ring Magazine nommera le duel combat de l’année. Il aura également une revanche face à ce même Robinson (défaite par décision quatre mois plus tard).

-2002 vs Mickey Ward 1, Mohegan Sun Casino, Uncasville, Connecticut: Quand l’essence et le feu se croisent, l’explosion survient naturellement. Voici donc ce qui allait être, selon plusieurs amateurs et journalistes, le combat du siècle… et le début d’une trilogie. De l’avis même de l’auteur de ces lignes, ce choc a été ce qui s’est fait de plus dramatique, brutal et mémorable en boxe professionnelle.

Quand on pense au mot bagarre, le premier duel entre Gatti et Ward devrait être assigné au dictionnaire Larousse comme définition. Le ring aura été, le 18 mai 2002, le témoin d’une fiesta enchaînant cuir, sang, sueur, intensité, ténacité et férocité. Rarement a-t-on vu autant de volonté de gagner dans un combat. Il fallait toutefois s’en attendre, puisque les deux bagarreurs étaient reconnus comme étant pugnaces.

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Gatti visita le tapis avec un crochet de gauche au foie, la marque de commerce de Ward, au neuvième assaut. Après avoir tout encaissé ce que Irish Mickey avait à lui envoyer, le Phoenix, nouveau surnom de Gatti après ce combat (pour sa capacité à toujours revenir dans un duel même en extrême difficulté), est revenu avec ses charges, remportant même le 10e et dernier round de l’affrontement.

Ward a remporté une décision partagée, mais personne n’a vraiment perdu ce soir du 18 mai, ni Gatti, ni les partisans qui ont assisté à cette historique bataille.

-2003 vs Mickey Ward 3, Boardwalk Hall, Atlantic City, New Jersey : Bien qu’Arturo ait remporté plutôt facilement le deuxième affrontement entre les deux guerriers, comme Ward avait gagné le premier combat, un troisième duel a donc eu lieu question de déterminer un vainqueur de ce deux de trois, pour le grand plaisir des amateurs de boxe.

Contrairement au deuxième affrontement, où l’Américain de descendance irlandaise a visité le tapis, c’est Gatti qui ira au sol dans ce troisième épisode pugilistique sanglant. Toutefois, malgré cette chute et une main brisée dès la quatrième reprise, le combatif athlète du groupe Main Event remportera une décision unanime. Il aura toutefois dû puiser dans ses réserves pour venir à bout d’un Mickey Ward tenace, comme à l’habitude.

Mot de la fin

Si je n’ai pas personnellement la prétention de faire un mot de la fin pour Arturo Gatti, un véritable gladiateur des temps modernes qui m’aura fait vivre toutes sortes d’émotions, particulièrement lors de sa seule présence à Montréal, le chroniqueur de boxe du réseau de télévision américain ESPN, Dan Rafael, a su le dire en ondes, le 17 juillet dernier :

« Il était sans aucun doute le combattant le plus spectaculaire de notre génération et probablement un des trois boxeurs amenant le plus d’action dans le ring de tous les temps. »

Repose en paix champion

(photo Vincent Ethier)

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25 surnoms de boxeurs par Pascal Roussel Pour ce 25e numéro de votre magazine de boxe préféré, nous avons pensé vous offrir cette liste. Comment définit-on un bon surnom? Un bon surnom de boxeur doit répondre, selon nous, à au moins un des critères suivants :

démontrer un côté de la personnalité du boxeur, par exemple Dale « Cowboy » Brown; avoir une bonne sonorité, comme par exemple « Double Trouble » pour Sébastien Demers ou « The Real Deal »

pour l’américain Evander Holyfield; démontrer un aspect des qualités pugilistiques du boxeur, comme « l’ouragan » pour parler d’Eddy Melo dans les

années 70-80 ou Arturo « Thunder » Gatti; être utilisé par l’annonceur sur le ring; être original sans être trop extravagant.

Comment définit-on un surnom qui ne fonctionne pas?

Les surnoms qui viennent de la vie du boxeur en dehors de la boxe sont souvent une mauvaise idée, comme par exemple « Ti-Joa » pour Joachim Alcine.

Un surnom qui sonne tout simplement mal est une mauvaise idée. Un surnom qui ne reflète pas du tout les qualités pugilistiques d’un boxeur ou qui ne reflète pas sa personnalité

est encore une fois une mauvaise idée.

Notre top 5 Yvon Durelle, The Fighting Fisherman : Voici un surnom qui sonne bien et qui représente la personnalité de ce boxeur acadien qui a grandi dans un petit village de pêcheurs. Le 10 décembre 1958, Durelle est opposé à Archie Moore au Forum de Montréal, dans l’un des combats les plus mémorables de l’histoire de la boxe professionnelle au Canada. Il est membre du Temple de la renommée du sport canadien et du Temple de la renommée de la boxe canadienne. Arturo Thunder Gatti : Gatti frappait comme le tonnerre, demandez à Joey Gamache et d’autres adversaires si vous avez besoin d’une confirmation. Et son entrée sur Thunderstruck de AC/DC complétait le tout. Un surnom parfait! Sébastien Double Trouble Demers : Le surnom de Sébastien est dû à un annonceur de ring qui se sentait très inspiré un soir de décembre 2003. C’était lors d’une compétition chez les amateurs, un duel Ontario-Québec à Saint Catharines. . L’annonceur avait inventé des surnoms pour tous les boxeurs en compétition, dont Double Trouble pour Demers. Le surnom lui est resté, il l’utilise depuis ce jour. Excellente sonorité et surnom agressif et représentatif pour Demers. Adrian The Shark Diaconu : Adrian nous a déjà expliqué en entrevue au magazine qu’il avait choisi ce surnom quand il est passé professionnel. Quelqu’un lui avait dit qu’il devait se trouver un surnom et à ce moment-là, il portait un chandail avec un requin dessus. Ce fut aussi simple que ça. Chez les amateurs, Diaconu avait comme surnom The Barbarian, mais il ne l’aimait pas vraiment. The Shark représente bien le style de boxeur qu’est Adrian. Walid La tempête de sable Smichet. Ce surnom en est un que nous affectionnons particulièrement! Il provient d'un concours organisé sur le forum de discussion du site Web de la Zone de Boxe! Il représente à la fois le style de boxeur qu’est Walid et fait aussi référence à ses origines tunisiennes.

Yvon Durelle, The Fighting Fisherman (photo cqb.ca)

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Ceux qui passent le test Robert Cléroux, Le Bœuf de Chomedey : Surnom très représentatif de cet ancien champion canadien des poids lourds (1960-1962) qui est aussi intronisé au Panthéon des sports du Québec. Dale Cowboy Brown : Ce surnom qui sonne bien représentait de belle façon ce boxeur venu de l’Ouest canadien pour faire carrière à Montréal. Et ses entrées avec son chapeau de cowboy rendaient tout cela plus éclatant! Léonard Dorin, Le lion : Ce surnom le représentait bien. Surnom agressif, court et qui sonne bien. De plus, ce surnom s’utilisait aussi bien en anglais qu’en français. Ali L'ange du ring Chebah : Ce surnom, qui a aussi été utilisé par Donato Paduano au Québec dans les années 70, a été attribué à Chebah par son entourage pour la simple et unique raison qu’il a une gueule d’ange. Pas le meilleur surnom du monde, mais juste assez pour être dans notre liste de ceux qui passent le test. Adam Green, The Green Machine : Le québécois anglophone Adam Green n’est pas le seul à utiliser ce surnom. Pensons seulement à l’australien Danny Green venu affronter Éric Lucas à Montréal en décembre 2003. Nous aimons l’allitération de ce surnom. Otis Magic Grant : Otis nous a raconté l’origine de son surnom. Plus jeune, son sport préféré était le basketball et son joueur préféré était Magic Johnson des Lakers de Los Angeles. Il jouait au basketball dans la rue et parfois, il essayait d’apprendre quelques trucs à son entraîneur de boxe de l’époque, Russ Anber. Et Russ, qui était beaucoup moins bon (voir même très mauvais selon Otis!), s’est mis à l’appeler Magic. Le surnom lui est toujours resté. Ce surnom sonne très bien et cadre aussi avec le style de boxe qu’utilisait Otis. Étant gaucher, ses adversaires ne voyaient probablement pas toujours venir les coups de Magic! Lucian Le tombeur Bute : Ce surnom est à double sens. Il fait tomber ses adversaires sur le ring, mais avec son charme, il fait aussi tomber les femmes. Par contre, il semble que Bute ne voudrait plus l’utiliser car l’équivalent roumain

a un sens différent que Lucian n’aime pas. Adonis Superman Stevenson : Un peu prétentieux comme surnom, n’est-ce pas? Il faut avoir du culot pour porter ce surnom, mais avec sa fiche vierge jusqu'à présent, personne n’a pu encore lui reprocher. Avec son entrée sur la musique de Superman, il sait attirer l’attention. Son surnom provient du temps où il était amateur. Il avait participé en Ontario à une compétition Canada vs Écosse. Stevenson affrontait le champion écossais Craig McEwan (maintenant pro, fiche de 16-0, entraîné par Freddie Roach et ayant GBP comme promoteur). Adonis a remporté le duel. Les spectateurs l’ont interpellé après le combat comme le « Black Superman ». Et depuis ce jour, il utilise Superman comme surnom. Eddy Melo L'ouragan : Les gens le surnommait L’ouragan, car il était doté d’une grande rapidité et il lançait ses coups en rafale. Ce boxeur a connu des débuts fracassants avant de rafler le Championnat canadien des

poids moyens en mars 1979, à l'âge de 17 ans. Par contre, sa carrière sur le ring se termina très rapidement : à l’âge de 25 ans, il accrocha les gants avec ses meilleures années déjà derrière lui. Patrice Le granit L'Heureux : Le granit est quelque chose de solide. Et Patrice travaille pour une compagnie de granit à Grand-Mère. Voilà la plus simple explication pour cet étrange surnom de l’ancien champion poids lourds du Canada (2004-2006).

Robert Cléroux, le Bœuf de Chomedey a une fiche de 2-1 contre George Chuvalo (photo boxrec.com)

Eddie Melo, l’ouragan (photo boxrec.com)

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Stéphane Brutus Tessier : Lorsqu’il faisait du kick-boxing, son entraîneur l’avait surnommé Brutal, qui s’est par la suite transformé en Brutus. Simple et efficace comme surnom. Hermann La panthère noire Ngoudjo : Ce surnom lui a été attribué par ses parents quand il était jeune. D’habitude, les surnoms venant de l’extérieur de la boxe ne sont pas très adaptés à la boxe, mais ce n’est pas le cas ici. Surnom agressif qui représente bien Hermann. Par contre, il n’est pas le seul à utiliser ce surnom. L’australien Lovemore N’dou l’utilise aussi.

Bermane B-Ware Stiverne : Ce boxeur ayant grandi à Montréal mais évoluant maintenant aux États-Unis sous Don King nous amène un surnom amusant. « Beware » signifie en français prendre garde. Stiverne, reconnu pour sa force de frappe et ses K.O., a un nom qui le représente bien et qui est original. Troy The Boss Ross : Le champion de la dernière série « The Contender », dont les droits appartiennent en partie à GYM, possède un surnom dont nous aimons la sonorité, l’allitération. Surnom qui veut tout dire : il est le patron sur le ring, que ses adversaires le sachent! Les flops ou ceux qui ne fonctionnent tout simplement pas! Olivier Lontchi, La tradition : Lorsque nous lui avons demandé d’où venait ce surnom, Olivier nous expliqua que ce surnom est sorti à la suite d’une discussion avec Otis Grant sur la culture camerounaise. Depuis, il l’utilise de temps en temps. Malgré cette belle explication, pour nous ce surnom ne fonctionne pas. On ne peut pas utiliser un surnom seulement à l’occasion. De plus, il ne veut pas dire grand chose et ne sonne pas bien. Éric Lucas, Lucky Luke : Ce surnom était issu d'un concours sur RDS.ca. Lucas ne l’a utilisé que quelques combats et il l’a ensuite rapidement laissé tomber. Mis à part la ressemblance avec son nom, il ne ressemblait en rien au boxeur.

Stéphane Ouellet, Le poète : Le surnom du poète semblait plus désigné pour décrire Ouellet en dehors du ring. Les annonceurs sur le ring ne l’ont jamais vraiment utilisé. Il représentait bien la personnalité de Ouellet, mais avouons qu’il n’avait rien de bien effrayant pour l’adversaire! Vers le début de sa carrière, les annonceurs ont aussi quelques fois présenté Ouellet comme « l'espoir blanc ». Cependant, Ouellet lui-même détestait ce prétentieux surnom et il a demandé qu’on arrête de l’utiliser. Joachim Ti-Joa Alcine : Comme nous l’avons mentionné plus haut, les surnoms qui nous viennent de nos amis en dehors du ring sont rarement adéquats. Et Ti-Joa en est la preuve. Ce surnom ne représente pas ses qualités, ne sonne pas très bien et n’est surtout pas effrayant pour l’adversaire. Dierry Jean, Douggy ou Douggystyle : Pour ce qui est de Douggy, on

peut imaginer facilement que ce surnom vient de ses amis. Pas très représentatif ou intimidant pour l’adversaire. Pour ce qui est de Douggystyle, contentons-nous de l’explication polie qu’il a déjà donné au Canal Vox : il a du style quand il boxe… Nous suggérons à ses adversaires de ne pas ramasser leur protecteur buccal s’ils l’échappent sur le ring! Pier-Olivier Côté, Apou : Ce surnom lui vient de l’école secondaire. Quelqu’un l’a tout simplement interpellé comme ça et ce surnom lui est resté. Très amusant pour un surnom entre amis, mais complètement ridicule pour ce qui est d’un surnom de boxeur!

Bermane B-Ware Stiverne, le 11 juillet 2008 au Stade Uniprix (photo Richard Cloutier)

Stéphane Ouellet, le poète (photo Herby Whyne)

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GYM enrôle deux espoirs colombiens

Par Pascal Lapointe [email protected] NDLR : Cet article a été produit à partir de texte publiés sur le site Web de La Zone de Boxe le 20 mai dernier. À compter des championnats du monde de boxe amateur 2007, le Groupe Yvon Michel (GYM) a mené un programme de recrutement international dont le public savait peu de choses, exception faite de l’échec des démarches du promoteur auprès du Russe Matvey Korobov. Au printemps 2009, soit plus de six mois après les Jeux olympiques 2008 à Pékin, les efforts n’avaient toujours débouché sur aucune réalisation concrète, et il y avait lieu de croire qu’ils ne conduiraient peut-être à rien, à court ou à moyen terme. Mais la situation a changé du tout au tout à la mi-mai, lorsque La Zone de Boxe a appris que GYM avait mis sous contrat deux Colombiens remplis de promesses. En effet, Eleider Alvarez et Oscar Rivas ont abouti début mai à Montréal, via le Venezuela, après avoir quitté le camp d’entraînement de leur équipe nationale.

Alvarez, 25 ans, a terrorisé les mi-lourds des Amériques au cours des deux dernières années. Doté d’une force de frappe peu commune, il a en effet décroché l’or à 81 kg aux Jeux panaméricains en 2007 et aux championnats panaméricains en 2008, battant chaque fois le représentant cubain. Il a aussi participé l’an dernier aux Jeux olympiques de Pékin. À son premier combat, il s’est incliné au départage (le pointage était de 5-5 à l’issue des quatre rounds) devant l’Anglais Tony Jeffries, qui a finalement remporté une médaille de bronze. Selon Marc Ramsay, qui sera l’entraîneur-chef des deux boxeurs, « les principaux atouts d’Alvarez sont sa force de frappe et son agressivité. Ses habiletés sont au-dessus de la moyenne, son expérience de la compétition de haut niveau est au-dessus de la moyenne et sa puissance est vraiment au-dessus de la moyenne. Il a donc pu enregistrer d’excellents résultats dans les tournois internationaux, même si son style bagarreur était mal adapté à la boxe amateur. »

Pour sa part, à seulement 21 ans, Rivas est un peu la version colombienne de Didier Bence, champion canadien de boxe olympique dans la catégorie des plus de 91 kg qui, lui aussi dans la jeune vingtaine, est promis selon les observateurs à un bel avenir. Rivas montre un impressionnant dossier compte tenu de son âge. De plus, « les boxeurs de son gabarit qui ont de telles aptitudes sont très rares », affirme Ramsay. L’on peut prétendre que le principal fait d’armes de Rivas est sa conquête du championnat panaméricain 2008 aux dépens, en finale, du solide Cubain Roberto Alfonso. Cependant, on pourrait aussi souligner sa deuxième place aux Jeux panaméricains de 2007 ou son parcours olympique qui l’a mené à un combat de la ronde des médailles; il a toutefois été victime de la poussée irrésistible de celui qui allait décrocher la médaille d’or, l’Italien Roberto Cammarelle. Bernard Barré, qui à titre de vice-président de GYM est chargé du recrutement pour le promoteur, n’est pas peu fier de ses deux nouveaux poulains : « Marc [Ramsay] et moi les avions dans le collimateur depuis longtemps. Nous les avons suivis des championnats du monde de Chicago aux Jeux olympiques de Pékin, en passant par les tournois de qualification de Port of Spain et de Guatemala. Ce sont des boxeurs de haut calibre, pour qui la transition à la boxe professionnelle ne sera pas difficile parce qu’ils sont portés sur l’attaque. Alvarez a une “grosse claque” et son style me rappelle celui d’Eddy Melo, en plus talentueux. Pour ce qui est de Rivas, à

Eleider Alvarez (Photo François Couture)

Oscar Rivas (Photo François Couture)

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21 ans et avec une telle force physique, son potentiel saute aux yeux. Il a déjà battu le Cubain Alfonso et, à Pékin, il a été le seul boxeur à vraiment donner de la difficulté à Cammarelle. » Alvarez et Rivas ont signé avec GYM des contrats de 3 ans, dont une année d’option, prévoyant en tout quelque 18 combats. Mais comment, au juste, se sont-ils retrouvés à Montréal? La question est pertinente, et l’histoire mérite d’être racontée... Bien branchés sur la scène amateur, Ramsay et Bernard ont collaboré à un projet qui a débouché, dans la foulée des Jeux olympiques de 2008, sur l’établissement d’un palmarès des 15 boxeurs amateurs les mieux outillés pour effectuer la transition à la boxe professionnelle. Comme il s’agissait de recruter des athlètes pour GYM, ne figurait sur la liste aucun pugiliste issu de Cuba, totalitarisme oblige, ou de pays où la boxe professionnelle est trop bien structurée pour que les vedettes locales envisagent de s’expatrier afin de faire carrière, comme Puerto Rico, la Grande-Bretagne et bien entendu l’Allemagne et les États-Unis. Dans les mois qui ont suivi les Jeux de Pékin, la première cible définie par les deux acolytes, le Russe Matvey Korobov, a échappé à GYM lorsqu’il a choisi de signer une entente avec une organisation américaine. Les négociations avec leur deuxième choix, dont nous ne pouvons révéler l’identité parce que son passage chez les professionnels n’est pas encore chose faite, ont aussi achoppé. Il fallait donc passer aux prochains noms dans le palmarès. Quelques boxeurs faisaient l’objet d’évaluations similaires, mais un facteur en particulier a aiguillé les actions de Barré et Ramsay : le fait qu’ils savaient que la filière colombienne comportait deux espoirs de haut niveau plutôt qu’un seul, soit Rivas et Alvarez. Parallèlement à leurs démarches, un heureux hasard a huilé les engrenages. En octobre et novembre 2008, Ramsay a supervisé la préparation de son protégé, Jean Pascal, qui allait tenter de devenir titulaire mondial WBC aux dépens de Carl Froch. L’un des partenaires d’entraînement du Lavallois était le vétéran colombien et dur cogneur Epifanio Mendoza. Les conversations entre Ramsay et lui ont fini par porter sur Alvarez et Rivas, Mendoza affirmant que ses deux compatriotes étaient de bons amis et Ramsay expliquant que GYM serait intéressé à les faire boxer au Québec. Au fil des mois, les contacts n’ont jamais été rompus, ni entre GYM et Mendoza, ni entre ce dernier et les deux boxeurs amateurs. Mais c’est lorsque Ramsay a appris qu’un représentant d’une organisation de boxe de la côte Est américaine se trouvait à Barranquilla, où s’entraînaient les membres de l’équipe nationale colombienne, que les événements se sont bousculés : les modalités de l’offre de GYM ont rapidement été communiquées à Alvarez et Rivas. C’était à la mi-avril. L’histoire a alors pris une tournure digne d’une série imaginée par Réjean Tremblay! Sur la foi d’une simple offre verbale, les deux Colombiens ont pris tout le monde par surprise et ont immédiatement déserté leur équipe nationale. Ils se disaient que le Canada serait peut-être un meilleur endroit pour faire carrière que leur pays natal, puisque la boxe colombienne est en bonne partie sous le joug d’individus peu recommandables. On raconte par exemple que certains des boxeurs professionnels les plus en vue du pays font l’objet d’un racket et doivent en remettre aux auteurs une part plus qu’appréciable de leurs bourses. L’activité est lucrative et ceux qui en profitent auraient sans doute été fort contrariés d’apprendre que deux des plus beaux fleurons du programme olympique national avaient mis le cap sur le Canada. À Barranquilla, Alvarez et Rivas ont donc pris contact avec Mendoza, qui les a conduits à Bogotá, capitale du pays. Là-bas, les boxeurs ne se sentaient toujours pas suffisamment à l’aise pour passer plusieurs jours à attendre que les formalités administratives nécessaires à leur entrée au Canada soient remplies. « Je me sentais comme Marcel Aubut », raconte avec humour Ramsay évoquant le « passage à l’Ouest » des frères Stastny au tournant des années 80. Rivas, Alvarez et Mendoza ont donc sauté dans un autobus à destination de Caracas, au Venezuela. Comme quoi rien n’allait être simple pour les pugilistes et leur accompagnateur, le véhicule a fait l’objet d’une opération policière qui a mené à l’arrestation d’un des passagers, qui tentait d’introduire de la drogue au Venezuela! Par pur hasard, Rivas, Alvarez et Mendoza sont tombés à Caracas sur Memin Ramos, principal contact de GYM au pays de Hugo Chavez. Il a accueilli le trio chez lui le temps que les documents pertinents soient délivrés, ce qui a finalement été fait le lundi 4 mai. Trois jours plus tard, toujours accompagnés de Mendoza, Alvarez et Rivas ont atterri à l’aéroport de Dorval, après un vol de dix heures avec escale à Mexico, prêts à vivre leur rêve de gagner leur vie, voire de devenir riches et célèbres – et champions du monde –, grâce à la boxe. La première question qu’ils ont posée est : « C’est quand notre

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premier combat? ». Étant donné que GYM organise relativement peu d’événements pendant l’été, ils ont dû patienter pendant plus de trois mois, mais tout est maintenant en place : Oscar Rivas et Eleider Alvarez deviendront officiellement des boxeurs professionnels le 28 août prochain.

Alvarez et Rivas, deux espoirs de haut niveau colombiens (Photo François Couture)

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Profession : Promoteurs de boxe d’envergure internationale Par Maxime Chartrand Jusqu'à tout récemment, la boxe professionnelle était en majeure partie contrôlée par une poignée de promoteurs riches et puissants tels que Bob Arum (Top Rank) et Don King (Don King Productions). Puis, au tournant du nouveau millénaire, débuta l’émergence des boxeurs/promoteurs, avec en tête de liste la mégastar Oscar De La Hoya (Golden Boy Promotions) et les frères Klitschko (K2 Promotions). L’arrivée en scène de ces pugilistes devenus hommes d’affaires changea le statu quo. En quelques années seulement la balance du pouvoir fut modifiée de façon significative. Certains promoteurs légendaires se virent reléguer en arrière-plan alors que les nouvelles recrues se frayèrent un chemin vers le sommet. Afin de démystifier la hiérarchie actuelle, nous avons crû bon de vous concocter une liste des dix promoteurs les plus importants de la planète. Top Rank : Le Parrain. Top Rank a vu le jour en 1973. Son fondateur, Bob Arum, est sans contredit l’un des plus puissants et prolifiques promoteurs que la boxe n’ait jamais connus. Il peut se vanter d’avoir mis sur pied plus de 9000 combats dans pas moins de 22 pays durant une carrière s’échelonnant sur plus de 40 ans. Surnommé le « Bobfather » à cause de son immense influence dans le milieu de la boxe et des tactiques souvent peu catholiques qu’il utilise pour arriver à ses fins, Bob Arum a participé à la présentation de la majorité des plus grands combats que la boxe ait connus depuis les années 70. La liste des boxeurs qui ont fait partie de l’écurie de Top Rank est sans égale. On y retrouve des noms tels que Muhammad Ali, Joe Frazier, George Foreman, Larry Holmes, Sugar Ray Leonard, Roberto Duran, Thomas Hearns, Marvin Hagler, Carlos Monzon, Oscar De La Hoya, Manny Pacquiao et Floyd Mayweather fils. L’édition actuelle de l’écurie Top Rank n’est pas en reste. Elle compte plus de 75 boxeurs dont quelques-uns des meilleurs du monde, comme Manny Pacquiao, Miguel Cotto et Kelly Pavlik.

Bob Arum et Oscar de La Hoya, deux des plus

importants promoteurs sur la planète

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Golden Boy Promotions : La poule aux œufs d’or. Fondé en 2001 par la superstar Américaine Oscar De La Hoya et l’homme d’affaires californien Richard Schaefer, Golden Boy Promotions a connu une ascension fulgurante. Après seulement 5 années d’existence, la jeune entreprise a établi un record en vendant à elle seule plus de 2 millions de combats à la carte pour des revenus excédant 100 millions de dollars. Fort du succès initial de son entreprise. De La Hoya n’a pas tardé à collaborer avec d’autres boxeurs cherchant eux aussi à devenir maîtres de leur destin. C’est alors que Bernard Hopkins, Shane Mosley et Marco Antonio Barrera se sont joints à l’équipe. Par la suite, Golden Boy Promotions s’est associée avec Ricky Hatton (Punch Promotions), Ronald Wright (Winky Wright Promotions), Jeff Lacy (Left Hook Promotions) et David Haye (Hayemaker Promotions). En 2008, Golden Boy Promotions a continué à s’implanter dans le monde de la boxe en mettant la main sur le magazine The Ring, véritable bible du noble art depuis plus de 87 ans. Puis, au mois de mai dernier, on a annoncé la création du « Fight Night Club », série d’événements mensuels présentés sur les ondes de VERSUS mettant en vedette les jeunes espoirs de l’écurie De La Hoya. Avec plus d’une cinquantaine de boxeurs dans son écurie, dont de nombreuses vedettes comme Floyd Mayweather fils, Shane Mosley, Juan Manuel Marquez et Manny Pacquiao (copromotion avec Top Rank), l’avenir de la compagnie est assurée malgré la retraite de De La Hoya.

Gary Shaw Productions, LLC : Le négligé. Gary Shaw a fait son entrée dans le monde de la boxe en 1971 en tant qu’inspecteur pour le département des contrôles de la régie des sports du New Jersey. Après 28 ans au sein de celle-ci, Gary Shaw s’est joint à Main Events en 1999 en tant que chef des opérations. Puis, en 2002, il a fondé sa propre compagnie de promotion. Gary Shaw Productions, forte de la très grande expérience de son fondateur, n’a pas tardé à s’imposer dans le milieu de la boxe. Plusieurs boxeurs spectaculaires se sont joints à l’équipe, dont Rafael Marquez et le regretté Diego Corrales. Ceux-ci ont été impliqués dans les combats de l’année en 2005, 2007 et 2008. L’écurie de Gary Shaw compte plus d’une vingtaine de boxeurs talentueux, y compris Vic Darchinyan, Tim Bradley, Chad Dawson et Andre Dirrell. Ces derniers combattent de façon régulière sur les grandes chaînes câblées américaines HBO et Showtime. Il ne fait aucun doute que Gary Shaw Productions occupe une place de choix dans le milieu, même si elle est souvent oubliée lorsque l’on mentionne les grosses pointures de la boxe. Son écurie de boxeurs est caractérisée par un équilibre presque parfait entre champions du monde et jeune boxeurs prometteurs.

Gary Shaw et le regretté Diego Corrales

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Sauerland Events : Le magouilleur.

La première aventure de Wilfried Sauerland en boxe professionnelle n’a pas eu lieu en Allemagne comme certains pourraient le croire. À l'époque, Sauerland était un prospère homme d'affaires comptant une demi-douzaine d'usines d'embouteillage dans autant de pays du continent africain. C’est ainsi que Wilfried Sauerland a mis sur pied son premier gala de boxe dans la ville de Lusaka, capitale de Zambie, le 30 septembre 1978. Une trentaine d’années plus tard, Sauerland est reconnu comme l’un des promoteurs de boxe les plus influents de la planète. Si influent qu’on le pointe souvent du doigt, à tort ou à raison, lorsqu’il y a de la magouille. On peut se rappeler la décision très controversée du combat Lucas-Beyer en 2003. Et, plus récemment, le combat Valuev-Holyfield, qui a créé des remous des deux côtés de l’Atlantique. Une chose est certaine, Sauerland est un sacré homme d’affaires. Son expérience et ses grands moyens financiers en font un promoteur redoutable. Le seul bémol à sa fiche est qu’il n’a toujours pas réussi à percer le marché nord-américain. L’écurie de Sauerland Events compte une trentaine de boxeurs dont trois champions du monde (Arthur Abraham, Nicolai Valuev et Cecilia Braekhus). Sans oublier le médaillé d’or des Jeux olympiques d’Athènes chez les poids super-lourds, Alexander Povetkin. Dibella Entertainment : La grande gueule.

Lou Dibella a été directeur de la programmation des sports de la chaîne câblée HBO durant près de onze ans avant de se lancer dans l'aventure de la promotion de boxe. En quittant HBO, Dibella a laissé derrière lui un héritage encore visible à se jour. C'est lui que nous devons remercier pour la création de « Boxing After Dark », la populaire série du samedi soir mettant en vedette les jeunes espoirs de la boxe professionnelle. Dibella Entertainment a été fondée en 2000 quelques mois à peine après que Dibella a quitté HBO. Durant les années qui ont suivi, la jeune compagnie n’a pas tardé pas à s'imposer avec la mise sous contrat du champion unifié des poids moyens, Bernard Hopkins, et d'un jeune espoir à peine sorti des Jeux olympiques de Sydney, Jermain Taylor.

À l’heure actuelle, Dibella Entertainment compte plus d'une trentaine de boxeurs sous son aile. Alors que certaine grosses pointures telles que Jermain Taylor et Paul Malignaggi ont perdu des plumes, plusieurs autres jeunes de talent, comme Andre Berto, Kermit Cintron et Allan Green, se sont récemment illustrés. Bien que son tempérament bouillant lui ait valu la réputation d'une grande gueule qui pète souvent les plombs, Lou DiBella a tous les outils nécessaires pour assurer la prospérité de son entreprise.

Le promoteur allemand Wilfried Sauerland. (photo boxrec.com)

Lou DiBella (à droite) et un de ses boxeurs, Paulie Malignaggi

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Don King Productions : Le roi déchu. Don King est sans aucun doute le promoteur le plus charismatique et le plus célèbre de l’histoire de la boxe. Son imposante stature, sa tignasse grise et son style flamboyant en font un personnage plus grand que nature. King a effectué une entrée fracassante en boxe professionnelle en 1974 avec la mise sur pied du désormais célèbre « Rumble in the Jungle », qui a mis aux prises Muhammad Ali et le champion poids lourd George Foreman. L’année suivante il a présenté « The Thrilla in Manilla », opposant pour une troisième fois Muhammad Ali à Joe Frazier. Après une trentaine d’années à l’avant-scène de la boxe professionnelle – il a été le promoteur de quelques-uns des plus grands boxeurs de l’histoire, comme Mike Tyson, Evander Holyfield, Julio Cesar Chavez, Bernard Hopkins et Roberto Duran –, Don King a vu son empire commencer à perdre des plumes au début des années 2000. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Tout d’abord, la catégorie des poids lourds n’est plus ce qu’elle était depuis la retraite de Lennox Lewis. Non seulement elle a perdu beaucoup de son lustre, mais King a également perdu la mainmise qu’il avait sur celle-ci. En effet, trois des quatre ceintures de champion du monde des poids lourds sont contrôlés par les frères Klitschko (K2 Promotions). La quatrième est quant à elle détenue par Nicolai Valuev dont King est le copromoteur avec Wilfried Sauerland. King a également dû faire face à la justice à de nombreuses reprises alors que certains de ses boxeurs lui ont réclamé des centaines de millions de dollars en bourses impayées. Don King a floué beaucoup de gens au cours des trente dernières années. Cela explique probablement pourquoi la plupart refusent maintenant de s’associer à lui. Goossen-Tutor Promotions : Jamais deux sans trois. Fondée au début des années 2000 par Daniel Goossen et Ronald Tutor, Goossen-Tutor Promotions est arrivée à s’imposer rapidement dans cet univers très compétitif qu’est la boxe professionnelle. Ce succès revient en grande partie à l’énorme expérience de Daniel Goossen. L’aventure de Goossen en boxe professionnelle a débuté dans les années 80 alors qu’il faisait des affaires sous la bannière « Ten Goose Boxing » dans le sud de la Californie. Après avoir fait ses classes durant une dizaine d’années, Goossen a accepté de se joindre à l’équipe de Bob Arum en tant que directeur des opérations de Top Rank. Il a quitté Top Rank deux ans plus tard afin de tenter sa chance pour une deuxième fois en tant que promoteur. Durant les cinq années suivantes, Goossen s’est occupé de la carrière de David Tua, Bernard Hopkins et David Reid par l’entremise de sa nouvelle compagnie de promotion, American Presents. Actuellement, Goossen Tutor Promotions compte une vingtaine de boxeurs dont plusieurs poids lourds comme James Toney, Chris Arreola, Tony Thompson et Eddie Chambers. Sans oublier plusieurs jeunes boxeurs très talentueux, dont Paul Williams, Andre Ward et Shawn Estrada. Universum Box-Promotion : Les surprotecteurs. Le 24 février 1984 marque le début d’une grande aventure pour Klaus-Peter Kohl. C’est ce jour-là qu’il a organisé son premier gala de boxe à Hambourg, en Allemagne. Vingt-cinq ans plus tard, Universum Box-Promotion peut se vanter d’avoir mis sur pied plus de 2100 combats dont environ 200 combats de championnat du monde.

Don King n’est plus le roi

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Durant la même période, Universum a produit plus d’une vingtaine de champions du monde, tels que Dariusz Michalszewski, Wladimir Klitschko et Vitali Klitschko.

L’écurie actuelle d’Universum compte huit champions du monde dans ses rangs, sur une vingtaine de boxeurs. Le total est de trente-six si on inclut les boxeurs de l’écurie « Spotlight », un partenaire d’Universum. Personne ne peut nier la capacité d’Universum de produire des champions du monde. Malheureusement, le règne de ces champions est plus souvent qu’autrement composé de défenses faciles contre des adversaires peu crédibles. Arena Box-Promotions : Les visionnaires. Ahmet Oener, le fondateur et président d'Arena Box-Promotions, est soit un génie de la promotion, soit l'homme d'affaires le plus veinard de la planète. C'est en 2006 que ce passionné de boxe turc de trente-sept ans a mis sur pied la compagnie de promotion Arena Box-Promotions. Basée en Allemagne, cette jeune entreprise n'a pas tardé à faire tourner les têtes des amateurs de boxe et de ses rivaux un peu partout dans le monde. Ce qui a propulsé Arena Box-Promotions à l'avant-plan a été la mise sous contrat de cinq vedettes cubaines de boxe olympique, dont quatre avaient remporté l'or aux Jeux olympiques d'Athènes.

Armet Öner a de nouveau surpris tout le monde en prenant la décision de faire boxer ses nouveaux joyaux aux États-Unis plutôt qu’en Allemagne. Au lieu de gonfler la fiche de ses boxeurs loin des regards critiques des médias nord-américains, Öner a plutôt décidé de s'associer avec des grosses pointures telles que Top Rank et Gary Shaw afin que ses jeunes Cubains boxent en Amérique sur ESPN, SHOWTIME et HBO. Après seulement trois années d'existence, Arena Box-Promotion a réussi à se positionner avantageusement dans l’univers ultra-compétitif de la boxe. Avec plus d'une vingtaine de boxeurs dans ses rangs, notamment les vedettes montantes Yoriorkis Gamboa, Erislandy Lara, Guillermo Rigondeaux et Breidis Prescott, on ne peut qu'entrevoir un brillant avenir pour Armet Öner et son entreprise. K2 East Promotions : Les géants qui voient grand. K2 East Promotions a été fondée en 2007 à la suite de la fusion de K2 Promotions, propriété des frères Klitschko, et de National Box Promotion, propriété de Vadim Bukhkalov. Wladimir et Vitali Klitschko font partie des rares boxeurs qui ont réussi à faire le saut de l'autre côté de la clôture sans se casser la margoulette. L'un des facteurs qui expliquent leur succès en tant que promoteurs est qu'ils bénéficient d'une grande popularité en Europe. Les frères Klitschko sont peut-être peu connus en Amérique, mais ils sont littéralement plus grands que nature de l'autre côté de l'océan Atlantique. Bien entendu, le succès à long terme d'une entreprise comme K2 Promotions ne peut reposer que sur les épaules de ces géants de l'ancienne Union soviétique. Cela explique donc l'entrée en scène de National Box Promotion. Depuis la fusion, la nouvelle compagnie a multiplié les événements de boxe, principalement en Europe de l'Est. À ce jour, près d'une vingtaine de boxeurs forment l'écurie de K2 East Promotions. Aucun des jeunes espoirs de la compagnie n'a encore réussi à faire sa marque sur le plan international, mais cela ne saurait tarder.

Klaus-Peter Kohl, patron de Universum Box-Promotion. (photo boxrec.com)

Ahmet Oner, le promoteur visionnaire (photo boxrec.com)

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Les meilleurs boxeurs québécois

Par l’équipe du magazine La Zone de Boxe Résultats compilés par Karim Renno Coutume oblige, puisque six mois se sont écoulés depuis le dernier exercice, notre classement québécois livre pour livre est de retour. Vous remarquerez rapidement une foule de changements au sein de notre classement résultant tantôt de la participation de certains pugilistes dans des combats d’envergure (Bute, Pascal, Diaconu, Ngoudjo, Gaudet, Lontchi) et parfois de l’inactivité inquiétante de certains autres (Alcine, Stevenson et Jean). Autre fait à noter, outre le roi Bute qui conserve son trône et son dauphin Jean Pascal, la zizanie règne au sein de nos panélistes. En effet, il est tributaire de la profondeur des rangs locaux que nos experts semblent loin de s’entendre sur la juste hiérarchie à appliquer. Chose certaine, avec deux champions du monde et presque une dizaine d’aspirants légitimes aux grands honneurs, le verre proverbial est plus qu’à moitié plein pour la boxe québécoise. Pour la confection de ce classement, notre rédacteur en chef s’est adjoint les services de plusieurs connaisseurs, dont Philippe St-Martin (éditeur canadien du site boxrec.com), Richard Cloutier (éditeur et chef de rubrique – Canada de netboxe.com), Dave Spencer (directeur de la rédaction de fightnews.ca), Vincent Morin (journaliste du 24 heures), Martin Dion (RDS) et Pascal Lapointe (l’éminence grise de LaZonedeBoxe.com). Vous trouverez les classements individuels de chacun, de même que le barème utilisé, à la fin de cet article. Finalement, seuls les boxeurs qui évoluent régulièrement au Québec sont éligibles pour notre classement. Pour les fins de cette édition, nous avons jugé que ni Troy Ross, ni Ali Chebah ne remplissaient ce critère. Nos dix meilleurs 1. Lucian Bute (96 pts) Le proverbe veut qu’il soit plus facile d’atteindre le sommet que d’y demeurer. Peut-être faudrait-il en glisser un mot au « Tombeur » Lucian Bute qui demeure le choix unanime des chroniqueurs au 1er rang du classement. Bute semble avoir mis son round cauchemardesque contre Librado Andrade derrière lui, démolissant Fulgencio Zuniga beaucoup plus facilement que prévu le 13 mars dernier. Lors de ce combat, on a retrouvé l’artiste roumain gaucher d’antan, contrôlant l’action et punissant sévèrement chacune des incursions de son adversaire colombien. Bien qu’on ait d’abord parlé d’une autre défense optionnelle cet été à Québec et ensuite d’un possible combat d’unification contre le champion WBC Carl Froch, ces deux possibilités sont tombées à l’eau. Se profile donc à l’horizon le combat revanche tant attendu avec Librado Andrade. Le promoteur de ce dernier, Golden Boy Promotions, a remporté les enchères pour le combat revanche, ce qui va assurer à Bute non seulement sa plus belle bourse en carrière, mais également une autre présence sur un réseau télévisuel américain d’envergure. Une autre victoire donnerait à Bute des options particulièrement intéressantes : combat d’unification possible avec Carl Froch, duel avec le monarque américain des mi-lourds Chad Dawson, duel avec Arthur Abraham en Allemagne ou affrontement local de rêve contre le nouveau champion WBC des 175 livres Jean Pascal. Vous diriez non à un de ces combats vous? 2. Jean Pascal (80 pts) C’est peut-être dans la défaite contre Carl Froch que Jean Pascal a fait taire ses détracteurs, mais c’est grâce à sa victoire spectaculaire contre Adrian Diaconu en juin dernier que Pascal a convaincu les amateurs locaux qu’il allait faire honneur à

Lucian Bute maintient sa première position de notre classement (photo Stéphane Lalonde)

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son immense potentiel. La plus belle preuve de ce fait réside dans l’attribution unanime du 2e rang à Pascal par nos chroniqueurs. Non seulement le nouveau champion WBC a réussi à esquiver continuellement les lourdes charges de son adversaire, mais ses contre-attaques étaient incisives et précises. C’est un Jean Pascal plus mature et en meilleur condition physique que les amateurs ont applaudi le 19 juin. Son avenir immédiat semble confortable, puisque son premier adversaire sera l’Italien de 42 ans Silvio Branco, un combat que Pascal devrait facilement remporter. Se dessinent ensuite un combat revanche contre Diaconu et possiblement un duel explosif contre Lucian Bute. Une chose est certaine, l’avenir de Pascal s’annonce drôlement lucratif. 3É. Adrian Diaconu (54 pts) Le manque d’activité et une superbe performance ont finalement eu raison du « Shark ». En effet, une victoire par décision unanime face à David Whittom le 13 mars dernier n’aura pas suffi à adéquatement préparer Diaconu pour le défi qui l’attendait contre Jean Pascal, lequel l’a dépouillé de son titre le 19 juin dernier. Il n’en reste pas moins que Diaconu conserve son 3e rang dans notre classement livre pour livre. Plusieurs facteurs expliquent ce classement. D’abord, même dans la défaite, le « Shark » a donné une performance tout à fait honorable et n’a jamais baissé les bras face à un adversaire très talentueux. Ensuite, ses principaux rivaux (Ngoudjo et Alcine) souffrent également de leur inactivité. Ces éléments conjugués ont amené nos chroniqueurs à classer Diaconu 3e ou 4e sur sept des huit bulletins de vote. Seul Martin Dion, extrêmement sévère en classant le Roumain au 8e rang, ne semble pas convaincu de ses attributs. Même s’il a perdu sa ceinture, les perspectives d’avenir sont bonnes pour Diaconu. Celui-ci bénéficie d’un droit contractuel à un combat revanche contre Pascal et il évolue dans une division qui manque présentement de profondeur, de telle sorte que son retour parmi les premiers échelons des divers classements devrait n’être qu’une formalité. Reste à savoir si, tout comme son vainqueur, il saura tirer les leçons qui s’imposent de sa première défaite. 3É. Herman Ngoudjo (54 pts) Non seulement est-ce que la « panthère noire » n’a pu saisir sa deuxième opportunité de remporter un championnat du monde lorsqu’il s’est incliné face à Juan Urango en janvier dernier, mais comble de malheur il a subi une fracture de la mâchoire qui le tiendra loin du ring pendant une période prolongée. Même s’il s’est avoué vaincu pour une troisième fois en cinq combats, Ngoudjo a fait amende honorable contre Urango, survivant à deux chutes au plancher pour finir le combat nonobstant sa mâchoire fracturée. Dans une division qui n’a pas de monarque clair depuis la chute de Ricky Hatton (sauf si on y considère Manny Pacquiao), il reste plusieurs opportunités intéressantes pour Ngoudjo s’il réussit à se remettre de sa blessure.

C’est sans compter le duel local naturel entre Ngoudjo et Jo Jo Dan qui fait saliver les amateurs québécois depuis plusieurs années. Peut-être que d’ici la fin 2009/début 2010, le terrain sera propice pour un tel affrontement. 5. Joachim Alcine (28,5 pts) Surprenant que les amateurs de boxe québécois n’ont pas encore émis un avis de recherche pour « Ti-Joa », lui qui n’a pas remis les pieds dans un ring depuis sa défaite face à Daniel Santos en juillet 2008 et n’a pas remporté la victoire depuis décembre 2007. Plus inquiétant encore, il semble qu’Alcine ait pris la décision de s’entraîner chez lui et qu’il snobe le gymnase. À ce stade, il est légitime de se questionner sur les perspectives d’avenir de ce dernier. Comment alors expliquer qu’Alcine conserve sa 5e place? Et bien, sept des huit panélistes croient toujours qu’il possède la détermination nécessaire pour remonter sur le ring et qu’il réussira à rétablir avantageusement ses classements internationaux pour obtenir une ultime chance au titre de champion du monde. Un seul chroniqueur (qui classe Alcine 15e) semble perdre espoir.

Hermann Ngoudjo saura-t-il rebondir ? (photo GYM)

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Reste que les Lontchi, Dan et Gaudet se rapprochent dangereusement de l’ancien champion du monde dans notre classement. On lui souhaite une deuxième moitié de 2009 plus active (on parle d’un retour en fin août) s’il désire conserver sa place parmi les cinq premiers. 6. Olivier Lontchi (20 pts) Surprise assez importante dans notre classement alors que Lontchi devance Jo Jo Dan au 6e rang grâce au bulletin de Martin Dion, qui classe le Camerounais au 4e rang. Certes, la performance très courageuse de Lontchi face à Juan Manuel Lopez le 27 juin dernier y est pour beaucoup, mais il ne faut pas non plus oublier l’excellente victoire de Lontchi sur Cecilio Santos à peine deux mois auparavant par mise hors de combat au septième engagement. Sélectionné parmi les dix meilleurs boxeurs québécois par tous nos panélistes, Lontchi fait maintenant solidement partie du top 10 québécois, lui qui ne récoltait même pas un point lors de notre classement inaugural. L’avenir de Lontchi reste somme toute nébuleux. Contrairement à son homologue Camerounais, Herman Ngoudjo, Lontchi n’a pas encore réussi à se tailler une place comme boxeur qui peut faire les frais d’une grande finale sur la scène locale. Reste qu’il figure parmi les 30 meilleurs boxeurs de sa catégorie et mérite un autre défi à la hauteur de son talent. 7. Jo Jo Dan (18 pts) Certains de nos panélistes semblent perdre patience avec la carrière de Jo Jo Dan. Le gaucher roumain continue de dominer des adversaires respectables, a maintenant effectué trois défenses de son titre NABA et bénéficie de classements internationaux particulièrement avantageux (4e WBC, 8e WBA et 8e IBF), mais son promoteur ne semble pas pressé de lui donner une occasion de faire valoir son grand talent à l’échelle internationale. Ainsi, même si cinq des huit panélistes lui accordent toujours le 6e rang sur leur bulletin, Dan chute derrière Lontchi à la 7e place de notre classement. Tout au long de sa carrière, Dan a perdu un grand total de trois rounds en 25 combats. Il semble grand temps qu’on lui donne la chance de se battre pour un titre mondial. Même si les six premiers mois de 2009 n’ont pas fait grand chose pour aider Dan à atteindre cet objectif, il est permis d’espérer que les six prochains mois seront plus avantageux. On parle entre autre de la possibilité pour Dan d’affronter Ajose Olusegun dans un combat éliminatoire pour devenir l’aspirant obligatoire de Devon Alexander, récemment couronné champion WBC à 140 livres. D’autres rêvent à un duel Dan-Chebah. Croisons-nous les doigts… 8. Benoît Gaudet (15 pts) Une défaite aux allures de victoire a permis à Gaudet de conserver son 8e rang dans notre classement. D’ailleurs, Gaudet obtient même un vote de 6e place de la part de Dave Spencer. L’athlète de Drummondville en a convaincu plus d’un grâce à sa performance inspirée face à Humberto Soto en mai dernier. Après un premier round difficile au cours duquel il a visité le plancher, Gaudet s’est ressaisi et a donné un dur combat à celui que The Ring classe comme le meilleur boxeur actif à 130 livres. Un des trois juges avait même Gaudet en avance sur sa carte de pointage avant le neuvième round fatidique.

Toujours classé 15e par la WBC, Gaudet profitera certainement des prochains mois pour rebâtir ses classements internationaux. Il

Olivier Lontchi, heureux après sa victoire sur Cecilio Santos au Casino de Montréal le 4 avril 2009 (photo Vincent Ethier)

Que sera l’après-Soto pour Benoît Gaudet? (photo Stéphane Lalonde)

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semble que le premier pas serait possiblement la conquête du titre NABF ou NABA (les deux étant vacants et Gaudet étant classé premier par ces deux organismes de sanction). D’ici là, le Drummondvillois a bien mérité quelques mois de repos. 9. Antonin Décarie (14 pts) La progression constante de Décarie s’est poursuivie lors des six premiers mois de 2009. Deux autres défenses réussies de son titre NABO ont permis au protégé de Marc Ramsay de se hisser au 2e rang du classement de la WBO (il est également classé 34e par la WBC) et, beaucoup plus important, de passer de la 10e à la 9e place de notre classement. En effet, huit top 10 (dont un top 5 dans le classement de Martin Dion) permettent à Décarie de coiffer Demers, à peine 1 point derrière Gaudet, et de se hisser à la 8e place. À ce stade, il semble probable que Décarie soit le prochain boxeur local à obtenir une chance de remporter un titre mondial ou à participer à un combat éliminatoire. On est loin du boxeur qui était au bas de la liste des priorités d’Interbox il y a à peine plus de deux ans. Le fan club de Décarie ne cesse de grandir : plusieurs amateurs apprécient son ardeur au travail et sa technique de boxe impeccable, et ce, même s’il ne génère pas des mises hors de combat spectaculaires. Il ne reste plus qu’à savoir s’il pourra faire le bond sur la scène mondiale tout comme les huit pugilistes qui le devancent au classement. 10. Sébastien Demers (9,5 pts) Même si Demers a continué à accumuler les victoires au cours des six derniers mois, une majorité des chroniqueurs est d’avis que sa carrière ne se dirige pas dans la bonne direction. D’abord, il semble que Demers a de plus en plus de difficulté à respecter la limite des poids moyens (160 livres), ce qui est particulièrement inquiétant puisque « Double Trouble » n’est certes pas reconnu comme un gros cogneur ou un bon encaisseur. Ensuite, sa performance contre Alfredo Contreras le 6 juin en a laissé plusieurs sur leur appétit. Il semble donc que la fenêtre de Demers en tant qu’aspirant au titre mondial soit en voie de se refermer. Néanmoins, six de nos huit panélistes classent Demers parmi leur top 10, une nette amélioration depuis notre dernier classement. Les attributs indéniables de Demers (excellente main avant, courage et détermination) convainquent en effet le trois quart de nos chroniqueurs d’inclure Demers dans leur classement. Les rumeurs d’un affrontement contre Éric Lucas se font persistantes et il s’agirait là d’une très belle occasion pour Demers de donner un second vent à sa carrière. D’ici là, le boxeur de St-Hyacinthe demeure un incontournable sur la scène locale. Ceux qui frappent à la porte Beaucoup de talent suit nos dix premiers pugilistes. Adonis Stevenson (7 pts) aurait sans aucun doute fait partie de notre top 10 si une blessure ne l’avait pas gardé loin du ring depuis août 2008. Nonobstant cette longue période d’inactivité, quatre de nos huit chroniqueurs le classent parmi le top 10. Pour leur part, Renan St-Juste et Dierry Jean se classent ex aequo au 12e rang pour la deuxième fois consécutive, récoltant chacun 4 points. Tout comme Stevenson, leur faible niveau d’activité leur a coûté des votes. Jean-François Bergeron (3,5 pts) se retrouve quant à lui à la 14e place, lui dont la carrière est incertaine depuis sa cuisante défaite contre Dominic Guinn. On parle d’un possible combat de championnat canadien pour le géant de St-Jérôme et l’on espère que ça se concrétise. David Lemieux (3 pts) fait sa première apparition sur les bulletins de vote. Le protégé de Russ Anber montre une belle progression alors qu’on augmente tranquillement, mais sûrement le calibre de ses adversaires. Il faudra se montrer patient avec le jeune Lemieux, mais ses habiletés nous font déjà rêver.

Une victoire de Sébastien Demers lors d’un probable combat contre Éric Lucas lui ferait-il remonter dans notre classement? Assurément! (photo GYM)

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Finalement, un favori du magazine, Sébastien Gauthier (1,5 pts), ferme la marche au 16e rang. La carrière de celui-ci a subi tout un contrecoup aux mains de Mario Macias le 19 juin dernier. Reste à savoir si le guerrier Gauthier saura se relever de cet échec. La deuxième moitié de 2009 nous permettra de suivre l’évolution des boxeurs ci-dessus et des autres aspirants au titre de meilleur boxeur québécois. L’un d’entre eux pourra-t-il ravir la couronne de Bute? Soyez assurés que les chroniqueurs du magazine suivront les développements à venir avec enthousiasme!

Les choix de nos chroniqueurs

PTS Philippe St-Martin Dave Spencer Martin Dion Richard Cloutier

1. 12 Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute 2. 10 Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal 3. 8 Adrian Diaconu Adrian Diaconu Herman Ngoudjo Herman Ngoudjo 4. 6 Herman Ngoudjo Herman Ngoudjo Olivier Lontchi Adrian Diaconu 5. 4 Joachim Alcine Joachim Alcine Antonin Décarie Joachim Alcine 6. 3 Jo Jo Dan Benoît Gaudet Jo Jo Dan Olivier Lontchi 7. 2 Olivier Lontchi Olivier Lontchi Adonis Stevenson Benoît Gaudet 8. 2 Benoît Gaudet Antonin Décarie Adrian Diaconu Antonin Décarie 9. 1 Antonin Décarie Sébastien Demers Sébastien Demers Jo Jo Dan 10. 1 Sébastien Demers Jo Jo Dan Benoît Gaudet Adonis Stevenson 11. .5 Renan St-Juste Renan St-Juste Dierry Jean Sébastien Demers 12. .5 Adonis Stevenson Adonis Stevenson Renan St-Juste Renan St-Juste 13. .5 Jean-François Jean-François Sébastien Gauthier Dierry Jean 14. .5 Dierry Jean Dierry Jean David Lemieux David Lemieux 15. .5 David Lemieux Sébastien Gauthier Joachim Alcine Jean-François Pascal Roussel Pascal Lapointe Vincent Morin Karim Renno

1. 12 Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute 2. 10 Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal 3. 8 Adrian Diaconu Adrian Diaconu Herman Ngoudjo Adrian Diaconu 4. 6 Herman Ngoudjo Herman Ngoudjo Adrian Diaconu Herman Ngoudjo 5. 4 Joachim Alcine Joachim Alcine Joachim Alcine Joachim Alcine 6. 3 Jo Jo Dan Jo Jo Dan Sébastien Demers Jo Jo Dan 7. 2 Sébastien Demers Olivier Lontchi Benoît Gaudet Benoît Gaudet 8. 2 Antonin Décarie Benoît Gaudet Olivier Lontchi Olivier Lontchi 9. 1 Benoît Gaudet Adonis Stevenson Jo Jo Dan Adonis Stevenson 10. 1 Olivier Lontchi Antonin Décarie Antonin Décarie Antonin Décarie 11. .5 Renan St-Juste Jean-François Renan St-Juste Jean-François 12. .5 Dierry Jean Sébastien Demers Dierry Jean Renan St-Juste 13. .5 Adonis Stevenson Renan St-Juste Adonis Stevenson Dierry Jean 14. .5 Jean-François Dierry Jean Sébastien Gauthier Sébastien Demers 15. .5 David Lemieux David Lemieux Jean-François David Lemieux

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