La Zone de Boxe vol 34

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Le seul magazine au Québec dédié uniquement à la boxe Octobre, 2011 Numéro 34 - Portrait de Glen Johnson, l’adversaire de Bute - Les promoteurs internationaux - Les moments embarassants de la boxe moderne Photo Vincent Ethier

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En vedette David Whittom, Glen Johnson, et la filière Camerounaise Hermann Ngoudjo, Paul Mbongo, Hilaire Simo et Olivier Lontchi

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Le seul magazine au Québec dédié uniquement à la boxe

Octobre, 2011Numéro 34

- Portrait de Glen Johnson, l’adversaire de Bute- Les promoteurs internationaux - Les moments embarassants de la boxe moderne

Photo Vincent Ethier

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Magazine La Zone de Boxe

2755 Clermont Mascouche (Québec) J7K 1C1

[email protected] Éditeur François Picanza Rédacteur en chef Pascal Roussel

Collaborateurs Jean-Luc Autret Olivier Bégin Richard Cloutier Martin Laporte Mathieu Normand Correcteur/Réviseur François Couture Véronique Lacroix Pascal Lapointe Monteur Martin Laporte photographes Vincent Ethier Stéphane Lalonde Robert Levesque Le magazine la Zone de boxe fut fondé en 2004 à Mascouche par François Picanza. Ce magazine est maintenant offert gratuitement sur le web.

La Zone de Boxe magazine

7e année, numéro 34 Octobre 2011

03 – L’Éditorial 3 – Le mot du rédac format géant 0 6 – Portrait du « Road Warrior »

09 – Les promoteurs internationaux 15 – Portrait de David Whittom 19 – Flashback: la filière camerounaise 21 – Les moments embarassants de la boxe 25 – Galerie des photographes

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Le mot du rédac format géant

Contenu de ce numéro : Les aléas d’un magazine avec des dates de tombée Si vous prenez la peine d’imprimer le format pdf du magazine pour en garder une version papier, vous vous apercevrez sans doute qu’il est plus mince qu’à l’habitude. Malheureusement, deux importants textes de ce numéro ont dû être repoussés à la parution de janvier. La lecture de votre magazine préféré sera donc plus courte que prévu, mais vous ne perdez rien pour attendre, car je peux vous annoncer que le numéro de janvier, avec son habituelle revue de l’année, sera énorme! Le papier économisé aujourd’hui passera sur votre budget de l’année 2012. ☺ Glen, le Road Warrior original C’est le prochain adversaire de Lucian Bute, et il ne faut pas se fier aux apparences. Même s’il est âgé de 42 ans, Glen Johnson pourrait jouer un « Hopkins » à Bute. Carl Froch l’a

battu de justesse et d’autres gros noms comme Tavoris Cloud et Chad Dawson ont eu besoin de tout leur petit change pour le vaincre. Le « Road Warrior » est selon plusieurs observateurs le meilleur défi qu’aura eu Lucian Bute depuis la version 2008 de Librado Andrade. Martin Laporte vous le présente sous tous ses angles dans un portait juste et précis. Whittom, un Road Warrior québécois Ce n’est pas tous les boxeurs qui sont nés pour être des champions. Ni tous les boxeurs qui reçoivent l’appui inconditionnel d’un promoteur. David Whittom ne faisait partie ni du premier groupe, ni du second. Mais personne ne doutera jamais qu’il avait le cœur d’un champion. Il ne refusait aucun combat même s’il aurait parfois dû. Jean-Luc Autret nous dresse un portrait de ce boxeur de Québec qui n’a jamais eu froid aux yeux et qui, à sa façon, a connu une belle carrière. Car à la boxe, il n’y a pas que la victoire qui compte. Nos photographes sont aussi des vedettes C’était plutôt simple comme idée, je m’en veux de ne pas y avoir pensé plus tôt. Le magazine a trois excellents photographes de boxe comme collaborateurs. Pourquoi ne pas les utiliser à leur maximum! C’est pourquoi j’ai eu l’idée de leur offrir une tribune unique où ils pourront exposer leurs meilleures photos de boxe. Ainsi, je ne me priverai pas de leurs plus belles prises parce qu’elles ne cadrent pas avec les textes publiés dans le numéro en cours du magazine. Profitez-en donc pour admirer les photos de Robert Lévesque, de Vincent Éthier (photos GYM) et de Stéphane Lalonde (photos Interbox) dans notre nouvelle galerie des photographes. Flashback : la filière camerounaise En 2001, les Jeux de la Francophonie se déroulèrent à Ottawa-Gatineau. Cela permit à plusieurs pays qui avaient le français comme une de leurs langues officielles d’y envoyer des athlètes. Le Cameroun envoya plusieurs boxeurs et quelques-uns d’entre eux ont demandé l’asile politique pour rester au Canada. La boxe professionnelle québécoise connaissait alors une bonne croissance et certains d’entre eux ont joint les gymnases de Montréal pour se lancer dans l’aventure. Richard Cloutier, dans le cadre de sa chronique régulière Flashback, nous raconte l’arrivée des Ngoudjo, Lontchi et compagnie. Les promoteurs internationaux Un peu comme un boxeur peut le faire, un promoteur peut aussi passer de la gloire à une situation plus fragile ou délicate. Imaginons un instant la chute que subirait Interbox si Lucian Bute annonçait sa retraite subitement! Il y a plus de deux ans, nous avions fait l’exercice de vous dresser un portrait des plus grands groupes de promotion internationaux. Nous croyons qu’il est temps de faire une mise à jour de la situation. Mathieu Normand vous expliquera ce qu’il en est, aujourd’hui, en octobre 2011.

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Les côtés givrés de la boxe moderne Inspiré par la fin dynamite du combat Mayweather/Ortiz et ses deux moments surréalistes (le K.O et la discussion de Floyd avec Larry Merchant), nous avons eu l’idée de vous dresser une liste de huit moments embarrassants de notre boxe moderne. Olivier Bégin, un ancien collaborateur qui fait un retour avec nous, vous décrira les embarras de toutes sortes qui ont mené aux huit moments sélectionnés. Les commentaires du rédac Les règles de trois, avec Bute, ça ne se peut pas Parfois, nous avons le mauvais réflexe de faire des règles de trois. Le boxeur A a vaincu facilement le boxeur B. Comme le boxeur B a ensuite battu le boxeur C, il est donc clair que le boxeur A va vaincre facilement le boxeur C, n’est-ce pas? Généralement, même si ce n’est pas la règle la plus précise au monde, ce principe n’est pas si loin de la réalité. Mais quand Bute fait partie d’une règle de trois, ça ne peut pas fonctionner. Parce que Bute n’a rien du boxeur A habituel. Parce que Bute a tous les atouts pour faire foirer la règle : il est gaucher, puissant, rapide, mais surtout, il est capable (avec Larouche) d’ajuster sa stratégie au cours d’un combat. Que ce soit André Ward, Carl Froch ou éventuellement Jean Pascal, ces boxeurs auront toujours plus de difficulté contre Bute que contre n’importe quel autre. Le fait d’être gaucher a permis à des boxeurs loin d’être des surdoués de devenir des champions du monde. L’histoire en a connu plusieurs. Les deux premiers qui me viennent à l’esprit sont Otis Grant et Markus Beyer. Ce n’est pas pour rien que souvent les boxeurs droitiers fuient les gauchers comme la peste. Trop emmerdant. Et la préparation pour affronter un boxeur gaucher est un casse-tête. Tous les automatismes prennent le champ, le boxeur doit réfléchir davantage à chacune de ses actions. Oui, Johnson, Froch et Ward sont bons, voire même excellents, mais auront-ils l’air aussi bons devant le puzzle Bute? Alors que lui, Bute, se prépare continuellement pour affronter des droitiers. Voilà un détail que l’amateur de boxe semble parfois oublier. L’après-Bute Même s’il reste encore de bonnes années dans la carrière de Bute, Interbox doit penser à l’avenir. La mise sous contrat de Pier-Olivier Côté est assurément une bonne chose; il semble être un jeune doué qui se dirige vers les hauts sommets. Mais sans rien vouloir enlever à Apou, il serait un peu risqué pour IBOX de mettre tous ses œufs dans le même panier, de tout miser sur Apou. Heureusement pour eux, Bute n’a jamais déçu. Mais il fait depuis longtemps figure de seule et unique locomotive pour IBOX. Les autres boxeurs qui se produisent dans les galas Interbox sont de biens beaux wagons, mais ce ne sont pas des locomotives… Stéphan Larouche aussi doit personnellement penser à l’avenir. L’association avec Top Rank est pour Interbox/Larouche un aussi bel atout pour le recrutement que l’est celle entre GYM et Golden Boy Promotions. J’imagine que Stéphan Larouche, l’entraîneur, sera acheteur aux J.O de Londres, et il aura de superbes arguments pour flirter avec les jeunes vedettes olympiques. Il a entraîné des champions du monde en Dorin et Lucas. Mais son argument de séduction majeur est son bout de chemin avec sa vedette principale, Lucian Bute. Les boxeurs vedettes aux J.O seront approchés par toutes les grandes équipes de promotion. Le trio Larouche-IBOX-Montréal sera assurément un joueur important dans ce magasinage de futures vedettes. Si j’étais un jeune boxeur plein de promesses, à la recherche d’une situation gagnante, prêt à venir s’établir dans un marché de boxe intéressant et si, par surcroît, j’étais gaucher (détail optionnel), je serais fou de ne pas regarder sérieusement cette option.

Stephan Larouche aussi doit penser à son avenir.

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Lo Greco le rigolo Si Phil Lo Greco n’était pas un boxeur, il aurait assurément une carrière prometteuse en humour. Jusqu’à aujourd’hui, ses meilleures performances ne furent pas sur le ring mais dans les médias sociaux. Lorsqu’il boxait sous les couleurs de GYM, Marc Ramsay, qui agit à titre de matchmaker, a déjà mentionné que Lo Greco était un horrible casse-tête, car il refusait tous les boxeurs le moindrement dangereux. Cela expliquerait probablement pourquoi, à l’échéance de son contrat, GYM l’a laissé aller sans tenter de le retenir. Lorsqu’on regarde la liste de ses adversaires, on est porté à croire qu’il a repris le même manège avec son promoteur italien, OPI 2000. Sur Youtube, il fait un duo de joyeux lurons avec son copain italien Paul Malignaggi et se coule la dolce vita. Il semble terriblement fort et lance des défis à tous les grands noms. Il a même eu la gentillesse de lancer un défi à Antonin Décarie. Décarie et son entraîneur ont accepté. Pourtant, le combat ne semble pas être sur le point de se réaliser. Sur Twitter, Lo Greco est un véritable boute-en-train. Il a mentionné qu’il aimerait bien être le prochain adversaire d’Amir Khan. De plus, le top du top, ce fut lorsqu’il lança le meilleur tweet du siècle en mentionnant à propos de son combat obligatoire contre Victor Lupo : « I don't fight no name people. », suivi d’un superbement mature : « lol ». Ne lui refaites pas lire la liste des boxeurs qu’il a affronté jusqu'à présent, laissez-lui croire que ces cannes de tomate étaient des champions du monde. Il fut finalement dépouillé de son titre de la WBC International.

Il possède sans aucun doute un des plus beaux sites Web personnel au monde, un site digne d’un champion du monde. Détail tout de même pertinent : le site mentionne sa fiche incroyable de 22-0, mais oublie de donner la liste de ses victimes. Par contre, un point fort du site est sa boutique avec des produits à l’image de Phil. Si vous voulez une photo autographiée de Phil, il y inscrira même votre nom, pour la modique somme de 9,95 $. Je voulais un t-shirt sur lequel on pouvait lire « The Italian Sensation », mais malheureusement pour moi, ils n’ont pas de XXL. Pascal Roussel Rédacteur en chef format géant

Phil Lo Greco devra faire parler ses gants… un jour. (Photo Vincent Ethier)

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Attention, le « Road Warrior » arrive! Par Martin Laporte Il y a un peu plus de 17 ans que Glen « Road Warrior » Johnson a débuté sa carrière. Une carrière qui est un symbole de détermination et de ténacité, car il a su rebondir et arriver au sommet au moment où on s’y entendait le moins. Je vous invite à lire une rétrospective de la carrière « Cendrillon » de l’homme qui sera le futur adversaire de Lucian Bute, le 5 novembre prochain. Le début Jamaïcain de naissance, Glen Johnson a disputé près de la moitié de ses combats en Floride, endroit où il vit toujours. C’est en 1997, après 32 victoires consécutives, qu’il obtient sa première chance pour un titre mondial. Malheureusement pour lui, la majorité de ses adversaires était de piètre envergure et ce manque d’expérience lui sera fatal : en effet, le champion IBF des poids moyens de l’époque (Bernard Hopkins) lui sert une vraie leçon de boxe et le combat se termine par K.-O. technique au onzième round. Après une telle raclée, les boxeurs deviennent habituellement des faire-valoir pour de futurs champions du monde et tombent plus ou moins rapidement dans l’oubli. Mais un guerrier de la trempe de Johnson n’avait pas encore dit son dernier mot, même si la réplique se fit attendre... Les super-moyens L’époque « après-Hopkins » fut ardue : une tentative chez les super-moyens débuta mal, avec deux défaites consécutives. Son style agressif n’avait plus la même efficacité dans une catégorie de poids supérieure. Il réussit tout de même à remporter le titre WBC Continental des Amériques et, par la bande, il obtient un nouveau laissez-passer pour un titre mondial : le championnat IBF des super-moyens l’opposera à Sven Ottke, en Allemagne; Johnson s’inclinera une fois de plus. Il paraît tout de même bien dans la défaite, ce qui redonne un second souffle à sa carrière. Devenu un faire-valoir de luxe pour quiconque voulait se comparer favorablement à la performance « ordinaire » d’Ottke, il sera utilisé pour embellir les fiches de Syd Vanderpool, Sylvio Branco (récemment défait par Jean Pascal) et Omar Sheika (défait un peu plus tard par Éric Lucas). Trois mois après son combat contre Sheika (défaite par décision majoritaire), il est invité pour une troisième fois à l’étranger afin de servir d’adversaire de service. Cette fois, c’est en Angleterre, pour un championnat IBF Intercontinental des super-moyens; il surprend alors le boxeur local et devient subitement une trop grande menace pour les jeunes boxeurs de la catégorie. Les mi-lourds Sans promoteur influent, il doit attendre près d’un an avant d’obtenir une nouvelle offre de combat. On lui proposera Thomas Ulrich, un jeune mi-lourd en pleine montée dans les classements, avec une fiche parfaite de vingt victoires, dont seize remportées par K.-O. Le défi semble être de taille, puisque ce jeune loup l’attend de pied ferme, dans une catégorie de poids supérieure, et en Allemagne de surcroît. Contre toute attente, Johnson remporte une deuxième victoire consécutive par K.-O. et se mérite la ceinture Intercontinental de la WBO. Cet exploit procure un troisième souffle à sa carrière : il est maintenant un vétéran réputé en demande face aux meilleurs mi-lourds. Le tout redevient laborieux pour Johnson, car une fois encore, il doit adapter son style agressif face à des adversaires plus massifs que lui. Les combats suivants se soldent dans l’ordre par une défaite (décision unanime), une défaite (décision majoritaire), une nulle et finalement par une victoire, lorsque le titre vacant de l’USBA est en jeu. Cette amélioration lui procure une troisième chance d’accéder à un titre mondial, et cela dans une troisième catégorie de poids!

Glen Johnson ne sera pas intimidé à Québec, le 5 novembre.

(Photo boxrec.com)

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L’apogée (2003-2004) C’est en Angleterre, face à Clinton Woods, qu’aura lieu ce troisième championnat, pour une ceinture IBF. Johnson surprend en décrochant une nulle. Un combat revanche est mis sur pied, une fois de plus en Angleterre. Le « Road Warrior » réussit alors l’exploit de devenir champion du monde après onze années d’acharnement depuis ses débuts chez les professionnels. En six ans, il est passé de faire-valoir de luxe à vétéran respecté, pour finalement devenir champion du monde. Mais l’histoire ne se termine pas là! Johnson réussit à vaincre Roy Jones Jr. à son combat suivant. Il fait maintenant parti de l’élite de la division. Mais ce n’est toujours pas assez pour lui, il en veut plus. Il bat alors Antonio Tarver et devient le champion incontesté des lourds-légers. L’Everest est alors escaladé et la science des probabilités apparaît tout à coup dérisoire face à la détermination de cet homme… Tout ce qui monte finit par redescendre Johnson n’échappe pas aux lois de la physique, c’est ce qui le diffère d’une légende vivante comme Bernard Hopkins.

Cependant, il contrôle très bien sa chute depuis les sept dernières années. Le tout a commencé par des défaites contre Antonio Tarver et Clinton Woods en combat revanche. Puis, il a alterné victoires et défaites face à une opposition de calibre, afin de se maintenir dans le top 10 de la catégorie. À ce jour, seule l’élite réussit à le battre et cela, non sans difficultés. Ses plus récentes défaites sont survenues contre Chad Dawson, Tavoris Cloud et Carl Froch; on peut dire qu’il n’y a pas de quoi avoir honte. Retour chez les super-moyens Il n’y a pas que le classement de

Johnson qui baisse : son poids suit la même direction. Les boxeurs ont habituellement tendance à

augmenter de catégorie avec le temps, puisque le poids est de plus en plus difficile à respecter avec l’âge. Ce n’est pourtant pas le cas de Johnson, qui a toujours combattu à un poids plus élevé que le sien. Son entourage croit qu’il obtiendra un avantage physique non négligeable dans une catégorie inférieure. Le pari se fait lorsqu’il sert de remplaçant au sein du tournoi du Super Six. Il met alors K.-O. Allen Green et se taille une place en demi-finale. Il parait aussi très bien dans la première partie du combat contre Carl Froch. Par contre, il manque d’énergie par la suite et perd une décision majoritaire. Il semblerait que cet avantage physique se traduit par une perte d’endurance en fin de combat. Cependant, d’autres croient que ce sont les nombreux coups au corps de Froch qui sont responsables de cette baisse d’énergie. À voir… Et Lucian Bute dans tout ça? Si Lucian Bute veut confirmer son statut de boxeur d’élite en plus de conserver son titre IBF, il devra se méfier de la dangereuse main arrière de Johnson. Cependant, ce dernier manque possiblement d’endurance en fin de combat. Si Bute ne le laisse pas respirer entre ses agressions, il pourrait profiter d’un épuisement vers la fin de l’affrontement. Plus la victoire de Bute sera impressionnante, plus il se comparera favorablement face au reste de l’élite de la catégorie. Par contre, Johnson pourrait brutaliser le champion afin de créer un doute dans son esprit. Il faudra alors que Bute se concentre sur l’une de ses spécialités : tendre un piège en contre-attaque. En effet, Bute aime bien donner l’impression d’être piégé dans les câbles afin d’utiliser sa vitesse pour surprendre ses adversaires en pleine attaque (voir le deuxième combat contre Librado Andrade). Reste à voir comment l’expérience de Johnson lui servira face aux dangereux coups au corps de Lucian…

Glen Johnson lors de son combat contre Tavoris Cloud. (www.glencoffe.8k.com)

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Conclusion En toute honnêteté, Johnson n’est plus membre de l’élite, mais il en est toujours le pondérateur. Si on exclut les Antilles, en début de carrière, il a effectué sept combats à l’extérieur des États-Unis (quatre fois il a combattu en Angleterre, deux fois en Allemagne et une fois en Italie, pour un cumulatif de trois victoires, dont deux par K.-O.; trois défaites dont une par décision partagée; une nulle). Cette fiche de « .500 » à l’étranger, lors de combats où il n’était pas favori, lui a mérité le surnom de « Road Warrior ». Avec un tel bagage, il ne devrait pas être intimidé par la foule de Québec, ni par le désavantage certain que lui accorderont les bookmakers. Par contre, son dernier combat à l’extérieur s’est produit il y a plus de cinq ans et à quarante-deux ans, il commence à montrer des signes de ralentissement. Est-ce que Johnson a toujours l’œil du tigre et la condition physique pour espérer avoir le dessus sur un favori local ? C’est ce nous saurons le 5 novembre prochain.

Lucian Bute et Glen Johnson en 2009, alors qu’ils s’entraînaient ensemble en Floride pour la préparation de leur combat respectif. (Photo Interbox)

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Quoi de neuf chez les promoteurs?

Par Mathieu Normand Dans le numéro 25 du magazine La Zone de Boxe, Maxime Chartrand nous avait présenté la situation des promoteurs sur la scène internationale. Comme chaque combat peut radicalement changer la donne, autant pour le boxeur que pour celui qui investit en lui, nous allons y aller d’une mise à jour sur l’ensemble de cette «confrérie». Ce sera l’occasion de voir comment se portent certains des personnages les plus hauts en couleur du monde pugilistique. On remarquera également que la tendance qui veut que certains boxeurs soient leur propre promoteur a pris de l’ampleur depuis deux ans. Au sommet de la pyramide Top Rank À bientôt 80 ans, Bob Arum domine toujours le monde de la boxe. Quel chemin parcouru depuis sa première promotion en 1966 avec Muhammad Ali! Aujourd’hui, les plus gros galas ont pratiquement tous un point en commun : une bannière Top Rank au-dessus du ring! Nécessairement, Arum ne sera pas éternellement à la tête de son entreprise, mais aucune inquiétude à avoir car Todd DuBoeuf, le dauphin attitré, fait déjà un boulot impeccable comme président de l’entreprise. En ce moment, une bonne part de la marge de manœuvre financière du groupe vient des combats de Manny Pacquiao qui font de bonnes ventes de billets (contre Clottey et Margarito au Cowboy Stadium) et performent bien à la télévision à péage. Le groupe promotionnel a aussi commencé à proposer des combats de sous-carte de ses plus gros galas en direct sur son site. Je m’en voudrais de ne pas mentionner l’entente qui lie maintenant Interbox à Top Rank et qui démontre l’attrait de ce qui se passe ici pour Bob Arum. Arum vient à peine d’enterrer la hache de guerre avec Golden Boy Promotions à la suite de la tentative de ce dernier groupe de subtiliser Nonito Donaire. Des propos insultants ont été, à l’époque, tenus par le patron de Top Rank envers la femme de Donaire, ce qui n’a fait qu’envenimer l’affaire. C’est après des excuses d’Oscar De La Hoya via Twitter que le «Bobfather» a accepté de renouer les contacts avec son principal rival. Les deux groupes viennent de faire la copromotion du combat Yuriorkis Gamboa-Daniel Ponce de Leon. Mais la relation houleuse nous laisse imaginer qu’un renouvellement de l’inimitié n’est pas à écarter. Et, pendant ce temps, Arum est venu subtiliser Timothy Bradley à Gary Shaw alors que ces deux derniers sont dans un imbroglio juridique…

Champions du monde : Manny Pacquiao (WBO 147 livres), Miguel Cotto (WBA 154), Nonito Donaire (WBO et WBC 118), Julio Cesar Chavez fils (WBC 160), Jorge Arce (WBO 122), Brandon Rios (WBA 135) Espoirs : Jose Benavides, Mike Lee, Mercito Gesta, Luis Cruz, Miguel Garcia, Mike Jones, Matt Korobov Autres : Mike Alvarado, Antonio Margarito, Urbano Antillon, Ivan Calderon, Fernando Montiel, Guillermo Rigondeaux Golden Boy Promotions Le travail infatigable de Richard Schaefer et la renommée d’Oscar De La Hoya ont rapidement fait de ce groupe un incontournable de la boxe au même titre que Top Rank. Cependant, les frasques de son fondateur ont rempli les forums de discussion et les pages sportives dans les derniers mois, surtout après une visite en centre de désintoxication et des aveux sur sa situation, le tout faisant ombrage à ce qui se passait côté boxe.

Bob Arum, le grand patron de Top Rank. (Photo Robert Brizel)

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Malgré tout, l’écurie produit de gros galas à Las Vegas (Mayweather c. Ortiz) et a relancé Solo Boxeo Tecate sur Telefutura, ce qui permet de faire boxer les plus jeunes boxeurs de l’écurie afin de leur faire gagner de l’expérience tout en leur bâtissant un auditoire fidèle. Mission identique pour la série Fight Night Club, sur Fox Sports Net, qui se tient au Club Nokia à Los Angeles tous les mois et vise la clientèle de la côte Ouest. Et dès 2012, le groupe fera des galas à New York, au Barclays Center de Brooklyn, avec le but avoué d’attirer l’attention du monde de la boxe de la côte Est. Cela est l’une des raisons de l’entente survenue entre le groupe et GYM, qui profitera de la vitrine pour ses jeunes boxeurs comme Felix Diaz. Une fierté évidente chez le groupe de promotion californien, c’est d’avoir épaulé Bernard Hopkins pour qu’il devienne le plus vieux champion du monde à 46 ans, épisode qui s’est déroulé dans notre cour. Et le poids de Golden Boy dans le milieu a paru après le premier combat entre Jean Pascal et Hopkins quand Schaefer s’est publiquement plaint du résultat et du travail de l’arbitre, ce qui a poussé le président du WBC, Jose Sulaiman, à accorder immédiatement un combat revanche. Le groupe, avec plus de 70 boxeurs à son actif, est en pleine forme et ne s’assoit pas sur ses lauriers, comme en témoignent les nombreux projets qui sont en branle ou sur le point d’être lancés. Les collaborations avec les boxeurs possédant leur propre groupe de promotion sont fréquentes, avec les Juan Manuel Marquez, Saul Alvarez, Erik Morales et David Haye, entre autres. Et il ne faudrait pas oublier qu’un des nôtres, Mikaël Zewski, a signé un contrat qui lui permet de se faire connaître aux États-Unis en se battant en sous-carte de boxeurs établis de l’écurie. Champions : Saul Alvarez (WBC 154), Jhonny Gonzalez (WBC 126), Amir Khan (WBA 140), Bernard Hopkins (The Ring et WBC 175), Chris John (WBA 126) Espoirs : Gary Russell fils, Peter Quillin, Marco Antonio Periban, Seth Mitchell, Frankie Gomez, Michael Zewski Autres : Marco Maidana, Erislandy Lara, Victor Ortiz, David Haye, Paulie Malignaggi, Lucas Mathysse, Daniel Jacobs, Abner Mares, Jorge Linares, Humberto Soto, James Kirkland, Robert Guerrero À la poursuite des grands Gary Shaw Productions L’ineffable promoteur à la culotte de jogging est bien connu ici pour ses déclarations incendiaires sur la Régie des alcools, des courses et des jeux après la victoire de Jean Pascal sur Chad Dawson. Le promoteur est un grand voyageur comme l’indique son dernier périple de 41 000 km qui l’a amené en Australie (Daniel Geale) et en Arménie (Vic Darchinyan) pour supporter ses boxeurs dans des cartes locales.

Gary Shaw et son boxeur Ali Funeka. (Photo Richard Cloutier)

Gary Schaefer, bras droit d’Oscar De La Hoya chez Golden Boy Promotions. (photo Vincent Ethier)

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Disons que si, à l’époque du premier article sur les promoteurs, Shaw semblait dans une position fort désirable avec Darchinyan, Dawson et Bradley qui possédaient chacun une ceinture et Andre Dirrell qui faisait bonne impression dans le Super Six, ce n’est plus le cas aujourd’hui puisque l’on est dans une phase de transition chez GSP. Premièrement, Timothy Bradley est en litige juridique avec Shaw et un promoteur associé (Ken Thompson) et s’est tourné vers Top Rank. Ensuite, le retour d’Andre Dirrell est remis aux calendes grecques en raison de troubles cérébraux et d’autres problèmes en dehors du ring. Puis, il y a Chad Dawson qui semble incapable d’être en phase avec un entraîneur pour plus d’un combat et qui, début septembre, ne faisait que commencer son entraînement sérieux pour un affrontement avec Bernard Hopkins le 15 octobre prochain. On peut mentionner Vic Darchynian qui a perdu en demi-finale du tournoi Showtime pour les 118 livres. Et Alfredo Angulo, qui a, à un certain moment, vécu chez Shaw et qui est maintenant incapable de revenir aux États-Unis à cause de problèmes de visa, le promoteur ayant lancé la serviette dans son cas. Cela dit, comme Shaw a du flair pour dénicher de jeunes espoirs fort intéressants tels que Lateef Kayode, Jose Pedraza et Thomas Dulorme, il peut les mettre sur des cartes de Shobox et leur donner graduellement plus de visibilité. Mais toujours faut-il arriver à les garder une fois à maturité… Champions : Daniel Geale (IBF 160), Timothy Bradley (140 WBO), Sergiy Dzinziruk (154 WBO) Espoirs : Luis Del Valle, Jose Pedraza, Anthony Dirrell, Lateef Kayode Autres : Chad Dawson, Andre Dirrell, Timothy Bradley, Vic Darchinyan, Rafael Marquez, Kendall Holt DiBella Entertainment Lou DiBella n’a pas la langue dans sa poche, comme le démontrent ses nombreux commentaires spontanés sur Twitter, qui font les choux gras de la presse spécialisée. Ancien directeur de la programmation des sports chez HBO, il a ses entrées à cette chaîne pour faire combattre ses champions, tout comme à Showtime pour montrer ses espoirs. Et DiBella est l’un des trois promoteurs qui pourront profiter de l’arrivée d’EPIX dans le portrait pour faire boxer d’autres pugilistes de son groupe qui en compte une quarantaine. Chose plutôt rare en boxe, il a fait le choix de se départir d’un boxeur vedette, en l’occurrence Jermaine Taylor, alors que celui-ci avait encore deux combats lucratifs à faire dans le Super Six, ne voulant pas voir son boxeur s’exposer inutilement à des dommages irréversibles. Combien de boxeurs ont vu leur promoteur étirer la sauce inutilement afin de rentabiliser au maximum leur investissement? DiBella en fait souvent plus que le client en demande pour arriver à trouver des combats pour ses boxeurs, comme il le claironne dans le cas de Sergio Martinez qui ne trouve pas chaussure à son pied. Champions : Andre Berto (IBF 147), Sergio Martinez (The Ring, 160) Espoirs : Edwin Rodriguez, Dyah Davis, Steven Martinez, Isaac Chilemba Autres : Zsolt Erdei, Carlos Quintana, Aaron Pryor fils, Peter Manfredo fils, Cristian Mijares, Marcus Johnson, Glen Johnson, Celestino Caballero Dan Goossen L’homme au veston jaune moutarde est plutôt en situation stationnaire actuellement. Son écurie est propulsée par les succès de sa jeune vedette, Andre Ward, qui balaie tout sur son passage dans le tournoi Super Six de Showtime. La déconfiture de Paul Williams face à Sergio Martinez et sa victoire douteuse sur Erislandy Lara lui ont certainement fait perdre une place de choix chez HBO. Le lourd Chris Arreola est aussi un habitué, depuis quelques années, des « Boxing after Dark » et pourrait très bientôt être de retour pour un combat de championnat contre Wladimir Klitschko. Le 5 novembre prochain, Goossen sortira de nouveau de son pays et tentera l’expérience du Mexique en s’associant avec le réseau Televisa pour un combat de Chris Arreola. Il aurait pu refuser un tel projet après la débâcle au Kazakhstan, alors que Jurgen Brahmer a tout laissé tomber dans la semaine du combat contre Beibut Shumenov. Goossen a perdu de l’argent dans l’aventure, en plus de son boxeur, puisque lui et Shumenov ont décidé de prendre des chemins différents. On ne connaît pas de réelle animosité entre Dan Goossen et ses pairs, peut-être parce que celui-ci préfère s’en tenir à un

Lou DiBella, promoteur de Sergio Martinez. (Photo Robert Brizel)

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petit groupe de boxeurs ou tout simplement parce que ce n’est pas un promoteur connu pour hausser le ton et faire le spectacle. Champions : Andre Ward (WBA 168), Rico Ramos (WBA 122) Espoirs : Shawn Estrada, Javier Molina, Michael Ruiz fils Autres : Chris Arreola, Eddie Chambers, Tony Thompson, Paul Williams, James Toney, John Molina Don King La chute du vieux renard, amorcée depuis une dizaine d’années, se poursuit car il n’arrive tout simplement plus à rivaliser avec les autres. Depuis quelque temps, parce qu’il fait la promotion de plusieurs boxeurs de la région de Saint-Louis (Cory Spinks, Cornelius Bundrage, Devon Alexander, Ryan Coyne), plusieurs galas y ont été tenus mais les résultats douteux des deux derniers combats d’Alexander contre Andryi Kotelnik et Lucas Mathysse font en sorte qu’il soit, aujourd’hui, plus difficile d’obtenir de l’adversaire qu’il vienne risquer sa fiche à Saint-Louis. Comme quoi le personnage garde cette aura sulfureuse malgré son âge avancé (80 ans). De plus, Alexander a décidé d’aller voir si l’herbe est plus verte chez Golden Boy Promotions, faisant perdre au promoteur le boxeur générant la meilleure vente de billets. Si on voit beaucoup moins de galas de Don King à la télévision, c’est aussi qu’il a beaucoup misé sur son site de diffusion (DonKingTV.com) pour faire voir ses boxeurs. Au Québec, l’intérêt envers Don King réside dans son association avec Bermane Stiverne, en attente d’un combat de championnat face à Wladimir Klitschko. Et tout dernièrement, on apprenait qu’un possible combat entre Tavoris Cloud et Jean Pascal tombait à l’eau parce que le promoteur américain exigeait des droits sur les trois prochains combats de Pascal. Les méthodes ne changeront pas apparemment, mais les boxeurs sous la supervision de King se lassent plus rapidement aujourd’hui, déplorant souvent le manque d’efforts pour l’avancement de leur carrière. Et puisque personne ne semble désigné comme successeur au coloré promoteur, on peut s’attendre, à son départ, à la disparition de sa compagnie de promotion, à moins que son fils adoptif, Carl, décide de poursuivre l’affaire. Champions : Tavoris Cloud (IBF 175), Cornelius Bundrage (IBF 154), Joseph Abgeko (IBF 118) Espoirs : Omar Henry Autres : Cory Spinks, Bermane Stiverne De l’autre côté de la mare Sauerland Events Wilfrid Sauerland, toujours le plus gros joueur en Europe, a profité de la visibilité qui venait avec le Super Six pour engranger les profits. Il n’a pas de base en Amérique, mais le tournoi de Showtime a permis aux fans américains de mieux le connaître, de même que son fils Kalle. Cependant, à un combat du dénouement final, le pari de Wilfrid pour le projet de Ken Hershmann n’aura pas donné, dans le ring, les résultats escomptés, compte tenu des trois défaites décisives d’Arthur Abraham et de la domination d’Andre Ward sur le favori en début de tournoi, Mikkel Kessler.

Don King avec le Québécois Bermane Stiverne. (Photo Don King Productions)

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Le groupe est surtout présent dans les catégories les plus lourdes de la boxe, notamment chez les lourds avec Alexander Povetkin, Nikolaï Valuev, Robert Helenius et Kubrat Pulev. Et on peut avancer qu’il contrôle la catégorie des moins de 200 livres, au grand dam de Troy Ross, avec deux champions (Marco Huck et Yoan Pablo Hernandez), un autre combattant d’élite (Steve Cunningham) en plus d’un boxeur en attente d’un combat de championnat (Alexander Frankel). Comme quoi, l’«euro-domination» des catégories supérieures n’est pas encore terminée… Champions : Marco Huck (WBO 200), Yoan Pablo Hernandez (IBF 200) Espoirs : Kubrat Pulev, Dominik Bristch Autres : Sebastian Sylvester, Alexander Povetkin, Eduard Gutknecht, Karo Murat SES Boxing Ce n’est pas moins de 65 galas qui ont été organisés par Uli Steinforth depuis ses débuts en 2000. Avec 13 boxeurs et 5 entraîneurs, le groupe de promotion arrive à tirer son épingle du jeu en Allemagne grâce à de bons contrats de télévision. Actuellement, c’est la chaîne Sport 1 qui diffuse les galas de SES en Europe centrale et de l’Est. Point intéressant à mentionner, plusieurs cartes en Allemagne font maintenant un tabac grâce à la présence de boxeuses. Si Sauerland mise sur Cecilia Brakheus (WBO, WBC, WBA à 147), SES n’est pas en reste avec plusieurs championnes de haut niveau en Susi Kentikian, Natascha Ragosina et Ramona Kühne qui ont déjà fait la finale de certains galas. On peut donc voir en SES le principal promoteur de la boxe féminine professionnelle sur la planète alors que celle-ci reste beaucoup plus marginale de notre côté de l’océan. Champions : Robert Stieglitz (WBO 168) Espoirs : Francesco Pianeta Autres : Jan Zaveck, Lucas Konecny, Robin Krasniqi Frank Warren Partie prenante de la boxe depuis 1980, Frank Warren a accompagné de nombreux boxeurs vers une ceinture de champion du monde : Nassem Hamed, Nigel Benn, Joe Calzaghe, Ricky Hatton et Amir Khan. Le problème pour ce promoteur a toujours semblé apparaître lorsque vient le temps de franchir l’océan pour conquérir l’Amérique, certains de ses boxeurs (Ricky Hatton, Amir Khan) préférant alors se lier avec un promoteur d’outre-mer. Plusieurs ont noté la facilité avec laquelle les boxeurs, sous la bannière Warren, obtenaient un bon classement. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui James DeGale est tout près d’un combat pour le titre à la WBO malgré le fait qu’il n’a que 11 combats, (dont une récente défaite) derrière la cravate. Ayant récemment perdu son télédiffuseur Sky Sports parce que de gros galas comme Magnificent Seven et Gr8 Britain vs The World n’ont pas été à la hauteur de ce qu’on avait annoncé, Warren doit aujourd’hui chercher une nouvelle entente avec un télédiffuseur. Mais la lumière au bout du tunnel est vite apparue sous la forme de BoxNation, une nouvelle chaîne spécialisée de SkyTV. Warren offrira trois ans de programmation de boxe à cette nouvelle chaîne. Comme un vieux chat qui retombe toujours sur ses pattes! Champions : Nathan Cleverly (WBO 175), Ricky Burns (WBO 130) Espoirs : James DeGale, Georges Groves, Frankie Gavin Autres : Denis Lebedev, Enzo Maccarelli, Tony Bellew, Paul Smith, Gavin Rees, John Murray, Derek Chisora

Kalle Sauerland avec Alexander Povetkin. (photo boxen.com)

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Matchroom Sport Fondé en 1982 par Barry Hearn, Matchroom Sport a fait sa première tentative à la boxe avec la promotion du combat Frank Bruno contre Joe Bugner en 1987. Le groupe est à l’origine de la création de la série Prizefighter qui met en compétition 8 pugilistes d’une même catégorie de poids qui doivent faire 3 combats de 3 rounds dans la même soirée pour gagner le tournoi et la bourse. Des boxeurs comme Audley Harrison, Gavin Rees et Mike Perez ont profité de leur victoire pour relancer une carrière ou l’amener à un niveau supérieur. En octobre 2011 aura lieu le 21e tournoi de cette série, très populaire parmi les fans de boxe anglais. Disons que le groupe a le vent dans les voiles depuis qu’il a réussi à convaincre Carl Froch de laisser tomber le groupe Hennessy pour se joindre à eux. Et avec Kell Brooks qui est sur le point d’obtenir un combat éliminatoire ou même de championnat, Matchroom pourrait se retrouver avec un monarque absolu chez les super-moyens et un futur champion à 147 livres. Le groupe passe donc d’être un groupe de promotion de niveau local à s’occuper de boxeurs qui peuvent se battre n’importe où au monde. Le combat entre leur poulain Darren Barker et Sergio Martinez fut une belle occasion pour se faire voir et peut-être attirer de jeunes espoirs intéressés par l’idée d’atteindre les sommets avec un promoteur audacieux. Champions : Carl Froch (WBC 168) Espoirs : Kell Brooks Autres : Darren Barker, Paul McCloskey Nombreux sont les autres promoteurs qui tentent de tirer leur épingle du jeu. On a qu’à penser au promoteur japonais Teiken qui s’occupe des champions Takahiro Aoh (WBC 130) et Toshiaki Nishioka (WBC 122) en plus de faire la copromotion de Jorge Linares avec GBP. On retrouve également un groupe comme Main Events qui fut plus important du temps de Lou Duva mais qui, sous sa fille, reste une force sur la côte Est des États-Unis, particulièrement au New Jersey où Tomasz Adamek attire les foules. Il faut aussi mentionner Seminole Warriors Boxing de Leon Margules qui fait beaucoup dans la copromotion, entre autres pour Glen Johnson et Edison Miranda. Finalement, le groupe Zanfer et son président Fernando Beltran sont des incontournables au Mexique avec des boxeurs comme Fernando Montiel, Jorge Arce, Julio Cesar Chavez fils et Humberto Soto. Dans un monde sans pitié comme celui de la boxe, il faut toujours assurer ses arrières et savoir planifier l’avenir sans quoi on peut, dans une courte période, passer d’être un incontournable au milieu du peloton, puis à la queue. Bien sûr, nous aimons bien casser du sucre sur le dos des promoteurs, particulièrement les locaux, mais les risques financiers qu’ils prennent pour nous divertir et faire fructifier leur avoir demandent que l’on tienne compte de cette situation dans notre jugement.

Carl Froch, la plus grande acquisition de Matchroom Boxing.

(photo matchroomboxing.com)

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David Whittom : quand le rideau tombe

Par Jean-Luc Autret C’est sans tambour ni trompette que l’entraîneur François Duguay a annoncé le 10 septembre dernier à David Whittom qu’il était temps pour lui de mettre un terme à sa carrière. Ce conseil lui a été donné avec tout le respect qu’il a pour l’homme et avec de la considération pour sa santé à long terme. David Whittom (11-17-1, 7 K.-O.) a été un coriace road warrior au cours des sept dernières années. Voici la rétrospective d’une carrière forgée contre travers vents et marées, qui l’a amené à combattre tous ceux qui étaient prêts à l’affronter. Un entraînement qui devient vite une passion Né à Saint-Quentin, une petite ville du Nouveau-Brunswick situé au pied du Mont Carleton et au bord de la rivière Restigouche, David Whittom est arrivé à Québec à l’âge de 12 ans, en compagnie de ses parents. Il est aujourd’hui installé à Lac Saint-Charles. En 2000, David a 19 ans, il joue pour les As de Beauport dans la ligue de hockey semi-pro. Alors qu’il vise à améliorer ses talents de bagarreur sur la glace, David décide de s’inscrire au gymnase d’Andy Mallette pour s’entraîner à la boxe. Il se découvre vite une passion pour le noble art, qui l’amène progressivement à quitter le hockey. Pendant quatre ans, David pratique la boxe amateur. À cette époque, il est aussi fantassin dans l’Armée canadienne, un métier qu’il affectionne beaucoup, bien qu’il n’ait pas effectué de mission à l’étranger. Son employeur le supporte dans le déroulement de sa carrière amateur. En 2004, David se rend à Winnipeg, au Manitoba, pour les championnats canadiens amateurs : il y remporte la médaille de bronze. « Ce fut ma plus belle expérience en boxe amateur. Je devais finir dans les deux premières positions pour aller aux Jeux panaméricains, mais je n’ai pas été capable de battre le champion en titre, Jason Douglas », raconte celui qui a mis un terme à sa carrière amateur après 26 combats.

Des débuts encourageants en boxe professionnelle L’arrivée de François Duguay à Québec, en 2003, change beaucoup de choses : David le choisit comme entraîneur et il décide ensuite de devenir boxeur professionnel. L’Armée n’aime pas tellement que David soit maintenant devenu boxeur professionnel et ses employeurs ne se gênent pas pour lui faire savoir : David quitte alors de lui-même l’Armée et se trouve un emploi dans le domaine de la construction, ce qui lui permet de travailler l’avant-midi et de se consacrer à l’entraînement le reste de la journée. À cette époque, David a le privilège d’être soutenu par le promoteur Interbox : entre décembre 2004 et juillet 2005, il participe aux cinq premiers galas de la compagnie nouvellement dirigée par Jean Bédard.

Toujours prêt à accepter un combat, David devant le « Goliath » Tye Fields qu’il affronta le 24 juin dernier à Edmonton.

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Toujours prêt à accepter un combat En septembre 2005, malgré une mésentente avec son entraîneur, David accepte un combat à Edmonton (Alberta) pour affronter James Cermak. Il s’y rend en compagnie de Sébastien Gauthier. Son adversaire est un cogneur : il a une fiche de 7-0-0, dont six victoires par K.-O. « J’avais comme plan de match de me déplacer face à lui, Sébastien m’a plutôt conseillé d’utiliser ma force de frappe. J’ai échangé avec Cermak, mais je suis passé deuxième. Le combat s’est terminé avant la fin du deuxième round. C’est la seule vraie fois que je me suis fait knocker, j’avais plus de jambes et j’étais mêlé », explique David. Ce premier combat sur la route marque la fin de sa relation privilégiée avec Interbox. Le fait qu’il ne l’ait pas remporté n’a pas été le facteur clé dans la rupture entre le boxeur et le promoteur : c’est plutôt le rythme de vie de David à l’extérieur du gymnase qui va amener Interbox à prendre ses distances. Maintenant boxeur « agent libre », David accepte tous les combats qui s’offrent à lui : il retournera à trois autres reprises en Alberta, ira deux fois à Porto Rico, trois fois aux États-Unis et même à une occasion à Moscou, en Russie :« Mon voyage le plus marquant, c’est certainement quand je suis allé en Russie. Là-bas, les gens sont vraiment froids, personne ne fait de sourire, ce n’est pas une place pour aller en vacances. La sécurité est présente partout, il fallait payer la police à chaque passage, c’était très dépaysant! » raconte David.

Bien des adversaires connus Reconnu pour sa résistance, David a affronté des anciens champions du monde, de nombreux aspirants et de probables futurs champions à travers ses sept années de boxe professionnelle. Au Québec, les trois plus connus sont Adrian Diaconu (défaite par décision unanime, huit rounds), Adonis Stevenson (défaite par décision unanime, dix rounds) et Nicholson Poulard (victoire par décision majoritaire, quatre rounds). David s’est incliné face à un ancien champion du monde, Manny Siaca (champion WBA des super-moyens en 2004), et contre des boxeurs qui sont actuellement classés mondialement, tels que Lateef Kayode (premier aspirant WBA, troisième à la WBO, quatrième à la WBC et cinquième à la IBF), Ismayl Sillakh (troisième à la WBC et onzième à la IBF) et Joe Spina (septième à la WBA). Il a aussi mis les gants avec des gars de la relève comme Eleider Alvarez, Oscar Rivas et Lionell Thompson (cinq fois champion des Gants dorés de l’État de New York). « L’an dernier, j’ai eu une offre pour aller faire du sparring à Moscou avec Denis Lebedev, qui se préparait pour Roy Jones Jr.; mais après mon expérience là-bas en 2006, j’ai préféré refuser, même si c’était bien plus payant que mon salaire dans la

construction. C’est beaucoup trop corrompu, je n’avais pas confiance », affirme David. Le boxeur du Lac Saint-Charles a aussi fait du sparring avec l’élite de chez nous. À travers les années, il a notamment mis les gants avec Lucian Bute, Jean Pascal et Troy Ross. Une carrière hypothéquée par la drogue Entre 2004 et 2006, David a la chance de concentrer ses énergies uniquement à la boxe, il compte même sur l’appui d’un commanditaire, Nutrition Sport Fitness. De plus en plus connu à Québec, le boxeur commence à faire la fête à partir de 2005... C’est ainsi qu’il perd son commanditaire et aussi le soutien de son promoteur Interbox. Ses problèmes de consommation de drogue affectent sa carrière, mais ne l’empêchent pas d’accepter chacun des défis qu’on lui propose. Il reconnaît aujourd’hui avoir fait quelques combats uniquement pour toucher la bourse. Particulièrement dépendant à la cocaïne, David a eu besoin de plusieurs cures de désintoxication pour s’en sortir. Il change son entourage, mais c’est surtout le fait de voir grandir son fils qui lui a fait changer son mode de vie.

Whittom, un road warrior qui a notamment visité l’Alberta, Porto Rico, les États-Unis et la Russie. (Photo Vincent Ethier)

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Aujourd’hui, sobre depuis juillet 2010, il travaille depuis deux ans à temps plein comme manœuvre spécialisé pour une entreprise de canalisation souterraine. Sa vie amoureuse est également stable depuis six ans et son garçon, Zack, est âgé de quatre ans. Une retraite difficile à accepter « Je suis un fighter, j’aime me battre et même si je ne suis pas le meilleur, je sais que je peux me battre avec eux. C’est difficile d’accepter le fait que c’est fini. Aujourd’hui, je prends conscience que c’est probablement la meilleure chose à faire. J’ai un bon travail, une famille. C’est le bon moment pour arrêter, avant que je ne voie plus clair, que je commence à bégayer, que j’aie des problèmes au cerveau… En plus, mon entraîneur m’a dit que c’était le temps et je lui fais confiance à 100 %. Je travaille avec François depuis 2004, c’est bien plus qu’un entraîneur pour moi », explique David. Depuis environ un an, le boxeur manque de temps pour s’entraîner autant qu’il le souhaiterait. Il ne fait plus de jogging le matin mais passe quotidiennement entre une demi-heure et une heure au gymnase. « J’ai maintenant 32 ans et mes adversaires m’étudient attentivement, alors que moi je n’ai pas le temps de faire ça. Je ne peux plus suivre les gars… » avoue David. Maintenant retraité, il n’abandonne pas sa passion si facilement. Son entraîneur, François Duguay, l’a invité à être un homme de coin lors du combat de Pier-Olivier Côté, le 5 novembre dernier. De plus, David supervise quotidiennement l’entraînement d’Apou aux poids et haltères dans les semaines précédant ce combat. Son entraîneur a un grand respect pour lui : « David aura marqué le monde de la boxe au Québec, à sa façon, en étant l’un des boxeurs les plus courageux de ce sport. Tout comme Stéphane Tessier, on ne peut qu'avoir de l'admiration pour ces gars-là », affirme François Duguay. Les amateurs ne le verront plus se battre, mais ils continueront à le voir dans bien des galas de boxe. En conclusion, on peut bien retirer les gants des mains d’un boxeur, mais on ne lui enlève pas sa passion pour le noble art. Sa carrière en rafale L’adversaire le plus rapide : « Ismayl Sillakh, car il est le seul à m’avoir blessé grièvement : une fracture orbitale m’a forcé à abandonner le combat. » L’adversaire le plus coriace : « Jason Naugler. Malgré que je l’aie envoyé au plancher au dixième round, il a fini le combat. Ce n’est pas pour rien qu’il a atteint la limite contre David Lemieux. » L’adversaire qui cogne le plus fort : « Tye Fields. Ce gars-là pesait plus de soixante-quinze livres que moi, un monstre de six pieds, sept pouces! À un poids plus normal, le plus gros cogneur que j’ai affronté, c’est clairement Adonis Stevenson. C’est rare, un boxeur qui frappe si fort. » L’adversaire le plus salaud : « Manny Siaca. Cet ancien champion du monde m’a lancé de nombreux coups de tête prémédités, j’étais fendu au-dessus des deux yeux. » L’adversaire le plus talentueux : « Mon dernier adversaire, Lionell Thompson, est vraiment bon, et je ne serais pas surpris qu’il devienne champion du monde dans quelques années. » Sa plus grosse bourse : « 10 000 $. J’ai fait cette bourse deux fois : contre Adrian Diaconu et Nicholson Poulard. » Son plus gros vol : « À Moscou, face à Mikhail Nasyrov. Je lui ai cassé le nez au deuxième round et il a échappé son protecteur buccal six fois sans perdre de points! Je me battais contre lui et contre l’arbitre ce jour-là! » Son verdict le plus injuste : « Ma défaite face à Jason Naugler. Le titre canadien des mi-lourds était en jeu; dans ma tête et dans mon cœur, je sais que j’ai gagné. J’ai perdu un point au neuvième et Naugler est tombé au dixième, ce qui a été déclaré comme une chute. Ce fut une une décision majoritaire (96-94 96-94 95-95). » Sa plus grande victoire : « Avoir pu faire autant de combats sans l’assistance d’un promoteur. » Sa plus grande déception : « Devoir arrêter de boxer! » Ses plus beaux souvenirs : « Mes voyages à Porto Rico et à Moscou, évidemment. Je me souviendrai longtemps d’avoir boxé en sous-carte d’événements majeurs tels que Pascal-Hopkins II, à Montréal, et Dawson-Tarver II, à Las Vegas. »

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Flashback : La filière camerounaise

Par Richard Cloutier

Dans le cadre de sa chronique Flashback, le magazine de La Zone de Boxe s’intéresse cette fois au parcours de quatre boxeurs issus du Cameroun ayant, chacun à leur façon, marqué l’histoire de la boxe au Québec et au Canada : Hermann Ngoudjo, Paul Mbongo, Hilaire Simo et Olivier Lontchi. S’il est vrai que le nom de chacun n’a pas la même résonnance, tous ont assurément apporté leur contribution dans le développement de notre scène locale. Les IVe Jeux de la Francophonie Nombreux sont les boxeurs évoluant actuellement sur la scène mondiale à avoir représenté leur pays lors des IVe Jeux de la Francophonie tenus à Ottawa-Hull, du 14 au 21 juillet 2001. Parmi eux, venu avec la délégation roumaine, Lucian Bute a remporté la médaille d’or et attiré suffisamment l’attention pour être recruté quelques années plus tard par le Groupe Interbox. La suite fait partie de l’histoire. Un autre médaillé d’or, représentant pour sa part le Canada, jouit également aujourd’hui d’un statut enviable : il s’agit de Jean Pascal. De fait, ce ne fut pas moins de 51 délégations et 2400 participants qui convergèrent vers le Canada cette année-là, afin de prendre part à cette compétition sportive et culturelle. Dans le cas du Cameroun, la délégation contenait 120 membres, incluant les athlètes, les entraîneurs et les accompagnateurs. Parmi eux, quatre jeunes hommes étaient des boxeurs. Le contexte politique En 2001, Olivier Lontchi est âgé de 18 ans lorsqu’il se présente au Canada. Son palmarès, qui comprend cinq titres nationaux et une médaille d’or aux Jeux d’Afrique de 1999, est enviable. Pour sa part, Hermann Ngoudjo en est à une seconde participation aux Jeux de la Francophonie. Quatre ans plus tôt, il avait mit la main sur la médaille de bronze. Son parcours lui a ensuite permis de remporter la médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth en 1999, puis de vivre l’aventure olympique à Sydney en 2000. Aventure qu’il a d’ailleurs partagée avec Paul Mbongo. Ignoraient-ils ce qui les attendait au bout de ce voyage au Canada? Dans le cadre d’une entrevue menée par François Couture et publiée en 2006 dans le magazine Ringside, Hermann Ngoudjo lève le voile sur les circonstances ayant mené à la défection de l’équipe de boxe : « (...) il appert que les fonds accordés aux boxeurs par le gouvernement camerounais sont détournés par les dirigeants. Après avoir vainement dénoncé la situation au Cameroun, la Panthère, en compagnie de ses amis boxeurs, profite de son passage à Hull pour soulever le problème publiquement. Ses déclarations choquent la délégation de son pays ». Les quatre hommes sont alors menacés d’emprisonnement et de torture. « Le Canada nous a protégés. Sur Internet, les adjoints du ministre du Cameroun ne cachaient même pas leurs intentions! Les autorités canadiennes ont vu qu’il y avait une menace réelle pour nous ». C’est ainsi qu’ils restent au Canada une fois les Jeux terminés. Ils aménagent ensemble, puis reprennent rapidement l’entraînement, au Centre Claude-Robillard. Les débuts professionnels Si les quatre boxeurs arrivent au Canada par la même porte, la suite de leur marche n’emprunte pas le même rythme. C’est Hermann Ngoudjo qui, le premier, foulera le ring à titre de boxeur professionnel. Après avoir signé une entente de promotion avec le Groupe Interbox, il livre un premier combat face à Stéphane Savage au Centre Bell, le 22 novembre 2003. Ce soir-là, alors qu’Otis Grant fait son retour à la compétition en affrontant le Sud-Africain Dingaan Thobela, Lucian Bute dispute également son premier combat chez les professionnels.

Olivier Lontchi a entre autres défendu avec succès sa ceinture NABA à trois reprises.

(Photo Vincent Ethier)

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Moins d’un mois s’écoule lorsqu’Hermann a de nouveau l’occasion de s’illustrer sur le ring. Toujours au Centre Bell, cette fois il défait son rival dès le premier round, lors d’une soirée qui marquera l’histoire de la boxe au Canada : le 20 décembre 2003, dans le combat principal, Éric Lucas s’incline devant Danny Green. Cette défaite contribue à précipiter le Groupe Interbox vers la faillite. À noter que ce dernier gala présenté par le promoteur montréalais est également le premier auquel participe un autre membre de la délégation du Cameroun, le poids lourd Paul Mbongo.

Comme l’explique Richard Cloutier dans son ouvrage Lucian Bute le perfectionniste, « au moment où Hans-Karl Mühlegg a recours à la Protection de la loi sur les faillites, deux galas sont prévus », soit le 20 mars 2004 au Casino de Montréal et le 24 avril 2004 au Colisée Pepsi de Québec. « Toutefois, comme les bourses des boxeurs ont alors déjà été déposées en garantie auprès de la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec, Yvon Michel s’assure de mener ces événements à terme en trouvant de nouveaux partenaires ». Parmi ces partenaires se trouve notamment le Groupe Azura, avec à sa tête l’homme d’affaires Dino Marchitello. La firme détient un permis de promoteur et gère alors la carrière de différents boxeurs, dont celle de Joachim Alcine. Hermann Ngoudjo, qui boxera sur ces deux cartes, fera alors une rencontre fort à propos pour la suite de sa carrière, comme il l’explique dans l’article du magazine Ringside précédemment

cité : « Dino Marchitello, le propriétaire, a été fantastique pour moi. C’est un monsieur qui a du cœur. Mes petits problèmes, c’est lui qui les réglait. J’ai fait un premier combat avec ce groupe en Californie, en sous-carte, et contre toute attente, j’ai gagné contre Jorge Alberto Padilla. À mon retour, Dino et Yvon Michel ont créé la compagnie GYM et j’ai alors signé avec eux ». L’impact du Groupe Yvon Michel Fondé au mois d’août 2004, GYM présente le premier gala de son histoire au Casino de Montréal le 11 septembre 2004. Hermann Ngoudjo y obtient sa sixième victoire en carrière, face à Leonardo Rojas. Pour sa part, après un combat livré en avril 2004 au Hershey Centre de Mississauga, Paul Mbongo monte également sur le ring du Casino de Montréal, ce jour-là, et livre un troisième combat en carrière. Les deux autres membres du contingent camerounais ne seront pas en reste : Olivier Lontchi débute sa carrière professionnelle lors du second événement présenté par GYM. Le 29 septembre au Club Soda de Montréal, il fait match nul avec Dave Drouin. Quant au poids lourds Hilaire Simo, jusque-là engagé comme partenaire d’entraînement auprès de plusieurs boxeurs locaux, il ne disputera finalement qu’un seul combat professionnel. Près de six mois après ses compatriotes, soit le 9 avril 2005 au Casino de Montréal, il remporte son unique victoire sur Stéphane Tessier qui, lui aussi, débute alors sa carrière professionnelle. Les parcours Malgré une fiche de 13 victoires, un combat nul et une défaite cumulée entre 2003 et 2007, Paul Mbongo n’arrive jamais réellement à soulever les passions chez les amateurs de boxe de la Belle Province. D’abord présenté comme un cogneur, celui que l’on surnomme « le Volcan » n’obtient au bout du compte que quatre victoires avant la limite lors des quinze duels qu’il aura l’occasion de livrer en carrière. Il est néanmoins en vedette dans des affrontements épiques, notamment contre Raymond Olubowale, à deux reprises, puis face à Demetrice King. Une suite de blessures, dont une à la main, aura finalement raison de sa carrière. Pour sa part, Olivier Lontchi a su créer des attentes élevées grâce à la qualité de sa boxe. Devenu champion canadien des plumes en 2006, il a ensuite mis la main sur les titres NABA et NABO des super-coqs en 2007, en défaisant l’ancien champion du monde WBO Cruz Carbajal. Il a par la suite défendu avec succès sa ceinture NABA à trois reprises.

Paul « le volcan » Mbongo a combattu dans deux affrontements épiques, notamment contre Raymond

Olubowale (photo Joël Tripp)

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Lontchi s’est incliné une première fois en carrière le 27 juin 2009 lors d’un combat de championnat du monde WBO disputé à Atlantic City. Il affrontait alors Juan Manuel Lopez. De retour à la compétition plus de 18 mois plus tard, il a une fois de plus goûté à l’amertume de la défaite, cette fois en se mesurant à Miguel Angel Garcia sur le ring du Honda Centre à Anaheim, en Californie. Ayant jusqu’ici disputé 22 combats, Olivier Lontchi s’est incliné à deux reprises et a obtenu deux verdicts nuls. Inactif depuis le 4 décembre 2010, il n’est présentement sous contrat avec aucun promoteur et on ignore s’il y aura une suite à sa carrière. C’est sans le moindre doute Hermann Ngoudjo qui, parmi les quatre boxeurs camerounais restés au Canada en 2001, a le plus évolué sous les projecteurs. Rapidement considéré par son promoteur comme un espoir mondial, Ngoudjo a répondu favorablement et cumulé les succès. Dès son neuvième combat, qu’il remportait avant la limite sur l’ancien champion du monde WBA Eloy Rojas, il s’est emparé de sa première ceinture nord-américaine des super-légers, celle de la NABF. Face à Emmanuel Augustus, en octobre 2005, Ngoudjo a ensuite ajouté la couronne WBC International. La « Panthère noire » a par la suite défendu ses ceintures avec succès jusqu’en janvier 2007, où il a connu sa première défaite en carrière, aux mains de Jose Luis Castillo. Le duel, disputé à Las Vegas, était éliminatoire au titre mondial WBC. Hermann Ngoudjo aura deux autres occasions de combattre en combat éliminatoire, à chaque fois pour la ceinture IBF. Il remportera ces deux duels, d’abord face à Randall Bailey en 2007, puis contre Souleymane M’baye en 2008. Mais il échouera dans ses deux tentatives de s’emparer du titre mondial : la première fois en 2008 à Atlantic City contre Paul Malignaggi, puis à Montréal en 2009 face à Juan Urango. Disputé au Centre Bell, le combat contre Urango se révèle un tournant majeur dans la carrière de Ngoudjo. Outre une nouvelle défaite à sa fiche, le boxeur du Cameroun en retire une blessure qui contribuera à accélérer la fin de sa carrière. De fait, Ngoudjo s’y fait fracturer la mâchoire. Il reste un an loin du ring et revient le 6 février 2010 au Casino de Montréal, où il renoue avec la victoire. Ce succès encourage Hermann Ngoudjo qui n’hésite pas, le 14 mai 2010, à se rendre dans le Nevada afin de faire face à Julio Diaz. Ce dernier l’emporte par décision unanime des juges et fracture de nouveau la mâchoire du Montréalais d’origine camerounaise. Aujourd’hui, malgré qu’il n’ait pas officiellement annoncé sa retraite, Hermann Ngoudjo consacre ses énergies à opérer son gymnase, appelé le Hermann Ngoudjo's Fitness & Boxing, et qui a pignon sur rue à Montréal, sur le boulevard St-Laurent, sous les bureaux de GYM.

Hermann Ngoudjo consacre maintenant ses énergies à opérer son gymnase, appelé le

Hermann Ngoudjo's Fitness & Boxing (Photo : GYM)

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Ces moments embarrassants de la boxe La boxe est un sport merveilleux dont les acteurs nous offrent, semaine après semaine, des performances courageuses et admirables. Toutefois, il arrive de temps en temps des dérapages et le magazine de La Zone de Boxe a décidé de se remémorer quelques-uns des moments embarrassants des dernières années…

Par Olivier Bégin

17 septembre 2011 : Victor Ortiz contre Floyd Mayweather

Rarement a-t-on vu un moment embarrassant dont les trois hommes dans le ring sont chacun en partie responsables. C’est toutefois ce qui est arrivé lors du combat entre l’invaincu Floyd Mayweather et Victor Ortiz. Les choses ont commencé à se gâter après trois rounds à l’avantage de Pretty Boy. Ortiz avait cerné Mayweather dans un coin, mais n’arrivant pas à le toucher solidement, il lui asséna un sournois coup de tête qui coupa son adversaire à la lèvre. L’arbitre Joe Cortez enleva immédiatement un point à Ortiz. Visiblement mal à l’aise à la suite du coup illégal, Ortiz s’approcha de Mayweather à la reprise pour s’excuser. Après une brève accolade, Ortiz recula les mains basses et sans hésiter, Mayweather lui décocha un violent crochet du gauche en représailles au coup de tête salaud. Au lieu de se protéger contre cette attaque plutôt antisportive, Ortiz se tourna vers l’arbitre en signe de protestation; celui-ci avait le regard détourné des boxeurs, étant plutôt concentré sur le chronométreur. Mayweather ne fit ni une ni deux et compléta le travail à l’aide d’une droite qui envoya Ortiz au plancher pour le compte de dix. Mayweather a profité d’une grossière imprudence de son adversaire pour gagner sur un geste antisportif qui se voulait une réponse à un coup de tête salaud, tout ça pendant que l’arbitre Cortez préférait porter son attention sur le chronométreur que sur l’action dans le ring!

6 novembre 1993 : Riddick Bowe contre Evander Holyfield

L’incident s’est produit lors de l’attendu deuxième duel de la trilogie entre Riddick Bowe et Evander Holyfield. Le combat avait lieu sur un ring à l’extérieur du Caesar’s Palace à Las Vegas. Les précipitations n’étant pas choses courantes dans la ville du vice, personne ne s’attendait à ce que quelque chose tombé du ciel ne vienne perturber le combat. Pourtant, en pleine action durant le septième round, un parachutiste muni d’un ventilateur géant attaché à son dos (d’où son surnom Fan Man) qui tournoyait depuis quelques instants déjà dans le ciel est littéralement tombé sur les cordages du ring, pour terminer sa course dans la foule. Outre la femme enceinte de Bowe qui fut blessée et dut être transportée à l’hôpital, c’est le parachutiste lui-même qui sortit le plus mal en point de la situation chaotique, l’entourage de Bowe ainsi qu’un agent de sécurité lui servant une correction. Le combat fut arrêté pendant une vingtaine de minutes. Le parachutiste du nom de James Miller fut arrêté puis relâché en n’ayant qu’à payer une caution de 200 $. Il récidivera à nouveau durant un match de la NFL à Los Angeles, ainsi que lors d’un match de soccer en Angleterre. Il se suicidera quelques années plus tard.

James Miller, connu sous le pseudonyme de « Fan Man ». (Photo boxrec.com)

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1er août 2008 : Adonis Stevenson contre Anthony Bonsante

On connaît tous la puissance de Superman et personne ne doute de sa capacité à mettre ses adversaires hors de combat d’un seul coup de poing. Cela peut expliquer pourquoi Gerry Bolen a mis fin au combat avant d’avoir terminé son compte de dix alors que Bonsante gisait au sol, vraisemblablement inconscient. Stevenson venait de placer dès le début du combat un solide direct du gauche au menton de Bonsante et ce dernier ne donnait aucun signe d’être en mesure de continuer. Toutefois, il appert qu’il s’agissait d’une quelconque tactique de la part de l’ancien participant de l’émission The Contender et qu’il n’était pas réellement ébranlé. Il croyait avoir droit à un compte de huit au minimum

avant que l’arbitre ne puisse mettre fin au combat et il a décidé de rester étendu au sol et les yeux fermés un petit peu trop longtemps au goût de Bolen, qui déclara Stevenson gagnant. L’Américain s’est relevé vigoureusement presque instantanément après l’arrêt du combat. Les téléspectateurs de la chaîne ESPN2, sur laquelle le combat faisait office de finale, ont eu droit au déchaînement de la colère de Bonsante envers le pauvre Bolen, qui répliquait qu’il le croyait réellement blessé. La décision ne fut évidemment pas renversée malgré la capacité de continuer du perdant, et Stevenson l’emporta par K.-O. à 46 secondes du premier round.

23 novembre 2001 : Richard Grant contre James Butler

Protect yourself at all times. Richard Grant ignorait que cette phrase pouvait se terminer ainsi : «même une fois le combat terminé». Dans une des scènes les plus disgracieuses de la boxe moderne, James Butler a asséné un violent coup de poing à Richard Grant alors que ce dernier allait lui donner la traditionnelle accolade d’après-combat. Michael Buffer venait de confirmer la victoire de Grant par décision unanime sur Butler lorsque l’incident s’est produit. En bon gagnant, Richard Grant s’est approché de Butler pour lui serrer la main et ce dernier en profita pour l’envoyer au pays des rêves d’une main droite dont le gant avait été enlevé. Le pauvre Grant en fut quitte pour une dislocation de la mâchoire ainsi que plusieurs points de suture sur la langue. Butler fut quant à lui arrêté et purgea quatre mois de prison. Ce ne fut toutefois pas les derniers démêlés avec la justice pour celui qu’on surnomme « Harlem Hammer » : il purge présentement une peine de 29 ans de prison pour le meurtre de Sam Kellerman, frère du célèbre analyste, qu’il tua à coups de marteau – ironiquement – malgré qu’ils étaient amis depuis une dizaine d’années et que Kellerman hébergeait Butler à son appartement…

Anthony Bonsante contre Adonis Stevenson : une fin de combat hors de l’ordinaire. (Photo Etienne Fournier)

James Butler, un mauvais perdant. (Photo boxrec.com)

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30 janvier 2009 : Herman Ngoudjo contre Juan Urango

Toute personne ayant déjà complété un round de boxe, que ce soit lors d’un combat pro ou amateur, ou même un round de sparring en gymnase, sait à quel point c’est un sport exténuant. Se battre pendant douze rounds de trois minutes semble inhumain pour le commun des mortels. Les boxeurs connaissent leurs limites et ont d’instinct, généralement, une bonne idée du temps restant à un round; c’est ainsi qu’ils dosent leur énergie en conséquence. La minute de repos entre les rounds est tout juste suffisante pour permettre à ces machines bien entraînées de refaire le plein et d’y aller d’un autre trois minutes à fond. Ceci explique pourquoi le chronométreur de l’affrontement entre Hermann Ngoudjo et Jean Urango au Centre Bell ne devrait plus jamais avoir le droit de chronométrer un combat. En effet, celui-ci a « oublié » de sonner la cloche après les trois minutes règlementaire du dixième round ; résultat : le round a duré… 5 minutes et 10 secondes! Heureusement, il n’y a pas eu de graves conséquences, mais une telle inattention aurait pu être désastreuse pour la santé des boxeurs, notamment pour celle de Ngoudjo qui boxait avec une fracture de la mâchoire depuis le troisième round.

28 juin 1997: Mike Tyson contre Evander Holyfield

Bien malgré lui, Evander Holyfield se retrouve de nouveau dans notre palmarès. Dans un des combats les plus attendus de l’histoire de la boxe, Mike Tyson allait tenter de venger une défaite subie par K.-O. technique aux mains de Holyfield, sept mois plus tôt. La victoire de Holyfield avait été une surprise de taille et nombre d’amateurs avaient espoir de voir Iron Mike remettre les pendules à l’heure lors de la revanche. Par contre, on sent dès le début du combat que les choses ne vont pas comme Tyson le voudrait et que son niveau de frustration monte en flèche. Les échanges en corps à corps sont brutaux et Tyson en profite au troisième round pour mordre l’oreille de Holyfield! C’est la consternation dans le MGM Grand Garden Arena. Malgré qu’un bout d’oreille lui ait été arraché, le docteur attitré au combat juge Holyfield en mesure de continuer. L’arbitre Mills Lane enlève deux points à Tyson et relance l’action avec quelques secondes à faire au round. Il n’en fallait pas plus pour que Tyson récidive et morde cette fois-ci l’autre oreille de Holyfield! Le round se termina et l’arbitre disqualifia Tyson, au grand désarroi des nombreux fans qui avaient payé le gros prix pour voir le combat.

24 janvier 2009 : Antonio Margarito contre Shane Mosley

Shane Mosley peut remercier son entraîneur Nazim Richardson pour sa vigilance, qui a permis à Mosley de non seulement gagner le combat contre Margarito, mais également d’y préserver sa santé. C’est que peu avant le combat, Richardson a remarqué une anomalie aux bandages de Margarito. Son insistance auprès des autorités fit que ces derniers découvrirent des tampons mouillés et une sorte de plâtre sur les bandages aux mains. La combinaison des deux produits allait résulter en un durcissement du plâtre au fur et à mesure que le combat allait avancer et donner un avantage non seulement illégal à Margarito, mais carrément dangereux. Les bandages furent confisqués pour une analyse ultérieure et Margarito dut se battre (pauvre lui!) avec des bandages réguliers. La raclée qu’il reçut et le fait qu’il n’était pas l’ombre de ce qu’il était à ses combats précédents (contre Miguel Cotto et Kermit Cintron, notamment) permet de soupçonner que ce n’était pas la première fois qu’il trichait de la sorte. Son entraîneur Javier Capetillo et lui-même virent leur permis de boxe révoqué pour un an.

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17 décembre 2004 : Stéphane Ouellet contre Joachim Alcine

Le point positif de ce combat fut qu’il permit à Joachim Alcine d’acquérir instantanément (en 69 secondes, en fait) une notoriété non négligeable au Québec. Toutefois, cela s’est fait aux dépens d’un des préférés des amateurs d’ici, Stéphane Ouellet. Ce dernier n’a que lui-même à blâmer pour la raclée qu’il a subie ce soir-là. Comme souvent lors de ses combats précédents, Ouellet a préféré la drogue à l’entraînement afin de respecter le poids contractuel. La déception était grande chez les amateurs : grâce à une promotion comme seul Régis Lévesque pouvait en faire, rarement un combat n’avait attiré autant l’attention et à peu près la moitié des amateurs de boxe du Québec entrevoyaient une victoire de Ouellet. Fait cocasse, RDS avait négocié une entente avec Régis Lévesque pour le droit de présenter les soixante premières secondes du combat dans son bulletin de nouvelles, alors que Lévesque souhaitait garder les images exclusives pour s’en servir plus tard ou les céder à gros prix dans l’éventualité d’un combat mémorable. Son plan tomba à l’eau lorsque les soixante secondes furent suffisantes à RDS pour présenter presque l’intégralité du combat!

Un combat que Stéphane Ouellet n’aurait pas dû livrer contre Alcine.

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La galerie des photographes Le magazine La Zone de boxe a la chance de compter sur trois fantastiques photographes pour garnir ses pages. Nous avons pensé leur offrir à partir de maintenant une tribune unique, la galerie des photographes, une sorte de salle d’exposition où ils nous soumettent leurs meilleurs clichés de boxe.

Bernard Hopkins tirant la langue à Jean Pascal Portrait de Kevin Lavallée

Adrian Diaconnu assenant une puissante gauche à Chad Dawson

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Robert Lévesque

Robert Lévesque

Marie-Eve Dicaire, surnommée la princesse du ring, boxeuse au club l’Impérium de Terrebonne

Kevin Lavallée et son entraîneur Russ Anber, prêts à reprendre l’action.

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Bute faisant souffrir Edison Miranda

Bute vs Andrade I Portrait de Gaétan Hart

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