La Yuma, un film de Florence Jaugey Une fille, ça ne boxe pas !

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1 http://gfen.langues.free.fr La Yuma, un film de Florence Jaugey Une fille, ça ne boxe pas ! Florence Mazet Présenté dans le cadre de la programmation scolaire du Festival organisé par l’Association Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse (ARCALT) 1 , le film La Yuma , de Florence Jaugey (2009) 2 , peut-être intéressant à plusieurs titres pour nos élèves de collège ou de lycée. Comme tout film en langue étrangère, il ouvre des univers culturels et linguistiques, qu’il conviendra de travailler en amont pour qu’ils soient bien appréhendés par tous nos élèves. De nombreuses thématiques peuvent donner lieu à un travail à la suite de la sortie au cinéma : les inégalités sociales, la pauvreté et le rêve d’émigration, les gangs, la ville… Dans cet atelier, c’est l’angle des rapports sociaux de genre qui est choisi avec un travail sur les stéréotypes de sexe. Cet atelier a été animé dans des classes de 1 e et Terminale (niveau B1) ainsi qu’en formation 3 . Une séance de ciné, ça se prépare ! On croit facilement que le cinéma doit forcément plaire à nos élèves. Or un film du Nicaragua, en VOSTF, ancré dans une réalité si distante de la nôtre, ne suscitera pas forcément une adhésion immédiate, sans une préparation préalable à la sortie au cinéma, susceptible de donner quelques clés pour dépasser les difficultés que l’on aura repérées pour nos élèves. 1 http://www.cinelatino.com.fr/ 2 http://www.laYuma-lefilm.com/ 3 Dans le cadre de la formation pour les professeurs d’espagnol et d’Education Socio-Culturelle de lycées agricoles de l’Académie de Toulouse autour des films latino-américains La Yuma et Le dernier été de la Boyita et de la thématique du genre, proposée par l’ARCALT avec le soutien de la DRAC et de la DRAAF Midi- Pyrénées (février 2011, http://www.cinelatino.com.fr/sites/default/files/lesdocs/formation-lycees-agricoles.pdf), et dans le cadre du stage La culture en classe de langues organisé par le Secteur Langues du GFEN à Toulouse, le 8-9-10 mars 2011(http://gfen.langues.free.fr/activites/stage_Toulouse_2011.pdf).

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http://gfen.langues.free.fr

La Yuma, un film de Florence Jaugey

Une fille, ça ne boxe pas !Florence Mazet

Présenté dans le cadre de la programmation scolaire du Festival organisé par l’AssociationRencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse (ARCALT)1, le film La Yuma , deFlorence Jaugey (2009)2, peut-être intéressant à plusieurs titres pour nos élèves de collège oude lycée. Comme tout film en langue étrangère, il ouvre des univers culturels et linguistiques,qu’il conviendra de travailler en amont pour qu’ils soient bien appréhendés par tous nosélèves. De nombreuses thématiques peuvent donner lieu à un travail à la suite de la sortie aucinéma : les inégalités sociales, la pauvreté et le rêve d’émigration, les gangs, la ville… Danscet atelier, c’est l’angle des rapports sociaux de genre qui est choisi avec un travail sur lesstéréotypes de sexe.Cet atelier a été animé dans des classes de 1e et Terminale (niveau B1) ainsi qu’en formation3.

Une séance de ciné, ça se prépare !

On croit facilement que le cinéma doit forcément plaire à nos élèves. Or un film duNicaragua, en VOSTF, ancré dans une réalité si distante de la nôtre, ne suscitera pasforcément une adhésion immédiate, sans une préparation préalable à la sortie au cinéma,susceptible de donner quelques clés pour dépasser les difficultés que l’on aura repérées pournos élèves.

1 http://www.cinelatino.com.fr/2 http://www.laYuma-lefilm.com/3 Dans le cadre de la formation pour les professeurs d’espagnol et d’Education Socio-Culturelle de lycéesagricoles de l’Académie de Toulouse autour des films latino-américains La Yuma et Le dernier été de la Boyitaet de la thématique du genre, proposée par l’ARCALT avec le soutien de la DRAC et de la DRAAF Midi-Pyrénées (février 2011, http://www.cinelatino.com.fr/sites/default/files/lesdocs/formation-lycees-agricoles.pdf),et dans le cadre du stage La culture en classe de langues organisé par le Secteur Langues du GFEN à Toulouse,le 8-9-10 mars 2011(http://gfen.langues.free.fr/activites/stage_Toulouse_2011.pdf).

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Par ailleurs, si l’on veut faire de nos élèves des spectateurs actifs, animés par le désir de cetterencontre cinématographique, il faudra mettre en place une situation capable de déclencherleur questionnement, leurs hypothèses, leur imaginaire, et la séance de cinéma sera alorsattendue comme un moment de confrontation entre ce monde personnel qu’on leur aura faitélaborer et celui de la réalisatrice. Dans le cas de La Yuma, ce questionnement passe par unephase de travail pour lequel il est dans un premier temps important que les élèves n’aient euaucune information sur le film.

Phase 1 : C’est quoi, un bon film ?

Consigne 1 : Nous allons ensemble nous rendre au cinéma pour une séance ou nous verronsun film latino-américain. Mais avant de nous y rendre, voyons ensemble : un bon film, c’estquoi pour vous ?4

On écrit la question sur une affiche.Réflexion individuelle, en silence : 5 min.

On invite les élèves à formuler leurs critères que l’on note sur l’affiche. C’est le moment de serafraîchir la mémoire sur quelques mots de vocabulaire qui nous seront bien utiles par lasuite : le scénario, le réalisateur, les acteurs, les genres cinématographiques…5 Le professeurreste face à l’affiche, de dos aux élèves, afin que chacun puisse donner ses critères sans sesentir jugé, et que les élèves ne s’adressent pas au professeur de façon exclusive, mais àl’ensemble de la classe.

Cette phase d’émergence des représentations, qui doit être brève, permet aux élèves de seprojeter dans la sortie au cinéma. Les critères retenus par la classe pourront servir de point dedépart à l’élaboration d’une critique du film, au retour du cinéma.

Phase 2 : La protagoniste sous différents angles

Le personnage central de La Yuma a été choisi pour être au cœur des questionnements desélèves. Ce personnage que l’on ne quittera presque jamais tout au long du film, toujours enmouvement, défiant les codes sociaux et de genre pour se réaliser en tant qu’individu, seconstruira sous le regard actif des élèves, à travers l’observation de divers photogrammes. Lesphotogrammes sont un support intéressant pour le travail en amont d’un film : ils sont une

4 Vamos a ir al cine a ver una película latinoamericana. Pero antes, tenemos que ponernos de acuerdo: ¿Qué esuna buena película para vosotros?5 Voici quelques exemples de réponses d’élèves (traduites en français) : Quand on s’ennuie pas, quand lespectateur a son rôle, qu’il doit réfléchir (pour comprendre la fin, le message du film…), quand il y a de bonsacteurs pour donner une personnalité à leur personnage, quand il y a du suspense, beaucoup d’émotions, desimages de bonne qualité, un bon scénario, des personnages attachants, de belles actrices, quand le film a reçu desprix,…

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évocation en concentré de la totalité du film (esthétique, thématique,…), mais plus que labande-annonce, qui souvent en dit trop, ils ouvrent les portes de l’imaginaire6.

La disposition de classe est celle du travail par petits groupes : pour des raisons de dynamiquede groupe, il convient d’encourager à la formation de groupes de 3 ou 4 élèves. Au début del’atelier, on peut très bien former ces groupes par tirage au sort, ou bien par affinité. Lesgroupes seront de toute façon brassés par la suite, pour les besoins de l’activité.

Pour cette phase de travail, le professeur préparera des photogrammes (on en trouvefacilement sur internet) qu’il imprimera en couleur et plastifiera (une bonne manière deprotéger son matériel pour un réemploi dans diverses classes). La qualité du support de travailest importante pour favoriser la mise au travail de nos élèves !

Premier jeu de photogrammes : chaque groupe se voit attribuer l’un de ces 4photogrammes, en 4 exemplaires (un par élève du groupe). Si on a plus de 4 groupes,on confie à deux groupes le même photogramme. Pour la première consigne, tous lesélèves du petit groupe de 4 travaillent donc sur le même photogramme.

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3 4Consigne 1 :

La semaine prochaine, nous allons voir un film.Voici un photogramme de ce film, où apparaît la protagoniste du film, son héroïne.

Individuellement: Observe ce photogramme et note toutes les impressions ou réflexions qu’ilt’inspire7. (5 min)

6 Sur les différentes outils qui peuvent être mis à contribution pour préparer une séance de cinéma, voir :MEDIONI, Maria-Alice, L’art et la littérature en classe d’espagnol, Lyon, Chronique Sociale, 2005, p. 185-210ou Secteur Langues du GFEN, Réussir en langues. Un savoir à construire, Préface de J.-Y. Rochex, Lyon,Chronique Sociale, 1999, p.231-234 et sur le site du Secteur Langues du GFEN :http://gfen.langues.free.fr/pratiques/pratiques_cinema.html

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Observations Impressions, réflexions que tu peux déduire àpropos de l’héroïne

La fiche distribuée permet à chacun d’avoir la consigne sous les yeux, et de pouvoir se mettrebien vite au travail.

On ménage 5 minutes de réflexion individuelle, phase indispensable au bon fonctionnementdu travail de groupe : chacun arrive alors en ayant amorcé une réflexion, en ayant fait sespropres observations, ce qui évite la prise de pouvoir par « le plus rapide » ou celui qui esthabituellement identifié comme « le bon élève ». C’est d’autant plus important avec ce genrede consigne, où il s’agit de produire des hypothèses à partir de l’éventail le plus large possibled’impressions. Ce temps de silence et de travail personnel évite que tout le monde fasse lamême lecture du photogramme et favorise les différents points de vue (certains s’attacherontplus à la couleur de peau, d’autres au regard, d’autres au décor, etc.).

Consigne 2:Au sein du groupe de 4 : Mettez en commun vos impressions ou réflexions pour élaborer leportrait physique et moral le plus complet possible de la protagoniste du film, à partir de votrephotogramme. Au fur et à mesure, chacun prend note de ces informations sur sa fichepersonnelle8. (20 min)

Observations Portrait physique Portrait moral(personnalité, caractère,identité…)

Autres informations ouquestions

La prise de note est importante, car tout à l’heure, chacun devra rendre compte du travailréalisé en groupe dans un autre groupe. Il faut inciter cependant à une prise de note succincte,peu rédigée, car il s’agira d’une prise de parole (qui donnera lieu à un entraînement), et nond’oraliser un écrit.

La dernière colonne permet de consigner des informations connexes : sur les autrespersonnages, sur les lieux… Il est important de toujours ouvrir un espace dans lequel lesélèves sont invités à consigner des éléments que l’on n’avait pas forcément anticipés. 7 La semana próxima, vamos a ver una película. Aquí tienes un fotograma de la película, en el que aparece laprotagonista. Individualmente: Observa el fotograma y apunta todas las impresiones o reflexiones que se teocurran. Observaciones / Impresiones, reflexiones que puedes deducir acerca de la protagonista.

8 En grupo: Juntad vuestras impresiones o reflexiones para elaborar un retrato físico y moral lo más completoposible de la protagonista de la película, a partir de vuestra foto. Cada uno apunta las informaciones en laficha. Observaciones / Retrato físico / Retrato moral (personalidad, carácter, identidad…) / Otras informacioneso preguntas.

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Au bout de 8 ou 9 min, quand le travail est déjà bien enclenché, on met à disposition desgroupes une fiche de vocabulaire en espagnol, empruntée au Dossier pédagogique réalisé parOdile Montaufray9, comprenant de nombreux intrus, puisqu’elle permet en théorie de parlerde tous les personnages du film (ce qui permet d’introduire aussi ce vocabulaire).

Cette fiche, qui offre de nombreux mots transparents, ou bien que les élèves identifieront alorsqu’ils ne pouvaient pas les mobiliser eux-mêmes, évite la pesante séance des questions devocabulaire adressées au professeur. Cependant, elle ne doit pas arriver trop tôt sur les tables,car elle pourrait bloquer la réflexion des élèves, restreindre le champ de leurs hypothèses.

9 http://www.cinelangues.com/wp-content/uploads/Dossier_La%20Yuma.pdf p. 18

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adusto/aagresivo/aamableameno/aantipático/aarrecho/aastuto/abravo/abrusco/abrutalcaluroso /acomprensivo/acomunicativo/adecidido/adeterminado/a

dominado/adrogadicto/aendeblefemenino/afuertegeneroso/aguapo/aholgazáninteligenteladrónmanipulador/amantenidomoralizador/amoreno/amujeriego

obstinado/aorgulloso/apositivo/aprotector/arebelderesponsablesimpático/asoñador/atolerantetruhánvalienteviolento/avoluntario/a

Au bout de 12 min de travail sur le premier photogramme, on distribue à chaque groupe : Deuxième jeu de photogrammes : même dispositif que pour le premier jeu, chaque

élève a donc 2 photogrammes différents en main. Ceux qui avaient eu le photogramme1 de la première série reçoivent à présent le photogramme 1 de la 2e série et ainsi desuite.

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Consigne 3: Voici un autre photogramme du film. Vous permet-il de confirmer vosimpressions ? Complétez, nuancez votre fiche en fonction de vos nouvelles observations10

(8min).

10 Aquí tenéis otro fotograma de la película. ¿Se confirman vuestras impresiones? Completad o modificad laficha en función de vuestras nuevas observaciones.

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Au terme de ce travail, un grand nombre d’informations auront été réunies dans les différentsgroupes. Vient à présent le moment où chacun va s’entraîner, à partir des notes succinctesprises sur la fiche, et en prenant appui sur les 2 photogrammes, à rendre compte desobservations, informations et hypothèses de son groupe, dans un autre groupe, où chacun seral’unique représentant de son groupe d’origine.

Consigne 4: En groupe : Dans 10 minutes, chacun devra présenter, en prenant appui sur les 2photogrammes, le résultat du travail de groupe dans un autre groupe. Entraînez-vous les unsles autres pour pouvoir le faire en toute sécurité11.

Cette phase d’entraînement est très importante pour que chacun se sente outillé pour rendrecompte seul de ce travail, dans un autre groupe. Les stratégies peuvent différer d’un groupe àl’autre. Si c’est la première fois qu’on travaille ainsi, on peut prendre le temps de faire unepause méthodologique, et demander : « D’après vous, comment peut-on faire pours’entraîner ? ». Des propositions surgissent : « On se le dit à tour de rôle », « il y en a un quicommence et on complète au fur et à mesure », mais il peut y avoir aussi « On rédige et onapprend par cœur », « chacun récite de son côté ». Il faudra alors interpeler sur la forme d’oralqui est attendue, en se plaçant du côté du récepteur. Est-ce facile de comprendre quand onentend quelqu’un « réciter » ou « lire » ses notes ? Qu’est-ce qu’on attend de celui qui rendcompte de son travail ? Qu’il puisse expliquer, se faire comprendre, reformuler… On arrive àse convaincre alors que la meilleure façon de s’entraîner est sûrement d’agir « dans les mêmesconditions », de simuler la situation. Certains groupes ou certaines personnes résisterontfortement, et voudront à tout prix disposer d’un écrit rédigé, ou apprendre leurs « phrases »par cœur. Il conviendra alors de prendre un temps d’analyse pour cette phase pour faire surgirles difficultés qui se seront posées au moment de la rencontre dans le 2e groupe, et en tirer lesconclusions, pour une prochaine fois…

Pendant l’entraînement, on circule d’un groupe à l’autre. On peut suggérer de davantageprendre appui sur les 2 photogrammes, un support matériel est toujours une aide précieusepour organiser et dynamiser sa prise de parole.

Quand la phase d’entraînement touche à sa fin, on réorganise les groupes de façon à réunir 4personnes ayant travaillé sur des photogrammes différents. Il y a donc 8 photos différentes surchaque table, chaque table ayant toutes les 8 photos proposées. Une astuce simple pour éviterde perdre trop de temps dans ce changement de disposition consiste à coller une pastille decouleur différente derrière chacun des 4 photogrammes du premier jeu distribué (on a ainsi un1 bleu, un 1 rouge, un 1 vert, un 1 jaune, idem pour le 2, le 3 et le 4). On demande alors auxélèves de se regrouper selon la couleur de son photogramme, par groupe de couleur. Si l’onn’a pas un multiple de 4, il conviendra de repérer quels photogrammes manquent dans lesgroupes incomplets, et demander aux élèves ayant en charge ces photogrammes de rendrecompte plusieurs fois de leur travail. 11 En grupo: Dentro de 10 minutos, cada uno tendrá que presentar, con la ayuda de los 2 fotogramas, elresultado de vuestro trabajo a personas de otros grupos. Entrenaos para poder hacerlo con seguridad.

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Consigne 5 : Echangez vos informations12. (4 x 2 min)

Pour la plupart des élèves, c’est une surprise et un grand plaisir de voir les autresphotogrammes, et de croiser les regards sur ce même personnage. La détermination du regardpour les uns, un romantisme fleur-bleu pour d’autres, le sport, peut-être la boxe pour d’autres,la violence en filigrane… Les liens se tissent d’un photogramme à l’autre, le portrait devientplus affirmé, plus complexe, plus nuancé.

Cette phase de mise en commun en petits groupes est moins déstabilisante que face à laclasse, et souvent plus dynamique. Tous les élèves prennent la parole à tour de rôle, ce quidans une classe à plus de 30 est un luxe ! L’écoute entre eux est de très bonne qualité, car lesimaginaires sont en action, et chacun cherche à aller plus loin. Le rôle de l’enseignant secantonne à veiller à ce que tout le monde joue bien le jeu.

Assez rapidement, quand les élèves ont tous rendu compte de leur travail, on distribue laconsigne suivante :

Consigne 6: Voici quelques-uns des surnoms donnés à Virginia Roa, la protagoniste du film :La bandolera (el bandolero = le bandit)La indomable (= l’indomptable)La trabajadora (= la travailleuse)La Yuma (la Yuma est le nom d’un célèbre personnage de série télé, une femme qui setransforme en félin)Yumita (diminutif de Yuma, avec une connotation plus affectueuse)13

Individuellement : Classez ces surnoms par ordre décroissant de pertinence : celui quicorrespond le mieux au personnage tel que vous le percevez est le n°1, celui qui correspond lemoins bien est le n°5.14 (3 min)

En groupe : Mettez-vous d’accord sur le surnom qui vous semble le mieux convenir aupersonnage. Préparez-vous pour rendre compte de vos arguments.15 (10 min)

12 Intercambiad vuestras informaciones.13 Estos son unos de los apodos que le dan a Virginia Roa, la protagonista de la película:La bandoleraLa indomableLa trabajadoraLa Yuma (la Yuma es el nombre de un famoso personaje de telenovela, una mujer que se transforma en felino)Yumita14 Clasificad los nombres desde el que mejor le corresponde a lo que imaginas del personaje (n°1) hasta el peor(n°5).15 En grupo: Poneos de acuerdo y elegid el apodo que mejor le corresponde a la protagonista tal como laimagináis. Preparaos para dar cuenta de vuestros argumentos.

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Si un groupe hésite entre deux surnoms, on peut l’autoriser à garder les deux : ce qui estrecherché est l’argumentation, et au-delà, la synthèse des informations sur la Yuma.

Au bout de 10 min, on tire au sort le rapporteur du groupe, et le groupe a la responsabilité del’entraîner à rendre compte des arguments du choix du surnom. Chacun dans le groupe doitêtre prêt à compléter, débloquer son rapporteur en cas de problème ou d’oubli, ce qui imposeà chacun d’être prêt au même niveau.

Consigne 7 : En groupe : Vous avez 10 min pour entraîner le rapporteur de votre groupe.

Mise en commun: On tire au sort le premier groupe (on peut utiliser les couleurs parlesquelles ils se sont regroupés). Le rapporteur annonce le surnom retenu par son groupe, etles arguments qui ont prévalu au choix. On invite alors les groupes qui ont choisi le mêmesurnom à compléter, nuancer… Bientôt la parole circule d’un groupe à l’autre, car pour faireson choix, chaque groupe a argumenté sur chacun des surnoms, et est donc en mesure de direpourquoi tel surnom ne lui semble pas être le meilleur. Le professeur note sur affiche lesarguments qui sont développés, ce qui permet de renvoyer en miroir à la classe le travail faitpar les uns et les autres.

C’est une phase très importante de synthèse de tout le travail précédent. Contrairement à cequ’on aurait pu croire, et dans la mesure où les élèves ignorent le titre du film, qui pourrait lesinfluencer dans leur choix, tous les surnoms proposés sont choisis par les uns ou les autres16.L’échange est très riche et nuancé, le personnage prend vie à travers les perceptions des uns etdes autres. On est obligé d’aller chercher dans les photogrammes les détails qui permettent dedéfendre telle ou telle idée. On peut clore l’échange en proposant de choisir ensemble lesurnom qui conviendrait le mieux pour être le titre du film.

A la fin de l’échange, on projette l’affiche du film17.

Consigne 8 : Individuellement : Observez l’affiche. Qu’est-ce qu’elle permet de confirmer ?Quelles informations nouvelles apporte-t-elle ? Quelles nouvelles questions se posent à vous ?(7 min)18

16 Voici quelques exemples d’argumentation : « La Yuma : p orque es a la vez femenina (foto en el concierto) eindomable (masculina cuando boxea); parece ser una mujer que cambia de cara, que se « transforma »; puedeser simpática y agresiva; no es un apodo común, así que puede corresponder a esta mujer « fuera de locomún ». Yumita: más afectuoso, muchos varones cerca de ella (el novio, su hermano, el entrenador de boxeo) :como si la protegieran. La bandolera : En un fotograma, tiene una pistola en la mano : formará parte de unapandilla. La indomable : porque pertenece a una pandilla, practica el boxeo, sabe defenderse; parece que nadieni nada pueda pararla en lo que quiere y hace. La trabajadora: en los fotogramas, no se ve a la protagonistatrabajando. Sin embargo, da la impresión de ser determinada y perseverante.”17 Nous avons préféré l’affiche d’origine du film, rendant compte des prix obtenus dans différents festivals par cefilm (http://www.cinescape.tv/wp-content/uploads/2010/09/La-Yuma.jpg) à l’affiche de sa diffusion en France(http://www.cinecritic.biz/es/images/stories/afiches-estrenos/afiches-sept2010/la-Yuma.jpg)18 Observad el cartel de la película. ¿Qué permite confirmar? ¿Qué informaciones nuevas nos da? ¿Qué nuevaspreguntas tenéis ahora?

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En groupe : Mettez en commun et préparez-vous à rendre compte de vos conclusions. (8 min).

En classe : Pour la mise en commun, chaque groupe est invité à donner une réponse parquestion posée, pour permettre à l’ensemble des groupes de s’exprimer, et éviter que les deuxou trois premiers groupes aient « tout dit ». Le rythme doit être enlevé, car une mise encommun de classe peut vite s’avérer rébarbative !19

Il est rare que les groupes aient à ce stade de nouvelles questions à propos du film. Se poserdes questions, c’est l’une des choses les plus difficiles, surtout quand à l’école on nous atoujours conditionnés pour répondre aux questions posées par d’autres (qui d’ailleursconnaissent bien les réponses aux questions qu’ils posent, c’est tout le paradoxe !). Parailleurs, il est intéressant de profiter de tous les échanges de la mise en commun sur l’affichepour concrétiser cette consigne.

Consigne 9 : En groupe : Vous avez 2 minutes, pas une de plus, pour formuler au moins 3nouvelles questions au sujet du film que nous allons voir !

Ce petit défi accélère encore le rythme, et chaque groupe a bien vite formulé ces questions quiétaient en gestation dans les phases précédentes. Lors de la mise en commun de classe, chaquegroupe est invité à donner l’une de ces trois questions, pour augmenter les chances quechaque groupe ait une question différente à proposer. Ensuite, quand tous les groupes ont faitleur proposition, on peut revenir aux questions qui n’ont pas été proposées.

Phase 3 : Un film, son contexte.

Pour bien préparer nos élèves à la projection, il est important de les familiariser avec leséléments du contexte pertinents pour aborder le contenu du film. Le dispositif choisi dans cetatelier s’apparente à un chantier de recherche : chaque groupe dispose d’un dossier abondant,on se répartit la lecture, chacun étant responsable de rendre compte de sa lecture au groupe20.

On distribue ainsi à chaque groupe un dossier contenant:- l’affiche du film en langue espagnole- une fiche d’identité du pays, le Nicaragua (il en existe de nombreuses sur internet),

donnant quelques informations géographiques, économiques, sur le climat, lapopulation, etc.

19 Voici quelques exemples : El cartel confirma que el título es La Yuma, la Yuma practica el boxeo (hayguantes, tiene un cardenal en la cara), pasa en Nicaragua, en América Central, la protagonista vive en unbarrio pobre. Des questions : ¿Es una película policíaca? ¿Por qué es violenta la chica? ¿Por qué es pobre?¿Se sale de la pobreza? ¿Cómo? ¿Qué hace en su vida?20 On peut voir un exemple de mise en place de ce dispositif dans MEDIONI, Maria-Alice , L’art et la littératureen classe d’espagnol, Lyon, Chronique Sociale, 2005, « Atelier Guggenheim », p. 176-183, et en particulier, p.177.

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- des extraits de déclarations de Florence Jaugey où elle dit vouloir montrer la réalité dupays (lien avec les documentaires, cinéma comme miroir du pays)21

- les paroles de Vida de perro, la chanson du film22.- des documents sur les femmes au Nicaragua, les Commissariats de femmes, sur les

pandillas, la drogue et la violence…

Consigne 1 : Vous disposez d’un dossier contenant des renseignements sur le film et soncontexte. Vous n’aurez pas le temps de lire chacun la totalité du dossier. Chacun prend doncen responsabilité la lecture d’un ou deux de ces documents et prend en note les élémentsimportants pour en rendre compte aux autres membres du groupe. La lecture individuelle doitêtre silencieuse pour permettre à chacun de travailler dans les meilleures conditions deconcentration possibles. 15 min

Consigne 2 : En groupe : Présentez à tour de rôle les informations que vous avez réuniespendant votre lecture. Chacun peut et doit poser des questions pour que tout soit bien clair.(15 min)

Consigne 3 : Vous disposez à présent de nombreuses informations sur le film, son personnageprincipal et le contexte social, culturel, politique,… du Nicaragua. Quelles sont les nouvellesquestions que vous vous posez ?23

Réflexion individuelle : 5 minMise en commun par groupe sur une affiche : 15 minAffichage. Lecture silencieuse : 10 min.On peut prendre un petit temps de réflexion sur les différentes formulations de l’interrogationen espagnol.

Consigne 4 : Quelles sont les questions que vous allez retenir, comme grille de lecture dufilm ? (10 min)Ces questions retenues par la classe feront l’objet d’une fiche qui sera distribuée aux élèvesavant la projection. Elles sont une excellente mise en appétit, un bon moyen de garantir uneattitude active pendant la projection. Nourris par leurs hypothèses sur le personnage, par leslectures qu’ils ont faites, les élèves sont dans de bonnes dispositions pour « rencontrer » lefilm.

Phase 4 : Projection du film, en entier, sans interruption, en VOSTF, au cinéma.

21 Par exemple des extraits de : http://www.noticine.com/iberoamerica/36-iberoamerica/12887-florence-jaugey-directora-de-qla-Yumaq-qera-un-deber-devolver-a-los-nicaraguenses-el-reflejo-de-su-realidadq.html22 http://www.espagnol.ac-aix-marseille.fr/spip/IMG/pdf/Dossier_La_Yuma_def.pdf p.2823 Dispositif emprunté à MEDIONI, Maria-Alice, L’art et la littérature en classe d’espagnol , Lyon, ChroniqueSociale, 2005, « El espíritu de la colmena », p.193.

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Consigne : A la maison, reprenez la grille de questions élaborée en classe. Choisissez deux outrois questions et préparez vos réponses.

Phase 5 : Une fille, ça ne boxe pas !

De retour du cinéma, nous avons choisi de mettre la problématique des stéréotypes de sexe aucœur du travail. On a préparé des affiches (feuilles de paper board) au centre desquelles on acollé :

- Des répliques du film avec si possible un photogramme évoquant la scène où estprononcée la réplique : Scarlet (la patronne de la Yuma, celle qui tout au long du film de cesse de lui

donner des conseils et lui faire des recommandation) à Yuma : « Deberíasarreglarte mejor, si vos sos una chavala bonita, vestirte sexy”24

Culebra (le fiancé “officiel” de la Yuma, qui est aussi le chef de la bande) à Yuma :“¿Sigues con esa loquera? ¿Cuándo viste a una mujer boxeadora?”25

Yuma à Culebra: “¿Desde cuándo yo te tengo que dar cuenta de mi vida?Culebra répond à Yuma : “Desde que te hice mi mujer.”26

- Des photogrammes : Alfonso, l’horrible beau-père de la Yuma, avachi sur son fauteuilpendant que la mère de la Yuma fait son repassage, Culebra menaçant du doigt LaYuma parce qu’elle devient « lourde ».

Ces affiches sont réparties sur les murs de la salle de classe.

Consigne 1 : Voici des éléments du film que nous avons vu au cinéma. Vous avez desmarqueurs à votre disposition pour écrire sur les affiches vos réactions, réflexions, tout cequi vous viendra à l’esprit27. (12 min)

Le dispositif rejoint celui d’une fresque des représentations. Comme il y a plusieursaffiches sur les murs, la circulation simultanée d’un plus grand nombre d’élèves estpossible. C’est une phase dynamique, mais pas chaotique. Il convient de ne pas interdire laparole au pied des affiches, au contraire : s’instaurent alors différentes formes de dialogue,dialogue entre les personnes qui écrivent, se lisent et se répondent sur l’affiche. Se rendredisponible pour le vocabulaire, au besoin.

Sur les affiches, on trouve « machisme, sexisme, domination, menace », du vocabulaire(« gangs, repasser, les tâches ménagères »), des allusions au reste du film « pervers,écœurant » (à propos d’Alphonse). Il y a aussi des remarques comme « elle dit à la Yuma

24 « Tu devrais mieux t’arranger, tu es une jolie fille après tout, t’habiller sexy. »25 « Toujours ce délire ? Quand as-tu vu une femme boxeuse ? »26 « Depuis quand je dois te rendre compte de ma vie ? » « Depuis que j’ai fait de toi ma femme. »27 Aquí tienen unos elementos de la película. Apuntad vuestras reacciones, reflexiones, todo lo que se os ocurra.

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de bien s’habiller car pour vendre, il faut être sexy », « la Yuma est masculine », « unefille très agressive », « une dispute amoureuse », « une histoire d’amour qui se termine »,« seules les femmes travaillent dans le film, les hommes ne font rien et sont machistes »,« la Yuma n’est pas belle », « elle n’a pas une apparence commerciale »…

On se gardera pour le moment de faire remarquer que le sexisme, bien identifié danscertaines affiches, passe inaperçu, voire est approuvé dans d’autres !

Lecture des différentes fresques. Des commentaires, des réactions ?Cette phase de lecture est intéressante pour que le groupe se pose, mais doit être brève, caron n’est pas encore en mesure de faire autre chose qu’une redite des affiches.

On distribue alors à chacun un document présentant des définitions : sexe, genre,stéréotypes de genre, équité entre les genres, préjugés de genre28, ainsi qu’une fiche surmachisme, sexisme et féminisme29.

Consigne 2 : Lecture individuelle : 7 minEn groupe : on essaie de tirer au clair un maximum de choses. 10 minEn classe : Des questions ? Des précisions ?

Ce passage par les définitions ne suffira bien évidemment pas à appréhender ces questionscomplexes de façon exhaustives. C’est une mise en éveil, une première sensibilisation àcette complexité, qui déclenche déjà des interrogations : quelle est la différence entrestéréotype et préjugé ? Pourquoi « les filles jouent à la poupée » est un stéréotype, c’estbien naturel, non ?

On se gardera de tout jugement de valeur sur les remarques des élèves, et les définitionssont justement là pour objectiver au maximum les apports que l’on peut faire. Là encore, ilne s’agit pas de « faire un cours », de chercher l’exhaustivité, mais de renvoyer lescontradictions, soulever les problèmes, souligner la complexité de la question.

Consigne 3 : Retour sur le film. Après ce travail, on se rend compte que ce film développeà travers son héroïne le thème des relations entre hommes et femmes, et des stéréotypes desexe. Dans votre souvenir, quelles scènes, phrases, moments ou attitudes mettent en jeucette question des stéréotypes ?30

Réflexion individuelle: 5 min

28 On peut trouver ces définitions dans les nombreux sites féministes en langue espagnole : par exemple :http://voluntariadodegenero.org/genero2.php29 http://www.igualmente.org/vgenero.php#test30 A través de estos elementos vemos que la película plantea con su protagonista el tema de las relaciones entrehombres y mujeres, y de los estereotipos de género. ¿Recuerdas escenas, frases, momentos o actitudes, en lapelícula, en relación con estos estereotipos?

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Consigne 4 : En groupe : Réunissez vos souvenirs31 (5 min), puis : Choisissez la scène laplus emblématique pour vous des stéréotypes de sexe. Préparez-vous à la présenter et àexpliquer votre choix en argumentant32. (10 min + 5 min d’entraînement)

Pour maintenir la dynamique de travail, il convient de complexifier les consignes de miseen commun, afin qu’elles ne soient pas une simple juxtaposition, mais que chacun seretrouve à alimenter une nouvelle réalisation collective, pour construire ensemble unenouvelle réflexion.

Mise en commun en classe : 15 min

On peut tirer au sort l’ordre des passages des groupes. Si plusieurs groupes ont choisi lamême scène, ils complètent, proposent une autre formulation. On a tôt fait de dire que lesautres « ont déjà tout dit ». Mais en réalité, chaque formulation est intéressante, du pointde vue linguistique, mais aussi parce que chacune apportera une nuance différente.

Les scènes choisies sont variées, il faut dire que le film en abonde33. On pourrait mêmeinterdire de choisir celles évoquées dans les affiches au retour du cinéma, il en resteraitencore bien assez ! Dans ce travail, les élèves vont surtout retenir des situations, descomportements, peu de dialogues. Alors qu’ils ont été très sensibles pendant la projectionau vocabulaire grossier, et au passage, lourdement chargé de préjugés homophobes, celane ressort pas. Une allusion à mi-voix, en toute fin de séance, au personnage du travesti,qui les a tant fait réagir lors de la séance de cinéma montre, comme on pouvait s’yattendre, que le chemin est bien long à parcourir de la réaction spontanée à la prise deconscience…

Au terme de ce travail, les élèves ont effectué un certain nombre d’aller-retour entre lesreprésentations des stéréotypes de genre telles qu’elles sont présentées dans le film, lesleur, et les définitions. Il est à souligner qu’à aucun moment on n’invite les élèves à sepositionner personnellement, à s’exposer. Le film, objet culturel, qui représente une réalitédepuis un point de vue narratif et esthétique, permet de mettre à distance, tout en mettantla question des stéréotypes au cœur du travail.

31 Juntad vuestros recuerdos.32 Elegid la escena más emblemática desde el punto de vista de los estereotipos. Preparaos para presentarla yargumentar vuestra elección.33 Voici à titre d’exemple : « Cuando Culebra dice que el boxeo no es un deporte de mujeres. Es una actitudmachista, Culebra tiene muchos prejuicios de género.” “Cuando la Yuma vuelve a casa y pregunta a suhermana si ella y su hermano han comido. El marido de su madre no cuida de los niños y no hace nada en casa,aunque tiene mucho tiempo libre.” “La madre de la Yuma está planchando y el marido está viendo la tele.Dominación del hombre, miedo, estereotipos. Denuncia el machismo. No trabaja para ganarse la vida, no hacenada en casa. Se aprovecha del dinero de las mujeres.” “La Yuma tiene un cardenal en la cara. En la tienda deropas, la jefa no cree a Yuma cuando ésta le explica que boxea, porque para ella las mujeres no hacen boxeo.Es un estereotipo sobre el boxeo, por parte de una mujer.”

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Phase 6 : Dépasser les stéréotypes, transformer la réalité !

Dans cette même logique, l’étape suivante puise dans le Théâtre Forum34 ou Théâtre del’Opprimé. Comment libérer les personnages de leurs stéréotypes de genre ? Avec quelseffets ?

Consigne 1 : Je vous propose de revoir une scène du film.On projette la scène “Quand as-tu vu une femme boxeuse ? ” (23 ’30 à 24’30). Les élèves sesouviennent bien de ce moment de tension, où le poids de la pandilla se faitparticulièrement ressentir, et où la Yuma résiste comme elle peut aux quolibets puis auxmenaces de ses amis.

Consigne 2 : Nous allons essayer de libérer les personnages de leurs préjugés de genre, etmodifier cette scène pour la rejouer en fonction de cette nouvelle donnée35. Pour ce faire,nous allons nous attacher dans un premier temps aux comportements des personnages dela scène, puis aux répliques de la scène.

Consigne 3 : Vous aller revoir cette scène sans le son. Attachez-vous aux mimiques, à lagestuelle, aux comportements et attitudes des personnages. Quels sont ceux qui voussemblent révéler le genre de relation entre hommes et femmes qui se joue dans cette scène?36

Première projection suivie d’une prise de notes, et d’un bref échange dans le groupe. Queveut-on vérifier lors de la 2e projection ? (5 min)Deuxième projection : on vérifie, on complète. (5 min)En classe, très rapidement, chaque groupe donne des exemples de ce qu’il a observé : lesgarçons regardent la Yuma d’en-haut, ils se permettent de la toucher, tantôt avec unetendresse paternaliste, tantôt en la poussant comme pour la provoquer, ils font des gestesun peu obscènes devant elle, ils se moquent d’elle et rient entre eux, ils l’entourent,l’encerclent, Culebra la menace du doigt, etc.

La projection sans le son permet de prendre conscience de la mise en scène, proche de lachorégraphie, qui souligne la situation de domination clairement subie par la Yuma.

Consigne 4 : Voici maintenant les répliques de cette scène. Quelles sont les répliques quiselon vous sont révélatrices des préjugés de genre des personnages ?37

On peut pour faciliter le travail distribuer les répliques avec des couleurs différentescorrespondant aux différents personnages.Individuellement : 5 minEn groupe: 5 min

34 http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre_forum35 Vamos a intentar modificar esta escena, como si los personajes no tuvieran prejuicios de género.36 Vais a observar esta escena, sin el sonido. Vais a observar todos los comportamientos que revelan el tipo derelación entre hombres y mujeres: gestos, ademanes, actitudes, etc.37 ¿Qué réplicas revelan los prejuicios de género de los personajes?

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Les élèves se concentrent d’abord sur le plus évident, la fin de la scène, « Depuis quand tuas vu une femme boxeuse ». Il faudra alors suggérer d’aller chercher ailleurs, en prenantappui sur les comportements soulignés auparavant.

Consigne 5 : Vous allez à présent vous préparer à représenter cette scène en introduisanttoutes les modifications nécessaires pour libérer les personnages de leurs préjugés degenre, observés dans la scène originale. Vous pouvez modifier les répliques et lescomportements38. 20 min

Cette phase de travail est nécessairement longue. Il y a le travail de modification, puis lapréparation de la représentation. Le travail collectif de modification suscite de nombreuxdébats. Remplacer « chavala bonita » par « mi querida », est-ce bien suffisant ? Et puis sion enlève des choses, c’est pour mettre quoi à la place ? S’ils ne se moquent plus de sontravail, alors, ils peuvent lui dire qu’ils la félicitent, qu’ainsi elle va bien aider sa famille.Et pour la boxe ? Ils vont l’encourager, lui dire qu’ils croient en elle. Bien vite, un vent depanique parcourt les groupes. « Mais si on modifie cette réplique, alors, elle ne peut plusrépondre ça, et ainsi de suite ! Il faut tout changer alors ! ». Ce serait comme un débutd’émancipation…

Bientôt, il faudra proposer aux groupes de se lever, pour l’entraînement à lareprésentation. Prendre de la place, peut-être sortir dans le couloir, occuper une deuxièmesalle ? Les corps sont en jeu, dans cette scène, il faut pouvoir faire vivre cette dimensionaussi.

Un groupe est tiré au sort, et commence à jouer sa scène. Les autres groupes observent,réagissent, apportent des compléments. On les invite alors à venir jouer « leur » version,etc. (15 min)

Phase 7 : Prolonger la réflexion, tirer les fils…

On distribue de nouveaux documents : sur l’égalité de sexes39, sur le personnage de laYuma40.Lecture individuelle, 10 min.

Consigne 1 : Imagine si la Yuma faisait le test “Quelle relation de couple as-tu ?”. Querépondrait-elle ?41

Individuellement : 5 min 38 Vais a prepararos para representar esta escena con las modificaciones necesarias para suprimir losprejuicios de género que habéis podido observar en la escena original. Podéis modificar las réplicas y loscomportamientos.39 Nous avons trouvé intéressant le site IGUAL=mente, car le matériel qu’il propose s’adresse toutparticulièrement aux adolescents, et les interpelle sur leur relation de couple (pareja sana o insana, ou averiguaqué relación tienes, sur : h t tp : / /www. igua lmente .o rg / rpa re ja .php), sur la violence de genre(http://www.igualmente.org/vgenero.php#test)40 Différents points de vue sur le personnage de la Yuma, recueillis sur internet :http://viajandohaciaitaca.blogspot.com/2010/04/la-Yuma.html,http://www.informador.com.mx/entretenimiento/2010/186585/6/la-Yuma-pone-el-dedo-en-la-llaga.htm,http://www.chepestyle.com/2010/09/critica-de-cine-la-Yuma.html,http://www.lavozdelsandinismo.com/cultura/2010-04-27/estrenaran-en-managua-filme-nicaraguense-la-Yuma/41 Imagina que la Yuma responde a la encuesta “Averigua qué tipo de relación tienes.” ¿Qué contestaría?

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En groupe : 10 min

Consigne 2 : Mise en commun : Pour chacune de vos réponses, justifiez en prenant appuisur la scène étudiée, ou d’autres scènes du film.

Ce test est très intéressant, car il permet de voir que dans la scène choisie, l’ensemble descritères de relation « malsaine » sont présents du côté du garçon. Lors de la mise encommun, il conviendra donc d’inviter à revenir sur les exemples précis. En revanche, onse rend compte aussi que le comportement de la Yuma ne correspond pas entièrement auxitems proposés. Si son environnement est profondément machiste, elle se positionneautrement, ce qui rend ses relations avec les deux genres compliquées. On peut rappeleraux élèves comment ils ont souri pendant le film en voyant les poignées de mainextrêmement viriles de la Yuma, et d’autres comportements inattendus pour une jeunefemme, selon les stéréotypes de sexe les plus répandus.

Là encore, cela permet d’aborder un sujet très impliquant en respectant chaque personne.On aborde ces questions par le biais du personnage, ce qui n’empêche pas de parler de soi,mais de façon masquée. C’est aussi plus confortable pour l’enseignant, pas forcémentformé pour accueillir les paroles des adolescents sur ces sujets.

Consigne 3 : On revient à la liste de scènes proposées retenues lors de la phase 5. Quelsautres aspects du film seraient-ils modifiés si ses personnages n’avaient pas de préjugés degenre ?42

Individuellement : 10 minEn groupe : 10 min + 5 min d’entraînementMise en commun : 10 min

Une formidable occasion de manipuler le conditionnel et l’imparfait du subjonctif, pourlaquelle il faudra sûrement faire une petite mise au point.

L’histoire de la Yuma ne serait bien sûr plus du tout la même : plus de beau-père violent,un meilleur équilibre dans le travail entre hommes et femmes, plus de confiance dans lesrelations humaines etc.

De fil en aiguille, cette formidable transformation peut déboucher sur d’autres dont nousaurions bien besoin : celle de notre propre réalité, jamais évoquée directement, mais qui, àtravers nos représentations, nos résistances à modifier telle ou telle réplique, notre paniqueà l’idée que « tout allait changer », n’a cessé de faire de ce film le miroir non seulement dela société du Nicaragua, comme le projetait Florence Jaugey, mais également de la nôtre.

42 ¿En qué otros aspectos se vería modificada la película si sus personajes no tuvieran prejuicios de género?

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Phase 8 : Analyse

Qu’a-t-on appris ?Comment ?Qu’est-ce-que chacun retient personnellement ?

Prolongements possibles :

sur la question des stéréotypes, on peut faire percevoir les limites du film, assezconformiste dans les scènes « romantiques » entre Ernesto et la Yuma (la scène aubord de la mer, en particulier) ;

reprendre le travail de questionnement, s’en servir comme point de départ à larédaction d’un article sur le film ;

faire développer différents aspects critiques en partant des critères qu’ils ont misen avant dans la phase 1 ou en organisant un Masque et la Plume43 ;

la fin du film laisse nos élèves perplexes : une occasion de les mettre au travail !

d’autres thèmes peuvent être développés : les gangs, le sport comme ascenseursocial, les inégalités sociales, etc.

Mis en ligne le 20 mars 2011

43 MEDIONI, Maria-Alice, L’art et la littérature en classe d’espagnol, Lyon, Chronique Sociale, 2005, p. 201