La vie en couleurs Lou Verati de Fleurus · me fait l’effet d’une douche froide. Léa arrive...
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La vie en couleursLou Veratide
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Direction : Guillaume ArnaudDirection éditoriale : Sarah MalherbeÉdition : Claire Renaud, assistée de Sanandra CollardDirection artistique : Élisabeth HebertFabrication : Thierry Dubus, Florence Bellot
Composition et mise en pages : Text’Oh !
© Fleurus, Paris, 2016Site : www.fleuruseditions.comISBN : 978-2-2151-3201-1Code MDS : 652 417
Tous droits réservés pour tous pays.« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »
Marie ClercIllustrations de Marie Haumont
La vie en couleursLou Veratide
Fleurus
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Marie ClercIllustrations de Marie Haumont
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« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler
un seul jour de votre vie. »
Confucius
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L a r e n t r é e
Le réveil sonne à 6 h 30, et j’envisage un instant de me cacher
sous les draps pour ne pas aller en cours.
Après un mois de vacances au soleil où je me levais quand bon
me semblait, réveillée par l’odeur du pain grillé, cette sonnerie
me fait l’effet d’une douche froide.
Léa arrive alors dans ma chambre, l’air grave, alors que je n’ai
même pas encore posé un pied par terre.
– C’est une véritable tragédie !
– Quoi donc ?
– Mon gilet bleu est chez Papa. Du coup je ne sais pas
comment m’habiller, c’est une catastrophe, Maman est déjà
partie travailler, aide-moi !
– Léa, du calme. On va arranger ça.
– Je rentre en Seconde, c’est crucial d’être stylée le jour de la
rentrée !
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– Enfile un jean, c’est un bon début…
– Un jean, mais quel jean ?
C’est vrai qu’elle en a des tonnes ! Même si chez Maman, il n’y
en a que la moitié… Nos parents étant divorcés depuis cinq ans,
Léa et moi sommes, comme beaucoup de nos amis, en « garde
alternée », une semaine chez Papa et une semaine chez Maman.
Comme ils habitent à deux rues d’écart, oublier un livre ou un
sac de danse chez l’un ou chez l’autre ne pose généralement
aucun problème.
Mais ce matin, ma sœur panique vraiment.
Léa fait partie de ces filles agaçantes à qui tout va, toujours.
Je crois sincèrement qu’elle parviendrait à être élégante dans
un sac poubelle.
Grande, fine et gracieuse, Léa a la particularité de toujours se
déplacer sur la pointe des pieds, comme si elle ne sortait jamais
de son cours de danse classique.
Avec ses longs cheveux châtains, ses yeux verts en amande et
ses dents du bonheur qui lui donnent un charme fou, elle n’a
pas fini de faire tourner des têtes au lycée.
En entrant dans sa chambre, je constate qu’avant de venir me
solliciter, Léa a d’abord essayé de trouver seule une solution à
son problème.
Un énorme tas de vêtements roulés en boule jonche le sol.
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En cinq minutes, j’invente pour ma sœur une très belle tenue
de rentrée, toute en simplicité : ballerines, slim brut et petite
blouse rose pâle pour mettre son bronzage en valeur.
Et pour finir, j’accepte de lui prêter mon plus joli foulard.
De mon côté, j’opte pour une robe verte sur laquelle j’ajoute
une étroite ceinture tressée. Avec mes sandales en cuir et mon
trench, le tour est joué.
Fin prêtes, Léa et moi partons à pied au lycée, en silence.
Il fait beau, la température est très agréable, et pourtant il est
clair que l’été est bel et bien fini.
Les enfants portent des cartables flambant neufs, leurs parents
sont pressés, affairés, c’est l’effervescence classique de la rentrée
des classes.
En arrivant devant le lycée, je sens poindre chez ma sœur une
angoisse démesurée.
Après l’avoir rassurée de mon mieux et lui avoir indiqué son
chemin, je retrouve enfin Alice, qui me saute au cou comme à
son habitude.
– Lou je suis tellement heureuse de te voir ! J’ai des tas de
choses à te raconter ! Je t’ai dit que mon cousin allait se marier
l’été prochain ? Il faudra que tu m’aides pour ma robe, hein ?
Ah et j’ai rencontré un garçon génial en Bretagne… Il s’appelle
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Hugo, je pense qu’on va se revoir à Paris, il est drôle, et magni-
fique…
Nous avons beau avoir échangé des centaines de SMS au
cours de l’été, retrouver ma meilleure amie me procure une joie
immense.
Alice est un rayon de soleil. Blonde comme les blés, toujours
souriante et gaie, elle est la personne la plus positive que je
connaisse.
Avec elle, les obstacles et les nuages s’effacent. Elle trouve des
solutions à tous les problèmes. Elle est fabuleuse.
Elle aussi a un sens inné du look. Avec sa combinaison
bermuda boutonnée jusqu’au col et sa petite veste, elle est tout
simplement sublime !
En nous dirigeant vers les salles de classe, j’aperçois Arthur,
entouré de ses deux meilleurs amis.
Il est encore plus beau qu’en juin…
Ses cheveux bruns sont plus longs, il est bronzé et porte un
tunisien bleu pâle qui fait ressortir ses yeux.
À force de le contempler, je rate la première marche de l’esca-
lier, que je connais pourtant par cœur.
Avant d’avoir eu le temps de dire ouf, je suis par terre, mes
affaires répandues sur le sol.
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Alice m’aide à me relever, s’assure que je n’ai rien de cassé, et
une fois rassurée, éclate de rire :
– Cette fois, tu peux le dire haut et fort : Arthur est à tomber !
J’espère surtout qu’il ne m’a pas vue…
De toute façon, je n’ai pas le temps de m’appesantir sur la
question, Alice et moi sommes déjà en retard pour notre premier
cours de philosophie.
En Terminale littéraire, c’est la matière à ne pas négliger.
Monsieur Delorme, un homme d’une cinquantaine d’années,
qui sera notre professeur principal cette année, nous demande
de remplir des fiches de renseignements.
Comme toujours, je dois noter mes deux adresses, et indiquer
la profession de chacun de mes parents, à savoir la même,
journaliste.
Ils se sont rencontrés pendant leurs études, et d’après Maman,
le coup de foudre a été immédiat.
L’année suivante, ils ont fait le tour du monde. Asie, Amérique
du Sud, Australie…
Papa en parle souvent quand il est à court d’arguments :
« Écoute Lou, j’ai quand même beaucoup voyagé, je sais de
quoi je parle. »
Ça me fait sourire.
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Ensuite, ils sont rentrés à Paris, Papa a trouvé un poste dans
un magazine de rock et Maman dans un hebdomadaire féminin.
Leur divorce s’est bien passé et ils sont finalement restés très
amis.
Je crois que Léa espère secrètement qu’on revive tous ensemble
un jour.
Pour ma part, je pense surtout que Maman a un nouvel amou-
reux et qu’elle n’ose pas encore nous en parler.
Je vois bien qu’elle ment lorsqu’elle nous dit qu’elle sort dîner
avec Audrey. Qui porte des talons aiguilles pour rejoindre sa
meilleure amie à la brasserie du coin ?
Après avoir rempli ma fiche, je regarde les autres du coin de
l’œil.
Ce sont exactement les mêmes élèves que l’an dernier.
Pas de surprise, à une exception près : un garçon, tout au fond,
un peu recroquevillé.
Il porte un sweat trop grand pour lui et un jean informe.
Il regarde par la fenêtre, l’air perdu.
Je me demande d’où il vient.
Alice me sort de mes rêveries de la pire des façons.
– Non mais tu as vu notre emploi du temps ?!
– Quoi ?
– On commence tous les jours à 8 heures ! C’est terrible, non ?
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– J’avoue…
Plus tard, à la cantine, j’aperçois ma sœur, entourée de deux
autres filles.
Un peu trop « street » à mon goût. Ce long maillot de basket,
je ne suis pas sûre…
Mais elles semblent gentilles avec ma sœur. Elles font les fières,
mais on voit qu’elles n’en mènent pas large. Elles se serrent les
unes contre les autres, comme pour faire front face à une menace
commune.
Ce sont de grandes petites filles.
En les regardant, je me dis que pour rien au monde je ne
voudrais revivre une rentrée en Seconde.
J’aimerais aller prendre Léa dans mes bras pour la réconforter,
lui dire que la semaine prochaine, elle aura pris ses marques et
qu’elle n’aura plus peur de rien, mais elle m’en voudrait terrible-
ment.
Je m’arrange donc pour lui adresser discrètement un tout petit
signe de la main.
La journée passe lentement, les différents professeurs se
contentant de nous faire remplir des fiches et de nous parler du
programme de l’année.
En les écoutant d’une oreille distraite, j’en profite pour grif-
fonner les pages vierges de mon agenda.
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Parce que vous l’aurez peut-être remarqué, je dessine tout le
temps, tout et n’importe quoi, enfin surtout des silhouettes, des
looks, des vêtements, des accessoires ! J’adore ça !
Je peux remplir des pages de chaussures, par exemple !
Alice me jette un coup d’œil désapprobateur.
Il est vrai que l’an dernier, je lui avais promis de ne plus
dessiner pendant les cours.
– Ne t’inquiète pas, j’écoute bien !
– Fais comme tu veux Lou, mais n’oublie pas qu’on passe le
bac à la fin de l’année.
Sans même m’en apercevoir, je me mets à dessiner une
silhouette de femme en jean slim, boots à talons et chemise à
carreaux.
Une fois le croquis terminé, je le tourne vers Alice qui consent
à y jeter un œil et qui, après l’avoir longuement observé, me
chuchote en souriant :
– On dirait ta mère !
Elle a raison.
Maman a ce style que Papa qualifie d’« effortless chic ».
Ses armoires ne sont pas pleines à craquer, mais elle a de très
jolies pièces qu’elle accessoirise toujours avec goût.
Elle n’est jamais vraiment coiffée, et se maquille très peu, mais
elle réussit à être élégante avec un jean et un t-shirt.
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La vie en couLeurs de Lou verati
Léa a hérité de cette grâce, et toutes les deux m’inspirent beau-
coup lorsque je dessine.
En rentrant à la maison, je les trouve justement en pleine
conversation dans la cuisine.
Maman est en train de préparer son fameux poulet au citron
tandis que ma sœur, juchée sur le bar, lui raconte sa journée.
Apparemment tout s’est bien passé, et elle semble ravie de sa
classe et de son emploi du temps.
Après le dîner, Maman m’informe que sa rédactrice en chef
cherche une baby-sitter pour garder de temps en temps ses deux
enfants, et qu’elle a proposé mes services.
– Comme ça, tu pourras gagner un peu d’argent de poche !
– Oui oui, c’est parfait, mais rassure-moi, ce ne sont pas des
bébés ? Je ne vais pas devoir changer des couches ?
– Mais non, ils ont huit et dix ans. Une fille et un garçon.
– Alors tout va bien !
Avant de me coucher, je ne résiste pas au plaisir d’écouter
quelques chansons de mon album préféré de Eels, et surtout My
Beloved Monster, que Papa m’a fait découvrir et qui est devenu
le surnom dont il m’affuble.
Allongée sur mon lit, les yeux grands ouverts, je fais le bilan de
cette première journée.
Et je me dis que jusqu’ici, tout va bien.
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N° d’édition : 16153Achevé d’imprimer en mars 2016
par Legoprint en ItalieDépôt légal : mai 2016
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Lou Verati a 17 ans. Elle dessine, adore sa petite sœur,
va à des concerts, fait des baby-sittings, pense aux garçons, discute des heures
avec ses copines. Mais son plus grand rêve, c’est de devenir styliste de mode…
13,90 € TTC Francewww.fl euruseditions.com
Marie Clerc a 33 ans. Elle est passionnée de rock et de mode. La vie en couleurs de Lou Verati est son premier roman.
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