La technoscience comme nouvelle dimension de l agir humain Introduction et enjeux é thiques Cours...
-
Upload
aveline-albert -
Category
Documents
-
view
107 -
download
2
Transcript of La technoscience comme nouvelle dimension de l agir humain Introduction et enjeux é thiques Cours...
La technoscience comme nouvelle dimension de
l’agir humain
Introduction et enjeux éthiquesCours du 6 février 2007
Bassam Adam
L’homme sait souvent ce qu’il a fait, mais il ne sait jamais ce que fait ce qu’il a fait.
Paul Valéry
En effet, ce développement rapide par rapport aux siècles passés n’a tout simplement pas laissé le temps à L’humanité de s’adapter aux nouvelles conditions de vie.
Werner Heisenberg, La nature dans la physique contemporaine
Plan 1. Sources idéologiques de la modernité
(Rappel) 1.1 La Rationalité 1.2 L’individu 1.3 Le Progrès
2. Deux écoles d’éthique 3. Les temps modernes 4. La techno-science comme nouvelle
dimension de la société et de l’agir humain
5. Quelle éthique contemporaine?
1.1 La rationalité Retour aux sources grecques et
arabes L’expérience comme mécanisme
de validité La dualité sujet-objet ou la
matière machine
1.2 L’individu Naissance de l’individu comme interprète:
Révolution de Luther (1483-1546) et le début de la Réforme (1517: 95 thèses destinées à clarifier la doctrine des indulgences).
Naissance du Cogito comme source: Descartes (1596-1650): Nous pouvons atteindre la vérité par la lumière naturelle, voie suprême pour déchiffrer l’univers mathématique
Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, IV.
Naissance de l’individu comme finalité: le bonheur matériel de Robinson Crusoé
1.3 Le progrès Ordre naturel, ou l’éternel retour
du même Ordre Divin, ou la finalité
spirituelle Ordre historique, ou le progrès
infini des sciences.
2. Deux écoles (classiques) d’éthique
Chute des morales religieuses: crise et dépassements
2.1 L’école conséquentialiste L’utilitarisme Le pragmatisme
2.2 L’école déontologique
2.1 École conséquentialiste Le point de vue conséquentialiste:
Une action est à évaluer à l ’aune de ses conséquences potentielles ou réelles
2.1.1 L’utilitarisme John Stuart Mill
(Angleterre 1806-1873)
Juriste Héritier du
courant empiriste
Principes de l’utilitarisme de Mill Le bonheur et l’utilité sont le
fondement de la morale Les actions sont bonnes dans la
mesure où elles tendent à accroître le bonheur, mauvaises quand elles le réduisent ou produisent son contraire
Principe central: Le plus grand bien pour le plus grand nombre
Principes utilitarisme, suite… Le bonheur est la seule chose désirable, Les sentiments comme source première
et fondements Distinction entre bonheur et satisfaction Recherche du bonheur général et non
individuel Attitude prédictive Ex: Le code secret 2ème guerre mondiale
2.1.2 Le pragmatisme Idéologie qui affirme la primauté de
l’expérience et de l’usage comme seuls critères pouvant valider une théorie. Refus de tout a priori métaphysique ou normatif.
Principe central: aucune considération morale ou prédictive ne doit entacher une action ou une politique
Principes du pragmatisme Bonheur comme finalité de la morale Somme des bonheurs individuels Nivellement des bonheurs Foi illimitée dans la science et les
technologies
Ex: Les Simpson
Avantages Facilité de tenir compte du contexte social
actuel (culture, politique, état d’avancement de la techno-science…) dans l’évaluation d’une situation
Valorise l’approche technique dans l’évaluation et la résolution des problèmes
Réponds au contexte actuel de la recherche appliquée tournée vers le marché
Met l’accent sur la bienfaisance
Désavantages Approche technique qui peut
difficilement intégrer certaines normes et valeurs: la responsabilité, le respect de la dignité humaine, le développement durable…
Instrumentalise la recherche au profit des aléas du marché
Privilégie le présent au détriment du futur
2.2 Éthique déontologique Emmanuel Kant Allemagne (Prussie
de L’est, 1724-1804)
Philosophe Comment fonder
une nouvelle morale non égoïste mais individuelle et rationelle?
Éthique déontologique Le point de vue déontologique: Une action
est à évaluer par sa conformité à des règles-obligations- devoirs qui valent indépendamment des conséquences.
Deux principes moraux: La personne humaine a une dignité telle
que cette personne ne doit jamais être considérée comme un moyen uniquement, mais aussi et surtout comme une fin
2ème principe: Une action, une analyse ou un
principe peut être considéré comme conforme à la loi morale si les principes qui l’inspirent et les conséquences qui en découlent peuvent être appliquées à l’univers tout entier sans contradiction
Ex: le réfugié
Avantages Respect de certaines règles absolues, et
rejet absolu de pratiques (torture, mensonge…)
Indépendante de la double contingence personne-situation
stabilité des relations sociales et internationales
Facilité de tenir compte d’autrui et du futur (éthique de la responsabilité)
Désavantages Rigidité formelle mais sans
contenu Éthique du devoir qui va à contre-
courant de l’idéologie dominante, notamment l’idéologie de l’économie de marché
3. Les temps modernes (synthèse): Les idéaux du Progrès:
La Rationalité comme guide infaillible, Élimination des préjugés dans tous les
domaines: religieux, social, scientifique
Émancipation de l’être humain Foi illimitée dans le science et ses
applications
4. La techno-science comme nouvelle dimension de la société et de l’agir humain
Travail traditionnel et travail contemporain Vie contemplative et vie active Vie publique et vie privée
Début de la crise: Hiroshima ou la confiance ébranlée La crise écologique À qui profient la science et le
développement?
Contexte éthique de l’agir traditionnel
I) La condition humaine, donnée par la nature de l’homme et la nature des choses, est établie une fois pour toutes dans ses traits fondamentaux (ex: Bible: Dieu créa l’homme à son image)
Contexte (suite) Sur cette base, ce qui est bon pour
l’homme se laisse déterminer sans difficulté et de manière évidente (prudence aristotélicienne)
Contexte (suite) La portée de l’agir humain, et par
conséquent celle de la responsabilité humaine est étroitement définie (ex: agriculture traditionnelle)
Hans Jonas Le principe responsabilité
Les deux dimensions de la technique La technique est composée de
deux dimensions: Dimension informative (culturelle,
scientifique…) Dimension axiologique
La transformation de l’agir humain Étendue de l’action humaine, Effacement des frontières sujet-
objet et nature-artifice Nouvelles caractéristiques:
Inconnues Imprévisibles Irréversibles
Naissance de la techno-science Changement paradigmatique
les biens matériels comme but en soi Le marché comme mécanisme
autonome auto-régulateur (main invisible de Adam Smith)
Ressources quasi infinies La Terre poubelle sans fond L’homme unidimensionnel Point central: la puissance inouïe de
notre technologie
Impasses de l’éthique traditionnelle L’éthique traditionnelle avait comme
objet les relations entre humain: comment se comporter en tant qu’individu ou société.
Le monde naturel n’était pas un objet d’inquiétude.
La survie des générations futures ne se posait pas comme possibilité et problématique
Défis d’une éthique contemporaine: Comment tenir compte des êtres
vivants non-humains? Comment tenir compte des
écosystèmes et habitats? Comment tenir des êtres à venir?
Quelle éthique contemporaine (et du futur) ?
Devant la double dimension de notre action (technique et économique), quelle principes devraient nous guider? Comment les légitimer?
La gestion du risque devant l’inconnu (ex: les nanotechnologies)
Éthique de la responsabilité (Hans Jonas Allemagne, 1903-1993)
Trois impératifs - Agis de façon que les effets de ton
action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre (Jonas)
- Le collectif comme horizon pertinent de la responsabilité : réintroduction du politique comme premier agent de la société
- Anticipation projective : le devoir-être de l’humain dans la nature
Principes éthiques :
Principe de précaution : au-delà de la prévention, il s’agit surtout de réhabiliter la responsabilité morale
Principe d’équité : le développement des uns ne doit pas se faire au détriment des autres, ce qui inclut la responsabilité envers les pays non développés et les générations futures
CONCLUSION La science est une activité
hautement sociale La relation entre les deux est
dialogique La techno-science bouleverse
périodiquement la société La société est devant un dilemme:
quelles limites à la techno-science?
Conclusion (suite) La science au service de l’humain:
réactualisation des principes progressistes de la science
Bibliographie John Stuart Mill: L’utilitarisme
(1861) Hans Jonas: Le principe
responsabilité (1979) Werner Heisenberg: La nature
dans la physique contemporaine (1962)