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La symmachia comme pratique du droit international dans le monde grec DHA - Supplément eissn 1955-270x issn 2018-1433 – 20 € La symmachia comme pratique du droit international dans le monde grec D’Homère à l’époque hellénistique sous la direction de Jean-Christophe Couvenhes La symmachia, c’est-à-dire « l’alliance militaire », est une manifestation du droit international, discipline qui met en œuvre un certain nombre d’institutions et de lois générales. En matière d’alliance militaire, les Grecs ont essayé très tôt de construire, par la pratique, un droit international. Les Actes de cette première manifestation scientifique inscrite dans le programme « Le droit grec et hellénistique, Approches historique et anthropologique » au sein du laboratoire Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques (AnHiMA - UMR 8210) rassemblent neufs contributions qui sont autant d’exemples permettant de mieux comprendre ce phénomène, depuis Homère jusqu’à l’époque hellénistique. -:HSMIOI=[\ZY[[: La symmachia comme pratique du droit international dans le monde grec D’Homère à l’époque hellénistique DHA - Supplément Dialogues d’Histoire Ancienne , revue soutenue par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS Presses universitaires de Franche-Comté

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La symmachia comme pratique du droit international dans le monde grec D’Homère à l’époque hellénistiquesous la direction de Jean-Christophe Couvenhes

La symmachia, c’est-à-dire « l’alliance militaire », est une manifestation du droit international, discipline qui met en œuvre un certain nombre d’institutions et de lois générales. En matière d’alliance militaire, les Grecs ont essayé très tôt de construire, par la pratique, un droit international. Les Actes de cette première manifestation scienti�que inscrite dans le programme « Le droit grec et hellénistique, Approches historique et anthropologique » au sein du laboratoire Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques (AnHiMA - UMR 8210) rassemblent neufs contributions qui sont autant d’exemples permettant de mieux comprendre ce phénomène, depuis Homère jusqu’à l’époque hellénistique.

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La symmachia comme pratique

du droit international dans le monde grec

D’Homère à l’époque hellénistique

DHA - Supplément Dialogues d’Histoire Ancienne, revue soutenue par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS

P r e s s e s u n i v e r s i t a i r e s d e F r a n c h e - C o m t é

C O U V E R T U R E :Copie datant de 403/2 av. J.-C. du décret honori�que de 405 par lequel les Athéniens remercient les Samiens de leur être restés des alliés �dèles. Le relief surmontant l’ inscription représente les déesses tutélaires des deux cités, respectivement Athéna et Héra, se serrant la main. Musée de l’ Acropole d’ Athènes.© Marsyas / CC 2.5 (Creative Commons version 2.5)

D i a l o g u e s

d ’ h i s t o i r e a n c i e n n e

Supplément 16

Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité

Ouvrage publié avec le concours de l’UMR 8210 ANHIMA(Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques)

© Presses universitaires de Franche-Comté, 2016ISSN 2108-1433

http://ista.univ-fcomte.fr

Rédaction: Jacques Annequin, Laurène Leclercq, Antonio Gonzales

Directeur de publication: Antonio Gonzales

D i a l o g u e s

d ’ h i s t o i r e a n c i e n n e

Supplément 16

Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité

Revue soutenue parl’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS

© Presses universitaires de Franche-Comté, 2016

Sous la direction de Jean-Christophe Couvenhes

La symmachia comme pratique du droit international dans le monde grec

D’Homère à l’époque hellénistique

DHA supplément 16, 2016

6 Dialogues d’histoire ancienne supplément 16

Contents

Contents ................................................................................................................................................ 6

Bernard Legras, Foreword ................................................................................................................. 9-11

Jean-Christophe Couvenhes, Introduction: Symmachia as Practice of International Lawin the Greek World ........................................................................................................................................ 13-49

Evelyne Scheid-Tissinier, �e King and his Allies, Cohesion and Dissentin the Homeric Achaean Alliance ................................................................................................................ 51-65

Jeannine Boëldieu-Trevet, Allied Commands in the Greek World during the Second Medic Warat the Battle of Chaeronea ............................................................................................................................. 67-95

Sandra Péré-Noguès, Symmachia in Sicily from the Athenian Expeditions to the Strategyof Timoleo ........................................................................................................................................................ 97-112

Aliénor Rufin Solas, Symmachia and Hegemony over �racian War Peoples,from the Odrysian Kingdom to Macedonian Domination .................................................................. 113-123

Denis Knoepfler, “So that Philia and Symmachia between Athens and the Euboeans Can Endure”(IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, an Attican Inscription to Reexamine) ................................................ 125-160

Jacqueline Christien, Areus and the Concept of Symmachia in the �ird Century BC.Hellenistic Realities ........................................................................................................................................ 161-175

Jean-Christophe Couvenhes, A Few Remarks on the Recruiting of Cretan Soldiers abroadfrom what Can Be Read in Symmachian Treaties ...................................................................................... 177-211

Alexandru Avram, On the Date of the Treaty Between Pharnaces and Tauric Chersonese ............. 213-237

Abstracts ................................................................................................................................................ 239-246

DHA supplément 16, 2016

7Dialogues d’histoire ancienne supplément 16

Sommaire

Sommaire ................................................................................................................................................ 7

Bernard Legras, Avant-propos ........................................................................................................... 9-11

Jean-Christophe Couvenhes, Introduction : La symmachia comme pratique du droit internationaldans le monde grec .......................................................................................................................................... 13-49

Evelyne Scheid-Tissinier, Le roi et ses alliés, cohésion et dissensionsdans l’ alliance achéenne homérique ............................................................................................................ 51-65

Jeannine Boëldieu-Trevet, Les commandements alliés dans le monde grecde la deuxième guerre médique à la bataille de Chéronée ......................................................................... 67-95

Sandra Péré-Noguès, Les symmachies en Sicile des expéditions d’ Athènes à la stratégiede Timoléon ..................................................................................................................................................... 97-112

Aliénor Rufin Solas, Symmachia et hégémonie sur les peuples guerriers de �race,du royaume odryse à la domination macédonienne ................................................................................. 113-123

Denis Knoepfler, « Pour que demeurent la philia et la symmachia entre Athènes et les Eubéens »(IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, une inscription attique à reconsidérer) ................................................ 125-160

Jacqueline Christien, Areus et le concept de symmachie au iiie siècle.Les réalités hellénistiques ............................................................................................................................... 161-175

Jean-Christophe Couvenhes, Quelques remarques sur le recrutement des soldats crétois outre-merà travers les traités de symmachia ................................................................................................................... 177-211

Alexandru Avram, Sur la date du traité entre Pharnace et Chersonèse Taurique ................................ 213-237

Résumés ................................................................................................................................................. 239-246

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Dialogues d’ histoire ancienne supplément 16, 2016, 9-11

Le colloque La « symmachia » comme pratique du droit international dans le monde grec est la première manifestation scienti�que du programme « Le droit grec et hellénistique, Approches historique et anthropologique », du laboratoire « Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques » (ANHIMA). Le choix de cette thématique de journée d’ étude pensée et élaborée par Jean-Christophe Couvenhes entendait a�rmer d’ emblée l’ espace de ré�exion des chercheurs réunis dans ce nouveau programme : étudier en historien les pratiques juridiques du monde grec et hellénistique, en pensant le droit à travers la ré�exion anthropologique. En s’ intéressant au thème de la symmachia du vie siècle au iie siècle av. J.-C. Jean-Christophe Couvenhes permet de traiter cette question sur la longue durée de l’ histoire grecque, de l’ époque archaïque à l’ époque hellénistique, et de renouveler notre connaissance d’ une dimension essentielle du droit international antique.

Le programme construit pour les années 2014-2018, inauguré par ce colloque à l’ automne 2013, est issu du programme ANHIMA « Constructions identitaires et transferts culturels dans les mondes anciens », où les recherches sur le droit grec et hellénistique aboutirent aux résultats les plus importants. Une table ronde que Jean-Christophe Couvenhes et moi-même avions réunie en 2004, en Sorbonne, marqua le point de départ de notre ré�exion sur ce champ de recherche : Transferts culturels et politique dans le monde hellénistique ( J.-Chr. Couvenhes, B. Legras [éds], Paris, Publications de la Sorbonne, 2006). En 2008, un colloque international organisé à Reims, s’ est tenu sur Transferts culturels et droits dans le monde grec et hellénistique, (B. Legras [éd.], Paris, Publications de la Sorbonne, 2012). Ce programme a été

Avant-propos

Bernard LegrasUniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 8210 ANHIMA

[email protected]

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également à l’ initiative en 2011, à l’ INHA, du XVIIIe Congrès international de droit grec et hellénistique (B. Legras, G. �ür [éds], Symposion 2011. Études d’ histoire du droit grec et hellénistique/Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte, Vienne [Akten der Gesellscha� für griechische und hellenistische Rechtsgeschichte 23], 2012). Les chercheurs du programme ont alors travaillé dans un réseau international de quatre sociétés internationales 1) Symposion. Internazionale Gesellscha� für griechische und hellenistische Rechtsgeschichte ; 2) AIDEA : Association Internationale pour l’ étude du Droit de l’ Égypte Ancienne ; 3) Collegium Politicum. Collaboration in Classical Political �ought and Its Reception ; 4) Hellenistic Warfare. Fundación Instituto Valenciano de Estudios Clásicos y Orientales (IVECO), Fundación Libertas 7.

En se centrant désormais exclusivement sur le droit grec et hellénistique dans sa dimension historique et anthropologique, le programme entendait s’ inscrire dans une féconde tradition de chercheurs tels, naguère, Gustave Glotz et Louis Gernet, ou, aujourd’ hui, tels Joseph Mélèze Modrzejewski ou Julie Vélissaropoulos-Karakostas1. A�rmer d’ emblée l’ intérêt de la dimension internationale permettait d’ élargir les futures enquêtes, qui ne se trouveraient donc pas limitées aux institutions politiques internes et au droit privé des États grecs d’ époque archaïque, classique ou hellénistique. Elle permet de mesurer pour la période hellénistique toute la complexité d’ un monde où des organismes fédéraux comme la ligue achéenne ou la confédération étolienne peuvent parler d’ égal à égal avec les souverains macédoniens, et où les cités grecques d’ Asie ou d’ Égypte n’ ont qu’ une autonomie très restreinte face à la puissance des monarchies séleucides ou ptolémaïques. Il permet de replacer, dans le cadre des communications de cette belle séance du 13 novembre 2013, la ré�exion globale sur ce que d’ aucuns ont pu appeler « la �n de l’ histoire grecque »2, quand les États hellénistiques, incapables de s’ entendre, après la période d’ « équilibre des pouvoirs » au iiie siècle av. J.-C., ont adopté un comportement international qui les conduisit à leur perte, face à la puissance romaine conquérante. Polybe constate qu’ à partir de la 140e Olympiade (220-216 av. J.-C.) « l’ histoire du monde s’ est mise à former un tout organique ». On peut cependant discuter la vision polybéenne qui voit dans la « mondialisation » de l’ histoire, désormais romaine, l’ aboutissement d’ une « �nalité de l’ histoire ». Car on peut douter avec

1 Cf. J. Mélèze Modrzejewski, Le droit grec après Alexandre, Paris, 2012 ; J. Vélissaropoulos-Karakostas, Droit grec d’ Alexandre à Auguste (323 av. J.-C.–14 apr. J.-C.). Personnes-Biens-Justice, Athènes (Mélétèmata 66), 2011.2 Cf. Cl. Orrieux dans Cl. Orrieux, P. Schmitt Pantel (éds), Histoire grecque, Paris, p. 446. En s’ appuyant sur les travaux d’ E. S. Gruen, il considère que cette politique internationale des États hellénistiques (royaumes, fédérations, cités) est « à la lettre, un suicide ».

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Avant-propos 11

l’ historien moderniste Patrick Boucheron que l’ histoire ait une quelconque « �nalité » : « Aussi devons-nous du même élan revendiquer une histoire sans �n – parce que toujours ouverte à ce qui la déborde et la transporte – et sans �nalités »3.

Les actes de ce colloque sont précédés d’ une remarquable introduction où Jean-Christophe Couvenhes dresse un état des lieux précis et complet de la recherche sur la notion de symmachia. Qu’ il soit remercié ainsi que tous les auteurs de communication, qui ont apporté chacun leur manière de concevoir les études concernant le droit grec et hellénistique.

3 P. Boucheron, leçon inaugurale du 17 décembre 2015 au Collège de France, Chaire « Histoire des pouvoirs en Europe occidentale xiiie-xive siècle » (http://books.openedition.org/cdf/156 et coédition Collège de France/Fayard).

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Dialogues d’ histoire ancienne supplément 16, 2016, 239-246

Jean-Christophe CouvenhesLa symmachia comme pratique du droit international dans le monde grecRésumé : La symmachia désigne à la fois l’ aide concrète apportée par une armée à une autre sur le champ de bataille contre un ennemi commun mais aussi l’ accord formalisé qui résulte ou prévoit cette aide entre deux États. Il s’ agit ici de préciser les contours de la symmachia comme pratique du droit international dans le monde grec. Après avoir fait un tour d’ horizon de l’ historiographie relative à la symmachia, d’ un point du droit, nous revenons sur la symmachia comme pratique contractuelle, puis nous envisageons une typologie des principales clauses des accords symmachiques, avant de rappeler quelques enjeux relatifs à la symmachia contractuelle dans le droit international du monde grec.Mots-clés : Symmachia spontanée, Symmachia agonale, Symmachia contractuelle, Epimachia, Mêmes amis et mêmes ennemis, Philia, Alliance, Hégémonie, Droit international, États grecs.

Symmachia as Practice of International Law in the Greek WorldAbstract: Symmachia both means concrete help given by one army to another on a battlefield against a common enemy, and a formal agreement between two states resulting from or making for such help. This paper intends to outline symmachia as practice of international law in the Greek world. After a bird’ s eye view of historiography, symmachia is examined in terms of contractual agreement practise, then an attempt at drawing a typology of the main symmachian contract clauses is made, and eventually some of the issues pertaining to contractual symmachia in the Greek world are recalled.Keywords: Spontaneous Symmachia, Agonal Symmachia, Contractual Symmachia, Epimmachia, Same Allies and Same Enemies, Philia, Alliance, Hegemony, International Law, Greek States.

résumés

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240 Résumés

Evelyne Scheid-TissinierLe roi et ses alliés, cohésion et dissensions dans l’ alliance achéenne homériqueRésumé : Réunie par Agamemnon, l’ alliance achéenne mise en scène dans l’ Iliade, est composée de contingents venus de toutes les régions du monde grec et fonctionne comme une communauté organisée selon trois niveaux hiérarchiques : le roi, les chefs (les basileis) qui ont choisi de se joindre à l’ alliance, et les troupes, les laoi, qui ont accompagné leurs chefs devant Troie. Les raisons d’ être de cette guerre sont formulées de manière à associer étroitement l’ ensemble des Achéens à l’ entreprise, définie comme une vengeance destinée à répondre à l’ enlèvement d’ Hélène. Si Agamemnon possède en principe sur l’ ensemble de la coalition un pouvoir surplombant, dans les faits, le roi ne montre pas toujours les qualités qui lui permettraient d’ exercer une autorité indiscutée. D’ où le surgissement de conflits qui sont autant de forces centrifuges susceptibles de mettre en péril la cohésion de l’ alliance. Le but de cette étude est d’ analyser la manière dont sont maintenus les équilibres entre le roi et les chefs alliés d’ une part, entre le roi et l’ ensemble des hommes des troupes d’ autre part, à travers l’ usage politique qui est fait de l’ approbation, des remontrances et du blâme.Mots-clés : Roi, Basileis, Laoi, Cohésion, Réprobation, Opinion publique.

The King and his Allies, Cohesion and Dissent in the Homeric Achaean AllianceAbstract: Achieved by Agamemnon, the Aechean alliance staged in the Iliad is made up of contingents from all sides of the Greek world and works as a community organized according to three hierarchical tiers : the king, the chiefs (the basileis) who voluntarily joined the alliance, and the troops, the laoi, who accompanied their chiefs before Troy. The reasons for this war are stated in a way that closely associates all the Achaeans for this endeavour, which is defined as a revenge for Helen’ s abduction. If, in principle, Agamemnon sways power over the whole coalition, in fact the king does not always show that he is able to exercise undisputed authority. Hence the rising of conflicts which are so many centrifugal forces likely to jeopardize the alliance’ s cohesion. This article purports to analyze the way balance is maintained between king and allied chiefs on the one hand, on the other hand the way balance between king and soldiers is maintained thanks to the political use that is made of approval, reproach and blame.Keywords: King, Basileis, Laoi, Cohesion, Reproach, Public Opinion.

Jeannine Boëldieu-TrevetLes commandements alliés dans le monde grec de la deuxième guerre médique à la bataillede ChéronéeRésumé : À partir de sources littéraires et épigraphiques, la contribution envisage les différentes formes que donnèrent les cités grecques au commandement dans le cadre des alliances (symmachiai) en insistant sur les problèmes de vocabulaire, entre autres dans les textes de traités du ve et ive siècle. Elle aborde la question des fondements juridiques et historiques à commander

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Résumés 241

en chef et les problèmes de l’ exercice du commandement en cours d’ opérations en fonction du rapport des forces.Mots-clés : Commandement, Alliance, Hègemonia, Archè, Droit, Justice, Traités, Conventions, Puissance, Rapports de force.

Allied Commands in the Greek World during the Second Medic War at the Battle of ChaeroneaAbstract: Using literary and epigraphic sources, this contribution looks into the different forms that Greek cities gave to the command structures within the framework of alliances (symmachiai) while focusing on vocabulary issues, particularly on those in the treaties of the 5th and 4th centuries B.C. It tackles the question of the legal and historical bases to command as a leader and the problem of leadership in the exercise of fields command in terms of balance of power.Keywords: Command, Alliance, Hegemonia, Archè, Law, Justice, Treaties, Conventions, Power, Balance of power.

Sandra Péré-NoguèsLes symmachies en Sicile des expéditions d’ Athènes à la stratégie de TimoléonRésumé : La richesse du dossier sicilien aussi bien du point de vue des sources historiques qu’ épigraphiques invite à une nouvelle lecture de l’ histoire des symmachies en Sicile de la deuxième moitié du ve siècle jusqu’ au milieu du ive siècle. Elles furent à la fois un facteur d’ intégration mais aussi d’ exclusion pour les cités de Sicile mais aussi de Grèce égéenne, en raison de l’ extrême variabilité des enjeux insulaires. Si les symmachies eurent un rôle dans l’ ascension hégémonique de certaines cités comme Syracuse, elles contribuèrent aussi à l’ émergence d’ une identité commune aux cités et aux peuples de l’ île.Mots-clés : Syracuse, Athènes, Sparte, Corinthe, Expédition, Carthage, Sicules, Élymes, Guerre du Péloponnèse, Épigraphie.

Symmachia in Sicily from the Athenian Expeditions to the Strategy of TimoleoAbstract: The richness of the Sicily studies, both from the points of view of historical and epigraphical sources, calls for a new reading of the history of symmachia in Sicily during the seconf half of the 4th century. They were an integrating factor as well as an excluding one as far as Sicilian and Ageaen Greek cities are concerned, because of the extremely changing aspect of the island’ s issues. If symmachia did play a role in the growing hegemony of some cities such as Syracuse, they also contributed to the emergence of an identity common to both cities and islanders.Keywords: Syracuse, Athens, Sparta, Corinth, Expedition, Carthage, Siculs, Elyms, Peloponnese War, Epigraphy.

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242 Résumés

Aliénor Rufin SolasSymmachia et hégémonie sur les peuples guerriers de Thrace,du royaume odryse à la domination macédonienneRésumé : La notion de symmachia hégémonique, entendue comme système d’ alliances guerrières inégales avec une puissance dominante, est proposée pour décrire la nature de la domination des Odryses en Thrace au moment de la guerre du Péloponnèse, ainsi que les relations établies entre Philippe II et ses voisins de l’ intérieur de la Thrace.Mots-clés : Alliances militaires, Symmachia hégémonique, Philia, Basileia, Recrutements, Thrace, Odryses, Sitalkès, Philippe II de Macédoine.

Symmachia and Hegemony over Thracian War Peoples,from the Odrysian Kingdom to Macedonian DominationAbstract: The notion of symmachia as system of war alliances led by a dominant power is proposed here as a tool to describe the nature of the Odryses’ domination in Thrace during the Peloponnese war as well as the relationships between Philip II and his neighbours within Thrace: Philip may have inherited, in Thrace, the power model of the Odrysian kings he vanquished.Keywords: Military Alliances, Hegemonic Symmachia, Philia, Basileia, Recruitments, Thrace, Odrysae, Sitalces, Philip II of Macedon.

Denis Knoepfler« Pour que demeurent la philia et la symmachia entre Athènes et les Eubéens »(IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, une inscription attique à reconsidérer)Résumé : La première partie (I) de cet article fait l’ inventaire critique des documents se rapportant aux alliances conclues par les Athéniens avec les cités de l’ Eubée durant la première moitié du ive siècle av. J.-C., en s’ arrêtant en particulier sur l’ inscription attique qui, selon la restitution naguère présentée par l’ auteur lui-même, doit avoir été, en 394, une « paix de cent ans » entre Athènes et Érétrie (IG II2 16). On revient ensuite (II) sur le décret proposé par Hésésippe, partisan de Démosthène, à la suite d’ une attaque athénienne contre le territoire des Érétriens en 348 (IG II2 125, maintenant II3 1, 2, 399), afin de montrer que le document lui-même ne peut guère être antérieur aux règlements de compte de l’ année 343, en dépit de la tentative intéressante faite par M. Dreher (1995) – que suit St. Lambert, éditeur du nouveau corpus attique (2012) – pour le mettre en 348 déjà. Enfin (III), l’ auteur reprend l’ étude du décret de proxénie IG II2 149, constamment allégué en faveur de l’ existence d’ un koinon eubéen censé avoir conclu – à un moment indéterminé des années 350 ou 340 – un traité « d’ amitié et d’ alliance avec le Peuple des Athéniens ». Là encore dans le sillage de l’ exégèse récemment proposée par Dreher, l’ éditeur du récent fascicule (IG II3 1, 2, 398) voudrait attribuer cette inscription à la même année 348 que le décret d’ Hégésippe. Mais, à l’ examen, cette datation doit, elle aussi, être rejetée, car de solides indices épigraphiques mettent hors de doute que le document est, en réalité, antérieur de peu au milieu du ive siècle. De fait, c’ est au lendemain du Bellum Euboïcum de 358/7 que les Athéniens ont dû vouloir honorer Hérakléodôros (d’ Histiaia) – à identifier très probablement au

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Résumés 243

réformateur homonyme de la constitution hisitéenne connu par la Politique d’ Aristote – et deux de ses compatriotes. Or, à cette date, il est exclu qu’ ait existé un État fédéral eubéen avec lequel Athènes aurait pu signer un traité parallèle à ceux qu’ elle a effectivement conclus avec chacune des quatre cités de l’ île. Les Euboeis mentionnés dans la clause hortative du décret ne sauraient donc avoir constitué autre chose que le cadre ethnico-géographique où se déployaient alors les efforts de la diplomatie athénienne pour s’ attacher durablement l’ ensemble des peuples de l’ Eubée.Mots-clés : Inscriptions attiques, Koinon eubéen, Érétrie, Histiée-Oréos, Décret d’ Hégésippe, Proxénie, Guerre eubéenne de 358/7, Seconde Confédération athénienne.

“So that Philia and Symmachia between Athens and the Euboeans Can Endure”(IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, an Attican Inscription to Reexamine)Abstract: The introductive section (I) of this paper provides a critical review of the documentation relating to treaties of alliances between Athens and the cities of Euboea during the first half of the IVth century BC, with emphasis on the Attic inscription which –according to the author’ s own textual improvement– must be « a peace for hundred years » between Athenians and Eretrians in 394 (IG II2 16). In the following part (II), returning to the study of the decree proposed by Demosthenes’ friend Hegesippus after the attack conducted by Athens against the Eretrian territory in 348 (now IG II3 1, 2, 399), the author shows why this document is hardly understandable before the time of the great political lawsuits around 343, despite the strong case made by M. Dreher (1995) and St. Lambert after him (2012) in favour of the year 348 itself. The final section (III) is devoted to a more complete examination of the proxeny decree IG II2 149, commonly put forward as a valuable testimony for the existence of an Euboean Koinon, with which Athenians would have made a treaty of friendship and alliance. According to Dreher and to Lambert (IG II3 1, 2, 398), the inscription belongs most probably to the same year as the decree of Hegesippus. But this too low dating must definitively be rejected, for there are in the text itself more than one epigraphical particularity speaking in favour of a little earlier chronology. In fact, it is very easy to admit that Herakleodoros –clearly the same man as the democratic leader known from Aristoteles’ Politics at Histiaia in that time– was honoured with two fellowcountrymen soon after the end of the the Bellum Euboicum of 358/7, when Athens, indeed, had most intensive diplomatic relationship with the four cities of the island. So, the Euboeis mentioned in the hortative-formula of the decree cannot possibly be considered as members of an Euboean Federal State: they constitue merely the ethnico-geographical framework in which Athenians are trying to renew their old alliances with all the peoples of Euboea.Keywords: Attic Inscriptions, Euboean Koinon, Eretria, Histiaia-Oreos, Hegesippus’ Decree, Proxenia, Euboean War in 358-7 BC, Second Athenian Confederation.

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244 Résumés

Jacqueline ChristienAreus et le concept de symmachie au iiie siècle. Les réalités hellénistiquesRésumé : Déjà, dès la fin du ive siècle, les expéditions extérieures d’ Acrotatos en Sicile puis de Cléonyme à Tarente puis Corcyre, semblent devoir être interprétées moins comme des aventures personnelles ou des tentatives de se tailler une royauté, que jouer le jeu de l’ État spartiate. Au iiie siècle, après avoir été confronté à la descente de Démétrios en Laconie, dans le contexte de l’ après 281, Areus cherche à construire une symmachie hégémonique, dont on peut percevoir que, de près ou de loin, elle mit en relation Sparte avec des cités de Crète occidentale ou le tyran de Kassandreia, lui-même allié d’ Antiochos Ier, le Séleucide. À la mort de Pyrrhos en 272, Antigone Gonatas redevient l’ ennemi héréditaire des Spartiates qui se tournent vers les Lagides. Le décret de Chrémonidès en dit long sur la symmachie conduite par Areus, mais la mort du roi met en lumière la puissance en trompe l’ œil de la cité.Mots-clés : Rois de Sparte, Acrotatos, Cléonyme, Areus, Symmachie hégémonique, Méditerranée spartiate, Macédoine, Pyrrhos, Décret de Chémonidès, Lagides.

Areus and the Concept of Symmachia in the Third Century BC. Hellenistic RealitiesAbstract: Already by the end of the fourth century, Acrotatos’ expeditions to Sicily, then Cleonymus’ to Taranto and Corcyra can be interpreted not so much as personal adventures or attempts to forge an empire, as a way to play the Spartan state’ s game. In the third century, after having had to face Demetrios in Laconia, in a post-281 context, Areus is trying to build a hegemonic symmachia which can be said to have connected Sparta with Western Cretan cities in a way or another, or with the tyrant of Kassandreia who himself was an ally of Antiochos the Selucid. When Pyrrhos died in 272, Antigona Gonatas becomes again the hereditary enemy of the Spartans who turn to the Lagides. Chremonides’ decree is very instructive on Areus’ symmachia. But the king’ s death sheds light on the city’ s dubious power.Keywords: Spartan Kings, Acrotatos, Cleonymus, Areus, Hegemonic Symmachia, Spartan Mediterranean, Macedonia, Pyrrhos, Chremonides’ Decree, Lagides.

Jean-Christophe CouvenhesQuelques remarques sur le recrutement des soldats crétois outre-mer à travers les traitésde symmachiaRésumé : Les traités de symmachia qui sont conservés sur la pierre, liant des cités crétoises à des puissances du monde grec, comme les sources littéraires, permettent de poser quelques remarques sur le recrutement des soldats de l’ île outre-mer. Les traités et les auteurs envisagent deux procédures, la xenologia et la symmachia. S’ ils désignent le principe de l’ alliance, boetheia et symmachia peuvent également servir à qualifier la troupe de secours ou d’ auxiliaires, dont la composition est contrôlée par la cité. Les traités de symmachia permettent sans doute aussi de poser à nouveau la question des Crétois et des Néocrétois. La question de l’ égalité ou de l’ inégalité des traités de symmachia et celle des conditions de service des symmachoi et des mercenaires

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Résumés 245

permettent enfin d’ envisager combien les traités de symmachia ont été un outil juridique adapté aux puissances du temps et aux cités de l’ île dont l’ unité n’ a jamais été réalisée au sein d’ un koinon.Mots-clés : Symmachia, Xenologia, Boetheia, Néocrétois, Auxilia, Apetairoi, Neodamodeis, Inégalité des traités, Contrat, Cité.

A Few Remarks on the Recruiting of Cretan Soldiers abroad from what Can Be Readin Symmachian TreatiesAbstract: Just as literary sources, Symmachian treaties which have been chiselled on stone, binding Cretan cities with Greek forces, allow us to make a few remarks on the recruiting of soldiers from the foreign island. Both treaties and authors envisage two ways of proceding: xenologia and symmachia. Although boetheia and symmachia refer to the principle of alliance, they may also designate auxiliary or helping troops, the members of which are chosen by the city. To be sure, symmachian treaties also make it possible to raise the issue of Cretan and Neo-Cretan people again. The question of equality or inequality of treaties as well as the serving conditions of symmachoi and mercearies eventually allow us to figure out to what extent symmachian treaties were a juridical tool adapted to the powers of the time and to the island’ s cities, the unity of which was never achieved in a koinon.Keywords: Symmachia, Xenologia, Boetheia, Neo-Cretans, Auxilia, Apetairoi, Neodamodeis, Treaties Inequality, Contract, City.

Alexandru AvramSur la date du traité entre Pharnace et Chersonèse TauriqueRésumé : Le traité entre Pharnace du Pont et Chersonèse de Tauride est daté « du mois de Daisios, de la cent cinquante-septième année, comme le compte le roi Pharnace ». Il y a plus de cent ans, le premier éditeur, R. Kh. Loeper, suivi par l’ éditeur des IOSPE (n° 402), avait rapproché l’ inscription de Polybe, XXV, 2, 1-15, y avait vu un écho de la paix conclue entre Pharnace et ses ennemis de la guerre pontique de 183/2-180/79, et avait daté le traité d’ avril/mai 179 selon une ère débutant avec l’ avènement du supposé fondateur du royaume du Pont, Mithridate II de Kios (336 ?). Alors que dans les années 1980, prenant en compte l’ ère séleucide, on avait pensé pouvoir descendre le traité de Pharnace avec Chersonèse au printemps 155, la présente contribution réévalue la durée de règne de Mithridate IV (ca 170-ca 150), frère et successeur de Pharnace, notamment à la lumière de sa production monétaire et de la date de sa dédicace capitoline, probablement haute (peu après 167). Pharnace ayant régné de ca 196 à ca 170, le traité ne peut dater de 155. L’ ère utilisée par Pharnace ne fait pas mention de l’ avènement de Mithridate II de Kios, puisque les sources littéraires et l’ archéologie montrent que le véritable fondateur de la dynastie est le fils de ce dernier, Mithridate Ier Ktistès. On peut émettre l’ hypothèse que Pharnace utilise une ère sinopéenne, commençant à l’ equinoxe de l’ automne 336 et introduite après sa conquête de la ville dont il fit sa capitale. Datant du printemps 179, le traité peut être interprété comme la volonté des

DHA supplément 16, 2016

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Chersonésitains de chercher la protection du roi du Pont, contre les Scythes, et peu leur importait la clause concernant l’ obligation de préserver l’ amicitia envers Rome.Mots-clés : Inscriptions, Numismatique, Archéologie, Sources littéraires, Datation, Mithridate IV, Pharnace, Amicitia, Symmachia, Protection, Chersonèse Taurique.

On the Date of the Treaty between Pharnaces and Tauric ChersoneseAbstract: The treaty between Pharnaces of Pontus and Tauric Chersonese is dated of “the month of Daisios, of the one hundred and fifty-seventh year, according to king Pharnaces.” More than a hundred years ago, R. Kh. Loeper, first editor of the treaty, later followed by the editor of IOSPE (n° 402), had connected the inscription with Polybius, XXV, 2, 1-15, had interpreted it as an echo of the peace between Pharnaces and his Pontic war enemies in 183/2-180/79, and had dated the treaty from April/May 179 according to an era starting from the coming into power of the alleged founder of the kingdom of Pontus: Mithridates II of Kios (336?). While in the 1980s, taking into account the Seleucid era, it was thought that one could date the treaty between Pharnaces and Chersonese back to spring 155, this article reassesses the length of Mithridate IV’ s reign (ca 170-ca 150), brother and successor of Pharnaces, more particularly in the light of his coins production and the date of his Capitoline dedication, most probably dating back to some time after 167. Pharnaces having reigned from ca 196 to ca 170, the treaty cannot date back to 155. The era used by Pharnaces does not mention the advent of Mithridates II of Kios, since literary and archaeological sources show that the real founder of the dynasty is his own son, Mithridates I Ktistes. It is possible to put forward the hypothesis that Pharnaces uses a Sinopean era starting from the equinox of autumn 336 and adopted after his conquest of the city of which he made his capital. Dating from spring 179 the treaty can be interpreted as the will of Chersonesians to seek the protection of the king of Pontus against the Scythians, and that they cared little about the clause concerning the obligation to maintain amicitia with Rome.Keywords: Inscriptions, Numismatics, Archaeology, Literary Sources, Dating, Mithridates IV, Pharnaces, Amicitia, Symmachia, Protection, Tauric Chersonese.