La rue des Cordeliers : une « rue dans la ville · 3 INTRODUCTION Objet d’étude: la rue des...
Transcript of La rue des Cordeliers : une « rue dans la ville · 3 INTRODUCTION Objet d’étude: la rue des...
La rue des Cordeliers : une « rue dans la ville ». ADRIEN CERF, IUT CARRIERES SOCIALES GESTION URBAINE, 2011-2013
2
Je tiens à remercier le service urbanisme de la ville d’Aix-en-Provence, qui m’a consacré
gentiment du temps, ainsi que tous les acteurs de la rue, à savoir commerçants, habitants,
touristes ou passants, qui ont accepté de répondre à mes questions le plus sincèrement
possible. Je remercie également l’agence immobilière des Cardeurs, qui m’a fourni de
nombreuses informations sur mon espace d’étude.
3
INTRODUCTION
Objet d’étude : la rue des cordeliers, Aix-en-Provence, 13100
Je suis arrivé à Aix-en-Provence durant l’été 2011, dans le but de rechercher un logement,
puisque mes études se déroulent à l’IUT Carrières Sociales option Gestion Urbaine de la ville.
Je ne connaissais absolument pas cette commune et ce fût pour moi une véritable découverte.
A la recherche d’un habitat pour l’année universitaire, mon choix s’est porté sur un studio se
trouvant dans la rue des Cordeliers, en plein centre-ville. Je remarquais qu’un certain
dynamisme animait cet espace, du fait de la proximité d’un grand nombre de service et de
lieux incontournables, tels que l’hôtel de ville, la rue de la Verrerie, ou encore la Rotonde et le
cours Mirabeau.
Il me semblait que ce logement était parfait pour commencer cette nouvelle vie. En effet, ce
lieu est totalement différent de l’environnement dans lequel j’ai vécu durant 19ans, à savoir la
banlieue parisienne. Ces contrastes se constatent aussi bien au niveau social qu’au niveau
architectural, en ce sens que les individus sont proches les uns-des-autres du fait de la
proximité des immeubles, des services et des activités. L’habitat est ancien et ne correspond
aucunement à la verticalisation des immeubles dans lesquels j’ai grandi.
Depuis la fenêtre de mon appartement, la vue sur l’ensemble de la rue est totale. En effet, je
vois chaque extrémité de celle-ci, et donc chaque activité qui s’y déroule, de jour comme de
nuit, que ce soit le passage des touristes, le retour chez soi des habitants ou encore le départ
des commerçants après leur journée de travail.
C’est pourquoi il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre que cette rue était un
important lieu de passage et de commerce dans le centre-ville d’Aix-en-Provence.
Du fait de mon intérêt croissant pour la ville, pour son centre, et encore plus pour la rue où je
vis, la rue des Cordeliers fera donc l’objet de mon étude monographique. A cet égard, il
s’agira de passer d’une vision superficielle et externe de la voie, à un regard plus approfondi,
au contact de chaque activité et de tous les flux présents dans la rue, pour mieux la
comprendre, mieux l’analyser, et dans mon optique, mieux y vivre.
4
De plus, le fait d’habiter sur les lieux de mon étude constitue un avantage considérable
puisque cela me permet d’être constamment sur le terrain et en interaction complète avec
l’environnement qui m’entoure.
J’ai donc circulé inlassablement sur la voie de mon entreprise, ce qui m’a permis d’en dégager
une problématique, qui me semble pertinente. En effet, nous allons essayer de comprendre
dans quelle mesure la rue des Cordeliers, aussi petite soit- elle, représente un lieu
d’interaction conséquent et une aire de vie importante au sein du centre-ville d’Aix-en-
Provence.
Mon travail s’est largement appuyé sur l’observation personnelle que j’ai effectuée du fait du
peu d’informations quantitatives et qualitatives présentes sur internet, dans la presse ou encore
dans les ouvrages généraux et spécialisés. Néanmoins, je considère cela comme une chance et
une grande opportunité. Effectivement, j’ai pu complètement interagir avec la population, les
commerçants, les passants et les touristes qui sillonnent la ville et la rue à la recherche de
culture et d’activités en tout genre, tout comme du bâti présent sur le site, me permettant de
comprendre l’Histoire de cet espace.
Tout d’abord, je me suis intéressé à la structure physique de la ville. En effet, la situation
géographique de l’espace, ainsi que la prépondérance des commerces au sein de celui-ci,
témoignant des premières dynamiques visibles, sont des questions et des visions de la rue qui
me sont tout de suite venus à l’esprit et auxquelles j’ai été rapidement confronté, justifiant
ainsi le début de mon travail.
Ensuite, j’étudierai la situation architecturale, historique et sociale de la rue, à travers le
portrait des logements et des habitants composant mon espace d’étude.
Enfin, j’analyserai dans quelles mesures la rue des Cordeliers est ambitieuse au niveau
économique et social, en accentuant notre étude sur les dynamiques d’interaction entre les
différents acteurs, dans un espace en transformation et touché directement ou non par les
nouvelles politiques locales. .
5
I/ Le statut physique et géographique de la voie : une rue au
caractère commercial
1.1.La situation géographique de la rue au sein d’Aix-en-Provence et de son
centre-ville
Carte d’Aix-en-Provence, 13100
La rue des Cordeliers se situe dans le centre ancien de la ville d’Aix-en-Provence. Elle lie
directement le périphérique ouest, par le cours Sextius, à l’hôtel de ville.
Tout d’abord, au niveau culturel et touristique, cette rue est située au nord de la Rotonde et du
cours Mirabeau, où les touristes se concentrent massivement, du fait de la présence de
commerces et de restaurants. Cet espace est parallèle au cours Mirabeau, qui peut être rejoint
Centre-ville
6
par de multiples rues adjacentes à ces deux entités, permettant une certaine liaison entre ces
deux lieux commerciaux au sein du centre-ville.
En effet, elle est coupée d’ouest en est par la rue lisse des Cordeliers, la rue de la Treille, la
rue Lieutaud, la rue des magnans, la rue du Felibre Gaut la rue de la Verrerie et la rue du
Maréchal Foch, qui lie la place de l’hôtel de ville à la place Richelme où se trouve le marché.
Elle est géographiquement située au cœur du vieux Aix, tout comme la place de l’hôtel de
ville qu’elle dessert directement.
Carte du centre-ville d’Aix-en-Provence, d’après aixenprovencetourisme.com
Rue des Cordeliers
8
Carte témoignant de la diversité des commerces au sein de la rue :
Artisans boulangers/bouchers Divertissements et téléphonie
Bar-Tabac La Poste
Ecole de conduite Salons de Coiffure
Vente de mobiliers Textile
Pharmacie Agences immobilières
Restauration Opticiens
Alimentation de proximité Bijoutiers
Produits hygiéniques Professions libérales
Boutiques fermée ou inexistantes Aix en Bus : nouveauté
Espace bâti Espace vide
9
Comme le montre la carte, il y a une grande diversité de boutiques, qui s’étend sur l’ensemble
de la rue de manière soutenue. En effet, on comptabilise 84 boutiques et professions libérales,
que j’ai répartie par activité. Ces boutiques sont souvent de petite taille puisqu’elles occupent
seulement le rez-de-chaussée des immeubles appartenant à la rue.
La diversité à la fois des activités, mais aussi de la concurrence permet aux consommateurs
d’avoir de nombreuses possibilités et des choix multiples. En effet, la multitude de
commerces disponibles permet le plus souvent aux acteurs de satisfaire leurs besoins ou leurs
désirs. De plus, la multiplicité des boutiques permet aux individus fréquentant fréquemment
la rue de se fidéliser à un commerce du fait de la proximité installée entre ces derniers, les
habitants et les passants.
Les commerces et leurs activités représentent les premières dynamiques visibles au sein de la
rue et se constate par la certaine régulation du passage de la population à l’intérieur de celle-
ci. En effet, la circulation au sein de la voie prend de l’ampleur à partir du moment où les
boutiques ouvrent, le plus souvent à 9h.
Photo de la rue un dimanche à 15h.
De plus, d’après mes observations personnelles, on observe que la circulation dans la rue est
très faible le dimanche et le lundi. En effet, celle-ci est beaucoup plus calme que le reste de la
semaine et les activités commerciales y sont moindre, du fait de la fermeture de la quasi-
totalité des boutiques ces deux jours, laissant la rue aux habitants qui la compose.
10
Le taux d’activité de la rue est important puisque les 84 boutiques emploient en moyenne 3,5
salariés, ce qui est significatif pour des boutiques à la superficie faible. Ces salariés forment
les acteurs commerciaux de la rue.
1.2.2. Les Commerçants
La rue, comme nous venons de le voir, possède un caractère commercial, du fait de la
présence continue de commerces au sein de ce lieu. En effet, les nombreuses boutiques
composant la rue mettent en évidence une partie de la population qui n’est pas négligeable :
les commerçants. Ces derniers sont nombreux puisque les 84 boutiques que nous avons
recensées emploient près de 300 salariés.
Assurément, d’après mes enquêtes, 93% des commerces composant la rue emploient 3,5
salariés en moyenne. Par conséquent, 78 boutiques possèdent en moyenne ce nombre de
personnels. On en déduit donc que la rue est composée de 273 commerçants, auxquels on
ajoute les 15 acteurs des professions libérales (médecins, avocat…), soit un total de 288
individus disposant d’un emploi à l’intérieur de la rue.
Boutiques Pharmacie des
Cordeliers
Vival Point Cadre
Nombre de salariés 5 4 2
Tableau représentatif du nombre de salariés par entreprise en moyenne à travers 3 exemples
Après avoir conversé avec la majorité des commerçants, il en est ressorti, à mon étonnement,
qu’aucun d’entre eux ne disposait d’un logement dans la rue et que rare sont ceux qui vivait
dans le centre-ville d’Aix-en-Provence. En effet, la plupart de ces acteurs viennent de villes
voisines, comme Salon-de-Provence, Eguilles ou Marseille. Ceci représente un coût, tant
économique que social, puisque les déplacements ne sont pas pris en charge par les
commerces, représentant un revenu considérable pour les ménages qui y travaillent, et que
l’éloignement géographique des commerçants vis-à-vis de leur lieu d’habitation a un impact
sur le temps qu’il peuvent consacrer à leur entourage, que ce soit à leurs amis ou à leur
famille.
11
Carte des Bouches-du-Rhône, 13
Boutiques Pharmacie
des
Cordeliers
B&C Score Game Vival
Lieu d’habitations
des employés
Salon-de-
Provence,
Marseille,
Gardanne,
Vitrolles
Aix-en-
Provence,
Marseille,
Les Pennes-
Mirabeau
Marseille, Aix-
en-Provence
Marseille, Aix-
en-Provence,
Aubagne
Tableau représentatif de la diversité des lieux d’habitations des commerçants de la rue à
travers 4 exemples
En effet, les commerçants rejoignent leur lieu de travail via les transports en commun, le
covoiturage, ou leur moyen de locomotion personnel (voiture, moto, vélo…). Cependant,
l’accessibilité à la rue par voie routière est compromise par l’absence totale de place de
Zone de délimitation du lieu
d’habitations des commerçants
12
stationnement. Effectivement, les seules places gratuites sont situées au sein du cours Sextius,
et sont très rarement laissées libres, notamment le samedi, jour de mariage.
Toujours d’après mes entretiens, il en est ressorti que la moyenne d’âge des commerçants est
de 35,7 ans. Cet âge, que l’on peut caractériser d’intermédiaire, permet aux commerçants
d’être à la fois proche des habitants, dont la population est plus jeune, qui voient ces
commerces de proximité comme un moyen facile et rapide de se procurer ce qu’ils souhaitent
et ce dont ils ont besoin, que des passants extérieurs à la rue, qui profitent de cet espace pour
se détendre, « se balader » ou pour faire leurs courses autrement que dans des supermarchés
ou dans des centres commerciaux. Cet élément, qui n’est pas considéré comme « volontaire »
par les propriétaires, permet une proximité avec les passants, de tout âge, qui n’est pas
négligeable.
Enfin, le salaire des commerçants n’excède pas, pour les employés, 1450€ pour ceux qui ont
accepté de me répondre sincèrement. Ce salaire ne leur permet pas d’habiter au sein de la rue,
voire en centre-ville, ce qui leur aurait permis de diminuer significativement leur budget en
déplacement.
On peut donc admettre que les commerces occupent une place majeure dans l’espace que
nous étudions, qui se caractérise par la présence soutenue d’acteurs commerciaux, qui
côtoient sans cesse la population circulante dans la rue.
13
II/ La situation architecturale et sociale de la rue des cordeliers :
une vision des dynamiques de logement et de population
Comme nous l’avons observé précédemment, la rue a un caractère commercial où les
commerçants jouent un rôle majeur. Mais ce n’est pas le seul type d’acteurs composant le site.
En effet, on y trouve également les habitants, vivants dans les logements disponibles à
l’intérieur de la rue.
2.1 Visualisation de la topographie de la rue et de la population y vivant
2.1.1 Une surface habitable organisée
14
Carte témoignant de la diversité des hauteurs d’immeubles :
Rez-de-chaussée + 5 étages
Rez-de-chaussée + 4 étages
Rez-de-chaussée + 3étages
Rez-de-chaussée + 2 étages
Espace vide
Espace bâti
15
Comme le montre la carte effectuée ci-contre, on constate que la hauteur des immeubles
appartenant à la rue est relativement homogène. En effet, le plan témoigne du fait que la
majorité du bâti présent s’élève sur trois ou quatre étages sans compter le rez-de-chaussée,
malgré la faible présence d’immeubles de deux paliers et de l’unique édifice composé de cinq
niveaux.
Ceci est dû à une politique globale du centre-ville, qui, par le faible espace entre chaque
parcelle située de part et d’autre de la voie, limite la hauteur du bâti à un maximum de cinq
divisions. C’est en circulant dans l’ensemble de ce dernier que j’ai pu valider cette hypothèse.
Cette action émane de la volonté de respecter à la fois l’histoire du centre-ville, qui n’a jamais
accueillie en son sein des immeubles de grandes envergures, mais aussi pour des raisons
techniques. Assurément, du fait des rues étroites composant le centre d’Aix-en-Provence,
limiter la hauteur des bâtis permet de laisser pénétrer la lumière et l’air, pour que
l’atmosphère y soit plus agréable à vivre. De plus, cette limitation des niveaux amène à une
restriction des habitations et des logements disponibles dans les différentes voies. Cette
optique permet de ne pas concentrer une population trop importante dans le centre-ville, ce
qui pourrait amener à une trop forte affluence et à des problèmes de circulation automobile et
piétonne excessifs.
16
D’après mes analyses, j’ai comptabilisé qu’il y avait environ 276 logements disponibles dans
la rue des cordeliers, en comptant les boites aux lettres et les sonneries d’interphones, ce qui
est paradoxalement un chiffre important pour une rue aussi petite, dans un espace où les
hauteurs de bâti sont moyens. En effet, les immeubles des parcelles ne s’étendent pas en
hauteur, mais en profondeur dans le but d’accueillir un nombre important mais limité
d’habitant, sans rendre l’esthétique de la rue vertigineux.
Les logements de la rue sont relativement élevés. En effet, après avoir interrogé une agence
immobilière, il en est ressorti qu’un studio de type 1 (T1) coûtait entre 550 et 630 euros à la
location, selon le volume disponible. Un appartement de type 2 (T2) oscille lui entre 650 et
850 euros, alors qu’un appartement aux volumes avoisinant les 40 à 50 mètres carrés, et où le
nombre de pièces atteint le chiffre de 3, a une valeur qui peut être supérieure à 1000 euros.
Le prix de cet habitat amène donc à concentrer un certain type de population, au capital
économique et social important, ne permettant pas une certaine diversité social que l’on peut
observer à Marseille par exemple, où le centre-ville est encore composé de couches populaires
et modestes de la population
17
2.1.2 La population vivant au sein de la rue : une dynamique non négligeable
La rue et ses habitants sont majoritairement composés d’une population jeune. En effet, elle
concentre un grand nombre d’étudiants et de jeunes diplômés selon mes observations et mes
enquêtes personnelles. Sur 30 visites effectuées auprès d’habitant de la rue, on observe une
surreprésentation des « – de 25ans » au sein de cet espace puisque 23 logements m’ayant
accueilli étaient constitués de cette tranche d’âge, soit 69% de la population m’ayant
répondue. De plus, sur ces mêmes visites, seuls 2 ménages ont plus de 50 ans, représentant
6% des sondés selon mes estimations. On assiste, par conséquent, dans cet espace à une
certaine « vampirisation » des jeunes dans cette rue, puisqu’ils la dominent au niveau
démographique.
Age de la population Nombre d’habitant
correspondant
Pourcentage
0-19 ans 1589 13%
20-39ans 7158 58%
40-59ans 2062 17%
60-74ans 831 7%
+ de 75ans 712 6%
TOTAL 12352 100%
SOURCE : AUPA. Population du centre-ville en 1999.
Quant à elle, la population totale d’Aix-en-Provence entre 1999 et 2008 a augmenté de 6,2%
environ selon l’INSEE. Si on considère la même évolution en ce qui concerne les habitants du
centre-ville, cette population en 2008 aurait été de 13118 personnes.
Comme je l’ai brièvement évoqué précédemment, il y a environ 276 logements dans la rue
des cordeliers. De plus, après mes rencontres avec les habitants de la rue, j’en aie déduit qu’il
y avait entre 1 et 2 habitants par logement. Par conséquent, il y aurait entre 276 et 552
habitants dans la rue des cordeliers. La population résidente dans cet espace représente donc
environ 3,2% de la population totale du centre-ville d’Aix-en-Provence. Ce chiffre peut
18
sembler à première vue faible, cependant la rue des cordeliers n’est longue que de deux cents
mètres à peine. Il y a donc dans cette rue une forte densité de population.
Cette population est certes jeunes, mais elle dispose de revenus qu’on peut qualifier
« d’élevé ». En effet, mon entretien avec l’agence immobilière des cardeurs m’a permis
d’obtenir des informations relatives au rapport entre la taille et le prix des logements
disponible dans la rue. Il en est ressorti qu’un studio de type 1 (T1) coûtait entre 550 et 630
euros à la location, selon le volume disponible. Un appartement de type 2 (T2) oscille lui
entre 650 et 850 euros, alors qu’un appartement aux volumes avoisinant les 40 à 50 mètres
carrés, et où le nombre de pièces atteint le chiffre de 3, a une valeur qui peut être supérieure à
1000 euros. Sachant qu’une agence immobilière se fixe surtout sur les revenus des potentiels
locataires, et qu’elle tend à accepter lorsque le salaire mensuel de ce dernier est au moins égal
au triple de la valeur de la location mensuelle, on peut considérer que le revenu mensuel
moyen des habitants de la rue varie au moins entre 1600 et 2200 euros.
D’après l’INSEE, les ressources des habitants de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est
sont en moyenne de 2280€. On constate donc que le revenu moyen des habitants de la rue est
légèrement inférieur à la moyenne régionale, témoignant que cette rue possède certes des
logements au prix relativement élevé, mais plus ou moins accessibles pour les habitants de la
région.
De plus, les étudiants n’ayant pas de travail à temps plein, du fait de leurs activités
universitaires, s’appuient sur le capital économique et social de leur famille pour financer ce
logement. Par conséquent, les habitations disponibles dans cet espace sont réservées à des
ménages disposant de ressources économiques stables (salaires, honoraires…importants),
voire d’un réseau social conséquent (exemple : connaissance du propriétaire).
On constate également que cette population n’est pas fixe, dans le sens où la majorité de ces
habitants n’y restent que durant une période limitée, correspondant le plus souvent à la durée
des études. En effet, d’après les entretiens effectués auprès de cette population étudiante,
65% d’entre eux ne compte rester au sein de la rue des cordeliers que pour la durée de leurs
études, qui s’étalonne entre 2 et 5ans. Les principales raisons évoquées par ces derniers pour
ne pas envisager une durée de vie plus longue dans la rue sont la volonté de retour dans leur
ville ou région d’origine, de leur vision du sud et de la ville d’Aix-en-Provence, à savoir un
espace principalement dédié aux étudiants, ou pour certains les nuisances sonores bien trop
importantes, de jour comme de nuit.
19
Effectivement, la rue des cordeliers est un espace de circulation semi-piéton, facilitant le
passage de divers acteurs tout au long de la journée, amenant à des nuisances sonores pour les
habitants, principalement ceux situés au premier étage de leur immeuble. De plus, les
nombreux étudiants d’Aix-en-Provence s’approprient la rue de la verrerie, coupant
perpendiculairement notre espace d’étude. C’est pourquoi, à partir du mardi soir, et dans de
plus importantes proportion le mercredi et le jeudi, la rue des cordeliers vie au rythme de la
fête, de la danse et de la musique, puisque les activités nocturnes de cette voie adjacentes sont
omniprésentes (bars, discothèques, restaurants…). Ces rassemblements populaires sont
fréquemment soumis à l’abus excessif d’alcool, qui entraîne certaines formes de déviances, à
savoir jets de bouteilles sur la voie publique, conflits physiques ou oraux entre individus etc.
Au regard de ces problèmes, la localité a mis en place des caméras de surveillance, dont la
portée est totale, puisqu’elles ont la capacité d’observer la rue à 360 degrés. A ce nouvel
élément est associé le déploiement important des autorités municipales au sein de la rue. En
effet, des patrouilles policières sont établies et accentuées aux alentours de minuit, pour
permettre une meilleure sécurité et contrôler ces problématiques déviantes.
Cette atmosphère, certes vivante et active, est peu propice à la concentration et au sommeil,
éléments primordiaux pour la capacité de travail et de récupération. Pour 6 ménages sur les 30
qui ont acceptés de me rencontrer, « il est impossible d’y fonder correctement une famille »,
témoignant de l’importance des problèmes internes de la voie. Marc-Antoine, vivant au 37rue
des cordeliers, qualifie ironiquement cet espace comme étant « une rue vivante, presque
trop.. .»
Intersection entre la rue des Cordeliers et la rue de la Verrerie un jeudi soir.
20
2.2 Une rue empreinte d’une histoire spatio-temporelle riche:
La rue, telle que nous l’avons précédemment décrite (I/A/), est l’œuvre de transformations,
dues à l’agrandissement et l’élargissement du centre-ville. En effet, la rue des Cordeliers
s’appelait autrefois la rue Esquicho-Mousco, parce qu’elle était si étroite « qu’une mouche
avait de la peine à y passer ».
Cette rue correspond à la partie qui longe la façade sud de la mairie d’Aix-en-Provence,
jusqu’à la rue de la Verrerie. Celle-ci a très largement été agrandie, et ceci à plusieurs
reprises, notamment en 1755, lorsque la portion de l’hôtel de ville affectée à cette époque aux
bureaux et aux archives de la province a été construit. C’est à cette époque que la principale
activité de la rue est de battre la monnaie, c’est-à-dire fabriquer les pièces et les billets de
banques.
La principale des rues du premier agrandissement de la ville était la rue des Fabres (aux
alentours de 1250). Celle-ci correspond au prolongement de la rue Esquicho-Mousco. Ce
nom lui est donné du fait de serruriers, des maréchaux-ferrants et d’autres ouvriers de
professions similaires qui y ont trouvé des locaux pour leurs activités. C’est le début du
commerce dans la rue. Par la suite, ce sont des familles aristocratiques, issues de la Haute
Bourgeoisie qui s’y installèrent. Durant cet agrandissement, on laissa le Faubourg des Anglais
21
en dehors de celui-ci. Mais, dans le but de communiquer avec lui, on ouvrit une porte
publique, là où se termine l’ancienne rue des Fabres, formant aujourd’hui la majeure partie de
la rue des Cordeliers en remontant vers l’hôtel de ville : C’est la Porte des Anglais.
La rue des Cordeliers, sous ce nom, existe depuis le troisième élargissement de la ville, qui
s’est effectué vers 1568. En effet, Raymond de Turenne, capitaine pontifical en Italie, a fait
d’importants pillages en Provence à la fin du XIVe siècle, entre 1389 et 1399, ce qui lui valut
le surnom de « Fléau de la Provence ».
Il a commis d’immenses dégâts sur l’ensemble du territoire d’Aix-en-Provence, et a
notamment mis le feu au couvent des Cordeliers, fondé vers 1220, située approximativement
là où est aujourd’hui la Rotonde. Les religieux se retirèrent alors dans le nouveau quartier qui
n’était pas encore bâti. Leur nouvelle Eglise, du même nom, qui a été détruite au bout d’à
peine 500 ans d’existence durant la Révolution Française, qui borde le sud de la continuation
de l’ancienne rue des Fabres, donna son nom à cette partie de la rue, puis à la rue toute
entière.
22
Ces agrandissements successifs de la rue ont été faits dans l’optique d’une politique
d’élargissement totale de la ville, mais est significative dans cette rue du fait de son
« centralisme » dans le centre de la ville. En effet, celle-ci a joué et joue encore actuellement
un rôle de lieu de transition et de passage entre le cours Sextius et l’hôtel de ville, puisqu’elle
représente la principale artère entre ces deux entités.
De plus, depuis le premier élargissement et l’installation de professions ouvrières dans la rue,
celle-ci se tourne progressivement vers des fonctions commerciales, conséquentes et
prépondérantes aujourd’hui au sein de la rue.
Ce développement considérable de cette allée a permis également l’augmentation des
logements disponibles, et par voie de conséquence de la population présente sur ce lieu. Ces
éléments ont conduit à la création d’une aire de communication où les activités sociales et
économiques sont nombreuses, tout comme les flux associés à celles-ci.
23
III/ une rue ambitieuse au niveau social et économique : les
différentes dynamiques de brassage et de rencontre au sein d’une
rue désormais encrée dans de nouveaux dispositifs
3.1. La rencontre et le brassage des acteurs : une dynamique conséquente
Tout d’abord, la circulation à l’intérieur de la rue n’est pas homogène. En effet, elle varie
selon les heures de la journée, et les jours de la semaine. Celle-ci est notamment corrélée avec
les horaires d’ouverture et de fermeture des magasins composant la rue, du départ des
habitants à leur lieu de travail ou d’études, ainsi qu’aux activités qui se déroulent ou non dans
les lieux que la rue dessert directement ou indirectement.
Horaires 5h30-
9h
9h-12h 12h-
15h
15h-17h 17h-
19h
19h-
22h
22h-
2h
2h-5h30
Affluence Faible Moyenne Forte Moyenne Forte Forte Forte Faible
Tableau récapitulatif de l’affluence selon les heures de la journée, d’après mes observations
De 5h30 à 9h, la faible affluence est dû à la seule présence des commerçants dans la rue, qui
réceptionnent les marchandises arrivant de camions stationnant temporairement devant les
boutiques.
A partir de 9h, la population commence à prendre possession de la rue avec l’ouverture des
boutiques entre 8h30 et 9h30 et le départ au travail, à l’école ou à l’université des différents
acteurs habitants ou non la rue.
L’affluence prend réellement de l’importance à partir de midi, et le début des pauses-déjeuner
des commerçants et des différents acteurs du centre-ville, qui utilisent la voie comme axe de
déplacement pour rejoindre leur habitation ou un emplacement pour prendre leur repas. Ce
mouvement se prolonge jusqu’à 15h et la densité de population présente diminue jusqu’à 17h,
du fait de l’absence de certains acteurs, qui effectuent leurs activités professionnelles,
scolaires ou universitaires.
C’est à partir de 19h que l’affluence se renforce et cela jusqu’à deux du matin puisque les
activités nocturnes, telles que les bars, restaurants ou encore discothèques prennent le relais
des boutiques, fermant aux alentours de 19h30. Après la fermeture de ces dernières, la voie
reprend un caractère calme, où l’affluence s’estompe peu à peu.
24
Les touristes sont relativement présents durant les saisons automne-hiver, malgré une moindre
influence que durant la période estivale. Ces derniers se déplacent en mini-trams ou à pied
dans la rue, et sont ouverts à toutes discussions avec les populations passantes, tout comme
ces derniers, permettant une grande interaction. Ces derniers, comme les passants se dirigent
souvent vers l’hôtel de ville et vers sa place, où les bars et les activités artistiques, culturelles
et musicales sont très présents, tout comme l’ambiance relativement joyeuse qui y règne. Axe
principal pour rejoindre la mairie, la rue rassemble un grand nombre de passants.
La rue est un lieu de passage appréciable de tous. Après avoir interpelé certains passants,
ceux-ci m’ont confié le but de leur déplacement au sein de la voie. Pour l’unanimité, la rue est
un espace idéal, tant pour se promener tout en regardant les vitrines, loin de l’affluence
considérable des centres commerciaux et des hypermarchés, tant que pour profiter de l’air
frais disponible dans un espace extérieur. Ce moment de détente est par conséquent mieux
vivable et permet l’interaction avec la population du centre-ville, majoritairement ouverte à
tout dialogue.
La population, présente sur ce lieu, est diverse et multiple.
Tout d’abord, on observe la diversité des générations présentes. En effet, on observe une
certaine hétérogénéité de l’âge des passants au sein de la rue. Ceci n’enraye en aucun cas le
désir de communication, de dialogue et d’interaction de tous ces acteurs directs ou indirects, à
savoir habitants, commerçants ou groupe en provenance de l’extérieur, utilisant cette voie
seulement comme un axe de communication. De plus, cet espace est également utilisé comme
un lieu de rassemblement et de rendez-vous par les acteurs. Effectivement, la rue est coupée
par plusieurs voies comme la rue des magnans, ou la rue de la verrerie. Ces nombreux axes
lient la rue des cordeliers à différentes entités où la population se rassemble, de jour comme
de nuit, que ce soit la Rotonde et le cours Mirabeau, accessibles par la rue Lieutaud, le forum
des Cardeurs, par cette même voie, ou encore la place de l’hôtel de ville et la rue de la
verrerie, que notre espace d’étude dessert directement. Celui-ci constitue alors un point
central pour permettre aux différents groupes de se retrouver pour se diriger vers ces
différents espaces, tout en profitant des activités commerciales de la rue. En effet,
l’attractivité des commerces de celle-ci amène ce lieu à prendre une proportion à la fois
commerciale et sociale, par le brassage des différents acteurs au sein même de cet organisme
urbain.
25
Puis on observe une grande disparité des groupes socio-professionnels qui circulent dans la
voie. En effet, on constate la présence du passage de cadres et professions intellectuelles
supérieures, internes ou externes à la rue (avocat, médecin, chef d’entreprise…), tout comme
d’artisans, commerçants, professions intermédiaires (instituteurs, infirmière…), ou encore
d’employés du secteur tertiaire. Tous ces groupes, certes marqués par des différences sociales,
se côtoient sans gènes dans la rue des Cordeliers, que ce soit pour partager un moment entre
amis, en famille, ou simplement pour demander son chemin, ou des renseignements.
Les commerçants de la rue ont un rôle primordial dans la création de dynamiques sociales.
Tout d’abord, l’ancienneté des commerces, ainsi que celle des propriétaires le plus souvent,
permet une certaine fidélisation des clients, qu’ils habitent ou non dans la rue. Accompagnée
de la diversité de ces commerces, la rue attire des habitués, qui ont tissés des liens avec les
commerçants de ce lieu. En effet, que ce soit les habitants, ou les passants, cette population
satisfait ses besoin dans ces commerces, où ils ont appris, au cours du temps, à côtoyer et à
connaître employés et propriétaires.
De plus, comme j’ai pu le remarquer, certains commerçants ont tissé des liens entre eux,
amenant parfois à une relation supra-professionnelle, voire amicale, que ce soit de manière
intra-organisationnels (entre employés de la même organisation) ou inter-organisationnels
(entre employés de différentes entreprise). Après avoir effectué mes entretiens auprès d’eux,
et avoir observé de ma fenêtre les différents déplacements de certains commerçants, cette
tendance se confirme. En effet, la plupart des boutiquiers prennent des pauses ensemble et se
retrouvent au sein même de la rue, que ce soit pour fumer une cigarette, boire un café, se
détendre les jambes, ou seulement dialoguer. De plus, les commerçants prennent également
leur pauses repas et quittent le travail ensemble pour la plupart, même si les turnovers sont
souvent effectués pour garder une permanence à la boutique. Cet élément permet une certaine
harmonie et une bonne ambiance dans l’enceinte de la rue.
Ces lors de ces pauses que les interactions entre passants, consommateurs, touristes et
habitants sont souvent les plus fortes du fait de la proximité de plus en plus grande de tous ces
acteurs, à force de se côtoyer et de passer du temps ensemble. . Par conséquent, on peut
admettre que la « population commerciale » a des revenus moins élevé que ceux des
habitants, souvent plus jeunes, permettant une diversité économique, sociale et culturelle, qui
se témoigne dans les relations entretenues entre les divers acteurs, créant des liens et des
interactions multiples et diverses dans notre espace d’étude.
26
3.2. De nouveaux dispositifs affectant directement ou indirectement la rue
3.2.1. Les Allées Provençales : le commerce de la rue touché
Les Allées Provençales sont un projet qui s’est achevé en 2007. En partenariat avec la
commune d’Aix-en-Provence, mais aussi avec les commerçants du « vieux-Aix », et donc du
centre-ville et de la rue des cordeliers, les Allées Provençales représente un espace
commercial important dans la ville. Disposant de 45 boutiques, ce récent dispositif est mieux
desservi que la rue des cordeliers. En effet, les Allées Provençales possèdent un parc de
stationnement public contrairement à notre objet d’étude, facilitant le rassemblement de
population vivant à l’extérieur du centre. De plus, elles sont situées à quelques mètres de la
Rotonde et des arrêts de bus qui y sont disposés. Les 45 boutiques les composants sont bien
plus importantes au niveau de la superficie que les commerces de la rue des Cordeliers, qui
n’occupent que le rez-de-chaussée des immeubles comme nous l’avons vu. Elles permettent
une grande diversité des commerces, et permet à la population de s’y déplacer librement du
fait de sa piétonisation.
Les activités commerciales du centre-ville, et dans de grandes mesures de la rue des
Cordeliers, sont touchées par cette concurrence forte en provenance de ce nouvel espace. En
effet, après m’être entretenu avec certains commerçants de mon site d’étude, il en est ressorti
que le chiffre d’affaire des commerces de la rue avait considérablement baissé. C’est le cas
pour « Score Game » par exemple, qui voit ses clients se diriger vers la grande Fnac des
Allées Provençales, ou du magasin de la même enseigne y étant situé. C’est également le cas
pour les commerces du prêt-à-porter, qui doivent lutter face à la notoriété de grandes
enseignes telles que « H&M ». La centralité commerciale est donc sur la voie du changement,
puisque les activités commerciales du «centre-ville » se structure de plus en plus vert ce
nouveau lieu organisé pour attirer un public large et dense.
27
Les Allées Provençales : le site
La localité commence cependant à mettre un nouveau dispositif, propre au « Vieux-Aix », qui
peut permettre à ces activités commerciales de reprendre de l’ampleur, permettant ainsi
d’accumuler les profits économiques de ces activités au sein de ces deux projets. De plus, le
centre-ville et la rue des Cordeliers profitent des individus provenant de villes extérieures, qui
rejoignent Aix-en-Provence pour l’attractivité des Allées Provençales.
28
3.2.2. La pacification et la piétonisation du centre-ville
Depuis 2001, la Ville a mené des actions significatives, en prenant en considération les
problèmes de circulation en son sein. En effet, la commune a mis en place la construction de
nouveaux parkings publics, mais payants, la création de parcs relayés par des navettes, la
réalisation d’une voie de bus propre au centre-ville ( « Aix-en-Ville ») et l’aménagements de
pistes cyclables.
Dans la continuité de cette volonté, la commune s’est lancée dans une entreprise de
piétonisation du centre-ville dans un projet portant le nom de « Pacification du Centre-Ville ».
Ce dernier vise à règlementer les livraisons, sans nuire à l’activité économique et
commerciale qui y est prépondérante, le stationnement anarchique des moyens de transports
individuels des usages et de désencombrer le centre-ville des flux de circulation automobile,
perturbant le déplacement des différents acteurs.
Dans cette optique, ce dispositif est composé de stratégies et de moyens effectués à long
terme. Il s’agit de la rationalisation de la circulation comme nous le venons de voir, dans de
plus grandes proportions et la piétonisation du centre-ville, avec la proposition d’alternatives
au niveau du transport. Ces objectifs ne pourront être atteints sans un changement de
comportement et d’aménagement, de régulation des accès et une réorganisation de l’espace,
corrélés à un changement de mentalité, de comportement et des mœurs de la population.
En effet, il va falloir que la population s’habitue progressivement à cette nouvelle logistique,
que ce soit les automobilistes ou les piétons.
Une véritable règlementation a été mise en place afin de gérer les livraisons en tenant compte
de l’enjeu économique que représentent les commerçants et les artisans du centre-ville. En
effet, dans la rue des Cordeliers, un plot escamotable a été aménagé à l’intersection de la rue
et de la rue Lieutaud. En effet, seuls les titulaires d’un badge délivré par la mairie sous réserve
de justificatif professionnel ou de domicile peuvent circuler librement en automobile durant la
journée dans la rue des cordeliers. Assurément, seuls les camions de marchandises, les
29
moyens de transports de services publics (éboueurs, police, pompiers…), les taxis ainsi que
les habitants peuvent avoir accès à ce « laisser passer ».
Cependant, dans le souci de ne pas compromettre les livraisons matinales des commerces,
cette borne n’est active qu’à partir de midi et cela jusque 6h du matin. En effet, le passage
automobile est libre dans la rue entre 6h et midi, du fait de l’affluence faible ou moyenne
composant la rue à ces heures-ci. C’est pourquoi la règlementation des horaires de livraison a
été harmonisée.
Dans le but de mettre aux yeux de la population ce nouveau dispositif, trois réunions
publiques de présentation du projet global se sont tenues à l'Hôtel de Ville le 18 juin
2010, le 23 juillet 2010 et 27 novembre 2010. Ces réunions ont permis de réunir les
impressions et les questionnements de la population, pour mettre en œuvre un dossier
complet, qui leur sera transmis. Ce projet a été voté à la majorité durant le début de l’année
2011. Effectivement, 39 suffrages ont été exprimés durant ce vote. Tous ont adopté le projet,
marquant le début de la « Pacification » du centre-ville.
30
La rue des Cordeliers fait partie des aménagements primaires de ce nouveau dispositif récent.
En effet, c’est durant l’été 2011 que cette borne électromagnétique a été mise en place pour
débuter la piétonisation entre le centre-ville et le périphérique. Mais elle fait partie d’un
ensemble de rue qui vont être aménagées de la même manière dans les années à venir, comme
la rue Jaubert en 2012 ou encore la rue d’Italie en 2013.
Cependant, cette nouvelle réglementation pose des problèmes. En effet, la population n’a pas
pris l’habitude cette nouvelle structuration, amenant à des accidents. Les conducteurs n’évalue
pas encore la vitesse de descente en sol du plot, et le percute souvent. D’après mes
observations personnelles, il y a eu 3 accidents en septembre et 5 entre octobre et décembre.
Ceci amène à une perturbation du trafic automobile, jusqu’au périphérique.
31
De plus, ce système n’est adapté que pour la circulation des voitures ou des camions. En effet,
il n’empêche en aucun cas le déplacement en moto dans le centre-ville, induisant des
nuisances sonores et de mobilité, car les motos roulent parfois de manière excessive, mettant
la sécurité des piétons de l’espace en suspens.
Enfin, il n’y a pas de place de stationnement au sein de la rue des Cordeliers. C’est pourquoi
des agents de médiation et de sécurisation routière se trouvent presque en permanence dans
cette rue pour contrôler et sanctionner tout manquement à cette règle de non stationnement,
pour permettre aux individus de comprendre l’objectif de ce nouveau dispositif.
Les habitants de la rue disposant d’une voiture doivent désormais trouver des places de
stationnements lointaines ou payantes.
Pour éviter les nuisances sonores des moteurs, le réseau de bus « Aix-en-Ville » qui circule
dans le centre est composé de moyens de transports électriques. Les abonnés à ce service
peuvent se déplacer avec ce minibus. Ce sont principalement les personnes à mobilité réduite,
les handicapés ou les personnes âgées qui emploient ce transport, témoignant de la volonté de
la commune de permettre la mobilité de tous, tout en respectant de manière plus efficace
l’environnement.
On peut donc considérer que ce nouveau dispositif permet de préserver les activités
commerciales de la rue, en régulant les flux de circulation et permettant de préserver une
certaine attractivité du « Vieux-Aix » face à la concurrence forte des Allées Provençales.
32
Conclusion
A travers l’étude du statut physique et géographique de la voie, de sa situation architecturale,
sociale et historique, ainsi que des différentes dynamiques de rencontres la constituant, nous
pouvons admettre que la rue des Cordeliers représente, malgré sa petite superficie, une aire de
vie importante et un espace d’interaction conséquent dans la ville et son centre.
En effet, la richesse de ce lieu et la diversité des activités la composant permettent une
certaine harmonie entre les différents acteurs économiques qui sillonnent la rue. Cet espace
représente un site aux nombreuses dynamiques de brassages, de rencontres et d’interaction,
associé à la prépondérance des commerces et des logement, formant ainsi un espace que l’on
peut caractériser d’autonome. Assurément, cette rue concentre la plupart des activités
permettant une certaine « autosuffisance ». .
La rue des cordeliers constitue donc une « rue dans la ville » qui s’inscrit dans de nouveaux
dispositifs, qui vont prendre une plus grande ampleur dans les années à venir avec la poursuite
du projet de piétonisation du centre-ville. La nouvelle problématique, qui va désormais pesée
sur la ville, est de trouver un équilibre entre les deux « centres économiques et commerciaux »
du centre-ville, à savoir les Allées Provençales et le futur secteur piéton qui s’achèvera aux
alentours de 2014.
33
Bibliographie
Ouvrages généraux :
BOUYALA D’ARNAUD, André, Evocation du vieil AIX-EN-PROVENCE, Aix-en-Provence,
éditions de minuit, « vieux Paris », 1964.
Ouvrages spécialisés :
ALPHERAN, Roux, Les Rues d’Aix ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de
Provence, Aix-en-Provence, Typographie Aubin, 1846.
Revues Périodiques :
« Quartiers et Villages », Aix-en-Dialogue, n°29, novembre 2006.
Sitographie :
http://www.aixenprovencetourism.com
http://www.mairie-aixenprovence.fr
Entretiens :
Entretiens avec 30 habitants de la rue des Cordeliers.
Entretiens avec 8 commerçants de la rue des Cordeliers.
Entretiens avec l’agence immobilière des Cardeurs.
Entretiens avec certains passants de la Rue des Cordeliers.