La résistance à la mise en œuvre d’une substitution de marques
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Actes du 26ème Congrès International de l’AFM – Le Mans-Angers, 6 et 7 mai 2010
La résistance à la mise en œuvre d’une substitution de marques
Véronique Collange
Maître de conférences
IAE de Dijon
2 boulevard Gabriel,
BP 26611,
21066 Dijon Cedex,
03.80.39.54.32
Cette recherche fait l’objet du soutien financier de l’ANR dans le cadre du projet NACRE
(New Approaches to Consumer Resistance).
Actes du 26ème Congrès International de l’AFM – Le Mans-Angers, 6 et 7 mai 2010
La résistance à la mise en œuvre d’une substitution de marques
Résumé :
L’objectif de cet article est de comprendre comment les consommateurs réagissent à la
pratique de la substitution de marques, s’ils y adhèrent ou y résistent, et pourquoi. A cette fin,
une étude est menée auprès de 480 consommateurs. Elle met en évidence que la perception
d’une dissonance cognitive et le ressenti d’émotions négatives influencent l’attitude des
consommateurs vis-à-vis de la substitution de marques. Néanmoins, deux facteurs individuels
jouent également un rôle important : la confiance en l’entreprise et la tendance à innover.
Mots-clés : marque, substitution de marques, résistance, dissonance cognitive, émotions.
The resistance to the implementation of a brand name substitution
Abstract :
The aim of this paper is to understand how consumers react to the practise of brand name
substitutions, if they adhere or resist, and why. To this end, a study was conducted among 480
consumers. It shows that the perception of cognitive dissonance and the experience of
negative emotions influence consumer attitudes towards the brand name substitution.
However, two individual factors also play an important role: the trust in firms and the
tendency to innovate.
Key-words: brand, brand name substitution, resistance, cognitive dissonance, emotions.
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La résistance à la mise en œuvre d’une substitution de marques
Introduction
Les substitutions de marques sont en fort développement depuis une quinzaine d’années
(Kumar, 2003). Cette pratique consiste à remplacer une marque (la marque initiale) par une
autre (la marque de substitution) sur un produit, qu’il s’agisse d’un bien ou d’un service. Par
exemple, le yaourt Bio de Danone est devenu Activia de Danone, la station de radio Europe 2
a été rebaptisée Virgin Radio et les assurances AGF s’appellent désormais Allianz. Or,
comme le souligne Kapferer (2007), un tel changement est susceptible de générer de la
résistance auprès des consommateurs car il bouleverse leurs habitudes, leur fait perdre leurs
points de repère. Il peut également les faire douter du maintien de la qualité du produit, ce qui
peut se traduire très concrètement par une forte baisse de ses ventes et de sa part de marché.
La recherche académique s’est donc penchée sur la substitution de marques afin d’identifier
ce qui pourrait faciliter son acceptation par les consommateurs. Aimé-Garnier (2006) s’est
intéressée à la vitesse et à l’ampleur du changement de nom de marque. Elle a ainsi montré
que, contrairement à une idée reçue, il n’y a pas d’écart significatif d’évaluation et d’intention
d’achat du produit qui a changé de nom de marque entre un transfert de nom progressif (co-
signature) ou rapide (substitution immédiate, mais sans modification de l’identité visuelle du
produit). En revanche, l’écart est significatif entre ces deux situations et une substitution avec
modification de l’identité visuelle du produit. Pour sa part, Collange (2008) s’est intéressée
aux qualités que devait réunir la marque de substitution pour susciter l’adhésion des
consommateurs. Elle a ainsi mis en évidence que celle-ci devait être à la fois légitime par
rapport au produit et plus attractive que la marque initiale afin que l’évaluation et l’intention
d’achat du produit qui a changé de nom de marque ne se détériorent pas. Elle a également
souligné que l’attachement à la marque initiale constituait un obstacle au changement. Mais
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aucune recherche ne s’est penchée sur les réactions de résistance de la part des
consommateurs vis-à-vis de la substitution de marques en tant que telle, c’est-à-dire en tant
que pratique d’entreprise. Au-delà de leur intuition, les managers ne savent donc pas vraiment
comment gérer les réactions de rejet ou d’opposition face à la mise en œuvre d’une
substitution de marques, ni quelle est la communication la plus adéquate pour ce faire, alors
même que ce point constitue un enjeu managérial majeur pour la réussite de leur projet. C’est
pourquoi il nous a semblé important de comprendre comment les consommateurs réagissent à
la pratique de la substitution de marques, s’ils y adhèrent ou y résistent, et pourquoi. En nous
appuyant sur les travaux sur la résistance des consommateurs initiés par Peñaloza et Price
(1993) et sur le cadre théorique proposé par Roux (2007), nous chercherons donc à identifier
les variables qui influencent l’attitude des consommateurs vis-à-vis de la substitution de
marques en tant que telle. Après avoir décrit le cadre dans lequel s’intègre notre recherche,
nous présenterons le modèle conceptuel et les hypothèses correspondantes. Puis, nous
détaillerons la méthodologie de l’étude que nous avons menée et ses principaux résultats.
Nous terminerons par une discussion soulignant les apports, les limites et les perspectives
futures de notre travail.
1. Cadre théorique
Nous nous appuierons sur les travaux sur la résistance des consommateurs, et plus
particulièrement ceux relatifs à la résistance à certaines pratiques des firmes, afin de formuler
les hypothèses de la recherche. La résistance des consommateurs est définie comme « un état
motivationnel conduisant à des manifestations d’opposition variables » (Roux, 2007, p.70).
Or cet état motivationnel apparait en réaction au fonctionnement du marché et/ou aux
agissements des firmes. La résistance au fonctionnement du marché, dans ses logiques
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économiques, sociales et environnementales s’exprime le plus souvent dans des
manifestations anticonsuméristes (Kozinets, 2002), anti-publicitaires (Handelman, 1999 ;
Rumbo, 2002 ; Sitz, 2007) et/ou l’adoption d’un mode de vie « simple » (Leonard-Barton,
1981). Il s’agit d’une résistance motivée par des raisons politiques, écologiques (Dobscha,
1998 ; Dobscha et Ozanne, 2001 ; Shepherd, 2002 ; Kozinets et Handelman, 2004) ou
éthiques (Craig-Lees et Hill, 2002 ; Shaw et Newholm, 2002) très éloignée de notre propos
sur la substitution de marques. En revanche, la résistance aux agissements des firmes vise
spécifiquement certaines pratiques des entreprises. Et une analyse plus détaillée de ce qui
suscite les ires des consommateurs fait apparaître trois comportements problématiques à leurs
yeux : la recherche d’hégémonie, les comportements non-éthiques et l’envahissement
publicitaire. La recherche d’hégémonie correspond à la recherche d’une position dominante
par la firme. Il s’agit pour elle d’atteindre une taille critique afin d’avoir une meilleure
maîtrise de ses niveaux de prix et donc de ses profits. Mais l’augmentation du pouvoir des
fournisseurs au détriment des clients, qu’il s’agisse de distributeurs ou de consommateurs, est
rarement bien vécue par ceux-ci. Si ce point a été illustré depuis longtemps dans le cas des
distributeurs (Lapassouse, 1991 ; Pras, 1991), ce phénomène a été récemment mis en évidence
dans le cas des consommateurs (Giesler et Pohlmann, 2003 ; Giesler, 2006 ; Hemetsberger,
2006). Pour leur part, les comportements non-éthiques des firmes renvoient à des pratiques
jugées amorales ou immorales par les consommateurs comme la violation des droits des
travailleurs, la discrimination à l’embauche, la cruauté envers les animaux ou la pollution
(Friedman, 1987 ; Kozinets et Handelman, 1998 ; Klein, 2001). Enfin, l’envahissement
publicitaire traduit l’exaspération croissante des consommateurs face à l’usage intensif de
certaines techniques de communications : publicité (Rumbo, 2002), marketing relationnel
(Fournier et alii, 1998), télévente (Roux, 2008), etc. Ce constat rejoint les observations de
Holt (2002) et de Marion (2003) sur le fait que l’efficacité d’une technique de communication
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diminue au fur et à mesure de la généralisation de son usage car le consommateur en fait
l’apprentissage et comprend son mode opératoire.
Or la substitution de marques s’inscrit dans le cadre présenté plus haut de la recherche
d’hégémonie de la part des firmes. En effet, même si les raisons de procéder à une
substitution de marques sont multiples et variées (Cegarra, 1994), la majorité d’entre elles
correspondent au remplacement d’une « petite » marque-produit par une « grande » marque-
ombrelle (exemples : Coral-Skip, Spaghetto-Panzani, Somat-Mir Vaisselle) ou à celui d’une
« petite » marque locale par une « grande » marque internationale (exemples : Raider-Twix,
Gemey-Maybelline, Calgonit-Finish). Car disposer de grandes marques permet à l’entreprise
de réaliser des économies d’échelles sur l’ensemble du processus de fabrication et/ou de
commercialisation du produit. Des économies qui sont ensuite réinvesties dans le soutien
publicitaire des marques en question afin qu’elles se développent encore plus dans le cadre
d’un cercle vertueux. De plus, dans un monde qui semble se rétrécir de plus en plus grâce aux
nouvelles technologies de l’information et de la communication, disposer de marques globales
apparaît comme un impératif pour certaines firmes (Marston, 1992 ; Villemus, 1996). Ce
phénomène se traduit par le fait que bon nombre de « petites » marques et/ou de marques
locales disparaissent, alors même qu’elles peuvent avoir une grande valeur et que les
consommateurs peuvent leur être très attachés (Schuiling et Kapferer, 2004). Or, comme nous
l’avons vu auparavant, une telle recherche d’hégémonie peut se traduire par une forte
résistance de la part consommateurs. Un très bon exemple de ce type de réaction nous est
présenté par Rémy (2008) dans son étude du cas « Septimanie ». En effet, Georges Frêche, le
Président de la région « Languedoc Roussillon », souhaitait remplacer le nom de cette région
par celui de « Septimanie », son nom à la fin de l’empire romain. Mais les habitants s’y sont
fortement opposés (collectifs, pétitions, manifestations, etc.) pour deux raisons. D’une part, ce
nom leur était imposé d’autorité, sans qu’ils aient été consultés, et d’autre part, ils estimaient
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qu’il remettait en cause leur identité culturelle, en particulier l’identité catalane. Le projet a
donc dû être abandonné. Comme nous le voyons ici, le changement de nom apparaît comme
une modification ce qui constitue la « pierre angulaire » de l’identité de la région, et plus
globalement d’un produit (Aaker et Joachimstalher, 2000 ; Botton et Cegarra, 1994 ; Keller,
2003). De toutes les modifications possibles de l’identité d’un produit, il s’agit donc de celle
qui est la plus susceptible de perturber les consommateurs, de les déstabiliser.
2. Le modèle de la recherche et les hypothèses
Le modèle conceptuel de la recherche est présenté en Figure 1. Dans la mesure où la
substitution de marques apparait comme une pratique susceptible de générer de la résistance
de la part des consommateurs, nous avons eu recours au modèle de Roux (2007) pour mieux
la comprendre. Il s’agit d’un cadre général d’analyse de la résistance, de l’origine du
phénomène à ses conséquences, qui peut a priori s’appliquer à cette pratique d’entreprise
spécifique que constitue la substitution de marques. Pour le présenter, nous commencerons
par décrire la variable dépendante du modèle, avant de nous pencher sur les variables
explicatives et modératrices susceptibles de l’influencer.
Figure 1. Modèle proposé
Perception d’une dissonance cognitive
Ressenti d’émotions négatives
Attitude vis-à-vis de la substitution de marques
Confiance en l’entreprise Tendance à innover
H1
H2
H3
H4
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2.1. La variable dépendante
Roux (2007) explique que l’état motivationnel de résistance chez les consommateurs se
traduit par des manifestations de résistance variées, qui peuvent prendre pour cible des firmes
spécifiques ou le marché dans son ensemble. Dans le cas de la substitution de marques, l’état
motivationnel de résistance à ce changement peut se manifester par l’adoption d’une attitude
négative à son égard. L’attitude vis-à-vis de la substitution de marques est définie ici comme
« l’évaluation globale de cet évènement par le consommateur » (Engel et alii , 1995).
2.2. Les variables explicatives
Mais Roux (2007) explique également que l’état motivationnel de résistance chez les
consommateurs a deux antécédents : la perception d’une dissonance cognitive dans les
agissements, les procédés ou les arguments utilisés par la firme ou le marché dans son
ensemble et l’émergence d’émotions négatives face à cette situation. La dissonance cognitive,
un concept de psychologie élaboré par Léon Festinger à partir de 1957, est définie comme
« un état d’inconfort psychologique qui surgit quand deux éléments de connaissance d’un
individu sont en contradiction l’un avec l’autre ». Or la résistance, la rébellion, l’opposition
sont des façons de nier une nouvelle information ou un nouvel évènement perturbant. Par
ailleurs, l’émergence d’émotions négatives face à une situation (colère, peur, mépris, tristesse,
dégoût) peut également susciter de la résistance. L’émotion est définie comme « un sentiment
puissant, le plus souvent incontrôlé, pouvant affecter le comportement de l’individu. C’est un
phénomène affectif provoqué par des facteurs externes à l’individu, et qui interagit avec son
traitement de l’information, son comportement et son expérience de consommation »
(Graillot, 1998). Les deux antécédents de la résistance identifiés par Roux (2007) nous
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semblent pertinents dans le cas de la substitution de marques, ce qui nous amène à formuler
les deux hypothèses suivantes :
H1. Plus la substitution de marques est perçue comme dissonante par le consommateur, plus
son attitude à son égard sera négative.
H2. Plus la substitution de marques suscite d’émotions négatives chez le consommateur, plus
son attitude à son égard sera négative.
2.3. Les variables modératrices
Roux (2007) avance ensuite que plusieurs caractéristiques individuelles peuvent influencer la
résistance du consommateur. Ces variables jouent un rôle modérateur de la relation entre
l’évaluation cognitive et les émotions ressenties dans la situation et l’état motivationnel de
résistance qui en découle. Le premier groupe de variables proposées ne nous semble pas
pertinent dans le cas de la substitution de marques car elles semblent plus influencer les
comportements de déconsommation ou de « simplicité volontaire » que d’opposition aux
pratiques des firmes de la part des consommateurs. Il s’agit de l’insatisfaction générale envers
le système marchand (Fournier, 1998 ; Fischer, 2001 ; Lambert, 1980 ; Zavestoski, 2002 ;
Shaw et Newholm, 2002), du besoin d’être unique (Austin, Plouffe et Peter, 2005), de la
frugalité et de l’ascétisme (Lastovicka et alii , 1999) et du niveau d’éducation et de l’âge
(Zavestoski, 2002). Le second groupe de variables proposées par Roux (2007) semble plus en
adéquation avec notre sujet d’étude. Il s’agit du scepticisme (Obermiller et Spanenberg,
1998), du cynisme (Kanter et Wortzel, 1985), de la propension à la réactance (Donnell,
Thomas et Buboltz, 2001) et de la propension à la résistance. Mais, sans nier que ces variables
puissent jouer un rôle dans l’attitude des consommateurs vis-à-vis d’une substitution de
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marques, nous avons préféré en privilégier deux autres : la confiance en l’entreprise et la
tendance à innover. En effet, ces deux variables sont fréquemment apparues dans le discours
des consommateurs lors d’une étude qualitative que nous avons menée précédemment
(Collange, 2008). Nous définirons la confiance en l’entreprise comme « une prédisposition
centrale de l’individu à lui prêter un discours honnête et une orientation bienveillante à
l’égard des consommateurs ». Il s’agit bien d’un trait de personnalité, appliqué ici aux
entreprises, mais qui s’inscrit dans une prédisposition plus large à faire confiance à autrui.
Pour sa part, la tendance à innover est définie comme « une prédisposition centrale de
l’individu à prendre des décisions d’innover, qui s’exprime à tous les niveaux de l’activité
humaine » (Le Louarn, 1997). Ceci nous conduit à formuler les deux hypothèses suivantes :
H3. Plus le consommateur a confiance en l’entreprise, moins a) la perception d’une
dissonance cognitive et b) le ressenti d’émotions négatives influenceront son attitude vis-à-vis
de la substitution de marques.
H4. Plus le consommateur a tendance à innover, moins a) la perception d’une dissonance
cognitive et b) le ressenti d’émotions négatives influenceront son attitude vis-à-vis de la
substitution de marques.
3. La méthodologie de la recherche
Nous avons réalisé une étude quantitative auprès de 480 consommateurs, celle-ci succédant à
une étude qualitative menée auprès de 45 consommateurs (Collange, 2008). Nous rappelons
que notre recherche porte sur la substitution de marques en général et non sur des cas
particuliers de substitution de marques. Pour cela, nous avons introduit le questionnaire avec
le paragraphe suivant : « Depuis plusieurs années, on assiste à la multiplication des
substitutions de marques, c’est-à-dire au remplacement d’une marque par une autre sur un
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produit ou une gamme de produits. Par exemple, la marque Activia a remplacé la marque Bio
sur les yaourts de Danone, les produits lave-vaisselle Calgonit sont devenus Finish, les thés
parfumés Eléphant ont été rebaptisés Lipton. Nous allons vous demander votre avis sur cette
pratique ». Chaque thème du questionnaire était ensuite introduit par la mention : « D’une
manière générale… ». En ce qui concerne la mesure des variables, nous avons choisi d’utiliser
exclusivement des échelles de Likert en sept points afin de rendre le questionnaire homogène
dans sa globalité et de faciliter ainsi la tâche des répondants. Tout d’abord, l’attitude du
consommateur vis-à-vis de la substitution de marques correspond au degré d’appréciation
qu’il en a. Pour la mesurer, nous avons repris deux items classiques d’évaluation d’un produit
(Engel, Blackwell et Miniard, 1995) : « J’apprécie les substitutions de marques » et « J’ai une
bonne opinion des substitutions de marques ». Ensuite, pour mesurer la perception d’une
dissonance cognitive, nous avons en fait eu recours à une échelle qui mesure la conséquence
de cette dissonance cognitive, à savoir l’incompréhension qu’elle suscite. Heckler et Childers
(1992) ont fait de même dans leur recherche : elles ont utilisé une mesure d’incompréhension
pour vérifier la qualité de leurs manipulations expérimentales relatives à l’incongruence
publicitaire. Les deux items sélectionnés correspondent aux deux expressions les plus
fréquemment utilisées par les consommateurs au cours de l’étude qualitative pour exprimer
leur perplexité quant à la pratique de la substitution de marques : « Je ne comprends pas
pourquoi une entreprise effectue une substitution de marques » et « Je ne vois pas l’intérêt
d’une substitution de marques pour l’entreprise ». Puis, pour mesurer les émotions négatives
ressenties par les consommateurs, nous nous sommes inspirés de l’échelle CES de Richins
(1997). Richins (1997) identifie huit émotions positives et huit émotions négatives qui
peuvent surgir lors de situations de consommation. Parmi les huit émotions négatives, quatre
sont apparues au cours de l’étude qualitative : la colère, le mécontentement, l’inquiétude et la
tristesse. En revanche, les quatre autres (la peur, la honte, l’envie et la solitude) n’ont pas
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émergé. Par ailleurs, nous avons ajouté aux quatre émotions déjà retenues deux autres qui
étaient également apparues au cours de l’étude qualitative : la déstabilisation et la méfiance.
Nous avons retenu comme premier item pour exprimer ces six émotions négatives leur
expression directe en français (comme Richins l’a fait en anglais) : « La substitution de
marques me déstabilise, me met en colère, me mécontente, m’inquiète, m’attriste, me rend
méfiant(e) ». Puis nous avons recherché des synonymes pour renforcer la fiabilité et la
validité de ces échelles, en sélectionnant ceux qui avaient été le plus fréquemment cités par
les consommateurs au cours de l’étude qualitative. Ont ainsi été retenus comme deuxième
item : « La substitution de marques me perturbe, m’irrite, me contrarie, me tracasse, me fait
de la peine, me rend soupçonneux(se) ». Ensuite, nous avons retenu l’échelle de mesure de
confiance en la marque de Gurviez et Korchia (2002) afin de mesurer la confiance des
consommateurs en l’entreprise. Cette échelle est présentée en annexe 1. Mais nous n’avons
pas pu retenir sa dimension de « fiabilité » car elle nécessite de nommer une entreprise en
particulier. Enfin, de nombreuses échelles de mesure existent pour évaluer la tendance à
innover des consommateurs. Nous avons opté pour celle de Le Louarn (1997) car elle
considère véritablement l’innovativité comme un trait de personnalité des individus. Cette
échelle comporte trois dimensions : l’attrait pour la nouveauté, l’autonomie dans la décision
d’innover et l’aptitude à prendre des risques en essayant la nouveauté. Nous avons retenu 9
des 11 items développés par l’auteur pour ne pas excessivement alourdir le questionnaire.
En termes de déroulement, l’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 480
consommateurs issus de l’access panel d’une société d’études. Ses caractéristiques
sociodémographiques sont présentées en annexe 2. L’étude a été conduite au moyen d’un
questionnaire auto-administré par internet. Les items au sein de chaque thème (la substitution
de marques, la confiance en l’entreprise, la tendance à innover) ont systématiquement fait
l’objet d’une rotation aléatoire.
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4. Résultats de la recherche
4.1. Analyses et vérifications préliminaires au test du modèle
Nous avons procédé en deux étapes afin d’évaluer la qualité des instruments de mesure. Tout
d’abord, nous avons testé la cohérence interne de chaque échelle au moyen d’analyses en
composantes principales (ACP), suivies du calcul du coefficient alpha de Cronbach pour
vérifier leur fiabilité. Toutes les échelles présentent une bonne validité convergente et une
fiabilité satisfaisante, à l’exception de la variable « aptitude à prendre des risques en essayant
la nouveauté », l’une des trois dimensions de la tendance à innover. Il apparait que cette
variable comprend en fait deux dimensions. Une analyse complémentaire, à savoir une ACP
réalisée sur les 9 items de l’échelle de tendance à l’innovation, confirme bien la structure
tridimensionnelle de l’échelle, mais avec un seul item dans la 3ème dimension : « Si j’achète
un nouveau produit, je n’achète que des marques connues ». Nous n’avons donc retenu que
cet item pour mesurer l’aptitude à prendre des risques. Ensuite, nous avons mené des analyses
factorielles confirmatoires afin d’évaluer les validités convergente et discriminante des
construits (Fornell et Larcker, 1981). Mais nous avons été confrontés à un problème de
matrice des covariances non définie positive due à la multicolinéarité générée par la variable
« mécontentement », ce qui nous a conduits à l’éliminer. Les résultats des analyses
factorielles confirmatoires sont présentés en annexe 3.
Enfin, pour évaluer l’impact des six variables explicatives que nous avons identifiées sur
l’attitude vis-à-vis de la substitution de marques, nous avons opté pour la régression multiple.
Mais auparavant, nous avons voulu nous assurer que les conditions d’application de cette
méthode étaient bien remplies (Hair et alii , 1995). Or, il est apparu que la condition
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d’indépendance entre les variables explicatives n’était pas satisfaite car les cinq émotions
négatives étaient trop corrélées entre elles pour qu’une régression puisse être effectuée. Nous
les avons donc regroupées en une seule variable « émotions négatives », qui est leur moyenne.
Mais, nous avons préalablement vérifié au moyen de régressions simples que chacune d’entre
elles avait bien un effet significatif sur l’attitude vis-à-vis de la substitution de marques. Une
fois les variables relatives aux émotions négatives regroupées, il est apparu que les conditions
d’application d’une régression multiple étaient cette fois bien remplies. Puis, pour évaluer
l’impact des deux variables modératrices, nous avons opté pour des régressions multiples
modérées en centrant les variables du modèle pour diminuer la multicolinéarité entre elles.
4.2. Test des hypothèses
Pour évaluer le pouvoir prédictif du modèle à un niveau global, nous avons eu recours à deux
indicateurs : le coefficient de détermination (R²) et le test de Fisher-Snedecor. Et pour estimer
la contribution de chaque variable explicative, nous avons examiné le signe, la significativité
et la valeur de son coefficient de régression (b). Les hypothèses H1 et H2 supposent que : 1)
Plus la substitution de marques est perçue comme dissonante par le consommateur et 2) plus
elle suscite d’émotions négatives chez lui, plus son attitude à son égard sera négative. Le
tableau 1 présente les coefficients de régression des variables. Cette régression est
globalement significative (F=67,052 ; p=0,000) et le test t est significatif pour les deux
variables au seuil de risque ≤ 5%. Les hypothèses H1 et H2 sont donc validées.
Variables indépendantes
R² ajusté : 0,216
Coefficient de
régression
Coefficient de
régression standardisé
Signification
Constante
Dissonance cognitive
5,466
-0,170
-0,197
0,000
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Emotions négatives -0,391 -0,363 0,000
Tableau 1. Résultats du test des hypothèses relatives aux variables explicatives
L’hypothèse H3 suppose que plus le consommateur a confiance en l’entreprise, moins a) la
perception d’une dissonance cognitive et b) le ressenti d’émotions négatives influenceront son
attitude vis-à-vis de la substitution de marques. Le tableau 2 présente les coefficients de
régression des variables. Cette régression est globalement significative (F=36,008 ; p=0,000).
Le test t est significatif pour quatre variables au seuil de risque ≤ 5% : les deux variables
explicatives, la confiance en l’entreprise et l’interaction entre la confiance et les émotions
négatives. Il apparait donc que la confiance en l’entreprise réduit bien l’impact du ressenti
d’émotions négatives sur l’attitude vis-à-vis de la substitution de marques. En revanche, elle
n’interagit pas avec la perception d’une dissonance cognitive. Ces résultats nous conduisent à
valider l’hypothèse H3b mais à rejeter l’hypothèse H3a.
Variables indépendantes
R² ajusté : 0,268
Coefficient de
régression
Coefficient de
régression standardisé
Signification
Constante
Dissonance cognitive
Emotions négatives
Confiance
Confiance x Dissonance
Confiance x Emotions
0,021
-0,179
-0,371
0,251
0,026
0,101
-0,208
-0,344
0,172
0,036
0,125
0,000
0,000
0,000
0,373
0,002
Tableau 2. Résultats du test des hypothèses relatives à la confiance en l’entreprise
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L’hypothèse H4 suppose que plus le consommateur a tendance à innover, moins a) la
perception d’une dissonance cognitive et b) le ressenti d’émotions négatives influenceront son
attitude vis-à-vis de la substitution de marques. Le tableau 3 présente les coefficients de
régression des variables. Cette régression est globalement significative (F=36,642 ; p=0,000).
Le test t est significatif pour quatre variables au seuil de risque ≤ 5% : les deux variables
explicatives, la tendance à innover et l’interaction entre la tendance à innover et la dissonance
cognitive. Il apparait donc que la tendance à innover réduit bien l’impact de la perception
d’une dissonance cognitive sur l’attitude vis-à-vis de la substitution de marques. Mais elle
n’interagit pas avec les émotions. Ces résultats nous amènent à valider l’hypothèse H4a mais
à rejeter l’hypothèse H4b.
Variables indépendantes
R² ajusté : 0,271
Coefficient de
régression
Coefficient de
régression standardisé
Signification
Constante
Dissonance cognitive
Emotions négatives
Innovativité
Innovativité x Dissonance
Innovativité x Emotions
-0,035
-0,189
-0,426
0,308
0,076
0,065
-0,219
-0,396
0,203
0,098
0,075
0,000
0,000
0,000
0,017
0,068
Tableau 4. Résultats du test des hypothèses relatives à la tendance à innover
Conclusion
Notre recherche comporte un certain nombre d’implications théoriques, méthodologiques et
managériales. Tout d’abord, d’un point de vue théorique, elle permet de mieux comprendre la
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résistance des consommateurs à la substitution de marques. Elle montre en effet que la
perception d’une dissonance cognitive et le ressenti d’émotions négatives (déstabilisation,
colère, inquiétude, tristesse, méfiance) conduisent à une attitude négative vis-à-vis de la
substitution de marques. Mais elle met également en évidence que cet impact négatif de la
dissonance cognitive peut être diminué par la tendance à innover du consommateur, de même
que celui des émotions négatives peut l’être par sa confiance en l’entreprise. Notre recherche
valide ainsi pour la première fois expérimentalement la pertinence du cadre théorique
d’analyse de la résistance proposé par Roux (2007). Ensuite, du point de vue méthodologique,
notre étude confirme la fiabilité et la validité de quatre échelles de mesure. Enfin, du point de
vue managérial, notre recherche permet d’aboutir à des recommandations opérationnelles. En
effet, si la perception d’une dissonance cognitive a un impact négatif sur l’attitude du
consommateur vis-à-vis de la substitution de marques, il apparait que l’entreprise doit tout
mettre en œuvre au moment de la substitution afin que le consommateur la comprenne, soit
capable de lui attribuer un sens. Il semble donc important que le fabricant communique sur ce
qui la motive, alors même que celui-ci hésite souvent à faire par crainte de mécontenter les
consommateurs. De la même façon, si l’émergence d’émotions négatives nuit à l’acceptation
d’une substitution de marques, il apparaît que l’entreprise doit tout mettre en œuvre pour les
empêcher d’émerger. Par exemple, pour sécuriser le consommateur, diminuer son inquiétude,
il semble pertinent de tout faire pour lui faciliter la tâche au moment de la substitution (ne
changer que le nom du produit, à l’exclusion de toute autre modification du marketing-mix,
ou bien l’informer à l’avance du changement à venir par exemple). Mais notre recherche
comporte également un certain nombre de limites. Elle n’a porté que sur la substitution de
marques en général et non sur des cas particuliers de substitution. Par ailleurs, elle n’a porté
sur des attitudes et non sur des comportements effectifs. Enfin, elle ne s’est intéressée qu’aux
réactions des consommateurs. Or, la substitution de marques suscite aussi de la résistance
Actes du 26ème Congrès International de l’AFM – Le Mans-Angers, 6 et 7 mai 2010
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auprès des salariés de l’entreprise et des distributeurs (Kapferer, 2007). Il semble donc
intéressant d’élargir les recherches sur ce sujet à des catégories de produits spécifiques et à
des comportements effectifs, ainsi qu’à d’autres catégories d’acteurs.
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Annexe A1. – Les mesures des variables
Variables Intitulé de la question
Attitude vis-à-vis de la
substitution de marques
J’apprécie les substitutions de marques
J’ai une bonne opinion des substitutions de marques
Perception d’une
dissonance cognitive
Je ne comprends pas pourquoi une entreprise effectue une substitution de marques
Je ne vois pas l’intérêt d’une substitution de marques pour l’entreprise
Emotions négatives La substitution de marques…
Déstabilisation Me perturbe, me déstabilise
Colère Me met en colère, m’irrite
Mécontentement Me mécontente, me contrarie
Inquiétude M’inquiète, me tracasse
Tristesse M’attriste, me fait de la peine
Méfiance Me rend méfiant, me rend soupçonneux
Confiance en l’entreprise
Intégrité Les entreprises sont sincères vis-à-vis des consommateurs
Les entreprises sont honnêtes vis-à-vis de leurs clients
Les entreprises montrent de l’intérêt pour leurs clients
Bienveillance Je pense que les entreprises renouvellent sans cesse leurs produits/services pour
tenir compte des progrès de la recherche
Je pense que les entreprises cherchent continuellement à améliorer leurs réponses
aux besoins des consommateurs
Tendance à innover
Attrait pour la nouveauté Je suis le genre de personne qui essaierait tout nouveau produit au moins une fois
Quand j’entends parler d’un nouveau produit, je profite de la première occasion qui
m’est donnée pour en savoir plus à ce sujet
Quand je vois une nouvelle marque quelque peu différente des marques habituelles,
je l’essaie
Autonomie dans la
décision
Je recherche l’avis de ceux qui ont essayé de nouveaux produits ou de nouvelles
marques avant de les acheter (R)
J’attache beaucoup d’importance à l’avis et aux conseils de mes amis pour l’achat
d’un nouveau produit (R)
Avant d’essayer un nouveau produit, j’essaie de savoir ce qu’en pensent les amis
qui possèdent ce produit (R)
Aptitude à prendre des
risques
Je préfèrerais choisir une marque que j’achète habituellement plutôt que d’essayer
quelque chose dont je ne suis pas sûr(e) (R)
Si j’achète un nouveau produit, je n’achète que des marques connues (R)
Je suis très prudent(e) en ce qui concerne le fait d’essayer des produits nouveaux ou
différents (R)
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Actes du 26ème Congrès International de l’AFM – Le Mans-Angers, 6 et 7 mai 2010
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Annexe A2. – Description de l’échantillon de l’étude
Sexe 63,1% de femmes et 36,9% d’hommes
Age 34,8% de personnes âgées de 18 à 34 ans, 28,3% de 35 à 44 ans, 33,1%
de 45 à 64 ans et 3,8% de plus de 65 ans
CSP 14,6% de cadres et professions intellectuelles supérieures, 14,6% de
professions intermédiaires, 35,2% d’employés, 14,8% d’inactifs, 11,5%
de retraités et 9,3% d’actifs d’autres catégories
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Annexe A3. – Fiabilité et validité des échelles de mesure des variables du modèle
Coefficient de corrélation Rhô de
Joreskog
Rhô de
validité
conver-
gence
Atti-
tude
Per-
cep-
tion
Désta
bilisa-
tion
Colè-
re
In-
quié-
tude
Tris-
tesse
Mé-
fiance
At-
trait
Auto-
nomie
Ris-
que
Inté-
grité
Attitude 0,904 0,824
Perception 0,843 0,729 0,102
Déstabilisation 0,774 0,631 0,213 0,171
Colère 0,901 0,819 0,158 0,076 0,442
Inquiétude 0,853 0,743 0,092 0,063 0,381 0,608
Tristesse 0,833 0,713 0,055 0,046 0,255 0,456 0,523
Méfiance 0,919 0,850 0,171 0,077 0,416 0,484 0,540 0,257
Attrait 0,791 0,561 0,047 0,003 0,003 0,006 0,002 0,002 0,006
Autonomie 0,859 0,670 0,002 0,011 0,017 0,011 0,023 0,013 0,025 0,015
Risque 1,000 1,000 0,000 0,018 0,019 0,007 0,017 0,009 0,024 0,035 0,068
Intégrité 0,790 0,557 0,040 0,001 0,006 0,013 0,004 0,000 0,018 0,059 0,010 0,016
Bienveillance 0,700 0,540 0,050 0,001 0,012 0,028 0,014 0,000 0,023 0,110 0,010 0,014 0,326