La revue bi-mensuelle de mes voyages à travers le...

Copyright © 2007 Philippe CABAU de Fauroune

TREKKING reportageLa revue bi-mensuelle de mes voyages à travers le monde

Le n°2 - mars - avril 2007

K A Z A K H S T A N T I E N S H A N

P i c d e B a z u m b a ï ( 3 6 9 3 m )

Retrouvez mes autres voyages sur mon site http://pagesperso-orange.fr/philippe.cabau

Généralités

Les Montagnes Célestes méritent bien leur nom, car elles sont souvent envahies par les nuages. Parchance, ce jour là, nous pourrons apercevoir la dent noire du Kang Tengri (6993 m).

Page précédente : Le Kang Tengri vu depuis le sommet du pic de Bazumbaï (3693 m).2

Situation :

Difficultés :

Saison :

Durée :

Droit d’accés :

Accés :

Conseils :

Autres picsà réaliser :

Kazakhstan sud-est - Narinkol -Chaîne du Tien Shan Centraldont le plus haut sommet est lePic Pobiedy (7439 m).

Cette ascension ne présente pasde difficultés. La neige peutrecouvrir les pentes raides sousle sommet mais il n’y a pas deglacier.

Les meilleurs mois reste Juillet,Août et Septembre.

1 seul jour est necessaire pourréaliser ce circuit à partir deKaïchi. Mais d’autres radonnéespeuvent être envisagées sur uneplus longue durée.

Ce sommet n’est pas situé dansun parc ou une réserve. Il n’y adonc aucun droit d’accés àdemander, ni de droit d’entrée àpayer. Par contre la rive droite dela Bayankol est interdite(frontière avec la Chine).

Depuis Narinkol, suivre la pistequi mène au camp militaire deBayankol pendant 20 km. 5 kmavant le camp, quitter la pistepour s’engager dans la vallée dela Charinoats.

Il n’est pas utile d’êtreaccompagné d’un guide car descartes au 1/100000 sontdisponibles à Almaty.L’orientation, quant à elle nepose pas de problème, sauf biensûr en cas de brouillard. En cas de neige dure sur lespentes sommitales, il faudras’équiper du matériel adéquat(piolet et crampons). Mais lorsdes mois d’été, la neige est engénéral peu présente à cettealtitude.

Beaucoup de sommets entre3000 et 4000 m. De plus hautssommets sont accessibles depuisla Kirghizie voisine.


Carte du Trek

3Cartographie : On trouve des cartes au 1/200 000e qui couvrent latotalité du trek à l’Institut militaire d’Almaty.

NN


KIRGHIZIE

Russie

Kazakhstan

Chine

Introduction

Situé aux confins del'Asie centrale, le Kazakhstan(pays des Kazakhes),n'évoque que peu de chosepour la plupart d'entre nous.Mais si l'on y regarde de plusprès, certains noms commela Route de la Soie, GengisKhan ou bien encore leslointains Saka, nousrappellent alors quelquessouvenirs.Peuplades nomades àl'origine, ils laissèrent peu devestiges du fait de leurmobilité. Les traces les plusanciennes sont les nécropolesdessiminées à travers lesmontagnes et les déserts.Parmi elles, le site de BesChartir, situé en plein désert,au sud est du pays,

comprend plus de trente tombes qui ressemblent à des cônes volcaniques. Ce sont les tombesde rois sakas, de la tribu des Tigra Khouda, terme qui signifie “qui a les bonnets en forme detriangle”. Elles furent construites entre les VII° et IV° siècles avant J.C.. Les arquéologues ydécouvrirent des céramiques, des os d'hommes (pas de femme) et de chevaux, du bois et dufeutre. Ces deux derniers éléments prouvent qu'autour des sépultures, des yourtes étaientdressées.

Non loin de là, coule la rivièreIli, dont les rives servirent devoies de communications,notamment sur la célèbreRoute de la Soie qui reliait laChine à l'Occident. Mais cespistes étaient loin d'êtresûres, car ces peuples étaientsouvent en guerre et lesbrigands nombreux.Néanmoins, au XIII° siècle denotre ère, le roi mongol JengisKhan fonda un immenseempire qui ne lui survit pascar il fut partagé à sa mortentre ses fils. Il faudraattendre le XVIII° siècle pourque les Russes soumettent lesKazakhes en leur imposant

peu à peu la sédentarisation. De nombreux Russes s'installent dans le pays jusqu'en 1991, datede l'effrondrement de l'U.R.S.S. C'est alors un retour aux traditions kazakhes qui s'effectue peuà peu.

Cette tombe royale est la plus grande du site de Bes Chartir. Elle estentourée de gros blocs disposés de façon identique dont la signification resteencore inconnue.

Les sapins des paysages des Tien Shan sont fins et élancés. Ils servent dematériaux de constructions pour les dachas.

4



Nous arrivons à Almaty, anciennecapitale du pays. La ville est bienagréable, avec ses largesavenues bordées d'arbres. Lesmosquées côtoient lescathédrales orthodoxes, mais cesmonuments sont de constructionrécente. Sacha, notre guide,nous accueille. Après la visite dela ville, nous partons pour le sitede Tamgaly, où de nombreusesgravures rupestres décorent desrochers aux teintes brunes. Puis,c'est le départ pour les TienShan, les Montagnes Célestes quiculminent à 7421 m au picPobedy. Ce nom leur a été donné,il y a bien longtemps, par lescaravaniers qui traversaient ces

immenses étendues planes et désertiques. Au loin, ils apercevaient d'immenses montagnesenneigées, la tête souvent dans les nuages, liens avec le ciel ! Cette immense chaîne demontagnes s'étire sur plus de 2000 km, d'est en ouest. Notre premier trekking nous amènedans les Tergsey Alatau, dans le Tien Shan ouest. Certains sommets atteignent plus de 5000 md'altitude. Nous passons une semaine à parcourir des collines herbeuses à plus de 3000 mètres,à passer des cols pour rejoindre la vallée de la Chilik que nous descendrons. On rencontrequelques rares yourtes, habitées par des familles seules. Elles gardent des vaches pour la pluspart et fabriquent les kurtzs, fromages qu'ils font sécher à l'air afin de les faire durcir commede la pierre. Ils nous invitent souvent chez eux pour discuter et boire quelque chose. Ici aussi,on retrouve des lieux de sépultures, au bord de la rivière dont la vallée étaient aussi une voiede communication. Dans les forêts de pins, on voit parfois des maisons en bois qui servaient dedatchas pour une clientèle de chasseurs fortunés. Mais avec le départ des Russes, elles sontlivrées à l'abandon. Nous terminons ce périple à Kurmenty où l'on rejoint la piste et la

civilisation. Dimash quinous accueille est fier denous montrer son aigleavec lequel il chasseparfois. C'est un très boncavalier. La traditionéquestre est encorefortement ancrée parmiles gens des montagnes.Dès leur plus jeune âge,ils se déplacent à cheval,parfois des journéesentières. De là, nouspartons visiter le site desdunes qui chantent(Pahioushiye Barkhan)situées dans le parcd'Altyn Emel, non loin del’immense lacKapchagay..

Ce pétroglyphe du site de Tamgaly représente un homme sur un cheval,qui a de grandes cornes, preuve que cet animal était alors domestiqué etservait déjà de moyen de locomotion.

La dune qui chante, dans le parc d’Altin Emel, posée au milieu d’un immensepalteau caillouteux. On se demande comment elle a pu se former.

5



Introduction

Elles surgissent derrière depetites collines, hautesd'environs cent mètres surune zone peu étendue. Lelendemain nous poursuivonspar l'exploration des Aktau,les montagnes blanches. Devieux panneaux rouillésindiquent que la piste estinfestée de clous et qu'il estdangeureux de s'y aventurer.Ils avaient été mis dans lesannées 1980 afin dedissuader les chasseurs devenir tuer la faune locale.Sacha hésite un instant maisl'attrait de ces montagnes estplus fort. On s'engage avec le4x4 dans une desnombreuses vallées creuséespar des rivières qui

renaissent lors de fortes pluies. La palette des couleurs y est infinie et la visite à pied sur cesbadlands trop courte. Mais nous devons rejoindre le canyon de Charyn, le Colorado kazakhe oùla rivière a creusé de profondes gorges. Mais on n'est pas à la fin de nos surprises. Le clou duspectacle est un peu plus loin et s'appelle la ville des châteaux, dont le relief est digne d'undécor de bande dessinée. Les monolithes rongés par l'érosion ressemblent à des forteressesjuchées sur des collines.Notre voyage se poursuit dans le Tien Shan central, non loin de Narynkol à quelques kilomètres

de la frontière chinoise. Lescollines qui forment cettelimite sont interdites et l'accésen est défendu par un hautmur de fils barbelés, rivedroite de la Bayankol. Letemps est couvert et il pleutabondamment. La piste nousamène à Kaïchi où nousarrivons en fin de journée.Galemdjan nous accueille etnous propose de dormir dansune yourte de luxe puisqu'ellepossède le chauffage. Latempérature baissant, la pluiese transforme en neige etcouvre peu à peu le sol d'unepellicule blanche. Ce temps nenous remonte pas le moral,car les nuages risquentdemain de nous empêcher devoir le Kang Tangri. Mais nousverrons bien.

De loin, les montagnes d’Aktau sont toutes blanches. Mais lorsqu’on ypénètre certaines collines ont des teintes qui surprennent.

Cette citadelle domine la rivière Charyn, du haut de sa colline. On croirait às’y méprendre, qu’elle a été construite par la main de l’homme, il y a bienlongtemps. Pourtant, c’est la nature qui a façonné d’ immenses monolithes,vestiges d’un ancien plateau dans lequel la rivière a creusé son lit.

6



La neige a continué à tomberpendant la nuit. En nous levant,nous constatons que les nuages sontbas. Nous ne nous pressons pas pourpartir, en espérant que le temps selèvera. Après notre petit déjeuner,nous regardons le ciel et apercevonsune minuscule trouée bleue dans lagrisaille. Plutôt que de rester lajournée dans la yourte, nousdécidons de partir. Nous nousmettons en marche vers 8h40.L’altitude est de 2300 m. Galemdjandont nous sommes les hôtes décidede venir avec nous à cheval, tandisque Slava sera à nos côtés. Depuisnotre yourte, nous ratrappons lapiste qui est juste à côté. Elle sert depassage pour les camions quiviennent charger le bois coupé parles bucherons. Malgré la neige, nousarrivons à en suivre les traces qui sedevinent par endroit. Tout autour denous, les sapins sont recouverts d’unjoli manteau blanc. Un peu plus haut(2420 m - 9h00) nous laissons unvallon sur notre droite etpoursuivons rive gauche de laCharynoats, tout en nous enfonçantdans la forêt de sapins. On croise unautre vallon plus large où il y a deuxmaisons en bois. Peu aprés, onpasse un petit ruisseau (2540 m -9h20). Tout en sortant de 7

Diaporama

2540 m - 9h20 : Nous traversons un ruisseau. Les branches dessapins sont encore recouvertes par la neige.

2700 m - 9h50 : Nous remontons toujours le vallon principal de laCharynoats, alors que les nuages se déchirent.

Sensations du jour :

Bien que la journée aura mal commencé àcause du mauvais temps, nous aurons euraison de ne pas nous décourager trop tôt etainsi atteindre le sommet et voir le KhanTengri. Notre randonnée sera bien agréableet nous prendrons le temps d’en profiter. Eneffet, nous savions que nous allions dormircette nuit au chaud dans la yourte.

Difficultés : Aucune s’il n’y a pas de neige

Dénivelé à la montée : 1500 m

Dénivelé à la montée : 1500 m

Durée : 7h30

Jour 1 : Ascension du pic de Bazumbaï (3693 m)



la forêt, le ciel se dégage un peuplus. Nous suivons toujours lestraces de la piste forestière. Surnotre gauche, nous laissons unconfluent (2700 m - 9h50) alors quele vallon principal s’infléchitlégèrement à droite. La pistes’arrête. Nous remontons toujours levallon de la Charynoats qui serétrécit. Une vague sente se fraye unpassage, tout d’abord rive gauche,puis rive droite (2830 m - 10h15).Notre pari est gagné, le ciel enaltitude est dégagé alors que lesfonds des vallées sont encore sousles nuages. La neige sur les pentesexposées au soleil, depuis lespremières heures de la journée, adéjà fondu. Nous visons alors un col,en face nous. Les pentes seredressent de plus en plus. Nouszigzaguons pour nous faciliter lamontée. Sur notre gauche, la pointesommitale du Kang Tengri apparaitderrière des collines herbeuses. Ilnous semble trés proche alors qu’ilest à cinquante kilomètres d’ici. Onatteint enfin le col (3160 m -11h00). Nous reprenons un instantnotre souffle et poursuivons sur lacrête qui nous mène à un premiersommet (3310 m - 11h15). La neigeest plus épaisse, mais ne pose pasde problèmes particuliers. Nous enprofitons pour admirer la vue. Al’ouest, on voit la chaîne des TergseyAlatau où l’on avait marché quelquesjours. Aprés une demi heure d’arrêt,nous repartons, passons un col(3280 m - 12h00) et remontons versle second pic de la crête (3370 m -12h15) couvert de neige. Les nuagesqui ne cessent d’aller et venir, nouslaissant admirer par moment le KangTengri. Mais il faut être rapide pourprendre les photos car ils sedéplacent vite, poussés par le vent.Nous mangerons là, derrière desrochers. Slava a tout prévu et noussommes bien contents de reprendredes forces. Le cheval de Galemdjanest parti brouter de l’herbe un peu 8

2830 m - 10h15 : Le vallon monte doucement vers les crètes. On visele col en face nous.

3310 m - 11h15 : Nous sommes sur le premier sommet. Devant nous,on aperçoit la masse noire du pic de Bazumbaï.

3370 m - 12h15 : Depuis le deuxième sommet, la pyramide du KangTengri apparait derrière les nuages.




plus loin. On repart peu aprés enlongeant la crête. Un dernier colnous sépare du pic de Bazumbaï(3320 m - 12h40). De là, il fautremonter des pentes raides parendroit (jusqu’à 40°), sans trops’éloigner de l’arête. Il est faciled’éviter les plaques de neige, et lebâton que j’ai pris avec moi est fortutile lors de certains passages. Nousvoici au sommet (3693 m - 13h20)coiffé d’un signal géodésique. De là-haut, la vue est superbe sur 360°,depuis les Tien Shan chinois jusqu’auTergsey Alatau.

- voir panoramique -

Il nous faut déjà partir car le froid sefait plus saisissant. Nous rejoignonsune arête qui descend du deuxièmesommet par lequel on est passé.Nous la suivons et perdons del’altitude jusqu’à rejoindre le vallonde la Charynoats au niveau duconfluent (2700 - 16h00). La neige acomplètement disparu pendant lajournée. Nous apercevons lescollines qui forment la frontière avecla Chine et nous retrouvons la forêtet la piste qui nous amène jusqu’àKaïshi où est située notre yourte(16h50 - 2300 m). Nous faisonssécher nos affaires au soleil et nousallongeons pour nous reposer unpeu. Slava nous offre un thé bienchaud et Galemdjan nous proposepour demain de faire une ballade àcheval dans les montagnes aprèsBayankol. Cette journée sera unsouvenir inoubliable.Pour l’instant, le soleil se couche etnous rentrons dans la yourte pournous réchauffer. Nous nouscouchéons sur les tapis quirecouvrent le sol et discutons enattendant l’heure du repas queprépare Galemdjan dans sa maisonen bois, située un peu plus loin. Ainsise termine une belle journée, dans lecalme des Montagnes Célestes.

9

Diaporama

3693 m - 13h20 : La pyramide du Kang Tengri (6993 m) s’élance versle ciel. A sa droite, le dôme de Siemienova (5816 m).

3370 m - 12h15 : Depuis le deuxième sommet, nous voyons lespentes enneigées du pic de Bazumbaï, encore à une heure de marche.

2620 m - 16h20 : Nous retrouvons les sapins en cette fin de journée.La neige a complètement fondu à cette altitude.




10

< Chevaux

Le peuple kazakhe utilise encore lecheval comme moyen delocomotion, surtout dans lesmontagnes où le terrain est plusaccidenté.

Badlands >

Les structures d’un ancien plateaus’érodent peu à peu et laissentapparaître des formations surlesquelles plus rien ne pousse.

< Dans le désert

Le Kazakhstan est un pays où ledésert occupe une grande partiedu territoire. Par endroit, il revêtdes aspects plus originaux.




11

Galerie

< Toitures

La cathédrale de Panfilov, àAlmaty, est dédiée au culteorthodoxe. Elle est coifféed’ornements caractéristiques del’art russe.

Pétroglyphes >

Comme partout à travers le monde, on retrouve ces dessins gravésdans la pierre brunie par le soleil. Ici, ils représentent des hommes quidansent, des animaux et deux grands personnages à tête de soleil.

< Chameau

C’est un des symboles de la Route de la Soie quipassait autrefois dans la région, au pied desMontagnes Célestes.



Copyright © 2007 Philippe CABAU deFauroune

12

< Kazakhes

Cette famille vit dans la yourte que l’on voit derrière eux, dans lepiemont des Tien Shan, où ils passent l’été.

^ Marchandes

Loin des supermarchés occidentaux, les magasinsdans les villes et villages du Kazakhstan sont rares.Seuls les marchés permettent aux gens de seravitailler en produits fraîs.

< Portrait

Il serait bien difficile de faire la différence physique entre les Indiensd’Amérique du Nord et certains Kazakhes. Ces deux peuples étaientégalement nomades, dominés par la suite par de grandes puissancesqui les dépossédèrent de leurs terres.




La revue bi-mensuelle de mes voyages à travers le...

Documents

Transcript of La revue bi-mensuelle de mes voyages à travers le...