La réalité du marché Formation Attac Bruxelles 1 présentée par Henri Houben 24 avril 2007.
La réalité du marché
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La réalité du marché
Formation Attac Bruxelles 1
présentée par Henri Houben24 avril 2007
La réalité du marché
Le marché se retrouve présenté à toutes les sauces dans les discours économiques dominants.
Ainsi, l’économie de marché était introduite dans les objectifs de l’Union européenne.
Comme elle est louée de l’autre côté de l’Atlantique.
La réalité du marché
« 3. L'Union œuvre pour le développement durable de l'Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive, qui tend au plein emploi et au progrès social, et un niveau élevé de protection et d'amélioration de la qualité de l'environnement. Elle promeut le progrès scientifique et technique. »
Traité constitutionnel européen, Article I-3 Les objectifs de l'Union
La réalité du marché
« 1. La libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, ainsi que la liberté d'établissement, sont garanties par l'Union et à l'intérieur de celle-ci, conformément à la Constitution. »
Traité constitutionnel européen, Article I-4 Libertés
fondamentales et non-discrimination
La réalité du marché
L’économie libre de marché (sociale est issue d’un compromis) est un fondement de la construction européenne.
Comme elle l’est des Etats-Unis.
Avec la chute de l’URSS, on pense que seule l’économie de marché existe et même peut exister.
Mais qu’est-ce qu’est en réalité cette économie de marché?
La réalité du marché
La présentation se scinde en deux:
- d’abord, l’analyse de la théorie exposée par les économistes traditionnels et les sous-entendus non explicites de la théorie;
- ensuite, la confrontation de l’économie de marché avec la réalité contemporaine.
La réalité du marché
1. La théorie de l’économie de marché
2. Le marché dans la réalité
3. Conclusions
La réalité du marché
1. La théorie de l’économie de marché
2. Le marché dans la réalité
3. Conclusions
La théorie du marché
1. La théorie de la concurrence pure
2. Le marché, naturel?
3. Les exclus du marché
4. Qui satisfait le marché?
La théorie du marché
1. La théorie de la concurrence pure
2. Le marché, naturel?
3. Les exclus du marché
4. Qui satisfait le marché?
La théorie du marché
Qu’est-ce que le marché?
C’est le lieu théorique où s’échangent des biens et des services entre des agents, appelés les uns des offreurs et les autres des demandeurs.
C’est le lieu où se rencontre une offre et demande.
De là une théorie qui établit de façon absolue et a priori les principes d’un marché en concurrence pure et parfaite.
La théorie du marché
Dans la concurrence pure et parfaite, il y a quatre grandes hypothèses:
1. il y a atomicité des acheteurs et des vendeurs; aucun n’a la capacité de changer les prix;
2. les biens sont homogènes; pas de différenciation de produits;
3. l’information est parfaite; tous les acteurs connaissent les prix et leur évolution;
4. il y a mobilité des acheteurs et des vendeurs; ils peuvent changer de marché à tout moment.
La théorie du marché
p
q
O
D
q*
p*e*
p’
q’’q’
L’équilibre de marché de la concurrence pure et parfaite
La théorie du marché
L’équilibre de concurrence pure et parfaite est le point de satisfaction maximale possible.
A ce niveau, il n’est pas possible de changer de position sans rendre insatisfaits une partie des acheteurs ou des vendeurs.
Les vendeurs sont satisfaits, car ils produisent exactement ce qu’ils désirent pour ce prix.
Et les acheteurs sont satisfaits, car ils acquièrent exactement ce qu’ils désirent pour ce prix.
C’est l’optimum !
La théorie du marché
L’équilibre de concurrence pure et parfaite est l’optimum économique.
D’où il faut supprimer tout ce qui peut le contrarier: création de monopoles (mais surtout public), intervention de l’Etat...
C’est la théorie de base de l’économie néoclassique, celle qui est enseignée.
Ce qui établit un principe philosophique: le marché s’impose comme naturel, comme loi fondamentale du « bon agir économique ».
La théorie du marché
1. La théorie de la concurrence pure
2. Le marché, naturel?
3. Les exclus du marché
4. Qui satisfait le marché?
La théorie du marchéAdam Smith (1776):« Cette division du travail, de laquelle découlent tant
d’avantages, ne doit être regardée dans son origine comme l’effet d’une sagesse humaine qui ait prévu et qui ait eu pour but cette opulence générale qui en est le résultat: elle est la conséquence nécessaire, quoique lente et graduelle, d’un certain penchant naturel à tous les hommes, qui ne se proposent pas des vues d’utilité aussi étendues: c’est le penchant qui les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges d’une chose pour une autre ».
Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations,
éditions Gallimard, 1976, p.46-47.
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Ainsi, pour Adam Smith, le marché est la résultante d’un penchant « naturel » pour l’échange qui se trouve en tout homme.
De ce fait, le marché est considéré comme naturel.
Avec la domination de la pensée ultra-libérale actuelle, ceci est repris à tous les niveaux: par les gouvernants, les médias, les universitaires…
La théorie du marché
Ainsi, Jean-Marc Sylvestre, rédacteur en chef de TF1:
« Le libéralisme n’est pas une construction intellectuelle, comme le marxisme: le monde a été créé ainsi. (…)
C’est le meilleur système. (…) Le libéralisme est inscrit dans la nature humaine, parfois violente et injuste »
Cité dans Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, éditions Raisons d’agir, 2005, p.83.
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Jean-Louis Gombeaud, économiste ex-communiste et éditorialiste à Europe 1 et au Figaro:
« J’avais compris entre-temps que le marché a ses propres lois contre lesquelles on ne peut rien . En revanche, on peut toujours protester contre les erreurs de gestion. C’est un peu comme la conquête spatiale: il y a la loi de la gravitation universelle, mais rien n’empêche de rouspéter contre ceux qui fabriquent les fusées ».
Cité dans Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, éditions Raisons d’agir, 2005, p.89-90.
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Sans aller jusqu’à ces extrémités, la plupart des économistes affirment qu’il n’y a pas de meilleur système que l’économie de marché.
Même s’il peut ne pas s’imposer naturellement.
Néanmoins, les alternatives, comme le planisme, l’économie dirigée, sont contre-naturelles.
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Or, l’économie de marché n’a pas toujours existé.
Et quand elle a existé, elle n’a pas toujours été dominante.
Beaucoup de progrès ont été accomplis sans le marché: la vie en société, l’apparition des premiers outils, la conquête du feu, la domestication des animaux, la naissance de l’agriculture…
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Durant des siècles, les économies les plus performantes étaient fondées sur un Etat central fort.
Ainsi, l’Etat chinois est responsable des plus grandes inventions de la période entre le Vème et le XIVème siècle:
- le harnais;- la poudre à canon;- le papier et l’imprimerie;- la boussole.
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L’économie de marché est apparue historiquement. Elle n’est pas naturelle.
Elle n’est devenue dominante qu’avec le capitalisme.
Le capitalisme est plus performant que les systèmes antérieurs, sur le plan économique et technique.
Rien ne permet de dire que l’histoire s’arrête avec le capitalisme.
Car le capitalisme engendre nombre de problèmes.
La théorie du marché
1. La théorie de la concurrence pure
2. Le marché, naturel?
3. Les exclus du marché
4. Qui satisfait le marché?
La théorie du marché
La théorie de marché, qui justifie l’optimum au point de rencontre de l’offre et de la demande, suppose implicitement l’existence d’une troisième catégorie:
ceux qui ne sont pas satisfaits du prix et qui ne participent pas au marché.
Selon la théorie, ils sont aussi satisfaits, car ils refusent le prix.
Mais pourquoi ne sont-ils pas satisfaits en réalité?
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Parce qu’ils ne veulent pas payer davantage.Ou ils n’en ont pas les moyens.OK pour le marché des bijoux.Mais pour les besoins élémentaires: nourriture,
vêtements, logement…Le marché ne satisfait donc que la demande
solvable: ceux qui peuvent payer.Il crée donc des exclus. Parce que le marché du
travail fonctionne de la même façon. Et celui qui n’est pas engagé n’a pas de revenu (ou alors plus faible, de remplacement).
La théorie du marché
1. La théorie de la concurrence pure
2. Le marché, naturel?
3. Les exclus du marché
4. Qui satisfait le marché?
La théorie du marché
L’économie de marché satisfait au mieux les besoins des gens?
En réalité, il y a une grosse différence de traitement: entre ceux qui peuvent payer et les autres; entre les « riches » et les autres.
La théorie du marchéLes experts du Boston Consulting Group:
« le fournisseur qui se concentre sur des clients sensibles à l’attention qu’on leur porte peut aussi tirer profit de l’élimination des clients marginaux. Il s’agit de clients qui sont prêts à sacrifier leur choix et à attendre longtemps afin d’obtenir le meilleur prix. Il est difficile de gagner de l’argent avec eux et ils sont rarement fidèles. En tant que tels, ce sont des « clients marginaux », des clients qu’on ne cherche à avoir que lorsque tous les autres sont déjà pris…
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… Il vaut mieux les laisser à la concurrence.La reconnaissance d’une sensibilité différente
des clients à l’attention qu’on leur porte doit se refléter dans la façon ils sont servis. Les directions de nombreuses entreprises traitent leurs clients comme si cette sensibilité était la même pour tous. (…) Les clients sensibles à l’attention qu’on porte à leurs besoins doivent être identifiés et servis différemment, si l’on veut obtenir et conserver leur fidélité. »
George Stalk et Thomas Hout, Vaincre le temps, éditions Dunod, 1992, p.109-110.
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Ces client sensibles sont ceux qui peuvent payer (cher).
Les clients marginaux sont ceux qui regardent attentivement les prix et qui peuvent soit changer de fournisseurs – le moins cher – soit attendre que les prix baissent.
Ce sont les clients les « plus pauvres ».
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C’est pourquoi:
- Les banques ne s’intéressent aux gens qui ont un patrimoine de plus de 25.000 euros.
- Les autres clients doivent faire les opérations eux-mêmes.
- Les services personnels sont réservés à ceux qui viennent placer de l’argent ou qui empruntent.
La théorie du marchéC’est pourquoi:- Il y a des files à la poste.- Les petits services (timbres, enveloppes…)
sont fournis par des « commerçants » et seront bientôt supprimés de la poste.
- La poste se concentre sur le courrier express.
L’économie de marché est donc au service des plus fortunés et non de la population.
En vanter les mérites est une orientation idéologique.
La réalité du marché
1. La théorie de l’économie de marché
2. Le marché dans la réalité
3. Conclusions
Le marché dans la réalité
1. Une domination de quelques groupes
2. La planification interne
3. Une concurrence totale
Le marché dans la réalité
1. Une domination de quelques groupes
2. La planification interne
3. Une concurrence totale
La théorie du marchéExemple
Automobile 2005 PaysVéhiculesproduits %
1 General Motors Etats-Unis 9.097.855 13,7
2 Toyota Japon 8.446.944 12,7
3 Ford-Mazda Etats-Unis 7.785.307 11,7
4 Alliance Renault-Nissan France 6.111.092 9,2
5 Volkswagen Allemagne 5.211.413 7,8
6 DaimlerChrysler Allemagne 4.815.593 7,2
7 Honda Japon 3.436.164 5,2
8 Peugeot France 3.375.366 5,1
9 Hyundai Corée 3.091.060 4,7
10 Fiat Italie 2.037.695 3,1
11 Mitsubishi Japon 1.331.060 2,0
12 BMW Allemagne 1.323.119 2,0
Autres 10.402.740 15,6
Total 66.465.408 100,0
Le marché dans la réalité
1981 1985 1990 1995 2000 2005
Top 10 68,6 71,7 70,3 73,3 78,4 75,4
Evolution de la part des 10 premiers groupesautomobiles 1981-2005 (en %)
Source : Calculs propose sur base d’OICA et de WVMD(World Vehicle Motor Data).
De 1981 à 2005, ce sont quasiment les mêmes groupes
Ind. pharmaceutique 2004 Pays Ventes %
1 Pfizer USA 52.921 9,6
2 Johnson & Johnson USA 47.348 8,6
3 Glaxosmithkline G-B 37.304 6,8
4 Novartis Suisse 28.247 5,1
5 Roche Suisse 25.166 4,6
6 Merck USA 22.939 4,2
7 Bristol Myers USA 21.886 4,0
8 AstraZeneca G-B 21.426 3,9
9 Abott Laboratories USA 20.473 3,7
10 Sanofi-Aventis France 18.710 3,4
11 Wyeth USA 17.358 3,2
12 Eli Lilly USA 13.858 2,5
Autres 222.364 40,4
Total 550.000 100,0
Le marché dans la réalité
Quelques multinationales dominent le monde.Deux constructeurs contrôlent la fabrication
d’avions commerciaux (Boeing et Airbus).Douze firmes automobiles produisent 85% des
véhicules.Douze compagnies pharmaceutiques assurent
60% des médicaments.Six compagnies dominent l’approvisionnement
pétrolier.Quatre firmes réalisent les audits au niveau
mondial.
Le marché dans la réalité
500 multinationales contrôlent 70% du commerce mondial.
Elles assurent 90% des investissements à l’étranger.
La valeur ajoutée des 200 plus grandes firmes industrielles équivaut à environ 25% du PIB industriel mondial.
Le marché dans la réalité
Bénéf 94-05 Div 94-05 Hausse FP Taux profit1 ExxonMobil Etats-Unis pétrole 185.466 71.934 2,0 20,92 General Electric Etats-Unis électrique 135.506 66.392 4,1 20,23 Royal Dutch/Shell GB-PB pétrole 128.096 75.593 1,6 16,64 Altria Etats-Unis agro-alimentaire 93.062 52.580 2,8 39,95 BP Grande-Bretagne pétrole 90.935 53.101 4,6 14,86 IBM Etats-Unis Informatique 76.103 10.864 1,4 26,77 Microsoft Etats-Unis Informatique 75.534 38.698 10,8 19,08 Wal-Mart Etats-Unis distribution 73.367 13.465 4,2 20,39 ChevronTexaco Etats-Unis pétrole 69.965 32.957 2,6 17,0
10 Intel Etats-Unis Informatique 68.102 6.175 3,9 20,337 autres 1.467.953 584.083
2.464.089 1.005.841 2,7 19,1
Les groupes les plus puissants de la planète
Parlons bénéfices:
Le marché dans la réalité
47 groupes non financiers réalisent depuis 12 ans des bénéfices annuels moyens de plus de 2 milliards de dollars:
27 sont américains
21 européens
2 japonais
1 coréen
Le montant total équivaut au PIB de l’Allemagne. Et les dividendes versés à celui de l’Espagne.
Le marché dans la réalité
Parmi eux, il y a cinq firmes qui dominent l’agro-alimentaire: Altria, Nestlé, Unilever, Coca et Pepsi.
Les cinq plus grands groupes automobiles (sauf Volkswagen).
Les six plus grandes firmes pétrolières: ExxonMobil, Shell, BP, Total, Chevron, ConocoPhillips.
Dix des douze compagnies pharmaceutiques qui assurent 60% des médicaments.
Et les géants IBM, General Electric, Microsoft, Intel, Procter & Gamble et Wal-Mart.
Le marché dans la réalité
Total 94-051 Citigroup Etats-Unis 144.3932 Bank of America Etats-Unis 97.6463 HSBC Grande-Bretagne 81.8754 American Int. Group Etats-Unis 65.7365 ING Pays-Bas 55.5366 JPMorganChase Etats-Unis 55.0877 Wells Fargo Etats-Unis 43.5328 Lloyds TSB Grande-Bretagne 41.2989 Berkshire Hataway Etats-Unis 41.174
10 UBS Suisse 40.85518 autres 466.461
Total 1.133.593
Bénéfices 1994-2005 des plus grandes banques(en millions de dollars)
Le marché dans la réalité
28 « banques » réalisent un bénéfice de plus de 2 milliards de dollars par an en moyenne de 1994 à 2005.
15 viennent des Etats-Unis, 12 d’Europe (dont Fortis), 1 du Japon.
Leurs bénéfices cumulés s’élèvent à 1.133 milliards de dollars, c’est quasiment le double du PIB de toute l’Afrique.
Le marché dans la réalité
Avec les firmes non financières, 75 grandes firmes réalisent depuis 12 ans un profit de plus de 2 milliards de dollars par an.
Ensemble en douze ans, elles ont accaparé quelque 3.500 milliards de dollars de bénéfices. Soit l’équivalent du PIB de l’Asie de l’Est.
En 2005 seulement, leurs profits cumulés s’élèvent à 540 milliards de dollars. L’équivalent des PIB des Pays-Bas, de l’Australie ou de l’Afrique.
Le marché dans la réalité
1. Une domination de quelques groupes
2. La planification interne
3. Une concurrence totale
Le marché dans la réalité
L’économie de marché suppose une multitude d’échanges entre firmes et entre producteurs et consommateurs.
En réalité, la domination des groupes entraîne une production et un approvisionnement en « interne »:
les usines d’un groupe fournissent d’autres usines du même groupe
d’un pays à l’autre
Ou alors sous forme de sous-traitance.
45,7
22,831,5
26,9
38,434,8
Répartition des exportationsaméricaines en 2003 (en %)
Répartition des importationsaméricaines en 2003 (en %)
Intra-firme Multinationales Autres
Exemple: le commerce international intra-firme
Le marché dans la réalité
Ainsi, le commerce américain est réalisé:
- un bon tiers en intra-firme (au sein d’un même groupe);
- un bon tiers par les multinationales américaines ou étrangères;
- un petit tiers par les autres acteurs.
On ne dispose pas de chiffres aussi précis pour les autres pays.
Mais, quand on en a (Suède, Japon), cela donne un résultat similaire.
Le marché dans la réalité
Cela montre qu’il y a des systèmes de production de marchandises liés à des groupes multinationaux.
Dans ces groupes, les usines approvisionnent d’autres usines.
Les prix peuvent être trafiqués comme on veut, de sorte à faire sortir le profit où l’on veut.
S’ajoute à cela aujourd’hui la sous-traitance.
Deux exemples: l’automobile et la distribution.
Le marché dans la réalitéL’automobile, c’est l’assemblage de plus de 10.000
pièces différentes.Au départ, fin XIXème siècle, les constructeurs se
limitent au montage final. Ils s’approvisionnent auprès de firmes indépendantes.
Pas efficace.1908: Ford standardise les composants.Il rachète les sociétés en amont. C’est l’intégration
verticale. Tous les autres constructeurs l’imitent.Puis vient Toyota qui change le système, après
1945.
Le marché dans la réalité
Toyota introduit le just-in-time et la sous-traitance.
Le just-in-time, c’est le marché sur la chaîne de production.
On produit ce qui est nécessaire quand c’est nécessaire. D’où une flexibilité à outrance.
La sous-traitance, c’est remplacer les relations intra-firme en rapports avec des firmes séparées, mais dans les faits dépendantes.
D’où le schéma de production suivant:
Le marché dans la réalité
Emboutissage
Tôlerie
Peinture
Montagefinal
Ventes
Usine d’assemblageSidérurgie
Fer
Charbon
Moteurs
Pneus
Modules
Composants
Caoutchouc
Matièrespremières
Matièrespremières
Fournisseurs Constructeurs
Le marché dans la réalité
Au début, les constructeurs se limitent au montage final, tout le reste est indépendant.
Avec Ford, tout le processus appartient au constructeur.
Le schéma précédent représente la situation actuelle:
- le constructeur se concentre sur l’assemblage et la production de composants clés comme les moteurs;
- les fournisseurs sont des sous-traitants;
- les producteurs de matières premières demeurent indépendants.
Le marché dans la réalité
L’origine du système de sous-traitance date de la guerre lorsque la direction de Toyota a eu peur que la firme soit démantelée par les Américains (occupant l’archipel).
Elle a créé des filiales qui fournissaient les unités centrales.
Ces filiales ont fonctionné comme sous-traitants.
Par exemple Denso ou Aisin Seiki, aujourd’hui très gros fournisseurs mondiaux de composants automobiles.
Le marché dans la réalité
41.703 Sous-traitants de niveau 3 et 4
5.437 Sous-traitants de niveau 2
168 Firmes de niveau 1
Toyota
La pyramide de sous-traitance de Toyota en 1977
Le marché dans la réalité
Toyota contrôle l’ensemble de la production.
Elle a des relations de long terme avec ses fournisseurs.
Elle impose un prix. Le sous-traitant s’y conforme durant un an. La hausse de la productivité est pour lui.
L’année suivante, Toyota ajuste le prix.
Il y a transfert de profit vers Toyota.
Le marché dans la réalité
Wal-Mart domine le secteur aux Etats-Unis.
C’est la plus grosse entreprise du monde.
Elle assure 16% de la vente de détail.
Elle paie ses salariés en dessous des normes du secteur. Beaucoup travaillent à mi-temps ou temporaires. C’est le lieu des « working poor ».
Elle structure toute la chaîne en fonction de ses besoins. Elle impose continuellement des baisses de prix grâce à son pouvoir de marché.
Exemple de la distribution
Le marché dans la réalité
Si le fournisseur ne peut atteindre le prix exigé, il ne peut vendre chez Wal-Mart.
Le distributeur pousse ses fournisseurs à délocaliser pour avoir des prix encore plus bas.
Il achète pour 18 milliards de dollars à des firmes installées en Chine, soit 10% des exportations chinoises.
Il achète des saumons au Chili (dans des parcs réservés) et cela représenterait une part importantes des exportations chiliennes.
Le marché dans la réalité
Procter & Gamble et Gillette, deux multinationales, sont obligés de fusionner pour résister à Wal-Mart.
Il y a un transfert de profit réalisé sur toute la chaîne au bénéfice de Wal-Mart.
Wal-Mart est une des firmes les plus lucratives.
La famille Walton, propriétaire de l’entreprise, est sans doute la plus riche du monde.
Estimation: plus de 60 milliards de dollars.
Le marché dans la réalité
Ainsi, le système de production des multinationales s’apparente au schéma de la page suivante.
Au départ, production de pièces par des sous-traitants petits et aux conditions sociales limitées (souvent dans le tiers-monde).
Puis, assemblage de modules par des sous-traitants plus puissants.
Enfin, assemblage et ventes.Et un centre de profit – la multinationale – qui
accapare les profits réalisés sur toute la chaîne.
Le marché dans la réalité
Ventes finales
Assemblagefinal
Module 1
Module 2
Module 3
Pièces
Pièces
Pièces
Pièces
Pièces
Pièces
Pièces Centre deprofit
Système productif
R&D
Le marché dans la réalité
Un exemple chiffré:Dans une économie de marché « libre », la
production de pièces vaut 100,Les sous-traitants des modules la prennent à 70,
ajoutent une valeur de 60.La multinationale achète les modules à 120,
ajoute une valeur de 50.Elle vend alors la marchandise finale à 210.Supposons que chaque fois le coût salarial
s’élève à la moitié de la valeur créée.On obtient le tableau suivant:
Le marché dans la réalité
Coût
salarial
Valeur
créée
Prix
pratiqué
Profit
Pièces 50 100 70 20
Modules 30 60 120 20
Multinationale 25 50 210 65
Note: le profit est le prix pratiqué moins le coût salarialet le prix pratiqué de la ligne précédente.
Le marché dans la réalité
Normalement, dans une économie de marché « libre », chaque firme devrait gagner un profit moyen: soit la valeur ajoutée moins le coût salarial.
Autrement dit: firmes de pièces 50, fournisseurs de modules 30 et multinationale 25. Au total 105.
En réalité, la multinationale s’accapare une partie de profit par des prix imposés.
Le total du profit fait toujours 105, mais la multinationale en prend 65.
Le marché dans la réalitéDavid Korten:
« Les libéraux promultinationales insistent régulièrement sur le fait qu’une planification économique centralisée est totalement inefficace et incapable de répondre aux préférences des consommateurs. Pourtant les multinationales prospères exercent davantage de contrôle sur les économies telles que déterminées par leurs réseaux de produits, que n’en ont jamais eu à Moscou les planificateurs centraux sur l’économie soviétique…
Le marché dans la réalité… La direction centrale achète, vend, démantèle,
ferme des unités de production selon son bon vouloir, recrute et licencie des individus d’un coup de stylo, déplace des usines où elle veut dans le monde, décide des pourcentages de recettes à remettre par les filiales à l’entreprise mère, nomme et révoque les directeurs de ses filiales, fixe les montants des transferts et autres conditions gouvernant les transactions opérées entre les diverses sociétés faisant partie du groupe, et…
Le marché dans la réalité
… décide si les filiales indépendantes peuvent effectuer leurs achats et ventes sur le marché libre ou sont tenues de ne faire des affaires qu’avec les autres filiales appartenant au groupe ».
David Korten, Quand les multinationales gouvernent le monde, éditions Yves Michel, 2006, p.321-322.
Le marché dans la réalité
Système de production
Centre de profitde multinationale
Compagniesfinancières
Grands actionnaires
Transfert deprofit
Transfert deprofit
Transfert deprofit
enrichissement
Travail Travail
Le marché dans la réalité
1. Une domination de quelques groupes
2. La planification interne
3. Une concurrence totale
Le marché dans la réalité
L’économie de marché suppose une concurrence libre entre consommateurs, d’une part, et producteurs, d’autre part.
Une concurrence libre et non faussée telle qu’elle était rappelée plus de 50 fois dans le traité constitutionnel européen.
Donc une concurrence dans le domaine strictement économique.
Le marché dans la réalité
En réalité, la concurrence est totale: économique, politique, militaire, idéologique.
Un facteur déterminant est l’appui de l’Etat, c’est-à-dire les gouvernants et les fonctionnaires les plus importants.
Le marché dans la réalité
Grâce à l’appui de l’Etat, les multinationales reçoivent:
- des avantages fiscaux ou aides en tout genre;
- des commandes publiques;
- un soutien à l’exportation;
- une définition des normes avantageuses;
- une justice favorable à ses plaintes…
D’où l’importance des lobbies et des think tanks.
Le marché dans la réalité
Les multinationales engagent:
- des campagnes publicitaires, éventuellement contre des concurrents;
- des lobbyistes;
- des milices privées, dans certains pays;
- des accords privilégiés avec certains Etats ou certains fonctionnaires;
- des actions de corruption…
Tout cela n’a rien à voir avec la « concurrence libre et non faussée ».
La réalité du marché
1. La théorie de l’économie de marché
2. Le marché dans la réalité
3. Conclusions
Conclusions
L’économie de marché n’est pas une réalité.
C’est une idéologie. Elle cherche à masquer la réalité.
La réalité, c’est le capitalisme.
C’est-à-dire des gens qui s’enrichissent non par le travail, mais par la possession du capital et pour qui les autres travaillent.
Part du pour-cent le plus riche dans le patrimoine des Etats-Unis (en %)
30,4 32,2 31,3 31,6
21,9
33,837,4 37,2 38,5 38,1
33,437,9
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
25,0
30,0
35,0
40,0
45,0
1958 1962 1969 1972 1976 1983 1989 1992 1995 1998 2001 2004
Conclusions
Le pour-cent le plus riche avait 30% des avoirs totaux dans les années 60.
Avec la crise de 1973, cette part chute à 22%.
La politique libérale de Reagan relance cette part qui grimpe à 37%.
C’est l’inondation des théories sur les bienfaits du marché.
Bush père et Clinton poursuivent.
Mais le krach de 2001 donne un nouveau coup au pour-cent le plus riche.
Bush fils revient à la politique que Reagan.
Conclusions
Part de capital détenu par les ménages aux Etats-unis en 2004 (en %)
1,720,5
11,4
25,8
40,5
0-50% 50-90% 90-95% 95-99% 99-100%
ConclusionsC’est le capital qui est surtout accumulé par le
pour-cent le plus riche.Il en a plus de 40%. Contre 20% pour 90% de la
population américaine.Ce capital, ce sont des titres, des immeubles
loués, des liquidités…Au niveau mondial, deux banques (Merrill Lynch
et Capgemini) établissent l’estimation, dans le monde, des gens qui possèdent plus d’un million de dollars de fortune financière, depuis dix ans.
C’est le World Wealth Report:
Evolution du patrimoine des gens qui possèdent dans le monde plus d'un million de dollars de fortune
financière 1996-2005 (en milliards de dollars)
15.000
17.000
19.000
21.000
23.000
25.000
27.000
29.000
31.000
33.000
35.000
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Patrimoine
Evolution comparée des gens fortunés et du PIB mondial 1996-2005 (1996=100)
80
100
120
140
160
180
200
220
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Patrimoine PIB
Conclusions
C’est cette réalité qu’on veut cacher avec le terme « économie de marché »..
L’économie appelée de marché ne fonctionne pas au bénéfice de tout le monde.
Elle profite à ceux qui détiennent le capital, principalement sous forme financière.
Et les autres: ou ils travaillent pour ceux-ci, ou ils sont exclus.
Fin
Prochaine formationBanques et monnaies
Jeudi 24 mai 2007A bientôt