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La quinoa en Bolivie Vers une agriculture durable

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La quinoa en BolivieVers une agriculture durable

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La culture de la quinoaUn succès à consolider

La quinoa, symbole de la mondialisation agricole

Enclavés dans les Andes à plus de 3 600 m d’altitude, les hauts plateaux boliviens ne sont pas un désert froid et isolé du reste du monde. L’agriculture y prospère depuis des millénaires et ses habitants ont toujours pratiqué des échanges avec l’Amazonie et le Pacifique.Depuis le boom économique de la quinoa au début des années 1980, les petits producteurs du Sud bolivien cultivent pour l’exportation. La France est le premier importateur en Europe.

Quinoa et recherche

Les risques climatiques dans les Andes et leur impact sur les cultures font l’objet de recherches à l’IRD depuis plus de 20 ans.En 2007, avec le soutien de l’Agence Nationale de la Recherche, huit institutions françaises et boliviennes rejoignent l’IRD dans un programme sur les conditionsnécessaires à une agriculture durable de la quinoa. Quatre ans plus tard, cette exposition illustre lesquestionnements scientifiques et la démarche participative menée avec les populations locales.

Diversité de milieux et de quinoa

L’altiplano aux paysages très variéshéberge une diversité agricole héritée de pratiques ancestrales remises en question par le succès commercial de la quinoa.

La quinoa est plus riche enprotéines, vitamines et minéraux que la plupart des céréales.Pourtant, elle pousse sur un sol pauvre et sous un climat rude, peu propices à l’agriculture.

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L’altiplano bolivienUn milieu extrême et varié

Les hauts plateaux andins

Entre 3 600 et 4 000 m d’altitude, l’altiplano bolivien fait partie des hauts plateaux andins. Etendu sur 600 km du nord au sud et 200 km d’est en ouest il offre une mosaïque de paysages où les quatre saisons se succèdent au cours de la journée.

L’altiplano est, avec le plateau tibétain, la plus haute région

habitée du mondeUne mosaïque de paysages

... aux plaines arides du centre

... à la surface éblouissante du Salar d’UyuniDes volcans de la cordillère occidentale...

Des rives fertiles du lac Titicaca...

Un climat de moins en moins froidÀ près de 4 000 m d’altitude, il gèle la nuit même en été, surtout en plaine où l’air froid s’accumule. Mais depuis quarante ans, le réchauffement climatique a réduit le risque de gel et permis la mise en culture des plaines.

Un sol pauvre Dans le sud de l’altiplano bolivien, le sol est généralement constitué de 90% de sable avec une très faible teneur en matière organique. Sa fertilité naturelle est donc limitée et sa structure fragile, mais sa capacité de stockage de l’eau est importante.

Une eau rare Sur l’altiplano sud, chaque parcelle de quinoa n’est cultivée qu’une année sur deux, l’année de repos servant à emmagasiner l’eau de pluie pour l’année suivante.

Erosion du sol par le vent

BOLIVIE

LA PAZ

BRESIL

PARAGUAY

ARGENTINE CHILI

PEROU

ALTIPLANO

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La quinoaUne agrodiversité héritée de pratiques ancestrales

Une diversité d’espèces

La quinoa a été domestiquée dans les Andes il y a 7 000 ans environ. Elle se décline en dizaines de variétés cultivées depuis le niveau de la mer au Chili, jusqu’à plus de 4 000 m d’altitude en Bolivie.La quinoa cultivée est souvent en contact direct avec des espèces apparentées, sauvages ou ancestrales. Quinoa cultivée (vert),

quinoa sauvage (jaune), kañihua, espèce semi-domestiquée parente

de la quinoa (rouge)

Des graines fossiles

Des graines de quinoa de plus de cinq siècles ont été retrouvées dans les ruines de silos et dans les tombes où elles servaient d’offrandes aux défunts. Leur étude permet de retracer l’impact de l’histoire, des techniques et du climat sur la diversitégénétique de la quinoa.

Les systèmes de culture, moins intensifs dans le nord tempéré...

... que dans le sud aride et froid, participent à la diversité des paysages

Les systèmes de culture

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La quinoaVers de nouvelles pratiques agricoles

Innover en préservant le sol

Sur l’altiplano la culture de la quinoa est mécanisée en plaine.Sur les pentes, elle reste manuelle. Partout, la récolte se fait encore à la main. La mécanisation facilite le travail et augmente les surfaces cultivées. Mais elle encourage aussi l’accaparement des terres et faute d’innovations adaptées au milieu, elle fragilise les sols.

Lutter contre les ravageurs

L’extension des cultures favorise lesinsectes parasites. Ils sont combattus par des moyens naturels : piègeslumineux, substances attractivesou répulsives.

Piège à papillons

S’adapter à un milieu extrême

Dans les régions les plus arides, la culture des plantes en petits groupes et non en ligne permet d’exploiter au mieux les ressources du sol et de lutter contre le gel et le vent. De la paille placée au pied des jeunes plantes évite leur enfouissement par le sable

Récolte à la faucille

Eviter la dégradation des sols

La récolte traditionnelle par simple arrachage des plantes dégrade les sols. Elle est interdite par les normes de certification commerciale qui recommandent la coupe.

Récolte par arrachage

Se concerter pour mieux gérer les terres

Les grandes parcelles cultivées en plaine sont vulnérables au gel, au vent et aux insectes ravageurs. Leur expansion aux dépens des pâturages de lamas est source de conflits. Pour résoudre ces problèmes, les communautés élaborent de nouvelles normes de gestion des terres.

Chenille parasite

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La quinoaDans la vie communautaire

Réfection des terrasses de culture

Une population mobile aux activités multiples

La culture de la quinoa n’est qu’une des activités des familles de producteurs. Celles-ci vivent souvent en ville et travaillent dans le commerce ou l’artisanat, ne revenant au village que pour les travaux agricoles et les fêtes locales. Mobilité et pluriactivité leur permettent de s’adapter aux imprévus en évitant de se spécialiser.

Une aubaine économique pour la population

La production de la quinoa est familiale et organisée en associations de producteurs.Entre 2000 et 2010, le prix au producteur a été multiplié par quatre. L’augmentation du revenu familial grâce aux rentes de la quinoa favorise l’éducation des enfants etl’amélioration de l’habitat. Il permet aussi auxfamilles d’investir dans leurs activités en ville.

Des bouleversements dans la société

Le boom de la quinoa a renforcé l’autonomie économique des populations locales. Mais la concurrence pour l’accès aux terres a marginalisé l’élevage et creusé les inégalités sociales. Dans le même temps, les pressions extérieuresconcernant normes, techniques et marchésse sont multipliées.

Des valeurs collectives fortes

Traditionnellement, les habitants assurent les responsabilités communautaires par roulement entre eux. Ils se mobilisent également autour des travaux collectifs. La communauté est au coeur des décisions touchant le territoire.

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Une approche participativePour une culture durable de la quinoa

Dialogue entre chercheurs et producteurs

Les rencontres entre chercheurs et producteurs permettent de prendre conscience de la complexité des changements liés au boom de la quinoa.Les débats autour de scénarios du futur révèlent des différences de perceptions entre les acteurs et suggèrent des solutions pour une agriculture durable.

Agir ici et là-bas

Pour durer, l’agriculture de la quinoa doit changer. L’IRD et ses partenaires ont ouvert des pistes pour l’action. En Bolivie, innover avec des pratiques de culture plus respectueuses du sol et une gestion concertée des terres. Dans les pays importateurs, s’engager à développer des échanges plus solidaires.

Un partenariat pour apprendre et former

En Bolivie, le travail préliminaire mené en station expérimentale et en champ paysan permet de s’imprégner des réalités de terrain et de nouer des liens avec les producteurs locaux. C’est aussi l’occasion de former des étudiants à la recherche.

Installation d’une station météorologique

Un succès à double tranchant

En trente ans, la quinoa est passée du statut de culture marginale à celui de produit labellisé bio et équitable à forte valeur commerciale. Ce succès a bouleversé les modes traditionnels de production. Des problèmes inédits sont apparus, liés à la mécanisation et à la concurrence pourl’accès aux terres. Le sol se retrouve au centre des enjeux d’une agriculture durable.

Action de sensibilisation à une consommation solidaire Fête de la Biodiversité, Montpellier 2011

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ExpositionLa quinoa en BolivieVers une agriculture durable

Cette exposition a été réalisée par l’IRD en 2011 à l’issue du programme de recherche EQUECO financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR-06-PADD-011).

RemerciementsÀ Valérie Rotival (IRD), aux responsables d’équipe :Pierre Bommel (Cirad) - Geneviève Cortes (UM3)Richard Joffre (CNRS) - Sarah Métais (AVSF)Gilles Rivière (EHESS) - Godofredo Sandoval (PIEB)Muriel Tichit (Inra) - Thierry Winkel (IRD)et à tous les membres du programme EQUECOwww.ird.fr/equeco

Exposition réalisée par le service Communication IRD France-Sud, sous la direction scientifique de Thierry Winkel, chercheur à l’lRD

Conception graphique et réalisationMuriel Tapiau et Mathilde Moizo (IRD)

Cette exposition, accompagnée d’un dossier Pour en savoir plus, est disponible sous format numérique téléchargeable sur le site web IRD France-Sudwww.france-sud.ird.fr/la-science-en-partage/culture-scientifique

Crédits photographiques

A, B, C, D, E © IRD/T. Winkel 1 © IRD/R. Pouteau

2, 3, 4, 5 © IRD/T. Winkel6 © IRD/ R. Pouteau7, 8 © CNRS/R. Joffre 9 © IRD/T. Winkel

24 © IRD/T. Winkel25 © Cirad/J-F. Tourrand 26, 27 © Acra - Tomave, Bolivia28, 29, 30 © IRD/T. Winkel31 © CNRS/R. Joffre

32, 33 © IRD/T. Winkel 34 © Cirad/M. Vieira-Pak35 © IRD/T. Winkel36 © CNRS/S. Rambal

37 © © IRD/R. Pouteau38 © IRD/T. Winkel39 © Cirad/P. Bommel40 © IRD/M. Moizo41 © IRD/T. Winkel

10, 11 © IRD/T. Winkel12, 13, 14 © CNRS/R. Joffre15 © IRD/R. Pouteau

16 © IRD/T. Winkel17, 18 © CONICET/P. Cruz19, 20 © IRD/T. Winkel 21, 22 © CNRS/R. Joffre23 © CNRS/M-P. Dubois

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La recherche, à l’Université Paul-Valéry, s’appuie sur une communauté d’environ 700 chercheurs dans les domaines des Lettres, Arts, Langues, Sciences Humaines et Sociales.

L’Agence Nationale de la Recherche (ANR) a pour mission d’augmenter la dynamique du système français de recherche et d’innovation en lui donnant davantage de souplesse.

A travers l’Agence inter-établissements de recherche pour le développement (AIRD), l’IRD a pour mission de mobiliser les universités, les grands organismes de recherche français et européens sur les priorités de la recherche pour le développement.

Présent dans l’ensemble de la zone intertropicale, l’Institut de recherche pour le développement (IRD)remplit trois missions fondamentales : la recherche, l’expertise et la formation. Ses programmes de recherche sont centrés sur la relation entre l’homme et son environnement dans les pays du Sud.

Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) est une ONG internationale d’aide au développement rural.Depuis 30 ans, elle accompagne les familles paysannes les plus menacées par l’exclusion et la précarité. AVSF mène ainsi 81 programmes dans 20 pays en développement, en Afrique, en Asie, en Amérique Centrale et du Sud.

En partenariat avec les pays du Sud, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) produit et transmet de nouvelles connaissances, pour accompagner le développement agricole et contribuer au débat sur les grands enjeux mondiaux de l’agriculture, de l’alimentation et des territoires ruraux.

Premier institut de recherche agronomique en Europe, deuxième dans le monde, l’Institut national de la recherche agronomique mène des recherches finalisées pour une alimentation saine et de qualité, pour une agriculturecompétitive et durable, et pour un environnement préservé et valorisé.

Le Programme de Recherche Stratégique en Bolivie (PIEB) est un programme autonome qui vise à apporter aux acteurs de la société civile et de l’État des connaissances stratégiques utiles à la compréhension du processus de reconfiguration institutionnelle et sociale du pays.

À travers sa faculté d’agronomie, l’Université Majeure de San Andrés (UMSA) forme des professionnels de hautniveau au service du développement agricole de la Bolivie.

L’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) occupe une place singulière dans le paysage français de larecherche. Avec 300 enseignants-chercheurs, 500 chercheurs présents dans ses 47 centres de recherche, 450 ingé-nieurs et techniciens, elle forme près de 3 000 étudiants dans toutes les disciplines des sciences humaines et sociales.

Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est un organisme public de recherche placé sous la tutelle du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Principal organisme de recherche plurisciplinaire en France, le CNRS couvre l’ensemble des domaines scientifiques, technologiques et sociétaux.