LA PUISSANCE DU SAVOIR - Nagelmackers · 2016. 6. 23. · Andy Petrella, fondateur de la start-up...

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Année 1, numéro 3 Big data : la pêche aux trésors La Belgique : un centre d’innovation numérique et de haute technologie L’art d’investir selon la ‘nouvelle normalité’ LA PUISSANCE DU SAVOIR

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  • Année 1, numéro 3

    Big data : la pêche aux trésorsLa Belgique : un centre d’innovation numérique et de haute technologieL’art d’investir selon la ‘nouvelle normalité’

    LA PUISSANCE DU SAVOIR

  • 42

    4 brèves

    6 passionSupernova :

    l’amour de la musique

    10 visiteQuatre expositions

    à découvrir

    12 investirL’art d’investir selon

    la ‘nouvelle normalité’

    40 sous la loupe Investir durablement devient-il la norme ?

    42 visionLes diffuseurs deviennent

    récepteurs à la VRT

    48 sous la loupe Liquidités ou marchés ?

    50 en coulisseRencontre avec

    Christian Dugardeyn

    54 horizonL’échec de Doha

    En couverture :

    Andy Petrella, fondateur de la start-up

    belge Data Fellas

    18 perspectiveIdriss Aberkane sur la nouvelle Renaissance :

    l’Economie de la connaissance

    22 chiffresConnaissances et données,

    les nouvelles matières premières

    24 fusionLa Belgique : un centre d’innovation numérique

    et high-tech

    27 big data Data Fellas : Andy Petrella sur le nouvel or

    30 connaissanceMOOC : étudier dans les nuages

    32 table rondePersonnel, clair et sur mesure

    36 point de vueCaroline Pauwels

    38 en savoir plusDes applications qui changent le monde

    Colophon Une édition de la Banque Nagelmackers S.A. – Année 1 / Numéro 3 / Q3 2016Éditeur responsable : Jef Vandenbergh, Banque Nagelmackers S.A., avenue de l’Astronomie 23, 1210 Bruxelles Plus d’infos : www.nagelmackers.be Comité de rédaction : Martin Brichet, Benoît Burnotte, Rigo Dens, Erwin Drenth, Christine Orban, Koen Troosters, Jef Vandenbergh, Eric Vanhaelen, Yves Van Laecke, Koert Verbruggen. Ont collaboré à ce numéro : Anke Claassen, Anke De Backer, Jean-Jacques De Neyer, Marjorie Hoyaux, Lies Lekeux, Peyo Lissarrague, Michiel Mertens, Ruth Nys, Filip Van Loock.Concept et réalisation : www.propaganda.be

    La rédaction du présent magazine a été clôturée le 17 juin 2016 et tient compte de la législation en vigueur à ce moment. La Banque Nagelmackers S.A. a pris toutes les mesures raisonnables pour rédiger le présent magazine avec le plus grand soin. Toute copie ou reproduction des informations issues du présent magazine est autorisée moyennant accord écrit préalable de l’éditeur responsable. Le contenu du présent magazine a uniquement un but informatif et ne peut en aucun cas être considéré comme un conseil financier, fiscal, juridique, comptable ou en placements, ni comme une offre de produits et/ou de services bancaires et/ou d’assurance. Sauf dol ou faute grave, ni la Banque Nagelmackers S.A., ni ses préposés ou mandataires ne sont responsables de l’éventuelle inexactitude, du caractère incomplet ou non actuel des informations mises à disposition, ni des dommages directs ou indirects que vous ou des tiers subiriez à la suite de la consultation ou de l’utilisation des informations du présent magazine.

    « Avec le boom des médias sociaux, on s’est rendu

    compte que les ‘intellectuels’ pouvaient très bien

    regarder ‘Vis ma vie’ le vendredi soir. » Dieter Boen, directeur Recherche et Innovation à la VRT

    Selon Francis Bacon, la connaissance est assimilée au pou-voir. Sa célèbre citation « Le vrai pouvoir, c’est la connais-

    sance » date du 16e siècle. Bien qu’il s’agisse d’un instrument pour améliorer la société, la connaissance n’était acces-

    sible qu’à l’élite intellectuelle à cette époque. Le lien entre la connaissance et le pouvoir m’a toujours semblé un peu bizarre,

    voire menaçant.

    Après le démantèlement des mines de charbon (matières pre-mières) entre 1964 et 1992 et la fermeture des usines iconiques

    telles que Renault à Vilvoorde (industrie manufacturière) à la fin des années 90, le message était que nos neurones devaient devenir

    notre nouvelle matière première. La connaissance résoudrait tout. Cela avait quelque chose d’un peu désespérant…

    Aujourd’hui, Idriss Aberkane parle de la connaissance comme une source inépuisable. « En transférant la connaissance, on ne la perd pas. Mieux

    encore, lorsque l’on rassemble plusieurs domaines de connaissance, on en crée de nouveaux. » Dans un certain sens, il est un successeur de Bacon.

    Mais plutôt que de voir la connaissance comme un instrument de pouvoir, il la considère comme une matière première pour le développement éco-

    nomique et culturel, qui est accessible à tous. Pour ma part, je trouve que l’interview avec Aberkane, qui ouvre le dossier de ce numéro, est très surpre-

    nante et passionnante.

    Les articles captivants, notamment sur imec & iMinds, Data Fellas et les MOOC illustrent comment la connaissance mène réellement à de nouvelles perspectives

    dans la pratique.

    Plusieurs collègues de Nagelmackers prennent également la parole. Et ce n’est pas un hasard. En associant notre connaissance technico-financière à un certain nombre

    de sciences humaines, notre vision sur le client, et donc aussi sur la gestion de notre entreprise, a été profondément et positivement revue ces dix dernières années.

    Je vous souhaite une agréable lecture.

    Koert Verbruggen,directeur commercial Nagelmackers

    Knowledge-based Economy

    DANS CE NUMÉRO

    3magazine Nagelmackers – année 1, numéro 32

  • Nagelmackers Private Banking events

    enquête

    Lors de son assemblée générale du 10 mai, le Conseil d’administration de la Banque Nagelmackers S.A. a nommé le Dr Dashu Zhu nouveau CEO de la banque.

    Dashu Zhu succède à Piet Verbrugge qui a pris sa retraite en mars dernier. M. Zhu dispose d’une longue expérience ban-caire à la fois en Chine et au Canada.

    Dashu Zhu a obtenu son doctorat en sciences économiques en 1991 à la Management School of Economics de la Xi’an Jiaotong University.

    Il a débuté sa carrière bancaire à la Bank of China à Pékin. En 2001, il est parti au Canada où il est devenu CEO et Président de la Bank of China, dont il a assuré avec succès le dévelop-pement et la croissance.

    En 2011, il est reparti en Chine pour devenir Executive vice-president de la Bank of Jiangsu. L’an dernier, il a été nommé Chairman of the supervisory board de la Bank of Jiangsu.Dashu Zhu a déclaré : « Je suis très heureux d’avoir

    Cher lecteur, que pensez-vous du magazine Nagelmackers ? Le magazine Nagelmackers vous est tout particulièrement destiné. Voilà pourquoi nous aimerions savoir ce que vous en pensez. Faites-nous part de votre avis en répondant à notre petite enquête, disponible en ligne. Cela ne vous prendra que quelques minutes.

    Un petit aperçu des questions ... Trouvez-vous le contenu du magazine Nagelmackers intéressant ? ... Trouvez-vous que le magazine reflète bien l’image

    de Nagelmackers ?... Trouvez-vous que le magazine renforce votre relation avec

    Nagelmackers ?

    Comment compléter l’enquête ?Allez sur https://www.nagelmackers.be/fr/magazine/enquete et selon le type de question, répondez soit librement, soit en cochant l’une des réponses proposées.

    Et pour vous remercier ? Nous apprécions vraiment votre collaboration. En répondant à notre enquête, vous remporterez peut-être l’un des cinq stylos-bille Montblanc Meisterstück Classique.

    Sans argent, pas de civilisation. Voilà en résumé le contenu du nouveau livre de l’éminent historien finan-cier William N. Goetzmann. Suite à la crise financière, notre système financier occidental est trop souvent considéré comme quelque chose de mauvais qui rend nos normes et valeurs floues et fait perdre de l’em-ploi et des capitaux. Selon lui, c’est l’inverse. Notre système financier a permis la croissance et de là, le développement de notre civilisation. Goetzmann dé-crit notre système comme une machine à remonter le temps permettant, grâce à la technologie moderne et à l’innovation, de déplacer la ‘valeur’ du présent vers l’avenir. Cette donnée a drastiquement changé notre manière de penser par rapport à cet avenir. A chacun des grands tournants de notre histoire, l’argent a tou-jours joué un rôle important, selon Goetzmann, et ce sera encore le cas à l’avenir.

    A l’aide de différents exemples, il montre que les choses que nous associons à notre économie moderne comme les marchés d’actions, le commerce inter- national et de nombreux produits financiers com-plexes, ont été développées, oubliées et redéveloppées à plusieurs reprises dans l’histoire.

    Ce livre est un récit richement illustré sur le rôle de l’argent dans le développement du monde et de ses diverses civilisations. Par ailleurs, les innovations de notre système financier contribueront à trouver des solutions pour faire face aux défis contemporains, tels que le vieillissement de la population et l’explosion de la croissance démographique, selon Goetzmann.

    Money changes everything: how finance made civilization possibleWilliam N. GoetzmannISBN: 9780691143781

    Cette édition n’a été publiée jusqu’à présent qu’en anglais.

    lu pour vousnouveau CEO

    Pas d’argent, pas de civilisation.– William N. Goetzmann

    Le Dr Dashu Zhu devient le nouveau CEO de la Banque Nagelmackers S.A.

    l’opportunité de poursuivre le développement des activités de Nagelmackers. La Belgique est un marché important dans le plan de développement global d’Anbang et je me réjouis de continuer à offrir les meilleurs produits et services à nos clients, en collaboration avec les employés et les managers très compétents de Nagelmackers. »

    Ming He, Président du Conseil d’administration de Nagelmackers, précise : « Nous sommes très contents que Dashu Zhu devienne notre nouveau CEO. Après le retour fructueux de la marque Nagelmackers sur le marché, suite à l’acquisition de Delta Lloyd Bank par Anbang Insurance Group l’an dernier, la banque est à présent prête à grandir et à se développer, tout en continuant à proposer le meilleur service possible à ses clients existants. La grande expérience bancaire internationale dont dispose Dashu Zhu fait de lui la personne idéale pour mener à bien notre stratégie. »

    Cette année, le Private Banking de Nagelmackers organisera à nouveau une série d’événements informatifs. Ceux-ci constituent l’occasion idéale de faire plus ample connaissance. Vous y êtes donc les bienvenus.

    Sous l’appellation ‘Meet the private banker @Nagelmackers’, nous prévoyons plusieurs sessions d’informations sur les thèmes ‘Les inves-tissements et la macroéconomie’ et ‘L’Estate Planning et la planification successorale’.

    L’avenir de votre patrimoine : comment optimaliser ?11/10/2016 Petit-Enghien La Réserve 19.00 – 22.00

    Comment investir à bon escient votre patrimoine en période de faibles taux d’intérêt ?24/05/2016 Modave Domaine du Château de Modave 19.00 – 22.0031/05/2016 Froyennes Domaine Domrémy 19.00 – 22.0002/06/2016 La Bruyère Ferme de Mehaignoul 19.00 – 22.0029/09/2016 Waterloo Bivouac de l’Empereur 19.00 – 22.00

    Comme l’an dernier, nous organisons également plu-sieurs visites d’entreprises dont Arcelor Liège le 22 juin et Bekaert le 3 octobre.

    Si l’une de ces sessions ou visites vous intéresse, contactez votre private banker ou votre agence Nagelmackers.

    Vous pouvez également vous y inscrire par le biais de notre site sur https://www.nagelmackers.be/fr/evenements/detail/nagelmackers-private-banking-events

    54 magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

    brèves

  • Ils sont jeunes, ambitieux et ont très envie d’accéder aux podiums musicaux nationaux. Cette année, trois ensembles ont remporté Supernova, le concours destiné aux jeunes talents de la musique classique. Une superbe opportunité de se faire connaître du grand public et de partager leur passion pour la musique.

    musiqueL’AMOUR DE LA

    De gauche à droite : Liesbeth Baelus, Bram Decroix, Hélène Koerver, Wouter Vercruysse, Noémi Tiercet, Anke Steenbeke, Alexander Vocking, Simone van der Weerden, Géraldine Clément, Diede Verpoest, Alexandra Lelek, Sara Vujadinovic, Panagiota Giannaka

    6

    passion

    7magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

  • Des portes qui s'ouvrent...Les jeunes musiciens de Roffa Tango Trio, Tmesis et St. George Quintet vont avoir une année char-gée car en remportant Supernova, ces trois lauréats se positionnent sur la carte mondiale de la mu-sique. Ils sont récompensés par une série de représentations dans des centres culturels et bénéfi-cient d’une attention médiatique sur Klara et Canvas. « Ce coup de pouce est plus que le bienvenu », explique Panagiota, clarinettiste de l’ensemble Tmesis. « Le monde de la musique classique est très vaste et on s’y sent parfois perdu. Ce prix nous lance vraiment et nous ouvre des portes. Notre agenda est déjà bien rempli pour les prochains mois. » L’ambition de ces jeunes musiciens est limpide : faire de la musique, composer et transporter leur public.

    Dans le monde de la musique clas-sique, il n’est pas évident de se faire une place. Le concours Supernova jouit d’une excellente réputa-tion. « Il suscite la confiance des organisateurs de concerts », ex-plique Bram, contrebassiste de St. Georges Quintet. « Même s’ils ne nous connaissent pas, ils nous sollicitent. Nous saisissons à deux mains toutes les opportunités qui se présentent à nous. » Même s’ils ont bien failli passer à côté de cette chance… « En fait, nous avions quasi ‘oublié’ que nous avions en-voyé un enregistrement », ajoute Bram en riant. « A un certain mo-ment, nous avons reçu des mails de félicitations de nos parents et amis. Nous étions sélectionnés. A partir de là, nous nous sommes donnés à 200%. »

    Pour un jeune ensemble classique, acquérir de la notoriété est peut-être même plus difficile que de jouer. Le talent permet certes d’al-ler loin mais avoir un petit coup de pouce supplémentaire peut faire des miracles. Anke, pianiste du Roffa Tango Trio précise : « Grâce à l’attention médiatique dont nous bénéficions aujourd’hui, nous pou-vons toucher un public plus large avec notre musique. Avant, nous jouions par exemple surtout aux Pays-Bas. Aujourd’hui, la Belgique s’ouvre à nous. »

    Amour et mariageL’amour est grand, la faim aussi. Chacun de ces ensembles apporte sa propre interprétation innovante de la musique classique. Ils ambi-tionnent tous une carrière musi-cale, même si le principal pour eux est de jouer ensemble. Des jeunes gens qui travaillent ou étudient en-core, qui ont leur caractère et leur propre agenda. Selon Bram, cela ressemble parfois un peu au ma-riage. « Il faut aimer la musique, bien entendu, mais il faut aussi s’ai-mer un peu. Cela demande un véri-table engagement et, de temps en temps, il y a des sacrifices à faire. Il faut se donner à 100%. Mais si l’on trouve le bon équilibre, c’est tout simplement magique et... très addictif ! »

    Lorsqu’on parle de musique clas-sique, on ne pense peut-être pas tout de suite à des jeunes gens mo-dernes qui sont sur Facebook et YouTube. Pourtant, ces trois en-sembles sont actifs sur les réseaux sociaux. Et ils ne le font pas spé-cialement pour attirer des jeunes. « Enthousiasmer et émouvoir le public, voilà ce que nous recher-chons », explique Bram. « Tout le travail de préparation nécessaire pour trouver le ton juste et le bon style est bien sûr très agréable, mais lorsque nous parvenons à vraiment toucher le public et à communiquer avec lui par le biais de la musique, c’est tout simple-ment fantastique. Que ce public soit jeune ou moins jeune, cela n’a que peu d’importance. » Anke est

    tout à fait d’accord. « Le principal est que la musique plaise au public. Si vous faites de la musique avec passion, vous pouvez toucher les gens avec du rock comme avec de la musique classique. Mais nous sommes contents lorsque nous par-venons à convaincre des jeunes. Car souvent, ils se font une fausse idée de la musique classique et sont surpris de voir à quel point elle est accessible. »

    Depuis la plus tendre enfanceQu’elle soit née par hasard ou dès la plus tendre enfance, la passion pour la musique classique était présente très tôt pour chacun de ces musiciens. Et il ne faisait aucun doute qu’elle occuperait une place importante dans leur vie. Panagiota avait 12 ans lors-qu’elle a été séduite. « Je jouais de la clarinette dans un modeste orchestre et je suis tombée folle-ment amoureuse du son de cet ins-trument dans un morceau. Depuis lors, cet amour n’a fait que grandir. C’était ce que je voulais faire tous les jours ! » Pour Anke et Bram, la musique était plutôt une évi-dence. Ils sont tombés dedans dès leur plus jeune âge et ils ont rapi-dement su qu’ils continueraient à étudier la musique. Anke : « Mon amour pour le tango est arrivé un peu par hasard, mais aujourd’hui, je suis complètement conquise et je transmets mon enthousiasme à mes élèves. »

    Une belle complémentaritéIl est clair pour chacun d’entre eux que la musique, c’est pour la vie. Pourtant, ils n’ont pas fait de plans d’avenir bien précis et tous s’oc-cupent d’autres projets à côté. « En plus du trio, je donne des cours de musique », raconte Anke. « J’adore combiner ces deux choses : faire soi-même de la musique et l’ap-prendre aux autres. » Au sein du département musique de son école, Anke a mis en place un ensemble de tango parce qu’elle trouve qu’il est enrichissant de partager et de transmettre ses connaissances. Panagiota, qui est encore aux

    études, laisse les choses suivre leur cours. « Dans notre ensemble, nous entretenons d’excellentes relations tant d’un point de vue amical que musical. Ce qui nous importe pour le moment est de pouvoir parta-ger la musique entre nous et avec le public et de pouvoir travailler ensemble pour arriver à un mor-ceau qui nous est vraiment propre. Des opportunités que nous offre Supernova. » Malgré leur formation classique, ces jeunes musiciens sont également ouverts à d’autres styles musicaux et formes d’art. Bram : « Avec St. George Quintet, nous aimons participer à d’autres pro-jets artistiques comme le théâtre, la danse et le hip-hop. Cela donne une dimension supplémentaire à nos représentations et cette interac-tion est vraiment passionnante. »

    Tout simplement magiqueL’impressionnant tango du Roffa Tango Trio, la puissance de St. George Quintet ou la sonorité sai-sissante de Tmesis. Il faut avoir vu ces jeunes gens à l’œuvre pour vrai-ment sentir à quel point leur mu-sique est puissante. Le public joue un rôle unique, selon Panagiota. « Lorsque le public ressent notre musique et que nous pouvons lui transmettre notre énergie, un véritable lien s’établit. » Bram confirme : « Jouer ensemble et sentir que l’émotion passe est tout simplement magique. Nous ne nous en lassons pas, c’est pour ça que nous le faisons ! » « Cette magie, nous la trouvons aussi lors des répétitions », ajoute Anke. « Apprendre un nouveau mor-ceau, chercher les bons accords, voir comment nous pouvons nous l’approprier... Tout ce processus est passionnant, même si cela n’égale pas une représentation réussie. A ce moment-là, vous sentez vraiment l’interaction, vous êtes hyper-concentré et donnez tou-jours le meilleur de vous-même. »

    Les belles histoires ne durent ja-mais longtemps, dit-on ? Ça ne de-vrait pas être le cas pour ces jeunes musiciens qui ont toutes les clés en main pour vivre leur rêve musical.

    Nagelmackers sponsorise des talents musicaux

    En tant que sponsor principal, Nagelmackers est heureuse d’associer son nom à Supernova. « Ce concours prône l’ambition, la qualité et l’accessibilité. Des valeurs dans lesquelles nous croyons car elles nous correspondent parfaitement. Offrir à des jeunes passionnés l’occasion de réaliser leur rêve musical, c’est tout simplement fantastique ! C’est aussi la philosophie de la banque. Nous voulons en effet aider nos clients à réaliser leurs ambitions et leurs rêves. Et pour ce faire, nous nous intéressons à ce qu’ils font, nous essayons de vraiment les connaître et de chercher des solutions financières inventives qui les aident à avancer », déclare Koert Verbruggen, directeur commercial chez Nagelmackers.

    Qui est qui ? St. George QuintetGeorge Onslow, un musicien peu connu de l’époque de Beethoven, est leur source d’inspiration. Ils forment un quintet composé d’un violoncelliste, de deux violonistes, d’une altiste, et d’un contrebassiste. C’est surtout la présence de ce dernier qui confère à leur musique sa sonorité et son style particuliers. Ils rêvent d’enregistrer un CD d’Onslow.

    TmesisQuintet original composé d’un violoniste, d’une pianiste, d’une flutiste, d’une clarinettiste et d’une violoncelliste. Ils se scindent parfois en duo ou en trio, ce qui apporte un dynamisme supplémentaire. Ils n’ont pas spécialement de rêves à long terme mais ils ont simplement envie de faire de la musique ensemble et de lui donner leur propre style.

    Roffa Tango TrioLeur nom dit tout. Il s’agit d’un trio composé d’une pianiste, d’un contrebassiste et d’une bandonéoniste. C’est à Roffa, surnom de Rotterdam, qu’ils se sont rencontrés, au département tango du conservatoire. Ils font un mélange particulier et contemporain de tango traditionnel, de musique classique et de jazz.

    « C’est fantastique de jouer ensemble, de sentir qu’on se comprend et qu’on partage vraiment quelque chose. »

    © Anke De Backer

    8 9magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

    passion

  • Chef : Mario EliasPlat : canard de la ferme de la sauvenière au foie gras, langoustine cuite sur pierre, fumée de mousse, betterave et émulsion de roquette et noix de cajousRestaurant : Le Cor de Chasse, Wériswww.lecordechasse.be

    Miroir des muséesLe 28 janvier 2017, le S.M.A.K. ouvrira le ‘Broodthaerskabinet – Projet pour M.B’. Pour le musée gantois, l’œuvre de Marcel Broodthaers revêt une impor-tance capitale en tant que mi-roir de la pensée sur le sens des musées. En prélude au futur Broodthaerskabinet, des œuvres d’artistes de la collection du S.M.A.K. créées entre 1964 et 1976 sont exposées depuis avril 2016. Ces douze années ont été marquées par plusieurs révolu-tions en art moderne, mais c’est aussi à cette époque que Marcel Broodthaers a été particulière-ment actif en tant que plasticien.—————

    S.M.A.K., Gand

    ‘Broodthaerskabinet – Projet pour M.B.’

    Du 28/2016 au 04/09/2016 ————————————————————

    LunettesPour l’expo ‘Luc Tuymans. Glasses’, au Museum Aan de Stroom (MAS), Luc Tuymans porte pour la première fois un regard thématique sur son œuvre. Avec les lunettes pour fil rouge, l’expo présente des por-traits d’‘anonymes’ et de person-nages historiques. Comme les lunettes font partie intégrante de l’apparence, elles s’imposent comme un outil précieux pour l’artiste-investigateur.—————

    MAS, Anvers

    ‘Luc Tuymans. Glasses’

    Du 13/05/2016 au 18/09/2016

    Nouveau temple de la cultureLe nouveau fer de lance cultu-rel de Liège a ouvert ses portes le 5 mai dernier : La Boverie abrite le Musée des Beaux-Arts de la ville. La rénovation du bâtiment a été dirigée par l’architecte Rudy Ricciotti, en collaboration avec le bureau d’architectes p.HD Immense, le nouveau vitrage estompe la frontière entre inté- rieur et extérieur. Ce n’est pas pour rien que la première exposition a été baptisée ‘En plein Air’. Organisée en collabora-tion avec le Louvre, l’exposition développe le lien entre le parc et le musée. Vous pourrez notam-ment y contempler des Gauguin, Picasso et Magritte.—————

    La Boverie, Liège

    ‘En plein Air’

    Du 05/05/2016 au 15/08/2016

    Le peintre du Roi-SoleilPour la première fois en cin-quante ans, le Louvre-Lens pré-sente une exposition solo. Cette exposition est entièrement consa-crée à Charles Le Brun, l’un des principaux artistes de la seconde moitié du 17e siècle et peintre à la cour de Louis XIV. ‘Charles Le Brun, le peintre du Roi-Soleil’ suit chronologiquement le parcours de l’œuvre de cet artiste.—————

    Louvre-Lens

    ‘Charles Le Brun, le peintre du Roi-Soleil’

    Du 18/05/2016 au 29/08/2016

    1 Panamarenko, Kreem-glace · 1966 [métal-plastique] Collection privée, prêt à long terme S.M.A.K.

    2 La Boverie, Rudy Ricciotti du bureau d’architectes p.HD

    3 Luc Tuymans Portrait · 2000 Collection privée

    4 Charles Le Brun Le Chancelier Séguier

    1

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    4

    Ils sont jeunes, ils sont créatifs et ils mettent la Belgique à l’honneur hors de nos frontières. La branche belge des JRE – Jeunes Restaurateurs réunit les plus talentueux représentants de la nouvelle génération de cuisiniers, au sein d’une association qui met en avant l’innovation autant que le savoir-faire. Une brochette de chefs à découvrir dans ce magazine, avec des créations visuellement surprenantes, qui témoignent de l’immense qualité de la scène culinaire belge.

    A DÉVORER DES YEUX

    © JRE – Belgique

    1110 magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

    Jeunes Restaurateursvisite

  • “ We sense that ‘normal’ isn’t coming back, that we are being born into a new normal: a new kind of society, a new relationship to earth, a new experience of being human” – Charles Eisenstein

    L’art d’investir selon LA ‘NOUVELLE NORMALITÉ’

    Lors des répliques de la crise fi-nancière de 2007-2008, une ‘nou-velle normalité’ a été introduite en analyse économique, dans le monde des affaires et sur les mar-chés financiers. Ce terme connaît une application étendue et une foule d’acceptions. Par exemple, ce qui était auparavant complète-ment anormal est soudain devenu une évidence. Ou nous considé-rions quelque chose comme nor-mal, mais c’était le contraire et nous nous trompions. Bill Gross (Janus Capital, anciennement chez Pimco) a encore donné un autre re-tentissement au terme. La nouvelle normalité est une période où l’éco-nomie et les marchés ralentissent et où l’intervention publique joue un rôle de premier plan, où la peur et les principes de précau-tion nous empêchent de revenir directement à l’ancienne norma-lité. Quelle que soit la façon dont nous interprétons le terme, la réa-lité est que les marchés financiers ont significativement évolué après le krach de 2008. Cet article va se pencher sur le sujet, étudier l’im-pact qu’il a pu et pourrait avoir sur la gestion de patrimoine classique et voir comment Nagelmackers en tient compte au quotidien dans sa gestion de patrimoine.

    De l'ancienne à la nouvelle dynamique de marchéDepuis la crise financière, trois tendances ont grandement contri-bué à la transition de l’ancienne vers une nouvelle dynamique de marché : les banques centrales, la réglementation et les techno-logies. Le principal impact se tra-duit par la liquidité et la volatilité en général.

    Les banques centrales sont au-jourd’hui omniprésentes à l’échelle mondiale. De nouvelles expéri-mentations monétaires sont ap-pliquées et les banques centrales sont des acteurs très dominants sur différents marchés, des obliga-tions aux actions, en passant par les produits structurés. Pour les plus optimistes, les banques cen-

    Par : Christofer Govaerts,chief strategy, Asset Management Nagelmackers

    13magazine Nagelmackers – année 1, numéro 312

    investir

  • trales ont préservé le monde d’une catastrophe totale (cf. 1929) grâce à leur interventionnisme musclé. Un autre coup d’œil au microscope nous apprend que, animées des meilleures intentions, les banques centrales sont aussi la cause de très nombreux effets indésirables. Il y a en effet un paradoxe : elles ont voulu assurer la liquidité après 2008, mais sur de nombreux mar-chés, c’est devenu pire qu’avant 2008. L’assouplissement quantita-tif tire les taux vers le bas et rend le financement public bon mar-ché, mais il occasionne en même temps une pénurie de sous-jacents sans risque sur le marché. Et si les liquidités s’assèchent, le marché ne fonctionne pas bien en termes de fixation et de stabilité des prix. Il y a donc de la volatilité.

    Pile ou faceForce est de constater qu’une nou-velle réglementation était indis-pensable après 2008, en parti-culier dans le cadre du contrôle prudentiel des marchés et de la prévention de ‘l’aléa moral’ ; au-trement dit, ‘pile, je gagne, face, tu paies’. Une nouvelle réglemen-tation peut toutefois être contre- productive. Vu le renchérissement du coût du capital, une bonne part de l’activité du marché s’est éteinte dans la nouvelle normalité. Les courtiers et les institutions finan-cières ne remplissent plus à 100% leur fonction d’intermédiaire. Ils se cantonnent au statut d’inter-face et ne prennent plus de po-sitions pour leur propre compte. Par conséquent, les liquidités s’as-sèchent et les fluctuations des prix sont très marquées. Les principales victimes sont le marché des titres à revenu fixe et le marché des de-vises étrangères. Pourtant, ce der-nier est censé être un des mar-chés mondiaux les plus liquides. Le franc suisse (15/01/15) et plus récemment le yen japonais sont des exemples de fluctuation extrême des devises. Les cygnes noirs reviennent soudain hanter le paysage.

    Mathématiques et mondialisationCes dernières décennies, les techno-logies et la mondialisation ont ren-forcé la tendance à la non- liquidité et à la volatilité. Des plates-formes mathématiques particulièrement rapides prennent de plus en plus la place des initiatives humaines. Actuellement, les modules informa-tiques à haute fréquence (de l’ordre des nanosecondes) automatiques sont par exemple responsables de plus de 70% des volumes de tran-sactions sur les actions du NYSE. La mondialisation y met aussi du sien. Plus que jamais, on peut par-ler d’economics of big volume and speed. En 2000, l’encours total des produits dérivés représentait envi-ron 100% du produit national brut mondial. Aujourd’hui, il est passé à plus de 700%.

    Les refuges sont-ils encore sûrs ?Enfin, on constate que la nouvelle normalité génère des paradoxes sur le plan de la volatilité et des primes de risque. Il reste courant d’attribuer le statut de valeur re-fuge à certains actifs. Pour la pré-servation du capital, d’aucuns re-commandent des actifs notés AAA ou des actifs exceptionnels tels que certaines matières premières et les métaux précieux. Ceux-ci sont censés résister à la tempête et connaître une évolution relati-vement stable de leur prix durant la perturbation, quelle que soit la cause du coup de tabac. Ces der-nières années, le prix de certaines valeurs refuges a toutefois été très volatil, dans les deux sens. Quand on se penche enfin sur les primes de risque, on voit que l’impact des banques centrales via leur poli-tique des taux 0% est un point très délicat. La rémunération d’une obligation peut par exemple se ré-duire en grande partie aux facteurs élémentaires suivants : la prime de durée, la prime de liquidité, la ré-munération du risque de crédit et la rémunération pour l’inflation attendue. Vu les taux artificielle-ment bas actuellement, on peut légitimement se demander si cela correspond toujours à la réalité.

    Nagelmackers maintient le capLa nouvelle normalité a donc bien marqué de son empreinte la fin de la crise. La question n’est pas de savoir si on est d’accord, mais comment aborder le problème en pratique. Surtout quand il s’agit de la gestion quotidienne d’avoirs et de leur trans-fert à la génération suivante.

    Nagelmackers a une tradition d’ap-proche pragmatique classique de la gestion de patrimoine à moyen terme, qui porte assurément ses fruits. La nouvelle normalité ne joue ici pas les trouble-fêtes, mais elle ne fait qu’appuyer cette ap-proche et confirmer qu’il faut plus que jamais maintenir le cap. Le département Asset Management

    n’est pas préoccupé par le cours des événements, mais i l est conscient qu’il doit rester vigilant. Dans ce cadre, il opère clairement une distinction entre ‘the signal’ et ‘the noise’, entre les ‘évolutions/changements de tendance’ et les ‘éléments perturbateurs tempo-raires’ et ce, à travers des périodes fréquentes de volatilité. Il s’y est pleinement employé ces dernières années. L’Investment Research Center (IRC) a été élargi et des analystes et gestionnaires de por-tefeuilles expérimentés jonglent avec les pièces du puzzle politico- économique mondial pour les prin-cipales classes d’investissement.

    Chaque jour, nous consacrons beaucoup de temps et d’attention à la sélection de fonds et à leur in-tégration dans les différents pro-fils de risque et portefeuilles d’in-vestissement. Une analyse des risques ex-ante et ex-post est es-sentielle. Il faut y porter l’atten-tion nécessaire, surtout depuis 2008. Dans le contexte actuel de volatilité et de manque de li-quidité, associé à la corrélation entre les divers actifs d’investis-sement, il ne s’agit toutefois pas d’un exercice d’équilibre au quo-tidien, mais l’Asset Management s’acquitte de sa mission et ne s’ar-rête pas là. Le département tire parti de son savoir-faire, mais il demande aussi régulièrement conseil à des sociétés externes. Très récemment, un des pro-fils actuels a passé un deux ième test pointu chez BlackRock Asset Management Solutions. Les résul-tats ont été à la fois très instructifs et rassurants. Instructifs parce que dans les conditions actuelles et avec les limitations fixées, il est difficile d’avoir une solution opti-male et il y aura toujours certaines sensibilités. Rassurants parce que l’ensemble des actifs a brillamment résisté à des tests de résistance précis dans le temps. Les chocs économiques ont évidemment un impact, mais pas au point de faire sombrer tous les navires dans un port dangereux. Nagelmackers

    n’a certainement pas à rougir face à la concurrence et à d’autres benchmarks.

    Une bonne nuit de sommeil« May you live in interesting times. » Selon certaines sources, cette expression viendrait de la Chine antique. Ironiquement, il s’agirait en fait d’une malédic-tion que l’on jetterait sur un en-nemi. Une autre source attribue cependant ces célèbres paroles au politicien Frederic Coudert. En 1939 (!), il témoignait ainsi :

    « Some years ago, in 1936, I had to write to a very dear and honored friend of mine, Sir Austen Chamberlain, brother of the present Prime Minister, and I concluded my letter with a rather banal remark: ‘that we were living in an interesting age.’ Evidently he read the whole letter, because by return mail he wrote to me and concluded as follows: ‘Surely’, he said, ‘no age has been more fraught with insecurity than our own present time.’ That was three years ago. »

    Loin de nous l’idée de tirer la son-nette d’alarme sur les marchés financiers et les évolutions poli-tiques ou sociologiques dans le monde, mais on ne peut nier que l’impact de la nouvelle norma-lité à l’heure actuelle est aussi perceptible en (géo)politique, dans les médias (économiques) et dans l’interprétation ‘objec-tive’ des évènements. Avec la po-larisation qui en découle à tous les carrefours de notre grand village qu’est le monde. Nous nous de-vons donc d’être attentifs à toutes ces perspectives, tant dans la vie courante qu’en matière d’Asset Management. Concentration, nuance et sang-froid sont de mise chez Nagelmackers. Car la nuit porte conseil, que l’on soit dans une nouvelle ou une ancienne normalité.

    15magazine Nagelmackers – année 1, numéro 314

    investir

  • 7 perspectives intéressantes

    18« La connaissance est notre

    plus grande richesse. Elle va nous permettre d’évoluer encore, comme nous le faisons depuis l’apparition de la première cellule il y a 4 milliards d’années. »

    22« En Belgique, 69% des

    investissements en R&D sont faits par les entreprises privées. »

    24« Lorsque les solutions sont

    d’ordre technologique, c’est à nous d’éveiller les consciences politiques sur les questions urgentes. »

    27« Le terme ‘big data’ est vide

    de sens. Les données ne deviennent pertinentes que lorsqu’elles sont analysées et interprétées. »

    30« Les nouvelles technologies

    ne peuvent pas tout remplacer. Un ordinateur ne peut pas réfléchir de manière critique. »

    32« La connaissance et le

    savoir ne valent rien sans une certaine éthique. C’est la raison pour laquelle nous choisissons des solutions claires avec un bon rendement sur le long terme. »

    36« Le nouveau paradigme de

    la connaissance suscite de grandes questions sociétales et éthiques. »

    La puissance du savoir

    Chef : Steven DehaezePlat : cerf grillé, crème et rôti de butternut, polenta à la poudre d’estragonRestaurant : Culinair, Lauwewww.restaurantculinair.be

    © JRE – Belgique

    16

    Jeunes Restaurateurs

  • Penseur brillant et atypique, Idriss Aberkane est un homme qui croit en l’avenir. Passé par les plus

    prestigieuses écoles françaises, Normale Sup et Polytechnique, titulaire de trois doctorats, il nourrit

    néanmoins plus d’admiration pour le patron du restaurant parisien où nous avons rendez-vous, un un self-made-

    man pur jus, que pour les produits d’un système éducatif élitiste dont il n’apprécie ni les modes de sélection ni la

    pédagogie. Expert à la fois en neurosciences, en géopolitique et en économie de la connaissance, il nous explique comment

    cette dernière est en train de bouleverser en profondeur notre monde et comment elle le rend meilleur.

    Economie de la connaissance, une nouvelle Renaissance

    18

    la puissance du savoir

    19magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

  • On associe souvent l’économie de la connaissance aux nouvelles technologies. A tort ou à raison ?Idriss Aberkane : « La connaissance est tout autour de nous. La nature est notre première bibliothèque, riche de milliards d’informations et d’innovations. Les nou-velles technologies ne sont qu’un des vecteurs de l’écono-mie de la connaissance. Celle-ci est bien plus ancienne. C’est d’ailleurs l’économie la plus ancienne qui soit. Nous échangions des savoirs longtemps avant d’échanger des biens ou de l’argent. Le feu est le parfait exemple de ce qu’est l’économie de la connaissance. Je peux le partager sans le perdre et je peux le multiplier sans l’épuiser. Mais si l’économie de la connaissance existe depuis toujours, elle connaît aujourd’hui une accélération, facilitée en effet par les nouvelles technologies. Nous sommes à un tour-nant historique, comparable à celui de la Renaissance. »

    L’économie de la connaissance est radicalement différente de nos modes d’échanges actuels ?Idriss Aberkane : « Oui. Nous vivons dans un monde où l’économie est exclusivement basée sur les biens ma-tériels. Or les biens matériels s’épuisent. Ce sont des res-sources finies, y compris les produits agricoles ou les énergies renouvelables. Alors que la connaissance, par essence immatérielle, est infinie. Et ce n’est pas tout, sa croissance est endogène. Cela signifie qu’elle se nourrit d’elle-même. Si je transmets une connaissance, je ne la perds pas. Je n’épuise pas cette ressource. Et si je place deux savoirs ensemble, si je les associe, j’obtiens de nou-velles connaissances, à nouveau sans épuiser ma res-source. Ce sont les deux premières règles de l’économie de la connaissance : les échanges de connaissances sont à somme positive et ils sont non linéaires. »

    La connaissance est également une richesse disponible partout et pour tous ?Idriss Aberkane : « L’économie de la connaissance a une ‘monnaie’ de base. Cette monnaie, c’est le produit de notre temps et de notre attention. Nous sommes en ce moment en train de réaliser une transaction commerciale. Vous m’accordez votre temps et votre attention, et je vous trans-mets en échange une information. Or tout le monde a, po-tentiellement, du temps et de l’attention. Dans l’économie de la connaissance, nous naissons tous riches. »

    Nous naissons tous riches, mais nous n’avons ensuite pas tous accès de façon équitable au savoir…Idriss Aberkane : « Il y a une vraie faillite de l’école de ce point de vue. Nos systèmes d’éducation sont comme un grand buffet de savoirs, mais qu’on nous oblige à in-gurgiter selon des règles inadaptées. Imaginez-vous de-vant une fantastique quantité de nourriture, vous voulez goûter et savourer, choisir, revenir essayer un autre plat… mais non, l’école vous impose de tout avaler, sans discu-ter, et qui plus est en un temps limité. »

    On n’y encourage pas non plus le partage des connais-sances, alors que c’est justement ce qui permet de gé-nérer du savoir. On le sait depuis l’Antiquité. La biblio-thèque d’Alexandrie en est l’exemple. Mettre les savoirs en commun, les rapprocher les uns des autres et les rendre accessibles à tous, c’est le moyen de les faire pros-pérer et croître. Regardez ce que fait Elon Musk, le PDG de Tesla. Il rend ses brevets publics, et ça marche. Non seulement les actions Tesla montent en flèche, mais il génère de nouvelles innovations. A l’école, partager des connaissances ou mettre en place une réflexion collec-tive s’appelle tricher… »

    Il faut pourtant bien établir une sélection entre les étudiants ?Idriss Aberkane : « Un des pires préjugés concer-nant l’apprentissage est de croire que tout le monde n’est pas ‘capable’ de tout apprendre. C’est faux. Les neurosciences le montrent. J’ai travaillé sur le cas de Nelson Dellis, le champion du monde de mémorisa-tion. Ce n’est pas quelqu’un qui avait des facilités au départ. Rien ne le ‘prédisposait’ à acquérir une telle faculté de mémorisation. Il y a consacré du temps et de l’attention, parce qu’il voulait atteindre ce but. Quand on analyse les modes d’apprentissage des prodiges, on voit qu’il y a un déclic à l’origine. Sans ce déclic, sans envie d’apprendre, les heures passées à étudier ne servent à rien. Encore une fois, notre monnaie d’échange dans l’économie de la connaissance, c’est le temps multiplié par l’attention. Les deux sont indissociables. »

    Pour donner envie d’apprendre, il faut aussi changer d’approche ?Idriss Aberkane : « On néglige totale-ment l’aspect ludique, amusant, de l’ap-prentissage. Pourtant, les jeux sont une excellente manière d’apprendre et de donner envie d’apprendre. Via le jeu vidéo par exemple, on voit des élèves en situation d’échec scolaire capables de se consacrer à des ré-flexions extrêmement évoluées et de résoudre des problèmes large-ment plus complexes que ceux proposés à l’école. De plus, beaucoup de jeux reposent sur des systèmes collectifs ou d’échanges d’informations. Ils développent un sens de la pensée collective qui nous fait souvent défaut. »

    Idriss Aberkane est professeur chargé de cours à Centrale-Supélec Paris, et chercheur associé à l’Université de Stanford aux Etats-Unis.

    www.idrissaberkane.org

    Puisque la connaissance s’affirme comme une

    richesse économique, ne risque-t-on pas de voir

    émerger une privatisation des savoirs ?

    Idriss Aberkane : « Il y a une me-nace bien pire que la privatisation,

    c’est l’étatisation. Aujourd’hui, qui s’approprie nos données et les uti-

    lise de façon plus que contestable ? Ce n’est pas Google, c’est la NSA. Et

    quand le FBI demande des données à Apple, quelle est la réponse de celui-ci ?

    Il maintient le cryptage des données et refuse de transmettre les informations.

    Nous avons tous aujourd’hui une identité numérique polymorphe, un ‘datasome’ en

    quelque sorte. C’est une nouvelle donne qui devrait logiquement engendrer une révision

    de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Car je pense que l’ère de la connais-

    sance va sonner le réveil de la société civile. Les politiques sont encore trop déconnectés de

    la réalité. Ils ont oublié qu’ils étaient au service de la société civile, et non l’inverse. L’accès à l’infor-

    mation et la capacité de trublions comme Edward Snowden à générer un chaos créateur vont boule-

    verser cela. »

    Vous parlez de Renaissance, mais nous vivons une époque troublée. Peut-on réellement être si

    optimiste ?Idriss Aberkane : « Nous entrons dans un âge de raison

    de l’humanité. Un âge pour lequel nous étions program-més depuis le départ. Nous ne nous sommes pas baptisés

    nous-mêmes Homo materialensis, mais bien Homo sapiens. La connaissance est notre plus grande richesse. Elle va nous

    permettre d’évoluer encore, comme nous le faisons depuis l’apparition de la première cellule il y a 4 milliards d’an-nées. Cela veut-il dire que nous ne traversons pas des temps troublés ? Pas du tout. La Renaissance fut aussi l’époque des guerres de religion, avec des massacres sanglants. Personne n’avait d’ailleurs à l’époque conscience de vivre une renais-sance. Notre instinct nous entraîne toujours à accorder plus d’importance aux dangers qu’aux gains. Parce que, dans la nature, ne pas accorder d’attention au danger, c’est mourir. J’ai trois doctorats, mais je ferais plus vite la une des journaux si j’agresse une vieille dame dans la rue que si je parle de mes recherches. Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. Continuons à essaimer et à partager la connais-sance, pour faire pousser les forêts de demain. »

    Nos remerciements au Paradis du Fruit, boulevard des Batignolles à

    Paris, de nous avoir accueillis pour cette interview.

    « La nature est notre première bibliothèque, riche de

    milliards d’informations et d’innovations. »

    2120 magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

    la puissance du savoir

  • De plus en plus de données,

    tout autour de nous. Traitées

    et analysées, elles deviennent

    des informations qui, à leur

    tour, nourrissent la recherche

    et l’apprentissage. L’économie

    de la connaissance et ses

    cercles vertueux sont dans

    l’air du temps. La Belgique

    est dans le peloton de tête

    international dans ces

    domaines, aussi bien du point

    de vue universitaire que pour

    la Recherche et

    le Développement (R&D).

    CONNAISSANCESles nouvelles

    ET DONNÉES, matières premières

    OBJECTIF EUROPÉEN

    POUR 20203%

    USA 2,77%

    France 2,24%

    Pays-Bas1,96%

    Europe des 28

    Grande-Bretagne1,66%

    Japon 3,47%

    Corée du Sud4,15%

    Allemagne2,83%

    Belgique2,43%

    USA44% Belgique39,8%

    Corée du Sud42,2% Pays-Bas34%

    Japon42,4% France34,8%

    Grande-Bretagne41,5% Allemagne28,6%

    8,2 MRDLa Belgique a investi 8,2 milliards d’euros

    dans la R&D en 2011

    2,3 trillions de gigabytes de data sont créés chaque jour

    D’ici à 2050, 40 trillions de data seront créés, soit 300 fois plus que tout le data présent en 2005

    400 millions de tweets

    30 milliards de posts sur Facebook

    40 milliards d’heures de vidéo regardées sur YouTube

    69%En Belgique, 69% des

    investissements en R&D sont faits par les entreprises

    privées

    63.207La Belgique compte 63 207 chercheurs.

    [45% de ces chercheurs travaillent dans des entreprises privées]

    % du PIB investi dans la R&D en 2013

    Big(ger) data

    Un mois de data =

    Taux de croissance de la R&D et du PIB en Belgique

    Part de la population active diplômée de l’enseignement supérieurApprendre, chercher, découvrir…

    Note : R&D = Recherche et Développement.

    PIB = Produit Intérieur Brut.

    Sources : OCDE, Belspo, IBM

    2.300.000.000.000.000.0006.000.000.000

    40.000.000.000.000.000.000Notre planète compte 6 milliards de smartphones pour 7 milliards d’habitants

    1,93%

    2010

    8,4%

    9,1%

    2011

    2011

    3,9%

    4,5%

    2010

    R&D PIB

    22

    la puissance du savoir

    23magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

  • LA BELGIQUE : un centre d’innovation numérique et de haute technologie

    La fusion entre le géant technologique imec et l’institut de recherche numérique

    iMinds sera accomplie à la fin de l’année 2016. Cette union est un choix stratégique,

    car dans les années à venir, l’innovation sera guidée par une combinaison de

    hardware et de software. « We ain’t seen nothing yet ». Ou en d’autres termes : en

    route pour ‘l’Internet of Everything’.

    Le CEO de l’imec, Luc Van den hove, et celui d’iMinds, Danny Goderis, sont de grands optimistes de l’innova-tion. Tous deux sont intimement convaincus que pour relever les défis économiques et sociétaux tels que l’ex-plosion des coûts des soins de santé, le changement climatique et la congestion routière, il faut investir dans l’intelligence numérique, également qualifiée de deuxième âge de la machine. Si cette révolution a sur-tout touché le monde de l’ICT ces trente dernières an-nées, c’est au tour des secteurs industriels de s’attendre à des bouleversements dans les vingt années à venir. La fusion du géant du hardware imec et de l’innovateur numérique iMinds permettra aux entreprises belges de jouer un rôle majeur sur la scène mondiale. Alors que des critiques s’élèvent pour dénoncer l’inspiration poli-tique de cette union, les deux hommes les réfutent d’une même voix.

    Luc Van den hove : « Les négociations étaient déjà en cours avant que Bruxelles n’entre en jeu, mais le sec-teur politique partage notre vision stratégique commune selon laquelle l’intégration du hardware et du software constitue la clef pour résoudre les grandes questions technologiques. »Danny Goderis : « iMinds devient une unité distincte au sein de l’imec. C’est ainsi que nos starters reçoivent l’ac-cès au réseau international de clients et d’universités mis sur pied par l’imec ces vingt dernières années. Cette ex-pansion présente un énorme potentiel de rendement. »

    La start-up miDiagnostics, laboratoire médical sur puce développé par l’imec, a recueilli 60 millions d’euros auprès de l’industrie. iMinds jouera-t-il un rôle dans la suite du développement ? Luc Van den hove : « Absolument. Cette puce jetable de quelques centimètres carrés va complètement trans-former le diagnostic médical. Le patient se pique le bout du doigt, la puce absorbe un peu de sang et l’analyse s’affiche après dix minutes. Trente secondes plus tard, un signal sur votre smartphone indique s’il faut consul-ter le médecin ou non. Les premiers produits sont mis à disposition sur le marché pendant quatre ans pour subir des tests médicaux et cliniques. Après validation et ap-probation de la FDA, un mini-labo suivra à l’attention des consommateurs. Ce développement repose sur la technologie des capteurs et des télécommunications, mais les données réunies sont d’une valeur tout aussi fondamentale. »Danny Goderis : « Si des techniques de ce genre se généralisent, cela donnera le jour à une base de don-nées contenant des informations médicales permettant d’identifier des profils pathologiques. C’est dans cette analyse, la fusion de données, que réside l’une de nos expertises. Toutes ces données doivent également être traitées et sauvegardées en toute sécurité. Et en tant qu’experts des données, la question de la vie privée re-lève aussi de nos compétences. »

    Deux initiatives flamandes

    Fondé en 1984 par les autorités flamandes, l’imec est devenu le plus grand centre de recherche indépendant d’Europe dans le domaine de la nanoélectronique. L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 415 millions d’euros en 2015 et compte 2 417 collaborateurs. L’année dernière, l’imec a introduit 180 brevets et a publié 998 articles scientifiques. Luc Van den hove est CEO de l’organisation depuis 2009.

    Le centre de recherche flamand pour l’innovation numérique iMinds est né vingt ans plus tard. iMinds emploie plus de 900 chercheurs dans des domaines comme l’ICT, les médias, la santé et les Smart Cities. Il est connu pour son fructueux soutien aux start-up. iMinds a été élu numéro 4 mondial dans la catégorie ‘Top University Business Accelerators’ en 2015. La même année, Danny Goderis a repris le flambeau du fondateur Wim De Waele.

    entretien avec Luc Van den hove (photo) et Danny Goderis

    2524 magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

    la puissance du savoir

  • LA PÊCHE AUX TRÉSORS

    Big ou pas, le data est

    le nouvel eldorado. Les

    données font frémir la

    planète. Les entreprises

    veulent les exploiter, les

    chercheurs en tirer la

    substantifique moelle et

    monsieur tout le monde

    hésite entre dissimuler

    les siennes ou les

    monnayer. Sans bruit, à

    Liège, une start-up belge,

    Data Fellas, invente

    de nouvelles manières

    de récolter et de faire

    fructifier ces données

    tant convoitées. Eloge du

    data local et intelligent

    avec l’un de ses deux

    fondateurs, Andy

    Petrella.DATA,

    Y a-t-il d’autres domaines où la combinaison de la technologie des capteurs et d’algorithmes intelligents entraînera des (r)évolutions ? Danny Goderis : « Nous collaborons en ce moment à Anvers à l’initiative City of Things, le plus grand labo de tests sans fil d’Europe. L’imec a développé un capteur mesurant la pollution de l’air, dont les véhicules bpost sont équipés pour circuler dans la ville. iMinds a créé des centaines de passerelles sans fil pour recueillir ces signaux, qui sont ensuite traités directement dans nos salles de contrôle. La synergie entre plusieurs disciplines s’accroît de plus en plus. Cela simplifie donc les choses si nous ne formons qu’une seule et même entreprise. » Luc Van den hove : « Nous évoluons de l’Internet of Things vers l’Internet of Everything où les objets intelli-gents communiquent constamment entre eux. Imaginez par exemple une voiture autonome en communication avec des drones observant le trafic routier pour pou-voir adapter sa vitesse ou choisir un autre itinéraire sans intervention humaine. Cette évolution est plus rapide qu’on le pense. Tout simplement parce que des problèmes comme la congestion routière deviennent ingérables. Je considère que c’est à nous d’éveiller les consciences politiques sur les questions urgentes, du moins lorsque la technologie peut y apporter des réponses, ce qui est souvent le cas. »

    De quelle façon cette fusion va-t-elle contribuer à l’économie belge ? Luc Van den hove : « Traditionnellement, notre pays compte de nombreuses PME qui sont souvent spéciali-sées dans une niche. A l’heure actuelle, le seuil d’innova-tion est trop élevé pour les petites entreprises ; traduire notre technologie de pointe en un produit réel exige en effet de lourds investissements en R&D. Dès lors, si nous pouvons aussi fournir les applications, cela deviendra gérable pour les petites entreprises. Par exemple, nous travaillons aujourd’hui avec Samsung à une plateforme pour la nouvelle génération de smartwatches, qui mesure certains paramètres cor-porels comme la tension artérielle relative. C’est cette même plateforme que nous utilisons également pour des applications de niche comme ce pansement intelligent pour femmes enceintes, qui mesure les contractions et le rythme cardiaque du bébé. Une start-up locale a été mise sur pied à cet effet. Nous développons des structures si-milaires dans l’industrie alimentaire et le secteur agri-cole. C’est ainsi que nous avons développé récemment un capteur spécial permettant de suivre avec précision les taux de nutriment et d’humidité des cultures à l’aide de drones survolant les champs, de manière à accroître le rendement du processus agricole. »Danny Goderis : « 25% de nos start-up numériques vont finalement devoir faire le pas vers la conception de puces et tableaux d’affichage, mais c’est aujourd’hui inabor-dable en édition restreinte. Or, grâce au réseau interna-tional et aux cleanrooms de l’imec (des salles blanches totalement dépourvues de poussières et de vibrations pour la production de puces), cette possibilité leur est of-ferte. Nous rassemblons différents acteurs de niche pour créer une entité de taille. C’est totalement inédit que des start-up puissent innover à si bas prix. Et un nombre accru d’innovations peut ainsi subitement connaître une marge de croissance réaliste. La solide combinaison de brain science et d’entrepreneuriat donne aux jeunes entreprises la technologie leur permettant d’exceller au plan mondial. Nous en retrouverons sans doute cer-taines sur le Nasdaq dans quelques années. We will pick the winners and make them great. »

    Un tout grand merci au Radisson Blu Hotel Brussels pour son

    accueil lors de l’interview.

    Plus de collaboration avec Bruxelles et la Wallonie

    Malgré les racines flamandes des deux organisations, la collaboration avec Bruxelles et la Wallonie va s’intensifier. Dans les années à venir, de grandes innovations vont avoir lieu dans des secteurs plus traditionnels comme l’industrie pharmaceutique et le secteur biomédical, où la partie francophone du pays est aussi fortement représentée. La demande en analyses ADN a explosé en raison de la rapidité du processus (une reconstruction du génome humain peut se faire en deux heures alors que la norme de référence est de cinq jours) et de la réduction du prix en dix ans (on est passé d’un million de dollars à moins de mille dollars par analyse). La technique est utilisée dans le monde judiciaire, mais aussi pour le dépistage précoce de certains syndromes.

    Danny Goderis

    26

    la puissance du savoir

    27magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

  • Mathématicien de formation, Andy Petrella a fondé Data Fellas en 2015, avec son comparse Xavier Tordoir. Leur start-up fait aujourd’hui partie de l’accélérateur liégeois The Faktory et, performance rare pour une entreprise belge, développe également son activité à San Francisco, au sein d’Alchemist, un des accélérateurs les plus à la pointe des Etats-Unis.

    www.data-fellas.guruwww.thefaktory.com

    « Sans intervention humaine, ces données ne sont rien. »

    Le big data, c’est vraiment la nouvelle poule aux œufs d’or ?Andy Petrella : « Je n’aime pas utiliser ce terme de ‘big data’. Il est vide de sens. Grâce aux nouvelles technolo-gies notamment, nous parvenons à récupérer de plus en plus de données sur le monde qui nous entoure et sur nos modes de vie, mais à l’état brut, elles ne veulent rien dire. Sans intervention humaine, ces données ne sont rien. Il faut les analyser et les interpréter pour qu’elles se transforment en informations pertinentes. C’est à ce moment-là qu’elles prennent leur valeur. »

    Est-il vraiment difficile de transformer les données en informations ?Andy Petrella : « La récupération des données brutes est a priori l’affaire des techniciens IT, selon des pro-tocoles définis généralement par les analystes de don-nées. Mais ces derniers sont totalement démunis face au résultat de la collecte, parce que les outils IT sont incompréhensibles pour eux. Notre premier but chez Data Fellas a été de créer les passerelles entre l’IT et les analystes, sans passer par une multitude d’acteurs et d’étapes intermédiaires. Comme toutes les sources d’informations, les données perdent de leur valeur avec le temps. Il faut donc pouvoir les analyser le plus vite possible. Il ne s’agit pas de réduire le nombre de person-nes qui travaillent sur les données, mais de rendre leur tâche plus efficace. »

    Exploitons-nous toutes les données disponibles ?Andy Petrella : « Non. Il y a beaucoup de données in-exploitées. Ou plus exactement, il y a beaucoup de don-nées dont on néglige le potentiel. Dans certains secteurs d’activités, les données sont depuis longtemps une base incontournable. Dans les assurances par exemple, les données constituent le core business. Améliorer la col-lecte et l’analyse de celles-ci leur permet de mieux servir leurs clients. Or, le flux de données à leur disposition explose. La domotique ou les GPS fournissent à eux seuls une masse de données exploitables et particuliè-rement intéressantes. »

    Il faut donc des ordinateurs de plus en plus puissants pour traiter ce volume de données ?Andy Petrella : « Pas forcément. Il existe ce qu’on ap-pelle le distributed computing, qui est au cœur de notre travail chez Data Fellas. Grâce à lui, même une petite en-treprise peut collecter des masses importantes de don-nées. Concrètement, il s’agit d’utiliser la capacité de cal-cul dormante des ordinateurs. Plutôt que de louer ou d’acheter une grosse machine, puis de payer encore la collecte des données, ou bien de s’en remettre à un col-

    lecteur de données qui facture au prix fort chaque opé-ration, on va solliciter les ordinateurs sous-exploités et les faire travailler. »

    Le grand public s’inquiète souvent de l’usage qui sera fait de ses données. A tort ou à raison ?Andy Petrella : « Il est quasiment impossible de garder ses données pour soi. Je crois que nous en sommes tous conscients. Mais ces données nous permettent d’accéder à toute une série de services. Elles sont donc une mon-naie d’échange. Rien n’est jamais vraiment gratuit… A nous de décider quand et comment nous voulons lais-ser exploiter nos données. »

    A quoi vont servir toutes ces données et ces informations récoltées et analysées ?Andy Petrella : « Les données sont une ressource à la fois inépuisable et à croissance exponentielle. Une même donnée peut être exploitée plusieurs fois et de plusieurs façons, et quand on associe deux données, on obtient plus d’informations qu’en traitant chaque don-née à part. Mais ce n’est pas tout. Récupérer et analyser les données a un coût, mais les générer ne coûte rien. Ce que nous pouvons en faire ? Cela dépend de nous et autant de nos choix de récolte que d’analyse. »

    La collecte et l’analyse de données permettent aussi de vraies avancées positives ?Andy Petrella : « Bien sûr. L’Université de Berkeley, en Californie, a utilisé la puissance du distributed compu-ting dans un cas très intéressant. Un garçon de 14 ans souffrait de migraines aiguës. Personne n’en trouvait la cause, à tel point qu’il a fallu le mettre en coma artifi-ciel. On a alors fait une analyse génétique de son sang. Pas uniquement de sa séquence à lui, mais de toutes les séquences présentes, complètes ou incomplètes. Un processus énorme qui aurait pris des années sans l’utilisation de systèmes distribués. Grâce à la puissance de calcul de ceux-ci, on a pu isoler la bactérie respon-sable des migraines, administrer le bon antibiotique et guérir le garçon. »

    Vous travaillez également avec Data Fellas sur un projet génomique…Andy Petrella : « Nous faisons partie du projet Global Alliance for Genomics and Health, qui réunit 375 insti-tutions dans le monde. Le but de ce projet est de mettre en place des processus de partage des données géno-miques et cliniques afin de faire avancer la recherche médicale. C’est à nouveau un parfait exemple de ce que les données peuvent nous apporter. A condition de créer les synergies et de les utiliser à bon escient. »

    la puissance du savoir

    magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3 2928

  • MOOC, apprendre dans un NUAGE

    Lorsque les premiers MOOC ont été créés, de nombreuses voix ont exprimé leur inquiétude. L’université virtuelle semble faire peur. A raison ?Julien Jacqmin : « Depuis l’arrivée des premiers MOOC, les choses se sont beaucoup calmées. Ceux-ci représentent surtout un progrès en interne pour les universités, amenées à réfléchir sur leurs méthodes d’enseignement et à repenser leur pédagogie. Il y a toujours eu une sorte de monopole sur le savoir. Ceux qui le détiennent le transmettent selon leurs termes. Les nouvelles technologies, et donc ces cours en ligne, changent la donne. Aujourd’hui, tout le monde a accès à la connaissance. Ce qui ne veut pas dire que tout le monde peut enseigner ou transmettre cette connais-sance. L’université ne détient pas uniquement le sa-voir, elle est également dépositaire d’une compétence pédagogique. Les nouvelles technologies ne peuvent pas se substituer à tout. Un ordinateur ne sait pas ré-fléchir de manière critique. Il n’est pas capable de syn-thétiser les informations comme un être humain peut le faire. Sans contenu pédagogique pertinent, et sans contenu tout court d’ailleurs, les MOOC ne sont qu’une enveloppe vide. Il faudra donc toujours des professeurs pour les créer. »

    En quoi les MOOC se différencient-ils d’un simple cours sur internet ?Julien Jacqmin : « Les MOOC ne se limitent pas à de simples vidéos postées sur internet. Ils mettent à profit les nouvelles technologies pour offrir d’autres méthodes d’apprentissage. Par l’interactivité, des quiz, des jeux interactifs ou des forums par exemple, mais aussi en permettant d’avancer à son propre rythme. L’étudiant pourra ainsi choisir de visionner d’abord toutes les vi-déos ou de plutôt s’attarder sur un point spécifique… Ils incitent l’étudiant à jouer un rôle proactif en le plaçant au centre d’un apprentissage qui s’adapte aux besoins de chacun beaucoup plus facilement. »

    Comment les MOOC peuvent-ils faire évoluer notre façon d’enseigner et d’apprendre ?Julien Jacqmin : « Jusqu’à présent, les théories péda-gogiques ont été peu étudiées de manière scientifique. Elles se basaient pour une grande partie sur des a priori idéologiques et sur un champ expérimental somme toute

    limité. En donnant accès à des informations dont nous ne disposions pas auparavant, les MOOC permettent de répondre à des questions jusqu’ici insolubles. Faut-il pri-vilégier la pratique avant la théorie ou bien le contraire ? Tel ou tel type de validation des connaissances est-il efficace ? Grâce aux données recueillies de cette ma-nière, nous pourrons analyser les actions des étudiants et leurs réactions aux différentes approches. Et nous pourrons également mesurer ces résultats sur le long terme. Par exemple en comparant leur trajet avec leur accès à l’emploi dans les années suivant leur formation. »

    Quel avenir pour les MOOC ?Julien Jacqmin : « Les MOOC vont certainement se développer comme une nouvelle ressource pédago-gique. Des ‘livres interactifs’ dans lequel les étudiants viendront piocher, mais aussi découvrir. Cette filière me convient-elle ou me plaît-elle ? En suivant ce type de cursus en ligne, l’étudiant peut faire l’expérience d’une matière, s’initier, et éventuellement changer d’avis. C’est un véritable changement de paradigme dans notre ap-proche de l’apprentissage et une ouverture indéniable. Les MOOC auront un impact sur l’université, mais pas celui que l’on attendait au départ. Ils ne se substitueront pas à celle-ci, ils la compléteront tout en permettant de faire évoluer sa pédagogie. Ils favoriseront aussi l’inter-disciplinarité, aujourd’hui peu valorisée dans l’enseigne-ment ou la recherche. Des progrès sans doute moins in-téressants du point de vue des médias, mais qui n’en restent pas moins essentiels. »

    Lorsqu’ils ont fait leur apparition en 2011, les premiers MOOC (Massive Open Online Course), ces cours en ligne de nouvelle génération, ont immédiatement provoqué des réactions de panique. Signifiaient-ils la fin de l’université telle que nous la connaissons ? Notre système éducatif, pourtant si discuté et si discutable, allait-il s’effondrer ? Le point sur ces questions avec Julien Jacqmin, chargé de cours en économie à HEC-Liège-Université de Liège.

    Qu’est-ce qu’un MOOC ?

    L’acronyme MOOC signifie en anglais Massive Open Online Course. En clair, il s’agit d’un cursus universitaire en ligne, ouvert à tous, gratuitement et sans prérequis. Le premier MOOC a été mis en place par l’Université de Stanford aux Etats-Unis, en 2011.

    Certains MOOC sont aujourd’hui suivis par plusieurs millions d’étudiants, dans toutes sortes de disciplines. Les trois plus importants sont :

    • Coursera (plus de 600 cours et 21 millions d’inscrits)

    • edX (2,4 millions d’inscrits, c’est la plateforme à laquelle participe notamment l’UCL)

    • Udacity (1,6 million d’inscrits)

    31magazine Nagelmackers – année 1, numéro 330

    la puissance du savoir

  • Cinq spécialistes de Nagelmackers se sont mis autour de la table, dans le décor unique

    de l’Atomium, le symbole par excellence de l’Expo 58 qui illustre l’ambition belge

    de développer une économie de la connaissance.

    Nous optons pour une approche holistique : tout tourne au-tour du client. Nous l’écoutons activement, listons ses be-soins et partageons nos connaissances avec lui pour qu’il puisse prendre ses décisions de façon autonome et même réaliser ses rêves.

    Commençons par le commencement. Un client arrive avec une question concrète.Kathleen Massonnet, directrice d’agence (Bruxelles, avenue Louise) : « Lors du premier entretien, nous lais-sons les clients nous parler de leur projet. Et progressive-ment, nous les encourageons à réfléchir à tous leurs objec-tifs. Cela va donc bien au-delà de leur question initiale. Au final, ils ont une idée précise de ce qu’ils veulent et d’où ils en sont. Nous pouvons alors élaborer une solution globale leur offrant une véritable valeur ajoutée. Bien sûr, cela né-cessite plus d’un entretien. Le Guide Financier (voir encadré page 35) nous aide énormément à avoir un aperçu clair et précis de la situation. »

    PERSONNEL,CLAIR ET

    SUR MESURE

    Aujourd’hui, ce ne sont plus les produits

    financiers qui permettent de faire la

    différence dans le monde bancaire,

    mais plutôt la manière dont on aborde

    ses clients et dont on les perçoit. Une

    approche personnelle, une communication

    claire, des solutions simples et sur mesure,

    voilà à quoi s’engage Nagelmackers.

    33magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

    la puissance du savoir

    32

  • Quand faites-vous intervenir les experts de la banque ?Michele Cordaro, regiomanager : « Tout dépend de la situation. Si le client dispose d’un patrimoine mobi-lier important, nous faisons interve-nir un private banker ou un wealth manager. Nous réglons les questions relatives à la transmission de patri-moine avec un estate planner et les demandes complexes de crédits sont confiées à un credit advisor. »Françoise Lesenne, analyste cré-dits : « Lorsqu’une agence me pose une question, je commence par faire une analyse. Le dossier cadre-t-il dans l’approche de la banque ? Offrons-nous le type de solution re-cherchée par le client ? Je rencontre ensuite le client pour en discuter. Cette proximité et le fait de prendre le temps de se rencontrer sont très appréciés par le client. Cela lui donne confiance. Dans de nombreuses banques, les dossiers crédits sont dis-cutés en coulisse. Je ne cherche pas de solutions depuis ma tour d’ivoire, je viens vraiment sur le terrain. Cette interaction engendre des so-lutions étonnantes qui dépassent les attentes du client. J’examine aussi la situation dans son ensemble. Si un client veut acheter un bien immo-bilier parce que l’épargne rapporte

    peu pour l’instant, j’explique toutes les options possibles et nous choisis-sons ensemble celle qui lui convient le mieux. J’évoque aussi les consé-quences fiscales, car on les oublie souvent. Et à ce moment, je fais in-tervenir notre spécialiste en fiscalité de l’Estate Planning. »Sandrine Geirnaert, estate plan-ner : « Nous pouvons alors définir une structure de financement sur mesure intégrant la fiscalité des crédits hypothécaires. Cette ma-tière, en partie régionalisée, s’est relativement complexifiée depuis 2015 et nous y accordons une at-tention particulière. Toujours en tenant compte de la situation glo-bale de notre client : s’il s’agit d’un dirigeant d’entreprise, nous envisa-geons par exemple de faire partici-per sa société au remboursement du crédit par le biais de dividendes et/ou d’avances sur son engagement individuel de pension. A l’instar de nos collègues, nous tenons compte de tous les aspects en vue d’une op-timisation fiscale. »Michele Cordaro : « En résumé, nous nous réunissons pour faire le point et proposons ensuite la com-binaison de solutions idéales en ma-tière de crédits, d’investissements et de fiscalité. »

    Qu’est-ce que le Guide Financier ?

    Quel est votre objectif ? Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quel chemin suivre ? Le Guide Financier est un outil qui vous aide, vous et votre conseiller, à avoir une vue globale. Il permet d’élaborer un plan de patrimoine personnalisé pour réaliser vos objectifs. Vous n’avez pas encore de plan personnalisé ? Votre conseiller se fera un plaisir de vous aider.

    Cette approche diffère-t-elle pour les patrimoines plus conséquents ?Lionel Henrion, wealth manager : « Non, là aussi, nous optons pour une approche personnelle globale. Par contre, nous faisons parfois in-tervenir des experts externes. Des experts dans le domaine de l’im-mobilier ou de l’art par exemple, des spécialistes qui évaluent une entreprise familiale, des experts dans des domaines de luxe bien précis comme les bijoux ou les voi-tures... Sur la base de ces informa-tions, nous optons pour une gestion de patrimoine dotée d’une stratégie sur mesure. »

    La gamme d’instruments financiers n’est pas très large chez Nagelmackers. Est-ce un choix délibéré ? Lionel Henrion : « Nous ne propo-sons en effet ni une grande gamme ni des solutions très complexes, car les phénomènes de mode ne cadrent pas avec notre approche. Nous pré-férons la sécurité, la simplicité et la qualité. Nous nous fixons des limites et évitons de prendre des risques inconsidérés. Dans ce cadre, nous pouvons néanmoins élaborer des solutions tout à fait personnali-sées pour nos clients. Ce n’est cer-tainement pas un point faible, au contraire. A terme, cela est très souvent même plus rentable. Les produits à la mode, avec un rende-ment élevé à court terme, sont sou-vent compliqués et le client ne les comprend pas toujours. Par ailleurs, ce type d’instruments financiers re-quiert parfois de multiples achats/ventes, ce qui engendre des frais élevés et pèse considérablement sur le rendement. La connaissance et l’expertise ne sont rien sans une certaine éthique. Et sur ce point, nous faisons clairement le choix de solutions claires, compréhensibles et offrant un bon rendement à long terme pour l’investisseur, et non pour l’émetteur ou le distributeur des produits. C’est la raison pour la-quelle nous accordons autant d’at-

    tention à la constitution d’un porte-feuille. Cela ne donne peut-être pas rapidement de rendements élevés mais une croissance positive contrô-lée à long terme. Et c’est là que se situe notre force. »

    Une communication claire et transparente est-elle le point faible des banques ? Françoise Lesenne : « Cela s’est grandement amélioré. Pour nous, il est primordial de donner des ex-plications transparentes dans un langage que le client comprend vraiment. »Sandrine Geirnaert : « La fiscalité, par exemple, n’est pas une matière facile. Mais si le client comprend parfaitement les solutions que je lui explique et leurs conséquences, il apprécie énormément. » Michele Cordaro : « Même en pé-riode de crise, s’il n’y a pas spé-cialement de bonnes nouvelles à annoncer, nous continuons à com-muniquer ouvertement. Nous res-tons transparents et nous disons les choses telles qu’elles sont. »Kathleen Massonnet : « Le Guide Finan cier nous aide. Grâce à cet outil, les objectifs, les possibilités et les solutions sont présentés de ma-nière très visuelle. Le client com-

    prend mieux sa situation. La commu-nication en est dès lors facilitée. Si nous sommes tous sur la même lon-gueur d’onde, le client a davantage confiance et on arrive à bien plus. » Il est donc très important de rencontrer régulièrement votre client ?Kathleen Massonnet : « L’un de nos engagements est en effet de rencontrer régulièrement notre client et de le contacter proactive-ment. C’est le conseiller du client qui le fait. L’agence est et reste à tout moment le premier point de contact du client. C’est là que tout est coor-donné, il s’agit vraiment de la plaque tournante. Et nos clients apprécient énormément cette continuité. »Sandrine Geirnaert : « Nous sui-vons l’histoire du client, de A à Z. Et si nécessaire, nous adaptons

    nos solutions. Nous développons ainsi une véritable relation de confiance sur le long terme avec nos clients. Cela vaut aussi bien pour le conseiller que pour les experts. Nous nous concertons et travaillons en équipe. »Michele Cordaro : « Pour nouer ce genre de relation, il est primor-dial de bien connaître notre client. Nous essayons de nous mettre à sa place, pour l’aider à réfléchir à ses objectifs et aux solutions pour les atteindre. Chez Nagelmackers, nous ne sommes pas liés à un cadre strict et notre système de fonc-tionnement permet une meilleure synergie entre les personnes. Nous collaborons donc de façon natu-relle, quasi sans barrières et dans la même direction. Tous ensemble, nous poursuivons le même objectif : la satisfaction de notre client. »

    Kathleen Massonnet

    Sandrine Geirnaert Lionel Henrion

    Françoise Lesenne Michele Cordaro

    3534 magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

    la puissance du savoir

  • KOTK

    LA MÉTAPHORE DE LA CONNAISSANCE

    Caroline PauwelsA étudié la philosophie (UFSIA) et les sciences de la communication (VUB) et est actuellement présidente du département des sciences de la communication à la VUB. En 1995, elle a soutenu une thèse de doctorat sur l’étude de la politique audiovisuelle de l’Union européenne. Depuis 2000, elle est aussi directrice du centre de recherche SMIT spécialisé dans la recherche en technologies de l’information et de la communication. Fin avril, elle a été nommée nouvelle rectrice de la VUB. Son mandat de quatre ans débutera au début de la prochaine année académique.

    ais ce nouveau paradigme de la con-naissance suscite aussi de grandes questions sociétales et éthiques. Nous sommes à un tournant et nous nous rendons compte que ce qui existait avant ne suffit plus. Il faut lancer des

    débats difficiles, remettre en cause des sujets inébranla-bles, faire tomber des murs et cela, dans un seul et unique but : avoir une société de la connaissance conviviale et accessible à tous.

    L’économie de la connaissance ne va pas seulement dépasser les frontières de ce qui s’était jusque là avéré irréfutable, mais elle va aussi nous obliger à apprendre à composer avec des frontières qui deviennent plus floues, et ce, dans de nombreux domaines. Apprendre, de ma-nière formelle et informelle, l’interactivité et le ‘serious gaming’ feront partie du paradigme éducatif. De nou-veaux services comme Uber, Airbnb ou d’autres start-up disruptives mettent nos anciens modèles sociétaux, éco-nomiques et juridiques sous pression. Les compétences changent elles aussi : le menuisier de l’avenir devra aussi bien savoir se servir de la technique 3D que le cardiologue devra pouvoir effectuer des opérations robotisées. Les étudiants d’établissements très prestigieux tels que Yale et Harvard partagent leurs connaissances en la matière par le biais de cours en ligne. En même temps, les étu- diants devront partager leur exclusivité sur la recherche scientifique avec des citoyens-scientifiques qui, à l’instar de Galaxy Zoo, vont eux-mêmes classifier l’univers. D’ailleurs comment sera brevetée une recherche menée par environ 20 000 citoyens ? Il faut faire tomber les

    murs entre les sciences exactes et les sciences sociales. Car pour formuler des réponses à ces grands défis socié-taux, nous ne pourrons plus continuer à innover conforta-blement dans notre domaine. Nous devrons nous écouter et vouloir nous comprendre, sinon, nous ne parviendrons jamais à faire tomber ces murs et le potentiel de la société de la connaissance ne sera jamais atteint.

    Il ne faut pas sous-estimer l’impact de l’économie de la connaissance sur la vie des hommes. Car tout ce qui est technologiquement possible n’est pas pour autant socia-lement souhaitable, économiquement durable ou juridi-quement légitime. Cela nous force à réfléchir à la manière dont nous redéfinissons ces anciens modèles sans perdre pour autant nos valeurs humanistes. Il est important que l’économie de la connaissance soit favorable aux citoyens. Tout comme il est important que les citoyens ne soient pas opposés aux avantages résultant de ce changement de paradigme, voire privés de ceux-ci.

    Le Professeur Idriss Aberkane exprime l’idée sympathi-que que dans une société qui est portée par la connais-sance, tout le monde naît riche (pages 20 et 21). Les seules choses dont on a besoin pour acquérir la connaissance, c’est du temps et de l’attention, un faible tribut pour la richesse qui en découle. Pourtant, nous savons tous que les personnes qui voient le jour dans un bidonville en Inde sont fort peu concernées par cette économie des données. Si la connaissance est réellement la métaphore de la ri-chesse, nous devons utiliser ce virage dans l’histoire pour rendre cette richesse accessible à tous. Et à cet égard, l’enseignement reste le facteur le plus critique.

    Le terme ‘économie de la connaissance’ est né de la métaphore de

    la société de l’information, société dans laquelle l’information est la

    matière première qui dominerait le monde. Il est rapidement apparu

    que sans la connaissance, l’information n’avait pas de valeur. A la fin

    du siècle dernier, il est devenu de plus en plus évident que les données

    étaient la clé des défis sociétaux de l’avenir. La seule chose que nous

    avions à faire était de craquer le code. Les technologies numériques,

    l’Internet of Things, nous ont en effet projetés dans une société guidée

    par les données. Et il est un fait que bon nombre de ces technologies et

    applications orientées données rendront ce monde meilleur. Le product

    management axé données signifiera notamment moins de pollution

    et les algorithmes nous permettront de développer des soins de santé

    personnalisés.

    36 37magazine Nagelmackers – année 1, numéro 3

    la puissance du savoir

  • Grâce à LimeDS, les entreprises peuvent facilement combiner des données provenant de diverses sources et élaborer rapidement de nouvelles applications intéressantes. Le système intelligent tient compte des besoins, des préférences et de la situation individuelle de l’utilisateur.

    Ainsi, LimeDS a récemment été utilisé pour dévelop-per une application pour les voyageurs en train. Le système rassemble en permanence des informations actualisées provenant de différentes sources de don-nées et de divers canaux (tels qu’une application mo-bile, mais aussi via des informations sur des écrans publics) et le voyageur reçoit des informations sur mesure. Sur la base des informations de transport en temps réel, des points d’intérêt et des informations météorologiques, les données sont intégrées à l’aide de LimeDS et converties en informations utiles.

    L’application et magasin en ligne Gustaf, ainsi nom-mée d’après le célèbre compositeur Gustav Mahler, est l’iTunes des partitions de musique numériques. Grâce à cette application, l’entreprise neoScores est devenue l’une des start-up les plus prometteuses au monde en 2014. L’application a été conçue pour et par des mu-siciens et permet d’acheter, de faire et d’arranger de la musique interactive et numérique. L’application couvre 60% du marché des partitions musicales, soit quelque 200 000 partitions.

    L’avenir est aux voitures intelligentes et l’entreprise Be-Mobile est un acteur mondial dans le domaine des technologies smart dans l’industrie de l’automobile. Par le biais de capteurs sur les routes et d’opérateurs de circulation, Be-Mobile génère 24 heures sur 24 des données de millions de véhicules. Cette ‘plateforme big data’ essaie d’optimaliser les flux de circulation et le système communique ces informations par le biais des signalisations routières ou même de manière per-sonnalisée, sur le tableau de bord de l’automobiliste.

    Chef : Lisa CalcusPlat : suprêmes de pigeonneau rôtis, mousseline de légumes, gaufre de pomme de terre aux épices douces, pickles de légumes, jus corséRestaurant : Les Gribaumonts, Monswww.lesgribaumonts.be

    Ces applications qui changent notre mondeL’économie de la connaissance est en plein essor en

    Belgique. Chaque année, des milliers de chercheurs se

    penchent sur notre avenir numérique et des centaines

    de start-up tentent de conquérir le monde à l’aide de

    nouvelles technologies. Pourtant, toutes les bonnes

    idées ne débouchent pas de facto sur un produit ou

    une application. Aujourd’hui, il est encore difficile de

    s’imaginer quel sera l’impact du ‘smart world’ sur notre

    vie. Ci-dessous, quelques exemples dont vous entendrez

    certainement encore parler.

    © JRE – Belgique

    39magazine Nagelmackers – année 1, numéro 338

    en savoir plus Jeunes Restaurateurs

  • ESG, SRI, UNPRI : tous ces acronymes renvoient aux ‘in-vestissements durables’. ESG signifie Environmental, Social & (Corporate) Governance. SRI a deux sens : Socially Responsible Investing, mais aussi Sustainable, Responsible and Impact Investing. UNPRI est une initiative des Nations Unies et désigne United Nations Principles for Responsible Investment. Les ins-titutions financières y adhèrent volontairement, s’engageant à respecter six principes ESG et à tendre vers des objectifs (sustai-nable goals). Ces principes fêtent cette année leur dixième anni-

    versaire et l’histoire se perpétue. Le nombre d’institutions participantes et le patrimoine associé ne cessent d’augmenter.

    EngagementTous les adhérents à l’UNPRI n�