La prévalence des dysfonctions ostéopathiques de ... · Les hommes ne représentent que 5% des...
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en partenariat avec le
Federal European Register of Osteopaths
PROMOTION 2016
présenté et soutenu publiquement à Paris, octobre 2016
par
Sibylle FONDACCI
pour l’obtention du
Diplôme en Ostéopathie (D. O.)
La prévalence des dysfonctions ostéopathiques de
tonicité digestive chez les patientes souffrant
d’anorexie restrictive
Directeur de mémoire Alexandre ARCAMONE, Ostéopathe, D.O.
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Je tiens à remercier :
Ma mère, qui m’a accompagnée, guidée, écoutée et encouragée. Ce mémoire ne serait pas ce
qu’il est sans toi.
Alexandre ARCAMONE, pour son écoute, sa disponibilité et ses précieux conseils, qui m’ont
permis d’avancer dans la réalisation de ce travail.
Théophile, Elvire et Côme pour leur présence.
Nonna, pour son soutien sans faille.
Mélanie, mon binôme depuis cinq ans, sans qui ces années d’études auraient été plus
compliquées et surtout moins drôles.
Mes professeurs, Monsieur Phuong, Monsieur Bain et Monsieur Pariaud.
Mes patientes, qui m’ont accordées leur confiance en acceptant d’être les sujets des tests de mon mémoire.
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SOMMAIRE
INTRODUCTION .................................................................................................................... 5
1. GÉNÉRALITÉS SUR LES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE
(TCA) ET L’ANOREXIE MENTALE ................................................................................... 8
1.1 - TCA ................................................................................................................................ 8
1.1.1 - Définition .............................................................................................................. 8
1.1.2 - Les différentes formes d’anorexie ........................................................................ 9
1.1.3 - Les causes de l’anorexie mentale ....................................................................... 11
1.1.4 - Les conséquences possibles de l’anorexie mentale sur la santé ........................ 12
1.1.5 - L’anorexie en chiffres ......................................................................................... 14
1.1.6 - Le choix de l’anorexie mentale comme sujet ...................................................... 15
2. TESTS .................................................................................................................................. 16
2.1 - Matériel et méthode ..................................................................................................... 16
2.1.1 - Présentation ......................................................................................................... 16
2.1.2 - Objectifs ............................................................................................................... 16
2.1.3 - Échantillon ........................................................................................................... 17
2.2 – Description .................................................................................................................. 18
2.2.1 - Explication ........................................................................................................... 18
2.2.2 – Descriptif des tests et analyse des résultats possibles ......................................... 19
3. MISE EN PLACE DES TESTS ET ANALYSE DES RÉSULTATS ............................ 22
3.1 - Tableau récapitulatif des résultats .............................................................................. 22
3.2 - Analyse des résultats .................................................................................................... 23
DISCUSSION .......................................................................................................................... 27
CONCLUSION ....................................................................................................................... 29
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................... 31
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"Ce qui est une nourriture pour l'un est un poison pour l'autre."
Paracelse
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INTRODUCTION
Existe-t-il un point commun entre Sissi l’Impératrice d’Autriche, Antigone de Sophocle,
Catherine de Sienne la Sainte, et Simone Weil, figure engagée de notre époque ?
Aucun, excepté le fait que toutes se sont battues pour défendre une cause, en engageant leur
propre corps. "Leur militantisme allant jusqu’au sacrifice pour une cause, est comparable à celui
des anorexiques contemporaines." (G. Raimbault, C. Eliacheff, “Les indomptables, figures de
l’anorexie”, Poche, 2001).
L’anorexie mentale, différente de l’anorexie dépressive ou cancéreuse, est caractérisée,
selon l’INSERM 669 (juin 2014), par "un trouble du comportement alimentaire essentiellement
féminin qui entraîne une privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois, voire
plusieurs années."
L’anorexie mentale touche aujourd’hui en France 600 000 jeunes (d’après le site de
l'AFDAS-TCA : http://www.anorexieboulimie-afdas.fr). Ce trouble du comportement
alimentaire (TCA) engendre diverses conséquences, telles que l’aménorrhée, la déshydratation,
l’ostéoporose, la perte de cheveux, le déchaussement des dents, etc. Le taux de suicide des
anorexiques est à l’heure actuelle le plus élevé de l'ensemble des troubles psychiatriques, car, à
l'abstinence ou au déséquilibre alimentaires, se greffent des problèmes d'ordre psychologique
(d’après le site de l’INSERM :
http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-
neurologiepsychiatrie/dossiers-d-information/anorexie-mentale).
Il existe de nombreuses formes de prise en charge des patientes anorexiques, des modes
de traitement et d’accompagnement variés. Cependant, leurs résultats semblent fluctuer en
fonction des patientes et de leur problématique, ce qui rend difficile toute affirmation sur la
potentielle efficience d’une méthode en particulier (d’après le témoignage de patientes de
l’association La Note Bleue, prenant en charge les patientes victimes de TCA). La prise en
charge qui semblerait être la plus efficace est la triple approche nutritionnelle, comportementale
et psychanalytique.
L’ostéopathie est une thérapie manuelle, créée au XIXème siècle aux Etats-Unis par le
professeur Andrew Taylor Still. C’est en 2007 que cette discipline devient une profession
reconnue en France, grâce à l’application de la loi de 2002.
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L'ostéopathie est, par conséquent, une profession récente, qui rencontre encore des difficultés à
s’imposer au sein des milieux médicaux et hospitaliers.
L’ostéopathie est une thérapie manuelle qui s’emploie à traiter toute perte de mobilité
des articulations, muscles, viscères, ligaments, fascia, etc. Sa pratique exige une connaissance
approfondie de l’anatomie, une conscience de l’homéostasie du corps, ainsi qu'une approche
du patient dans sa globalité.
L'ostéopathie s’avère utile autant pour les rachialgies, que pour les problèmes digestifs,
les céphalées, vertiges et migraines, la prise en charge des femmes enceintes, celle également
des nourrissons, etc.
A partir de notre bref descriptif ci-dessus, il nous a semblé judicieux de nous interroger
sur la place que pourrait occuper l’ostéopathie dans la prise en charge des patientes anorexiques.
Apparemment peu utilisée comme possible traitement de l’anorexie, elle pourrait, en effet,
s'avérer une approche thérapeutique intéressante, voire essentielle, dans le suivi des
anorexiques. Barbara Leblanc, dans son livre « Anorexie, 10 ans de chaos, récit de vie »,
souligne que c’est « en trouvant un praticien qui lui correspond qu’elle commence à sortir de
cette spirale infernale : un ostéopathe, qui la soigne en liant physique et psychologique. »
(d’après l’article du magazine Psychologies : « L’anorexie mentale, une quête insatiable de
contrôle » décembre 2010).
Rappelons que l’ostéopathie, qui est en perpétuelle évolution, est de plus en plus
reconnue aujourd’hui. Parallèlement, l'anorexie est elle aussi de plus en plus reconnue en tant
que maladie à part entière. Il nous paraît intéressant de souligner aussi ce développement de
l’une comme de l’autre, qui nous incite à penser que, peut-être, cette évolution parallèle
s’accompagnera d’une augmentation des prises en charge ostéopathiques de l’anorexie.
Convaincus de la place qui est à prendre par l'ostéopathie auprès des praticiens
pluridisciplinaires spécialisés dans l'anorexie, nous avons, par conséquent, choisi de traiter le
sujet de la prévalence des dysfonctions viscérales chez les patientes souffrant de cette maladie.
Il se trouve aussi que nous avons été confrontés à des cas concrets de personnes atteintes de
TCA, notamment d’anorexie mentale, au sein de notre patientèle, et même de notre entourage.
Nous avons rencontré les personnes anorexiques lors de nos consultations. Certaines
nous ont parlé ouvertement de leur maladie, avec franchise et aisance. D’autres sont restées
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silencieuses sur le sujet, niant tout problème physique ou psychologique directement lié à
l'alimentation.
Etant en 5ème année d’ostéopathie, nous avons appris les pratiques viscérales
mécaniques commencées au début de la 4ème année. L’ostéopathie viscérale a pour but
l’investigation des viscères, des organes et des fascias. Grâce à une routine de tests viscéraux,
il nous est aujourd'hui possible de faire un bilan des différentes dysfonctions viscérales de
l’ensemble du système digestif du patient.
Nous nous sommes interrogés sur la prévalence des dysfonctions viscérales chez les
patientes souffrant d’anorexie mentale : la privation régulière de nourriture finit-elle par créer
un schéma dysfonctionnel similaire chez ces patientes ? Existe-t-il un schéma dysfonctionnel
particulier, lié à l'anorexie?
Si un schéma dysfonctionnel existait, il constituerait alors un nouvel éclairage pour
l’osthéopathe, qui faciliterait beaucoup la prise en charge des anorexiques, ainsi que ses
échanges avec elles. Leurs résultats confirmeraient les hypothèses éventuelles du praticien
tirées de l’anamnèse.
L’ostéopathie s’avérerait alors une approche particulièrement adaptée aux troubles du
comportement alimentaire. Elle pourrait, par conséquent, être reconnue comme discipline
complémentaire, et même indispensable, à la prise en charge globale des personnes souffrant
d’anorexie.
Nous aborderons notre problématique en commençant par la définition des TCA, et plus
particulièrement de l’anorexie mentale, ses causes et ses conséquences.
Nous développerons ensuite la pratique : la présentation de la population de référence,
les objectifs, et le descriptif des tests. Nous avons choisi d’appliquer les tests viscéraux de
tonicité sur l’estomac, le duodénum, l’intestin grêle, le caecum, le colon ascendant, transverse,
descendant. Il s'agit pour nous d’investiguer la tonicité des viscères de manière simple et
efficace.
Les hommes ne représentent que 5% des malades. Les femmes étant les plus touchées
par les troubles du comportement alimentaire, il en résulte que les sujets sont constitués de
femmes uniquement. Dans notre mémoire, nous parlerons donc de patientes de sexe féminin.
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1. GÉNÉRALITÉS SUR LES TROUBLES DU COMPORTEMENT
ALIMENTAIRE (TCA) ET L’ANOREXIE MENTALE
1.1 - TCA
1.1.1 - Définition
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) se caractérisent par une perturbation
concernant l’alimentation d’un individu. S’alimenter est une fonction vitale, le reflet d’un
individu, de son mode de vie, sa culture, son milieu social, son histoire, etc., tant par la quantité
que par la qualité. Le comportement d’une personne face à l’alimentation peut être considéré
comme « anormal », lorsqu’il a des répercussions négatives sur la santé mentale et physique de
celui-ci.
Il existe différentes formes de TCA. Le manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux, le DSM-V parue en 2014 (AAP = association americaine de psychiatrie) les répertorie
de manière suivante, simplifiée :
l’anorexie mentale ;
la boulimie, qui correspond un l’ingestion abusive et répétée d’aliments, souvent
suivie de vomissements déclenchés par le sujet, ou d’autres comportements
compensatoires, tels que le sport ou la prise de laxatifs ;
l’hyperphagie, correspondant à la prise abusive d’aliments sans comportement
compensatoire ;
l’alimentation sélective, c’est-à-dire la difficulté, voire l’impossibilité, d’un individu
à manger de nouveaux aliments, ce qui contraint le sujet à ne manger qu’une gamme
très limitée d’aliments (il est à noter que ce trouble concerne surtout les enfants) ;
le pica, qui correspond à l’ingestion de substances non comestibles (ce trouble
concerne également les jeunes enfants) ;
le mérycisme, qui est le phénomène de « rumination », c’est-à-dire de régurgitations
et de remastication des aliments ;
d’autres TCA, spécifiés ou non.
(site de santé www.passeportsante.net)
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Les TCA peuvent apparaître à tout moment, mais ils concernent principalement
l’adolescent et le jeune adulte. Comme nous l’avons vu, 95% des sujets sont de sexe féminin.
En France, 600 000 personnes seraient touchées par les TCA. (article de P. Santi, «
Anorexie, une loi contre la maigreur », Le Monde du 3 juin 2015, suppl. science et médecine,
p.4)
Les TCA sont, semble-t-il, favorisés par différents facteurs internes ou externes,
conscients ou non, tels que des facteurs génétiques, biologiques, psychologiques et
émotionnels, ou encore des facteurs sociaux et familiaux. Les expériences personnelles peuvent
aussi avoir une influence sur le comportement alimentaire.
Les TCA ont de nombreuses conséquences, telles que des problèmes cardiaques,
digestifs, rénaux, hormonaux, des problèmes de peau et de dentition, la chute des cheveux, etc.
Certaines conséquences sont immédiates comme la fonte musculaire, la baisse de température
du corps, la déshydratation, l’apparition d’une constipation chronique, ou encore l’hypotension
artérielle et les troubles du rythme cardiaque.
D’autres conséquences apparaissent à plus long terme, comme, par exemple, le retard
de la puberté, les fausses couches, le risque d’ostéoporose, la dépression, l’anxiété, ou bien
l’isolement et la restriction d’échanges entre la malade et le milieu exterieur, dont elle finit
parfois par se couper totalement. 15% des personnes atteintes de TCA meurent.
1.1.2 - Les différentes formes d’anorexie
L’anorexie (du grec ancien anrexia, signifiant la perte de désir) est caractérisée par une
perte d’appétit. L’individu concerné ne ressent plus la sensation de faim, ou le besoin de
s’alimenter. Il est envahi par une sensation nauséeuse permanente, et peut rencontrer des
difficultés quant au passage du bol alimentaire dans l’œsophage, ce qui correspond donc à une
dysphagie (haute ou basse).
Il existe différentes formes d’anorexies, volontaires ou non.
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Le terme d’« anorexie mentale » est souvent utilisé de manière abusive pour qualifier
tout refus d’ingurgiter des aliments. Elle se caractérise par la lutte volontaire d’une personne
contre la faim. Le sujet émet une réelle volonté de privation, causée par une peur phobique de
prendre de grossir.
L’anorexie mentale peut être la conséquence de cancers, de maladies infectieuses ou
inflammatoires, de troubles psychologiques tels que la dépression ou l’anxiété. Elle peut aussi
faire partie des effets secondaires de la prise de médicaments, drogues, etc.
L’anorexie dit « médicale » ou perte d’appétit est l’un des trois symptômes de
l’altération de l’état général, les deux autres étant l’amaigrissement et l’asthénie.
Il existe deux types d'anorexie mentale :
- le type restrictif : la patiente refuse de s'alimenter
- le type anorexie-boulimie : la patiente alterne périodes de privation et périodes boulimiques, au
cours desquels elle a recours aux vomissements (site de l’HAS (haute autorité de santé) :
http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201303/reco2clics_-_anorexie_-
mentale.pdf ).
La privation de nourriture s’accompagne souvent d’une hyper-activité de la part des
anorexiques, qui s’organisent des journées souvent minutées et sans moment de pause, et une
pratique abusive et quotidienne de sport.
Il peut sembler peu évident de distinguer des patientes souffrant d’anorexie mentale et
des adolescentes respectant un régime strict. Apparemment, le comportement est le même, et
aucune différence concernant la façon de s’alimenter n’est visible entre les premiers et les
seconds. Toutefois, une observation plus grande permettra de constater que le fonctionnement
d’une anorexique relève d’un hypercontrôle permanent. Son obsession de la nourriture et des
repas n’a rien à voir avec les préoccupations, même omniprésentes, de l’adolescente qui suit
régulièrement un régime. Les proches des malades anorexiques mettent parfois beaucoup de
temps à réaliser que leur enfant est anorexique (site de l’association Autrement).
Nous distinguons deux formes d’anorexie mentale : la forme restrictive et la forme dite
« boulimique ».
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- L’anorexie mentale dite « restrictive » se caractérise par une perte de poids, liée à l’arrêt
quasi-total de prise d’aliments et la suppression de repas. Cette restriction s’accompagne d’une
hyper-activité. Les patientes remplissent leurs journées, afin qu’aucun temps de pause ne leur
soit accordé, et leur pratique sportive est toujours intensive et supérieure à la moyenne.
- La deuxième forme d’anorexie mentale dite « boulimique » concerne 30% à 40% des
cas. Elle se caractérise par des vomissements déclenchés par la patiente après les prises
d’aliments. La patiente éprouve des difficultés à arrêter de s’alimenter. Ensuite, elle compense
sa peur phobique de prendre du poids par toute méthode lui permettant d’éliminer les aliments
ingurgités : vomissements, jeûnes, prises de laxatifs, abus de pratique sportive, hyperactivité.
1.1.3 - Les causes de l’anorexie mentale
Les TCA ne dépendent pas que d’une seule cause déterminante. Les facteurs qui entrent
en jeu sont génétiques, psychologiques, sociaux, environnementaux, personnels et
socioculturels (INSERM 2014/06).
Comme l’indique le site de l’INSERM, bien qu’aucun gêne n’ait été directement mis en
évidence avec l’anorexie mentale, de nombreuses études ont permis d’associer des facteurs
génétiques et des troubles psychiatriques, la dépression, l’anxiété, etc. Ces derniers sont
directement liés à l’anorexie mentale. D’après le Docteur Alain Meunier, psychiatre spécialisé
dans les TCA, la moitié des anorexiques présentent une tendance dépressive et 40% souffrent
de troubles psychiatriques : troubles de la personnalité, anxiété, phobie, etc.
De plus, 20% des personnes souffrant de TCA ont - ou ont eu - des membres de leur
famille ou de leur entourage plus large souffrant également de TCA. Sans parler d’hérédité,
l’histoire familiale et son rapport avec l’anorexie favoriserait donc son apparition.
L’anorexie est, semble-t-il, directement liée à l’image du corps et à l’estime de soi. Elle
s’accompagne d’une faible confiance en soi, de perfectionnisme, de contrôle sur soi, de
tentative absolue de maîtrise sur les événements, et d’un refus absolu de grossir. L’anorexique
lutte de façon permanente contre la prise de poids, qui l’incite encore plus à ne pas s’alimenter.
Cet objectif est favorisé par les capacités d’adaptation de son corps aux restrictions qu’elle
s’impose : la sensation de faim disparaît petit à petit, ce qui rend la privation plus facile.
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Pour les personnes souffrant de TCA, la prise de contrôle sur le corps provoque une
sensation de satisfaction, qui les pousse à réitérer les privations et à repousser leurs limites
encore plus loin pour accentuer la sensation proche du bien-être. Leur façon de se comporter
n’est pas sans rappeler les attitudes addictives des toxicomanes, par exemple.
1.1.4 - Les conséquences possibles de l’anorexie mentale sur la santé
Les conséquences de l’anorexie mentales sont multiples. La plupart peuvent devenir
dangereuses pour la santé.
La dénutrition, les vomissements, le sport de manière intensive, etc., entraînent un
certain nombre de complications.
87% des personnes anorexiques sont concernées par une atteinte cardiovasculaire, que
ce soit des troubles du rythme cardiaque, une chute de la tension artérielle, ou autre. Un tiers
des décès seraient liés aux complications cardiaques (site du CNRS).
95% des cas de sexe féminin ont une aménorrhée constante au-delà de 3 mois. À un
stade extrême, l’infertilité devient même quasi-inévitable.
Les anorexiques présentent aussi des troubles rénaux, des anémies, thombopénies et
autres atteintes hématologiques, ainsi que des atteintes physiques, comme une perte de cheveux,
un déchaussement des dents, etc.
La fonte musculaire apparaît rapidement ces patientes, la perte de leur masse musculaire
étant proportionnelle à leur perte de poids (une perte de poids de 20% entraîne une perte de
20% de la masse musculaire).
Lorsque l’anorexie est chronique, le risque d’ostéoporose est important.
L’anorexie atteint toutes les sphères de la vie des malades : sociale, professionnelle,
affective, sexuelle, etc.
Les complications sont pour la plupart réversibles, excepté en cas d’anorexie chronique
(ostéoporose).
L’anorexie entraîne également de nombreuses complications digestives. « Les troubles
fonctionnels digestifs sont pratiquement constants au cours de l’anorexie mentale, et constituent
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une gêne majeure pour les patients et un frein à la réalimentation. » (ouvrage de P. Dechelotte,
« Conséquences digestives de l’anorexie mentale »).
Chaque organe intervenant dans la digestion est susceptible de connaître un
dysfonctionnement lié à la dénutrition ou aux crises de vomissements de l’anorexique. Ces
troubles digestifs représentent des motifs de consultation pour les patientes anorexiques, mais,
d’après Pierre Dechelotte, il est fréquent de passer à côté du diagnostic d’anorexie en raison de
la méconnaissance de l’anorexie mentale chez les médecins, les gastro-entérologues en
particulier.
Chez les patientes qui ne s’alimentent pas, le péristaltisme de l’œsophage devient moins
efficace, ce qui entraîne une mauvaise fermeture du cardia. Le cardia restant ouvert, il en résulte
inévitablement des RGO.
L’estomac se vidange plus lentement chez les patientes anorexiques. « (…) La demi-
vidange gastrique de ce repas était de 3 h 15 min (…) au lieu de 1 h 20 min chez des sujets
normaux ou les mêmes malades, après reprise de poids (site de l’association Autrement). Les
patientes qualifient leur digestion lente d’« inconfortable ».
Le péristaltisme de l’intestin grêle pouvant également être atteint, des douleurs
abdominales peuvent apparaitre.
Au niveau du colon, le transit est ralenti, à cause des faibles quantités alimentaires
ingurgitées, de la faible quantité de graisses dans les matières fécales, et, par conséquent, de la
faible production d’acides gras par le colon.
Le réflexe recto-anal inhibiteur étant ralenti, les difficultés à aller à la selle sont
majorées. Les patientes anorexiques reconnaissent, en effet, être sujettes à la constipation.
L’évacuation de la vésicule biliaire est également plus lente chez une patiente
anorexique, ce qui favorise les problèmes de digestion du bol alimentaire, en raison du rôle
primaire de la bile dans la digestion des lipides principalement.
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1.1.5 - L’anorexie en chiffres
- L’anorexie touche chaque année en France environ 70 000 jeunes femmes
- L’anorexie se développe les plus souvent chez des sujets âgés de 14 à 17ans
- 95% des anorexiques sont des femmes
- 90% d’entre elles ayant entre 15 et 25 ans
- leur masse corporelle est inférieure à 17,5 kg/(m)2 (poids par rapport à la taille)
- 1/3 d’entre elles vomissent après la prise d’aliments
- 20% à 50% des sujets souffrant d’anorexie mentale ont des crises de boulimie
- 1/5 pratique des vomissements « volontaires »
- 27% des sujets souffrant de boulimie nerveuse ont des antécédents d’anorexie mentale
- plus de 20% des sujets auraient des facteurs génétiques favorisant l’apparition de la maladie au
cours de l’adolescence
- 95% des sujets présentent une aménorrhée au-delà de 3 mois d’anorexie
- 50% à 60% ont une tendance dépressive
- 40% souffrent de troubles psychiatriques : troubles de la personnalité, phobies, anxiété, etc.
- 20% des malades ont un reflux gastro-œsophagien
- 70% ont un ralentissement de la vidange gastrique
- 75% ont une constipation marquée
- En moyenne, la phase anorexique dure entre un 1an et demi et 3 ans (au-delà, on parlera
d’anorexie mentale chronique)
- 21% souffrent de troubles chroniques
- 47% des patientes souffrant d’anorexie mentale guérissent
- 21% présentent des troubles chroniques des conduites alimentaires
- 5% des patientes décèdent d’anorexie mentale
- 27% des décès sont des suicides (l’anorexie est le trouble psychiatrique dont le taux de suicide
est le plus important)
- L’anorexie représente aujourd’hui la 3ème cause de maladie chronique des adolescentes (après
l’obésité et l’asthme)
(Informations du site de l’INPES, des mémoires étudiés (cf. Bibliographie), et du docteur
Meunier, spécialisé dans les TCA et fondateur de l’association La Note Bleue)
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1.1.6 - Le choix de l’anorexie mentale comme sujet
Notre choix s’est porté sur l’anorexie mentale pour plusieurs raisons. D’abord, en tant
qu’ostéopathes, nous serons inévitablement confrontés, un jour, à des patientes souffrant
d’anorexie mentale. Comme nous l’avons vu, il est parfois extrêmement complexe de les
distinguer des autres patientes qui ont un poids en dessous de la moyenne ou qui traversent une
période dépressive (ou une autre pathologie aboutissant à un amaigrissement rapide).
Etant en clinique depuis la troisième année, nous avons d’ailleurs déjà eu l’occasion
d’en prendre en charge. La plupart d’entres elles n’évoquent pas leur maladie et justifient leur
état de santé par une phase momentanée de dépression.
Il nous semble important que les ostéopathes soient capables de discerner l’anorexie
mentale des autres maladies pouvant provoquer un amaigrissement, et d’en comprendre le
fonctionnement. Cette connaissance peut s’avérer compliquée, en raison de l’hyper-contrôle
des anorexiques et de leur proprension à se cacher derrière le mensonge ou le déni, tant au sein
de leur entourage que dans un cabinet de consultation. La plupart des patientes anorexiques que
nous avons rencontrées ont commencé par nous assurer que « tout va bien », que leur
alimentation est « normale », qu’elles ne ressentent ni ballonnements ni autres conséquences
digestives, etc.
Le taux de suicide des jeunes femmes anorexiques de moins de 30 ans, particulièrement
élevé, accentue la responsabilité de tout praticien choisi par elles, à un moment donné de leur
existence. Dans l’accompagnement des anorexiques jusqu’à leur souhaitable guérison,
l’approche palpatoire des ostéopathes paraît complémentaire à toute approche d’ordre
psychologique et médicale, car elle représente un éclairage qui permet une prise en charge
globale de la personne.
Enfin, notre choix s’est porté sur l’anorexie mentale pour des raisons personnelles, étant
au contact de personnes souffrant - ou ayant souffert - d’anorexie, tant dans la famille que parmi
les amies.
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2. TESTS
2.1 - Matériel et méthode
2.1.1 - Présentation
Nous avons choisi de nous demander quelle place peut occuper l’ostéopathie dans la
prise en charge pluridisciplinaire des patientes anorexiques.
Le champ d’action de l’ostéopathe est large. Il comprend notamment le traitement des
dysfonctions viscérales aigues ou chroniques.
Or, les patientes anorexiques souffrent de nombreux dysfonctionnements de l’appareil
digestif. C’est l’une des causes qui rend la ré-nutrition difficile, en raison des douleurs
abdominales consécutives à la prise alimentaire après une longue période de jeûne.
Le traitement de l’ostéopathe réunit différentes approches : par exemple, la notion de
relation au corps, la connaissance du corps, le toucher thérapeutique, etc.
Dans son livre cité plus haut, Barbara Leblanc explique que ce sont ses séances
régulières chez l’ostéopathe qui l’ont sauvée de son anorexie chronique. Les séances
successives lui ont permis d’apprendre progressivement à accepter son corps. Peu à peu, elle
dit s’être livrée à son praticien, grâce à la naissance d’une confiance mutuelle. L’auteure écrit :
« C’est notamment en trouvant un praticien qui me correspond que je commence à sortir de
cette spirale infernale : un ostéopathe, qui me soigne en liant physique et psychologique. Il est
prêt à s’engager, à m’écouter ».
2.1.2 - Objectifs
Il existe de nombreux tests viscéraux ostéopathiques (mécaniques ou fluidiques), qui
permettent d’investiguer de manière globale le système digestif.
La mise en place des tests viscéraux sur des patientes souffrant d’anorexie et, par
conséquent, de dénutrition, peut s’avérer intéressante, car ils pourraient révéler un ensemble de
dysfonctions similaires chez les patientes atteintes d’anorexie mentale restrictive. A contrario,
ces mêmes tests peuvent révéler des résultats différents pour chacune d’entre elles. Certes, la
plupart présentent un fonctionnement similaire qui se caractérise par le refus de s’alimenter,
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mais il se peut que chacune réagisse différemment, avec des conséquences les distinguant les
unes des autres.
L’objectif de notre étude est de comparer les résultats des tests viscéraux pratiqués sur
les patientes anorexiques, afin de constater – ou pas - l’existence éventuelle de similitudes entre
elles. La question posée est la suivante : le refus de s’alimenter engage-t-il – ou pas - des
dysfonctions particulières du système digestif ?
La révélation de similitudes à travers les résultats des tests s’avérerait particulièrement
intéressante pour la prise en charge des patientes anorexiques par les ostéopathes. En effet, elle
permettrait de confirmer, voire de compléter, les réponses des patientes obtenues au cours de
l’anamnèse. Parfois même, les similitudes, si elles sont constatées, apporteraient une réponse
se substituant au silence ou au déni des patientes à propos de leurs troubles du comportement
alimentaire. Rappelons que les anorexiques ne s’expriment pas toujours sur leur problème,
même lorsque celui-ci est visible physiquement.
Les possibles similitudes mises en évidence par les tests seraient un éclairage précieux
sur l’état de la patiente dont le professionnel ne pourrait que tenir compte pour sa prise en
charge.
Les troubles du système digestif liés aux TCA sont aujourd’hui connus. La découverte
de troubles viscéraux légitimerait en quelque sorte une prise en charge de l’ostéopathie et
assurerait sa véritable reconnaissance aussi bien pour les patients que pour les professionnels.
2.1.3 - Échantillon
L’échantillon est constitué de dix femmes âgées de dix-huit à cinquante-trois ans.
En cohérence avec notre sujet, les critères de sélection concernant les patientes sont les
suivants :
- de sexe féminin. Cette cible s’est définie d’elle-même, en l’absence de patients de sexe
masculin souffrant de TCA ;
- souffrant d’anorexie restrictive (définie dans la première partie de notre mémoire).
18
Notre choix très sélectif exclut les anorexiques « vomisseuses » et les boulimiques. Il se
justifie par notre volonté d’être le plus précis possible. Les autres formes de TCA engendrent
probablement des dysfonctions particulières et des pathologies différentes, qui auraient élargi,
et sans doute compliqué, notre étude.
Nous avons choisi également d’exclure les patientes qui ont pour habitude d’ingérer des
laxatifs après chaque repas.
Enfin, le dernier critère d’exclusion concerne les patientes de sexe féminin atteintes
d’anorexie restrictive, mais alitées et nourries par sonde. Nous avons tenté d’entrer en contact
avec des services hospitaliers (par exemple, la maison de Solenn et l’Institut Mutualiste
Montsouris), mais nous avons été confrontés à des résistances telles que nous avons abandonné
l’idée d’inclure également les patientes alitées.
2.2 – Description
2.2.1 - Explication
En cinquième année d’ostéopathie, nous avons pu étudier le viscéral mécanique depuis
plus d’un an. Ayant commencé à apprendre le viscéral fluidique depuis quelques mois
seulement, les tests mis en place pour répondre à notre problématique sont des tests viscéraux
mécaniques.
Au sein de l’Institut Dauphine d’Ostéopathie, les élèves pratiquent en clinique depuis
le début de la troisième année. Pour faciliter la prise en charge des patients et nous guider dans
notre consultation, le corps enseignant de l’école nous impose une ligne directrice de tests
biomécaniques, fluidiques et viscéraux à mettre en place juste après l’anamnèse.
Dans le cadre de notre étude, les tests choisis pour investiguer les dysfonctions
viscérales chez les patientes anorexiques correspondent à la « routine viscérale » apprise et mise
en place depuis deux ans au sein de la clinique de l’école.
La routine viscérale permet de tester le système digestif globalement et spécifiquement,
grâce à des tests mécaniques. Elle est donc complète. Cependant, nous avons choisi de nous
concentrer uniquement sur les tonicités du système digestif des patientes, car une analyse
exhaustive des résultats équivaudrait à un travail trop important dans le cadre de ce mémoire.
Les quelques ostéopathes pratiquant des techniques viscérales mécaniques à qui nous en avons
19
parlé ont tous confirmé que tester le système digestif dans sa globalité, en incluant divers tests
pour chaque, représenterait un travail trop important et, de surcroît, pas assez précis. À partir
de là, il nous a semblé primordial de nous demander quels tests correspondraient le mieux à
notre sujet. Au vu de l’analyse de notre travail sur la physiologie des viscères, la recherche
d’une hypertonicité nous a paru la plus adaptée.
De plus, les difficultés rencontrées pour instaurer un climat de confiance avec nos
patientes anorexiques ont limité notre travail et nous ont contraints à effectuer seuls la totalité
des tests. La limite de notre entreprise est, par conséquent, sa part importante de subjectivité
quant à la lecture des éventuels résultats après notre travail de recherche sur l’anorexie.
En conséquence, les tests se résument à l’investigation d’une hypertonicité de l’estomac, du
duodénum, de l’intestin grêle et du colon.
2.2.2 – Descriptif des tests et analyse des résultats possibles
Le descriptif des tests viscéraux utilisés est le suivant :
Pour chaque test, nous recherchons la présence possible d’une dysfonction d’hypertonie d’un
viscère. Chaque test débute par une palpation permettant un repérage du viscère à tester.
La position du patient est : en décubitus dorsal, jambes fléchies. Celle du praticien est : à gauche
ou à droite du patient (en fonction du viscère à traiter), en fente céphalique.
ESTOMAC
Test de percussion :
Main caudale : majeur bien à plat sur l’espace intercostal de la 2ème et de la 3ème côte. Main
céphalique : index, majeur et annulaire fléchis et rapprochés, permettant ainsi une bonne
puissance pour la percussion.
La main céphalique effectue une percussion sur le majeur de la main caudale, du 2ème espace
intercostale au 7ème espace intercostal.
But du test : situer l’estomac dans l’abdomen du patient et visualiser sa taille.
20
Test de tonicité :
Mains en direction céphalique, superposées sous la rampe chondrale gauche.
Une palpation globale de l’estomac est effectuée.
But du test : tester la tonicité de l’estomac, à la recherche d’une dysfonction qui signerait une
tonicité importante et dysfonctionnelle de l’estomac.
DUODÉNUM
Test de repérage du duodénum :
D1 : visualiser la ligne ombilico médio-claviculaire droite, et se placer à trois travers de doigts
en dehors et au-dessus de l’ombilic.
D2 : se placer à deux travers de doigts à droite de l’ombilic, puis deux travers de doigts au-
dessus (en projection de L1 à L4).
D3 : il passe en pont en avant de L4, il faut donc se situer en projection de L4, au centre de la
ligne inter-EIAS.
D4 / DJ : se situer à deux travers de doigts à gauche de l’ombilic, puis à deux travers de doigts
en dessous.
Test de tonicité du duodénum :
Placer ses mains superposées en direction céphalique d’abord sur D1.
Palper la tonicité globale du duodénum, de D1 à D4 (angle DJ).
INTESTIN GRÊLE
Test de repérage :
Repérer l’angle duodénojéjunal (voir test duodénum).
L’intestin grêle se situe dans les quatre cadrans de l’abdomen, et sa délimitation finale se situe
au niveau de la valvule iléo-caecale (que l’on repère dans la fosse iliaque droite, en repérant le
caecum).
Test de tonicité :
Les deux mains sont superposées à plat sur l’abdomen au niveau de l’intestin grêle.
Effectuer une palpation des quatre cadrans de l’abdomen.
21
La palpation se fera davantage du côté gauche de l’abdomen du fait de la situation de l’intestin
grêle dans l’abdomen.
COLON
Repérage :
Le repérage du colon se fait de manière globale, grâce à un repérage du caecum dans la fosse
iliaque droite, que l’on repère facilement, car c’est généralement l’élément anatomique le plus
tonique de la zone. Afin de ne pas le confondre avec un psoas hypertonique, il est important de
demander au patient une flexion contre-résistance de sa cuisse afin de sentir la contraction du
psoas sous nos doigts.
• Ascendant
Palpation du caecum et du colon ascendant :
Les deux mains crochètent le caecum d’abord, puis le colon ascendant, pouces en externe et
doigts en interne au colon.
Tester la tonicité et le volume, grâce à une palpation des deux mains, du caecum, puis du colon
ascendant.
• Colon transverse
Les deux mains sont à plat sur l’abdomen du patient, la pulpe des doigts au niveau du colon
transverse.
Effectuer une palpation globale du colon transverse, afin de ressentir la tonicité du colon.
• Colon descendant
Tester la tonicité du colon descendant, de manière identique à la palpation du colon ascendant.
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3. MISE EN PLACE DES TESTS ET ANALYSE DES RÉSULTATS
3.1 - Tableau récapitulatif des résultats
NB : le régime alimentaire des 10 patientes ne dépasse jamais 800 calories par jours.
23
3.2 - Analyse des résultats
D’après les résultats des tests effectués sur les dix patientes :
- 7 présentent une dysfonction d’hypertonicité de l’estomac
- 8 présentent une dysfonction d’hypertonicité du caecum
- 5 sur les 8 hypertonies du caecum sont accompagnées d’une hypertonie du
colon ascendant
- 4 présentent une hypertonicité du colon descendant, dont 2 sont
accompagnées d’une hypertonicité du colon transverse
- 2 patientes présentent une dysfonction des anses iléales
Les dysfonctions de tonicité que nous retrouvons majoritairement suite à nos tests
concernent l’estomac, le caecum et le colon descendant.
Afin d’expliquer au mieux les résultats des tests pratiqués, nous choisissons d’analyser
dans un premier temps les différentes causes de tonicité de l’estomac chez les anorexiques.
Nous décrivons ensuite les processus de fermentation et de putréfaction en liens avec le caecum,
le colon ascendant (pour la fermentation), et le colon descendant et légèrement transverse (pour
la putréfaction). Enfin, nous expliquons la composition des fibres et les conséquences d’une
alimentation trop riche en fibres, car cette caractéristique de l’alimentation concerne la majorité
des patientes anorexiques.
Hypertonie de l’estomac / ballonnements :
Les organes digestifs, tels que l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle et le colon, sont
appelés organes « creux ». Ils sont composés d’une double couche musculaire : la muqueuse
musculaire, qui permet un plissement de la muqueuse afin que la surface d’absorption augmente
24
; la musculeuse, qui contient une double couche : une circulaire, qui permet une contraction
circulaire, et une transversale, qui permet une propagation du bol alimentaire.
Il paraît important de parler également du complexe myoélectrique migrant (CMM) qui
concerne le tube digestif de la moitié de la portion verticale de l’estomac à la valvule iléo-
caecale. Le CMM permet le passage du bol alimentaire dans les différents organes du tube
digestif. Il « pousse » celui-ci et facilite la digestion en le brassant.
Les patientes qui souffrent de dénutrition ont une digestion plus lente et compliquée
qu’une personne ayant une alimentation saine, à cause de sa faiblesse musculaire générale, qui
concerne aussi la double couche musculaire des organes creux du système digestif, ainsi que
d’un CMM ralenti.
En conséquence, l’estomac des patientes anorexiques se vidange lentement et
difficilement. L’évacuation d’un repas de petite taille (300 kcal environ, qui correspondent au
Kcal d’un repas moyen pour une anorexique, c’est-à-dire la moitié moins, voire le tiers, d’un
repas dit « normal »), s’évacue deux fois plus lentement : une demi vidange de 3H15 chez une
patiente souffrant d’anorexie restrictive, contre 1H20 chez une autre patiente (H. Chabrol, «
L’anorexie et la boulimie de l’adolescente », Presses Universitaires de France, collection Que
sais-je, 1991).
Ce rythme très lent de la vidange gastrique explique l’inconfort postprandial que
peuvent ressentir les patientes anorexiques, ces dernières décrivant « une lourdeur, une
pesanteur et l’impression que leur repas reste longtemps dans l’estomac » (propos recueillis
chez les patientes testées).
Cela explique les ballonnements et les tonicités de l’estomac chez les sept patientes
testées qui présentent une hypertonicité de l’estomac.
Fermentation et putréfaction
Plus d’un tiers de la matière fécale est composée de corps microbiens. Le caecum
constitue l’endroit du corps où l’activité microbienne est la plus élevée. Elle diminue dans le
reste du colon. Les diverses fonctions du caecum et ses microorganismes permettent d’effectuer
la synthèse de vitamines, telles que la vitamine K, la vitamine B, la vitamine B12, l’acide
folique, etc. Le caecum est donc indispensable à l’organisme pour plusieurs raisons, dont celle
de résister plus longtemps à la plupart des régimes carencés.
25
Les corps microbiens du caecum sécrètent des enzymes qui dégradent l’amidon et les
matières protidiques. C’est ce qu’on appelle les processus de fermentation et de putréfaction.
La fermentation agit sur les glucides qui sont transformés en divers acides (butyrique,
acétique, etc.), certains étant absorbés et utiles pour l’organisme. Ce processus s’accompagne
d’un rejet de Co2, causant des ballonnements et la production de gaz. La putréfaction, quant à
elle, agit sur les protéines. Contrairement à la fermentation, elle permet la transformation des
protéines en produits basiques. En conséquence, ces deux processus sont antagonistes.
La fermentation est un processus protecteur. Elle permet le déclenchement du processus
de putréfaction qui intervient lorsque les fermentations acides deviennent inactives. Les
fermentations acides commencent dans l’iléon, soit la seconde partie de l’intestin grêle, et
terminent dans le caecum, où elles atteignent leur intensité maximale. Les sécrétions alcalines
de la muqueuse permettent de neutraliser et d’absorber la plupart des acides organiques qui se
sont formés, ces acides pouvant s’avérer utiles à l’organisme.
La fermentation a lieu dans la partie terminale de l’intestin grêle, le caecum et le colon
ascendant. La masse fécale en voie de formation qui atteint le colon transverse, a, par
conséquent, un PH quasi neutre, et toute trace de glucide pouvant être utile à la flore
intestinale est supprimée. Les corps microbiens de la fermentation laissent place à ceux de la
putréfaction, qui rendent la masse fécale alcaline.
Une alimentation déséquilibrée, composée essentiellement d’un excès de viande et de
sucre, associée à des repas trop rapides, et donc une mauvaise mastication, donnent des matières
intestinales trop riches en protéines animales mal digérées, ce à quoi résulte une putréfaction
prépondérante.
Les patientes anorexiques se nourrissant exclusivement de protéines (comme la patiente
n°9), ou celles qui ont une portion de protéines à chaque repas, sans que celleci soit
accompagnée de féculents ou de légumes, sont également sujettes à un processus de
putréfaction trop important.
La putréfaction ayant lieu dans la partie terminale du colon transverse et dans le colon
descendant, les personnes concernées par un surplus de protéines présentent une tonicité du
colon transverse et du colon descendant.
26
La fermentation étant un phénomène de digestion des glucides, les personnes qui ont
une alimentation trop riche en sucres, sur-sollicitent le caecum (où le processus de fermentation
est maximal) et le colon ascendant, et présentent une tonicité de ces deux éléments anatomiques.
Les patientes n°1, n°3, n°6 et n°7, en sont l’illustration.
La fermentation est un processus de protection qui permet de compenser certaines
carences. Les patientes souffrant d’anorexie sont donc les premières concernées par une sur-
sollicitation de ces fonctions du caecum.
Cela se vérifie pour les patientes n°4, n°5, n°8 et n°10 qui, même si elles ne suivent pas
un régime trop riche en fibres ou en protéines, ont une alimentation carencée.
Les fibres
Les fibres sont un autre type de glucides, des sucres simples non digestibles appelés
également polysaccharides. On distingue les fibres solubles et les fibres insolubles.
Une alimentation trop riche en fibres provoque des troubles digestifs, tels que des
flatulences, des diarrhées et des ballonnements.
Les fibres solubles, que l’on retrouve principalement dans les légumineuses, les
agrumes et le son d’avoine, permettent aux résidus alimentaires qui s’y « accrochent », au sein
de l’intestin grêle, d’être évacués de l’organisme. Elles sont ensuite facilement digérées, car
attaquées par les bactéries de l’organisme au niveau du colon. Elles sont dites solubles, car, en
présence de liquides, elles favorisent le glissement des résidus en devenant plus visqueuses.
Les fibres insolubles, qui composent la plupart des fruits et légumes (le chou
particulièrement), le son de blé, les céréales et donc le pain, sont généralement retrouvées dans
l’enveloppe des végétaux. Elles sont dites insolubles, car étant moins attaquées par les bactéries,
elles fermentent plus difficilement que les fibres solubles. Grâce à leur capacité à fixer l’eau,
elles gonflent et permettent d’augmenter le volume des selles et d’accélérer le transit intestinal.
Ceci explique également les ballonnements ressentis par les patientes souffrant d’anorexie
restrictives, leur régime étant souvent trop riche en fibres.
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Concernant les résultats des tests, les ballonnements se traduisent par une hypertonicité
des organes du système digestif. Ils concernent les patientes n°1, n°3, n°5, n°7, n°8 et n°10, qui
ont une alimentation qui contient quasi-exclusivement des fibres.
Les personnes souffrant d’anorexie restrictive favorisent une alimentation en quantités
réduites, pauvre en graisse et riche en fibres.
Au cours de l’anamnèse, lorsque nous abordons la digestion, les dix patientes testées
décrivent toutes les mêmes douleurs post prandiales, une gêne au sein de l’abdomen, des
ballonnements, des flatulences, et un inconfort global.
DISCUSSION
Grâce à notre mémoire, nous avons pu approfondir un sujet qui nous intéresse, les
troubles du comportement alimentaire.
Le sujet que nous avons choisi nous a obligés à nous documenter concrètement sur
l’anorexie, et d’appréhender toute la complexité de cette maladie.
De plus, nous avons vraiment pris conscience de l’importance fondamentale de la
relation de confiance avec les patients. C’est une composante de la prise en charge à ne surtout
pas négliger, car la suite du travail ostéopathique en dépend.
Cette prise de conscience a été favorisée par le choix même des patientes concernées.
Les anorexiques sont, en effet, des patientes qui se sont parfois avérées un peu fermées, voire
méfiantes, dans le refus ou le déni. Nous pouvons dire qu’en général, elles ne sont pas
facilement accessibles.
Nous avons maintenant envie de continuer dans cette voie et, en lien avec notre pratique
d’ostéopathe, d’en apprendre plus sur les problèmes liés à l’alimentation.
Notre étude a donné lieu à notre inscription à un diplôme universitaire (DU) de nutrition
pour la rentrée 2016. L’approfondissement de notre savoir nous permettra d’aller plus loin que
la problématique de notre mémoire.
28
La résistance, voire la méfiance, des patientes souffrant d’anorexie vis-à-vis de toute
prise en charge, a contribué également au fait que nous n’ayons pu confier la pratique des tests
à un ostéopathe ignorant tout de l’anorexie. Il nous semble, en effet, extrêmement important
que le praticien ne maîtrise pas ce sujet particulier, afin qu’il pose un regard très objectif, et
purement ostéopathique, sur le (ou les) problèmes et/ou dysfonctions constatés.
De plus, nous avons nous-mêmes pratiqué les tests sur les patientes, en raison d’un
certain manque de temps et d’organisation dû, en partie, à nos patientes : en effet, toutes avaient
un emploi du temps particulièrement chargé (ce qui correspond sans doute à une hyperactivité
liée à la maladie), et aux conditions qu’elles nous ont d’emblée imposées (venir seuls, chez
elles de préférence, etc.). Il s’est donc avéré difficile de synchroniser leurs exigences à celles,
fort compréhensibles, de praticiens en activité.
Il en résulte que les dysfonctions mises en évidence lors des tests sont le résultat de
notre unique palpation, qui ne peut qu’être limitée aussi par notre trop petite expérience.
Nous avons également conscience que le nombre restreint des patientes testées limite
les résultats obtenus, qui demanderaient à être confirmés par une étude plus exhaustive. Mais
nous considérons que c’est un début et, finalement, notre curiosité professionnelle n’en a été
que plus attisée. Nous pouvons dire également que nous avons pris beaucoup de plaisir à
travailler sur ce mémoire et à l’écrire.
Si nous devions recommencer notre mémoire, nous prendrions davantage en compte les
notions de gestion du temps et d’organisation, liées au choix de la problématique des patientes
autant qu’à nous-mêmes. Ainsi, nous aurions pu améliorer la structure de notre travail, en
préciser certains points supplémentaires, et instaurer une véritable relation de confiance sur la
durée avec les patientes, nous permettant d’introduire un – ou plusieurs – praticiens maîtrisant
le sujet de l’anorexie pour les tests pratiqués
De plus, davantage de temps nous aurait permis de chercher plus de patientes,
notamment dans d’autres structures spécialisées (publiques et privées) dans la prise en charge
des anorexiques.
Malgré toutes les limites énumérées, notre mémoire s’est avéré une expérience
formidable et enrichissante, qui nous a permis de renforcer notre confiance personnelle et, sur
le terrain, d’acquérir une confiance professionnelle nécessaire à notre activité.
29
CONCLUSION
Dans le cadre de notre étude des prévalences des dysfonctions ostéopathiques viscérales
de tonicité chez les patientes souffrant d’anorexie mentale restrictive, certains points peuvent
être soulignés :
L’analyse des résultats des tests viscéraux semble révéler des similitudes entre les patientes
prises en charge. Mais cette piste mériterait d’être confirmée.
La majorité des similitudes à confirmer semblent plus spécifiquement présenter des
dysfonctions de l’estomac et/ou du caecum.
Il semble toutefois que les dysfonctions de tonicité notées, si elles sont confirmées, varient en
fonction des habitudes alimentaires des patientes. Mais là encore, il s’agit d’une piste à creuser.
L’hypothèse selon laquelle il existerait des prévalences dysfonctionnelles de tonicité
digestives chez les anorexiques restrictives, si elle est maintenue malgré les limites de notre
étude et notre unique palpation, serait à rapprocher du régime alimentaire des anorexiques. Mais
cette association ne serait judicieuse qu’après confirmation de notre hypothèse bien sûr.
Au vu des résultats obtenus, il est seulement possible de parler de suppositions, et, par
esprit logique plus que scientifique, d’avancer que l’anorexie restrictive crée probablement les
mêmes dysfonctions des viscères que tout régime alimentaire déséquilibré, irrégulier ou
carencé.
Les dysfonctions constatées semblent être directement liées à la physiologie des viscères
: la fermentation, la putréfaction, le temps de digestion de l’estomac qui change en fonction de
la quantité du bol alimentaire ingéré, etc.
À ce stade de notre réflexion, nous pensons à l’un des trois principes de l’ostéopathie
que nous avons appris : l’homéostasie. En d’autres termes, il s’agit de ce que Taylor Still
nommait, au XIXème siècle, « l’auto-guérison du corps ».
Et à ce stade de notre travail, il serait intéressant qu’un praticien volontaire, ayant
l’objectivité due à sa connaissance de l’anorexie mentale, soit en mesure de tester des patientes
souffrant de cette maladie, sans même connaître les résultats de notre étude. Peut-être que nos
30
résultats seraient remis en cause, mais ce deuxième regard professionnel permettrait de
compléter les données de ce mémoire, de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse de départ, et de
faire avancer la réflexion et la pratique quant à la prise en charge ostéopathique des anorexiques.
Nous espérons sincèrement qu’un élève d’une prochaine promotion aura l’idée de
travailler sur le sujet passionnant qu’est l’anorexie. Ce serait l’occasion de poursuivre en
quelque sorte notre travail qui, comme nous l’avons vu, présentent quelques limites. Mais il
peut être considéré comme une ouverture pour un sujet peu traité d’un point de vue strictement
ostéopathique.
31
BIBLIOGRAPHIE
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- Dr G. Dupiellet, « Anatomie topographie viscérale » du site GREMMO
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- Agnès, « TCA : Changer de rapport à son corps avec la Fasciathérapie » du site de l’association SabrinaTCA92, octobre 2014
Ouvrages :
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Envolume, seconde édition publiée en novembre 2014
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- M. Corcos, Le corps insoumis, psychopathologie des troubles des conduites alimentaires,
Dunod, 2005
32
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- B. Provost, « Le bilan psychomoteur chez l'adolescente anorexique », mémoire en vue de
l'obtention du Diplôme d'Etat de Psychomotricité, Institut de Formation en Psychomotricité, Juin 2012
- L. Balsalobre, « Ostéopathie et anorexie mentale », mémoire de fin d'études en vue de
l'obtention du D.O FERO, IDO, 2015
Thèse :
- C. Devulder, « Intérêt des thérapies psychocorporelles dans l’anorexie mentale : Expérience
d’une prise en charge par fasciathérapie chez les patientes anorexiques hospitalisées », thèse
pour le diplôme d’état de docteur en médecine, 2008
- M. Doucet, « Modalités de prise en charge de l’anorexie mentale restrictive pure : enquête
restrospective auprès de 545 médecins généralistes exerçant en cabinet de ville dans le bassin
Lillois », thèse pour le diplôme d’état de docteur en médecine, 2011
Liens :
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- http://www.anorexie-et-boulimie.fr/articles-30-definitions-physiopathologieepidemiologie-et-
maladies-associees.htm
- http://www.anorexie-et-boulimie.fr/articles-31-cas-clinique-etcomplications.htm
- http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0985056208000071
- http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-
03/reco2clics_-_anorexie_-mentale.pdf
- http://www.anorexieboulimie-afdas.fr
- http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitivesneurologie-
psychiatrie/dossiers-d-information/anorexie-mentale
- www.passeportsante.net
33
RÉSUMÉ
De plus en plus de personnes souffrent de troubles du comportement alimentaire, tels
que l'anorexie restrictive. La privation alimentaire entraîne inévitablement des
dysfonctionnements du corps que l'ostéopathie est à même de traiter, voire de révéler.
Concernant le système digestif des anorexiques restrictives, existe-t-il des prévalences
dysfonctionnelles de tonicité viscérale ? C'est la question que pose ce mémoire et à laquelle les
tests mis en place tenteront d’apporter une réponse.
SUMMARY
More and more people are suffering from eating disorders, such as restrictive anorexia. Food
restrictions inevitably lead to body dysfunctions, which osteopathia can cure, and even reveal.
Regarding the digestive system of anorexic patients, is there a particular prevalence in
dysfunctional bowel tone ? This paper treats this question, with test results giving answers.