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4 L’architecture / Le patrimoine : La maladrerie Saint-Lazare

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L'éducation au patrimoine éveille aux formes artistiques et culturelles, à partir de la décou-verte de son environnement quotidien : un site, un édifice ou un objet patrimonial. Elle inscrit cet apprentissage dans une compréhension de notre héritage culturel. La mise en place de partenariats vise à organiser, au niveau le plus proche de l'école le rap-prochement entre les élèves et un ensemble patrimonial choisi en fonction de son intérêt ar-tistique et culturel et, plus largement, de sa capacité à accompagner une démarche éduca-tive. Cette coopération permet, sur un territoire identifié (ville, canton, pays, département, etc.), de mettre en place un programme commun autour de thématiques patrimoniales porteuses de sens : des enjeux urbains ou de territoires, des collections patrimoniales (musées, archives) significatives. Cette approche est fondée sur une découverte sensible, par la pratique de l'espace et de la forme et par une initiation aux dimensions historiques et artistiques de l'environnement et du territoire. Le choix du contexte patrimonial Celui-ci peut être très divers. Il peut s'agir d'un monument, d'un quartier, de son propre établis-sement scolaire, d'un musée, d'un chantier archéologique, d'un élément du patrimoine local (patrimoine historique, industriel ou scientifique), d'un fonds d'archives, d'un site naturel, d'une œuvre, etc. La pertinence de ce choix doit porter non seulement sur la valeur patrimoniale du site, de l'édifice ou de l'objet, mais aussi sur l'actualité de tel ou tel programme de restauration ou de réhabilitation. La prise en compte de l'actualité scientifique doit augmenter le sentiment de participation aux enjeux patrimoniaux et donc faciliter l'appropriation affective. La dimension pédagogique Quelle que soit la démarche particulière adoptée, il convient que chaque élève puisse, dans cet apprentissage du regard, être sensibilisé aux processus de création des œuvres plastiques et architecturales, mais aussi en saisir le sens dans le contexte général de l'histoire de la socié-té. L'ambition d'une telle éducation dépasse donc la simple idée de l'apprentissage de référen-ces historiques. Elle doit encourager à regarder de manière active, c'est-à-dire aussi critique, les formes, les images et les réalités qui composent notre environnement et qui sont les mani-festations de créations successives des hommes et des sociétés. Se situer dans son patrimoine et dans son cadre de vie, c'est se constituer des repères pour le présent et l'avenir. La mise en valeur de cet apprentissage Il s'agit d'impliquer les élèves dans la réalisation d'un projet de restitution du travail effectué par la classe et qui les rende réellement acteurs de ce patrimoine. Cette restitution peut pren-dre des formes diverses : devenir pour un temps donné les "guides" pour l'élément choisi, réali-ser des projets de valorisation par des documents, une signalétique, un film, participer à des concours etc.

Dominique Vincent, chargée de mission, action culturelle, Inspection académique de l’Oise

(D’après la charte « Adopter son patrimoine »)

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4 Arts visuels // L’architecture / Le patrimoine > préambule

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Dossier élaboré par :

Marie Ansar, chargée de mission patrimoine de la ville de Beauvais,

Daniel Pelletier, Hervé Hemme, François Jouin,

conseillers départementaux en Arts-visuels de l’inspection académique de l’Oise

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Mots clefs, points d’ancrage pour l’étude de l’édifice

Origine du mot « maladrerie » et de la titulature « Saint-Lazare » 2 : La Bible fait mention de deux Lazare :

Jean 11 relate la résurrection de Lazare ramené à la vie par Jésus. Lazare de Béthanie : frère de Marthe et Marie, ami de Jésus, ressuscité par Jésus. Les légendes racontent qu’il serait mort à Chypre ou qu’il aurait abordé la Provence avec ses sœurs. Il serait alors devenu évêque de Marseille puis serait mort martyr sous Néron. Au XIe siècle, son corps décapité aurait été transféré à Autun.

Luc 16,19 : « Un pauvre du nom de Lazare gisait couvert d’ulcères au porche de sa demeure [d’un homme riche]. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche : mais c’était plutôt les chiens qui venaient lécher ses ulcères. »

A sa mort, Lazare fut emporté par les anges ; le riche, quant à lui connut, les souffrances de l’enfer. Le Lazare mentionné par Luc est souvent appelé le Pauvre Lazare. Il est devenu par la suite le protecteur des lépreux. Ainsi, le lieu où les lépreux étaient mis en quarantaine s’est appelé le lazaret. Ladre tire son origine du nom du Lazare de l’Evangile, celui qui était couvert d’ulcères mais, qu’au Moyen Age, on qualifiait de lépreux. A cette même époque, on parlait de ladre et ladresse (souffrant de ladrerie, de lèpre ou éléphantiasis). Françoise Bériac signale que la Vie anonyme de saint Athanase [évêque de Naples, Xe siècle] correspond au premier texte dans lequel on désigne des lépreux comme étant des laz(a)ros (ladres). Dès le XIe siècle, la sensibilité religieuse tout comme la société évolue et se transforme. Dès lors l’Eglise s’attache à valoriser l’image de la seconde acceptation de la lèpre, soit le Christ souffrant, sans jamais néanmoins effacer la première qui demeure toujours, celle du péché. C’est à ce moment que le terme mesel, du latin misellus, dimi-nutif de miserus, [pauvre ; malheureux] devient le mot le plus courant pour lépreux. Ces malades deviennent les Pauvres, les Malheureux entre tous ; ceux pour qui l’on doit faire preuve de charité. Mesel (sing. de lépreux) et mesiaux (pluriel de lépreux) étaient rassemblés dans des mezelleries. Ces nouvelles appellations, qui gardent malgré tout une connotation péjorative, s’ajoutent au vocabulaire existant puis les termes évoluent vers ladrerie et maladrerie. Ainsi, le terme de « maladrerie » est un croisement de deux mots : « malade » et « ladrerie ».

Neuf siècles d’histoire : Fondée à la fin du XIe ou début du XIIe siècle, cette institution hospitalière est implantée en périphérie de la ville autant par crainte de la contagion que pour des raisons économiques. Une communauté de frères et de sœurs s’occupe des malades. Un Maître, élu parmi les chanoines du chapitre, dirige l’établisse-ment. Une fonction qui procure de substantiels revenus car les ressources de la maladrerie sont importantes. D’ailleurs, exer-çant un droit de régale1 lors de la vacance du siège épiscopal au XVIe siècle, le roi attribua ce bénéfice ecclésiastique à un laïc. En 1599, la maladrerie est placée sous la tutelle du Grand aumônier de France puis définitivement réunie au Bureau des pauvres de la ville en 1628. Après la Révolution, la maladrerie est morcelée, vendue comme Bien National puis transformée en exploitation agricole.

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

Arts visuels // L’architecture / Le patrimoine > n°1.1 4

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— Apm1— Inspection académique de l’Oise– Marie Ansar, chargée de mission patrimoine, ville de Beauvais, 2010

La maladrerie Saint-Lazare de Beauvais (vue d’ensemble)

Ladre / Lèpre Exclusion sociale / Discrimination L’église, un lien entre malades et gens sains Edifice roman du 12e siècle Style caractéristique du beauvaisis (corniche beauvaisine)

Logis du 13e siècle (fenêtres ogivales / contreforts) La grange dîmière : fonctionnement agricole en au-tarcie, 1219-1220 Charpente de la grange en carêne de vaisseau repo-sant sur trois nefs ogivales Jardin d’inspiration médiévale (minéral / végétal / construit)

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Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

La lèpre

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Due au bacille Mycobacterium Leprae, découvert en 1873 par le Norvégien Hansen et appartenant au même genre (mycobactéries) que le bacille tuberculeux, la lèpre peut se manifester sous trois formes, dont une seule est grave. L’incu-bation dure plusieurs années et les symptômes peuvent n’ap-paraître qu’au bout de vingt ans. La lèpre n’est pas très contagieuse. Elle est transmise par des gouttelettes d’origine nasale, lors du contact étroit et fréquent avec un sujet infecté. Elle provoque des lésions cutanées et nerveuses et peut affecter les membres et les yeux entraînant mutilations et cécité. Elle débouche parfois sur la mort. La lèpre est présente en Occident depuis l’Antiquité. Les lé-preux n’ont, semble-t-il, jamais été nombreux, pas même lors du vaste mouvement de création de léproseries auquel se rat-tache la fondation de la maladrerie, qui est le résultat d’un élan charitable, rendu possible par une économie en expan-sion, plutôt que d’une hypothétique recrudescence de la ma-ladie due au retour des croisées3. Deux lépreux agitant une crécelle

Manuscrits du XVe et du XIIIe siècles, BNF

Bien que l’Eglise s’efforce de valoriser l’image du lépreux, l’assimilant au Christ souffrant et au pauvre Lazare couvert d’ulcères de l’Evangile, l’idée première demeure toujours celle du péché. Et si la société leur prête assistance, elle leur ôte aussi toute capacité civile en les ex-cluant. Ainsi, après une messe d’adieu, le malade est conduit en pro-cession à la maladrerie à laquelle il abandonne ses biens. Cette céré-monie d’admission ritualise sa séparation d’avec le monde des vivants. Il est ensuite condamné à finir ses jours dans le quartier réservé aux seuls lépreux où il est soumis à un strict règlement. Il lui est, notamment, for-mellement interdit de partager quoi que ce soit avec les gens sains. Chaque pensionnaire reçoit donc de quoi bien se nourrir, se vêtir, se soigner et se chauffer. Le roi ordonne, en 1544, que la maladrerie n’ac-cueille pas plus de treize Beauvaisiens mais la consigne est peu suivie. A la fin du XVIe siècle, la lèpre a presque disparu mais la peste lui succède alors.

Exclus de la société

Giotto di Bondone Scènes de la vie du Christ La résurrection de Lazare

1304-1306 Fresque

H : 200 cm ; L : 185 cm Chapelle Scrovegni,

Padoue

Duccio di Buoninsegna La résurrection de Lazare

1308-1311 Tempera sur bois

H : 43,5 cm ; L : 46 cm Musée Kinbell, Forth Worth

Lépreux assis sur le pavé de la rue Ludolphe le Chartreux,

Vita Christi, France, XVe siècle BNF

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Un univers très cloisonné

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La maladrerie, implantée sur un site de trois hectares entièrement clos en bor-dure de la route reliant Beauvais à Paris, est caractérisé par une organisation sec-torielle très marquée. Elle s’ordonne entre la cour des malades, la cour des gens sains et la ferme dont cet établissement tire sa subsistance et une partie de ses revenus. Les lépreux vivent au sud-ouest de la ma-ladrerie dans des loges accolées au mur d’enceinte et donnant sur une cour qui leur est réservée. Comme il était interdit aux malades de partager quoi que ce soit avec les gens sains, ils disposaient de leur propre puits. La cour est agrandie au XVIIe siècle et dotée de nouveaux bâti-ments dont il ne subsiste que des ruines et qui ont, peut-être, accueilli des pestiférés. L’église, seul lien entre le secteur des ma-lades et celui des gens sains, se compose d’une nef à bas-côtés, d’un transept à bras débordants, d’un clocher central à bâtière et d’un chœur, moins élevé que la nef, à deux travées et chevet plat. Elle a entièrement été édifiée au XIIe siècle, hormis les deux chapelles nord et sud, ainsi que le clocher, ajoutés au XIIIe siècle. Chaque élément de cet édifice participe à son unité architecturale dont il souligne l’esthétisme.

La chapelle et le logis

Situé dans le secteur des gens sains, le logis date de 1270-1271 d’après les analy-ses dendrochronologiques4 menées sur le site. Si la qualité architecturale et l’organi-sation interne du logis laissent à penser qu’il s’agit de la résidence du Maître de la maladrerie, son agencement interne répond également aux besoins d’un bâti-ment à vocation communautaire donc réservé aux frères.

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Comme l’atteste l’architecture de son cellier, la maison dite de l’administrateur fut construite au tout début du XIIIe siècle. Les découvertes archéologiques démontrent qu’elle faisait partie d’une imposante demeure. Elle sem-ble aussi correspondre aux cuisines de cet édifice. Ce dernier, mesurant 73 m de long et 15 m de large, compor-tait vraisemblablement deux nefs, l’ensemble étant soutenu par des piliers centraux. Il ne reste pratiquement plus rien de la construction initiale hormis la maison de l’administrateur. Bien qu’elle ait été profondément remaniée à la fin du XIXe siècle, quelques portes et baies médiévales sont encore visibles dans les façades de l’édifice actuel. De la ferme médiévale, il subsiste encore la grange, la bergerie et l’empreinte de la maison dite du « fermier » qui est visible dans l’angle ouest de la clôture. D’après les analyses dendrochronologiques, la charpente de la grange, datée de 1219-1220, est d’origine. La grange est divisée en trois nefs que séparent deux rangs de neuf grandes arcades en tiers-point reposant sur des piles carrées. Maintes données ont été relevées dans cet édifice, notamment des graffitis et des traces d’enduits peints. Fonctionnelle et esthétique, elle s’apparente aux granges monastiques de l’époque.

La bergerie, qui renferme deux niveaux d’occupation, a été plusieurs fois remaniée au cours des siècles. Elle a été restituée sur l’emprise du bâtiment primitif qui est probablement contemporain de la grange. Diverses structures ainsi que les fondations de nombreux bâtiments datant essentiellement des XVIIe-XVIIIe siècles, telles des écuries ou des puits, ont été retrouvées sur la zone de la ferme. Les vestiges des deux pigeonniers ont également été mis au jour. La maison du fermier date de la seconde moitié du XIXe siècle et abrite aujourd’hui les services administratifs du site de la maladrerie. Bon nombre de constructions ont disparu mais les interventions archéologiques me-nées sur les lieux ont permis d’en retrouver les traces. Soixante-neuf sépultures ont été retrouvées dans la cour des lépreux entre l’église et les loges. Il s’agit, en gé-néral, de tombes en pleine terre. Les individus étaient inhumés dans des linceuls ou dans des cercueils. Une seule tombe construite a été mise au jour. Des adultes, hommes et femmes de tous âges, mais aussi des en-fants reposaient dans ce cimetière. La maladrerie ayant été rattachée au Bureau des pauvres en 1628, s’a-git-il de malades ou d’indigents ? Une autre nécropole a été découverte dans la cour de la léproserie du XVIIe siècle. Elle renferme une cen-taine d’individus superposés. L’enchevêtrement des squelettes et l’absence de tombes individuelles font penser à une fosse commune plutôt qu’à un cimetière organisé. A ce jour aucun élément ne permet de da-ter ces sépultures ni de prouver qu’il s’agit d’inhumations de pestiférés.

La grange: vues de la charpente

Façade de la grange

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Trois chefs-d’œuvre de l’architecture médiévale subsistent encore sur les lieux :

L’église est un bel exemple des constructions romanes du Beauvaisis du XIIe siècle. Les chapelles nord et sud et le clocher ont été élevés au XIIIe siècle en style gothique.

Le logis est un témoin de l’architecture de style gothique de la seconde moitié du XIIIe siècle en Beauvaisis.

La grange est un bâtiment exceptionnel par ses dimensions, sa qualité et surtout son authenticité. Elle s’ap-

parente aux granges monastiques de l’époque. Quelques exemples subsistent encore dans l’Oise dont certaines débordent sur les départements limitrophes : Warnavillers, Choisy, Ereuse, Eraine, Froidmont, Fourcheret, Mauregard, Grandmesnil, Stains, Troussures, Vaulerent.

L’architecture de la maladrerie

Ce jardin, bien que d’inspiration médiévale, est une création résolument contemporaine qui s’appuie sur des problématiques actuelles telles que le développement durable ou l’impact de l’alimentation sur la santé. Les éléments constitutifs de ce jardin nous rappellent également qu’une communauté religieuse occupait autre-

fois ce site. Il offre au visiteur un aperçu des différents types de jardins ou de cultures qui existaient au Moyen Age. Le jardin médiéval, au tracé géométrique, est un lieu clos où l’on cultive des plantes pour se nourrir, pour se soigner ou pour leur beauté. L’utilisation de l’espace s’organise donc autour de ces différentes fonctions permettant ainsi de bénéficier, dans un même lieu, d’un potager, de vignes ou d’un jardin d’agrément. Les parterres sont souvent surélevés et bordés d’osier tressé pour retenir la terre. Le carré des simples oc-cupe toujours une place distincte. On y cultive des herbes aromatiques et médi-cinales pour parfumer les mets et se soi-gner telles la lavande, le romarin, la menthe, le fenouil ou encore le persil et l’hysope. On trouve dans le potager des « herbes à pots » comme le chou, des légumes graines comme les lentilles ou des légumes racines comme le navet. Le cloître est un lieu consacré à la prière. Son jardin est donc volontaire-ment dépouillé afin d’inciter au recueil-lement. Il ne comporte qu’une pelouse dont la couleur, aux vertus salvatrices, symbolise la renaissance et l’éternité.

Le jardin d’inspiration médiévale

> n°1.5

L’eau, emblème de pureté, est très pré-sente dans les jardins médiévaux où les plantes ornementales et les décors vé-gétaux sont très prisés. La Vierge Marie est souvent représentée au cœur d’un jardin cerné de rosiers. La rose, souvent chantée par les poètes, étaient aussi utilisée à des fins médicinales et cosmé-tiques. D’autres plantes évoquent la per-fection de Marie comme le lys, image de la chasteté, l’iris qui incarne la pureté ou la violette qui figure l’obéissance.

Pietro de Crescenzi Jardin médiéval, Opus ruralium commodorum

Fin du XVe siècle H : 47 cm ; L : 35 cm British Library, Londres

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Plan du jardin de la maladrerie Saint-Lazare

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La maladrerie Saint-Lazare de Beauvais Chronologie : Fin XIe ou début du XIIe siècle : fondation de l’institution hospitalière 1131 : première mention de la maladrerie Saint-Lazare XIIe siècle : construction de l’église Fin XIIe siècle : construction de la maison de l’administrateur, remaniée à la fin du XIXe siècle XIIIe siècle : adjonction à l’église des chapelles et du clocher 1219-1220 : construction de la grange 1270-1271 : construction du logis Milieu du XVIIe siècle : agrandissement de la cour de la « léproserie » et construction de nouveaux bâtiments qui auraient accueilli des pestiférés 1795 : la maladrerie est divisée en trois lots qui sont vendus comme Biens Nationaux XIXe siècle : construction de la maison du fermier 1895 : démolition du pressoir 1914-1918 : la maladrerie sert de cantonnement à différents régiments 1939 : effondrement d’une partie du clocher ; classement des bâtiments comme « Monuments Historiques » 1971-1985 : restauration de la toiture de la grange puis de la chapelle 1989 : inscription à l’inventaire des Monuments Historiques des murs d’enceinte et de ses portes, de la bergerie afin de protéger l’ensemble du site 2002 : la Ville de Beauvais devient propriétaire de l’intégralité du site 2002-2003 : intervention archéologique sur l’emprise de la ferme 2005 : transfert du site à la Communauté d’Agglomération du Beauvaisis qui gère désormais le projet 2007 : travaux de restauration sur l’emprise de la ferme (grange, maison du fermier du XIXe siècle, bergerie, murs de clôture) et fouilles archéologiques

Notes 1. Droit de régale : le roi l’exerce en cas de vacance d’un siège épiscopal. Il peut le temps de cette vacance jouir des revenus de l’évêché et nommer les titulaires des bénéfices ecclésiastiques. 2. Par V. Fémolant, synthèse de documents, 2009. 3. Extrait de DEPRAETERE-DARGERY, Monique, « La lèpre » dans L’Ile-de-France médiévale, Paris : Somogy, 2001, tome 1. 4. Dendrochronologie : du grec dendron (l’arbre), kronos (temps), logos (étude) ; cette méthode de datation dé-termine la période de vie d’un arbre et précise l’année et la saison de son abattage. Elle permet de dater préci-sément des objets et des structures en bois comme une charpente.

Crédits Photo Yann Cochin et Jean-François Bouché / Service communication - Ville de Beauvais et communauté d’Agglomé-ration du Beauvaisis

Pour les visites scolaires, contacter Marie Ansar.

Mail : [email protected] Téléphone : 03.44.15.66.96

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