La princessa Valentina - cdn.reseau-canope.fr€¦ · l'occitan provençal, celui de Toulon, là...

Pistes pédagogiques sur le site :www.crdp-montpellier.fr/occitan

340PB858 - 14 €isbn 13 : 978-2-86626-274-7

Ouvrage réalisé avec leconcours financier de la

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Florian Vernet

La princessa Valentinae autres contes

La princesse Valentineet autres contes

Édition bilingue

Los camins de la vida

Li

vre + CD audio

Florian Vernet tòrna prene la matèria del contetradicional per ne far quicòm de nòu. Totes losmotius del conte, totes los personatges, toteslos modèls esprovats, Vernet los coneis, loscombina, los tòrç, los reutiliza de son biais.Apond a sa creacion la poncha necessària desegond gras, d'umor, d'anacronisme esquèr peruna capitada bèla. Dins aquestes contes « fachesa la man », plens de vida e de vam, l'occitan esencara e totjorn la lenga que sas paraulasdobrisson la pòrta dels pantaisses d'enfants.

Florian Vernet reprend la matière du conte tradi-tionnel pour faire du nouveau. Tous les motifs duconte, tous les personnages, tous les modèleséprouvés, Vernet les connaît, les combine, les tord,les réutilise à sa façon. Il ajoute à sa création lanécessaire touche de second degré, d'humour,d'anachronisme incongru qui ne gâte rien. Dans cescontes « faits main », pleins de vie et de fraîcheur,l'occitan est encore et toujours la langue dont lesmots ouvrent la porte des rêves d'enfants.

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Table des matières

Préface - p.3

La princessa Valentina e autres contes - p.11La Princessa Valentina - p.13 Lo pissalach - p.27Quand los macarònis tombèron del cèl - p.49Lo rei crudèl, lo savi e lo fòl - p.57 Lo Vira-Vira - p.67La taupa de Badaluna - p.93

La princesse Valentine et autres contes - p.101La Princesse Valentine - p.103 Le pissenlit - p.115Quand les macaronis tombèrent du ciel - p.137Le roi cruel, le sage et le fou - p.145 Le Vire-Vire - p.157La taupe de Badelune - p.183

CD audio - p.190

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© CRDP académie de Montpellier

Florian Vernet

La princessa Valentina

e autres contes


Illustrations de Maevi Colomina

Édition bbilingueTexte occitan

Traduction française de Claire Torreilles




Préface

Florian Vernet est un homme àsurprises. On le connaît comme spécialistedu théatre baroque provençal du XVIIème, oucomme linguiste, et pédagogue. On lui doitplusieurs ouvrages sur la langue. Sa curio-sité l'a même amené à se mêler d'argot, afinde repérer ce qui dans la langue dite verteprovenait de la langue d'oc, notamment del'occitan provençal, celui de Toulon, là où il yavait le bagne, ceci expliquant sans doutecela. Mais cet universitaire est aussi un écrivain d'oc. Là encore, ses nouvelles onttrouvé depuis longtemps leur public, unpublic séduit, non plus par le souvenir desbelles campagnes de jadis (étaient-elles si

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belles, d'ailleurs ?) mais par le reflet de cesvilles dans lesquelles vivent maintenant laplupart des habitants du pays d'oc.

Voilà qui occupe. Mais notrehomme n'est pas seulement auteur d'oc etuniversitaire, il est aussi père de famille, etcomme tel, soumis au diktat de ces petitsenfants qui ne soucient pas de linguistique nide littérature mais exigent qu'on ne leslaisse pas s'endormir sans leur avoir racontéune histoire. Et le père de famille digne de cenom doit bien s'exécuter, pour l'équilibre etl'épanouissement des enfants, certes, maisaussi parce que ce sacrifice permet auxparents de gagner les minutes de calme quegarantit le sommeil tranquille des petitsmonstres. Ceux qui sont passés par là saventce que je veux dire.

Mais bon, il faut raconter. Lesparents ordinaires ont pour cela recours à des livres illustrés de couleurs gaies, spé-cialement écrits pour les enfants. On y lit

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des histoires merveilleuses, ce qu'on appelledes contes. Certains sont très anciens, d'autres sont le produit de l'imagination deleurs auteurs, ce qui ne les empêche pasd'utiliser, consciemment ou non, des sché-mas narratifs éprouvés, de ceux identifiés et soigneusement inventoriés par deuxsérieux savants, Aarne et Thompson, et quel'on retrouve dans les contes dits « tradition-nels », qui ont pourtant bien dû être eux aussiinventés un jour par quelqu'un. Apparem-ment, Florian Vernet ne fait pas partie de lacatégorie des parents ordinaires, car lui, sescontes, il a préféré les fabriquer lui même, àla maison : directement du producteur auconsommateur, en quelque sorte. Ce sontces contes faits main que vous allez trouverici, avec leurs belles illustrations aux cou-leurs gaies. Leur premier public, ce sont lesenfants, bien sûr, à la maison ou à l'école, làoù il est possible de faire de l'occitan. Maisles amateurs, ou ceux qui ont gardé quelque

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chose de leur enfance verront commentVernet reprend les procédés du conte tradi-tionnel pour leur faire produire du nouveau.Tout est là : il y a des pays merveilleux, avecleurs noms bizarres et leurs rois, leurs prin-ces, leurs bergères, toujours jolies, et leursbergers, souvent malins -mais les bergèressur ce plan n'ont rien à leur envier… Il y a les inévitables méchants : le Roi Cruel, quiévoque celui de Max Rouquette -mais là oùce dernier triomphait, dans ce qui est en faitune fable sur l'aliénation, celui de Vernet finitterrassé par le rire de ses sujets, l'armeabsolue de la libération. Ou des monstres,ogres à vilaine figure et à habitudes discuta-bles, ceux qui décapitent les princes et lesbergères, (mais un philtre bien venu permettrain fine de recoller les morceaux, si on osedire) ou ceux qui gardent des trésors dansleur antre. Il y a les quêtes et les épreuves,qui déciment successivement plusieurs malheureux, avant que le dernier sur la liste

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trouve le moyen de les surmonter. Ou bien le monstre qui n'a qu'un œil, mais cet oeilparalyse et transforme en statue de sel l'imprudent qui le fixe. Ou le monstre - c'enest un autre car ils ne peuvent quand mêmepas cumuler les tares- qui a son point faible,son talon d'Achille, qu'il suffit de connaîtrepour le vaincre. Et pour le connaître, il suffitde soûler le patient et de lui tirer les vers dunez : une formalité pour une bergère futée !Le connaisseur lisant cette histoire de pluiede macaronis, ou celle de ces villageois qui pour se débarrasser définitivement d'une taupe particulièrement malveillante ne trouvent rien de mieux que de l'enterrervivante, reconnaîtra sans doute de nouveauxreprésentants de la veine inépuisable desbeotiana, ces histoires drôles qui se racon-tent à propos de ces villages des imbécilesque chaque petit pays possède.

Tous ces modèles éprouvés,Florian Vernet les connaît, les combine, les

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tord, les réutilise à sa façon. Il ajoute à sacréation la nécessaire touche de seconddegré, d'humour, d'anachronisme incongruqui ne gâte rien. On sera ainsi rassuré desavoir que la côtelette magique de tel conte estgarantie sans OGM - ce n'est qu'un exemple.

Ses contes, Florian Vernet les aécrits en occitan. Le lecteur non occitanophonepourra bien sûr se reporter à la traduction deClaire Torreilles. Mais qu'il prenne la peinede les regarder dans leur langue originale.Le linguiste Vernet vient ici au secours duconteur, et lui fournit le vocabulaire et lasyntaxe précise qui rendent le texte plusdélié, plus vif, plus clair aussi. On a long-temps regretté que la littérature d'oc aitnégligé la production destinée aux enfants,comme si les auteurs occitans avaient plusou moins consciemment renoncé à l'idée queleur langue, ils pouvaient la transmettre àces enfants, comme c'est le cas de toutes leslangues du monde. C'est un bon signe que

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des écrivains comme Vernet, dont le publicest ordinairement majeur, vacciné, diplômé,conscient, etc. ait pris la peine de donner àses propres enfants - et à présent à d'autres,qui ne le connaissent pas mais qui auront leplaisir de l'entendre raconter dans le CD quiaccompagne l'édition de ces contes. On pré-sente souvent, trop souvent, l'occitan commeune langue réservée à quelques poignées devieillards dans des villages perdus au fond deDieu sait quelles montagnes. Grâce à desauteurs comme Vernet, cette langue pourraêtre aussi celle dont les mots ouvrent la portedu monde des rêves d'enfants . Et ça, ce n'estpas rien.

E trac e tric, lo conte pòt començar...

Philippe Martel, Directeur de recherches au CNRS.

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Florian Vernet


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Per Aude

La Princessa Valentina

Un còp èra una princessa que

se sonava Valentina. Èra polida coma tot…

e completament fòla ! Pas fòla del tot, de

fach, mas plena de fantasiá. Son paire, lo rei

de Cracolia, voliá que se maridèsse amb

qualqu’un de coma cal, de plan ric, un autre

rei o un prince per exemple. Valentina voliá

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pas, fasiá totjorn a son sicap. Un jorn, butat

per sos conselhièrs, lo rei s’embufèt, la mena-

cèt e li demandèt de prendre una decision.

Valentina ensagèt plan de discutir, pas res a

faire.

Per evitar de prendre per espós

l’òme que son paire li destinava, e que li

agradava pas brica, li diguèt : « Paire, me

maridarai, mas amb una condicion ». Lo rei,

solatjat de veire que sa filha finissiá per

acceptar donèt son acòrdi, mas li demandèt,

un pauc inquiet perque la coneissiá, de quana

condicion se trachava. « Es tot simple,

Valentina diguèt amb un sorire irresistible,

me maridarai pas qu’amb un òme que sauprà

venir invisible ».

Lo rei foguèt plan embestiat,

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Per Maria

Lo pissalach

Un còp èra un reiaume, dins las

montanhas. Lo reiaume aviá un rei e una

reina, pro braves totes dos, mas lo reiaume

èra trist e miserable ça que la. Perqué donc

trist e miserable ? Perqué, un an abans, los

tres enfants del rei e de la reina, los tres

princes, avián desaparegut. Èran partits

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ensèm, un jorn de prima, a caval, e degun los

aviá pas jamai pus tornats veire. Despuèi

aqueste jorn, tot lo país èra trist, d’ont mai

que l’annada d’aprèp aquesta disparicion èra

estada una annada de catastròfas : un aigat a

la prima, la secada en estiu, un aigat encara

en auton… Las recòltas èran plan magras

e lo paure mond avián pas grand causa a

manjar. Fa que totes trevavan lo campèstre

en bosca de quicòm per melhorar l’ordinari.

E vaquí que, al vilatge, i aviá,

dins una bòria pichona, una veusa qu’aviá

tres filhas : Adèla, qu’èra la màger, Maria

qu’èra la segonda e Faneta, la darrièra. Èran

totas tres polidas coma tot, mas Faneta èra

encara mai polida que sas sòrres, e mai

escarrabilhada, s’aquò se pòt ! Cada jorn,

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Quand los macarònistombèron del cèl

Dos fraires vivián dins un vilatjon.

L'ainat s’apelava Pèire, e lo mai jove, Joan.

Pèire èra intelligent, Joan èra brave, mas un

pauc colhon. Un jorn que trabalhava pels

camps, Pèire trobèt dins la tèrra una ola

granda, plena d'aur. « De qué li vau dire, a

mon fraire ? se demandèt. Es tan bèstia lo

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paure d’el que va tot repetir a tot lo

mond, e lo rei nos prendrà tot. »

Pr’aquò, podiá pas

carrejar aquela olassa tot sol, que

pesava tròp. Alavetz, aguèt una

idèia. Anèt a l'ostal per metre d'aiga

a bolhir sul fuòc. Puèi, partiguèt dins

lo campèstre. Dins lo bòsc, trapèt un

conilh que s'èra agantat dins una

trapèla e, dins lo fialat qu'aviá

mandat dins la ribièra, un peis, una

trocha. Peire, qu'aviá una idèia

darrièr la tèsta, metèt la trocha

dins la trapèla, e lo conilh dins lo

fialat !

Apuèi, se'n tornèt a

l'ostal. Aquí, faguèt còire cinc quilòs de

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Lo rei crudèl, lo savi e lo fòl

Un còp èra, dins un país que me’n

remèmbri pas pus lo nom, un rei. Lo Rei Crudèl.

Un rei autoritari, que se cresiá totjorn lo mai

fòrt, lo mai intelligent e lo mai bèl. Tot lo mond

n’aviá paur, perque èra marrit mai que la pèsta,

e, se qualqu’un ensajava de li anar contra, te lo

fasiá agantar sulpic per sos gardas, e te li fasiá

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copar lo cap. Aital. En public, per l’exemple, e

amb una granda, una òrra pigassa roja.

E aquí qu’un jorn, lo Rei Crudèl

aprenguèt que dins un vilatge perdut de son

país que me’n remèmbri totjorn pas lo nom, i

aviá un savi, un sabent, lo mai sabent que s’èra

jamai agut trobat. Un sabent que viviá luènh de

la capitala, luènh del Rei Crudèl, perque se dob-

tava plan qu’un jorn o l’autre lo rei seriá gelós

d’el, e qu’aquò marcariá mal per sa santat.

Tre que saupèt que, dins son

reiaume, qualqu’un aviá la reputacion d’èsser

sabent, e saique, mai sabent qu’el, lo Rei Crudèl

venguèt furiós, mai que furiós, enrabiat…

Quicòm aital podiá pas èstre.

Demandèt a sos gardas de li anar quèrre

aqueste famós sabentàs. E quand l’aguèron

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Lo Vira-Vira

Una còp èra una jove sonada

Agata que viviá tot sola amb sa mameta dins

un ostalon, tot prèp del castèl del rei de

Pamparigosta. Agata gardava las fedas del rei

tota la jornada. Per pas languir, legissiá los

libres que li prestava lo bibliotecari del castèl,

que li portava sovent de bons formatges que

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fasiá sa mameta. Cal dire que lo formatge èra

lo melhor de tot lo país, e que lo bibliotecari

èra bravament lepet. E doncas Agata, qu’èra

pas jamai anada a l’escòla, èra venguda plan

sabenta al fial de las annadas, mas o sabiá

pas !

Tanben, èra granda amiga amb

una fada de l’encontrada. Una fada minuscula

e maladrecha que, a cada còp que se voliá

servir de sa bagueta emmascada, aviá de

problèmas. Es aital que s’èra transformada

en granhòta en s’agachant dins un miralh, e

Agata l’aviá sauvada al moment que s’anava

negar dins una sompa ont s’èra aventurada,

sens aver après a nadar.

E Agata èra tanben amiga amb

lo prince Filemon, lo filh del rei. A Filemon li

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La taupa de Badaluna

A Badasolelh, qu'es mon vilatge,

sèm totes intelligents, mas a Badaluna, qu'es

lo vilatge vesin, lo mond son totes de colhons.

E pas qu'un pauc : de colhonas-

ses. A pròva.

Figuratz-vos qu'a Badaluna i

aviá, un còp èra, una taupa. Mas pas una taupa

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La princesseValentineet autres contes

Traduction française de Claire Torreilles 101



Pour Aude

La princesse Valentine

Il était une fois une princesse qui

s’appelait Valentine. Elle était jolie comme

tout... et complètement folle ! Pas vraiment

folle, en fait, mais pleine de fantaisie. Son

père, le roi de Cracolie, voulait qu’elle se

marie avec quelqu’un de bien, très riche, un

autre roi ou un prince par exemple. Valentine

103



ne voulait pas, elle faisait toujours à son idée.

Un jour, poussé par ses conseillers, le roi se

fâcha, la menaça et lui demanda de prendre

une décision. Valentine essaya bien de discuter,

rien à faire.

Pour éviter de prendre pour

époux l’homme que son père lui destinait,

et qui ne lui plaisait pas du tout, elle lui dit :

« Père, je me marierai, mais à une condition ».

Le roi, soulagé de voir que sa fille finissait

par accepter, donna son accord, mais lui

demanda, un peu inquiet, parce qu’il la

connaissait, de quelle condition il s’agissait.

« C’est tout simple, dit Valentine avec un

sourire irrésistible, je ne me marierai qu’avec

un homme qui saura devenir invisible. »

Le roi fut bien contrarié, mais il

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Pour Marie

Le pissenlit

Il était une fois un royaume, dans

les montagnes. Ce royaume avait un roi et

une reine, très gentils tous les deux, mais

pourtant le royaume était triste et malheureux.

Pourquoi triste et malheureux ? Parce que, un

an auparavant, les trois enfants du roi et de

la reine, les trois princes, avaient disparu.

115



Ils étaient partis ensemble, un jour de printemps,

à cheval, et personne ne les avait plus jamais

revus. Depuis ce jour, tout le pays était

triste, d’autant plus que l’année qui suivit

cette disparition avait été une année de

catastrophes : une inondation au printemps,

la sécheresse en été, et à nouveau une inon-

dation à l’automne... Les récoltes étaient

très maigres et les pauvres gens n’avaient

pas grand’chose à manger. Et alors tous

erraient par la campagne à la recherche de

quelque chose pour améliorer l'ordinaire.

Et voici qu’au village, il y avait,

dans une petite ferme, une veuve qui avait

trois filles : Adèle, l’ainée, Marie, la seconde

et Fanette, la dernière. Elles étaient toutes

les trois jolies comme tout, mais Fanette

116



Quand les macaronistombèrent du ciel

Deux frères vivaient dans un

petit village. L’ainé s’appelait Pierre et le

plus jeune Jean. Pierre était intelligent, Jean

était gentil, mais un peu bête. Un jour qu’il

travaillait dans les champs, Pierre trouva

dans la terre une grande marmite pleine

d’or. « Qu’est-ce que je vais lui dire à mon

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frère ? se demanda-t-il, il est si bête le pauvre

qu’il va tout répéter à tout le monde et le roi

nous prendra tout. » Pourtant, il ne pouvait

pas transporter cette grosse marmite tout

seul, parce qu’elle était trop lourde. Alors il

eut une idée. Il alla à la maison pour mettre de

l’eau à bouillir sur le feu. Puis, il partit pour la

campagne. Dans le bois, il trouva un lapin pris

au piège et dans le filet qu’il avait lancé à la

rivière un poisson, une truite. Pierre qui avait

une idée derrière la tête, mit la truite dans le

piège et le lapin dans le filet.

Ensuite, il retourna à la maison.

Là, il fit cuire cinq kilos de macaronis dans

l’eau bouillante. Cela fait, il alla les suspen-

dre dans les branches des arbres du jardin,

derrière la ferme.

138



Le roi cruel,le sage et le fou

Il était une fois, dans un pays

dont j’ai oublié le nom, un roi. Le Roi Cruel.

Un roi autoritaire, qui se croyait toujours le

plus fort, le plus intelligent et le plus beau.

Tout le monde en avait peur, parce qu’il était

méchant comme la peste, et si quelqu’un

essayait de s’opposer à lui, il le faisait attraper

145



aussitôt par ses gardes et lui faisait couper la

tête. Ainsi. En public, pour l’exemple, et avec

une grande, une horrible hache rouge.

Et voici qu’un jour, le Roi Cruel

apprit que dans un village perdu de son pays

dont je ne me souviens toujours pas du nom,

il y avait un sage, un savant, le plus grand

savant qu’on n’ait jamais trouvé. Un savant

qui vivait loin de la capitale, loin du Roi Cruel,

parce qu’il se doutait bien qu’un jour ou l’au-

tre le roi serait jaloux de lui, et que cela irait

mal pour sa santé.

Dès qu’il sut que, dans son

royaume, quelqu’un avait la réputation d’être

savant, et sans doute plus savant que lui, le

Roi Cruel devint furieux, plus que furieux,

enragé...

146



Le Vire-Vire

Il était une fois une jeune fille

qui s’appelait Agathe, et qui vivait toute seule

avec sa mémé dans une petite maison, tout

près du château du roi de Pamparigouste.

Agathe gardait les brebis du roi toute la

journée. Pour ne pas s’ennuyer, elle lisait

les livres que lui prêtait le bibliothécaire du

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château, à qui elle portait souvent de bons

fromages que faisait sa mémé. Il faut dire

que le fromage était le meilleur de tout le pays

et que le bibliothécaire était très gourmand.

Donc, Agathe, qui n’était jamais allée à

l’école, était devenue très instruite au fil des

ans mais elle ne le savait pas !

Elle était aussi amie avec une fée

de la région. Une fée minuscule et maladroite

qui, chaque fois qu’elle voulait se servir de sa

baguette magique, avait des problèmes.

C’est ainsi qu’elle s’était transformée en

grenouille en se regardant dans un miroir, et

Agathe l’avait sauvée au moment où elle

allait se noyer dans une mare où elle s’était

aventurée sans avoir appris à nager.

Agathe était aussi amie avec le

158



La taupe de Badelune

A Badesoleil, mon village, nous

sommes tous intelligents, mais à Badelune,

le village voisin, les gens sont tous idiots.

Et pas qu’un peu idiots, complè-

tement abrutis. La preuve.

Figurez-vous qu’à Badelune, il y

avait, autrefois, une taupe. Mais pas une

183



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CD audioVoix : Fanette Suberroque, Florian Vernet Prise de son, mixage : Joachim Martinetti

Piste 1 : La Princessa Valentinap.13 - 09’38‘‘

Piste 2 : Lo pissalachp.27 - 16’36’’

Piste 3 : Quand los macarònis tombèron del cèlp.49 - 04’54’’

Piste 4 : Lo rei crudèl, lo savi e lo fòlp.57 - 08’44’’

Piste 5 : Lo Vira-Virap.67 - 20’22’’

Piste 6 : La taupa de Badalunap.93 - 04’16’’

Durée totale : 64’43’’



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autr

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n Ve

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Florian Vernet



Édition bilingue


Li

vre + CD audio

Florian Vernet tòrna prene la matèria del contetradicional per ne far quicòm de nòu. Totes losmotius del conte, totes los personatges, toteslos modèls esprovats, Vernet los coneis, loscombina, los tòrç, los reutiliza de son biais.Apond a sa creacion la poncha necessària desegond gras, d'umor, d'anacronisme esquèr peruna capitada bèla. Dins aquestes contes « fachesa la man », plens de vida e de vam, l'occitan esencara e totjorn la lenga que sas paraulasdobrisson la pòrta dels pantaisses d'enfants.

Florian Vernet reprend la matière du conte tradi-tionnel pour faire du nouveau. Tous les motifs duconte, tous les personnages, tous les modèleséprouvés, Vernet les connaît, les combine, les tord,les réutilise à sa façon. Il ajoute à sa création lanécessaire touche de second degré, d'humour,d'anachronisme incongru qui ne gâte rien. Dans cescontes « faits main », pleins de vie et de fraîcheur,l'occitan est encore et toujours la langue dont lesmots ouvrent la porte des rêves d'enfants.

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