LA PRÉVENTION, UNE IDÉE FIXE - le bimsa · Au moment où l’Assemblée nationale vient...

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P.09 SE RECONSTRUIRE PIERRE PAR PIERRE P.32 LE COURANT PASSE P.34 L’ÉLEVAGE AU SOMMET 168 Trouvez d’autres articles et photos sur www.lebimsa.fr LA PRÉVENTION, UNE IDÉE FIXE Mensuel / Novembre 2016

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le magazine de la MSA / www.lebimsa.fr

P.09 SE RECONSTRUIRE PIERRE PAR PIERRE P.32 LE COURANT PASSE P.34 L’ÉLEVAGE AU SOMMET

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LA PRÉVENTION, UNE IDÉE FIXE

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Au moment où l’Assemblée nationale vient d’achever l’examen en pre-mière lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale, un dossier s’invite dans le débat, celui des retraites agricoles.Les pouvoirs publics, et on doit s’en féliciter, se sont en effet engagés,

début 2014, dans la loi sur le système de retraites, à revaloriser le montant des petites retraites agricoles, en couplant mesures immédiates et relève-

ment échelonné du montant minimum de la pension, base plus complémen-taire, perçue par un exploitant, pour la porter à 75 % du Smic au 1er janvier 2017

pour une carrière complète.L’enfer est malheureusement pavé de bonnes intentions et se niche en l’occurrence dans le mécanisme de financement qui repose sur l’attribution de points gratuits au titre du régime de retraite complémentaire obligatoire (RCO), sans que des ressources suffisantes aient été prévues pour permettre à ce dernier d’y faire face. Comme la MSA l’avait souligné dès l’origine, l’heure des échéances a donc sonné et le régime complé-mentaire, profondément déséquilibré par sept milliards d’euros d’engagements sup-plémentaires, est virtuellement en cessation de paiements dès 2017, avec un déficit prévu de 120 millions d’euros en fin d’exercice.Le ministre vient donc d’annoncer d’ici à la fin de l’année la tenue d’une conférence sur les retraites agricoles. Il en a même anticipé les conclusions, en évoquant une double perspective, d’une part, la hausse de deux points du taux de cotisation de la RCO et, d’autre part, le calcul de la part proportionnelle de la retraite de base sur les 25 meilleures années.Cela revient donc à demander aux actifs de payer aujourd’hui pour financer des mesures qui relèvent sans aucun doute de la solidarité nationale et de leur promettre en contrepartie un relèvement à terme de leur retraite de base, alors que ce même régime de base affiche déjà une dette cumulée de près de 3,2 milliards d’euros finan-cée par l’emprunt.La proposition n’est certes pas dénuée d’habileté, mais elle risque de se heurter à la réalité de la crise que traverse le monde agricole. La MSA se doit d’alerter sur une question aussi sensible et je me contenterai de le faire en rapprochant deux chiffres, 880 euros et 350 euros, c’est-à-dire le coût a minima d’une cotisation RCO relevée de deux points et le revenu mensuel que 30 % des exploitants n’atteindront pas en 2016.

Pascal CormeryPrésident de la MSA

Un dossier s’invite dans le débat, celui des retraites agricoles.”

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Caisse centrale de la Mutualité sociale agricoleLes Mercuriales - 40, rue Jean-Jaurès - 93547 Bagnolet CedexTél. : 01 41 63 77 77 – www.msa.frLe Bimsa : dépôt légal à parutionCPPAP : 1021 M 05851 – ISSN : 1298-9401Directeur de la publication : Michel BraultComité d’orientation : Pascal Cormery ; Philippe Moinard ; Béatrice Barbeau ; Robert Caldayroux ; Didier Cuniac ;Régis Jacobé ; Dominique Marmier ; Éric Van Daele ; André RicardRédacteur en chef : Gildas BelletRédacteur en chef adjoint : Franck RozéRédacteurs : Jérémy Lemière ; Marie Molinario ; Alexandre RogerSecrétaire de rédaction : Anne Pichot de la MarandaisMaquettistes : Stéphane Frit ; Delphine LevasseurConception : agence MeaningsAdministration et abonnements : Marie-Christine Feugueur Tél. : 01 41 63 73 31Imprimeur : Imaye Graphic 96, boulevard Henri-Becquerel - ZI des TouchesBP 2159 - 53021 Laval cedex 9Couverture : Jérémy Lemière/Le BimsaÉdito : Franck Beloncle/CCMSA Image

Le Bimsa est imprimé sur du papier certifié PEFC-recyclé 100 %.

ACTUALITÉS ……………………04-08Du nouveau dans les régions et dans notre environnement social et agricole.

TERRITOIRES …………………09-12Se reconstruire pierre par pierre.

ENJEUX ……………………………13-14 Les perspectives de l’action sociale.

DOSSIER ……………………15-23 LA PRÉVENTION, UNE IDÉE FIXE Retour sur le colloque international de l’association internationale de la Sécurité sociale (AISS) autour du thème « Innover en prévention », qui s’est déroulé du 12 au 14 octobre.

FOCUS ………………………………24-25Ça bouge dans les Marpa.Grippe : pensez au vaccin.

RENCONTRES ………………26-33 De l’air pour les aidants.Étude sur le suicide en agriculture.Jolie fréquentation pour Festi’santé. Du théâtre sans entourloupette.Le courant passe.

EN IMAGES ……………………34-35L’élevage au sommet.

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NORD-PAS DE CALAIS /

Méthode Souvignet :douceur et non stressCe n’est un secret pour personne : les risques professionnels sont nom-breux en agriculture, notamment en matière d’élevage bovin. Et pour cause : 56 % des accidents du travail des exploitants sont prin-cipalement liés à cette activité. C’est pourquoi la MSA Nord-Pas de Calais et Avenir conseil élevage proposent aux exploitants et aux salariés agricoles de se former à la méthode Souvignet. Cette dernière contribue à diminuer les risques professionnels, tout en améliorant les conditions de travail.Mise en place en 2004 par deux exploitants du Cantal, Benoît et Michel Souvignet, elle vise à incul-quer aux bovins le respect de la

corde, du bâton et de l’homme, grâce à une approche basée sur la douceur et le non-stress de l’animal. Elle s’effectue sur trois jours en période de post-sevrage. Les deux premiers jours, le veau est attaché huit heures d’affilée pour lui inculquer le respect de la corde.

Une première dans le NordLe troisième jour est réservé à l’apprentissage de la marche en commençant dans un cou-loir fermé pour finir en extérieur. Les avantages sont multiples : docilité de l’animal, sécurité pour l’exploitant et avantage commer-

cial en sont quelques exemples. La première session a eu lieu fin septembre dans une exploitation de Marbaix, dans le Nord. Elle regrou-pait une quinzaine d’exploitants et de salariés agricoles. Benoît et Michel Souvignet étaient présents. Ils ont expliqué les principes de leur méthode avant d’accompagner les exploitants et leurs bêtes dans l’apprentissage de la marche. Un exercice qui demande une bonne connaissance des différents nœuds et licols, ainsi que des techniques d’approche et des points de contact pour calmer l’animal, des éléments abordés dans la formation « mani-pulation bovins » proposée par la MSA Nord-Pas de Calais. —

SUD AQUITAINE /

SAUTER LE PAS DU BIOComment soigner les diarrhées des agneaux avec la phyto-aromathérapie ? Comment produire jusqu’à 7 000 litres de lait avec une ration basée sur l’herbe ? Autant de questions et beaucoup d’autres sur le produire bio, autant de réponses sur les nouvelles façons de produire en agriculture apportées pendant Alteragro, rencontres organisées du 3 au 21 octobre, par l’équipe de Bio d’Aquitaine et ses partenaires, dont la MSA Sud Aquitaine, pour ceux qui veulent sauter le pas du bio.www.bio-aquitaine.com

PROVENCE AZUR /

SERVICE CIVIQUE ET AIDE NUMÉRIQUEDepuis le mois d’octobre, et de manière progressive jusqu’à la fin de l’année 2016, la MSA Provence Azur met en place, dans chacun de ses points d’accueil, un espace numérique permettant d’accéder aux services en ligne de la MSA et d’éditer des documents nécessaires à l’accomplissement de certaines formalités. Afin d’accompagner les adhérents à cette utilisation, elle a choisi de faire appel à des jeunes désirant s’engager en mission de service civique. En savoir plus : www.msaprovenceazur.fr

20,6 %c’est le pourcentage d’exploitants agricoles se déclarant fumeurs réguliers (+ 69 % en 4 ans).

(Chiffres MSA 2014)

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SUD AQUITAINE /

Préparer sa retraite dans les Landes

MIDI-PYRÉNÉES NORD /

Le Côlon tour à Gourdon

Les organismes de retraite sont allés à la ren-contre de leurs assurés les 30 septembre et 1er octobre à l’espace culturel Roger-Hanin. Cette initiative interrégime, qui avait lieu pour la première fois dans les Landes, a connu un fort succès, puisque 800 visiteurs sont venus s’informer sur leurs droits auprès de la Carsat Aquitaine, de la MSA Sud Aquitaine, du RSI Aquitaine, du Cicas des Landes, de la CNRACL ou encore de l’Ircantec. Chacun pouvait bénéficier d’un bilan personnalisé. Conditions d’attribution, démarches à suivre, services en ligne…, le passage à la retraite est source de nombreuses interrogations dans un contexte difficile : « La législation a connu ces dernières années des réformes successives qui

Le Côlon tour s’est installé à Gourdon, dans le Lot, le 11 octobre. Organisée par la Ligue contre le cancer, la fondation d’aide et de recherche en cancérologie diges­tive (Arcad), la société française d’endo­scopie digestive (Sfed) et l’association de dépistage des cancers (Adeca 46), cette journée avait pour but la prévention du cancer colorectal par le dépistage. La MSA Midi­Pyrénées Nord, partenaire de cette action, incite fortement ses adhérents à participer aux dépistages.Une structure gonflable de taille humaine représentant un côlon géant permet d’évo­quer les différentes lésions et de donner des explications sur leur évolution. Cette visite animée par le Dr Jean­Pierre Tricot, président de la Ligue, fait comprendre le déroulement et l’importance de ce dépistage : un courrier est adressé tous les deux ans aux personnes ayant entre 50 et 74 ans. Il les invite à retirer le test de dépistage chez leur médecin traitant qui leur transmettra les informations nécessaires à son utilisation. Il permet de repérer soit une lésion avant qu’elle n’évolue, soit un cancer le plus souvent à un stade précoce. Détecté tôt, un cancer colorectal guérit dans neuf cas sur dix.Plusieurs animations étaient organisées autour du Côlon tour, dont la présentation du nouveau test de dépistage par le Dr Raul Jorge Casaux, directeur de l’Adeca 46. Ce test est plus performant et plus simple à utiliser que le précédent. Fanny Lasbouygues, diététicienne, a démontré les bienfaits d’une alimentation saine et équilibrée sur la santé. —

Le bien­vieillir était à l’honneur lors de la journée des seniors, organisée le 10 octobre à Biguglia, au sud de Bastia, en Haute­Corse. Dans le cadre de la semaine bleue, la semaine nationale des retraités et personnes âgées, et en collaboration avec la Carsat et le RSI, les assistantes sociales de la MSA de la Corse ont fait découvrir les Ateliers du bien vieillir et Peps Eurêka à une centaine de personnes. Des petits groupes de 15 se sont relayés dans la convivialité autour de plu­sieurs thèmes, comme l’atelier nutrition animé par une diététicienne, l’atelier gym douce pour savoir comment bouger son corps au quotidien ou encore l’atelier mémoire. Des quiz et un jeu de l’oie sur le thème de la protection sociale et des droits avaient lieu dans l’atelier jeux. Une session découverte pleine de peps pour comprendre que l’on peut agir sur son bien­être au quotidien et apprendre à le faire. —

ARDÈCHE DRÔME LOIRE /

DES ÉLUS MOBILISÉS

C’est le nombre d’élus qui ont accompagné les adhérents à la saisie de leur déclaration de revenus professionnels sur Internet. Difficultés techniques, absence d’adresse électronique ou encore choix du mot de passe, l’aide venait à point nommé pour des assurés parfois perdus lors de la saisie. Les délégués avaient, au préalable, suivi une formation pour envisager toutes les questions que l’adhérent pourrait leur poser. L’objectif était d’apprendre aux affiliés à se servir du site de la MSA et, surtout, de rendre plus compréhensible l’utilisation des services en ligne. Les délégués qui se sont mobilisés parfois toute une journée ont fait preuve de pédagogie et démontré que les élus sont toujours proches des assurés de la MSA. Onze agences ont proposé cette aide à leurs affiliés.

CORSE /

Bien vieillir sur l’île de Beauté

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la rendent complexe pour nos adhérents. D’où notre objectif, au travers d’une telle initiative, de faciliter l’accès aux droits de nos assurés », explique Marc Héliès, directeur général de la MSA Sud Aquitaine. Cent soixante-dix per-sonnes sont passées par le stand MSA pour, ainsi, bien préparer leur retraite. —

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DEUX-SÈVRESCAPR’INOV DU 23 AU 24/11. Le rendez-vous professionnel des acteurs de la filière caprine fêtera ses dix ans au parc des expositions de Niort. Une trentaine de conférences, environ 170 exposants et près de 4 000 visiteurs sont attendus. Pour la première fois est organisé un concours de fromages et de produits laitiers dont les lauréats seront sélectionnés pour la finale nationale au Salon international de l’agriculture. Plus d’infos sur : www.caprinov.fr—CALVADOSFILIÈRE ÉQUINE : COLLOQUE SST LE 24/11. La 7e édition du colloque du Conseil des chevaux de Normandie accueillera, à l’hippodrome de Cabourg, de nombreux intervenants pour parler de santé-sécurité au travail et des enjeux pour l’exploitation équine. Seront notamment présents Karim Laghouag, champion olympique à Rio en 2016, et Éric Favory, médecin de l’équipe de France. Retrouvez le programme sur : www.chevaux-normandie.com—SEINE-MARITIMETHÉÂTRE-FORUM SUR LES ADDICTIONSLE 29/11. Un spectacle, Un rêve parti, animé par la troupe de théâtre interactif « Six pieds sur terre » de Rugles, dans l’Eure, et une animatrice prévention de l’Anpaa (association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) Haute-Normandie, abordent les questions soulevées par les addictions : les difficultés du quotidien, les conséquences. Comment les repérer, comment en parler ? Rendez-vous à 14 heures à la salle des fêtes de Criquetot-l’Esneval. Entrée libre. Plus d’infos sur : www.msa-haute-normandie.fr—

LOIRE-ATLANTIQUE – VENDÉE /

Prévenir le suicide Pour prévenir le suicide dans le monde agricole, une convention de partenariat a été signée le 4 octobre, à La Roche-sur-Yon, par le préfet de la Vendée, la MSA Loire-Atlantique – Vendée, la chambre d’agriculture, la confédération générale de l’agriculture, Solidarité paysans 85, Crédit agricole Atlantique Vendée et le conseil départemental.Cette convention vise à mettre en place un réseau de repérage, d’accompagnement, de soutien et de signalement des personnes à risque. Elle s’inscrit dans un cadre plus global qui a d’abord consisté, pour la MSA et ses partenaires, à recenser, puis évaluer, dans le strict respect des règles de confidentialité, la mortalité par suicide des exploitants et des sala-riés agricoles. Objectif : mieux cibler les actions de prévention à mettre en œuvre. Que faire en cas de danger immédiat ? Composer le 15 (ou le 112 à partir d’un téléphone portable). Sinon, inviter la personne à contacter son médecin traitant

et, avec son accord, appeler la cellule de prévention du suicide de la MSA Loire-Atlantique – Vendée. Un médecin du travail est à votre écoute au 02 51 36 89 39. Autre possibilité : Agri’écoute, la ligne d’écoute télé-phonique nationale accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 au 09 69 39 39 19 —

traitement, peuvent alors surve-nir après plusieurs semaines des problèmes neurologiques, articu-laires ou plus rarement sur d’autres organes comme le cœur. La meil-leure prévention consiste à porter des vêtements longs, fermés et de couleur claire, puis de rechercher d’éventuelles piqûres. Une soirée

riche en échanges montrant bien la nécessité du plan national de lutte contre la maladie lancé en sep-tembre par le gouvernement. De nombreux participants connaissaient des personnes atteintes ou l’étaient eux-mêmes. Avec les hivers doux qui s’annoncent, la vigilance reste de mise. —

LIMOUSIN /

S’informer sur la maladie de Lyme Avec 27 000 cas déclarés par an en France, la maladie de Lyme reste méconnue malgré sa constante progression. Le Limousin étant l’une des régions les plus infec-tées, les élus MSA ont tenu une réunion d’information le 11 octobre à Verneuil-sur-Vienne, en Haute-Vienne. Cent soixante personnes sont venues écouter le Pr Pierre Weinbreck, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Limoges. Un fort inté-rêt, puisque le monde agricole est particulièrement concerné, de même que les simples promeneurs, par cette maladie infectieuse due à la bactérie Borrelia transmise par les tiques proliférant dans les champs et les forêts. Heureusement, toutes ne sont pas porteuses de la bac-térie et la transmission peut être évitée si elles sont retirées dans les 24 heures. Le spécialiste a ainsi tenu à rassurer, tout en rappelant les symptômes (érythème migrant, fièvre, céphalée) et le traitement par antibiotiques. Il se peut qu’aucun symptôme n’apparaisse et, sans

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EN RÉGIONS

VIE DE L’INSTITUTION

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JOURNÉES TECHNIQUES INTERRÉGIMES Les 5 et 11 octobre, la Cnav, la CCMSA, le RSI et la CNRACL ont conjointement organisé deux journées à destination de leurs réseaux d’action sociale. La première, destinée aux agents de direction, s’est tenue à la MSA. Elle portait sur la mise en place des conférences départementales des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie. Elle a permis de diffuser aux réseaux des messages communs sur la présence coordonnée au sein de ces instances. La seconde journée s’est déroulée à la Cnav et a porté sur les actions collectives de prévention.Plus d’infos sur www.lebimsa.fr

NOUVELLES AFFILIATIONS En 2015, la MSA compte 15 100 nouveaux non-salariés agricoles. C’est 2 200 chefs d’exploitation de plus que l’année précédente. Cette hausse est en grande partie due à la modification des critères d’affiliation de la loi d’avenir pour l’agriculture, remplaçant la surface minimum d’installation (SMI) par la surface minimum d’assujettissement (SMA) et introduisant le temps de travail et les niveaux de revenus de l’exploitation comme critères complémentaires.

RENCONTRES PARLEMENTAIRESLe président et le directeur général ont rencontré les parlementaires les 5 et 12 octobre, pour évoquer l’actualité de la protection sociale agricole. De nombreux sujets ont ainsi été abordés, notamment les crises agricoles, la situation financière de la retraite complémentaire ou la médecine du travail. Les députés se sont également interrogés sur la compétitivité et le niveau de revenus,

ainsi que sur la politique d’affiliation, en particulier pour les activités qui ne relèvent pas actuellement du périmètre de la MSA, et la mise en oeuvre du compte pénibilité. Les sénateurs,

quant à eux, se sont intéressés à la prévention des risques psychosociaux, la présence sur les territoires, la dette de la branche vieillesse des non-salariés agricoles ou encore la prime d’activité.

Espace social européen, Terre-net, Protection sociale informations, Agrapresse, Pleine vie, l’Agence France-presse, AEF, L’information agricole, La France agricole, Tout sur ma retraite, JA Mag, Le Figaro, Franceinfo… Contexte de crises agricoles oblige, une vingtaine de journalistes répondent présent à la conférence de presse de rentrée de la CCMSA, le 11 octobre, à Paris. Parmi les questions récurrentes des professionnels de l’information adressées à Pascal Cormery, Thierry Manten et Michel Brault, respective-ment président et vice-président de la MSA, et directeur général de la CCMSA : l’augmentation du nombre d’appels de détresse à Agri’écoute et les chiffres du suicide en agriculture. Créé en octobre 2014, ce numéro d’appel (09 69 39 29 19) est acces-sible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Plus de 1 700 appels ont été reçus au 1er semestre 2016 (285 appels par mois en moyenne), contre 300 appels en moyenne, par trimestre, en 2015. De plus en plus de femmes com-posent ce numéro. « Les exploitants agricoles nourrissent un fort sentiment de culpabilité et ont tendance à se réfugier dans le travail », commente Michel Brault. L’occasion, pour le directeur général de la CCMSA, de rappeler son attachement à l’un des atouts du régime agricole en matière d’accompagnement :

« Nous tenons beaucoup à préserver notre réseau de travailleurs sociaux sur les territoires ». Soit près de 900 professionnels, répartis en assistants sociaux, conseillers en économie sociale et familiale, chargés de mission et agents de développement social local, auxquels il convient d’ajouter quelque 1 100 conseillers en pré-vention et médecins, sans oublier le réseau des délégués MSA. Sur le thème du suicide des agricul-teurs, de nouveaux chiffres transmis par Santé publique France (union de l’INVS, de l’Inpes et de l’Eprus) attestent de l’importance du pro-blème : 300 décès par suicide ont

été comptabilisés sur les deux années 2010 et 2011, soit une moyenne de 150 décès par an. Entre 2007 et 2009, 485 décès avaient été comptabilisés (162 décès par an en moyenne). Chaque caisse de MSA est dotée d’une cellule pluridisciplinaire de pré-vention composée de travailleurs sociaux, de médecins du travail, de professionnels de la santé-sécurité au travail, des services de santé ou des services techniques (cotisations, prestations). En 2015, sur les 1 106 situations détectées, 462 ont été orientées vers des professionnels de santé. Un risque suicidaire avéré concernait 22 % d’entre elles. —

+ 16,8 %c’est l’augmentation du nombre de chefs d’exploitation agricole pour l’année 2015.

Agri’écoute suscite l’intérêt des journalistes

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Chiens renifleurs de… cancers

AGRICULTURE : BUDGET EN HAUSSEL’Assemblée nationale a adopté le 3 novembre le budget pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, dans le cadre de l’examen en première lecture du projet de loi de finances 2017. Il s’élèvera à 5,12 milliards d’euros, en hausse de 700 millions par rapport au budget 2016. Les crédits 2017 affichent un bond de 15 %, notamment pour financer la réduction de sept points du taux de la cotisation personnelle maladie des exploitants agricoles. Le budget revient ainsi à peu près à son niveau de 2012. Outre les missions liées à l’agriculture proprement dite (à hauteur de 3,1 milliards d’euros), cette somme abonde l’enseignement et la recherche dans le domaine agricole, avec plus de 1 000 créations de postes depuis 2012.

Thor et Nykios, deux bergers malinois, pos­sèdent un atout majeur dans la lutte contre le cancer du sein : une truffe. Un flair capable de détecter les croquettes ca­chées sous la banquette, mais aussi l’odeur spécifique des cellules cancéreuses, détectable via la sueur. C’est le pari du projet K-Dog qui réunit une équipe pluri disciplinaire de l’institut Curie composée de soignants, de pathologistes, de chimistes et d’experts cynophiles..., et de Thor et Nykios, prêts à mettre leur odorat au service du progrès médical. Dans un premier temps, cliniciens et pathologistes assureront le recueil d’échantillons, des lingettes imprégnées de sueur. Puis, les chiens seront formés par les experts cynophiles à repérer l’odeur des cellules cancéreuses. Le projet K-Dog répond à la nécessité de simplifier le diagnostic pour l’étendre à toutes les populations concernées et à tous les types de cancers. Cette méthode de détection fiable, simple et peu coûteuse sera ainsi adaptée et reproductible dans les pays émergents, où nombre de cancers ne sont tout simplement pas détectés. —

Toujours dans le but de faciliter la vie des affiliés et les démarches concernant la carte Vitale, la MSA va encore

plus loin. Un nouveau service permet dorénavant de déclarer la perte ou le vol de sa carte et d’initier son renouvellement en ligne depuis « Mon espace privé » (1 679 044 inscrits au début du mois de novembre). L’adhérent peut désormais déposer une photo d’identité conforme, ainsi que la copie de sa carte d’identité, permettant de valider la création de sa nouvelle carte Vitale.Contrairement à la version précédente du service, où les affiliés devaient compléter leurs demandes par voie papier, son renouvellement est aujourd’hui 100 % dématérialisé et permet une prise en charge rapide : une fois celle­ci validée, l’adhérent reçoit sous quinzaine sa nouvelle carte. Plus globalement, avec douze millions de démarches en ligne enregistrées au 1er semestre 2016, la MSA répond à la demande croissante des adhérents qui souhaitent gérer en ligne leurs démarches. —

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Toujours plus de centenaires

Selon une étude de l’Insee parue en no­vembre, au 1er janvier 2016, 21 000 centenaires vivent en France : c’est près de vingt fois plus qu’en 1970. Si la ten­

dance actuelle se maintient, la France pourrait compter 270 000 centenaires en 2070, soit treize fois plus qu’aujourd’hui.En 2070, neuf femmes sur dix et huit hommes sur dix nés en 1990 deviendraient octogénaires, tandis que 13  % des femmes et 5 % des hommes nés en 1970 atteindraient leur centième anniversaire. Pour déterminer combien de garçons ou de filles nés en 2016 arriveraient à 100 ans, il est nécessaire de prolonger les tendances de mortalité jusqu’en 2116. L’horizon de projection est très lointain et les résultats sont donc très sensibles aux hypothèses. Entre 15 % et 48 % des filles et entre 9 % et 31 % des garçons nés en 2016 deviendraient centenaires selon les hypothèses. —

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SE RECONSTRUIRE PIERRE PAR pierre

La MSA Ardèche Drôme Loire conduit, depuis 2014, une expérimentation sur l’autoréhabilitation accompagnée de logements. Un projet qui a pu voir le jour grâce au concours de nombreux partenaires et qui espère apporter

une réponse au mal-logement des exploitants agricoles en Ardèche et dans la Drôme.

Assis à la table de leur cuisine, Nelly et Philippe regardent autour d’eux et s’étonnent encore de la taille de leur maison. Pourtant, cela fait

vingt ans qu’ils y habitent. Depuis quelques années, les Guillet s’étaient installés dans les combles aménagés du domicile, à Vassieux-en-Vercors, dans la Drôme. Une situation trop longtemps subie, faute de solution pour réhabiliter le reste du bâtiment  : « L’isolation n’existait pas, les fenêtres étaient trop anciennes et l’assainissement était à faire, se souvient Philippe. Et sur le plateau du Vercors, quand il fait - 30° Celsius dehors et que le vent s’engouffre dans chaque pièce,

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le quotidien devient difficile. » Le couple d’agriculteurs décide alors de s’installer dans l’endroit récemment rénové en attendant le moment opportun pour réaliser de gros travaux dans les étages inférieurs.Mais dans 68 mètres carrés avec une petite salle de bains, deux chambres et un salon qui n’en a que le nom, la vie à cinq devient pénible et les Guillet se sentent vite à l’étroit. Nelly décide de bâtir un dossier de demande de subvention auprès de l’association soli-daire pour l’habitat (Soliha) de la Drôme. À partir de l’acceptation du dossier, tout s’enchaîne. Courant 2015, l’assistante sociale de la MSA Ardèche Drôme Loire, Annie Brulland, entre en contact avec

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TERRITOIRES

une rangée de carrelage ou mettre en place le dernier panneau de papier peint. Mais le couple d’agriculteurs ne regrette pas d’avoir quotidiennement travaillé à la rénovation : « Nous avons pris trois jours de pause durant les travaux. Deux pour visiter des lycées avec le plus grand et un autre pour la fête des mères », avoue quand même Nelly. C’est alors dans un temps record que l’aménagement de la maison a pu se faire puisque, courant juillet, les Guillet descendent vêtements et vaisselle des combles pour investir les 120 mètres carrés rénovés. «  Un vrai bonheur  », se souviennent-ils.Aujourd’hui, la famille se sent à nouveau

Les enfants de Nelly et de Philippe, âgés de 12 et 14 ans, se sont appropriés leur chambre dès le début en réalisant eux-mêmes les peintures et la pose de papier peint.

Des ouvertures ont été créées dans le salon pour amener plus de lumière et un mur est tombé pour que la cuisine soit plus ouverte sur le reste de la maison.

le couple avant de laisser la place à sa remplaçante, Denise Lombard. « Elles nous ont expliqué l’expérimentation de la caisse : l’autoréhabilitation de logements avec l’aide des compagnons bâtisseurs. » C’est donc la chargée de projet des compagnons bâtis-seurs, Émilie Frapsauce, accompagnée d’un maître d’œuvre, qui est venue à la rencontre de la famille pour faire un état des lieux. Après plusieurs ajustements, le projet de réhabilitation est défini. Le 11 mars 2016, les matériaux sont livrés. Les travaux commencent le lendemain.

Retrousser les manchesLa démarche de l’autoréhabilitation accom-pagnée d’un logement demande la parti-cipation des occupants de la maison. Pas de souci pour les Guillet qui n’hésitent pas à retrousser leurs manches dès le premier jour : « Toute notre famille est venue nous aider. Que ce soit les parents de Nelly, mon neveu ou même nos enfants, tout le monde a mis la main à la pâte », raconte Philippe. Amandine, technicienne des compagnons bâtisseurs, se rend chaque semaine sur le plateau du Vercors pour suivre les travaux et donner des conseils au couple : « Les astuces qu’elle nous enseignait nous ont vraiment servis. Elle était très pédagogue. » Durant plusieurs semaines, les journées s’étirent longuement pour finir de poser

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et de photos

sur notre site.

bien dans cette maison et « conseille aux gens de faire les démarches auprès de Soliha ». Philippe et Nelly ne comptent pas s’arrêter là et envisagent de rénover les combles dans lesquelles ils ont vécu pendant plusieurs années. « Maintenant que l’on sait comment faire, ça va être plus simple », expliquent-ils. Le vent peut désormais souffler sur le plateau du Vercors. — Jérémy Lemière

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TÉMOIGNAGEMonique Scoubart,chargée de la mission logement à la MSA

Ardèche Drôme Loire

Le comité de pilotage a réuni tous les partenaires du projet pour parler de la direction à prendre les prochains mois. Outre les compagnons bâtisseurs Rhône-Alpes et la MSA, Soliha, ou encore l’Anah, le conseil départemental, la direction départementale des territoires et la fondation Abbé Pierre sont également acteurs de l’expérimentation.

Pour présenter l’action, le documentaire Des murs pour se reconstruire a été présenté lors de la réunion. Témoignages de bénéficiaires et commentaires de partenaires ponctuent le film d’une dizaine de minutes.

Le mal-logement des exploitants agricoles est quelque chose que l’on constate depuis plusieurs années. Souvent, lors d’une transmission d’exploitation, on remarque que les repreneurs (souvent issus de la famille) n’osent pas toucher au logement par respect. Ceux qui rachètent la ferme ne disposent plus de ressources pour faire des investissements dans le logement. Pour l’un comme pour l’autre, le problème est le même, l’exploitation passe toujours en premier. En Ardèche Drôme Loire, les départements sont assez pauvres avec un niveau de vie global assez faible. C’est pour cela que, lors des rendez-vous prestations ou autres, les travailleurs sociaux

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les démarches pour venir en aide à l’affilié. Cette action s’inspire d’une initiative du Vaucluse où les compagnons bâtisseurs, l’agence nationale de l’habitat (Anah) et Sites habitats aident à la réhabilitation de logements. Depuis 2013, nous nous sommes mis en relation avec les acteurs régionaux de l’habitat. En peu de temps, nous avons réussi à instaurer une réelle coopération entre les différentes structures. Notre but à tous, c’est de répondre à chaque dossier comme on répond à un défi et, pour le moment, ça fonctionne. Maintenant, nous allons essayer de pérenniser l’action en menant à bien tous les chantiers en cours. Nous avons un peu peur que les partenaires d’aujourd’hui ne nous suivent pas sur le long terme, mais c’est aussi notre challenge de maintenir l’effort de tous. —

de la caisse demandent systématiquement dans quelles conditions vivent les agriculteurs. C’est parfois difficile, long, pour

être reçu dans la maison et faire un vrai état des lieux, mais quand on identifie une situation urgente, on essaie d’engager rapidement

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ILS ONT DIT

L’autoréhabilitation ac-compagnée par les com-pagnons bâtisseurs, j’en ai d’abord entendu parler sur France Inter dans l’émission

Carnets de campagne de Philippe Bertrand. Après avoir contacté l’Anah et monté mon dossier, j’ai pu obtenir une subvention d’envi-ron 20 000 euros. J’ai pu refaire les cloisons, le plancher, installer des panneaux solaires sur le toit et refaire la plomberie. J’ai dû sortir environ 10 000 euros de ma poche pour ces travaux. Aujourd’hui, le chantier est bientôt terminé. Il a pris plus de temps que prévu, puisque cela fait 18 mois qu’il a débuté, mais je vais bientôt pouvoir en profiter pleinement.

Marie Fourel, éleveuse de caprins à La Chapelle-Graillouse

En regardant sur Internet les aides possibles pour la réhabilitation d’un logement, je suis tombé sur l’Anah. Je l’ai donc contactée. Je vis depuis quatre ans dans une vieille maison que j’ai achetée pour mon activité agricole. Ce que je veux refaire en priorité, c’est l’isolation et les fenêtres. Mais quand l’Anah est venue faire l’état des lieux de mon logement, il a tout de suite été classé comme insalubre. J’ai donc dû bâtir un dossier complet pour des travaux plus important avec devis, etc. Le seul problème, c’est que durant les travaux, il faudra quitter la maison et que je n’ai pas vraiment d’autres solutions. J’attends beaucoup des compagnons bâtisseurs dans le partage de connaissances et dans le choix des matériaux.

Olivier Hémard, apiculteur et castanéiculteur à Antraigues

Je suis à la recherche d’informations sur l’autoréhabilitation accompagnée. Pour moi c’est beaucoup moins urgent, mais j’ai une partie de ma maison qui a besoin de travaux, notamment au niveau de la toiture. Le solivage est à refaire. Dans les vieilles maisons comme la mienne, il faut tout casser et tout rebâtir. Si je ne l’ai pas encore fait, c’est avant tout parce que je manque de financement, mais aussi de temps. C’est pour cela que la solution apportée par la MSA Ardèche Drôme Loire et les partenaires pourrait m’intéresser.

Jean-Pierre Vallet, éleveur de bovins

à Préaux

De gauche à droite : Olivier Hémard, Marie Fourel et Jean-Pierre Vallet.

Sur le plateau du Vercors et plus largement dans la Drôme, le mal-logement touche beaucoup d’agriculteurs

Éleveurs bovins, Nelly et Philippe Guillet n’ont pas stoppé leur activité agricole durant les travaux dans la maison. Mais la charge de travail supplémentaire a été dure à supporter.

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TERRITOIRES

12 NOVEMBRE 2016 le bimsa www.lebimsa.fr

LES PERSPECTIVES DE L’ACTION SOCIALE

Le rôle de la MSA pour prévenir et accompagner les situations de vulnérabilité implique une offre de services adaptée aux problématiques du monde agricole et rural.

• Accompagner les familles dans leur parcours de vie. Ce programme recouvre l’accueil du jeune enfant, l’appui à la parentalité et l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. La MSA soutient la création et le développement de structures d’accueil collectif. Un dispositif global d’appui aux porteurs de projet en milieu rural, qui favorisera l’essaimage des initiatives innovantes, pourra désormais concerner les maisons d’assistants maternels (MAM), par exemple. • Favoriser la promotion, l’autonomie et la prise de responsabilité des jeunes. Une réflexion d’ensemble sur la politique de la MSA vis-à-vis des jeunes sera engagée, en lien avec la Cnaf et les autres partenaires. La promotion de la prévention — en déployant des outils clés en main à destination des jeunes scolarisés au sein des établissements d’enseignement agricole — l’appui aux jeunes face aux risques d’endoctrinement ou de radicalisation (notamment

Le plan d’action sanitaire et sociale 2016-2020 s’attache à répondre aux besoins de tous les ressortissants. Quelque quatre millions de personnes. Tour d’horizon des principales perspectives associées aux différentes actions.

via les réseaux sociaux) et l’accompagnement des jeunes adultes dans l’entrée dans la vie active devront être approfondis.• Aider les publics rencontrant des difficultés socio-économiques. La MSA envisage d’intensifier son action en lien avec ses partenaires concernant l’accompagnement des crises agricoles : détection, accompagnement social et technico-économique, répit, accès aux droits… Cette action vise les exploitants et les salariés. De plus, la MSA va mettre en place un accompagnement global (accès aux droits, santé, mobilité, savoir être en entreprise...) en direction des salariés utilisant les structures agricoles d’insertion par l’activité économique. • Prévenir les risques psychosociaux. Toutes les

MSA ont mis en place des cellules pluridisciplinaires de prévention qui ont pour objectif de détecter, d’accompagner et d’orienter les personnes en situation de fragilité. La MSA a adopté un 2e plan pour 2016-2020 qui prévoit le renforcement et l’harmonisation des actions dans ce domaine. • Favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap. Une attention particulière est portée sur la vie active, avec le maintien dans l’emploi, ainsi que sur la préparation et la vie à la retraite. Dans le cadre de la COG, l’engagement a été pris de généraliser les cellules pluridisciplinaires de repérage et d’accompagnement. L’accueil des enfants en situation de handicap dans les microcrèches et les structures de loisirs est également favorisé.

• Accompagner les personnes âgées fragiles. La MSA développe, dans le cadre de la coordination avec les autres régimes, trois volets : la prévention via des actions collectives, l’accompagnement à domicile pour les personnes les plus fragiles via un panier de services, le développement d’une offre alternative d’hébergement (Marpa, accueil familial…).• Améliorer et adapter l’habitat en milieu rural. Outre les aides individuelles destinées à l’adaptation du logement, la MSA soutient l’habitat regroupé, les logements intermédiaires entre le domicile classique et l’établissement médico-social. Elle participe au programme « Habiter mieux » qui permet de favoriser des travaux de rénovation des propriétaires occupants. —

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ENJEUX

« LA MOBILISATION DE LA FAMILLE AGRICOLE »

Bruno Lachesnaie et Isabelle Ouédraogo – qui assure la coprésidence du comité d’action sanitaire et sociale avec Georges Vergnes – reviennent sur les enjeux du

nouveau plan. Une vision complémentaire.

Dans quelle mesure le nouveau plan répond-il aux enjeux actuels liés aux crises agricoles ?Bruno Lachesnaie : Dans une récente interview donnée à la presse régionale, j’évoquais la mobilisation

de la « famille agricole ». Sur le sujet des crises et de la précarité, la MSA s’est positionnée de longue date auprès de ses partenaires des organisations professionnelles agricoles. Beaucoup de dispositifs de diagnostic et

d’accompagnement social et technico-économique existent. Nous devons densifier ces partenariats pour aller vers les agriculteurs, leur proposer un accompagnement global et renforcé, afin de

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ENJEUX

INTERVIEWBruno Lachesnaie,

directeur du développement sanitaire et social à la caisse centrale

Isabelle Ouédraogo,coprésidente du Cass

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leur permettre soit de modifier leur exploitation soit de se reconvertir. Nous devons également amplifier notre offre sociale à travers les Ateliers de l’inclusion. Enfin, nous allons développer, avec l’aide exceptionnelle de l’État de 4 millions d’euros, le « droit au répit » pour les exploitants les plus épuisés.Isabelle Ouédraogo : Nos efforts porteront autant sur les exploitants que sur les salariés. Chez ces derniers, nous constatons une forte identité professionnelle. Quand la crise arrive sur une exploitation, elle touche tout le monde : un salarié qui a l’habitude de travailler au grand air rencontre les mêmes difficultés de reconversion qu’un exploitant.

Comment mener une politique d’action sociale ambitieuse dans un contexte de fortes contraintes des finances publiques ?B.L. : Pour la deuxième mandature successive, le montant du Fnas [fonds national d’action sociale] a été préservé malgré la baisse de la population agricole (154, 3 millions d’euros jusqu’en 2020) : cela permet de faire face à la montée de la précarité et de porter certaines prestations individuelles à la parité avec le régime général (CAF, Carsat). Concernant l’accompagnement social et l’action sur les territoires, la MSA doit faire face à un effort conséquent sur les effectifs et l’action sociale y a participé. Pour ce faire, la MSA a fait évoluer ses modalités d’intervention en privilégiant l’action sociale collective et le développement social local. Ces éléments qui créent certes des contraintes nous laissent la perspective d’envisager notre action avec une forte ambition et

départementaux. Des groupes de travail thématiques, composés d’administrateurs et de travailleurs sociaux, sont constitués. C’est par ce cheminement que nous recensons les besoins qui n’ont pas encore été couverts et que nous déterminons les actions à mettre en place. Notre plan d’ASS s’élabore à cheval sur les deux mandatures : entre le bilan des orientations de la précédente équipe et les objectifs de la suivante, cadrés par la convention d’objectifs et de gestion [COG].

Comment les caisses déclinent-elles le plan ? Disposent-elles de marges de manœuvre ?B.L : Le plan d’ASS contient un certain nombre de points structurants que sont les engagements COG. Au-delà de ces points, il existe des marges de manœuvre pour les MSA. Un dossier peut tout à fait être une priorité forte dans une caisse et une priorité

secondaire dans une autre, car nous ne pouvons pas faire de l’action sociale sans tenir compte du terrain et du contexte local : ce que font les conseils départementaux, ce qu’ils ne font pas, etc. Chacun des 35 plans d’ASS s’inspire et intègre les axes définis au plan national. Il n’est donc pas une simple application de ce dernier, parce qu’il intègre les composantes locales. I.O. : C’est là tout le travail des élus dans cette arborescence. Ce sont eux qui décident de développer plus tel ou tel axe, en fonction des besoins locaux, des contraintes, des partenariats, du personnel disponible. Avant de devenir administratrice centrale, je n’avais pas perçu le rôle si important de l’élu en action sociale. Mais ce sont bien les conseils d’administration des caisses qui décident, sous l’impulsion du Cass, de valider leurs propres directives pour cinq ans. —

Propos recueillis par Franck Rozé

une grande motivation. I.O. : Nous pensons avec Georges Vergnes, et le conseil administration a exprimé fortement ces orientations, que la MSA a priorisé le maintien de son action d’accompagnement de ses ressortissants et sa présence sur le territoire pour agir sur le milieu rural dans cadre de partenariats renouvelés. Le duo administratif/élu nous confère toujours et encore une légitimité territoriale. Nous avons diversifié nos formes d’intervention : nous nous positionnons de plus en plus sur l’accompagnement collectif en prolongement de l’accompagnement individuel, les groupes de pairs, les dispositifs partenariaux, la sous-traitance… Nous avons appris à travailler autrement, avec tout le savoir-faire que peut avoir la MSA en matière de développement social local.

Que signifie construire un plan d’action sanitaire et social à la MSA ?B.L. : Notre plan d’ASS est une méthode qui consiste à prendre la mesure des besoins de la population agricole et d’en ressortir des priorités. C’est une combinaison entre une approche objective des données chiffrées et une appréciation portée par les administrateurs du Cass [comité d’action sanitaire et sociale] mandatés par les ressortissants. Nous sommes loin de la logique purement technocratique qui consisterait à demander à un spécialiste de faire parler des chiffres. La plupart des caisses associent leur échelon local au recueil des besoins et aux réflexions sur les priorités. I.O. : En MSA Berry-Touraine, par exemple, les présidents cantonaux réunissent tous les délégués pour faire remonter les besoins jusqu’aux comités

LA PRÉVENTION, UNE IDÉE FIXE

L’agriculture est l’un des secteurs d’activité le plus accidentogène. Si la santé-sécurité au travail n’est pas une priorité dans de nombreux pays, une coopération internationale est nécessaire pour que le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles dans le monde recule. Le 38e colloque de la section prévention en agriculture de l’association internationale de la sécurité sociale (AISS) s’est déroulé du 12 au 14 octobre à la caisse centrale de la MSA autour du thème « Innover en prévention ». Essaimer et renouveler la prévention en agriculture dans le monde, tel est l’enjeu de cette rencontre. Retour sur les exemples d’actions à l’étranger et sur les visites techniques.

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LA PRÉVENTION, UNE IDÉE FIXE

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Des solutions sans frontières

D errière leurs vitres, les traducteurs révisent les que lque s

éléments donnés par les intervenants de la journée. Pour eux, les prochaines heures s’annoncent intenses. Car, pour rendre le colloque accessible à tous, les présentations sont traduites en plusieurs langues : anglais, polonais, allemand, et bien sûr français. Chaque participant peut suivre les interventions dans sa langue. La manifestation peut alors être interactive et permettre la participation de tous. Pour ce faire, la caisse centrale a travaillé sur les sujets depuis mars. « Nous avons fait appel à nos partenaires pour essayer d’avoir des présentations qui se nourrissent les unes les autres, explique Magalie Cayon, responsable de la préven-tion à la CCMSA. Nous avons dû faire des arbitrages pour décider lesquelles garder, afin que le tout soit cohérent. »Dans l’assistance, les participants ont tous fait le déplacement pour les mêmes raisons : partager leurs expériences en prévention dans le secteur agricole et connaître ce qui se fait ailleurs. Un échange de connaissances dont chacun devrait ressortir gagnant. Dans une période où l’agriculture vit de profonds changements (nouvelles méthodes de production, concurrence accrue, difficultés finan-cières, etc.), Païvi Huotari, vice-prési-dente finlandaise de la section prévention en agriculture, introduit le colloque en rappelant les enjeux de demain : « L’agri-culture est en situation de crise partout en

Europe. Mais il est important de mettre en place des actions préventives, pour que les agriculteurs arrivent à surmonter certains problèmes. Cette manifestation nous permettra de trouver chacun de nouvelles solutions pour nos pays. » Une intervention qui fait écho à celle de Pascal

Cormery, président de la MSA, quelques minutes auparavant : « Dans ce contexte difficile, je me félicite que ce colloque soit une possibilité d’échanges de pratiques, de s’enrichir mutuellement par la description d’actions réussies auprès des entreprises agricoles de différents pays et cela pour être plus efficace demain en matière de pré-vention. » Le ton est donné. L’agriculture de demain doit être exercée dans la plus grande sécurité possible. Plutôt facile à dire, mais certains pays ont trouvé des solutions.Alors, avant la visite technique qui a lieu la 3e journée du colloque, les prises de parole se succèdent durant près de deux jours. Organisées en six panels, elles viennent répondre à des problématiques précises : nouvelles approches en santé-sécurité au travail, innovations en agroéquipement, risques psychosociaux, autant de sujets touchant à la prévention en agriculture décryptés par les intervenants. Si les présentations semblent, à première

Le 38e colloque de la section prévention en agriculture de l’association internationale de la sécurité sociale s’est déroulé du 12 au 14 octobre dans les locaux de la caisse centrale de la MSA. Un événement majeur autour du thème «Innover en prévention», qui a rassemblé plus de trente nations.

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NOUS ORGANISONS DES GROUPES DE PAROLE POUR FAIRE PRENDRE CONSCIENCE DES DANGERS SUR LA FERME.

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campagne d’appels téléphoniques pour comprendre les habitudes des exploitants sur leur lieu de travail. Et à partir de là, nous avons pu leur donner des conseils. Ces actions ont été très efficaces. » Et c’est peu de le dire. En 2013, l’agriculture suédoise n’a enregistré aucun accident mortel. Depuis la fin de cette campagne d’appels, plusieurs victimes ont été recensées. La preuve qu’une action de prévention ciblée engendre de bons résultats. Pour Peter Lundqvist, le secteur agricole doit plus se professionnaliser avec un respect plus systématique des règles de sécurité. Sur-tout, il est nécessaire de poursuivre les actions de prévention qui ne fonctionnent qu’en répétant les consignes.

Une clino-mobile en TunisiePour qu’un programme préventif soit efficace, il doit répondre à l’acciden-tologie du secteur et toucher le plus de personnes possible. Ce qui n’est pas toujours évident dans certains pays. En Tunisie, où le secteur agricole représente 16 % de l’activité économique, un tiers de la population vit en milieu rural. Une répartition qui ne permet pas vraiment une sensibilisation massive aux risques professionnels. Il a donc fallu mettre en place un vrai maillage du pays pour être au plus proche des agriculteurs, comme l’évoque Karoiai Abdelfattah, de l’institut de santé et sécurité au travail de Tunisie : «  Nous avons peu d’accidents de travail, mais ils sont, la plupart du temps, graves :

vue, toutes instructives, certaines d’entre elles ont suscité plus d’intérêt que d’autres. C’est notamment le cas de la prise de parole de Peter Lundqvist, professeur à l’université suédoise de sciences agri-coles. Durant une vingtaine de minutes, il expose le travail du gouvernement sur la prévention des accidents en agriculture : « Le secteur connaît des difficultés à garantir la sécurité des travailleurs, introduit-il. Près de 35 % des décès au travail en Suède sont dans l’agriculture, alors que le secteur représente seulement 1 % de la population active. C’est un problème global. » La Suède s’est donc associée avec la Finlande pour combattre ce fléau. « Nous avons lancé un programme pour promouvoir les bons gestes en agriculture. Avec l’aide d’exploitants ayant subi un accident, perdu un membre..., nous organisons des groupes de parole pour faire prendre conscience des dangers sur la ferme. Nous avons également lancé une

60 % d’entre eux sont dus à un renversement de tracteur. Nous avons donc décidé de mener des actions sur tout le territoire avec une clino-mobile qui sillonne les zones les plus rurales pour sensibiliser les agriculteurs aux risques. Des centres de formation permettent également d’enseigner les bonnes pratiques pour travailler en toute sécurité et 400 conseillers agricoles sur tout le terrain se déplacent au plus près des exploitations. » Les nombreuses autres interventions ont permis d’avoir un panorama complet de ce qui se fait dans les différents pays en matière de prévention. Que ce soit autour du risque machine, du risque chimique, ou encore des risques psychosociaux, les 24 présentations ont permis aux parti-cipants de bénéficier de retours sur expé-riences réussies ou moins réussies. Plus important encore, le colloque a permis aux acteurs de la prévention internationale d’envisager des coopérations. Durant les moments de pause, de nombreuses prises de contacts ont eu lieu, pour évoquer des collaborations dans les mois à venir. Un colloque qui a donc tenu ses promesses et qui fortifie un peu plus la coopération entre les pays pour améliorer, dès demain, la prévention en agriculture. —

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Plus d’informations en page 21 et sur notre site.

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DE NOMBREUSES PRISES DE CONTACT ONT EU LIEU POUR ÉVOQUER DES COLLABORATIONS À VENIR.

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I l y aurait presque une atmos-phère de colonie de vacances en ce dernier jour du colloque de l’AISS. Dans le car affrété spécia-lement pour eux, les participants

babillent deux par deux et espèrent que les démonstrations d’actions de préven-tion mises en place par la MSA seront riches en enseignements. Première étape, l’association de formation et d’action sociale des écuries de courses (Afasec) de Gouvieux, dans l’Oise. Ici, on entraîne les futurs jockeys mais on leur apprend surtout les règles pour travailler en sécu-rité. «  La prévention doit être intégrée dès les premières années de cours. C’est essentiel pour le reste de leur carrière », explique Stéphane Amiot, directeur de l’établissement, en accueillant la déléga-tion internationale. La MSA de Picardie et plusieurs ingénieurs en prévention de la caisse centrale ont préparé la visite autour de trois ateliers pour donner une

À la recherche de la potion magiquePour clôturer ces trois jours de travail, les participants du colloque sont sortis de la région parisienne pour rejoindre la Picardie. Au programme, visite technique à l’association de formation et d’action sociale des écuries de courses de Gouvieux et au Parc Astérix pour des exemples de prévention qui fonctionnent. Mais ils sont fous ces congressistes !

Ils découvrent ainsi les méthodes d’échauf-fement sur des équidés de métal permettant de simuler tous types de conditions de course. «  L’important pour les cavaliers, rappelle Céline Bounar, préventeur de la MSA de Picardie, c’est d’habituer son corps à l’effort avant l’activité qui s’en suit. On fait des mouvements osseux et articulaires pour éviter toutes blessures. » Quelques minutes plus tard, les par-ticipants se dirigent vers les box. Ici, on s’active depuis plusieurs heures déjà. Les chevaux sont soignés et leurs abris nettoyés. Si les apprentis jockeys semblent habitués à la tâche, il convient de toujours le faire en sécurité. Et celle-ci commence par le port des équipe-ments de protection individuelle (EPI). Là encore, ce sont les préventeurs de la MSA de Picardie qui expliquent la fonc-tion de chaque EPI : les bottes coquées pour éviter les écrasements de pieds, le casque en cas de projection du jockey à terre et le gilet de protection pour les mêmes raisons. Désormais, les cavaliers sont dans l’obligation de les porter en permanence. Avec des résultats  : une baisse de 66 % des accidents du travail et des maladies professionnelles graves dans le secteur, en Picardie. Mieux : le nombre de jours d’hospitalisation après une chute a reculé de 80 % ! Le dernier atelier étonne un peu plus, puisque c’est autour d’un tatami que le groupe polonais s’assied. Mais pour les adolescents en kimono, rien d’anormal puisqu’il s’agit de leur cours de gestion de la chute. Souvent soumis à ce type d’accident, les jockeys doivent mieux l’appréhender pour éviter les blessures lourdes. Durant un quart d’heure, les cinq élèves subissent une bonne dizaine de «  ippons » en faisant attention à la réception. Une révélation pour Pierre, 12

idée de la prévention en milieu hippique : le travail au box, la gestion des chutes et l’échauffement avant la monte. Les congressistes sont ensuite répartis en groupe de même langue et/ou de même nationalité. Et les voilà circulant dans l’établis-sement au milieu des élèves et des chevaux.

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LA PRÉVENTION DOIT ÊTRE INTÉGRÉE DÈS LES PREMIÈRES ANNÉES DE COURS. C’EST ESSENTIEL POUR LE RESTE DE LEUR CARRIÈRE.

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ans, élève de l’Afasec : « Quand on monte, on tombe. Depuis que je fais les ateliers de judo, j’ai pris le réflexe de mieux tomber et je ne me blesse plus. »

Escale chez les GauloisRetour dans le car pour quelques kilo-mètres de trajet. Astérix attend la troupe internationale. Ouvert uniquement pour le colloque, le parc dévoile des allées vides et des attractions muettes. Aucune distraction donc pour les participants qui portent toute leur attention aux trois nouveaux ateliers. Ici, c’est la prévention autour de l’activité paysagiste qui est mise en lumière. Les professionnels du métier sont soumis à beaucoup de risques et la MSA de Picardie a préparé un programme pour montrer ce qu’il est possible de faire pour les éviter. « Dans les colloques précé-dents, on visitait des caves à vin, des presses à huiles, mais sans vraiment voir les gens au travail. C’est pour cela que l’on a décidé de montrer concrètement l’activité paysagiste et les gestes de sécurité qui s’y rattachent », explique Magalie Cayon.L’entreprise Loiseleur réalise depuis mainte-nant plusieurs années l’entretien des espaces verts du Parc Astérix. Et avec le temps, elle a adapté son activité pour réduire les risques. L’équipement des élagueurs est détaillé par les préventeurs et les salariés de l’entre-

LE CAPITAL HUMAIN EST AU MOINS AUSSI IMPORTANT QUE LE CAPITAL FINANCIER.prise. Plus loin, Marc Loiseleur explique les techniques alternatives de produits phytosanitaires mises en place dans tout le parc : « Nous utilisons le paillage végétal et minéral en recyclant le bois, les tuiles ou encore les ardoises. Grâce à ces techniques, nous avons réduit de 80 % l’utilisation des produits phytosanitaires. » Pour évoquer le risque machine, c’est autour de tailles-haies, tondeuses et souffleurs que l’entreprise paysagiste et la MSA de Picardie accueillent les trois groupes. Le point commun entre les trois appareils présentés est qu’ils sont tous électriques. Pas besoin de long discours pour démontrer les avantages de ces machines. Quelques chiffres suffisent à capter l’auditoire : « Le poids d’un taille-haie thermique est de 5,5 kilogrammes, contre 3,5 pour l’électrique.

Un souffleur thermique émet 92 décibels contre 63 pour sa version propre. » Le constat est sans appel. Moins lourd, moins de bruit et moins de pollution, les versions électriques de ces équipements sont un investissement rentable, surtout pour la santé du salarié. Dernier avantage, leur utilisation est possible même quand le parc est ouvert au public.Autant d’exemples qui montrent aux pro-fessionnels de la prévention du monde entier que le capital humain est au moins aussi important que le capital financier. Et c’est aux institutions de mettre tout en place pour éviter le risque au travail.En regagnant le car les ramenant à Paris, les participants au colloque débriefent. Pour Karoiai Abdelfattah, de l’institut de santé et sécurité au travail de Tunisie, la journée est pleine de bonnes idées  : « J’ai trouvé beaucoup de réponses à des questions que nous nous posons en Tunisie. Nous sommes confrontés au problème du bruit des machines et aussi à celui des chutes de hauteur lors de l’élagage des palmiers. J’ai pris quelques photos et je suis sûr que cela va nous aider. » Et ce n’est pas le seul. Les discussions entre les congressistes ont continué jusqu’au dernier moment, pour refermer ce colloque en douceur et se promettre de se revoir dans trois ans. —

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20 NOVEMBRE 2016 le bimsa www.lebimsa.fr

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Une préoccupation internationale La préservation du capital humain en agriculture est de plus en plus valori-sée à travers le monde. Au sein d’une corporation où les conditions de travail sont parfois difficiles, l’importance de la prévention des risques professionnels émerge de plus en plus.

Une gestion différente selon les pays. Coordonner des actions de prévention entre les pays pourrait être une réponse aux nombreux accidents du travail et aux maladies professionnelles en agriculture. L’une des difficultés principales réside dans la manière dont le problème est perçu. Selon les pays, il peut être une préoccupation de santé publique, de sécurité nationale ou de travail. Difficile, dans ces conditions, de lancer des projets communs quand l’approche est différente. Le travail de la section prévention en agriculture de l’asso-ciation internationale de la sécurité sociale est d’essayer de gommer ces différences.

Une prévention globale. L’agriculture est un secteur où l’accidentologie est très importante. Les professionnels font face à plusieurs dangers : le risque chimique avec les pesticides, le risque machine, la pollution ou encore le risque auditif. Diffi-cile pour les organismes en charge de la prévention de répondre à tous. Il leur faut faire des choix pour préserver au mieux la santé des travailleurs agricoles. Le nombre d’actions liées à la santé-sécurité au travail (SST) dépend également beaucoup des fonds disponibles pour le secteur. Éduquer à la santé-sécurité au travail. Les organismes de sécurité sociale et de protection de la santé des agriculteurs sont tous d’accord pour dire que la prévention est une problématique à aborder dès le plus jeune âge. L’ajout de formations en SST au sein des parcours éducatifs se répand de plus en plus dans les établissements agri-coles. Les agriculteurs de demain devront également être les premiers porteurs du message de prévention autour d’eux. Et c’est avec la répétition des règles de sécurité que le nombre d’accidents diminuera. —

2,2 millions

de travailleurs meurent au travail chaque année.

317millionssont victimes d’accidents

liés au travail.

40 % de la population active mondiale travaille dans

l’agriculture.

4 % La part des indemnités dues

aux AT/MP dans le PIB mondial.

REPÈRES

LA PRÉVENTION, UNE IDÉE FIXE

Chiffres 2013 de l’organisation internationale du travail (OIT).

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Le tour du monde de la prévention Le colloque de l’AISS a pour caractéris-

tique d’être très dense. Pendant près de deux jours, les interventions se succèdent. Difficile de tout évoquer en quelques lignes. Retour sur quelques présentations venues d’ailleurs.

★LE DÉFI AFRICAIN. Joseph Dieboue, de la société camerounaise

de sécurité et santé au travail, évoque « les difficultés de mettre en place une stratégie de prévention dans les pays francophones afri-cains (PFA) ». Togo, Sénégal, Guinée, Gabon, Bénin... gèrent le problème de manières différentes. Sans compter sur l’insuffisance d’effectifs qualifiés en santé-sécurité au travail, la faiblesse de l’arsenal juridique en SST ou encore le peu de contrôles du travail. Mais la coopération prend forme : en 2013, les premiers états généraux des organismes nationaux de sécurité sociale des PFA sur les services de prévention ont eu lieu en Côte-d’Ivoire. En parallèle, un observatoire des accidents du travail et des maladies professionnnelles a été créé à Abidjan et le salon africain de la prévention des risques professionnels a vu le jour. Des pistes pour former une politique de prévention efficace et commune entre tous les PFA.

★LES MACHINES SUISSES MONTRENT LES DENTS. Ce

n’est pas le titre du dernier film d’horreur dans les salles, mais celui d’une campagne de sensibilisation au risque machine en Suisse. Sur les 852 accidents mortels que le secteur agricole du pays a connu en vingt ans, près de 60 % surviennent avec un véhicule ou une machine. En parallèle, le Spaa, orga-nisme suisse de prévention des accidents en agriculture, a imposé un permis tracteur, donné des cours d’utilisation des machines et s’est appuyé sur des actions espagnoles de leçons de conduite en pente. Un attirail de prévention qui a permis de diminuer

le nombre d’accidents liés aux machines. Étienne Jund, du Spaa, rappelle que ce sont « les agriculteurs et leurs bonnes pratiques qui font baisser ces chiffres. Ce sont eux qui font le travail. Nous sommes là pour les accompagner au mieux ».

★STOP AUX PESTICIDES EN ESPAGNE. « L’ouvrier agricole ne

connaît pas toujours les dangers liés aux pes-ticides », lance Pedro Delgado Cobos, du département de la prévention en agriculture de l’université de Cordoue, en Espagne. Et c’est pour éviter les situations à risque que le gouvernement ibérique a rédigé un guide pratique. L’ouvrage permet de connaître les effets sur la santé de chaque produit. Il encourage également à les utiliser le moins possible. Un objectif difficile quand on sait que leur usage est presque systématique. « Il faut faire changer les mentalités », conclut Pedro Delgado Cobos.

★LE BIEN-ÊTRE DES EXPLOI-TANTS FINLANDAIS. Dans une

période difficile pour les agriculteurs, les actions visant à diminuer les souffrances psychologiques se développent dans les pays. À l’instar de l’action de la MSA, les Finlandais tentent de venir en aide aux

exploitants agricoles en proie au stress lié à leur situation économique. « Nous avons organisé des groupes de parole où agriculteurs, banquiers et psychologues pouvaient échanger, explique Paivi Wallin, du régime de sécurité sociale, Mela. Plus de 1 200 fermiers ont parti-cipé à ces ateliers. En parallèle, nous leur avons proposé des rendez-vous individuels pour parler de bien-être avec des conseillers spécialisés. Nous enregistrons de très bons résultats. »

★FORMER POUR ÉVITER LES ACCIDENTS EN ITALIE. Les

accidents agricoles transalpins sont souvent liés à l’âge trop avancé du matériel ou à la mauvaise utilisation de celui-ci. Pour le pre-mier problème, seule solution, changer le parc de matériel vieillissant, mais c’est onéreux et pas toujours facile pour les agriculteurs. Pour la sécurité sociale italienne, Inail, c’est sur la formation des plus jeunes qu’il faut insister. « Dès 2011, nous avons sensibilisé les élèves de terminale des lycées agricoles aux règles générales de santé-sécurité au travail, mais aussi à l’utilisation des tracteurs. En 2015, 350 étudiants ont réalisé cet atelier. » Une campagne de formation auprès des vendeurs de matériels a été mise en place pour qu’eux aussi donnent de bons conseils aux agriculteurs. —

EN BREF

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LA PRÉVENTION, UNE IDÉE FIXE

22 NOVEMBRE 2016 le bimsa www.lebimsa.fr

DOSSIER

Une préparation de championsUn événement international demande beaucoup de préparation. Invitation des participants, organisation des journées, logistique générale, etc. Le colloque de l’AISS ne déroge pas à la règle, mais les équipes de la caisse centrale et de la MSA de Picardie ont relevé le défi.

Bien que sous l’égide de l’AISS, le colloque « Innover en prévention » a mobilisé de nombreuses équipes de la CCMSA. Car, au-delà de

l’accueil dans ses locaux de l’événement international, le travail en amont a permis que tout se déroule dans les meilleures conditions. L’équipe de la mission des relations européennes, internationales et de la coopération (Mreic), pilote du dossier à la caisse centrale, y œuvre depuis près d’un an : gestion du budget, réflexion sur les présentations, recherche de traducteurs, etc. Tout devait être réglé au millimètre près pour un jour J sans accroc. « Nous étions en lien permanent avec la Krus, le régime agricole polonais

qui préside la section prévention en agri-culture de l’AISS, confie Olivier Colin, responsable de la Mreic. Une situation parfois difficile quand il s’agit de savoir qui fait quoi. » Visiblement, le travail a été

rigoureux, puisque le colloque n’a subi aucun temps mort, ni couac technique. Pourtant, l’organisation d’un événement de cette envergure était une première pour la mission des relations internatio-nales : « Toute l’équipe était mobilisée, se félicite son responsable. De la traduction de tous les documents papiers aux bons enchaînements des présentations, le travail effectué a été très important. »Au-delà de la logistique, le choix des inter-ventions a aussi demandé beaucoup de temps et de réflexion. Les grandes théma-tiques ont été déterminées en septembre 2015, soit un an avant la manifestation, au sein d’un comité scientifique de l’AISS, composé des membres du bureau de la section prévention en agriculture. « L’idée

LE CHOIX DES INTERVENTIONS A DEMANDÉ DU TEMPS ET DE LA RÉFLEXION.

Méfiez-vous des apparences, à l’Afasec, on ne fait pas vraiment de judo. Seules quelques bases sur la gestion de la chute, inspirées de l’art martial, permettent aux élèves d’éviter de nombreuses blessures.

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ARRÊT SUR IMAGES

était de faire participer le plus de personnes de l’étranger et hors MSA», indique Magalie Cayon.

La MSA de Picardie mobiliséeLes visites techniques du colloque ont été préparées en collaboration avec les services de prévention de la CCMSA et de la MSA de Picardie. L’appel à cette caisse s’est imposé car «  cela nous permettait de sortir de Paris sans avoir à faire trop de route, mais aussi parce que la MSA de Picardie fait beaucoup de choses en termes de prévention », explique Magalie Cayon. Dès le mois d’avril et la première prise de contact, la caisse a travaillé sur le sujet,

même si les débuts ont pu être un peu poussifs  : « Nous n’étions pas certains de ce que nous pouvions faire, raconte Hervé Nicaise, préventeur de la MSA de Picardie. Mais une fois les demandes précisées, nous avons pu commencer à monter notre pro-gramme. » Pour la caisse, participer à cet événement international est nouveau. Elle a voulu mettre le paquet en présentant des actions qui ont fait leurs preuves : « C’est important de pouvoir communiquer sur nos savoir-faire, poursuit Hervé Nicaise. On y prend du plaisir, surtout quand on croit à 200 % à ce que l’on fait. » En collaboration avec le médecin du travail Jean Frétin, Hervé a bâti les ateliers de la journée et plus spécifiquement ceux qui abordaient

le risque de chutes en milieu équin. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont convaincu. Depuis la fin du colloque, le préventeur a reçu de nombreux mails de retours très positifs : « Les intervenants suisses nous ont demandé des précisions sur nos actions. Ils souhaitent en reproduire certaines chez eux. C’est très encourageant. »Si les visites techniques ont permis d’ouvrir le débat sur la santé-sécurité au travail, elles ont surtout servi à montrer dans quelles conditions les salariés travaillent en France, mais aussi comment le régime agricole met en place des partenariats avec certaines entreprises pour que la prévention soit une priorité. —

Jérémy Lemière

Six traducteurs ont permis à tous les participants de suivre aisément l’intégralité du colloque.

Hervé Nicaise, préventeur de la MSA de Picardie, est spécialiste du monde équin. Devant la délégation polonaise, il explique la différence entre un bon et un mauvais équipement de protection individuelle.

Dans le centre de conférences, une exposition explicative sur les dangers liés aux professions agricoles était proposée aux participants.

Le parc Astérix, vide le 14 octobre, a permis aux participants du colloque de voir des applications de règles de santé-sécurité au travail.

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24 NOVEMBRE 2016 le bimsa www.lebimsa.fr

FOCUS

Socialisation, stimulation, acces­sibilité et plaisir : voilà les maîtres­mots qui unissent nos cinq innova­teurs. Le 1er prix revient à la Marpa Les Tilleuls de Baigneux­les­Juifs,

en Côte­d’Or, pour son projet « Musique, lien de mémoire, lien de vie ». L’équipe organi­sera des concerts classiques, animera une chorale et un atelier d’éveil à la musique. Le karaoké a rencontré un certain succès grâce à la borne musicale « Mélo », adaptée aux personnes âgées. Des ateliers tango seront également animés par des professionnels pour stimuler la posture et l’équilibre. Comme le rappelle la responsable, Sophie Diaw, dans La lettre des Marpa de septembre, « l’objectif est d’étudier l’impact de la musique et du mou-vement sur l’autonomie et la motricité. Nous collaborons à un programme de recherche, tout en ayant une action concrète auprès des résidents participants. » Le tout est accessible à chaque personne âgée du territoire, ainsi qu’aux familles.S’amuser tout en stimulant le cerveau, c’est l’idée des quatre Marpa occitanes d’Auriac­sur­Vendinelle, d’Aurignac, de Bourg­de­Bogorre et de Saint­Plancard, lauréates du 2e prix. Le support utilisé est ici multimédia

grâce à Mémoire RED, outil de stimulation cognitive proposant des quiz et des jeux visuels travaillant la mémoire et favori­sant l’entraide. Une étude est menée pour l’adapter au plus près des besoins, en vue de sa modélisation au sein du réseau. « Nos pensionnaires se sont montrés très intéressés et heureux qu’on les choisisse, assure Valérie Therond, responsable de la Marpa Cap Soulé à Saint­Plancard. Ils se sentent investis d’une responsabilité et sont impatients de commencer. Ce genre de projet change la vie collective, car même s’ils vivent ensemble toute l’année, ils ne se parlent pas forcément. Cela met également en avant leurs capacités et non celles qu’ils peuvent avoir perdues. »

Du lien intergénérationnel À Sentheim, dans le Haut­Rhin, connu pour son site géologique, la Marpa de la Doller a choisi de se rapprocher de la nature. Son idée de sentier pédagogique, 2e prix ex-aequo, a été créé en partenariat avec la commu­nauté de communes, l’association La maison de la Terre et le chantier d’insertion Les jardins d’Icare. Il sera accessible à tous, orienté sur la géologie et la botanique avec une stimulation des sens. Harmony Buch,

Les lauréats du prix innovation, lancé par la fédération nationale des Marpa et la CCMSA, ont reçu leurs trophées le 27 octobre. But de l’opération : soutenir des actions innovantes qui favorisent le bien-être des résidents et le partage.

Les gagnants ont reçu une aide allant de 10 000 à 20 000 euros. Retour sur cinq projets aussi créatifs qu’ambitieux.

responsable, imagine déjà un partenariat avec le lycée agricole pour l’entretenir et créer un potager.C’est le Doubs qui remporte la mise pour les deux derniers prix. À la 3e place, la Marpa Les clarines de Bellevue, à Pierrefontaine­les­Varans, et ses projets « Cyber Marpa » et « À tout âge ». Des tablettes numériques sont à disposition des résidents pour com­muniquer avec leur famille, accéder à une bibliothèque numérique ou stimuler leur mémoire avec l’application Stim’art. Ils ont également participé à un recueil de témoi­gnages de résidents de Franche­Comté, sorti le 17 novembre, dont la vente bénéficie à l’association OncoDoubs. Dernière étape avec le prix spécial du jury pour École­Valentin et Arc­et­Senans, et leur programme de sensibilisation à la préservation des oiseaux, en partenariat avec la Ligue de protection des oiseaux, les écoles et les centres péris­colaires avoisinants. Objectif : labelliser ces deux jeunes Marpa, éco­construites sur des sites naturels protégés, en refuges, grâce à des aménagements favorisant la biodiversité et l’observation. Car oui, vieillir n’est pas synonyme de renoncement. —

Marie Molinario

CONCOURS

Ça bouge dans les Marpa

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La grippe saisonnièreC’est une maladie respiratoire aiguë très contagieuse qui sévit à l’automne et en hiver. Elle touche de nombreuses personnes et peut avoir de graves conséquences pour certaines d’entre elles. Ainsi, en 2015-2016, 2,3 millions de consultations (1) ont été recen-sées pour syndrome grippal. Et en 2014-2015, plus de 18 000 décès toutes causes confondues ont été enregistrés, dont 90 % étaient des personnes âgées de 65 ans et plus (2).

La vaccinationLa vaccination est le moyen de prévention le plus sûr et le plus efficace pour lutter contre la grippe et réduire les risques

Grippe : pensez au vaccinMODALITÉS PRATIQUES

Plus d’un million de personnes à risque ont reçu, début octobre, un courrier de la MSA, accompagné d’un imprimé de prise en charge.

LES PRIMO-

VACCINANTS – c’est-à-dire les personnes n’ayant pas eu au moins un vaccin contre la grippe remboursé lors des trois dernières campagnes (2013-2014, 2014-2015 et 2015-2016) – remettent le bon de prise en charge à leur médecin traitant. Si ce dernier le juge nécessaire, il prescrit la vaccination contre la grippe. Le pharmacien délivre gratuitement le vaccin, sur présentation de la prescription et de l’imprimé.L’injection du vaccin peut ensuite être réalisée soit par le médecin traitant lors d’une prochaine consultation, soit par une infirmière libérale s’il l’a précisé sur l’imprimé.—

LES PERSONNES

AYANT ÉTÉ VACCINÉES

au moins une fois au cours des trois dernières campagnes nationales peuvent obtenir directement, avec l’imprimé de prise en charge, le vaccin auprès du pharmacien. Elles peuvent se faire vacciner soit par une infirmière, sans prescription médicale préalable, soit par leur médecin traitant lors d’une prochaine consultation.—

PRÉVENTION

de complications. Alors, « Pour vous protéger et préserver vos proches, vaccinez-vous », comme le recommande vivement le slogan de la campagne de vaccination anti grippale. Cette année, elle cible plus particulièrement les personnes de 65 ans et plus, primo-vaccinantes (lire dans la colonne de droite).

Les bénéficiairesLes personnes pouvant bénéficier de la prise en charge du vaccin contre la grippe sont les personnes âgées de 65 ans et plus et les personnes, y compris les enfants à partir de six mois, atteintes d’une affection de longue durée (lire la liste sur notre site Internet), les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques et celles atteintes de dysplasie broncho-pulmonaire, ainsi que l’entourage familial des nourrissons de moins de six mois présentant des facteurs de risque grave de grippe.À cette liste s’ajoutent les personnes séjournant dans un établissement de soins de suite ou dans un éta-blissement médico-social d’héber-gement quel que soit leur âge, les

professionnels de santé libéraux en contact régulier et prolongé avec des sujets à risque sévère de grippe, les femmes enceintes quel que soit le trimestre de grossesse et les personnes obèses ayant un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 40.

La prise en chargeDurant la campagne de vacci-nation, tous les assurés à risque (voir ci-dessus) – y compris ceux résidant dans les établissements pour personnes âgées ou dans les établissements de soins de longue durée – bénéficient d’une prise en charge du vaccin à 100 %. Les vaccins délivrés aux personnes n’entrant pas dans les critères de la prise en charge évoqués ci-dessus ne peuvent pas faire l’objet d’un remboursement. Dans ce cas, les médecins doivent porter la mention NR (non remboursable) sur l’ordonnance.

(1) Source : BEH Santé publique

France, 4 mai 2016.

(2) Source : BEH InVS,

22 mai 2015.

ZOOM

C’est le moment de se faire vacciner contre la grippe. Le vaccin, gratuit jusqu’au 31 janvier 2017 pour certaines catégories de personnes, est particulièrement

recommandé pour les personnes âgées de plus de 65 ans.

Plus d’infos sur notre site Internet.

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De gauche à droite : Caroline Jaillet, Nathalie Moore, Naïs Matheron, Nadège Thévenet et Arielle Prat.

26 NOVEMBRE 2016 le bimsa www.lebimsa.fr

RENCONTRES

DE L’AIR POUR LES AIDANTS

Remédier à l’épuisement des aidants familiaux : tel est l’objectif de Bulle d’air, qui permet à ceux vivant sur le territoire de la MSA Alpes du Nord de prendre des moments de répit.

Un dispositif qui va s’étendre à d’autres départements d’ici à trois ans et qui a fait l’objet d’un séminaire le 20 octobre à Bagnolet.

C’est en Savoie, en 2011, qu’est né Bulle d’air. Ce service permet aux aidants familiaux de s’oc-troyer, l’esprit tranquille,

un peu de répit hors de leur domicile. Créé par la MSA Alpes du Nord (1) pour répondre à leur épuisement repéré par les élus sur le terrain, il s’inspire du baluchonnage québécois. Il propose la venue à domicile d’une personne de confiance qui prend le relais de l’aidant pendant au minimum trois heures consécutives et jusqu’à 48 heures d’affilée et ce, à tout moment de la journée ou de la nuit, ainsi que le week-end et les jours fériés. Au-delà de deux jours, une autre prend la suite.Ce service présente l’avantage de maintenir la personne aidée dans son environnement, grâce à l’assistance d’un professionnel salarié  : le baluchonneur. Celui-ci rem-place l’aidant le temps de son absence et accompagne la personne aidée dans la vie de tous les jours (compagnie, courses, repas, aide aux gestes quotidiens…), tandis que les services intervenant habituelle-

ment à domicile (soins infirmiers, toilette, ménage, repassage, médicaments, portage des repas…) continuent de venir chez elle. Bulle d’air vient ainsi en complément des services existants.Pendant ce temps-là, l’aidant peut souffler et s’octroyer du temps pour sortir, se dis-traire, se rendre à un rendez-vous médical, participer à une réunion de famille, voire prendre quelques jours de vacances… Il peut aussi y recourir s’il est malade ou doit se faire hospitaliser. Et du répit, l’aidant en a souvent besoin, lui qui consacre son temps et son énergie à s’occuper, bien souvent 24 heures sur 24, d’un proche fragilisé par l’âge, la maladie ou le han-dicap, et qui s’épuise à la tâche.Bulle d’air fonctionne sur le mode man-dataire encadré  : les familles sont les employeurs, mais un haut niveau d’accom-pagnement est assuré par l’association et une vigilance particulière est portée sur la qualité de l’intervention. L’association met en relation les familles avec les baluchon-neurs dont le recrutement fait l’objet d’une attention toute particulière. Elle échange

beaucoup avec elles et évalue, à domicile, leurs besoins. Elle sélectionne le balu-chonneur qui correspond à leur demande, décharge les familles des tâches adminis-tratives (contrat de travail, déclaration Urssaf ), coordonne les interventions et s’occupe du suivi des missions.

Un dispositif innovantLes remplacements sont soit ponctuels de longue durée, soit réguliers de quelques heures, parfois plusieurs fois par semaine. Chaque responsable de secteur gère un pool de 40 à 50 baluchonneurs par dé-partement. Ce service est ouvert à toute personne, quel que soit son régime de protection sociale. Il a reçu l’agrément qualité, lui permettant d’exercer auprès d’un public fragilisé. Progressivement étendu à l’Isère et à la Haute-Savoie, il se révèle être une réponse à un besoin qui était jusqu’à présent non couvert.Face au succès croissant rencontré par ce dispositif sur le territoire de la MSA Alpes du Nord, l’association Répit-Bulle d’air Rhône-Alpes, la MSA Alpes du Nord, la caisse natio-

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nale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) et la CCMSA ont engagé, en janvier 2014, pour une durée de deux ans et demi, le projet Objectif Bulles 1. Son but : modéliser ce dispositif innovant, pour le généraliser sur l’ensemble du territoire, et produire des outils et des supports à destination des futurs porteurs de projets. Pari tenu.La première phase ayant été concluante, un second plan d’action, Objectif Bulles 2, va prochainement voir le jour. Il a été pré-senté au cours du séminaire de clôture du projet Objectif bulles 1 qui s’est tenu le 20 octobre à la CCMSA. Une journée articulée autour de plusieurs tables rondes, afin de donner la parole aux différents acteurs et faire connaître ce nouveau dispositif (lire par ailleurs et sur notre site Internet).« Le plan d’action 2017-2019 va permettre un déploiement efficace de ce service de répit, a indiqué Bruno Lachesnaie, responsable du développement sanitaire et social à la CCMSA. Début 2017, nous adresserons un appel à projets aux MSA, pour que les caisses intéressées puissent démarrer ensemble et en même temps.  » Cette première étape pourrait concerner une dizaine de ter-ritoires. L’étape suivante dépendra des résultats de la précédente.« Au plan national, la démarche va être portée par la CCMSA (maîtrise d’ouvrage, gestion de la marque, subvention de l’ASS au démarrage…). Nous allons confier la mission d’animation du réseau à Laser emploi, en

nous appuyant sur l’expertise de la MSA Alpes du Nord et de l’association Bulle d’Air. »Pour aider les futurs porteurs de projet, un guide méthodologique a été réalisé par l’association Répit bulle d’air Rhône-Alpes. Intitulé Proposer un service de répit à domicile pour les aidants, il recense les conditions de faisabilité, de montage, de gestion, de pilotage et d’évaluation d’un service de baluchonnnage sur le modèle de Bulle d’air. Ce guide, qui donne de nombreux

conseils, est disponible auprès de Répit bulle d’air Rhône Alpes, par téléphone au 04 79 62 87 38 et par Internet (www.repitbulledair.fr onglet «  Contact  »), et auprès de la MSA Alpes du Nord, par télé-phone au 04 79 62 87 32 et par messagerie ([email protected]), ainsi que sur les sites Internet de la MSA. —

Anne Pichot de la Marandais

(1) À l’initiative de Denis Cheminal qui s’est beaucoup mobilisé sur ce projet.

ILS ONT DITNadège Thévennet, responsable de ser-vice Bulle d’airLes baluchonneurs sont des femmes à 99 %. Un tiers sont des retraitées. Cette activité temporaire leur apporte un com-plément de revenu et donne du sens à leur vie. Nous les sélectionnons en fonction de leur motivation et leur intérêt à apporter du répit à l’aidant, leurs qualités humaines, leurs compétences techniques (au moins deux ans d’expérience dans le champ médico-social) et, surtout, leur savoir-être (empathie, capacité à comprendre la famille). Nous

Matthias Schell, médecin et président de France répit

En France, on dénombre entre 8 et 9 mil-lions d’aidants (1). Parmi eux, deux millions consacrent plus de 50 heures par semaine

à une personne de leur entourage. L’aidant n’a plus de temps pour lui et a tendance à s’épuiser physiquement et psychiquement. Trop dévoué, il s’oublie. Résultat : plus d’un sur deux meurt avant la personne aidée. Bulle d’air lui donne la possibilité de s’occuper de sa santé et de se ressourcer.La population va vieillir, la dépendance s’accentuer, les maladies chroniques se développer. La prise en charge se fera de plus en plus à domicile. Tout reposera sur l’aidant : c’est pourquoi il faut l’aider et l’accompagner. —

(1) Pour au minimum cinq heures par semaine.

mesurons la qualité de leurs interventions auprès des familles (visite annuelle pour savoir ce qui va bien et moins bien).De son côté, l’aidant doit faire confiance au baluchonneur qui le remplace et prend sa place au domicile. Ce n’est pas toujours facile pour la famille qui peut le vivre comme une intrusion. Il faut un temps de maturation.

Sébastien Bismuth-Kimpe, directeur général de la MSA Alpes du Nord Tout est parti du terrain, avec une forte mobi-lisation des élus. C’est sur cette base qu’a été créé le service Bulle d’air. Le baluchonnage réunit deux atouts : il propose un service qui répond au besoin de répit des aidants familiaux, tout en maintenant la personne aidée à son domicile, ce qui est moins culpabilisant pour l’aidant ; il s’inscrit en complémentarité des services existants sur le territoire. Il répond

avec souplesse à chaque situation de vie des familles. C’est un service nouveau qui répond à la problématique du répit des aidants. C’est une démarche à la fois ambitieuse et pragmatique.

Joëlle Huillier, députée de l’Isère et rap-porteur de la loi d’adaptation de la société au vieillissementVotée en décembre 2015, c’est la première fois qu’une loi s’intéresse aux aidants, en leur reconnaissant un statut et en instaurant un droit au répit. Mais, aujourd’hui, leur statut n’est pas encore assez pris en compte et le financement de 500 euros par an n’est pas suffisant. On en est arrivé à un stade où les aidants que je rencontre me disent : « Je ne ferai jamais vivre ça à mes enfants. » Ils me demandent souvent de les « aider à continuer à aimer leur proche ».

Retrouvez d’autres intervenants sur notre site.

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28 NOVEMBRE 2016 le bimsa www.lebimsa.fr

RENCONTRES

ÉTUDE SUR LE SUICIDE EN AGRICULTURE

Près de 300 suicides ont été enregistrés en 2010 et 2011 chez les agriculteurs exploitants. Sur la période 2007-2011, le secteur de l’élevage bovin a été particulièrement touché.

C’est ce qui ressort d’une étude menée par Santé publique France et la CCMSA.

En 2010 et 2011, selon le rapport Surveillance de la mortalité par suicide des agriculteurs exploi-tants  (1) paru début o ctobre 2016, 253 agriculteurs et 43

agricultrices se sont donné la mort, soit un total de 296 personnes (166 en 2010 et 130 en 2011). Le suicide a été la cause de 14 % des décès chez les hommes et de 7 % chez les femmes. La pendaison a été le moyen le plus utilisé aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Elle était suivie du recours aux armes à feu et aux explosifs chez les hommes et à la noyade chez les femmes.La comparaison de la mortalité par suicide des agriculteurs exploitants à celle des hommes du même âge dans la population française a montré un excès de suicide de 20 % chez les premiers en 2010. Celui-ci

était particulièrement marqué chez les hommes âgés de 45 à 54 ans (+ 30 %) et dans le secteur de l’élevage bovin-lait (+ 52 %). Pour l’année 2011, on a observé une surmortalité significative chez les exploitants agricoles âgés de 45 à 54 ans (+  33  %). En revanche, aucun secteur d’activité ne présentait de surmortalité par suicide.Concernant l’évolution sur la période 2007-2011, la surmortalité par suicide observée en 2010 (+  20  %) a fait suite

à deux années où l’on avait également observé un excès de mortalité par suicide chez les agriculteurs exploitants (+ 28 % en 2008 et + 22 % en 2009). En revanche, les années 2007 et 2011 n’ont pas connu de surmortalité par suicide.En 2008, l’excès de mortalité par suicide était surtout marqué chez les hommes de 45 à 54 ans (+ 31 %) et de 55 à 64 ans (+ 47 %). En 2009, seuls les individus de 55 à 64 ans présentaient un taux élevé (+ 64 %).

La dépression, facteur de risque du suicidePar ailleurs, l’analyse par secteurs d’activité montre que c’est celui de l’élevage bovin qui a été particulièrement touché. Ainsi, les agriculteurs du secteur de l’élevage bovin-viande a présenté un excès de mortalité par suicide statistiquement significatif par rapport à la population générale d’âge similaire en 2008 (+ 127 %) et en 2009 (+ 57 %). Les agriculteurs du secteur de l’élevage bovin-lait ont présenté, quant à eux, un excès de mortalité statistique-ment significatif en 2008 (+ 56 %), 2009 (+ 47 %) et 2010 (+ 51 %).Cette étude met en évidence un nombre de suicides en excès chez les exploitants agricoles et les collaborateurs d’exploitation entre 2008 et 2010, surtout marqué dans les secteurs de l’élevage bovin (lait et viande). Mais, compte tenu du schéma d’étude retenu, il n’est pas possible de mettre en évidence un lien de causalité entre la situation économique et la sur-mortalité par suicide.Néanmoins, l’excès de mortalité obser-vé coïncide avec un contexte de fortes contraintes financières subies par le monde agricole à la suite de la crise économique de 2008, avec de fortes fluctuations du revenu des agriculteurs exploitants. Ces dernières sont subies par le monde agri-cole depuis 2007, notamment dans les

Plus d’infos sur notre site.

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CETTE ÉTUDE MET

EN ÉVIDENCE UN NOMBRE DE SUICIDES EN EXCÈS CHEZ LES EXPLOITANTS AGRICOLES ENTRE 2008 ET 2010.”

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Nicolas Deffontaines,doctorant en sociologie (1) à l’institut national de la recherche agronomique –

centre d’économie et de sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux.

Le suicide des agriculteurs est-il un phénomène récent ?Non. Des travaux en sociologie indiquent que depuis les années 1960, en France, les agriculteurs se suicident plus que les autres catégories socioprofessionnelles. Ils arrivent dans le trio de tête, avec les ouvriers et les employés. C’est un fait social structurel sur le long terme. On observe également le même phénomène dans d’autres pays, tels que les USA, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne, à l’inverse de l’Inde, où le suicide est un fait social plutôt urbain.Pouvez-vous établir le profil des suicidés agricoles ?On peut dégager trois types de profils :- l’agriculteur isolé ou qui traverse un pro-cessus d’isolement lié à une succession de pertes de liens sociaux (divorce, tensions avec les pairs…). Il éprouve un sentiment grandissant de disqualification sociale, qui peut se dérouler sur une période relative-ment courte de quelques mois ;- l’agriculteur engagé très fortement dans le travail, dans la profession et socialement. Il est considéré comme un exemple par la profession et assure des responsabilités dans les organismes professionnels agri-coles. Il perd le sens de son engagement dans le travail à cause de difficultés éco-nomiques (crise du lait, par exemple), de contraintes administratives trop lourdes

(mise aux normes des bâtiments, respect de l’environnement...). Son modèle productif est remis en cause. Il ne se reconnaît plus dans le travail qu’il fait. Il craint de perdre son indépendance pour laquelle il se bat. Sa liberté d’action n’est plus totale, alors que l’indépendance est la valeur cardinale de la profession. Cette perte de sens et la tension entre indépendance statutaire et imposition de normes économiques, agro-nomiques et environnementales peuvent entraîner de la souffrance et conduire parfois au suicide ;- l’agriculteur en âge de transmettre, mais dont l’héritage est refusé soit par les enfants qui ne prennent pas sa suite, soit parce qu’il ne trouve pas de repreneur. La transmission de l’exploitation est un enjeu important en agriculture.De quoi souffrent-ils ?Ils ont tendance à décrire des maux plus physiques que psychologiques. Ils décrivent la pénibilité physique engendrée par le port de charges lourdes, l’exposition au bruit et aux produits toxiques... Ils disent également être affectés par la pénibilité mentale. Sont ainsi perçus comme pénibles la durée de travail trop importante, le fait de penser au

C’EST UN FAIT SOCIAL

STRUCTUREL SUR LE LONG TERME.”

travail avant de s’endormir ou bien encore la non-reconnaissance de leur travail à sa juste valeur. C’est, en 2010, la catégorie socioprofessionnelle qui éprouve le plus ce sentiment dévalorisant. Le célibat rend la diversité des tâches plus lourde à porter. Une caractéristique du métier d’agriculteur, c’est l’imbrication très forte des sphères domestique et professionnelle, spécifique aux indépendants. À l’inverse du salarié qui peut faire une coupure après le travail, l’agriculteur est préoccupé par le sien en permanence.Comment se suicident-ils ?Les agriculteurs ont tendance à passer à l’acte en utilisant des moyens létaux qui font que leur suicide “réussira” (pendaison, arme à feu, noyade). Ils font moins de tentatives de suicide qui sont des signaux d’alerte. Ceux-ci étant plus difficiles à déceler, la prévention est difficile.De quelles ressources disposent-ils pour préserver leur santé mentale ?Les liens sociaux protègent du suicide et la famille reste la première des ressources sociales pour les agriculteurs. Ce qui peut être un facteur de protection, c’est aussi l’environnement professionnel immédiat, à travers les centres d’études techniques agricoles (Ceta), les services de rempla-cement, les coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) et leurs réseaux informels d’entraide entre agriculteurs (chantiers collectifs de paille, foin, ensi-lage), ainsi que des lieux de sociabilité divers tels que la chasse, le football, les associations… —

Propos recueillis par Anne Pichot de la Marandais

(1) Il prépare une thèse sur le suicide des agriculteurs.

secteurs de l’élevage bovin (lait et viande) qui sont les plus atteints.L’impact des déterminants économiques sur la survenue des suicides ne doit pas occulter les autres facteurs de vulnérabi-lité inhérents à la profession (conditions de vie et de travail, fortes contraintes physiques, larges amplitudes horaires, fluctuation des politiques publiques euro-péennes, contraintes environnementales et climatiques, événements sanitaires tels

que l’abattage des bovins…) qui peuvent avoir des répercussions indéniables sur l’équilibre personnel des agriculteurs.Autre constatation, les hommes agricul-teurs exploitants dont l’âge était compris entre 45 et 54 ans et entre 55 et 64 ans présentaient un excès de mortalité par suicide par rapport aux hommes des mêmes tranches d’âge dans la population générale, en 2008, 2010 et 2011 pour la première classe d’âge, et en 2008 et 2009 pour la

seconde. Ces catégories d’âge ne sont pas celles où l’on trouve le plus d’agri-culteurs exploitants endettés, mais il est possible que les contraintes financières chroniques et les conditions de travail difficiles subies sur le long terme aient pu éroder les mécanismes de défense, en favorisant l’apparition d’une dépression, elle-même facteur de risque du suicide. —

(1) Rédacteurs : Imane Khireddine-Medouni, Éléonore Breuillard et Claire Bossard.

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30 NOVEMBRE 2016 le bimsa www.lebimsa.fr

RENCONTRES

JOLIE FRÉQUENTATION POUR FESTI’SANTÉ

Une première édition à succès qui en appelle d’autres, dans l’Indre, à Aigurande ou… ailleurs. Au niveau régional et, pourquoi, pas au-delà !

Près de 900 visiteurs sont venus découvrir cette version plein air d’un salon dédié à la prévention et l’information en matière de santé. Une action réussie par

conséquent ! Pourtant, à quelques minutes d’accueillir le public, les organisateurs (pour mémoire, les délégués MSA du secteur d’Aigurande-Eguzon — Territoire Marche berrichonne — Boischaut sud de l’Indre et du secteur nord Creuse — Territoire Pays de Bonnat — Châtelus-Malvaleix) n’en menaient pas large. Un orage subi et dilu-vien expliquait cette brusque baisse de moral. Mais après la pluie… le beau temps ! « L’affluence s’est ressentie dès l’ouverture », souligne Étienne Buchmann, du service animation Berry-Touraine. L’ARS, l’agence régionale pour la santé, ainsi que les pré-sidents des deux MSA Berry-Touraine et Limousin, partenaires dans la conduite de cette action, avaient fait le déplacement

pour l’occasion. Pascal Cormery, président de la MSA, et Guy Faugeron, président de la MSA du Limousin, se sont montrés très heureux de se retrouver sur le terrain et ont pris le temps d’échanger.

Prévention et convivialitéFortement sollicités par les visiteurs, l’en-semble des exposants n’a eu de cesse que d’apporter des réponses à leurs questions. Les conférences sur le thème du retour à l’emploi après une maladie en ont suscité d’ailleurs beaucoup, au point de prolonger sur plus de deux heures le temps des échanges avec le public — loin par conséquent de la durée initiale prévue de 45 minutes — avec beaucoup d’interrogations sur l’aménagement du poste de travail, les droits des salariés peu ou pas informés de leurs droits. À l’heure du déjeuner, de longues atta-blées se sont formées avec, au menu, découverte des produits du terroir avec

des producteurs locaux organisés en marché. Dans l’esprit d’une alimentation saine et équilibrée, les enfants des écoles ont « bombé » une fresque colorée à la manière des street artistes. En rose le mois d’octobre, comme chacun sait ! Le rappel symbolique en faveur du dépistage du cancer du sein a pris la forme d’un lâcher de ballons (roses) accompagné « d’émotion », souligne Étienne Buchmann. La journée du samedi s’est achevée par un concert « avec de la bonne musique rock », à destination des plus jeunes. Le dimanche matin, 450 aînés, à pied d’œuvre dès les premières heures, se sont lancés qui sur les circuits de randonnée pédestre propo-sés, qui sur un « tracé magnifique » pour une cinquantaine de cyclosportifs « qui pédalent dur ». En conclusion, la formule prévention et convivialité fonctionne. « Les messages sont bien passés. C’est même énorme ! » —

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DU THÉÂTRE SANS ENTOURLOUPETTE

La dernière création de Jean-Pierre George, donnée le 23 octobre à Forcalquier, met en scène le procès du loup avec humour. Un spectacle qui épouse surtout le parti assumé de la

détresse humaine. La MSA Alpes Vaucluse s’est associée au projet, dans le cadre de son accompagnement social et médical auprès des éleveurs et des bergers.

Entourloupe, la nouvelle création d’« En compagnie des oliviers », a attiré quelque 300 spectateurs lors de sa première à Forcalquier.

Entre les querelles de chiffres sur ses attaques et l’imagerie populaire qui s’est depuis longtemps chargée de lui tail-ler un costard (en pure laine

vierge), on n’a pas fini de parler du loup. Ce vieux croque-mitaine est le sujet de la dernière création d’«  En compagnie des oliviers », Entourloupe. Un spectacle théâtral commandé à l’auteur, metteur en scène et comédien Jean-Pierre George, par Christophe Castaner, député-maire de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, président du groupe national Loup, et auquel a été associée la MSA Alpes Vaucluse. « Les départements des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence sont de plus en plus touchés par la prédation du loup, déclare Anne-Laure Torresin, directrice générale de la MSA Alpes Vaucluse. On dénombre même quelques attaques dans le Vaucluse. Toutes de plus en plus proches des lieux d’habitation. Le rôle de la MSA n’est pas de se positionner pour ou contre le loup, mais

de parer aux conséquences de ses prédations sur la santé des éleveurs et des bergers. » La caisse a mis en place une cellule pluridis-ciplinaire associant la santé au travail, la prévention des risques professionnels, l’action sociale, le contentieux et le service d’accueil, afin d’assurer un accompagne-ment le plus complet possible.

Un spectacle conçu comme un procès« Ce qui est notamment ressorti du groupe de réflexion composé d’administrateurs des territoires concernés et initié l’année dernière, c’est que les éleveurs souhaitaient que ce soit la MSA Alpes Vaucluse qui prenne l’initiative de les contacter. Ils n’ont pas le réflexe de s’adresser à nous, surtout dans un moment aussi délicat. » Désormais, les directions départementales des territoires signalent systématiquement toute attaque de loups aux services de la MSA Alpes Vaucluse. « Nous adressons un courrier à l’éleveur concerné pour lui proposer un accompagnement social et médical.

Nous lui communiquons les coordonnées téléphoniques dédiées pour qu’il puisse nous contacter s’il le souhaite, parce que tous n’ont pas les mêmes attentes ni les mêmes réactions après une attaque. C’est un dispositif à la carte. » Mais revenons-en à nos moutons. Fidèle à sa patte, Jean-Pierre George a tout d’abord recueilli les témoignages d’une « faune » diversifiée : deux éleveurs touchés par des attaques de loups, un président de syn-dicat agricole (Xavier Beulin), un député européen ( José Bové), des membres de l’association nationale de protection et de conservation de l’ours, du loup et du lynx (Ferus), un député-maire (Christophe Castaner), une zoologue et une ethno-zoologue (Geneviève Carbone). Excusez du peu. Sur ce, il a tricoté un spectacle théâtral mêlant vidéo et présence scé-nique avec un zest de décalage salu-taire. « J’ai conçu le spectacle comme un procès », indique le metteur en scène. Il faut imaginer le p’tit Romulus (oui, celui du couple formé avec Rémus), les Trois petits cochons, la chèvre de monsieur Seguin, tous appelés à venir témoigner à la barre ! Sans oublier le Petit chaperon rouge endossant le rôle de procureur. «  Cet humour passe très bien  », atteste Anne-Laure Torresin.« En tant qu’ancien zoologiste, j’étais un peu pour le loup au départ, confie Jean-Pierre George. Finalement, en cours de route, quand on voit ce que peut représenter une attaque de loup… Le spectacle est objectif, mais il est objectivement en faveur des éleveurs ! Parce que je n’ai pas rencontré d’arguments aussi forts que ceux des paysans chez les défenseurs du loup. Ça touche trop au sen-sible. » La pièce est tout public. À la MSA Alpes Vaucluse, un plan de déploiement est actuellement à l’étude en vue de la faire tourner. Courez-y, et ne criez pas au loup ! —

Franck Rozé

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RENCONTRES

LE COURANT PASSEÀ l’occasion de la mise en service, le 29 septembre, de la ligne RTE à 400 000 volts

Lonny-Seuil-Vesle, qui relie Reims dans la Marne et Charleville-Mézières dans les Ardennes, une journée de sensibilisation au risque électrique a été organisée en plein champ dans

le secteur du rethélois. Public visé : les futurs agriculteurs et les exploitants agricoles, professionnels les plus exposés. Enfilez vos bottes.

J e relève le bas de mon pantalon pour marquer les gens », pré-vient Vincent Bertrand, agricul-teur de 46 ans à Bouvellemont, petit village ardennais. Et ça

fonctionne. À la vue des deux prothèses qui ont remplacé à jamais ses jambes, les regards des élèves de 1re conduite et gestion de l’exploitation agricole du lycée de Saint-Laurent, dans les Ardennes, se font mi-gênés mi-interrogatifs.La journée avait pour thème : « Cohabi-ter avec une ligne ». Elle s’est déroulée fin septembre sur une parcelle agricole près de Rethel, dans les Ardennes. Sept ateliers pratiques ont été proposés à des lycéens et des exploitants. La MSA Marne Ardennes Meuse, avec la fédération des Cuma (coopératives d’utilisation de maté-riel agricole) et la chambre d’agriculture des Ardennes, poursuit ainsi son action de prévention des risques sous les lignes électriques. Initiée il y a quelques années avec Enedis (ex-ERDF), elle s’est concré-tisée par la signature d’une convention dans les Ardennes.

Un danger réelLe témoignage de Vincent Bertrand a été l’un des moments forts de cette journée. Comme presque tous les jours, il a enfilé sa cotte de travail. La voix posée, le discours clair, le regard à la fois franc et déterminé de ceux qui sont revenus de loin, ont traversé l’enfer et pris du recul sur la vie. Partis travailler à deux avec la Cuma des Crêtes dans les Ardennes l’après-midi du 20 mai 2009, il est le seul à pouvoir rendre compte de ce qui s’est passé ce jour-là. «  Je suis ici pour témoigner parce que, malheureusement, je me suis fait avoir. Je le fais d’abord en mémoire de mon collègue disparu. » Vincent Bertrand est l’une des deux victimes de l’accident qui a eu lieu à Vaux-Montreuil dans les Ardennes. En cause : la goulotte de son ensileuse qui a accroché une ligne à haute tension de

20 000 volts traversant le champ sur lequel il récoltait de l’herbe.Sa vie a basculé au moment où ses jambes sont entrées en contact avec le sol. Il a été électrisé. Derrière, le chauffeur du tracteur, devant la vision du corps de Vincent gisant à terre, s’est précipité à son secours. Il a subi le même sort. Transportés tous les deux à l’hôpital, leur état sera jugé très sérieux. Vincent sera brûlé aux deuxième et troisième degrés sur un tiers de la surface de sa peau. « J’ai fait l’erreur de sortir de ma machine. J’ai servi de fusible entre l’ensileuse et le sol. Enfin, tout ce que je vous raconte, c’est ce qu’on m’a dit ensuite. En vérité, je n’ai aucun souvenir de l’accident. »Son collègue ne sortira jamais de l’hôpi-tal. Pierre est mort un mois plus tard, il avait 62 ans. Pour Vincent, le long combat

pour la survie commence, ainsi que sept semaines de souffrance au centre des grands brûlés de Metz. Il subira une première amputation huit jours après, puis une seconde un mois plus tard. « Aujourd’hui, mes prothèses me permettent de vivre à peu près normalement. » Il a fait le choix courageux de reprendre son métier d’agriculteur et se déplace régulièrement pour témoigner et trans-mettre le message que le danger est réel mais qu’avec des gestes de prévention simples, on peut éviter l’accident. Pourtant, pendant sa très longue convalescence, il s’est posé la question : vais-je pouvoir rester agriculteur ? Il aurait pu se contenter d’une pension d’adulte handicapé, mais ce passionné a choisi de s’entêter malgré les mises en garde. Il conduit aujourd’hui un tracteur aménagé, a arrêté l’élevage laitier et s’est à contrecœur séparé de ses deux salariés pour recentrer ses activités sur ses 90 hectares de céréales.« On peut travailler en toute sécurité sous les lignes électriques à condition d’en comprendre le danger. J’essaie de me battre pour faire

J’AI FAIT L’ERREUR

DE SORTIR DE MA MACHINE.”

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« Je relève le bas de mon pantalon pour marquer les gens », prévient Vincent Bertrand, agriculteur de 46 ans à Bouvellemont, petit village ardennais. Il a été électrisé il y a quelques années alors qu’il travaillait dans un champ.

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changer les mentalités car, malheureusement, beaucoup de chauffeurs ne connaissent pas le gabarit de leur machine, ni la hauteur de la ligne qui les surplombe. Oui, je suis un miraculé. J’ai eu la chance que mon cœur, mon cerveau et mes poumons tiennent. » La veille de son intervention devant les jeunes, une ligne a été couchée par une benne levée sur un silo à betteraves à Tagnon dans les Ardennes, à seulement quelques kilomètres de là, sans faire de victime. Plus dramatique, le même mois, deux accidents mortels ont été à déplorer à Quimper dans le Finistère et à Toul en Meurthe-et-Moselle.Pour ne plus en arriver là, la convention MSA/Enedis, signée dans les Ardennes, prévoit une aide au financement des détecteurs de ligne sur les ensileuses et les moissonneuses. Ils alertent le conducteur par un signal sonore et visuel lorsque leur engin agricole s’approche à moins vingt mètres d’une ligne électrique. « Dans tous les cas, vous pouvez solliciter la MSA ou Enedis, prévient Éric Perrin, conseiller en

prévention des risques professionnels à la MSA dans le secteur des Ardennes. Si vous avez un doute, demandez une vérifi-cation de la hauteur précise de la ligne qui passe au-dessus de votre champ. Cela peut conduire à un rehaussement de celle-ci et dans certains cas particuliers à son effacement. Nous faisons confiance aux repérages de l’agriculteur car il est en prise directe avec le terrain : c’est lui qui passe le plus souvent sous les lignes électriques et peut constater qu’elles ont baissé. » —

Alexandre Roger

Bruno Mozkowicz, d’Enedis, et Éric Perrin, conseiller en prévention des risques professionnels dans le secteur des Ardennes, ont présenté le fonctionnement du détecteur de ligne haute tension.

Romain Payage, 30 ans, est technicien de ligne, enfin, mi-équilibriste, mi-technicien ! Il n’a pas fait l’école du cirque mais un Bac maintenance industrielle. Il passe pourtant sa vie (professionnelle) en l’air. On peut le croiser sur un vélo sur les lignes haute tension de Champagne, des Ardennes, de la Somme et de la Meuse.

LES DÉTECTEURS

DE LIGNE SUR LES ENSILEUSES ET LES MOISSONNEUSES ALERTENT PAR UN SIGNAL SONORE ET VISUEL.”

34 NOVEMBRE 2016 le bimsa www.lebimsa.fr

Le cru 2016 du sommet de l’élevage est à marquer d’une pierre blanche. D’abord un anniversaire à fêter : 25 ans. Un quart de siècle de mise en valeur de la production animale et des terroirs. Et un record d’affluence : 88 000 visiteurs ont arpenté les allées de l’un des tout premiers salons agricoles de France, installé à Cournon-d’Auvergne, commune limitrophe de Clermont-Ferrand. Au total, 2 000 animaux minutieusement sélectionnés ont défilé sous le regard attentif des visiteurs et amateurs de belles bêtes qui font la diversité et la qualité des terroirs des régions françaises. La MSA Auvergne ne pouvait manquer un tel rendez-vous.

Les bovins, races à lait ou à viande, étaient les stars du sommet de l’élevage.

Joy Kabatsi, ministre ougandaise de l’agriculture, au centre, présente avec sa délégation, veut importer montbéliardes et charolaises dans son pays.

L’ardennais, un compagnon fidèle garanti 100 % écolo.

La tonte de moutons : un métier mais aussi un sport. La France est candidate à l’accueil du championnat du monde de tonte 2019.

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L’ÉLEVAGE AU

Présente comme chaque année depuis la première édition du sommet, la MSA a mis en place une animation avec des professionnels du théâtre, sur la prévention des risques de chutes de hauteur.

« En agriculture comme au théâtre, il est très important de soigner sa chute. » Le service santé-sécurité au travail a proposé une animation rythmée par de courtes représentations comiques et des petits films.

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SOMMET

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Philippe Panel, président de la MSA Auvergne, a reçu Pascal Cormery, président de la MSA, dans les allées du sommet et sur le stand de la MSA.

Un jeu des 20 erreurs géant sur la prévention des risques de chutes de hauteur est au cœur de l’animation.

« Comprendre son troupeau pour travailler en sécurité avec son chien » : Barbara Ducreux, de l’institut de l’élevage, et Denis Beauchet, conseiller en prévention à la MSA Auvergne et grand spécialiste des chiens de troupeau, ont été les chefs d’orchestre d’une animation appréciée des petits et des grands.

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