La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de ... · de Jean Watson (1979). Méthode :...

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La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer au sein d’une équipe interdisciplinaire : une étude de cas au Liban Thèse Mona Saouma Doctorat en sciences infirmières Philosophiae doctor (Ph.D.) Québec, Canada © Mona Saouma, 2017

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La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de

patients atteints de cancer au sein d’une équipe

interdisciplinaire : une étude de cas au Liban

Thèse

Mona Saouma

Doctorat en sciences infirmières

Philosophiae doctor (Ph.D.)

Québec, Canada

© Mona Saouma, 2017

ii

La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de

patients atteints de cancer au sein d’une équipe

interdisciplinaire : une étude de cas au Liban

Thèse

Mona Saouma

Sous la direction de :

Jean-François Desbiens, directeur de recherche

Johanne Gagnon, codirectrice de recherche

iii

Résumé

Problématique : Les soins palliatifs sont des soins délivrés par une équipe

interdisciplinaire, dans une approche holistique, afin d'améliorer la qualité de vie des

personnes atteintes d'une maladie grave et potentiellement mortelle. Selon le World Health

Organization et la Worldwide Palliative Care Alliance (2014), des inégalités dans les

formations et le manque d’organisation des soins palliatifs dans plusieurs pays n’ont pas

favorisé le développement de la pratique infirmière dans ce domaine. Ainsi, cette situation

a entraîné des disparités dans la prestation et les services de soins palliatifs entre différents

pays. Au Liban, les infirmières sont peu préparées à délivrer des soins palliatifs et la pratique

dans ce domaine est peu documentée. But : Cette étude visait à comprendre l’exercice de la

pratique infirmière en soins palliatifs dans une région du Liban, auprès de patients atteints

de cancer en fin de vie et au sein d’une équipe interdisciplinaire. Cadre de référence : Le

cadre de référence de l’étude intègre trois éléments, soit le plan directeur de développement

des compétences des intervenants en soins palliatifs (MSSS, 2008), les facteurs contraignant

ou facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs, ainsi que la théorie du Human Caring

de Jean Watson (1979). Méthode : Dans le cadre de cette recherche, le devis descriptif

qualitatif choisi est une étude de cas simple à niveaux d’analyse imbriqués. Cette étude est

réalisée dans une unité d’oncologie d’un centre hospitalier, dans une région urbaine du

Liban. L’analyse des données a été effectuée par une double triangulation de méthodes et

de sources, soit l’entrevue individuelle auprès de l’infirmière spécialisée en soins palliatifs

(n= 1), auprès de l’infirmière-chef en oncologie (n= 1), auprès des infirmières de l’unité

d’oncologie (n= 9), auprès des experts en soins palliatifs (n=3), auprès de certains membres

de famille de personnes soignées (n=3) et l’entrevue de groupe auprès des professionnels

de la santé de l’équipe de soutien mobile (n=3), l’étude des documents pertinents,

l’observation directe non participante de la pratique infirmière en soins palliatifs et le journal

de bord de l’étudiante-chercheuse. Résultats : Cinq thèmes centraux ont émergé de la

pratique infirmière auprès de patients cancéreux au sein d’une équipe interdisciplinaire au

Liban : 1) la perception des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure qualité de vie;

2) la pratique infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient; 3) la pratique

en collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins palliatifs; 4) la spiritualité :

une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs et 5) l’accompagnement de

iv

la famille : le rôle indispensable de l’infirmière. De plus, les résultats ont mis en relief divers

facteurs, à la fois contraignant ou facilitant la démarche. Ces facteurs sont d’ordres

professionnel, organisationnel et émotionnel. Ils sont associés à l’exigence de la pratique en

soins palliatifs. Les infirmières ont démontré également une relation humaniste empreinte

de caring au cœur des soins palliatifs et qui transcende l’ensemble des cinq thèmes centraux.

Discussion : Cette étude a permis de mettre en lumière l’exercice de la pratique infirmière

en soins palliatifs, au sein d’une équipe interdisciplinaire. Les résultats de cette étude

pourront fournir des assises empiriques afin de guider le développement de la pratique

infirmière en soins palliatifs au Liban et assurer une meilleure prise en charge en fin de vie.

Mots clés : Pratique infirmière, Soins palliatifs, Interdisciplinarité, Caring, Facteurs

facilitants, Facteurs contraignants, Recherche qualitative, Étude de cas.

v

Abstract

Background : Palliative care is a holistic approach, delivered by an interdisciplinary team,

in order to improve the quality of life of people facing a serious and life-threatening illness.

According to the World Health Organization and the Worldwide Palliative Care Alliance

(2014), inequalities in training and lack of organization of palliative care in several

countries have limited the development of nursing practice in this domain. Thus, this

situation has led to disparities in the delivery of palliative care services between countries.

In Lebanon, nurses are little prepared to deliver palliative care, and nursing practice in this

domain is not well documented. Aim : This study aimed to understand nursing practice

within an interdisciplinary team providing palliative care to end-of-life cancer patients in

a Lebanese region. Framework : The study framework integrates three components that

are the Plan directeur de développement des compétences des intervenants en soins

palliatifs (Skill development plan for palliative care providers) (MSSS, 2008), the

hindering and facilitating factors related to palliative care requirement, and Jean Watson’s

Theory of Human Caring (1979). Methods : The descriptive qualitative research design

chosen was a single case study with embedded levels of analysis. This study was conducted

in an oncology unit of a hospital in an urban Lebanese region. Data was analyzed through

a double triangulation of methods and sources, consisting of individual interview with the

specialized palliative care nurse (n = 1) , with the head oncology nurse (n = 1), with

oncology unit nurses (n= 9), with palliative care experts (n = 3), with family members of

treated patients (n = 3) and group interview with healthcare professionals of the mobile

support team (n = 3), analysis of relevant documents, direct non-participant observation of

palliative nursing care, and the student’s research diary. Results : Five central themes

emerged from nursing practice with cancer patients in an interdisciplinary team in

Lebanon: 1) palliative care: a way to provide better quality of life; 2) nursing practice:

holistic care for patient’s needs; 3) interdisciplinary: collaborative practice a main element

for palliative care; 4) spirituality: a backdrop for nursing practice in palliative care and 5)

family support: indispensable role of the nurse. Moreover, results have highlighted various

hindering and facilitating factors of professional, organizational and emotional nature

related to palliative care requirement. Nurses also demonstrated a humanistic relation

marked with caring at the core of palliative care, which transcends all five central themes.

vi

Discussion : This study allowed shedding light on nursing practice in palliative care within

an interdisciplinary team. Results could provide empirical foundations for informing the

development of nursing practice in palliative care in Lebanon and ensure better end-of-life

care for patients.

Key words: Nursing practice, Palliative care, Interdisciplinarity, Caring, Facilitators,

Barriers, Qualitative research, Case study.

vii

Table des matières

RESUME ...................................................................................................................................... III

ABSTRACT ................................................................................................................................... V

TABLE DES MATIERES ........................................................................................................ VII

LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................................... XII

LISTE DES FIGURES ............................................................................................................. XIII

REMERCIEMENTS .................................................................................................................. XV

INTRODUCTION ......................................................................................................................... 1

CHAPITRE 1 – PROBLEMATIQUE ......................................................................................... 3

1.1 La pratique en soins palliatifs : approche interdisciplinaire, holistique et humaniste ........ 4

1.2 La pratique infirmière au sein d’une équipe interdisciplinaire en soins palliatifs .............. 6

1.2.1 La pratique infirmière en soins palliatifs : facteurs contraignants professionnels,

organisationnels et émotionnels. .............................................................................................. 7

1.3 L'approche de caring : solution intéressante pour une pratique professionnelle optimale . 9

1.4 Le contexte libanais et les soins palliatifs ........................................................................ 11

1.5 Le but et la question générale de recherche ..................................................................... 17

CHAPITRE 2 – RECENSION DES ECRITS ........................................................................... 18

2.1 La stratégie de repérage des écrits .................................................................................... 18

2.2 La pratique en soins palliatifs........................................................................................... 19

2.2.1 L’approche holistique des soins palliatifs ....................................................................... 19

2.2.1.1 La réponse aux besoins physiques .......................................................................... 19

2.2.1.2 La réponse aux besoins psychologiques ................................................................. 24

2.2.1.3 La réponse aux besoins spirituels ........................................................................... 26

2.2.2 L’interdisciplinarité en soins palliatifs ............................................................................ 28

2.2.3 La pratique infirmière au sein d'une équipe interdisciplinaire ........................................ 32

2.3 L’approche du caring en soins palliatifs .......................................................................... 34

2.4 Les facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs ............. 39

2.4.1 Les facteurs contraignants et les facilitateurs professionnels ......................................... 39

2.4.1.1 Les décisions divergentes ....................................................................................... 40

2.4.1.2 La résistance médicale ............................................................................................ 41

2.4.1.3 Le manque de temps ............................................................................................... 41

2.4.1.4 Le manque de formation ......................................................................................... 42

2.4.1.5 Les difficultés de communication........................................................................... 46

2.4.1.6 Le manque de collaboration interdisciplinaire ....................................................... 48

2.4.2 Les facteurs contraignants et les facilitateurs organisationnels ...................................... 50

viii

2.4.2.1 La structure organisationnelle ................................................................................ 50

2.4.2.2 L’accessibilité aux ressources humaines et matérielles .......................................... 51

2.4.3 Les facteurs contraignants et les facilitateurs émotionnels ............................................. 53

CHAPITRE 3 - CADRE DE REFERENCE ............................................................................. 57

3.1 Le plan directeur de développement des compétences des intervenants

en soins palliatifs .................................................................................................................... 57

3.2 Les facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs ............. 61

3.3 La Théorie du Human Caring de Jean Watson ................................................................ 62

3.3.1 La relation transpersonnelle ............................................................................................ 63

3.3.2 Le moment du caring ...................................................................................................... 64

3.3.3 Les processus de caritas cliniques ................................................................................... 64

3.4 Le cadre de référence intégrateur ..................................................................................... 66

3.5 Les questions spécifiques de recherche ............................................................................ 72

CHAPITRE 4 - METHODE ....................................................................................................... 73

4.1 L’approche privilégiée ..................................................................................................... 73

4.2 Le devis de recherche : choix et justification ................................................................... 74

4.3 L’étude de cas .................................................................................................................. 74

4.3.1 Le cas étudié ................................................................................................................... 75

4.3.2 Le milieu à l’étude .......................................................................................................... 76

4.3.3 Les niveaux d’analyse imbriqués .................................................................................... 77

4.4 Le déroulement de l'étude ................................................................................................ 78

4.4.1 Les stratégies de recrutement : l’échantillonnage et les critères de sélection ................. 78

4.4.2 Les méthodes de collecte des données ............................................................................ 80

4.4.2.1 L’entrevue individuelle .......................................................................................... 80

4.4.2.2 L’entrevue de groupe .............................................................................................. 82

4.4.2.3 L’observation directe non participante ................................................................... 82

4.4.2.4 L’étude des documents ........................................................................................... 84

4.4.2.5 Le journal de bord .................................................................................................. 85

4.5 Le plan d’analyse des données ......................................................................................... 85

4.5.1 La condensation des données .......................................................................................... 85

4.5.1.1 La codification des données ................................................................................... 86

4.5.1.2 L’élaboration de catégories .................................................................................... 86

4.5.1.3 La codification thématique ..................................................................................... 86

4.5.2 La présentation des données ........................................................................................... 87

4.5.3 L’élaboration et la vérification des conclusions.............................................................. 87

ix

4.6 Les critères de rigueur scientifique .................................................................................. 88

4.7 Les considérations éthiques .............................................................................................. 90

CHAPITRE 5 – RESULTATS ................................................................................................... 91

5.1 La description du milieu à l’étude .................................................................................... 91

5.2 Les profils des participants ............................................................................................... 93

5.2.1 Le profil des infirmières .................................................................................................. 93

5.2.2 Le profil des professionnels de la santé .......................................................................... 94

5.2.3 Le profil des experts ........................................................................................................ 95

5.2.4 Le profil des membres de famille ................................................................................... 95

5.3 D’autres sources de données ............................................................................................ 96

5.3.1 La période d’observation ................................................................................................ 96

5.3.2 La documentation............................................................................................................ 96

5.3.3 Le journal de bord ........................................................................................................... 97

5.4 La pratique infirmière auprès des patients cancéreux au sein d’une équipe

interdisciplinaire .................................................................................................................... 97

5.4.1 La perception des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure qualité de vie ..... 100

5.4.2 La pratique infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient ................ 102

5.4.2.1 Les besoins physiques .......................................................................................... 103

5.4.2.2 Les besoins psychologiques.................................................................................. 106

5.4.2.3 Les besoins sociaux .............................................................................................. 108

5.4.3 La pratique en collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins

palliatifs ................................................................................................................................ 110

5.4.4 La spiritualité : une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs .......... 115

5.4.5 L’accompagnement de la famille : le rôle indispensable de l’infirmière ...................... 119

5.5 L’approche humaniste de caring en soins palliatifs ....................................................... 123

5.6 Les facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs ........... 127

5.6.1 Les facteurs contraignant la pratique infirmière en soins palliatifs .............................. 127

5.6.1.1 Les facteurs contraignants professionnels ............................................................ 128

5.6.1.1.1 La résistance des médecins ......................................................................................... 128

5.6.1.1.2 Le manque de consensus ............................................................................................. 129

5.6.1.1.3 Le manque de formation en soins palliatifs ................................................................ 131

5.6.1.2 Les facteurs contraignants organisationnels ......................................................... 131

5.6.1.2.1 Le manque d’infrastructures organisationnelles ......................................................... 131

5.6.1.2.2 Le manque de temps et la surcharge de travail ........................................................... 132

5.6.1.3 Les facteurs contraignants émotionnels ................................................................ 134

5.6.2 Les facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs .................................... 136

x

5.6.2.1 Les facteurs facilitants professionnels .................................................................. 136

5.6.2.1.1 La reconnaissance nationale ....................................................................................... 137

5.6.2.1.2 L’harmonisation de la collaboration interdisciplinaire ............................................... 138

5.6.2.1.3 La formation en soins palliatifs .................................................................................. 139

5.6.2.2 Les facteurs facilitants organisationnels ............................................................... 140

5.6.2.2.1 L’environnement propice ............................................................................................ 140

5.6.2.2.2 Le réaménagement de la structure organisationnelle .................................................. 141

5.6.2.3 Les facteurs facilitants émotionnels ..................................................................... 141

5.6.2.3.1 L’accompagnement psychologique des infirmières .................................................... 142

CHAPITRE 6 – DISCUSSION................................................................................................. 145

6.1 Les considérations d’ordre empirique ............................................................................ 145

6.1.1 La pratique infirmière en soins palliatifs ...................................................................... 145

6.1.1.1 La perception des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure qualité de

vie ..................................................................................................................................... 146

6.1.1.2 La pratique infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient ........ 147

6.1.1.2.1 Les besoins physiques ................................................................................................. 148

6.1.1.2.2 Les besoins psychologiques ........................................................................................ 150

6.1.1.2.3 Les besoins sociaux .................................................................................................... 152

6.1.1.3 La pratique en collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins

palliatifs. ........................................................................................................................... 153

6.1.1.4 La spiritualité : une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs .. 156

6.1.1.5 L’accompagnement de la famille : le rôle indispensable de l’infirmière ............. 157

6.2 Les considérations d’ordre théorique ............................................................................. 160

6.2.1 L’utilisation du Plan directeur ...................................................................................... 160

6.2.2 L’utilisation du cadre du Human Caring de Jean Watson ............................................ 164

6.2.3 L’utilisation des facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins

palliatifs ................................................................................................................................ 169

6.2.3.1 Les facteurs contraignants et les facilitateurs professionnels ............................... 169

6.2.3.2 Les facteurs contraignants et les facilitateurs organisationnels ............................ 173

6.2.3.3 Les barrières et les facilitateurs émotionnels ........................................................ 175

6.3 Les considérations d’ordre méthodologique .................................................................. 176

6.4 Les limites ...................................................................................................................... 178

6.5 Les retombées de l’étude ................................................................................................ 179

6.6 Les recommandations ..................................................................................................... 181

6.6.1 Pour la gestion............................................................................................................... 181

6.6.2 Pour la pratique ............................................................................................................. 182

xi

6.6.3 Pour la formation .......................................................................................................... 183

6.6.4 Pour la recherche........................................................................................................... 184

CONCLUSION .......................................................................................................................... 185

REFERENCES .......................................................................................................................... 188

ANNEXE 1 – CARTE CONCEPTUELLE DE L’ETUDE DE CAS ................................... 201

ANNEXE 2 – FEUILLETS D’INFORMATION ET FORMULAIRES DE

CONSENTEMENT ................................................................................................................... 202

ANNEXE 3– GUIDES D’ENTREVUE ................................................................................... 222

ANNEXE 4 – GRILLE D’OBSERVATION ........................................................................... 230

ANNEXE 5 – GRILLE D’ANALYSE DOCUMENTAIRE ................................................... 231

ANNEXE 6 – EXEMPLE DE TABLEAU DE SYNTHESE DES ENTREVUES ................ 233

ANNEXE 7 –THEMES CENTRAUX DE LA PRATIQUE INFIRMIERE EN SOINS

PALLIATIFS ............................................................................................................................. 234

xii

Liste des tableaux

Tableau 1. Synthèse des domaines et compétences (MSSS, 2008) ............................................... 58

Tableau 2. Facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs ............... 61

Tableau 3. Processus de caritas cliniques de Jean Watson (1998) ................................................ 65

Tableau 4. Caractéristiques sociodémographiques des infirmières ............................................... 94

xiii

Liste des figures

Figure 1 Cadre de référence intégrateur ....................................................................................... 68

Figure 2. Étude de cas simple imbriquée ....................................................................................... 76

Figure 3. Processus d’analyse des données ................................................................................... 99

Figure 4. Perception des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure qualité de vie ......... 102

Figure 5. Pratique infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient..................... 109

Figure 6. Pratique en collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins palliatifs . 115

Figure 7. Spiritualité : une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs .............. 119

Figure 8. Accompagnement de la famille : le rôle indispensable de l’infirmière ........................ 122

Figure 9. Approche humaniste de caring en soins palliatifs ....................................................... 127

Figure 10. Facteurs contraignant la pratique infirmière en soins palliatifs ................................ 136

Figure 11. Facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs ....................................... 143

xiv

À ma très chère famille

xv

Remerciements

La réalisation d'une thèse de doctorat est une expérience qui s'appuie sur une générosité et

un appui persévérant de plusieurs personnes que je tiens à remercier à leur juste valeur.

Dans le cheminement ayant conduit à la réalisation de cette thèse, mes remerciements vont

à Monsieur Jean-François Desbiens mon directeur de thèse. Sa passion pour les soins

palliatifs, son soutien constant, ses conseils avisés et ses suggestions pertinentes ont été

pour moi une source de motivation tout au long de mon parcours. Je désire également

exprimer ma plus profonde gratitude à Madame Johanne Gagnon, ma codirectrice de thèse,

pour ses commentaires judicieux, son support inestimable, sa rigueur, sa disponibilité et sa

promptitude. Femme exceptionnelle et inspirante, Madame Gagnon a su me transmettre sa

passion pour la recherche, et m’a permis de cheminer et de m’accomplir. Mon appréciation

se tourne aussi vers les membres de mon comité de thèse, Mesdames Diane Tapp et Judith

Lapierre pour le précieux temps consacré à la lecture et l’évaluation du présent projet.

Je ne peux passer sous silence la contribution essentielle des infirmières 1 et des

professionnels de la santé qui ont accepté avec beaucoup d'ouverture, au travers de leurs

engagements multiples, de collaborer si généreusement à ce projet de recherche. Je tiens à

remercier grandement les experts du Comité National des soins palliatifs au Liban pour

leur collaboration et leurs précieux conseils qui ont contribué à alimenter ma réflexion dans

le domaine des soins palliatifs. Une grande reconnaissance va aux membres des familles

rencontrés qui, nonobstant leur propre chagrin, ont accepté de partager leur expérience. Je

désire aussi offrir mes sincères remerciements à la direction des soins infirmiers du centre

hospitalier libanais concerné par l’étude, pour avoir accueilli ce projet de recherche dans

son milieu. Sans eux, ce projet n’aurait pu être possible.

Je remercie très particulièrement l’Université Antonine (UA), université au sein de laquelle

je dirige le Département des sciences infirmières, pour son soutien sans faille lors de mes

études doctorales. J’adresse des remerciements de même ordre à l’équipe pédagogique du

1 Le féminin est utilisé à la seule fin d’alléger le texte.

xvi

Département des sciences infirmières pour leur patience et leurs encouragements, dans

toutes les circonstances.

Incontestablement, sans le soutien et l’amour de ma famille, jamais cette étude doctorale

n’aurait été menée à terme. J'apprécie la présence, la patience, la compréhension et le

soutien indéfectible de mon mari Antoine tout au long de ce périple. À mes deux bijoux,

Vincent et Steven, qui ont partagé avec moi cette aventure, merci pour votre amour

inconditionnel, vous êtes ma plus grande richesse.

Enfin, cette liste n’ayant pas de prétention à l’exhaustivité, je tiens à saluer toutes les

personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de ce projet de thèse.

1

Introduction

Les soins palliatifs sont généralement décrits comme des soins délivrés à des personnes

atteintes de maladie grave et potentiellement mortelle, par une équipe interdisciplinaire

selon une approche holistique. Visant à préserver une meilleure qualité de vie, la pratique

en soins palliatifs en fin de vie nécessite une prise en compte de la souffrance non

seulement physique, mais également psychologique, sociale et spirituelle. De même, cette

approche exige de sauvegarder la dignité du patient et de soutenir son entourage. Un choix

difficile à réaliser sans une relation transpersonnelle de caring empreinte de confiance,

d’empathie et de chaleur humaine.

Au Liban, les soins palliatifs sont encore en voie de développement et prennent leur essor

pour accompagner les patients en fin de vie. Malgré quelques progrès au cours des

dernières années, peu de patients cancéreux ont eu l’opportunité de bénéficier de ce type

de soins au Liban. Cette situation résulte d’une insuffisance de prestataires de soins formés

en soins palliatifs, du manque de services spécialisés et surtout du manque de

sensibilisation et d’information du public envers les soins palliatifs.

Cette thèse de doctorat émane de la nécessité de développer les soins palliatifs dans le

contexte libanais et de la priorité de rehausser la pratique dans ce domaine. Elle s’inscrit

plus particulièrement en sciences infirmières, et vise à comprendre l’exercice de la pratique

infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe interdisciplinaire au Liban. En effet, bien

que la pratique infirmière au sein de l’équipe interdisciplinaire soit bien décrite dans la littérature,

il n’en demeure pas moins que qu’on ne sait pas comment elle s’exerce dans les pays où les soins

palliatifs sont encore en émergence.

Le premier chapitre de cette thèse circonscrit la problématique à la base de l'étude en

documentant d’abord la pratique infirmière au sein d’une équipe interdisciplinaire en soins

palliatifs selon une approche holistique, ainsi que les facteurs qui contraignent ou facilitent

la pratique infirmière en soins palliatifs. Le choix du caring2 se présente ainsi comme un

2 Le terme anglophone caring sera utilisé dans cette étude.

2

soutien pour le développement d’une approche humaniste au sein des soins palliatifs au

Liban. Ensuite, la problématique expose le contexte libanais des soins palliatifs, puis

finalement, la formulation du but et de la question générale de recherche clôturent le

premier chapitre. Le deuxième chapitre propose une recension des écrits. Il expose le

contexte des soins palliatifs au Liban et l’état des connaissances sur la pratique infirmière

en soins palliatifs, l’approche de caring et les facteurs influençant cette pratique. Le

troisième chapitre fait mention du cadre de référence de l’étude. Ce cadre intègre, d’une

part, le plan directeur de développement des compétences des intervenants en soins

palliatifs (MSSS, 2008) ainsi que les facteurs contraignant ou facilitant la pratique

infirmière des soins palliatifs et, d’autre part, la théorie du Human Caring de Jean Watson

(1979).

Par la suite, le quatrième chapitre explicite la perspective méthodologique de l’étude

notamment, l'approche et le devis de recherche privilégiés, les méthodes de collecte et

d'analyse des données, les critères de rigueur scientifique et les considérations éthiques.

Les résultats de l’étude sont détaillés au cinquième chapitre. Outre la description du milieu

de l’étude, du profil des participants et des sources de données, la pratique infirmière auprès

des patients cancéreux au sein d’une équipe interdisciplinaire est présentée à travers les

thèmes qui ont émergé. Dans ce même chapitre, la relation humaniste empreinte de caring

apparaît également comme un élément au cœur des soins palliatifs. Le sixième chapitre

discute des résultats obtenus en lien avec la recension des écrits selon plusieurs points de

vue : empirique, théorique et méthodologique. A la lumière des limites et des retombées

de l’étude, certaines recommandations pour la recherche, la pratique, la formation et la

gestion viennent clore ce chapitre.

3

Chapitre 1 – Problématique

Ce premier chapitre présente la problématique à la base de cette recherche. Cette dernière

émane de la priorité d’étudier la pratique infirmière en soins palliatifs au Liban, afin de

guider l’adoption d’un modèle de prestation de soins palliatifs sensible à la culture, et qui

répond aux besoins de la population libanaise (Abu-Saad Huijjer, Deeb, Ghusn, Karam, &

Zeineldin, 2013). Le problème de la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une

équipe interdisciplinaire est d’abord présenté, suivi de l’approche de caring proposée

comme soutien à une relation humaniste au sein des soins palliatifs. Ensuite, les soins

palliatifs dans un contexte libanais sont discutés. Finalement, le but et la question générale

de recherche viennent clore ce chapitre.

Les soins palliatifs sont des soins actifs délivrés à une clientèle atteinte d’une maladie grave

évolutive, dans une approche holistique et par une équipe interdisciplinaire (Société

Française d'Accompagnement et de Soins palliatifs [SFAP], 2009). Selon l’Association

Canadienne des Soins Palliatifs (ACSP, 2012), le choix de cette approche présente des

avantages pour les patients, les familles et le système de soins de santé. En effet, les soins

palliatifs offrent aux patients et à leur famille la possibilité de participer aux soins. Ces

soins apportent, également, un soutien pour la prise de décision, une éventuelle diminution

du nombre d’hospitalisations et une réduction des coûts pour le système de soins de santé

(ACSP, 2012; Meyers et al., 2011; Smith et al., 2012). Les soins palliatifs ne visent pas à

traiter et guérir la maladie, mais cherchent à améliorer la qualité de vie (Mahon &

McAuley, 2010). D’ailleurs, divers essais expérimentaux ayant évalué l’efficacité

d’intégrer les soins palliatifs tôt dans le parcours de la maladie, ont révélé plusieurs

bénéfices associés à cette intégration, dont notamment, une amélioration des symptômes

physiques, de l’état psychologique, de la satisfaction des patients et de la qualité de vie

(Bakitas, Bishop, Caron & Stephens, 2010; Bandieri et al., 2012; Brumley et al., 2007;

Gade et al., 2008; Rabow, Dibble, Pantilat, & McPhee, 2004).

Il est vrai que dans les pays développés, le progrès des soins palliatifs est remarquable,

mais il reste encore des besoins non comblés à ce niveau dans plusieurs pays moins

développés, et la disponibilité des services de soins palliatifs varie grandement d’un milieu

4

à l’autre (Faull, Caestecker, Nicholson, & Black, 2012). Selon l’Atlas Mondial des soins

palliatifs en fin de vie, publié conjointement par le World Health Organization [WHO] et

la Worldwide Palliative Care Alliance [WPCA] (2014), parmi les 20 millions de patients

requérant des soins palliatifs tous les ans, seulement une personne sur dix en reçoit à l’heure

actuelle dans le monde (WHO &WPCA, 2014).

Dans les paragraphes qui suivent, la pratique en soins palliatifs sera abordée sous l’angle

de l’interdisciplinarité, de l’holisme et de l’humanisme. Ensuite, les obstacles face à la

pratique infirmière en soins palliatifs, ainsi que l’approche de caring comme soutien pour

le développement d’une approche humaniste en soins palliatifs seront illustrés. Enfin, le

contexte des soins palliatifs au Liban sera examiné.

1.1 La pratique en soins palliatifs : approche interdisciplinaire, holistique

et humaniste

Depuis les débuts du mouvement des soins palliatifs dans les années 1970, ces soins sont

dispensés selon une approche à la fois interdisciplinaire, holistique et humaniste. Ils visent

la prévention de la souffrance et le traitement des problèmes physiques, psychologiques,

sociaux et spirituels (ACSP, 2012; Carstairs, 2010; SFAP, 2009; WHO, 2002). Le travail

en interdisciplinarité constitue une caractéristique essentielle des soins palliatifs pour la

prise en charge des patients et la réponse à leurs besoins (Jacquemin, 2009). Les experts

dans le domaine des soins palliatifs soutiennent l’importance de la prestation de soins de

qualité aux patients atteints d’une maladie grave évolutive, et ce, par une équipe

interdisciplinaire ayant acquis les compétences requises (ACSP, 2012; Silberman et al.,

2013; WPCA, 2008). En phase terminale, les soins palliatifs sont prodigués aux patients

par une équipe interdisciplinaire qui peut regrouper différentes catégories d'intervenants :

médecins, psychologues, infirmières, aides-soignantes, kinésithérapeutes, pharmaciens,

assistantes sociales, bénévoles et représentants du culte. La présence de cette équipe est

nécessaire dans la pratique en soins palliatifs, afin d’assurer des soins thérapeutiques

holistiques, qui répondent à l’ensemble des besoins diversifiés de la personne en fin de vie.

Ces besoins sont aussi bien physiques que psychologiques, sociaux et spirituels.

5

Les professionnels de la santé, qui avaient tendance à se centrer sur les problèmes

physiques et leurs traitements, s’éloignent de plus en plus d’un modèle de soins axé sur les

tâches pour se tourner vers une approche holistique centrée sur la personne et qui tient

compte de son expérience personnelle et de l'ensemble de ses besoins (Timothy, 2003).

D’ailleurs, le WHO (2002) met en avant une approche holistique qui prend en compte les

besoins de la personne dans toutes ses dimensions, tant physique, psychologique, sociale

que spirituelle, auxquelles s’ajoutent les dimensions morale et relationnelle selon

Gastmans, De Casterele, et Schotsmans (1998). D’une part, la dimension physique réfère

à ce qui a trait au confort et au soulagement de la douleur et des autres symptômes

physiques. Et d’autre part, la valorisation du caractère unique de la personne et de son bien-

être émotionnel dans chacune des situations de fin de vie correspond à la principale

caractéristique de la dimension psychologique. Quant à la dimension sociale, celle-ci reste

relative au fonctionnement dans les activités de tous les jours. Alors que la dimension

spirituelle propose le respect des croyances et des religions ainsi que l’offre du service

pastoral, la dimension morale est reliée au respect de la dignité humaine, des valeurs et de

l’intimité, tandis que la dimension relationnelle gravite autour de l’humanisation des soins,

l’accompagnement de la famille et son implication dans les soins palliatifs. Ainsi, une

approche holistique de la personne prend en compte l’ensemble de ces dimensions

(Gastmans et al., 1998; WHO &WPCA, 2014).

Accompagner une personne, c’est lui apporter le soutien et les soins nécessaires pour la

soulager et l’aider à supporter ses souffrances physiques et morales (SFAP, 2009). Pour

Zerwekh (2010), l’infirmière accompagne les patients en soins palliatifs par sa présence

humaine et authentique. À ce sujet, Richard (2008) mentionne que l’accompagnement

humaniste suppose l’écoute de la souffrance du malade et de ses proches ainsi qu’une

présence empreinte de respect, de délicatesse et de discrétion. De même, Gastmans et al.

(1998) définissent la pratique infirmière par le rapport synergique de trois éléments : la

relation de caring, le comportement de caring et les « bons soins ». Ces propos ont été

repris par Radwin, Farquhar, Knowles et Virchick (2005) qui ont défini la pratique du

caring par des comportements émotionnels tels que la manifestation de la compassion,

l’empathie, la confiance, le respect de l’intimité, le souci pour autrui ainsi que les activités

6

en lien avec la surveillance et le confort. De même, Foucault et Mongeau (2004)

mentionnent que l’approche humaine des soins infirmiers palliatifs intègre une attention

empathique de la part de l’infirmière à l’égard des sentiments de la personne mourante, du

maintien d’un espoir réaliste et d’un soutien apporté au patient et à ses proches dans leur

cheminement personnel.

En définitive, dans les pays où les soins palliatifs sont développés, la pratique de ces soins

s’exerce par une équipe interdisciplinaire qui dispense des soins holistiques et humanistes

auprès d'une clientèle en fin de vie. L’accompagnement d’un patient et de sa famille en

soins palliatifs prend en compte les dimensions physique, psychologique, sociale,

spirituelle, morale et relationnelle. Il exige également, une écoute respectueuse ainsi

qu’une relation humaniste qui peut s’exprimer pour l’infirmière à travers une relation de

caring (Foucault & Mongeau, 2004; Gastmans et al., 1998). Dans ce contexte, le rôle de

l’infirmière occupe une place centrale au sein d’une équipe interdisciplinaire.

1.2 La pratique infirmière au sein d’une équipe interdisciplinaire en soins

palliatifs

Membres de l’équipe interdisciplinaire, les infirmières œuvrant en soins palliatifs

prodiguent par leurs connaissances et leurs compétences des soins complets, coordonnés

et compatissants aux personnes qui vivent avec une maladie mortelle (ACSP, 2012). Selon

certains auteurs (Razban, Iranmanesh, & Rafiei, 2013; Thacker, 2008; Zerwekh, 2010), de

par leur présence constante auprès de la personne soignée, les infirmières jouent un rôle

pivot dans la pratique en soins palliatifs au sein d’une équipe interdisciplinaire. Pour sa

part, Jacquemin (2009) soutient que la spécificité de la pratique infirmière en soins

palliatifs au sein de l’équipe interdisciplinaire réside, non seulement dans le rôle propre de

l’infirmière pour la conception du soin, mais aussi dans le suivi de la prise en charge

holistique du patient qui ne peut relever d’une seule discipline. Ce même auteur ajoute que

l’infirmière réalise la démarche de soins, évalue les résultats, mais aussi, coordonne les

soins palliatifs avec les différents professionnels. Dans ce sens, Zerwekh (2010) ajoute que

l’infirmière est responsable du confort physique et psychologique du patient en soins

palliatifs et du maintien de la communication entre celui-ci et les membres de l’équipe

7

interdisciplinaire. Ainsi, la prestation des soins palliatifs par l’infirmière implique d’une

part, l’accompagnement humaniste, la communication et la prestation des soins directs aux

patients, et d’autre part, la planification et la gestion des soins palliatifs au niveau local.

Bien que la spécificité de la pratique infirmière au sein d’une équipe interdisciplinaire soit

définie et décrite d’un point de vue plus conceptuel, très peu d’études scientifiques ont été

menées pour décrire et déterminer l’implication de l’infirmière dans la prestation des soins

palliatifs en interdisciplinarité, du moins dans les pays où les soins palliatifs sont encore en

émergence. Cependant, il est dit dans la littérature recensée que plusieurs facteurs peuvent

rendre difficile la mise en œuvre de la pratique infirmière en soins palliatifs. Il est donc

intéressant de se pencher sur certains obstacles dont l’impact semble grand.

1.2.1 La pratique infirmière en soins palliatifs : facteurs contraignants professionnels,

organisationnels et émotionnels.

Les facteurs contraignant la prestation de soins palliatifs par des infirmières peuvent être

regroupés, selon les écrits scientifiques, en trois catégories : les facteurs professionnels,

organisationnels et émotionnels (Fillion & Saint Laurent, 2003; Fridh, Forsberg, &

Berghom, 2009 ; Gross, 2006; McCallum & McConigley, 2013; McCourt, Power, &

Glackin, 2013).

Les facteurs professionnels, qui influencent la pratique des infirmières en soins palliatifs,

sont particulièrement associés au manque de formation ainsi qu’aux difficultés de

communication entre les infirmières, les médecins, les patients et leur famille. En effet, les

résultats de l’étude descriptive de Beckstrand et Kirchhoff (2005), qui visait à déterminer

les perceptions des infirmières relatives aux obstacles de prestation des soins en fin de vie

en oncologie, révèlent que le manque de connaissances des infirmières sur la gestion des

symptômes et de la douleur constitue l’un des principaux obstacles qui limitent la prestation

de soins palliatifs holistiques. D’autres obstacles professionnels émergent en lien avec la

communication interprofessionnelle. En effet, le déficit de communication et de

collaboration entre les professionnels de la santé, les médecins, la famille et les patients

entrave la pratique en soins palliatifs lors de situations cliniques complexes (Abu-Saad

8

Huijer, Doumit, Abboud, & Dimassi, 2012; Fillion & Saint-Laurent, 2003; Sheldon, Barret,

& Elligton, 2006). À ces obstacles professionnels s’ajoutent d’autres défis en lien avec

l’organisation et l’environnement de travail (Fillion & Saint-Laurent, 2003).

La prépondérance de facteurs organisationnels, auxquels les infirmières font face lors de

leur pratique en soins palliatifs, peut avoir un impact négatif sur la pratique et la qualité

des soins palliatifs. D’ailleurs, le manque de structure organisationnelle affecte l’intimité

et empêche les personnes de vivre leurs derniers moments dans la dignité. À cela s’ajoute

le surcroît de travail et le manque de ressources pour les soins (Fillion & Saint-Laurent,

2003; Gross, 2006; McCallum & McConigley, 2013).

Quant aux facteurs émotionnels, ils sont en lien avec le travail en soins palliatifs. Dans ce

cadre, les infirmières sont confrontées quotidiennement à l’accompagnement de patients

ayant une maladie évolutive grave, à la souffrance et à l’angoisse de la mort. Compte tenu

de la complexité des situations rencontrées en soins palliatifs, il est attendu que les

infirmières soient prêtes à y faire face. Mais, c’est l’impuissance face à la souffrance et la

répétition des situations émotionnelles intenses en phase terminale qui peuvent devenir une

source d’angoisse et de stress pour les infirmières (Bonnières, Behar, & Lassaunière, 2010;

Fillion & Saint Laurent, 2003; Zerwekh, 2010).

Bref, trois types de facteurs qui contraignent la pratique infirmière dans ce contexte ont été

cernés. Ces facteurs s’interférent avec la pratique des infirmières à plusieurs niveaux. Ils

nuisent à l’environnement de travail auprès des patients mourants, ils créent des conflits de

valeurs chez les infirmières, ils ne favorisent pas une approche interdisciplinaire et par

conséquent, ils risquent d'affecter l’accompagnement humaniste et la qualité des soins

globaux fournis aux patients (Gross, 2006). Ainsi, l’identification de ces obstacles paraît

donc essentielle. Cela permettrait d’une part, de les contrer tant sur le plan émotionnel

qu’organisationnel et professionnel. Puis, d’autre part, il en résulterait une pratique

infirmière interdisciplinaire de qualité. Cette pratique, plus à l’écoute, répondrait davantage

aux besoins des patients atteints de maladie grave et de leur famille.

9

À cet effet, l’accompagnement humaniste, le soutien émotionnel ainsi que la

communication ont été identifiés comme des comportements relatifs à la pratique du

caring, qui peuvent aider à dépasser certains facteurs contraignant la prestation des soins

palliatifs de qualité (Gross, 2006; McCallum & McConigley, 2013; MSSS, 2008; Radwin

et al. 2005). Dans la prochaine section, cette approche sera examinée ainsi que son utilité

pour cette recherche.

1.3 L'approche de caring : solution intéressante pour une pratique

professionnelle optimale

Le concept de caring est défini par différents auteurs comme un élément fondamental de

la pratique infirmière (O’Connell & Landers, 2008; Poirier & Sossong, 2010). Selon Pépin,

Ducharme et Kérouac (2017), il englobe des éléments indissociables de l’acte de soin à

caractère scientifique et humaniste. Le caring est un idéal moral faisant appel à un

engagement personnel, dont l’objectif est le respect de la dignité humaine. Dans ce sens,

Cara et O’Reilly (2008) ajoutent que si le caring est représenté comme l’essence des soins,

les infirmières se doivent de développer et de préserver l’approche humaniste et

relationnelle dans l’exercice de leur profession. D’ailleurs, Ferell et Coyle (2010) postulent

que les soins infirmiers palliatifs combinent une approche scientifique avec une approche

humaniste des soins. De ce fait, les valeurs humanistes des soins et l’approche relationnelle

au cœur du caring concordent avec les valeurs véhiculées en soins palliatifs. De même,

Betcher (2010) ajoute que les patients en fin de vie et leur famille désirent et s’attendent à

une attitude de caring de la part de l’infirmière. Ces propos s’accordent avec ceux de

Radwin et al. (2005) qui définissent la pratique du caring par des comportements

émotionnels qui s’avèrent essentiels en soins palliatifs. Ces comportements se manifestent

par la compassion, l’empathie, la confiance, le respect de l’intimité, le souci d’autrui ainsi

que les activités en lien avec la surveillance et le confort.

Lorsqu’elle est adoptée en fin de vie, l’approche de caring exige une qualité de présence

des soignants. Cette présence cherche à assurer aux patients un sentiment de sérénité et un

pouvoir décisionnel, ainsi qu’à préserver leur dignité. Dans la même veine, Foucault et

Mongeau (2004) ajoutent que « la composante humaine des soins palliatifs intègre une

10

attention empathique de la part de l’infirmière à l’égard des sentiments de la personne

mourante, et un caring découlant d’une alliance thérapeutique transpersonnelle » (p.14).

En outre, Finfgeld-Connett (2008), qui a procédé à une métasynthèse des écrits sur le

caring, avance que ce dernier est un processus interpersonnel caractérisé par une expertise

dans les soins infirmiers ainsi qu’une relation interpersonnelle. D’ailleurs, Liu, Mok, et

Wong (2006) précisent que la pratique du caring exige une attitude et des compétences

professionnelles de la part des infirmières. Ainsi, elles seront prêtes à fournir un soutien

émotionnel aux patients cancéreux et à mieux répondre à leurs besoins. En accord avec Liu

et al. (2006), Irnamench, Axelsson, Sävenstedt et Häggström (2009) ajoutent que la

création d’une relation de caring requiert de la part des infirmières une présence, une

écoute active ainsi qu’un partage de valeurs et croyances avec les patients et leur famille.

En d’autres mots, la pratique du caring représente une approche humaniste et relationnelle.

En soins palliatifs, cette approche implique, de la part de l’infirmière, de préserver la

dignité humaine, de s’assurer du confort de la personne et d’établir une relation de

confiance avec le patient et les membres de sa famille.

Ainsi, selon Leininger (2002), le caring se présente comme un phénomène universel, mais

les expressions, les processus et les patterns du caring varient culturellement. De plus,

selon la théorie du Human Caring de Jean Watson (1979), le caring représente un

processus interactif et intersubjectif à travers une relation transpersonnelle établie pendant

des moments de vulnérabilité entre l’infirmière et le patient. Ainsi, il serait possible de

croire qu’en utilisant le caring pour guider les infirmières libanaises, celles-ci seraient en

mesure d’établir une relation soignante plus humaniste et transpersonnelle empreinte de

confiance, de congruence, d’empathie et de chaleur humaine dans leur pratique en soins

palliatifs. Par sa présence authentique auprès des patients en soins palliatifs, l’infirmière

apporte un soutien psychologique au patient et à sa famille, et crée un environnement

physique et spirituel favorisant le confort, la dignité humaine et une transition à la mort

dans un contexte le plus serein et paisible possible.

À notre connaissance, aucune étude ne s’est intéressée à la pratique en soins palliatifs

adoptant une approche de caring au Liban, où les valeurs culturelles diffèrent des pays

11

occidentaux et américains. Les paragraphes qui suivent exposent la pratique en soins

palliatifs dans le contexte libanais.

1.4 Le contexte libanais et les soins palliatifs

Selon le WHO et la WPCA (2014), près de 80 % des besoins mondiaux en soins palliatifs

se situent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et seulement vingt pays dans le

monde ont pleinement intégré les soins palliatifs dans leur système de soins de santé. Or,

le Liban ne compte pas parmi ces pays (Abu Zeinah, Al Kindi, & Hassan, 2012). Bien

qu’on dispose de peu de statistiques et d’information sur la pratique des soins palliatifs

dans les pays du Moyen-Orient, il semblerait qu'aucun de ces pays ne dispense des soins

optimaux aux personnes en situation de fin de vie (Abu Zeinah et al., 2012 ; Silbermann et

al., 2013). Le niveau de développement des soins palliatifs varie selon les pays. Ces soins

sont plus développés en Arabie Saoudite et Jordanie, inexistants en Syrie, et sont en phase

intermédiaire d’implantation dans des pays comme Oman, Bahreïn et le Liban (Abu Zeinah

et al., 2012 ; Silbermann et al., 2013). Cela signifie que, si les soins palliatifs étaient

intégrés dans le système de santé du pays, les patients ayant des maladies graves et

incurables pourraient accéder à des soins de qualité selon leurs besoins.

Cependant, le peu d’information dont on dispose ne permet pas d’identifier les pratiques

de soins palliatifs à développer au Liban. À l’instar de la majorité des pays du Moyen-

Orient, la notion de soins palliatifs au Liban est nouvelle dans le domaine des soins de santé

(Abu-Saad Huijer, Abboud, & Dimassi, 2009; Osman et al., 2013; Zeinah, Al-Kindi, &

Hassan, 2012). Malgré quelques progrès au cours des dernières années, les soins palliatifs

restent au stade primaire au Liban, et ont ainsi besoin d’être développés pour combler

l’écart avec les standards internationaux (Abu-Saad Huijer, et al., 2012; Daher, 2012;

Doumit, 2011). Puisque le cancer constitue l’une des principales causes de mortalité dans

le pays, la pratique des soins palliatifs est étroitement liée aux patients cancéreux en phase

terminale (Daher, Estephan, Huijer, & Naja, 2008). Selon le Recueil National des

Statistiques Sanitaires au Liban (2012), le taux de mortalité par année est de 5,4 par 1000

habitants, et la cause de décès par néoplasmes est de 19% par année. Quant au nombre de

nouveaux cas de cancers, ce dernier a été évalué en 2007 à 8868 par année. Daher et al.

12

(2013) présagent qu’en 2030, ce nombre pourrait atteindre 12000 cas par année. Ces

mêmes auteurs estiment que seulement 10% des patients cancéreux bénéficient de soins

palliatifs au Liban, en raison d’une insuffisance de prestataires de soins formés en soins

palliatifs, du manque de services spécialisés et surtout du déficit dans la sensibilisation du

public aux alternatives de soins palliatifs en milieux hospitaliers.

Historiquement, ce fut en 1995 que le domaine des soins palliatifs a été introduit pour la

première fois au Liban, lors d’un atelier national des leaders de santé sur la lutte contre le

cancer, sous la supervision du Ministère de la Santé Libanais et de l’Organisation mondiale

de la Santé [OMS], cité dans Daher et al. (2013). Le besoin de soins palliatifs et le besoin

de soulager la douleur ont été identifiés comme prioritaires parmi les recommandations,

mais le seul aboutissement principal du dit atelier a été de dispenser gratuitement les

médicaments de chimiothérapie. Ensuite, en mai 1999, un symposium sur les soins

palliatifs et l’éthique a eu lieu lors du Congrès d’oncologie du Moyen-Orient, et les

recommandations développées par le Ministère de la Santé Libanais et l’OMS ont été

approuvées. Ces recommandations, qui incluent sept points d’action essentiels, sont citées

dans Daher et al. (2013) : 1) une politique nationale claire pour offrir le traitement de la

douleur à un coût réduit ; 2) une disponibilité des médicaments ; 3) une éducation et une

formation en soins palliatifs pour les professionnels de la santé ; 4) le remboursement des

services des médecins pour les soins palliatifs ; 5) une approche multidisciplinaire pour les

soins palliatifs ; 6) un renforcement des soins à domicile et de l’assistance sociale et 7) la

reconnaissance du droit de tous les patients qui souffrent d’une maladie chronique fatale

de recevoir des soins palliatifs.

Toutefois, c’est principalement à l’hôpital que les patients viennent vivre leur dernier

moment, même si c’est à la maison, entourés par les leurs qu'ils le souhaiteraient (Ammar

& Hamra, 2013). Étant donné que les soins palliatifs ne sont pas encore officiellement

institutionnalisés, certains patients peuvent être financièrement couverts par des

compagnies d’assurance privées, mais peu de Libanais bénéficient d’une telle couverture

médicale. Le Ministère de la Santé couvre uniquement les soins palliatifs à l’hôpital, ce qui

oblige l’hospitalisation des patients, afin qu’ils puissent avoir accès aux opiacés.

13

Également, en l’absence d’une structure spécialisée en soins palliatifs, l’accompagnement

en fin de vie se fait dans divers services hospitaliers et unités de soins (Tohmé, Abi Khalil,

& Kanaan, 2013). Quant à la prise en charge en communauté, certaines organisations non

gouvernementales (ONG) assurent les soins à domicile aux patients en fin de vie dans les

grandes villes, sous la supervision d’une équipe interdisciplinaire constituée de médecins

(oncologues ou généralistes), d’infirmières, de pharmaciens, de travailleurs sociaux, de

bénévoles et de psychologues (Daher et al., 2008; Zeinah et al., 2012).

D’autres avancées sont survenues dans ce domaine. A titre d’exemple, l’article 1 de la loi

libanaise n°574 sur « les droits des patients et le consentement éclairé » promulguée en

2004, donne le droit à toute personne de recevoir des soins adaptés à son état, dans le

respect de sa dignité. Cette loi prévoit également une attention particulière au soulagement

de la douleur. Également, une spécialité de « Médecine de la douleur » a été reconnue par

le Ministère de la Santé, et la « Société libanaise de traitement de la douleur » a été fondée

en 2006. Dans le même essor des soins palliatifs au Liban, un « Comité National de Soins

Palliatifs et de Douleur » a été constitué en 2011, sous l’égide du Ministère de la Santé

(Daher et al., 2013).

Dans ce sens, et dans le but d’offrir des soins de qualité à ses patients, un hôpital

universitaire dans une région urbaine libanaise a créé, en 2014 une équipe mobile

interdisciplinaire de soins palliatifs (EMSP). Cette EMSP ne se substitue pas aux équipes

référentes, mais intervient auprès des différentes unités de soins de l’hôpital pour fournir

un soutien aux équipes soignantes dans la prise en charge des patients en fin de vie et leur

famille. Cette EMSP participe également, à la diffusion de la démarche palliative au sein

du centre hospitalier. En plus de cette équipe, une unité de soins palliatifs de sept lits a été

créée dans le même hôpital en avril 2016. Première dans le pays, cette unité a prévu dans

sa mission d’être un modèle sur le plan national dans la prise en charge des patients, mais

aussi dans la sensibilisation des professionnels de la santé au concept de soins palliatifs.

En effet, pour Silberman et al. (2015), la présence d’une équipe interdisciplinaire de soins

palliatifs sur le plan national, à l’instar d’autres pays du Moyen-Orient, constitue une force

dans l’évolution de ce domaine.

14

En effet, des progrès ont été réalisés au cours des dernières années pour développer le

domaine des soins palliatifs pour qu’il fasse partie intégrante du système de soins de santé

au Liban (Abu-Saad Huijer, Saab & Hajjar, 2016). Dans ce sens, quatre sous-comités ont

été créés par le Comité National de Soins Palliatifs et de Douleur pour œuvrer aux niveaux

de l’éducation, de la pratique, de la recherche et des politiques de santé dans le domaine

des soins palliatifs. Dans leur plan de travail, ces sous-comités ont élaboré des

recommandations qui visent, à titre d’exemple, à développer des normes et des lignes

directrices de pratique clinique interdisciplinaire pour guider la pratique en soins palliatifs.

De même, ces sous-comités proposent de réviser la législation régissant la prestation des

analgésiques opioïdes, développer un modèle pour les services de soins palliatifs, et lancer

des campagnes dans le pays pour sensibiliser le public aux soins palliatifs. De plus, une

attention particulière est accordée pour promouvoir l’éducation et développer la formation

des professionnels de la santé à ce niveau (Abu-Saad Huijer et al., 2016).

Toutefois, et malgré les efforts fournis pour le développement des soins palliatifs dans le

pays, les études montrent que certains patients libanais ne finissent pas leurs jours avec

confort et dignité (Tohmé et al., 2013). Bien que la prise en charge des problèmes physiques

soit considérée comme adéquate, la réponse aux problèmes psychologiques reste

insuffisante. Force est de constater que cette inadéquation est due à plusieurs raisons,

notamment, la charge du travail de l’équipe soignante ainsi que le manque de formation et

de communication avec le malade et ses proches (Tohmé et al., 2013 ; Abu-Saad Huijer et

al., 2012). Selon Saad Huijer et al. (2016), les soins palliatifs restent sous-développés au

niveau de la formation, et nécessitent le développement de compétences des professionnels

de la santé dans ce domaine. Comparée à certains pays occidentaux, ce n’est que

récemment que la médecine palliative a été reconnue comme une nouvelle discipline de la

médecine, mais le nombre de praticiens reste insuffisant pour répondre aux besoins de la

population (Osman, 2015).

De même, selon Daher et al. (2013), peu d’infirmières au Liban sont formées dans le

domaine des soins palliatifs, ce qui pourrait se répercuter sur la qualité des soins fournis

aux patients. Par ailleurs, les quelques infirmières qui ont reçu de la formation en soins

15

palliatifs font partie d'équipes interdisciplinaires dans des centres hospitaliers en milieux

urbains, en particulier les centres qui ont développé des équipes mobiles de soutien. Ces

derniers, qui sont déjà rattachés à quelques centres hospitaliers, interviennent à titre de

consultants auprès des autres professionnels de la santé. Force est de constater l’urgence

de former plus d’infirmières spécialisées en soins palliatifs, qui pourraient soutenir leurs

collègues dans leur pratique auprès des patients en fin de vie. Par conséquent, ces dernières

pourraient contribuer au déploiement des soins palliatifs au Liban.

Quelques changements, qui ont déjà eu lieu, peuvent être cités, notamment à travers

l’intégration des notions de base en soins palliatifs dans les cursus de formation générale

des infirmières et des médecins. Ces notions concernent l’évaluation et la réponse aux

besoins d’ordre physique, en particulier la prise en charge de la douleur et des symptômes

généraux, ainsi que la réponse aux besoins d’ordres psychologique et spirituel. Cependant,

il reste encore du chemin à parcourir pour placer les soins palliatifs sur le calendrier

national de santé au Liban et les intégrer dans les différents programmes de formation des

professionnels de la santé (Doumit, 2011 ; Khoury, 2008 ; Kronfol & Sibai, 2012 ; Tohmé

et al. 2013).

Dans ce sens, Khoury (2008) ajoute qu’il est du devoir de la profession infirmière de plaider

en faveur d'un système qui fournisse des soins palliatifs et des soins de fin de vie de qualité

au Liban pour les patients. De même, Tohmé et al. (2013) ont mené une étude descriptive

et comparative, au Liban, pour évaluer le point de vue des soignants et celui des proches

sur la qualité d’accompagnement des patients en soins palliatifs. Bien que les résultats

montrent que 30% des soignants aient déjà bénéficié d’une formation en soins palliatifs,

ils révèlent également que 56% des soignants souhaiteraient d’autres formations pour

optimiser leur pratique dans ce domaine.

Etant donné le manque de guides de pratique ou de référentiels de compétences en soins

palliatifs au Liban, il serait pertinent, pour le développement des soins palliatifs, de prendre

appui dans un premier temps sur des lignes directrices ou des guides de pratique

exemplaires développés ailleurs. Ces modèles ont déjà été élaborés dans d’autres pays

16

comme le Canada, l’Australie et l’Europe, pour bâtir la pratique des professionnels de la

santé en soins palliatifs. Par ailleurs, peu d’information est disponible sur la mise en œuvre

de ces pratiques par l’infirmière spécialisée de l’équipe de soutien mobile en soins

palliatifs, d’où l’importance du développement de la recherche. À cet effet, Abu-Saad

Huijjer et al. (2013) insistent sur la priorité d’étudier la pratique en soins palliatifs dans le

pays, afin de guider l'adoption d'un modèle de prestation de soins palliatifs sensible à la

culture et aux besoins de la population libanaise.

Cette priorité a suscité une réflexion et une motivation pour la réalisation d’un projet de

recherche doctoral. De telles recherches pourraient également guider l’élaboration de

programmes de formation en soins palliatifs dans le pays, pour améliorer la pratique

infirmière et la qualité de vie des patients en fin de vie. Les résultats de cette recherche

pourront être bénéfiques à long terme par leur contribution à l’amélioration de la pratique

et à l’accès aux soins palliatifs spécialisés au Liban. Les soins palliatifs au Liban

connaissent actuellement une phase d’émergence que cette étude pourrait soutenir en lui

fournissant un ancrage par le développement de fondements scientifiques empiriques

solides. Les professionnels de l’équipe interdisciplinaire pourraient ainsi développer des

interventions basées sur des données scientifiques et concevoir des formations qui

répondraient aux besoins de la population libanaise.

En résumé, compte tenu des efforts déployés par les experts nationaux pour promouvoir la

pratique de soins palliatifs et la placer sur le calendrier national de la santé au Liban, il est

étonnant de constater que cette pratique en soit toujours à ses débuts, loin d’occuper un

statut stable. Il est de même intriguant que l’accent soit toujours limité au soulagement de

la douleur. On peut alors se demander ce qu’il en est des autres dimensions des soins

palliatifs. Également, il semble y avoir une volonté nationale de structurer l’offre de soins

palliatifs, mais avec des retombées sur le terrain qui tardent à se faire sentir.

17

1.5 Le but et la question générale de recherche

Le but de cette recherche est donc de comprendre l’exercice de la pratique infirmière en

soins palliatifs, auprès de patients atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe

interdisciplinaire, d’une région du Liban.

Afin d’atteindre ce but, une question générale de recherche est formulée : Comment

s’exerce la pratique infirmière en soins palliatifs, auprès de patients en fin de vie atteints

de cancer, au sein d’une équipe interdisciplinaire, d’une région du Liban ?

18

Chapitre 2 – Recension des écrits

Ce deuxième chapitre présente l’état des connaissances lié à l’exercice de la pratique

infirmière en soins palliatifs auprès de patients cancéreux au sein d’une équipe

interdisciplinaire. Il commence par une brève description de la stratégie de repérage des

écrits. Ensuite, la pratique en soins palliatifs est abordée, en mettant en évidence la

pratique holistique et le contexte d’interdisciplinarité en soins palliatifs, ainsi que la

pratique infirmière au sein d’une équipe interdisciplinaire. Puis, l’approche de caring en

soins palliatifs est examinée. Finalement, les écrits sur les facteurs contraignant et

facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs sont présentés.

2.1 La stratégie de repérage des écrits

Une recherche documentaire réalisée à partir des bases de données CINAHL, MEDLINE,

PubMed et ProQuest a permis de répertorier les principales études permettant de

documenter la pratique infirmière en soins palliatifs. Cette recherche a été réalisée en

utilisant les mots-clés, les opérateurs booléens et les routines de recherche suivants:

« palliative care » or « end-of-life-care » or « terminal care » and « nurs* » or « palliative

nursing » or « oncology nurses » and « barriers » or « obstacles » or « palliative

obstacles » and « facilitators » or « palliative facilitators » and « interdisciplinarity team »

or « interdisciplinary care » and « caring ».

La liste des références de chacun des écrits sélectionnés a également été rigoureusement

examinée, afin de cibler des livres et des articles spécifiques en lien avec l’objet de l’étude.

À cela s’ajoutent les différents sites Internet d'organisations œuvrant dans le domaine des

soins palliatifs, à titre d’exemple : « American Academy of Hospice and Palliative

Medicine », « Association Canadienne des soins Palliatifs », « Association Canadienne

des Écoles de Sciences Infirmières », « Association Européenne de Soins Palliatifs »,

« Association des Infirmières et Infirmiers du Canada », « Comité des équipes

interdisciplinaires de lutte contre le cancer », « International Association for Hospice and

palliative care », « Organisation Mondiale de la Santé », « Ministère de la Santé et des

Services sociaux du Québec », « Société Suisse de Médecine et de Soins Palliatifs » et

« The National Council for palliative care in England ».

19

2.2 La pratique en soins palliatifs

La littérature recensée a permis de mettre en lumière certaines caractéristiques de la

pratique en soins palliatifs notamment, l’approche holistique des soins palliatifs,

l’interdisciplinarité ainsi que la pratique infirmière spécifique au sein d'une équipe

interdisciplinaire.

2.2.1 L’approche holistique des soins palliatifs

Les soins palliatifs supposent, selon certains auteurs, la réponse aux besoins globaux du

patient dans ses dimensions physique, psychologique et spirituelle (ACSP, 2013 ;

Bonnières, et al., 2010 ; Buzgova, Sikorova, & Jarosova, 2016 ; Dong et al., 2016 ; Fridh

et al., 2009 ; Guay et al., 2011 ; Lofandjola Masumbuku & Coppieters 2014 ; Zheng, Guo,

Dong, & Owens, 2015). Ces conceptions sont alignées avec la définition des soins

palliatifs comme une approche qui cherche à améliorer la qualité de vie des patients et de

leur famille face aux conséquences d’une maladie potentiellement mortelle, par le

traitement de la douleur et des autres problèmes physiques, psychologiques et spirituels

qui lui sont liés (WHO, 2002). Quant à la dimension relationnelle, cette dernière est

intégrée dans la dimension psychologique. Ainsi, dans les paragraphes suivants, les soins

globaux qui tiennent compte des besoins du patient et de sa famille seront présentés. Ces

besoins sont d’ordres physique, psychologique et spirituel.

2.2.1.1 La réponse aux besoins physiques

La réponse aux besoins physiques a été abordée dans les écrits scientifiques comme étant

primordiale pour la pratique des soins palliatifs. Ces besoins concernent spécifiquement

le soulagement de la douleur et des autres symptômes physiques courants notamment, les

symptômes cardio-respiratoires, gastro-intestinaux et buccaux, mais aussi les symptômes

généraux qui altèrent le niveau de conscience et l’état cognitif de la personne (ACSP,

2013 ; Zheng et al., 2015). La gestion de la douleur est perçue comme une intervention

prioritaire et fondamentale pour améliorer la qualité de vie des patients. Pour ce faire, il

est recommandé d’employer toutes les techniques et l’arsenal thérapeutique reconnu de

même que les mesures non pharmacologiques complémentaires (Vedel et al., 2014).

Ainsi, pour un soulagement adéquat de la douleur et des autres symptômes, une évaluation

20

préalable de la situation de santé par l’infirmière est essentielle. Ce bilan permettra

d’assurer une planification judicieuse et personnalisée des interventions adaptées à la

situation clinique et aux préférences de la personne en phase terminale (Dong et al., 2016 ;

Fridh, et al., 2009 ; Lofandjola Masumbuku & Coppieters, 2014 ; Spence et al., 2010 ;

Vedel et al., 2014 ; Zheng et al., 2015).

Par ailleurs, Dong et al. (2016) ont mené une étude phénoménologique en Chine auprès

de 15 médecins et 22 infirmières, pour explorer leur expérience dans la pratique des soins

palliatifs. Les participants interviewés mentionnent comment la gestion de la douleur chez

les patients en fin de vie, par l’administration des analgésiques puissants, est au cœur de

leur responsabilité. Cette gestion est considérée comme une priorité qui assure une qualité

de vie optimale.

Dans une même perspective, Vedel et al. (2014) ont réalisé une étude transversale par

théorisation ancrée. Cette recherche a été conduite afin d’identifier les points de

convergence et de divergence relatifs à la qualité des soins palliatifs selon les différentes

parties prenantes. Les données de l’étude ont été collectées selon la méthode de boule de

neige et jusqu’à la saturation des données auprès de 61 participants, incluant des patients,

des membres de leur famille et des professionnels de la santé, tous recrutés dans la région

parisienne en France. Des entrevues, individuelles et de groupes, ont été menées pour

collecter les données. L’analyse des résultats concernant la réponse aux besoins physiques

montre que les professionnels de la santé considèrent la gestion de la douleur comme un

critère fondamental de la qualité des soins. Cet aspect permettrait de fournir une meilleure

qualité de soins palliatifs, ce qui concorde avec les propos des membres de la famille.

Outre la gestion de la douleur, les participants ajoutent que d’autres interventions sont

requises, comme la gestion des symptômes associés, en particulier les problèmes gastro-

intestinaux et respiratoires.

D’un autre côté, les résultats d’une étude descriptive qualitative réalisée en Chine (Zheng

et al., 2015) auprès de 28 infirmières en oncologie mettent en évidence l’importance

d’éviter les traitements agressifs ou invasifs autant que possible afin de ne pas augmenter

21

la douleur et la souffrance auprès de la personne en fin de vie. À cet égard, les infirmières

interviewées multiplient leurs efforts pour répondre aux besoins physiques en assurant

également les soins fondamentaux globaux adaptés aux conditions de santé de chaque

patient. De même, la réponse aux besoins reliés aux activités de la vie quotidienne et au

maintien de l’autonomie est évoquée. Outre un positionnement et une alimentation

adéquats, un contrôle optimal des symptômes est visé pour fournir le confort et garantir

une qualité de vie à travers la réponse aux besoins fondamentaux, et ce jusqu’au décès.

Ces résultats montrent ainsi que le soulagement de la douleur et la réponse aux besoins

physiques ne se font pas uniquement par des traitements pharmacologiques et

l’administration d’opiacés.

En revanche, bien que la gestion de la douleur semble prioritaire en soins palliatifs, des

écrits montrent qu’elle est sujette à des barrières culturelles qui limitent sa prise en charge.

En effet, Spence et al. (2010) ont mené en Jamaïque une étude transversale avec un devis

mixte auprès de 81 patients atteints de cancer, 51 aidants naturels, 20 professionnels de la

santé et 7 informateurs-clés de la communauté. Cette recherche avait pour but d’évaluer

les besoins des patients atteints de cancer, des aidants naturels et des professionnels de la

santé dans le contexte jamaïcain. Même si 75% des aidants naturels identifient le besoin

de gestion de la douleur comme un élément clé d’une prise en charge adéquate des patients

en fin de vie, les résultats ont montré que 42% des patients interviewés ayant expérimenté

la douleur durant leur maladie ont évoqué un manque d’accès aux antalgiques. Il faut

savoir qu’en Jamaïque l’accès à la morphine est limité. Dans ce contexte, cette substance

est perçue comme étant dangereuse. Elle n’est par ailleurs, pas administrée de manière

appropriée aux patients par les professionnels de la santé. L’une des limites de cette étude

est le devis transversal qui ne permet pas de prendre en considération l’évolution des

besoins du patient tout au long de la trajectoire de sa maladie. Cependant, ces résultats

soulignent comment le soulagement de la douleur peut être influencé par diverses

barrières en lien avec la culture du pays.

Dans la même veine, Lofandjola Masumbuku et Coppieters (2014) ont réalisé une étude

qualitative auprès de 30 médecins et 90 infirmiers ayant une expérience d’au moins une

22

année dans six hôpitaux de Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC),

accueillants des patients en fin de vie. Cette recherche visait à documenter les

représentations des professionnels de la santé des soins palliatifs et de l’accompagnement

en fin de vie à Kinshasa. Dix groupes de discussion focalisée ont été menés. Les auteurs

interprètent les résultats de leur étude en les insérant dans le contexte culturel de leur pays.

Selon les participants, le soulagement de la douleur est intégré dans la politique de santé

en RDC et il s’avère capital pour les patients en phases aiguë et chronique. Toutefois, 70%

des participants indiquent que les besoins en soins palliatifs des malades en fin de vie

doivent être formulés par la famille. Dans ce contexte, la morphine est considérée comme

une substance qui pousse le malade vers une mort certaine. Ces résultats se recoupent avec

ceux déjà avancés par Spence et al. (2010) dans son étude menée en Jamaïque, sur les

barrières au soulagement de la douleur. Bien que l’étude de Lofandjola Masumbuku et

Coppieters (2014) permette de bien identifier les barrières freinant l’applicabilité de cette

approche dans la pratique dans un pays où les soins palliatifs sont en émergence, les

données recueillies ne fournissent pas d’explication claire sur la prise en charge globale

des patients en soins palliatifs. Par ailleurs, les résultats ne montrent pas si les infirmières

sont en mesure de bien gérer les approches pharmacologiques visant à soulager la douleur.

Ainsi, les thèmes discutés restent généraux et manquent parfois de précision.

Dans la même lignée des études citées précédemment, Fridh, et al. (2009) ont mené une

étude descriptive et exploratoire auprès de neuf infirmières œuvrant dans trois unités de

soins intensifs en Suède. Cette étude avait comme but d’explorer leur expérience et leurs

perceptions quant aux soins à prodiguer aux patients en fin de vie en contexte de soins

intensifs. Bien que les données recueillies étaient limitées à neuf entrevues, Fridh, et al.

(2009) confirment l’atteinte de la saturation empirique des données. Les données

recueillies soulignent l’importance de la gestion de la douleur en fin de vie et des autres

symptômes, en particulier les troubles digestifs et les effets secondaires des traitements.

Elles mettent également l’accent sur le rôle que jouent les infirmières. En effet, pour

assurer la dignité et le confort au patient en fin de vie, les infirmières administrent des

doses puissantes d’analgésiques dans le but de soulager la douleur. Cette pratique de soins

en fin de vie, bien que jugée bénéfique par les infirmières pour le patient et pour sa famille,

23

contraste avec les études précédentes. Ces études soulignaient l’impact des croyances

entourant la sécurité de la morphine, ce qui freinait le soulagement de la douleur.

Dans un contexte libanais, Abu-Saad Huijer et al. (2012) ont réalisé une étude descriptive

quantitative transversale auprès de 200 patients atteints de cancer. Le but de cette étude

était d'évaluer la qualité de vie, la gestion des symptômes et la qualité des soins palliatifs

chez des patients libanais atteints de cancer au Centre médical de l'Université américaine

de Beyrouth. Les instruments « Quality of Palliative Care Questionnaire-Adult » [QPCQ-

A] et « European Organization for Research and Treatment of Cancer-Quality of Life

Questionnaire » [EORTCQLQ-C30] ont été traduits en arabe pour le contexte de l’étude.

Bien que les résultats montrent un niveau satisfaisant de la qualité des soins, une fréquence

élevée des symptômes physiques et psychologiques a été identifiée. Au niveau des

symptômes physiques, les résultats de cette étude libanaise ont mis en relief, la présence

de 59,6% de manque d’énergie, de 30,3% de nausées avec 55,1% de douleur. Quant aux

symptômes psychologiques, une fréquence de sentiments de nervosité (66.3%), de

tristesse (60,7%) et d’inquiétude (48,3%) a été évoquée. Dans la réponse aux besoins des

patients, les auteurs font deux constats. D’une part, les nausées et les douleurs étaient les

symptômes les plus souvent traités à 44,4% et 59,2% respectivement. Mais, d’autre part,

la prise en charge des symptômes psychologiques était presque insuffisante, avec 23,3%

pour la prise en charge de la nervosité, 9,3% pour l’inquiétude et 4,7% pour la tristesse. Il

est vrai que ces résultats s’accordent avec les écrits occidentaux, cependant, les auteurs

mettent en doute la représentativité de l’échantillon, et par la suite, la généralisation des

résultats. Il est à noter que l’étude fut menée dans un seul centre hospitalier au Liban et

les participants à l’étude étaient suivis par un seul groupe de professionnels de la santé.

Les résultats des études, toutes descriptives, recensées dans cette section s’accordent avec

les normes élaborées par la SFAP (2009) qui insistent sur la nécessité d’assurer la

continuité des soins de maintien de la vie, par la réponse aux besoins physiques,

notamment, à travers le soulagement de la douleur et des autres symptômes. Dans le même

ordre d’idées, l’ACSP (2013) souligne que l’infirmière en soins palliatifs dispense des

soins fondés sur les bonnes pratiques, dans la prise en charge de la douleur et des

24

symptômes. Cependant, les résultats recensés ne permettent pas de dresser un portrait de

la pratique infirmière en soins palliatifs visant à répondre aux besoins physiques, dans des

pays où les soins palliatifs sont en émergence, et plus spécifiquement au Liban.

Toutefois, le soulagement de la souffrance globale en fin de vie ne se limite pas à la gestion

de la douleur physique, mais doit aussi faire place au soulagement de la souffrance

psychologique. D’ailleurs, la douleur physique et la souffrance psychologique semblent

indissociables, puisque la douleur altèrerait la personne dans ses attachements affectifs et

relationnels et engendrerait de la souffrance psychologique (Abraham, 2015). La

dimension psychologique sera d’ailleurs examinée dans la prochaine section.

2.2.1.2 La réponse aux besoins psychologiques

La réponse aux besoins psychologiques fait l’objet de diverses recherches. Ces recherches

mettent notamment, en évidence les aspects relationnels ainsi que le rôle que ceux-ci

jouent pour répondre aux besoins psychologiques du patient (Buzgova et al., 2016 ;

Johnson et al., 2011 ; Guay et al., 2011 ; Vedel et al., 2014). Ainsi, une relation semble

s’établir lorsque l’infirmière écoute le patient en soins palliatifs, et lui assure un soutien

psychologique dans les moments difficiles. Dans ce sens, Zerwekh (2010) postule que

l’écoute est vitale à la création des liens et à la réponse des besoins psychologiques. Cette

écoute implique souvent la capacité de créer des silences et de se concentrer sur les

attitudes non verbales du patient pour décoder les messages émotionnels.

D’un autre côté, les résultats de Buzgova et al., (2016) montrent que le respect et le soutien

psychologique constituent les besoins les plus fréquemment rapportés, et ce par 90% des

patients, suivi par la gestion des symptômes physiques (75%). Cette étude corrélationnelle

visait à explorer les besoins de 349 patients en soins palliatifs de fin de vie et à analyser

les facteurs influençant leurs besoins. Les résultats de Buzgova et al., (2016) sont

corroborés par les propos des professionnels de la santé rapportés dans une étude

descriptive exploratoire effectuée en Australie auprès de 35 infirmières, de trois médecins

et de sept autres professionnels de la santé impliqués dans la prestation des soins palliatifs

(Johnson et al. 2011). Cette étude avait pour but de mieux comprendre les pratiques de

25

référence en soins palliatifs et les facteurs affectant l’accès à ce service. Les résultats

mettent en relief l’approche holistique en soins palliatifs et l’importance de la réponse aux

besoins, aussi bien physiques que psychologiques, afin de maximiser la qualité de vie des

patients. Selon Johnson et al. (2011), l’établissement d’une relation de confiance avec le

patient et sa famille facilite l’exploration des besoins émotionnels et psychologiques.

Malgré son importance, la réponse aux besoins psychologiques n’est pas toujours évidente

chez les professionnels de la santé. D’ailleurs, une étude descriptive transversale a permis

de comparer les perceptions de 358 professionnels de la santé et 89 proches quant à la

qualité de l’accompagnement des malades en fin de vie au Liban (Tohmé et al., 2013).

Les résultats montrent que si la prise en charge des problèmes physiques est considérée

adéquate par 68% des soignants, celle des problèmes psychologiques ne l’est que pour

40% d’entre eux. Cette faible prise en charge des besoins psychologiques est surtout due,

selon les soignants, à la charge de travail de l’équipe (34%), à leur manque de formation

(22%) et à un manque de communication avec le malade et ses proches (20%).

L’insuffisance de la prise en charge psychologique des malades atteints de cancer au Liban

a été également documentée par Abu-Saad Huijer et al. (2012), dans son étude citée

précédemment.

Ces propos se rapprochent de ceux de Vedel et al. (2014) qui soutiennent que la pratique

en soins palliatifs requiert non seulement une approche technique de l’infirmière, mais

également une approche relationnelle qui inclut aussi la famille, en particulier en fin de

vie. Selon ces auteurs, la préparation de la famille peinée au processus de la mort devrait

être intégrée dans la pratique de l’infirmière en soins palliatifs. Plus spécifiquement, en

lui assurant un soutien émotionnel face aux situations auxquelles elle est exposée et en

l’accompagnant dans le deuil qu’elle doit traverser. Par ailleurs, une récente étude

qualitative utilisant la théorisation ancrée s’est spécifiquement intéressée à décrire

l’engagement de 22 infirmières auprès de familles Malaisiennes dans les unités de soins

palliatifs (Namasivayam, et al, 2013). Pour collecter les données, Namasivayam et al.

(2013) ont réalisé entre 2007 et 2009, sept entrevues individuelles et huit entrevues de

groupe. Les résultats permettent de faire ressortir l’engagement avec la famille, comme

26

un élément important de la pratique en soins palliatifs. Cet engagement nécessite de

préparer la famille aux soins palliatifs et de la tenir informée de la progression de la

maladie.

De même, l’importance du soutien psychologique comme élément clé de la pratique

infirmière en soins palliatifs est décrite non seulement dans les écrits scientifiques, mais

aussi dans les recommandations des experts à travers des manuels (Abraham, 2015 ;

SFAP, 2013). Cela exige des infirmières de faire preuve d’écoute active, de respecter le

cheminement unique de chaque patient, de démontrer de la compassion et de faire preuve

d’empathie envers la famille qui expérimente parfois l’épuisement physique et

émotionnel. Cette empathie se caractérise par un profond désir de compréhension et une

capacité de percevoir ce que ressente leur proche en fin de vie. Ce cheminement de pré

deuil amortirait le choc du décès et faciliterait le processus de deuil.

Mais souvent, la souffrance psychologique engendre une souffrance existentielle et

spirituelle qui relève essentiellement d’un questionnement fondamental sur le sens de la

vie et de la mort (Abraham, 2015).

2.2.1.3 La réponse aux besoins spirituels

Les besoins spirituels constituent une dimension essentielle en soins palliatifs, où

l’infirmière se doit de posséder un minimum de compétences (MSSS, 2008). Certains

auteurs soutiennent que la pratique infirmière répond aux besoins spirituels en assurant

une paix émotionnelle au patient et sa famille ou une mort digne, en évaluant et dépistant

les besoins spirituels et en tentant de répondre à leurs attentes en fin de vie (McCallum &

McConigley, 2013 ; Zheng et al., 2015). Bien que ces attentes envers les infirmières soient

parfois idéalistes, McCallum et McConigley (2013) soutiennent que la réponse aux

besoins spirituels peut se concevoir par le maintien de l’espoir, le respect des croyances

culturelles et religieuses des patients en fin de vie ainsi que par la préservation de leur

dignité. De son côté, Abraham (2015) postule que la spiritualité témoigne des aspirations

profondes de l’être humain, qui peuvent s’harmoniser pour donner un sens à la vie. De

27

même, cet auteur ajoute dans son ouvrage que la foi pour les croyants donne sens à la vie

et permet de trouver une unité intérieure dans les moments de grandes souffrances.

Dans ce sens, Guay et al. (2011) ont mené une étude phénoménologique herméneutique

qui avait pour but de comprendre comment se manifestent les « bons soins » palliatifs,

selon la perspective des infirmières de soins intensifs. Les données ont été recueillies en

plusieurs phases. Dans la première phase, six entrevues de groupe ont été réalisées auprès

de 27 infirmières ayant prodigué des soins en fin de vie. Ensuite, des séances

d’observation d’une situation de soins palliatifs ont eu lieu dans la deuxième phase. Lors

de la phase trois, six entrevues individuelles ont été menées auprès des infirmières qui ont

vécu la situation de soins palliatifs. Enfin, dans la quatrième phase, cinq entrevues de

validation des résultats en groupe se sont déroulées auprès de 21 infirmières. Toutefois,

des limites méthodologiques ont compromis l’atteinte de la saturation des données,

puisque le nombre d’entrevues de groupe dans la première phase était prédéterminé. De

même, ces entrevues ont eu lieu la même journée, ce qui a empêché l’évolution du guide

d’entrevue. Les résultats de l’étude de Guay et al. (2011) montrent que les « bons soins »

palliatifs se manifestent par la considération de la personne dans toutes ses dimensions.

Selon Gastmans et al. (1998), il s’agit de dimensions physique, relationnelle,

psychologique, morale, sociale et spirituelle. Pour décrire la dimension spirituelle en lien

avec la pratique infirmière, les participants de l’étude de Guay et al. (2011) mettent en

évidence la référence au service pastoral pour les patients en fin de vie comme un élément

du protocole de soins. A cela s’ajoute le respect des croyances religieuses et des rituels et

une importance accordée à l’expérience vécue et à la signification de la mort pour chaque

patient.

En résumé, ces écrits, majoritairement descriptifs, renforcent l’importance des soins

centrés sur la personne à travers la réponse aux besoins physiques et la prise en compte

des aspects psychologiques et spirituels. La réponse aux besoins physiques est assurée en

particulier par le soulagement de la douleur physique et des autres symptômes. À cela

s’ajoute la réponse aux besoins psychologiques. En effet, la pratique infirmière en soins

palliatifs est empreinte d’écoute, de respect, de silence, d’empathie, de relation de

28

confiance, de soutien et de transmission d’information, pour répondre aux besoins

psychologiques des patients et de leur famille. De plus, la réponse aux besoins

psychologiques tient compte de l’accompagnement qui favorise l’expression non verbale

des émotions. Ces émotions sont liées à la détresse et à l’anxiété, relatives aux pertes

encourues et au deuil. En ce qui concerne les besoins spirituels, la pratique infirmière se

caractérise par le respect des croyances religieuses et le maintien de la dignité du patient.

Outre la réponse aux attentes et souhaits des patients, l’évaluation des besoins spirituels

les aide à trouver un sens à leur situation, à préserver l’espoir et à satisfaire leurs besoins

spirituels.

Ainsi, une approche interdisciplinaire qui s’appuie sur la combinaison de l’expertise de

chacun des professionnels participants s’avère fondamentale pour une pratique en soins

palliatifs qui vise à répondre aux multiples besoins des patients et de ses proches

(Lassaunière, 2008).

2.2.2 L’interdisciplinarité en soins palliatifs

L’interdisciplinarité exprime la dynamique entre des personnes de différentes disciplines

qui échangent entre elles à partir de leur domaine de connaissances en s’enrichissant

mutuellement (Lassaunière, 2008). Les soins palliatifs sont prodigués de façon optimale

par une équipe interdisciplinaire, constituée d’intervenants possédant des connaissances

et des compétences complémentaires et reliées à tous les aspects du processus de soins,

propres à leur champ de pratique (ACSP, 2013). L’interdisciplinarité en soins palliatifs

est par ailleurs, décrite comme une exigence nécessaire, en raison des avantages pressentis

pour les patients, les proches aidants, les médecins ainsi que pour l’organisation des soins

(Joly, Lainé, Catan, & Pochard, 2011 ; Leclerc et al., 2014). Ces avantages sont

particulièrement en lien avec l’interaction et la communication entre les professionnels,

la prestation de soins de qualité, l’approche holistique des soins et la satisfaction du

patient. L’interdisciplinarité crée des liens entre les professionnels de la santé et ouvre des

canaux formels et informels de communication (MSSS, 2005). L’interdisciplinarité en

soins palliatifs, selon Vedel et al. (2014), implique l’engagement de plusieurs disciplines

pour une prise en charge globale du patient, favorisant ainsi une meilleure qualité de vie.

29

Les équipes interdisciplinaires qui fournissent les soins palliatifs sont formées,

généralement, de médecins, d’infirmières, de psychologues, de travailleurs sociaux, de

kinésithérapeutes, d’aides-soignantes et de représentants religieux ; des bénévoles

peuvent aussi y contribuer (Joly et al., 2011 ; Naccache, Abou Zeid, Ayoub, & Antakly,

2008 ; Spruyt, 2011 ; Wentlandt et al., 2016 ; Youngwerth & Twaddle 2011 ; Zerwekh,

2010).

Afin de mieux comprendre l’importance de l’interdisciplinarité dans la pratique des soins

palliatifs, plusieurs études qualitatives furent menées. Une recherche utilisant la

théorisation ancrée a été effectuée à Torento par Wentlandt et al. (2016). Cette étude

cherchait à identifier des aspects importants de la qualité et de la satisfaction des soins

dans une unité de soins palliatifs. Les données de la recherche ont été collectées à l’aide

d’entrevues de groupe auprès de 46 patients et familles et d’entrevues individuelles auprès

de 39 professionnels de la santé détenant au moins une année d’expérience dans l’unité de

soins palliatifs. L’analyse des résultats laisse voir que la qualité des soins dans l’unité de

soins palliatifs s’articule autour de six thèmes principaux : 1) l’équipe interdisciplinaire;

2) la communication; 3) l’attention et le soin personnalisé; 4) le soin centré sur la famille;

5) le soin accessible et consistant et 6) le soutien de l’environnement. Wentlandt et al.

(2016) indiquent que l’équipe interdisciplinaire constitue un thème commun et englobant

qui a rejoint tous les participants de l’étude, soit les patients, les familles et les

professionnels de la santé. De plus, Wentlandt et al. (2016) insistent sur l’importance de

cette équipe interdisciplinaire, en raison de son expertise professionnelle et de son

dynamisme pour un soin holistique. Néanmoins, certaines limites font obstacle à cette

étude, notamment l’état de santé des patients en stade terminal qui a raccourci le temps

des entrevues. Les résultats de l’étude de Wentlandt et al. (2016) rappellent les

conclusions de celle de Vedel et al. (2014) qui ont souligné, à leur tour, l’importance de

l’approche holistique interdisciplinaire dans les soins, pour la prestation des soins de

qualité en fin de vie.

D’autres auteurs ont également mis l’accent sur les liens entre l’interdisciplinarité et

l’approche holistique. D’ailleurs, une étude qualitative a été conduite dans le sud du Brésil

30

par Porto et al. (2012) auprès d’une équipe interdisciplinaire formée de huit participants :

une infirmière, une infirmière technicienne, un chirurgien, un travailleur social, un

théologien, une assistante administrative, un psychologue et un médecin coordonnateur

de l’équipe. Cette étude avait pour but de comprendre la pratique interdisciplinaire en

soins palliatifs auprès d’une équipe interdisciplinaire en oncologie, délivrant des soins aux

patients atteints de cancer. Les données ont été recueillies par observation non participante

et par un groupe de discussion focalisée. Les résultats qui émergent de cette recherche

décrivent le thème de la pratique interdisciplinaire comme un processus en construction

permanente basé sur un esprit d’interaction entre les professionnels participants à l’étude.

Dans cette dernière étude, l’approche holistique des soins apparaît comme une finalité

pour la pratique interdisciplinaire en soins palliatifs. Les interventions individualisées et

guidées par l’humanisation des soins des différents membres de l’équipe interdisciplinaire

visent une meilleure qualité de vie et une mort paisible pour les patients. Ainsi,

l’intégration de l’interdisciplinarité, dans la pratique des soins palliatifs, contribue à

l’amélioration de l’approche globale des soins fournis aux patients en fin de vie. Ces

résultats avaient été rapportés antérieurement par Jacquemin (2009), qui a souligné

l’intérêt de l’interdisciplinarité pour une prise en charge globale du patient.

D’ailleurs, Jacquemin (2009) soutient que l’interdisciplinarité, qui concerne l’ensemble

des professionnels, trouve une place centrale dans la pratique des soins palliatifs. À travers

l’interdisciplinarité, la pratique en soins palliatifs pourrait rencontrer au mieux la globalité

des besoins du patient, aussi bien physiques que psychologiques, sociaux et spirituels. Ces

propos sont corroborés aussi par les résultats de l’étude qualitative de Johnson et al. (2011)

menée auprès de 35 infirmières, de trois médecins et de sept autres professionnels de la

santé impliqués dans la prestation des soins palliatifs. En effet, les participants de cette

étude incitent à promouvoir l’interdisciplinarité par une approche holistique des soins

palliatifs. À ces écrits s’ajoute l’étude qualitative de Klarare, Hagelin, Fürst, et Fossum

(2013) qui a exploré l’interaction entre les membres de l’équipe interdisciplinaire en soins

palliatifs auprès de 15 professionnels de la santé provenant de trois équipes spécialisées

en soins palliatifs. Les données ont été recueillies à l’aide d’entrevues semi-structurées.

31

Les résultats montrent l’importance de la collaboration et de la coordination entre les

membres de l’équipe pour résoudre les problèmes dans une perspective holistique des

soins. La communication s’avère essentielle aussi bien entre les membres de l’équipe

qu’avec le patient et sa famille.

D’un autre côté, Tremblay et al. (2011) ont évalué dans leur étude quasi expérimentale,

les effets de l’ajout d’une équipe interdisciplinaire en soins palliatifs. Cette étude a été

effectuée auprès de 2000 patients et 100 professionnels de la santé, afin d’évaluer les effets

du travail en interdisciplinarité sur l’expérience de soins des patients atteints de cancer et

sur l’expérience de travail des professionnels de la santé œuvrant dans des équipes de

cancérologie. L’échantillon randomisé a été constitué à partir de 12 équipes

interdisciplinaires au Québec. L’intensité de l’équipe interdisciplinaire constituait la

variable indépendante. Les variables dépendantes correspondaient à l’expérience des

soins des patients et l’expérience de travail des professionnels de la santé. Les effets de

l’interdisciplinarité ont été mesurés à partir de questionnaires auto administrés à T1 et T2.

Les résultats montrent deux niveaux d’interdisciplinarité ; des scores élevés allant de 7,88

à 9,75 et d’autres moins élevés variant entre 4,08 et 6,17. Pour mesurer les variables

dépendantes, un questionnaire a été adressé aux patients portant sur leurs perceptions de

l’expérience de soins à la clinique de cancérologie. À cela s’ajoutent le profil

sociodémographique et les caractéristiques cliniques des patients. Les résultats montrent

que dans les milieux où le niveau d’interdisciplinarité est élevé, les patients ont une

perception positive de la promptitude des soins et de leurs habiletés d’autosoins acquises

suite à des interventions de l’équipe interdisciplinaire. Les aspects les plus appréciés par

les patients sont la continuité des soins et la qualité de l’environnement physique, suivies

par la communication et les soins centrés sur la personne. De même, les résultats de l’étude

montrent que dans les équipes où le niveau d’interdisciplinarité est élevé, les patients

tendent à recevoir des soins de qualité centrés sur la personne et répondant à leurs besoins

complexes. Quant aux professionnels de la santé, outre le profil sociodémographique et

les caractéristiques professionnelles, le questionnaire portait sur leurs perceptions et

attitudes en regard du travail en interdisciplinarité. Les résultats de l’étude ne révèlent pas

32

de différence significative entre les attitudes et les perceptions des professionnels quel que

soit le niveau d’interdisciplinarité.

L’opinion d’experts libanais en soins palliatifs va dans le même sens. En effet, Naccache

et al. (2008) précisent que la mise en œuvre efficace de soins palliatifs de qualité nécessite

un travail en équipe interdisciplinaire par des professionnels de santé de plusieurs

disciplines pour accroître l’efficacité des soins, dans la prise en charge des patients en fin

de vie.

Leclerc et al. (2014) ont effectué une revue systématique portant sur l’efficacité des

équipes interdisciplinaires sur les soins palliatifs de fin de vie. Les résultats de cette revue

systématique rappellent le manque de données probantes fiables sur le sujet, où seulement

quatre études ont répondu aux critères d’inclusion déterminés. Leclerc et al. (2014) ont

souligné le point de vue des acteurs clés sur le degré d’intégration du fonctionnement

interdisciplinaire dans les équipes de soins. Les conclusions des auteurs appuient la

contribution des équipes interdisciplinaires dans l’amélioration de la satisfaction des

patients en soins palliatifs.

En résumé, l’interdisciplinarité en soins palliatifs procure des bénéfices notables pour le

système de soins et les usagers. En effet, cette interdisciplinarité est considérée comme un

élément clé pour la pratique des soins palliatifs en fin de vie, en particulier par l’interaction

et la communication entre les professionnels, la prestation de soins de qualité ainsi que

l’approche holistique dans les soins. Mais qu’en est-il du rôle de l’infirmière au sein de

l’équipe interdisciplinaire ?

2.2.3 La pratique infirmière au sein d'une équipe interdisciplinaire

La littérature recensée n'a pas permis de trouver des recherches qui ont examiné la pratique

infirmière au sein d’une équipe interdisciplinaire en soins palliatifs, mais plutôt des écrits

théoriques et des recommandations de grandes associations professionnelles. Ces deux

derniers laissent voir que parmi les membres de l’équipe interdisciplinaire, l’infirmière

33

occupe une place centrale dans la prise en charge du patient et de sa famille (Foucault &

Mongeau 2004 ; SFAP, 2013 ; Zerwekh, 2010).

De par l’essence même de sa profession et de sa présence continue auprès du patient,

l’infirmière joue un rôle pivot en soins palliatifs (Foucault & Mongeau, 2004 ; SFAP,

2013). Le rôle de l’infirmière dans l’équipe interdisciplinaire s’articule particulièrement

autour de l’approche collaborative interdisciplinaire, de la relation thérapeutique avec le

patient et de la prestation des soins. L’infirmière remplit son rôle grâce à son expertise et

ses connaissances en soins palliatifs. Selon la SFAP (2009), les infirmières sont des

membres à part entière des équipes de soins palliatifs. À ce sujet, la SFAP (2009) affirme

que : « l’infirmière effectue des évaluations et des interventions judicieuses et détermine

des objectifs pour les soins. Elle surveille l’état de santé et l’évolution de la maladie de la

personne et répond à ses besoins complexes, touchant plusieurs dimensions des soins

palliatifs » (SFAP, 2009, p.7).

Dans le cadre de son rôle de collaboration, l’infirmière assure la fonction principale de

liaison entre les différents partenaires de soins, en particulier le médecin, et souvent entre

l’équipe interdisciplinaire et les proches du patient (ACSP, 2012 ; SFAP, 2013). Dans le

cadre de sa collaboration avec ses collègues qui sont dans d’autres domaines, comme les

infirmières en oncologie, l’infirmière de l’équipe interdisciplinaire joue un rôle primordial

en les aidant à surmonter la peur d’approcher un mourant et en précisant les soins de

confort à mettre en place pour réaliser des soins palliatifs de qualité (SFAP, 2013). Elle

assume un rôle de participation en matière de soins cliniques, surtout dans le soulagement

efficace de la douleur qui fait partie intégrante de la sécurité du patient en soins palliatifs.

De par son rôle dans l’équipe interdisciplinaire, elle participe à l’élaboration de politiques

et au questionnement éthique en équipe (Jacono et al., 2009 ; Zerwekh, 2010). Cette

collaboration est initiée par le respect de la complémentarité interdisciplinaire, afin

d’assurer la continuité des soins et une prise en charge holistique du patient et de son

entourage. Selon le Centre national de ressources de soins palliatifs (CNRSP, 2014) en

France, l’infirmière participe à la coordination des soins au sein de l’équipe

34

interdisciplinaire et au projet de retour du patient à domicile. D’ailleurs, c’est l’infirmière

de l’équipe interdisciplinaire qui favorise le transfert d’information vers ses pairs, en

partageant ses observations cliniques ou en orientant le patient vers un autre professionnel

de l’équipe. Le maintien de la communication entre les membres de l’équipe est également

de son ressort.

En définitive, l’infirmière de l’équipe interdisciplinaire est une personne ressource qui a

une double fonction. Elle aide, d’une part, à la diffusion des soins palliatifs et apporte,

d’autre part, un soutien psychologique aussi bien à l’équipe qu’au patient et à sa famille

(CNRSP, 2014). Au niveau relationnel, son rôle consiste à accompagner le patient et sa

famille dans leur parcours de fin de vie et à établir une relation thérapeutique. Elle fait

preuve d’empathie, de respect de soi et des autres et développe des attitudes propices pour

l’établissement d’une relation de confiance avec le patient en fin de vie (Foucault &

Mongeau, 2004). En réalité, honorer la personne jusqu’aux derniers moments se manifeste

à travers des attitudes de caring en particulier, et ce en respectant sa dignité et en

l’accompagnant comme une personne humaine (Guay et al., 2011).

2.3 L’approche du caring en soins palliatifs

Tel qu’il est énoncé dans les normes canadiennes de pratique en soins infirmiers palliatifs,

le rôle de l’infirmière en soins palliatifs repose sur des habiletés découlant de l’approche

humaniste des soins (ACSP, 2012). Ces habiletés rejoignent, selon Foucault et Mongeau

(2004), l’approche humaniste du caring, par l'alliance qui se crée entre l’infirmière et la

personne soignée lors de la pratique en soins palliatifs en fin de vie. Cette alliance

thérapeutique consiste à développer une approche humaniste, en promouvant des attitudes

de caring propices aux soins palliatifs, spécifiquement par l’accompagnement en fin de

vie, le respect du confort, la présence, le maintien de la dignité et la communication

(Foucault & Mongeau, 2004).

D’ailleurs, la notion d’accompagnement a été définie par la SFAP (2013) comme une

approche alliant les soins techniques et la dimension relationnelle. Cette relation est

assurée lorsque l’infirmière se centre sur la personne soignée, communique avec elle et

35

lui assure une présence et un soutien dans les moments difficiles (SFAP, 2013).

L’accompagnement engage le soignant en tant que personne dans une relation ancrée dans

le champ des valeurs humaines empreintes de caring. Effectivement, plusieurs écrits

scientifiques confirment l’importance de la pratique du caring en soins palliatifs auprès

des personnes en fin de vie (Andersson, Salickiene, & Rosengren, 2016 ; Betcher, 2010 ;

Fortin & Bouchard, 2009 ; Guay et al., 2011 ; Kourkouta & Papathanasiou, 2014 ;

Pennbrant, Tomaszewska, & Paentilӓ, 2015 ; Poirier & Sossong, 2010 ; Zheng et al.,

2015).

Fortin et Bouchard (2009) ont mené une étude phénoménologique, qui avait pour but de

décrire l’expérience du caring auprès des infirmières œuvrant dans des unités de soins

curatifs. Des entrevues semi-structurées ont été réalisées auprès de cinq infirmières

travaillant dans des unités de soins curatifs d’un centre universitaire montréalais et ayant

soigné au moins une personne en fin de vie au cours des trois derniers mois. L’analyse

des résultats, basée sur la méthode de Giorgi, a fait ressortir le pouvoir des infirmières

d’exercer les soins palliatifs selon des fondements humanistes. Les participantes ont

communiqué que l’expérience de soigner une personne en fin de vie leur offrait

l’opportunité d’exercer leurs habiletés relationnelles de soin par l’accompagnement. Un

accompagnement qui se réalise par l’empathie, l’écoute et la compassion en utilisant une

approche humaniste de caring. Les infirmières ont réalisé l’importance de cette approche

sur les patients en fin de vie, et elles se sentaient valorisées par ce travail.

En outre, selon Fortin et Bouchard (2009), soigner une personne en fin de vie et maintenir

sa dignité avant et après son décès sont considérés par les infirmières comme une

expérience enrichissante pour elles, comme une occasion de réflexion sur la condition

humaine et comme le témoignage d’un sens de la vie et de la mort. Bien que Fortin et

Bouchard (2009) présentent et interprètent leurs résultats selon les fondements humanistes

du caring, aucune indication ne permet de déterminer sur quel auteur ou théoricien du

caring ils se sont appuyés. Malgré les limites relevées par les auteurs de cette recherche

en lien avec la taille restreinte de l’échantillon, les résultats de l’étude ont pu fournir une

compréhension de l’expérience vécue par ces infirmières.

36

Les propos de ces infirmières sont notamment, partagés par d’autres auteurs (McCallum

et McConigley, 2013 ; Silva et al., 2014 ; Zheng et al., 2015) qui considèrent que le caring

pour des patients en fin de vie a des bénéfices sur soi-même, s’il est vécu comme une

expérience unique et profonde. En effet, ces résultats sont corroborés par ceux de l’étude

qualitative effectuée en Chine par Zheng et al. (2015), qui visait à décrire l’expérience de

caring de 28 infirmières en oncologie auprès des personnes en fin de vie. Parmi les thèmes

du caring qui ont émergé de l’analyse, celui de l’accompagnement du patient reste à

souligner. Cet accompagnement permet de préserver la dignité du patient et de répondre

à ses souhaits finaux. Il représente également l’un des aspects favorisant une mort paisible.

De plus, les résultats montrent que cette expérience du caring avec les patients en fin de

vie aide les infirmières à réfléchir sur le sens de la vie et de la mort. Les infirmières

participantes perçoivent qu’elles ont fait preuve de soutien psychologique, de compassion

et d’empathie envers la famille qui expérimente, à son tour, l’épuisement physique et

émotionnel.

De plus, le caring incite le soignant à assurer le maintien du confort concernant le patient

en fin de vie. En effet, McCallum et McConigley (2013) ont mené une étude descriptive

et exploratoire pour décrire l’expérience du caring de cinq infirmières œuvrant dans une

unité de soins critiques auprès de patients mourants. Malgré la taille limitée de

l’échantillon, les auteurs indiquent que l’environnement clos de l’unité de soins critiques

a permis de mettre en relief le rôle de l’infirmière en tant que protectrice du patient et de

sa famille pour maintenir son confort. Plus récemment, Dong et al. (2016) ont mené une

étude qualitative en Chine auprès de 15 médecins et 22 infirmières, pour explorer leur

expérience et leurs perceptions de caring dans la pratique des soins palliatifs. Les résultats

de l’étude démontrent l’importance d’assurer le confort physique du patient mourant.

Également, Silva et al. (2014) ont effectué une étude phénoménologique au Brésil, dans

le but de comprendre la perception de l’équipe soignante en oncologie sur la pratique des

soins palliatifs. Les résultats des entrevues et de l’observation auprès de 21 infirmières

indiquent que le maintien du confort constitue une priorité et un fondement pour un soin

humain et respectueux du patient.

37

A cela s’ajoute un autre aspect du caring soit, l’importance de maintenir une présence

auprès du patient en fin de vie et de ne pas le laisser mourir seul, en cas d’absence de la

famille. Une étude descriptive exploratoire a été menée par Fridh et al. (2009) pour

explorer les perceptions de neuf infirmières suédoises auprès de patients mourants aux

soins intensifs. Les résultats de l’étude montrent que l’expérience de leur pratique de

caring se manifeste par la présence de l’infirmière en cas d’absence de personnes

significatives et d’accompagnement de la famille. Les résultats de Fridh et al. (2009) sont

évoqués dans l’étude de Guay et al. (2011), qui rapportent qu’aucun patient ne devrait

mourir seul et qu’en l’absence de la famille, l’infirmière doit jouer le rôle de substitut.

Autre facteur clé, la communication, semble être fondamental à l’approche de caring.

D’ailleurs, selon Betcher (2010), le développement d’une relation de confiance avec le

patient requiert une communication efficace au sein de l’approche humaniste de caring en

soins palliatifs. L’auteur a élaboré un programme de formation visant à développer les

compétences de communication des infirmières auprès de personnes en fin de vie dans un

hôpital de 208 lits en Amérique du Nord. Ce programme avait pour finalité d’aider les

infirmières à communiquer avec les patients et leur famille avec efficacité et compassion.

L’évaluation du programme montre que les infirmières ont développé des habiletés dans

la capacité de transmettre une attitude de caring, et ont pu répondre aux besoins du patient

par une relation de confiance à travers la communication. Dans la même veine, Kourkouta

et Papathanasiou (2014) ajoutent qu’une bonne communication entre l’infirmière et le

patient demeure essentielle pour la prestation d’un soin humain individualisé et de qualité

au patient. Également, une autre étude phénoménologique réalisée en Suède par Pennbrant

et al. (2015) auprès de six infirmières en oncologie avait comme but de décrire

l’expérience de caring des infirmières auprès de patients en stade palliatif. L’analyse des

résultats a identifié le thème du développement des compétences en communication,

comme un principe majeur en soins palliatifs. Les infirmières interviewées déclarent que

la qualité de la communication dépend de la nature de leur relation avec le patient et du

degré de confiance dans cette relation. Elles ajoutent que la réponse aux besoins des

patients devient plus efficace si les infirmières créent une bonne communication avec le

patient.

38

Dans une étude plus récente menée par Andersson et al. (2016), le thème central s’est

avéré l’implication dans le processus de caring. Même si le but de l’étude se rapproche

de celui de l’étude Pennbrant et al. (2015) menée dans le même pays, les résultats

d’Andersson et al. (2016) ne rapportent pas les mêmes conclusions. En effet, la recherche

qualitative d’Andersson et al. (2016) menée en Suède, visait aussi à décrire l’expérience

des infirmières relative à la pratique de caring en fin de vie. Six entrevues avec des

infirmières ont été menées. Les résultats de l’étude montrent que les infirmières décrivent

qu’elles se voient engagées dans le processus de caring lors de situations de soins en fin

de vie, par le soutien au patient et sa famille. Toutefois, bien que ces deux écrits cherchent

à décrire et comprendre l’approche de caring des infirmières au sein de leur pratique, il

n’en demeure pas moins que ces auteurs n’ont pas utilisé un cadre de recherche sur le

caring dans leur étude.

Les perceptions de caring entre les patients et les infirmières de l’unité d’oncologie ont

également porté notre attention. Ces perceptions ont été décrites, en 2010, par deux études

descriptives comparatives (Poirier & Sossong, 2010 ; Zamanzadeh, Azimzadeh, Rahmani

& Valizadeh, 2010). D’ailleurs, les résultats de l’étude de Poirier et Sossong (2010),

auprès de 19 patients et 15 infirmières au sein de l’unité d’oncologie, révèlent une

différence entre les perceptions des patients et celles des infirmières par rapport au caring.

Ces résultats montrent que les infirmières attribuent des niveaux élevés à leurs propres

comportements de caring, notamment par leurs relations interpersonnelles. En effet, les

infirmières perçoivent aider le patient à se sentir chez lui, respecter sa vie privée et tenter

d’atténuer leurs malaises. Quant aux perceptions des patients, ces derniers soutiennent que

les infirmières répondent plus à leurs besoins techniques qu’à leurs besoins affectifs ou

spirituels. Contrairement aux résultats de Poirier et Sossong, Zamanzadeh et al. (2010)

ont recruté 200 patients et 40 infirmières. Les résultats présentent des perceptions de

caring similaires entre les deux groupes, notamment en matière de relations

interpersonnelles empreintes de confiance entre l’infirmière et le patient, et de

disponibilité.

39

Bien que Zamanzadeh et al. (2010) se sont référés à la théorie de Watson (1979) dans la

recension des écrits pour décrire le caring, aucun cadre de référence ne soutient leur étude.

Par contre, la force de l’étude de Poirier et Sossong (2010) est son ancrage disciplinaire

par l’utilisation de la théorie du caring de Jean Watson. En effet, très peu d’études, parmi

celles recensées, ont utilisé une théorie du caring pour guider leur recherche sur le caring,

et par la suite leur pratique en soins palliatifs.

En bref, par une approche humaniste et des attitudes de caring propices aux soins

palliatifs, les infirmières assurent l’accompagnement du patient en fin de vie, le respect

de son confort, la présence, le maintien de la dignité et de la communication lors de la

pratique infirmière en soins palliatifs. Néanmoins, de nombreux facteurs entrent en jeu

pour faciliter ou entraver cette pratique infirmière. Les paragraphes qui suivent en

exposent quelques-uns.

2.4 Les facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins

palliatifs

Les facteurs contraignant ou facilitant la prestation des soins palliatifs par les infirmières

peuvent être regroupés, selon les écrits scientifiques, sous trois catégories: professionnels,

organisationnels et émotionnels (Fillion & Saint Laurent, 2003; Fortin & Bouchard, 2009 ;

Fridh et al., 2009; Gross, 2006 ; Jacono et al., 2009 ; Johnson et al., 2011 ; Klarare et al.,

2013 ; McCallum & McConigley, 2013 ; McCourt, et al., 2013).

2.4.1 Les facteurs contraignants et les facilitateurs professionnels

Les facteurs professionnels associés aux exigences de la pratique des soins palliatifs

comprennent plusieurs éléments, notamment 1) les décisions divergentes relatives à la

prestation des soins palliatifs ; 2) la résistance médicale ; 3) le manque de temps ; 4) le

manque de connaissances et de formation ; 5) les difficultés de communication, ainsi que

6) le manque de collaboration interdisciplinaire ou avec la famille.

40

2.4.1.1 Les décisions divergentes

Les professionnels de la santé sont souvent confrontés à des barrières liées à des décisions

divergentes durant la phase de transition vers les soins palliatifs. En effet, deux études,

l’une phénoménologique menée auprès de cinq infirmières (Fortin & Bouchard, 2009), et

une autre descriptive qualitative menée auprès de six infirmières (Andersson et al., 2016),

indiquent que les infirmières sont souvent confrontées à des décisions qui vont à

l’encontre de leurs attentes. Ces décisions peuvent découler de plusieurs situations, dont

entre autres, de l’exposition des patients à l’acharnement thérapeutique, de la poursuite

des traitements actifs, ou encore des procédures invasives inappropriées qui augmentent

la souffrance du malade, indépendamment de la mort imminente (Andersson et al., 2016 ;

Fortin & Bouchard, 2009). En effet, les infirmières participantes à l’étude de Fortin et

Bouchard (2009) déclarent qu’elles sont souvent témoins de situations d’acharnement

thérapeutique et d’interventions de réanimation qu’elles jugent futiles (Fortin &

Bouchard, 2009). Elles déclarent également, qu’elles doivent appliquer des soins

douloureux et agressifs aux patients en stade terminal qui vont parfois à l’encontre de leurs

valeurs et éthique professionnelle. Elles perçoivent des interventions, tels que des prises

de sang ou des investigations en fin de vie, comme étant de la torture pour les patients. Ce

malaise a été évoqué également aussi par les infirmières participantes de l’étude

d’Andersson et al. (2016), qui ont considéré ces soins comme inappropriés pour le

maintien de la qualité de vie et comme une atteinte à la dignité des patients. Bref, ces

interventions génèrent chez les infirmières un véritable inconfort et un sentiment d’être

déchirées entre défendre les intérêts du patient et maintenir une bonne relation avec les

membres de l’équipe.

Les résultats de ces deux études semblent similaires, notamment dans la prestation

d’interventions futiles pour maintenir la vie des patients en fin de vie. Toutefois, quelques

différences peuvent être notées. D’un côté, Andersson et al. (2016) évoquent une barrière

qui n’avait pas été identifiée par Fortin et Bouchard (2009), à laquelle les infirmières font

face lors de leur pratique en soins palliatifs, celle de leur faible participation au processus

décisionnel avec les médecins. D’un autre côté, les cinq infirmières interviewées de Fortin

et Bouchard (2009) sentent que les soins curatifs passent en premier dans l’échelle de

41

priorité des soins, et que les soins palliatifs sont marginalisés par l’équipe de soins. Elles

disent qu’elles ont de la difficulté à soigner deux clientèles différentes dans une même

unité. En effet, elles se sentent tiraillées entre le désir de prodiguer des soins palliatifs et

celui de répondre aux besoins urgents des patients en phase aiguë.

2.4.1.2 La résistance médicale

D’autres écrits évoquent des facteurs professionnels liés à la résistance des médecins à

l’égard des soins palliatifs. Ces obstacles affectent surtout le moment où débutent les soins

palliatifs, et empêchent que ces soins puissent être débutés précocement. En effet, dans

leur étude auprès des professionnels de la santé, Lofandjola Masumbuku et Coppieters

(2014) révèlent que les médecins au Congo hésitent à aborder les soins palliatifs, ce qui

serait dû au « caractère paternaliste de la relation médicale » (p.85). Les auteurs ajoutent

que cette résistance médicale est accompagnée d’une réticence de la famille quant aux

soins palliatifs. Cette attitude se manifeste en particulier, quand il s’agit de l’utilisation de

la morphine, ce qui signifie pour la famille « une mort certaine ou une précipitation douce

vers la mort » (p.85).

Les résultats concernant la résistance médicale aux soins palliatifs, rejoignent ceux de

l’étude de Fortin et Bouchard (2009) qui soutiennent que certains médecins hésitent de

prescrire des sédatifs et évitent d’entrer dans la chambre du patient en fin de vie. De plus,

les auteurs décrivent le manque de soutien médical envers les infirmières, et ajoutent que

celles-ci se voient obligées d’accentuer les demandes auprès des médecins pour obtenir

une intervention thérapeutique convenable contre la douleur en fin de vie.

2.4.1.3 Le manque de temps

À ces facteurs s’ajoutent d’autres en lien avec le manque de temps alloué aux soins

palliatifs. D’ailleurs, les propos consensuels des cinq infirmières participantes à l’étude

phénoménologique de Fortin et Bouchard (2009) le confirment. Elles sentent qu’elles ne

peuvent pas accorder la durée de temps requise pour réaliser des soins palliatifs de qualité,

ou pour assurer une présence auprès des patients et de ses proches. Ce temps est souvent

42

« escamoté au profit des personnes traitées en soins aigus » (p.113), ce qui contribue à

leur frustration de ne pas fournir la qualité des soins à laquelle le patient aurait droit.

Ces résultats se rapprochent de ceux de l’étude qualitative d’Andersson et al. (2016), qui

a été conduite auprès de six infirmières en Suède. Les résultats des entrevues avec les

infirmières, qui visaient à décrire leur expérience quant à la pratique du caring en fin de

vie, montrent qu’elles se sentent déchirées entre la contrainte du temps et leurs

responsabilités dans la pratique des soins. Cette situation s’aggrave en cas de prise en

charge de plusieurs patients. Les infirmières affirment par ailleurs, qu’elles éprouvent un

sentiment de frustration pour équilibrer le temps entre le curatif et le palliatif, et sentent

également une inadéquation dans les soins aux patients par manque de temps.

Une autre étude, celle-ci quantitative, a été menée par Beckstrand, Colette, Callister et

Luthy (2012), avec un échantillon aléatoire de 1005 infirmières œuvrant en oncologie

auprès de patients atteints de cancer. Cette étude cherchait à déterminer l’impact des

obstacles et des facteurs facilitants sur la prestation des soins en fin de vie, selon les

perceptions des infirmières en oncologie. Les résultats de Beckstrand et al. (2012) ont

montré que le manque de temps ou le fait d’être appelé auprès d’autres patients, avec des

traitements et des diagnostics différents, sont considérés comme des barrières pour fournir

un soin de qualité en fin de vie.

2.4.1.4 Le manque de formation

À ces facteurs professionnels s’ajoute le manque de connaissances et de formation des

infirmières à la pratique des soins palliatifs. Cet aspect a fait l’objet de plusieurs

publications provenant de différents pays (Andersson et al., 2016 ; Beckstrand, et al.,

2012 ; Dong et al. 2016 ; Fillion & Saint-Laurent, 2003 ; Fortin & Bouchard, 2009 ;

Jacono et al., 2009 ; Lofandjola Masumbuku & Coppieters, 2014 ; Maharaj & Harding,

2016 ; McCourt, Power, & Glackin, 2013; Peterson et al., 2010 ; Rassouli & Sajjadi,

2016 ; Razban et al., 2013 ; Silberman et al., 2015 ; Spence et al., 2010 ; Zheng et al.,

2015). D’ailleurs, selon les opinions d’experts, la plupart des infirmières n’ont pas de

connaissances spécifiques et n’ont pas reçu la formation requise pour apporter le soutien

43

nécessaire aux patients en fin de vie et à leur famille. Dans ce sens, Carstairs (2010), dans

le rapport du Comité sénatorial au Canada, met en évidence le manque de formation et

d’expérience des infirmières dans ce domaine. Il fait de même référence, à la nécessité

d’une formation adéquate de l’équipe interdisciplinaire en soins palliatifs. Également,

l’ACSP (2011) évoque la déficience au niveau de la formation des professionnels de la

santé dans ce domaine. Dans la même orientation, le WHO et la WPCA (2014) mettent

en évidence l’importance de lever les obstacles sur les soins palliatifs, en particulier celui

du manque de formation des professionnels de la santé en soins palliatifs, et considèrent

cet aspect comme étant l’un des facteurs limitant l’accès à des soins palliatifs dignes. Ces

derniers ajoutent que les professionnels de la santé se doivent de s’approprier de

meilleures connaissances scientifiques pour assurer le développement de leurs

compétences en soins palliatifs, et par conséquent, fournir une meilleure qualité de soins

en fin de vie.

Ces opinions sont aussi appuyées par diverses revues des écrits. D’ailleurs, les

professionnels de la santé manifestent eux-mêmes des besoins de formation en soins

palliatifs afin de développer leurs compétences dans ce domaine. En effet, Abu-Saad

Hujjer et Dimassi (2007) ont effectué une étude descriptive quantitative auprès de 1873

infirmières et 1884 médecins, dans le but de déterminer l’état des connaissances, des

attitudes et des pratiques des médecins et des infirmières en matière de soins palliatifs au

Liban. Ils cherchaient également à évaluer leurs besoins et à identifier les meilleurs

modèles pour rendre de tels services. Les résultats ont révélé que seulement 16,7% des

infirmières et 12,3% des médecins ont reçu une formation de base en soins palliatifs.

Toutefois, 93% des infirmières et 96% des médecins étaient en mesure d’identifier les

objectifs des soins palliatifs. Quant à l’évaluation des besoins de formation, les

participants ont manifesté l’importance de développer leurs compétences dans ce

domaine, et jugent nécessaire d’implanter des programmes d’éducation et de formation

continue en soins palliatifs (Abu-Saad Huijer & Dimassi, 2007).

Également, l’analyse des études recensées par Maharaj et Harding (2016) identifie aussi,

parmi les thèmes récurrents, un manque de connaissances et de formation pratique des

44

professionnels de la santé en soins palliatifs. La revue des écrits de Mc Court et al. (2013)

avait confirmé que le manque de formation et de connaissances des infirmières constituait

une des barrières significatives à la prestation de soins palliatifs holistiques pour les

patients et leur famille. Une autre revue de littérature menée par Rassouli et Sajjadi (2016)

évoque la difficulté des infirmières œuvrant en oncologie en Iran à participer aux

programmes de formation en soins palliatifs à l’instar des médecins, en raison notamment,

de problèmes linguistiques et organisationnels. À titre d’exemple, le manque d’accès à

l’Internet et aux ressources électroniques nuit à la participation de ces infirmières aux

programmes de formation.

Ces propos sont de même repris par l’étude de Fortin et Bouchard (2009), citée

précédemment. Ceux-ci rapportent que les participantes se sentent mal préparées à faire

face aux différentes situations en fin de vie et incapables de gérer les divers symptômes

spécifiques. Elles évoquent un manque de connaissances marqué en soins palliatifs et

disent n’avoir reçu aucune formation dans ce domaine. Ces résultats sont soutenus par

Zheng et al. (2015) qui, à leur tour, ont mené une étude qualitative descriptive en Chine

auprès de 28 infirmières en oncologie pour décrire l’expérience de caring auprès des

personnes en fin de vie. Les résultats dévoilent un manque de connaissances et une

incapacité à fournir des soins de fin de vie, par manque de formation. Les infirmières

participantes ont mis en évidence des lacunes au niveau de leurs connaissances en soins

palliatifs. Elles se voient insuffisamment préparées pour l’accompagnement des patients

en fin de vie et de leur famille, et disent qu’elles font de leur mieux pour y arriver. De

même, les infirmières perçoivent l’accompagnement des patients en fin de vie parmi les

responsabilités les plus complexes et les plus douloureuses auxquelles elles doivent faire

face dans leur pratique (Jacono et al., 2009). C’est également ce que rapportent les

résultats de l’étude de Beckstrand, et al. (2012). Ces derniers révèlent que le manque de

formation des infirmières constitue l’un des obstacles limitant la prestation de soins

palliatifs de qualité.

De plus, les participants infirmiers et médecins de l’étude de Lofandjola Masumbuku et

Coppieters (2014), menée en République démocratique du Congo, considèrent

45

l’inexistence dans le curriculum académique de notions relatives aux soins palliatifs,

comme un frein potentiel dans les hôpitaux à Kinshasa. Les participants ajoutent que les

compétences des professionnels de la santé en soins palliatifs semblent faibles, et que

l’activité professionnelle est la seule source de connaissances des soignants sur les soins

palliatifs. À cet effet, les professionnels de la santé ont manifesté une volonté de formation

en soins palliatifs. Les auteurs insistent sur le développement des programmes de

formation continue. Ces programmes sont considérés comme un facteur facilitant la

démarche. Ils peuvent combler les lacunes et ainsi, améliorer la qualité de la prise en

charge des patients en fin de vie. Ces formations doivent inclure, selon les auteurs, les

buts et les objectifs des soins palliatifs et la manière de les intégrer dans la prise en charge

des patients.

Par ailleurs, Dong et al. (2016) confirment les propos de Lofandjola Masumbuku et

Coppieters (2014) en ajoutant que le système d’éducation Chinois ne prépare pas les

jeunes médecins et infirmières à leur rôle pour faire face à la mort des patients, et que les

infirmières ont peu d’expertise dans la pratique des soins en fin de vie. Dong et al. (2016)

recommandent d’enrichir les connaissances et les compétences des professionnels de la

santé pour réorganiser leur vision sur les soins palliatifs. Le manque de formation en soins

palliatifs a été évoqué aussi dans les pays développés comme les États-Unis et le Canada.

En effet, les résultats de l’étude américaine, conduite par Peterson et al. (2010), évoquent

le manque de cours sur les problèmes en fin de vie dans les programmes de formation des

infirmières. Desbiens et Fillion (2011) pointent notamment, des besoins particuliers de

formation. Cette étude descriptive a été menée au Canada, auprès d’infirmières

susceptibles d’être exposées aux soins palliatifs. En effet, ces résultats montrent que les

infirmières perçoivent des besoins importants de formation dans les soins spirituels, les

enjeux éthiques ainsi que les soins psychologiques.

Les contextes de ces différentes études semblent être comparables également avec la

situation au Moyen-Orient, tout en nuançant d’autres spécificités dans les besoins de

formation. En effet, une recherche descriptive menée par Silberman et al. (2015), a évalué

les besoins en soins palliatifs auprès de 776 professionnels de la santé de 15 pays du

46

Moyen-Orient, dont le Liban. Les résultats de l’étude montrent que 86% des participants

souhaitent avoir plus de connaissances sur les soins palliatifs, afin d’assurer un

changement aux niveaux des attitudes et des pratiques. À cet effet, les répondants de

l’étude proposent l’intégration des formations sur les soins palliatifs dans les programmes

de formation générale des infirmières et des médecins, en particulier celles en lien avec

les stratégies de communication et le soutien psychologique en fin de vie. Ce besoin de

formation a été identifié également par Zheng et al. (2015) où les infirmières ont manifesté

le besoin de développer leurs compétences dans la communication. Le besoin de

formation des professionnels de la santé en soins palliatifs est repris au sein d’un autre

continent, par Johnson et al. (2011), dans leur étude conduite en Australie. Cette étude

qualitative décrit la formation comme un aspect facilitateur pour la prise en charge des

besoins du patient et de sa famille.

De manière générale, il est à noter que les études recensées dans ce chapitre sont

majoritairement qualitatives. Bien qu’elles soient très récentes et que les contextes ne

soient pas les mêmes, les résultats de ces différentes études se rejoignent pour évoquer un

même consensus. Ce consensus porte sur le fait qu’il y a un besoin de formation relatif à

la pratique en soins palliatifs dans différents pays.

2.4.1.5 Les difficultés de communication

Alors que la communication est considérée comme une pierre angulaire dans la relation

entre l’infirmière et le patient, des études identifient le déficit de communication entre les

professionnels de la santé, les médecins, la famille et les patients. Ce manque est considéré

comme l’un des facteurs entravant la pratique des soins palliatifs lors de situations

cliniques complexes (Brett, 2002 ; Goel et al., 2014; Gross, 2006 ; Scheldon et al., 2006 ;

Zheng et al., 2015). De même, la récente revue des écrits de Maharaj et Harding (2016)

met en exergue que les infirmières ont, non seulement un manque de formation pour

combler une grande partie des besoins de la personne en fin de vie, mais doivent

développer aussi des compétences nécessaires en communication pour assurer le soutien

du patient en fin de vie. Il est vrai que la communication réduit le stress psychologique en

fin de vie, mais elle n’a jamais été une tâche facile pour les infirmières avec les patients

47

mourants, selon Zheng et al. (2015). Elle est plutôt considérée comme un défi. En général,

autant les jeunes infirmières que celles plus expérimentées éprouvent des difficultés à

communiquer avec les patients en fin de vie et avec leur famille.

Dans le même ordre d’idées, Peterson et al. (2010) ont mené une étude par théorisation

ancrée, pour examiner l’expérience des infirmières et leurs préoccupations au sujet du

prendre soin d'un patient mourant. C’est à partir d’entrevues individuelles, en face à face

ou en ligne, que 15 infirmières ont participé à la collecte des données. Bien que la

participation en ligne de ces infirmières ait fourni des réponses similaires à celles des

entrevues individuelles, cette méthode de collecte des données comporte des limites. Ces

limites sont dues, d’une part, aux réponses incomplètes concernant les questions ouvertes

et, d’autre part, au manque d’opportunité de retour aux participantes pour validation.

Néanmoins, les résultats mis en avant par Peterson et al. (2010) mettent l’accent sur les

préoccupations personnelles des infirmières quant aux difficultés de communication avec

le patient et sa famille. En effet, les résultats de cette étude montrent que pour amorcer un

partenariat de collaboration, cela exige de l’infirmière des aptitudes à la communication

et aux relations interpersonnelles. D’ailleurs, les infirmières participantes craignent que

leur manque d’expérience puisse causer des difficultés de communication à plusieurs

niveaux, soit aussi bien avec le patient et sa famille qu’avec les autres professionnels

(Peterson et al., 2010). Il est à souligner que cette notion n’a pas été évoquée par d’autres

auteurs.

Dans ce contexte, la communication ne se limite pas à l’interaction avec le patient,

l’infirmière est aussi concernée par la communication et la collaboration avec la famille.

Plusieurs écrits scientifiques ont évoqué des difficultés de communication avec la famille

(Beckstrand, Moore, Callister, & Bond, 2009 ; Gross, 2006 ; Peterson et al., 2010). Ces

auteurs considèrent qu’il est difficile de faire face à la colère de la famille qui n’accepte

pas le mauvais pronostic du patient. Les résultats de ces études sont confirmés par ceux

de Spence et al. (2010) qui eux, cherchaient à évaluer les besoins des patients cancéreux

en Jamaïque. Cette étude avec devis mixte a utilisé des questionnaires auprès de 81

patients et 51 aidants naturels ainsi que des entrevues de groupe auprès des professionnels

48

de la santé. Les résultats de l’étude montrent que le manque de communication entre les

différents professionnels de la santé constitue une barrière considérable dans la prestation

de soins pour les patients atteints de cancer. Ainsi, pour combler cette barrière, les

participants de l’étude de Johnson et al. (2011) soutiennent qu’une bonne communication

représente un aspect important pour l’information, la prise de décision et l’acceptation de

la maladie par le patient et sa famille. À cet effet, les auteurs ajoutent l’importance de

développer les compétences des infirmières en communication depuis leur formation

générale jusqu’à leur insertion en milieux cliniques. Ainsi, une communication efficace

favorise une meilleure relation thérapeutique, selon l’ACSP (2013). Elle optimise, d’un

côté, la prise de décision pour la prestation des soins, et d’un autre côté, la diminution des

problèmes d’épuisement des professionnels de santé (ACSP, 2013).

En bref, plusieurs écrits scientifiques convergent sur l’efficacité de la communication pour

la prestation de soins palliatifs de qualité en fin de vie (Betcher, 2010 ; Kourkouta &

Papathanasiou, 2014 ; Malloy, Virani, Kelly, & Munévar, 2010 ; Spence et al., 2010 ;

Zheng et al., 2015). Toutefois, d’autres difficultés dont celles de collaboration

interprofessionnelle émergent dans ce même cadre.

2.4.1.6 Le manque de collaboration interdisciplinaire

Bien qu’une bonne collaboration interdisciplinaire facilite la pratique des soins palliatifs,

des difficultés de collaboration et de travail en équipe ont été identifiées (Beckstrand, et

al., 2009 ; Fillion & Saint-Laurent, 2003 ; Lee, Choi, Kim, Kim, & Kim, 2013). En fait,

l’importance de la collaboration interprofessionnelle est soutenue par l’étude descriptive

mixte menée par Fillion et Saint-Laurent (2003). Cette étude québécoise avait pour but de

décrire les stresseurs liés au travail infirmier en soins palliatifs auprès d’infirmières et de

gestionnaires. La méthode de collecte de données, réalisée à travers des groupes de

discussion et des questionnaires, fut effectuée en deux phases. Dans la première phase de

l’étude, l’échantillon était constitué d’infirmières travaillant en soins palliatifs dans les

principaux lieux de prestation, soit les centres hospitaliers, les institutions spécialisées et

à domicile. Pour le volet qualitatif, 60 infirmières ont participé aux entrevues de groupe,

50 ont participé aux entrevues téléphoniques individuelles, tandis que pour le volet

49

quantitatif 214 infirmières ont répondu aux questionnaires. Dans la deuxième phase de

l’étude, 20 décideurs et gestionnaires ont participé à deux groupes de discussion. Les

résultats de l’étude montrent que les difficultés de collaboration interprofessionnelle sont

identifiées comme étant des barrières professionnelles importantes. Ces difficultés se

manifestent en particulier, entre les infirmières, les médecins, les collègues et les autres

professionnels de la santé. À cet effet, les auteurs proposent d’encourager la mise en place

d’équipes interdisciplinaires qui fournissent des soins palliatifs, selon une philosophie

commune.

Toutefois, une autre étude menée en France cette fois-ci, a montré un avis contraire sur la

collaboration interdisciplinaire, notamment que le travail d’équipe constitue pour les

infirmières un mode de soutien important en soins palliatifs (Bonnières et al., 2010). Cette

étude descriptive effectuée auprès de soignants exerçant en soins palliatifs cherchait à

analyser les déterminants de la satisfaction professionnelle de 72 médecins et 80

infirmières. Les résultats de l’étude montrent que l’interdisciplinarité est fortement

appréciée par les participants, compte tenu du niveau hiérarchique des intervenants, et ne

manque pas de points positifs sur l’amélioration de la prise en charge des patients. Les

auteurs ajoutent que cette collaboration est constructive et complémentaire.

Pour Lee et al. (2013), le manque de collaboration s’applique également à la relation entre

l’équipe interdisciplinaire et la famille du patient. Cette étude descriptive exploratoire

menée auprès de 383 infirmières coréennes avait pour but de décrire leurs perceptions

relatives aux obstacles et aux facteurs facilitant la prestation des soins en fin de vie. Les

résultats de l’étude soulignent un manque de collaboration entre l’équipe interdisciplinaire

et les proches du patient. Ces résultats correspondent aux conclusions de l’étude de

Beckstrand et al. (2009), qui ont identifié les mêmes barrières en lien avec la famille que

celles évoquées par Lee et al. (2013).

Toutefois, à ces différents facteurs professionnels s’ajoutent d’autres, qui sont en lien avec

l’organisation de l’environnement de travail.

50

2.4.2 Les facteurs contraignants et les facilitateurs organisationnels

Les facteurs organisationnels qui nuisent ou qui facilitent la pratique infirmière des soins

palliatifs sont nombreux. Certains, parmi ces derniers, sont en lien avec 1) la structure

organisationnelle et 2) l’accessibilité aux ressources humaines et matérielles.

2.4.2.1 La structure organisationnelle

Selon certaines études, les infirmières identifient l’environnement physique comme un

obstacle qui affecte l’intimité et la qualité des soins palliatifs fournis aux patients. Par

conséquent, cet environnement empêche une mort digne et paisible. Dans cette

perspective, l’étude exploratoire et descriptive de McCallum et McConigley (2013) a été

menée auprès de cinq infirmières, afin de décrire leurs perceptions sur la pratique des

soins palliatifs en fin de vie dans un centre hospitalier universitaire. L’analyse des

résultats, issus des entrevues semi-structurées, a permis de mettre en lumière des obstacles

organisationnels au niveau de l’environnement physique. Ces résultats soulignent en

particulier, le manque de chambres individuelles comme une barrière considérable pour

favoriser une intimité dans les soins et permettre la réalisation de soins palliatifs de qualité.

Ces résultats se recoupent également, avec les barrières identifiées par Fridh et al. (2009)

dans leur étude qualitative sur les perceptions de neuf infirmières auprès de patients

mourants. Les infirmières ont cité également l’environnement physique, en particulier la

présence de plus d’un patient dans une chambre, comme une barrière qui empêche

d’assurer la confidentialité de la famille avec leurs proches en fin de vie. Les participants

de l’étude soutiennent qu’une chambre à plusieurs lits limite l’opportunité, d’une part, aux

membres de la famille d’exprimer leur chagrin, et d’autre part, aux infirmières d’assurer

adéquatement les soins du patient mourant et le bien-être d’un autre patient dans la même

chambre. Dans le même ordre d’idées, le manque de chambres particulières affecte

négativement la qualité des soins fournis aux patients en fin de vie, selon McCourt et al.

(2013).

Outre le manque de chambre individuelle, les écrits mettent en évidence un facteur

organisationnel corollaire. Ce facteur facilite la prestation des soins palliatifs de qualité,

en créant un espace particulier pour la famille afin d’exprimer leur chagrin. En effet, les

51

résultats d’Iglesias, Pascual et Vallejo (2013) sont évocateurs quant au fait que les patients

et leur famille manquent d’intimité en fin de vie. Ces auteurs ont mené une étude auprès

d’infirmières expertes de soins critiques afin de décrire les obstacles et les facteurs

facilitant la prestation des soins de fin de vie. Cette étude descriptive a été conduite dans

deux unités de soins intensifs, adultes et pédiatriques, d’un hôpital en Espagne. Parmi les

472 infirmières sollicitées avec un minimum de trois mois d’expérience aux soins

intensifs, 227 ont accepté de participer à l’étude. En plus du besoin d’une chambre privée

pour les patients en fin de vie, les auteurs identifient le manque de place appropriée à la

famille pour favoriser leur intimité et réagir face à la situation de leur proche (Iglesias et

al., 2013). Ce manque d’intimité entre le patient et sa famille, évoqué par Iglesias et al.

(2013) comme une barrière, a été fortement recommandé comme un facteur facilitant, une

année plus tard, par Vedel et al. (2014). En effet, malgré que les résultats montrent que les

patients et leur famille sont satisfaits d’être ensemble aux derniers moments de leur vie,

les familles participantes à l’étude transversale de Vedel et al. (2014) ont apprécié d’avoir

un espace particulier pour la famille afin d’exprimer leur chagrin. Les résultats évoquent

la satisfaction des patients et de leur famille d’être ensemble aux derniers moments de leur

vie. De même, ces propos sont abordés dans la revue des écrits de McCourt et al. (2013).

2.4.2.2 L’accessibilité aux ressources humaines et matérielles

L’accessibilité aux ressources humaines et matérielles semble une composante essentielle

qui favorise la qualité dans la prestation des soins palliatifs. Ainsi, la surcharge de travail

et le ratio infirmière-patients empêchent l’infirmière de passer du temps avec les patients

mourants (Bonnières et al., 2010; Lofandjola Masumbuku & Coppieters, 2016 ; Poirier &

Sossong, 2010 ; Vedel et al., 2014 ; Wentlandt et al., 2016). En effet, les infirmières

participantes à l’étude descriptive comparative de Poirier et Sossong (2010) ont fait

mention de barrières en lien avec le manque de ressources humaines, qui limitent la

prestation des soins axés sur le patient en oncologie. De même, tous les participants de

l’étude (23 patients, 23 aidants naturels et 39 professionnels de la santé) de Wentlandt et

al. (2016) s’accordent pour dire que la disponibilité de l’équipe soignante est un élément

important pour un soin de qualité.

52

Par conséquent, le manque de ressources humaines contribue à la perception d’un climat

de travail défavorable en soins palliatifs. Dans ce contexte, deux exemples peuvent être

donnés : le nombre d’infirmières limité, en fin de semaine et la nuit, et les ratios élevés

patients/infirmier sont autant d’éléments qui viennent s’ajouter à la charge de travail.

Selon les auteurs (Poirier & Sossong, 2010 ; Wentlandt et al., 2016), ces éléments limitent

les soins personnalisés aux patients. De même, Vedel et al. (2014) ajoutent que les

infirmières se voient surchargées par la multiplication de responsabilités et incapables de

fournir une prise en charge suffisante pour le patient, car la priorité va avant tout aux soins

curatifs.

Dans ce sens, les infirmières de l’étude descriptive de Bonnières et al. (2010), citée

auparavant, réclament des moyens supplémentaires tels que le renforcement des effectifs

infirmiers pour une amélioration de la prise en charge des patients. De plus, les résultats

de cette étude mettent aussi en évidence des éléments pour la gestion de la charge physique

globale de travail. Ces éléments concernent en particulier, la gestion du temps et le surcroît

du travail des infirmières, ainsi que l’organisation du ratio patients-infirmière et du travail

d’équipe. Selon Bonnières et al. (2010), ces éléments pourront contribuer à une meilleure

qualité de prise en charge du patient en soins palliatifs et compenser la charge psychique

des infirmières. Ce faisant, ces mêmes auteurs ajoutent qu’une meilleure répartition des

charges dans les services et un renforcement de l’effectif sont nécessaires pour une

amélioration de l’organisation du travail des infirmières. Par ailleurs, il est à noter que les

limites de l’étude ne sont pas présentées clairement par les auteurs. Il en est de même des

implications des résultats sur la pratique clinique et sur les travaux de recherche. Ces

résultats rejoignent les propos des infirmières de l’étude de Lee et al. (2013), qui

souhaitent avoir plus de temps dans l’organisation de leur travail pour communiquer et

préparer la famille à la mort attendue de leur proche. D’autres barrières s’ajoutent à celles

déjà examinées. Celles-ci sont dues au manque de soutien des infirmières par les

gestionnaires et au manque de services consultatifs tels le service de soutien émotionnel

et de debriefing pour les infirmières après la mort du patient (McCourt et al., 2013 ; Gross,

2006).

53

Quant aux ressources matérielles, plusieurs besoins restent à combler. Le manque de

moyens thérapeutiques comme le manque d’analgésiques sont considérés comme un frein

important entravant la prestation de soins palliatifs en Afrique. D’ailleurs, parmi les

professionnels de la santé (30 médecins et 90 infirmières) participant à l’étude de

Lofandjola Masumbuku et Coppieters (2016), 70% d'entre eux considèrent que les soins

palliatifs sont des soins difficiles à appliquer par manque de ressources médicales et

techniques dans les hôpitaux de Kinshasa. Ces professionnels trouvent que le travail avec

de faibles ressources matérielles a des conséquences négatives sur la qualité des soins

fournis aux patients.

Il est vrai que le manque de ressources affecte la qualité de la prestation des soins

palliatifs, mais certaines barrières ou facilitateurs émotionnels risquent également

d’influencer la vie personnelle des infirmières.

2.4.3 Les facteurs contraignants et les facilitateurs émotionnels

Les facteurs émotionnels réfèrent surtout aux exigences émotionnelles liées à la

confrontation quotidienne avec la mort (Andersson et al., 2016 ; Bonnières et al., 2010 ;

Fillion & St Laurent, 2003 ; Pennbrant et al., 2015). En fait, selon Fillion (2011), ces

exigences sont reliées en particulier au travail dans le secteur d’oncologie et de soins

palliatifs. Elles se manifestent suite à l’exposition à la détresse et à la souffrance des

personnes atteintes de cancer et de leurs proches. Les résultats de l’étude

phénoménologique de Dong et al. (2016), menée en Chine auprès de 15 médecins et 22

infirmières vont dans le même sens. D’ailleurs, ces résultats montrent que la présence des

infirmières auprès des patients mourants augmente leur épuisement et affecte leur mobilité

professionnelle. Les infirmières interviewées ajoutent, dans leurs propos, que la mort de

leurs patients influence leur vie personnelle. Elles décrivent ainsi, le poids psychologique

comme : une grande pression psychologique ressentie, une mauvaise humeur ainsi qu’une

perturbation du rythme de leur sommeil, lors du décès du patient. Dong et al. (2016), pour

leur part, ne mentionnent pas de stratégies pour gérer la détresse émotionnelle des

infirmières œuvrant auprès des patients en fin de vie. En revanche, Pennbrant et al. (2015)

font des recommandations dans leur étude à ce niveau. Ces derniers proposent des séances

54

de soutien aux infirmières en vue d’une meilleure gestion de leurs émotions, face aux

situations stressantes vécues auprès des patients en soins palliatifs.

Toutefois, des similitudes ont été identifiées entre les deux études phénoménologiques de

Dong et al, (2016) et de Pennbrant et al. (2015) qui avaient pour but de décrire l’expérience

des infirmières œuvrant en soins palliatifs, auprès des patients en fin de vie. En effet, les

résultats mettent en évidence l’ampleur des exigences émotionnelles des infirmières liées

à la fin de vie ainsi que le manque de soutien. Les infirmières interviewées éprouvent

également un bouleversement affectif face à la souffrance des patients qui vient alimenter

la frustration et la détresse émotionnelle qu’elles peuvent ressentir. À cet effet, les

infirmières font état de leurs besoins de soutien dans la gestion de leurs sentiments et

émotions.

Selon Bonnières et al. (2010), les infirmières sont confrontées quotidiennement à la mort.

Elles expérimentent des sentiments d’impuissance, d’angoisse et de stress par le fait d’être

témoins de la souffrance physique et morale des patients sans pouvoir l’atténuer. Ce

sentiment d’impuissance a aussi été évoqué par les infirmières devant la confrontation aux

décès et aux deuils multiples dans l’étude de Fortin et Bouchard (2009). Dans ce cadre,

les infirmières expriment leur désarroi, non seulement devant la souffrance physique et

morale des patients en fin de vie, mais surtout, devant l’inéluctabilité de la mort. Elles

sont souvent témoins de la souffrance humaine et vivent des moments désagréables si elles

ne parviennent pas à soulager complètement la souffrance des patients. À cet effet, Fortin

et Bouchard (2009) ajoutent la nécessité de valoriser et de soutenir ces infirmières pour

améliorer leur qualité de vie au travail. Elles tentent ainsi de retenir leurs émotions pour

éviter de ressentir une détresse émotionnelle. En revanche, Peterson et al. (2010)

mentionnent une barrière peu traitée dans d’autres études. Celle-ci concerne la résolution

des conflits entre le patient et les membres de la famille. Ces disputes, selon les

chercheurs, portent souvent sur la décision des traitements.

Dans la même veine, et afin de gérer les sentiments de stress et de deuil après le décès du

patient, les infirmières interviewées de l’étude d’Andersson et al. (2016) décrivent leurs

55

stratégies pour y faire face. Parmi celles-ci, la prise de distance et la discussion avec les

collègues, ainsi que la nécessité du refus de l’acharnement thérapeutique sont mentionnées

(Bonnières et al., 2010). Dans un autre contexte, les infirmières œuvrant en oncologie

insistent sur l’importance de séparer leur vie professionnelle de leur vie privée, afin de

préserver leur équilibre émotionnel (Pennbrant et al., 2015).

En bref, les écrits recensés identifient des facteurs contraignant ou facilitant la pratique

infirmière en soins palliatifs. Ces écrits insistent d’une part, sur les facteurs professionnels,

organisationnels et émotionnels identifiés, qui contraignent la pratique infirmière des

soins palliatifs. Puis, d’autre part, ils mettent en exergue certains facilitateurs qui peuvent,

à leur tour, les contrebalancer. Ainsi, ces facilitateurs peuvent favoriser le déploiement de

cette pratique infirmière.

En somme, cette recension des écrits a permis de mettre en lumière des éléments de la

pratique infirmière en soins palliatifs en particulier, les soins centrés sur la personne qui

tiennent compte des besoins du patient et de sa famille et qui sont d’ordres physique,

psychologique et spirituel. De plus, l’interdisciplinarité est considérée comme un élément

clé pour la pratique des soins palliatifs en fin de vie. Cet aspect est évoqué en particulier,

par l’interaction et la communication entre les professionnels, la prestation de soins de

qualité et l’approche holistique interdisciplinaire dans les soins du patient en phase

terminale. Enfin, l’infirmière, qui représente l’un des professionnels de la santé central de

l’équipe interdisciplinaire, développe une approche humaniste. Cette approche s’incarne

en promouvant des attitudes de caring propices aux soins palliatifs, notamment

l’accompagnement en fin de vie, le maintien de la dignité et la communication. Également,

les écrits recensés identifient des facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière

en soins palliatifs.

Enfin, ce chapitre a permis d’inventorier des études utilisant majoritairement des devis

qualitatifs et descriptifs, quelques devis corrélationnels, expérimentaux et mixtes ainsi que

des revues de la littérature. En effet, très peu d’études explicatives et prédictives ont été

recensées, ce qui laisse penser que les recherches dans ce domaine sont à l’étape de

56

compréhension et du développement de connaissances de la pratique infirmière en soins

palliatifs, et non pas à l’étape d’évaluation d’interventions pour une éventuelle

amélioration de cette pratique. Ce constat explique le nombre restreint d’études

expérimentales. De plus, très peu des études recensées utilisaient un cadre de référence

pour guider le développement de la recherche.

57

Chapitre 3 - Cadre de référence

Ce troisième chapitre présente le cadre de référence retenu pour guider cette étude et lui

donner une perspective théorique disciplinaire. Ce cadre intègre trois éléments : 1) le plan

directeur de développement des compétences des intervenants en soins palliatifs (MSSS,

2008); 2) les facteurs contraignant ou facilitant la mise en œuvre de la pratique infirmière

en soins palliatifs et 3) la théorie du Human Caring de Jean Watson (1979). Ces trois

éléments sont d’abord présentés, suivis du cadre de référence intégrateur et des questions

spécifiques de recherche.

3.1 Le plan directeur de développement des compétences des

intervenants en soins palliatifs

Afin de déterminer les meilleures pratiques infirmières en soins palliatifs, plusieurs

référentiels de compétences, guides et normes de pratique ont été recensés auprès de divers

organismes et associations (Association canadienne des écoles de sciences infirmières

[ACESI], 2012; Association Européenne de soins palliatifs [EAPC], 2004; Association

des infirmières et infirmiers du Canada, 2013; National Consensus Project for Quality

Palliative Care, 2009; Comité des normes en soins infirmiers de l’Association canadienne

de soins palliatifs [ACSP], 2009; Ministère de la Santé et de la Protection sociale en

France, 2004; MSSS, 2008; Société Suisse de médecine et de soins palliatifs, 2012).

Toutefois, ces différents guides et normes concernent l’Amérique du Nord et l’Europe. À

notre connaissance, aucun guide de pratique ou référentiel de compétences en soins

palliatifs n’existe au Liban ni au Moyen-Orient. Le « plan directeur de développement des

compétences des intervenants en soins palliatifs », élaboré par le MSSS du Québec en

2008, a été retenu pour encadrer la pratique en soins infirmiers palliatifs dans le contexte

de cette recherche. En effet, l’ensemble des dimensions des soins palliatifs déjà

répertoriées est présent, celles-ci sont définies clairement et comportent des éléments

opérationnels qui permettent de les repérer au sein de la pratique d’infirmières en

oncologie auprès de personnes en fin de vie, dans le cadre de cette étude.

Le plan directeur de développement des compétences des intervenants en soins palliatifs

du Québec permettra, grâce à une vision holistique, de circonscrire surtout le rôle de

58

l’infirmière. Il décrit ce qu’elle devrait être capable de faire pour soigner une personne

atteinte d’une maladie grave et situe la pratique des infirmières dans le domaine des soins

infirmiers palliatifs. À cet effet, le plan directeur (Tableau 1) propose 10 domaines de

compétence [DC], ainsi que les compétences générales et spécifiques pour chacun de ces

domaines (MSSS, 2008). Le choix des dix domaines de compétence repose sur une

recension de la littérature en soins palliatifs et sur les normes canadiennes de soins

palliatifs (Ferris et al., 2002). Parmi les dix domaines d’habiletés génériques, cinq d’entre

eux concernent des compétences relatives aux besoins fondamentaux de la personne

malade et ses proches. Il s’agit des domaines en lien avec la douleur et les symptômes, les

besoins psychosociaux et spirituels, les besoins liés à l’organisation de la vie quotidienne,

l’agonie et le décès, et enfin le deuil. Quant aux cinq autres domaines, ils concernent des

compétences relatives aux « modalités des soins », telles que la communication, la

collaboration, les questions éthiques et légales, le développement personnel et

professionnel, et enfin l’organisation des services de santé. Bien que les domaines et les

compétences générales soient transversaux et partagés par les membres de l’équipe

interdisciplinaire, les compétences spécifiques sont propres à chacune des disciplines

(MSSS, 2008).

Tableau 1

Synthèse des domaines de compétence (DC) et des compétences générales et spécifiques

des intervenants en soins palliatifs (MSSS, 2008)

Compétences générales Compétences spécifiques des infirmières

DC#1. Domaine de compétence : Douleur et symptômes

Observer, évaluer et traiter la douleur

et les symptômes.

- Collaborer avec la personne, ses proches et l’équipe

interdisciplinaire pour élaborer un plan de gestion de la

douleur et des symptômes ; évaluer, réévaluer et réviser les

objectifs et le plan de soins selon les besoins. - Comprendre les classifications de la douleur et leur

importance pour une gestion efficace / Connaître la

physiologie de la douleur.

59

DC#2. Domaine de compétence : Besoins psychosociaux et spirituels

Évaluer les besoins psychosociaux et

spirituels de la personne et de ses

proches et y répondre.

- Cerner l’impact de la maladie grave au sein de la famille et

sur tous ses membres, de même que les conséquences

sociales qui en découlent.

- Aider la personne et ses proches à accéder aux ressources

appropriées pour répondre à leurs besoins de soutien

psychologique, social et spirituel. - Accompagner la personne et ses proches dans leur adaptation

à la maladie et aux pertes qui y sont associées. DC#3. Domaine de compétence : Besoins liés à l’organisation de la vie quotidienne

Offrir un soutien à la personne et à ses

proches pour déterminer leurs besoins

liés à l’organisation de la vie

quotidienne et trouver des moyens d’y

répondre.

- Aider la personne à conserver, dans la mesure du possible, sa

capacité fonctionnelle et son autonomie.

- Reconnaître les facteurs de stress inhérents à la prestation des

soins qui entraînent l’épuisement des proches.

- Aider la personne et ses proches à accéder aux ressources

appropriées pour répondre à leurs besoins de soutien

financier et pratique. DC#4. Domaine de compétence : Agonie et décès

Procurer un soutien à la personne et à

ses proches au moment de la fin de vie.

- Prévoir et reconnaître les signes et symptômes d’une mort

imminente ; intervenir. - Connaître et appliquer les stratégies de gestion de la douleur

et des symptômes, caractéristiques des dernières heures de

vie (incluant la sédation palliative). - Aider la personne et ses proches à se préparer au moment de

la mort. - Accompagner la personne et ses proches en tenant compte de

leurs besoins. DC#5. Domaine de compétence : Deuil

Connaître les processus normaux et

atypiques de deuil. Savoir soutenir la personne et ses

proches dans ces processus.

- Connaître et comprendre les sentiments de perte et de deuil.

Reconnaître les réactions normales relatives au deuil.

Distinguer les catégories de deuils. - Aider les proches à reconnaître et prévoir leurs réactions

personnelles à la perte et à la mort, et les orienter vers des

ressources s’il y a lieu. - Reconnaître les personnes qui sont à risque de vivre un deuil

atypique et les orienter vers d’autres professionnels de

l’équipe ou du réseau. DC#6. Domaine de compétence : Communication

Communiquer efficacement avec la

personne et ses proches.

- Comprendre et appliquer les principes généraux de la

communication. - Soutenir les proches dans les situations d’annonce de

mauvaises nouvelles. - Communiquer avec clarté et précision à la personne et à ses

proches les renseignements liés aux soins. - Fournir des renseignements pertinents adaptés au stade de

développement de la personne et de ses proches sur différents

aspects relatifs à la maladie et à ses conséquences.

60

DC#7. Domaine de compétence : Collaboration centrée sur la personne et ses proches

Collaborer en tant que membre d’une

équipe interdisciplinaire. Collaborer à la continuité des soins et

des services.

- Connaître précisément les rôles de chacun des membres de

l’équipe. - Communiquer efficacement avec les membres de l’équipe.

- Utiliser une approche interdisciplinaire dans le travail avec

les membres de l’équipe en soins palliatifs et les autres

membres du personnel soignant. - Favoriser la collaboration en discutant avec les membres

appropriés de l’équipe interdisciplinaire et en dirigeant la

personne et ses proches vers ces membres. DC#8. Domaine de compétence : Questions éthiques et légales

Comprendre les dimensions éthiques et

légales pouvant influencer les services

de soins palliatifs. Collaborer aux discussions et aux

prises de décisions cliniques à

dimension éthique.

- Intégrer à sa pratique des repères éthiques et légaux

permettant d’élaborer un jugement éthique et assumer la

responsabilité de sa prise de parole, de ses décisions et de ses

actions.

- Discuter des principaux enjeux éthiques rencontrés dans la

pratique clinique et collaborer avec la personne, ses proches

et les membres de l’équipe interdisciplinaire, aux prises de

décisions cliniques comportant des enjeux éthiques. DC#9. Domaine de compétence : Développement personnel et professionnel

Être capable d’introspection.

Améliorer sa pratique clinique et

promouvoir le développement de la

profession.

- Reconnaître l’influence de ses propres valeurs et croyances

sur la prestation des soins.

- Reconnaître les facteurs de stress particuliers aux soins

infirmiers palliatifs et déterminer des stratégies d’adaptation

qui assurent le bien-être. - Reconnaître les pertes et les deuils multiples qui

s’accumulent et prendre les mesures appropriées pour s’y

adapter. - Participer régulièrement à des activités de formation et mettre

en pratique ses nouvelles connaissances en dispensant des

soins infirmiers palliatifs. DC#10. Domaine de compétence : Soins palliatifs et organisation des services de santé

Connaître les différents enjeux relatifs à

l’offre de soins palliatifs dans le

contexte québécois.

- Connaître l’évolution historique, les valeurs et les principes

du mouvement des soins palliatifs.

- Être en mesure de discuter de la structure et des modèles des

différents services de soins palliatifs qui sont offerts dans sa

région. Tiré de : « Plan directeur de développement des compétences des intervenants en soins palliatifs » ;

Ministère de la Santé et des Services Sociaux [MSSS] du Québec (2008, p.58-70).

Bref, malgré l’importance du développement des compétences des infirmières en soins

palliatifs, des facteurs peuvent entraver ou faciliter la pratique infirmière en soins palliatifs

et la prise en charge adéquate des patients en fin de vie. Les paragraphes qui suivent

décrivent une synthèse de ces facteurs.

61

3.2 Les facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins

palliatifs

La recension des écrits a mis en évidence des facteurs contraignant ou facilitant la pratique

infirmière en soins palliatifs (Tableau 2). Les facteurs qui entravent la pratique infirmière en soins

palliatifs ont été classés selon trois types d’ordres : professionnel, organisationnel et émotionnel.

Au niveau professionnel, ces facteurs sont en lien avec la divergence de décision et la résistance

des médecins pour la transition aux soins palliatifs, au manque de temps alloué pour les soins

palliatifs, au manque de formation spécialisée en soins palliatifs ou à la difficulté de

communication et de collaboration interdisciplinaire. Quant aux facteurs organisationnels, ils

concernent en particulier la structure organisationnelle et le manque de ressources humaines et

matérielles. Enfin, les facteurs émotionnels décrivent l’épuisement émotionnel des infirmières

face à leur confrontation quotidienne à la mort. Par ailleurs, divers facteurs facilitants ont été

identifiés. En particulier la nécessité de soutenir la décision de transition aux soins palliatifs,

d’équilibrer le temps entre le curatif et le palliatif, de favoriser le développement des

connaissances dans le domaine des soins palliatifs par une meilleure formation, d’assurer une

communication efficace et de maintenir une bonne collaboration interdisciplinaire. De même, le

fait d’assurer un environnement physique adéquat constitue un facteur organisationnel facilitant

une pratique de soins palliatifs individualisés. Quant aux facteurs émotionnels, les écrits insistent

sur l’importance de valoriser et d’assurer le soutien aux infirmières pour gérer leurs émotions afin

de préserver leur équilibre émotionnel.

Tableau 2

Facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs

Types de facteurs (FA) Facteurs contraignants Facteurs facilitants

Professionnels Décisions divergentes (FA#1)

Résistance médicale (FA#2)

Manque de temps (FA#3)

Manque de connaissances

/Formation (FA#4)

Difficultés de communication

(FA 5)

Manque de collaboration

interdisciplinaire (FA#6)

Transition tôt aux soins palliatifs

dans la trajectoire de la maladie

Équilibre curatif et palliatif

Développement de

connaissances/Formations

spécifiques

Communication efficace

Développement de la collaboration

interdisciplinaire

62

Organisationnels Structure organisationnelle

(FA#7)

Manque de ressources

humaines et matérielles (FA#8)

Environnement physique adéquat

Accessibilité aux ressources humaines

et matérielles

Émotionnels Exigences/Épuisement

émotionnels (FA#9) Préservation équilibre émotionnel des

infirmières/Valorisation

En bref, le plan directeur de développement des compétences des intervenants en soins

palliatifs du Québec (MSSS, 2008) et les facteurs facilitants et contraignants guident la

compréhension de l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs dans les différents

domaines de compétence des infirmières, et permettent de soutenir la discussion des

résultats. Cependant, à la connaissance de l’étudiante-chercheuse, le Plan directeur

(MSSS, 2008) n’a pas été testé empiriquement. De plus, ce plan directeur ainsi que les

facteurs facilitants ou contraignants sont assez génériques et ne développent pas certains

aspects de l’approche humaniste de soins palliatifs. Cette approche fait appel à la relation

transpersonnelle qui apparaît pendant les moments de vulnérabilité entre l’infirmière et le

patient, d’où l’importance de s’ouvrir à un cadre théorique qui prône l’humanité dans les

soins.

Plusieurs auteurs (Cara & O’Reilly, 2008; Jesse, 2010; Meleis, 2012; Noel, 2010; Pépin

et al., 2017; Vandenhouten, Kubsh, Peterson, Murdock, & Leher, 2012; Watson, 2006)

identifient le caring comme un processus intersubjectif humain. Ce processus a comme

objectif ultime, le respect de la dignité de la personne soignée et la préservation de

l’humanité dans les soins. À cet effet, la théorie du Human Caring de Jean Watson (1979)

s’ajoute au cadre de compétences du MSSS (2008) pour mieux définir la relation

thérapeutique. Selon l’approche humaniste du caring, la relation thérapeutique est

l’empreinte de compassion et d’empathie dans la pratique en soins infirmiers palliatifs

(Watson, 1979). De plus, la théorie du Human Caring de Jean Watson (1979) permet

d’assurer un ancrage théorique disciplinaire à cette étude en sciences infirmières.

3.3 La Théorie du Human Caring de Jean Watson

Le caring constitue une philosophie des soins humanistes. Selon la Théorie du Human

Caring de Jean Watson (1979), le caring est un idéal fondé sur un engagement moral

63

envers la protection de la dignité humaine et la préservation de l’humanité. Le caring

signifie également, le soutien de la personne en respectant ses valeurs, ses croyances, son

mode de vie et sa culture (Pépin et al., 2017; Leininger, 2002; Watson 1997). En fait,

Watson postule que le caring constitue un élément fondamental de la pratique infirmière.

Il promeut d’une part, les soins infirmiers holistiques, solidement ancrés dans les sciences,

et d’autre part, l’art d’une pratique professionnelle. Cette pratique cible la promotion de

la santé dans une harmonie du corps, de l’âme et de l’esprit (Watson, 2012). Considérant

que cette théorie offre une approche claire sur la nature du caring et des éléments qui le

constituent, elle pourrait occuper une place de choix lors de la pratique des soins palliatifs.

Ainsi, par la relation transpersonnelle et par le moment du caring, l’infirmière pourrait

accompagner le patient. Elle aiderait le patient atteint d’une maladie grave incurable, à

comprendre l’expérience de sa maladie ainsi qu’à partager ses sentiments négatifs et

positifs. De même, elle pourrait démontrer de l’empathie, de la chaleur humaine, de la

compassion, du respect pour sa dignité et de la considération par rapport à ses besoins.

Trois éléments principaux constituent la Théorie du caring humain de Watson, soit 1) la

relation transpersonnelle; 2) le moment du caring et 3) les processus de caritas cliniques.

3.3.1 La relation transpersonnelle

La relation transpersonnelle est un élément primordial de la Théorie du Human Caring.

Elle caractérise une relation entre le soignant et le soigné, qui s’appuie sur des valeurs

humanistes (Watson, 2012). Cette relation met l’accent sur la composante humaine des

soins, et réfère à une relation intersubjective d’humain à humain. La relation

transpersonnelle de caring privilégie la connaissance et le contrôle de soi. Elle désigne la

notion d’« être avec » un autre être humain, en étant relié d’« âme à âme » (Watson, 2006).

En s’appuyant sur l’authenticité d’être et de devenir, cette relation vise, à la fois, la

préservation de la dignité humaine de la personne soignée ainsi que son intégralité (Cara

& O’Reilly, 2008). Il est à noter que dans cette relation transpersonnelle, les notions

d’intentionnalité et de champ d’énergie représentent les fondements du caring qui assurent

la relation soignant-soigné (Pépin et al., 2017; Watson, 2012).

64

À cet effet, Jesse (2010) ajoute que l’habileté des infirmières de se connecter avec une

autre personne dans cette relation transpersonnelle d’esprit à esprit est traduite par les

mouvements, les gestes, les expressions faciales et verbales, les procédures, les

informations, le toucher, ou d’autres moyens de communication de l’art humain des soins.

3.3.2 Le moment du caring

Le moment réel du caring est le point focal, dans le temps et l’espace, où l’infirmière et

la personne soignée sont en interaction. Ces deux personnes se rencontrent avec leur

champ phénoménal (Cara & O’Reilly, 2008; Caruso, Cisar, & Pipe, 2008; Pépin et al.,

2017 ; Vandenhouten et al., 2012; Watson, 2012). Ce moment de caring requiert des

connaissances, des habiletés et des attitudes d’écoute active pour que l’infirmière soit dans

l’unicité de la relation avec chacune des personnes soignées (Watson, 2012).

À cet effet, Watson (2005) invite les infirmières à se détourner du monde de la technologie

et à rejoindre le monde de la connexion entre deux humains par un moment de caring,

pour combler des besoins humains. L’influence du moment du caring dépend de la

relation et de la nature de celui-ci. Ce moment devient une opportunité de choix et

d’actions dans la mesure où les personnes impliquées décident de la façon d’être, dans le

processus relationnel ou dans le moment du caring (Pépin et al., 2017). L’infirmière

s’appuie sur l’authenticité pour vivre un moment de caring avec la personne soignée, et

atteindre une harmonie entre âme, corps et esprit, lorsque son champ phénoménal

rencontre celui de la soignée (Watson, 2012). Pour ce faire, Watson a proposé dix

processus de caritas cliniques qui traduisent une philosophie humaniste et des valeurs, en

même temps qui fournissent des pistes pour mettre le caring en pratique (Pépin et al.,

2017).

3.3.3 Les processus de caritas cliniques

Les processus de Caritas Cliniques [PCC] (Tableau 3) élaborés par Watson (2012, tirés

de Pépin et al., 2017, p.73) sont:

65

Tableau 3

Processus de caritas cliniques de Jean Watson

Processus de caritas cliniques (PCC)

PCC#1. La pratique d’amour-bonté et d’égalité dans un contexte de conscience caring ;

PCC#2. La facilitation et le maintien d’un système de croyances profondes et le monde

subjectif du soignant et du soigné, en étant authentiquement présent ;

PCC#3. La culture de ses propres pratiques spirituelles et du soi transpersonnel et aller

au-delà du soi ego, s’ouvrir aux autres avec sensibilité et compassion ;

PCC#4. Le développement d’une relation d’aide et de confiance empreinte de caring ;

PCC#5. La présence et le soutien de l’expression des sentiments positifs et négatifs ;

PCC#6. L’utilisation créative du soi et de tous les modes de savoirs comme faisant

partie du processus de caring ; l’engagement dans les pratiques artistiques du caring-

healing ;

PCC#7. L’engagement dans une expérience d’enseignement-apprentissage authentique

qui s’intéresse à l’unité de l’être et à la signification ;

PCC#8. La création d’un environnement facilitant la guérison (healing) à tous les

niveaux par lesquels il y a l’entièreté, la beauté, le confort, la dignité et la paix ;

PCC#9. L’assistance en regard des besoins de base, avec une conscience de caring

intentionnelle, l’administration des soins humains essentiels qui potentialisent

l’alignement « esprit-corps-âme », l’intégralité et l’unité de la personne dans tous les

aspects du soin, entretenir l’incarnation et l’évolution de l’émergence spirituelle ;

PCC#10. L’ouverture et l’attention aux dimensions spirituelles-mystérieuses de sa

propre vie-mort ; soin de l’âme pour soi-même et pour le soigné.

En effet, ces dix processus s’avèrent pertinents à l’encadrement de la pratique infirmière

en soins palliatifs. Imprégnés de spiritualité et d’amour, ils pourront contribuer à soutenir

le développement de la dimension relationnelle et transpersonnelle du caring entre

l’infirmière et la personne soignée en soins palliatifs. Par conséquent, ils contribueront à

la compréhension du phénomène à l’étude. En développant des attitudes humanistes et

des comportements altruistes, proposés par les processus de caritas cliniques, l’infirmière

acquiert certaines habiletés. Ces habiletés lui permettent de communiquer et de pratiquer

les soins palliatifs et les actes de la vie quotidienne avec amour et bonté. Ainsi, les patients

en phase terminale de la maladie peuvent bénéficier d’une relation humaine empreinte de

caring à l’intérieur d’un climat de confiance. De même, ces processus de caritas cliniques

encouragent et soutiennent le développement de la relation transpersonnelle de caring

entre l’infirmière et la clientèle bénéficiant de soins palliatifs. Ces processus fournissent

également, des pistes qui aident l’infirmière à s’engager dans une expérience

66

d’enseignement-apprentissage authentique et à l’assister en regard des besoins de base,

avec une conscience de caring intentionnelle. De même, à travers une relation humaniste

de caring, l’infirmière répond aux besoins psychologiques et spirituels du patient, à

travers le maintien de son système de croyances et en s’ouvrant aux dimensions

spirituelles.

Les études de Poirier et Sossong (2010) et de Zamanzadeh et al. (2010), cités

précédemment, se rejoignent dans leurs propos. Les auteurs soulignent que les patients en

phase terminale de la maladie peuvent privilégier, à l’intérieur d’un climat de confiance,

d’une relation interpersonnelle avec l’infirmière et bénéficier d’une relation humaine

empreinte de caring. Poirier et Sossong (2010) ont utilisé comme cadre de référence pour

leur étude descriptive comparative, la Théorie du Human Caring de Watson ainsi que

l’instrument Caring Behaviors Inventory-Elders [CBI-E] pour mesurer le caring. Tandis

que Zamanzadeh et al. (2010) n’ont pas mentionné de cadre de référence dans leur

recherche descriptive. Toutefois, Fortin et Bouchard (2009) présentent et interprètent leurs

résultats selon les fondements humanistes du caring. Ces auteurs ont souligné que

l’expérience auprès des personnes en fin de vie s’est réalisée par un accompagnement basé

sur l’empathie, l’écoute et la compassion. Cet accompagnement est empreint d’une

approche humaniste du caring.

Enfin, s’appuyer sur la théorie du Human Caring aide à mieux circonscrire les soins

palliatifs dans une approche humaniste, selon une conception de la discipline infirmière,

afin de guider les infirmières à prodiguer des soins holistiques. Cette théorie aide aussi, à

accompagner le patient en fin de vie, à améliorer la communication, à démontrer de la

compassion en soulageant la souffrance des patients et de leur famille et à accompagner

les patients mourants dans la dignité.

3.4 Le cadre de référence intégrateur

Les dix Domaines de Compétences [DC] ciblés par le MSSS (2008) du Québec et les

Facteurs contraignants ou facilitants [FA] recensés dans les écrits, ont constitué dans cette

présente étude des guides pour faciliter la compréhension de la pratique infirmière en soins

67

palliatifs. Les dix domaines de compétences du MSSS (2008) ont un double objectif. Ils

décrivent d’une part, ce qui est attendu des infirmières, et ciblent d’autre part, leurs

domaines d’expertise. Dans cette perspective, ces domaines tracent le chemin, afin que

les infirmières soient en mesure de répondre aux besoins des personnes atteintes de cancer,

d’assurer leur confort et de maintenir leur qualité de vie. Bien que ces domaines

permettent de mieux circonscrire la pratique infirmière en soins palliatifs, ces derniers

sont confrontés à des facteurs qui freinent l’application de cette pratique. De même, ces

domaines ne précisent pas l’approche à adopter pour mettre en œuvre cette pratique. À cet

effet, la théorie du Human caring de Watson (1979) s’ajoute en toile de fond, à travers les

Processus de Caritas Cliniques [PCC], comme un filtre pour guider la relation

transpersonnelle entre l’infirmière et la personne soignée lors de la pratique des soins

palliatifs en fin de vie. De même, cette théorie a servi de guide aussi bien pour les

entrevues que pour l’analyse. Ainsi, l’intégration de ces trois éléments forme le cadre de

référence de cette étude (Figure 1).

68

Figure 1 Cadre de référence intégrateur

Dans la Figure 1, les FA sont exposés dans le cercle blanc le plus extérieur, les dix DC

sont présentés dans le cercle intermédiaire rose, et les dix PCC sont représentés dans le

cercle interne bleu. La flèche verte, située en haut et au centre de la Figure, représente la

pratique que l’infirmière exerce en soins palliatifs auprès du patient et de sa famille, qui

sont, eux, au centre des soins dans le cercle gris. Les flèches hachurées, qui vont des

domaines aux processus de caritas cliniques, représentent la relation humaniste du caring

qui guide l’infirmière pour accomplir les soins palliatifs. Quant aux flèches pleines

recourbées, elles représentent un alignement cohérent des FA avec les DC ou les PCC.

Ainsi, par son développement personnel et professionnel (DC#9), l’infirmière tente

continuellement d’améliorer sa pratique et de s’enrichir d’une pratique humaniste auprès

69

des patients en fin de vie. Cette pratique se caractérise par de l’amour et de la bonté

(PCC#1), mais aussi par l’utilisation créative de soi (PCC#6), pour accompagner le patient

dans la recherche d’un sens à son existence. Cette pratique est représentée par la flèche

hachurée en bleue gitane. Toutefois, le développement professionnel peut être limité par

le manque de connaissances et de formation (FA#4) sur la philosophie des soins palliatifs.

Cette limite est représentée par la flèche recourbée bleue foncée.

Par ailleurs, les flèches hachurées en couleur verte montrent que pour apporter une réponse

et un soulagement de la douleur et des symptômes physiques du patient (DC#1),

l’infirmière l’assiste en regard des besoins de base de son corps (PCC#9) et crée un

environnement facilitant la guérison (PCC#8). Toutefois, les infirmières ont souvent des

difficultés à établir une harmonie entre le curing et le caring suite aux décisions

divergentes (FA#1) pour la transition vers les soins palliatifs dans la trajectoire de la

maladie. À cela s’ajoute des barrières organisationnelles en lien avec le manque de

ressources humaines (FA#8), ce qui induit une surcharge de travail pour les infirmières et

un manque de temps pour les soins palliatifs (FA#3). Cet alignement est représenté par

les deux flèches recourbées en bleu turquoise.

L’infirmière répond également aux besoins psychologiques et spirituels du patient (DC#2),

soit à son âme, à travers le maintien de son système de croyances (PCC#2) et en s’ouvrant

aux dimensions spirituelles (PCC#10). Elle s’intéresse encore à son esprit, à travers ses

émotions tout en le laissant exprimer ses sentiments positifs et négatifs (PCC#5). Mais

aussi, elle assure le réconfort et le soutien psychologique, en étant authentiquement

présente (PCC#2). Cette interaction est représentée par les flèches hachurées jaunes.

Ainsi, à la lumière de la théorie de Watson (2012), cette harmonie entre le corps, l’âme et

l’esprit influence la connexion entre l’infirmière et le patient (PCC#9). De même, elle

facilite la relation humaine transpersonnelle dans un contexte de caring. Cette harmonie

est représentée par les flèches noires hachurées. Cependant, le manque de formation

(FA#4) des professionnels de la santé est susceptible de freiner la pratique d’une approche

globale dans ce domaine. Cette limite est représentée par la flèche recourbée en rose

foncée.

70

Selon les domaines de compétences, en lien avec les moments de deuil (DC#4), d’agonie

et de décès (DC#5), l’infirmière aide les proches à reconnaître leurs réactions

personnelles. Par conséquent, cela exige le développement d’une relation de confiance

(PCC#4), empreinte de caring pour pouvoir soutenir leurs sentiments positifs et négatifs

(PCC#5) et faciliter le processus normal de deuil. Une relation humaniste suppose

également le respect de leurs perceptions de la mort en leur procurant un moment

d’intimité et en respectant leur dignité au moment de la fin de vie (PCC#8). Cette relation

est représentée par les flèches rouges hachurées. Cependant, ce choix est susceptible de

rencontrer des barrières émotionnelles dans la pratique infirmière en soins palliatifs.

L’épuisement émotionnel est souvent en lien avec les deuils multiples que vivent les

infirmières lors des décès des patients (FA#9). Cette exigence émotionnelle fait référence

aussi à la vulnérabilité des infirmières, qui se voient souvent soumises à une pression

psychologique et une impuissance face à des soins qui vont à l’encontre de leurs valeurs

personnelles. Cette exigence est représentée par la flèche recourbée verte.

De même, les facteurs contraignants ont mis en évidence certains enjeux au niveau de la

création d’un environnement facilitant la guérison (PCC#8). Ces enjeux sont relatifs à

l’offre de soins palliatifs au niveau de la structure organisationnelle (FA#7) qui limite

l’intimité des soins avec le patient et sa famille d’une part, et avec l’équipe soignante,

d’autre part. De même, un autre enjeu est en lien avec la résistance médicale (FA#2). Les

enjeux de ces facteurs sont représentés par la flèche recourbée rouge en bas de la Figure.

Par sa collaboration centrée sur la personne et ses proches (DC#7), l’infirmière contribue,

en tant que membre de l’équipe interdisciplinaire, à la continuité des soins et des services,

en s’ouvrant aux autres, avec sensibilité et compassion (PCC#3). Cette collaboration est

démontrée par une flèche hachurée rose foncé. En effet, elle favorise une bonne transition

entre les différents membres de l’équipe interdisciplinaire d’une part, et les infirmières de

l’unité d’oncologie, d’autre part. Toutefois, cette relation centrée sur la personne et ses

proches est parfois sujette à des facteurs contraignants en lien avec les difficultés de

communication (FA#5) et le manque de collaboration interdisciplinaire (FA#6). Elle est

représentée par les deux flèches recourbées jaunes en haut de la Figure.

71

De plus, connaissant les différents enjeux éthiques et ceux relatifs à l’organisation des

services de soins palliatifs au Liban (DC#8; DC#10), l’infirmière de l’équipe mobile

participe aux décisions cliniques, et aide le patient et ses proches à l’accès aux ressources

appropriées par l’organisation de la vie quotidienne (DC#3). À cet effet, elle s’engage

dans un processus d’enseignement-apprentissage authentique (PCC#7) avec les proches,

afin de créer un environnement facilitant la guérison (PCC#8). Elle œuvre, de même, à les

habiliter à la prestation de soins à domicile. Pour ce faire, elle établit une communication

claire et précise avec les proches (DC#6). Cette interaction est démontrée dans les flèches

hachurées de couleur orange en bas de la Figure.

En résumé, le cadre de référence est constitué de trois éléments. D’une part, le Plan

directeur de développement des compétences des intervenants en soins palliatifs (MSSS,

2008) du Québec et les facteurs contraignants ou facilitants issus de la recension des écrits,

encadrent la compréhension d’une pratique des soins infirmiers palliatifs. D’autre part, la

Théorie du Human Caring de Watson aide à définir et à guider les aspects humanistes de

la relation transpersonnelle entre l’infirmière et la personne soignée lors de la pratique en

soins palliatifs en fin de vie. D’ailleurs, ces trois éléments se complètent. Force est de

constater que les domaines de compétence du Plan directeur donnent une vision

fragmentée de la personne, qu’ils divisent selon plusieurs besoins. D’où le risque de perdre

de vue la personne en soi, son expérience ou le sens qu’elle accorde à sa vie. De même,

les domaines de compétence mettent l’accent sur la communication, qui est très technique,

mais n’abordent pas la relation humaniste, qui est au cœur des soins palliatifs.

De plus, les facteurs contraignants ou facilitants ainsi que le Plan directeur n’offrent pas

de vision infirmière et disciplinaire de la personne, du soin et de la santé. Pour ce faire,

c’est la Théorie Humaniste du Caring qui pourrait aider à réconcilier et à combler cet

écart. Ainsi, par la relation transpersonnelle et par le moment du caring, l’infirmière

pourra accompagner le patient, qui a une maladie grave incurable, à comprendre

l’expérience de sa maladie ainsi qu’à partager ses sentiments négatifs et positifs. De

même, elle pourra démontrer de l’empathie, de la chaleur humaine, de la compassion, du

respect pour sa dignité et de la considération par rapport à ses besoins. Par conséquent,

72

l’approche holistique des soins, empreinte de l’approche de caring, émerge dans la

pratique professionnelle des infirmières en soins palliatifs.

3.5 Les questions spécifiques de recherche

Ainsi, pour répondre à la question principale : Comment s’exerce la pratique infirmière

en soins palliatifs, auprès de patients en fin de vie atteints de cancer, au sein d’une équipe

interdisciplinaire, d’une région du Liban ? et suite à la recension des écrits et le choix du

cadre de référence, deux questions spécifiques de recherche sont énoncées :

1) Comment s’exerce la pratique du caring en soins palliatifs auprès de patients, en

fin de vie, atteints de cancer dans une région du Liban ?

2) Quels sont les facteurs contraignant ou facilitant la mise en œuvre de la pratique

infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe interdisciplinaire dans une

région du Liban ?

`

73

Chapitre 4 - Méthode

Dans ce quatrième chapitre, l’approche privilégiée pour atteindre le but et répondre aux

questions de recherche est présentée dans un premier temps. Elle est suivie par le choix et

la justification du devis d’étude de cas. Le déroulement de l’étude, suit dans un deuxième

temps. Ainsi, les stratégies de recrutement, les méthodes de collecte et le plan d’analyse

des données sont décrits. Finalement, les critères de rigueur scientifique et les

considérations éthiques viennent conclure cette section.

4.1 L’approche privilégiée

Dans le cadre de cette recherche, l’approche privilégiée est qualitative. L’approche

qualitative vise à comprendre des concepts, des caractéristiques et des phénomènes vécus

par des personnes (Fortin & Gagnon, 2016). Cette étude qualitative s’inscrit dans le

paradigme interprétatif. Elle implique donc, une vision interprétative des phénomènes en

fonction des significations que les gens leur apportent (Denzin & Lincolin, 2005; Fortin

& Gagnon, 2016; Sylvain, 2008). Ainsi, les chercheurs dans ce paradigme tentent de

comprendre l’expérience humaine comme elle est vécue, grâce à la collecte et à l’analyse

de données subjectives et narratives. Selon Miles et Huberman (2003), l’approche

qualitative est mise en œuvre à travers un contact prolongé et intense avec une situation

qui reflète la vie d’individus, de groupes, de sociétés ou d’organisations au quotidien. Elle

permet par ailleurs, d’explorer un phénomène social d’un point de vue holistique

(Creswell, 2013; Gagnon, 2012; Miles & Huberman, 2003).

Ainsi, dans la présente étude, les données qualitatives colligées ont un caractère englobant,

ce qui permet de produire des descriptions et des explications riches pour faciliter une

compréhension en profondeur de la pratique infirmière en soins palliatifs, dans son

contexte réel et selon différentes perspectives. Le choix de cette approche qualitative

s'avère tout indiqué pour cette recherche afin d’obtenir une description et une explication

profonde d’un phénomène peu présent dans la littérature et particulièrement, dans un

contexte libanais, soit la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe

interdisciplinaire.

74

4.2 Le devis de recherche : choix et justification

Le principal objectif du devis descriptif, selon Fortin et Gagnon (2016), est de dresser un

portrait précis des caractéristiques d’une personne, d’une situation ou d’un groupe. Ce

devis semble ainsi, approprié pour cette étude. Cette étude cherche en effet à décrire la

pratique infirmière afin de mieux la comprendre, particulièrement dans le domaine des

soins palliatifs, au sein d'une équipe interdisciplinaire et dans un contexte libanais.

L'approche descriptive qualitative permet, non seulement d'obtenir une description

détaillée du phénomène du point de vue des infirmières, mais elle permet également,

d'intégrer une nouvelle perspective. Cette approche intègre les acteurs impliqués dans la

pratique et le développement des soins palliatifs au Liban. La description ainsi que

l’explication du phénomène seront considérées comme des réalités significatives.

L'approche descriptive qualitative permet ainsi, de décrire un phénomène peu connu

(Fortin & Gagnon, 2016 ; Sandelowski, 2011). Dans le cadre de cette étude, le devis

descriptif qualitatif choisi est une étude de cas. L’étude de cas, au moyen d’une approche

qualitative, donne accès aux informations souhaitées et tient compte, comme l’explique

Yin (2014), des conditions contextuelles du phénomène à l’étude.

4.3 L’étude de cas

L’étude de cas permet d’étudier en profondeur un phénomène, un événement, un groupe

ou un ensemble d’individus, pour en obtenir une description précise (Yin, 2014). Elle est

indiquée quand on dispose de peu de données sur le phénomène étudié, et que la recherche

projetée suggère l’investigation en profondeur d’un phénomène contemporain, dans son

contexte réel (Gagnon, 2012; Yin, 2014). L’étude de cas consiste également, à faire état

d’une situation réelle particulière, prise dans son contexte. Elle permet de découvrir

« comment » et « pourquoi » se manifestent et évoluent les phénomènes sociaux auxquels

le chercheur s’intéresse (Fortin & Gagnon, 2016; Yin, 2014). L’étude de cas est donc

pertinente pour répondre à la question principale de cette recherche. Cette question de

recherche vise à comprendre comment s’exerce la pratique infirmière en soins palliatifs,

dans son contexte réel, auprès de patients atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une

équipe interdisciplinaire, dans une région du Liban.

75

L’étude de cas peut être, selon le but et la perspective de l’étude, quantitative ou

qualitative, descriptive/exploratoire ou explicative, holistique ou imbriquée, simple ou

multiple (Fortin & Gagnon, 2016; Creswell, 2013; Yin, 2014). Deux raisons ont orienté

ce choix : le peu de données sur la pratique infirmière en soins palliatifs au Liban et

l’impossibilité d’envisager une étude de cas multiples dans plusieurs centres hospitaliers

dans le pays. Ainsi, une étude de cas simple avec des niveaux d’analyse imbriqués, en

raison du contexte socio-politique libanais, est proposée pour cette recherche.

Effectivement, une étude de cas simple suppose « l’analyse en profondeur de divers

aspects d’une situation pour en faire ressortir les éléments significatifs et les liens qui les

unissent » (Fortin & Gagnon, 2016, p.198). La méthode d’étude de cas à niveaux

d’analyse imbriqués sert de guide pour le processus de collecte des données empiriques.

Ces données proviennent de plusieurs sources et par le biais de différentes méthodes. Il

est important, de même, de signaler que le phénomène de la pratique en soins palliatifs au

sein d’une équipe interdisciplinaire au Liban, n’avait jamais été analysé sous cet angle

auparavant. Cet aspect constitue notamment une pertinence pour cette étude. Le devis

d'étude de cas implique au départ une définition du « cas ».

4.3.1 Le cas étudié

Le « cas » peut être un individu, une institution, un groupe, une organisation ou un

événement (Fortin & Gagnon, 2016 ; Yin, 2014). Dans le cadre de cette recherche, le cas

étudié (Figure 2) réfère à la pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients

atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe interdisciplinaire, dans la région de

Beyrouth au Liban. Le choix de cette décision découle du contexte actuel des soins

palliatifs au Liban. Ces soins sont en majorité dispensés dans les hôpitaux des grandes

villes, laissant un grand segment du pays sans accès à ces services de soins (Daher et al.,

2013). Une carte conceptuelle de l’étude de cas étudié est exposée à l’Annexe 1.

76

Figure 2. Étude de cas simple imbriquée

Deux raisons ont favorisé le choix du terrain. D’abord, il n’était pas possible d’étudier la

pratique infirmière en soins palliatifs sur tout le territoire libanais. De plus, il manque

d'unités de soins palliatifs dans le pays. C’est pourquoi, l’unité de soins en oncologie d’un

centre hospitalier situé dans la région de Beyrouth a été sélectionnée comme milieu pour

l’étude de cas. Cette unité offre des soins aux patients atteints de cancer en fin de vie.

4.3.2 Le milieu à l’étude

Le centre hospitalier universitaire choisi est un établissement privé, ouvert depuis 1923.

Il est considéré comme un pôle de référence aux niveaux national, régional et

international. Il dispose d’une capacité de 405 lits avec 30 213 admissions par an. Ce

centre hospitalier regroupe également, diverses unités où toutes les spécialités sont

représentées, de la consultation jusqu'à l'hospitalisation. Dans sa mission affichée sur son

site officiel, cet établissement s’engage à « assurer aux patients une médecine et des soins

77

de qualité et de les accueillir sans discrimination ». Le choix de cet hôpital est motivé par

le fait que ce dernier possède une équipe de soutien mobile. Cette équipe a un rôle de

conseil et d’expertise en soins palliatifs auprès des professionnels de la santé de

l’établissement. Dans l’attente de développer une unité de soins palliatifs, l’hôpital a

formé cette équipe interdisciplinaire de soutien mobile qui est composée d’une infirmière

spécialisée en soins palliatifs, d’un médecin qui a fait sa formation en soins palliatifs, d’un

pharmacien, d’un psychologue, d’un travailleur social, d’un aumônier et d’un

kinésithérapeute. Il est à noter, qu’à ce jour, c’est l’infirmière spécialisée qui fait la

coordination de la pratique des soins palliatifs auprès de l’équipe de soutien mobile et des

infirmières de l’unité d’oncologie.

La sélection de l’unité d’oncologie est justifiée non seulement par sa clientèle, mais aussi

par la pratique qui y est adoptée. En effet, les patients desservis dans cette unité ont des

besoins en soins palliatifs. De même, la pratique des soins palliatifs est étroitement liée

aux patients cancéreux en phase terminale. La capacité d’accueil pour l’unité d’oncologie

dans cet établissement est de 19 patients. Les infirmières dans cette unité sont au nombre

de dix, soit une infirmière-chef et neuf infirmières soignantes qui font la rotation de jour

et de nuit. Enfin, pour des considérations de faisabilité, les contacts personnels de

l’étudiante-chercheuse avec les responsables de l’hôpital ont facilité l’accès aux

ressources locales ainsi que l’intégration au milieu.

4.3.3 Les niveaux d’analyse imbriqués

Afin de mieux comprendre la pratique des soins palliatifs, l’étude de cas simple à trois

niveaux d’analyse imbriqués a été privilégiée, soit aux niveaux : individuel,

organisationnel et contextuel. La collecte des données auprès des infirmières permet

l’analyse au niveau individuel, tandis que la collecte des données auprès des

professionnels de la santé qui forment l’équipe interdisciplinaire de soutien mobile

conduit au niveau organisationnel. Quant au niveau contextuel, ce dernier est lien avec la

collecte des données auprès des membres du Comité National Libanais pour le contrôle

de la douleur et les soins palliatifs ainsi qu’auprès des membres de la famille des personnes

soignées. En accord avec l’étude de cas et les trois niveaux d’analyse imbriqués, quatre

78

grandes sources de collecte de données ont été privilégiées : 1) les entrevues individuelles

et de groupe, 2) l’observation, 3) les sources documentaires, et 4) le journal de bord

(Figure 2).

Ces différents niveaux d’analyse jouent plusieurs rôles. Ils permettent de diversifier les

connaissances, de mieux comprendre la pratique infirmière en soins palliatifs selon

différents acteurs participant à l’étude et d’assurer un maximum de diversité

interdisciplinaire. Selon Creswell (2013), cette diversification permet de contraster,

comparer et renforcer la véracité des résultats.

4.4 Le déroulement de l'étude

Dans cette section, les stratégies de recrutement ainsi que les méthodes de collecte et

d’analyse des données sont présentées tour à tour.

4.4.1 Les stratégies de recrutement : l’échantillonnage et les critères de sélection

L’échantillon par choix raisonné demeure la stratégie privilégiée dans l’étude de cas.

Ainsi, le choix des participants et des sites peut être fait en fonction du phénomène à

l’étude (Fortin & Gagnon, 2016). Dans cette recherche, l’unité d’oncologie d’un centre

hospitalier de la région urbaine de Beyrouth au Liban a été retenue par choix raisonné,

puisque que des soins palliatifs sont dispensés sur cette unité à des personnes en fin de vie

atteintes de cancer, avec le soutien d’une équipe interdisciplinaire mobile en soins

palliatifs. Cependant, bien que le site ait été sélectionné par choix raisonné, les participants

à l’étude ont plutôt été recrutés par une méthode de convenance, selon s’ils étaient

accessibles et s’il était possible de les rejoindre. Ainsi, l’ensemble de la population

accessible dans l’unité d’oncologie, qui se compose de l’infirmière-chef et de l’ensemble

des infirmières de l’unité de soins, a été invité à participer à l’étude. De même, tous les

professionnels de l’équipe de soutien mobile en soins palliatifs ont été invités à participer.

Finalement, des experts qui font partie du Comité national pour le contrôle de la douleur

et les soins palliatifs ainsi que des proches des personnes soignées qui ont expérimenté les

soins palliatifs dans l’établissement à l’étude ont été contactés pour participer à l’étude.

79

Pour l’ensemble des participants, les critères d’inclusion étaient les suivants : 1) être en

mesure de fournir une information détaillée quant à l’objet d’étude; 2) être capables de

s’exprimer en français et 3) être disponibles pour une entrevue et une validation des

conclusions. Pour les infirmières, 4) elles devaient travailler à titre d’infirmières

soignantes dans l’unité d’oncologie.

Par conséquent, l’infirmière de l’équipe de soutien mobile spécialisée en soins palliatifs

(n= 1), l’infirmière-chef de l’unité d’oncologie (n= 1), toutes les infirmières de l’unité

d’oncologie œuvrant le jour (n= 9), les professionnels de la santé de l’équipe de soutien

mobile en soins palliatifs (n= 4), des experts nationaux en soins palliatifs (n= 3), ainsi que

la famille de personnes soignées (n= 3) ont été recrutés.

Ainsi, après l’approbation des instances concernées, une rencontre avec le responsable de

l’équipe de soutien mobile a eu lieu afin de présenter plus précisément le projet de

recherche, de répondre aux questions et de solliciter la collaboration des membres de

l’équipe. Ensuite, pour collecter les données auprès des infirmières soignantes et de

l’infirmière-chef de l’unité participante, ces dernières ont été invitées à participer à l’étude

grâce aux gestionnaires de l’établissement. De même, chacune d’elles a rencontré

l’étudiante-chercheuse et a reçu des explications sur le projet ainsi que le formulaire de

consentement pour signature.

Quant aux experts, le projet de recherche a été présenté aux responsables du Comité

National de soins palliatifs, qui ont accordé leur participation. Ils ont par ailleurs, guidé

l’étudiante-chercheuse vers les personnes éligibles à participer et qui répondaient aux

critères d’inclusion de l’étude. Pour le recrutement de certains proches des patients, il a

été convenu, avec l’équipe mobile en soins palliatifs, de choisir des familles dont le proche

était décédé il y a environ deux mois, et qui avaient déjà expérimenté la pratique des soins

palliatifs dans le même établissement. Les coordonnées de ces personnes figurent dans le

registre de l’hôpital qui a, à son tour, donné l’accord de les fournir à l’étudiante-

chercheuse. Les proches ont été contactés par l’étudiante-chercheuse par appel

80

téléphonique et ont été invités à participer à l’étude. Les entrevues ont eu lieu selon la

convenance des proches.

Les périodes d'observation non participante (n=22) de la pratique en soins palliatifs, de

l’infirmière spécialisée et des infirmières de l’unité d’oncologie, ont été effectuées avant

leur entrevue, pour éviter la possibilité que les participantes changent de comportements

après la connaissance des thèmes abordés durant l’entrevue. Pour réaliser les périodes

d'observation, un calendrier des présences de l’étudiante-chercheuse fut réalisé en

collaboration avec les infirmières concernées. Par la suite, les entrevues individuelles ont

été effectuées.

4.4.2 Les méthodes de collecte des données

En accord avec l’étude de cas (Yin, 2014), le chercheur doit recourir à des méthodes de

collecte de données multiples et des sources d’information variées, afin d’effectuer une

évaluation globale du phénomène et de son contexte. D’ailleurs, Yin (2014) précise que

la triangulation des sources et des méthodes de données est un principe de base de la

collecte des données d’une étude de cas. En accord avec l’étude de cas simple imbriquée,

la production des données dans le cadre de cette recherche a été effectuée par une double

triangulation, soit des méthodes et des sources. Cette double triangulation inclut les

éléments suivants : 1) l’entrevue individuelle auprès de l’infirmière spécialisée en soins

palliatifs; 2) l’entrevue individuelle auprès de l’infirmière-chef en oncologie; 3) l’entrevue

individuelle auprès des infirmières de l’unité d’oncologie; 4) l’entrevue de groupe auprès

des professionnels de la santé de l’équipe de soutien mobile; 5) l’entrevue individuelle

auprès des experts en soins palliatifs; 6) l’entrevue individuelle auprès des membres de

famille; 7) l’étude des documents pertinents; 8) l’observation directe non participante de

la pratique infirmière en soins palliatifs et 9) le journal de bord de l’étudiante-chercheuse.

La collecte des données a eu lieu entre juillet 2015 et février 2016.

4.4.2.1 L’entrevue individuelle

L’entrevue individuelle constitue un outil de collecte de données privilégié pour l’étude

de cas qualitative, surtout qu’elle permet au chercheur d’accéder à l’expérience des

personnes et de comprendre la perception d’un phénomène tel qu’il est vécu par les

81

participants (Fortin, 2010; Yin, 2014). Dans le cadre de cette étude, 17 entrevues

individuelles semi-structurées ont été effectuées, après avoir obtenu le consentement des

personnes interviewées (Annexe 2), soit l’infirmière spécialisée en soins palliatifs,

l’infirmière-chef, les infirmières de l’unité d’oncologie, des experts nationaux en soins

palliatifs ainsi que de membres de famille des personnes soignées.

Suite à la signature du formulaire de consentement, les infirmières de l’unité d’oncologie

ont eu dans un premier temps à remplir un questionnaire sociodémographique, avant de

procéder à l’entrevue. Les entrevues ont eu lieu durant l’horaire de travail. Toutes les

entrevues ont été réalisées par l’étudiante-chercheuse. Elles ont pris fin à l’atteinte du

nombre total possible des participantes infirmières, soit la population accessible. Quant

aux entrevues auprès des experts en oncologie et des proches de patients décédés, il était

prévu initialement d’atteindre la saturation, mais des barrières inhérentes au recrutement

ne l’ont pas permis. Pour une entrevue semi-structurée, Poupart et al. (1997) suggèrent

que le chercheur guide la conversation sans l’imposer, mais en demeurant ouvert à

l’émergence de dimensions nouvelles non pressenties au départ. Ainsi, afin d’explorer le

phénomène en profondeur, la parole a été donnée aux participants avec la latitude requise

pour exprimer leurs opinions et expériences. Les différents répondants étaient appelés à

se prononcer selon un guide d’entrevue semi-structurée, individuelle ou de groupe, adapté

selon le type de participants (Annexe 3). Les questions traitaient en particulier : 1) de

l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs; 2) des obstacles et des facteurs

facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe interdisciplinaire;

3) des besoins des patients et de leur famille en fin de vie et 4) de l’approche du caring en

soins palliatifs auprès de patients en fin de vie atteints de cancer. Ces guides d’entrevue

ont été inspirés de la recension des écrits, du cadre de référence et des questions de

recherche de l’étude. Le guide d’entrevue adressé aux infirmières a été modifié dans un

continuel va-et-vient, et des probes ont été ajoutés pour tenter de recueillir un maximum

d’informations. Les différents guides adressés aux infirmières en oncologie, à

l’infirmière-chef, aux experts et aux familles ont été pré-testés préalablement auprès des

personnes répondant aux mêmes critères d’inclusion que les participants à l’étude (n=4).

Il est à noter que cette validation de la formulation et de la compréhension des questions

82

fut réalisée auprès d’une infirmière, d’une infirmière-chef, d’un expert et d’une famille

qui n’ont pas été inclus dans l’étude.

4.4.2.2 L’entrevue de groupe

L’utilisation de l’entrevue de groupe permet de confronter et de clarifier certaines idées

(Yin, 2014). Dans le cadre de cette recherche, l’entrevue de groupe a été réalisée lors

d’une rencontre avec quatre professionnels de la santé de l’équipe de soutien mobile dans

le but de susciter la réflexion et la discussion ouverte ainsi que l’échange des idées sur la

pratique infirmière en soins palliatifs dans le contexte libanais. Cette entrevue de groupe

a permis d’assurer un maximum de diversité interdisciplinaire ainsi qu’une

compréhension élargie de la pratique infirmière en soins palliatifs. Afin que les

participants puissent s’exprimer librement sur la pratique infirmière en soins palliatifs,

l’infirmière spécialisée de l’équipe mobile a plutôt été rencontrée en entrevue individuelle

et n’a pas participé à l’entrevue de groupe.

4.4.2.3 L’observation directe non participante

Dans le cadre d’une étude de cas, le chercheur a recours au plus grand nombre de sources

possibles pour recueillir les données sur le cas et de s’assurer que les informations

recueillies représentent bien la réalité (Yin, 2014). À cet effet, Gagnon (2012) propose de

« recueillir des données relatives à des comportements ou à des conditions

environnementales observables en étant présent dans le milieu » (p. 61). L’observation est

considérée également pour Yin (2014), comme une source importante de collecte des

données pour l’étude de cas. Elle vise à décrire les composantes d’une situation sociale

donnée afin d’en extraire des typologies ou la signification (Fortin & Gagnon, 2016). De

même, elle permet de relativiser l’écart entre les interventions effectuées dans le contexte

réel et ce que les personnes en disent (Poupart et al., 1997; Yin, 2014). En effet, la méthode

d’observation permet une description détaillée des comportements signifiants pour une

activité donnée telle que la pratique infirmière. Dans l’observation non participante, le

chercheur observe et enregistre ce qu’il voit sans intervenir dans les activités des

participants (Fortin & Gagnon, 2016). Étant donné que cette étude vise à comprendre la

pratique infirmière en soins palliatifs dans son contexte réel, l’observation directe non

83

participante des situations réelles de soins constitue l’une des méthodes pertinentes de

collecte des données. Ainsi, 22 périodes d’observation non participante, étalées sur seize

jours durant les mois de juillet et août 2015, ont eu lieu auprès de l’infirmière de l’équipe

mobile des soins palliatifs (12 périodes) et auprès de cinq infirmières (10 périodes)

travaillant dans l’unité d’oncologie et participant à l’étude. La durée de chaque

observation dépendait du soin effectué. Ainsi, le nombre total de périodes d’observation

est d’environ 24 heures.

En premier lieu, il était important d’établir une relation professionnelle et un lien de

confiance entre les intervenants et l’étudiante-chercheuse pour se faire accepter dans les

milieux observés. Par la suite, l’étudiante-chercheuse a passé plusieurs journées avec

l’infirmière de l’équipe mobile de soins palliatifs et a effectué les douze périodes

d’observation durant les soins effectués. L’observation de la pratique de cette infirmière

porte sur les actes infirmiers et les interactions avec les patients et leur famille. À cet effet,

l’infirmière de l’équipe mobile des soins palliatifs a sondé préalablement l’intérêt des

patients observés. Elle a pris contact avec les patients et leur famille en leur demandant

un premier accord verbal de participation à un projet de recherche. L’infirmière a expliqué

aux patients et leur famille que leur consentement était requis pour que l’étudiante-

chercheuse puisse assister et observer les soins effectués. Après avoir obtenu leur accord

verbal, l’étudiante-chercheuse a fait signer le formulaire d’information et de consentement

du patient avant de débuter la période d’observation du soin. Lorsque le patient n’était pas

dans un état lui permettant de donner son consentement, c’est la famille qui a consenti

pour lui. Quant aux infirmières du service d’oncologie, ces dernières ont été observées

durant leurs tournées auprès des mêmes patients référés par l’infirmière de l’équipe mobile

interdisciplinaire de soins palliatifs. Les dix périodes d’observation ont eu lieu auprès de

cinq infirmières travaillant dans l’unité d’oncologie et participant à l’étude. Une grille

d’observation (Annexe 4) a servi de guide pour décrire la pratique infirmière en soins

palliatifs.

84

4.4.2.4 L’étude des documents

L’étude documentaire constitue une des principales sources de données dans l’étude de

cas (Gagnon, 2012; Yin, 2014). Dans le cadre de cette présente étude, l’étudiante-

chercheuse a sélectionné deux documents pertinents, soit : 1) la fiche de « demande de

consultation » de l’équipe mobile de soins palliatifs et 2) la brochure d’information des

soins palliatifs « Nos mains dans vos mains pour accompagner la vie ». L’utilité de ces

documents réside dans leur capacité à corroborer les renseignements provenant d’autres

sources (Yin, 2014). Ces deux documents ont fait également, l’objet d’analyse à partir

d’une grille d’analyse documentaire (Annexe 5).

La fiche de « demande de consultation » constitue une fiche de liaison officielle entre le

médecin traitant et l’équipe mobile de soins palliatifs. Elle permet d’identifier les

différents besoins du patient référé en soins palliatifs. Les différentes thématiques traitées

dans le document incluent, dans une première section, la collecte des données personnelles

du patient, de ses antécédents, ainsi que l’histoire de sa maladie en incluant le diagnostic

et le pronostic. La deuxième section réfère à l’évaluation de la douleur et des autres

symptômes non contrôlés chez le patient. La troisième section comporte une identification

du contexte psycho familial et une évaluation de la dépendance et de la charge des soins

pour le patient. Une énumération des traitements du patient est finalement présentée.

La brochure d’information sur les soins palliatifs est représentée par un fascicule de

données sur les soins palliatifs qui est remis aux patients et à leur famille lors de la visite

de l’équipe mobile de soins palliatifs. Cette brochure est exposée dans le couloir du service

d’oncologie et des différentes unités de l’établissement pour être à la portée des patients

référés en soins palliatifs et de leurs proches. Il est à noter que cette brochure est écrite

dans les deux langues, soit en français et en arabe, pour faciliter sa diffusion. La définition

des soins palliatifs et leurs objectifs sont rédigés et présentés d’une façon claire. Dans

cette présentation, l’accent est mis sur plusieurs points dont la nécessité de gérer la douleur

et les autres symptômes, d’accorder une écoute et de préserver la qualité de vie ainsi que

la dignité du patient. L’équipe mobile interdisciplinaire de soins palliatifs est présentée

avec une description détaillée de son rôle de coordination et de conseil auprès des équipes

85

au sein de l’hôpital. Le fascicule décrit également, un modèle de soins palliatifs expliquant

le parcours du patient depuis le diagnostic jusqu’au décès, en passant par les soins curatifs,

palliatifs et terminaux.

4.4.2.5 Le journal de bord

Tout au long de l’étude, des notes de terrain ont été rédigées par l’étudiante-chercheuse

dans un journal de bord afin de tenir compte des impressions du moment et des constats

résultant des observations de la pratique infirmière en soins palliatifs. Des descriptions et

des commentaires sur chacune des entrevues, de même que sur les activités relatives à ce

projet, ont également été rédigés tout de suite après l'entrevue. Ainsi, il est possible

d’identifier certains facteurs qui pourraient influencer l'entrevue, et assurer par la suite

l’interprétation la plus juste possible des propos recueillis. De plus, l’étudiante-chercheuse

a aussi noté dans son journal de bord ses réflexions et remarques tout au long des périodes

d’observation.

4.5 Le plan d’analyse des données

Pour analyser les données de l’étude de cas, la méthode d’analyse de contenu qualitatif

proposée par Miles et Huberman (2003) est principalement utilisée dans cette présente

recherche qualitative. Cette méthode a été choisie en raison de son modèle itératif et

circulaire d’analyse des données comportant trois composantes-activités qui interagissent

au cours du processus d’analyse, soit 1) la condensation des données; 2) la présentation

des données et 3) l’élaboration et la vérification des conclusions. Selon Miles et Huberman

(2003), ces trois composantes-activités imbriquées interviennent simultanément en cours

d’analyse et après la collecte des données. Ainsi, les données recueillies sont traitées et

analysées au fur et à mesure de la collecte. Il est donc possible de détecter à temps les

données manquantes et de préparer la prochaine collecte des données en conséquence

(Mukamurera, Lacourse, & Couturier, 2006).

4.5.1 La condensation des données

Selon Miles et Huberman (2003), « la condensation des données renvoie à l’ensemble des

processus de sélection, simplification, abstraction et transformation des données brutes

86

figurant dans les transcriptions » (Miles & Huberman, 2003, p.29). La condensation des

données comprend la codification des données, l’élaboration de catégories et la

codification thématique.

4.5.1.1 La codification des données

La codification est un processus qui consiste à reconnaître les mots, les thèmes ou les

concepts récurrents et à leur attribuer des symboles ou des mots. Le système de

codification permet de diviser le texte en petites unités significatives. Les éléments de

données à coder sont découpés en unités de sens, parfois des mots seuls ou la plupart du

temps des segments de phrase ou de texte (Miles & Huberman, 2003).

4.5.1.2 L’élaboration de catégories

L’élaboration de catégories consiste à relever des thèmes saillants, des phrases récurrentes

et des modèles de référence qui lient les participants et les milieux en vue de dégager des

catégories significatives. C’est un regroupement de codes apparentés ou similaires (Fortin,

2010). Au fur et à mesure de la transformation des données, des thèmes sont identifiés,

puis classés par catégories et sous-catégories sous-tendues par des phrases ou

comportements (Miles & Huberman, 2003).

4.5.1.3 La codification thématique

La codification thématique sert à dégager des thèmes à travers l’examen des codes et des

catégories. Il s’agit d’un méta-code qui recherche les régularités répétables à travers tout

le corpus. Cette opération conduit à l’émergence de thèmes englobant des catégories et

des sous-catégories. Pour Fortin et Gagnon (2016), « les thèmes sont des modèles

généraux tirés des données, grâce à la catégorisation et à l’analyse d’unités de

signification » (p.363). Le codage thématique sert à regrouper chacun des segments en des

thèmes synthétiques, plus réduits (Miles & Huberman, 2003). Le codage thématique

remplit, dans l’analyse qualitative, quatre fonctions importantes (Miles & Huberman,

2003) à savoir:

87

1) il réduit de grandes quantités de données en un petit nombre d’unités

analytiques ; 2) il amène le chercheur à l’analyse pendant le recueil de données, de

sorte que les recueils ultérieurs peuvent être plus centrés ; 3) il l’aide à construire

une carte cognitive, un schéma évolutif lui permettant de comprendre ce qui se

passe sur un site et 4) lorsque plusieurs chercheurs sont engagés dans une seule

étude de cas, il établit les bases d’une analyse inter-site en révélant des thèmes

communs et des processus de causalité (p.133).

Selon Miles et Huberman (2003), la recherche de codes thématiques succède à une

intuition du chercheur concernant les relations entre les catégories. Elle peut se faire à

l’aide de différentes techniques, entre autres la triangulation qui permet de comparer

différentes sources, situations et méthodes pour vérifier le maintien des modèles

récurrents (Fortin & Gagnon, 2016).

4.5.2 La présentation des données

La présentation des données représente la seconde composante de l’activité analytique.

Selon Miles et Huberman (2003), la forme la plus fréquente pour présenter les données

qualitatives est le texte narratif. Outre les textes narratifs, Miles et Huberman (2003)

suggèrent également de regrouper les données autour de matrices et de figures descriptives

et explicatives, selon le but de l’analyse.

4.5.3 L’élaboration et la vérification des conclusions

La condensation et la présentation des données facilitent la formulation de conclusions

logiques issues de l’analyse des données. Il s’agit de dégager des significations pour

expliquer les données présentées. Les conclusions et les significations qui se dégagent des

données doivent être testées quant à la plausibilité et à la validité en cours d’analyse (Miles

& Huberman, 2003). La phase d’interprétation, qui intervient au fur et à mesure de

l’analyse, inclut également l’étape de vérification de la vraisemblance, la rigueur et la

validité des conclusions (Fortin & Gagnon, 2016 ; Miles & Huberman, 2003).

88

En résumé, les trois types d’activités analytiques des données forment un processus

cyclique et interactif et se présentent successivement au fil de l’analyse. Ainsi, « le

chercheur fait la navette entre la condensation, la présentation et l’élaboration/vérification

des conclusions tout le long de l’étude » (Miles & Huberman, 2003, p.31). Ainsi, des

conclusions et des décisions se dégagent, à mesure que la matrice est complétée (Miles &

Huberman, 2003). À cet effet et en s’aidant de tableaux, une synthèse pour chacune des

entrevues est rédigée, suivie d’une synthèse globale. Ainsi, la synthèse des entrevues

individuelles (de l’infirmière spécialisée, de l’infirmière-chef et des neuf infirmières, des

experts nationaux et des membres de famille de personnes soignées), ainsi que la synthèse

de l’entrevue de groupe avec les professionnels ont été réalisées. Par la suite, une synthèse

générale intégrant la perspective des différents participants a été rédigée. La synthèse

générale des analyses qualitatives a été transmise par courriel aux participants en vue

d’une vérification des données et une corroboration des interprétations. A la suite de

l’analyse du cas, une triangulation des données provenant des différents participants et

méthodes a été effectuée pour assurer la validité des données (Yin, 2014).

4.6 Les critères de rigueur scientifique

Les critères de scientificité de la recherche qualitative ont été respectés dans cette

recherche pour s’assurer de la véracité des résultats. Plus spécifiquement, il s’agit de la

crédibilité, la transférabilité, la fiabilité et la confirmation (Drapeau, 2004; Guba &

Lincoln, 1989; Miles & Huberman, 2003).

Selon Gagnon (2012), une des forces de l’étude de cas est qu’elle assure une forte

crédibilité, puisque les phénomènes relevés sont des représentations authentiques de la

réalité étudiée. Dans le cas de la présente étude, la crédibilité a été assurée par le respect

des éléments suivants : (1) les entrevues jusqu’à la saturation des données pour les

infirmières soignantes; (2) l’évaluation continue des résultats obtenus des entrevues; (3)

la synthèse des conclusions des analyses qualitatives retournée aux participants en vue

d’une corroboration des interprétations; (4) l’enregistrement des entrevues individuelles

et de groupe qui évite la perte de données essentielles et (5) la double triangulation des

méthodes de données et des types de participants. De plus, la crédibilité a été établie par

89

la présence prolongée de l’étudiante-chercheuse sur le terrain qui a permis de renforcer le

climat de confiance et de cerner différents points de vue des participants soutenus par des

observations non participantes.

La transférabilité renvoie à la possibilité de transférer les observations recueillies à

d’autres contextes similaires (Drapeau, 2004; Fortin & Gagnon, 2016; Miles &

Huberman, 2003; Yin, 2014). Une description détaillée du contexte permet notamment,

d’assurer la transférabilité des résultats (Miles & Huberman, 2003). Pour satisfaire ce

critère, la description détaillée du cas, l’échantillon ciblé et représentatif du phénomène

d'intérêt, le choix de participants issus de différentes disciplines, ainsi qu’une observation

de la pratique infirmière en soins palliatifs sur le terrain, ont permis une comparaison

appropriée des résultats avec d’autres cas similaires dans la littérature.

La fiabilité fait référence à la reproductibilité d’une recherche et la persistance d’une

procédure à procurer les mêmes résultats par un autre chercheur (Drapeau, 2004 ; Fortin

& Gagnon, 2016; Gagnon, 2012; Yin, 2014). Ce critère a été satisfait par l’objectivité et

la description précise et la plus complète possible de l’ensemble du phénomène, soit de la

pratique infirmière en soins palliatifs. De même, la production d'un journal de bord et la

documentation précise du processus constituent également des éléments qui soutiennent

la fiabilité. La contre-vérification de certaines portions de codage et des interprétations a

été assurée par l’étudiante-chercheuse et ses directeurs de recherche pour établir une

entente inter-juges sur les codes et éviter des erreurs de perception. Finalement,

l’utilisation de plusieurs méthodes a permis également de respecter la fiabilité des résultats

obtenus (Miles & Huberman, 2003).

La confirmation permet de s’assurer que les interprétations et les résultats sont enracinés

dans le contexte et ne sont pas le produit de l’imagination du chercheur (Sylvain, 2008).

Selon Yin (2014), une meilleure validité des résultats est assurée par la triangulation des

données de différentes sources et méthodes. Dans cette étude, la confirmation a été assurée

par des synthèses validées par les participants tout au long de la recherche ainsi que par la

90

validation des résultats grâce à la triangulation des différentes données collectées et des

différentes sources d’information utilisées.

4.7 Les considérations éthiques

Ce projet a été soumis et accepté pour approbation au Comité d’éthique de la recherche

en sciences de la santé de l’Université Laval : No d’approbation 2015-083, date

d’approbation: 08-06-2015. De même, cette recherche a été approuvée par le comité

d’éthique du centre hospitalier libanais concerné par l’étude. D’autres démarches ont été

faites auprès de la directrice des soins infirmiers et du directeur médical de

l’établissement, pour obtenir leur autorisation à accomplir la recherche auprès des

infirmières du service d’oncologie et de l’équipe mobile de soins palliatifs.

Afin d’assurer les droits fondamentaux des participants, le principe de consentement libre

et éclairé a été respecté. À cet effet, un feuillet explicatif et un formulaire de consentement

portant sur l’objet de l’étude ont été signés par chaque participant avant d'entreprendre

l’entrevue (Annexe 2). Les participants ont été avisés de leur droit de refuser ou de se

retirer, à tout moment, sans avoir à fournir de raison ni à subir aucun préjudice. De plus,

afin de préserver l’anonymat et la confidentialité des données, l’identité des participants

a été dissimulée et un pseudonyme leur a été assigné. Quant au consentement des proches

pour participer à l’étude, ses derniers ont été contactés par l’étudiante-chercheuse par un

appel téléphonique pour sonder leur intérêt à y participer. Aucune pression n’a été exercée

sur les proches par l’équipe mobile de soins palliatifs, et cette dernière n’a pas été informée

de l’identité des participants. De même, tous les documents permettant d’identifier les

participants ou l’unité de soins sont fidèlement conservés sous clé par l’étudiante-

chercheuse, durant une période de cinq ans après le dépôt final de la thèse; échéance après

laquelle ils seront détruits.

91

Chapitre 5 – Résultats

Ce cinquième chapitre présente les résultats de l’étude de cas réalisée. Le but de cette

recherche qualitative était de mieux comprendre l’exercice de la pratique infirmière en

soins palliatifs au Liban, auprès de patients cancéreux, au sein d’une équipe

interdisciplinaire. Les deux questions spécifiques de recherche étaient : « Comment

s’exerce la pratique du caring en soins palliatifs auprès de patients en fin de vie atteints

de cancer dans une région du Liban ? » et « Quels sont les facteurs contraignant ou

facilitant la mise en œuvre de la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe

interdisciplinaire dans une région du Liban ? ».

Pour favoriser une compréhension générale du phénomène étudié, le milieu de l’étude et

le profil des différents types de participants sont décrits dans un premier temps (Yin,

2014). Les résultats sont présentés, par la suite, selon la méthode d’analyse de contenu

proposée par Miles et Huberman (2003). Cinq thèmes centraux ont émergé de l’analyse

des données triangulées, provenant de différentes sources et méthodes de collecte. Ceux-

ci sont en lien avec la pratique infirmière, auprès de patients cancéreux au sein d’une

équipe interdisciplinaire au Liban et permettent de répondre au but et à la question

générale de recherche. Ces thèmes sont : 1) la perception des soins palliatifs : un moyen

d’offrir une meilleure qualité de vie ; 2) la pratique infirmière : une prise en charge globale

des besoins du patient ; 3) la pratique en collaboration interdisciplinaire : un élément clé

pour les soins palliatifs ; 4) la spiritualité : une toile de fond pour la pratique infirmière en

soins palliatifs et 5) l’accompagnement de la famille : le rôle indispensable de l’infirmière.

De même, pour répondre à la première question spécifique de recherche, les facteurs

contraignant et facilitant la mise en œuvre de la pratique infirmière en soins palliatifs sont

présentés. Enfin, l’approche humaniste de caring en soins palliatifs, qui apparaît comme

un élément clé au cœur des soins palliatifs et qui transcende les cinq thèmes centraux,

permet de répondre à la deuxième question spécifique de recherche.

5.1 La description du milieu à l’étude

Dans le cadre de cette recherche, le cas étudié réfère à l’exercice de la pratique infirmière

en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe

92

interdisciplinaire. Pour ce faire, cette recherche a été réalisée dans un centre hospitalier

universitaire libanais, situé dans la région de Beyrouth, spécifiquement dans l’unité de

soins d’oncologie. Cette unité d’oncologie prend en charge des patients atteints de cancer,

à chaque étape de leur maladie, soit le diagnostic, le curatif et le palliatif, avec une capacité

d’accueil allant jusqu’à un maximum de 19 patients. En regard de l’environnement

physique, l’observation sur le terrain a permis de constater que l’unité d’oncologie dispose

de cinq chambres à occupation simple et de sept à occupation double, situées le long d’un

corridor. Le poste des infirmières se situe au centre du service, en face des chambres de

patients. En plus, une salle de réunion est aménagée pour étudier le dossier du patient et

échanger avec les médecins qui le prennent en charge.

Les infirmières œuvrant dans l’unité d’oncologie sont au nombre de dix y compris

l’infirmière-chef. Les infirmières assurent la prise en charge des patients dans cette unité.

Durant leur quart de travail de 12 heures, elles prennent en charge de 4 à 5 patients

hospitalisés pour des soins aigus et/ou des soins palliatifs. Selon l’équipe mobile, les

patients relevant de soins palliatifs dans l’unité d’oncologie sont en moyenne de quatre

par mois. Ainsi, ces infirmières donnent de manière concomitante des soins aigus à visée

curative ainsi que des soins de confort en fin de vie. Puisque l’infirmière en oncologie

n’est pas experte de l’approche de soins palliatifs, une équipe mobile interdisciplinaire la

soutient. Cette équipe est, par ailleurs, responsable de l’organisation et du suivi du patient

en soins palliatifs. Elle s’implique suite à une demande officielle de l’équipe soignante

pour initier une éventuelle prise en charge palliative du patient. Une collaboration étroite

est créée entre les membres des deux équipes respectives. L’observation de la pratique sur

le terrain a permis de constater que la prestation des soins, centrée sur le patient, est

délivrée dans une approche interdisciplinaire. Cette approche mobilise les compétences

de l’ensemble des professionnels de la santé impliqués dans les soins aux patients

desservis sur cette unité.

Cependant, étant donné le manque de lits « identifiés de soins palliatifs » dans cette unité,

les patients sont hébergés dans des chambres à occupation simple ou double, selon leur

couverture sociale et le mode de financement de leur hospitalisation. Ainsi, un patient en

93

fin de vie pourra être voisin de chambre d’un autre patient qui débute son traitement de

chimiothérapie, ce qui empêche souvent l’intimité entre les patients et leur famille. De

plus, selon les infirmières de l’unité d’oncologie, ce partage de chambre est souvent

contraignant pour les personnes qui suivent un traitement de chimiothérapie. Ces derniers

vivent de l’espoir de guérir et peuvent se sentir mal à l’aise d’échanger avec une personne

en fin de vie dans la même chambre.

5.2 Les profils des participants

Tout comme il est recommandé pour l’étude de cas (Yin, 2014), une attention particulière

a été accordée à la sélection des participants et des méthodes, dans le but d’obtenir la plus

grande diversité de participants possible. Pour ce faire, l’infirmière dédiée aux soins

palliatifs, l’infirmière-chef et les neuf infirmières de l’unité d’oncologie, des

professionnels de la santé, des experts nationaux en soins palliatifs ainsi que des membres

de famille de personnes soignées ont été sollicités pour participer à cette étude.

5.2.1 Le profil des infirmières

Les caractéristiques sociodémographiques des infirmières sont présentées au Tableau 4

(infirmière de l’équipe mobile, infirmière-chef et infirmières d’oncologie). L’âge des

infirmières participantes varie entre 21 et 50 ans pour une moyenne de 32 ans. En regard

des années d’expérience comme infirmière, il est noté une étendue entre 1 et 28 années

d’expérience professionnelle avec une moyenne de 8,96 ans. Tandis que la moyenne du

nombre d’années d’expérience dans l’unité de soins d’oncologie est de 4 ans, avec une

étendue qui se situe entre 0 et 11 ans, ce qui reflète la variabilité au sein du groupe en

regard de leur expertise professionnelle.

Ainsi, certaines remarques surgissent de ces caractéristiques. D’abord, la majorité des

participantes infirmières est de sexe féminin (n=10), avec un pourcentage presque égal

entre célibataires et mariées. En ce qui a trait au niveau d’éducation, la totalité des

infirmières ont un niveau de formation générale de Licence (premier cycle universitaire).

Par ailleurs, il est noté que quatre d’entre elles ont suivi des formations continues en

réanimation et en oncologie. Seule une infirmière a suivi une formation spécialisée en

94

soins palliatifs. Également, l’une d’entre elles affirme avoir une expérience

professionnelle en soins palliatifs dans un autre pays, tandis qu’une autre a suivi un cours

relatif aux soins palliatifs dans le cadre de sa formation en oncologie.

Tableau 4

Caractéristiques sociodémographiques des infirmières (n = 11)

Variables Moyenne ± Ecart-

type Min-Max

Age 32 ± 9,42 21-50

Expérience professionnelle 8,96 ± 9,60 1-28

Expérience en oncologie 4 ± 3,35 0-11

n %

Infirmière Équipe mobile 1 9,1

Infirmière-chef 1 9,1

En oncologie 9 81,8

Genre M 1 9,1

F 10 90,9

Statut familial Célibataire 6 54,5

Marié(e) 5 45,5

Niveau d’éducation Licence 11 100

Formation continue DU1 en réanimation 1 9,1

DU en oncologie 3 27,3

DU en soins palliatifs 1 9,1

Aucune formation 6 54,5 1 DU : Diplôme Universitaire

5.2.2 Le profil des professionnels de la santé

Les professionnels de la santé qui ont participé à l’étude forment officiellement l’équipe

interdisciplinaire de soins palliatifs de l’établissement. Cette équipe est constituée de

l’infirmière consultante en soins palliatifs, du médecin de l’équipe, du psychologue, du

travailleur social et de l’aumônier. L’équipe mobile interdisciplinaire de soins palliatifs a

pour principale mission d’appuyer et de conseiller les équipes soignantes dans la prise en

charge des patients en soins palliatifs. Elle opère en étroite liaison avec ces différents

95

membres, dans une perspective interdisciplinaire. Les professionnels de la santé ont été

rencontrés lors d’une réunion de l’équipe mobile. Tous les membres de l’équipe ont

accepté de participer à l’étude. Il est à noter que dans le cadre de cette recherche,

l’infirmière de l’équipe a été exclue de l’entrevue de groupe pour être rencontrée

individuellement. De même, le profil sociodémographique des participants n’a pas été

recueilli lors de l’entrevue de groupe effectuée avec eux, notamment pour des fins de

confidentialité étant donné leur petit nombre.

5.2.3 Le profil des experts

Les experts recrutés sont membres du Comité National de Soins Palliatifs et de Douleur

et de différents sous-comités établis par ledit comité. Ce dernier a comme mission de

développer des unités de soins pour les patients en fin de vie, de promouvoir

l’enseignement et la recherche ainsi que d’instituer les soins palliatifs à l’échelle nationale.

Ils ont été choisis en raison de leur implication sur le plan national comme pionniers dans

le domaine des soins palliatifs, ce qui leur permet de fournir des informations détaillées

quant à l’objet de l’étude et une vision plus large sur l’organisation des soins aux

personnes en fin de vie. Trois experts répondant aux critères d’inclusion étaient éligibles

pour participer à l’entrevue individuelle et à la validation des conclusions. Il s’agit de deux

médecins et une infirmière.

5.2.4 Le profil des membres de famille

Les proches des personnes soignées rencontrées sont ceux qui ont accepté de fournir à

l’étudiante-chercheuse les informations en lien avec leur expérience sur la pratique des

soins palliatifs dans l’établissement choisi pour l’étude de cas. Suite à la demande de

l’équipe mobile, le recrutement de la famille a été fait après au moins deux mois du décès

de la personne soignée. Les coordonnées de ces personnes figurent dans le registre de

l’hôpital. L’institution a donné son accord de les fournir à l’étudiante-chercheuse. Les

proches ont été contactés par l’étudiante-chercheuse par un appel téléphonique et ont été

invités à participer à l’étude. Les trois proches recrutés (deux femmes et un homme) ont

perdu respectivement: une sœur, un mari et une mère. Ces personnes ont été présentes

auprès de leur proche à l’unité d’oncologie, et ont pu observer les soins prodigués en fin

96

de vie par les infirmières et par l’équipe interdisciplinaire de soins palliatifs de

l’établissement.

5.3 D’autres sources de données

D’autres sources ont complété la collecte des données, soit : 1) la période d’observation,

2) la documentation et 3) le journal de bord.

5.3.1 La période d’observation

L’observation directe non participante de situations réelles de soins constitue l’une des

méthodes de collecte des données utilisée. Ainsi, l’observation de la pratique des

infirmières a porté sur les actes infirmiers et les interactions entre l’infirmière de l’équipe

mobile et les infirmières de l’unité d’oncologie d’une part, et avec les patients et leur

famille, d’autre part. Au total, 22 périodes d’observation étalées sur seize jours ont eu lieu

auprès de l’infirmière de l’équipe mobile des soins palliatifs, ainsi qu’auprès de cinq

infirmières travaillant dans l’unité d’oncologie et participant à l’étude. La durée des

observations dépendait du temps alloué aux soins effectués, avec un minimum de 60

minutes et un maximum de 90 minutes. La durée totale des observations est d’environ 24

heures. Ainsi, l’étudiante-chercheuse a passé dix journées avec l’infirmière de l’équipe

mobile et a réalisé douze observations durant les soins effectués. Quant à l’observation

des infirmières en oncologie, dix périodes d’observation ont eu lieu auprès de cinq

infirmières du service, durant leur temps de travail. Ces infirmières ont été observées

durant six journées, auprès des patients référés à l’équipe mobile interdisciplinaire de

soins palliatifs. Les observations ont eu lieu lors de la première tournée du matin et avant

la visite de l’équipe mobile. Toutefois, lors de quelques périodes d’observation des

infirmières en oncologie, l’infirmière de l’équipe mobile était également présente et

orientait les interventions des infirmières.

5.3.2 La documentation

Étant donné la nouveauté de l’approche de soins palliatifs dans l’établissement, la

politique et le plan stratégique permettant de définir ou d’encadrer cette approche étaient

en cours de développement. Ainsi, dans le cadre de cette étude, seulement deux documents

97

pertinents en lien avec la pratique des soins palliatifs ont pu être sélectionnés. Les

documents suivants ont fait l’objet d’analyse: 1) la fiche de « demande de consultation »

de l’équipe mobile de soins palliatifs et, 2) la brochure d’information des soins palliatifs

à l’attention des patients et de leur famille.

5.3.3 Le journal de bord

Au fur et à mesure de l’avancement de la collecte des données, le journal de bord a permis

à l’étudiante-chercheuse d’apposer ses notes. Ces notes décrivent les réactions des

participants, ainsi que les impressions et les questionnements de l’étudiante-chercheuse.

Une relecture de ce journal a permis à l’étudiante-chercheuse de se remémorer plus

fidèlement les entrevues. De plus, les remarques colligées tout au long des périodes

d’observation dans le journal de bord ont aussi permis de valider la concordance des

résultats entre les entrevues et les observations du terrain.

5.4 La pratique infirmière auprès des patients cancéreux au sein d’une

équipe interdisciplinaire

Les résultats issus de la triangulation de l’analyse des données recueillies lors des

entrevues individuelles et de groupe auprès des différents participants, des périodes

d’observation sur le terrain, de l’examen des documents, ainsi que lors de la lecture du

journal de bord, seront présentés. Les données recueillies ont été analysées selon la

méthode d’analyse de contenu qualitatif de Miles et Huberman (2003), soit : 1) la

condensation des données, 2) la présentation des données et 3) l’élaboration et la

vérification des conclusions.

Ainsi, toutes les entrevues individuelles et de groupe ont fait l’objet d’un enregistrement

audionumérique, et ont été fidèlement et intégralement retranscrites en verbatim pour

l’analyse de contenu. La transcription a été effectuée par l’étudiante-chercheuse soutenue

par une assistante. Les transcriptions faites par l’assistante ont été vérifiées par l’étudiante-

chercheuse en écoutant ce qui a été dit sur le support audio. Selon la phase de condensation

des données, l’analyse de contenu effectuée manuellement a débuté après une lecture

répétée et approfondie du matériel, ce qui a permis de se familiariser avec le contenu et

98

de vérifier la présence d’informations pertinentes sur la pratique infirmière en soins

palliatifs. De plus, étant donné que l’analyse des données qualitatives est un processus

inductif (Fortin & Gagnon, 2016), l’aller et le retour effectué entre la collecte des données

et leur analyse a eu un apport important au niveau de l’interprétation des données. Il a été

possible de détecter à temps, les données manquantes et de préparer en conséquence, la

collecte de données suivante. Ensuite, à la lecture des retranscriptions, le processus

analytique a permis la fragmentation des données en unités de sens, parfois des mots seuls,

mais pour la plupart du temps des segments de phrases, ce qui a permis de transformer les

données brutes figurant dans les transcriptions. Ces unités ont servi de base pour

l’élaboration de codes et de catégories dans le corpus et ce, pour l’ensemble des

participants. L’élaboration des catégories a consisté à regrouper les phrases récurrentes en

vue d’en dégager des catégories et des sous-catégories significatives.

De ce fait, l’analyse de l’ensemble des entrevues a permis l’élaboration de catégories et

de sous-catégories (voir exemple en Annexe 6). Par la suite, l’étape de la codification

thématique a été réalisée à travers l’examen minutieux des significations récurrentes. Les

régularités repérables à travers tout le corpus ont été triées et organisées. À cet effet, et en

s’inspirant de Yin (2014), des synthèses pour chacune des entrevues ont été rédigées,

suivies d’une autre synthèse pour chacune des catégories de participants et de méthodes.

Par la suite, une synthèse des entrevues individuelles et de groupe a été rédigée. Tout ce

processus a permis de dégager des codes thématiques, en intégrant la perspective des

différents participants. De même, des synthèses des observations des infirmières sur le

terrain, des documents et du journal de bord ont également été rédigées.

La recherche de modèles de référence peut se faire, selon Miles et Huberman (2003), à

l’aide de différentes techniques, entre autres la triangulation. Cette dernière permet ainsi,

de comparer différentes sources, situations et méthodes pour vérifier le maintien des

modèles récurrents et en tirer des conclusions sur la réalité du phénomène étudié (Fortin

& Gagnon, 2016). Dans le cadre de cette étude, l’analyse des données triangulées,

provenant de différentes méthodes et sources de collecte de données, a permis de rédiger

une synthèse générale (Figure 3). L’analyse des données, effectuée par un va-et-vient avec

99

les codes thématiques récurrents de la synthèse générale a permis d’obtenir les résultats.

Par la suite, dans la seconde composante de l’activité analytique qui est la présentation

des données (Miles & Huberman, 2003), les données qualitatives ont été élaborées par un

texte narratif avec des tableaux et des figures à l’appui, pour faciliter la formulation des

conclusions. Enfin, pour élaborer et vérifier les conclusions, des significations ont été

dégagées pour expliquer les données présentées. De même, la phase d’interprétation, qui

a eu lieu au fur et à mesure de l’analyse a impliqué également la vérification des

conclusions quant à leur vraisemblance, leur rigueur et leur confirmation.

Figure 3. Processus d’analyse des données

100

Ainsi, les résultats issus des données triangulées visant à répondre à la question générale

de recherche ont conduit à l’émergence de cinq thèmes centraux, soit : 1) la perception

des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure qualité de vie ; 2) la pratique

infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient ; 3) la pratique en

collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins palliatifs ; 4) la spiritualité :

une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs et 5) l’accompagnement de

la famille : le rôle indispensable de l’infirmière.

5.4.1 La perception des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure qualité de

vie

Questionnées sur leurs perceptions des soins palliatifs, les infirmières les décrivent

comme des soins qui ne visent ni à traiter ni à guérir la maladie, mais plutôt qui cherchent

à améliorer la qualité de vie. La qualité de vie est définie comme une manière d’ajouter

de la vie aux années, sans prolonger la vie ni sans considérer le nombre d’années, mais

telle qu'elle est vécue par la personne. En effet, « assurer une qualité de vie pour les

patients en soins palliatifs » a été soulignée à plusieurs reprises par les participants. Une

infirmière [I] participante se réfère à un proverbe pour désigner l’importance de prendre

en considération la qualité de vie au détriment de la quantité: « Il y a un proverbe que

j’aime beaucoup, celui qui dit qu’il faut ajouter de la vie aux années et pas des années à la

vie » (I09). Une autre ajoute « En soins palliatifs, on doit avoir comme objectif dans les

soins d’assurer une bonne qualité de vie et mourir en dignité » (I01). Dans cet extrait, ces

infirmières intègrent à leur pratique des repères éthiques par la promotion de la qualité de

vie, le respect de la vie de la personne et de sa dignité.

On constate, également, des similitudes avec les propos des experts qui affirment

l’importance de prioriser des interventions qui favorisent l’amélioration de la qualité de

vie. Dans ce sens, un expert [E] note l’importance d’assurer les conditions pour que le

patient vive le mieux possible ses derniers moments de vie : « Les soins palliatifs sont des

soins d’accompagnement et de confort pour des personnes en fin de vie. Pour moi, ce sont

des soins très importants qui aident beaucoup le malade à vivre le mieux possible et dans

les meilleures conditions, et de vivre en dignité jusqu’à sa mort quand elle est inéluctable »

(E02). De même, un autre expert ajoute que « Les soins palliatifs sont des soins importants

101

pour assurer une qualité de vie, pour vivre et mourir en dignité » (E03). De même, les

soins palliatifs sont décrits par les infirmières comme des soins qui visent surtout à

améliorer la qualité de vie en donnant un sens au temps qui reste à vivre, pour maintenir

l’espoir, vivre en dignité et finir en paix. L’une d’elles ajoute: « Pour moi les soins

palliatifs sont des soins qui sont procurés à un patient pour lui donner une meilleure qualité

de vie en donnant un sens pour les jours qui restent à vivre » (I02). En fait, même si

l’espoir de guérison n’est plus présent, l’infirmière peut mobiliser des sources d’espoir.

Elle peut aider à donner un sens au temps, en considérant le présent du patient comme une

priorité pour répondre au mieux à ses choix durant les derniers moments de sa vie, et en

offrant la possibilité que la famille et les proches puissent rester auprès de lui.

Cependant, d’autres préoccupations exprimées par les participantes relient le curatif au

palliatif. Des infirmières amènent l’idée que les soins palliatifs s’opposent aux soins

curatifs, tout en demeurant toujours fortement associés à la qualité de vie. L’une d’entre

elles précise : « Les soins palliatifs sont des soins accomplis quand dans le curatif on ne

peut plus rien pratiquer » (I10). Une autre soutient : « On est dans le soulagement et dans

le réconfort, on n’est plus dans le curatif » (I01). Une autre infirmière ajoute : « Pour moi

les soins palliatifs sont un engagement avec le patient durant les derniers moments de sa

vie […], des actes qu’on fait, non pas pour le guérir, mais pour améliorer l’état du patient

en fin de vie puisque sa vie est devenue courte » (I04). Les propos de ces infirmières font

penser qu’elles font face à des dilemmes entre le curatif et le palliatif. Pour elles, la

prestation des soins ne doit pas viser à traiter et à guérir la maladie, mais vise plutôt à

améliorer la qualité de vie, tout en considérant le caractère éphémère de la vie du patient.

Bien que les infirmières voient les soins curatifs et palliatifs en opposition, toutefois, l’avis

des professionnels de l’entrevue de groupe [EG] ne va pas dans ce même sens. L’un

d’entre eux dit : « Les soins palliatifs ne substituent pas les soins curatifs qui visent à

guérir. Ils viennent les compléter » (EG). Dans cet extrait, le professionnel de la santé

réfère à la complémentarité entre les soins curatifs et palliatifs.

Bref, une meilleure qualité de vie est définie comme une manière d’ajouter de la vie aux

années, en assurant de meilleures conditions pour vivre et mourir en dignité, en donnant

102

du sens à la vie par l’espoir et par la présence. Le curatif et le palliatif s’opposent, pour

les uns, mais représente un lien de complémentarité, pour les autres (Figure 4).

Figure 4. Perception des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure qualité de vie

Ainsi, l’objectif de l’exercice de la pratique infirmière serait d’atteindre ou de maintenir

la qualité de vie de la personne en prenant en compte les caractéristiques de cette qualité

de vie, telles que définies par les participants de cette étude. Mais encore reste-t-il à

comprendre comment s’exerce cette pratique en soins palliatifs.

5.4.2 La pratique infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient

L’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs concerne la prise en charge globale

à travers la réponse aux besoins de la personne dans toutes ses dimensions. Cette vision

globale des besoins de la personne est mise en avant par l’un des experts : « La priorité

est de soulager les patients, spécifiquement en fin de leur vie, physiquement et

psychologiquement. Il faut aussi répondre à leurs besoins sociaux et spirituels » (E01). La

réponse à l’ensemble des besoins du patient revêt une importance aussi bien dans les

discours des professionnels de la santé et des infirmières de l’unité de soins en oncologie

que dans l’observation terrain de la pratique et dans l’étude des documents utilisés. Ainsi,

pour évaluer et intervenir auprès de l’ensemble des besoins de la personne, il a été possible

103

d’observer que la fiche de demande de consultation en soins palliatifs comprend une

section sur l’évaluation des besoins. Cette fiche permet à l’infirmière de l’équipe mobile

de faire une évaluation plus approfondie des différents besoins du patient référé aux soins

palliatifs. La fiche de demande de consultation en soins palliatifs évalue la douleur et les

autres symptômes non contrôlés chez le patient. Elle précise l’évaluation de l’état

psychologique du patient, la conscience, la communication, la respiration, l’autonomie,

l’élimination ainsi que l’intégrité de la peau. Cette fiche constitue également, un document

utile pour l’exercice de la pratique en soins palliatifs dans l’évaluation de la dépendance

et de la charge des soins pour le patient. Celle-ci, qui fait référence à l’évaluation des

besoins du patient, permet de guider l’infirmière de l’équipe mobile ainsi que les autres

professionnels dans leurs interventions, pour assurer une réponse adéquate à certains

besoins spécifiques.

Pour une prise en charge globale du patient, les infirmières se préoccupent de répondre

dans leur pratique aux besoins des patients dans différents aspects, aussi bien physiques

que psychologiques et sociaux. Les besoins relatifs au contexte spirituel feront l’objet de

discussion dans une section distincte.

5.4.2.1 Les besoins physiques

Une manière d’assurer la prise en charge des besoins physiques de la personne consiste à

lui fournir des soins de confort. Selon les infirmières, les soins à visée palliative assurent

une fin de vie confortable. Ces soins concernent les soins d’hygiène, ainsi que les soins

reliés à l’élimination, l’alimentation et la mobilisation (par exemple le fait de repositionner

le patient ou de l'asseoir confortablement dans son lit). Une infirmière décrit les soins

effectués : « On assure le confort du patient, on vérifie s’il a besoin d’un matelas à eau,

s’il arrive à manger, on lui met une sonde urinaire au besoin, s’il est constipé on lui fait

les soins nécessaires ou le positionner au lit » (I04). Une autre ajoute : « Il faut assurer le

soin de confort du patient, surtout son hygiène » (I03). Dans la même veine, une infirmière

mentionne : « Il faut faire des soins pour répondre aux besoins du patient et le soulager.

Par exemple, lui mettre une sonde urinaire, lui assurer l’alimentation, s’il n’est pas capable

de se lever faire le changement de position » (I04). Une autre infirmière mentionne « Il

104

faut fournir tous les soins de confort aux malades qui sont atteints de maladies chroniques

et mortelles en fin de vie et éviter les investigations qui assurent l’inconfort » (I09).

Un autre moyen dont dispose l’infirmière dans sa pratique pour répondre aux besoins de

la personne est celui du soulagement de la souffrance. La souffrance, vue d’une manière

générale, semble être comme un élément crucial et présent en fin de vie. La souffrance

peut être physique ou psychologique. Principalement, le soulagement de la souffrance

physique du patient en fin de vie, par des interventions pharmacologiques et non

pharmacologiques, concerne la gestion de la douleur et des autres symptômes physiques

comme les symptômes digestifs, la dyspnée, l’asthénie, la bouche sèche et les mycoses.

Le soulagement de la souffrance physique, par la mise en place de protocoles

pharmacologiques, a été identifié dans les observations terrain et dans les entrevues

comme un élément clé de la pratique des soins palliatifs. Les protocoles pharmacologiques

en vigueur en fin de vie, dans cet établissement, concernent en particulier la prescription

de la Morphine® en perfusion continue. Selon les infirmières, un premier aspect à

considérer pour le patient est de veiller au soulagement de la souffrance physique du

patient, avant même de tenter d’autres soins ou d’aller plus loin. L’observation de la

pratique effectuée dans l’unité de soins en oncologie confirme également, que le souci des

infirmières est de gérer la souffrance du patient, et que l’évaluation de la douleur est

systématique et régulière pour les patients référés en soins palliatifs. Cette évaluation,

réalisée principalement par une échelle numérique, est suivie d’une prise en charge

thérapeutique adaptée. Ainsi, les infirmières vont appliquer le protocole pharmacologique

prescrit pour tenter d’obtenir un soulagement optimal du patient en fin de vie.

Ainsi, la douleur est vue comme un symptôme sérieux à apaiser par des techniques et

l’arsenal thérapeutique en tenant compte des interactions et des complications possibles.

Sur ce plan, les infirmières ont parlé de la stratégie visant à déployer des interventions

variées pour soulager la douleur et les symptômes. Tout comme le dit cette infirmière :

« Je sais qu’il va mourir, mais je ne veux pas qu’il souffre. Je calme surtout sa douleur, je

donne des antalgiques, selon la prescription et au besoin, on augmente la dose de la

105

morphine. Aussi, je vérifie s’il a d’autres symptômes ou effets secondaires du traitement »

(I07). Une autre infirmière abonde dans ce sens : « Parfois nos patients ont des douleurs

vraiment qui sont insupportables. Après l’avis de l’équipe mobile qui passe souvent voir

les patients en soins palliatifs et le médecin traitant, on peut régler les antalgiques selon le

besoin du patient » (I02). Une autre ajoute : « Je fais le maximum pour répondre à leurs

besoins, s’il s’agit de la douleur, on administre des antalgiques pour la douleur, s’il y a

hypotension ou autre problème, on avertit le médecin » (I08). D’ailleurs, l’observation de

leur pratique témoigne que l’infirmière ne manque pas de passer plusieurs fois par la

chambre du patient pour vérifier et observer s’il y a des signes de douleur ou de malaise,

lorsque le patient peut le communiquer verbalement.

En outre, pour gérer les symptômes physiques, les infirmières ont parfois recours à des

interventions non pharmacologiques: « Je donne le traitement prescrit par le médecin. Je

leur donne de la glace à sucer pour les nausées. Je les mets dans une position confortable

quand ils ont une dyspnée. Je leur demande parfois de faire une tournée ou une petite

promenade en dehors de la chambre » (I08).

Les professionnels de la santé établissent également, une interconnexion entre la réponse

aux besoins physiques et la réponse aux besoins psychologiques et émotionnels des

patients. En effet, ils priorisent la prise en charge de la douleur et des symptômes

physiques afin de diminuer l’épuisement et l’anxiété du patient et faciliter une meilleure

communication avec lui. Un membre de l’équipe mobile évoque cette réflexion : « Il faut

essayer de diminuer tout ce qui est douleur et autres symptômes physiques par tous les

moyens thérapeutiques, si le malade a mal, il est épuisé, on ne pourra jamais discuter avec

lui, et quand la souffrance du malade diminue, l’anxiété diminue » (EG). Un membre de

la famille (F) ajoute à ce niveau « Quand on apaise la douleur, ça a un effet psychologique

sur ma mère, elle devient calme, moins anxieuse » (F02). Un propos similaire est fait par

une autre infirmière : « Pour soulager la douleur, ça m’arrive souvent de faire des

massages. Parfois, il y a des douleurs qui sont exagérées par l’angoisse, le fait d’écouter,

de toucher parfois, ça aide le patient et soulage sa douleur. J’ai eu l’occasion de faire des

massages pour une jeune, elle avait trop mal au dos, j’ai fait des massages relaxants, ça

106

l’a soulagé […]. Le massage a diminué la tension qu’elle avait » (I11). Dans ce dernier

extrait, l’infirmière confirme aussi le lien entre la réponse aux besoins physiques et

psychologiques, par le fait que le soulagement des besoins émotionnels aide au

soulagement de la douleur physique. Ainsi, dans le souci d’avoir une approche plus

globale pour la réponse aux besoins, l’infirmière regroupe plusieurs moyens pour la

gestion de la souffrance psychologique et de l’angoisse du patient, soit de l’écoute, en

passant par le toucher jusqu’au massage.

5.4.2.2 Les besoins psychologiques

Les propos des autres professionnels amènent l’idée qu’une prise en charge de la douleur

physique n’exclut pas la prise en compte de la souffrance psychologique. Dans le contexte

d’une souffrance psychologique, prendre soin se traduit par des efforts favorisant un

confort moral et émotionnel des patients en fin de vie. L’analyse des synthèses des

observations, effectuées auprès des infirmières sur le terrain, a permis de mettre en relief

la réponse des infirmières à la souffrance psychologique des patients et de leur famille,

notamment par le fait d’être à l’affut de leurs soucis et en répondant à leurs préoccupations

avec professionnalisme.

Les professionnels concentrent leurs efforts pour garantir le soulagement de la souffrance

psychologique du patient dans ses derniers jours. La prise de conscience de l’importance

de cette prise en charge est révélée ici par une infirmière : « Pour moi, il faut surtout

soulager la souffrance morale du patient par l’écoute » (I08). De même, une attention

particulière est accordée par une autre infirmière, à la qualité d’échange avec le patient et

sa famille, à l’écoute de leurs plaintes, de leurs angoisses et de leur peur de la mort.

L’expertise du psychologue auquel l’infirmière a recours pour répondre à la souffrance

psychologique de la personne, vient s’ajouter à l’écoute et l’échange de celle-ci. Par cette

demande d’expertise, elle tente d’avoir une réponse holistique aux besoins psychologiques

du patient, lorsque les soins à prodiguer dépassent son niveau d’expertise.

Pour les participantes infirmières, proposer les services du psychologue est un moyen

recommandé pour écouter les patients quand elles ne peuvent pas leur consacrer le temps

107

nécessaire ou quand elles ne se sentaient pas entièrement habilitées pour répondre à leurs

besoins psychologiques: « Il y a beaucoup de malades qui ont peur de la mort. Pour calmer

leur angoisse, la psychologue intervient directement. Actuellement, on a un malade qui

est très angoissé, qui connaît son état et qui sait qu’il ne va pas s’améliorer. […]. La

psychologue est venue le voir, elle l’a écouté […]. Maintenant, il est prêt à mourir, mais

il a envie de se sentir vivant jusqu’à ce moment » (I11). Cette même infirmière ajoute :

« La psychologue est toujours là aussi, si on sent que le malade a besoin d’un psychologue,

tout de suite on l’appelle et on discute les cas avec elle pour analyser les situations

ensemble, même si elle n’a pas besoin d’intervenir ». Une autre abonde dans ce sens : « Si

je n’ai pas de réponses à leurs questions ou je ne peux pas soulager leur souffrance morale,

je prends l’avis de la psychologue » (I05).

Toutefois, la réponse aux besoins psychologiques ne pourrait se faire aussi bien sans une

bonne communication. D’ailleurs, à la lumière de l’analyse des entrevues, la notion de

communication nous ramène à l’échange qui s’accomplit entre les soignants et le soigné,

par l’engagement dans un processus de respect mutuel. Une infirmière déclare qu’il arrive

que le patient ait besoin de parler, alors elle profite du moment du soin pour susciter une

communication active avec le patient afin de comprendre ses réactions émotionnelles :

« Je profite aussi du moment du soin pour pouvoir communiquer avec le malade. Donc,

le soin n’est pas uniquement un soin pour moi, mais j’essaye de pousser une porte pour

pouvoir être en communication plus active avec le malade, peut-être qu’il a besoin de

parler à quelqu’un » (I01). De même le besoin de communication chez les patients est

relaté par un membre de la famille: « Ma sœur avait besoin de parler avec quelqu’un.

Quand on parle avec elle, sa douleur n’a pas diminué, ni sa dyspnée, mais elle est

tranquille » (F04). L’observation du terrain témoigne également, que les infirmières

profitent du soin pour établir une relation avec le patient et sa famille. Elles communiquent

et fournissent des renseignements pertinents sur différents aspects relatifs aux soins ou à

la maladie et à ses conséquences. D’ailleurs, cet aspect est validé par les proches des

patients qui ont expérimenté les soins palliatifs à l’établissement. Pour eux, la

communication était de rigueur lors des rencontres avec l’équipe soignante.

108

5.4.2.3 Les besoins sociaux

Outre la réponse aux besoins physiques et psychologiques, une attention est portée sur la

dimension sociale dans la réponse aux besoins du patient et de sa famille. Selon le contexte

culturel, la famille assure une présence continue auprès de son proche, plus

particulièrement en fin de vie, d’où son implication fréquente dans les soins. Ainsi, tout

en répondant aux besoins physiques et psychologiques du patient en cours

d’hospitalisation, il a été possible de constater d’autres types de besoins de nature

sociale, à travers les entrevues et les observations de la pratique des participants. Il s’avère

important de planifier la réponse aux besoins sociaux du patient après sa sortie de

l’hôpital, par l’organisation de la vie quotidienne et des soins à domicile. Cet

aménagement consiste en particulier à élaborer des liens avec des organisations non

gouvernementales [ONG], actives en soins palliatifs à domicile. Ces ONG œuvrent sous

la supervision d’une équipe interdisciplinaire constituée de médecins, d’infirmières, de

pharmaciens, de travailleurs sociaux, de bénévoles et de psychologues.

Selon les propos des infirmières de l’unité d’oncologie, c’est l’infirmière de l’équipe

mobile de soins palliatifs qui coordonne les soins et services avec ces organisations. Ces

ONG procurent des ressources humaines et matérielles aux patients désirant un suivi à

domicile. En effet, lors des périodes d’observation terrain, l’étudiante-chercheuse a pu

relever que l’infirmière de l’équipe mobile prépare la sortie du patient à domicile. Elle

offre un soutien à la personne et à ses proches pour déterminer leurs besoins, en ce qui

concerne l’organisation de la vie quotidienne. Elle ne manque pas de donner des conseils

relatifs à la prestation des soins à domicile, pour la famille, afin de les aider à conserver

la capacité fonctionnelle de leur proche et son autonomie. À cela s’ajoutent les conseils

liés à la facilité d’accès aux ressources et aux équipements appropriés que peuvent fournir

ces organismes caritatifs.

Selon certains participants, l’aménagement de la vie à domicile a émergé suite aux attentes

des patients ou de leur famille d’être accompagnés chez eux, et aussi par manque de

soutien financier, comme en a témoigné cette infirmière : « Tout malade en fin de vie à

un stade avancé demande d’aller à la maison. Mais, comme il n’y a pas de système qui

109

couvre les frais du malade à la maison, quand le malade veut sortir et s’il est dans la région,

celui-ci est orienté vers des ONG qui fournissent des actions sociales et qui s’occupent

des malades en fin de vie à domicile » (I11). À ce propos une famille ajoute : « L’ONG a

été proposée pour nous fournir les soins à la maison, car l’assurance ne couvre que les

frais du séjour à l’hôpital » (F01).

En d’autres mots, la pratique infirmière en soins palliatifs est vue comme une prise en

charge globale des besoins du patient. Cette prise en charge vient répondre spécifiquement

aux besoins physiques, psychologiques et sociaux, auxquels s’ajoutent les besoins

spirituels qui seront traités ultérieurement. Une réponse aux besoins physiques est réalisée

notamment, en assurant le confort physique et la gestion de la souffrance physique. À cela

s’ajoute la gestion de la souffrance psychologique du patient en fin de vie, par l’écoute et

la communication. Quant à la réponse aux besoins sociaux, une organisation des soins à

domicile et une coordination des soins et services avec des organisations caritatives sont

également réalisées (Figure 5).

Figure 5. Pratique infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient

110

5.4.3 La pratique en collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins

palliatifs

L’analyse des données recueillies a permis de révéler que la collaboration

interdisciplinaire semble être un élément clé pour une prestation de soins adéquats aux

patients en fin de vie. En effet, les infirmières de l’unité d’oncologie peuvent profiter de

l’expertise d’autres disciplines, pour la prestation des soins aux patients atteints de cancer

en fin de vie, en particulier celle de l’équipe mobile interdisciplinaire en soins palliatifs

de l’établissement. Une collaboration qui débute par une demande formelle de

consultation du médecin traitant, adressée à l’équipe mobile interdisciplinaire de soins

palliatifs. Les professionnels de la santé de cette équipe conjuguent leurs efforts pour

optimiser la santé et le bien-être du patient. Les infirmières en oncologie font mention

d’une collaboration étroite qui se fait avec l’équipe mobile interdisciplinaire. L’une

d’entre elles dit: « Il y a le médecin, le résident des soins palliatifs, il y a la psychologue,

il y a les bénévoles qui sont toujours là [...]. Il y toujours la présence de l’infirmière et de

la psychologue qui sont en contact ensemble, il y a beaucoup de communication » (I10).

D’ailleurs, le travail d’équipe ne pourrait se faire sans la communication interdisciplinaire,

mise en place entre tous les membres impliqués en soins palliatifs.

À cet effet, les professionnels de la santé ont mentionné qu’il y avait des rencontres

organisées entre les membres de l’équipe mobile d’une part, et l’équipe soignante de

l’unité d’oncologie, d’autre part. Ces rencontres cherchent à mettre à profit l’expertise des

différents professionnels, et par conséquent, répondre d’une façon optimale aux besoins

des patients en soins palliatifs. Un professionnel déclare à ce propos : « L’équipe mobile

se réunit au moins deux fois par mois. Lors de ces réunions, on discute entre nous, les cas

référés en soins palliatifs pour pouvoir répondre à tous les besoins des patients. De même,

on prend conscience des problèmes auxquels nous sommes confrontés pour tenter de les

régler » (EG).

Lors de la collecte des données, l’étudiante-chercheuse a pu assister à l’une des réunions

de l’équipe mobile. Une infirmière précise que des échanges se font de même, entre

l’équipe soignante de l’unité d’oncologie et l’équipe mobile, dans le cadre des rencontres

111

formelles ou informelles pour partager des informations sur l’état des patients en soins

palliatifs. « Il y a souvent des réunions organisées dans le service entre l’équipe mobile,

les infirmières et le médecin traitant. De même, cet échange se fait tous les jours avec

l’infirmière de l’équipe mobile. On communique ensemble sur l’état des patients en soins

palliatifs et les soins à fournir en fin de vie » (I09). Corroborant ces propos, une autre

infirmière réfère à la collaboration de l’équipe mobile avec l’équipe soignante en

oncologie : « Il y a une collaboration étroite avec l’infirmière des soins palliatifs. Aussi

entre le médecin traitant, le médecin des soins palliatifs et les infirmières sur le traitement

du patient, surtout sur les doses et le nombre de prises de morphine par jour » (I07). Ces

extraits montrent que la collaboration interdisciplinaire permet aux membres de l’équipe

d’oncologie de bénéficier de l’expertise particulière des membres de l’équipe mobile au

profit du patient. Ce qui permet de bonifier et d’améliorer la qualité des soins de fin de

vie au sein de l’équipe d’oncologie.

De même, les professionnels de l’équipe interdisciplinaire mentionnent qu’ils travaillent

en dyade, en particulier lors de la première visite chez le malade référé en soins palliatifs.

En effet, l’observation du terrain a permis de constater le travail binôme entre l’infirmière

de l’équipe interdisciplinaire et le psychologue. Par la suite, la réponse aux besoins en

interdisciplinarité constitue une stratégie en soi pour l’équipe :

En général, on rentre en binôme autant que possible lors de la première visite, on

voit le malade et on fait une évaluation. Le médecin de l’équipe mobile passe

régulièrement. L’infirmière passe presque tous les jours, elle voit les malades,

évalue leurs besoins, leur état, et analyse la situation pour y répondre. Elle partage

après avec nous ces informations, pour prendre les décisions nécessaires dans la

résolution des problèmes qui relèvent parfois de l’éthique (EG).

Cet extrait montre qu’il y a une bonne collaboration, et des discussions sont menées pour

des prises de décisions cliniques à dimension éthique entre les différents professionnels,

particulièrement avec l’infirmière de l’équipe mobile. Bien que les infirmières de l’unité

d’oncologie se voient impliquées dans les prises de décisions cliniques avec l’équipe

112

mobile, elles ne participent pas à celles comportant des enjeux éthiques. Une infirmière

mentionne à ce propos : « On ne se mêle pas des décisions éthiques, c’est le médecin qui

décide » (I07). Une autre enchérit : « On discute des décisions avec le médecin. Le

médecin de l’équipe mobile discute avec nous sur le cas du patient. […], mais c’est la

famille et le médecin qui prennent les décisions éthiques, pas nous » (I06).

A la collaboration susmentionnée s’ajoute une collaboration intra-disciplinaire entre les

infirmières de l’unité d’oncologie et l’infirmière spécialisée de l’équipe mobile en soins

palliatifs. Les propos des infirmières en oncologie soulignent notamment, le rôle pivot de

l’infirmière de l’équipe mobile dans la collaboration entre les professionnels de la santé

et son expertise pour la prestation des soins palliatifs auprès des patients en fin de vie.

Une infirmière en oncologie décrit l’importance de la collaboration avec cette infirmière

de l’équipe mobile, de par sa disponibilité, la qualité de son approche avec le patient en

créant un lien de confiance avec lui et sa famille et surtout pour son expertise dans ce

domaine. « L’infirmière de l’équipe mobile fait une bonne communication avec le patient

et la famille, elle donne tout son temps pour leur expliquer. Tous les patients ont confiance

en elle. Elle avertit le médecin traitant et travaille en collaboration pour résoudre le

problème » (I06). Une autre infirmière affirme la disponibilité et la collaboration étroite

avec l’infirmière de l’équipe mobile : « Elle est vraiment là, elle vient tout de suite quand

on la demande. On travaille toujours en collaboration » (I10). Une autre infirmière

reconnaît l’expertise de l’infirmière de l’équipe mobile et confirme l’acceptation et

l’importance de son rôle : « Parfois, l’infirmière du service ne sait pas quoi faire, comme

elle n’est pas experte en soins palliatifs. L’infirmière de l’équipe mobile nous aide, elle

éclaircit les choses et collabore avec le médecin de l’équipe mobile pour améliorer la

qualité et soulager la douleur » (I05).

Ces propos sur la collaboration de l’infirmière dédiée aux soins palliatifs sont également

appuyés par un professionnel de l’équipe mobile lors de l’entrevue de groupe (EG), qui

décrit la capacité de l’infirmière à établir des relations entre les différents professionnels ;

des relations influencées par des rapports de confiance: « Il y a une collaboration étroite

avec l’infirmière, chacun fait son travail, mais on se complète. Le rôle de l’infirmière dans

113

l’équipe est global. On a confiance en elle, elle sait déléguer aux autres professionnels.

Son rôle est d’introduire et d’aider les équipes à dispenser les soins palliatifs » (EG). Un

autre propos venant d’une famille souligne l’importance de son rôle dans la collaboration

interdisciplinaire : « l’infirmière des soins palliatifs était un trait d’union avec les autres

infirmières et le médecin de l’équipe mobile » (F03).

Cependant, un manque de consensus semble émerger entre les différents professionnels

sur le rôle de l’infirmière de l’équipe mobile dans la prestation des soins techniques aux

patients en soins palliatifs. Un professionnel de l’équipe mobile, lors de l’entrevue de

groupe, décrit le rôle de cette dernière plutôt comme une consultante et comme une source

d’aide pour les équipes soignantes : « L’infirmière de l’équipe mobile n’est pas censée

faire les soins techniques, ce n’est pas dans son profil. Nous, on est des consultants, on

peut aider les équipes, discuter et réfléchir avec l’équipe soignante. Mais, l’infirmière n’a

pas un rôle de soins directs avec le malade, elle n’a pas à donner des soins » (EG).

Néanmoins, les propos de deux infirmières en oncologie ne manquent pas de confirmer

l’importance de son rôle pour des soins spécifiquement techniques aux patients en

contexte de fin de vie, en raison de son expertise dans ce domaine: « Parfois, il y a des

soins qu’on n’arrive pas à réaliser calmement, on fait appel à elle, et elle les fait […]. Pour

moi, c’était elle qui pouvait uniquement les faire » (I01). « En plus de l’accompagnement

psychologique, elle peut mettre une sonde gastrique, une sonde urinaire, mettre du sérum

ou une perfusion » (I02).

En effet, l’observation de la pratique infirmière confirme les propos de ces deux

infirmières. Suite à la demande de l’infirmière soignante, l’infirmière de l’équipe mobile

de soins palliatifs a pu convaincre un patient de l’importance d’un acte de soin, soit la

pose d’une sonde nasogastrique qu’il avait refusée auprès d’autres professionnels. Durant

sa tournée auprès des patients référés en soins palliatifs, l’étudiante-chercheuse a pu

remarquer également, que l’infirmière de l’équipe mobile est considérée comme une

personne ressource pour les infirmières de l’unité d’oncologie. De par sa présence

régulière auprès de ces malades, elle les assiste souvent, lors des soins auprès des patients

en fin de vie, surtout quand les infirmières d’oncologie ne se sentent pas capables de les

114

effectuer. Il va de soi que les propos des infirmières et des professionnels laissent voir que

l’infirmière de l’équipe mobile occupe une place importante au sein de l’unité d’oncologie

et de son équipe. D’ailleurs, les observations de la pratique de l’infirmière de l’équipe

mobile ont révélé sa disponibilité et son rôle dans la sensibilisation à la pratique des soins

palliatifs, à la collaboration interdisciplinaire et à l’accompagnement spirituel. De même,

les propos d’une famille témoignent de la disponibilité de l’infirmière de l’équipe mobile :

« C’était l’infirmière de l’équipe qui m’a parlé des soins palliatifs pour mon mari […].

Elle s’en occupait souvent et venait régulièrement nous voir » (F03). Une autre famille

ajoute : « Elle était disponible toujours en contact avec nous, même en dehors de ses

heures de service » (F02).

En somme, la pratique infirmière en soins palliatifs bénéficie d’une collaboration étroite

interdisciplinaire qui débute par une demande formelle, mais qui se poursuit par une bonne

communication entre les membres impliqués en soins palliatifs. Une disponibilité

marquée de l’équipe mobile et un travail en binôme sont mis en relief. En définitive, cette

pratique réussit grâce aux échanges entre les membres de l’équipe mobile, d’une part, et

entre l’équipe soignante en oncologie, d’autre part. L’accent est par ailleurs, mis sur

l’expertise de l’infirmière de l’équipe mobile et sur son rôle comme personne ressource

auprès des infirmières en oncologie et de la famille (Figure 6).

115

Figure 6. Pratique en collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins

palliatifs.

5.4.4 La spiritualité : une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs

La spiritualité émerge de l’analyse de l’observation du terrain et des entrevues avec les

différents participants, comme une toile de fond de l’exercice infirmier en soins palliatifs.

En effet, les propos relatifs à l’accompagnement spirituel sont omniprésents, aussi bien

dans le discours des professionnels de la santé et des infirmières que celui de l’infirmière

de l’équipe mobile. D’ailleurs, tous les participants s’accordent sur l’importance de

l’accompagnement spirituel des patients et de leur famille, tout en respectant leurs

croyances culturelles et religieuses. Ce constat fut validé également, lors de l’observation

de la pratique. Ainsi, il était possible de discerner les efforts déployés par les infirmières

pour assurer un accompagnement spirituel. Cet accompagnement dépendait de la volonté

des patients et de leurs proches ou bien de l’avis des infirmières, le jugeant nécessaire ou

bénéfique pour le patient. Cet accompagnement est mis en relief, en évaluant les besoins

spirituels et en respectant les croyances, les pratiques et les convictions religieuses. Mais

116

aussi, les participants n’ont pas manqué de considérer le contexte culturel, d’assurer une

présence et un silence auprès d’un patient en fin de vie ou de l’aider dans la remise en

question du sens de sa vie.

Selon les infirmières, une évaluation des besoins spirituels permet de mieux comprendre

les demandes exprimées par le patient, afin de déterminer la meilleure manière pour y

répondre. Une infirmière déploie son engagement et son discernement pour le respect des

pratiques religieuses, notamment par l’appel à un référent du culte concerné : « Respecter

sa dignité surtout au niveau des croyances du malade. S’ils veulent un prêtre pour prier

avec eux ou un Cheikh, on les encourage, peu importe leur religion » (I07). Une autre

infirmière ajoute : « S’il a besoin du prêtre, il faut répondre à son besoin » (I03). Toutefois,

cet accompagnement ne se limite pas aux infirmières. L’interdisciplinarité prend toute sa

dimension avec la présence de ressources disponibles dans l’établissement, notamment

l’intervenant spirituel de l’équipe mobile des soins palliatifs. Celui-ci s’engage avec une

approche humaine sans distinction entre les religions. Le rôle de l’intervenant spirituel

semble important selon les infirmières. L’une d’entre elles dit : « Un patient qui se posait

beaucoup de questions, pourquoi moi ? Pourquoi le bon Dieu m’a fait ça ? […]. Là je l’ai

référé au prêtre. Il a été le voir, il l’a aidé à se déculpabiliser et à accepter mieux sa

situation » (I11). Dans cet extrait, l’infirmière tente d’apaiser la souffrance en le référant

à l’intervenant spirituel pour répondre aux questionnements existentiels et spirituels et

l’aider à accepter sa situation. D’ailleurs, l’observation de l’étudiante-chercheuse a mis en

relief la présence journalière du représentant spirituel dans l’unité d’oncologie, son

accompagnement spirituel auprès des patients et de leur famille, toutes religions

confondues, ainsi que son implication aux plans humain et spirituel.

Les propos des infirmières témoignent également, que la réponse aux besoins spirituels

respecte les croyances religieuses de chacun, tout en respectant sa dignité. Dans ce sens,

les infirmières font référence à un ensemble d’actes rituels liés aux croyances religieuses

des patients et de leur famille, qui peut se manifester par des prières individuelles ou en

famille pour une protection divine, en référence à leur tradition religieuse. « Les patients

et leur famille quand ils prient, on ne les dérange pas, on respecte leurs croyances » (I06).

117

Pour une autre infirmière: « Je respecte les croyances du patient. Par exemple, s’il a une

photo d’un saint avec lui, il faut la garder à côté de lui comme il le souhaite » (I03). Une

autre stratégie d’accompagnement spirituel est celle de tenter d’exhausser les vœux et les

pratiques religieuses des patients ou de leur famille par l’assistance à la prière et par le

respect de leur volonté dans l’application de leurs actes de foi. L’une d’entre elles

mentionne à ce propos : « Quand l’aumônier vient chez les malades et nous sommes

présents dans la chambre, on participe aux prières avec eux. Une patiente a demandé

d’aller à l’église, elle souffrait beaucoup, elle n’arrivait pas à marcher, on l’a installée sur

un fauteuil roulant et on l’a descendue à l’église » (I07).

Certains patients et proches sont attachés également, à l’espoir de guérison, même en fin

de vie, d’où la nécessité de respecter leurs convictions. Une infirmière décrit ce contexte

qui semble la mettre devant un dilemme éthique: « Il y a un accompagnement spirituel

aussi avec les patients qui attendent jusqu’au dernier moment un miracle […], on ne peut

rien faire, il faut respecter leurs convictions » (I03). Dans cet extrait, l’infirmière fait le

choix de ne pas ébranler la conviction du patient et de sa famille. Elle fait le choix de le

respecter. Un choix qui semble difficile pour l’infirmière, puisqu’il peut empêcher le

patient ainsi que sa famille de se préparer à la mort qui s’en vient.

Une infirmière explique de même, la prise en charge d’un patient tout en considérant son

contexte culturel et sa volonté : « Selon la culture de chaque patient, parfois je peux mettre

la main sur l’épaule du patient, d’autres non […]. On a, par exemple, un jeune qui refuse

de me regarder. Je m’agenouille, à côté de lui, pour que je puisse parler avec lui, c’est une

approche pour lui dire que je suis à côté de lui » (I02). Par ses propos, l’infirmière

démontre ici un engagement par sa présence, tout en considérant le contexte culturel et la

volonté de chaque patient.

L’accompagnement spirituel s’avère essentiel pour les infirmières, afin d’aider le patient

dans la remise en question du sens donné à sa vie. « Les soins pour moi n’étaient plus

uniquement des soins physiques que je faisais tous les jours, j’essayais au début pour le

stimuler pour reprendre ce goût à la vie parce qu’il était déprimé, autant que possible pour

118

qu’il retrouve lui-même le sens de la vie. Ce n’était pas facile de l’aider à se remettre

debout et l’aider à regarder les choses un peu plus sereinement » (I01). Cette infirmière

soutient que sa pratique de soins visait, non seulement des soins physiques, mais aussi

spirituels pour accompagner le patient et le stimuler à cheminer avec l’expérience de sa

maladie, pour reprendre goût à la vie.

Bref, l’accompagnement spirituel des patients et de leur famille occupe une place centrale

dans la pratique des soins palliatifs en fin de vie, principalement dans le contexte libanais.

Cet accompagnement spirituel qui s’intègre au processus de soin est fondé sur l’évaluation

des besoins spirituels, le respect des croyances, des pratiques et des convictions religieuses

du patient et de sa famille. Cet accompagnement est appuyé par la présence d’un

représentant religieux qui s’implique sur les plans humain et spirituel auprès des

différentes religions. Les observations et les entrevues manifestent aussi l’importance,

pour les infirmières, de considérer le contexte culturel, de garder parfois le silence durant

les échanges ou d’être présentes pour répondre aux questionnements sur le sens donné à

la vie humaine et au temps qui reste à vivre (Figure 7).

119

Figure 7. Spiritualité : une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs

5.4.5 L’accompagnement de la famille : le rôle indispensable de l’infirmière

Pour les infirmières, l’accompagnement s’avère nécessaire pour la famille des patients qui

accompagne elle-même leur proche en fin de vie et qui reçoit souvent l’annonce du

pronostic vital. De même, les observations de l’étudiante-chercheuse peuvent témoigner

que cet accompagnement prend toute son ampleur pour aider la famille dans l’expérience

qu’elle vit avec son proche. Ainsi, cet accompagnement est réalisé par l’écoute, le soutien

au moment du deuil et la transmission d’information.

L’accompagnement de la famille est réalisé, selon les infirmières de l’unité d’oncologie,

par l’écoute. Celles-ci les encouragent à exprimer leurs émotions en leur donnant

l’occasion d’exprimer leur chagrin. Une infirmière estime que pour une famille anxieuse,

la meilleure stratégie c’est l’écoute : « Les familles anxieuses ont besoin qu’on écoute

leurs plaintes, leur laisser exprimer leurs plaintes et leurs pleurs devant nous » (I08). Une

autre affirme : « Les familles ont besoin d’être écoutées pour exprimer leurs inquiétudes,

pour bien accompagner leur malade » (I11). Une infirmière renchérit: « Les soins

120

palliatifs, c’est un accompagnement individualisé avec la famille du patient en fin de vie

[…], il faut écouter leurs plaintes » (I03).

Cet accompagnement est indissociable du soutien assuré à la famille au moment de la fin

de vie, de l’agonie et du deuil. En comprenant les réactions émotives de la famille, les

infirmières essayent de l’aider à traverser les phases du deuil pour pouvoir aborder

sereinement la fin de vie de leur proche. À cet égard, une infirmière qui interprète le

processus normal de deuil apporte un soutien aux proches en fin de vie pour mieux aborder

l’agonie et le décès. Elle décrit le déni de la mort par la famille et explique les difficultés

d’acceptation qui entourent souvent la phase terminale de la vie du malade. Elle mentionne

à ce propos : « Il faut surtout accompagner les membres de la famille […], leur dire les

choses telles qu’elles sont, en même temps les aider à cheminer vers une vérité. Ils sont

parfois en déni de la mort, c’est difficile d’accepter la fin de vie » (I01). Cette même

infirmière ajoute que « C’est normal que la famille passe par une étape de deuil, de refus,

de révolte. Mais à un moment donné, il faut accompagner la famille à travers ces étapes

pour pouvoir aborder la mort, peut-être à long terme, plus sereinement » (I01). Ces propos

s’alignent avec ceux d’une autre famille qui mette l’accent sur la nécessité d’accompagner

la famille durant la phase terminale de leur proche : « Un accompagnement psychologique

était important pour moi et pas pour le patient, et j’insiste que c’est pour moi, c’était

nécessaire pour traverser cette période difficile…ça m’a aidé plus à accepter » (F02).

Ainsi, les infirmières décident de mettre en œuvre leurs connaissances au service de la

famille pour lui procurer un soutien, la préparer aux derniers moments de la vie du proche

et lui expliquer le processus qui s’en suit, comme l’exprime cette infirmière: « La famille

a besoin de plusieurs explications. Elle n’a pas vu de patients en stade terminal, elle ne

sait pas quoi faire, il faut que la famille soit préparée pour ce temps-là » (I06). Dans cet

extrait, l’infirmière cherche à favoriser une diminution de l’anxiété de la famille et à la

rassurer devant l’inconnu, surtout pour les proches accompagnateurs qui n’ont jamais

vécu de situation semblable auparavant. Ces propos sont partagés par le discours de la

famille qui témoigne de l’importance du soutien assuré par les infirmières, lors de

l’hospitalisation de leur proche: « Pour la famille, ça soulage beaucoup un

121

accompagnement aussi une présence en cas de panique et d’angoisse » (F03). Une autre

famille souligne aussi comment les infirmières l’ont consolée dans un moment où elle

était présente auprès de son proche: « Ils étaient à nos petits soins, ils étaient là pour nous

consoler. Ils m’ont beaucoup aidée. Ils m’ont préparée pour cheminer dans mon propre

chagrin » (F02). De plus, une famille renchérit en disant : « Vous savez, c’était pour moi

plus que pour elle […], ils m’ont aidée plus moi » (F01). Ici, les proches précisent que

l’accompagnement des infirmières était une source d’aide importante pour eux. Ces

extraits montrent comment ces derniers sont accompagnés dans la compréhension de la

maladie de leur proche malade et dans leur propre cheminement de deuil. Cet

accompagnement les aide à surmonter la séparation douloureuse d’un être cher.

De plus, de par leur présence au quotidien avec le patient et sa famille, les infirmières

accompagnent la famille par la transmission d’information sur la progression du

cheminement de leur proche. Elles ont constaté que les familles réclament régulièrement

des explications sur l’état de leur proche. Elles donnent aussi des explications à la famille

concernant les soins qu’elles prodiguent et l’informent sur les changements potentiels

relatifs à l’état de leur proche. Grâce à leurs soins, elles assurent la transmission

d’information à la famille sur l’action des médicaments et les effets susceptibles de

survenir. Ces explications permettraient de les rassurer: « La famille a toujours besoin

d’explications et le besoin de l’informer de tout bonne communication, même si on a

changé par exemple le sérum du glucosé au sérum salé, la famille pose des questions,

pourquoi il y a eu ce changement. Il faut toujours les informer » (I03). Cette infirmière

qui se soucie du bien-être de la famille décrit le besoin de celle-ci, d’être rassurée par la

transmission d’information relative aux soins de leur proche malade. Dans la même

perspective et pour assurer le bien-être de la personne, une infirmière en oncologie raconte

son expérience avec une malade. Durant ce temps, elle accompagnait la famille pour

l’habiliter à prendre soin de la personne en fin de vie et de lui permettre de demeurer à

domicile et y mourir. « J’avais une patiente jeune de 30 ans [...]. Sa mère avait envie que

sa petite fille meurt à domicile [...]. La patiente était sous morphine en pousse-seringue

[...]. J’ai enseigné à la mère comment faire la surveillance de la perfusion, comment faire

122

fonctionner un pousse seringue, comment donner la morphine à sa fille en sous cutanée,

si elle en a besoin, et comment faire des pansements et ce qu’elle va surveiller » (I06).

En résumé, l’accompagnement de la famille des personnes soignées prend toute sa

dimension dans la pratique infirmière en soins palliatifs. Cet accompagnement est réalisé

grâce à l’écoute qui donne l’occasion à la famille d’exprimer leur chagrin. Les infirmières

mettent également, à disposition des familles, leurs connaissances par la transmission

d’information en lien avec les soins et l’organisation de la vie quotidienne de leur proche

malade. Mais aussi, en accompagnant la famille pour l’aider à traverser les phases du deuil

(Figure 8).

Figure 8. Accompagnement de la famille : le rôle indispensable de l’infirmière

En d’autres mots, l’analyse de la triangulation des différentes sources et méthodes de

collecte des données, relatives à la pratique infirmière auprès des patients cancéreux au

sein d’une équipe interdisciplinaire au Liban, a permis de mettre en lumière cinq thèmes

centraux (Annexe 7). Ainsi, les soins palliatifs sont perçus par les participants de cette

étude comme des soins qui favorisent une meilleure qualité de vie, par une prise en charge

holistique de la personne à travers les dimensions aussi bien physique, que psychologique

et sociale, tout en tenant compte également des besoins spirituels. Bien que la prestation

de soins palliatifs fasse partie de la pratique des infirmières, pour assurer une prise en

charge holistique, ces dernières sont épaulées par une équipe mobile interdisciplinaire.

123

Enfin, les données recueillies ont mis en relief le rôle des infirmières dans

l’accompagnement de la famille des patients.

Toutefois, l’analyse des données révèle que l’exercice de la pratique infirmière exige

également une écoute attentive et un accompagnement chaleureux afin d’assurer une

présence auprès du patient et de sa famille. À cet effet, il est intéressant de signaler que

les entrevues et l’observation sur le terrain amènent à constater que cet accompagnement

est fondé sur une relation humaniste empreinte de caring dans la prise en charge du patient

en fin de vie. Dans la mesure où cette approche humaniste de caring s’inscrit comme une

toile de fond pour la pratique en soins palliatifs, elle transcende l’ensemble des cinq

thèmes centraux. Le choix de cette approche va permettre d’abord, d'aller plus loin dans

l’analyse par rapport à cet accompagnement humaniste, et ensuite, de constituer un

élément clé au cœur des soins palliatifs, en lui donnant un ancrage disciplinaire infirmier.

Il permettra enfin, de répondre à la deuxième question spécifique de recherche. Les

paragraphes qui suivent décrivent les propos des participants en lien avec l'approche

humaniste du caring en soins palliatifs.

5.5 L’approche humaniste de caring en soins palliatifs

Lorsque questionnées sur la relation humaniste de caring, les infirmières ont indiqué à

quel point l’aspect relationnel avait une place centrale pour elles, quand elles dispensent

des soins palliatifs. Selon elles, la notion du soin humain est étroitement liée à celle des

soins palliatifs, et semble majeure dans la pratique infirmière auprès des patients en fin de

vie. En effet, lors de l’observation de la pratique, l’étudiante-chercheuse a été témoin de

l’intérêt marqué des infirmières à vouloir trouver les moments propices pour accompagner

ces patients. Ces moments sont marqués par une relation particulière de présence, de

respect et d’écoute active. Les soins authentiques mettent la personne au cœur du soin.

La majorité des infirmières interviewées identifie l’importance de la présence auprès du

patient dans la relation humaniste du caring. Une infirmière mentionne que par sa

proximité physique, elle cherche à s’immerger dans une approche humaine avec le patient

souffrant: « Il y a la réponse aux besoins du patient, mais il y a aussi la présence. […].

124

Être présente, être plus humaine, ne pas être robotique dans la pratique, ne pas juste donner

le médicament et quitter » (I03). De même, l’une d’elles décrit son engagement, pour

rester proche du patient malgré sa charge de travail, pour partager avec lui ses instants

d’angoisse. Par sa présence, elle démontre empathie et compassion envers le patient, en

lui manifestant le sentiment qu’elle comprend ce qu’il vit. « Je préfère être très proche du

patient, je travaille sur ce point même si j’ai du travail, pour écouter ses plaintes [...], lui

faire sentir que je comprends ses souffrances » (I09). Corroborant ces propos, une autre

infirmière a imagé le soin humain comme une disponibilité auprès du patient: « Pour un

patient en soins palliatifs, il faut être présent quand il nous le demande, quand il a besoin

de nous » (I03). Ces extraits mettent en évidence l’importance pour les infirmières de

démontrer une présence auprès de leur patient en fin de vie. Elles vont prendre le temps

de calmer son angoisse ou de s’informer de ce qu’il ressent. À cet égard, un membre d’une

famille témoigne de l’attitude humaniste empreinte d’empathie créée entre l’infirmière et

la patiente pour l’accompagner en fin de vie : « C’est la présence, le toucher, c’est la

proximité de l’infirmière […]. Elle était proche de ma sœur, elle comprenait sa

souffrance » (F03).

De plus, les infirmières démontrent une relation de caring par un respect envers le patient.

Elles tentent même, de faire reconnaître et respecter sa volonté en fin de vie. Lors d’une

entrevue, une infirmière déclare à ce propos : « Il faut respecter ce que le patient demande,

tout ce dont il a besoin, il faut le lui donner, lui permettre de prendre ce qu’il veut » (I03).

L’observation de la pratique sur le terrain témoigne également, que malgré leur surcharge

de travail auprès des patients et la surcharge administrative, les infirmières n’ont pas

manqué de démontrer en continu une attitude de respect envers le patient et sa famille.

La relation humaine centrée sur le caring se réalise également, chez les infirmières par

une pratique d’écoute active du vécu du patient et de sa famille. Les infirmières ont évoqué

l’importance de prendre le temps d’écouter le patient et la famille, ce qui peut être

bénéfique pour eux. Une infirmière de l’unité d’oncologie affirme que l’écoute des

patients est un moyen pour les encourager à exprimer leurs émotions et leurs sentiments

positifs et négatifs. « Pour les accompagner, il faut juste prendre le temps de les écouter,

125

pour exprimer leurs sentiments et leurs plaintes » (I03). L’observation de la pratique

infirmière a permis d’identifier l’importance d’écouter le patient. En effet, lors des soins,

les infirmières ont eu l’occasion de mettre en valeur leurs capacités relationnelles

d’écoute. Elles ont privilégié parfois le silence pour écouter les plaintes du patient et celles

de sa famille. Une autre infirmière affirme également, l’importance de l’écoute ainsi que

l’humanisation des soins pour le patient: « C’est avec beaucoup d’écoute qu’on assure

l’accompagnement des patients en fin de vie. Le fait de les écouter, c’est qu’ils sont

importants et qu’ils sont présents, qu’ils ne soient pas un numéro ou un cas » (I11).

En outre, les entrevues et les observations témoignent du souci de certains participants à

respecter le silence, durant les moments d’échanges avec la famille, par exemple. Dans ce

contexte, il faut savoir faire preuve d’écoute active et respecter le cheminement personnel

du patient et de sa famille. Une infirmière décrit son attitude envers une proche qui pleurait

en présence de l’aumônier dans la chambre : « C’est par mon silence, je l’ai laissée

exprimer ce qu’elle ressentait. Je n’ai rien dit, je n’ai fait que mettre la main sur son épaule

et de la laisser elle-même prendre le temps, soit de parler ou de garder le silence ou de

pleurer. Mais, elle sait qu’il y a quelqu’un qui est là […], qu’elle n’est pas seule » (I01).

Dans cet extrait, l’infirmière favorise le silence dans son attitude avec la famille peinée.

Pour elle, c’est par le silence qu’elle doit recueillir l’expression des émotions des proches

et ainsi, leur montrer son soutien par le toucher, en particulier, la pose de la main sur ses

épaules.

D’autres propos mènent à constater que l’approche relationnelle du caring constitue une

approche de soins authentique où la personne est au cœur du soin. Les aspects de la

relation humaine de caring se concrétisent pour les infirmières en offrant des soins

infirmiers personnalisés au patient, et en développant une relation authentique avec

chaque patient dans la pratique professionnelle. Les résultats de la présente étude ont

montré que les infirmières respectent le cheminement unique de chaque patient. Une

infirmière décrit l’approche humaniste des soins par le fait de considérer chaque patient

comme étant unique, ce qui permet de prodiguer des soins humains individualisés : « C’est

la personne en tant que telle qu’on doit prendre en charge, dénudée de tout ce qu’elle avait

126

comme grandeur […]. La réponse aux besoins est dépassée pour toucher l’humanité de la

personne » (I02).

Cette approche de caring se trouve intégrée à la routine des infirmières lors de la prestation

des soins auprès de leurs patients. Elle relève du travail quotidien de l’équipe soignante,

comme l’indique une infirmière: « Moi je crois qu’on fait toujours du caring sans le

savoir, sans réfléchir que je fais du caring. On le fait d’une façon inconsciente chaque

jour » (I10).

Les observations effectuées auprès des infirmières ont permis d’appuyer leurs propos sur

l’accompagnement à travers la relation humaine de caring, une approche centrée sur le

patient en fin de vie. En effet, lors des entrevues, les infirmières ont traité à différentes

reprises des éléments fondamentaux d’une relation empreinte de caring, telle la présence,

le respect et l’écoute active tout en privilégiant parfois le silence et en centrant la personne

au cœur du soin (Figure 9). Écouter la personne soignée et être présente sont des moyens

identifiés par les infirmières pour accompagner et soulager les personnes qu’elles soignent.

Les infirmières veillent à combiner leurs activités de nature technique et relationnelle pour

optimiser le peu de temps dont elles disposent auprès du patient, afin de fournir une

meilleure qualité de vie avec une prise en charge globale des besoins du patient. Elles

profitent de leur présence lors des soins à accomplir afin de créer une relation de confiance

avec le patient, de communiquer avec lui, de le toucher, de s’asseoir près de lui, de détecter

sa détresse ou de répondre à ses questions.

127

Figure 9. Approche humaniste de caring en soins palliatifs

5.6 Les facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins

palliatifs

La première question spécifique de recherche s’intéressait particulièrement aux facteurs

qui peuvent exercer une influence sur la pratique infirmière en soins palliatifs. Les

paragraphes qui suivent décrivent en premier, les différents facteurs contraignant, et par

la suite, ceux facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs.

5.6.1 Les facteurs contraignant la pratique infirmière en soins palliatifs

Les entrevues avec les différents types de participants illustrent une panoplie de facteurs

contraignant l’exercice des soins palliatifs. Ces barrières limitent les aspirations des

acteurs pour une pratique de qualité. L’analyse des données recueillies met en évidence

trois catégories de facteurs contraignants: professionnels, organisationnels et émotionnels.

128

5.6.1.1 Les facteurs contraignants professionnels

Au cours de la pratique des soins palliatifs, les infirmières sont en face de barrières qui se

résument par la résistance des médecins, le manque de consensus sur le début des soins

palliatifs et le manque de formation.

5.6.1.1.1 La résistance des médecins

Un consensus dans les discours des répondants rend compte d’une importante barrière liée

à la pratique des soins palliatifs, soit la perception de résistance de l’équipe médicale en

oncologie en regard de l’approche palliative. Cette résistance se manifeste notamment,

par le manque de coordination interdisciplinaire. À cela s’ajoute l’introduction tardive des

soins palliatifs pour les patients atteints de cancer incurable ou de la référence à l’équipe

de soins palliatifs. Une infirmière exprime ses plaintes en regard des résistances des

médecins à l’approche palliative : « Il n’y a pas beaucoup de coordination entre le médecin

curatif et le médecin de l’équipe mobile des soins palliatifs. On n’est pas encore arrivé à

un stade où on accepte les propositions palliatives, ça crée des difficultés pour les

introduire » (I11).

De même, pour un expert, la difficulté à se référer à l’équipe de soins palliatifs réside

souvent dans la crainte pour les médecins de ne plus être en mesure de diriger les soins au

patient : « Le médecin a peur […], s’il veut référer son patient à l’équipe de soins

palliatifs, de perdre son patient » (E02). Dans la même veine, un autre expert renchérit

que pour certains médecins, il est important de ne pas enlever l’espoir de guérir un patient

par l’arrêt du traitement curatif : « Soigner un malade jusqu’au bout c’est leur devoir (les

oncologues), et qu’on ne peut pas abandonner un malade qui a une maladie à laquelle ils

connaissent encore un soi-disant traitement » (E03). Ce même expert ajoute qu’il arrive

que certains oncologues adoptent des stratégies de soins palliatifs selon leur vision :

« Parfois, il y a certains oncologues qui pratiquent les soins palliatifs sans les appeler.

C'est-à-dire qu’il arrête une chimiothérapie et dit aux infirmières que le malade n'est pas

à réanimer […]. C'est-à-dire, de ne pas s’acharner » (E03).

129

La résistance des oncologues sur la pratique des soins palliatifs a été également soutenue

par un professionnel : « Il y a la mentalité, certains savent que les soins palliatifs existent,

mais ils croient que ce sont juste des soins de fin de vie […]. Dans les soins palliatifs, on

pense symptomatique, les autres médecins (oncologues) pensent toujours curatif » (EG).

Une infirmière donne aussi son avis à ce propos : « Il y a quatre ou cinq médecins qui

refusent l’idée de soins palliatifs, ils veulent faire tout jusqu’au bout » (I08).

5.6.1.1.2 Le manque de consensus

La résistance de l’équipe médicale en oncologie, en regard de l’approche palliative,

implique également une ambigüité et un manque de consensus à deux niveaux. Celui du

moment de l’introduction des soins palliatifs dans la trajectoire de la maladie et celui du

discernement entre le curatif et le palliatif. À cela s’ajoute la fausse croyance que les soins

palliatifs induisent la mort du patient. D’où la nécessité de trouver le moment opportun

pour laisser la place à l’approche palliative, comme en témoigne cette infirmière : « Les

soins palliatifs ce n’est pas laisser la personne mourir et ne rien faire, ce n’est pas

s’acharner, non plus. Il y a le juste milieu à faire selon le cas, et c’est ça qui est difficile à

comprendre » (I01).

À ces propos s’ajoutent la tendance des oncologues de référer tardivement leurs patients

aux soins palliatifs : « Les soins palliatifs sont toujours demandés en retard. On ne peut

pas débuter les soins palliatifs en fin de vie, les patients doivent en profiter plus tôt pour

améliorer leur qualité de vie » (I10). Dans ses propos, l’infirmière explique que la

transition tardive des soins curatifs aux soins palliatifs empêche l’accès aux bénéfices

escomptés de la pratique des soins palliatifs et limite leur efficience dans l’amélioration

de la qualité de vie. Une autre infirmière explique que les soins palliatifs sont souvent

marginalisés par rapport aux soins curatifs : « Un vrai soin palliatif c’est en premier, une

bonne relation d'aide avec la famille et avec le patient. Une relation qui ne doit pas se faire

24h avant la mort du patient, mais avant. Par exemple, avant un mois ou deux mois, ce

qui est nécessaire pour le patient, afin qu’il comprenne c’est quoi les soins palliatifs »

(I06). Une infirmière exprime également, son malaise sur le suivi tardif des patients dans

la trajectoire de la maladie, et considère les soins fournis aux patients comme des soins

130

terminaux, plutôt que des soins palliatifs: « Ce qui empêche, c’est le suivi tard, il peut

commencer un peu plut tôt, beaucoup plus tôt, même avec le curatif [...]. Mais, on laisse

tout jusqu'à la fin, ce sont des soins terminaux plutôt, pas palliatifs purs » (I10). La

difficulté à établir des frontières entre le curatif et le palliatif est évoquée par d’autres

participants. À titre d'exemple, cet extrait des propos d’un professionnel de la santé fait

état des contraintes des infirmières face à la transition du curatif au palliatif : « Les

infirmières sont frustrées parce qu’elles n’arrivent pas à pratiquer les soins palliatifs,

comme elles le voient et comme elles l’ont appris dans leur cours. Elles ont toujours cet

arrachement entre le curatif et le palliatif » (EG).

En outre, les soins palliatifs sont appliqués souvent en association avec d’autres

traitements déraisonnables, visant à prolonger la vie et incluant des investigations jugées

inutiles en fin de vie. Une infirmière exprime son malaise à ce propos : « On demande des

bilans même en fin de vie, on a fait une fois un bilan pour la patiente, le temps de mettre

l’étiquette sur les tubes, elle était décédée. Ce n’est pas acceptable » (I09). Dans cet

extrait, l’infirmière reconnaît qu’elle est tenue à effectuer des examens qu’elle trouve

inutiles et intolérables pour des patients en fin de vie, puisque cela n’améliore pas leur

condition.

Un autre facteur qui fait obstacle à la pratique infirmière des soins palliatifs réside dans le

manque de modèle national de soins palliatifs, à l’instar des modèles existants dans le

monde, selon les experts. Il s’agit d’un modèle qui serait transposable au contexte de la

population libanaise et qui unifierait la pratique des soins palliatifs entre les différents

acteurs : « On n’a pas de modèle de soins palliatifs qui existe au Liban, pourtant il y a des

modèles qui existent dans le monde, on peut adopter quelques modèles, mais un modèle

au Liban n’existe pas » (E02). L’importance au recours à un modèle en soins palliatifs a

été également évoquée par un autre expert. « Pas de modèle en soins palliatifs à suivre au

Liban. Ce n’est pas chaque hôpital ou chaque université qui va avoir son propre modèle.

Il faut avoir un seul modèle sur le plan national qui guide les soins palliatifs » (I03).

131

5.6.1.1.3 Le manque de formation en soins palliatifs

Le manque de formation en soins palliatifs a émergé comme une barrière qu’évoquent

surtout, les infirmières et les experts. Pour l’un des experts, il s’agit d’un manque de

connaissances et de formation spécialisée des équipes en oncologie sur les soins palliatifs,

vu que cette spécialité n’était pas intégrée dans les cursus académiques auparavant. « Le

Comité national des soins palliatifs a introduit les principes de base des soins palliatifs

dans les programmes de formation générale des infirmières, mais ce n’est pas suffisant.

Aussi, il y a un manque de connaissances chez les médecins. Dix ans plus tôt, les médecins

n’avaient pas une formation sur ce domaine » (E02). A l’égard des notions de base sur les

soins palliatifs introduits dans les cursus, les infirmières en oncologie affirment

l’insuffisance de leurs connaissances sur les soins palliatifs et réclament une formation

spécialisée pour s’engager davantage avec les patients. L’une d’entre elles ajoute : « C’est

souvent le manque de formation, on n’est pas vraiment spécialisée en soins palliatifs »

(I06). De même, une autre infirmière confirme son besoin de connaissances

supplémentaires sur les soins palliatifs : « On aime en savoir plus, avoir plus de

connaissances à propos des soins palliatifs » (I09). Une autre ajoute : « Je souhaite suivre

des formations ou des sessions en soins palliatifs […]. La formation nous aide à savoir

comment parler avec le patient en soins palliatifs et à lui fournir le meilleur soin de

qualité » (I08). Ces extraits relatent la soif des infirmières à développer leurs

connaissances afin d’offrir aux patients la meilleure qualité possible de soins palliatifs.

5.6.1.2 Les facteurs contraignants organisationnels

Les facteurs organisationnels évoqués par les participants à l’étude reviennent au manque

d’infrastructures organisationnelles ainsi qu’au manque de temps et à la surcharge de

travail.

5.6.1.2.1 Le manque d’infrastructures organisationnelles

Les barrières organisationnelles semblent dominer dans les entrevues avec les infirmières,

surtout en ce qui concerne les infrastructures permettant le respect de la vie privée du

patient et de sa famille en fin de vie. Par ailleurs, selon la perspective des infirmières, la

structure organisationnelle est façonnée par un ensemble d’éléments contextuels qui

132

délimitent le cadre dans lequel peuvent s’exercer les soins palliatifs. Parmi ces éléments,

le manque d’unités de soins palliatifs et la promiscuité entre les patients dans une même

chambre sont identifiés comme des barrières entravant la prestation de soins palliatifs. En

effet, l’observation de la pratique a permis de noter que les patients en oncologie sont à

des stades différents de la maladie et sont souvent hébergés dans une même chambre avec

des patients qui ont des diagnostics différents. Un malade en début de chimiothérapie

pourrait par exemple, se retrouver avec un malade en fin de vie.

Ainsi, cette barrière, qui semble être un élément récurrent chez plusieurs infirmières, rend

plus difficile la prestation des soins de qualité, autant pour les patients en oncologie que

pour ceux en soins palliatifs. L’une des infirmières mentionne ses plaintes à ce propos :

« Il n’y a pas de chambre particulière. Le patient en fin de vie a le droit d’être dans une

chambre à un seul lit parce que parfois, le patient regarde son voisin qui meurt et qui me

dit : « Je serai le suivant » (I08). Une autre confirme cette perspective « C’est difficile, le

fait qu’il y ait un malade en soins palliatifs et un autre qui ne l’est pas, dans la même

chambre » (I05). Cette difficulté a été décelée lors des observations des infirmières. En

effet, cette promiscuité impose le manque de vie privée entre les patients et ses proches,

et limite les soins individualisés dans l’exercice infirmier de soins palliatifs. À cela

s’ajoute les difficultés de communication avec la famille. Ainsi, pour divulguer une

information, l’infirmière se retire de la chambre avec la famille pour discuter dans le

couloir ou dans une chambre avoisinante afin de respecter la confidentialité dans les

échanges.

5.6.1.2.2 Le manque de temps et la surcharge de travail

À ces données liées aux infrastructures organisationnelles s’ajoutent d’autres obstacles,

tels le manque de temps ainsi que l’intensité de la charge de travail des équipes soignantes.

La surcharge de travail est perçue, tant par les infirmières que par les autres participants,

comme l’une des composantes qui affectent le plus la réalisation des soins palliatifs. Les

infirmières reconnaissent la lourdeur de leurs tâches et les considèrent souvent

accablantes. Une infirmière semble exprimer un sentiment de frustration de ne pas avoir

donné les soins qu’elle aurait voulu pour un patient en soins palliatifs, par manque de

133

temps et suite à sa surcharge lors de son quart de travail. Ainsi, le fait d’avoir un patient

en soins palliatifs peut représenter une différence au niveau de la charge de travail de

l’infirmière. Pour elle, la présence d’un patient en soins palliatifs constitue une charge de

travail additionnelle. « Personnellement, je ne peux pas donner toutes les informations que

j’aime donner au patient en soins palliatifs et à sa famille si j’ai, par exemple, six et sept

patients avec un patient en soins palliatifs. La charge du travail va diminuer nos forces à

donner plus d’information, je n’ai pas le temps à lui donner tout seul » (I03). Une autre

précise : « Le temps nous manque, les ressources nous manquent aussi» (I08).

Quand les patients en fin de vie sont hospitalisés dans une unité de soins en oncologie,

l’infirmière est contrainte à faire des choix. Elle priorise les soins aux patients ayant des

soins aigus plutôt que ceux qui sont en soins palliatifs. Ce choix est motivé soit par un

manque de temps ou soit par un manque de compréhension de ce que sont les soins

palliatifs. L’une d’entre elles dit : « Je pense qu’il y a des malades plus prioritaires, il y a

des malades en soins aigus, et non pas palliatifs, qui exigent beaucoup de soins. Ainsi, je

laisse tomber parfois les soins de ceux qui sont en soins palliatifs. J’ai l’idée que c’est le

maximum qu’on peut faire pour ces malades. Ils sont en fin de vie et c’est fini » (I04).

Les infirmières et les experts s’accordent à dire dans leurs propos, que la surcharge de

travail des infirmières empêche une prise en charge globale du patient, par manque de

temps. Les infirmières déplorent que le manque de temps les empêche d’établir une

relation personnalisée avec le patient et de communiquer suffisamment avec lui. Faute

d’une charge de travail équilibrée, les infirmières n’ont pas toujours le temps d’être

proches comme elles le souhaiteraient avec le patient en fin de vie. Assurer plus de

présence auprès de lui exigerait selon elles, une vaste disponibilité dans leur horaire. Ainsi,

le déficit en effectifs infirmiers et les ratios élevés patients/infirmier sont autant

d’éléments qui contribuent, à la fois, à l’augmentation de la charge de travail perçue par

les infirmières et à la perception d’un climat de travail défavorable en soins palliatifs,

comme en témoignent certaines. Le nombre insuffisant d’infirmières dans l’unité tend à

limiter la présence de l’infirmière avec le patient et par conséquent, la possibilité d’entrer

en communication avec lui ou de créer une relation d’aide. Une infirmière précise : « Le

134

nombre d’infirmières n’est pas toujours suffisant pour répondre aux besoins du malade.

Parfois, quand je prends en charge cinq malades, je peux avoir un malade en fin de vie, je

ne peux pas être très proche de lui, je n’ai pas le temps d’être à côté de lui, il n’y a pas de

temps suffisant » (I09). Une autre renchérit en disant : « Nous, comme infirmières, on ne

peut pas souvent faire une relation d’aide, car on prend en charge en moyenne six à sept

patients. Parfois, on a deux patients en soins palliatifs et d’autres qui sont en état critique

et qui ont besoin de beaucoup de temps pour des choses vitales. On n’a pas trop le temps

pour la communication, pour avoir une bonne relation » (I06). L’avis d’un expert soutient

ces propos : « Les infirmières ne peuvent pas pratiquer les soins palliatifs avec la surcharge

de travail. Elles n’ont pas le temps de s’asseoir à côté du malade pour discuter avec lui,

prendre le temps avec lui. On ne doit pas avoir la même charge de travail pour les mêmes

ratios de malades » (E02).

La charge administrative est également, à l’origine d’un sentiment de malaise évoqué par

une infirmière, celui de manquer de temps pour se consacrer à des activités de nature

relationnelle avec le patient. Le travail administratif pour elle, prend le pas sur sa présence

auprès des patients: « On a à peine le temps de rester avec ses patients pour écouter leurs

plaintes, vu le travail dans tout le service et la charge administrative » (I10). En effet,

l’observation de leur pratique a permis de distinguer plusieurs barrières à la pratique des

soins palliatifs. Sur l’ensemble du travail effectué par les infirmières, entre les soins aux

patients et le travail administratif, c’est ce dernier qui domine. Sur le terrain, les

infirmières consacrent une grande partie de leur temps à la tenue des dossiers.

5.6.1.3 Les facteurs contraignants émotionnels

La lourde charge émotive relative à la pratique infirmière auprès des personnes en fin de

vie ainsi que le manque de temps dû à la surcharge du travail, empêchent les infirmières

de faire leur deuil après le décès du patient. « Parfois, on n’a pas le temps de faire le deuil

du malade. On est en déni, on n’a pas le temps entre un patient et un autre patient. L’un

est mort et on prépare la chambre pour un autre. On n’a pas le temps d’accepter sa mort.

On ne peut pas vivre la mort du patient, on devient robotique d’après ce qui se passe »

(I03). De même, aller à l’encontre de leurs valeurs constitue un obstacle émotionnel qui

135

provoque chez les infirmières soignantes une frustration et un épuisement émotionnel, qui

par conséquent, affecte leur vie personnelle. Ce constat est confirmé par les propos d’une

infirmière qui se voit obligée de s’acharner sur un patient mourant pour effectuer une

investigation ou une réanimation qu’elle juge inappropriée :

On s’acharne jusqu’au bout et c’est là qu’on épuise les infirmières et parfois nous

sommes obligées de faire des choses qui sont à l’encontre de notre conscience, de

nos valeurs. Nous, en tant qu’infirmières, nous ne sommes pas convaincues, mais

nous sommes obligées de le faire selon la prescription médicale [...]. Par exemple,

un malade est en train de mourir, et lui faire un bilan ou bien faire passer un culot

globulaire. Le culot est encore branché et le malade expire (I01).

Ces dissensions poussent certaines infirmières à se protéger de l’épuisement par des

mécanismes de défense, en évitant de s’impliquer émotionnellement avec le patient. Ce

malaise se traduit chez une infirmière : « Parfois, j’essaye de garder des limites et de ne

pas m’investir avec le patient. Déjà, je suis dans le burn-out et ça affecte ma vie privée et

je ne veux pas aller jusqu’au bout, ce sont mes mécanismes de défense, face à la souffrance

des patients » (I08). Dans cet exemple, l’infirmière explique son attitude qui l’empêche

de s’investir dans la relation humaniste avec le patient, en mettant une barrière aux

échanges intimes avec l’autre, et en évitant de s’engager émotionnellement avec lui pour

éviter un épuisement émotionnel. Dans la même veine, un autre propos d’experts confirme

les attitudes des infirmières dans la prise de distance: « Elles répondent aux besoins du

patient en fin de vie. Elles font le juste nécessaire dans la gestion des besoins physiques,

sans s’investir. Elles essayent de ne pas s’attacher aux patients en fin de vie ou de

s’impliquer à leurs besoins psychologiques et spirituels pour se protéger du burn-out »

(E02).

Bref, l’analyse des résultats a permis d’identifier des facteurs contraignant la pratique

infirmière en soins palliatifs. D’abord, les facteurs professionnels en lien avec la résistance

des médecins, le manque de consensus sur le début des soins palliatifs par rapport aux

soins curatifs et le manque de formation des infirmières. Ensuite, des facteurs relatifs à la

136

structure organisationnelle et la surcharge de travail des infirmières sont mis en évidence.

Enfin, les facteurs émotionnels qui ont surgi, sont ceux liés à la tension psychologique et

émotive. Une tension à laquelle les infirmières sont confrontées dans leur pratique

quotidienne en soins palliatifs auprès de personnes atteintes de cancer en fin de vie (Figure

10).

Figure 10. Facteurs contraignant la pratique infirmière en soins palliatifs

5.6.2 Les facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs

Face à ce large éventail d’obstacles dégagés qui peuvent entraver la pratique infirmière en

soins palliatifs, des facteurs facilitants ont aussi pu être identifiés. Ceux-ci sont répartis en

trois groupes, soit les facteurs professionnels, organisationnels et émotionnels.

5.6.2.1 Les facteurs facilitants professionnels

Les sections suivantes reflètent certaines propositions que les participants à l’étude

considèrent comme des facteurs professionnels facilitant la promotion de la pratique en

soins palliatifs. Ces facteurs dépendent de la reconnaissance nationale de cette pratique,

de l’harmonisation de la collaboration interdisciplinaire et du développement de la

formation dans ce domaine.

137

5.6.2.1.1 La reconnaissance nationale

Un premier facteur facilitant la pratique des soins palliatifs est celui de sa reconnaissance

nationale. Les opinions divergent parmi les différents experts nationaux à ce sujet. L’un

des experts estime que les soins palliatifs sont déjà considérés comme une discipline

reconnue dans le domaine de la médecine : « La spécialité des soins palliatifs est reconnue

au Liban, actuellement comme une spécialité à part entière pour la médecine palliative »

(E01). Un autre expert le contredit : « Les soins palliatifs doivent être une part de

l’environnement, de l’atmosphère de chaque hôpital, dans le système de santé au Liban,

ce qu’on n’a pas » (E02). À cet égard, les professionnels de la santé et certaines infirmières

plaident la nécessité de reconnaître les bénéfices des soins palliatifs, pour son

développement: « Quand la spécialité sera reconnue sur le plan national, ça va sûrement

faciliter les soins palliatifs » (EG). Cet avis est partagé par une infirmière qui soutient le

besoin de reconnaissance des soins palliatifs pour faciliter l’exercice infirmier dans ce

domaine et améliorer la prise en charge du patient et de sa famille : « Ce qui va faciliter,

c’est la notion des soins palliatifs qui va être plus reconnue [...], ça facilite plutôt les

explications pour les patients et leur famille [...], pour que la famille parfois assimile c’est

quoi les soins palliatifs » (I10).

Toutefois, les experts se rejoignent dans leurs propos sur le besoin de sensibilisation du

grand public par les médias pour faire évoluer les mentalités envers la pratique des soins

palliatifs et faire reconnaître cette spécialité. Un expert propose: « Moi, je pense qu’une

campagne de presse serait très bénéfique pour les soins palliatifs. Faire connaitre les soins

palliatifs aux gens, les faire connaître au grand public, parce que quand le grand public

connaît les soins palliatifs, c’est lui qui demandera ça à son médecin » (E03). Deux autres

confirment ses propos : « Il faut sensibiliser et éduquer le public aux soins palliatifs pour

qu’il soit demandeur » (E01). « Quand le peuple devient vigilant pour cette facilité, il sera

demandeur » (E02). De même, pour l’un des experts, la sensibilisation des décideurs est

considérée comme l’un des facteurs facilitant la demande et l’émergence de la culture

palliative, et par conséquent, l’amélioration de l’exercice des soins palliatifs dans le pays.

« Faciliter l’accès aux soins palliatifs, c’est surtout faire rentrer dans la mentalité des gens

et des oncologues en particulier, les bénéfices des soins palliatifs » (E03).

138

En d’autres mots, suite à tous ces commentaires et aux observations effectuées sur le

terrain, même si la pratique des soins palliatifs est considérée comme pionnière dans le

milieu étudié, il va sans dire qu’il reste encore du chemin à parcourir dans ce domaine.

5.6.2.1.2 L’harmonisation de la collaboration interdisciplinaire

Quoique la collaboration soit considérée comme une force qui marque la relation étroite

entre les équipes, cette collaboration mérite d’être bonifiée selon les entrevues de certaines

infirmières et selon les experts. Ainsi, les données recueillies suggèrent une harmonisation

de la collaboration interdisciplinaire comme un moyen pour fournir une bonne

communication, une meilleure qualité de soins, une réponse aux besoins du patient, et par

conséquent, un contexte plus favorable à la pratique des soins palliatifs.

L’interdisciplinarité est vue comme une nécessité par la majorité des participants, qui

souligne l’importance de la collaboration entre les intervenants au sein de l’équipe

interdisciplinaire, afin d’assurer une meilleure qualité de vie aux patients en fin de vie et

défier les obstacles. Une infirmière a déclaré à ce propos : « Je pense que s’il y avait plus

de coordination, on pourrait y arriver » (I11). Cette même infirmière voit qu’une bonne

collaboration interdisciplinaire peut être un facteur facilitant la prestation des soins

palliatifs : « Il faut avoir plus de pluridisciplinarité, de dialogue entre les équipes et les

médecins, car plus on en parle et on coordonne, plus on va pouvoir appliquer de bons

soins palliatifs » (I11). Un expert soutient ces propos: « Il faut créer des équipes

interdisciplinaires, car au sein d’une équipe on peut dialoguer, discuter, échanger et créer

une atmosphère de collaboration » (E01). Un autre expert confirme également la nécessité

de la collaboration interdisciplinaire : « Nous avons besoin d’une équipe interdisciplinaire

disponible pour être une équipe consultante, dans tous les hôpitaux, pour n’importe quelle

unité. On a besoin d’avoir un psychologue, une infirmière, un médecin, un assistant social,

une nutritionniste, un homme de religion, un physiothérapeute […]. Mais, le cœur de

l’équipe doit être une infirmière » (E02).

De même, les professionnels de l’équipe mobile de soins palliatifs relatent : « On a besoin

d’être solidaires entre nous-mêmes, ça demande beaucoup de professionnalisme dans le

139

travail » (EG). De plus, ces propos ont été ratifiés lors des périodes d’observation de

l’étudiante-chercheuse. En effet, il a été remarqué qu’en dépit de la collaboration qui se

fait sur une base d’échanges verbaux entre différents acteurs impliqués dans les soins

palliatifs de l’établissement, les membres de l’équipe mobile de soins palliatifs

interviennent le plus souvent en collaboration binôme.

5.6.2.1.3 La formation en soins palliatifs

Un consensus ressort également, des échanges avec les différents participants, soit celui

de la formation en soins palliatifs. La nécessité de cette formation et le développement

des connaissances à l’approche palliative constituent un défi important à relever. Il s’avère

fondamental, selon la majorité des participants, de promouvoir la formation continue en

soins palliatifs pour outiller les infirmières à utiliser l’approche palliative dans les soins

de fin de vie. En effet, les résultats issus des entrevues auprès des experts, des

professionnels de la santé et des infirmières s’accordent sur le besoin de formation

spécialisée en soins palliatifs. Cette formation représente un facteur facilitant le

développement de ce domaine dans le pays. Les infirmières ont exprimé le besoin de

développer leur expertise en soins palliatifs pour assurer une meilleure qualité de soins

dans la pratique des soins palliatifs. L’une d’entre elles souligne le caractère essentiel de

la formation : « On a besoin de connaître plus sur les soins palliatifs, pour assurer de bons

soins » (I02). Dans le même sens, un expert insiste sur l’importance de l’éducation des

infirmières sur les soins palliatifs par des formations continues pour une meilleure

compréhension du domaine : « Les infirmières ont besoin de recevoir des formations

continues, l’éducation des infirmières est importante, par exemple comment différencier

les soins palliatifs des curatifs » (E02). De même, un autre expert exprime le besoin de

personnes expertes en soins palliatifs pour délivrer les soins : « Les soins palliatifs ce n’est

pas pour les jeunes, les soins palliatifs, c’est pour des gens qui ont déjà de l’expérience »

(E03).

Ce besoin de formation, évoqué par les infirmières et les experts, se recoupe avec les

points de vue exprimés par les professionnels de la santé. En effet, lors de l’entrevue de

groupe, les professionnels de l’équipe mobile postulent que le recours à la formation

140

spécialisée des professionnels de la santé sur les soins palliatifs favoriserait la cohésion

professionnelle autour des soins palliatifs et serait précurseur de son développement. En

outre, cette équipe interdisciplinaire évoque un besoin de formation continue orientée vers

l’accomplissement de leur mission, celle de promouvoir les soins palliatifs. Elle déclare :

Il y a un besoin sur le plan national d’avoir, dans les universités, des formations

spécialisées pour les professionnels de la santé à l’approche palliative. Il y a un

besoin d’un diplôme universitaire multidisciplinaire en soins palliatifs où tous les

professionnels qui doivent travailler en soins palliatifs prennent le cours ensemble

[...]. Moi, je pense que des formations spécialisées sont très importantes pour

l’équipe de soins palliatifs aussi. Ce sont des moyens pour continuer (EG).

5.6.2.2 Les facteurs facilitants organisationnels

Les résultats de cette étude ont mis en lumière des facteurs organisationnels facilitant

l’exercice de la pratique en soins palliatifs. Ceux qui émergent sont en lien avec la création

d’un environnement propice et le réaménagement de la structure organisationnelle.

5.6.2.2.1 L’environnement propice

Assurer un environnement propice à la pratique des soins palliatifs est considéré comme

l’un des facteurs facilitant la prestation des soins palliatifs. En revanche, cet

environnement est limité par les actes invasifs et les investigations à visée préventive ou

diagnostique, jugés inutiles en fin de vie. Une infirmière propose : « Il faut faire moins

d’acharnement thérapeutique avec les patients, faire moins de bilans en fin de vie et

donner moins d’antibiotiques quand un patient est en stade terminal » (I02). Une autre

ajoute à ce niveau : « Limiter les soins qui ne sont pas indispensables en fin de vie, éviter

les va-et-vient, limiter les bilans qui ne sont pas importants, mettre le patient au repos »

(I05). Les propos d’une autre infirmière corroborent également, ceux de ses collègues:

« On donne de la morphine et des antalgiques pour calmer la douleur en soins palliatifs,

mais aussi on donne de la chimiothérapie, des antibiotiques et des anticoagulants » (I08).

D’autre part, un environnement propice est possible, selon ces infirmières, en créant une

ambiance appropriée pour le patient afin de favoriser une mort paisible et assurer son

141

confort : « Mettre le patient au repos entouré par sa famille, assurer une meilleure

ambiance pour partir en paix » (I05) et « […], assurer le confort du patient […], que le

patient soit à l’aise et parte en paix » (I06).

5.6.2.2.2 Le réaménagement de la structure organisationnelle

Assurer une meilleure pratique infirmière de soins palliatifs impose également, un

réaménagement de la structure organisationnelle. Ce réaménagement réussira avec la

création d’une unité spécifique pour les soins palliatifs. Dans ce cadre, il sera possible de

favoriser un moment intime entre le patient et sa famille en fin de vie, par sa présence

dans une chambre individuelle. Une infirmière dit à ce niveau : « Il serait intéressant

d’avoir les moyens dans le service, comme des chambres avec un seul lit pour que la

famille puisse être présente en intime avec le patient. Un service spécialisé manque aussi

dans l’établissement » (I06). À cet effet, même si la création d’une unité spécifique aux

soins palliatifs est relatée comme un facteur facilitant la pratique des soins palliatifs, un

expert rejette cette possibilité. Pour cet expert, les soins palliatifs sont intégrés dans le

plan de soins et dans l’environnement de toutes les unités. Il n’est pas nécessaire de créer

un service qui sera considéré comme un mouroir : « Moi, je ne suis pas d’accord avec

l’idée d’avoir une unité de soins palliatifs, parce que ce sera étiqueté de soins de fin de

vie. Les soins palliatifs sont intégrés dans le plan des soins […]. Les gens ne doivent pas

dire, ce malade est dans cette unité, donc il va mourir. Les soins palliatifs sont une part de

l’environnement de chaque hôpital et dans le système de santé » (E02). Les propos de

l’expert soulignent l’importance d’éviter la stigmatisation des patients dans des unités de

soins palliatifs et d’intégrer les soins palliatifs aussi bien dans le plan de soins des hôpitaux

que dans le système de santé.

5.6.2.3 Les facteurs facilitants émotionnels

Pour contrer les barrières émotionnelles que subissent les infirmières dans le cadre de leur

implication en soins palliatifs, il est primordial de prendre en compte leur ressenti et

d’amorcer un accompagnement psychologique adéquat.

142

5.6.2.3.1 L’accompagnement psychologique des infirmières

Il est vrai que les infirmières accompagnent les patients, mais les experts et les

professionnels de la santé se rejoignent pour dire qu’elles-mêmes ont besoin de soutien et

d’accompagnement psychologique. Cet accompagnement est primordial pour les aider à

affronter la charge émotive et à se débarrasser de cumuls subis lors de la prestation des

soins auprès des patients en fin de vie. L’un des professionnels de la santé a confirmé par

ailleurs, ce besoin suite à la surcharge émotionnelle que les infirmières subissent en

prodiguant les soins aux patients en fin de vie: « Les infirmières ont besoin de support

aussi […], elles font la connaissance d’un patient au début de sa maladie, et par la suite,

elles voient que leur patient s’éteint devant elles. La présence d’un psychologue est

indispensable auprès d’elles » (EG). Un autre expert affirme la nécessité du soutien

psychologique des infirmières : « Les infirmières qui veulent travailler ou qui travaillent

aux soins palliatifs doivent avoir un psychologue ou un psychiatre pour les aider à se

débarrasser des cumuls vécus avec les malades en fin de vie » (E02). Un troisième expert

insiste sur l’importance de leur valorisation au travail, pour pouvoir continuer dans ce

domaine : « Il faut valoriser le rôle de l’infirmière […] sur le plan de soutien moral parce

que c’est un travail psychologiquement éprouvant pour l’infirmière » (E01). Ainsi, le

psychologue n’intervient pas seulement auprès du patient, mais il soutient également,

l’infirmière pour qu’elle puisse, à son tour, accompagner psychologiquement la personne

en fin de vie et répondre adéquatement à ses besoins.

En résumé, trois types de facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins

palliatifs ont été identifiés. En premier lieu, il a été question de facteurs contraignants

professionnels. Ceux-ci renvoient à la résistance des médecins, au manque de consensus

sur le début des soins palliatifs et au manque de formation. En deuxième lieu, les facteurs

organisationnels ainsi que les facteurs émotionnels ont été examinés. Ces facteurs

contraignants concernent la structure organisationnelle et la surcharge de travail des

infirmières. Ils sont liés à la charge émotive que confrontent les infirmières dans leur

pratique quotidienne. Pour remédier à ces manques, les participants à cette étude doctorale

ont proposé des facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs, qui se

regroupent également en trois catégories. La reconnaissance nationale et la sensibilisation

143

du public, la collaboration interdisciplinaire ainsi que la formation des infirmières

constituent des facteurs professionnels facilitant la prestation des soins dans ce domaine.

Parmi les facteurs organisationnels facilitants identifiés, les participants soulignent la

nécessité d’assurer un environnement propice et de réaménager la structure

organisationnelle. Ces deux mesures faciliteront la pratique infirmière en soins palliatifs.

Enfin, l’accompagnement psychologique des infirmières pour gérer leurs exigences

émotionnelles constitue un facteur facilitant émotionnel (Figure 11).

Figure 11. Facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs

En conclusion de la triangulation des données provenant de différents participants et

différentes méthodes, cinq thèmes ont émergé. Les résultats montrent que la pratique

infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer se fonde sur une relation

humaniste centrée sur le caring, empreinte de soins qui visent une meilleure qualité de vie,

par une prise en charge holistique de la personne. Cette prise en charge est appuyée par

une collaboration avec une équipe mobile interdisciplinaire de soins palliatifs et un

accompagnement spirituel lors de la pratique infirmière en soins palliatifs, tout en

maintenant l’accompagnement de la famille des patients. Cependant, cette pratique ne

semble pas optimale puisque l’analyse des résultats a permis d’identifier des facteurs

144

contraignant l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs à plusieurs niveaux.

Ces facteurs sont d’ordres professionnel, organisationnel et émotionnel. Ces derniers sont

modulés par d’autres facteurs facilitant qui font souvent écho aux barrières répertoriées.

Cette pratique se fonde sur une relation humaniste centrée sur le caring. Elle est

caractérisée d’une part, par la présence, le respect et l’écoute active des infirmières, et

d’autre part, par des soins authentiques centrés sur la personne au cœur du soin.

145

Chapitre 6 – Discussion

Ce sixième chapitre présente la discussion des principaux résultats de cette étude, dont la

finalité était de mieux comprendre l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs,

auprès de patients en fin de vie atteints de cancer, au sein d’une équipe interdisciplinaire

d’une région du Liban. Dans un premier temps, les considérations empiriques sont

discutées en regard des résultats de cette recherche, et ce en lien avec les études recensées.

Dans un second temps, les considérations théoriques sont présentées. Elles mettent en

parallèle les résultats de l’étude avec son cadre de référence. Ensuite, les considérations

méthodologiques permettent d’expliciter la pertinence de la méthode choisie pour

répondre aux questions de recherche et atteindre le but fixé. Finalement, les limites, les

retombées de l’étude ainsi que les recommandations pour la gestion, la pratique, la

formation et la recherche sont décrites. Elles viennent clore le chapitre.

6.1 Les considérations d’ordre empirique

À notre connaissance, cette étude de cas est l’une des premières à explorer le phénomène

de la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe interdisciplinaire au

Liban. Les résultats de cette recherche doctorale issus de la triangulation de l’analyse des

données ont permis de décrire certaines composantes qui reflètent l’exercice de la pratique

infirmière en soins palliatifs, l’approche humaniste du caring ainsi que les facteurs

facilitant ou entravant la pratique infirmière en soins palliatifs, au Liban.

6.1.1 La pratique infirmière en soins palliatifs

À travers les propos que les différents participants ont évoqués sur la pratique infirmière

en soins palliatifs, cinq thèmes centraux ont émergé et sont discutés en lien avec les écrits

recensés, soit : 1) la perception des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure

qualité de vie; 2) la pratique infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient;

3) la pratique en collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins palliatifs;

4) la spiritualité : une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs et 5)

l’accompagnement de la famille: le rôle indispensable de l’infirmière.

146

6.1.1.1 La perception des soins palliatifs : un moyen d’offrir une meilleure qualité de

vie

Les résultats de l’étude actuelle soulignent les grands efforts déployés par les infirmières

pour fournir une meilleure qualité de vie aux patients en soins palliatifs. Ces résultats

s’alignent avec la définition des soins palliatifs du WHO et WPCA (2014), communément

admise et adoptée par plusieurs autorités dans ce domaine. Cette définition décrit les soins

palliatifs comme « une approche visant l’amélioration de la qualité de vie des personnes

et de leur famille vivant une situation associée à une maladie avec pronostic réservé, à

travers la prévention, le soulagement de la souffrance et par l’entremise de l’identification

précoce, l’évaluation adéquate et le traitement de la douleur et des problèmes physiques,

psychologiques et spirituels associés » (WHO & WPCA, 2014, traduction libre, p. 5).

En effet, les participantes infirmières perçoivent les soins palliatifs comme des soins qui

préconisent l’amélioration de la qualité de vie. Elles considèrent le présent du patient

comme une priorité. Ce temps lui permettra d’accomplir au mieux ses choix, de vivre les

derniers moments de sa vie en dignité et de mourir en paix. En plus des propos des

infirmières, ce constat de préservation de la qualité de vie va dans le même sens que les

objectifs des soins palliatifs reconnus dans l’établissement. Ces objectifs sont documentés

dans la brochure élaborée pour sensibiliser les intervenants à la pratique des soins palliatifs.

De même, ces propos corroborent les écrits (Abu-Saad Huijer & Dimassi, 2007; Mahon

& McAuley, 2010 ; Tohmé et al., 2013), qui perçoivent les soins palliatifs comme des

soins qui ne visent pas nécessairement à traiter et guérir la maladie, mais qui cherchent à

améliorer la fin de vie par une prise en charge interdisciplinaire. D’où l’importance de

promouvoir la qualité de vie des patients par la prestation de soins palliatifs en fin de vie.

Aussi, les présents résultats rejoignent les normes de pratique en soins palliatifs élaborées

par l’ACSP (2012, cités dans WHO, 2002) qui considèrent ces soins comme des soins qui

ne visent ni à hâter ni à prolonger le processus de la mort, mais plutôt à soulager le fardeau

de la souffrance et à améliorer la qualité de vie et la fin de vie.

En d’autres mots, l’amélioration de la qualité de vie en soins palliatifs ressort dans les

résultats de cette étude comme un but à atteindre, selon les définitions élaborées par

147

plusieurs experts. Toutefois, les propos des infirmières et l’observation sur le terrain

laissent croire que tous les cliniciens ne partagent pas cette même vision de la qualité de

vie en fin de vie, et des pistes de réflexion s’imposent. L’une de ces pistes est le manque

de consensus sur le moment où les soins palliatifs devraient être introduits dans la

trajectoire de la personne et son expérience de la maladie. Bien que les opinions des

professionnels de la santé réfèrent à la complémentarité lorsqu’ils parlent de soins curatifs

et palliatifs pour assurer une meilleure qualité de vie, un questionnement semble évident

sur la persistance de certaines pratiques à visée curative en fin de vie. Un manque de

cohérence est également constaté, notamment lors de l’exercice de pratiques ciblant la

quantité de vie, sans tenir compte de la qualité de vie. Certaines infirmières semblent

également, opposer les objectifs de soins curatifs aux objectifs de soins centrés sur la

qualité de vie, alors que les soins palliatifs se définissent en concomitance avec les soins

curatifs et non pas en opposition. Ces divergences de vision, qui constituent une piste à

explorer en comparaison avec d’autres pays, pourraient s’expliquer probablement par le

fait que les soins palliatifs sont en stade de développement au Liban, et que certaines

infirmières et certains professionnels de la santé ne sont pas formés dans ce domaine. Par

conséquent, leurs propos pourraient ne pas refléter la vision actuelle des soins palliatifs.

En effet, les experts ont proposé une piste de solution à ces barrières, celle de faire la

promotion des soins palliatifs au niveau national. De même, la formation continue pourrait

aussi constituer un bon moyen pour offrir une meilleure qualité de vie.

6.1.1.2 La pratique infirmière : une prise en charge globale des besoins du patient

À la lumière des écrits recensés, les soins palliatifs sont décrits comme des soins qui

prônent la prise en charge globale des besoins de la personne en fin de vie. D’ailleurs, les

résultats de diverses recherches soutiennent cette vision des soins palliatifs comme une

réponse aux besoins globaux du patient dans toutes ses dimensions (Bonnières, et al.,

2010 ; Buzgova, et al., 2016 ; Dong et al., 2016 ; Fridh et al., 2009 ; Guay et al., 2011 ;

Johnson et al., 2011 ; Lofandjola Masumbuku & Coppieters, 2014 ; Zheng, et al., 2015 ;

Wentlandt et al., 2016). Les résultats de la présente étude mettent en lumière l’importance

de l’atténuation de la douleur et des autres symptômes, ainsi que de la prise en compte des

besoins psychologiques, sociaux et spirituels, bien que ces soins ne soient pas optimaux

148

selon les participants. Les paragraphes qui suivent décrivent les besoins physiques,

psychologiques et sociaux tandis que les besoins relatifs au contexte spirituel feront l’objet

de discussion dans une section distincte.

6.1.1.2.1 Les besoins physiques

La réponse aux besoins physiques figure dans le discours des infirmières et de la majorité

des professionnels de la santé, comme un élément crucial et essentiel pour la pratique en

soins palliatifs en fin de vie. D’ailleurs, les résultats de cette étude montrent que la réponse

aux besoins physiques constitue en général la dimension la plus développée parmi toutes

les dimensions proposées par le Plan directeur du MSSS (2008), et ce à plusieurs niveaux :

celui du discours des participants, celui de l’observation directe non participante et celui

de la documentation utilisée dans l’unité de soins en oncologie. Il est possible que, les

soins palliatifs étant en voie de développement au Liban, les professionnels de la santé

priorisent d’abord la réponse aux besoins physiques et au soulagement de la douleur, et

que la réponse aux autres dimensions proposées par le Plan directeur du MSSS (2008) se

développera au fil du temps.

Les résultats de cette recherche doctorale montrent que la gestion de la douleur, citée

également dans les recherches répertoriées (Fridh, et al., 2009 ; Guay et al., 2011 ; Johnson

et al., 2011 ; Lofandjola Masumbuku & Coppieters, 2014 ; Vedel et al., 2014), est au cœur

de la responsabilité des professionnels de la santé œuvrant auprès des personnes en soins

palliatifs. Elle est perçue comme un critère fondamental pour fournir une meilleure qualité

de vie jusqu’à la mort. Les résultats de l’étude actuelle concordent également, avec les

conclusions de Vedel et al. (2014), qui rapportent que les professionnels de la santé ont

identifié la gestion de la douleur comme fondamentale pour la prestation de soins palliatifs

en fin de vie. L’observation effectuée dans l’unité de soins en oncologie confirme par

ailleurs, que les protocoles pharmacologiques en vigueur en fin de vie concernent en

particulier la prescription de la Morphine® en perfusion continue. Cette pratique est jugée,

selon les infirmières, comme bénéfique puisqu’elle assure le soulagement de la souffrance

et le confort aux patients en fin de vie. Ces résultats renforcent ceux de Fridh et al. (2009)

qui ont rapporté que les infirmières interviewées dans leur étude confirment qu’elles

149

administrent des doses élevées d’antalgiques aux patients en fin de vie pour la gestion de

leur douleur. La brochure d’information, distribuée par l’équipe mobile de soins palliatifs,

montre également, que le soulagement de la douleur du patient figure parmi les objectifs

visés de la pratique en soins palliatifs. Ces résultats s’accordent aussi, avec les propos des

familles interviewées. Celles-ci considèrent que le soulagement de la douleur est une

priorité pour leur proche en fin de vie.

Les résultats de la présente étude rapportent que les participants prennent également en

charge la gestion des symptômes associés, en particulier les problèmes gastro-intestinaux

et respiratoires, pour répondre aux besoins physiques du patient. Ces pratiques infirmières

sont rapportées dans les études de Vedel et al. (2014) et de Zheng et al. (2015), qui

soutiennent qu’une évaluation de l’ensemble des symptômes physiques permet de

répondre aux besoins de la vie quotidienne et d’assurer une qualité de vie jusqu’au décès.

Dans le cadre de cette étude, il a été possible d’observer que les infirmières utilisent, en

plus du dossier infirmier, un formulaire de référence à l’équipe mobile spécifique aux

patients en soins palliatifs. Ce formulaire témoigne de l’évaluation complète des besoins

physiques, effectuée par l’infirmière et le médecin de soins palliatifs. À cet égard, dans

leur étude, Zheng et al. (2015) ajoutent que les infirmières multiplient leurs efforts pour

répondre aux besoins physiques en assurant également les soins fondamentaux globaux.

Cependant, il est important de noter que les infirmières au Liban ne disposent pas de

normes des meilleures pratiques, de lignes directrices ou de guides de soins palliatifs, pour

les intégrer dans leur pratique. Nonobstant ce manque de fondements scientifiques à la

pratique, les résultats de la présente étude mettent en évidence que les infirmières du

service d’oncologie ont le souci continu de fournir des soins de confort aux patients en

soins palliatifs. Elles tentent de soulager au mieux, la douleur et les autres symptômes

pour améliorer la qualité de vie de leurs patients, un élément clé discuté précédemment.

L’ensemble des soins pour la gestion de la douleur et d'autres symptômes, nous ramène à

la définition des soins palliatifs décrits par le WHO et la WPCA (2014). Cette définition

inclut des valeurs et principes particuliers portant sur la prévention de la souffrance et des

150

autres symptômes gênants, ainsi que l’assurance d’un soutien au patient. Ce soutien lui

permet de vivre activement le plus longtemps possible et d’améliorer sa qualité de vie.

Les présents résultats s’accordent également, avec les normes de pratique et les rapports

élaborés par des experts en soins palliatifs, dans des pays où ces derniers sont bien

développés. Dans ce sens, l’ACSP (2012) et le Palliative Care Australia (2015) mettent

l’accent sur l’évaluation et la gestion promptes et appropriées de la douleur et des autres

symptômes, à titre de composante fondamentale des soins palliatifs. Dans la même

perspective, la Circulaire DHOS/02/2008/99 du 25 mars 2008 relative à l’organisation des

soins palliatifs en France fait référence, dans sa vision, au développement de la démarche

palliative, au soulagement de la souffrance des patients et à la préservation de la meilleure

qualité de vie possible jusqu’à la mort.

De plus, les présents résultats ont montré que les participants établissent un lien entre la

réponse aux besoins physiques et la réponse aux besoins psychologiques. Ils constatent

que le soulagement des besoins émotionnels aiderait au soulagement de la douleur

physique. Dans ce sens, Abraham (2015) ajoute que le soignant ne doit pas se limiter à la

prise en charge de la douleur physique, mais doit aussi prendre soin du contexte

psychologique. De même, Bonnières et al. (2010) affirment que la prise en charge globale

du patient en phase terminale comprend également, des soins relationnels.

6.1.1.2.2 Les besoins psychologiques

Des similitudes ont été retrouvées entre les résultats de cette recherche et ceux des études

antérieures traitant de la réponse aux besoins psychologiques, dans la pratique en soins

palliatifs (Johnson et al., 2011 ; Lofandjola Masumbuku & Coppieters, 2014 ; Vedel et

al., 2014). En effet, les résultats de l’étude actuelle ont permis de mettre en relief la

réponse des infirmières à la souffrance morale des patients et de leur famille par une

approche relationnelle et un soutien psychologique, notamment par l’écoute et la

communication. De même, les professionnels de la santé interviewés soulagent la

souffrance psychologique du patient dans ses derniers jours, tout en favorisant un climat

de confiance. Parallèlement, les membres des familles rencontrés, nonobstant leur propre

chagrin, ont confirmé l’efficacité de l’accompagnement des infirmières comme une source

151

principale de soutien psychologique lors de l’hospitalisation de leur proche en fin de vie.

Ces résultats s’accordent avec ceux de Lofandjola Masumbuku et Coppieters (2014) qui

ont précisé dans leur étude que les professionnels de la santé croient que la dimension

psychologique est une partie intégrale des soins palliatifs. Cela s’est avéré semblable dans

la recherche de Vedel et al. (2014), qui indique que le soutien du patient requiert une

approche relationnelle lors des soins, notamment en fin de vie. Johnson et al. (2011)

apportaient une nuance en proposant de développer une relation de confiance avec le

patient et la famille pour faciliter l’exploration émotionnelle et le soutien psychologique.

Les résultats de la présente étude montrent également, que les infirmières se sentent

responsables de la satisfaction des attentes du patient. Une attention particulière est

accordée par les infirmières à la qualité d’échange avec le patient et sa famille, à l’écoute

de leurs plaintes et à la compréhension de leurs réactions émotionnelles. D'une manière

similaire, cela a également été révélé dans l’ouvrage de Zerwekh (2010), qui confirme que

la réponse aux besoins psychologiques du patient et de sa famille peut être réalisée par

une écoute active.

De même, les infirmières interviewées dans l’étude actuelle ont identifié la

communication avec le patient en fin de vie comme un élément central pour son

accompagnement psychologique. De plus, les observations sur le terrain peuvent

confirmer que les infirmières cherchent à établir une communication verbale ou non

verbale, avec le malade et sa famille. D’ailleurs, selon Kourkouta et Papathanasiou (2014),

une bonne communication entre l’infirmière et le patient demeure essentielle pour la

prestation d’un soin humain individualisé et de qualité en fin de vie. De même, la nécessité

de communiquer avec le patient et sa famille a été relatée dans l’étude phénoménologique

menée en Suède par Pennbrant et al. (2015). En effet, les auteurs ont identifié le thème du

développement des compétences en communication comme un élément important en

soins palliatifs. Dans ce cadre, ils insistent sur la nécessité de communiquer avec le patient

et sa famille et de lui fournir les informations nécessaires en réponse à ses questions et

plaintes. Ils ajoutent de même, que la réponse aux besoins des patients devient plus

efficace, si les infirmières créent une bonne communication avec le patient.

152

Alors que les études menées par Tohmé et al. (2013) et Abu-Saad Huijer et al. (2012)

considèrent que la prise en charge des problèmes psychologiques des malades atteints de

cancer et de leur proche au Liban est inadéquate pour les soignants, les résultats de la

présente étude laissent entrevoir que les infirmières libanaises sont à l’affut des soucis des

patients et de leur souffrance psychologique. En effet, les entrevues et les observations

effectuées sur le terrain, auprès des infirmières, témoignent qu’elles tentent de répondre

aux préoccupations des patients et de leur famille avec beaucoup de professionnalisme,

souvent en collaboration avec l’équipe interdisciplinaire. D’ailleurs, les résultats de

l’étude actuelle mettent en évidence la proximité du discours des professionnels de la santé

interviewés et celui des infirmières dans leur relation avec les patients. Les deux discours

se rejoignent dans l’attention qu’ils accordent à la réponse aux besoins psychologiques.

Bien que ces résultats mettent en relief les efforts déployés des infirmières pour favoriser

un accompagnement psychologique adéquat des patients, cet accompagnement se résume

dans l’ensemble à : l’écoute, la communication, l’échange et la compréhension de leurs

réactions émotionnelles. Compte tenu du manque de temps, causé par la surcharge de

travail et le manque de formation spécifique, les résultats de cette étude montrent que les

infirmières ont recours le plus souvent au service du psychologue. Ce soutien permet de

répondre aux besoins psychologiques du patient en soins palliatifs et favorise un soutien

psychologique holistique. Comparés à d’autres études dans des pays où les soins palliatifs

sont développés, ces résultats corroborent ceux de Desbiens et Fillion (2011). Ces derniers

montrent que les infirmières se sentaient peu préparées pour prodiguer des soins

psychosociaux. De plus, elles manquaient de temps à accorder aux patients, de formation

et de valorisation des soins psychosociaux.

6.1.1.2.3 Les besoins sociaux

Les résultats de la présente étude amènent par ailleurs, d’autres points de discussion liés

aux besoins sociaux. Ainsi, la réponse aux besoins du patient en milieux hospitaliers

semble être associée à la collaboration avec des organismes communautaires pour les

soins à domicile. Cette collaboration répond aux besoins financiers de certains patients ou

se font à la demande d’autres qui souhaitent terminer leur dernier moment chez eux,

153

entourés des leurs. Les résultats de cette étude doctorale laissent voir également, que les

infirmières évaluent les besoins et les capacités fonctionnelles liés à l’organisation de la

vie quotidienne des patients et des proches, et tentent d’assurer une continuité de services

et de ressources en soins palliatifs à domicile. Ces résultats s’alignent avec les données du

rapport sur les soins palliatifs en Australie, élaboré par le « Palliative Care Australia »

(2015). Ce rapport aborde aussi bien l’organisation de la prestation des soins palliatifs à

domicile, que le soutien social et financier de la famille en fin de vie. Dans le cadre de

cette étude, les infirmières trouvent des moyens pour orienter les patients et leur famille

vers des organismes de nature caritative qui s’occupent gracieusement des malades à

domicile en fin de vie, sous la supervision d’une équipe interdisciplinaire. Cette

organisation de la vie quotidienne semble être d’une grande importance pour la famille,

elle la rassure dans la prise en charge de leur proche à domicile.

Toutefois, aucun professionnel n’est habilité à répondre à l’ensemble des besoins de la

personne de manière experte. Ainsi, pour mettre en avant une approche holistique, il faut

parfois combiner les forces dans le cadre d’une collaboration interdisciplinaire.

6.1.1.3 La pratique en collaboration interdisciplinaire : un élément clé pour les soins

palliatifs.

Les résultats de cette recherche doctorale amènent à réfléchir sur la collaboration

interdisciplinaire, comme un élément clé pour la prestation de soins palliatifs aux patients

en fin de vie. En effet, les résultats indiquent que l’équipe mobile interdisciplinaire de

soins palliatifs établit une collaboration étroite entre ses différents membres d’une part, et

avec les infirmières de l’unité d’oncologie et certains oncologues, d’autre part. Bien que

cette collaboration soit importante, elle est souvent limitée par la résistance de certains

acteurs. Ces résultats, évoquant l’importance de la collaboration interdisciplinaire, sont

appuyés par les propos de plusieurs auteurs, qui expliquent comment les soins palliatifs

sont organisés et dispensés grâce aux efforts de collaboration de l’équipe interdisciplinaire

(Klarare et al., 2013 ; Leclerc et al., 2014 ; Naccache et al., 2008 ; Wentlandt et al., 2016).

A ce sujet, Leclerc et al. (2014) montrent dans leur étude que l’équipe interdisciplinaire

154

facilite le travail des professionnels, surtout au niveau de l’amélioration de la qualité des

soins et de la cohésion au sein de l’équipe.

Dans le même sens, Wentlandt et al. (2016) ajoutent que les équipes interdisciplinaires de

soins palliatifs peuvent améliorer la satisfaction des patients envers les soins reçus. De

plus, la présente étude montre que cette collaboration est assurée par la prestation des

soins palliatifs selon une approche holistique, ainsi que par l’interaction et la

communication entre les professionnels concernés. Pour y parvenir, certains

professionnels joignent leurs forces pour optimiser la prestation des soins de qualité et

assurer une présence régulière auprès des patients en fin de vie. Ces résultats s’alignent

avec ceux de Wentlandt et al. (2016), qui soutiennent dans leur étude qualitative auprès

de patients, d’aidants naturels et de professionnels de la santé, que l’équipe

interdisciplinaire est nécessaire en soins palliatifs pour un soin global de qualité, en raison

de la complémentarité de l’expertise professionnelle de ses membres et de leur

dynamisme.

À cet égard, Leclerc et al. (2014) ajoutent qu’on s’attend à ce que l’approche

interdisciplinaire soit avantageuse pour les soins palliatifs. Celle-ci permet de donner des

soins holistiques et complets qui tiennent compte des besoins physiques, psychosociaux

et spirituels du patient et de sa famille. Comparés aux résultats de la présente étude, ces

propos permettent de comprendre le besoin, pour les infirmières de l’unité d’oncologie,

de faire appel, à certains moments, au service du psychologue ou de l’intervenant spirituel.

Ainsi, dans un souci de complémentarité d’expertise, les infirmières mobilisent les forces

des autres pour tenter de procurer des soins palliatifs dans une approche holistique.

Les professionnels de la santé de cette étude considèrent que la cohésion entre les

différents professionnels de l’équipe interdisciplinaire favorise la prestation d’un soin de

qualité. Cela est corroboré par l’étude de Klarare et al. (2013), qui a exploré l’interaction

entre les membres de l’équipe interdisciplinaire en soins palliatifs auprès de quinze

professionnels de la santé, membres de trois équipes spécialisées en soins palliatifs. Les

résultats de l’étude Klarare et al. (2013) renforcés par ceux de Cheng, Dy, Fang, Chen, et

155

Chiu (2013) montrent que la coordination et la discussion entre les membres de l’équipe

interdisciplinaire permettent de répondre aux besoins des patients dans une perspective

holistique et optimale des soins palliatifs en fin de vie. Néanmoins, dans le cadre de l’étude

de Cheng et al. (2013), des contraintes au niveau de la collaboration interdisciplinaire ont

été évoquées. Bien que l'équipe mobile vise à mettre en place une collaboration

interdisciplinaire étroite, les participants de l’équipe mobile et certaines infirmières n’ont

pas manqué d’évoquer leurs plaintes à l’égard de l’application de cette collaboration dans

tout l’établissement. Pour eux, cette collaboration semblait parfois insuffisante et

rencontrait des obstacles avec d’autres membres de l’équipe médicale.

De plus, le croisement des résultats de l’étude actuelle avec la littérature fait ressortir que

le rôle de l’infirmière semble central dans la pratique des soins palliatifs en

interdisciplinarité. De par son rôle dans l’équipe interdisciplinaire, l’infirmière participe

à l’élaboration de politiques, à la diffusion de la démarche palliative et aux

questionnements éthiques relatifs aux soins palliatifs (ACSP, 2012 ; Jacono et al., 2009,

SFAP, 2013). Les résultats de la présente étude ont mis en évidence le rôle de l’infirmière

de l’équipe mobile au sein de l’équipe interdisciplinaire. En effet, les observations

effectuées auprès de cette infirmière révèlent son rôle pivot dans la sensibilisation à la

communication interdisciplinaire. De plus, les propos des autres professionnels de

l’équipe mobile, des familles et des infirmières en oncologie reconnaissent aussi, la qualité

de l’approche de l’infirmière spécialisée en soins palliatifs, son expertise dans la prestation

de soins auprès des patients en fin de vie, ainsi que sa disponibilité indéfectible. Le rôle

central de l’infirmière au sein de l’équipe interdisciplinaire corrobore également, les

propositions du MSSS du Québec (2008) qui mettent l’accent sur les rôles et

responsabilités des différents professionnels, y compris ceux de l’infirmière, dans la

collaboration au sein d’une équipe interdisciplinaire.

Dans le cadre de cette étude, de par sa présence au sein de l’équipe interdisciplinaire de

soins palliatifs, l’infirmière de l’équipe mobile a assuré la coordination des soins au sein

de l’équipe et a organisé, le cas échéant, le retour du patient à domicile. De même, un

transfert d’information est réalisé par l’infirmière de l’équipe mobile, quand elle partage

156

les observations cliniques ou oriente vers un autre professionnel de l’équipe. D’ailleurs,

dans son ouvrage, Zerwekh (2010) déclare que c’est l’infirmière qui favorise le maintien

de la communication entre les membres de l’équipe et qui participe à la coordination des

soins au sein de l’équipe interdisciplinaire.

6.1.1.4 La spiritualité : une toile de fond pour la pratique infirmière en soins palliatifs

Au regard de la spiritualité, les résultats de l’étude montrent que le respect de celle-ci est

bien intégré dans le processus de la pratique des soins palliatifs au Liban. Cette attitude

aide le patient dans sa vulnérabilité et dans la remise en question du sens donné à sa vie.

À ce niveau, le rôle de l’infirmière consiste à accompagner le patient et sa famille dans

cette démarche, en considérant la cohabitation et la diversité des religions, ce qui constitue

un défi pour les infirmières.

En effet, les résultats de l’étude actuelle montrent que les infirmières libanaises déploient

leur engagement et leur discernement par l’évaluation des besoins spirituels et la

proposition d’interventions adaptées. De plus, il est aussi noté que l’accompagnement

spirituel des infirmières est fondé sur le respect des croyances religieuses du patient et de

sa famille. Ces résultats s’apparentent à ceux de l’étude de McCallum et McConigley

(2013), qui soulignent que la réponse aux besoins spirituels peut se concevoir par le

respect des croyances culturelles et des convictions religieuses des patients en fin de vie

ainsi que par la préservation de leur dignité. D’une manière similaire, les résultats d’une

étude récente menée en Chine par Dong et al. (2016), auprès de médecins et infirmières,

proposent de respecter les valeurs spirituelles et culturelles des patients mourants pour

offrir des soins culturellement sensibles. Selon Dong et al. (2016), le respect de la

spiritualité et de la religion sont des aspects importants pour préserver la dignité de la

personne. En effet, dans l’étude actuelle, les infirmières interviewées ont fait preuve

d’ouverture aux diversités et aux rituels religieux en tentant d’exhausser les souhaits

relatifs aux convictions religieuses des patients et leur famille. De plus, l’observation sur

le terrain a montré que les patients et leurs proches, toutes religions confondues, ont une

foi et une croyance à la volonté divine. Cela peut s’expliquer par le fait que la pratique

religieuse est considérée comme un rempart pour faire face à leur détresse durant cette

157

expérience de santé et une aspiration à la guérison de la maladie, même en fin de vie. Ces

résultats rejoignent ceux de l’étude de Doumit, Huijer, et Kelley (2007) menée pour

décrire l’expérience des patients libanais recevant des soins palliatifs. Dans ce contexte,

certains thèmes où les auteurs citent la croyance en Dieu et la divinité dans le processus

de guérison, même en fin de vie, ont été identifiés.

Les résultats de cette recherche doctorale montrent que malgré leurs efforts, les infirmières

se sentent souvent peu qualifiées pour prendre en charge la personne dans sa globalité et

répondre à tous les besoins spirituels de leurs patients. D’ailleurs, l’étude de Desbiens et

Fillion (2011) présente des résultats semblables en ce qui concerne le manque de

qualification des infirmières pour répondre aux besoins spirituels des patients. Selon ces

auteurs, le rôle de l’infirmière ne consiste pas à combler tous les besoins spirituels de la

personne, mais plutôt à l’accompagner. Ainsi, dans le cadre de cette étude, pour prendre

en compte toute la dimension spirituelle, les infirmières de l’unité d’oncologie, ainsi que

l’infirmière de l’équipe mobile, proposent l’appel au représentant religieux de l’équipe

interdisciplinaire. Compte tenu de la diversité des religions au Liban, ce représentant

assure, au besoin, le lien avec les différentes religions. Ces résultats corroborent ceux de

Guay et al. (2011), qui selon eux, le service pastoral devrait faire partie des soins palliatifs

puisqu’il satisfait un besoin exprimé par les patients et les familles. D’ailleurs, les

observations du terrain laissent aussi entrevoir que l’approche du représentant religieux

au sein de l’équipe interdisciplinaire est souvent une approche « d’humain à humain ».

Cette approche aide les patients à trouver un sens à leur vie et une réponse aux aspects

existentiels liés à la fin de vie. Abraham (2015) postule également dans son ouvrage, que

la souffrance spirituelle se traduit en un questionnement existentiel sur le sens de la vie et

de la mort. Elle permet par ailleurs, de trouver une unité intérieure dans les moments de

grandes souffrances par le recours à la religion, qui constitue un appui pour la personne

souffrante.

6.1.1.5 L’accompagnement de la famille : le rôle indispensable de l’infirmière

Selon le contexte culturel du Liban, la famille assure une présence continue auprès de son

proche en fin de vie, d’où la nécessité de les accompagner. Parmi la littérature recensée,

158

les définitions des soins palliatifs incluent de manière explicite la famille parmi les

destinataires du projet de soins. Dans ce sens, ce n'est pas seulement l’individu qu'il faut

soigner et soutenir, mais aussi la famille, qui est souvent épuisée de par sa présence auprès

de son proche. D’ailleurs, selon la définition donnée par le WHO en 2002, les soins

palliatifs cherchent à améliorer la qualité de vie, aussi bien des patients que de leur famille.

Dans cette perspective, les résultats de la présente étude montrent bien que les infirmières

et les professionnels de la santé font preuve d’empathie et de compassion envers les

proches. Ceux-ci expérimentent parfois un épuisement émotionnel et de l’incertitude dus

à l'imminence de la fin. Ces résultats rejoignent ceux de Vedel et al. (2014) qui soutiennent

que les infirmières accompagnent aussi les membres de la famille dans la compréhension

de la maladie du patient et dans leur propre cheminement de deuil. Les résultats de la

présente étude ajoutent que les infirmières sont à l’affût des besoins des familles par un

accompagnement réalisé à travers l’écoute, le soutien au moment du deuil et la

transmission d’information. L’infirmière travaille sur la capacité de la famille afin de

l’habiliter à prendre soin de son proche, notamment lors d’un retour à domicile. Ces

propos sont évoqués dans l’étude de Vedel et al. (2014), qui précisent que la famille doit

être préparée à la mort de leur proche, d’où le besoin de l’écouter, l’informer, lui assurer

un soutien émotionnel face aux situations auxquelles elle est exposée et l’accompagner

pour traverser son deuil. Ce constat rejoint aussi les conclusions de Namasivayam et al.

(2013), sur « l’engagement avec la famille » qui inclue trois sous-catégories, soit le fait

de préparer la famille aux soins palliatifs, d’improviser les soins et de s’engager avec la

famille. Ces résultats montrent l’importance de préparer la famille à la mort de leur proche

et de l’informer de la progression de la maladie ou de la soutenir dans le processus de

deuil.

Les présentes conclusions s’alignent avec les recommandations d’associations en soins

palliatifs, visant à promouvoir le soutien psychologique de la famille au sein de la pratique

infirmière en soins palliatifs. D’ailleurs, la Société Française d'Accompagnement et de

Soins palliatifs (2009) considère que le soutien psychologique du patient et de ses proches

est primordial en soins palliatifs. Elle atteste de même, que le choix de réconcilier et

159

d’accompagner la famille du patient en soins palliatifs amortit le choc du décès et facilite

le processus de deuil. Plus récemment, le WHO et la WPCA (2014) proposent d’offrir du

soutien à la famille pour l’aider à faire face à cette expérience. D’où l’importance

d’assurer l’accompagnement de la famille au moment de l’agonie et dans le processus de

deuil qui entoure souvent la phase terminale de la vie du malade.

En résumé, cinq thèmes centraux ont émergé de l’analyse de la pratique infirmière en

soins palliatifs. Les résultats de l’étude ont mis l’accent sur la prestation des soins palliatifs

comme un moyen pour offrir une meilleure qualité de vie aux patients en fin de vie et ce,

par une approche holistique et en répondant aux besoins des patients aussi bien physiques

que psychologiques et sociaux. L’exercice de la pratique est réalisé dans le cadre d’une

collaboration interdisciplinaire, en respectant le contexte spirituel des patients et en

accompagnant la famille. Il est vrai que ces éléments fondamentaux dans la pratique

infirmière en soins palliatifs occupent une place centrale, mais le rôle de caring joué par

les infirmières, en accompagnant les patients en soins palliatifs, est incontournable,

puisqu’il transcende les cinq thèmes centraux et soutient la pratique infirmière en soins

palliatifs.

En somme, d’un point de vue empirique, cette recherche doctorale corrobore les écrits

stipulant que la pratique infirmière en soins palliatifs, qui vise une meilleure qualité de

vie, est centrée sur la prise en charge holistique de la personne dans toutes ses dimensions :

physique, psychologique et sociale. Cette pratique infirmière est facilitée par une bonne

collaboration interdisciplinaire, enrichie par la présence d’une équipe mobile de soins

palliatifs. À cela s’ajoute, une prise en compte des dimensions spirituelles, marquées par

la présence d’un référent de culte qui assure le soutien à l’équipe soignante dans

l’accompagnement spirituel des patients en fin de vie. De plus, l’exercice de la pratique

infirmière est réalisé par une approche humaniste qui semble similaire à celle observée

dans plusieurs pays et confirmée par la littérature. Cette approche soutient la pratique

infirmière en soins palliatifs et favorise la qualité de vie des patients et des proches.

160

6.2 Les considérations d’ordre théorique

Aux fins de cette étude doctorale, le cadre de référence utilise le Plan directeur du MSSS

(2008), les facteurs facilitant ou contraignant la pratique des soins palliatifs et l’approche

humaniste des soins. D’une part, le Plan directeur des compétences des intervenants en

soins palliatifs du Québec (MSSSQ, 2008) et les facteurs facilitant ou contraignant la

pratique infirmière en soins palliatifs sont adoptés comme guides pour mieux décrire et

comprendre la pratique des soins infirmiers palliatifs. D’autre part, la théorie du Human

Caring de Jean Watson (1979) a été utilisée pour guider les observations des aspects de la

relation transpersonnelle entre l’infirmière et la personne soignée, lors de la pratique des

soins palliatifs en fin de vie. De même, la théorie du Human Caring de Jean Watson (1979)

a servi de guide aussi bien pour les entrevues que pour l’analyse. Les paragraphes qui

suivent décrivent, tour à tour, l’utilisation du plan directeur, et de la théorie du caring,

pour terminer par les facteurs facilitant ou contraignant la pratique infirmière en soins

palliatifs.

6.2.1 L’utilisation du Plan directeur

L’utilisation du Plan directeur du MSSS du Québec (2008) au sein de cette thèse a permis,

grâce à sa vision holistique, de situer les pratiques des infirmières dans le domaine des

soins palliatifs à une personne atteinte d’une maladie grave. Etant donné que ce plan

s’adresse à plusieurs intervenants, il est considéré comme un point de repère. Il accorde

en particulier, une grande importance à l’approche interdisciplinaire dans la pratique des

soins palliatifs.

En comparant les résultats de la présente étude avec les domaines (Tableau 1) des soins

palliatifs du Plan directeur du MSSS (2008), il est noté que certains domaines sont

fortement représentés et plus développés que d’autres qui sont peu présents. Toutefois, la

réponse n’est pas toujours optimale, même à l’intérieur de ces domaines mieux

représentés. En effet, les domaines de « douleur et symptômes » (DC#1) et de

« collaboration centrée sur la personne et ses proches » (DC#7) sont très présents au sein

des résultats de cette présente étude. Comme le montre le Plan directeur, les infirmières

dans l’unité d’oncologie observent, évaluent et traitent la douleur et les symptômes, dans

161

la mesure du possible et selon les besoins. Les actions infirmières ne sont pas toujours

basées sur des lignes directrices et les meilleures pratiques. Les patients sont soulagés au

mieux de leur possibilité. De même, les infirmières dans l’unité d’oncologie collaborent

avec le patient et sa famille ainsi qu’avec les membres de l’équipe interprofessionnelle

pour répondre aux besoins physiques du patient et de ses proches. Bien que la

collaboration interdisciplinaire n’est pas toujours parfaite, notamment en raison de la

résistance médicale perçue, elle est existante entre différents membres de l’équipe et

appréciée.

Prodiguer des soins palliatifs en fin de vie, c’est aussi accompagner le patient et sa famille

et répondre à leurs besoins psychosociaux et spirituels. Cette perception des infirmières

renvoie à un autre domaine, celui des besoins psychosociaux et spirituels (DC#2) du Plan

directeur du MSSS (2008). Ce domaine nécessite l’observation et l’évaluation des besoins

spirituels de la personne et de ses proches en vue de pouvoir y répondre. Il contribue

également, à la clarification des valeurs, des croyances et des besoins spirituels de la

personne et de ses proches. Dans le cadre de cette étude, cet accompagnement est rendu

possible grâce à la complémentarité des différents membres de l’équipe interdisciplinaire

dans la pratique des soins palliatifs, pour assurer un soutien psychologique, social et

spirituel. D’ailleurs, selon le MSSS (2008), les domaines de compétence du Plan directeur

sont partagés par l’ensemble des membres de l’équipe interdisciplinaire.

Les infirmières dans l’unité d’oncologie accompagnent la famille pour procurer un soutien

au moment de « l’agonie et décès » (DC#4). Également, elles aident la famille à cheminer

dans le processus de « deuil » (DC#5), qui entoure souvent la phase terminale de la vie du

proche. Ces résultats s’alignent avec les propositions du Plan directeur du MSSS (2008)

sur la nécessité de soutenir la personne et ses proches dans ce processus de deuil et de

comprendre leurs réactions émotives.

D’autres pratiques relatives à la prestation des soins palliatifs, proposées par le Plan

directeur (MSSS, 2008), sont identifiées parmi les pratiques en soins palliatifs des

infirmières libanaises. En particulier, celles liées au fait d’offrir un soutien à la personne

162

et à ses proches pour déterminer leurs « besoins liés à l’organisation de la vie

quotidienne » (DC#3) et y répondre. Selon le MSSS (2008), cette dimension réfère à la

possibilité d’aider la personne et ses proches à accéder aux ressources appropriées pour

répondre à leurs besoins de soutien financier et pratique. D’ailleurs, l’observation sur le

terrain a permis de constater que l’infirmière de l’équipe interdisciplinaire assure un

soutien de la vie quotidienne en proposant des liens avec des organismes de nature

caritative et actifs en soins palliatifs à domicile.

De même, les résultats de cette étude s’alignent avec les propositions du Plan directeur

sur la nécessité d’une « collaboration centrée sur la personne et ses proches » (DC#7),

entre les membres de l’équipe en soins palliatifs et les autres membres du personnel

soignant. Cette collaboration interdisciplinaire se réalise dans un cadre de dialogue avec

les membres de l’équipe mobile et en dirigeant la personne et ses proches vers ces

membres, en particulier le psychologue et le représentant spirituel. L’infirmière de

l’équipe mobile spécialisée en soins palliatifs est au cœur de cette collaboration

interdisciplinaire et elle établit plus spécifiquement, des liens étroits avec les infirmières

en oncologie.

Dans le domaine de la « communication » (DC#6), le Plan directeur (MSSS, 2008)

propose une transmission d’information et un enseignement adaptés à la capacité de

compréhension et aux besoins de la personne et de ses proches. Dans l’étude actuelle, les

participants, en particulier les infirmières de l’unité d’oncologie, profitent du moment du

soin pour proposer des interventions d’enseignement au patient et à sa famille. Ce contact

vise l’acquisition et le maintien des capacités d’autosoins, surtout à domicile. Il est aussi

possible d’établir un lien avec la dimension des « questions éthiques et légales » (DC#8)

du Plan directeur du MSSS (2008). Cette dimension est peu représentée dans les résultats

de l’étude. En effet, les infirmières intègrent des repères éthiques par la promotion de la

qualité de vie, le respect des valeurs de la personne et de sa dignité. Toutefois, en ce qui a

trait à la collaboration aux discussions et aux prises de décisions cliniques à dimension

éthique, cette pratique ne relève pas directement des fonctions des infirmières en

oncologie, mais plutôt de l’équipe médicale et de l’équipe interdisciplinaire, à laquelle

163

participe l’infirmière de l’équipe mobile. Cependant, les infirmières en oncologie

pourraient accompagner et soutenir les patients et leurs proches dans cette expérience et

tout au long de leur processus de prise de décision, ce qui semble tout de même peu

présent. Ce qui d’ailleurs peut entraîner des souffrances éthiques et des dilemmes moraux

auprès des infirmières en oncologie, lorsque les décisions ne lui apparaissent pas

contribuer au mieux-être et à la qualité de vie de la personne.

Les résultats de l’étude soulignent l’importance du « développement personnel et

professionnel » (DC#9), une dimension du Plan directeur (MSSS, 2008). Les limites

personnelles et professionnelles que rencontrent les infirmières libanaises dans leur

pratique des soins palliatifs, ainsi que leur vulnérabilité lorsqu’elles se voient souvent

soumises à des soins qui vont à l’encontre de leurs valeurs personnelles, montrent la

nécessité de poursuivre le développement de la pratique infirmière en soins palliatifs afin

de renforcer le travail de ces infirmières. Au niveau professionnel, le manque de formation

et les deuils multiples que vivent les infirmières pointent l’importance d’assurer le

développement personnel et professionnel de ces dernières pour maintenir et améliorer la

qualité de leur pratique.

Le domaine relatif aux « soins palliatifs et organisation des services de santé » (DC#10)

du MSSS (2008), a été pris en compte par la description des enjeux relatifs à l’offre de

soins palliatifs dans le contexte libanais, et à sa structure organisationnelle qui limite

l’intimité des soins. De même, il met en relief le manque d’ouverture à la philosophie qui

entoure les soins palliatifs par la résistance des acteurs et le manque d’intégration de

normes de pratique.

Bref, les résultats de la présente étude rejoignent les propositions de domaines du Plan

directeur du MSSS du Québec (2008). Cette conformité permet de décrire l’exercice de la

pratique infirmière en soins palliatifs. Elle trace le chemin des infirmières pour répondre

aux besoins des personnes atteintes de cancer, assurer leur confort et maintenir leur qualité

de vie. Elle permet également, de soutenir la discussion des résultats. Toutefois, la

collaboration avec la personne et ses proches semble être générique et ne va pas dans

164

l’approfondissement de l’accompagnement et la relation avec la personne. Ce constat a

conduit à faire appel à un cadre théorique, celui du caring, afin d’approfondir cet aspect

relationnel.

6.2.2 L’utilisation du cadre du Human Caring de Jean Watson

D’une manière analogue, la théorie du Human Caring de Jean Watson a été utilisée

comme toile de fond pour exposer l’approche humaniste des soins infirmiers palliatifs. En

effet, le caring soutient la personne en respectant ses valeurs, ses croyances, et en l’aidant

à atteindre un plus haut niveau d'harmonie entre son âme, son corps, et son esprit. Cet

aspect de la relation avec le patient était peu présent dans le Plan directeur, et s’avère donc

essentiel pour les soins palliatifs. Il était alors judicieux de choisir un tel cadre qui

transcende tous les domaines du plan directeur. Il s’est avéré également utile, pour la

conception du guide d’entrevue et l’analyse des résultats, de se référer à la théorie de

Watson.Les résultats de cette recherche doctorale amènent à penser qu’il y a une grande

implication des infirmières de l’unité d’oncologie pour des soins humanistes. Cette

implication semble nécessaire, bien qu’elle ne soit pas guidée officiellement par une

approche spécifique comme celle de Watson, par manque d’intégration dans

l’établissement d’une philosophie de soins sous-jacente au caring.

En effet, il ressort de toutes les données recueillies que les infirmières privilégient

l’approche humaniste du caring, comme un aspect incontournable pour la prestation de

soins palliatifs auprès de patients en fin de vie. En effet, l’approche humaine du caring

transcende les cinq thèmes centraux qui ont émergé de l’analyse des résultats et qui

permettent de mieux comprendre la pratique infirmière en soins palliatifs au Liban. En

particulier, cet accompagnement humain se réalise par la façon d’être avec le patient à

travers la présence, le respect et l’écoute active, tout en plaçant la personne au cœur du

soin. En effet, les résultats de cette présente recherche ainsi que ceux de Fridh et al. (2009)

et de Guay et al. (2011) permettent de déterminer que la présence de l’infirmière, auprès

du patient en fin de vie, constitue un aspect important de l’approche de caring.

165

La relation humaniste de caring est basée, selon les infirmières libanaises interviewées,

sur le respect du patient et de ses proches. Lors de la prestation des soins, les infirmières

ont en effet montré leur souci du respect du patient. D’ailleurs, l’analyse des entrevues a

fait ressortir le terme « respect » à plusieurs occasions. Il était lié particulièrement, au

respect de la vie de la personne, de la dignité, des croyances, des valeurs de la personne,

de la volonté du patient en fin de vie et de son droit. De plus, les infirmières n’ont pas

manqué d’exprimer leur respect pour le cheminement des patients et de créer, lors des

soins, une relation qui vise la protection et la préservation de leur dignité humaine. Ces

résultats sont en lien avec d’autres études qualitatives (Dong et al., 2016 ; Fridh et al.,

2009 ; Guay et al., 2011 ; Silva et al., 2014), qui ont mis en lumière le respect du patient

mourant comme une priorité et un fondement pour un soin humain en soins palliatifs. Les

infirmières ont évoqué également, l’importance de favoriser une relation humaniste par

l’écoute active des plaintes et de la souffrance de la personne et de ses proches. Cette

relation est assurée lorsque l’infirmière écoute avec disponibilité et chaleur le patient en

soins palliatifs et lui assure un soutien psychologique dans les moments difficiles. Cette

confirmation s’aligne avec les propos de Zerwekh (2010), qui a identifié l’écoute comme

une composante vitale dans la création de liens entre l’infirmière et le patient en fin de

vie. De plus, les résultats de la présente étude ont permis de mettre en lumière l’importance

pour l’infirmière de garder le silence comme un moment d’échange avec leurs patients.

Selon les infirmières interviewées, l’écoute implique souvent la capacité de créer des

silences pour décoder les messages émotionnels du patient et de ses proches.

Par ailleurs, Foucault et Mongeau (2004) indiquent dans leur ouvrage que les soins

palliatifs intègrent une attention empathique de la part de l’infirmière à l’égard des

sentiments de la personne mourante, et que la pratique du caring découle d’une alliance

thérapeutique transpersonnelle. Ces propos sont appuyés par les résultats de l’étude de

Fortin et Bouchard (2009) qui décrivent des pratiques de soins exercées par les infirmières

comme la communication, l’écoute, l’empathie et la présence lors de l’accompagnement

de patients en fin de vie. Cet accompagnement est considéré par ces infirmières comme

une expérience enrichissante qui leur permet de réfléchir aux fondements humanistes des

soins et aux valeurs de la vie. Bien que l’étude phénoménologique effectuée en Chine par

166

Zheng et al. (2015) montre que l’expérience du caring auprès de patients en fin de vie

aide les infirmières à réfléchir sur le sens donné à la vie et à la mort, cet aspect de

l’expérience du caring ne s’accorde pas avec les résultats de cette présente étude. En effet,

à l’instar des infirmières des études de Fortin et Bouchard (2009) et de Zheng et al. (2015),

celles interviewées dans la présente étude n’ont pas considéré leur expérience auprès des

personnes en fin de vie comme enrichissante, et cette expérience n’a pas suscité chez elles

des réflexions sur la vie et la mort. Cette différence pourrait être due au manque de

formation dans ce domaine.

À la lumière des résultats de cette recherche doctorale, il est possible de constater que les

valeurs prônées en soins palliatifs par les infirmières libanaises concordent avec

l’approche relationnelle et humaniste au cœur du caring, notamment au niveau des

processus de caritas cliniques. Les prochains paragraphes discutent les résultats de l’étude

en lien avec les processus de caritas cliniques, en référence au Tableau 3, du cadre de

référence.

En ce qui a trait aux processus de caritas cliniques, ces derniers ne sont pas tous présents.

Ainsi, l’application de la théorie n’est pas optimale. Pour les processus de caritas cliniques

en lien avec l’assistance en regard des besoins de base (PCC#9), selon Watson (2012),

l’infirmière doit considérer les besoins des patients avec une conscience de caring et

administrer des soins humains qui potentialisent l’harmonie esprit-corps-âme. Dans ce

sens, les infirmières participantes à l’étude ont procédé à la dispensation de soins

humanistes pour les patients atteints de cancer en fin de vie, en négligeant souvent

l’harmonie et l’alignement entre esprit-corps-âme, ou de vivre le moment du caring avec

la personne soignée en rencontrant son champ phénoménal. Mais, cette pratique se

caractérise par de l’amour et de la bonté (PCC#1), tout en considérant la personne dans sa

globalité, afin d’améliorer sa qualité de vie pendant cette phase vulnérable. Les infirmières

ont assisté les patients dans leurs activités quotidiennes et évalué en permanence les

situations que vivent les patients et les soins dont ils auront besoin, tout en préservant la

dimension humaine du soin. Les infirmières ont répondu également, aux besoins

psychologiques et spirituels de la personne soit à son âme, à travers le maintien de son

167

système de croyances (PCC#2) et en s’ouvrant aux dimensions spirituelles (PCC#10),

mais aussi, par l’utilisation créative de soi (PCC#6) pour aider le patient à donner un sens

à son existence. En effet, les infirmières participantes à cette recherche veillent à combiner

leurs activités de nature technique et relationnelle. D’ailleurs, elles ont souligné

l’importance de leur présence auprès du patient et de sa famille, malgré leur manque de

temps. Cette attitude de caring renvoie au moment de caring proposé par Watson (2012),

qui se manifeste par la constance de la présence auprès du patient qui souffre (PCC#5),

pour lui manifester qu’il n’est pas abandonné, mais plutôt qu’il est bien entouré.

D’ailleurs, les infirmières de cette étude disent qu’elles profitent de cette présence pour

instaurer un climat de confiance (PCC#4) propice à l’établissement d’une relation

humaine avec le patient, communiquer avec lui quand son état le permet, assurer son

confort, s’asseoir près de lui, détecter sa détresse ou répondre à ses questions. Elles

prennent conscience de sa présence et du fait de vivre un moment de caring avec la

personne soignée.

Ces résultats s’alignent avec le processus de caritas clinique de Watson (2012) en lien

avec la facilitation et le maintien d’un système de croyances profondes, en étant

authentiquement présent (PCC#2). Les résultats de cette étude mettent aussi l’accent sur

l’approche humaniste centrée sur la personne. Ils mettent en valeur l’authenticité dans la

pratique professionnelle en soins palliatifs. D’ailleurs, la relation humaniste du caring de

Watson (2012), en particulier la relation transpersonnelle, met l’accent sur l’authenticité

et la composante humaine des soins, puisqu’elle réfère à une relation intersubjective

d’humain à humain (PCC#2). En effet, l’observation sur le terrain témoigne que les soins

fournis par les infirmières participantes à l’étude, œuvrant auprès de patients en soins

palliatifs, tenaient compte en particulier de l’authenticité de chaque patient. Cette

approche du caring, qui donne du sens à la pratique infirmière, se trouve souvent intégrée

à la routine des infirmières lors de la prestation des soins auprès de leurs patients, mais à

des degrés différents. D’ailleurs, plusieurs attitudes en lien avec le caring ont été

observées. Ainsi, les infirmières ont établi une relation de confiance et facilité le système

de croyances profondes et le monde subjectif du patient et de sa famille (PCC#2). Elles

168

ont encouragé l’expression de leurs émotions et de leurs sentiments positifs et négatifs,

même parfois par le silence (PCC#5).

De plus, comme le propose Watson (1979), les infirmières interviewées et observées sur

le terrain ont développé une relation thérapeutique d’aide et de confiance empreinte de

congruence, d’empathie et de chaleur humaine avec le patient et sa famille. Elles ont

développé une relation d’aide empreinte de caring, en s’ouvrant aux autres avec sensibilité

et compassion (PCC#3), en démontrant de l’écoute, et en respectant les droits du patient

en fin de vie, mais en omettant l’ouverture à leurs propres pratiques spirituelles et leur soi

transpersonnel. Elles ont démontré une disponibilité et une réceptivité pour prodiguer des

soins émotionnels et répondre aux besoins psychologiques du patient et de sa famille. En

plus, dans le cadre de cette étude, les participantes ont utilisé un langage qui dénote le

caring en regard de leur relation avec le patient et sa famille. Elles ont respecté le

cheminement unique de chaque patient et sa volonté, en manifestant le sentiment qu’elles

comprennent ce qu’il vit et en suscitant une communication active.

De même, Watson (2012) propose la création d’un environnement facilitant la guérison à

tous les niveaux, et par lequel l’entièreté, la beauté, le confort, la dignité et la paix (PCC#8)

sont présents. Sur ce plan, les infirmières ont favorisé le confort ainsi qu’un

environnement physique et spirituel, tout en maintenant la dignité humaine et une mort en

paix. Dans sa théorie du Human Caring, Watson (1979) note également, l’importance de

l’engagement dans une expérience d’enseignement-apprentissage authentique qui

s’intéresse à l’unité de l’être et à la signification (PCC#7). Dans ce contexte, les résultats

de l’étude actuelle démontrent que les infirmières se sont engagées avec la personne en

fin de vie dans une expérience d’enseignement-apprentissage authentique. Cette

expérience s’intéresse à l’unité de l’être et à sa signification, par la transmission

d’information pour réduire l’anxiété du patient et de sa famille liée à l’incertitude et à la

gravité de sa maladie.

Malgré les efforts pour la prestation de soins palliatifs optimaux et humanistes, certains

facteurs semblent contrecarrer ces efforts ou parfois les faciliter.

169

6.2.3 L’utilisation des facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en

soins palliatifs

Les résultats de la présente thèse et la revue des écrits ont révélé qu’il subsistait des

facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs, en l’occurrence

des facteurs professionnels, organisationnels et émotionnels.

6.2.3.1 Les facteurs contraignants et les facilitateurs professionnels

A la lumière des données recueillies, les discours des participants ont mis l’accent sur la

résistance des médecins (FA#2, en référence au Tableau 2 du cadre de référence) au regard

de l’approche palliative. Ainsi, la résistance de certains oncologues met en relief le

manque d’ouverture à la philosophie qui entoure les soins palliatifs. De même, cette

résistance pourrait être en lien avec le modèle médical basé sur des algorithmes

thérapeutiques orientés vers les interventions curatives.

En ce qui concerne le manque de consensus et aux décisions divergentes (FA#1) relatifs

au début des soins palliatifs, ces derniers sont considérés comme des soins terminaux, car

ils sont introduits tardivement dans la trajectoire de la maladie des patients atteints de

cancer. En revanche, l’étude des documents réalisée dans cette présente recherche va plus

loin, en mettant en évidence la transition tardive entre les soins palliatifs et curatifs. Le

document « brochure » de l’établissement concerné décrit le modèle des soins palliatifs

selon la trajectoire de soins, soit du diagnostic au décès. Selon ce modèle, les soins

palliatifs s’intègrent tôt dans la trajectoire de soins. Il est vrai que cette brochure reste en

partie théorique Selon les participants à l’étude, puisque sur le terrain les soins palliatifs

sont introduits tardivement. Cette pratique semble avoir un impact négatif sur l’exercice

infirmier des soins palliatifs. D’ailleurs, les infirmières considèrent que cette transition

tardive limite l’accès aux bénéfices escomptés de la pratique des soins palliatifs, en

particulier l’amélioration de la qualité de vie, d’où l’importance d’abolir la frontière entre

le curatif et le palliatif.

Les résultats ont également, mis en évidence la souffrance des infirmières devant

l’obligation d’exécuter des interventions curatives au détriment des soins de confort. En

170

fait, les infirmières interviewées perçoivent que la pratique infirmière en soins palliatifs,

dans leur unité, est souvent accompagnée d’autres traitements déraisonnables. Il s’agit

parfois de traitements dans un but de guérison ou d’investigations jugées inutiles en fin

de vie. Les infirmières reconnaissent qu’elles sont tenues d’effectuer des examens en fin

de vie qu’elles trouvent intolérables et inutiles, ce qui ne fait qu’augmenter la souffrance

du patient. Ces résultats peuvent être comparés aux écrits de Fortin et Bouchard (2009),

qui décrivent dans leur étude qualitative comment les infirmières participantes à l’étude

étaient souvent témoins de situations d’acharnement thérapeutique et étaient parfois

contraintes d’y participer. En effet, elles disaient participer à des manœuvres de

réanimation qu’elles jugeaient futiles, aux dépens de l’accompagnement psychologique et

des soins de confort que requièrent les patients en fin de vie. Ces soins leur apparaissaient

comme étant source de douleur et de torture pour les patients. Ces propos ont également

été évoqués par les infirmières de l’étude de Gross (2006), qui affirment que ces

traitements à visée curative ou de rétablissement peuvent contribuer à donner de faux

espoirs sur la possibilité de guérison pour les patients et les familles. En outre, ces

investigations et traitements déraisonnables semblent relever d’une mauvaise

compréhension des soins palliatifs, des valeurs qui les sous-tendent, de leur but principal

et des bénéfices qu’ils peuvent apporter à la personne.

De même, le rythme des activités, le manque de temps (FA#3, Tableau 2) nécessaire pour

accomplir un soin ou le fait d’être demandées auprès d’autres patients ont été identifiés

comme des barrières qui peuvent limiter la prestation d’un soin de qualité en fin de vie.

Ces résultats concordent avec ceux d’Andersson et al. (2016), qui montrent que les

infirmières se sentent déchirées entre la contrainte du temps et leurs responsabilités dans

la pratique des soins, surtout quand elles ont la charge de plusieurs patients en même

temps. Elles affirment éprouver un sentiment de frustration de ne pouvoir équilibrer le

temps entre le curatif et le palliatif, et sentent une inadéquation dans la pratique des soins

aux patients en fin de vie. De même, ces résultats renforcent ceux de Fortin et Bouchard

(2009) et de Vedel et al. (2014), qui confirment que le manque de temps des infirmières

constitue une contrainte importante suite à la prise en charge de plusieurs patients avec

des traitements et des diagnostics différents. Selon les résultats de Fortin et Bouchard

171

(2009) et de Vedel et al. (2014), les infirmières se voient surchargées par la multiplication

de responsabilités. Elles sont incapables de fournir une prise en charge suffisante pour le

patient, car leur temps est souvent escamoté au profit des personnes traitées en soins aigus.

Par conséquent, elles ne sont pas toujours en mesure de réaliser des soins palliatifs de

qualité ou d’assurer une présence auprès des patients ainsi que de leurs proches.

De plus, les résultats actuels ont permis de mettre en lumière un obstacle qui a fait

consensus dans la littérature scientifique, celui du manque de connaissances et de

formation (FA#4, Tableau 2) nécessaires pour soigner une personne en fin de vie. Ce

constat rejoint les propos des experts, en particulier le WHO et la WPCA (2014), qui

postulent dans l’Atlas Mondial des soins palliatifs en fin de vie, que le manque de

formation constitue une barrière pour le développement des soins palliatifs. Les difficultés

associées à la pratique en soins palliatifs sont inhérentes au manque de connaissances de

la plupart des infirmières qui n’ont pas reçu la formation requise pour apporter le soutien

nécessaire aux patients en fin de vie et à leur famille. A l’égard des notions de base sur les

soins palliatifs introduits dans les formations académiques des infirmières et des efforts

déployés par le comité national des soins palliatifs libanais à ce niveau, les infirmières

interrogées affirment l’insuffisance de leurs connaissances sur les soins palliatifs. Elles

réclament par ailleurs, le développement d’une formation spécialisée, qui s’avère

nécessaire pour s’engager davantage avec les patients en fin de vie. D’ailleurs, parmi les

participantes, une seule infirmière a suivi une formation spécialisée en soins palliatifs, ce

qui pourrait être une limite pour l’unité de soins et un facteur défavorable à la prestation

de soins palliatifs de qualité pour les patients.

Force est de constater que le manque de formation apparaît comme un obstacle dans

plusieurs recherches provenant de différents pays. En particulier, en Suède (Andersson et

al., 2016), en Corée du Sud (Lee et al., 2013), en République démocratique du Congo

(Lofandjola Masumbuku & Coppieters, 2014), en Australie (Johnson et al., 2011), en Iran

(Rassouli & Sajjadi, 2016 ; Razban et al., 2013), en Chine (Dong et al., 2016 ; Zheng et

al., 2015), aux USA (Beckstrand et al., 2012 ; Gross, 2006 ; Peterson et al., 2010), au

Canada (Fillion & Saint-Laurent, 2003 ; Fortin & Bouchard, 2009), et au Moyen-Orient

172

(Silberman et al., 2015). De même, des résultats similaires sont évoqués dans une revue

systématique qui a été conduite par McCourt et al., en 2013, pour explorer les expériences

des infirmières qui fournissent des soins palliatifs en fin de vie.

Pour pallier à cet obstacle, les écrits scientifiques (Dong et al., 2016 ; Johnson et al., 2011 ;

Lofandjola Masumbuku & Coppieters, 2014 ; Mc Court et al., 2013 ; WHO & WPCA,

2014) recommandent un développement de programmes de formation continue. Cet effort

pourra combler les lacunes et améliorer la qualité de la prise en charge holistique des

patients en fin de vie. Les résultats de la présente étude vont dans le même sens que ceux

de Silberman et al. (2015). Leur étude, menée dans 15 pays du Moyen-Orient, portait sur

l’importance du développement des connaissances en soins palliatifs par l’intégration de

formations dans les programmes académiques des infirmières et des médecins. Selon les

chercheurs, cette intégration est essentielle pour permettre un changement au niveau des

compétences dans le domaine des soins palliatifs afin de prodiguer aux patients en fin de

vie des soins de qualité, selon une approche globale.

Dans ce sens, Dong et al. (2016) ainsi que Lofandjola Masumbuku et Coppieters (2014)

mentionnent que les professionnels de la santé adéquatement formés en soins palliatifs

peuvent offrir des soins de haute qualité pour les patients atteints de cancer en fin de vie.

Ces propos rejoignent les demandes des infirmières libanaises qui souhaitent la mise en

place de programmes de formation, afin de les aider à améliorer leurs connaissances et

compétences en soins palliatifs. Par ailleurs, les experts dans ce domaine proposent des

formations en interdisciplinarité. En effet, le MSSS (2015) du Québec propose le

développement professionnel en soins palliatifs par des stratégies d’apprentissage

interdisciplinaire qui mise sur les interactions entre les participants, afin de favoriser

l’atteinte de l’objectif fondamental, celui d’améliorer la pratique professionnelle en

équipe. Cette proposition a également été évoquée lors d’une entrevue avec un expert

national en soins palliatifs participant à la présente étude. Celui-ci a proposé des sessions

d’apprentissage interdisciplinaire, pour une meilleure compréhension du travail d’équipe

et une meilleure collaboration interdisciplinaire.

173

De même, les résultats de cette présente étude soulignent une barrière principale, à savoir,

l’absence de modèle national de soins palliatifs au Liban. Ce manque de modèle peut être

relié au manque d’intégration des soins palliatifs dans le système de soins de santé au

Liban. À cet effet, l’ACSP (2013, p. 2) soutient qu’un « modèle national de soins palliatifs

est nécessaire à l’établissement d’une vision commune ainsi qu’à la normalisation et à la

cohérence de la prestation des soins […], de l’éducation et de la promotion des soins

palliatifs à l’échelle du Canada ». Ces propositions corroborent celles du WHO et de la

WPCA (2014), qui ont publié dans l’Atlas mondial des soins palliatifs en fin de vie

plusieurs modèles existants de par le monde. Ces différents modèles peuvent être utiles

pour des pays où les soins palliatifs sont en voie de développement.

6.2.3.2 Les facteurs contraignants et les facilitateurs organisationnels

Des similitudes se retrouvent entre les résultats de cette recherche doctorale et les écrits

traitant des facteurs contraignants organisationnels attribuables à l’environnement de

soins (Andersson et al., 2016 ; Fridh et al., 2009 ; Iglesias et al., 2013 ; McCallum &

McConigley, 2013 ; McCourt et al., 2013 ; Vedel et al., 2014). En effet, le manque

d’infrastructures organisationnelles (FA# 7, Tableau 2) semble dominer dans les propos

des participants de cette présente étude, en particulier des infirmières, qui se plaignent

d’un manque d’intimité du patient et de sa famille en fin de vie. Ces résultats s’accordent

avec ceux de Fridh et al. (2009), de McCallum et McConigley (2013) et de McCourt et al.

(2013) sur le manque de chambres individuelles qui affecte négativement la qualité des

soins fournis aux patients en fin de vie. Une telle opinion réfère en partie, au manque

d’unités d’hospitalisation spécifiques aux soins palliatifs dans l’établissement. Incitées à

réfléchir sur les éléments qui devraient être considérés pour pallier à cet obstacle, les

infirmières proposent de reconsidérer l’environnement physique pour que les patients en

soins palliatifs aient accès à une chambre individuelle. Dans ce sens, il était possible

d’envisager des transferts dans des chambres privées, lorsque possible, pour que le patient

en soins palliatifs puisse se retrouver seul dans sa chambre. Selon les infirmières, ce

transfert faciliterait la prestation des soins à ces patients vulnérables dans les derniers

moments de leur vie. De même, cet aménagement permettrait aux patients en fin de vie

174

d'être accompagnés par leurs proches en toute intimité et leur assurerait une mort en toute

dignité (McCallum & McConigley, 2013 ; Fridh et al., 2009).

De même, la littérature recensée a permis d’identifier un autre obstacle, celui du manque

d’espace approprié à la famille afin d’exprimer leur chagrin (Iglesias et al., 2013 ; Lee et

al., 2013). Cet obstacle n’a cependant pas été mentionné dans la présente étude doctorale.

Ces propos sont également abordés dans la revue des écrits de McCourt et al. (2013) et

dans la recherche conduite par Vedel et al. (2014). Bien que les résultats de Vedel et al.

(2014) montrent que les patients et leur famille sont satisfaits d’être ensemble aux derniers

moments de leur vie, les familles participantes à leur étude ont souhaité d’avoir une place

privée pour elles, afin d’exprimer leur peine. Cette particularité a été fortement

recommandée par les professionnels de la santé de la même étude pour pouvoir discuter

avec la famille (Vedel et al., 2014). Cependant, les résultats de la présente recherche

doctorale sont quelque peu différents dans ce sens, puisque cet obstacle n’a pas été relevé

par les infirmières participantes à la présente étude. Pourtant, l’observation des pratiques

des infirmières sur le terrain a permis de constater que souvent elles se retirent avec la

famille dans le couloir ou dans une chambre libre avoisinante pour échanger discrètement

avec les membres de la famille sur l’état de leur proche.

Le manque de ressources humaines (FA#8, Tableau 2), en particulier des infirmières,

constitue un autre obstacle d’ordre organisationnel. La dotation inadéquate de ratio

infirmière-patients par manque d’effectifs apparaît comme une barrière affectant

l’exercice d’une pratique infirmière efficace en soins palliatifs. Les résultats de cette

présente recherche soulignent l’impact de la charge administrative. Elle est à l’origine

d’un sentiment de malaise évoqué par quelques infirmières et confirmé par les

observations effectuées sur le terrain. Par ailleurs, ces observations montrent que les

infirmières tentent de contourner la barrière du temps dans l’organisation de leur travail,

en demandant de l’aide à l’infirmière spécialisée de l’équipe mobile. Il est possible de

penser que cette organisation ne constitue pas nécessairement une solution gagnante.

L’infirmière de l’équipe mobile, qui a un rôle de consultante, risque d’être accaparée par

les soins de base et ne pourra plus jouer son rôle entièrement, qui consiste à accompagner

175

les infirmières et à donner des soins plus complexes, afin d’aider à améliorer la réalisation

des soins. Ensuite, cela pourrait donner à l’organisation et aux gestionnaires la fausse

impression que la charge de travail est adéquate, puisque les soins sont livrés tels que

requis en bout de ligne. Ils risquent alors de n’apporter aucun changement pour contrer la

charge de travail, empêchant les infirmières en oncologie d’accompagner les patients en

soins palliatifs. À cet effet, Bonnières et al. (2010) ont mis en évidence la répartition des

charges dans les services et le renforcement de l’effectif, pour une meilleure prise en

charge des patients en soins palliatifs.

6.2.3.3 Les barrières et les facilitateurs émotionnels

Les résultats de cette thèse ont permis de décrire que les exigences émotionnelles (FA#9,

Tableau 2) liées à la confrontation quotidienne avec la mort constituent des barrières qui

freinent la pratique infirmière en soins palliatifs. Ces exigences semblent être associées

au travail des infirmières en unité d’oncologie suite à l’exposition répétée à la détresse des

personnes atteintes de cancer et de leurs proches. S’opposer aux valeurs des infirmières

soignantes constitue également, un obstacle émotionnel qui provoque chez elles une

frustration affectant leur vie personnelle. En fait, les résultats de la présente étude laissent

entrevoir que les infirmières évitent de s’impliquer émotionnellement avec le patient et

cherchent à se protéger de l’épuisement et du burn-out par des mécanismes de défense.

D’ailleurs, l’expression « burn-out » utilisée par plusieurs infirmières interrogées, amène

à comprendre qu’elles sont probablement confrontées à des conflits de valeurs ou à un

dilemme d’éthique professionnelle. Ces résultats rejoignent ceux mentionnés par Fillion

(2011) et Dong et al. (2016), et renforcent ceux évoqués par Peterson et al. (2010). Ces

derniers précisent que c’est notamment, en s’impliquant avec trop de compassion que les

infirmières œuvrant en soins palliatifs ont des difficultés à garder leurs distances

professionnelles. Elles tentent de retenir leurs émotions pour éviter de ressentir une

détresse émotionnelle. Pennbrant et al. (2015) avaient mentionné l’importance de séparer

la vie professionnelle de la vie privée des infirmières œuvrant en soins palliatifs, afin de

préserver leur équilibre émotionnel.

176

Par ailleurs, il est important de souligner que les présents résultats apportent une nuance

intéressante, à savoir que la lourde charge de travail et la confrontation aux décès multiples

empêchent les infirmières de faire leur deuil après le décès d’un patient. Ces résultats sont

corroborés par l’étude de Fortin et Bouchard (2009) et celle d’Andersson et al. (2016), qui

proposent des stratégies pour y faire face, par exemple, la prise de distance et la discussion

avec des collègues. Ainsi, les résultats de cette présente étude font ressortir la nécessité de

l’accompagnement psychologique des infirmières, afin d’affronter la charge émotive et

les aider à se débarrasser de cumuls subis lors de la dispensation de soins auprès de

patients atteints de cancer en fin de vie. Ainsi, la valorisation du travail des infirmières

reste un facteur essentiel. Il paraît de même, que des séances de soutien et de

« debriefing » soient bénéfiques pour gérer les émotions face aux situations de stress

vécues auprès des patients en soins palliatifs, et pour les soutenir (Andersson et al., 2016 ;

Pennbrant et al., 2015).

6.3 Les considérations d’ordre méthodologique

L’étude de cas simple, à niveaux d’analyse imbriqués, a permis d’expliquer un phénomène

peu connu au Liban, soit celui de la pratique infirmière en soins palliatifs. L’utilisation de

cette méthode de recherche est appropriée pour répondre à la question relative au « quoi »

et au « comment » de phénomènes sociaux complexes (Yin, 2014). En effet, c’est la raison

pour laquelle ce devis a été choisi et a permis de répondre aux questions de recherche en

lien avec l’objet d’étude.

Le modèle proposé par Miles et Huberman (2003) s’est avéré pertinent pour l’analyse du

contenu qualitatif. Les trois composantes du modèle interagissent au cours du processus

d’analyse d’une façon circulaire et itérative, par la condensation des données, la

présentation des données et l’élaboration des conclusions. Selon Yin (2014), l’étude de

cas à niveaux d’analyse imbriqués sert de guide dans le processus de collecte des données

empiriques, qui proviennent de plusieurs sources et de différentes méthodes. En effet, les

méthodes de collecte des données étaient appropriées pour ce devis, tout en utilisant de

multiples sources de données de manière à expliquer en profondeur le phénomène étudié.

Selon Miles et Huberman (2003), et en raison de la flexibilité inhérente aux études

177

qualitatives, les méthodes de collecte des données peuvent être modifiées en cours

d’étude. Ce faisant, le guide d’entrevue adressé aux infirmières de l’unité d’oncologie a

été modifié dans un continuel va-et-vient, et des probes ont été ajoutés. Ainsi, du fait que

les données recueillies ont été traitées et analysées au fur et à mesure de la collecte, il a

été possible de détecter à temps quelques données manquantes, et de préparer les

prochaines collectes de données en conséquence par l’ajout des probes. De ce fait,

l’interaction entre la collecte d’information et son analyse a permis l’atteinte de la

saturation des données, provenant des entrevues individuelles et de groupe, des notes

prises au cours des observations faites sur le terrain, de l’analyse des documents et du

journal de bord de l’étudiante-chercheuse.

En conséquence, les entrevues auprès des différents types de participants ont permis de

dresser un portrait détaillé de la pratique infirmière en soins palliatifs, au sein d’une équipe

interdisciplinaire. En ce qui concerne les séances d’observation auprès des infirmières de

l’unité d’oncologie et de l’infirmière de l’équipe mobile, ces dernières ont permis de

mettre en évidence la pratique des soins palliatifs dans des situations réelles de soins, tant

au niveau des actes infirmiers qu’au niveau des interactions avec les patients et leur

famille. Ces observations se concentraient sur des activités et événements qui survenaient

dans des contextes naturels de la pratique infirmière au quotidien. De plus, l’étude

documentaire s’est avérée pertinente pour renforcer la compréhension de la vision des

soins palliatifs dans l’établissement. Sans oublier les notes de terrain rédigées par

l’étudiante-chercheuse dans un journal de bord qui d’une part, ont permis de tenir compte

des constats et des impressions résultant des entrevues et des observations, et d’autre part,

de consolider l’interprétation la plus juste possible des propos recueillis. Par la suite, la

triangulation des données, provenant de multiples participants et de multiples sources de

données, constitue un point de force de cette étude. En effet, cette triangulation a permis

de prendre en compte les perspectives de plusieurs acteurs dans la collecte des données et

de tirer des conclusions valables sur ce qui constitue la réalité de l’exercice de la pratique

infirmière en soins palliatifs.

178

6.4 Les limites

Cette recherche doctorale comporte quelques limites à souligner. D’abord, elle porte sur

les infirmières dans un contexte de soins en oncologie. Or, il aurait été pertinent de jeter

un regard sur les infirmières œuvrant dans d’autres unités similaires, qui hospitalisent

également des patients atteints de cancer ou d’autres maladies graves en fin de vie.

D’autant plus que, conformément aux préconisations du WHO et de la WPCA (2014), les

soins palliatifs s’adressent à toute personne atteinte d’une affection grave mettant en jeu

le pronostic vital, en phase avancée ou terminale.

Bien que la reconnaissance de l’étude de cas repose principalement sur la forte validité

interne de ses résultats, sa faible validité externe constitue une problématique qui menace

le transfert des résultats (Yin, 2014; Gagnon, 2012). Dans le cadre de cette étude, la

stratégie de sélection des infirmières constitue une limite en raison de sa répartition par

rapport à l'ensemble des infirmières au Liban. En outre, et contrairement à plusieurs

établissements de santé au Liban, celui où l’étude a été réalisée a créé une équipe mobile

interdisciplinaire de soins palliatifs qui intervient au sein des services de l’hôpital pour

appuyer et conseiller les équipes dans la prise en charge des soins palliatifs. En

conséquence, les observations effectuées, les résultats présentés et les conclusions tirées

ne sont pas tout à fait transférables à d’autres établissements, surtout si ceux-ci n’ont pas

développé une équipe mobile interdisciplinaire en soins palliatifs. Néanmoins, cette

faiblesse est diminuée par la description détaillée du processus permettant de porter un

jugement quant à l’application des résultats à d’autres contextes (Fortin & Gagnon, 2016).

À cet égard, tel qu’introduit par Yin (2014), bien qu’il s’agisse d’un cas unique, il pourra

être représentatif sur le plan théorique plutôt que sur les populations. En effet, plusieurs

similarités avec des études antérieures furent constatées notamment, en ce qui concerne

l’utilisation de l’approche holistique des soins et l’identification de facteurs facilitant ou

contraignant la pratique infirmière en soins palliatifs. Dans ce sens, considérant les

similitudes avec la littérature, il serait possible de croire qu’il y a une conformité de la

réalité observée avec d’autres établissements qui dispensent des soins palliatifs au Liban.

179

Une autre limite inhérente à cette étude est en lien avec le petit nombre de familles

interviewées (n=3). En effet, la langue du guide d’entrevue, soit le français, a limité le

nombre d’entrevues réalisées avec les familles. Bien que l’échantillon de trois familles ait

permis de circonscrire des informations importantes sur la pratique infirmière en soins

palliatifs, il aurait été certes intéressant d’avoir quelques participantes supplémentaires

afin d’explorer plus en profondeur et d’atteindre la saturation des données lors des

entrevues avec ces familles. De même, la langue du guide d’entrevue a limité l’accès à

d’autres experts du comité national en soins palliatifs, qui ne sont pas francophones, d’où

le petit nombre des experts interviewés (n=3).

Une autre limite à considérer est en lien avec la courte durée des entrevues qui auraient

pu se prolonger pour aller plus en profondeur. Il en est de même pour les documents

recensés; même s’ils se sont avérés utiles, ils étaient somme toute peu nombreux. En outre,

la perspective des patients sur l’objet de la question de recherche n’a pas pu être explorée

en raison de leur état de santé critique. De plus, selon Fortin et Gagnon (2016), l’effet de

réactivité ou l’effet Hawthorne peut constituer un biais, puisqu’il est possible que les

participants ayant conscience qu’ils participent à une étude aient ajusté leurs propos et

leur comportement par une tendance à donner des réponses favorables pouvant avoir des

répercussions sur les résultats. Toutefois, ce risque a été réduit par le fait que les

observations de la pratique des infirmières sur le terrain ont été effectuées avant les

entrevues, pour éviter la possibilité que les participants changent de comportements après

la connaissance des thèmes abordés durant l’entrevue. Il est à noter, également, que grâce

à la triangulation, ces observations ont permis de valider les propos des infirmières

évoqués lors des entrevues.

6.5 Les retombées de l’étude

Comme il a déjà été mentionné, cette thèse est pionnière sur le plan national au Liban,

dans le domaine des soins palliatifs. En effet, aucune étude, à notre connaissance, n’a porté

sur la pratique des soins palliatifs prodigués par des infirmières au sein d’une équipe

interdisciplinaire auprès de patients atteints de cancer. Aucune étude n’a également décrit

la pratique du caring auprès de ce groupe de patients ainsi que les facteurs contraignant et

180

facilitant l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs. Ainsi, l’envergure des

résultats obtenus par cette recherche qualitative est importante et pourra être prise en

compte pour l’avancement des connaissances dans la pratique infirmière en soins palliatifs

au Liban.

Au niveau de la pratique clinique, bien que les soins palliatifs soient en développement au

Liban et qu’il reste beaucoup de défis à relever, la présente étude pourra tout de même

avoir des retombées positives. Elle a mis en relief effectivement, une pratique infirmière

qui évalue et répond aux besoins des patients et de leur famille, selon une approche

holistique dans une collaboration interdisciplinaire, pour une meilleure qualité de vie.

Dans la mesure où le caring s’inscrit comme une toile de fond pour la pratique en soins

palliatifs, il contribue à soutenir le développement de la dimension relationnelle entre

l’infirmière et la personne soignée en soins palliatifs. Les résultats de l’étude ont mis en

relief que les infirmières en oncologie ont démontré leur enthousiasme et leur implication

dans l’adoption et l’utilisation de l’approche humaniste, auprès de patients en fin de vie et

leurs proches, à plusieurs moments de l’étude. Cette étude a aussi des implications

concrètes, puisqu’il s’agit, à notre connaissance, de la première étude au Liban qui a

permis de cibler des barrières qui pourraient freiner l’exercice de la pratique en soins

palliatifs dans le pays. Appuyés par la littérature, les résultats de cette étude doctorale

fournissent de nombreuses pistes pour améliorer la pratique infirmière en soins palliatifs.

Cette éventuelle amélioration sera envisageable en surmontant les obstacles par des

interventions appropriées et en se basant sur les facteurs facilitants proposés par les

participants. Bien que cette étude ait mis en lumière ces barrières, les propos et les

observations sur le terrain montrent que les infirmières essayaient parfois de les surmonter

pour pratiquer des soins palliatifs appropriés dans la mesure du possible. Bien que la

collaboration de l’équipe interdisciplinaire se montre souvent limitée avec l’équipe

médicale pour l’approche palliative, cette recherche met l’accent sur la collaboration et le

soutien continu de cette équipe avec les infirmières de l’unité d’oncologie.

Quant à la formation, les propos des infirmières ont identifié des difficultés reliées au

manque de formation nécessaire pour soigner une personne en fin de vie. Pour y parvenir,

181

les résultats de cette étude, mettant en lumière ce besoin imminent de formation, serviront

comme assises pour le développement d’un programme de spécialisation postuniversitaire

en soins palliatifs pour les infirmières libanaises. Ce programme de spécialisation, qui sera

élaboré par l’étudiante-chercheuse, permettra de développer les compétences et répondre

aux besoins des infirmières libanaises et de leur pratique professionnelle en soins

palliatifs. Les résultats de l’étude actuelle serviront également, de repère pour la

construction d’une pratique factuelle basée sur des recherches scientifiques.

6.6 Les recommandations

Des recommandations pour la gestion, la pratique, la formation et la recherche, en lien

avec les résultats de cette étude, sont présentées dans cette dernière section.

6.6.1 Pour la gestion

Dans le cadre des actions du Comité National de Soins Palliatifs afin d’instituer les soins

palliatifs à l’échelle nationale, il serait congruent d’effectuer des démarches auprès du

Ministère de la Santé Publique pour promouvoir l’élaboration et l’implication d’une

politique nationale en matière de soins palliatifs dans le système de soins de santé au

Liban. Il reste à souhaiter que l’ensemble des résultats obtenus puisse guider au mieux les

décideurs et les experts. Ceux-ci sont appelés à poursuivre leur investissement pour

développer et optimiser l’avenir prometteur dans ce domaine. Pour ce faire, il sera

indispensable de développer un modèle pour les services de soins palliatifs adapté au

contexte du Liban. De surcroît, des politiques d’information et de sensibilisation du

public, dans l’intérêt de toute la collectivité, sont nécessaires pour le déploiement des soins

palliatifs sur le plan national. A l’instar d’autres pays (Australie, Canada, UK, USA), il

serait important d’élaborer des lignes directrices et des guides de pratique clinique en soins

palliatifs, afin de faciliter la pratique au sein des équipes interdisciplinaires.

En outre, en s’appuyant sur les résultats de cette recherche, particulièrement ceux liés aux

contraintes de temps et à la surcharge de travail, les établissements de santé pourront

mettre en avant des politiques et des procédures appropriées pour y remédier. De même,

ils pourront prendre des décisions stratégiques concernant la dotation en infirmières dans

182

les unités de soins. De plus, les établissements de santé ont tout avantage à mettre en place

des stratégies appropriées afin de valoriser les infirmières, les soutenir et prévenir le

burnout. Il est suggéré également de légitimer le rôle des infirmières au sein de l’équipe

interdisciplinaire.

Il ressort aussi qu’il incombe aux organisations de reconsidérer l’environnement physique

pour assurer le respect de la vie privée des patients et de leur famille en fin de vie, ainsi

qu’une mort en toute dignité. L’instauration d’une unité de soins palliatifs pour les patients

en fin de vie dans les établissements et une prise en charge par une équipe

interdisciplinaire spécialisée permettront de prodiguer des soins palliatifs mieux adaptés,

dans une atmosphère digne et paisible et un accompagnement de fin de vie de haute

qualité. Il devient également crucial de sensibiliser davantage les professionnels de la

santé ainsi que la population libanaise aux bénéfices d’une transition plus précoce des

patients en soins palliatifs.

6.6.2 Pour la pratique

Au niveau de la pratique clinique, l’ensemble des résultats propose des pistes

d’intervention pouvant servir de guide au développement de la pratique infirmière en soins

palliatifs. Pour y parvenir, il serait recommandé que les infirmières adoptent une pratique

factuelle dans l’exercice de leur profession. Pour ce faire, il devient essentiel de

s’approprier les normes actuelles et les guides de pratique clinique en soins palliatifs, pour

prodiguer des soins palliatifs de qualité et répondre aux besoins des patients. De plus,

l’envergure des résultats obtenus en lien avec les obstacles identifiés doit être prise en

compte. En effet, comme les participants à l’étude ont identifié des obstacles limitant la

pratique en soins palliatifs, il devient donc prioritaire de les contrer, par la mise en place

de nouveaux modèles et guides cliniques qui visent l’amélioration et le développement de

soins palliatifs de qualité.

L’intégration d’une philosophie de soins fondée sur les valeurs de caring est fortement

recommandée pour s’engager dans une pratique relationnelle et humaniste, ancrée dans

les soins. Cette approche de caring permettra de guider les interventions de soins et de

183

renforcer la relation transpersonnelle entre l’infirmière, le patient et la famille ; une

relation qui se voit empreinte de congruence, d’écoute, d’empathie et de chaleur humaine

avec les patients en fin de vie. Appliquée par les infirmières, cette philosophie de soins

pourrait favoriser des changements dans la pratique professionnelle en soins palliatifs et

par conséquent, une meilleure qualité de vie des patients.

6.6.3 Pour la formation

Les résultats émergeant de cette étude doctorale fournissent des pistes de réflexion pour

la formation des infirmières dans le domaine des soins palliatifs. À la lumière de la

recension des écrits, une compréhension des notions théoriques sur les soins palliatifs par

une formation adaptée offerte aux professionnels de la santé et par un développement des

compétences des infirmières dans ce domaine et dans le domaine du caring, semblent de

rigueur pour combler les lacunes identifiées. Déjà, le MSSS du Québec (2015) a proposé

dans son Plan directeur que : « les professionnels appelés à intervenir auprès de la

personne et de ses proches doivent posséder des compétences propres au domaine des

soins palliatifs de fin de vie, étant donné la complexité des besoins. En plus d’une

formation initiale […], le développement des compétences par la formation continue en

cours d’emploi est privilégié par des stratégies d’apprentissage interdisciplinaire »

(MSSSQ, 2015, p.31). En plus, il serait opportun d’intégrer dans les cursus universitaires

dès la formation initiale, des cours et des stages spécifiques aux soins palliatifs et

répondant aux besoins globaux des patients en fin de vie. Dans le même ordre d’idées, il

devient fondamental pour les infirmières de déployer des moyens pour maintenir leurs

connaissances à jour, pour prodiguer des soins palliatifs humains et de qualité en fin de

vie. Dans ce sens, il s’avère essentiel de renforcer le développement des activités de

recherche au niveau de la formation en soins palliatifs.

Parallèlement, il semble crucial de promouvoir la formation interdisciplinaire afin

d’assurer aux personnes en fin de vie une qualité de vie holistique et optimale, dans un

contexte de collaboration interprofessionnelle. Des formations devraient aussi être

offertes dans les centres hospitaliers qui pratiquent des soins palliatifs, pour offrir à toutes

les infirmières des possibilités de développement de connaissances et combler les lacunes

184

dans ce domaine, en particulier pour celles qui n’ont pas accès aux formations

académiques.

6.6.4 Pour la recherche

Le développement de la recherche en soins palliatifs constitue une voie essentielle pour

développer des approches novatrices et améliorer la qualité des soins en soins palliatifs.

De ce fait, des pistes de recherche ressortent des résultats de cette étude. Des recherches

futures effectuées dans d’autres contextes paraissent souhaitables. Ce faisant, il pourrait

être pertinent de reproduire cette même recherche dans d’autres sites d’une part, pour

permettre de faire le point sur l’exercice de la pratique des soins palliatifs sur le plan

national, et d’autre part, pour vérifier si les résultats s’avèrent similaires. Par la suite, une

étude de cas multiples permettrait de fournir un portrait plus global des soins palliatifs au

Liban et de comparer la pratique infirmière en intersites. De même, d’éventuelles études

réalisées auprès d’infirmières dans d’autres établissements de santé semblent pertinentes,

en particulier dans les établissements qui n’ont pas d’équipes mobiles de soins palliatifs

qui pourraient les soutenir. Il semble également pertinent de réaliser une recherche auprès

des infirmières qui ont une formation spécialisée en soins palliatifs pour décrire leurs

expériences.

Il serait aussi intéressant de documenter le problème avec d’autres méthodologies, à la

fois qualitatives et quantitatives. Il serait également recommandé éventuellement, de tester

les compétences des infirmières et les effets du programme de formation spécialisée en

soins palliatifs qui serait développé. Enfin, une recherche abordant spécifiquement

l’exploration des besoins du patient en soins palliatifs en fin de vie serait fortement

recommandée.

185

Conclusion

Cette étude doctorale avait pour but de comprendre l’exercice de la pratique infirmière en

soins palliatifs, auprès de patients en fin de vie atteints de cancer, au sein d’une équipe

interdisciplinaire d’une région du Liban. Le devis d’étude de cas simple, à niveaux

d’analyse imbriqués, a permis une compréhension plus approfondie du phénomène à

l’étude dans son contexte. La portée interdisciplinaire de cette thèse représente également

un ajout important. Au niveau de la discipline infirmière, les résultats de cette présente

étude apportent une contribution originale au développement des connaissances en soins

palliatifs, et par conséquent, au savoir infirmier. De surcroît, les résultats de l’étude ont

permis de relier la pratique des infirmières auprès de patients en soins palliatifs à

l’approche humaniste du caring de Watson, ce qui constitue un apport à la discipline

infirmière.

D’ailleurs, l’analyse des données a permis de mettre en lumière une réalité substantielle

et non négligeable de la pratique infirmière en soins palliatifs. Les infirmières

interviewées ainsi que les professionnels de l’équipe interdisciplinaire ont à cœur de

prodiguer des soins palliatifs holistiques en fin de vie, qui préconisent l’amélioration de

la qualité de fin de vie. Les thèmes et les sous-thèmes identifiés font également valoir que

l’adoption d’une approche centrée sur la réponse aux besoins globaux du patient, dans ses

dimensions physiques, psychologiques, sociales et spirituelles, semble être centrale dans

l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs. Il est évident que la collaboration

interdisciplinaire quotidienne, entre les membres de l’équipe mobile en soins palliatifs et

l’équipe soignante en particulier, occupe une grande place dans la prise en charge des

patients atteints de cancer en fin de vie. De surcroît, les influences religieuses des patients

et de leur famille sont prises en considération lors de la pratique en soins palliatifs, aussi

bien par les infirmières que par un représentant du culte, tout en maintenant le confort, la

dignité humaine et la mort en paix.

En ce qui concerne la relation thérapeutique avec le patient et sa famille, bien que la

théorie du Human Caring de Jean Watson (1979) ne soit pas adoptée dans le milieu de

soins concerné, les infirmières ont démontré une contribution à cette approche en initiant

186

une relation humaine au cœur des soins palliatifs. L’essence de cette contribution s’est

articulée autour de la mise en application d’une prestation de soins palliatifs imprégnée

de présence, d’empathie, de respect, d’écoute active et parfois de présence silencieuse. À

cela s’ajoute la pertinence du recours au Plan directeur du MSSS du Québec (2008) pour

guider l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs et soutenir la discussion des

résultats. Son originalité vient du fait que le plan directeur accorde une grande importance

à l’approche interdisciplinaire dans la pratique des soins palliatifs.

De plus, des facteurs contraignant ou facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs,

appuyés par la littérature, ont aussi été documentés. Même si les infirmières ont pu pallier

à certaines de ces barrières, il reste que ces facteurs contraignants complexifient l’exercice

de la pratique infirmière en soins palliatifs et limitent l’accès aux patients à des soins

palliatifs adéquats. D’où l’importance de favoriser les facteurs facilitants et tenter de

contrôler ou éliminer les barrières qui entravent le développement de la pratique infirmière

en soins palliatifs. De plus, au terme de cette recherche, il s’est avéré que les infirmières

soignantes avaient des préoccupations à l’égard des objectifs de soins curatifs et palliatifs

qui s’opposaient souvent. Cette difficulté à délimiter les frontières entre le curatif et le

palliatif génère chez elles à long terme un risque élevé d’épuisement émotionnel, qui

retentit sur leur vie personnelle. D’où la nécessité d’un développement de stratégies qui

contribuent à la prévention du burnout chez cette population infirmière, afin de favoriser

leur pérennité dans la profession.

En parallèle, les différents participants impliqués ont priorisé le besoin de formation en

soins palliatifs. À la lumière de ces résultats, les décideurs auront tout avantage à

considérer ce besoin dans une perspective de développement de formation adaptée. Pour

ce faire, il est pressant de mettre en action des formations initiales et continues visant à

développer les connaissances des professionnels de la santé dans ce domaine. Ce faisant,

il est recommandé de faire une révision des cursus de formation générale des infirmières

et d’y intégrer des contenus théoriques sur les soins palliatifs.

187

Dans le même ordre d’idées, il s’avère indispensable d’investir dans le développement des

compétences humaines de caring des infirmières. Il semble également impératif de former

des infirmières spécialisées en soins palliatifs. Elles-mêmes pourront être des agentes clés

de la conduite du changement. Quant au domaine de la recherche, un investissement en

soins palliatifs s’avère essentiel pour le développement des connaissances scientifiques,

nécessaires à un meilleur discernement dans ce domaine, et pour favoriser l’application

des résultats probants dans la pratique.

En l’occurrence, bien qu’on constate que des efforts se déploient sur le plan national au

Liban pour l’amélioration et la pratique des soins palliatifs, il reste toutefois un long

chemin et plusieurs étapes à franchir.

188

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De boeck.

201

Annexe 1 – Carte conceptuelle de l’étude de cas

202

Annexe 2 – Feuillets d’information et formulaires de consentement

FEUILLET D’INFORMATION ET FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

(À l’intention des Infirmières, Entrevues individuelles)

Nous sollicitons votre participation à ce projet de recherche. Cependant, avant d’accepter de signer ce

formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les

renseignements qui suivent. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à

l’étudiante-chercheuse et à lui demander de vous expliquer tout renseignement qui n’est pas clair.

Présentation des chercheurs

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat en sciences infirmières de Mona Nehmé Ph.D.

(C), dirigé par Jean-François Desbiens, Ph.D. (Directeur) et Johanne Gagnon, Ph.D. (Co-directrice), de la

Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval au Canada.

Nature et but de l’étude

Les soins palliatifs (SP) sont des soins délivrés par une équipe interdisciplinaire, dans une approche

holistique, afin d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'une maladie grave et potentiellement

mortelle. La situation des SP est peu documentée au Liban, notamment en ce qui concerne les infirmières.

La présente étude vise à décrire l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs, auprès de patients

atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe interdisciplinaire, d’une région du Liban.

Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à prendre part à une entrevue d’une durée d’environ 60 minutes,

dans le milieu de pratique, pendant l’horaire de votre travail et selon votre disponibilité. L’entretien sera

enregistré sur bande numérique et des notes pourront être prises par l’étudiante-chercheuse. Les entrevues

permettront de clarifier des éléments spécifiques, en lien avec les thèmes suivants:

L’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs

Les obstacles et les facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe

interdisciplinaire

Les besoins des patients et de leur famille en fin de vie

La pratique du Caring en soins palliatifs auprès de patients en fin de vie atteints de cancer

Risques, avantages et compensation

Cette étude ne comporte aucun risque. Il ne s’agit pas d’une évaluation de votre travail. Le seul inconvénient

est de prendre le temps nécessaire pour participer à l’entrevue, soit environ 60 minutes. Le fait d’y participer

ne procurera aucun avantage immédiat et individuel. Cependant, elle permettra l’avancement de la recherche

dans le domaine des sciences infirmières et des soins infirmiers palliatifs. Aucune compensation financière

ne sera donnée pour votre participation à l’étude.

Participation volontaire et droit de retrait

Votre participation à cette étude est complètement volontaire. Vous êtes donc libre de refuser d’y participer.

Vous pouvez également vous retirer de ce projet, à n’importe quel moment, sans préjudice et sans devoir

justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important de prévenir

l’étudiante-chercheuse de ce projet de recherche. Ainsi, le matériel et les données que vous avez fournis

seront détruits. De plus, si certaines questions vous mettent mal à l’aise, vous pouvez simplement refuser d’y

répondre sans avoir à vous justifier.

203

Confidentialité

L’étudiante-chercheuse tient à vous assurer de la plus stricte confidentialité qui sera préservée à toutes les

étapes de la recherche de même qu’au moment de la diffusion du rapport de recherche et des publications

émanant de la présente étude. Toutes les informations recueillies seront saisies et conservées de façon non

nominale par l’étudiante-chercheuse. L’identité des participants sera dissimulée et un pseudonyme leur sera

assigné pour l’utilisation des citations à des fins d’analyse. Tout le matériel de la recherche, incluant les

formulaires de consentement signés, les enregistrements ainsi que tous les documents permettant d’identifier

les participants ou l’unité de soins, sera fidèlement conservé sous clé par l’étudiante-chercheuse, durant une

période de cinq ans après le dépôt final de la thèse; échéance après laquelle ils seront détruits, soit en automne

2020.

Remerciements et renseignements supplémentaires

Votre collaboration est très précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude, et nous vous en remercions.

Un résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant

l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Déclaration de consentement du participant

Je soussigné(e) _____________________________consens librement à participer à la recherche intitulée :

« La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer au sein d’une équipe

interdisciplinaire : une étude de cas au Liban». J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la

nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des

explications, précisions et réponses que la chercheuse m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation

à ce projet.

__________________________________________ ________________________

Signature du participant, de la participante Date

Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en

indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant

décembre 2016. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheure de la

nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document. L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je

souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :

__________________________________________

Déclaration de l’étudiante-chercheuse

Je soussigné(e) _____________________________ certifie que le but, la nature de l'étude, la participation

attendue, les avantages et les inconvénients à participer au projet de recherche ont été expliqués aux

participants. De plus, j'ai avisé le participant qu'il est libre de se retirer de l'étude en tout temps sans que cela

ne lui cause aucun problème. J'ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées. Enfin, j'ai

vérifié la compréhension du participant.

_________________________________________ ________________________

Signature de l’étudiante-chercheuse Date

204

Renseignements supplémentaires

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Plaintes et critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet pourra être adressée, en toute confidentialité à l’adresse suivante :

***

Directrice des soins

***

Beyrouth-Liban

205

FEUILLET D’INFORMATION ET FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

(À l’intention de l’infirmière dédiée aux soins palliatifs, observation directe)

Nous sollicitons votre participation à ce projet de recherche. Cependant, avant d’accepter de signer ce

formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les

renseignements qui suivent. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à

l’étudiante-chercheuse et à lui demander de vous expliquer tout renseignement qui n’est pas clair.

Présentation des chercheurs

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat en sciences infirmières de Mona Nehmé Ph.D.

(C), dirigé par Jean-François Desbiens, Ph.D. (Directeur) et Johanne Gagnon, Ph.D. (Co-directrice), de la

Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval au Canada.

Nature et but de l’étude

Les soins palliatifs (SP) sont des soins délivrés par une équipe interdisciplinaire, dans une approche

holistique, afin d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'une maladie grave et potentiellement

mortelle. La situation des SP est peu documentée au Liban, notamment en ce qui concerne les infirmières.

La présente étude vise à décrire l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs, auprès de patients

atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe interdisciplinaire, d’une région du Liban.

Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à accepter d’être accompagnée par l’étudiante-chercheuse afin

qu’elle puisse observer votre pratique auprès des patients et de leurs proches. L’étudiante-chercheuse passera

du temps avec vous au moment des soins durant deux à trois quarts de votre travail. Ces observations

pourraient être révélatrices de l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs. Vous devrez pour ce

faire obtenir la permission verbale du patient et de ses proches, afin que l’étudiante-chercheuse puisse réaliser

les sessions d’observation pendant les soins effectués. De plus, suite à l’observation de la pratique, une

entrevue individuelle semi-dirigée sera effectuée par l’étudiante-chercheuse. Cette entrevue, de 90 minutes,

permettra de valider les éléments des différentes sessions d’observation pendant les soins effectués, et de

clarifier des éléments spécifiques, en lien avec les thèmes suivants:

L’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs

Les obstacles et les facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe

interdisciplinaire

Les besoins des patients et de leur famille en fin de vie

La collaboration interdisciplinaire avec l’équipe mobile de soins palliatifs

La pratique du Caring en soins palliatifs auprès de patients en fin de vie atteints de cancer

Risques, avantages et compensation

Cette étude ne comporte aucun risque. Il ne s’agit pas d’une évaluation de votre travail. Le fait d’y participer

ne procurera aucun avantage immédiat et individuel. Cependant, elle permettra l’avancement de la recherche

dans le domaine des sciences infirmières et des soins infirmiers palliatifs. Aucune compensation financière

ne sera donnée pour votre participation à l’étude.

Participation volontaire

Votre participation à cette étude est complètement volontaire. Vous êtes donc libre de refuser d’y participer.

Vous pouvez également vous retirer de ce projet, à n’importe quel moment, sans préjudice et sans devoir

justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important de prévenir

l’étudiante-chercheuse de ce projet de recherche. Ainsi, le matériel et les données que vous avez fournis

seront détruits. De plus, si certaines questions vous mettent mal à l’aise, vous pouvez simplement refuser d’y

répondre sans avoir à vous justifier.

Confidentialité L’étudiante-chercheuse tient à vous assurer de la plus stricte confidentialité qui sera préservée à toutes les

étapes de la recherche de même qu’au moment de la diffusion du rapport de recherche et des publications

émanant de la présente étude. Toutes les informations recueillies seront saisies et conservées de façon non

nominale par l’étudiante-chercheuse. L’identité des participants sera dissimulée et un pseudonyme leur sera

206

assigné pour la transcription des notes d’observation et pour l’utilisation des citations à des fins d’analyse.

Tout le matériel de la recherche, incluant les formulaires de consentement signés, les notes d’observation, les

enregistrements ainsi que tous les documents permettant d’identifier les participants ou l’unité de soins, sera

fidèlement conservé sous clé par l’étudiante-chercheuse, durant une période de cinq ans après le dépôt final

de la thèse; échéance après laquelle ils seront détruits, soit en automne 2020.

Remerciements et renseignements supplémentaires

Votre collaboration est très précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude, et nous vous en remercions.

Un résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant

l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Déclaration de consentement du participant

Je soussigné(e) _____________________________consens librement à participer à la recherche intitulée :

« La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer au sein d’une équipe

interdisciplinaire : une étude de cas au Liban». J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la

nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des

explications, précisions et réponses que la chercheuse m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation

à ce projet.

__________________________________________ ________________________

Signature du participant, de la participante Date

À moins d’avis contraire ou d’empêchement, il a été convenu avec l’étudiante-chercheure que celle-ci

m’accompagnera à titre d’observatrice dans l’ensemble de mes activités professionnelles durant les quarts de

travail suivants :

__________________________________________

Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en

indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant

décembre 2016. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheure de la

nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document. L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je

souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :

__________________________________________

Déclaration de l’étudiante-chercheuse

Je soussigné(e) _____________________________ certifie que le but, la nature de l'étude, la participation

attendue, les avantages et les inconvénients à participer au projet de recherche ont été expliqués aux

participants. De plus, j'ai avisé le participant qu'il est libre de se retirer de l'étude en tout temps sans que cela

ne lui cause aucun problème. J'ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées. Enfin, j'ai

vérifié la compréhension du participant.

__________________________________________ ________________________

Signature de l’étudiante-chercheuse Date

207

Renseignements supplémentaires

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Plaintes et critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet pourra être adressée, en toute confidentialité à l’adresse suivante :

***

Directrice des soins

208

FEUILLET D’INFORMATION ET FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

(À l’intention des professionnels de la santé de l’équipe de soutien mobile, entrevue de groupe)

Nous sollicitons votre participation à ce projet de recherche. Cependant, avant d’accepter de signer ce

formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les

renseignements qui suivent. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à

l’étudiante-chercheuse et à lui demander de vous expliquer tout renseignement qui n’est pas clair.

Présentation des chercheurs

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat en sciences infirmières de Mona Nehmé Ph.D.

(C), dirigée par Jean-François Desbiens, Ph.D. (Directeur) et Johanne Gagnon, Ph.D. (Co-directrice), de la

Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval au Canada.

Nature et but de l’étude

Les soins palliatifs (SP) sont des soins délivrés par une équipe interdisciplinaire, dans une approche

holistique, afin d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'une maladie grave et potentiellement

mortelle. La situation des SP est peu documentée au Liban, notamment en ce qui concerne les infirmières.

La présente étude vise à décrire l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs, auprès de patients

atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe interdisciplinaire, d’une région du Liban.

Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à prendre part à une entrevue de groupe d’une durée d’environ

60 minutes. La date et le lieu de l’entrevue seront fixés à votre convenance. Cette entrevue a pour but de

susciter la réflexion et la discussion ouverte ainsi que l’échange des idées sur la pratique infirmière en soins

palliatifs dans le contexte libanais. Ces entrevues de groupe permettent d’assurer un maximum de diversité

interdisciplinaire ainsi qu’une compréhension élargie de la pratique infirmière en soins palliatifs. L’entretien

sera enregistré sur bande numérique et des notes pourront être prises par l’étudiante-chercheuse.

Risques, avantages et compensation

Cette étude ne comporte aucun risque. Il ne s’agit pas d’une évaluation de votre travail. Le seul inconvénient

est de prendre le temps nécessaire pour participer à l’entrevue, soit environ 60 minutes. Le fait d’y participer

ne procurera aucun avantage immédiat et individuel. Cependant, elle permettra l’avancement de la recherche

dans le domaine des sciences infirmières et des soins infirmiers palliatifs. Aucune compensation financière

ne sera donnée pour votre participation à l’étude.

Participation volontaire et droit de retrait

Votre participation à cette étude est complètement volontaire. Vous êtes donc libre de refuser d’y participer.

Vous pouvez également vous retirer de ce projet, à n’importe quel moment, sans préjudice et sans devoir

justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important de prévenir

l’étudiante-chercheuse de ce projet de recherche. Ainsi, le matériel et les données que vous avez fournis

seront détruits. De plus, si certaines questions vous mettent mal à l’aise, vous pouvez simplement refuser d’y

répondre sans avoir à vous justifier.

Confidentialité L’étudiante-chercheuse tient à vous assurer de la plus stricte confidentialité qui sera préservée à toutes les

étapes de la recherche de même qu’au moment de la diffusion du rapport de recherche et des publications

émanant de la présente étude. Toutes les informations recueillies seront saisies et conservées de façon non

nominale par l’étudiante-chercheuse. L’identité des participants sera dissimulée et un pseudonyme leur sera

assigné pour la transcription des notes d’observation et pour l’utilisation des citations à des fins d’analyse.

Tout le matériel de la recherche, incluant les formulaires de consentement signés, les notes d’observations,

les enregistrements ainsi que tous les documents permettant d’identifier les participants ou l’unité de soins,

sera fidèlement conservé sous clé par l’étudiante-chercheuse, durant une période de cinq ans après le dépôt

final de la thèse; échéance après laquelle ils seront détruits, soit en automne 2020.

209

Remerciements et renseignements supplémentaires

Votre collaboration est très précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude, et nous vous en remercions.

Un résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant

l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.

Renseignements supplémentaires

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Déclaration de consentement du participant

Je soussigné(e) _____________________________consens librement à participer à la recherche intitulée :

« La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer au sein d’une équipe

interdisciplinaire : une étude de cas au Liban». J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la

nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des

explications, précisions et réponses que la chercheuse m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation

à ce projet.

__________________________________________ ________________________

Signature du participant, de la participante Date

Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en

indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant

décembre 2016. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheure de la

nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document. L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je

souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :

__________________________________________

Déclaration de l’étudiante-chercheuse

Je soussigné(e) _____________________________ certifie que le but, la nature de l'étude, la participation

attendue, les avantages et les inconvénients à participer au projet de recherche ont été expliqués aux

participants. De plus, j'ai avisé le participant qu'il est libre de se retirer de l'étude en tout temps sans que cela

ne lui cause aucun problème. J'ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées. Enfin, j'ai

vérifié la compréhension du participant.

__________________________________________ ________________________

Signature de l’étudiante-chercheuse Date

Renseignements supplémentaires

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Plaintes et critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet pourra être adressée, en toute confidentialité à l’adresse suivante :

***

Directrice des soins

***

Beyrouth-Liban

210

FEUILLET D’INFORMATION ET FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

À l’intention des experts nationaux (Entrevues de groupe)

Nous sollicitons votre participation à ce projet de recherche. Cependant, avant d’accepter de signer ce

formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les

renseignements qui suivent. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à

l’étudiante-chercheuse et à lui demander de vous expliquer tout renseignement qui n’est pas clair.

Présentation des chercheurs

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat en sciences infirmières de Mona Nehmé Ph.D.

(C), dirigée par Jean-François Desbiens, Ph.D. (Directeur) et Johanne Gagnon, Ph.D. (Co-directrice), de la

Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval.

Nature et but de l’étude

Les soins palliatifs (SP) sont des soins délivrés par une équipe interdisciplinaire, dans une approche

holistique, afin d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'une maladie grave et potentiellement

mortelle. La situation des SP est peu documentée au Liban, notamment en ce qui concerne les infirmières.

La présente étude vise à décrire l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs, auprès de patients

atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe interdisciplinaire, d’une région du Liban.

Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à prendre part à une entrevue de groupe d’une durée d’environ

60 minutes. La date et le lieu de l’entrevue seront fixés à votre convenance. Cette entrevue a pour but de

susciter la réflexion et la discussion ouverte ainsi que l’échange des idées sur la pratique infirmière en soins

palliatifs dans le contexte libanais. Ces entrevues de groupe permettent d’assurer un maximum de diversité

interdisciplinaire ainsi qu’une compréhension élargie de la pratique infirmière en soins palliatifs. L’entretien

sera enregistré sur bande numérique et des notes pourront être prises par l’étudiante-chercheuse.

Risques, avantages et compensation

Cette étude ne comporte aucun risque. Il ne s’agit pas d’une évaluation de votre travail. Le seul inconvénient

est de prendre le temps nécessaire pour participer à l’entrevue, soit environ 60 minutes. Le fait d’y participer

ne procurera aucun avantage immédiat et individuel. Cependant, elle permettra l’avancement de la recherche

dans le domaine des sciences infirmières et des soins infirmiers palliatifs. Aucune compensation financière

ne sera donnée pour votre participation à l’étude.

Participation volontaire et droit de retrait

Votre participation à cette étude est complètement volontaire. Vous êtes donc libre de refuser d’y participer.

Vous pouvez également vous retirer de ce projet, à n’importe quel moment, sans préjudice et sans devoir

justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important de prévenir

l’étudiante-chercheuse de ce projet de recherche. Ainsi, le matériel et les données que vous avez fournis

seront détruits. De plus, si certaines questions vous mettent mal à l’aise, vous pouvez simplement refuser d’y

répondre sans avoir à vous justifier.

Confidentialité L’étudiante-chercheuse tient à vous assurer de la plus stricte confidentialité qui sera préservée à toutes les

étapes de la recherche de même qu’au moment de la diffusion du rapport de recherche et des publications

émanant de la présente étude. Toutes les informations recueillies seront saisies et conservées de façon non

nominale par l’étudiante-chercheuse. L’identité des participants sera dissimulée et un pseudonyme leur sera

assigné pour la transcription des notes d’observation et pour l’utilisation des citations à des fins d’analyse.

Tout le matériel de la recherche, incluant les formulaires de consentement signés, les notes d’observations,

les enregistrements ainsi que tous les documents permettant d’identifier les participants ou l’unité de soins,

sera fidèlement conservé sous clé par l’étudiante-chercheuse, durant une période de cinq ans après le dépôt

final de la thèse; échéance après laquelle ils seront détruits, soit en automne 2020.

211

Remerciements et renseignements supplémentaires

Votre collaboration est très précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude, et nous vous en remercions.

Un résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant

l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse:

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Déclaration de consentement du participant

Je soussigné(e) _____________________________consens librement à participer à la recherche intitulée :

« La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer au sein d’une équipe

interdisciplinaire : une étude de cas au Liban». J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la

nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des

explications, précisions et réponses que la chercheuse m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation

à ce projet.

__________________________________________ ________________________

Signature du participant, de la participante Date

Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en

indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant

décembre 2016. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheure de la

nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document. L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je

souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :

__________________________________________

Déclaration de l’étudiante-chercheuse

Je soussigné(e) _____________________________ certifie que le but, la nature de l'étude, la participation

attendue, les avantages et les inconvénients à participer au projet de recherche ont été expliqués aux

participants. De plus, j'ai avisé le participant qu'il est libre de se retirer de l'étude en tout temps sans que cela

ne lui cause aucun problème. J'ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées. Enfin, j'ai

vérifié la compréhension du participant.

__________________________________________ ________________________

Signature de l’étudiante-chercheuse Date

Renseignements supplémentaires

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c) :

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Plaintes et critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet pourra être adressée, en toute confidentialité à l’adresse suivante :

***

Directrice des soins

***

Beyrouth-Liban

212

FEUILLET D’INFORMATION ET FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

(À l’intention des membres de familles de personnes soignées, entrevues individuelles)

Nous sollicitons votre participation à ce projet de recherche. Cependant, avant d’accepter de signer ce

formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les

renseignements qui suivent. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à

l’étudiante-chercheuse et à lui demander de vous expliquer tout renseignement qui n’est pas clair.

Présentation des chercheurs

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat en sciences infirmières de Mona Nehmé Ph.D.

(C), dirigé par Jean-François Desbiens, Ph.D. (Directeur) et Johanne Gagnon, Ph.D. (Co-directrice), de la

Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval.

Nature et but de l’étude

Les soins palliatifs (SP) sont des soins délivrés par une équipe interdisciplinaire, dans une approche

holistique, afin d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'une maladie grave et potentiellement

mortelle. La présente étude vise à décrire l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs, auprès de

patients atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe interdisciplinaire, d’une région du Liban.

Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à prendre part à une entrevue d’une durée d’environ 60 minutes.

Cette entrevue se déroulera à votre domicile ou à un autre lieu qui vous conviendra, à une date planifiée à

l’avance avec l’étudiante-chercheuse. Les entrevues permettront de clarifier des éléments spécifiques, en lien

avec les thèmes suivants:

L’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs

Les besoins des patients et de leur famille en fin de vie

Les obstacles et les facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe

interdisciplinaire

L’entretien sera enregistré sur bande numérique et des notes pourront être prises par l’étudiante-chercheuse.

Risques, avantages et compensation

Cette étude ne comporte aucun risque. Le seul inconvénient est de prendre le temps nécessaire pour participer

à l’entrevue, soit environ 60 minutes. Le fait d’y participer ne procurera aucun avantage immédiat et

individuel. Cependant, elle permettra l’avancement de la recherche dans le domaine des sciences infirmières

et des soins infirmiers palliatifs. Aucune compensation financière ne sera donnée pour votre participation à

l’étude.

Participation volontaire et droit de retrait

Votre participation à cette étude est complètement volontaire. Vous êtes donc libre de refuser d’y participer.

Vous pouvez également vous retirer de ce projet, à n’importe quel moment, sans préjudice et sans devoir

justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important de prévenir

l’étudiante-chercheuse de ce projet de recherche. Ainsi, le matériel et les données que vous avez fournis

seront détruits. De plus, si certaines questions vous mettent mal à l’aise, vous pouvez simplement refuser d’y

répondre sans avoir à vous justifier.

Confidentialité L’étudiante-chercheuse tient à vous assurer de la plus stricte confidentialité qui sera préservée à toutes les

étapes de la recherche de même qu’au moment de la diffusion du rapport de recherche et des publications

émanant de la présente étude. Toutes les informations recueillies seront saisies et conservées de façon non

nominale par l’étudiante-chercheuse. L’identité des participants sera dissimulée et un pseudonyme leur sera

assigné pour la transcription des notes d’observation et pour l’utilisation des citations à des fins d’analyse.

Tout le matériel de la recherche, incluant les formulaires de consentement signés, les notes d’observation, les

enregistrements ainsi que tous les documents permettant d’identifier les participants ou l’unité de soins, sera

213

fidèlement conservé sous clé par l’étudiante-chercheuse, durant une période de cinq ans après le dépôt final

de la thèse; échéance après laquelle ils seront détruits, soit en automne 2020.

Remerciements et renseignements supplémentaires

Votre collaboration est très précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude, et nous vous en remercions.

Un résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant

l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature.

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Déclaration de consentement du participant

Je soussigné(e) _____________________________consens librement à participer à la recherche intitulée :

« La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer au sein d’une équipe

interdisciplinaire : une étude de cas au Liban». J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la

nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des

explications, précisions et réponses que la chercheuse m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation

à ce projet.

__________________________________________ ________________________

Signature du participant, de la participante Date

Déclaration de l’étudiante-chercheuse

Je soussigné(e) _____________________________ certifie que le but, la nature de l'étude, la participation

attendue, les avantages et les inconvénients à participer au projet de recherche ont été expliqués aux

participants. De plus, j'ai avisé le participant qu'il est libre de se retirer de l'étude en tout temps sans que cela

ne lui cause aucun problème. J'ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées. Enfin, j'ai

vérifié la compréhension du participant.

__________________________________________ ________________________

Signature de l’étudiante-chercheuse Date

Renseignements supplémentaires

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications

de votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse : Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Plaintes et critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet pourra être adressée, en toute confidentialité à l’adresse suivante :

***

Directrice des soins

***

Beyrouth-Liban

214

FEUILLET D’INFORMATION ET FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

(À l’intention des infirmières en oncologie, observation directe)

Nous sollicitons votre participation à ce projet de recherche. Cependant, avant d’accepter de signer ce

formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les

renseignements qui suivent. Nous vous invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à

l’étudiante-chercheuse et à lui demander de vous expliquer tout renseignement qui n’est pas clair.

Présentation des chercheurs

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat en sciences infirmières de Mona Nehmé Ph.D.

(C), dirigé par Jean-François Desbiens, Ph.D. (Directeur) et Johanne Gagnon, Ph.D. (Co-directrice), de la

Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval au Canada.

Nature et but de l’étude

Les soins palliatifs (SP) sont des soins délivrés par une équipe interdisciplinaire, dans une approche

holistique, afin d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'une maladie grave et potentiellement

mortelle. La situation des SP est peu documentée au Liban, notamment en ce qui concerne les infirmières.

La présente étude vise à décrire l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs, auprès de patients

atteints de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe interdisciplinaire, d’une région du Liban.

Déroulement de la participation

Votre participation à cette recherche consiste à accepter d’être accompagnée par l’étudiante-chercheuse afin

qu’elle puisse observer votre pratique auprès des patients et de leurs proches. L’étudiante-chercheuse passera

du temps avec vous au moment des soins durant deux à trois quarts de votre travail. Ces observations

pourraient être révélatrices de l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs. Vous devrez pour ce

faire obtenir la permission verbale du patient et de ses proches, afin que l’étudiante-chercheuse puisse réaliser

les sessions d’observation pendant les soins effectués. De plus, suite à l’observation de la pratique, une

entrevue individuelle semi-dirigée sera effectuée par l’étudiante-chercheuse pendant l’horaire de votre travail

et selon votre disponibilité

Cette entrevue, de 90 minutes, permettra de valider les éléments des différentes sessions d’observation

pendant les soins effectués, et de clarifier des éléments spécifiques, en lien avec les thèmes suivants:

L’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs

Les obstacles et les facteurs facilitant la pratique infirmière en soins palliatifs au sein d’une équipe

interdisciplinaire

Les besoins des patients et de leur famille en fin de vie

La collaboration interdisciplinaire avec l’équipe mobile de soins palliatifs

La pratique du Caring en soins palliatifs auprès de patients en fin de vie atteints de cancer

Risques, avantages et compensation

Cette étude ne comporte aucun risque. Il ne s’agit pas d’une évaluation de votre travail. Le fait d’y participer

ne procurera aucun avantage immédiat et individuel. Cependant, elle permettra l’avancement de la recherche

dans le domaine des sciences infirmières et des soins infirmiers palliatifs. Aucune compensation financière

ne sera donnée pour votre participation à l’étude.

Participation volontaire

Votre participation à cette étude est complètement volontaire. Vous êtes donc libre de refuser d’y participer.

Vous pouvez également vous retirer de ce projet, à n’importe quel moment, sans préjudice et sans devoir

justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre participation, il est important de prévenir

l’étudiante-chercheuse de ce projet de recherche. Ainsi, le matériel et les données que vous avez fournis

seront détruits. De plus, si certaines questions vous mettent mal à l’aise, vous pouvez simplement refuser d’y

répondre sans avoir à vous justifier.

Confidentialité L’étudiante-chercheuse tient à vous assurer de la plus stricte confidentialité qui sera préservée à toutes les

étapes de la recherche de même qu’au moment de la diffusion du rapport de recherche et des publications

émanant de la présente étude. Toutes les informations recueillies seront saisies et conservées de façon non

nominale par l’étudiante-chercheuse. L’identité des participants sera dissimulée et un pseudonyme leur sera

215

assigné pour la transcription des notes d’observation et pour l’utilisation des citations à des fins d’analyse.

Tout le matériel de la recherche, incluant les formulaires de consentement signés, les notes d’observation, les

enregistrements ainsi que tous les documents permettant d’identifier les participants ou l’unité de soins, sera

fidèlement conservé sous clé par l’étudiante-chercheuse, durant une période de cinq ans après le dépôt final

de la thèse; échéance après laquelle ils seront détruits, soit en automne 2020.

Remerciements et renseignements supplémentaires

Votre collaboration est très précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude, et nous vous en remercions.

Un résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en indiquant

l’adresse où ils aimeraient recevoir le document, juste après l’espace prévu pour leur signature. Si vous avez

besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications de votre

participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Déclaration de consentement du participant

Je soussigné(e) _____________________________consens librement à participer à la recherche intitulée :

« La pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer au sein d’une équipe

interdisciplinaire : une étude de cas au Liban». J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la

nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des

explications, précisions et réponses que la chercheuse m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation

à ce projet.

__________________________________________ ________________________

Signature du participant, de la participante Date

À moins d’avis contraire ou d’empêchement, il a été convenu avec l’étudiante-chercheure que celle-ci

m’accompagnera à titre d’observatrice dans l’ensemble de mes activités professionnelles durant les quarts de

travail suivants :

__________________________________________

Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande en

indiquant l’adresse où ils aimeraient recevoir le document. Les résultats ne seront pas disponibles avant

décembre 2016. Si cette adresse changeait d’ici cette date, vous êtes invité(e) à informer la chercheure de la

nouvelle adresse où vous souhaitez recevoir ce document. L’adresse (électronique ou postale) à laquelle je

souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est la suivante :

__________________________________________

Déclaration de l’étudiante-chercheuse

Je soussigné(e) _____________________________ certifie que le but, la nature de l'étude, la participation

attendue, les avantages et les inconvénients à participer au projet de recherche ont été expliqués aux

participants. De plus, j'ai avisé le participant qu'il est libre de se retirer de l'étude en tout temps sans que cela

ne lui cause aucun problème. J'ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées. Enfin, j'ai

vérifié la compréhension du participant.

__________________________________________ ________________________

Signature de l’étudiante-chercheuse Date

216

Renseignements supplémentaires

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications de

votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected], Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Plaintes et critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet pourra être adressée, en toute confidentialité à l’adresse suivante :

***

Directrice des soins

217

FEUILLET D’INFORMATION ET FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

(À l’intention des patients ou leurs proches pour observation)

Nous sollicitons votre participation à ce projet de recherche. Cependant, avant d’accepter de signer ce

formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les

renseignements qui suivent.

Présentation des chercheurs

Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de doctorat en sciences infirmières de Mona Nehmé Ph.D.

(C), dirigé par Jean-François Desbiens, Ph.D. (Directeur) et Johanne Gagnon, Ph.D. (Co-directrice), de la

Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval.

Nature et but de l’étude

Les soins palliatifs (SP) sont des soins délivrés par une équipe interdisciplinaire, dans une approche holistique,

afin d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'une maladie grave et potentiellement mortelle. La

présente étude vise à décrire l’exercice de la pratique infirmière en soins palliatifs, auprès de patients atteints

de cancer en fin de vie, au sein d’une équipe interdisciplinaire, d’une région du Liban.

Déroulement de la participation

Votre consentement éclairé est requis afin que l’étudiante-chercheuse puisse observer la pratique infirmière en

soins palliatifs.

Risques, avantages et compensation

Cette étude ne comporte aucun risque. Le fait d’y participer ne procurera aucun avantage immédiat et individuel.

Cependant, elle permettra l’avancement de la recherche dans le domaine des soins infirmiers palliatifs.

Participation volontaire et droit de retrait

Votre participation à cette étude est complètement volontaire. Vous êtes donc libre de refuser d’y participer.

Vous pouvez également vous retirer de ce projet, à n’importe quel moment, sans préjudice et sans devoir

justifier votre décision

Confidentialité L’étudiante-chercheuse tient à vous assurer de la plus stricte confidentialité qui sera préservée à toutes les étapes

de la recherche de même qu’au moment de la diffusion du rapport de recherche et des publications émanant de

la présente étude. Toutes les informations recueillies seront saisies et conservées de façon non nominale par

l’étudiante-chercheuse. L’identité des participants sera dissimulée et un pseudonyme leur sera assigné pour la

transcription des notes d’observation et pour l’utilisation des citations à des fins d’analyse. Tout le matériel de

la recherche, incluant les formulaires de consentement signés, les notes d’observation, les enregistrements ainsi

que tous les documents permettant d’identifier les participants ou l’unité de soins, sera fidèlement conservé

sous clé par l’étudiante-chercheuse, durant une période de cinq ans après le dépôt final de la thèse; échéance

après laquelle ils seront détruits, soit en automne 2020.

Remerciements et renseignements supplémentaires

Votre collaboration est très précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude, et nous vous en remercions.

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications de

votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse :

Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Déclaration de consentement du participant

218

Je soussigné(e) _____________________________consens librement à participer à la recherche intitulée : « La

pratique infirmière en soins palliatifs auprès de patients atteints de cancer au sein d’une équipe interdisciplinaire

: une étude de cas au Liban». J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la nature, les avantages,

les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait(e) des explications, précisions et réponses

que la chercheuse m’a fournies, le cas échéant, quant à ma participation à ce projet.

__________________________________________ ________________________

Signature du participant, de la participante Date

Déclaration de l’étudiante-chercheuse

Je soussigné(e) _____________________________ certifie que le but, la nature de l'étude, la participation

attendue, les avantages et les inconvénients à participer au projet de recherche ont été expliqués aux participants.

De plus, j'ai avisé le participant qu'il est libre de se retirer de l'étude en tout temps sans que cela ne lui cause

aucun problème. J'ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées. Enfin, j'ai vérifié la

compréhension du participant.

__________________________________________ ________________________

Signature de l’étudiante-chercheuse Date

Renseignements supplémentaires

Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, des questions sur la recherche ou sur les implications de

votre participation, veuillez communiquer avec l’étudiante-chercheuse : Mona NEHMÉ inf., Ph.D (c)

Courriel : [email protected]

Tél. :(961) 5 924 073 poste 445

Plaintes et critiques

Toute plainte ou critique sur ce projet pourra être adressée, en toute confidentialité à l’adresse suivante :

***

Directrice des soins

***

Beyrouth-Liban

219

FEUILLET D’INFORMATION ET FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

(A l’intention des patients ou leurs proches pour observation) Version Arabe

220

221

الشكاوى واالنتقادات

يمكن توجيه أية شكوى أو أي انتقاد بخصوص هذا المشروع البحثي، بسرية تامة، إلى:

***

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Annexe 3– Guides d’entrevue

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Annexe 4 – Grille d’observation

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Annexe 5 – Grille d’analyse documentaire

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233

Annexe 6 – Exemple de tableau de synthèse des entrevues

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Annexe 7 –Thèmes centraux de la pratique infirmière en soins palliatifs