La posture stratégique indienne face au défi pakistanais

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    Guillem Monsonis

    fvrier 2011

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    FFooccuuss ssttrraattggiiqquuee nn 2288

    Laboratoirede Recherchesur la Dfenseen coopration avecle Centre Asie de lIfri

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    LIfri est, en France, le principal centre indpendant de recherche,dinformation et de dbat sur les grandes questions internationales. Cr en1979 par Thierry de Montbrial, lIfri est une association reconnue dutilitpublique (loi de 1901).Il nest soumis aucune tutelle administrative, dfinit librement ses activits etpublie rgulirement ses travaux.

    LIfri associe, au travers de ses tudes et de ses dbats, dans une dmarcheinterdisciplinaire, dcideurs politiques et experts lchelle internationale.Avec son antenne de Bruxelles (Ifri-Bruxelles), lIfri simpose comme un desrares think tanksfranais se positionner au cur mme du dbat europen.

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    Focus stratgique

    Les questions de scurit exigent dsormais une approche intgre, quiprenne en compte la fois les aspects rgionaux et globaux, lesdynamiques technologiques et militaires mais aussi mdiatiques et

    humaines, ou encore la dimension nouvelle acquise par le terrorisme ou lastabilisation post-conflit. Dans cette perspective, le Centre des tudes descurit se propose, par la collection Focus stratgique , dclairer pardes perspectives renouveles toutes les problmatiques actuelles de lascurit.

    Associant les chercheurs du centre des tudes de scurit de lIfri etdes experts extrieurs, Focus stratgique fait alterner travauxgnralistes et analyses plus spcialises, ralises en particulier parlquipe du Laboratoire de Recherche sur la Dfense (LRD).

    Asie.Visions

    Asie.Visionsest la collection lectronique du Centre Asie de lIfri. L'Asie estaujourd'hui le thtre d'enjeux multiples, conomiques, politiques et descurit. L'objectif du Centre est d'offrir par ses travaux, les partenariatsqu'il a tablis avec les grands centres de recherche internationaux et lesmanifestations qu'il organise, en synergie avec l'ensemble des quipes del'Ifri, un clairage approfondi, une aide la dcision et un lieu de dialogueautour de ces grands enjeux.

    Rdig par des experts franais et internationaux, Asie.Visionstraite de lensemble des thmatiques conomiques, stratgiques etpolitiques de la zone. Lobjectif dAsie.Visions est de contribuer lenrichissement du dbat public et une meilleure apprhension desenjeux asiatiques.

    Lauteur

    Guillem Monsonis est rdacteur en chef de la lettre dinformationsstratgiques TTU et spcialiste des questions de dfense en Asie du Sud.Il a notamment t chercheur invit lInstitute for Defence Studies andAnalysis(IDSA) du ministre indien de la Dfense.

    Le comit de rdaction de la collection Focus stratgique

    Rdacteur en chef : Etienne de Durand

    Rdacteur en chef adjoint : Marc Hecker

    Assistante ddition : Marie-Charlotte Henrion

    Comment citer cet article

    Guillem Monsonis, La posture stratgique indienne face au dfi

    pakistanais , Focus stratgique, n 28, fvrier 2011.

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    Sommaire

    Introduction _____________________________________________ 7

    La remise en cause progressive de la doctrine Sundarji _________ 9

    Lmergence de la doctrine de Cold Start

    dans un contexte institutionnel et capacitaire dlicat __________ 17

    Une stratgie trop ambitieuse ? ____________________________ 23

    En conclusion : une doctrine de transition ___________________ 33

    Annexes _______________________________________________ 35

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    Rsum

    En 1998, le Pakistan a acquis larme nuclaire bouleversant ainsi lesquilibres stratgiques rgionaux. Lancienne doctrine indienne Sundarjisest rvle inadapte ce nouveau contexte. Pour sortir de son impassestratgique, lInde a adopt une nouvelle doctrine dite de Cold Start. Cettedoctrine, qui repose sur la rapidit de mobilisation, la surprise et la vitessedexcution, est cense permettre l'Inde de mener une guerre contre le

    Pakistan sans franchir le seuil nuclaire. Toutefois, sa mise en oeuvre estentrave par des obstacles institutionnels, capacitaires, diplomatiques etstratgiques. Il est donc lgitime de se demander si la doctrine de ColdStarta rellement t conue pour tre applique ou si son laboration nevise qu' impressionner le Pakistan en montrant que l'Inde n'abandonnepas la perspective d'une guerre conventionnelle malgr le risque d'uneescalade nuclaire.

    * * *

    In 1998, Pakistan conducted its first nuclear tests, transforming the regional

    strategic balance. Indias previous posture, based on the Sundarjidoctrine,was found to be inadequate in this new context. To break this strategicdeadlock, India adopted a new doctrine, Cold Start. This doctrine, based onrapid mobilization, surprise and speed is supposed to allow India to wagewar against Pakistan without crossing the nuclear threshold. However, itsimplementation is hampered by institutional, diplomatic, military andstrategic obstacles. It is therefore legitimate to wonder whether the ColdStart doctrine was designed to actually be put into use or if it was onlydeveloped to intimidate Pakistan by showing that India does not give up theprospect of a conventional war, despite the possible risk of nuclearescalation.

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    Introduction

    es dans le contexte de la violente partition de lEmpire britanniquedes Indes, les relations indo-pakistanaises ont t marques par une

    succession de conflits arms majeurs, en 1948, 1965, 1971 et, dans unemoindre mesure, en 1999. En dpit dune guerre douloureusement perdueface la Chine en 1962, lInde a essentiellement centr son effort et sesstratgies militaires sur les perspectives de conflits avec larme

    pakistanaise. La rgion dispute du Cachemire, divise entre le Cachemirepakistanais et lEtat indien du Jammu et Cachemire, a t un des enjeuxprincipaux des tensions bilatrales et un facteur de dstabilisation majeurepour lensemble de lAsie du sud. A partir du dbut des annes 1990,Islamabad, par le biais de son principal service de renseignements, lInterServices Intelligence (ISI), a soutenu et aliment les activits terroristesdans le Cachemire indien.

    En 1998, les quilibres stratgiques rgionaux ont tprofondment bouleverss suite lacquisition par lInde et le Pakistan decapacits nuclaires dclares1. Linfriorit conventionnelle de larme

    pakistanaise a t brutalement compense, en partie du moins, par le pouvoir galisateur de latome . Le Pakistan tait dsormais en mesuredinfliger des dommages inacceptables lInde. Cette nuclarisation a eupour consquence de renforcer la stratgie pakistanaise de guerre parprocuration et de soutien au terrorisme anti-indien, tout en limitant lespossibilits de rponses militaires denvergure par New Delhi. Dans cecontexte, si les perspectives dun conflit conventionnel entre les deuxrivaux nont pas disparu, lInde a cependant d revoir sa manire deconcevoir la guerre contre son voisin, en envisageant notamment desstratgies de guerre limite 2

    1

    LInde avait dj procd un premier essai nuclaire en 1974. Mais ce nestquen 1998, lors des essais de Pokhran II (auxquels le Pakistan a rpondu par unesrie d'essais), que lInde a officiellement dclar sa capacit nuclaire.

    lui permettant de maintenir le niveau dun

    2Souvent oppose la guerre totale , cette expression ambigu peut tre

    dfinie a minimacomme un conflit dans lequel les moyens employs, les objectifsrecherchs ou lextension gographique sont volontairement maintenus unniveau acceptable. Le contexte nuclaire de lquation stratgique indo-pakistanaise explique que la notion de guerre limite soit ici entendue telle quepropose par les thoriciens amricains de la guerre froide. Pour une analyse duconcept amricain et britannique de guerre limite, voir notamment les ouvragespionniers de Robert Osgood, Limited War Revisited, Boulder, Westview Press,1979, et de Basil Liddell Hart, The Revolution in Warfare, New Haven, YaleUniversity Press, 1947. Voir aussi Michael Cannon, The Development of the

    American Theory of Limited War, Fort Leavenworth, Army Command and GeneralStaff Collection, School of Advanced Military Studies, 1989.

    N

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    conflit sous le seuil nuclaire. Cest dans le cadre de cette redfinitiondoctrinale qua merg au dbut des annes 2000 la doctrine dite de ColdStart(dmarrage froid).

    Cette tude se propose danalyser les volutions doctrinalesopres ces dernires annes dans la posture stratgique indienne vis--vis du Pakistan. Dans cette perspective, il convient tout dabord dexpliquerles raisons du rexamen de la doctrine adopte depuis le milieu desannes 1980, en exposant son inadaptation au nouveau contextestratgique et politique caractris par lapparition des armes nuclaires etlessor des actes terroristes. Les retours dexpriences du conflit de Kargil(1999) et de lopration Parakram (2002) doivent galement tre abordsen ce quils ont largement contribu ces changements. Le rsultat decette volution doctrinale vers un schma de guerre plus mobile et moinsprvisible est que la nouvelle doctrine de Cold Startse heurte cependant un certain nombre dobstacles sur les plans institutionnel, capacitaire et

    stratgique. Ces limites rsultent dabord des rsistances gnres lafois par une classe politique soucieuse de limiter la capacit dcisionnelledes militaires et par la dtermination des forces ariennes et navales conserver leur autonomie doctrinale. Dun point de vue capacitaire, il fautgalement revenir sur les limites dun build-up ncessaire mais encoreincomplet, notamment sur les segments de laromobilit et de lartillerie.Enfin, si la doctrine de Cold Startreste sduisante sur le papier, sa mise enuvre doit faire face aux ajustements stratgiques de ladversaire et uncontexte politique rgional volatile caractris par linfluence etlinterventionnisme des Etats-Unis.

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    La remise en cause progressivede la doctrine Sundarji

    our comprendre les volutions rcentes de la posture stratgiqueindienne vis--vis du rival pakistanais, il est ncessaire de revenir sur

    ce qua t pendant prs de vingt ans le cadre doctrinal de larmeindienne. En 1983, le Chef dtat-major de larme de Terre indienne

    (CEMAT), Kotikalapudi Venkata Krishna Rao, demande un officiersuprieur, le Corps Commander Krishnaswamy Sundarji, de conduirelexercice Digvijayafin dexprimenter une nouvelle forme de guerre contrele Pakistan. Ces exercices aboutissent Sundarji tant entre tempsdevenu CEMAT lopration Brasstacks3 (novembre 1986-mars 1987) et la cration de trois Strike Corps destins frapper des objectifsstratgiques situs au cur mme du territoire pakistanais. Dessencedfensive puisquelle prsuppose une attaque pakistanaise, cette doctrineest directement inspire de lAirLand Battle mise au point par larmeamricaine en 19824

    Un outil militaire surdimensionn, prvisible et vulnrable

    .

    La doctrine Sundarji sarticule autour de la mise en place de deux grandstypes de formations, chacune ddie des missions diffrentes. Troisgrandes formations offensives, les Strike Corps, ont pour objectif de lancerune vaste contre-offensive lintrieur du territoire pakistanais afin deneutraliser larme pakistanaise et de couper le Pakistan en deux 5.Pour ce faire, les Strike Corps sont dimportantes formations offensivescomportant deux trois divisions dinfanterie ou RAPID6

    3

    Lopration Brasstacksfut le plus important exercice militaire depuis la SecondeGuerre mondiale, avec 400 000 soldats indiens mobiliss le long de la frontireavec le Pakistan. Pour une analyse des objectifs et du droulement de lopration,voir Kanti P. Bajpai et al., Brasstacks and Beyond: Perceptions and Managementof Crisis in South Asia, New Delhi, Manohar Publishers, 1995.

    , une divisionblinde ainsi quune brigade de dfense arienne, et une autre du gnie. Ilssont appuys par une division dartillerie et par les appareils de l Indian Air

    4Anil Kumar, Army Revs up Cold Start , Indian Defence Review, vol. 25, n 2,

    avril-juin 2010.5

    Saeed Ismat, Strategy for Total Defence: a Conceptual Nuclear Doctrine ,Defence Journal Pakistan, vol. 3, n 8, mars 2000.6

    Les Reorganised Army Plains Infantry Divisions (RAPID) sont des divisionsspcialises dans le combat en plaine dotes dune brigade mcanise (23 000

    hommes au total). Mises en place en 1985 par le gnral Sundarji, leurgnralisation programme fut par la suite abandonne pour des raisonsfinancires.

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    Force(IAF). Les trois Strike Corps, Ouest, Sud-ouest et Sud, sont bass aucentre du pays et ont donc besoin dun certain dlai pour rejoindre le front.

    Carte 1 : Position des Strike Corpsindiens

    Seconde grande catgorie et premire ligne de dfense indienne,les Holding Corps, aujourdhui appels Pivot Corps, sont des formationsdont lobjectif est de dfendre le territoire indien le plus prs possible de lafrontire indo-pakistanaise, lInternational Border(IB). Ces formations sontrelativement statiques, mme si elles disposent dune brigade mcanisedestine ragir avec souplesse aux ventuelles perces pakistanaises.Afin de pouvoir ragir sans dlai en cas dattaque, elles sont amenes combattre le long de la frontire, o elles bnficient dun dispositif dfensifde type ditch, cum, bund (DCB). Il sagit dune dfense compose debunkers, de souterrains, de nids mortiers, de mines ainsi que dun canal 7

    Une fois la premire offensive pakistanaise contenue par lesHolding Corps, la doctrine Sundarjia prconis de lancer les Strike Corpspar deux (en maintenant un Strike Corpsen rserve pour une ventuellecontre-offensive) ou par trois (comme le prconisait le gnralPadmanabhan, CEMAT lors de lopration Parakram). Les stratgesindiens divisent alors le front pakistanais en trois types dobjectifsprincipaux : initiaux, intermdiaires et terminaux. Les objectifs initiaux, lesplus proches de la frontire, peuvent tre atteints J+3/4, lesintermdiaires J+7/10 et les terminaux aprs plusieurs semaines. Un desprincipaux objectifs stratgiques est la destruction, avec lappui de laviation

    .Ce dispositif a t conu aprs les expriences des guerres indo-pakistanaises de 1965 et de 1971 au cours desquelles les deuxbelligrants ont pu oprer des perces successives dans le territoireennemi, prcisment du fait de labsence dun systme de protectionfrontalire renforc.

    7Gurmeet Kanwal, Indian Army Vision 2020, Noida, HarperCollins India, 2008,

    p. 67.

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    et de lartillerie longue porte, des deux Strike Corpspakistanais : lArmyReserve North (ARN, ou 1st Corps) de Mangla et lArmy Reserve South(ARS, ou 2nd Corps) de Multan. Le succs dune telle manuvrepermettrait de paralyser ladversaire en le privant de toute capacit deriposte conventionnelle massive.

    Carte 2 : Objectifs militaires stratgiques au Pakistan

    Cette doctrine a t valide lors dexercices majeurs,progressivement conduits dans un environnement Nuclaire, Radiologique,

    Biologique, Chimique (NRBC) partir de la nuclarisation du sous-continent en 1998. Parmi les exercices les plus importants, on citeraPoorna Vijayen 2001 et Vijay Chakraen 2005.

    Cependant, au vu des volutions stratgiques rgionales et destransformations plus gnrales de la conflictualit moderne, cette doctrinesest rvle inadapte et a progressivement t remise en cause au seindes cercles stratgiques indiens.

    La premire limite de la doctrine Sundarji tient la prvisibilit et lavulnrabilit de loutil militaire employ. Les formations de masse telles que

    les Strike Corps sont lentes dployer vers la frontire, ce qui les rendvulnrables aux attaques pakistanaises, dautant quIslamabad sest dot

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    depuis plusieurs annes des moyens de renseignement, surveillance etreconnaissance (Intelligence Surveillance, Reconaissance, ISR) suffisantspour dtecter et suivre les dplacements dun Strike Corpset ainsi anticiperses objectifs. Ce fut le cas lors de lopration Parakramen 2002, au coursde laquelle le renseignement pakistanais a pu aisment suivre lesdplacements des Strike Corps indiens et renforcer en consquence leszones les plus exposes de sa frontire. Cette lenteur oprationnellepourrait permettre larme pakistanaise, bien quinfrieure dun point devue numrique et qualitatif, de concentrer ses forces et dinfliger desdommages considrables aux forces indiennes. Dautant quaveclacquisition de capacits balistiques modernes, notamment les missilesShaheenet Ghauri8

    Afin dapprhender les raisons de linefficacit politique de cette

    doctrine dans la gestion dune crise diplomatique majeure, il nous faut prsent revenir en 2002 et lopration Parakram. Suite aux attaquesterroristes perptres contre le Parlement indien par des lments dugroupe terroriste pakistanais Jaish-e-Mohammed (JeM) probablementpilots par lInter-Services Intelligence

    , ces grands rassemblements de blinds ou de troupessont devenus une cible dsigne pour une ventuelle frappe prventiveconventionnelle ou nuclaire pakistanaise.

    9 (ISI), larme indienne lance unevaste mobilisation le long de la frontire pakistanaise. La mobilisation et ledploiement des Strike Corpsstalent alors sur prs de trois semaines, cequi laisse au gnral Mousharraf le temps de rassurer les Occidentauxdans une allocution tlvise au cours de laquelle il condamne les attentatset annonce sa volont de sattaquer aux groupes terroristes oprant sur leterritoire pakistanais10. La diplomatie amricaine peut alors intervenir pourdissuader lInde dentreprendre tout type de reprsailles militaires11.Lopration, qui visait intimider militairement le Pakistan afin de mettre fin la guerre par procuration, sest donc solde par un chec pour NewDelhi12

    8

    Le missile Shaheen I, un missile balistique courte porte (750 km) et le Ghauri,missile moyenne porte (1500 km) sont tous deux capables demporter unecharge nuclaire.

    . Dautant qu la lenteur de la mobilisation et des dplacements desStrike Corps se sont en plus ajoutes les limites lies au faible potentiel

    9Voir J.T. Vishnu, ISI supervised Parliament attack , The Tribune, 17 dcembre

    2001.10

    Lessentiel de lallocution du gnral Pervez Mousharraf est consultable au

    Musharraf Speech Highlights , BBC News, 12 janvier 2002, accessible ladresse : http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1757251.stm. Ce mme jour, legroupe terroriste Lashkar-e-Taiba (LeT) sera alors officiellement interdit auPakistan.11

    Le gnral Kapil Vij, la tte du 2me

    Strike Corps, sera remplac suite ladcouverte par le renseignement amricain du dploiement du 111

    meRgiment

    de Missiles prs de la frontire avec le Pakistan. Le gouvernement indien stait eneffet engag auprs de Washington ne pas dployer darmes nuclaires pendantla mobilisation.12

    Lchec est cependant essentiellement politique puisque du point de vuemilitaire, et en dpit du dlai de mobilisation, les Holding Corps pakistanaisn'auraient probablement pas rsist une offensive indienne. En effet, bien queses lignes logistiques soient moins tires au vu de la proximit de la frontire, le

    manque de prparation et les dfaillances dans le systme de dfense frontalierpakistanais auraient probablement abouti une victoire militaire conventionnelleindienne.

    http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1757251.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1757251.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1757251.stm
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    offensif des Holding Corps. Les consquences de ce fiasco ont dpassles 1,5 milliards de dollars qua cot lopration13 et port un srieux coupau moral des jawans(terme hindi dsignant communment les fantassinsde lIndian Army), qui avait t promise aar paar, la bataille finale , etqui furent au final dconcerts par le manque de vision stratgique despolitiques14. Ces lments font alors prendre conscience aux dcideurs etexperts indiens que la stratgie de leur pays, pour tre efficace, doitpermettre aux forces de ragir et dobtenir un avantage stratgique avantque la diplomatie internationale nait le temps de ragir. Le gnralSundararajan Padmanabhan, Chef dtat-major de larme de Terreindienne au moment de la crise, a reconnu par la suite les limites de cettedoctrine Sundarji15

    La seconde srie de limites majeures de la doctrine Sundarjiportesur son inadquation au nouveau contexte nuclaire conscutif aux essaisindo-pakistanais de 1998.

    .

    Les limites dune stratgie confronte lmergencedun contexte nuclaire

    La doctrine Sundarji a t labore alors que lAsie du Sud ntait pasencore nuclarise. Avec lacquisition darsenaux stratgiques par lePakistan et ladoption dune doctrine dite demploi en premier au seuilbas (first-use with low threshold), la recherche par lInde dune victoiremilitaire totale sur les forces ennemies, impliquant leur destruction et laprise de contrle dune partie importante du territoire pakistanais,notamment des grandes mtropoles comme Islamabad, Sialkot ou Lahore,ou encore la volont de provoquer un effondrement de lEtat pakistanais,seraient trop dangereuses. Consquence directe de cette configurationnouvelle, les Strike Corps inquitent les dcideurs politiques indiens. Lorsde lopration Parakram, le Cabinet Committee on Security(CCS)16 na pasdu tout t convaincu par les plans de guerre de ltat-major. Or, unegrande opration impliquant un ou plusieurs Strike Corpsncessiterait unevalidation politique plusieurs niveaux, tant dans larme que danslappareil dEtat, qui paraissent trs improbables, dautant que le systmede promotions au sein de larme ou de ladministration indiennenencourage pas rellement linnovation ni la prise de risque17

    13

    Sur le cot de la mobilisation, voir Aditi Phadnis, Parakram Cost put at Rs6500 crore , Rediff, 16 janvier 2003, et Rashme Seghal Troop movement acostly affair , Times of India, 6 janvier 2002.

    .

    14Voir notamment les propos du Major General Ashok K. Metha dans The cost

    of a war that wasnt , Rediff, 31 octobre 2002.15

    Praveen Swami, General Padmanabhan mulls over lessons of OperationParakram, The Hindu, 6 fvrier 2004.16

    Le CCS, directement rattach au cabinet du Premier ministre, est lorgane dedcision suprme en matire de dfense et de scurit. Il est compos depersonnalits issues des forces armes, du gouvernement et de ladministration.17

    Rajesh Rajagopalan, Indias Nuclear Policy in Major Powers NuclearPolicies and International Order in the 21st Century, Tokyo, NIDS InternationalSymposium on Security Affairs, 18 novembre 2009, p. 106.

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    Les armes nuclaires indiennes et pakistanaises sont doncdevenues un lment structurel de cette confrontation sous-continentale.L est le grand dilemme indien : commentconduire des oprations sous leseuil nuclaire ? La nuclarisation de la rgion en 1998 a considrablementmodifi la perception des rapports de force et a, dune certaine faon, enpartie annul lavantage conventionnel indien. La doctrine pakistanaisecomplique dautant plus lquation indienne quelle est caractrise pardeux paramtres fondamentaux qui sont une posture demploi en premieret un seuil bas.

    La posture demploi en premier, ou first use, envisage lusage desarsenaux stratgiques pakistanais y compris en riposte une attaqueconventionnelle indienne. Cette doctrine ne souffre aucune ambigit et at rpte constamment depuis 1998 par plusieurs officielspakistanais. Dun point de vue indien, la question est donc plutt celle duseuil demploi des armes nuclaires pakistanaises, qui na, pour sa part,

    pas t explicit. La plupart des analystes indiens et occidentaux lestimentnanmoins relativement bas du fait de linfriorit conventionnelle et dumanque de profondeur stratgique du Pakistan.

    Un certain nombre de cas de figure ont tout de mme t avancspar des gnraux pakistanais dactive ou la retraite. Le gnral KhalidAhmed Kidwai (directeur de la trs sensible Strategic Plans Division etproche du gnral Pervez Mousharraf), prvoit quatre scnarii potentielsentranant une riposte nuclaire du Pakistan puisquils mettent en jeu lexistence mme du Pakistan en tant quEtat 18

    - Le seuil territorial : lInde attaque le Pakistan et envahit une largepartie de son territoire. Certains analystes comme le Contre-amiralindien Raja Menon estiment cependant que les forces nuclaires delInde et du Pakistan sont limites dans leur usage la dfense du cur territorial des deux pays (heartland)

    :

    19. Les franges,notamment le Cachemire, ne seront vraisemblablement pasdfendues par les arsenaux stratgiques. Cette supposition estcontestable dans la mesure o les militaires pakistanais ont, plusieurs reprises, raffirm que le Cachemire est un enjeu majeurpour le Pakistan et que les armes nuclaires sont un instrumentindispensable dans la politique pakistanaise vis--vis duCachemire20

    - Le seuil militaire : lInde dtruit une partie importante des forcesterrestres ou ariennes du Pakistan. Ce serait vraisemblablement le

    .

    18Ces scenarii ont t exposs par Kidwai lors dun entretien avec un groupe

    dexpert italiens du rseau Landau en janvier 2002. Voir Paolo Cotta Ramusino etMaurizio Martellini, Nuclear Safety, Nuclear Stability and Nuclear Strategy inPakistan. A Concise Report of a Visit by Landau Network , Centro Volta, janvier2002. Accessible ladresse :http://www.pugwash.org/september11/pakistan-nuclear.htm.19

    Raja Menon, A nuclear Strategy for India, New Delhi, Sage, 2000, p. 116.20V.R Ragavhan, Limited War and Nuclear Escalation in South Asia ,

    Nonproliferation Review, vol. 8, n 3, automne-hiver 2001, p. 5.

    http://www.pugwash.org/september11/pakistan-nuclear.htmhttp://www.pugwash.org/september11/pakistan-nuclear.htmhttp://www.pugwash.org/september11/pakistan-nuclear.htmhttp://www.pugwash.org/september11/pakistan-nuclear.htmhttp://www.pugwash.org/september11/pakistan-nuclear.htmhttp://www.pugwash.org/september11/pakistan-nuclear.htm
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    cas si lInde sattaquait aux Army Reserve North (ARN) ou ArmyReserve South (ARS). On note par ailleurs ici limportancestratgique accorde laviation, principal vecteur de la force defrappe nuclaire pakistanaise.

    - Le seuil conomique : lInde procde la strangulationconomique du Pakistan. Un certain flou entoure cette notion. Ilpourrait notamment sagir dun blocus majeur du port de Karachi,dattaque contre les infrastructures nergtiques (centrales,barrages) ou de transports de marchandises.

    - La dstabilisation interne : lInde provoque la dstabilisationpolitique du Pakistan ou gnre une subversion interne de grandeampleur.

    Face cette posture pour le moins extensive et floue, les stratgesindiens se retrouvent confronts un dilemme denvergure : celui de devoirplanifier dans lincertitude et dviter que cette incertitude ne paralyse lacapacit agir, rpondre une agression conventionnelle ouasymtrique pakistanaise. Dautant que lInde maintient une posture denon-emploi en premier et entend riposter de manire massive unepremire frappe pakistanaise21

    Pour sortir de cette impasse stratgique, lInde a dvelopp, enparallle de la recherche dune capacit anti-missile, une nouvelle doctrinede guerre conventionnelle limite.

    .

    21Voir notamment le document cadre : Brajesh Mishra, India Draft Nuclear

    Doctrine, National Security Advisory Board on Indian Nuclear Doctrine, 1999(rvis en 2003), accessible ladresse :http://www.armscontrol.org/act/1999_07-08/ffja99.

    http://www.armscontrol.org/act/1999_07-08/ffja99http://www.armscontrol.org/act/1999_07-08/ffja99http://www.armscontrol.org/act/1999_07-08/ffja99http://www.armscontrol.org/act/1999_07-08/ffja99http://www.armscontrol.org/act/1999_07-08/ffja99http://www.armscontrol.org/act/1999_07-08/ffja99
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    Lmergence de la doctrine deCold Startdans un contexte

    institutionnel et capacitaire dlicat

    est au milieu des annes 2000 que les stratges et militaires indiensont opr une importante transition doctrinale vers ce quil est convenu

    dappeler la posture de Cold Start ou de stratgie proactive 22

    Lmergence du concept de guerre limite :influences doctrinales et retours dexprience

    . Avantdtudier cette transition et ses consquences, notons au pralable quuntel changement doctrinal, dont les dtails restent classifis, doit treanalys avec un certain recul en ce quil sagit aussi dune oprationpsychologique visant dstabiliser ladversaire. La doctrine de Cold Startnen reste pas moins un indicateur significatif des volutions du contextergional et de la pense stratgique indienne.

    Cette doctrine a t prsente le 28 avril 2004 lors de la Confrence des

    Commandants de larme indienne, un certain nombre de gnraux, parmilesquels J.J Singh et Vijay Oberoi, en revendiquant alors la paternit.Rappelons quau mme moment, Inde et Pakistan reprenaient le dialoguecomposite, certains observateurs pakistanais y voyant alors une volontindienne de mettre Islamabad sous pression avant le dbut desngociations. Cold Startest depuis analyse et rvise au sein de lArmyTraining Commandde Shimla (Himachal Pradesh).

    Sur le plan des influences doctrinales, les Etats-Unis ontvidemment jou un rle trs important, les militaires indiens ayant t trsimpressionns par lusage des frappes de prcision lors des oprations au

    Kosovo (1999) et surtout en Irak (2003), ainsi que par le concept de systme de systmes propre la guerre rseau-centre. Autre conceptayant connu un retentissement certain auprs des militaires et des milieuxstratgiques indiens, celui de choc et effroi ( shock and awe )employ par les Etats-Unis en Irak, dont Cold Startsinspire en ce quellecherche aussi terrifier et paralyser ladversaire. Dans un autre registre,Cold Start confirme lintgration dans la doctrine indienne des logiques

    22Cest ainsi que la qualifient un certain nombre de militaires indiens, dont le

    gnral Deepak Kapoor, Chef dtat-major de lIndian Armyde 2007 2010. VoirSandeep Unnithan, Hind Shakti to Fine Tune Proactive Strategy: Army Chief ,India Today, 6 mai 2009.

    C

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    dinterarmisation (joint warfare) et du concept de Rvolution dans lesaffaires militaires (RMA)23

    Dans une moindre mesure, Isral a aussi jou un rle dexemple. Il

    semble intressant de souligner tout dabord les parallles entre la doctrinede Cold Start et les stratgies israliennes utilises lors de la guerre de1967 et de lopration Pluies dEtau Liban en 2006

    .

    24. Un certain nombrede stratges et de militaires indiens ont tendance souligner les paralllesentre les deux pays, qui auraient des ennemis semblables, au modeopratoire trs proche, et insistent sur la ncessit dimiter lexempleisralien25

    Sur le plan doctrinal, le concept de guerre limite , telquenvisag dans le contexte nuclaire par les theoriciens amricains, estau cur de la doctrine de Cold Start

    .

    26. Lide quil existe un espace

    stratgique pour une guerre conventionnelle de haute intensit dans lecontexte nuclaire sud-asiatique a germ dans les cercles militaires etstratgiques indiens lors du conflit de Kargil27. Le concept de guerre limitea alors t appliqu pour la premire fois, lors de lopration Vijay, quiopposa en 1999 des militaires indiens aux milices soutenues par larmepakistanaise dans les hauteurs du district himalayen de Kargil (Ladakh).Lmergence de ce concept au sein de la communaut stratgiqueindienne sexplique par trois raisons principales : lchec du dialogue indo-pakistanais, la persistance de linsurrection au Cachemire et le nouveaucontexte nuclaire28

    23

    Voir notamment les propos du gnral N.C. Vij dans sa prface la doctrine delIndian Armydans Headquarters Army Training Command, Indian Army Doctrine,Shimla, octobre 2004, pp. (i)-(iii) ; et ceux du Gnral Deepak Kapoor dans RajatPandit, Army Reworks war doctrine for Pakistan, China , The Times of India, 30dcembre 2009.

    . Le conflit de Kargil fut limit en ce quil fut circonscrit une zone gographique restreinte (lInde choisissant de ne pas franchir laLigne de Contrle Line of Control, LoC sparant les Cachemire indien

    et pakistanais), et que lescalade de la rponse indienne fut progressive

    24LAir CommodoreJasjit Singh fait notamment ce parallle dans Doctrine and

    strategy under the N-umbrella , The Indian Express, 5 juin 2004.25

    Lauteur a pu le constater plusieurs reprises lors de diverses interactions avecdes officiers et des experts indiens. Les relations bilatrales dans le domaine de ladfense et de la scurit sont de plus en plus importantes et Isral est devenu le

    second partenaire militaire de lInde. Depuis le conflit de Kargil, des conseillersmilitaires israliens conseillent les autorits indiennes dans leur lutte contre laguerre par procuration mene par le Pakistan. Pour des raisons politiques lies aumnagement de sa trs importante minorit musulmane, cette coopration est trsdiscrte et peu mdiatise.26

    Voir note 1.27

    On pourrait citer parmi ses partisans Jasjit Singh (Directeur de lInstitute forDefense Studiesand Analysis de 1987 2001), le Ministre de la Dfense, GeorgeFernandes, ou encore le Chef dtat-major de larme de Terre, V.P. Malik. Notonstoutefois que la doctrine officielle de larme indienne ne fait pas explicitementmention du concept de guerre limite et quelle ne comporte pas dedveloppements quant son application dans le contexte indien. VoirHeadquarters Army Training Command, Indian Army Doctrine, Shimla,

    octobre 2004.28Suba Chandran, Limited war with Pakistan: will it secure Indias interests? ,

    ACDIS occasional paper, 2004, p. 13.

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    (lutilisation de laviation nest intervenue que dans un second temps et demanire limite). En adoptant une stratgie de guerre limite, legouvernement nationaliste du Baratiya Janata Party (BJP) a trouv unerponse politiquement acceptable pour rpondre aux attaques parprocuration du Pakistan sans pour autant dclencher une guerre totale.Lobjectif vis tait bien de matriser lescalade du conflit en laissant toutmoment la porte ouverte aux ngociations. Cette retenue permit NewDelhi de renforcer la lgitimit de la LoC sur le plan international etdamliorer considrablement son image tout en dgradant celle duPakistan. Dun point de vue oprationnel, il sagit de circonscrire la guerrelimite aux montagnes et valles du Jammu et Cachemire en vitant de laporter dans les plaines du Pendjab et du Rajasthan o elle paraissaitbeaucoup plus dlicate mener. Ainsi, cette stratgie ne fut pas appliquesur le thtre des plaines du Pendjab et du Rajasthan lors de loprationParakram de 2002, laissant le gouvernement indien dans lincapacit degraduer le niveau de fermet de sa rponse. La mobilisation massive qui

    suivit ne laissa alors New Delhi que deux options toutes deux synonymesdchec politique : la guerre totale, avec le risque nuclaire encouru, ou leretrait pur et simple.

    Le dbat sur la guerre limite se poursuivit au sein des cerclesstratgiques et un certain nombre de politiques et de militaires de haut rangconvergrent sur son adquation avec le cadre dun conflit potentiel avec lePakistan dans les plaines. Le ministre de la Dfense indien GeorgeFernandes dclarait ainsi en 2000 :

    Nous avons compris les dynamiques de la guerre limite

    notamment suite la dclaration par lInde de son statut depuissance nuclaire il y a bientt deux ans. Les armes nuclairesnont pas rendu la guerre obsolte ; elles ont simplement imposune nouvelle dimension dans la conduite des oprationsmilitaires. La Guerre de Kargil fut ainsi conduite dans cetteperspective avec des rsultats vidents

    29

    Une doctrine axe sur la mobilit, la surpriseet la rapidit dexcution

    .

    Propose en 2004 et ayant intgr les retours dexprience des conflits de1999 et de 2002, Cold Startprvoit, au lieu des traditionnels Strike Corps,

    la mobilisation de huit Groupes de bataille intgrs Integrated BattleGroups (IBG) de format divisionnaire et composs dunits terrestres,ariennes et ventuellement navales.

    La constitution des IBG permet demployer davantage de formationsplus petites et plus mobiles afin de diminuer la prvisibilit des forcesdassaut indiennes. Le schma de pntration sur le territoire pakistanais etles objectifs prcis peuvent ainsi tre masqus et rester inconnus delennemi. Dans lventualit dune frappe nuclaire antiforces, les IBGpermettent lIndian Armyde nexposer quun nombre limit de cibles.

    29George Fernandes, Inaugural Address , National Seminar on The Challenges

    of Limited War: Parameters and Options, IDSA,New Delhi, 5 janvier 2000.

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    Le succs de cette stratgie repose videmment sur la rapidit demobilisation. Il est donc impratif de se rapprocher au maximum de lafrontire afin de rduire le temps de mobilisation et de dploiement et deraccourcir les lignes logistiques avec le front30

    Depuis une dizaine dannes, on note une nette contraction dutemps ncessaire la mobilisation : alors quelle tait dun mois et demi en1999 (ce qui sexplique aussi par la difficult du terrain), elle na t que de3 semaines lors de lopration Parakramen 2002. Lobjectif est aujourdhui

    fix entre 72 et 96 heures, le second chiffre semblant le plus vraisemblable.

    . Par ailleurs, en rendant plusmobile linfanterie des Pivot Corps le long de la frontire et avec lesnouveaux moyens de surveillance et dartillerie de prcision, il estdsormais possible de concentrer le feu grce des units frontaliresmobiles rapidement projetables sur la zone vise par lennemi. En jouantsur la mobilit et en concentrant des units rapidement, cette stratgiepermet ainsi de librer des moyens plus importants pour dventuellescontre-offensives.

    Si Cold Start reste une doctrine de nature plutt dfensive,puisquelle suppose une attaque pakistanaise pralable, la notion dattaquepakistanaise sest cependant quelque peu diversifie depuis une quinzainedannes et deux scenarii sont aujourdhui envisags :

    - Un premier conflit dampleur limite dans les zones montagneusesdu Cachemire entranant une escalade plus massive dans lesplaines du Pendjab et du Rajasthan. Le Cachemire jouerait donc icile rle de thtre dclencheur .

    - Un attentat de grande ampleur entranant une riposte militaireconventionnelle indienne dans les plaines.

    Lefficacit suppose des IBG tient au fait quils nont pas lacapacit datteindre les centres politiques et militaires pakistanais, ce quidoit, dans les calculs indiens, dissuader le Pakistan de franchir le seuilnuclaire, contribuant ainsi rassurer les politiques New Delhi. Enappliquant la doctrine de Cold Start, larme indienne lancerait ses IBGdans des pntrations sur une distance allant de 30 80 km quilconviendrait ensuite de contrler. Cela permettrait de percer la ligne dedfense constitue par les Holding Corpspakistanais et ainsi dexposer lavulnrabilit decertains objectifs valeur stratgique au sein du Pakistan.Ce contrle territorial servirait dans les ngociations qui souvriraient aprsla fin des hostilits31

    30

    LIndian Armya dispos depuis plusieurs annes des postes de ravitaillementsprs de la frontire afin dtre en mesure doprer rapidement sans rencontrer decarences logistiques.

    . Ainsi, par opposition la prcdente doctrine, ColdStart se limite ce qui tait traditionnellement considr comme lesobjectifs initiaux (atteignables en 3 4 jours).

    31

    Subash Kapila, Indias New Cold Start Doctrine Strategically Reviewed ,SAAG Paper, n 991, 4 mai 2005, accessible ladresse :http://www.southasiaanalysis.org/%5Cpapers10%5Cpaper991.html.

    http://www.southasiaanalysis.org/%5Cpapers10%5Cpaper991.htmlhttp://www.southasiaanalysis.org/%5Cpapers10%5Cpaper991.htmlhttp://www.southasiaanalysis.org/%5Cpapers10%5Cpaper991.html
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    Fruit du travail de rflexion des stratges de lIndian Army, ladoctrine de Cold Start, si elle reste sduisante sur le papier, na pas encoresubi lpreuve dun conflit arm avec le Pakistan. Tant la possibilit de samise en uvre que son efficacit annonce sur le terrain sont loin dtreacquises et soulvent un certain nombre dinterrogations.

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    Une stratgie trop ambitieuse ?

    a limite fondamentale dune telle doctrine tient ce quelle cherche leschma de guerre idal dun point de vue indien : une guerre limite,

    courte, conventionnelle et technologique. Si cette stratgie sembleeffectivement, en thorie, la meilleure manire de dfaire une armepakistanaise infrieure sur les plans numriques et qualitatifs, elle seheurte un certain nombre de limites lies aux blocages institutionnels,

    aux capacits militaires indiennes ainsi quau contexte politico-stratgiquesud-asiatique.

    Surmonter les obstacles institutionnels, politiqueset bureaucratiques.

    Premire limite de taille dans la mise en uvre de Cold Start, le pouvoirpolitique indien ne laisse que peu de pouvoir dcisionnel aux forcesarmes. Cette politique est la consquence du strict contrle civil sur lesactivits militaires tabli pendant les annes Nehru (1947-1964), et quisest notamment traduit par la suppression de la fonction de Commander-in-Chief (interarmes) et par le rquilibrage des pouvoirs au profit des

    forces ariennes et navales afin de limiter ceux de larme de Terre35. Plusrcemment, aprs le conflit de Kargil, la cration dun Chef dtat major desarmes (Chief of the Defense Staff, CDS) a t voque, mais cette idesest finalement vu opposer une fin de non-recevoir par le pouvoir politique,ce dernier jugeant cette volution non-conforme au modle dmocratiqueindien36. Notons que lIndian Air Forcesest, elle aussi, fermement oppose la cration dun CDS37

    35

    Philip Oldenburg, India, Pakistan and Democracy : Solving the puzzle ofdivergent path, Abingdon, Routledge, 2010, pp. 48-50.

    . Dans ce contexte de strict contrle politique desarmes, leffectivit de la doctrine de Cold Start est ncessairementconditionne la ractivit et la dtermination de lexcutif. Cette dernireest cependant loin dtre acquise au vu de la lourdeur et de linertie delappareil dcisionnel indien : les politiques et bureaucrates New Delhirestent suspicieux lgard dune doctrine de guerre limite qui confreraitaux militaires un pouvoir de dcision qui ne leur a, historiquement, jamaist accord. Lopacit de lappareil indien en matire de dcisionsimpliquant des options militaires reste un obstacle de taille la russitedune stratgie fonde sur la ractivit et la synergie entre les acteurspolitiques et militaires. Lincertitude persiste ainsi sur le poids rel des

    36Une solution intermdiaire a t adopte avec la cration dun tat-major intgr

    (Integrated Defense Staff), dot de pouvoirs relativement limits. Voir K.Subrahmanyam, Inconvenient Truths , Defence and Security of India, vol. 3,

    n 3, dcembre 2010, p. 18.37La raison de cette opposition tient probablement la crainte de se voir soumise

    une nouvelle structure potentiellement contrle par larme de Terre.

    L

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    conserver davantage dautonomie oprationnelle et doctrinale dans unconflit futur39

    Ladhsion cette nouvelle stratgie de la Marine, qui a revu sa

    propre doctrine officielle en 2007

    .

    40

    , soulve des interrogations similaires.Dans les calculs de lArmy, son intgration Cold Start permettra dedissuader le Pakistan de gnraliser un conflit limit en brandissant lamenace dun blocus du port de Karachi et du littoral pakistanais ou delouverture dun troisime front susceptible de disperser leffort de guerrepakistanais41

    Au final, Cold Startest peut-tre une doctrine trop centre sur les

    forces terrestres pour esprer fdrer lensemble des forces armesindiennes.

    . Cependant, alors mme quelle se dote depuis quelquesannes de moyens de projection de forces et de puissance et quelleambitionne doprer des dtroits malais au golfe Persique, lIndian Navyadhrera-t-elle une doctrine qui fait la part belle larme de Terre ?

    Des limites dordre capacitaire toujours handicapantes

    Un certain nombre de limites capacitaires rendent incertaine la mise enuvre dune telle stratgie. Une infanterie mieux entrane et bnficiantdun meilleur quipement est ncessaire la mise en uvre dune doctrinecomplexe comme Cold Start. La modernisation de lIndian Armyncessiterait alors, avec un budget certes en hausse mais qui reste bloqusous la barre des 3% du PIB42, une rduction des effectifs particulirementcomplexe effectuer au vu des missions de protection des frontires

    (notamment au Cachemire) et de la croissance doprations de basseintensit, trs gourmandes en moyens humains43

    39

    Shashank Joshi, India and the Four Day War , RUSI commentary, 7 avril2010, accessible ladresse :

    . Certains auteurssoulignent par ailleurs le dficit de lIndian Armyen jeunes officiers et sous-

    http://www.rusi.org/analysis/commentary/ref:C4BBC50E1BAF9C/. Dans sa doctrine officielle, lIAF continue de favoriser les lesoprations de frappe contre des cibles prcises dans la profondeur du territoireennemi.40

    Voir Directorate of Strategy, Concepts and Transformation, IntegratedHeadquarters, Indias Maritime Military Strategy, Ministry of Defence (Navy), New

    Delhi, 2007.41 Cette dissuasion conventionnelle est rendue possible par la modernisationrcente de laronavale, dsormais quipe de chasseurs-bombardiers MiG-29Ket de missiles supersoniques Brahmos.42

    Le budget de la dfense tait de 32,5 milliards de dollars pour lexercice 2010.Voir Defense Industry Daily Indias 2010 Military Budget , 9 mars2008, accessible ladresse :http://www.defenseindustrydaily.com/Indias-2008-2009-Military-Budget-04780/. Il convient toutefois dajouter que ces chiffres sontcertainement minors, puisquune partie du secteur nuclaire militaire ainsi quecertaines troupes dployes au Cachemire en sont exclues. Par ailleurs, depuisplusieurs annes, le ministre de la Dfense na pas russi utiliser lensembledes crdits qui lui sont allous, du fait notamment de linertie bureaucratique, desscandales de corruption et de la lenteur des procdures dacquisition.43

    Larme indienne compte actuellement 1 100 000 hommes et 96 000rservistes. Selon certaines estimations, plus de 500 000 hommes seraientdploys dans lEtat du Jammu et Cachemire.

    http://www.rusi.org/analysis/commentary/ref:C4BBC50E1BAF9C/http://www.rusi.org/analysis/commentary/ref:C4BBC50E1BAF9C/http://www.rusi.org/analysis/commentary/ref:C4BBC50E1BAF9C/http://www.rusi.org/analysis/commentary/ref:C4BBC50E1BAF9C/http://www.defenseindustrydaily.com/Indias-2008-2009-Military-Budget-04780/http://www.defenseindustrydaily.com/Indias-2008-2009-Military-Budget-04780/http://www.defenseindustrydaily.com/Indias-2008-2009-Military-Budget-04780/http://www.defenseindustrydaily.com/Indias-2008-2009-Military-Budget-04780/http://www.defenseindustrydaily.com/Indias-2008-2009-Military-Budget-04780/http://www.defenseindustrydaily.com/Indias-2008-2009-Military-Budget-04780/http://www.rusi.org/analysis/commentary/ref:C4BBC50E1BAF9C/http://www.rusi.org/analysis/commentary/ref:C4BBC50E1BAF9C/
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    officiers suffisamment forms pour pouvoir prendre les dcisions quimposesur le terrain la doctrine de Cold Start44

    Sur le plan matriel, si un important programme de modernisationdes chars de combat (MBT) est en cours

    . Le manque dautonomie etdinitiative laisses aux jeunes officiers, solidement ancr dans les mursde lArmy, constitue ainsi un vritable frein une stratgie ncessairementdynamique.

    45, 80% du parc de blinds indienreste encore aveugle dans lobscurit, alors mme que la capacit oprerde nuit est ncessaire la polyvalence exige par Cold Start46

    De mme, pour pouvoir concentrer le feu plutt que les forces,lartillerie indienne a besoin dune mobilit et dune porte accrue. Unegrande partie des pices dartillerie est aujourdhui vieillissante

    . Si cesdficiences ont t partiellement traites par les acquisitions etmodernisations rcentes, un certain nombre dunits sont totalementobsoltes et doivent tre retires du service, notamment les T-55 et lesVijayant. Dautant que le Pakistan a rcemment acquis 320 T-80 enUkraine et dispose du trs performant Al Khalid (copie pakistanaise duType 90 chinois).

    47 etncessite un apport urgent en munitions de prcision (PGM)48

    44

    Walter Ladwig C. (III), An Overview and Assessment of the Indian Armys ColdStart Doctrine , communication prsente lors du colloque Cold Start: IndiasNew Strategic Doctrine and its Implications , Naval Postgraduate School,Monterey, 29-30 mai 2008, p. 10.

    sol-sol,dautant que le Pakistan sest dot de 115 canons automoteurs M-109A5 dorigine amricaine. A cela sajoute un manque crucial dartillerieautotracte, partiellement combl par un important appel doffres en cours(1500 pices de 155 mm tractes et 180 autotractes) et lentre enservice oprationnelle des deux rgiments de lance-roquettes tubesSmerch. Sur le plan des capacits rseau-centres, le systme tactique de

    contrle de tir ACCCS (Artillery Combat Command and Control System) esten train dtre oprationnalis dans les rgiments.

    45Dans le cadre du programme Rhino, une partie du parc indien de T-72 a

    rcemment t quip de systmes de vision nocturne, dune armure ractive etdun nouveau systme de navigation.46

    Les rcents exercices Yodha Shakti ont permis aux T-90S et T-72M1moderniss de lArmyde sexercer pour la premire fois aux oprations nocturnessuivant la doctrine de Cold Start.47

    Il sagit notamment de lancien matriel sovitique (100 mm Field Gun et130 mm M-46 Field Gun) et indien (Indian Field Gun, Light Field Gun et IndianMountain Gun).48

    LIndian Armya acquis en 1999 des obus russes Krasnopol guidage laser pourdoter ses canons Bofors, qui ce sont par la suite rvls dfectueux. Cette carenceest problmatique dans les montagnes, ou les PGM jouent un rle crucial et ou lessystmes dartillerie de 155 mm sont peu efficaces. Un appel doffre a t lancpour lacquisition de 140 systmes lgers de calibre 39 (155 mm) de moins de 5

    tonnes (probablement le M777 de BAE Systems ou le Pegasus de SingaporeTechnologies). Coupls au Smerchet au missile de croisire Brahmos, lInde vaacqurir une puissance de feu dissuasive, y compris dans lHimalaya.

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    Par ailleurs, lacquisition dune flotte moderne dhlicoptresdattaque49 et de transport est ncessaire pour accrotre la puissance defeu et la mobilit. LInde ne disposerait aujourdhui que de 15% descapacits de transport hliport ncessaires Cold Start50

    Dautres impratifs capacitaires pourraient tre voqus tels que lamodernisation des capacits du fantassin (notamment les systmes devision nocturne), la cration dune nouvelle structure C4ISR

    . Deuximportants appels doffres en cours portent sur lacquisition de 197hlicoptres lgers (un prcdent appel doffres, qui avait vu la victoire duFennec dEurocopter, a t annul en 2007) et de 15 hlicoptres lourds(les prtendants sont le ChinookdeBoeing, le Sea Stallionde Sikorsky etle Mi-26 russe).

    51

    De son ct, lIndian Air Forceest limite par une dfense ariennecomptant encore prs de 130 MiG-21 et par labsence de multiplicateurs deforce en nombre suffisant : le premier AWACS (Airborne Warning andControl System) est rcemment entr en service oprationnel et la flotte deravitailleurs reste limite six appareils pour un pays la superficierelativement vaste. Les moyens satellitaires et la flotte de drones sont euxaussi trs insuffisants. Sur le plan des munitions de prcision air-sol,larsenal indien sest en revanche toff et les dficiences criantesconstates lors des oprations de Kargil

    ou encoredes capacits modernes de renseignement satellitaire.

    52 et de Parakram53 sontaujourdhui partiellement combles. LInde dispose ainsi dun arsenal dePGM trs, voire trop vari, incluant notamment des missiles russes (AS-10Karen et AS-12 Kedge), israliens (Popeye), amricains (Paveway II) et

    europens (Griffin, BGL 1000)54

    49

    Un appel doffre portant sur lacquisition de 22 hlicoptres de combat a tannul en 2009.

    . Des pods de vise Litening II quipentaujourdhui les Jaguar et Sukhoi-30MKI et lInde est en discussion pouracqurir des kits AASM (fabriqus par Sagem) et Crystal Maze(Isral), touten ayant lanc en parallle un programme de missile air-sol national (ER-PGM). Ces nouvelles capacits air-sol de prcision serontconsidrablement renforces par lemport du missile de croisire Brahmossur Sukhoi-30MKI horizon de 2012.

    50 Walter Ladwig C. (III), An Overview and Assessment of the Indian Armys ColdStart Doctrine , op. cit., p. 10.51

    Limplmentation de Cold Startrequiert en effet la fusion du renseignement et sadiffusion jusquaux plus petites units sur le terrain, ce qui aujourdhui loin dtre lecas.52

    Tel Aviv fournit alors des drones de surveillance Heronet Searcheraux forcesindiennes afin de pouvoir dtecter les troupes ennemies sans exposer sonaviation, ainsi que des kits de guidage laser pour bombes lisses. Bien quefficace,ce systme obligea les Mirage 2000 oprer en binme, le premier appareildsignant la cible, le second larguant la bombe.53

    Cest dailleurs une des raisons ayant dissuad le haut commandement indiende planifier des frappes contre les camps terroristes situs dans le territoire

    pakistanais.54Doug Richardson, Air to ground precision engagement : Asymmetric to peer

    competitor targets , Asian Military Review, novembre 2010, p. 20.

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    50 kilomtres pourrait tre parfaitement inacceptable pour Islamabad qui yverrait une atteinte son intgrit territoriale et une menace directe contreun certain nombre dinfrastructures stratgiques. Des secteurs comme lesvilles de Lahore, Islamabad, le triangle Kashmore-Reti-Rahmiyar Khan57

    Ceci dit, en dpit de la volont des militaires den faire une force auformat utile, les IBG nont pas t engags la suite des attentats deBombay et la retenue des politiques a eu raison des plans de guerresoumis par les faucons indiens. Ainsi, si les vellits belliqueuses decertains officiers et stratges indiens ne manqueront pas de se heurter linertie institutionnelle ancienne et la prudence stratgique des dirigeantsindiens, Cold Startnen a pas moins gnr un sentiment dinscurit ausein des lites pakistanaises et est devenue une source de tensionsrgionales. Dun point de vue pakistanais, la riposte cette guerre sevoulant limite pourrait donc tre la guerre totale, dans laquelle les armesnuclaires joueraient un rle central. Au cours des exercices Azm-e-Nau IIIconduits en avril 2010, larme pakistanaise, lors de la simulation duneattaque de larme indienne par quatre IBG, a ainsi mobilis prs de50 000 hommes, ce qui constitue le plus grand rassemblement de troupesdepuis 1989. Se pose en outre lpineuse question de lefficacit desstructures pakistanaises de commandement et de contrle, jugesdficientes par de nombreux experts

    ouencore lautoroute Karachi-Lahore sont en effet situs moins de 100kilomtres de la frontire indienne. Dans un registre similaire, lutilisation dela force arienne indienne pour des oprations de frappes dans laprofondeur contre des camps terroristes ou des objectifs militaires pourrait,au vu de la faible profondeur stratgique du Pakistan, tre potentiellementperue comme menaant des sites de missiles ou des bases ariennesdotes de bombardiers nuclaires. En abaissant le seuil dengagementminimal dun ventuel conflit conventionnel, Cold Startne risque-t-elle pasdaccrotre le risque de dclenchement dune escalade ? LInde ne risque-t-elle pas alors, termes, denvisager la guerre limite comme un lmentde plus de sa politique pakistanaise ? Dautant que certains faucons , enInde, commencent demander une rvision de la doctrine nuclaire et

    labandon du principe de riposte massive au bnfice dune riposte flexible ou gradue afin de pouvoir matriser un ventuel changenuclaire, devenu une option envisageable.

    58

    Au vu de ses rsultats ngatifs sur le plan politique, la stratgie de

    retenue du Pakistan lors du conflit de Kargil, au cours duquel laviation napas t employe et les troupes rgulires nont pas mobilises en masse,serait vraisemblablement abandonne par le commandement pakistanais.En prenant souvent lexemple des oprations clairs menes par Isral

    .

    57Ce triangle, situ cheval entre les provinces du Penjab et du Sindh, est peru

    par les militaires indiens comme le centre de gravit stratgique du Pakistan. On ytrouve le barrage de Kashmore-Guddu, qui confre un contrle stratgique sur ledbit du fleuve Indus.58

    Cette dficience est particulirement inquitante dans le domaine des arsenauxnuclaires. Sur ce point, voir Ian Bremmer et Maria Kuusisto, Pakistans nuclearcommand and control: perception matters , South Asian Strategic Stability

    Institute Research Report, vol. 15, mai 2008, accessible ladresse :http://www.sassi.org/html/Pakistan%20Nuclear%20Command%20and%20Control%20Final.pdf.

    http://www.sassi.org/html/Pakistan%20Nuclear%20Command%20and%20Control%20Final.pdfhttp://www.sassi.org/html/Pakistan%20Nuclear%20Command%20and%20Control%20Final.pdfhttp://www.sassi.org/html/Pakistan%20Nuclear%20Command%20and%20Control%20Final.pdfhttp://www.sassi.org/html/Pakistan%20Nuclear%20Command%20and%20Control%20Final.pdfhttp://www.sassi.org/html/Pakistan%20Nuclear%20Command%20and%20Control%20Final.pdf
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    dans les territoires occups ou celles de larme amricaine enAfghanistan, les stratges indiens oublient peut-tre que ces adversairesnavaient pas de capacits de riposte conventionnelle massive, ce qui nestpas le cas du Pakistan59

    Enfin, la doctrine de Cold Start ne rpond pas la questionfondamentale pour lInde dans sa rivalit avec son voisin, savoircomment dpasser le blocage stratgique dans lequel la place lanuclarisation du Pakistan afin de dissuader ce dernier de continuer saguerre par procuration. Dpasser ce blocage implique de rsoudre undouble problme auquel Cold Start noffre pas de relles solutions. Lepremier est lvaluation la plus prcise possible du seuil nuclairepakistanais afin de pouvoir conduire des oprations conventionnelles enminimisant le risque descalade. Le second consiste capitaliser surlinvitable mdiation amricaine afin den tirer des dividendes politiques.

    .

    Sur le premier point, Cold Startsemble occulter la question du seuilnuclaire pakistanais en le prdterminant : si lInde remporte la victoiremilitaire en moins de 96 heures et sans conqutes territoriales majeures, lePakistan ne franchira pas la ligne rouge nuclaire. Pourtant, la questiondu seuil pakistanais continue de faire dbat depuis 1998 au sein de lacommunaut stratgique indienne et il nexiste pas de consensus rel surson degr exact. Pour Islamabad, les armes nuclaires sont peruescomme une garantie de pouvoir continuer la guerre par procuration sanssexposer une riposte conventionnelle massive de la part de lInde.Lambigut du seuil pakistanais est certainement, aujourdhui, larmedfensive et de dissuasion la plus efficace du Pakistan vis--vis de son

    voisin indien. Ladoption par lInde dune doctrine fonde sur la guerrelimite ne pourra quinciter le Pakistan cultiver cette ambigut et rendreainsi peu probable tout gel ou relvement de son seuil nuclaire.

    La doctrine de Cold Start pourrait mme pousser larmepakistanaise revenir sur la sparation de ses armes nuclaires et accrotre leur niveau de dispersion en tat dalerte, augmentant ainsi lapossibilit dun change nuclaire en cas de conflit ouvert.

    La dernire limite majeure de cette nouvelle doctrine porte sur laquestion cruciale des bnfices politiques que tirera lInde dun ventuel

    conflit arm avec le Pakistan. Cest bien la capitalisation dune mdiationinvitable des Etats-Unis qui se pose pour New Delhi, et ici encore, ColdStartpourrait ne pas offrir les avantages escompts.

    59Le major-gnral pakistanais Shaukat Sultan dclarait ainsi en juin 2004 que :

    Cela pourrait fonctionner avec une rpublique bananire ou un petit Etat, danslequel des forces trangres pourraient pntrer un beau matin sans alerte etaccomplir leur objectif par la capture de positions stratgiques. Dans le cas du

    Pakistan, cela serait quelque peu diffrent. Voir Dawn, Cold Start Doctrinebeing closely studied: ISPR , 13 juin 2004, accessible ladresse :http://archives.dawn.com/2004/06/13/top12.htm.

    http://archives.dawn.com/2004/06/13/top12.htmhttp://archives.dawn.com/2004/06/13/top12.htmhttp://archives.dawn.com/2004/06/13/top12.htm
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    Comment potentialiser linvitable intervention amricaine en cas deconflit majeur ?

    Dans lventualit dun conflit ouvert avec le Pakistan, laction diplomatiquedes Etats-Unis est un paramtre que New Delhi va ncessairement devoir

    considrer. Toute stratgie indienne de riposte militaire une attaquepakistanaise doit aussi permettre de capitaliser la mdiation amricaineafin dobtenir un maximum de concessions politiques dIslamabad. Lesuccs de Cold Startsera donc aussi en fonction de la capacit indienne mettre profit la diplomatie rgionale des Etats-Unis, qui a jou un rlecrucial dans lapaisement des crises de 1999 et 2002. Par le pass, lIndena tir quun bnfice politique relatif de la mesure et de la retenue dontelle a fait preuve la suite des attaques terroristes de 2001 ou de 2008.Dun point de vue indien, les Etats-Unis nont pas, suite aux attentats deBombay, mis suffisamment sous pression le gouvernement pakistanaispour quil sattaque aux groupes terroristes sur son sol. Pire, pour unepartie de la communaut stratgique indienne, Parakramet Bombay ont

    mis en vidence la faiblesse du gouvernement indien face aux Etats-Unis.Ces derniers, par peur des armes nuclaires pakistanaises et au vu deleurs impratifs en matire de lutte contre le terrorisme, resteraient trsambivalents sur la vritable nature du rgime pakistanais tout en exerantune pression excessive sur lInde en lempchant dagir selon ses propresintrts60. Depuis 2002, Washington a en effet donn des assurances auPakistan afin de maintenir leffort de guerre le long de la frontire afghane.Islamabad a t contrainte daffecter une partie non ngligeable de sesHolding Corpset Strike Corpsaux oprations de contre-insurrection dansles zones tribales (Federally Administered Tribal Areas, FATA)61. Parailleurs, larme pakistanaise ne semblant plus exercer le mme niveau decontrle que par le pass sur les groupes jihadistes comme le Lashkar-e-

    Toibaou le Jaish-e-Mohammed62

    Enfin, en ravivant les tensions indo-pakistanaises, Cold Startpourrait avoir des consquences directes sur la dynamique positive durapprochement indo-amricain, notamment dans les domaines de lacoopration nuclaire civile et de dfense. Les chantres de la non-prolifration Washington se trouveraient ainsi lgitims insister sur lafragilit des quilibres stratgiques rgionaux et pourraient obtenir un freindans la coopration bilatrale, notamment en ce qui concerne la promotion

    de lexception nuclaire indienne auprs des rgimes internationaux tel quele Groupe des fournisseurs nuclaires (Nuclear Suppliers Group, NSG) oulAgence Internationale dEnergie Atomique (AIEA).

    , une ventuelle rponse conventionnelleindienne contre des objectifs militaires pakistanais en cas dattaqueterroriste commise sur le sol indien pourrait tre perue comme illgitime.

    60Neil Joeck, The Indo-Pakistani nuclear confrontation: lessons from the past,

    contingencies for the future , in Henry Sokolski (dir.), Pakistans Nuclear Future :reining in the risk, Carlisle, Strategic Studies Institute, United States Army WarCollege, dcembre 2009, p. 57.61

    Au total, prs de 35% des forces terrestres pakistanaises seraient affectes auxoprations de contre-insurrection. Voir Suman Sharma Pakistan removes third ofarmys border deployment , DNA India, 2 juin 2010. Accessible ladresse :http://www.dnaindia.com/world/report_pakistan-removes-third-of-army-s-border-

    deployment_1390778.62Sumit Ganguly et S. Paul Kapur, The Sorcerers Apprentice : Islamist Militancy

    in South Asia , The Washington Quarterly, vol. 33, n 1, 2010, p. 48.

    http://www.dnaindia.com/world/report_pakistan-removes-third-of-army-s-border-deployment_1390778http://www.dnaindia.com/world/report_pakistan-removes-third-of-army-s-border-deployment_1390778http://www.dnaindia.com/world/report_pakistan-removes-third-of-army-s-border-deployment_1390778http://www.dnaindia.com/world/report_pakistan-removes-third-of-army-s-border-deployment_1390778http://www.dnaindia.com/world/report_pakistan-removes-third-of-army-s-border-deployment_1390778
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    En conclusion : une doctrinede transition

    n dpit de son apparente modration et de son ambition de matriserlescalade de la violence dans un conflit ventuel, Cold Start sinscrit

    malgr tout dans le spectre haut des rponses conventionnelles quisoffrent lInde. Il ne sagit videmment pas de la seule option dont

    dispose lInde en cas de crise majeure avec le rival pakistanais : desfrappes ariennes ou des oprations spciales visant exclusivement lescentres dentranement ou les repres terroristes pourraient ainsi constituerun premier degr de rponse, sous-conventionnelle, moins risque etpolitiquement plus acceptable.

    Les conclusions un peu rapides de lambassadeur amricain NewDelhi, Timothy Roemer, selon lesquelles Cold Start nexiste pas 63,contenues dans des tlgrammes diplomatiques rvls par Wikileaks, ontsuscit un dbut de polmique au sein des milieux stratgiques indiens.Roemer fonde ses conclusions sur une srie de discussions avec de hauts

    responsables indiens, dont le Conseiller la scurit nationale dalors,M.K. Narayanan, qui lui auraient confirm que cette option navait jamaisvritablement t envisage, ni soutenue par les politiques et les militaires.Il convient cependant de relativiser ces propos et de rappeler que le Chefdtat-major de lIndian Army, V.K. Singh, a ragi cette polmique endclarant que lInde avait dsormais pour principe de systmatiquementsadapter aux situations et aux contingences 64

    En parallle, il est impratif que les stratges et politiques indienscontinuent de dbattre afin de proposer une dfinition doctrinale claire etpeut-tre plus aboutie sur ce que doit tre la guerre limite dans le contexte

    . Ces propos indiquent que,plutt quune nouvelle rponse unique et rigide au dilemme pakistanais,Cold Start sinscrit dans une logique plus gnrale de recherche dunedoctrine de guerre limite, dont elle nest quune premire mouture. Ellepourrait ainsi tre utilise comme un moyen de dissuasionconventionnelle face au Pakistan, dans le cadre doprations sous-

    conventionnelles de reprsailles faisant suite une attaque terroristesoutenue par Islamabad, du type de celles perptres Bombay en 2008.

    63En anglais There is nothing called Cold Start . Voir Sandeep Unnithan, War

    Strategy : the Collapse of Cold Start , India Today, 4 dcembre 2010.64

    Ali Ahmed, The advantages of Cold Start minor , IDSA strategic comment,13dcembre 2010, accessible ladresse :http://www.idsa.in/idsacomments/TheadvantagesofColdStartMinor_aahmed_131210.

    E

    http://www.idsa.in/idsacomments/TheadvantagesofColdStartMinor_aahmed_131210http://www.idsa.in/idsacomments/TheadvantagesofColdStartMinor_aahmed_131210http://www.idsa.in/idsacomments/TheadvantagesofColdStartMinor_aahmed_131210http://www.idsa.in/idsacomments/TheadvantagesofColdStartMinor_aahmed_131210http://www.idsa.in/idsacomments/TheadvantagesofColdStartMinor_aahmed_131210http://www.idsa.in/idsacomments/TheadvantagesofColdStartMinor_aahmed_131210
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    sud-asiatique65

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    Center for Land Warfare Studies Towards a Limited War doctrine , articlen 1434, New Delhi, 18 novembre 2009, accessible ladresse :

    . Celle-ci devra ncessairement prendre en compte ladimension nuclaire car sil est incontestablement un acteur rationnel enmatire de choix stratgiques, le Pakistan nen est pas moins un Etatfragile, en quilibre instable entre un appareil militaire omniprsent et desforces centrifuges qui profitent toujours plus des crises et de linstabilitchronique. Premier pas dans ce sens, Cold Start aboutira peut-tre laformulation dune doctrine de guerre moderne, adapte la volatilit ducontexte rgional, aux capacits relles de loutil de dfense indien et auxambitions de puissance de New Delhi sur la scne mondiale.

    http://www.claws.in/index.php?action=details&m_id=435&u_id=94.

    http://www.claws.in/index.php?action=details&m_id=435&u_id=94http://www.claws.in/index.php?action=details&m_id=435&u_id=94http://www.claws.in/index.php?action=details&m_id=435&u_id=94
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    Air Commodore Gnral de brigade arienne

    Group Captain Colonel

    Wing Commander Lieutenant-colonel

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  • 8/7/2019 La posture stratgique indienne face au dfi pakistanais

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    G. Monsonis / La posture stratgique indienne

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    LADIG Walter C. (III), An Overview and Assessment of the Indian ArmysCold Start Doctrine , communication prsente lors du colloque Cold Start : Indias New Strategic Doctrine and its Implications ,Naval Postgraduate School, Monterey, 29-30 mai 2008.

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  • 8/7/2019 La posture stratgique indienne face au dfi pakistanais

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