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La pêche LES ENJEUX PHILOSOPHIQUES Ce texte porte principalement sur les rapports sociaux. D’une part l’amitié, puisque Renart et Ysengrin se disent « frères » et se devraient, paraît-il, une entraide mutuelle. Aristote tente à ce sujet de distinguer trois sortes d’amitié : l’amitié qui se fonde sur l’uti- lité, celle qui se fonde sur le plaisir, et la véritable amitié, qui n’a pas d’autre objet qu’elle-même. Mais si l’amitié motivée par l’intérêt est tout à faire courante et quotidienne, comme dans la présente histoire, l’amitié « vraie » est d’après notre philosophe quasi- ment inexistante. Position que certains trouveront quelque peu « cynique », mais peut-être réaliste. Car cette défiance que manifes- tent l’un pour l’autre les deux compères est bien caractéristique de cette « insociable sociabilité » des hommes dont nous parle Kant. Les êtres humains cherchent la compagnie de leurs semblables tout en protégeant frileusement leur quant-à-soi, tant pour des raisons d’intérêt personnel que pour protéger soi-même et son image ; ils entretiennent ainsi des liens dont la vérité est jalousement exclue. L’autre aspect du fonctionnement social mis en scène est celui du pouvoir. Pouvoir de la force contre pouvoir de l’intelligence. Certes, le second est plus séduisant et flatteur que le premier car nous ne supportons guère l’imposition du brutal et de la contrainte. Pourtant, à y regarder de plus près, cette complicité attendue et prévisible du lecteur avec Maître Renart n’est rien d’autre qu’un souci d’agir à notre guise, dans notre perspective mesquine. Les deux comparses sont bien inséparables, en leur manque d’altruisme. On peut renvoyer dos à dos leur goût de l’arbitraire et de la puis- sance : si l’on peut moquer la bêtise d’Ysengrin, on peut tout autant critiquer la roublardise de son alter ego. Le duo de Renart et Ysengrin pose problème au lecteur, de là l’in- térêt de l’histoire. A priori on peut s’identifier au renard, surtout si l’on connaît déjà l’ouvrage : il est rusé, et les tours pendables qu’il joue nous font rire. Mais si l’on apprécie parfois l’intérêt des pièges qu’il tend, par exemple pour nourrir sa famille, nécessité qui les rend moralement excusables, dans cette histoire-ci le rusé peut paraître carrément et gratuitement méchant. Non seulement il n’a rien à gagner de cette rouerie, mais de surcroît les conséquences pourraient en être terribles et le sont, puisque le loup risque sa vie et perd sa queue. De l’autre côté, si Ysengrin peut nous faire de la peine, on a du mal à l’aimer car il paraît stupide et surtout égoïste : que Renart représente une sorte d’incarnation de la justice imma- nente, et que tel Robin des Bois, sa destinée est de punir les puis- sants injustes. En même temps, dans cette histoire, c’est Renart qui est le nanti puisque, contrairement à Ysengrin, son garde-manger est bien plein. C’est d’ailleurs cette richesse qui lui autorise peut- être le luxe de jouer de tels tours. Autre problème sur lequel on peut se pencher : « Est-ce bien de jouer des tours ? », et l’on envisagera encore d’échapper complètement à la contrainte éthique. Pour ces raisons, il sera porteur de prendre cette histoire comme un dilemme moral en demandant aux élèves quel personnage ils préfèrent, si l’un ou l’autre a raison, ou encore si l’un est meilleur que l’autre. Activités complémentaires > Concepts : but, raison, justification. > Compétences : analyser, juger, argumenter. Dans cette histoire, Renart se joue d’Ysengrin. Pour quelle raison ? Cet acte est-il justifié ou non ? Cela demande d’évaluer un acte dans son rapport à une finalité. Le problème posé ici est que cet acte, jouer un tour — banal chez les enfants — relève aussi d’une certaine gratuité, d’une certaine spontanéité. Pour éviter les réponses toutes faites, on pourra demander d’emblée à l’élève — ou à la classe, de répondre systématique- ment « oui » puis « non » à la question, de préférence par écrit, en fournissant un argument à chaque fois. On comparera ensuite les divers arguments. On pourra aussi demander à chaque élève de classer ces raisons en ordre de valeur décroissante ou croissante, en justifiant cet ensemble par un certain nombre d’arguments. Certaines justifications sont proches les unes des autres : reste à l’élève à fournir les distinctions qu’il peut ou croit y voir, ou déclarer qu’il n’y en a pas. Est-ce bien de jouer un tour à l’autre : pour t’amuser ? pour lui donner une leçon ? pour le faire rire ? pour te venger ? pour jouer ? pour faire rire les autres ? pour passer le temps ? pour qu’il se réveille ? pour rigoler ? pour rien ? Ce texte porte principalement sur les rapports sociaux. D’une part l’amitié, puisque Renart et Ysengrin se disent « frères » et se devraient, paraît-il, une entraide mutuelle. Aristote tente à ce sujet de distinguer trois sortes d’amitié : l’amitié qui se fonde sur l’uti- lité, celle qui se fonde sur le plaisir, et la véritable amitié, qui n’a pas d’autre objet qu’elle-même. Mais si l’amitié motivée par l’intérêt est tout à faire courante et quotidienne, comme dans la présente histoire, l’amitié « vraie » est d’après notre philosophe quasi- ment inexistante. Position que certains trouveront quelque peu « cynique », mais peut-être réaliste. Car cette défiance que manifes- tent l’un pour l’autre les deux compères est bien caractéristique de cette « insociable sociabilité » des hommes dont nous parle Kant. Les êtres humains cherchent la compagnie de leurs semblables tout en protégeant frileusement leur quant-à-soi, tant pour des raisons d’intérêt personnel que pour protéger soi-même et son image ; ils entretiennent ainsi des liens dont la vérité est jalousement exclue. L’autre aspect du fonctionnement social mis en scène est celui du pouvoir. Pouvoir de la force contre pouvoir de l’intelligence. Certes, le second est plus séduisant et flatteur que le premier car nous ne supportons guère l’imposition du brutal et de la contrainte. Pourtant, à y regarder de plus près, cette complicité attendue et prévisible du lecteur avec Maître Renart n’est rien d’autre qu’un souci d’agir à notre guise, dans notre perspective mesquine. Les deux comparses sont bien inséparables, en leur manque d’altruisme. On peut renvoyer dos à dos leur goût de l’arbitraire et de la puis- sance : si l’on peut moquer la bêtise d’Ysengrin, on peut tout autant critiquer la roublardise de son alter ego. Le duo de Renart et Ysengrin pose problème au lecteur, de là l’in- térêt de l’histoire. A priori on peut s’identifier au renard, surtout si l’on connaît déjà l’ouvrage : il est rusé, et les tours pendables qu’il joue nous font rire. Mais si l’on apprécie parfois l’intérêt des pièges qu’il tend, par exemple pour nourrir sa famille, nécessité qui les rend moralement excusables, dans cette histoire-ci le rusé peut paraître carrément et gratuitement méchant. Non seulement il n’a rien à gagner de cette rouerie, mais de surcroît les conséquences pourraient en être terribles et le sont, puisque le loup risque sa vie et perd sa queue. De l’autre côté, si Ysengrin peut nous faire de la peine, on a du mal à l’aimer car il paraît stupide et surtout égoïste : une fois qu’il se croit riche, il ne veut pas partager. À moins de penser que Renart représente une sorte d’incarnation de la justice imma- nente, et que tel Robin des Bois, sa destinée est de punir les puis- sants injustes. En même temps, dans cette histoire, c’est Renart qui est le nanti puisque, contrairement à Ysengrin, son garde-manger est bien plein. C’est d’ailleurs cette richesse qui lui autorise peut- être le luxe de jouer de tels tours. Autre problème sur lequel on peut se pencher : « Est-ce bien de jouer des tours ? », et l’on envisagera l’affaire tour à tour du côté de la victime et du pendard. À moins là encore d’échapper complètement à la contrainte éthique. Pour ces raisons, il sera porteur de prendre cette histoire comme un dilemme moral en demandant aux élèves quel personnage ils préfèrent, si l’un ou l’autre a raison, ou encore si l’un est meilleur que l’autre. La pêche LES ENJEUX PHILOSOPHIQUES DISCUSSION ET DIFFICULTÉS 29 LE PETIT ATELIER DE PHILO Manuel « » pages 20 à 25

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La pêche

LES ENJEUX phILoSophIQUES

Ce texte porte principalement sur les rapports sociaux. D’une part l’amitié, puisque Renart et Ysengrin se disent « frères » et se devraient, paraît-il, une entraide mutuelle. aristote tente à ce sujet de distinguer trois sortes d’amitié : l’amitié qui se fonde sur l’uti-lité, celle qui se fonde sur le plaisir, et la véritable amitié, qui n’a pas d’autre objet qu’elle-même. Mais si l’amitié motivée par l’intérêt est tout à faire courante et quotidienne, comme dans la présente histoire, l’amitié « vraie » est d’après notre philosophe quasi-ment inexistante. Position que certains trouveront quelque peu « cynique », mais peut-être réaliste. Car cette défi ance que manifes-tent l’un pour l’autre les deux compères est bien caractéristique de cette « insociable sociabilité » des hommes dont nous parle Kant. Les êtres humains cherchent la compagnie de leurs semblables tout en protégeant frileusement leur quant-à-soi, tant pour des raisons d’intérêt personnel que pour protéger soi-même et son image ; ils entretiennent ainsi des liens dont la vérité est jalousement exclue.L’autre aspect du fonctionnement social mis en scène est celui du pouvoir. Pouvoir de la force contre pouvoir de l’intelligence. Certes, le second est plus séduisant et fl atteur que le premier car nous ne supportons guère l’imposition du brutal et de la contrainte. Pourtant, à y regarder de plus près, cette complicité attendue et prévisible du lecteur avec Maître Renart n’est rien d’autre qu’un souci d’agir à notre guise, dans notre perspective mesquine. Les deux comparses sont bien inséparables, en leur manque d’altruisme. On peut renvoyer dos à dos leur goût de l’arbitraire et de la puis-sance : si l’on peut moquer la bêtise d’Ysengrin, on peut tout autant critiquer la roublardise de son alter ego.

DISCUSSIoN ET DIFFICULTÉS

Le duo de Renart et Ysengrin pose problème au lecteur, de là l’in-térêt de l’histoire. a priori on peut s’identifi er au renard, surtout si l’on connaît déjà l’ouvrage : il est rusé, et les tours pendables qu’il joue nous font rire. Mais si l’on apprécie parfois l’intérêt des pièges qu’il tend, par exemple pour nourrir sa famille, nécessité qui les rend moralement excusables, dans cette histoire-ci le rusé peut paraître carrément et gratuitement méchant. Non seulement il n’a rien à gagner de cette rouerie, mais de surcroît les conséquences pourraient en être terribles et le sont, puisque le loup risque sa vie et perd sa queue. De l’autre côté, si Ysengrin peut nous faire de la peine, on a du mal à l’aimer car il paraît stupide et surtout égoïste : une fois qu’il se croit riche, il ne veut pas partager. À moins de penser que Renart représente une sorte d’incarnation de la justice imma-nente, et que tel Robin des Bois, sa destinée est de punir les puis-sants injustes. En même temps, dans cette histoire, c’est Renart qui est le nanti puisque, contrairement à Ysengrin, son garde-manger est bien plein. C’est d’ailleurs cette richesse qui lui autorise peut-être le luxe de jouer de tels tours. autre problème sur lequel on peut se pencher : « Est-ce bien de jouer des tours ? », et l’on envisagera l’affaire tour à tour du côté de la victime et du pendard. À moins là encore d’échapper complètement à la contrainte éthique.Pour ces raisons, il sera porteur de prendre cette histoire comme un dilemme moral en demandant aux élèves quel personnage ils préfèrent, si l’un ou l’autre a raison, ou encore si l’un est meilleur que l’autre.

activités complémentaires

> Concepts :but, raison, justifi cation.

> Compétences :analyser, juger, argumenter.

Dans cette histoire, Renart se joue d’Ysengrin. Pour quelle raison ? Cet acte est-il justifi é ou non ? Cela demande d’évaluer un acte dans son rapport à une fi nalité. Le problème posé ici est que cet acte, jouer un tour — banal chez les enfants — relève aussi d’une certaine gratuité, d’une certaine spontanéité.

Pour éviter les réponses toutes faites, on pourra demander d’emblée à l’élève — ou à la classe, de répondre systématique-ment « oui » puis « non » à la question, de préférence par écrit, en fournissant un argument à chaque fois. On comparera ensuite les divers arguments. On pourra aussi demander à chaque élève de classer ces raisons en ordre de valeur décroissante ou croissante, en justifi ant cet ensemble par un certain nombre d’arguments.

Certaines justifi cations sont proches les unes des autres : reste à l’élève à fournir les distinctions qu’il peut ou croit y voir, ou déclarer qu’il n’y en a pas.

Est-ce bien de jouer un tour à l’autre :

• pour t’amuser ?• pour lui donner une leçon ?• pour le faire rire ?• pour te venger ?• pour jouer ?• pour faire rire les autres ?• pour passer le temps ?• pour qu’il se réveille ?• pour rigoler ?• pour rien ?

Ce texte porte principalement sur les rapports sociaux. D’une part l’amitié, puisque Renart et Ysengrin se disent « frères » et se devraient, paraît-il, une entraide mutuelle. aristote tente à ce sujet de distinguer trois sortes d’amitié : l’amitié qui se fonde sur l’uti-lité, celle qui se fonde sur le plaisir, et la véritable amitié, qui n’a pas d’autre objet qu’elle-même. Mais si l’amitié motivée par l’intérêt est tout à faire courante et quotidienne, comme dans la présente histoire, l’amitié « vraie » est d’après notre philosophe quasi-ment inexistante. Position que certains trouveront quelque peu « cynique », mais peut-être réaliste. Car cette défi ance que manifes-tent l’un pour l’autre les deux compères est bien caractéristique de cette « insociable sociabilité » des hommes dont nous parle Kant. Les êtres humains cherchent la compagnie de leurs semblables tout en protégeant frileusement leur quant-à-soi, tant pour des raisons d’intérêt personnel que pour protéger soi-même et son image ; ils entretiennent ainsi des liens dont la vérité est jalousement exclue.L’autre aspect du fonctionnement social mis en scène est celui du pouvoir. Pouvoir de la force contre pouvoir de l’intelligence. Certes, le second est plus séduisant et fl atteur que le premier car nous ne supportons guère l’imposition du brutal et de la contrainte. Pourtant, à y regarder de plus près, cette complicité attendue et prévisible du lecteur avec Maître Renart n’est rien d’autre qu’un souci d’agir à notre guise, dans notre perspective mesquine. Les deux comparses sont bien inséparables, en leur manque d’altruisme. On peut renvoyer dos à dos leur goût de l’arbitraire et de la puis-sance : si l’on peut moquer la bêtise d’Ysengrin, on peut tout autant critiquer la roublardise de son alter ego.

Le duo de Renart et Ysengrin pose problème au lecteur, de là l’in-térêt de l’histoire. a priori on peut s’identifi er au renard, surtout si l’on connaît déjà l’ouvrage : il est rusé, et les tours pendables qu’il joue nous font rire. Mais si l’on apprécie parfois l’intérêt des pièges qu’il tend, par exemple pour nourrir sa famille, nécessité qui les rend moralement excusables, dans cette histoire-ci le rusé peut paraître carrément et gratuitement méchant. Non seulement il n’a rien à gagner de cette rouerie, mais de surcroît les conséquences pourraient en être terribles et le sont, puisque le loup risque sa vie et perd sa queue. De l’autre côté, si Ysengrin peut nous faire de la peine, on a du mal à l’aimer car il paraît stupide et surtout égoïste : une fois qu’il se croit riche, il ne veut pas partager. À moins de penser que Renart représente une sorte d’incarnation de la justice imma-nente, et que tel Robin des Bois, sa destinée est de punir les puis-sants injustes. En même temps, dans cette histoire, c’est Renart qui est le nanti puisque, contrairement à Ysengrin, son garde-manger est bien plein. C’est d’ailleurs cette richesse qui lui autorise peut-être le luxe de jouer de tels tours. autre problème sur lequel on peut se pencher : « Est-ce bien de jouer des tours ? », et l’on envisagera l’affaire tour à tour du côté de la victime et du pendard. À moins là encore d’échapper complètement à la contrainte éthique.Pour ces raisons, il sera porteur de prendre cette histoire comme un dilemme moral en demandant aux élèves quel personnage ils préfèrent, si l’un ou l’autre a raison, ou encore si l’un est meilleur que l’autre.

La pêche

LES ENJEUX phILoSophIQUES DISCUSSIoN ET DIFFICULTÉS

29LE pETIT aTELIEr DE phILo Manuel « » pages 20 à 25

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L E C T U R E

Le texte « La pêche » ne présente aucune diffi culté particulière.Lors de la découverte collective on pourra répondre à une première question que nous aborderons fréquemment : dans les textes qui racontent, comment retrouver facilement les paroles des différents person-nages ?L’exercice sur la respiration de la phrase a pour objectif de faire prendre conscience que des reprises de respiration diverses donnent des interprétations de sens différentes.La phrase à dire est un peu longue. Les reprises de respiration sont nécessaires. Les places qui leur seront attribuées demanderont une analyse quant à l’inter-prétation ressentie.

CoMprÉhENSIoN DU TEXTE

Question n° 1

Les personnages

Qui sont-ils ? Que sait-on d’eux ?

Renart

• C’est lui qui raconte l’histoire.• Il est très malin et organise une farce aux dépens du loup.• À la fi n il abandonne Ysengrin sous la menace des chiens.

Ysengrin

• C’est un loup.• Il est naïf et la faim lui fait faire n’importe quoi.• Il reste prisonnier de la glace.• Il perd sa queue à la fi n de l’histoire.

Maître Constant• Il lance ses chiens après Renart et Ysengrin.• Il glisse sur la glace et coupe la queue du loup.

Question n° 2

Dans les parties du texte en italique, Renart s’adresse directement au lecteur. Les interventions sont formulées aux termes de questions qui permettent au narrateur d’introduire la suite du récit.

Question n° 3

Ysengrin a faim. On lui a volé trois jambons et il n’a plus rien à manger.

Question n° 4

• « En réalité, ami lecteur, j’ai caché une vingtaine d’anguilles dans le puits. » (l. 10 à 11)

Question n° 5

Ysengrin veut être le pêcheur. Il a peur que Renart ne lui donne aucun poisson. Il veut les pêcher lui-même.

Question n° 6

• Renart emmène Ysengrin à la pêche sur un lac gelé.• Il le place auprès d’un trou fait dans la glace.• Il lui demande d’utiliser sa queue dans le trou comme canne à pêche en pensant qu’avec le gel Ysengrin restera prisonnier de la glace.

Question n° 7

Ysengrin aurait pu avoir la tête tranchée.Il s’en sort avec « seulement » la queue coupée. • « Mais dans sa précipitation, le malheureux chasseur glisse et son épée, au lieu de fendre la tête d’Ysengrin, lui coupe la queue ! » (l. 90 à 92)

Question n° 8

Réponses individuelles. Les justifi cations données peuvent être prétexte à débat collectif.

FoNCTIoNNEMENT DU TEXTE

Question n° 1

texteQuels sont les person-

nages ?

Que se passe-t-il ?

1

de la ligne 1(Nous sommes…)

à la ligne 18(… à ma queue.)

RenartYsengrin

• Ysengrin rend visite à Renart.• Renart propose une partie de pêche.

2

de la ligne 19(J’embrasse…)

à la ligne 46(… pour guetter

sa pêche.)

RenartYsengrin

• La partie de pêche se met en place.

3

de la ligne 49(Et bien sûr…) à la ligne 63(… j’arrive.)

RenartYsengrin

• Ysengrin pêche en chantant.

4

de la ligne 64(Pauvre Ysengrin !)

à la ligne 81(… pour eux !)

RenartYsengrin

• Ysengrin est pris au piège de la glace.• Les chiens arrivent, Renart s’enfuit.

5

de la ligne 85(Ysengrin…) à la ligne 99

(… miraculeuse !)

RenartMaître Constant

• Maître Constant coupe la queue de Ysengrin qui s’enfuit.

L E C T U R E

CoMprÉhENSIoN DU TEXTE

FoNCTIoNNEMENT DU TEXTE

La pêche La pêche La pêche Manuel « » pages 20 à 25

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ec les m

Question n° 2

l. 29 Ysengrin. «… aboie Ysengrin… »l. 31 Réponse de Renart.l. 32 Réponse d’Ysengrin.l. 35 Réponse de Renart.l. 39 Réplique qui suit l’intervention de Renart. « Je […] lui donne les derniers conseils. »

G R A M M A I R E

Le verbe

au CE1, les élèves ont appris à reconnaître le groupe verbal comme élément indispensable de la phrase et à nommer le verbe comme étant le mot essentiel.au CE2, on va approfondir cette notion en analysant le fonctionnement du verbe, en essayant de répondre aux questions fondamentales : le verbe, qu’est-ce que c’est ? à quoi ça sert ?Dans cette séance il s’agira essentiellement d’observer et d’analyser le rôle du verbe dans l’expression du passé et du futur par rapport au temps de l’écriture.

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Ranger les GV : présent – passé – futur.

Ysengrin se rend chez Renart pour lui demander de l’aide. La semaine dernière on lui a volé les jambons suspendus aux poutres de sa maison.Renart, lui, a pêché une vingtaine d’anguilles. Il les a cachées dans un puits.Renart a imaginé un plan : il emmènera Ysengrin à la pêche. Il lui proposera de pêcher dans un trou d’eau au milieu du lac gelé. Quand la nuit viendra, l’eau glacera et retiendra la queue du loup prisonnière. Ysengrin sera alors pris au piège.

Ce qui se passe au moment où l’on écrit. • se rend chez Renart

Ce qui s’est déjà passé.Souligne le (ou les) mot(s)

qui annonce(nt) que l’action est déjà passée.

• lui a volé les jambons• a pêché une vingtaine d’anguilles• les a cachées dans un puits• a imaginé un plan

Ce qui se passera plus tard.Souligne le (ou les) mot(s)

qui annonce(nt) que l’action se passera plus tard.

• emmènera Ysengrin• lui proposera de pêcher• viendra• glacera• retiendra la queue du loup prisonnière• sera alors pris au piège

Exercice n° 2

> Objectif :Réécrire des phrases au passé et au futur.

• Hier l’homme est entré dans la cuisine, a ouvert le buffet, a pris le pain et a coupé une tranche épaisse.• Demain, l’homme entrera dans la cuisine, ouvrira le buffet, prendra le pain et coupera une tranche épaisse.

Remarque : Les formes verbales ont changé.

JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1

> Objectif :Différencier noms et verbes ayant des terminaisons identiques.

noms verbes

clocher – rocher – loisir – fakir – rasoir – manoir – ventre – cendre

danser – scier – grandir – rugir – avoir – revoir – prendre – fendre

Exercice n° 2

> Objectif :Savoir utiliser temps du passé, temps du futur.

• La veille, Renart a pêchépêchera

quelques anguilles.

• Il les cacheraa cachées

au fond du puits.

• Quand tu sentirasas senti

une foule de poissons

dans le seau, tire !

• Je te dirait’ai dit

quand tu devras te relever.

• Quand monsieur Constant a vuverra

Ysengrin

s’enfuir, il le poursuivra.

Exercice n° 3

> Objectif :Savoir repérer dans un récit les événements passés et les événements à venir.

Cher Ysengrin,Hier, nous nous sommes quittés précipitamment. Maître Constant a couru après toi et tu as disparu dans la campagne sans un salut.Je t’écris pour t’inviter à manger quelques poissons. Je les prépare à l’instant.Je t’attendrai aux environs de midi. Ton couvert sera mis et je te recevrai à ma table avec grand plaisir.

Renart

bleu vert

G R A M M A I R E

JE DÉCoUVrE

JE M’ENTraÎNE

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Exercice n° 4

> Objectif :Savoir utiliser temps au présent et temps du futur.

• La famille arrive, les voisins et les amis suivent à peu de distance. Les enfants vont devant. Le père et la mère ne se pressent pas.• La famille arrivera, les voisins et les amis suivront à peu de distance. Les enfants iront devant. Le père et la mère ne se presseront pas.

UTILISaTIoN DU FIChIEr

■ La fi che aG3Les exercices proposés reprennent les objectifs fi xés dans la séance :– situer des événements par rapport à un moment précis ;– utiliser les temps du passé et du futur soit en faisant un choix entre deux propositions soit par l’intermé-diaire de la réécriture.La fi che pourra être utilisée en autonomie par les élèves qui n’ont pas de diffi cultés particulières ou avec l’aide de l’accompagnement de l’enseignant pour les élèves qui ont encore quelques connaissances à consolider.

O R T H O G R A P H E

et – est / son – sont

Cette séance s’inscrit dans la suite logique de celle de la page 18.La même démarche pédagogique sera mise en œuvre.

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Repérer les conditions d’utilisation des homophones et – est / son – sont.

• Ysengrin est effl anqué et a fort mauvaise mine.• J’embrasse ma petite famille et je quitte Maupertuis. • Mes anguilles sont en lieu sûr et je pars tranquille.• Je place frère loup et son seau au-dessus du trou et je vais me cacher derrière les buissons qui sont tout près.

Remarques : • « est » et « sont » sont deux personnes du verbe être ;• « est » 3e personne du singulier ;• « sont » 3e personne du pluriel.

JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1

> Objectif :Différencier les écritures et – est.

• J’attends quelques minutes et je sors.• Le seau est plein, j’arrive !• Sa queue est prise dans la glace.• Le seau est trop lourd et je ne peux le remonter.• Le loup hurle et s’enfuit dans la forêt.

Exercice n° 2

> Objectif :Différencier les écritures son – sont.

• Les anguilles sont cachées dans le puits.• Ysengrin n’a pris ni son fi let ni son épuisette.• Pendant ce temps son seau et sa queue sont pris dans la glace.• Les cris du loup sont inutiles.

Exercice n° 3

> Objectif :Savoir justifi er l’orthographe de est – sont.

• Le loup est (verbe être) prisonnier et Maître Constant brandit son épée.• Les chiens de Maître Constant ne sont (verbe être) pas loin.• Ysengrin fredonne son refrain.• Renart est (verbe être) malin.

UTILISaTIoN DU FIChIEr

■ La fi che ao3 prolonge les exercices du manuel.L’exercice n° 1 insiste sur la justifi cation de l’ortho-graphe repérée.avant de débuter la réalisation bien préciser la compréhension de la consigne.

UTILISaTIoN DU FIChIEr

O R T H O G R A P H E

JE DÉCoUVrE

JE M’ENTraÎNE

UTILISaTIoN DU FIChIEr

La pêche La pêche La pêche Manuel « » pages 20 à 25

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V O C A B U L A I R E

L’ordre alphabétique

au CE1, les élèves ont déjà manipulé l’ordre alphabé-tique. Il s’agit dans cette séance de rappeler les critères de rangement et ceci dans une perspective d’utilisation du dictionnaire rapide et effi cace.

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Pratiquer le rangement dans l’ordre alphabétique.

Alain – bébé – calme – dodu – et – fantaisiste

Remarque :Les premières lettres en rouge se présentent dans l’ordre alphabétique.

Exercice n° 2

> Objectif :Pratiquer le rangement dans l’ordre alphabétique.

pierre – plante – pomme – prénom – puceronLa première lettre étant la même, on a rangé la deuxième lettre dans l’ordre alphabétique.

JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1

> Objectif :Ranger dans l’ordre alphabétique.

bête – corbeau – moineau – ours – poisson – roitelet

Exercice n° 2

> Objectif :Repérer, utiliser l’ordre alphabétique dans le diction-naire.

Référence : Larousse Major----------------- ph ----------------- • premier mot : phalange• avant : peut-être• après : phalène

Exercice n° 3

> Objectif :Repère l’intrus dans un ordre alphabétique.

• purée• nylon

Exercice n° 4

> Objectif :Pratiquer le rangement dans l’ordre alphabétique.

• eau – échantillon – élastique – enfer – éprouver – estime• rayon – repas – ride – ronce – rude – sort

R É D A C T I O N

Réécrire la fi n d’un récit

J’ÉCrIS

Exercice n° 1

B D E a C

Exercice n° 2

C E B a D

Exercice n° 3

C’est une activité d’écriture longue que nous propo-sons de mener selon la démarche suivante :1) Une phase d’écriture qui peut être individuelle ou par groupe de 2 ou 3 élèves.2) Une phase de validation collective quant aux contenus proposés et en référence aux conseils de la page 25.3) Une phase de corrections individuelles.4) Une phase de réécriture.

V O C A B U L A I R E

JE DÉCoUVrE

JE M’ENTraÎNE

R É D A C T I O N

J’ÉCrIS

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Crocodébile

LES ENJEUX phILoSophIQUES

Pour un enfant, le monde qui nous entoure est diffi cile à comprendre, surtout en ce qui a trait à l’amour et aux sentiments en général. Comment peut-on accepter de partager l’amour de nos parents, lorsque l’on a été le seul enfant pendant plusieurs années ? C’est suffi samment diffi cile lorsque l’on est habitué, pour autant que l’on puisse s’habituer à partager l’amour. Ce sentiment touche de trop près à notre être, à notre identité : l’amour des autres nous valorise et nous constitue, on peut même dire qu’il nous fait exister. Tant l’amour que l’on a pour eux, qui nous fait à la fois désirer et craindre leurs attentions et leur présence, que celui qu’ils ont pour nous, qui à nos propres yeux et parfois celui de notre entourage nous accorde un véritable statut existentiel.L’amour redoute et désire son objet : il est souvent de nature contradictoire. Éros est fi ls de pauvreté et d’expédient, racontait Platon. Il a de grosses demandes, ce qui le désespère, mais il est aussi plein de ressources : tout est bon pour agir. ainsi en va-t-ilpour Léo, qui ne peut se résoudre à l’idée de partager l’amour parental avec quiconque. Ne suffi rait-il donc pas à ses parents ? L’amour est exigeant, il tend à être exclusif. Toute intrusion est donc perçue comme une menace. Or l’amour est étrange parce qu’il ne recule devant rien et détient ses propres ressources. C’est ainsi que Léo s’invente une sombre histoire, où la famille tout entière va expier son « crime » en étant dévorée par un crocodile, alter ego de Léo, double monstrueux issu des couches profondes d’un subcons-cient agité, tiré de l’abîme de l’être primaire. Désir inavouable de fusion cannibale, mêlé à une envie de violence vengeresse et puni-tive. Mais, le Léo « humain », super-ego et super-héros, viendra à la rescousse de toute la famille. En tant que sauveur, son identité sera sauvée et rétablie : devenu le grand frère, sorte de père intérimaire, il sera réconcilié avec sa famille, jusqu’au prochain épisode…

DISCUSSIoN ET DIFFICULTÉS

La dimension psychologique de cette histoire, toute la mécanique imaginative et symbolique mise en route par Léo pour « traiter » sa propre jalousie sera sans doute diffi cilement perçue par les enfants. Ils seront tour à tour frappés par le manque de réalité de l’histoire, par son côté fantastique et rigolo, ou peut-être traiteront-ils Léo de menteur, mais il n’est pas évident de saisir la sublimation de la pulsion de « meurtre » que le héros ressent envers toute sa famille. Néanmoins, sans prétendre faire un « cours » de psychologie aux enfants, on peut tout de même leur demander pas exemple « Pour-quoi Léo s’invente-t-il ce crocodile ? ». Ils devront alors pénétrer la logique interne de la narration à partir des motivations de leur auteur, des origines qui restent à identifi er et articuler. Déjà, pour faire émerger le concept de jalousie, s’il ne surgit pas de lui-même, on peut demander « Léo est-il content au début de cette histoire ? ». On peut aussi demander dans la foulée « Léo est-il content à la fi n de l’histoire ? », histoire de demander ensuite « Qu’est-ce qui explique le changement d’attitude ? ». Sinon, une fois que le concept de jalousie aura émergé, on peut demander « Est-ce que cela explique l’histoire que Léo raconte ? ». Il s’agira alors de rentrer dans l’imagination d’un enfant jaloux et tenter d’expliquer les diverses péripéties à travers cette hypothèse. Il s’agira ensuite de prendre en charge le changement d’attitude, ce qui risque d’être un peu plus diffi cile. Mais si l’idée de réconciliation ne doit pas être trop attendue, un élève peut très bien supposer que Léo ne veut plus être jaloux. De toute façon, si aucune explication n’est fournie, on peut rester sur cette impression « d’insaisissable », même si intuitivement l’élève perçoit qu’un tel revirement a du sens.

activités complémentaires

> Concepts :aimer, amour, amitié, raison.

> Compétences :analyser, conceptualiser.

Léo aime, il est aimé, mais il a des doutes car l’amour est diffi -cile à comprendre. Ceci parce que l’amour prend des formes très différentes, qui semblent n’avoir rien en commun bien que l’on utilise le même terme. Il est donc intéressant de tenter d’ana-lyser quelques spécifi cités de l’acte d’aimer.

Plusieurs « objets d’amour » sont présentés : des êtres, des choses, des abstractions, et pour chacun d’entre eux il s’agit de trouver quelque chose en particulier qui le déterminerait. Pour véri-fi er la valeur de ce critère, chaque élève à tour de rôle pourra énoncer une de ses idées et voir si ses camarades devinent de quoi il retourne. On pourra critiquer un critère soit parce qu’il est trop large, soit parce qu’il est trop spécifi que, ou pas clair. Ou encore chacun répondra par écrit puis échangera sa copie avec un voisin pour une évaluation mutuelle.

pourquoi aime-t-on…Comment aime-t-on…

• son mari ou sa femme ?• son fi ancé ou sa fi ancée ?• son copain ou sa copine ?• son frère ou sa sœur ?• les mathématiques ?• le chocolat ?• son voisin ou sa voisine ?• son maître ou sa maîtresse ?• une chanson ?• soi-même ?• son enfant ?• ses parents ?• son pays ?• une idée ?

Pour un enfant, le monde qui nous entoure est diffi cile à comprendre, surtout en ce qui a trait à l’amour et aux sentiments en général. Comment peut-on accepter de partager l’amour de nos parents, lorsque l’on a été le seul enfant pendant plusieurs années ? C’est suffi samment diffi cile lorsque l’on est habitué, pour autant que l’on puisse s’habituer à partager l’amour. Ce sentiment touche de trop près à notre être, à notre identité : l’amour des autres nous valorise et nous constitue, on peut même dire qu’il nous fait exister. Tant l’amour que l’on a pour eux, qui nous fait à la fois désirer et craindre leurs attentions et leur présence, que celui qu’ils ont pour nous, qui à nos propres yeux et parfois celui de notre entourage nous accorde un véritable statut existentiel.L’amour redoute et désire son objet : il est souvent de nature contradictoire. Éros est fi ls de pauvreté et d’expédient, racontait Platon. Il a de grosses demandes, ce qui le désespère, mais il est aussi plein de ressources : tout est bon pour agir. ainsi en va-t-ilpour Léo, qui ne peut se résoudre à l’idée de partager l’amour parental avec quiconque. Ne suffi rait-il donc pas à ses parents ? L’amour est exigeant, il tend à être exclusif. Toute intrusion est donc perçue comme une menace. Or l’amour est étrange parce qu’il ne recule devant rien et détient ses propres ressources. C’est ainsi que Léo s’invente une sombre histoire, où la famille tout entière va expier son « crime » en étant dévorée par un crocodile, alter ego de Léo, double monstrueux issu des couches profondes d’un subcons-cient agité, tiré de l’abîme de l’être primaire. Désir inavouable de fusion cannibale, mêlé à une envie de violence vengeresse et puni-tive. Mais, le Léo « humain », super-ego et super-héros, viendra à la rescousse de toute la famille. En tant que sauveur, son identité sera sauvée et rétablie : devenu le grand frère, sorte de père intérimaire, il sera réconcilié avec sa famille, jusqu’au prochain épisode…

La dimension psychologique de cette histoire, toute la mécanique imaginative et symbolique mise en route par Léo pour « traiter » sa propre jalousie sera sans doute diffi cilement perçue par les enfants. Ils seront tour à tour frappés par le manque de réalité de l’histoire, par son côté fantastique et rigolo, ou peut-être traiteront-ils Léo de menteur, mais il n’est pas évident de saisir la sublimation de la pulsion de « meurtre » que le héros ressent envers toute sa famille. Néanmoins, sans prétendre faire un « cours » de psychologie aux enfants, on peut tout de même leur demander pas exemple « Pour-quoi Léo s’invente-t-il ce crocodile ? ». Ils devront alors pénétrer la logique interne de la narration à partir des motivations de leur auteur, des origines qui restent à identifi er et articuler. Déjà, pour faire émerger le concept de jalousie, s’il ne surgit pas de lui-même, on peut demander « Léo est-il content au début de cette histoire ? ». On peut aussi demander dans la foulée « Léo est-il content à la fi n de l’histoire ? », histoire de demander ensuite « Qu’est-ce qui explique le changement d’attitude ? ». Sinon, une fois que le concept de jalousie aura émergé, on peut demander « Est-ce que cela explique l’histoire que Léo raconte ? ». Il s’agira alors de rentrer dans l’imagination d’un enfant jaloux et tenter d’expliquer les diverses péripéties à travers cette hypothèse. Il s’agira ensuite de prendre en charge le changement d’attitude, ce qui risque d’être un peu plus diffi cile. Mais si l’idée de réconciliation ne doit pas être trop attendue, un élève peut très bien supposer que Léo ne veut plus être jaloux. De toute façon, si aucune explication n’est fournie, on peut rester sur cette impression « d’insaisissable », même si intuitivement l’élève perçoit qu’un tel revirement a du sens.

Crocodébile

LES ENJEUX phILoSophIQUES DISCUSSIoN ET DIFFICULTÉS

65LE pETIT aTELIEr DE phILo Manuel « » pages 58 à 63

Page 7: La pêche - sedrap.fr · Les interventions sont formulées ... • Il lui demande d’utiliser sa queue dans le trou comme ... Il les a cachées dans un puits.

L E C T U R E

Ce texte ne présente aucune diffi culté de lecture.

CoMprÉhENSIoN DU TEXTE

Question n° 1

Léo n’est pas content car sa maman attend un bébé et qu’il n’apprécie pas l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur.

Question n° 2

C’est pas beau.• « C’est laid, un ventre comme ça ! » (l. 18)C’est sale.• « Alors, ça fait pipi où ? … Ça fait pipi dans le ventre ! » (l. 21 à 23)• « … mais c’est dégoûtant ! » (l. 26)• « Les femmes enceintes ont faim à n’importe quelle heure. » (l. 39 et 40)À cause du gros ventre plus de câlins.• « … son gros ventre anti-câlins » (l. 42 et 43)

Question n° 3

Quelques exemples :• Un crocodile dans la cuisine.• Un crocodile qui avale la maman puis le papa.• Un jeune enfant qui fait tournoyer un crocodile gigan-tesque en le tenant par la queue.• Les parents qui sont sains et saufs dans le ventre du crocodile que Léo ouvre avec une paire de ciseaux.

Question n° 4

Léo ouvre le ventre du crocodile avec des ciseaux.On retrouve ce même procédé dans le conte « le Petit Chaperon rouge » dans lequel un chasseur récupère la petite fi lle et sa grand-mère en ouvrant le ventre du loup.

Question n° 5

Cette question peut faire l’objet d’un débat. faire justifi er les propositions avec des éléments du texte.

Question n° 6

Au début du récit Léo n’apprécie pas du tout la future arrivée du bébé. Il se dit même au moment où le croco-dile s’apprête à dévorer le ventre de sa maman « Bon débarras ! »À la fi n il parle au bébé et lui dit que plus tard il faudra se souvenir que c’est lui qui lui a sauvé la vie. Il accepte donc sa présence.

FoNCTIoNNEMENT DU TEXTE

Question n° 1

B D H A F C E G

ordre du texte

Question n° 2

activité de production individuelle.

Question n° 3

Le paragraphe cité peut porter le titre : Léo assomme le crocodile.

L E C T U R E

CoMprÉhENSIoN DU TEXTE

FoNCTIoNNEMENT DU TEXTE

Crocodébile Crocodébile Crocodébile Manuel « » pages 58 à 63

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G R A M M A I R E

Le singulier, le pluriel dans le GN

Cette deuxième séance met l’accent sur les marques qui traduisent la notion de nombre :– l’importance et le rôle essentiel des déterminants ;– la marque de fi n de mots (« s » ou « x ») tout en faisant apparaître que leur présence n’est pas néces-sairement la marque du pluriel. Ceci a déjà été abordé sous l’angle orthographique dans la séance 7.

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Repérer les marques du nombre dans le GN.

groupe nominal singulier pluriel détermi-

nantlettre fi nale

du nom

le garçon X le n

ses parents X ses s

la viande X la e

la cervelle X la e

la chasse X la e

les combats X les s

ses journées X ses s

les bois X les s

plusieurs heures X plusieurs s

les anciens X les s

l’adolescent X l’ t

sa poitrine X sa e

les yeux X les x

les esprits X les s

sa bouche X sa e

Exercice n° 2

> Objectif :Différencier les rôles de la lettre « s » à la fi n des mots.

La lettre « s » marque le pluriel.

La lettre « s » fait partie de l’orthographe habituelle

du mot.

• les fruits• les branches• des récoltes

• des champignons• de moutons

• le bois• du bras• le mois

• sous• pas

JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1 :

> Objectif :Repérer les marques de nombre dans le GN.

En mangeant des petits gâteaux , les locataires

et les policiers boivent le café .

En regardant Vassilis j’ai l’impression que des poils

poussent dans ses oreilles . Moi, le petit chien , je pousse

de petits aboiements pour dire la même chose.

Vassilis passe derrière le canapé et attrape une boîte .

Il sort un instrument avec des cordes et des dessins

incrustés sur le bois .

vert rouge

Exercice n° 2

> Objectif :Mettre en relation déterminant et nom.

• Les parents de Léo sont contents. pluriel• Un gros ventre déforme, pense Léo. singulier• Le père de Léo fredonne un air sans paroles. singulier• Réfl échissez quelques secondes. pluriel• Les femmes enceintes ne doivent pas s’énerver. pluriel• Les crocodiles ne vivent pas dans cette région. pluriel singulier

Exercice n° 3

> Objectif :Savoir repérer dans une phrase les marques du nombre.

• Nous avons assisté à un spectacle magnifi que.• Tout au long de la pièce, de superbes comédiens nous ont amusés.• Sur la grande scène du théâtre, les acteurs pouvaient librement circuler.• En permanence, le jeu des lumières tamisées créait un climat d’angoisse.• Tout cela nous a permis de passer une soirée bien agréable.

G R A M M A I R E

JE DÉCoUVrE

JE M’ENTraÎNE

des petits gâteaux , des petits gâteaux , des petits gâteaux , les locataires les locataires les locataires

les policiers boivent les policiers boivent les policiers boivent

des poils des poils des poils

ses oreilles . Moi, ses oreilles . Moi, ses oreilles . Moi,

de petits aboiements pour dire la même chose. de petits aboiements pour dire la même chose. de petits aboiements pour dire la même chose.

des cordes et des cordes et des cordes et des dessins des dessins des dessins

rouge

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• Surtout que nous avons eu la chance de dîner avec d’autres spectateurs avec qui nous avons pu partager nos émotions.

UTILISaTIoN DU FIChIEr

■ La fi che aG9La fi che propose des exercices qui mettent l’accent sur la reconnaissance des marques du pluriel.avec certains élèves on pourra débuter la séance par une lecture collective des phrases proposées.

■ La fi che MG5Cette fi che reprend l’exercice n° 2 de la page 61 du manuel et propose une démarche pas à pas permet-tant aux élèves :– d’associer le déterminant et le nom dans l’écriture du singulier et du pluriel ;– de centrer leur attention sur l’écriture des fi ns de mots où se situe la majorité des diffi cultés orthogra-phiques.

O R T H O G R A P H E

Les accords dans le GN

Cette séance prolonge le travail effectué précédem-ment concernant le nombre dans le GN.On poursuit les objectifs orthographiques consistant à repérer les changements qui apparaissent lors du passage au pluriel et l’importance du rôle du détermi-nant dans les différentes écritures.

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Repérer les changements dans le GN lors du passage du singulier au pluriel.

texte 1 texte 2

• un petit crocodile ridicule échappé d’un livre• un crocodile énorme, gigantesque

• des petits crocodiles ridicules, échappés de livres • des crocodiles énormes, gigantesques

JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1

> Objectif :Mettre en relation déterminant et GN.

• Et l’animal rouvre ses énormes mâchoires.• Il saute par-dessus le crocodile et l’empoigne par la queue.• Il rassemble ses forces et le fait tournoyer au-dessus de sa tête.• La gueule du monstre cogne les murs.

Exercice n° 2

> Objectif :Mettre en relation déterminant et GN.

Mais quellequelles

mouche a piqué les parentsparent

de Léo ? Pourtant, c’est des enfantsun enfant

sage.

Et sa mère qui se met lales

mains dans le dos

pour se faire un ventredes ventres

plus gros.

Et réfl échissez unedeux

secondes !

UTILISaTIoN DU FIChIEr

■ La fi che ao9La fi che propose des exercices s’articulant autour des objectifs suivants :– repérer les marques du pluriel ;– différencier les rôles de la lettre « s » à la fi n des mots (rappels des séances précédentes) ;– mettre en relation déterminants et GN.avec certains élèves on pourra débuter la séance par une découverte collective des phrases proposées.

UTILISaTIoN DU FIChIEr

O R T H O G R A P H E

JE DÉCoUVrE

JE M’ENTraÎNE

UTILISaTIoN DU FIChIEr

Crocodébile Crocodébile Crocodébile Manuel « » pages 58 à 63

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V O C A B U L A I R E

La famille de mots

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Faire apparaître les notions de famille de mots et de radical.

mot mot qui a servi à former le 1er mot : le radical

autre mot formé à partir du radical

tristesse triste tristement

s’endormir dormir le dormeur

remonter monter démonter

dépayser pays dépaysement

emprisonné prison un prisonnier

tournoyer tour détourner

JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1

> Objectif :Trouver et utiliser des mots d’une même famille.

activité de production individuelle.Valider collectivement quelques propositions.

Exercice n° 2

> Objectif :Repérer le radical d’un mot.

• gigantesque géant• incroyable croire• empoigne poing• dégoûtant goût

R É D A C T I O N

Réécrire un texte en changeant de narrateur

J’ÉCrIS

L’exercice propose la réécriture d’un petit texte connu des élèves. Il s’agit de changer de narrateur et de faire raconter la partie du récit proposée par le crocodile.On pourra faire précéder l’exercice d’un travail oral afi n de faire apparaître que le crocodile ne sait pas ou ne dit pas tout et en particulier ce que dit ou pense Léo.

■ La fi che r9Il s’agit ici de proposer aux élèves de faire un résumé de l’histoire lue, résumé à présenter sous forme de lettre.Le travail pourra être exécuté par équipes de 2.Les différentes étapes proposées dans la fi che sont à commenter collectivement.Les élèves seront invités à utiliser un tableau de conjugaison pour l’utilisation du passé composé qui va s’imposer.

V O C A B U L A I R E

JE DÉCoUVrE

JE M’ENTraÎNE

R É D A C T I O N

J’ÉCrIS

69

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Les sentiments, c’est quoi ?

LES ENJEUX phILoSophIQUES

Parmi les divers obstacles de l’amour, deux nous semblent récur-rents. Le premier porte sur l’exigence de pureté que pose en soi l’amour. Lévinas exprime cette demande en affi rmant que « l’autre doit passer avant moi ». Or on observera que concrètement ce n’est pas souvent le cas. On attend beaucoup de l’autre : on s’inté-resse aux devoirs de l’être aimé fréquemment plus qu’aux nôtres. Nous nous sentons si facilement fl oué, frustré ou trahi. Nous nous défi ons en quelque sorte de l’être aimé : nous devons en perma-nence nous en défendre et négocier avec lui. Nous connaissons de grandes attentes, ne serait-ce qu’en cultivant le principe de réci-procité, comme si la relation amoureuse, passionnelle ou familiale, était une bonne affaire, un investissement rentable, une opération équitable, comme s’il relevait d’une justice comptable. L’amour est théoriquement un don, mais nous avons en tête surtout le don de l’autre. Nous espérons beaucoup de l’autre, même lorsque nous lui donnons. On pourra critiquer cette vision idéale de l’amour comme quasi surhumaine, nous ne sommes pas quotidiennement disposés à être généreux. L’ivresse du renoncement est un plaisir rare. Mais quoi qu’il en soit de la réalité amoureuse, elle mêle souvent l’idéal à des considérations plus triviales, d’où l’inéluctable confl it. De plus nous pardonnons plus diffi cilement l’imperfection de ceux dont nous dépendons. Sans doute parce que face à eux nous nous sentons vulnérable et fragile.L’autre raison de confl it porte sur les différences individuelles. Il ne nous est guère possible d’être à l’unisson avec quiconque, comme le souligne cyniquement Schopenhauer. Trop de choses risquent de nous séparer : notre sensibilité, nos désirs, notre manière d’être, nos inquiétudes, etc. De surcroît nous choisissons souvent l’être aimé parce qu’il est différent de nous et nous complète. Et dans un cadre familial, imposé par le hasard des choses, nous tendrons à cultiver nos différences par crainte de ne pas exister.

DISCUSSIoN ET DIFFICULTÉS

L’avantage de ce texte pour engager une discussion philosophique est que bon nombre de questions sont déjà rédigées. On peut dès lors inviter les élèves à y répondre par oral ou par écrit, en insistant sur le fait qu’ils doivent, bien entendu, produire des réponses argu-mentées, non pas un simple « oui » ou « non ». Il pourra d’ailleurs être intéressant d’examiner collectivement les différentes réponses, pour vérifi er qu’elles répondent bien à la question posée, qu’elles sont justifi ées, que la justifi cation corresponde bien à la réponse et que l’ensemble soit explicite et clair. ainsi les élèves seront encouragés à pratiquer une analyse critique des réponses de leurs camarades. Une exigence supplémentaire serait d’obliger chacun à répondre systématiquement « oui » et ensuite « non », ou fournir deux réponses différentes à une question, avec un argument pour chaque réponse. Une telle consigne oblige l’élève à problématiser d’emblée, en envisageant la nature limitée de toute réponse.En une étape subséquente, on pourra demander de produire de nouvelles hypothèses de réponse à la question générale, autres que les cinq déjà fournies. Il faudra ensuite produire des sous-questions afi n de problématiser ces hypothèses. En travaillant ainsi, l’élève produit lui-même un texte équivalent à celui proposé. Bien entendu, la classe pourra évaluer les propositions et même choisir collectivement celles qui seront retenues. Un critère important supplémentaire sera de ne pas répéter ou paraphraser des idées déjà présentes.Plus diffi cile, on pourra proposer de produire un travail de synthèse, en demandant quels sont les problèmes principaux que pose la question titre au travers du texte. On devrait retrouver principa-lement des problèmes d’ordre éthique et des problèmes d’ordre pratique, que l’on tentera de classifi er au fur et à mesure de leur apparition.

activités complémentaires

> Concepts :raisons, légitime, injustifi able.

> Compétences :argumenter, juger, problématiser.

On se dispute pour de nombreuses raisons, plus ou moins acceptables ou légitimes. Ce sont ces raisons et le contexte qui donneront sens ou non à la dispute, qui la qualifi eront. Au-delà d’une généralité morale qui condamnerait sans équivoque la dispute, il s’agit de la problématiser, de lui accorder diverses signifi cations.

Différentes raisons ou explications sont données pour rendre compte d’une dispute. Il s’agit d’analyser ces diverses proposi-tions d’explication, pour les évaluer et poser un jugement quant à la justifi cation de la dispute en son rapport à une idée ou une autre. Les trois idées les plus acceptables et les trois moins acceptables sont demandées, qu’il faudra comparer. Selon le temps imparti, on en demandera moins, l’important étant surtout l’argumentation fournie.

Choisis dans cette liste les trois raisons les plus justifi ées ou les plus excusables de se disputer ainsi que les trois qui le sont le moins, en fournissant un argument à chaque fois.se disputer…

• pour se défendre.• pour obtenir quelque chose.• par jalousie.• par colère.• pour embêter quelqu’un.• pour défendre la vérité.• pour avoir raison.• parce qu’on n’aime pas quelqu’un.• parce qu’on est de mauvaise humeur.• pour protéger un ami.• parce qu’on n’avait pas d’argument.• par peur.• par nervosité.• pour effrayer quelqu’un.• pour provoquer une bagarre.• parce qu’on déteste l’injustice.

Parmi les divers obstacles de l’amour, deux nous semblent récur-rents. Le premier porte sur l’exigence de pureté que pose en soi l’amour. Lévinas exprime cette demande en affi rmant que « l’autre doit passer avant moi ». Or on observera que concrètement ce n’est pas souvent le cas. On attend beaucoup de l’autre : on s’inté-resse aux devoirs de l’être aimé fréquemment plus qu’aux nôtres. Nous nous sentons si facilement fl oué, frustré ou trahi. Nous nous défi ons en quelque sorte de l’être aimé : nous devons en perma-nence nous en défendre et négocier avec lui. Nous connaissons de grandes attentes, ne serait-ce qu’en cultivant le principe de réci-procité, comme si la relation amoureuse, passionnelle ou familiale, était une bonne affaire, un investissement rentable, une opération équitable, comme s’il relevait d’une justice comptable. L’amour est théoriquement un don, mais nous avons en tête surtout le don de l’autre. Nous espérons beaucoup de l’autre, même lorsque nous lui donnons. On pourra critiquer cette vision idéale de l’amour comme quasi surhumaine, nous ne sommes pas quotidiennement disposés à être généreux. L’ivresse du renoncement est un plaisir rare. Mais quoi qu’il en soit de la réalité amoureuse, elle mêle souvent l’idéal à des considérations plus triviales, d’où l’inéluctable confl it. De plus nous pardonnons plus diffi cilement l’imperfection de ceux dont nous dépendons. Sans doute parce que face à eux nous nous sentons vulnérable et fragile.L’autre raison de confl it porte sur les différences individuelles. Il ne nous est guère possible d’être à l’unisson avec quiconque, comme le souligne cyniquement Schopenhauer. Trop de choses risquent de nous séparer : notre sensibilité, nos désirs, notre manière d’être, nos inquiétudes, etc. De surcroît nous choisissons souvent l’être aimé parce qu’il est différent de nous et nous complète. Et dans un cadre familial, imposé par le hasard des choses, nous tendrons à cultiver nos différences par crainte de ne pas exister.

L’avantage de ce texte pour engager une discussion philosophique est que bon nombre de questions sont déjà rédigées. On peut dès lors inviter les élèves à y répondre par oral ou par écrit, en insistant sur le fait qu’ils doivent, bien entendu, produire des réponses argu-mentées, non pas un simple « oui » ou « non ». Il pourra d’ailleurs être intéressant d’examiner collectivement les différentes réponses, pour vérifi er qu’elles répondent bien à la question posée, qu’elles sont justifi ées, que la justifi cation corresponde bien à la réponse et que l’ensemble soit explicite et clair. ainsi les élèves seront encouragés à pratiquer une analyse critique des réponses de leurs camarades. Une exigence supplémentaire serait d’obliger chacun à répondre systématiquement « oui » et ensuite « non », ou fournir deux réponses différentes à une question, avec un argument pour chaque réponse. Une telle consigne oblige l’élève à problématiser d’emblée, en envisageant la nature limitée de toute réponse.En une étape subséquente, on pourra demander de produire de nouvelles hypothèses de réponse à la question générale, autres que les cinq déjà fournies. Il faudra ensuite produire des sous-questions afi n de problématiser ces hypothèses. En travaillant ainsi, l’élève produit lui-même un texte équivalent à celui proposé. Bien entendu, la classe pourra évaluer les propositions et même choisir collectivement celles qui seront retenues. Un critère important supplémentaire sera de ne pas répéter ou paraphraser des idées déjà présentes.Plus diffi cile, on pourra proposer de produire un travail de synthèse, en demandant quels sont les problèmes principaux que pose la question titre au travers du texte. On devrait retrouver principa-lement des problèmes d’ordre éthique et des problèmes d’ordre pratique, que l’on tentera de classifi er au fur et à mesure de leur apparition.

Les sentiments, c’est quoi ?

LES ENJEUX phILoSophIQUES DISCUSSIoN ET DIFFICULTÉS

125LE pETIT aTELIEr DE phILo Manuel « » pages 126 à 131

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L E C T U R E

CoMprÉhENSIoN DU TEXTE

Question n° 1

Je me dispute parce que :– les autres m’embêtent et je me défends ;– je suis en colère ;– ça fait du bien ;– pour régler des problèmes avec les autres.

Question n° 2

activité individuelle.Lors de la présentation des différentes propositions organiser un débat collectif.

Question n° 3

• Les disputes les plus excessives se déroulent entre personnes qui s’aiment. vrai• Si tu te disputes avec tes proches, c’est que tu les vois souvent. vrai• Tu es très content lorsque tes proches sont absents. faux• Une des causes essentielles des disputes est la colère. vrai• Les disputes prouvent que les gens ne s’aiment pas. faux• Une dispute arrive souvent parce que l’on accepte mal que les autres ne pensent pas comme nous. vrai

FoNCTIoNNEMENT DU TEXTE

Question n° 1

question : • Pourquoi te disputes-tu avec ceux que tu aimes ?raison : • Parce que je suis en colère.arguments qu’on oppose :• Si on se dispute la colère peut ne pas disparaître.• Tu te mets en colère peut-être à cause de toi-même.• Quand on est en colère, il vaut peut-être mieux s’isoler.

Question n° 2

cause :• Je me dispute avec ceux que j’aime parce que je suis en colère.oui, mais :• Si on est en colère, il vaut mieux s’isoler.C’est peut-être toi seul qui te mets en colère et pas les autres.• La dispute n’arrête pas souvent la colère.

G R A M M A I R E

La phrase négative

L’objectif essentiel de cette séance est de défi nir la phrase négative par son aspect formel c’est-à-dire la présence d’adverbes de négation que nous retien-drons comme seuls indices de la forme négative.On insistera aussi sur le fait qu’aucun type de phrase n’exclut la forme négative.

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Repérer les phrases négatives et les adverbes de négation.

phrases affi rmatives phrases négatives

• Pourquoi te disputes-tu avec ceux que tu aimes ?• Parce que je suis en colère.• Parce que je suis méchant.• Ça fait du bien.

• Pourquoi ne te disputes-tu pas avec ceux que tu aimes ?• Parce que je ne suis pas en colère.• Parce que je ne suis pas méchant.• Ça ne fait jamais de bien.

Exercice n° 2

> Objectif :Repérer la négation dans différents types de phrases.

• Ne circulez pas sur ce chemin.• Les disputes ne nient pas l’amour.• Il vaut mieux discuter calmement des problèmes.• Les autres n’ont-ils pas raison ?• Elle n’est vraiment pas méchante !

bleu vert noir

L E C T U R E

CoMprÉhENSIoN DU TEXTE

FoNCTIoNNEMENT DU TEXTE

G R A M M A I R E

JE DÉCoUVrE

Les sentiments, c’est quoi ? Les sentiments, c’est quoi ? Les sentiments, c’est quoi ? Manuel « » pages 126 à 131

Page 13: La pêche - sedrap.fr · Les interventions sont formulées ... • Il lui demande d’utiliser sa queue dans le trou comme ... Il les a cachées dans un puits.

JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1

> Objectif :Repérer les phrases négatives ainsi que les aspects formels de la négation.

• Le méchant n’aime pas.• Cela ne vous effraie-t-il pas ?• Quelle ne fut pas ma surprise !• Ne portez rien.• Vous ne pouvez pas me fâcher.• Les disputes n’apaisent pas la colère.• Ne m’embête pas !• Tu ne m’embêteras plus ?• Ne faites plus attention à lui.

Exercice n° 2

> Objectif :Écrire des phrases à la forme négative.

• Je ne suis pas en colère.• Tu n’es pas méchant ?• Tu ne te disputes pas avec eux.• Les causes de confl it ne manquent pas.• Qu’elle n’est pas belle cette journée !• Ne sors pas de là.• Ne voyez-vous pas ce désastre ?

Exercice n° 3

> Objectif :Transformer des phrases de la forme négative à la forme affi rmative.

• J’en veux plus.• Elle marche beaucoup.• J’y vais pour le week-end.• J’entends la musique.• Je sais.

Exercice n° 4

> Objectif :Écrire des phrases à la forme négative.

Exemples :

• Il ne faut pas circuler dans ce sens.

• On ne doit pas tourner à droite.

• Les vélos n’ont pas le droit de circuler.

• Il ne faut pas fumer.

UTILISaTIoN DU FIChIEr.

■ La fi che aG16Cette fi che poursuit les mêmes objectifs que ceux poursuivis dans les exercices du manuel :– repérer les phrases à la forme négative et les éléments (adverbes) de la négation ;– passer de la forme affi rmative à la forme négative et réciproquement.

O R T H O G R A P H E

« é » ou « er »

Cette séance propose aux élèves de construire des stratégies permettant de différencier la terminaison du participe passé des verbes en « é » de la termi-naison de l’infi nitif « er ».

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Différencier les terminaisons « é » ou « er » et repérer les éléments qui impliquent chacune d’elles.

mots en er mot(s) qui précède (nt) mots en é mot(s) qui

précède (nt)

résumerbavarderchahuter

oublieracheter

deàà

ne devais pasd’

souffl éoubliégagnégagné

retrouvépassé

aaaai

s’esta

Remarques : Les mots en « é » sont précédés de a – ai (avoir), s’est (être).Les mots en « er » (infi nitifs) sont précédés des petits mots à – d’ ou du verbe devoir.

JE M’ENTraÎNE

UTILISaTIoN DU FIChIEr.

O R T H O G R A P H E

JE DÉCoUVrE

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JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1

> Objectif : Différencier participe passé en « é » et infi nitif en « er ».

• J’ai dégusté le gâteau que maman a préparé.• Papa a fait réparer la clôture du jardin.• Le chien a trouvé un nouveau maître.• Toute la famille a voulu le caresser.• Il faut prendre la peine d’écouter les bons conseils.• Qui a déchiré les pages du livre ?

Exercice n° 2

> Objectif :Différencier participe passé en « é » et infi nitif en « er » en mettant en œuvre une stratégie adaptée.

• On doit se lever (on doit vendre) tôt pour arriver (pour vendre) à l’heure.• Je vais terminer (je vais vendre) ce livre que j’ai commencé (j’ai vendu) la semaine dernière.• Quel escalier as-tu grimpé (as-tu vendu) ?• Allez-vous accepter (allez-vous vendre) cette proposi-tion ?• J’ai proposé (j’ai vendu) de commencer (j’ai proposé de vendre) à travailler (commencer à vendre).• Je pense aller (je pense vendre) pêcher (aller vendre) le prochain samedi.• J’ai encouragé (j’ai vendu) mes camarades à grimper (j’ai encouragé de vendre) plus rapidement la colline.

UTILISaTIoN DU FIChIEr.

■ La fi che ao18Les deux premiers exercices sont centrés sur la recon-naissance et l’écriture du participe passé en « é » ou de l’infi nitif en « er ».L’exercice n° 3 est un exercice de dictée. L’enseignant lit le texte (voir ci-dessous) et les élèves écrivent les mots manquants ou la terminaison des mots suivis de points de suspension.

Texte :J’ai glissé la lettre dans une enveloppe. Sur la pointe des pieds, j’ai posé ma lettre sur le gros bol où papa boit son café. J’ai tellement attendu que j’ai passé toute la nuit à jouer avec mon chien.J’ai entendu la porte se fermer. Je me suis précipité dans la cuisine. Papa avait écrit : « C’est oui ! ». J’étais tellement heureux que j’ai réveillé mon chien. Il s’est mis à me mordiller les mains. Je lui ai proposé de me regarder droit dans les yeux.

V O C A B U L A I R E

Les contraires

JE DÉCoUVrE

Exercice n° 1

> Objectif :Repérer les contraires.

texte 1 texte 2

• violentes• exigeant• souvent• pénible

• insupportable

• calmes• indulgent• rarement• tolérable

• supportable

Les mots de la colonne « texte 2 » sont les contraires des mots de la colonne « texte 1 ».Le mot supportable : son contraire a été formé en suppri-mant le préfi xe « in ».

JE M’ENTraÎNE

Exercice n° 1

> Objectif :Écrire des contraires.

• se lever se coucher• humide sec• faux exact• Entrez Sortez• arriver partir• juste faux• propre sale• lisible illisible• trouver perdre

Exercice n° 2

> Objectif :Utiliser le préfi xe « in » – « im » pour écrire le contraire.

• pliable – impliable• buvable – imbuvable• mettable – immettable• prenable – imprenable

JE M’ENTraÎNE

UTILISaTIoN DU FIChIEr.

V O C A B U L A I R E

JE DÉCoUVrE

JE M’ENTraÎNE

Les sentiments, c’est quoi ? Les sentiments, c’est quoi ? Les sentiments, c’est quoi ? Manuel « » pages 126 à 131

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Exercice n° 3

> Objectif :Utiliser le préfi xe « in » – « im ».

• impair• impayé• inanimé• invendu• inexact• inutile

Valider collectivement quelques constructions de phrases.

R É D A C T I O N

Réécrire un texte en « je »

J’ÉCrIS

L’activité d’écriture est centrée sur la pratique de toutes les formes linguistiques qui renvoient à la notion de personne.Texte 1 : je – j’ – me – m’ – mon – ma – mesTexte 2 : je – j’– mon – mes

Les différents exercices proposés concernent l’écriture et la réécriture des textes courts en faisant varier le narrateur.Les exercices n° 1 et 3 proposent la réécriture d’un texte en utilisant successivement la 1re personne puis la 2e personne du singulier.L’exercice n° 2 est une production individuelle inspirée d’un texte donné.L’exercice n° 4 qui peut être réalisé au sein de groupes restreints est une activité d’écriture à partir de quatre vignettes de BD.Les exercices n° 5 et 6 reprennent globalement les mêmes intentions que précédemment. Il est évident que chaque élève n’effectuera pas la totalité du travail proposé. Chaque enseignant adap-tera les exercices au groupe d’élèves auquel il s’adresse.

UTILISaTIoN DU FIChIEr

■ La fi che r19Il s’agit à partir du texte « la répartition de la popula-tion sur la Terre » d’observer l’organisation d’un texte documentaire et d’en faire apparaître les caractéristi-ques.L’activité de production propose d’organiser diffé-rentes informations dans des paragraphes distincts de façon à retrouver les caractéristiques du texte docu-mentaire observées précédemment.

R É D A C T I O N

J’ÉCrIS

UTILISaTIoN DU FIChIEr

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